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Cours : FIABILITE DES MACHINES

Sureté de Fonctionnement et Fiabilité des Machine

I. Sureté de Fonctionnement : Concepts et Définition


Au sens le plus large, la sureté de fonctionnement (SdF, dependability) est la science des
défaillances.
Ses étapes :
 Identifier les défaillances et de manière aussi exhaustive que possible
 Ensuite pour chacune des défaillances, il conviendra d’en évaluer l’importance par
rapport aux autres (on parlera de niveau de risque) ou avec une échelle de mesure absolue
(en calculant la probabilité d’apparition)
 Prévoir les défaillances est aussi un objectif essentiel, ainsi on doit observer et utiliser des
modèles d’évolutions
 A toute défaillance, on associera des mesures (statistiques, rendement) afin d’enrichir les
modèles utilisés pour l’évaluation et la prévision.
 Enfin, l’ultime objectif est de maitriser les défaillances par la réduction de leur
occurrence, la prévention contre les conséquences ou par leur tolérance.

La SdF comme proposée dans la norme de vocabulaire CEI 50(191) est l’aptitude d’une
entité à assumer une ou plusieurs fonctions requises dans des conditions données.

1. Missions des Etudes de Sureté de Fonctionnement


Alain Villemeur est l’un des pionniers des analyses de risques (discipline englobant la
sûreté de fonctionnement). Il définit l’activité de sûreté de fonctionnement :

La sûreté de fonctionnement (dependability, SdF) consiste à évaluer les risques potentiels,


prévoir l’occurrence des défaillances et tenter de minimiser les conséquences des situations
catastrophiques lorsqu’elles se présentent.

Autre définition complémentaire. Elle s’inspire des définitions normatives :


La sûreté de fonctionnement est l’ensemble des aptitudes d’un système à remplir une fonction
requise au moment voulu, pendant la durée prévue, sans dommage pour lui-même et son
environnement.

La sûreté de fonctionnement est une discipline qui définit et évalue les niveaux de risques
associés aux évènements non désirés du système. L’ingénieur évalue le comportement
dysfonctionnel du système en identifiant les défaillances, leurs causes, leurs effets sur lui-
mêmeet son environnement. Il se base sur des essais, le retour d’expérience et sur l’avis
d’experts.

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Les scientifiques organisent la sûreté de fonctionnement en trois concepts :
 Les attributs : propriétés quantifiables, évaluables, caractérisant les performances du
système;
 Les entraves : évènements qui peuvent affecter les performances du système ;
 Les moyens : techniques pour améliorer les valeurs des attributs.

La déclinaison de ces concepts est appelée « Arbre de la sûreté de fonctionnement » (Figure 1).

Figure 1. Arbre de la sûreté de fonctionnement

2. Concept global de la sûreté de fonctionnement


Définitions de quelques notions principales dans la sûreté de fonctionnement
 Entité: c’est un élément, un composant, un système (sous système), une fonctionnelle,
un équipement, etc.
 Fonction requise (mission) : c’est une fonction ou un ensemble de fonctions d’une
entité dont l’accomplissement est considéré comme nécessaire pour la fourniture d’un
service donné.
 Fonction d’un système : C’est ce à quoi le système est destiné et elle inclut les
performances attendues du système.
 Comportement d’un système: c’est ce que le système fait pour accomplir sa fonction
et il est décrit par une séquence d’états.
 Service délivré par un système: son comportement tel que perçu par son ou ses
utilisateurs.
 Utilisateur: est un autre système, éventuellement humain, qui est en interaction avec
le système considéré.
Un service est considéré correct si et seulement si le service délivré accomplit la fonction du
système.

3. Le Système
Un système peut être décrit comme un ensemble d’éléments en interaction entre eux et
avec l’environnement dont le comportement dépend :
 des comportements individuels des éléments qui le composent,
 des règles d’interaction entre éléments (interfaces, algorithmes, protocoles),

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 de l’organisation topologique des éléments (architectures). Le fait que les sous-systèmes
sont en interaction implique que le système n’est pas simplement la somme de ses
composants. En toute rigueur, un système dans lequel un élément est défaillant devient un
nouveau système, différent du système initial.
Exemple
Une installation chimique, une centrale nucléaire ou un avion sont des systèmes. Le
contrôle-commande est un sous-système, une vanne ou un relais sont des composants. La nature
technologique d’un système est variée : électrique, thermo-hydraulique, mécaniqueou
informatique.

4. Assurer les Fonctions d’un Système


Tout système se définit par une ou plusieurs fonctions (ou missions) qu’il doit accomplir
dans des conditions et dans un environnement donnés. L’objet d´étude de la sûreté de
fonctionnement est la fonction. Une fonction peut être définie comme l’action d’une entité ou de
l’un de ses composants exprimée en termes de finalité. Il convient de distinguer les fonctions et
la structure (ou encore architecture matérielle support).

 fonction principale : raison d’être d’un système (pour un téléphone portable, la fonction
principale est la communication entre 2 entités) ;
 fonctions secondaires : fonctions assurées en plus de la fonction principale (sms, horloge,
réveil, jeux . . .) ;
 fonctions de protection : moyens pour assurer la sécurité des biens, des personnes et
environnement ;
 fonctions redondantes : plusieurs composants assurent la même fonction.

Une description fonctionnelle peut généralement se faire soit par niveau soit pour un niveau
donné. Une description par niveau est une arborescence hiérarchisée. On donne l’exemple d’une
description fonctionnelle d'une machine à laver dans la figure 2.

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Figure 2. Description fonctionnelle d’une machine à laver

5. Décomposition matérielle d’un système

Les fonctions sont réalisées par le système à partir de ses composants. La structure du système
doit être prise en compte pour les analyses de sûreté de fonctionnement. Pour cela, il faut décrire
les composants matériels, leur rôle, leurs caractéristiques et leurs performances. La figure 3
identifie les composants intervenant dans la structure d’un système photovoltaïque.

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6. Défaillance (Failure)
 C’est un événement. Un événement est présent ou non, il peut se combiner avec
d’autres événements pour produire des événements composés.
 Selon [(CEI 50 (191)], une défaillance est : La cessation de l’aptitude d’une
entité à accomplir une fonction requise.

7. Panne (fail state)


La notion de panne est souvent présentée comme l’état de l’entité après
l’apparition de sa défaillance; c’est une conséquence de sa défaillance (à rapprocher
plutôt de l’état d’indisponibilité [Villemeur et CEI 50 (191)] définissant la panne comme
l’inaptitude d’une entité à accomplir une fonction requise).

8. Composantes de la sureté de fonctionnement

Principal concept :

Ce sont les éléments clés de la Sdf.

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II. L’Analyse du Risque et la Sureté de Fonctionnement

1. Historique de l’analyse des risques et domaine d’application


L’Analyse Préliminaire des Risques (APR) a été développée au début des années 1960
dans les domaines aéronautiques et militaires. Par la suite, de nombreuses industries ont
appliqué cette méthode.
L’APR est une méthode couramment utilisée pour l’identification des risques au stade
préliminaire de la conception d’une installation ou d’un projet, il s’agit d’anticiper, de
prévoir les risques dés le départ, avant que l’installation soit conçue.

L’APR est adaptée dans les situations suivantes :


 Dés la conception d’une installation, tant que la définition précise du procédé n’a
pas été effectuée, une première analyse de sécurité permet de réaliser les
premières consignes d’exploitation et de sécurité, de choisir les composants ou
équipements les mieux adaptés ;
 L’APR constitue une étape préliminaire, permettant également de mettre en
lumière des situations nécessitant une attention particulière et en conséquence
l’emploi de méthodes d’analyses de risques plus détaillées, ainsi, une APR peut
être complétée par une analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de la
Criticité (AMDEC) ou arbre des défaillances.

Une analyse de type APR a pour objectif de garantir la sureté de fonctionnement d’un système.

2. Principe de l’APR
L’APR nécessite dans un premier temps d’identifier les éléments dangereux de
l’installation. L’identification des ces éléments est fonction du type d’installation étudiée. Il
est en conséquence important de décomposer fonctionnellement l’installation.
Une bonne analyse dés le départ permet une réduction des risques. La sureté de
fonctionnement (SdF) s’exerce donc essentiellement pendant les premières phases des
projets, jusqu’à la mise en production.

Le risque est caractérisé par une grandeur à deux dimensions nommée criticité (figure 4) :
 En abscisse : la gravité G ou sévérité S des effets et des conséquences ;
 En ordonnée : la fréquence F ou probabilité d’occurrence O.

Figure 4. L’évaluation du risque


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Ainsi, la SdF s’exerce à la fois sur la prévention et la protection. Trois zones de couleur
permettent de situer la criticité de défaillance : rouge critique, jaune moyennement critique, vert
non critique.
Le tableau 1 montre comment on peut évaluer la criticité à partir des facteurs fréquence et
gravité. Les niveaux de fréquence et de gravité se situent sur une échelle de 1 à 6, le minimum
pour G=1 et F=1 donne une criticité de 11, le maximum pour G=6 et F=6 donne une criticité C
de 66.

Fréquence
F6 16 26 36 46 56 66
F5 15 25 35 45 55 65
F4 14 24 34 44 54 64
F3 13 23 33 43 53 63
F2 12 22 32 42 52 62
F1 11 21 31 41 51 61
G1 G2 G3 G4 G5 G6
Gravité
Tableau 1. Criticité des défaillances

Défaillance critique
Défaillance moyennement critique
Défaillance non critique

3. Prise en compte du cycle de vie d’un produit dans l’analyse de risques


technique
Rappelons que la politique de gestion et de maîtrise des risques s’applique dès la conception.
Les principales étapes pour la maitrise des risques sont les suivantes :
 Analyse des défaillances potentielles ;
 Identification des risques après ces analyses ;
 Classement des risques en fonction de leur importance ;
 Traitement ou acceptation du risque ;
 Analyse des conséquences sur le produit ou sur le projet.

Dans un monde où la concurrence est de plus en plus rude entre des entreprises évoluant dans un
même secteur, la qualité des produits et des services est devenu la raison d’être et de survie.
Aujourd'hui on ne parle plus seulement de qualité mais plutôt d'anticipation de la qualité qui
s'inscrit dans un processus d'amélioration continue que les entreprises doivent adopter pour
poursuivre leur évolution et les progrès techniques. Cette nouvelle vision de la qualité se base sur
un certain nombre d'outils visant essentiellement la prévention et l'analyse des risques.
L'expression du besoin est établie avec les différents partenaires du projet en travail de groupes.
Différents outils peuvent être utilisés pour définir le besoin. Un premier outil est l'analyse de la
valeur qui permet de réaliser une analyse fonctionnelle interne et de rédiger un cahier des
Charges Fonctionnel (CdCF). Un deuxième outil utilisé est l'AMDEC (Analyse des Modes de
Défaillances, de leurs Effets et de la Criticité) qui va permettre d'anticiper les défaillances
potentielles, de recenser tous les problèmes pouvant être rencontrés dans le procédé de
fabrication et de planifier des actions en conséquence.

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Dans un contexte industriel, l'AMDEC sera considérée comme une donnée d'entrée pour un
deuxième outil aussi important à installer sur les lignes de production, il s'agit du plan de
surveillance. Ces deux outils font partie intégrante d'un plan qualité pour le produit.

La figure 5 illustre la conséquence d'un retard de détection de défaut dans le flux d'une entreprise
industrielle. Plus l'on tarde à découvrir le défaut, plus les coûts de non-qualité vont croître de
manière exponentielle : 1 € à la première étape, 10 € à la deuxième étape, 100 € à la troisième,
etc.

Figure 5. Les conséquences d’un défaut

4. Identification des risques par APR


Une fois l'expression des besoins exprimée, la première étape de la politique de maîtrise des
risques mise en œuvre dans un projet est l'APR. L'analyse fonctionnelle interne a permis de
découper en sous-systèmes le produit. La liste des défaillances potentielles permet de faire les
recommandations nécessaires pour optimiser le produit.

5. Classification hiérarchique des risques

L'APR a permis d'identifier les risques et de les classer par ordre d'importance, en commençant
par les plus critiques. Ces risques seront réduits au fur et à mesure de la clôture des actions
correctives mises en place en appliquant une démarche d'amélioration continue de type PDCA
(Plan, Do, Check, Act), représentée en figure 6.

Cours préparé par Mr TERRAH Figure 6. le PDCA ou Roue de Deming


 Plan : planifier
 Exposer le problème
 Fixer les objectifs
 Rechercher les causes, effets, solutions
 Do : faire, réaliser
 Mettre en œuvre des solutions
 Check : vérifier, tester
 Act : agir

6. Traitement des risques par PDCA


La théorie de la roue de Deming se concrétise en appliquant les actions correctives
permettant de supprimer, de diminuer ou d'accepter le risque.

7. Mode de défaillances
Le mode de défaillance est relatif à une fonction, il s'exprime par la manière dont un système
vient à ne plus remplir sa fonction (par exemple rupture, oxydation, desserrage, usure, fuite,
court-circuit, explosion, vibrations, fumée, message d'erreur, grincement, blocage, non-
fermeture, etc.).

8. Effets
L'effet de la défaillance correspond à la concrétisation de la défaillance et est relatif au
mode de défaillance :
 mécontentement du client ;
 remise en cause de la sécurité des opérateurs ;
 arrêt de la chaîne de production ;
 accident ;
 aspect non satisfaisant ;
 manque de confort

9. Causes
La cause de la défaillance correspond à l'anomalie initiale susceptible de conduire au mode
de défaillance (défaut susceptible de conduire au mode de défaillance).
Elle s'exprime en termes d'écart par rapport à la norme :
 décapage ;
 soudure ;
 couple de serrage ;
 matières ;
 sous-dimensionnement;
 mauvais réglage ;
 Manque de lubrifiant

10. Détectabilité
C'est la possibilité de détecter la cause de la défaillance avant qu'elle n'atteigne le client (par
exemple contrôle, essai sur banc, test, etc.).

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