Vous êtes sur la page 1sur 35

Chapitre n°3

Etude de sécurité des procédés

1. Quelques définitions
Danger
Propriété potentielle intrinsèque ou capacité de quelque chose (par exemple produit,
équipement ou procédé) à provoquer une atteinte (effet) de la santé humaine ou de
l’environnement

Risque
Caractérise l’expression du danger sous la forme d’une grandeur à deux dimensions: les
caractères d’exposition (la probabilité que se manifeste un danger provoquant une atteinte)
d’une part, le degré de sévérité de cette atteinte (la gravité des conséquences) de l’autre

1
Au sens de la norme ISO 31010
Le risque inclut les effets de toutes les formes d'incertitude sur les objectifs. L'incertitude
peut avoir des conséquences positives et/ou négatives.

Un risque est généralement exprimé en termes de sources de risque, événements potentiels


avec leurs conséquences et leur vraisemblance.

Source de risque : tout élément qui, seul ou combiné à d’autres, est susceptible d’engendrer un
risque

Evénement : occurrence ou changement d’un ensemble particulier de circonstances

Conséquence: effet d’un événement affectant les objectifs

Vraisemblance: possibilité que quelque chose se produise

2
Etude de dangers
Une étude technique réalisée par l'exploitant et sous sa responsabilité qui détermine
les éventuels dangers de l'activité de l'établissement et qui fixe les mesures et les
moyens de prévention contre les risques d'incendie, d'explosion, de panique et des
accidents industriels majeurs (arrêté 20 février 2010).

Que doit contenir l’étude danger?

2. Règlementations

Nationales Arrêté du 20 fevrier 2010 : étude de danger...


Arrêté du 15 novembre 2005 et celui du 24 octobre 2012:
nomenclature complète des établissements classés

Règlement de sécurité
3
Internationales

En 1976, une catastrophe chimique a eu lieu à Seveso, dans une usine pharmaceutique
et cosmétique, a provoqué un nuage toxique de dioxines.

Accord de Seveso I, II et III

4
3. Les bases de l’analyse des risques

La base de la prévention des accidents et de la maîtrise de la sécurité repose sur:

 La prise en compte des dangers et des risques liés aux produits, aux procédés, aux
technologies mis en œuvre et présentés par l’activité projetée ou existante,

 La mise en place de mesures techniques et organisationnelles destinées à prévenir


tout évènement indésirable susceptible d’engendrer un accident et d’en limiter les
conséquences en cas de survenue.

L’étape essentielle de l’analyse est l’IDENTIFICATION DES DANGERS ET


RISQUES adaptée au système étudié et aussi approfondie que nécessaire.

5
Un danger et les risques qui en découlent ayant été identifiés, il convient d’étudier les
mesures aptes à les prévenir, à les maîtriser ou à défaut à en limiter les conséquences.
Pour juger de la pertinence de ces mesures, il faut avoir une idée de la façon dont le
risque va se manifester.

Par exemple un constat simple comme « le risque est lié au fait que le produit α est
toxique et qu’il faut donc éviter une perte de confinement », se traduit par une question
plus complexe:

« quelles sont les causes de perte de confinement et comment en réduire la probabilité


ou l’importance à une valeur acceptable?

Cette deuxième question est l’objet même de l’ANALYSE DES RISQUES. Elle fait
appel à deux types de défaillances:

6
 Les défaillances individuelles de chacun des éléments constitutifs ou déviations
de paramètres unitaires (pression, température, débit, niveau, etc)

 La combinaison de plusieurs défaillances pour aboutir à un évènement accidentel

Ces études permettent de mettre en évidence des « évènements indésirables » dont la


maîtrise repose sur des dispositions techniques préventives, correctives ou limitantes
destinées soit à prévenir l’occurrence ou en réduire la probabilité, soit à en limiter
les conséquences.

 A ces mesures techniques doivent s’ajouter des mesures d’organisation qui font
l’objet de règles générales que s’impose l’exploitant et des recommandations
associées parmi lesquelles on peut citer:

7
 La formation des personnels

 L’inspection des équipements importants pour la sécurité

 Les tests de bon fonctionnement des dispositifs de sécurité

 Les procédures d’interventions pour les travaux

 Les procédures de modification

 Les procédures d’audit et , en particulier, l’analyse des dysfonctionnement

 Les plans d’urgence internes etc

8
L’ensemble de ces règles générales constitue « le système de gestion et
d’organisation de la sécurité »

Les mesures techniques à elles seules ne peuvent garantir le niveau de sécurité souhaité
si ces dispositions de procédures et d’organisation , n’existent pas

En résumé, pour un système donné (procédé et installation associée), la démarche de


l’analyse des risques consiste à:

- Identifier les dangers et risques associés,


- Analyser les causes,
- Rechercher les dispositions préventives, correctives ou limitantes
9
4. Les méthodes de l’analyse des risques
4.1. Les principales méthodes utilisées en analyse des risques

Les méthodes développées pour procéder à l’analyse des risques des systèmes sont
nombreuses. L’industrie chimique utilise les méthodes suivantes, bien adaptées à son
domaine ou conçues spécifiquement pour elle:
 L’analyse préliminaire des risques (APR),
 L’analyse des risques sur schéma (HAZOP, HAZID, what if,..)
 L’analyse par arbre de défaillance
 L’analyse par arbre d’évènement (ou conséquence)
 Les listes de contrôles (type équipements),
 L’analyse des modes de défaillances, de leur effet et de leur criticité : AMDEC

10
L’emploi des trois premières méthodes est de nature à résoudre la plupart des
problèmes mais l’usage des trois dernières peut s’avérer utile pour la résolution des
difficultés résiduelles lorsqu’elles existent et la réalisation de démonstrations
chiffrées, si nécessaire.

 Toutes ces méthodes sont puissantes, mais elles ne peuvent donner leur pleine
mesure que mises en œuvre par des groupes de travail pluridisciplinaires, organisés
et conduits dans les conditions requises d’efficacité, dès les phases de
développement du procédé et de conception de l’installation.

 De plus ces méthodes doivent être adaptées à chaque étape de développement


d’un procédé. Elles peuvent également être utilisées:

- Pour l’analyse critique de la sécurité d’une installation existante


- Lors d’une modification importante.
11
4.2 L’analyse préliminaire des risques (APR)
4.2.1 Objectif et structure de la démarche

 L’objectif principal de l’analyse préliminaire des risques est de rechercher les


sources de dangers et risques afin de les éliminer ou d’en réduire les éventuelles
conséquences.

 L’APR dans la définition d’un procédé et la conception d’une installation chimique


tient compte des risques inhérents aux différents produits mis en œuvre (matières
premières, produits intermédiaires et finis) et au procédé retenu (réactions chimiques
et opérations diverses); elle tient compte également des interactions éventuelles avec
les installations et les activités existantes, internes ou externes.

12
 La démarche doit permettre dans un processus itératif:

 d’obtenir dès les phases de recherche, développement et conception, une première


analyse de sécurité se traduisant par des éléments constituants les premières bases
des futures consignes d’exploitation et de sécurité, des dispositifs de contrôle et de
régulation, des moyens de protection, des règles de construction de l’équipement, des
règles d’implantation, des mesures de prévention applicables pour les parties de
l’installation projetée présentant un potentiel de danger élevé.

 de répertorier les risques justifiant une étude complémentaire,

 de prescrire les actions correctives ou limitantes dans les meilleures conditions


d’efficacité, de rapidité et de coût,
13
En résumé, l’APR

1. Identifier les dangers liés aux produits

2. Identifier les risques potentiels associés


 Aux réactions
 Aux opérations
 Aux produits

3. Etudier les mesures préventives et compensatoires nécessaires

14
4.2.2 Identification des dangers et risques potentiels: liés aux produits

 L’identification des dangers potentiels obéit à un processus continu lors de la


conception des installations. Elle commence dès le stade de la recherche, où l’on
s’attachera à identifier correctement les propriéts dangereuses de chaque produit ainsi
que des sous-produits et impuretés susceptibles de s’accumuler. (polypéroxydes ou
composés nitrés instables, par exemple).

 A titre d’exemple, le tableau suivant présente la liste de certains groupes


fonctionnels pouvant entrainer une instabilité des produits les contenant.

15
Exemples de groupes fonctionnels pouvant entrainer une instabilité
(liste non exhaustive)
−𝐶𝐶 ≡ 𝐶𝐶 − Acétylures, acétylides, acétyléniques

−𝑁𝑁𝑁𝑁𝑁𝑁 Composés nitrés

−𝑁𝑁 ≡ 𝑁𝑁− Composés azo, diazo, azides

−𝐻𝐻𝐻𝐻 − 𝑁𝑁𝑁𝑁 − hydrazides

−𝐶𝐶𝐶𝐶 Où M= plomb, mercure, thallium

𝑂𝑂 − 𝐶𝐶𝐶𝐶𝑂𝑂2 ; 𝑂𝑂 − 𝐶𝐶𝐶𝐶𝑂𝑂3 Chlorates, perchlorates

−𝑂𝑂 − 𝑂𝑂 − Peroxydes, per-acides


16
L’APR permet d’identifier les dangers liés aux produits manipulés et les risques
associés aux produits mis en œuvre. Elle conduit dans le cadre des « études de
dangers » à l’élaboration des dossiers suivants:

1 Liste des produits

A pour objet de recenser, sous forme de tableau, l’ensemble des produits utilisés
(matières premières, intermédiaires), fabriqués (produits fini et sous-produits),
auxiliaires (solvants, catalyseurs) et des utilités... Sans oublier les impuretés et les
déchets et procéder au recensement de leur potentiel de danger (inflammabilité,
instabilité, toxicité, écotoxicité...) et à leur classement.

2 Fiche « produit »
Dossier destiné pour les produits à potentiel élevé de nuisances et de danger, à rassembler
les connaissances détaillées sur leurs propriétés.
17
• Identification de la substance/du 09 • Propriétés physiques et chimiques
01
mélange et de la société
• Identification des dangers 10 • Stabilité et réactivité
02

03
• Composition/information sur les 11
• Informations toxicologiques
composants
12 • Informations écologiques
04 • Premiers secours
• Considérations relatives à
05 • Mesures de lutte contre l’incendie 13
l’élimination
• Mesures à prendre en cas de 14 • Informations relatives au transport
06
déversement accidentel
07 • Manipulation et stockage 15 • Informations règlementaires
• Contrôles de l’exposition/protection 16 • Autres informations
08
individuelle
18
Exemple de FDS
3 Tableau des incompatibilités
Dossier destiné à déterminer le potentiel de risque représenté par la mise en contact (chaque
fois qu’elle est envisageable dans le système étudié):
 De chaque produit avec un autre produit présent dans l’installation
 De chaque produit avec les produits, les fluides auxiliaires et les utilités mis en
œuvre dans l’installation
 De chaque produit avec les matériaux employés dans les équipements et circuits

Il se présente sous la forme d’un tableau à double entrée. On déduira de cette matrice des
incompatibilités l’existence de risques potentiels par mise en présence des produits et
l’on recherchera les actions préventives correctives ou limitantes nécessaires.

Exemple de tableau d’incompatibilité 19


En résumé, l’APR liés aux produits

1. Etablir la liste de tous les produits présents dans le procédé

2. Etablir les fiches produits pour les produits à haut potentiel de danger
(FDS) *

3. Etablir les matrices d’incompatibilité


Produits/produits
produits/utilités – fluides auxiliaires
produits/matériau

* Pour les produits existants dans le procédé en faible quantité ou à l’état de traces, on
pourra se limiter aux propriétés importantes pour l’analyse des risques
20
4.2.3 Identification des dangers et risques potentiels: liés aux procédés

1 Fiche réaction
Dossier destiné, pour les opérations de génie chimique et tout particulièrement pour les
opérations de réaction, à rassembler les connaissances relatives à:
 L’étude chimique
Exemple fiche réaction
 L’étude thermique
 L’étude des circuits et équipements (effet des variations de paramètres physiques
tels que débit, niveau, pression, défaillance des utilités, agression extérieure (choc,
incendie, vent, séisme, etc)

 L’étude des dispositifs de limitation de pression


 L’étude des moyens de collecte et traitement des diverses émissions: évent, effluents
liquides, déchets,... 21
2 Risques liés aux équipements

 La démarche de l’APR doit en particulier permettre d’établir les principes de base de la


sécurité des installations étudiées dès le stade de l’avant projet ou de l’ingénierie de base.

 Afin de faciliter l’évaluation des risques liés aux équipements, il convient de :

• Dresser la liste des équipements (ou sous ensembles)


• Recenser les éventuels risques associés

N.B: nb1 L’identification des risques dépend fortement de l’expérience de l’équipe qui y
travaille. La démarche impose un travail de groupes pluridisciplinaires pour lesquels les
documents mis en œuvre dans le cadre de la méthodologie proposée (APR) ne sont que des
aides à la réflexion.
22
nb2 L’analyse des accidents et/ou incidents passés, càd le retour d’expérience constitue
un élément primordial dans l’identification des risques et doit être systématiquement
utilisé.

nb3 les codes de bonnes pratiques, les recommandations professionnelles et les normes
sont aussi autant de documents qui participent à l’dentification des risques dans la
mesures où ces différents documents explicitent souvent les motifs de leur
recommandations

23
4.2.4 Les mesures préventives et/ou compensatoires
 Après avoir identifié, grâce à l’analyse préliminaire des risques, les dangers et les
risques, l’objectif est de définir les mesures préventives, correctives ou limitantes
permettant d’éliminer ces risques ou d’en déduire les éventuelles conséquences.

 La démarche à favoriser est d’abord une démarche de prévention, visant à agir le plus
en amont possible sur les causes à l’origine des risques identifiés.

 Les mesures préventives sont donc à privilégier par rapport aux mesures
compensatoires qui peuvent être de deux types:

 Les mesures correctives;


 Les mesures limitantes

24
Les mesures préventives
 Ces mesures ont pour objectifs d’éviter l’apparition ou le développement dangereux
des déviations pouvant conduire à un risque, e agissant le plus en amont possible, avant
que la déviation ne se produise.
 Dans cette catégorie se trouvent les dispositions prises dans les spécifications et
normes d’équipements (soufflets sur vanne, double garniture, qualité des joints, choix
des matériaux résistant à la corrosion, surépaisseur pour résister aux chocs, vitesse de
circulation limitée,...).
 On trouve aussi, lorsque c’est nécessaire, les redondances d’instruments et
d’équipements (pompes de secours, double mesure de température, courant électrique de
secours, etc) mais aussi les clapets de non retour etc

 D’une façon générale, il faudrait lutter contre l’excès de sophistication et de


complexité et contre trop d’interdépendance entre les installations.
25
 On étudiera en particulier ces mesures (préventives) pour que l’installation soit
« tolérante aux erreurs», càd qu’une seule défaillance ne puisse engendrer un accident
grave.

Les mesures compensatoires


1. Les mesures correctives

 Ces mesures interviennent alors que la déviation s’est produite ou développée, mais
en corrigeant les effets avant l’apparition des conséquences dommageables. Elles évitent
l’accident.

 Dans cette catégorie, on peut citer la présence d’un déversoir de pression, la collecte
d’une émission accidentelle, un détecteur de liquide dans une ligne normalement
gazeuse, un analyseur de substance (chromatographe, teneur en oxygène, en hydrogène
etc) avec seuil d’alarme et d’avertissements.
26
2. Les mesures limitantes

 Ces mesures n’empêchent pas l’anomalie mais en limitent les effets et/ou en
réduisant les conséquences.
 Dans cette catégorie, on trouve les cuvettes de rétention, les moyens de lutte contre
les incendies, les murs de protection, les rideaux d’eau ou de vapeur, la résistance des
équipements à une surpression d’explosion interne, la résistance des équipements à une
surpression externe, les confinements, etc

 Les mesures compensatoires dépendent bien entendu de la probabilité d’occurrence et


de l’importance des conséquences possibles de la déviation ou anomalie

27
Déroulement de la démarche
1. Sélectionner le système ou la fonction à étudier sur la base de la description fonctionnelle
réalisée.
2. Choisir un équipement ou produit pour ce système ou cette fonction (colonne 2).

3. Pour cet équipement, considérer une première situation de dangers (colonne 3)

4. Pour cette situation de dangers, envisager toutes les causes et les conséquences possibles
(colonnes 4 et 5).
5. Pour un enchaînement cause-situation de danger-conséquences donné, identifier alors
les barrières de sécurité existantes sur l’installation (colonne 6)
6. Si le risque ainsi estimé est jugé inacceptable colonne 7, formuler des propositions
d’améliorations en colonne8. La dernière colonne (colonne 9) est réservée à d’éventuels
commentaires. Elle est particulièrement importante pour faire apparaître les hypothèses
effectuées durant l’analyse ou les noms de personnes devant engager des actions
28
complémentaires.
7. Envisager alors un nouvel enchaînement cause-situation de danger-conséquences
pour la même situation de danger et retourner au point 5).

8. Si tous les enchaînements ont été étudiés, envisager une nouvelle situation de danger
pour le même équipement et retourner au point 4).

9. Lorsque toutes les situations de dangers ont été passées en revue pour l’équipement
considéré, retenir un nouvel équipement et retourner au point 3) précédent.

10. Le cas échéant, lorsque tous les équipements ont été examinés, retenir un nouveau
système ou fonction et retourner au point 2)

29
1 2 3 4 5 6 7 8 9

Système Produit/ Situation Causes conséquen Mesures Estimation Propositio Observatio


/fonction équipemen dangereus ce de du n ns
t e sécurité risque/da d’améliora
existantes nger tion
(criticité)

30
31
Exemple: emballement d’une réaction de polymérisation

 On peut retenir, à titre d’exemple, le cas d’un réacteur de polymérisation


de type réacteur agité avec refroidissement. La première étape de la
démarche consiste à rechercher les différentes causes pouvant conduire à la
perte du contrôle du réacteur par emballement de réaction.

32
Exemples de causes possibles

 Excès de monomère

 Excès de catalyseur

 Erreur sur la nature du catalyseur

 Défaillance du système de refroidissement

 Défaillance de l’agitateur

 Défaillance du système de contrôle de la température

 Panne de courant électrique 33


Mener l'analyse
préliminaire de dangers de
la fixation d'une fenêtre en
rez-de-chaussée, c'est-à-
dire la fixation du dormant
sur la maçonnerie et
l'assemblage de l'ouvrant
sur le dormant.

34
Les éléments du système étudié sont :
•Matériel : perceuse, tournevis, truelle,
•Matériau : dormant de la fenêtre, ouvrant de la fenêtre, pates de
fixations, pâte de scellement, bande étanche, bandes isolantes,
•Personne : compagnon

35

Vous aimerez peut-être aussi