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Beaucoup de populations dans les zones rurales des pays en voie de développement affrontent de grands problèmes dus
au déficit en eau. Ces problèmes sont spécialement accentués dans zones désertiques et semi-désertiques. Le déficit en
eau dans les zones arides et semi-arides est une question vitale pour les populations. L’amélioration des conditions de
vie dans ces zones est liée à la recherche des solutions adéquates à ce problème. Le pompage solaire photovoltaïque
(PV) représente la solution idéale pour l’approvisionnement en eau partout où le réseau électrique est absent.
II.1 Généralités
II.1.1 Problématique
L'eau est une ressource essentielle et il faut pouvoir extraire l'eau quel que soit l'endroit de la planète. L'organe essentiel
pour l'extraction de l'eau est la pompe. Selon la source d'énergie disponible (solaire, électrique, éolienne) et selon
l'utilisation (zone urbaine, zone rurale) l'architecture de la chaîne d'énergie et le choix des pompes sera différent. Cette
ressource a pour objectif de :
La figure II.1 montre les différentes solutions qui permettent de disposer de l'énergie hydraulique.
Energie
électrique
Panneau solaire
Energie
Energie mécanique
électrique Moteur Energie
Eolienne
aérogénérateur Pompe Hydraulique
Energie
électrique
Energie
Eolienne de mécanique
pompage
Extraction d'eau potable en zone urbaine. Dans ce cas, l'eau extraite d'une source est ensuite traitée puis envoyée
dans un réseau appelé réseau d'eau potable. L'eau est extraite à l'aide de pompes commandées par des moteurs
électriques. La source d'énergie électrique est celle présente dans les villes.
Chaambane Mohamed | e-mail : chaambane92@gmail.com 1 | 14 P a g e
Dimensionnement des systèmes énergétiques Master 2 Electromécanique/Energie
Chapitre II : Dimensionnement des systèmes pompages solaires E.S.GE – SA || 23
Extraction d'eau pour un usage individuel, rural ou villageois (dans les pays en voie de développement). Les
coûts de raccordement à un réseau urbain peuvent vite devenir élevés dès que l'on s'éloigne des villes.
Différentes solutions technologiques sont alors utilisées pour extraire l'eau :
Eolienne de pompage,
Aérogénérateur + pompe immergée,
Pompage solaire (photovoltaïque),
Thermique.
Centrifuge ou volumétrique,
Immergée ou en surface.
Les pompes centrifuges
Les pompes centrifuges utilisent les variations de vitesse du fluide pompé pour obtenir un accroissement de pression.
L'énergie mécanique d'un moteur est transmise au fluide. La vitesse donnée au fluide va donner de l'énergie cinétique à
celui-ci. L'énergie cinétique est ensuite transformée en énergie de pression.
- Le couple d’entraînement de la pompe est pratiquement nul au démarrage ; cela est particulièrement intéressant dans
le cadre de l'utilisation de modules photovoltaïques car la pompe tourne même par très faible ensoleillement.
- Grâce à son extrême simplicité, le système peut être couplé directement sur une machine tournante : moteur
électrique, essence, diesel...
- Il n'y a pas ou presque pas d'aspiration : elles doivent être amorcées pour fonctionner, de manière à éviter tout risque
de destruction si le fonctionnement est à sec.
- Elles peuvent être aussi bien immergées que disposées en surface.
- Plusieurs étages (cage + roue à ailettes) peuvent être superposés pour obtenir de grandes pressions.
- Elles sont destinées aux faibles débits (inférieur à 5 𝑚3 ⁄ℎ) et aux grandes hauteurs,
- Elles ont de bons rendements, et les pompes de surface sont auto-amorçantes,
- Le couple de démarrage d’une pompe volumétrique (de 3 à 5 fois le couple nominal) et la caractéristique I = f(V) de
ce type de pompe font que son fonctionnement en direct sur un panneau photovoltaïque n’est pas économiquement
viable. Pour pallier le problème de surdimensionnement du générateur résultant de cette inadaptation, un adaptateur
d’impédance est utilisé pour permettre un rendement aussi élevé que possible de l'ensemble du système.
Le choix d’une pompe se fera en fonction des caractéristiques hydrauliques de l’installation envisagée (débit, hauteur
manométrique totale, etc.) mais également en fonction des conditions particulières d’utilisation (puits, forage, pompage
de rivière, etc.).
La figure II.2. représente le diagramme du débit journalier en fonction de la hauteur manométrique totale pour le choix
de la pompe.
Figure II.2 : Choix d’une pompe selon la HMT et le débit demandés (tirée de Solar Pumping de IT Power)
II.1.3.2 Le moteur
La pompe nécessite une énergie mécanique en entrée. Cette énergie mécanique est fournie dans la plupart des cas par
un moteur. Les deux types de moteurs disponibles sont les moteurs à courant continu et les moteurs asynchrones. Le
tableau ci-dessous donne quelques avantages et inconvénients de chacun.
Dans le cas où le moteur est à courant alternatif, un convertisseur électronique appelé onduleur est nécessaire pour
convertir le courant continu provenant du générateur photovoltaïque en courant alternatif.
Le meilleur compromis pour actionner une pompe immergée est le moteur asynchrone.
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II.2 Principaux composants d’un pompage solaire : description
Les pompages solaires possèdent à minima les composants listés en figure II.3. Ces composants principaux doivent
impérativement figurer sur la demande de devis pour s’assurer que le fournisseur comprenne la demande correctement,
et n’oublie aucun élément.
Figure II.3 : Les composants optionnels possibles d’un système de pompage au fil du soleil
❺ Piquet de terre connecté au circuit de terre général regroupant les panneaux, leur support, coffret et pompe.
❻ Sonde de sécurité niveau bas eau (arrête immédiatement la pompe si le puit est vide).
❼ Pompe submersible.
Les types de panneaux CIGS, CIGSS, CdTe, a-SI, … sont fortement déconseillés en pompage solaire, soit parce qu’ils
sont difficilement remplaçables (approvisionnement rare), soit parce qu’ils consomment une quantité non négligeable
de terres rares pour être produits, soit parce qu’ils présentent d’importantes difficultés en terme de recyclage, soit parce
qu’ils peuvent générer une pollution des sols à long terme en cas de non recyclage, …
Dans le cadre des programmes d’Action contre la Faim, on veillera à ne mettre en œuvre que les deux types de
panneaux : MONOCRISTALLIN (MONO-C) et POLYCRISTALLIN (POLY-C).
Figure II.4 : Schéma d’un coffret de protection de type européen pour 3 branches de panneaux
Vue intérieure du
Vue extérieure
coffret de protection
Le coffret de protection est en général d’assez petite taille, n’est pas couteux, mais est régulièrement oublié alors qu’il
assure la pérennité de l’installation (longévité du matériel) et la mise en sécurité du personnel lors des opérations de
maintenance.
- Les petites pompes (< 2 𝑘𝑊 ou 3HP) fonctionnent majoritairement en courant continu (DC) et se pilote par variation
de la tension.
- Les pompes de plus fortes puissances (> 4 𝑘𝑊 ou 5,5HP) sont pilotées par variation de fréquence alternative (AC).
Pour cela le courant DC des panneaux doit être ondulé, d’où le nom « onduleur de pompage ».
La figure II.6 présente 3 contrôleurs de pompe couramment mis en œuvre sur les projets.
Il est donc strictement impossible d’utiliser un onduleur classique de bâtiment pour alimenter une pompe solaire, les
onduleurs de bâtiment étant conçus pour délivrer une fréquence fixe de 50 Hertz (fréquence réseau et groupe
électrogène). Si vous le faites tout de même, alors la pompe ne tournera qu’à la fréquence fixe de 50 Hz (sa puissance
max), et lorsque la tension panneaux ne sera pas suffisante pour permettre à l’onduleur de produire du 50 Hz (matin,
soir, jours nuageux, …) alors il s’arrêtera. Vous perdrez donc tout le potentiel du pompage solaire dont l’intérêt principal
est de fournir de l’eau même lorsqu’il y a peu de soleil.
Sur la plupart des onduleurs solaires de pompage, il est possible voire nécessaire de paramétrer la fréquence mini de
démarrage et la fréquence maxi à pleine puissance, la puissance de la pompe, le type de démarrage, le type de sonde
niveau bas eau …
La figure II.7 présente les principaux onduleurs solaires de pompage couramment mis en œuvre sur les projets.
JUSQU’AU PIQUET
La sécurité « manque d’eau » est assurée dans l’immense majorité des cas par un capteur placé entre 10 et 30 cm au-
dessus de la pompe. La plupart du temps cette sécurité est assurée par une sonde séparée (Figure II.8), que l’on fixe avec
des cerflex (colliers) inox ou colson plastique sur le tuyau de refoulement, ou sur le câble en acier galvanisé de
suspension de la pompe lorsque le tuyau de refoulement est souple. La sonde ne doit jamais être attachée au câble
d’alimentation électrique car ce câble doit toujours rester détendu.
Le moteur (AC, DC, ou multi-tension), toujours situé en partie inférieure. Le moteur est ainsi toujours immergé,
ce qui est nécessaire pour son refroidissement.
L’orifice d’aspiration muni d’une crépine grossière pour filtrer les grosses impuretés présentes dans l’eau.
La pompe toujours située en partie haute.
L’orifice de refoulement muni d’un pas de vis pour y visser la tuyauterie de refoulement et d’un clapet anti-retour.
Une petite longueur de câble (de 50 cm à 1 m) fixée de manière étanche dans le moteur, afin que l’installateur
n’ait pas à ouvrir le moteur pour y connecter le câble d’alimentation.
Boite de contrôle
Générateur solaire (Onduleur)
Tuyau de refoulement
Distribution
Pompe électrique
immergée
Les besoins en eau que l’on estime nécessaires pour les zones rurales des pays pauvres sont de l’ordre de 20 litres par
personne et 30 litres par tête de bétail.
Les besoins d’eau pour l’irrigation dépendent du type de culture, des facteurs météorologiques comme la température,
l’humidité, la vitesse du vent, l’évapotranspiration du sol, la saison de l’année considérée et de la méthode d’irrigation.
Cependant, il est important de se baser sur la pratique et l’expérience locale ou utiliser les données optimales de l’OMS.
La capacité du réservoir sera déterminée selon les besoins en eau journalières et l’autonomie requise du système.
Estimation de la population
L’évaluation du nombre d’habitants se fait sur la base du taux d’accroissement annuel de la population.
𝑃𝑛 = 𝑃0 (1 + 𝑎)𝑛 (II. 1)
Avec : 𝑃0 nombre d’habitant à l’en l’année début projet (𝐴0 ); a : le taux d’accroissement annuel de la localité ; n : durée
du projet ; 𝑃𝑛 : nombre d’habitants à l’horizon de l’année 𝐴𝑚 tel que 𝐴𝑚 = 𝐴0 + 𝑛.
Si les demandes journalières sont constituées essentiellement de la demande domestique. L’estimation de ces demandes
s’est faite selon les formules suivantes :
Avec
Pour estimer le débit maximal de la pompe en 𝑚3 ⁄ℎ, on prend approximativement la valeur de la demande journalière
de pointe Djp à l’horizon de l’année 𝐴𝑚 qu’on divise le nombre heures d’ensoleillement maximal (Hi). Le débit horaire
de la pompe est calculé de la manière suivante :
𝐷𝑗𝑝
𝑄𝑃 = (II. 4)
𝐻𝑖
𝐻𝑀𝑇 = 𝐻𝑔 + 𝑃𝑐 = 𝐻𝑟 + 𝑁𝑑 + 𝑃𝑐 (II. 5)
Avec :
- Hg : hauteur géométrique ;
- Hr : hauteur du réservoir,
- Nd : niveau dynamique
- Pc : pertes de charge (linéaire et singulières)
Le niveau statique (Ns) est la distance du sol à la surface de l'eau avant pompage.
Le niveau dynamique (Nd) est la distance du sol à la surface de l'eau pour un pompage à un débit donné.
La différence entre le niveau dynamique et le niveau statique est appelée rabattement.
𝑅𝑚 est le rabattement maximal acceptable avant de stopper la pompe.
Les pertes de charge correspondent à une estimation d’environ 10% de la hauteur géométrique. Alors :
Après avoir déterminer la HMT et le débit de pompage, on se réfère aux catalogues des constructeurs des pompes
pour choisir la pompe qui répond aux exigences.
Puissance
Puissance absorbée hydraulique
(électrique) Puissance utile
Refoulement
Aspiration
𝐻𝑀𝑇 × 𝑄
𝐸é𝑙𝑒𝑐 = 𝐶𝐻 × [𝑘𝑊ℎ] (II. 7)
𝑅𝑃
Avec :
La puissance crête du générateur photovoltaïque dépend de rayonnement du lieu. Elle est donnée par :
𝐸é𝑙𝑒𝑐
𝑃𝐶𝑚𝑖𝑛 = (II. 8)
𝐼𝑟 × 𝑘
Avec :
Le mois de dimensionnement sera le mois le plus défavorable, c’est-à-dire celui dont le rapport entre l’irradiation solaire
et l’énergie hydraulique nécessaire soit minimum.
Après la détermination de la puissance nécessaire, on se réfère aux catalogues des constructeurs des panneaux solaires
pour le choix et ensuite on fait la configuration en compatibilité avec la tension et l’intensité d’entrée du contrôleur.
Recommandation : utiliser le PVC pour la conduite d’adduction et de distribution pour le branchement de la borne
fontaine.
Le diamètre théorique au refoulement est déterminé par la relation suivante puis ramené au diamètre normalisé le plus
proche (voir annexe pour les diamètres nominaux.)
- 𝑄 : Débit de pompage (𝑚3 ⁄𝑠) ; 𝐷𝑖𝑛𝑡 : Diamètre intérieur de la conduite nominale choisi en (m) ;
- 𝑉 : Vitesse d’eau (𝑚⁄𝑠).
Le diamètre de la tête forage est important puisque les systèmes solaires ont en général des débits supérieurs aux autres
systèmes. Le diamètre de la tête de forage peut être calculé avec l’équation de Bresse (diamètre économique).