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Bulletin de la Société belge de Géologie T. 94 fasc. 3 pp.

187-196 Bruxelles 1985


Bulletin van de Belgische Vereniging voor Geologie V. 94 deel 3 blz. 187-196 Brussel 1985

LA TELEDETECTION APPLIQUEE A LA
RECHERCHE MINIERE

Quelques résultats du programme de RD des Communautés Européennes

par L. VAN WAMBEKE (*)

RESUME. - Le programme de télédétection des Communautés a grandement contribué


au développement de techniques avancées pour le traitement et l'interprétation
des données de télédétection avec des résultats significatifs. Le but final
est de fournir à l'industrie minière communautaire de nouveaux outils pour
l'exploration minérale.

Les efforts de RD sont concentrés sur trois volets principaux


- L'amélioration du traitement et de l'interprétation des données structurales
analysées en 3 étapes : levé au sol, photos aériennes et imagerie spatiale
(Landsat, radar, etc ••. ).
- Le développement de logiciels pour les données radiométriques de télédétec-
tion en vue d'identifier des zones d'altération ou des anomalies de végéta-
tion qui oeuvent être liées à des minéralisations.
- Développement de logiciels pour les correlations de données multiples (té-
lédétection, géochimie, géophysique, etc •.. ).

Dans le cadre du programme de télédétection des CE un grand nombre de cibles


nouvelles pour la recherche minière ont été mises en évidence notamment en
Irlande, en France et au Groenland. Des résultats seront exposés.

I , INTRODUCTION,
Avant d'aborder ce sujet, je
voudrais rappeler quelques données fonda-
mentales sur la télédétection aérospatia-
le. Dans le spectre électromagnétiqu~ il
existe deux fenêtres principales de trans-
mission : la première située dans la ré- /
gion du visibie et de l'infrarouge entre / '2
0
300 et 13000 nm n'est pas continue car in- / ..;;;
fluencée par les composants de l'atmosphè-
re (fig. 1) (surtout COz et HzO), la se-
.
i
2

conde située dans le domaine des micro- ~


ondes (ondes millimétriques à centimétri- ~
ques).
Le mode radiométrique dans la
région du visible et de l'infrarouge pro-
che après tr~itement des données neut
mettre en évidence des altérations dues à

(*)Communautés Européennes - DG XII/G. 200 rue de la Loi, B-1049 Bruxelles (Belgique).

187
!~;~;~-;~~;;;;~~-----~~~~;;~---------~;;~;;~~;~~~;----;;~~~~;~~~-----~;~;~~;~;~-----------;;~;~;----,
: + Alti tu de ,.um m km l
:l LANDSAT
-----------------------------------------------------------------------------------------------------~
0.5-0.6 l
1 1
1-2-3
J MSS 0.6.0.7 80 l85 1
! 920 Km O. 7-0.8 l
i 0.8-1.1 1
1 1
.._, 1 -------------------------------------------------------------------------------------------------------,
tll 1 1
J
J
SEASAT
800 Km SAR
1.3 GHz 20 100 ll
1=====================================================================================================9
LANDSAT
J MSS See before 80 l
1
:4 - 5 (0.45-0.52
J 700 Km (0.52-0.60
l TM (0.63-0.69 30 185
l (Thematic Mapper) (O. 76-0.90
1 (1.55-1.75
: (2.06-2.35
11 (10.4-12.6 120

!SPOT 1
1 ------------------------------- ----------------------------------------------------------------------,
( 0. 50-0. 59 to be launched 1
' 832 Km PUSHBROOM (0.61-0.68 20 2 x 60 in 1985 l
i SPOT 2 (0.79-0.89 i
i + STEREO Panchro 0. 5-0. 73 10 !
1 ------------------------------------------------------------------------------------------------------,
l SPACE SHUTTLES SIR A 1.28 G':iz 40 film
! SPAS-01
1
SAR SIR B 5.30 GHz 20 digital 50 !
J

!
300KM 1
1
J MOMS-01 0.6 and 0.9 20 140 1
l METRIC CAMERA visible 20 188 x 188 j
i LARGE FORMAT CAMERA visible IR 8-18 180 x 360 j
1 panchro 1

!, SPAS-0 2 MOMS 02 O' 6 ; O' 9 ; 1. 6 ; 20 140 to be launched -',:


1 300Km 2 .2
1 1
15 alt. 1
l1 STEREO-MOMS 0. 57-0. 70 lO
plani.
60 to be launched :
1
l1 ERS
-----------------------------------------------------------------------------------------------------1
1 SAR 5. 30 GHz 30 80 to 100 to be launched l
' 1[ ______________________________________________________________________________________________________
777 Km in 1989 J1

Figure 2 - Principaux capteurs et platefor~es spatiales pour les applications géologiques.

I. MODE GEOMETRIQUE Analyse structurale et interprétation (localisation de zones de dilatation)

l -
Analyse sur le terrain et dans les mines existantes
Photographies aériennes {
Données spatiales (linéaments, structures circulaires) images
- radar et IRT

2. MODE RADIOMETRIQUE---4 Localisation de zones d'altération hydrothermales ou autres

Altérations limonitiques (visibles, IR proche)


- Altérations argilleuses, micacées etc. (IR court)
Anomalies dans végétation (analyse multitemporelle)

3. CORREALTION DE Localisation de zones potentielles pour minéralisation


DONNES MULTIPLES

(Télédétection
utilisant (géologie
les données (géochimie
disponibles (géophysique
(occurrence minérale

Figure 3 - Applications de la télédétection en exploration minérale.

188
la présence d'oxydes et d' hydroxides de exemple l'Irlande), le mode radiométrique
fer (rust zones) qui sont parfois asso- n'est utilisé que pour mettre en évidence
ciées à des minéralisations. Il peut des structures géologiques. Le traitement·
aussi mettre en évidence des anomâlies de données multiples constitue l'étape fi-
de réflectance dans la végétation (sur- nale la plus difficile pour l'évaluation
tout vers 700 nm) qui peuvent être dues de zones potentielles à minéralisation
à la nrésence dans les sols de teneurs nossible. Un effort important est fait
anormales en métaux (plus de 100 ppm Cu, dans ce domaine par la Communauté Européen-
Zn, Pb, Ni, Mo, etc .. --.). ne dont le but flnal est de fournir à l'in-
dustrie minière un nouvel outil pour
La région de l'IR à courte lon- l'exploration y compris les gisements ca-
gueur d'onde entre 1.400 nm et 2.900 nm chés.
après traitement des données,peut mettre
en évidence d'autres types d'altération Le programme de RD de la Commu-
associées à la présence de groupes (OH) ~auté Européenne dans le domaine des ap-
dans la structure de certains minéraux plications de la télédétection à l'explo-
(argillisation en relation avec altération ration minérale a eu des impacts positifs
hydrothermale, minerais de bauxite, alté-
ration micacée ou chloritique, etc ... ). - promotion d'une utilisation plus large
des techniques de télédétection en ex-
La région de l'IR thermique ploration minérale et d'une collabora-
(IRT) qui fournit généralement de meil- tion multinationale accrue;
leurs résultats par observations noctur-
nes, mesure de faibles différences de - formation de groupes multidisciplinaires
température (0.1 à 0.2 °C). Ce domaine de télédétection (géologues, informati-
neut être utilisé uour localiser des li- ciens, statisticiens, etc •.. ) qui ont
néaments et failles, des gradients géo- conduit à une amélioration accrue du
thermiques et pour la cartographie géo- traitement et de l'interprétation des
logique. Actuellement, les capteurs mon- données de télédétection et des procé-
tés sur satellites n'ont pas une résolu- dés de corrélations de données multi-
tion suffisante (HCMM 600 m) et les ob- ples;
servations aériennes sont préférables
dans l'IRT. La région IRT entre 8,000 - engagement accru de sociétés minières
et 12.000 nm permet une classification ou d'organismes d'exploration dans no-
des roches sur la base de leur teneur en tre programme de télédétection;
silice. Les lasers C02 montés sur avion
permettent de telles mesures. - échange d'expérience par la création
d'un groupe de contact de télédétection
Dans la région des micro-ondes, et l'organisation de séminaires;
le capteur le plus intéressant pour les
observations géologiques est le radar. - participation de géologues dans le trai-
C'est un système actif capable d'opérer tement et l'interprétation des données
nuit et jour, indépendamment des condi- de télédétection afin de combler les
tions atmosphériques. Trois modes de po- lacunes existantes dans plusieurs pays
larisation peuvent être utilisés mais membres.
leurs possibilités en géologie doivent
encore être évaluées. Outre la cartogra- La Commission a contribué de-
uhie de régions difficilement accessibles, puis 1979 pour environ 2,3 MECU a la RD
il donne des informations structurales et dans le domaine de la télédétection ap-
morphologiques et permet parfois de dif- pliquée à la recherche minière, avec des
férencier des formations géologiques sur résultats significatifs. Deux cas seront
la base de la rugosité du terrain. C'est pris en considération ici, en plus du
aussi un capteur idéal pour évaluer l'é- traitement de données multiples.
tendue de certains désastres. Un autre
avantage du radar monté sur satellite ou
avion est sa haute résolution. II, QUELQUES RESULTATS DU PROGRAMME
Les principaux capteurs utili- COMMUNAUTAIRE,
sés ou en voie de l'être, pour les obser-
vations géologiques en particulier au Je ne prendrai ici que deux
moyen de plateformes spatiales sont indi- cas :
qués à la figure 2. En dehors des cap-
teurs micro-ondes (SAR - SIR A et B), les 1• LE CAS DE L ' IRLANDE •
capteurs de la seconde génération (post
1982) montés sur satellites ou expérimen- Les gisements de Zn-Pb-(Cu)
tés sur la navette spatiale sont caracté- de la région centrale d'Irlande sont par-
risés par une haute résolution comparati- mi les plus importants d'Europe et sur-
vement aux images Landsat de la première tout de nature stratiforme. Ils sont lo-
génération tout en couvrant une vaste calisés dans les calcaires du Carbonifère
surface d'observation. Ces nouveaux cap- inférieur. Sur les quatre minéralisations
teurs parfois caractérisés par une exten- les plus importantes seule la mine de
sion du domaine spectral (cas du Thematic Navan, est en production, les autres :
Mapper) permettent d'effectuer des obser- Tynagh, Silvermines, Gortdrum étant épui-
vations nettement ulus détaillées en re- sées. Ces minéralisations situées au
cherche minière et-plus généralement en voisinage de la surface ou même affleu-
géologie. rantes ont été découvertes par des métho-
des classiques de prospection.
La figure 3 donne une idée gé-
nérale des différentes étapes qui sont Une grande partie de la région
utilisées en télédétection pour l'explo- centrale d'Irlande est couverte par d'im-
ration minérale. Dans certâins cas êpar uortants dépôts glaciaires et postglaciaires

189
EARLY DEFORMATION MAIN DEFORMATION LA TE DEFORMATION
En echelon veins
EnechelOn veins

lnlrabed veins lnlrabed veins

Pri.ncipol extenscon
VEINS ve1ns
Reactivation of principal extension •eins
Bcdding surface veins (BSV~ Reactivatian of B.S.V.
Reaclivation of B.S. V.

Sinlstral tronscurrent

II
Main dextral transcurrent (Fergus s z)
Tronscurrenl and Lote normal foults
FAULTING Normal fa ults in transcurrenl regime Nor mol faults
A~mal
Reverse fouit thrust
ln~al folds ,~,,-...--... ~ ...........
Regional folds
-~~

FOL DING
~
Shear zone folds

CLEAVAGE I Styloliles?
Heterogeneous
cleavoge

MINERALIZATIONI

-
Syngenet ic

-
Eplgenltlc

l'igure 3-4 - Vein Chronology and Relationship to other structures.

ce qui rend la prospection de nouveaux géophysiques ou géochimiques, ces derniè-


gisements très difficile et onéreuse. Les res notamment à partir de carottes de son-
perspectives de nouvelles découvertes dages (par ex. géochimie en roches) pour
sont bonnes. confirmer l'existence ou la proximité de
minéralisations.
Les gisements et indices de ty-
pes stratiforme connus sont tous localisés L'étude structurale a été réali-
dans des zones de dilatation (extension) sée en trois étapes par des observations
le long de failles majeures qui lorsqu' détaillées sur le terrain et notamment en
elles recounent le Carbonifère inférieur mines, par traitement et interprétation
sont susceptibles d 1 être minéralisées et des photos aériennes et des images satel-
constituent donc des cibles pour l'explo- lites.
ration. Néanmoins la formation de miné-
ralisation nécessite aussi la présence à En dépit de la rareté des af-
l'époque Carbonifère de fluides minérali- fleurements une étude structurale détail-
sants en nrovenance du socle Calédonien. lée sur le terrain et surtout dans les
La figure-3-4 donne la chronologie des mines a constitué une étape importante de
déformations et les types de minéralisa- ce projet CE pour mieux comprendre les re-
tion mises en place à cette époque. lations entre minéralisations et structu-
res. L~s données structurales telles que
A cause de la rareté de données zones de cisaillement, failles, décroche-
structurales détaillées (couverture qua- ment et la direction de leurs mouvements,
ternaire) concernant les roches du Carbo- les joints, clivages, plis et filons, etc.
nifère de l'Irlande Centrale, un program- sont analysés en détail et reportés sur
me de télédétection utilisant surtout les carte. Elles servent de base pour l'in-
images Landsat et localement des images terprétation ultérieure des données aé-
Seasat et des photos aériennes, a été mis riennes et spatiales.
sur pied par le Trinity College de Dublin
en association avec d'autres universités Les figures 3-19 donnent les
irlandaises dans le cadre du programme types de zones de dilatation qui peuvent
communautaire afin de réaliser une étude être favorables à des minéralisations. La
structurale de la région et de localiser mine de Silvermines par exemple est située
des cibles pour l'exploration. En outre, dans la terminaison d'une zone de décro-
un programme de corrélation ~ar ordina- chement (fig. 3-25). La mine de Navan
teur a été développé intégrant des données est située dans une zone d'extension au
structurales et les données géologiques, point de flexion d'un décrochement dextral
géophysiques et géochimiques existantes qui passe de la direction NE à EW. Les
afin d'améliorer la méthodologie de la minéralisations filoniennes (épigénétiqueaj
recherche. La méthodologie développée dans la région de Ballyvergin (W. Midlands)
constitue une première étape, la plus im- sont localisée~ dans une zone d'extension
portante, en exploration car elle peut située entre deux zones de cisaillement,
mettre en évidence des cibles de surface l'une sinistrale dénommée Fergus, l'autre
réduite. Cette étape préliminaire peut dextrale dénommée Quin.
être complétée à un stade ultérieur direc-
tement par sondages et/ou par des mesures

190
EXAMPLES OF OIL~T:JN ZONES
1
A TERMINATlON OILATION ZONES ..__
i)
. ·--/"iÏÏÏÏ;-
-----t~----\-_._----ç----
~ ~ _\
A
ii) :,#/P
--- - -
...
- ----

~ _ ... --·-t------S----~
1m
L----1
Curvcd fouit termination with dcvclopment
Asymmetric development of dilation zone of :ensional dilat ion zone
on single terminat ing shear trac:ture ( N::murian sst. J
WEST MIO LANDS
( transcurrent tault) with ductile/ brittle
deforrrotion ( Namur ion ss t. J ( tf Silvermi~s with opposite sense
o shcar l
WEST M IOLANOS

A
iv)

', )

CLEAVAGE
TRACE -__j
I'
',

Single vein generation at tcrmination of


'\

- En cchelon system of faults with


dilction and compression zones between
owrlapping individual faults
ductile shear zone in gronite (Moore_ 1979 l
(pican: O. Hutten) Oonegal. SAUD! ARABIA

8 INTRA FAULT OILATION ZONES 8 Normal faults ringing ORO of


ozpressm
il
_z __ --- ii)a-
Harmu springs Rhanb

---
tu_... shaped graben.
~ __.....

OnMany ·single shear fractures periodii:. iil b


-....:::---~----
2Km _..._

- -- - -- -=------ -
---- ( CLAYTON.1966)

extens1onal zones develope , Main shear ~'Graben --


___ __.: ______ , - -
Oasht-e - Bayes(lranl
tracture offset or curves on a large scale
(TC LAHENKO 't' AM~
1970)
(seiz aiso; SHARP 1975)
Larger graben structures developed on
bends of major transcurrent fautts

8 C INTERSECTION OF STRUCTURES
iii)
il

(,)
, · OILATION
COMPRESSION~ ~--
~~ • --:;,--

Examph: in main Oonegal granite


(O. HUT10N)
(approximate strain ellipse indicated)
~~­
~

Figure 3-19 - Examples of Dilation Zones.

1g1
TERMINATION DILATION ZONE

- - - - - DILATION
EN VE LOPE

OEF1

OROER OF FAULT INITIATION - M1 - M:1

OEF- OSLIOUE EXTENSION FAULT DECREASING FAULT MOVEMENT- OEF1- OEF~

1• INITIATION OF FAULT
~ / 2 · MAXIMUM EXTENSIONAL 1 normal l AND TRANSCURRENT MOVEMENT
~M
~- DECREASING EX JENStONAl (normal) AND TRANSCURRENT MOVEMENT

~ PROPOGATION DIRECTION OF FAULT

Figure 3-25 - Termination Dilation Zone.

L'analyse structurale a été estimer les changements de densité et


complétée par l'examen d'un certain nom- d'orientation (rotation) des linéaments.
bre de photos aériennes au 1/30 000. Les Avec le système VICOM de traitement d'i-
images Landsat brutes ne fournissent mages utilisé, une scène Landsat (80 Km
qu'un nombre limité d'informations struc- x 80 Km) peut être représentée sur écran.
turales et l'application du filtrage di-
rectionnel s'est avéré une technique très - L'entropie relative est une mesure de la
utile pour la cartographie des linéaments. distribution directionnelle des linéa-
Elle tend actuellement à l'automatisation. ments dans un ou plusieurs éléments.
Elle est exprimée-en pourcentage, la va-
Le traitement, l'analyse et leur 0 % signifiant une seule direction
l'interprétation des données structurales et la valeur 100 % une distribution tous
aériennës et spatiales nécessitent la ma- azimuths. Un changement dans cette dis-
nipulation d'une série de données direc- tribution peut être en relation avec le
tionnelles qui sont programmées et trai- développement de réseaux de fractures
tées en micro-ordinateurs et stockées. Un associées à des failles.
élément de grille d'observation prédéter-
miné est établi. Les diagrammes de rose - une autre mesure est l'index d'atypicalité
donnent surtout une représentation visuel- réalisée au moyen d'un histogramme.
le des données mais leur utilisation est
assez limitée pour des besoins statisti- Ces paramètres sont appliqués
ques. tant aux données structurales spatiales
qu'aériennes qui sont générées en ordina-
Les paramètres suivants sont teur anrès élimination de faux effets non
considérés struct~ral (route, limite de parcelles,
etc ... ). Les données structurales de
- La fréquence et la densité des linéaments terrain servent de base pour l'interpréta-
dans un élément de grille (par ex, 1 km~ tion des données de télédétection aérospa-
nour l'établissement de cartes de domi- tiale et en général une bonne correlation
nance (par ex. 10° entre 0° Net 180° S). existe entre l'ensemble des données.
La fréquence est pondérée en fonction
de la longueur des linéaments dans un Les images Landsat en particu-
élément de grille. Les grilles à faible lier constituent, après filtrage direc-
densité de linéaments corresnondent à tionnel, une méthode rapide et relative-
des blocs sans intérêt pour Ï'explora- ment peu onéreuse nour l'analyse structu-
tion en Irlande. - rale régionale mais-l'interprétation doit
être accompagnée par des levés structuraux
- Filtrage et codage couleur. Cette opération de terrain. Ceux-ci permettent de déter-
comprend la séparation des linéaments miner le type de structure et la direction
sur la base de leur orientation et un des mouvements à une échelle régionale.
codage couleur est appliqué. Cette mé- Dans le cas de l'Irlande Centrale, lamé-
thode réalisée en micro-ordinateur thodologie utilisée a permis la localisa-
fournit un moyen simple et effectif pour tion d'une série de nouvelles zones de

192
•llfUll/ft Uf lfrfrfUlll
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·~·~~~' ·.~~--.:
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Figure 10-1 - Mineralized and Potentially ~ineralised Areas.

cisaillement et de cibles possibles pour négatives devraient correspondre à des


l'exploration basée sur des modèles struc- intrusions granitiques profondes.
turaüx dérivés des levés au sol.
Au moins une vingtaine de ci-
Afin d'affiner la méthodologie bles nouvelles ont été repérées en Irlande
d'exploration, les données de télédétec- Centrale. Une de ces cibÎes a fait l'ob-
tion ont été intégrées avec un ensemble jet d'un sondage à Longford qui a recoupé
d'autres données qui ont été préalablement la minéralisation. Les autres attendent
digitalisées. Pour ce faire, une série de confirmation. La figure 10-1 donne les
programmes en ordinateur ont été dévelop- localisations de cibles nouvelles dans le
pés pour traiter d'abord statistiquement centre ouest des Midlands de l'Irlande.
et individuellement les données digitali- Actuellement le centre-nord de la même ré-
sées. Dans le cas de l'Irlande, les don- gion est en cours d'investigation et plu-
nées suivantes ont été prises en considé- sieurs cibles ont été déjà repérées.
ration : géochimie des sédiments alluvion-
naires et des sols (couverture partielle), Le traitement de multivaria-
données de gravité et aéromagnétiques, bles sera traité ultérieurement.
données structurales au sol et de télédé-
tection. Ensuite un programme de corre-
lation multivariable a été mis sur pied 2. LE CAS DU GROENLAND.
qui tient compte des connaissances géolo-
giques. L'intégration des données a été Dans le cas du Groenland, la
effectuée dans trois directions : situation pour les observations en télédé-
tection est différente de l'Irlande. Géné-
- correlation visuelle des données avec ralement les roches affleurent mais le
le système de traitement d'images Vicom; pays est d'un accès difficile pour les ob-
servations de terrain qui dépendent géné-
- box classification et analyse de compo- ralement de la disponibilité en hélicoptè-
sants principaux; res. Les projets de la Communauté en té-
lédétection appliquée à l'exploration mi-
- analyse discriminante permettant de nérale ont concerné la région Centre Est
distinguer les sites non minéralisés et Sud du Groenland et ont donné des résul-
et minéralisés (grille 1 Km2). tats positifs. L'Université Technique du
Danemark et le Service Géologique du
L'analyse discriminante a mon- Groenland ont surtout concentré leurs ef-
tré notamment que les données structurales forts sur la détection d'anomalies de cou-
à elles seules étaient capables de distin- leur associées à l'altération hydrotherma-
guer les sites non minéraÏisés et minéra- le ou superficielle à partir des images
lisés mais les données géophysiques appor- Landsat 1-3. Les donnêes structurales
tent notamment des informations intéres- doivent encore être analysées en détail
santes. Ce projet a également montré que après levés et interprétation au sol.
les minéralisations de Na van et Silvernines
étaient localisées en bordure d'anomalies Pour la mise en évidence d'a-
de gravité négatives dans des zones où le nomalies de couleur les données MSS des
gradient est maximum. Ces anomalies images Landsat ont été utilisées. Le

193
traitement des données est basé d'une Une étude des linéaments a été
part sur les rapports entre canaux (ca- effectuée par filtrage dans la même ré-
naux 4/5 - 6/7 - 5/7) et sur une analyse gion. Ces données ont été digitalisées
factorielle. Ces deux types d'informa- et un traitement statistique a été réali-
tion combinés permettent de mettre en sé sur la base de l'orientation et de la
évîdence des zores d'altération limonit~­ longueur. Les filons de pechblende au SE
que (rust zones) sur une image com~osite du massif d'Ilimaussag semblent bien liés
couleur qui est de préférence à une spatialement et sans doute génétiquement
échelle analogue à celle de la carte géo- à un linéament WNW-ESE. Ils constituent
logique. Un levé au sol ainsi que des une phase tardive de minéralisation liée
analyses de ces zones sont nécessaires aux intrusions alcalines Gardar (1 .300 ma).
pour définir leur intérêt éventuel en ex- L'interprétation structurale requière des
ploration minière. Un grand nombre d'a- travaux de terrain. Les données géochimi-
nomalies couleur ont été repérées au ques en provenance des alluvions pour 8
Groenland : une centaine au moyen d'ima- éléments présélectionnés ont été traitées
ges Landsat pour une surface de 80.000 en ordinateurs par krigage. Plusieurs
Km2, environ 300 au moyen de télédétec- anomalies uranifères ont été repérées dont
tion aérienne sur une surface de 1.300 une à Motzfelt et aussi au SE du massif
Km2 (différence de résolution 80 m pour d'Ili~aussaq (zones des filons de pech-
Landsat et 10 m en moyenne pour le levé blende). Il y a également une bonne cor-
aérien). relation entre les données de la télédé-
tection et les données géochimiques Nb, U,
Dans la région Centre-Est du Zr dans le massif de Motzfeldt.
Groenland, le site test pour la mise au
point de la méthodologie a été une intru- Pour le Groenland, la télédé-
sion de porphyre à Mo d'âge Tertiaire. tection constitue la méthode la plus éco-
Plusieurs intrusions similaires ont été nomique pour l'exploration bien que ne
détectées dont la nlus importante est mettant pas en évidence que certains ty-
celle de Kangerdlugssuag {minéralisation pes de minéralisation. Il est un fait
Mo-Py). Elles correspondent à plusieurs que les observations au moyen des satel-
types de minéralisation (Zn/Pb par exem- lites de la seconde génération (TM SPOT)
ple à Claver 0). L'étude structurale vont encore apporter un ensemble de nou-
préliminaire réalisée à partir d'images velles données.
Landsat a montré que les minéralisations
de basse température de W à Ymers 0 sont
très probablement liées à une intrusion III. TRAITEMENT DE DONNEES MULTIPLES,
granitique Calédonienne cachée qui appa-
raît très bien après traitement comme Les données généralement pri-
une structure circulaire. La région d' ses en considération sont
Ymers 0 constitue une cible pour la re-
cherche de minéralisations de W-(Sb) à 1° les données Landsat
haute teneur (env. 2% de W métal) mais pixels 57 x 79 m
de tonnage assez faible (5 à 6000 Tm) .
Actuellement une étude par photos aérien- 2° les données aéromagnétiques et de
nes est en cours pour essayêr de définir gravité
de nouvelles cibles cachées. cartes de contour
La méthodologie mise au point 3° les données géochimiques
au Centre Est du Groenland a été appli- généralement irrégulièrement espacées
quée avec succès au Sud du Groenland~ Elle
a amené la mise en évidence après traite- 4° les photographies aériennes;
ment des données Landsat d'une vaste ano-
malie couleur dans la région de Motzfeldt 5° les données de spectrométr~e gamma;
à l'E <le l'aéroport de Narsassuak. Dès
1982, les données de télédétection ont 6° les occurrences minérales et autres
été utilisées pour la reconnaissance géo- informations géologiques;
logique de cette zone et pour guider les
mesures héliportées de spectrométrie gam- 7° les données structurales dérivées de
ma. levé au sol, de Landsat et photos aé-
riennes.
La minéralisation du complexe
alcalin du Motzfeldt est d'un type nou- Ci-après, nous donnerons un
veau et se présente sous forme de ring aperçu du traitement des données réali-
dyke ayant environ 20 Km de diamètre. sées à l'Université Technique du Danemark.
L'étude de cette minéralisation est en
cours dans le cadre d'un contrat commu- Les données 1 à 5 sont rame-
nautaire. La minéralisation caractérisée nées sous une forme identique.
par une hématitis~tion intense a été for-
mée par métasomatose sodique affectant Les données Landsat après cor-
principalement des roches alcalines. Elle rection géométrique sont rééchantillonnées
consiste en pyrochlores radioactifs ri- à une dimension de nixel de 50 m x 50 m.
ches en Ta et terres rares et en minéraux La grille 50 m x 50-m est la grille de
de zirconium dont la forme minéralogique référence pour l'ensemble des données.
est encore à préciser. Dans une phase
hydrothermale-ultérieure apparaissent la En ce qui concerne les données
bastnaesite et la barytine. géophysiques et de spectrométrie gamma,
les lignes de contour sont digitalisées
Une série d'autres anomalies et stockées dans un ordinateur. Une mé-
couleur ont été identifiées dans le Sud thode d'interpolation est appliquée pour
du Groenland mais doivent encore être obtenir les valeurs dans une grille
examinées au sol. d'abord de 1 Km x 1 Km puis de 50 m x 50 m.
194
Pour les données géochimiques, 1. ORIENTATION FUTURE DES PROJETS CF. DE TELEDE-
tout d'abord la structure de correlation TECTION.
est analysée par des méthodes géostatis-
tiques et un semi-variogramme est déter- Le but final des activités de
miné. Par krikage, on estime les va- la Commission en télédétection est de
leurs dans une grille de 1 Km x 1 Km fournir à l'industrie minière un nouvel
puis de 50 m x 50 m. outil pour l'exploration y compris pour
les opérations hors Communauté, en vue
Les 1 inéaments sont digitalisés d'augmenter la compétitivité des socié-
en longueur et direction puis stockés en tés minières communautaires à l'échelle
ordinateur. La densité générale des li- mondiale.
néaments et leur densité dans des direc-
tions spécifiques pour une grille de Un premier sem1naire européen
5 Km x 5 Km sont déterminées en ordina- sur la télédétection aPPliauée à l'ex-
teur. Cette grille correspond à la gril- ploration minérale a été organisé par
le de référence 50 m x 50 m c'est-à-dire la Commission en février 1985 avec des
que l'on a une densité de linéament pour représentants de l'industrie minière.
chaque pixel qui reste constante sur Celle-ci est en général peu au courant
5 Km x 5 Km. des possibilités offertes par cette
technique relativement récente pour
Les occurrences minérales sont l'exploration et ne possède souvent
également stockées. pas ies installations et les spécialis-
tes nécessaires pour le traitement des
Le traitement de données multi- données. En vue de remédier à cette
ples peut s'effectuer de plusieurs façons. lacune le programme de R & D en télédé-
Nous donnerons deux exemples de mixage de tection de la Commission a évolué vers
données : une participation accrue de sociétés
minières ou d'organismes d'exploration
1° Par production d'images combinant les à plusieurs projets en cours. L'avan-
informations en provenance de plu- tage d'une telle collaboration est
sieurs données de base. double : le traitement des données de
En général, on utilise la transforma- télédétection permet de délimiter des
tion Munsell ou transformation dite cibles de dimension réduite pour l'ex-
intensity-hue-saturation. Par exemple ploration et fournit de nouvelles don-
les valeurs uranium -- hue; données nées géologiques aux groupes de pros-
aéromagnétiques -- saturation -- Canal pection avec apport d'une technique
MSS7 -- intensité. nouvelle. Les sociétés minières de
Si plus de trois variables sont intro- leur côté, outre la fourniture de don-
duites, on procède par analyse statis- nées disponibles géologiques, géophy-
tique factorielle : siques ou géochimiques peuvent effec-
tuer des sondages dans le but de véri-
(facteur 1 (I fier la validité de la méthodologie.
variables 1 à K (facteur 2 (H Une telle collaboration peut donc
(facteur 3 es être très fructueuse surtout dans des
régions présentant un potentiel minier.
Par cette méthode, pratiquement toute Dans le projet irlandais, plusieurs
l'information en provenance des k va- sociétés minières participent finan-
riables sera contenue dans l'image cièrement au programme et suivent les
(I, H, S) résultante. résultats obtenus en télédétection.
Récemment, deux projets ont été mis
2° Un autre procédé dit analyse discrimi- sur pied en collaboration avec des
nante est basé sur une sélection de travaux d'exploration. Il s'agit du
variables qui permet de distinguer en- projet Almadén en Espagne (Hg, Pb,
tre zones minéralisées et non minéra- Zn, Au) et du projet Rhodope dans le
lisées utilisant une grille de 5 Km x Nord de la Grèce (Pb, Zn, Cu, Au) où
5 Km ou inférieure. Cette sélection dans les deux cas la société Las Minas
se fait sur la base des minéralisa- de Almadén et l'Institut de Géologie
tions ou d'occurrences minérales con- et d 1 Exploration Minière (IGME) parti-
nues. cipent activement au projet.
A partie de ces variables, un
2. AMELIORATION DE LA METHODOLOGIE.
traitement statistique est appliqué et
chaque grille est classifiée. Ce procé-
dé permet de localiser des zones poten- Le programme communautaire a
tiellement intéressantes qui doivent eu un effet très positif : le know
être interprétées sur le plan géologique how acquis est arrivé pratiquement au
puis examinées plus profondément sur le niveau américain et est même supérieur
ierrain par sondages-ou autres méthodes en ce qui concerne la correlation de
géophysiques ou géochimiques. données multiples, y compris de télé-
détection où des améliorations sont
envisagées. Pour atteindre le stade
opérationnel des efforts de R & D se-
IV, TENDANCES FUTURES DU PROGRAMME ront nécessaires dans plusieurs direc-
COMMUNAUTAIRE, tions et spécialement pour le traite-
ment de données en provenance des sa-
Il y a lieu de distinguer ici tellites de seconde génération (TM,
l'orientation nouvelle des projets com- SPOT, ERS 1 etc ... ) et pour l'évalua-
munautaires de télédétection et l'amé- tion des performances de nouveaux
lioration de la méthodologie. capteurs en particulier ceux d'origine
européenne.

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Il est aussi prévu d'améliorer PHILLIPS, W. E. A. and others -
la méthodologie pour- la localisation (Trinity College Dublin, Ireland)
de cibles nouvelles pour l'exploration Correlation of geological, geochemi-
et de mettre au point un système d'~n­ cal and geophysical data with satel-
formation multiple aisément manipula- lite imagery, West Central Ireland.
ble uour les géologues chargés de l' Final report 1983.
exploration et ayant peu d'expérience
en informatique. PHILLIPS, W. E. A. -
(Trinity College Dublin, Ireland)
Correlation of geological, geochemi-
REFERENCES. cal and geophysical data with satel-
lite imagery, North Central Ireland.
CONRADSEN, K., GUNULF, J. NILSSON, G. In course.
(Technical University of Denmark,
Lyngby). The application of remote THYRSTED, T., FRIEDMAN, A. L. -
sensing in minera! exploration (Geological Survey of Greenland,
(Central East Greenland). Copenhagen).
Final report 1982/83. Airborne remote sensing in Central
East Greenmand.
CONRADSEN, K., THYRSTED, T. - Final report 1983.
(Technical University of Denmark,
Lyngby). Application of remote
sensing in uranium exploration in
South Greenland.
Final report 1984.

CONRADSEN, K., THYRSTED, T. -


(Technical University of Denmark)
The use of structural and spectral
enhancement of remote sensing data
in ore prospecting.
In course.

FAVARD, J. C., SCANVIC, Y. -


(Groupement pour le Développement de
la Télédéection Aérospatiale,
Toulouse, France). Télédétection
aéroportée dans le Centre Est du
Groenland. Communication présentée
Rapport final 1983. le 3 avril 1985.

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