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FRANÇAIS – 1° Bac Pro.

EVALUATION SÉQUENCE II

TEXTE

J'allais m'endormir.

Trois petits coups secs, impératifs, furent frappés à ma porte.

- Hein ? me dis-je, en sursaut.

Alors je m'aperçus que mon premier somme avait déjà commencé.

J'ignorais où j'étais, je me croyais à Paris. Certains repos donnent ces sortes d'oublis risibles. Ayant

même, presque aussitôt, perdu de vue la cause principale de mon réveil, je m'étirai voluptueusement,

dans une complète inconscience de la situation.

- A propos, me dis-je tout à coup, mais on a frappé ? Quelle visite peut bien ... ?

A ce point de ma phrase, une notion (1) confuse et obscure que je n'étais plus à Paris, mais dans un

presbytère (2) de Bretagne, chez l'abbé Maucombe, me vint à l'esprit.

En un clin d'œil, je fus au milieu de la chambre.

Ma première impression, en même temps que celle du froid aux pieds, fut celle d'une lumière vive. La

pleine lune brillait, en face de la fenêtre, au-dessus de l'église, et, à travers les rideaux blancs, découpait

son angle de flamme déserte et pâle sur le parquet.

Il était minuit.

Mes idées étaient morbides (3). Qu'était-ce donc ? L'ombre était extraordinaire.

Comme je m'approchais de la porte, une tache de braise, partie du trou de la serrure, vint errer sur ma

main et sur ma manche.

Il y avait quelqu'un derrière la porte : on avait réellement frappé.

Cependant, à deux pas du loquet (4), je m'arrêtai court.

Une chose me paraissait surprenante : la nature de la tache qui courait sur ma main. C'était une lueur

glacée, sanglante, n'éclairant pas. - D'autre part, comment se faisait-il que je ne voyais aucune ligne de
lumière sous ma porte, dans le corridor ? - Mais en vérité, ce qui sortait ainsi du trou de la serrure me

causait l'impression du regard phosphorique (5) d'un hibou !

En ce moment, l'heure sonna, dehors, à l'église, dans le vent nocturne.

- Qui est là ? demandai-je, à voix basse.

La lueur s'éteignit : j'allai m'approcher ...

Mais la porte s'ouvrit, largement, lentement, silencieusement.

Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889)

L'INTERSIGNE, in Contes Cruels, 1883

(1) notion : idée (4) loquet : mécanisme de fermeture de porte

(2) presbytère : habitation du curé (5) phosphorique : qui émet des radiations lumineuses

(3) morbides : malsaines

QUESTIONS

I – COMPETENCES DE LECTURE [10 pts]

Toutes les réponses doivent être rédigées.

1) ​Comment peut-on qualifier l'atmosphère du texte ?


Justifiez votre réponse en relevant plusieurs indices.

(2 pts)

2) ​Indiquez ce que ressent successivement le narrateur et comment il réagit.


Quelle focalisation est utilisée dans ce récit ?

(3 pts)
3) ​Comment le narrateur parvient-il à donner à ce récit l'apparence de la réalité ?
Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte (plusieurs réponses sont attendues).

(3 pts)

4) ​En vous appuyant sur des caractéristiques du texte, montrez que le texte de Villiers de
l'Isle-Adam est un récit fantastique.

(2 pts)

II – COMPETENCES D’ECRITURE [10 pts]

" Mais la porte s'ouvrit, largement, lentement, silencieusement. "

En tenant compte des éléments présents dans le récit et en respectant le système

d'énonciation (personne, temps du récit, focalisation), imaginez une suite immédiate à ce

texte. (20 lignes minimum)


CORRIGE

I - Compréhension du texte (10 points)

1) Comment peut-on qualifier l'atmosphère du texte ? (BEP et CAP : 3 pts)


Justifiez votre réponse en relevant plusieurs indices.

L'atmosphère est étrange, inquiétante ... ​(1


pt)

Justifications : la nuit opposée à la vive lumière "


on " a frappé la pleine lune minuit - le vent
nocturne l'ombre extraordinaire tache de braise
lueur glacée, sanglante regard phosphorique de
hibou l'heure sonna ​(4 indices = 2 pts)

2) Indiquez ce que ressent successivement le narrateur et comment il réagit. 1) la surprise "


sursaut " 2) désorienté " j'ignorais où j'étais "inconscient " oublis risibles " " complète
inconscience ", " je me croyais à Paris ", " notion confuse, obscure " 3) inquiet " idées
morbides ", peur " je m'arrêtai court " 4) surpris, il s'interroge " surprenante ",
incompréhension", comment se faisait-il que ... " 5) peur ? " à voix basse " ​(4 éléments de
réponse = 2 pts)

3) Comment le narrateur parvient-il à donner à ce récit l'apparence de la réalité ?


Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte (plusieurs réponses sont attendues).

Le narrateur multiplie les procédés pour faire croire au lecteur que son histoire est vraie. 1) Récit à la
1ère personne, qui semble vécu (" je ") 2) Le discours direct pour raconter ses propres propos, "
exactement " 3) Les précisions concernant le contexte dans lequel survient le phénomène - plus à Paris
- la pleine lune - presbytère de Bretagne - à travers les rideaux blancs - abbé Maucombe 4) on avait "
réellement " frappé 5) Les analyses rationnelles qu'il tente de faire pour expliquer le phénomène auquel
il est confronté. - Il venait de s'endormir, son esprit est confus (l. 4, 7 et 9) - " C'était ... Comment se
faisait-il ... " (l. 21 à 23) - " Mais en vérité... " : discours logique ​(3 éléments de réponse = 3 pts)
4) En vous appuyant sur le document, montrez que le texte de Villiers de l'Isle-Adam est un récit
fantastique.

Ancrage du récit dans un univers quotidien vraisemblable. Irruption d'un phénomène étrange et
inexplicable dont est " victime " le narrateur. Doute chez le lecteur qui partage l'expérience du narrateur.
(2 pts) Dans cette partie, où seules les compétences de lecture sont évaluées, ne pas pénaliser les
maladresses d'expression (syntaxe, lexique, orthographe...) mais retirer 0,5 pt par réponse non rédigée.

II - Expression écrite (10 pts)

" Mais la porte s'ouvrit, largement, lentement, silencieusement. "

En tenant compte des éléments présents dans le récit et en respectant le système d'énonciation
(personne, temps du récit), imaginez une suite immédiate à ce texte. (20 lignes minimum)

Prendre en compte : ​1) Le respect des indications fournies par le texte et par le
sujet (3 pts) : ​- l'époque, le moment, - le lieu, - le personnage, - les événements
qui précèdent, - récit à la première personne, - récit au passé.

2) Le contenu du texte produit (4 pts) : ​- transition avec le


texte, - introduction d'événements nouveaux, - analyse
des réactions, des sentiments du personnage, - atmosphère
fantastique, - organisation en paragraphes.

3) La qualité de l'expression (3 pts) : ​- correction de


la syntaxe, - richesse, précision du vocabulaire, -
correction de l'orthographe et de la ponctuation, -
respect de la longueur.

On n'accordera pas la moyenne à un essai hors sujet.

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