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Chapitre 1

Inversion locale - Fonctions


implicites

1.1 Inversion locale


1.1.1 Difféomorphismes
Souvent, lors de la résolution d’un problème mathématique de genre
calcul d’une intégrale ou résolution d’une équation différentielle ou en-
core équation aux dérivées partielles, nous utilisons des changements de
variables à l’aide de difféomorphismes.

F IGURE 1.1 – Difféomorphisme entre ouverts de IR2

Définition 1.1.1. Soient U et V deux ouverts de IRp et ϕ : U → V une appli-

1
2 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

cation. On dira que ϕ est un C 1 -difféomophisme (ou tout simplement difféo-


morphisme) lorsque les trois assertions suivantes sont satisfaites :
1. ϕ est une bijection de U sur V ,
2. ϕ est de classe C 1 ,
3. ϕ−1 : V → U est de classe C 1 .

Exemple 1. Entre des ouverts de IR (i.e. p = 1)


1. La fonction logarithme ϕ(x) = ln x est un difféomorphisme de IR∗+ sur IR.
Son inverse est la fonction exponentielle IR → IR∗+ .
p
2. ϕ(x) = x 2 est un difféomorphisme de IR∗+ sur IR∗+ d’inverse ϕ−1 (y) = y de
IR∗+ sur IR∗+ .
3. La fonction f (x) = x 3 n’est pas un difféomorphisme de IR sur IR puisque
1
ϕ−1 : IR → IR, ϕ−1 (y) = y 3 , n’est pas dérivable en 0.
4. La fonction cos :]0, π[→] − 1, 1[ est un difféomorphisme d’inverse la fonc-
tion arccos :] − 1, 1[→]0, π[.
5. La fonction sin :]− π2 , π2 [→]−1, 1[ est un difféomorphisme d’inverse la fonc-
tion arcsin :] − 1, 1[→] − π2 , π2 [.
6. La fonction tan :] − π2 , π2 [→ IR est un difféomorphisme d’inverse la fonction
arctan : IR →] − π2 , π2 [.

Exemple 2. Entre des ouverts de IR2 (i.e. p = 2)


Toute matrice carré inversible A ∈ M2 (IR) permet de définir un difféomorphisme
ϕ : IR2 → IR2 , c’est l’application linéaire associée à la matrice A et définie par
ϕ(v) = Av (où nous avons identifié un vecteur de IR2 avec une matrice colonne).
La fonction inverse est ϕ−1 : v 7→ A −1 v .

Exemple 3 (Changement de variables en coordonnées polaires).


C’est un exemple fondamental de chamgement de variables entre des ouverts
de IR2 , sur lequel nous allons revenir en exercices (1.2.3), mais que nous al-
lons expliquer ici dans une situation plus précise. En effet, l’idée de ces co-
ordonnées étant de se fixer un repère orthonormé du plan (réalisé à l’aide du
choix dun point l’origine et de deux axes perpendiculaires) et puis dire que
la position d’un point sur ce repère peut être définie à l’aide des coordonnées
1.1. INVERSION LOCALE 3

cartésiennes (x, y) ou des coordonnées polaires (r, θ) où r = x 2 + y 2 est la


p

distance à l’origine du repère et le θ représente l’angle entre l’axe (Ox) et la


l’axe reliant l’origine avec le point en question ; mais ce n’est pas aussi simple
que cela peut paraitre puisque nous n’avons pas un passage biunivoque entre
les deux coordonnées. En effet, le problème ici est que nous n’avons pas
une expression explicite de θ en fonction de (x, y) = (r cos θ, r sin θ) ! Il est
d’ailleurs clair que les fonctions cos et sin sont 2π-périodiques et donc la
fonction (r, θ) 7→ (r cos θ, r sin θ) n’est pas injective sur IR∗+ × IR ; nous de-
vons donc nous restreindre à des ouverts où cela est possible. Par exemple
U = {(r, θ) / r > 0 et − π2 < θ < π2 }, V = {(x, y) / x > 0} et

ϕ : (r, θ) 7→ (r cos θ, r sin θ),

est un difféomorphisme. Son inverse est


q ³y´
−1
ϕ : (x, y) 7→ ( x 2 + y 2 , arctan ).
x

1.1.2 Théorème d’inversion globale


Il nous semble clair à travers l’exemple des coordonnées polaires que
nous venons de voir, que savoir montrer qu’une application ϕ : U → V
est un difféomorphisme sans être obligé d’expliciter la fonction inverse,
est d’une grande importance. Le théorème qui suit, connu sous le nom
du théorème d’inversion globale, permet d’avoir un outil pour une telle
approche.

Théorème 1.1.1 (théorème d’inversion globale). Soient U un ouvert de


IRp et ϕ : U → IRp une application injective, de classe C 1 sur U et qu’en plus

Jac(ϕ, x) ̸= 0 ∀x ∈ U .

Alors
— V := ϕ(U ) est un ouvert de IRp , et
— la fonction ϕ : U → V est un difféomorphisme.

Il est clair que l’hypothèse de Jac(ϕ, x) ̸= 0 pour tout point x ∈ U , est une
4 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

condition nécessaire pour tout difféomorphisme, c’est la proposition sui-


vante.

Proposition 1.1.1. Soit ϕ : U → V un difféomorphisme entre deux ouverts


de IRp . Alors
1. Pour tout x ∈ U , Jac(ϕ, x) ̸= 0 ∀x ∈ U , et
2. la matrice jacobienne de l’inverse ϕ−1 est l’inverse de la matrice jaco-
bienne, i.e.

J (ϕ−1 , y) = (J (ϕ, x))−1 , avec y = ϕ(x).

Démonstration. Pour tout x ∈ U , on a

(ϕ−1 ◦ ϕ)(x) = x.

En appliquant la formule de la composition des jacobiennes, on obtient


alors
J (ϕ−1 , ϕ(x))J (ϕ, x) = I p la matrice identité de IRp ,

d’où le résultat souhaité.


Exemple 4 (Cas d’une seule variable). Soient I et J deux intervalles ouverts
de IR et f : I → J un une application de classe C 1 , bijective et de dérivée non nulle
sur I (donc strictement monotone sur I ). Ainsi f est un difféomorphisme de I sur
J . Notons que dans ce cas on a J ( f , y) = f ′ (y) pour tout y ∈ J . Alors, on retrouve
une formule déjà connu en premère année :
1
( f −1 )′ (y) = , avec y = f (x).
f ′ (x)
Par exemple, pour f (x) = t an(x), I =] − π2 , π2 [ et J = IR. On retrouve :
1 1
(arctan)′ (y) = =
tan (x) 1 + y 2

Exemple 5 (Cas de deux variables). Nous allons reprendre l’exemple des


coordonnées polaires : U = {(r, θ) / r > 0 et − π2 < θ < π2 }, V = {(x, y) / x > 0} et
ϕ : (r, θ) 7→ (x, y) = (r cos θ, r sin θ). On a
" #
∂(x, y) cos θ −r sin θ
J (ϕ, (r, θ)) = = .
∂(r, θ) sin θ r cos θ
1.1. INVERSION LOCALE 5

Il en résulte que la matrice jacobienne de ϕ−1 : (x, y) 7→ (r (x, y), θ(x, y) est :
#−1  
cos θ sin θ
"
cos θ −r sin θ
J (ϕ−1 , (x, y)) = =  sin θ cos θ  .
sin θ r cos θ −
r r
En particulier, on obtient :
∂r ∂r
= cos θ = sin θ
∂x ∂y
∂θ sin θ ∂θ cos θ
=− = .
∂x r ∂y r

remarquer que nous n’avons pas utiliser l’expression explicite de la fonction in-
verse ϕ−1 , et c’est cela l’intérêt de cette approche dans les calculs.

1.1.3 Théorème d’inversion locale


Dans les hypothèses du théorème d’inversion globale (1.1.2), le jaco-
bien de l’application ϕ doit être non nul en tout point de l’ouvert U . Le
théorème d’inversion locale que nous allons voir maintenant, permet de
déduire sous l’hypothèse du jacobien de ϕ est non nul en un point seule-
ment que l’application ϕ est un difféomorphisme local.

Théorème 1.1.2 (théorème d’inversion locale). Soient U un ouvert de IRp


et ϕ : U → IRp une application injective, de classe C 1 sur U et qu’en plus il
existe un point M0 ∈ U
Jac(ϕ, M 0 ) ̸= 0.

Alors, il existe un voisinage ouvert U0 de M0 dans U tel que V0 := ϕ(U0 ) est


un ouvert et la restriction ϕ : U0 → V0 est un difféomorphisme.

Démonstration. To do

Remarque 1. Il est important de noter que même si l’on exige que le jacobien
de l’application ϕ doit être non nul en tout point de l’ouvert U , cela ne nous
permet pas de conclure que l’application ϕ est un difféomorphisme puisqu’elle
peut être non injective. Comme exemple de cette situation, on peut considérer les
deux exemples :
6 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

— ϕ(x) = x 2 sur U := IR∗ .


— ϕ(x, y) = (e x cos y, e x sin y) sur U := IR2 .
Ainsi, le théorème d’inversion locale nous permet de conclure que l’application ϕ
est localement injective et pas globalement injective.

Exemple 6. Soit ϕ(x, y) = (e x cos y, e x sin y) de U = IR2 vers IR2 . Pour M0 :=


O = (0, 0) le théorème d’inversion locale s’applique. On peut même préciser les
ouverts locaux U0 et V0 , en effet, il est facile de vérifier que les deux ouverts U0 :=
IR×] − π, π[ et V0 := IR2 \] − ∞, 0[×{0}, répondent à la question (i.e. la restriction
ϕ : U0 → V0 est un difféomorphisme).

1.2 Théorème des fonctions implicites

1.2.1 Cas de deux variables


Pour une fonction à deux variables f : (x, y) 7→ f (x, y), nous allons nous
intéresser à l’équation : f (x, y) = 0, dite équation implicite. On se pose la
question de savoir si (au voisinage d’un point M0 donné) une telle équa-
tion est-elle équivalente à y = ϕ(x). En d’autre termes, quand est-ce que
l’équation f (x, y) = 0 est localement le graphe d’une fonction d’une seule
variable. De manière plus précise, il s’agit de déterminer des conditions
suffisantes pour que l’équation implicite admette (localement) des solu-
tions explicites. Nous allons discuter cela sur des exemples avant d’énon-
cer le théorème des fonctions implicies.

Exemple 7. Considérons l’équation

x 2 + y 2 − 1 = 0, pour (x, y) ∈ IR2

qui est évidement l’équation du cercle unité. Manifestement, ce n’est pas la courbe
représentative d’une fonction x 7→ ϕ(x), mais ce serait le cas si nous supposons y >
0 (i.e. nous nous plaçons dans le demi-plan supérieur). De manière plus précise,
on a l’équivalence suivante :
³ p ´
(x, y) ∈ IR×]0, +∞[, x 2 + y 2 − 1 = 0 ⇐⇒ y = 1 − x 2 , x ∈] − 1, 1[ .
¡ ¢
1.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 7

Une situation analogue serait possible pour les autres cas : y < 0, x > 0 ou x < 0.
Ainsi, par exemple :
µ q ¶
2 2
¡ ¢
2
(x, y) ∈]0, +∞[×IR, x + y − 1 = 0 ⇐⇒ x = 1 − y , y ∈] − 1, 1[ .

Exemple 8. L’équation implicite x 2 − y 2 = 0 n’admet pas de solution explicite au


voisinge de M0 = (0, 0). En effet, pour tout voisinage V de (0, 0) aussi petit que
l’on veut l’équation "x 2 − y 2 = 0 avec (x, y) ∈ V " n’est pas équivalente à y = ϕ(x)
(puisqu’on a toujours deux choix pour y : y = x ou y = −x ).

Exemple 9. Considérons maintenant l’équation " y 5 + y − x 2 + 1 = 0 pour (x, y) ∈


IR2 ". Pour tout x ∈ IR fixé, l’équation y 5 + y − x 2 + 1 = 0 admet une seule solution
y = ϕ(x) que nous ne savons pas exprimer à l’aide de fonctions usuelles. En effet,
pour x fixé, la fonction h(y) = y 5 + y − x 2 + 1 est une fonction de classe C 1 sur IR
de dérivé positif (donc strictement croissante sur IR), en plus la limite de h en +∞
(resp en −∞) est +∞ (est −∞), donc h est un difféomorphisme de IR sur IR ; la
fonction inverse x 7→ h −1 (x) donne la solution explicite ϕ.

Théorème 1.2.1 (Théorème des fonctions implicites, Cas de deux va-


riables). Soient U un ouvert de IR2 et f : U 7→ IR une application de classe
C k avec k ⩾ 1. Soit M 0 = (x 0 , y 0 ) ∈ U tel que f (x 0 , y 0 ) = 0 et

∂f
(x 0 , y 0 ) ̸= 0
∂y

Alors ils existent :


— I un intervalle ouvert contenant x 0 ,
— J un intervalle ouvert contenant y 0 , et
— une application ϕ : I → J de classe C k ,
tels que I × J ⊂ U avec l’équivalence :

(x, y) ∈ I × J , f (x, y) = 0 ⇐⇒ y = ϕ(x), x ∈ I .


¡ ¢ ¡ ¢
(1.1)

Remarque 2 (Interprétation analytique). L’équivalence (1.1) pourrait encore


être traduite comme suit : Pour tout x dans l’intervalle I , l’équation " f (x, y) =
0 d’inconnue y dans J " admet une unique solution y = ϕ(x). Par ailleurs, si
8 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

∂f
dans l’hypothèse du théorème nous avons plutôt la condition (x 0 , y 0 ) ̸= 0, nous
∂x
aurons alors comme résultat : Pour tout y dans l’intervalle J , l’équation " f (x, y) =
0 d’inconnue x dans J " admet une unique solution x = ϕ(y) (où ϕ : J 7→ I ).

Remarque 3 (Interprétation géométrique). L’équivalence (1.1) pourrait


s’écrire sous forme ensembliste :

{(x, y) ∈ I × J , f (x, y) = 0} = {(x, ϕ(x)) / x ∈ I }.

Il en résulte que si U un ouvert de IR2 et f : U 7→ IR une application de classe C 1


tel que (∇ f ) est non nul sur U , alors au voisinage de tout point de U , l’ensemble
C défini par l’équation cartésienne f (x, y) = 0 est localement le graphe d’une fonc-
tion x 7→ ϕ(x) ou d’une fonction y 7→ ϕ(y). De manière plus précise, tout point
M 0 ∈ U admet un voisinage ouvert U0 ⊂ U tel que la trace U0 ∩ C soit le graphe
d’une fonction d’une seule variable. L’ensemble C est l’exemple type de ce qu’on
appelle une courbe lisse ou variété différentiable de dimension 1 (comme
un cercle, une ellipse, une hyperbole ou un segment de droite).

Remarque 4 (Dérivée de ϕ). Nous n’avons pas l’expression de ϕ de manière


explicite en général, mais tout de même on peut donner la dérivé ϕ′ (x) ; en effet,
la relation
f (x, ϕ(x)) = 0, ∀x ∈ I

exprime que la composée des deux fonctions x 7→ (x, ϕ(x)) suivie de (x, y) 7→
f (x, y), est nulle. En dérivant cette fonction, on obtient alors

∂f ∂f
(x, ϕ(x)) + ϕ′ (x) (x, ϕ(x)) = 0.
∂x ∂y

∂f
Et puisque la fonction est continue, on peut supposer qu’elle reste non nulle
∂y
sur I × J (quite à restreindre ces intervalles). Ce qui permet d’avoir :

∂f
(x, ϕ(x))
ϕ′ (x) = − ∂x .
∂f
(x, ϕ(x))
∂y
1.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 9

Démonstration du théorème (1.2.1). On définit la fonction


G : U → IR2 , G(x, y) := (x, f (x, y)).

Le jacobien de cette fonction au point M0 est :


¯ ¯
¯ 1 0 ¯ ∂f
¯
Jac(ϕ, M 0 ) = ¯¯ ∂ f ∂f
¯
¯= (x 0 , y 0 ) ̸= 0
¯ (x 0 , y 0 ) (x 0 , y 0 )¯¯ ∂y
∂x ∂y
Donc d’après le théorème d’inversion locale, G est un difféomorphisme
local en M0 : Ils existent I voisinage ouvert I 0 intervalle ouvert contenant
x 0 et J 0 intervalle ouvert contenant y 0 tels que I 0 × J 0 ⊂ U , V0 := G(I 0 × J 0 ) est
un ouvert de IR2 et G : I 0 × J 0 → V0 est un difféomorphisme. On a G(x 0 , y 0 ) =
(x 0 , 0) qui est alors un point de l’ouvert V0 , il existe alors I un intervalle
ouvert contenant x 0 tel que I ×{0} ⊂ V0 = {G(x, y) / x ∈ I 0 , y ∈ J 0 } ; il en résulte
que pour tout x ∈ I , il existe un unique y ∈ J 0 (qu’on notera ϕ(x)) tel que
(x, 0) = G(x, y) = (x, f (x, y)).

Ainsi, pour tout x ∈ I , il existe un unique y ∈ J 0 tel que f (x, y) = 0 ; de plus


cette solution y = ϕ(x) satisfait
(x, ϕ(x)) = (G |I ×J 0 )−1 (x, 0).

En d’autre termes, l’application ϕ est la composée de l’application x 7→


(G |I ×J 0 )−1 (x, 0) suivie de la deuxième projection, donc ϕ est également de
classe C k comme f .

1.2.2 Cas f (x, y, z) = 0 avec f : IR3 → IR


Dans cette paragraphe, nous allons nous intéresser aux équations carté-
siennes f (x, y, z) = 0 avec f : IR3 → IR. Nous allons voir, comme application
du théorème ci-dessous, que sous l’hypothèse que f soit de classe C 1 sur
un ouvert U ⊂ IR3 et si en plus le gradient de f est non nulle sur U , alors
l’ensemble des solutions de f (x, y, z) = 0, est localement le graphe d’une
fonction de deux variables à valeurs rélles. On peut s’en convaicre en étu-
diant par exemple le cas de la sphère unité :
x 2 + y 2 + z 2 − 1 = 0, pour (x, y, z) ∈ IR3 .
10 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

Théorème 1.2.2. Soient U un ouvert de IR3 et f : U 7→ IR une application de


classe C k avec k ⩾ 1. Soit M0 = (x 0 , y 0 , z 0 ) ∈ U tel que f (x 0 , y 0 , z 0 ) = 0 et

∂f
(M 0 ) ̸= 0
∂z
Alors ils existent :
— D un voisinage ouvert de (x 0 , y 0 ) dans IR2 ,
— J un intervalle ouvert de IR contenant z 0 , et
— une application ϕ : D → J de classe C k ,
tels que D × J ⊂ U avec l’équivalence :

(x, y, z) ∈ D × J , f (x, y, z) = 0 ⇐⇒ z = ϕ(x, y), (x, y) ∈ D .


¡ ¢ ¡ ¢
(1.2)

Remarque 5 (Interprétation géométrique). L’équivalence (1.4) pourrait


s’écrire sous forme ensembliste :

{(x, y, z) ∈ D × J , f (x, y, z) = 0} = {(x, y, ϕ(x, y)) / z = ϕ(x, y), (x, y) ∈ D}.

Il en résulte que si U un ouvert de IR3 et f : U 7→ IR une application de classe C 1


tel que (∇ f ) est non nul sur U , alors au voisinage de tout point de U , l’ensemble
S défini par l’équation cartésienne f (x, y, z) = 0 est localement le graphe d’une
fonction ϕ :

(x, y) 7→ ϕ(x, y), ou (y, z) 7→ ϕ(y, z), ou (x, z) 7→ ϕ(x, z)

De manière plus précise, tout point M0 ∈ U admet un voisinage ouvert U0 ⊂ U


tel que la trace U0 ∩ S soit le graphe d’une fonction de deux variables réelles.
L’ensemble S est l’exemple type de ce qu’on appelle une surface lisse ou variété
différentiable de dimension 2 (comme une sphère, un cylindre, un tore).

Remarque 6 (Dérivées partielles de ϕ). Nous allons partir de l’équation

f (x, y, ϕ(x, y)) = 0, ∀(x, y) ∈ D


1.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 11

qui exprime que la composée des deux fonctions (x, y) 7→ (x, y, ϕ(x, y)) suivie de
(x, y, z) 7→ f (x, y, z), est nulle. En dérivant cette fonction, on obtient alors
∂f ∂ϕ ∂f

 (x, y, ϕ(x, y)) + (x, y) (x, y, ϕ(x, y)) = 0

∂x ∂x ∂z

∂ f ∂ϕ ∂ f
(x, y, ϕ(x, y)) + (x y) (x, y, ϕ(x, y)) = 0


∂y ∂y ∂z

Ce qui permet d’obtenir

∂f

(x, y, ϕ(x, y))

∂ϕ

∂x


(x, y) = −


∂x ∂f


(x, y, ϕ(x, y))


∂z


∂f
. (1.3)
(x, y, ϕ(x, y))


 ∂ϕ ∂y


(x, y) = −


 ∂y ∂f


(x, y, ϕ(x, y))


∂z

1.2.3 Cas général f : IRp × IRq → IRq


Les deux situations discutés auparavant peuvent être placés dans le
cadre général suivant :

f : IRp × IRq → IRq , (x, y) 7→ f (x, y)

avec x = (x 1 , · · · , x p ) ∈ IRp , y = (x 1 , · · · , x q ) ∈ IRq et f = ( f 1 , · · · , f q ). En voici alors


l’énoncé du théorème principal :

Théorème 1.2.3 (Théorème des fonctions implicites, cas général).


Soient U un ouvert de IRp × IRq et f : U 7→ IRq une application de classe C k
avec k ⩾ 1. Soit (a, b) ∈ U tel que f (a, b) = 0 et

∂( f 1 , · · · , f q ) ∂ fi
· ¸
(a, b) = det (a, b) ≠ 0
∂(y 1 , · · · , y q ) ∂y j

Alors ils existent :


— A un voisinage ouvert de a dans IRp ,
— B un voisinage ouvert de b dans IRq , et
12 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

— une application ϕ : A → B de classe C k ,


tels que A × B ⊂ U avec l’équivalence :

(x, y) ∈ A × B, f (x, y) = 0 ⇐⇒ y = ϕ(x), x ∈ A .


¡ ¢ ¡ ¢
(1.4)

Démonstration. To do
1.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 13

Exercices résolus

Exercice 1
Considérons les deux ouverts

U = {(r, θ)/ r > 0, −π < θ < π} et V = IR2 \ {(x, 0) ∈ IR2 / x ≤ 0},

On considère la fonction ϕ définie sur U par ϕ(r, θ) = (x = r cos θ, y = r sin θ),


et ψ la fonction définie sur V par
à !
y
q
ψ(x, y) = ( x 2 + y 2 , 2 arctan p ).
x + x2 + y 2

Montrer que
1. ϕ(U ) ⊂ V et ψ(V ) ⊂ U ,
2. ϕ(ψ(x, y)) = (x, y) pour tout (x, y) ∈ V ,
3. ψ(ϕ(r, θ)) = (r, θ) pour tout (r, θ) ∈ U ,
y
4. Lorsque x > 0 on a 2 arctan p ∈] − π2 , π2 [ et
2
x+ x +y 2

à à !! à !
y y y y
tan 2 arctan p = , et sin 2 arctan p =p
x + x2 + y 2 x x + x2 + y 2 x2 + y 2

En déduire que si x > 0 alors


y y
q q
ψ(x, y) = ( x 2 + y 2 , arctan )=( x 2 + y 2 , arcsin p )
x x2 + y 2
à !
y
5. Lorsque y > 0 on a 2 arctan p ∈]0, π[ et
x + x2 + y 2
à à !!
y x
cos 2 arctan p =p
x + x2 + y 2 x2 + y 2

x
En déduire que ψ(x, y) = ( x 2 + y 2 , arccos p
p
) dès que y > 0.
x 2 +y 2
14 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

Solution.
To do

Exercice 2
Considérons les deux ouverts

U = {(x, y) ∈ IR2 / x > 0, y > 0, x < y} et V = {(s, t ) ∈ IR2 / s > 0, t > 0, t 2 − 4s > 0},

et g la fonction donnée par g (x, y) = (x y, x + y).


1. Montrer que g est un C 1 -difféomorphisme de U sur V et calculer
g −1 .

2. Vérifier que J (g −1 , g (x, y)) = (J (g , (x, y)))−1 .

Solution.
To do

Exercice 3
Soit U = IR2 ∖ {(0, 0)} et f : U → IR2 définie par f (x, y) = (x 2 − y 2 , 2x y).
1. Montrer que f est un difféomorphisme local au voisinage de tout
point de U mais n’est pas un difféomorphisme global.
2. On pose U ′ = {(x, y) / x > 0} et V ′ = IR2 ∖ {(x, 0) / x ≤ 0}. En utilisant
le théorème d’inversion global, montrer que f est un difféomor-
phisme de U ′ sur V ′ [Indication : En identifiant IR2 avec C | , on pour-

rait interpréter f comme étant la fonction z 7→ z 2 et éventuellement


utiliser les coordonnées polaires].

Solution.
To do

Exercice 4 Soit f (x, y) = e y sin(x) + y(x + 1).


Montrer que l’on peut résoudre l’équation f (x, y) = 0 sous la forme y =
1.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 15

ϕ(x) au voisinage de x = 0. Donner la valeur de ϕ′ (x) et en déduire que


ϕ est de classe C ∞ . Donner les valeurs de ϕ′ (0) et ϕ′′ (0), et en déduire le
développement limité de ϕ à l’origine.

Solution.
To do

Exercice 5 Soit f (x, y, z) = x 2 y + e x + z .


Vérifier que f (0, 1, −1) = 0 et montrer qu’il existe une fonction g de classe C 1
au voisinage du point (1, −1) ∈ IR2 telle que g (1, −1) = 0 et f (g (y, z), y, z) = 0
(donner un énoncé préci concernant l’existence de g ). calculer le gradient
de g au point (1, −1).

Solution.
To do

Exercice 6
Soit U = x, y) ∈ IR2 / x > 0 . En utlisant le changement de variables en
© ª

coordonnées polaires, déterminer les fonctions f : U −→ IR telles que :


∂f ∂f p 2
x +y = x + y 2.
∂x ∂y

Solution.
To do

Exercice 7 On cherche toutes les fonctions de classe C 1 sur le plan, à


valeurs dans IR, telles que

∂f ∂f
3 −5 =0 (E )
∂x ∂y

1. Soit h une fonction réelle de la variable réelle de classe C 1 . Montrer


que la fonction (x, y) 7→ h(5x + 3y) est solution de (E ).
16 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

2. Soit maintenant une fonction f de classe C 1 sur IR2 vérifiant la


relation (E ). Montrer qu’il existe un changement de variable li-
néaire bijectif (x, y) 7→ Φ(x, y) = (ax + b y, c x + d y) (où a, b, c, d sont des
constantes telles que ad − bc ̸= 0) tel que la fonction g définie par
∂g
f = g ◦ Φ vérifie une équation de la forme ∂v = 0. Conclure.
¡ ¢
3. Trouver la solution de (E ) vérifiant f (0, y) = sin y .

Solution.
To do

Exercice 8 Soit a , λ, ω des constantes réels (a ̸= 0).


1. Montrer que la fonction u(x, t ) = sin(aλt + ω) sin(λx) satisfait à
l’équation des cordes vibrantes :

∂2 u 2∂ u
2
= a (1.5)
∂t 2 ∂x 2

2. Soit ϕ et ψ deux fonctions arbitraires deux fois dérivables. Montrer


que la fonction u(x, t ) = ϕ(x −at )+ψ(x +at ) est solution de l’équation
(1.5).
3. Transformer l’équation des cordes vibrantes en prenant de nou-
velles variables (u = x − at , v = x + at ). En déduire sa solution gé-
nérale.

Solution.
To do

Exercice 9 En prenant comme nouvelles variables indépendantes


(u = x + y, v = x − y), transformer l’équation

∂2 f ∂2 f ∂2 f
− 2 + =0
∂x 2 ∂x∂y ∂y 2

En déduire sa solution générale.


1.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 17

Solution.
To do

Exercice 10
Soit U = (x, y) / x > 0, y > 0 et Φ : U −→ IR2 l’application définie par
© ª

y
Φ(x, y) = (x y, ).
x
1. Montrer que Φ est un difféomorphisme de U sur U .
2. On cherche à déterminer les fonctions f : E −→ IR de classe C 1 véri-
fiant l’équation aux dérivées partielles :

∂f ∂f
(I ) x +y = 2x y.
∂x ∂y

3. Déterminer l’équation aux dérivées partielles vérifiée par g = f ◦Φ−1


et en déduire la solution générale de (I ).

Solution.
To do

© ª
Exercice 11 Soit E = (x, y) / x > y et h : U −→ h(U ) l’application défi-
nie par
h(x, y) = (x y, x + y).

1. Déteminer h(U ) et vérifier que h est un difféomorphisme de U sur


h(U ).

2. Trouver les fonctions de classe C 1 , f : U −→ IR, vérifiant l’équation


aux dérivées partielles :

∂f ∂f
(I ) − + 3(x − y) = 0.
∂x ∂y

3. Ecrire la solution de (I ) vérifiant f (x, 0) = x .


18 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

∂f
4. Ecrire la solution de (I ) vérifiant (x, 0) = 2x et f (0, 0) = 0.
∂x

Solution.
To do

Exercice 12

© ª
Notons E = (x, y) /x > 0 et h l’application définie sur E par

h(x, y) = (x 2 − y, x 2 + y).

a) Déterminer h(E ) est vérifier que h est un difféomorphisme de E sur h(E ).


b) Déterminer les solutions dans E de l’équation aux dérivées partielles

∂2 f 1 ∂ f 2∂ f
2
− = 4x .
∂x 2 x ∂x ∂y 2

Solution.
To do

Exercice 13
Soit Φ : IR2 −→ IR2 l’application définie par Φ(u, v) = (u 2 + v 2 , u + v). a) Déter-
miner E ⊂ IR2 et Φ(E ) ⊂ IR2 de façon que Φ soit un changement de variables
de E sur Φ(E ). b) On pose x = u 2 + v 2 , y = u + v . Soit (I ) l’équation aux déri-
vées partielles

∂2 f ∂2 f ∂2 f
2(y 2 − x) + 2y + − (y 2 − x) = 0.
∂x 2 ∂x∂y ∂y 2

Ecrire l’équation aux dérivées partielles vérifiée par F = f ◦ Φ.


c) En déduire les fonctions f : Φ(E ) −→ IR, de classe C 2 , solutions de (I ).

Solution.
To do
1.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 19

Exercice 14
Une fonction f : IRn → IR est dite homogène de degré r (r étant un réel
positif) lorsque :

∀t > 0, f (t x 1 , · · · , t x n ) = t r f (x 1 , · · · , x n ).

Soit f une telle fonction qu’on supposera en plus de classe C 2 sur IRn .
1) Montrer que :
n
X ∂f
xi (x) = r f (x) (I)
i =1 ∂x i
n X
X n ∂2 f
xi x j (x) = r (r − 1) f (x) (II)
i =1 j =1 ∂x i ∂x j
∂f
2) Montrer que la fonction ∂x1 est homogène de degré r − 1.
3) Donner des exemples de fonctions homogènes à deux variables.

Solution.
To do

Exercice 15 [Laplacien en coordonnées polaires] Soit U =


(x, y) ∈ IR2 / x > 0 . Une fonction f : U → IR, de classe C 2 est dite har-
© ª

∂2 f ∂2 f
monique sur U si ∆ f = 2 + 2 = 0.
∂x ∂y
³y´
1. La fonction g (x, y) = arctan est-elle harmonique sur U ?
x
2. Pour f de classe C 2 sur U et g la fonction définie par g (r, θ) =
f (r cos θ, r sin θ). Montrer que

∂2 g 1 ∂g 1 ∂2 g
(△ f )(r cos θ, r sin θ) = (r, θ) + (r, θ) + (r, θ)
∂r 2 r ∂r r 2 ∂θ 2

3. Déterminer les fonctions f harmoniques sur U et qui ne dépendent


p
que de r = x 2 + y 2 .
20 CHAPITRE 1. INVERSION LOCALE - FONCTIONS IMPLICITES

Solution.
To do

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