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FONCTIONS POLYNOMES A COEFFICIENTS DANS IR :

RAPPELS ET COMPLEMENTS

NDONG NGUEMA E.-P. (23 février 2023)

Les fonctions polynômes de IR −→ IR (ou polynômes de IR) constituent l’outil mathématique de


base sur lequel s’appuie la construction de la plupart des méthodes d’approximation numérique en
Analyse Numérique. Il est donc essentiel d’avoir une assez bonne maı̂trise, à la base, des polynômes
de IR, à travers les définitions, notions et propriétés associées afin de pouvoir bien entrer dans le suivi
du Cours d’Analyse Numérique. Mais l’expérience du passé nous a prouvé que ce n’était pas souvent
le cas d’une bonne proportion (croissante au fil du temps) des étudiant(e)s au début de ce Cours
d’Analyse Numérique du Niveau II. C’est ce qui a poussé l’auteur à élaborer le présent document de
rappels et compléments sur les polynômes de IR pour aider à mieux mettre ce cours sur les rails en
début de semestre, et donc les un(e)s et les autes à y entrer.
Cependant, ce qui suit dans ce document n’a nullement l’ambition de représenter un cours complet
sur les polynômes. Il s’agit seulement d’un bref survol des notions relatives aux fonctions polynômes
de IR −→ IR et des résultats associés. Ce survol est restreint aux pré-requis sur le sujet
utiles pour pouvoir suivre le Cours d’Analyse Numérique du Niveau II. En particulier,
aucune allusion ne sera faite au Théorème de d’Alembert-Gauss et ses conséquences, notamment les
possibles racines complexes des polynômes à coefficients réels. En effet, toutes les racines ou factorisa-
tions des polynômes considérées ci-après seront dans IR. Aucun nombre complexe n’apparaı̂tra dans
cette présentation. Comme complément, le document s’achève sur les algorithmes d’évaluation
numérique d’un polynôme en un point, selon la base de polynômes dans laquelle il est
exprimé.
Mais en réalité, ce document a une Partie C , portant sur la notion de polynôme d’interpolation
de Lagrange, qui n’est pas incluse ici parce qu’elle sera directement présentée en Classe.

N.B. ≪ ∃! ≫ signifie que le (ou les) objet(s) dont l’existence est garantie est (ou sont) unique(s).

1
F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - A.1 -

Partie A : RAPPELS SUR LES POLYNÔMES

A·I – Introduction et Généralités


1◦ ) Définitions de base.
a) Fonction polynôme, coefficients.

∗∗∗ Définition A-1 (Fonction polynôme – coefficients)


1. Une fonction polynôme à coefficients dans IR est toute fonction P : IR −→ IR vérifiant :
/ ∑
n
∃ n ∈ IN et a0 , · · · , an ∈ IR ∀ x ∈ IR, P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 = ak xk . (a.1)
k=0

2. Par abus de langage, on dit également polynôme à coefficients dans IR.


3. On dit aussi fonction polynôme dans IR (ou polynôme dans IR ou polynôme de IR).
4. A n fixé, les constantes a0 , · · · , an ∈ IR sont uniques et caractérisent le polynôme P :
ce sont les coefficients du polynôme P .
5. Plus précisément, ak est le coefficient de xk dans P (x).
6. Dans l’écriture (a.1), x est la variable du polynôme.
7. On parle donc aussi de polynôme en la variable x.
8. Ainsi, un polynôme en la variable x est une combinaison linéaire (finie) de fonctions de la
forme fk (x) = xk , avec k ∈ IN, i.e. des fonctions puissances entières naturelles de x.

• • • Remarques :
1. Dans les expressions dans (a.1), il faut se rappeler que, ∀ k ∈ IN et ∀ x ∈ IR (ou CI) :

La puissance xk existe dans IR (ou dans CI). Elle est donnée par :

x0 = 1, x1 = x, et ∀ k ∈ IN / k > 2, xk = x × · · · × x ( k fois) .

2. De ce fait, une fonction polynôme de IR est définie en tout nombre réel .

3. Ainsi, le domaine de définition d’une fonction polynôme de IR est IR tout entier .

4. Il ne faut donc pas raconter que ≪ comme xk = ek ln x , alors xk n’existe que pour les réels x > 0, et
donc une fonction polynôme n’est définie qu’en ces réels là . . . ≫ . C’est totalement faux.
5. L’expression P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0
est l’écriture du polynôme P selon les puissances décroissantes de la variable x.
6. Dans certains contextes, il peut être plus efficace d’écrire : P (x) = a0 + a1 x + · · · + an−1 xn−1 + an xn .
C’est l’écriture du polynôme P selon les puissances croissantes de la variable x.
7. Lorsque n = 0, ou n > 1 et a1 = . . . = an = 0, il vient, dans la définition : ∀ x ∈ IR, P (x) = a0 ,
i.e. P est une fonction constante sur IR.
8. Réciproquement, toute fonction constante f (x) ≡ c de IR −→ IR est une fonction polynôme dans IR.
En effet, il suffit de considérer, dans la définition, le cas n = 0 et a0 = c.
9. En particulier, la fonction nulle de IR −→ IR est un polynôme dans IR : c’est le polynôme nul .
On écrit : P ≡ 0, et qui se lit ≪ P identiquement nul ≫ .
∗∗∗ Exemples 1 :
1. Les fonctions suivantes sont des polynômes de IR :
√ 1 x6
P1 (x) = x3 − 1, P2 (x) = 2, P3 (x) = 7.3 x6 − 2x4 + πx3 − 125x − , P4 (x) = −3 , P5 (x) = x10 .
2 2.78
- A.2 - A·I - Introduction et Généralités

2. Par contre, les fonctions suivantes ne sont pas des polynômes de IR : f1 (x) = −3 x1/5 − 2 x3 + π 2 x7 ,
√ 7
f2 (x) = 7.3 x6 − 2x−4 − 125x − x 2 , f3 (x) = 5 xπ + x2 + 2.12 x, f4 (x) = −55x1/π − x2 , à cause
√ 3
des termes x1/5 , x−4 , x 2 , xπ , x1/π , qui sont, certes, des fonctions puissances de la variable x, mais
ne sont pas des fonctions puissances entières naturelles de la variable x.

b) Degré d’un polynôme.

∗∗∗ Définition A-2 (Degré d’un polynôme)


Soit P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 , une fonction polynôme dans IR.
1. Si an ̸= 0, alors on dit que P est de degré n ∈ IN. NOTA : deg(P ) = n.
2. Si a0 = · · · = an = 0, i.e. P est le polynôme nul sur IR, alors on pose : deg(P ) = −∞.

• • • Remarques :
1. Bien noter que le polynôme nul est le seul polynôme dont le degré n’est pas un entier naturel .
2. Pour k ∈ IN et c ∈ IR ∗ , la fonction Pk (x) = c xk est un polynôme de degré k. C’est le type de polynôme
de degré k le plus simple qu’on puisse envisager. On appelle un tel polynôme fonction monôme de
degré k, ou, plus simplement, monôme de degré k.
3. Pour P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 , ak xk est appelé monôme de degré k de P (x).
4. Si le monôme de degré k n’apparaı̂t pas explicitement dans l’écriture d’un polynôme, cela
signifie que le coefficient ak correspondant est égal à zéro.
5. ∀ k ∈ IN, le coefficient ak est aussi appelé coefficient de degré k du polynôme P .
6. Lorsque deg(P ) = n ∈ IN, an est aussi appelé coefficient de plus haut degré du polynôme P .
7. Le coefficient a0 est appelé terme constant du polynôme P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 .

2◦ ) Espaces de fonctions polynômes et notations.


a) Cas général

∗∗∗ Définition-Propriété A-3 (Espaces de fonctions polynômes)


1. L’ensemble des fonctions polynômes dans IR est noté IR[x].
2. Pour n ∈ IN fixé, l’ensemble des fonctions polynômes de degré 6 n dans IR est noté IRn [x].
3. Par contre, bien noter que pour n ∈ IN fixé, il n’y a pas de notation standard pour l’ensemble des
polynômes de degré égal à n, car il n’a aucune structure algébrique remarquable (Cf. Plus loin).

• • • Remarques :
1. Ainsi, on a : IR[x] = { P/ P est une fonction polynôme de IR −→ IR}.
2. Pour n ∈ IN, on a : IRn [x] = { P ∈ IR[x]/ deg(P ) 6 n}.
3. Donc : P ∈ IRn [x] ⇐⇒ P ∈ IR[x]/ deg(P ) 6 n,
⇐⇒ ∃ a0 , · · · , an ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 ,
⇐⇒ ∃ a0 , · · · , an ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = a0 + a1 x + · · · + an−1 xn−1 + an xn .

4. Rappelons que, pour tout P ∈ IRn [x], les coefficients a0 , · · · , an ci-dessus sont uniques.
Il faut tout de suite noter le résultat :
∗∗∗ Proposition A·I .2 -1 (Relation d’inclusion entre espaces IRn [x])
1. ∀ n, q ∈ IN, si n 6 q, alors IRn [x] ⊂ IRq [x].
2. Ainsi, on a : ∀ n ∈ IN, IR0 [x] ⊂ IRn [x] et IRn [x] ⊂ IRn+1 [x].
F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - A.3 -

b) Cas particulier remarquable 1 : Polynômes constants.


1. Pour n = 0, il vient : P ∈ IR0 [x] ⇐⇒ P ∈ IR[x]/ deg(P ) 6 0,
⇐⇒ ∃ a0 ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = a0 ,
⇐⇒ P est une fonction constante de IR −→ IR ;

=⇒ IR0 [x] est l’ensemble des polynômes constants de IR .


2. Cependant, bien noter que, parmi les polynômes constants, il y a :
2.1. le polynôme nul , qui est de degré −∞,
2.2. et les polynômes constants et non nuls, qui sont tous de degré 0.
3. Ainsi, on a aussi : (P ∈ IR0 [x]) ⇐⇒ (P est un polynôme constant),
⇐⇒ (deg(P ) = −∞ ou deg(P ) = 0),
⇐⇒ la courbe de P dans un plan muni d’un repère orthonormé est une droite horizontale.
c) Cas particulier remarquable 2 : Fonctions affines.
1. Pour n = 1, il vient : P ∈ IR1 [x] ⇐⇒ P ∈ IR[x]/ deg(P ) 6 1,
⇐⇒ ∃ a, b ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = a x + b,
⇐⇒ P est une fonction affine de IR ;

=⇒ IR1 [x] est l’ensemble des fonctions affines de IR .


2. Cependant, bien noter que, parmi les fonctions affines de IR, il y a :
2.1. les polynômes constants,
2.2. et les polynômes de degré 1 .
3. Ainsi, on a aussi : (P ∈ IR1 [x]) ⇐⇒ (deg(P ) = −∞ ou deg(P ) = 0 ou deg(P ) = 1),
⇐⇒ la courbe de P dans un plan muni d’un repère orthonormé est une droite affine.
d) Cas particulier remarquable 3 : Fonctions quadratiques.
1. Pour n = 2, il vient : P ∈ IR2 [x] ⇐⇒ P ∈ IR[x]/ deg(P ) 6 2,
⇐⇒ ∃ a, b, c ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = a x2 + b x + c,
⇐⇒ P est une fonction quadratique de IR ;
=⇒ IR2 [x] est l’ensemble des fonctions quadratiques de IR.
2. Cependant, bien noter que, parmi les fonctions quadratiques de IR, il y a :
2.1. les polynômes de degré 6 1,
2.2. et les polynômes degré 2 , i.e. les fonctions quadratiques au sens strict.
3. Ainsi, on a aussi : (P ∈ IR2 [x]) ⇐⇒ (deg(P ) = −∞ ou deg(P ) = 0 ou deg(P ) = 1 ou deg(P ) = 2),
⇐⇒ la courbe de P dans un plan muni d’un repère orthonormé est :
– soit une droite affine (lorsque deg(P ) 6 1),
– soit une parabole (lorsque deg(P ) = 2).

3◦ ) Opérations algébriques sur les polynômes.


Les propriétés suivantes sont de démonstration assez immédiate.

∗∗∗ Proposition A·I .3 -2 (Opérations algébriques sur les polynômes)


1. Si P ∈ IR[x], alors il en est de même de λ P , pour toute constante λ ∈ IR.
2. Si P, Q ∈ IR[x], alors il en est de même de P + Q, P − Q, P · Q, et α P + β Q, ∀ α, β ∈ IR.
3. Si P ∈ IR[x], alors, ∀ n ∈ IN, on définit le polynôme P n par : ∀ x ∈ IR, P n (x) = [ P (x) ]n ,
i.e. : P 0 (x) = 1, P 1 (x) = P (x), et ∀ n ∈ IN / n > 2, P n (x) = P (x) × · · · × P (x) ( n fois).
4. Si P, Q ∈ IR[x], alors il en est de même de P ◦ Q = P (Q) défini par : (P ◦ Q)(x) = P [Q(x)].
Cette dernière opération est appelée substitution du polynôme Q dans le polynôme P .
- A.4 - A·II - Dérivation des polynômes

• • • Remarques :

1. Par contre, si P est un polynôme dans IR, il n’en sera pas de même de | P |, sauf si P est constant.

2. Si P est un polynôme dans IR, ce ne sera pas le cas de 1/P , sauf si P est constant et non nul.

4◦ ) Opérations algébriques sur les polynômes et degrés.

∗∗∗ Proposition A·I .4 -3 (Opérations algébriques sur les polynômes et degrés)


Si P et Q sont 2 polynômes dans IR, alors :
1. deg(P · Q) = deg(P ) + deg(Q) ;
2. Si P n’est pas le polynôme nul, alors on a : ∀ n ∈ IN, deg(P n ) = n · deg(P ) ;
3. ∀ λ ∈ IR ∗ , deg(λ P ) = deg(P ) ;
4. deg(P + Q) 6 max{deg(P ), deg(Q)} ;
5. Si deg(P ) ̸= deg(Q), alors deg(P + Q) = max{ deg(P ), deg(Q) } ;
6. Les 2 points précédents restent valables si on y remplace P + Q par P − Q ;
7. ∀ α, β ∈ IR, deg(α P + β Q) 6 max{ deg(P ), deg(Q) } ;
8. Si Q n’est pas un polynôme constant, alors : deg(P ◦ Q) = deg(P ) · deg(Q).
• De même, on a : ∀ n ∈ IN∗ , ∀ P1 , · · · , Pn ∈ IR[x], deg(P1 × · · · × Pn ) = deg(P1 ) + · · · + deg(Pn ).

5◦ ) Espaces de fonctions polynômes.

∗∗∗ Définition-Propriété A-4 (Espaces de fonctions polynômes)


1. Muni des 2 opérations d’addition et du produit des polynômes, IR[x] est un anneau commutatif
unitaire et intègre, dont le neutre de l’addition est le polynôme nul et celui de la multiplication est
le polynôme constant égal à 1.
2. Les seuls éléments inversibles de cet anneau sont les polynômes constants et non nuls.
3. Muni de l’addition des polynômes et de la multiplication externe par un scalaire ∈ IR, IR[x] est
un espace vectoriel sur le corps IR (conséquence de la Proposition A·I .3 -2).
4. Pour n ∈ IN fixé, IRn [x] est un espace vectoriel sur IR (comme sous-espace vectoriel de IR[x]).
5. Par contre, bien noter que pour n ∈ IN fixé, l’ensemble des fonctions polynômes de degré
exactement égal à n n’est pas un espace vectoriel sur IR (Pourquoi ? ).

◃ EXO A.1

1◦ ) Pour n ∈ IN fixé, IRn [x] est un IR−espace vectoriel de dimension finie. Il admet une base évidente.
Laquelle ? N.B. Cette base est appelée ≪ base canonique ≫ de IRn [x] .

2◦ ) Montrer que IR[x], par contre, n’est pas de dimension finie. Conseil : Raisonner par l’absurde.

A·II – Dérivation des polynômes

1◦ ) Fonctions polynômes de IR , dérivabilité, dérivée et degré.

Le résultat suivant est immédiat :


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∗∗∗ Proposition A·II .1 -4 (Dérivabilité,dérivée et degré d’une fonction polynôme de IR)


Une fonction polynôme dans IR est de classe C ∞ , i.e. est une fonction indéfiniment
dérivable de IR dans IR.
De plus, toutes ses dérivées sont aussi des fonctions polynômes dans IR, avec :
1. Si P est un polynôme constant, sa dérivée est le polynôme nul, lequel est de degré −∞.
2. Si P est un polynôme non constant, avec P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 (n > 1),
alors, en appliquant les règles usuelles de dérivation des fonctions, il vient :

n ∑
n−1
P ′ (x) = n an xn−1 +(n−1) an−1 xn−2 +· · ·+2a2 x+a1 = k ak xk−1 = (i+1) ai+1 xi . (a.2)
k=1 i=0

3. Par conséquent, si P est un polynôme de degré n ∈ IN∗ , alors le polynôme P ′ est de degré n − 1.
4. Le polynôme nul est le seul polynôme qui soit égal à sa propre dérivée.

a) Opérations algébriques et dérivation des polynômes.

∗∗∗ Proposition A·II .1 -5 (Opérations algébriques et dérivation des polynômes)


Si P et Q sont 2 polynômes dans IR, alors :
1. (P + Q) ′ = P ′ + Q ′ ; (P − Q) ′ = P ′ − Q ′ ; (P · Q) ′ = P ′ · Q + P · Q ′ ;
2. ∀ λ ∈ IR ∗ , (λ P ) ′ = λ P ′ ; ∀ α, β ∈ IR, (α P + β Q) ′ = α P ′ + β Q ′ ;
3. (P ◦ Q) ′ = Q ′ · (P ′ ◦ Q), i.e. ∀ x ∈ IR, (P ◦ Q) ′ (x) = Q ′ (x) · P ′ [Q(x)] ;
4. ∀ r ∈ IN, (P + Q)(r) = P (r) + Q(r) ; ∀ r, s ∈ IN, P (r+s) = (P (r) )(s) = (P (s) )(r) ;

r
5. ∀ r ∈ IN, (P · Q)(r) = Crk P (k) Q(r−k) (formule de Leibniz ).
k=0

◃ EXO A.2 A quoi est égale la dérivée nième d’un polynôme de degré 6 n ∈ IN ?
Est-ce la peine d’aller au delà de cet ordre de dérivation ?

b) Formule de Taylor pour les polynômes et conséquence.


On a la propriété intéressante suivante qui dit ce que devient un polynôme lorsque l’on y fait un
changement de variable du type u = x − x0 , opération appelée ≪ centrage du polynôme en x = x0 ≫ .

∗∗∗ Proposition A·II .1 -6 (Formule de Taylor pour un polynôme)



n
P (k) (x0 )
Si P ∈ IRn [x], et x0 ∈ IR, alors on a : ∀ x ∈ IR, P (x) = (x − x0 )k .
k!
k=0

◃ EXO A.3 Soit P ∈ IRn [x], avec, ∀ x ∈ IR, P (x) = an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 .
On examine, ci-après, 2 démonstrations différentes de la formule de Taylor pour le po-
lynôme P .
I - Démontrer la formule de Taylor pour le polynôme P comme conséquence de la formule de Taylor-
Lagrange appliquée à P pour un ordre bien choisi.
II - 1◦ ) Pour tout entier r ∈ { 0, · · · , n}, calculer la dérivée rième de P .

N.B. Donner le résultat sous forme de .

2 ) S’appuyer sur ce résultat pour démontrer la formule de Taylor , en partant du changement de
variable u = x − x0 .

∗∗∗ Corollaire A·II .1 -7 (Egalité de 2 polynômes et égalité des dérivées en un point)


Soient P, Q ∈ IRn [x], et x0 ∈ IR.
Si ∀ k = 0, · · · , n, P (k) (x0 ) = Q(k) (x0 ), alors les polynômes P et Q sont égaux.
- A.6 - A·III - Divisibilité, factorisation et racines des polynômes dans IR

A·III – Divisibilité et factorisation des polynômes dans IR[x]


1◦ ) Préliminaires : Multiple scalaire d’un polynôme – Polynôme normalisé.
a) Multiple scalaire d’un polynôme.

∗∗∗ Définition A-5 (Multiple scalaire d’un polynôme)


Soit P ∈ IR[x]. On appelle multiple scalaire de P dans IR[x], ou polynôme proportionnel à
P dans IR[x] , tout polynôme de la forme λ · P , où λ est une constante ∈ IR.

b) Polynôme normalisé.
∗∗∗ Définition A-6 (Polynôme normalisé)
Un polynôme normalisé dans IR est tout polynôme non nul de IR dont le coefficient de plus
haut degré est égal à 1. Ainsi, un polynôme normalisé de degré n ∈ IN∗ est un polynôme de la forme :
P (x) = xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 .
Le seul polynôme normalisé constant est le polynôme constamment égal à 1.

◃ EXO A.4 Montrer que si P est un polynôme non nul de IR, alors il existe un unique polynôme
normalisé P1 qui soit un multiple scalaire de P . En pratique, comment passe-t-on de P à P1 ?

2◦ ) Divisibilité, diviseurs et multiples d’un polynôme.


∗∗∗ Définition A-7 (Divisibilité, diviseur, multiple d’un polynôme)
Soient A, B ∈ IR[x].
1. On dit que A est divisible par B dans IR[x] (ou sur le corps IR) ou B divise A dans
IR[x] (ou sur le corps IR) lorsque :
∃ Q ∈ IR[x] tel que A = B · Q. NOTA : B|A dans IR[x] .

2. On dit alors que B est un diviseur de A dans IR[x] et A est un multiple de B dans IR[x].
3. Q est appelé quotient de la division de A par B.
4. Si, de plus, B est un polynôme normalisé de IR[x], alors on dit que B est un diviseur nor-
malisé de A dans IR[x].

• • • Remarques :
1. On aura noté que la définition et le vocabulaire sont identiques à ceux de la divisibilité des
entiers. Les propriétés et notions qui s’en déduisent sont aussi très analogues à celles des entiers.
2. Noter qu’un multiple scalaire d’un polynôme A est un cas très particulier de multiple de A.
3. Les principales différences significatives entre la divisibilité des polynômes et celle des en-
tiers proviennent justement de ce que les multiples scalaires d’un polynôme ne recouvrent
pas tous les multiples de ce polynôme dans IR[x]. Il y en a d’autres.
De manière encore plus précise, ces différences résultent de la propriété évidente suivante.

∗∗∗ Proposition A·III .2 -8 (Divisibilité et Polynômes constants)


Un polynôme constant et non nul de IR[x] divise tout polynôme de IR[x].

∗∗∗ Proposition A·III .2 -9 (Degré d’un diviseur )


Si le polynôme B divise le polynôme A, alors on a : deg(B) 6 deg(A),
avec égalité si et seulement si A est un multiple scalaire de B.
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3◦ ) Division euclidienne d’un polynôme par un autre.


Comment, en pratique, peut-on reconnaı̂tre qu’un polynôme en divise un autre ? Pour y arriver, on
s’appuie sur le résultat ci-après (analogue d’un résultat bien connu sur les entiers).

∗∗∗ Théorème A·III .3 -10 (Division euclidienne d’un polynôme par un autre)
Soient A et B, 2 polynômes de IR[x], avec B non nul.
Il existe un unique couple de polynômes (Q, R) de IR[x] vérifiant :
A=B·Q + R et deg(R) < deg(B). (a.3)

• • • Remarques :
1. Etant donnés 2 polynômes A et B, le mécanisme d’obtention des 2 polynômes Q et R est appelé
division euclidienne de A par B.
2. Du fait de ce mécanisme, le polynôme Q est appelé quotient de la division euclidienne de A par B.
3. Le polynôme R , lui, est appelé reste de la division euclidienne de A par B.
4. Ayant les 2 polynômes A et B, il existe une méthode bien connue permettant d’obtenir Q et R.
C’est l’algorithme de la division euclidienne de A par B.
5. Il est admis ici que le lecteur (ou la lectrice) est familier (ou familière) avec le mécanisme
de cet algorithme. Sinon, il ou elle est invité(e) à se (re)mettre à jour sur ce sujet.
6. Du fait de la manière dont les calculs se disposent dans cet algorithme, la division euclidienne de 2
polynômes est aussi appelée division suivant les puissances décroissantes de ces 2 polynômes.
7. Il existe, en effet, un autre mécanisme de division des polynômes appelé division suivant les puis-
sances croissantes et qui a son importance dans un autre contexte.

Le lien entre division euclidienne et divisibilité des polynômes est immédiat.

∗∗∗ Corollaire A·III .3 -11 (Divisibilité et Division euclidienne)


Soient A, B ∈ IR[x], avec B non nul. Les 2 assertions suivantes sont équivalentes :
1. B divise A.
2. Le reste de la division euclidienne de A par B est nul.

4◦ ) Factorisation d’un polynôme dans IR[x] – Polynôme factorisable dans IR[x].


∗∗∗ Définition A-8 (Factorisation d’un polynôme)
Soit P , un polynôme non constant dans IR.
1. Factoriser P dans IR[x] (ou sur le corps IR), c’est l’écrire sous la forme :
P = P1 · P2 , (a.4)
où P1 et P2 sont 2 polynômes dans IR de degrés > 1 (i.e. non constants).
2. Le polynôme P est dit factorisable dans IR[x] ou factorisable sur le corps IR lorsqu’on
peut le factoriser dans IR[x].
3. Dans le cas contraire, il est dit irréductible dans IR[x] (ou sur le corps IR).

• • • Remarque :
1. Noter que, dans la définition, on aurait pu remplacer (a.4) par la formulation équivalente :
P = P1 × P2 × · · · × Pr , (a.5)
où P1 , · · · , Pr sont r > 2 polynômes dans IR, tous de degré > 1.
2. Quand on factorise un polynôme P dans IR[x] , le résultat en est une factorisation de P dans
IR[x] (ou sur le corps IR).
- A.8 - A·IV - Racines des polynômes

A·IV – Racines des polynômes de IR[x] dans IR


1◦ ) Introduction.
a) Equation algébrique – Racine d’un polynôme.

∗∗∗ Définition A-9 (Equation algébrique – Racine d’un polynôme)


Une équation algébrique (ou polynômiale) dans le corps IR est toute équation du type :
P (x) = 0 (x ∈ IR), (a.6)
où P est un polynôme ∈ IR[x]. Toute solution de (a.6) est appelée racine (ou zéro) de P dans IR.

• • • Remarques :
1. Noter que le polynôme nul de IR[x] admet tous les éléments du corps IR comme racines.
2. On verra que c’est le seul polynôme à admettre, ainsi, une infinité de racines dans le corps IR.
3. Clairement, une condition nécessaire pour qu’un polynôme non nul de IR[x] admette (au
moins) une racine dans IR est qu’il soit non constant.

b) Racines : Cas des polynômes de degré 1.

Il y a au moins un cas où le problème de l’existence d’une racine d’un polynôme et celui de son calcul
sont trivialement résolus. C’est l’objet de la :

∗∗∗ Proposition A·IV .1 -12 (Racine d’un polynôme de degré 1)


Soit P (x) = a1 x + a0 , un polynôme de IR[x] de degré 1.
Ce polynôme admet une unique racine dans IR donnée par : x0 = −a0 /a1 .

• • • Remarque :
Le problème devient tout de suite beaucoup moins trivial dès qu’on monte aux polynômes de
degré 2. En effet, on peut trouver des polynômes de degré 2 dans IR[x] n’ayant aucune racine
dans le corps IR. Exemple classique : P (x) = x2 + 1. Cette observation est à l’origine de la
découverte des nombres complexes.

2◦ ) Relation entre racines et divisibilité des polynômes - Conséquences.


a) Préliminaire 1 : Racines et diviseurs.
Le résultat suivant est immédiat.
∗∗∗ Proposition A·IV .2 -13 (Racines et diviseurs d’un polynôme)
Si D divise P dans IR[x], alors toute racine de D dans IR est aussi une racine de P .

b) Préliminaire 2 : Division euclidienne d’un polynôme par x − x0 (x0 ∈ IR).


Soient P ∈ IR[x] et x0 ∈ IR. Considérons le polynôme normalisé et de degré 1 : D0 (x) = x − x0 .
Effectuons la division euclidienne de P par D0 . Il vient :

∃ ! (Q, R) ∈ IR[x] × IR[x] tel que P = D0 · Q + R et deg(R) < deg(D0 ) ; (a.7)


Mais ( deg(R) < deg(D0 ) = 1) =⇒ deg(R) 6 0 ⇐⇒ R est un polynôme constant sur IR, i.e.
∃ y0 ∈ IR / ∀ x ∈ IR, R(x) = y0 ; (a.8)
et (a.8) dans (a.7) entraı̂ne :
P (x) = (x − x0 ) · Q(x) + y0 . (a.9)
F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - A.9 -

Or, en faisant x = x0 dans (a.9), il vient : y0 = P (x0 ). D’où : P (x) = (x − x0 ) · Q(x) + P (x0 ). (a.10)

Réciproquement, si (a.10) est vérifié, avec Q ∈ IR[x], comme y0 = P (x0 ) est une constante ∈ IR, et donc
un polynôme constant, son degré est < 1 = deg(x − x0 ). Par conséquent, (a.10) est la division euclidienne
de P par le polynôme normalisé et de degré 1 : D0 (x) = x − x0 . Ainsi, le polynôme Q qui apparaı̂t
dans (a.10) est nécessairement le quotient de cette division euclidienne. D’où son unicité. On a ainsi établi
le :

∗∗∗ Lemme 1 (Division euclidienne d’un polynôme par x − x0 , avec x0 dans IR)
Soient P ∈ IR[x] et x0 ∈ IR. On a : ∃ ! Q ∈ IR[x] / ∀ x ∈ IR, P (x) = (x − x0 ) · Q(x) + P (x0 ).
Le polynôme Q est le quotient de la division euclidienne de P par le polynôme x − x0 .

c) Caractérisation d’une racine de polynôme en termes de divisibilité des polynômes.

On déduit, du Lemme qui précède, la caractéristaion pratique suivante du fait qu’un élément x0 du
corps IR soit racine d’un polynôme de IR[x].

∗∗∗ Théorème A·IV .2 -14 (Racine et divisibilité des polynômes)


Soient P ∈ IR[x] et x0 ∈ IR. Les 4 assertions suivantes sont équivalentes :
1. x0 est une racine de P dans IR.
2. ∃ Q ∈ IR[x] / ∀ x ∈ IR, P (x) = (x − x0 ) · Q(x).
3. ∃ ! Q ∈ IR[x] / ∀ x ∈ IR, P (x) = (x − x ) · Q(x).
0
4. Le polynôme x − x0 divise P (x).

d) Racines distinctes et factorisation d’un polynôme.

En raisonnant par récurrence, on déduit le Corollaire suivant du Théorème précédent :

∗∗∗ Corollaire A·IV .2 -15 (Racines distinctes et factorisation d’un polynôme)


Soient P ∈ IR[x] et x1 , · · · , xn , n réels à 2 distincts. Les 4 assertions suivantes sont équivalentes :
1. x1 , · · · , xn sont racines de P dans IR.
2. ∃ Q ∈ IR[x] / ∀ x ∈ IR, P (x) = (x − x1 ) · · · (x − xn ) · Q(x).
3. ∃ ! Q ∈ IR[x] / ∀ x ∈ IR, P (x) = (x − x ) · · · (x − x ) · Q(x).
1 n
4. Le polynôme (x − x1 ) · · · (x − xn ) divise P (x).

e) Nombre de racines distinctes et degré d’un polynôme non nul.

Le Corollaire précédent entraı̂ne la relation fondamentale suivante entre le nombre de racines distinctes
d’un polynôme non nul et son degré :

∗∗∗ Corollaire A·IV .2 -16 (Nombre de racines distinctes et degré d’un poly. non nul )
Le nombre r de racine(s) d’un polynôme non nul dans IR vérifie : r 6 deg(P ).
- A.10 - A·IV - Racines des polynômes

3◦ ) Racine simple – Racine multiple – Multiplicité d’une racine.


a) Racine simple, racine multiple.

∗∗∗ Définition A-10 (Racine simple – Racine multiple)


Soient P ∈ IR[x] et x0 , une racine de P dans IR.
D’après le Théorème A·IV .2 -14, il existe un unique Q ∈ IR[x] tel que P (x) = (x − x0 ) · Q(x).
Alors :
1. Si x0 est aussi racine de Q, on dit que x0 est racine multiple du polynôme P dans IR.
2. Si x0 n’est pas racine de Q, on dit que x0 est racine simple du polynôme P dans IR.

b) Une 1ère caractérisation d’une racine multiple d’un polynôme.


D’après la Définition A-10, si x0 est une racine multiple du polynôme P de IR[x] dans IR, on a :
P (x) = (x − x0 ) · Q1 (x), avec Q1 ∈ IR[x] tel que Q1 (x0 ) = 0. (a.11)
Mais, en appliquant alors le Théorème A·IV .2 -14 au polynôme Q1 , (a.11) implique :
Q1 (x) = (x − x0 ) · Q2 (x), avec Q2 ∈ IR[x]. (a.12)
Or, en injectant (a.12) dans (a.11), il s’ensuit :
P (x) = (x − x0 )2 · Q2 (x), avec Q2 ∈ IR[x], (a.13)
i.e. le polynôme (x − x0 )2 divise P (x).
Réciproquement, clairement si (a.13) est vraie, alors (a.11) l’est également, en prenant Q1 (x) comme
dans (a.12), et donc x0 est racine multiple de P .
On a ainsi établi une 1ère caractérisation d’une racine multiple :

∗∗∗ Théorème A·IV .3 -17 (Caractérisation d’une racine multiple d’un polynôme)
Soient P ∈ IR[x] et x0 ∈ IR. Les 3 assertions suivantes sont équivalentes :
1. x0 est une racine multiple de P .
2. Il existe Q ∈ IR[x] tel que P (x) = (x − x0 )2 · Q(x).
3. Le polynôme (x − x0 )2 divise P (x).

c) Ordre de multiplicité d’une racine.


Soit x0 , une racine dans IR du polynôme non constant P de IR[x] . On a donc 2 cas :
• 1er cas : x0 est racine simple de P .
Alors on a vu que : il existe Q1 ∈ IR[x] tel que P (x) = (x − x0 ) · Q1 (x) et Q1 (x0 ) ̸= O.
• 2ème cas : x0 est racine multiple de P .
Alors on a vu que : il existe Q2 ∈ IR[x] tel que
P (x) = (x − x0 )2 · Q2 (x). (a.14)
Mais, de manière analogue à ce qui a été fait précédemment pour différencier racine simple et racine
multiple, 2 situations peuvent se présenter :
2.1. Soit x0 n’est pas une racine de Q2 , et on s’arrête là.
2.2. Soit x0 est une racine de Q2 . En appliquant alors le Théorème A·IV .2 -14 à Q2 , il vient :
Q2 (x) = (x − x0 ) · Q3 (x), avec Q3 ∈ IR[x], (a.15)
d’où, en injectant (a.15) dans (a.14) :
P (x) = (x − x0 )3 · Q3 (x). (a.16)
F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - A.11 -

On peut reprendre la discussion avec Q3 , et ainsi de suite. On construira ainsi, par récurrence,
une suite de polynômes Q1 , Q2 , Q3 , . . . . Arrivé au polynôme Qi vérifiant
P (x) = (x − x0 )i · Qi (x), (a.17)
si x0 n’est pas une racine de Qi , on s’arrête. Par contre, si x0 est une racine de Qi , on pourra
factoriser Qi en :
Qi (x) = (x − x0 ) · Qi+1 (x), avec Qi+1 ∈ IR[x], (a.18)
et donc le polynôme P en :
P (x) = (x − x0 )i+1 · Qi+1 (x). (a.19)
Mais, d’après la Proposition A·I .4 -3, on a : (a.18) =⇒ deg(Qi+1 ) = deg(Qi )− 1. Il vient que,
si le processus ne s’est pas arrêté avant, nécessairement on tombera sur un polynôme Qi vérifiant :
deg(Qi ) 6 0, i.e. Qi est un polynôme constant. Et P étant, par hypothèse, non constant, donc
non nul, il en sera de même de ce polynôme constant Qi , par (a.17). D’où : Qi (x0 ) ̸= 0.
Au final, dans tous les cas, on arrive ainsi à :

∗∗∗ Définition-Propriété A-11 (Ordre de multiplicité d’une racine)


Soient P ∈ IR[x], non nul, et x0 ∈ IR. Si x0 est une racine de P dans IR, alors
1. Il existe un unique entier r > 1 tel que : P (x) = (x − x0 )r · Q(x), avec Q ∈ IR[x] et Q(x0 ) ̸= 0.
2. L’entier r est appelé ordre de multiplicité (ou multiplicité) de la racine x0 dans P .
3. On dit aussi que x0 est racine d’ordre r de P .
4. On a l’équivalence : (x0 est racine simple de P ) ⇐⇒ (r = 1).
5. On a l’équivalence : (x0 est racine multiple de P ) ⇐⇒ (r > 2).

• • • Remarques :
1. Lorsque r = 2, on dit aussi que x0 est racine double de P .
2. Lorsque r = 3, on dit aussi que x0 est racine triple de P .
3. Par abus de langage, on appelle racine d’ordre 0 de P , un élément de IR qui n’est pas racine de P .

4◦ ) Racines et dérivation des polynômes.


a) Racine simple/multiple et dérivation.
Soient P ∈ IR[x] et x0 , une racine de P dans IR. On sait que :
il existe un unique Q ∈ IR[x] tel que P (x) = (x − x0 ) · Q(x).
En dérivant cette dernière relation membre à membre, il vient : P ′ (x) = Q(x) + (x − x0 ) · Q ′ (x).
Il s’ensuit : P ′ (x0 ) = Q(x0 ). Ainsi, on a l’équivalence : (P ′ (x0 ) = 0) ⇐⇒ (Q(x0 ) = 0).
D’où, par la Definition A-10 :

∗∗∗ Théorème A·IV .4 -18 (Racine simple/multiple et dérivée du polynôme)


Soient P ∈ IR[x] et x0 ∈ IR. On a les équivalences suivantes :
1. (x0 est une racine simple de P ) ⇐⇒ (x0 est une racine de P , mais pas de sa dérivée P ′ ).
2. (x0 est une racine multiple de P ) ⇐⇒ (x0 est une racine commune à P et à sa dérivée P ′ ).

b) Dérivation et ordre de multiplicité d’une racine.


Le résultat suivant se vérifie très facilement :
∗∗∗ Théorème A·IV .4 -19 (Multiplicité d’une racine et Dérivation)
Soient P ∈ IR[x] et x0 ∈ IR.
Si x0 est racine d’ordre r ∈ IN∗ de P , alors x0 est racine d’ordre r − 1 ∈ IN de P ′ .
(Avec la convention qu’une racine d’ordre 0 n’est pas une racine).
- A.12 - A·V - Bases des espaces de polynômes de IR

On déduit, par récurrence, de ce Théorème :

∗∗∗ Corollaire A·IV .4 -20 (Caractérisation de la multiplicité d’une racine)


Soient P , un polynôme non constant de IR[x], x0 ∈ IR et r ∈ IN∗ .
Les 2 assertions suivantes sont équivalentes :
1. x0 est une racine d’ordre r de P .
2. x0 est une racine de P, P ′ , · · · , P (r−1) , mais pas de P (r) .

∗∗∗ Corollaire A·IV .4 -21 (Multiplicité d’une racine dans P et dans P ′ )


Soient P , un polynôme non constant de IR[x], x0 ∈ IR .
Si x0 est racine d’ordre r ∈ IN∗ de P et x0 est racine d’ordre s ∈ IN de P ′ , alors : s = r − 1.

A·V – Bases des espaces de polynômes de IR


1◦ ) Cas de IR[x].
IR[x] est un IR-espace vectoriel de dimension infinie, donc n’admet pas de base finie.

2◦ ) Bases de IRn [x], pour n ∈ IN.


a) Base canonique de IRn [x].
Soit n ∈ IN. Comme il a été dit plus haut, on a, ∀ P ∈ IRn [x] :

∃ ! a0 , · · · , an ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = a0 + a1 x + · · · + an−1 xn−1 + an xn ; (a.20)


⇐⇒ le polynôme P peut s’écrire, de manière unique :
P = a0 P0 + a1 P1 + · · · + an−1 Pn−1 + an Pn ,
où on a posé, ∀ k ∈ [ 0 (1) n ] : Pk (x) = xk , ∀ x ∈ IR.
Or, comme P0 , · · · , Pn ∈ IRn [x], alors : (a.20) =⇒ (P0 , · · · , Pn ) est une base de IRn [x].
La variable dans une fonction étant considérée comme muette, on peut aussi écrire que :
(P0 (x), · · · , Pn (x)) = (1, x, · · · , xn ) est une base de IRn [x] ;
(1, x, · · · , xn ) est appelée base canonique de IRn [x] .

Il vient que : IRn [x] est un IR-espace vectoriel de dimension n + 1 .


Rappelons que, dans un IR-espace vectoriel E de dimension finie n, une base de cet espace fournit un
moyen de représenter chaque élément de E par n coefficients (ou cooordonnées) uniques dans IR. Ceci facilite
la manipulation des éléments de E, car ils peuvent être traités essentiellement comme les éléments de IRn .
Cependant, dans un contexte donné, utiliser une base particulière peut être plus pertinent qu’en utiliser une
autre. Ainsi, dans l’utilisation des polynômes en Analyse Numérique, la base canonique n’est pas toujours la
plus appropriée pour écrire les éléments de IRn [x]. Deux possibilités alternatives sont données ci-après.

b) Autres bases intéressantes de IRn [x] pour le Cours d’Analyse Numérique.


• • • Base de Taylor de IRn [x] centrée sur un réel x0 .
Fixons x0 ∈ IR. La base de Taylor de IRn [x] centrée en x0 est la famille de n + 1 polynômes :
( )
1, x − x0 , (x − x0 )2 , · · · , (x − x0 )n .
Il s’agit bien d’une base de IRn [x] (Le vérifier ! ). Par conséquent, on a, ∀ P ∈ IRn [x] :

∃ ! b0 , · · · , bn ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = b0 + b1 (x − x0 ) + · · · + bn−1 (x − x0 )n−1 + bn (x − x0 )n .


F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - A.13 -

Il résulte de la Formule de Taylor pour les polynômes (Proposition A·II .1 -6) que les coefficients b0 , · · · , bn
P (k) (x0 )
ci-dessus sont donnés par : ∀ k ∈ [ 0 (1) n ], bk = .
k!

• • • Base de Newton de IRn [x] relativement à un n-uple de réels (x1 , · · · , xn ).


Fixons x1 , · · · , xn ∈ IR, quelconques (distincts ou pas). La base de Newton de IRn [x] relativement
au n-uple (x1 , · · · , xn ) est la famille de n + 1 polynômes :
( )
1, x − x1 , (x − x1 )(x − x2 ), · · · , (x − x1 ) · · · (x − xn ) .
C’est bien d’une base de IRn [x] (Le vérifier ! ). Par conséquent, on a, ∀ P ∈ IRn [x] :

∃ ! c0 , · · · , cn ∈ IR / ∀ x ∈ IR, P (x) = c0 + c1 (x − x1 ) + c2 (x − x1 )(x − x2 ) + · · · + cn (x − x1 ) · · · (x − xn ).


La manière d’obtenir les coefficients c0 , · · · , cn sera une conséquence de la problématique du polynôme
d’interpolation de Lagrange abordée plus loin dans ce Cours.
F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - B.1 -

Partie B :
EVALUATION ALGORITHMIQUE D’UN POLYNÔME EN UN POINT

• • • Motivation.
La Partie A qui précède a présenté des rappels sur les fonctions polynômes à coefficients réels, les notions
importantes qui leurs sont attachées et utiles pour leur manipulation (notamment celles de degré, de racine
et de factorisation) et les principales propriétés qui en découlent. L’expérience du passé a prouvé qu’une
telle revue préalable était nécessaire en vue de bien refixer les idées sur les polynômes au début du Cours
d’Analyse numérique. Ceci notamment du fait que les polynômes sont, probablement, l’outil mathématique
le plus utilisé dans la construction des approximations numériques (par exemple dans l’approximation des
fonctions de IR −→ IR, calcul de valeurs aprochées d’intégrales, etc). Cependant, en Analyse numérique (et
notamment pour le calcul de ces approximations numériques), le fait de connaı̂tre les propriétés d’un objet
mathématique et de savoir les démontrer est utile, mais n’est jamais suffisant. Dans une situation concrète
donnée, pour résoudre un problème du monde réel auquel on sera confroné, et avec des données effectivement
disponibles pour ce calcul, le travail doit toujours s’achever par un calcul effectif de l’approximation
numérique que cet objet mathématique est censé fournir .
• • • Problématique.
Ainsi, dans le cas d’un polynôme P donné, on pourra avoir besoin de connaı̂tre la valeur y qu’il prend
en une valeur particulière donnée x de la variable. Ceci demandera donc de calculer, concrètement, la valeur
numérique du nombre réel y = P (x), et ce à partir de la connaissnace de la valeur numérique de x. D’où la
nécessité de concevoir, puis écrire des algorithmes pouvant faire efficacement ce type de calcul ,
et ce quelque soit le degré de P . C’est la problématique à laquelle nous nous intéressons dans cette Partie B .
Seulement, la conception de ce genre d’algorithmes dépend de la forme sous laquelle le polynôme P est
donné, i.e. la base de IRn [x] dans laquelle P est écrit (où n est un entier connu et tel que deg(P ) 6 n).
Raison pour laquelle nous présentons d’abord, dans la Section B·I , comment on traite ce problème lorsque P
est donné sous la forme canonique classique (i.e. selon les puissances de la variable), à travers la conception de
2 algorithmes de référence. Ensuite, dans la Section B·II , on analysera comment généraliser l’approche au cas
du calcul de certaines grandeurs numériques ayant un type très particulier d’expression mathématique,
ce qu’on pourra, ensuite, appliquer pour adapter la manière de construire les 2 algorithmes de la Section B·I
afin de concevoir des algorithmes analogues dans le cas où P est donné plutôt dans certains autres types de
base du IR-e.v. IRn [x].

B·I – Evaluation algorithmique d’un polynôme sous forme canonique


Cf. Cours en salle.

B·II – Algorithmes de calcul d’un polynôme en un point : Généralisation


1◦ ) Introduction.
Lorsque le polynôme P est plutôt donné à travers son expression dans une autre base de IRn [x] que la
base canonique, un réflexe, apparemment naturel, mais très mauvais dans ce contexte, consiste à :
1. checrher d’abord à déduire l’expression du polynôme P dans la base canonique de IRn [x], en le
développant suivant les puissances de la variable ;
2. puis, ensuite, utiliser l’un des 2 algorithmes précédents pour calculer la valeur du réel y0 = P (x0 ).
Ceci demande trop de calculs, d’une part, et donc aussi, d’autre part, potentiellement trop d’erreurs d’arrondi
lors de l’exécution de l’algorithme sur ordinateur qui pourront rendre le résultat sorti par ce dernier trop loin
du vrai résultat attendu (Cf. Partie II du Chapitre 1 ≪ Comment les ordinateurs calculent ≫ ).
La bonne approche ici consiste plutôt à calculer P en x0 en travaillant directement dans la base dans
laquelle P est exprimé. Pour cela, on s’inspire de la manière dont ont été construits les 2 algorithmes
précédents pour évaluer P lorsqu’il est donné selon les puissances de x. Ceci pour construire des algorithmes
d’évaluation de P dans la base présente. L’objectif ci-après va être de mettre en évidence comment la
construction de chacun des 2 algorithmes précédents peut être vue dans une perspective plus générale dont
- B.2 - B·II - Algorithmes de calcul d’un polynôme en un point : Généralisation

on peut s’inspirer pour d’autres situations de conception d’algorithmes numériques. Ceci permet de concevoir
des algorithmes numériques de calcul efficace de toute expression mathématique A de la forme :
A = a0 u0 + a1 u1 + a2 u2 + · · · + an un , (b.1)
où :
1. l’entier n est donné dans IN ;
2. a0 , · · · , an sont des coefficients réels (ou complexes) donnés (mais, plus généralement, on inclut aussi
le cas de figure où ces derniers peuvent être calculés par des formules mathématiques simples) ;
3. u0 , · · · , un sont des termes successifs d’une suite de nombres réels (ou complexes) pour laquelle :
3.1. le terme initial u0 est connu (ou facilement calculable à partir des données disponibles) ;
3.2. il existe une relation de récurrence donnant uk en fonction de son prédécesseur uk−1 , ∀ k = 1 (1) n.

2◦ ) Généralisation des 2 algorithmes de base d’évaluation numérique d’un polynôme.


a) Généralisation de l’algorithme de calcul selon les puissances croissantes de la variable.
Pour généraliser l’idée de l’algorithme d’évaluation d’un polynôme en un réel donné selon les puissances
croissantes de la variable en un algorithme de calcul numérique efficace du réel A donné par (b.1), on définit
la suite de sommes partielles successives S0 , · · · , Sn de A par :
S0 = a0 u0 , S1 = a0 u0 + a1 u1 , S2 = a0 u0 + a1 u1 + a2 u2 , · · · , Sn = a0 u0 + a1 u1 + a2 u2 + · · · + an un = A,

soit : ∀ k = 0 (1) n, Sk = a0 u0 + a1 u1 + · · · + ak uk .

On remarque immédiatement que les sommes partielles S0 , · · · , Sn vérifient la relation de récurrence :

∀ k = 1 (1) n, Sk = Sk−1 + ak uk . (b.2)

A partir de cette relation de récurrence et de la donnée (ou d’un calcul préalable ou parallèle) des
coefficients a0 , · · · , an , on peut calculer les sommes partielles successives S0 , · · · , Sn , à condition de calculer,
en parallèle, les termes successifs u0 , · · · , un (par leur relation de récurrence). On peut schématiser le principe
d’organisation des calculs et donc de l’algorithme à concevoir pour calculer A de la manière suivante :

u0 −→ u1 −→ u2 −→ ··· −→ un
| | | ···
|
↓ ↓ ↓ ↓
S0 = a0 u0 −→ S1 = S0 + a1 u1 −→ S 2 = S 1 + a 2 u2 −→ ··· −→ Sn = Sn−1 + an un

Pour l’algorithme, on tiendra compte de ce que, en général, on n’aura pas besoin, après son exécution,
des termes des 2 suites finies u0 , · · · , un et S0 , · · · , Sn . Raison pour laquelle, au sein de l’algorithme, on
créera :
1. une variable qui contiendra les valeurs successives de u0 , · · · , un ;
2. et une autre qui contiendra les valeurs successives de S0 , · · · , Sn . Cependant, étant donné que la
dernière valeur de la suite finie S0 , · · · , Sn est Sn qui est égale à la valeur finale désirée A, autant
mieux directement appeler cette variable A.
Pour écrire effectivement cet algorithme dans une situation donnée, les 2 seules choses qui changeront d’une
situation à l’autre, et qu’il faudra donc bien identifier à chaque fois, ce sera :
1. les valeurs des coefficients a0 , · · · , an (ou la manière de les calculer pour certaines situations) ;
2. u0 , · · · , un et la relation de récurrence permettant de passer de uk−1 à uk , ∀ k > 1.

• • • Remarque/Commentaire n◦ 1 :
Dans beaucoup de cas concrets, on a : u0 = 1 dans (b.1). Dans ce cas, on prendra directement
S0 = a0 ci-dessus, et non S0 = a0 u0 , évitant ainsi à l’ordinateur, une multiplication superflue.
F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - B.3 -

• • • Illustration :
Pour le calcul en un réel x d’un polynôme P donné dans la base canonique de IRn [x] à travers l’expression :
P (x) = a0 + a1 x + · · · + an−1 xn−1 + an xn , (b.3)
où les valeurs numériques des coefficients a0 , · · · , an sont données, il s’agit de calculer le réel A = P (x) où
celui-ci peut se mettre sous la forme générique (b.1) en prenant :

u0 = 1, u1 = x, u2 = x2 , · · · , un = xn , soit, ∀ k = 0 (1) n, uk = xk . (b.4)

D’où la relation de récurrence : ∀ k = 1 (1) n : uk = x · uk−1 . D’où l’algorithme construit en classe.

b) Généralisation de l’algorithme de Hörner.


On peut généraliser l’algorithme de Hörner d’évaluation d’un polynôme en un réel donné pour concevoir
un algorithme de calcul efficace de toute expression mathématique A de la forme (b.1), où :
1. l’entier n et les coefficients a0 , · · · , an sont comme précédemment ;
2. u0 , · · · , un sont des termes successifs d’une suite de nombres réels (ou complexes) pour laquelle :
2.1. le terme initial u0 est connu (ou facilement calculable à partir des données disponibles) ;
2.2. les nombres uk vérifient une relation de récurrence du type multiplicatif :
∀ k = 1 (1) n, uk = uk−1 δk . (b.5)
où les nombres (réels ou complexes) δ1 , · · · , δn sont bien identifiés.

Cette relation de récurrence entraı̂ne : ∀ k = 1 (1) n, uk = u0 δ1 δ2 · · · δk . (b.6)


En injectant (b.6) dans (b.1), il vient :
A = a0 u0 + a1 u0 δ1 + a2 u0 δ1 δ2 + · · · + an−1 u0 δ1 δ2 · · · δn−1 + an u0 δ1 δ2 · · · δn
( )
= u0 a0 + a1 δ1 + a2 δ1 δ2 + · · · + an−1 δ1 δ2 · · · δn−1 + an δ1 δ2 · · · δn
( ( ))
= u0 a0 + δ1 a1 + a2 δ2 + a3 δ2 δ3 + · · · + an−1 δ2 δ3 · · · δn−1 + an δ2 δ3 · · · δn
( ( ( )))
= u0 a0 + δ1 a1 + δ2 a2 + a3 δ3 + a4 δ3 δ4 + · · · + an−1 δ3 δ4 · · · δn−1 + an δ3 δ4 · · · δn
( ( ( ( ( ( )) ))))
· · · , =⇒ A = u0 a0 + δ1 a1 + δ2 a2 + δ3 a3 + · · · + δn−2 an−2 + δn−1 an−1 + δn an · · · . (b.7)

Ceci est l’adaptation du schéma de Hörner pour A lorsque (b.5) est vrai. A partir de là, on peut concevoir
un algorithme d’évaluation numérique efficace de A, en s’inspirant de l’élaboration de l’algorithme de Hörner
pour évaluer y = P (x) lorsque le polynôme P est donné dans la base canonique.
Pour écrire effectivement cet algorithme dans une situation donnée, les 2 seules choses qui changeront
d’une situation à l’autre, et qu’il faudra donc bien identifier à chaque fois, ce sera :
1. les valeurs des coefficients a0 , · · · , an (ou la manière de les calculer pour certaines situations) ;
2. u0 , · · · , un et les nombres δk satisfaisant (b.5) (et comment ils s’obtiennent, ou se calculent, à partir
des données.

• • • Remarque/Commentaire n◦ 2 :
Dans beaucoup de cas concrets, on a : u0 = 1 dans (b.1). Dans ce genre de situations,
évidemment, la factorisation de u0 ci-dessus est inutile.

• • • Remarque/Commentaire n◦ 3 :
Ci-dessus, il est évidemment possible que, dans certaines situations, les nombres δk soient égaux
entre eux, i.e. ∃ c ∈ IR (ou CI) tel que ∀ k = 1 (1) n, δk = c.

• • • Illustration :
Si le polynôme P est donné par son expression canonique (b.3), alors (b.4) entraı̂ne que (b.5) est réalisé,
avec :
u0 = 1, et ∀ k = 1 (1) n, δk = x. (b.8)
- B.4 - B·II - Algorithmes de calcul d’un polynôme en un point : Généralisation

D’où l’algorithme de Hörner construit en classe pour calculer la valeur du polynôme P en un réel x0 donné.

• • • Remarque/Commentaire n◦ 4 :
On peut aussi construire le schéma de Hörner en sortant les facteurs par la droite (dans le
cas d’un polynôme donné dans la base canonique, ceci revient à partir de son écriture selon les
puissances décroissantes, puis à sortir le facteur x à chaque fois par la droite) :
A = an un + an−1 un−1 + · · · + a2 u2 + a1 u1 + a0 u0
= an u0 δ1 δ2 · · · δn + an−1 u0 δ1 δ2 · · · δn−1 + · · · + a2 u0 δ1 δ2 + a1 u0 δ1 + a0 u0
( )
= an δ1 δ2 · · · δn + an−1 δ1 δ2 · · · δn−1 + · · · + a2 δ1 δ2 + a1 δ1 + a0 u0
(( ) )
= an δ2 · · · δn + an−1 δ2 · · · δn−1 + · · · + a2 δ2 + a1 δ1 + a0 u0
((( ) ) )
= an δ3 · · · δn + an−1 δ3 · · · δn−1 + a4 δ3 + · · · + a3 δ2 + a1 δ1 + a0 u0
· · · , d’où :
(( (((( ) ) ) ) ) )
A = ··· an δn + an−1 δn−1 + an−2 δn−2 + · · · + a3 δ3 + a2 δ2 + a1 δ1 + a0 u0 . (b.9)

Cette dernière égalité est mathématiquement strictement équivalente à (b.7).

• • • Remarque/Commentaire n◦ 5 :
Dans certaines situations, au lieu de (b.5), les nombres u0 , · · · , un vérifient plutôt une relation
de récurrence du type quotient :
uk−1
∀ k = 1 (1) n, uk = . (b.10)
δk
On peut adapter l’analyse précédente dans ce cas en remplaçant chaque multiplication par un
nombre δk par une division par δk . On aboutit ainsi à :
(( (((( ) ) ) ) ) )
A = ··· an /δn + an−1 /δn−1 + an−2 /δn−2 + · · · + a3 /δ3 + a2 /δ2 + a1 /δ1 + a0 u0 .

3◦ ) Application :
Evaluation numérique d’un polynôme dans une autre base remarquable de IRn [x].
a) Evaluation numérique en un point d’un polynôme donné dans une base de Taylor.
Soit à calculer la valeur, en un réel x donné, d’un polynôme P donné sous forme de Taylor centré
en un réel x0 donné :

n
dk
∀ x ∈ IR, P (x) = (x − x0 )k . (b.11)
k!
k=0

où les réels d0 , · · · , dn sont donnés (en fait, on sait que : ∀ k = 0 (1) n : dk = P (k) (x0 ), mais cela ne joue
aucun rôle ici, car les valeurs de ces coefficients sont supposées connues).
En suivant la démarche de la Section 2◦ ), on peut concevoir 2 algorithmes différents pour calculer la
valeur de y = P (x) pour un réel x donné lorsque le polynôme est donné sous la forme (b.11) ci-dessus. La
construction de la démarche pour y arriver est l’objet de l’Exercice EXO B.6 donné plus loin.

b) Evaluation numérique en un point d’un polynôme donné dans une base de Newton.
Soit à calculer la valeur, en un réel x donné, d’un polynôme P donné sous forme de Newton
relativement à un n-uple (x1 , · · · , xn ) ∈ IRn donné :

n
∀ x ∈ IR, P (x) = c0 + ck · (x − x1 ) · · · (x − xk ). (b.12)
k=1
où les coefficients c0 , · · · , cn sont des nombres réels donnés.
F. POLYNOMES A COEFF. DANS IR : RAPPELS ET COMPL. (ND/NG, 23 février 2023) - B.5 -

En suivant la démarche de la Section 2◦ ), on peut concevoir 2 algorithmes différents pour calculer la


valeur de y = P (x) pour un réel x donné lorsque le polynôme est donné sous la forme (b.12) ci-dessus. La
construction de la démarche pour y arriver est de l’objet du I- de l’Exercice EXO B.7 donné plus loin.

4◦ ) Autre généralisation : Récurrence descendante pour calculer A donné par (b.1) .


On peut rencontrer des situations où la quantité A à calculer dans (b.1) est plutôt telle que :
1. l’entier n est donné dans IN ;
2. a0 , · · · , an sont des coefficients réels (ou complexes) donnés (mais, plus généralement, on inclut aussi
le cas de figure où ces derniers peuvent être calculés par des formules mathématiques simples) ;
3. u0 , · · · , un sont des termes successifs d’une suite de nombres réels (ou complexes) pour laquelle :
3.1. le dernier terme un est connu (ou facilement calculable à partir des données disponibles) ;
3.2. il existe une relation de récurrence donnant uk en fonction de son prédécesseur uk+1 , ceci ∀ k =
0 (1) n − 1 (i.e. une formule de récurrence descendante sur les termes uk ).
Pour cette situation, on peut adapter l’ensemble de la démarche de la Section 2◦ ) pour concevoir 2 algo-
rithmes différents pour calculer efficacement la valeur du réel A. C’est ce qui est demandé dans l’Exercice
EXO B.9 ci-après.
- B.6 - B·II - Algorithmes de calcul d’un polynôme en un point : Généralisation

◃ EXO B.5
1◦ ) Soit (P1 , · · · , Pn ), une famille de polynômes non nuls (avec n ∈ IN∗ ), de degrés respectifs k1 , · · · , kn .
On suppose que les degrés k1 , · · · , kn sont strictement croissants, i.e. vérifient : k1 < · · · < kn .
Montrer qu’alors les polynômes P1 , · · · , Pn sont linéairement indépendants.

2 ) Soit n ∈ IN, arbitraire. Utiliser le résultat qui précède pour démontrer, respectivement, que :
( )
a) Pour x0 ∈ IR, fixé quelconque, la famille de polynômes 1, x − x0 , (x − x0 )2 , · · · , (x − x0 )n
est une base du IR-espace vectoriel IRn [x].
( (x − x0 )2 (x − x0 )n )
b) De même pour : 1, x − x0 , , ··· , .
2! n!
c) Pour tout n-uple (x1 , · · · , xn ) de réels fixés quelconques, la famille de polynômes
( )
1, x − x1 , (x − x1 )(x − x2 ), · · · , (x − x1 ) · · · (x − xn ) .
est une base du IR-espace vectoriel IRn [x].

◃ EXO B.6 Soit à calculer la valeur, en un réel x donné, d’un polynôme P donné sous la forme (b.11).
1◦ ) Préciser l’ensemble des données nécessaires pour le calcul à effectuer ici, ainsi que le résultat attendu.
2◦ ) a) Avant de démarrer quelque calcul que ce soit ici, il y a une expression mathématique qu’on est
obligé de calculer d’entrée et de stocker son résultat dans une variable. Il s’agit de quelle expression
mathématique ? Dans la suite, on stockera le résultat de son calcul dans la variable t.
b) Si le calcul de t n’est pas effectué une fois pour toutes dès le début, quel risque courrons nous dans la
suite de l’algorithme au cours de son exécution future en machine ?

3 ) a) Mettre y = P (x) dans (b.11) sous la forme (b.1), en précisant bien u0 , · · · , un .
b) Préciser u0 , ainsi que la relation de récurrence exprimant uk en fonction de uk−1 .
4◦ ) a) Effectuer alors l’analyse mathématique permettant de calculer y = P (x), en adaptant, pour ce
cas, celle ayant abouti à l’algorithme selon les puissances croissantes.
b) En déduire alors l’algorithme correspondant pour calculer y à partir des données disponibles.
c) Coût numérique de cet algorithme ?
5◦ ) a) Effectuer l’analyse mathématique permettant de calculer y = P (x), en adaptant, pour ce cas,
celle ayant abouti à l’algorithme de Hörner .
b) En déduire alors l’algorithme correspondant pour calculer y à partir des données disponibles.
c) Coût numérique de cet algorithme ? Comparer avec celui de l’algorithme obtenu en 4◦ ) b) ci-dessus.

◃ EXO B.7 Dans chacune des parties I à III ci-après, reprendre les questions de l’ EXO B.6 , sauf,
possiblement, les questions 2◦ ) a) et 2◦ ) b). Pour ces 2 dernières, apprécier selon le contexte.
I - Comme l’ EXO B.6 , mais avec P donné sous la forme (b.12).

n
II - Comme l’ EXO B.6 , mais pour un polynôme pair donné par : ∀ x ∈ IR, P (x) = bk x2k .
k=0

n
III - Comme l’ EXO B.6 , mais pour un polynôme impair donné par : ∀ x ∈ IR, P (x) = bk x2k+1 .
k=0


N √
cos( n )
◃ EXO B.8 Concevoir et écrire 2 algorithmes pour calculer efficacement : SN = ,
n!
n=0
pour N donné dans IN. N.B. On admettra que l’ordinateur sait calculer les fonctions cosinus et
racine carrée en tout nombre réel donné.

◃ EXO B.9 Sous les hypothèses de la Section B·II -4◦ ) :


1◦ ) Ré-écrire, en l’adaptant, la Section B·II -2◦ )a) de ce document dans ce cas.
2◦ ) Ré-écrire, en l’adaptant, la Section B·II -2◦ )b) de ce document dans ce cas.

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