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LE GOUVERNEMENT SCOLAIRE

CONTEXTE ET JUSTIFICATION
• L’école, de la Maternelle à l’Université, a pour finalité le développement
de la personne et la formation du citoyen.
• Le gouvernement scolaire est une forme d’organisation qui permet aux élèves de
prendre en charge les préoccupations de la communauté éducative de manière
démocratique et responsable. Son but premier est d'éduquer les enfants à la
démocratie et à une citoyenneté active. Il permet aux écoliers de se familiariser
avec le fonctionnement de structures organiques institutionnalisées, ainsi qu’à
apprendre à débattre, à donner son opinion et à mettre sur pied des projets
visant à améliorer la vie de leur école. Cette activité permet de former de «
bons citoyens ». C’est un jeu de rôle, où les enfants exercent de vraies
responsabilités et appliquent la citoyenneté.
Le gouvernement scolaire expérimenté au Sénégal dans des écoles
élémentaires et dans certains collèges et lycées, semble offrir un cadre
d’éducation approprié. En effet, l’école constitue aujourd’hui un
espace où se développent de plus en plus des formes variées de
déviances (violences, incivisme, harcèlements, etc.).
C’est pourquoi il est devenu urgent d’initier de nouvelles formes
d’organisation de la vie scolaire pour asseoir la culture de la paix, de la
réussite, l’éducation à la citoyenneté, aux droits humains, à la
démocratie et à la diversité. L’école doit prendre en compte toutes ces
finalités, en développant la participation réelle des élèves à toute
les instances de gestion et de concertation.
I. LA NOTION DE GOUVERNEMENT SCOLAIRE

• Le gouvernement scolaire, ou gouvernement des enfants, est avant


tout un outil de participation des enfants.
• C’est une structure dans laquelle les élèves apprennent concrètement
le «vivre‐ensemble» : le défi de la démocratie, de la pluralité, de
l’ouverture sur le monde.
• C’est un cadre de réflexion et d’action permettant aux élèves de
découvrir, de manière expérimentale, la société au sens large et de
vivre leur citoyenneté.
DE L’IMPORTANCE DU GOUVERNEMENT SCOLAIRE
Eduquer à la citoyenneté est un des plus sûrs moyens de donner qualité et
pérennité à la démocratie dans un pays. L’école est un espace
éducatif fondamental pour préparer les enfants et les jeunes à comprendre
les enjeux d’une citoyenneté active, s’ils veulent s’assurer une bonne
qualité de vie, un environnement sain et vivre dans une société
conviviale. Le gouvernement scolaire peut contribuer largement à faire
comprendre en profondeur que tous les membres de la communauté
éducative en particulier et ceux de la société en général sont liés en tant
que citoyens, et que les défis auxquels ils sont confrontés sont
interconnectés.
Il s’agit là d’un défi extrêmement important pour tous les acteurs,
maîtres, enfants et parents. En effet, l’on peut estimer à juste raison que les
valeurs et principes les plus importants pour assurer une bonne intégration
dans la société ne sont pas significativement pris en charge par
l’école. Alors il importe que toute la communauté éducative puisse
construire autour des enfants les conditions favorables au travail et aux
apprentissages, dans un cadre sain et un environnement apaisé. La
cohésion sociale dans l’espace éducatif, en tant que lieu de vie et
d’apprentissage dynamique du « vivre ensemble », est un aspect
qualitatif très déterminant pour la réussite scolaire. Mais le Gouvernement
Scolaire est plus qu’un instrument au service exclusif des
enseignements/apprentissages, si sa pratique permet aux enfants
d’expérimenter:
 Le processus électoral
 La démocratie représentative et le contrôle du mandat
 La relation entre législatif et exécutif
 Le fonctionnement d’institutions telles qu’une Assemblée ou un
Gouvernement, etc.
 La gestion technique d’une activité (culture, information /communication,
sports, sensibilisation, sport, environnement /santé, etc.)
 L’évaluation des performances
 La solidarité et l’innovation
 L’autonomie et la responsabilité
II.SES OBJECTIFS
1. Objectif général du gouvernement scolaire:
Former un citoyen responsable préparé à participer activement au développement
de son pays.
2. Objectifs spécifiques:
Préparer les enfants et les jeunes à comprendre les enjeux d’une citoyenneté active.
 Donner aux enfants de vraies responsabilités et leur permettre d’apprendre la
citoyenneté en développant le sens de la solidarité et de la démocratie;
 Permettre l’émergence d’une conscience sociale, citoyenne, pacifique face aux
inégalités et aux diversités, dans le respect des règles sociales, civiques et
morales.
 Développer la culture du respect de l’être humain, de sa dignité
et de ses droits, le sens de la justice, de la paix, de la solidarité et
de la responsabilité pour combattre l’intolérance, la
discrimination et la violence ;
 Développer l’esprit d’initiative, la liberté d’expression, la
capacité de communiquer et créer un environnement
d’enseignement apprentissage qui favorise la réussite des élèves.
Il s’agit en fait de lier l’école à la vie
3. Résultats attendus

 Changement des conditions de vie à l’école et l’environnement scolaire en


s’impliquant davantage dans les organes de gestion, de concertation et de
décision.
 Changement des attitudes et des comportements des élèves, des maîtres, des
parents et de la communauté.
 Les élèves expriment librement leurs idées et communiquent sans entraves ;
 Les élèves deviennent acteurs d’une démocratie représentative à l’école;
 Une nouvelle façon de vivre les relations entre pairs, d’exercer l’autorité, de
définir et d’adopter les règlements pour l’école, de régler pacifiquement les
conflits et de les réduire dans l’espace scolaire.
 L’intolérance, la discrimination et la violence sont
combattues;
 Des actions pour la promotion de la paix sont menées
et pour le respect des droits humains sont menées ;
 L’esprit d’initiative est développé chez les élèves ;
 Un environnement d’enseignement apprentissage qui
favorise la réussite des élèves est installé
 Des actions de solidarité sont menées ;
 Les règles sociales, civiques et morales sont respectées
III. Stratégies de mise en œuvre d’un gouvernement
scolaire
Comment cela fonctionne-t-il et quelles sont les étapes à suivre pour le mettre
en place ?
Il n’y a pas un seul modèle de mise en place d’un Gouvernement Scolaire.
Mais plusieurs expériences dont on pourrait largement s’inspirer ont été
initiées et réussies çà et là. On pourrait retenir, pour l’essentiel, les étapes
suivantes dans le processus de mise en place.
1. S’assurer d’abord la collaboration et l’engagement de tous les
acteurs de la communauté éducative

La mise en place d’un gouvernement scolaire ne peut se faire sur la base de


l’improvisation ou du pilotage à vue. En réalité, puisqu’elle introduit une
nouvelle manière de repenser le fonctionnement de l’école, laquelle nécessite
la participation de tout le personnel de l’école et de la communauté éducative
entière pour une intégration réussie des activités, cela nécessite une analyse
préalable des relations fonctionnelles ou professionnelles entre tous les
acteurs. De ce point de vue, une phase préparatoire de formation,
d’information et de sensibilisation sur le gouvernement scolaire est
nécessaire.
2. Préparer les acteurs
 Le directeur et toute l’équipe pédagogique doivent
s’approprier le concept et les modalités de mise en œuvre, pour
amorcer la dynamique de mise en place.
 A cet effet, une formation en cascade est envisagée, sur le
mode participatif et selon une approche ouverte, afin
d’aplanir les difficultés spécifiques inhérentes aux
réaménagements nécessaires à opérer (craintes, contraintes ou
préoccupations professionnelles éventuelles liées aux réalités
particulières de chaque école).
 Dans la même dynamique, des séances d’information sont
organisées dans chaque classe, durant lesquelles l’on pourrait
recourir à différents supports (films, images, bandes sonores, etc.)
ou mettre à profit des témoignages d’autres expériences, sous
forme de brainstorming, afin de s’assurer que les élèves se sont
bien imprégnés du concept d’autogouvernement
 La mise en place ne devrait donc pas poser de grandes
difficultés, sauf que l’équipe pédagogique doit garder à l’esprit
le caractère singulier de chaque expérience et être le plus créatif
possible
3. Lancer le processus de mise en place.
Le processus de mise en place du Gouvernement Scolaire suit une logique de choix
démocratiques opérés à différents niveaux pour aboutir à la formation de ses différents
organes. La déclaration des candidatures est libre en principe, mais l’on pourrait la
subordonner à des critères concourant à la recherche du profil idéal des éventuels
candidats (bonne moyenne, comportement modèle, etc.)
 Sous la supervision du maître, chaque classe élit deux (02) à trois (03) délégués selon
la taille de l’établissement), à l’issue d’une procédure démocratique prenant en
charge l’aspect genre et sanctionnée par un vote. Ces délégués siègent à l’Assemblée
Scolaire.
 Les candidats au poste de président émanent de cette Assemblée Scolaire et battent
campagne, au cours de laquelle les candidats déclinent leurs programmes respectifs,
chacun sur la base d’un programme qui prend en charge les préoccupations
spécifiques de l’école. A cet effet, les heures de récréation pourraient être mises à
profit.
 Le (ou la) Président(e) est désigné(e) à l’issue d’une élection au
« suffrage universel » à laquelle participent l’ensemble des élèves
de l’école.
 Il (ou elle) prête publiquement et solennellement serment
après son élection. La prestation de serment est présidée par le
CGE.
 Pour éviter qu’un « clan » structuré autour du président et de ses
partisans n’ait une main mise prépondérante sur le Gouvernement
Scolaire, les membres de l’Assemblée (conseillers élus) élisent en
leur sein les ministres parmi les candidats qui aspirent aux différents
postes ministériels. Les ministres ainsi élus siègeront au Conseil
Scolaire.
4. Le vote
Afin de garantir la transparence et la sincérité du vote, le processus de mise en
place du Gouvernement scolaire doit être encadré par les adultes. Pour
l’organisation matérielle et les conditions de déroulement des différents votes,
l’équipe pédagogique, en collaboration avec le CGE, est mise à contribution.
Une commission mixte est mise en place pour jouer le rôle du conseil
constitutionnel. Dès qu’elle est instituée, un appel à candidature peut être
lancé. Ce « Conseil Constitutionnel » est chargée de:
 La validation des candidatures
 La fixation des dates et de la durée de la campagne électorale pour chaque
scrutin. La durée cumulée de la campagne électorale peut durer au plus une
semaine (ex : 1 jour pour l’élection des délégués de chaque classe, 3 jours
pour celle du président et 1 jour pour celle des ministres membres du
conseil)
 Informer les électeurs sur le déroulement et les conditions de validité du vote
(minimiser le nombre de bulletins nuls)
 La détermination du nombre de bureaux de vote en fonction de la taille de
l’établissement
 La confection de bulletins adaptés pour permettre un vote rapide et simple.
 La fourniture d’enveloppes et d’encre indélébile (si possible), ainsi que
l’affichage des listes électorales
 La fixation de la durée de chaque scrutin (heures d’ouverture et de
fermeture des bureaux)
 La mise en place des urnes et des isoloirs ainsi que leur sécurisation
 Assurer les fonctions de membres de bureaux (présidents, assesseurs et
secrétaires)
 Procéder au dépouillement dans les conditions requises (ex : choix de
scrutateurs parmi les votants)
 La proclamation des résultats de chaque scrutin.
.
IV. STRUCTURATION ET FONCTIONNEMENT
 les organes du Gouvernement Scolaire :
1. L’Assemblée Scolaire
C’est l’organe délibérant.
Elle délibère sur les problèmes de l’école dont elle est saisie soit
par le CGE, soit par le Président. Elle assure le suivi, l’évaluation et
le contrôle des tâches et des activités retenues.
Elle se réunit tous les 2 mois.
2. Le Conseil scolaire
Sous la direction du Président, il assure la fonction d’un organe
exécutif. Il met en œuvre un plan d’action annuel élaboré sur la base
d’un diagnostic intégral réalisé avec la participation de tous (parents, enfants,
etc.). Les enfants en font une exploitation propre pour choisir les thèmes
prioritaires. Il exécute les tâches confiées aux ministres par l’assemblée
ou le conseil scolaires ; chaque ministre responsable d’une « commission »
peut être aidé par un ou deux élèves de l’établissement, cooptés pour
leurs compétences, pour constituer son staff technique et pour bien exécuter
le travail.
Le Conseil Scolaire se réunit tous les mois.
3. La Présidence
Le (ou la) Président(e) dirige le Conseil Scolaire. Il (ou elle)
assure aussi le rôle de médiateur (trice) entre l’équipe
pédagogique et le Conseil. Il (ou elle) remplit également une
fonction de veille et de signalement des différends connus aux
membres de l’équipe pédagogique ou au directeur, pour la
gestion des conflits entre élèves.
4. Organigramme
PRESIDENCE

CONSEIL SCOLAIRE

ASSEMBLEE SCOLAIRE

CLASSE CLASSE CLASSE CLASSE


NB : Pour une meilleure représentativité à l’Assemblée Scolaire, il faudra tenir compte des
classes multigrades et choisir les délégués en fonction des niveaux.
V. QUELS APPRENTISSAGES Y SONT ASSOCIÉS?
Il ne s’agit pas ici des apprentissages que le Gouvernement Scolaire permet
de suivre et d’évaluer, mais bien ce qu’il permet d’apprendre « en plus ».
Le Gouvernement Scolaire est un lieu d’installation et d’acquisition de
compétences techniques, organisationnels, sociaux, etc., qui peuvent
impacter de manière durable l’ensemble des disciplines scolaires. Ces
compétences de vie commune sont utiles bien au-delà du cycle élémentaire.
Une liste exhaustive ne saurait en être dressée car cela dépend beaucoup de la
créativité des enseignants et de leur degré d’appropriation de l’instrument.
Contentons-nous de citer quelques apprentissages liés :
 Savoir prendre la parole en public
 Prendre part à un dialogue, un débat : prendre en compte
les propos d’autrui,
 Savoir reformuler un texte ou des propos lus ou
prononcés par un tiers
 Savoir adapter sa prise de parole (attitude et niveau de
langue) à la situation de communication (lieu,
destinataire, effet recherché)
 Communiquer et travailler en équipe, ce qui suppose savoir
écouter, faire valoir son
 point de vue, négocier, rechercher un consensus, accomplir sa
tâche selon les règles établies en groupe
 Se familiariser avec les « Droits de l’enfant », aux
conventions nationales et internationales qui les garantissent.
 Respecter les autres, avoir conscience de la contribution nécessaire
de chacun à la collectivité.
La réalisation de procès-verbaux et comptes rendus de réunions, etc
VI. RECOMMANDATIONS

1. Les enseignants mettent tout en œuvre afin de faciliter le


fonctionnement du Gouvernement Scolaire mais ne se substituent
jamais aux élèves dans les rôles qu’ils doivent jouer. Ils
guident, proposent, indiquent des ressources, des façons de faire,
orientent, stimulent et assistent les élèves. Pour qu’un Gouvernement
Scolaire soit réellement efficace il faut que les adultes soient prêts à
lui donner de véritables responsabilités et une relative autonomie.
Il importe que les décisions prises soient réellement suivies d’effet.
1. Tenir compte du genre et de l’équité (enfants vivant avec un
handicap) dans la représentation.
2. L’équipe pédagogique doit veiller à ce que le Gouvernement
Scolaire ne soit pas le fait d’un bureau plus ou moins actif ou
autoritaire, mais l’œuvre de tous les élèves. Tous les enfants
doivent pouvoir participer activement à la gestion de la vie et du
travail dans leur école.
C’est une façon d’apprendre ce qu’est la démocratie avec ses
avantages et ses inconvénients.
CONCLUSION
Si la notion de Gouvernement Scolaire installé de façon
démocratique et participative, a fait la preuve de sa vitalité
comme lieu privilégié d’expression, d’écoute et de prise en
compte de la parole des enfants et des jeunes sur la vie de
l’école, il reste tout autant une structure institutionnelle qui se
présente sous la forme d’un lieu idéal d’apprentissage,
d’animation et d’exercice de la démocratie , et qui reconnait
l’enfant comme citoyen à part entière.
Mais ses objectifs ne seraient pas totalement atteints si son
efficacité et son impact réels ne font pas l’objet d’une évaluation.
Celle-ci pose la nécessité d’interroger les élèves sur leur rôle et
leur place au sein du conseil, sur leur relation avec leurs pairs
mais aussi sur le fonctionnement du conseil et la réalisation
du projet. C’est un moment important et qui doit leur montrer que
leurs actions ne restent pas sans effet.

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