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de Annie Ernaux
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Annie Ernaux
BIOGRAPHIE
Annie Ernaux est née en le 1er septembre 1940 à Lillebonne, en Seine-Maritime.
Elle a grandi en Normandie à Yvetot, où ses parents tenaient un café-épicerie. Elle
est issue d’un milieu modeste, mais elle réussit à faire des études supérieures
professeure certifiée, puis agrégée de lettres modernes.
Son premier roman, Les armoires vides (1974) annonce déjà le caractère
autobiographique de son œuvre.
Ses livres parlent de sa propre vie et et la manière dont elle l'a vécue à travers les
événements et le contexte historique de son époque. Ses ouvrages abordent par
exemple l’ascension sociale de ses parents (La Place, La Honte), son mariage (La
Femme gelée), sa sexualité et ses relations amoureuses (Passion simple, Se
perdre), son environnement (Journal du dehors, La Vie extérieure), son
avortement (L’Événement), la maladie d’Alzheimer de sa mère (Je ne suis pas
sortie de ma nuit), la mort de sa mère (Une femme) ou encore son cancer du sein
(L’Usage de la photo, en collaboration avec Marc Marie), construisant ainsi une
œuvre littéraire auto-socio-biographique.
Historique des prix reçus :
1984 - Prix Renaudot, La Place
2008 - Prix Marguerite-Duras, Les Années
2008 - Prix François Mauriac de la Région Aquitaine, Les Années
2008 - Prix de la langue française, l’ensemble de son œuvre
2014 – Docteur honoris causa de l’université de Cergy-Pontoise
PRESENTATION DE L’ŒUVRE
Ce livre L'Evénement est un récit court publié par Annie Ernaux alors qu’elle a 60
ans. Cet évènement retrace trois mois de sa vie en 1963, elle a 23 ans à cette
époque. Elle parle ouvertement d'un moment qui a vraiment secoué sa vie.
Le livre offre un aperçu de l'histoire et de la société, en se concentrant sur la
situation des femmes. Il met en lumière les détails compliqués de cet événement
particulier et comment il a affecté sa vie et la société en général.
En effet, l’avortement est illégal en France à cette époque. Donc aucun médecin
ne peut légalement mettre fin à cette grossesse.
Le roman L'Événement d'Annie Ernaux a fait l'objet aussi d'une adaptation
cinématographique en 2021.
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Description des
personnages
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Annie Duchesne :
C’est le pseudonyme d'Annie Ernaux : Elle est la narratrice du roman et l'auteure
elle-même. A l'époque des événements racontés, elle est une étudiante de 23 ans
qui tombe enceinte et souhaite avorter.
Docteur N. :
C’est le gynécologue d’Annie Duchesne. Il est compréhensif envers Annie, mais il
veut respecter la loi.
P. :
C’est son petit ami. Il se montre indifférent à cet événement.
Mme P.-R. :
Vieille femme. Aide-soignante. Faiseuse d’ange, peu bavarde. Elle est capable de
pratiquer l’avortement dont Annie a besoin contre de l’argent.
O. :
C’est sa voisine de chambre à la Cité universitaire. C’est une confidente d’Annie.
Elles sont solidaires toutes les deux lorsqu’Annie avorte. Elles se soutiennent
toutes les deux.
L.B :
C’est une femme qui s’est fait avortée il y a 3 ans. Elle est pigiste. Elle aide Annie à
organiser l’avortement.
Jean T :
Etudiant marié et salarié ayant des idées révolutionnaires. Il fait partie d’une
association semi-clandestine luttant pour la liberté de la contraception, le
planning familial. Il donne un contact à Annie pour qu’elle puisse se faire avorter.
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Résumé par chapitres
1/ Dès le début du livre, nous savons que nous nous trouvons à la station Barbès,
à Paris. Nous suivons une femme qui se dirige vers l’hôpital, elle attend dans une
salle d’attente. Elle corrige des copies. Elle doit être enseignante. Un médecin la
reçoit et lui annonce rapidement que le test est négatif.
On comprend que c’est un service à l’hôpital où ils font des tests de dépistage
pour le sida. Elle ressort de l’hôpital de Lariboisière soulagée que le test soit
négatif. Elle se sent sauvée. Elle se souvient alors d’une scène de sa vie où elle
avait vécu une expérience similaire en 1963.
Procédés : Dans ce chapitre, l'auteure utilise des descriptions pour décrire les
scènes, les personnages et les émotions de la narratrice. Par exemple, elle décrit
une rue de Paris, les gens qu'elle voit, la salle d'attente du médecin.
Le texte commence par « je ». La narration est donc à la première personne. Le
récit est raconté du point de vue de la narratrice, et donne un accès direct à ses
pensées et à ses sentiments. Nous savons que l’action se situe à Paris avec les
mots « Barbès » et les « sacs roses de chez Tati » (magasin connu de Paris).
Nous connaissons le métier de cette jeune femme car elle dit « j’ai commencé à
corriger les copies que j’avais emportées ». Mais, nous ne connaissons pas son
prénom. On peut situer l’époque, cela se situe dans les années 1990. Il est indiqué
« un jeune noir avec un walkman ». Cet appareil existait dans les années 1990. On
dit également que les gens qui attendent dans cet hôpital sont présents pour se
faire dépister du VIH (virus du sida), nous pouvons imaginer aussi que nous
sommes dans ces années car le sida était très présent à cette époque.
2/ Elle raconte ce qui lui est arrivé en 1963. Elle raconte qu’elle attendait l’arrivée
de ses règles qui ne sont jamais venues. Elle y pensait sans cesse même au point
de ne pas prendre de plaisir pour ses sorties et ses activités. C’était une obsession.
Mais comme ses règles ne venaient toujours pas, elle a décidé d’aller voir son
gynécologue. Le gynécologue lui a dit qu’elle devait être enceinte car ce qu’elle
prenait pour des douleurs à l’estomac étaient en fait des nausées. Le gynécologue
confirme bien à la jeune femme qu’elle est enceinte. Le gynécologue lui transmet
un certificat de grossesse. Elle écrit au jeune homme qui l’a mise enceinte pour le
lui annoncer.
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On voit la réaction de la jeune fille quand elle apprend qu’elle est enceinte car sa
réaction est la suivante « J’ai vu l’été, le soleil. J’ai déchiré le certificat ». On
comprend à ce moment-là que le nom qui nous est donné dans ce chapitre
« Annie Duchesne » et en réalité le nom de l’auteur qui écrit. Il s’agit donc d’un
récit autobiographique. Elle déchire le certificat, nous sommes en 1964. On
comprend qu’elle est trop jeune pour avoir un enfant et elle a peur de la réaction
de sa mère. Elle cherche encore à profiter de sa jeunesse. Les règles, la grossesse
sont des éléments qui semblent représenter des thèmes importants dans le livre.
Elle a vécu cet évènement, cet avortement comme de la clandestinité. Elle qualifie
cependant cet évènement de « inoubliable ».
Elle décrit une grossesse non désirée. Elle raconte son état d’esprit à ce moment-
là. Elle ne peut pas nommer d’ailleurs cet enfant car pour elle, il n’existe pas et
n’existera jamais car elle ne souhaite pas le garder. Elle raconte ses doutes et ses
émotions.
Elle parle de sa condition sociale et montre la relation qu’il peut exister entre
cette classe sociale (elle est issue d’une famille d’ouvriers et de petits
commerçants) et sa situation actuelle, sa grossesse. Elle semble vouloir dire que
son origine sociale modeste a pu contribuer à sa situation, comme si le fait
d'appartenir à une classe sociale moins favorisée aurait pu jouer un rôle dans sa
grossesse non désirée. Il s’agit bien d’une autobiographie qui correspond à sa vie.
Elle cherche la meilleure solution pour se faire avorter contre une certaine somme
d’argent. Elle nous raconte qu’elle a rencontré Jean T. le jour où elle a déchiré son
certificat de grossesse. Elle lui révèle sa grossesse et elle espère qu’il pourra
l’aider. Il lui promet qu’il lui trouvera un médecin qui pourra l’avorter.
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Procédés : La narratrice s’est renseignée sur les façons de faire disparaître cet
enfant. Plusieurs mots sont cités comme « l’aiguille à tricoter », « la queue de
persil ». Elle est donc déterminée à faire disparaitre cet enfant. Aussi, le mot
« cramponner » dans le texte est utilisé deux fois pour décrire la douleur d’une
femme qui a subi l’avortement et qui décrit sa propre expérience. Mais la
narratrice est prête à affronter cette épreuve. Elle dit d’ailleurs que pour réaliser
cette épreuve « il suffirait de suivre la voie dans laquelle une longue cohorte de
femme m’avait précédée ».
L’auteure fait référence à ces femmes qui se sont battus pour faire reconnaître
leur droit. Elle pourrait d’ailleurs très bien faire référence à l’une de ces femmes
comme Olympe de Gouges.
Lorsque la narratrice raconte à Jean T. qu’elle est enceinte, il lui est venu « un air
de curiosité et de jouissance, comme s'il me voyait les jambes écartées, le sexe
offert ». Elle utilise ici une métaphore pour décrire comment il perçoit sa
révélation de la grossesse.
Jean T. lui donne le nom d’une femme qui s’est fait avorter il y a 3 ans. Annie
cherche alors à retrouver cette femme qui se nomme L.B. Elle se rend compte
alors que cela ne sera pas si facile.
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Mais, la narratrice dit que « les problèmes s’amoncellent ». Cela signifie qu’Annie
rencontre des difficultés par rapport à sa situation personnelle. Sa vie devient
compliquée en raison de sa grossesse non désirée et de ses recherches pour
trouver une solution.
Lorsque la narratrice cherche L.B, elle l’attend deux soirs de suite, cela signifie
qu’il y a urgence, elle la cherche absolument. Elle l’attend même sous la pluie. Elle
a aussi un sentiment de peur. Elle a peur que sa « démarche soit suspecte ». Cela
montre les difficultés qu’elle rencontre en cherchant cette personne qui pourrait
l’aider. Elle écrit qu'il faut que "cette chose-là parte". Cela fait référence à la
grossesse non désirée et cela montre l'urgence de sa décision et son désir de se
débarrasser de cette grossesse.
Elle continue ses recherches même dans des quartiers plus pauvres de Rouen
espérant trouver un médecin qui voudrait bien l’avorter. Elle raconte l'importance
de la musique et de l'art pour trouver du réconfort dans Ces moments difficiles.
Puis, elle continue ses recherches et elle rencontre un médecin généraliste. Il lui
dit qu'elle est probablement enceinte après un examen. La narratrice n'ose pas lui
demander directement de l’avorter. Il lui prescrit seulement des médicaments
pour ses règles.
Procédés : Nous voyons qu’elle est angoissée car elle doit absolument trouver ce
médecin. Elle se donne du courage et du réconfort dans sa recherche et ces
moments difficiles en pensant à une chanson joyeuse et dansante "Dominique"
chantée par Sœur Sourire, une religieuse dominicaine.
La narratrice avait appris le suicide de Sœur Sourire des années plus tard. Elle
comprend ces personnes comme Sœur Sourire qui ont vécu en marge de la
société. Elle s’identifie et comprend ces femmes qui ont eu des expériences
similaires comme elle. Ces femmes forment une « chaîne invisible » dans son
esprit.
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En ressortant de chez le médecin, la narratrice utilise une métaphore « j’ai dû
faire un effort pour sortir du soleil d’hier de la place Saint-Marc ». C’est une
transition entre son état de rêverie et un état de conscience plus sérieux.
C’est pour cela qu’Annie dit ensuite « qu’il était impossible de déterminer si
l’avortement était interdit parce que c’était mal, ou si c’était mal parce que c’était
interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas la loi ». Cela signifie que
personne ne veut transgresser la loi car les médecins ont peur. A cette époque, on
craint la loi et on n’essaie pas de savoir si cette loi est juste et ce qu’elle implique.
Les gens pourraient parler plus librement autour de cette loi et échanger sur ce
qu’elle implique. Cela montre le conflit moral qu’il peut y avoir autour de
l’avortement. Cela montre la façon dont la loi influençait les jugements et les
décisions en matière d'avortement à l'époque.
Elle dit qu’elle est en train de devenir une « pauvre fille », c’est un sentiment de
honte qu’elle éprouve face à cette situation. Elle sent aussi que le temps passe.
Elle essaie de ralentir la progression du temps, des jours et des semaines. Elle est
angoissée par rapport à cette grossesse non désirée face au temps qu’on ne peut
pas arrêter. Elle a l’impression également que son vécu est à la fois réel et un rêve
avec « un temps qui s’épaissit sans avancer comme celui des rêves ».
L’étudiante du début était enthousiaste et impliquée dans ses études. Elle est
même devenue indifférente. Elle n’arrive plus à se concentrer sur son travail
universitaire. Sa grossesse a bouleversé ses études, sa vie.
La narratrice nous explique que sa grossesse a un impact sur son état physique
(nausées, malaises) et émotionnel.
Procédés : Elle espère ne plus avoir ses nausées, elle espère qu’un jour elles vont
disparaître. Elle ne peut donc pas oublier son état de grossesse. Ses nausées le lui
rappellent sans cesse. Elle a des « malaises constants ». Sa vie n’est plus la même.
Cela a des conséquences sur sa vie quotidienne. Elle note même sur un agenda
son état de santé. Elle a aussi des envies de certains aliments. Tout ceci sont des
conséquences de sa grossesse.
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Elle regrette le temps d’avant où elle plaisait et où elle aimait plaire. Elle séduisait.
Elle rêvait des garçons qui lui plaisaient. Cela montre un contraste entre son passé
insouciant et sa situation actuelle de grossesse. D’ailleurs, elle fait référence à une
« photo du mois de septembre » où c’est la dernière image de sa jeunesse. Nous
avons l’impression qu’elle a perdu sa jeunesse avec cette grossesse.
La narratrice nous parle de sa relation avec ses parents, surtout avec sa mère. Elle
cache sa situation personnelle lorsqu’elle va leur rendre visite. La dernière fois
qu’elle a été rendre visite à ses parents, elle a pris une paire d’aiguilles à tricoter.
Procédés : La narratrice ne dit pas à sa mère qu’elle est enceinte. Sa mère est
d’une ancienne génération. Elle est attachée à des croyances traditionnelles,
conservatrices en matière de morale et de sexualité. C’est un conflit de
génération. En prenant cette paire d’aiguilles à tricoter chez ses parents, la
narratrice prend la décision d'agir seule. Cela marque un tournant dans le récit.
La narratrice va voir avec des amies de son université un film « Mein Kampf ». Elle
décide de tenter d’avorter à l’aide des aiguilles à tricoter récupérées chez ses
parents. Comme elle ne réussit pas, elle décide d’aller voir le Docteur N, son
gynécologue.
Procédés : Ce film est assez symbolique car cela signifie « mon combat ». Nous
pensons à la narratrice qui se bat pour faire disparaître ce bébé. C’est aussi un
parallèle entre son propre combat (l'avortement) et la lutte et la souffrance vécue
pendant la période nazie. Elle utilise aussi une comparaison entre la souffrance
qu'elle va subir et celle qui existait dans les camps de concentration pendant la
seconde guerre mondiale. Elle se donne donc du courage. D’autres femmes avant
elles ont été aussi dans la souffrance.
Elle n’a pas réussi pas à avorter seule. Les mots « impossible » et « je pleure et j'en
ai plus que marre » montre sa douleur, sa détresse, ce qu’elle ressent à ce
moment-là de sa vie. Elle montre les émotions intenses face à cette situation, à
cet échec.
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ressortant de chez le médecin, Annie se sent coupable de ne pas avoir pleuré plus
devant lui. Elle a un sentiment de culpabilité et elle a raté sa dernière chance.
Procédés : Mais ses amies ne sont plus présentes à l’université et elles ne peuvent
donc pas la soutenir. Et cet étudiant semble même avoir peur de sa situation. Elle
se sent seule. Elle réussit à se confier à une camarade qui se nomme O. La
narratrice a besoin de partager avec d’autres personnes, d’échanger sur ses
émotions, d’obtenir des conseils. Elle veut qu’on l’écoute et elle ne souhaite pas
qu’on la juge ou que ces personnes se demandent comment va se terminer son
histoire.
P., celui qu’il l’a mise enceinte semble désintéressé de sa situation. Il veut revenir
à sa vie d’étudiant intéressé par ses examens et son avenir. Malgré cela, elle
n’arrive pas à mettre fin à leur relation. Elle préfère « troubler sa tranquillité ».
Elle dit même qu’elle souhaite conserver leurs projets communs pour Noël. Cela
créé un fossé entre ses sentiments et ses actions futures.
Depuis deux mois, la narratrice essaie de trouver un moyen pour se faire avorter
et enfin un jour L.B. vient frapper à sa porte. Elle lui donne l’adresse d’une aide-
soignante (une faiseuse d’anges) à Paris qui peut réaliser enfin ce qu’Annie
souhaite. Cette femme s’appelle Madame P.-R. Cet acte coûte 400 francs. L.B. lui
propose même de lui donner cet argent. Comme cela était prévu, elle effectue le
voyage avec P. (celui qui l’a mise enceinte).
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Pendant ce séjour, la narratrice essaie même de provoquer une fausse couche en
faisant des activités risquées. Elle espère que cela mettra fin à sa grossesse. Mais
elle n’a pas réussi. Cela montre là encore son désespoir, son désir désespéré. Mais
la situation est bien réelle.
Elle revient de son séjour en voiture avec une famille qui parle que leur fille a fait
une fausse couche. Elle pense tout de suite à son avortement. Tout tourne autour
de cette situation.
Mme P.-R agit ainsi peut-être pour l’argent ou pour aider les femmes qui
souhaitent avorter et qui ne le peuvent pas. Elle peut avoir des intérêts financiers
comme avoir des sentiments envers ces femmes qui sont besoin d’aide. Cet
avortement est aussi un risque pour cette femme.
14/ Le rendez-vous
Procédés : Ce passage qui parle d’un grain de beauté « un gros grain de beauté
dans le dos » est une métaphore qu’elle utilise pour l’avortement. Elle essaie donc
de cacher toujours la vérité autour d’elle. Elle imagine « une salle d'opération
nickel avec un chirurgien en gants de caoutchouc ». Cela montre les attentes de la
narratrice mais il s’agit d’un avortement clandestin.
Elle arrive le jour J en avance au rendez-vous, elle a peur. Elle passe même devant
une église où elle prie et espère ne pas souffrir. Ce symbole religieux est un
réconfort pour elle. Le lecteur est dans l’attente, il ne sait pas si son avortement
va réussir.
L’atmosphère est tendue dans cette chambre où Mme P.-R réalise cet
avortement. Mme P.-R semble cependant maîtriser cette technique d’avortement
où plusieurs femmes avant la narratrice sont passées. Mme P.-R essaie malgré
tout de rassurer la narratrice. La narratrice a du mal à imaginer qu’elle est dans
cette situation. L’évènement est bien réel, d’ailleurs elle continuera de se rappeler
« pendant des années cette chambre ».
Ce passage décrit l’avortement dans les détails. Le lecteur rentre dans les pensées
de la narratrice. Nous savons qu’elle ressent une certaine douleur physique, de la
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peur envers la faiseuse d’anges. Le lecteur est en réalité témoin de la scène.
D’autres femmes comme elle ont avorté aussi clandestinement. Après cet
évènement marquant, la faiseuse d’ange raccompagne la narratrice.
Nous voyons la narratrice qui est perturbé par cet avortement et la faiseuse
d’ange qui l’accompagne, qui la soutient. Finalement, cette faiseuse d’ange
semble la protéger.
Elle appelle de nouveau Mme P.-R car elle ne ressent aucune contraction, elle
pense que l’avortement a échoué. Elle est accueillie par Madame P.-R dans une
ambiance assez étrange, un homme est présent et une nouvelle sonde est prête à
être posée. Mais, en réalité, la narratrice est prête à accoucher. Mme P.-R lui a
posé une sonde, elle se rend chez le Docteur N.
La narratrice a retiré le nom de Mme P.-R de ses contacts. Mais, elle ne l’a jamais
oublié. Aussi, la narratrice fait un parallèle entre les réfugiés kosovars à Calais, qui
sont poursuivis par des passeurs, et les femmes qui avaient recours à des
avorteuses clandestines. La société réagit de façon différente à ces deux
situations.
16/ L’attente
Procédés : Elle est dans l’attente, la sonde ne la gêne plus même, mais la vie
continue autour d’elle comme le son de La « Marseillaise et des rires à l'étage au-
dessus ». La narratrice indique que cette chambre où a eu lieu cet avortement a
joué un rôle dans sa vie d'écrivain. Ses souvenirs dans cette chambre lui ont
permis d’écrire son premier livre autobiographique, « les armoires vides ». Le fait
d’écrire ce roman autobiographique a été un moyen pour elle de réfléchir et de
partager ses moments avec d'autres.
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17/ L’avortement
La narratrice rend visite à ses parents. En allant au cinéma avec sa camarade O.,
elle est prise de douleurs au ventre. Les douleurs sont de plus en plus importantes
et elle doit quitter la salle de cinéma, revient à la cité universitaire, et se couche.
O. reste à ses côtés pour lui donner des conseils. La narratrice décrit
l’accouchement, l’avortement.
Procédés : O. lui donne des conseils sur la respiration qui ressemblent à des
conseils pour diminuer les contractions lors d’un accouchement. Nous pouvons
imaginer qu’elle est en train d’accoucher. En effet, Annie est en train d’accoucher.
L’auteure utilise la métaphore « Cela a jailli comme une grenade » pour indiquer
qu’elle accouche. Le ton est direct, crû. La narratrice compare l'objet qu'elle
expulse à un "petit baigneur". Cela créé une forte émotion sur le lecteur. Cette
scène est violente, intime. Elle est soutenue par son amie O. dans ce moment
difficile. Elles sont solidaires entre elles et cela marque leur amitié. Elles
examinent le fœtus, puis elles pleurent silencieusement toutes les deux. Ce
moment est difficile, elles sont toutes les deux face à leurs émotions.
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La narratrice utilise le ton de l’ironie quand L.B., J.B et Jean T viennent la voir. Elle
a l’impression d’être proche des femmes qui viennent dans cet hôpital accoucher
car elle utilise la métaphore de l'accouchement pour décrire son avortement.
La narratrice rentre chez ses parents. Le médecin de famille qui est au courant de
son avortement vient la consulter discrètement et lui prescrit de la pénicilline. Il
est étonné qu’elle a été à Paris car une faiseuse d’ange faisait « ça » très bien dans
son quartier.
Procédés : Le médecin dit « elle fait ça très bien », il le dit sur un ton ironique. Le
médecin n’aurait pas pu lui donner cette adresse non plus puisque ces
avortements sont punis par la loi. La réaction du médecin est même assez
hypocrite. Elle fait part de son état d’esprit à son retour. Elle dit qu’elle se sent
« ivre d'une intelligence sans mots ». Elle a du mal à reprendre son mémoire
universitaire. Elle a du mal à trouver ses mots.
En fait, la narratrice n’éprouve plus de plaisir dans les fêtes, ni lorsqu’elle invite un
garçon chez elle. Elle semble avoir perdu le goût du plaisir à la vie. Elle se sent
exclue, jugée lorsqu’elle se rend dans une église. Elle n’ose pas se confesser au
prêtre à propos de cet avortement. D’ailleurs, elle dit que « le temps de la religion
était fini pour moi ».
La narratrice décrit sa réintégration dans sa nouvelle vie. Elle indique qu’elle garde
désormais des enfants, elle travaille pour rembourser le prêt qui a servi à
l’avortement. Elle reprend une activité de loisirs comme aller au cinéma.
Procédés : Elle va chez le coiffeur, et se fait couper ses cheveux longs, elle
remplace ses lunettes par des lentilles. Elle essaie de reprendre une nouvelle vie
après l’évènement qui l’a traumatisée. Elle a réussi à tourner la page, elle
remercie Mme P.-R car cet avortement n’aurait jamais pu se faire sans elle. La
narratrice a tiré des leçons de cette expérience traumatisante. Elle a réussi à ne
plus se sentir coupable. C’est grâce à l’écriture qu’elle a réussi. Cela lui a permis
aussi de partager son histoire avec les autres.
19/ La fin
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Extrait et analyse
J’ai choisi d’analyser ce passage :
« J'ai ressenti une violente envie de chier. J'ai couru aux toilettes, de l'autre
côté du couloir, et je me suis accroupie devant la cuvette, face à la porte. Je
voyais le carrelage entre mes cuisses. Je poussais de toutes mes forces. Cela a
jailli comme une grenade, dans un éclaboussement d'eau qui s'est répandue
jusqu'à la porte. J'ai vu un petit baigneur pendre de mon sexe au bout d'un
cordon rougeâtre. Je n'avais pas imaginé avoir cela en moi. Il fallait que je
marche avec jusqu'à ma chambre. Je l'ai pris dans une main – c'était d'une
étrange lourdeur – et je me suis avancée dans le couloir en le serrant entre
mes cuisses. J'étais une bête. La porte de O. était entrebâillée, avec de la
lumière, je l'ai appelée doucement, « ça y est ».
La narratrice ressent le besoin d'aller aux toilettes. Le texte donne une description
crue et directe de l'expérience de la narratrice. Cela montre la violence de l’acte
avec la métaphore d’une « grenade ». Cela montre la violence de ce moment, de
la situation. Annie Ernaux utilise des images fortes pour créer une atmosphère
traumatisante. En effet, le symbole du fœtus suspendu par un cordon ombilical
montre la situation difficile de la narratrice et des femmes de cette époque.
Ce passage montre le style d'écriture simple et surtout direct d'Annie Ernaux. Son
style est rempli d’émotions. La narratrice prend à ce moment-là conscience de
l'histoire des femmes en général et des difficultés où elles sont confrontées à une
époque où l'avortement était illégal.
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Impressions de lecture et
avis critiques
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Résumé de 10 lignes
Dans les années 1990, Annie Ernaux attend les résultats d’un test VIH et elle se
rappelle un évènement qui lui est arrivé dans les années 1960. Elle était à cette
époque étudiante et elle découvre qu’elle est enceinte. Elle cache même sa
grossesse à ses parents, à ses amies de l’université.
Elle souhaite alors mettre fin à cette grossesse non désirée, elle souhaite avorter
pour continuer ses études.
Mais l’avortement dans ces années est illégal. Elle cherche donc une solution pour
avorter en urgence. Ces pratiques illégales étaient souvent effectuées par des
faiseuses d’ange.
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