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Université Batna 2 - Institut d’Hygiène & Sécurité 20192020

Département Sécurité Industrielle


Licence MRI
Matière : Méthodes et outils d’analyse des risques

Chapitre 1 : Méthodologie générale d’analyse des risques industriels


1. Définition du système et des objectifs à atteindre
La première étape dans toute analyse du risque, quelle que soit sa nature, est la définition
du système à étudier. Elle permet de procéder à des études exhaustives qui aboutissent à des
prises de décisions.
La notion du système est relative. Elle n’est pas nécessairement liée à un matériel, elle
peut concerner par exemple un programme de gestion d’un ensemble d’éléments. Ainsi, on
définit le système comme étant :
• un ensemble bien défini d’éléments liés entre eux par des relations ou régis par des lois ;
• placé dans un environnement donné ;
• remplissant une fonction ;
• doté d’une structure ;
• utilisant des ressources ;
• évoluant dans le temps;
• ayant des objectifs bien définis.
Lors d’une analyse du risque, il faut préciser sans ambiguïté les différentes
composantes du système, leurs caractéristiques et les relations qui les unissent y compris la
composante humaine.
La définition des objectifs de l’analyse des risques est une étape essentielle qui permet
notamment de définir les critères d’acceptabilité des risques.
Il peut par exemple être nécessaire de mener une analyse des risques dans l’un des buts
particuliers suivants :
• Analyser les risques d’accidents de manière générale et les évènements pouvant nuire à
la bonne marche du procédé (pannes, incidents...),
• Analyser plus spécifiquement les risques aux postes de travail (Code du travail),
• Analyser les risques d’accidents majeurs (cas de l’étude des dangers).

Selon les objectifs poursuivis, la démarche et les outils utilisés pourront être
significativement différents.

L’objectif central des analyses de risque est d’atteindre un niveau de sécurité jugé
satisfaisant. Ce qui revient donc à comparer le niveau de risque évalué (réel) à un niveau de
risque normatif (seuil d’acceptabilité). La fixation de ces objectifs se fait en concertation avec
plusieurs parties (l’industrie, le public, l’état,...). Cette concertation doit évoquer les
problèmes liés notamment à l’évolution de l’environnement du système, qui peut modifier
sensiblement les objectifs de sécurité. Il convient aussi de s’assurer qu’il y a homogénéité
entre les critères des diverses parties concernées.

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Ces objectifs sont généralement fixés selon trois approches :

• A partir d’un constat statistique,


• A partir du coût de la vie humaine,
• A partir des considérations sur les risques individuels et collectifs acceptables.

La première approche relative au constat statistique, consiste en un examen des


statistiques sur des accidents concernant une activité donnée. Le but de cette consultation
étant l’amélioration de la sécurité.

Pour la deuxième approche relative au coût de la vie humaine, on compare le risque


couru et le bénéfice qu’en retire l’individu ou la collectivité en terme monétaire. Cette
approche est appelée risque-bénéfice, lorsque le risque est exprimé en fonction des bénéfices.
Elle est appelée coût-bénéfice lorsque le coût d’une opération dont le but est de réduire le
risque est exprimé en fonction du bénéfice attendu.
Enfin, dans l’approche relative aux considérations sur les risques individuels et
collectifs acceptables, les études des risques connus par la société permet de situer les niveaux
d’acceptabilité du risque. Dans ce contexte, il convient de faire la distinction entre les
activités volontaires et les activités involontaires.
2. Analyse Technique et Fonctionnelle du système
Pour une meilleure description du système, une analyse structurelle et fonctionnelle s’avère
indispensable. Le but de cette analyse est de décomposer le système et d’identifier ses
différents composants ainsi que leurs fonctions.
Il est important de fixer dès le début de l’analyse les principales caractéristiques du
système à prendre en compte, à savoir :
• Les fonctions du système : principales et secondaires.
• La structure du système : composants et leur caractéristiques, leur rôle, relations
entre les composants, leur localisations, etc.
• Les conditions de fonctionnements du système : les différents états, conditions de
fonctionnement des composants, changement de configuration…
• Les conditions d'exploitation du système :
• Les conditions de surveillance (alarme, inspections, ..)
• Les conditions d'intervention (maintenance,…)
• Les spécifications techniques d'exploitation
• L'environnement du système :
• Les autres systèmes de l'installation
• L'ensemble des opérateurs humains
• L'environnement physique
• Les conditions météorologique, les agressions naturelles (seisme, innidation,..) ou
industrielles.
La définition du système implique également, la connaissance du fonctionnement de ce
dernier, dans les conditions normales; ce qui implique la connaissance de ses phases
transitoires (arrêt, entretient, maintenance, ...). Il faut connaître aussi, la structure qui va avec

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le système. L’environnement dans lequel opère le système doit être également défini avec
soin. Celui-ci peut être victime d’un mauvais fonctionnement du système comme il peut être
agresseur de ce dernier ou lui imposé des contraintes (techniques, économiques ou sociales),
tels que des seuils de sécurité à ne pas dépasser, le coût à payer en cas de dépassement de ces
seuils...etc.
Ainsi, il faut trouver un compromis entre les diverses contraintes, avoir donc un
système acceptable rentable et sûr.
En effet, il y a des interactions permanentes entre tout système et son environnement
qu’il soit physique, sociologique ou réglementaire.
L’environnement physique, peut agir directement sur les équipements, les hommes et
l’information. Il modifie ainsi, leurs caractéristiques ou déplacer le fonctionnement du
système.
L’environnement social à son tour, a de plus en plus un impact sur les systèmes mis en
place. En effet, plusieurs projets ont été remis en cause ou abandonnés à cause de l’opinion
public (cas, par exemple, de la construction d’une centrale nucléaire à proximité d’une
agglomération).
Quant à l’environnement réglementaire, désormais, l’exploitant des systèmes n’est
plus seulement astreint à respecter une réglementation générale. Il doit procéder à une étude
concrète de son installation, ou de son projet, repérer les points critiques au regard du danger,
et montrer comment il peut supprimer les risques ou plutôt les ramener à un niveau
acceptable.
3. Identification des risques
L’objectif de cette étape est de décrire le système et d’identifier les événements
initiateurs ainsi que les scénarios d’accidents majeurs possibles. Ces scénarios désignent les
séquences accidentelles qui devront être maîtrisées en priorité.

La démonstration de la maîtrise des risques doit être réalisée pour chacun des scénarios
d’accidents majeurs, notamment par l'évaluation de leur gravité et de leur fréquence
d'occurrence. Parmi les scénarios d’accidents majeurs identifiés, certains feront l’objet d’une
estimation quantitative des conséquences afin de fournir des éléments pour démontrer
l’efficience de la maîtrise des risques. Plusieurs outils ou méthodes d’analyse peuvent être
utilisés dans l’identification des événements indésirables. L’APR (Analyse Préliminaire des
Risques), HAZOP (HAZard andOPerability study) et l’AMDEC (Analyse des Modes de
Défaillances, de leurs Effets et leurs Criticité) en sont les plus répondus.

4. Evaluation des risques

Une fois les événements indésirables identifiés, il convient d’estimer, dans un premier
temps, leur probabilité d’occurrence en tenant compte de tous les facteurs potentiels qui
peuvent y conduire. L’estimation de la probabilité d’occurrence des événements indésirables
consiste à assigner une valeur numérique à ces événements. Cette estimation se fait à partir de
données statistiques observées pour un même type d’événement réalisé dans des situations
semblables. Lorsque les données statistiques manquent, on peut avoir recours à d’autres
procédures.

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Une technique consiste à recenser les divers déterminants de l’événement indésirable
étudié et d’inventorier le plus grand nombre de conditions dont dépend la réalisation de celui-
ci. Ensuite, on affecte à chaque déterminant une probabilité d’occurrence en s’appuyant sur
l’avis des experts, le retour d’expérience, etc. Connaissant le type de relations liant les
différents déterminants et l’événement indésirable, on peut calculer la probabilité
d’occurrence de ce dernier.
En second lieu, il faut estimer les conséquences des événements indésirables. Il s’agit de donner une
dimension aux conséquences négatives des événements indésirables. Ceci peut être exprimé par le
degré du dommage ou blessure, le coût de remise en état d’une installation, le nombre de victimes, etc.
Cette évaluation se fait par exemple, en utilisant la méthode d’arbre des événements (AdE) pour
déterminer les résultats possibles d’un événement initiateur donné.

Des modèles physiques sont également utilisés pour estimer les conséquences du risque
d’accidents majeurs tels que la dispersion de produits chimiques, la surpression et les effets
thermiques causés par les explosions.

6. Synthèse et conclusions

La synthèse de l'analyse qualitative et quantitative mettra en évidence :


- Les défaillances et leurs combinaisons qui compromettent la SdF du système
- Les composants critiques du système
- Les missions importantes
Les conclusions permettent de considérer le système soit comme répondant aux exigences de sécurité,
soit comme non répondant. Dans le dernier cas, des propositions peuvent être faites. Par exemple:

- une amélioration de la fiabilité des composants,

- une redondance supplémentaire,

- une élimination de redondances inutiles,

- un ajout de protection ou de dispositif de surveillance ou de contrôle,

- une protection supplémentaire contre les défaillances de cause commune,

- des essais périodiques supplémentaires,

- une modification des caractéristiques des tests périodiques,

- une maintenance préventive,

- une modification des procédures d'exploitation, etc….

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