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Université d’Abomey-Calavi

Institut National de l’Eau

ETUDE PLAN DELTA


Etat des lieux du delta de l’Ouémé

Rapport thématique n°4/9


GOUVERNANCE DE L’EAU

Programme OmiDelta
Composante Gestion Intégrée des Ressources en Eau
Acteurs étatiques

Octobre 2019
OMIDELTA

Université d’Abomey-Calavi Adresse 01BP 526, Cotonou, Bénin


Tel +229 97 753
Institut National de l’Eau
Internet www.uac.bj

ETUDE PLAN DELTA


Etat des lieux du delta de l’Ouémé

Rapport thématique n°4/9


GOUVERNANCE DE L’EAU

Programme OmiDelta
Composante Gestion Intégrée des Ressources en Eau
Acteurs étatiques

Financement Royaume des Pays-Bas


Guichet Acteurs Etatiques (CAA)

Octobre 2019

Elaboré : OmiDelta-INE
Contrôlé : PM-ODA-INE
Approuvé : D-INE

Assistance
technique : COWI – Royal Haskoning-DHV
TABLE DES MATIERES
Table des matières ......................................................................................................................... 5
Liste des Figures ............................................................................................................................. 5
Liste des Tableaux .......................................................................................................................... 5
Abréviations et acronymes ............................................................................................................. 7
Résumé .......................................................................................................................................... 9
1 Introduction ............................................................................................................................ 11
2 Cadre conceptuel pour la gouvernance de l’eau au Bénin ......................................................... 13
3 Gouvernance de l’eau au Bénin ............................................................................................... 15
3.1 Aperçu général sur la gouvernance du pays ...............................................................................15
3.2 Gouvernance par sous-secteur impliqué dans la GIRE ...............................................................16
3.2.1 Sous-secteur approvisionnement en eau potable............................................................17
3.2.2 Sous-secteur de l’assainissement .....................................................................................19
3.2.3 Sous-secteur agriculture, irrigation, aquaculture et pêche ..............................................19
3.2.4 Protection contre inondations, catastrophes naturelles et changements climatiques ...21
4 Cadre juridique de la GIRE ....................................................................................................... 23
4.1 Instruments juridiques nationaux ...............................................................................................23
4.2 Conventions et accords internationaux ......................................................................................26
4.3 Documents de stratégie ..............................................................................................................28
4.4 Plan delta et autres outils de planification en place dans le delta ............................................31
5 Cadre institutionnel de la gouvernance du delta de l’Ouémé .................................................... 33
5.1 Acteurs du cadre institutionnel ..................................................................................................33
5.1.1 Cadre Institutionnel ..........................................................................................................33
5.1.2 Analyse des capacités institutionnelles ............................................................................35
5.2 Pertinence et légitimité des institutions dans la gestion du delta.............................................36
5.3 Coopération entre les acteurs parties prenantes .......................................................................37
6 Conclusion .............................................................................................................................. 39

LISTE DES FIGURES


Figure 3.1 : Esquisse d’organigramme de la Présidence de la République ............................................15
Figure 4.1 : Illustration du constat de non connaissance des textes .....................................................25
Figure 5.1 : Cadre institutionnel de la GIRE ...........................................................................................33
Figure 5.2 : Etat des lieux de la concertation des acteurs à la base utilisant les ressources en eau .....35
Figure 5.3 : Différents types de conflits au niveau de certaines communes du delta. ..........................37

LISTE DES TABLEAUX


Tableau 3.1 : Risque de mal gouvernance dans le secteur AEP................................................................18
Tableau 3.2 : Risque de mal gouvernance dans le secteur de l’assainissement.......................................19
Tableau 3.3 : Risque de mal gouvernance dans le secteur de l’agriculture .............................................20

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 5


Tableau 4.1 : Instruments juridiques nationaux .......................................................................................23
Tableau 4.2 : Conventions et accords internationaux applicables au projet............................................26

Page 6 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


ABREVIATIONS ET ACRONYMES
AE Acteurs Etatiques
ABEC Agence Béninoise pour l’Environnement et le Climat
ABO Agence de Bassin de l’Ouémé
ABMCQ Agence Béninoise de Métrologie et du Contrôle de la Qualité
AEP Approvisionnement en Eau Potable
ACVDT Agence du Cadre de Vie pour le Développement du Territoire
ANPPDT Agence Nationale de Promotion des Patrimoines et de Développement du Tourisme
ANPEMR Agence Nationale d’Approvisionnement en Eau potable en Milieu Rural
ANPC Agence Nationale de Protection Civile
AQUADED Aquaculture et Développement Agricole
ATDA Agence Territoriale de Développement Agricole
AQ Assurance Qualité
AT Assistance Technique
BEES Benin Environment and Education Society
CANEA Concertation des Acteurs Non Etatiques des secteurs de l'eau et de l'assainissement au
Bénin
CNEau Conseil National de l’Eau
CB Comité de Bassin
CIE Conseil Interministériel de l’Eau
CIPCRE Cercle International pour la Promotion de la Création -Bénin
CLE Comité Local de l’Eau
CSB Comité de Sous Bassin
DAT Délégation à l’Aménagement du Territoire
DCAM Développement communautaire et assainissement du milieu
DGAT Direction Générale de l’Administration Territoriale
DG Eau Direction Générale de l’Eau
DGR Direction du Génie Rural
DGRE Direction Générale des Ressources en Eau
DGEC Direction Générale de l’Environnement et du Climat
DIRO Développement Institutionnel et Renforcement Organisationnel
DNSP Direction Nationale de Santé Publique
DPH Direction de la Production Halieutique
FNEau Fonds National de l’Eau
GIRE Gestion Intégrée des Ressources en Eau
GSF Fonds mondial pour l’assainissement
INE Institut National de l’Eau
MAEP Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche
MEM Ministère de l'Eau et des Mines
MCVDD Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable
MS Ministère de la Santé
MESRS Ministère des Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
MCDGL Ministère chargé de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale
MTCS Ministère du Tourisme de la Culture et des Sports
MIC Ministère de l’Industrie et du Commerce
MEF Ministère des Finances et de l’Economie
MAE Ministère des Affaires Etrangères
MECPD Ministère d’Etat Chargé du Plan et du Développement
MJL Ministère de la Justice et de la Législation
MIT Ministère des Infrastructure et du transport
MISP Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 7


NICHE Netherlands Initiative for Capacity building in Higher Education
ODD Objectif de Développement Durable
ONG Organisation Non Gouvernementale
OmiDelta Programme Eau et Assainissement financé par les Pays-Bas au Bénin (2017–2021)
OSC Organisations de la Société Civile
PAG Programme d’Action du Gouvernement
PANGIRE Plan d’Action National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau
PNE Partenariat National de l’Eau
PAIA-VO Projet d’Appui aux Infrastructures Agricoles dans la Vallée de l’Ouémé
PADA Projet d'Appui à la Diversification Agricole
PDA Plan Directeur d’Aménagement
PPAAO Projet de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest
PADMAR Projet d’Appui au Développement de Maraîchage
PDD AEP-MR Plan Directeur de Développement du sous-secteur de l’Approvisionnement en Eau
Potable en Milieu Rural
PDU Plans Directeur d’Urbanisme
PNHA Politique nationale de l’hygiène et de l’assainissement
PDC Plan de Développement Communal
PPEAII Programme Pluriannuel d’appui aux secteurs de l’Eau et de l’Assainissement, phase II
PNRRC-ACC Plate-forme Nationale de Réduction des Risques de Catastrophes et d’Adaptation au
Changement Climatique
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PSDSA Plan Stratégique de Développement du Secteur Agricole
PNIASAN Plan National d’Investissements Agricoles et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
PRODOC Document de programme/ projet
PTA Plan de Travail Annuel
PTF Partenaire Technique et Financier
SAGE Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux
SDAGE Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des ressources en Eau
SDSP Service départemental de la santé publique
SNPHAB Stratégie nationale de promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base
SGE Secrétaire Général Exécutif
SONEB Société Nationale des Eaux au Bénin
SNAEP-MR Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en milieu rural
TdR Termes de Référence
UAC Universitéd'Abomey-Calavi
Unicef Organisation des Nations-Unies pour l’enfance

Page 8 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


RESUME
La gouvernance de l’eau est l’ensemble des systèmes participant au processus décisionnel en matière
de gestion de l’eau et de prestations de service d’eau. La gouvernance dans la gestion du delta est le
résultat de l'interaction concertée des différentes organisations.

La bonne gouvernance naît d’un engagement mutuel et d’une participation des parties prenantes de
manière inclusive, transparente et redevable, dans le but de fournir des prestations de services
optimisées qui soient dépourvues de toute corruption ou d’abus quelconques et basées sur le respect
de la loi.

La gouvernance s’organise à des niveaux politiques et exécutifs comme schématiquement représenté


dans la figure ci- après, tant au plus haut de l’Etat que dans le domaine spécifique de la GIRE.

Président

Conseil des
MINISTERES BAI
AGENCES
Ministres
gouvernance gouvernance
Politique Exécutif

GIRE
Ouémé MEM – GIRE Agence de bassin

Autres ministères Autres agences


pertinents pertinentes

La gouvernance actuelle du Bénin est caractérisée par une multiplication d’agences rattachées à la
Présidence de la République avec une volonté politique du Gouvernement d’opérationnaliser
efficacement son Plan d’Action (PAG) à travers ces agences par la réalisation d’investissements
concrets et d’équipements structurants. Ces agences et les directions sectorielles compétentes,
notamment la DGEau, doivent travailler de concert.

La gouvernance dans le domaine de l’eau, malgré des avancées notables en matière de respect des
principes, reste toujours tributaire de l’approche par sous-secteur sans véritable intégration
sectorielle, objet fondamental de la GIRE. La participation des différents acteurs au processus de prise
de décision n’est pas encore optimale ; la pratique de la réédition de comptes des agents publics et
des élus à leurs mandants n’est également pas encore systématique à tous les niveaux.

Le Bénin dispose d’un arsenal juridique en matière d’eau bien fourni, mais qui mérite d’être actualisé
et adapté. L’enquête de terrain dans le cadre de l’étude a révélé une tendance générale à leur
méconnaissance et à leur non application.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 9


Au plan institutionnel, plusieurs structures et organes GIRE sont prévus et à des degrés divers
d’opérationnalisation :
- Le Conseil National de l’Eau (CNE) ne s’est plus réuni depuis 2016 ;
- La Commission Interministérielle de l’Eau (CIE) tient ses sessions même si ce n’est pas de
façon régulière ;
- Le Fonds National de l’Eau (FNEau) a été créé mais n’est pas encore opérationnel ;
- L’Institut National de l’Eau (INE) a été créé au sein de l’Université d’Abomey-Calavi, et est
opérationnel ;
- Le Comité de Bassin de l’Ouémé (CBO) a été créé et a tenu quelques sessions mais son
développement a été handicapé par l’absence de l’Agence de bassin de l’Ouémé qui en est le
bras exécutif.
- Les premiers Comité de Sous-bassin et Comités Locaux de l’Eau ont été mis en place.
- Le choix a été fait récemment de mettre en place une Agence Nationale des Bassins
Hydrographiques pour opérationnaliser la GIRE plutôt que des agences de bassin.

Au niveau de l’administration, le ministère de l’Eau et des Mines assure le lead à travers la DG Eau.
Cette direction est caractérisée aujourd’hui par le recentrage de ces activités autour de la GIRE mais
à ce jour la mission de cette direction n’est pas encore revue afin de l’adapter à la nouvelle situation
institutionnelle. Ainsi la DG Eau, qui s’est pendant longtemps concentrée sur le volet eau potable,
doit reconvertir et former son personnel afin qu’elle soit plus apte à assumer au mieux ses mandats
GIRE. Beaucoup d’autres ministères (MCVDD, MAEP, MS…) interviennent également dans la GIRE à
travers certaines de leurs directions techniques et structures sous tutelle.

En ce qui concerne les communes, elles sont dotées, conformément aux textes de la décentralisation,
de compétences en matière de gouvernance de l’eau. Cependant, malgré les efforts qui sont faits
depuis le démarrage de la décentralisation, la plupart des communes ne disposent pas encore de
structures techniques adéquates et des moyens matériels, financiers et humains requis pour mener à
bien leurs activités. Pour le Plan Delta, les communes du Grand Nokoué, mais aussi les communes
rurales, ont un rôle important à jouer dans les concertations et dans la mise en œuvre des mesures
de gestion. L’enquête de terrain dans dix communes du delta a montré d’une part une multiplication
des acteurs au niveau des usagers de l’eau et d’autre part qu’il n’existe aucun cadre formel de
concertation entre les acteurs utilisant les ressources en eau dans les communes. En l’absence de
coopération et de concertation entre les parties prenantes au niveau communal, on assiste à
certaines formes de conflits autour de l’utilisation des plans d’eau dans le delta.

Il existe des documents de planification qui sont en train d’être opérationnalisés dans la zone mais
aucune des planifications n’est à l’échelle delta. Le plan delta est un outil d’opérationnalisation de la
GIRE à l’échelle du delta de l’Ouémé. Le Plan Delta peut être considéré comme un « Schéma
d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) ».

Pour une bonne gouvernance en matière de GIRE, il est important que tous les acteurs aient la même
base d'information. Pour le Plan Delta, il est nécessaire que l'information sur le delta soit disponible,
accessible, partagée et de bonne qualité

Il est aussi important de renforcer les centres de connaissance tels que l’INE et l’IRHOB afin qu’ils
deviennent des centres d'excellence.

Page 10 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


1 INTRODUCTION
L’élaboration du Plan delta de l’Ouémé est un processus multidisciplinaires et multi acteurs. Il fait
appel à la connaissance, entre autres, du mode de gouvernance du secteur, des institutions et acteurs
en présence et les formes d’inter action qu’ils ont dans le cadre de la gestion du delta.

L’élaboration du plan passe par plusieurs étapes dont celle d’état des lieux qui consiste à appréhender
la situation de départ sur tous les plans.

Le présent rapport présente l’état des lieux de la gouvernance et du cadre institutionnel autour de la
gestion du delta de l’Ouémé.

Il est structuré en sept grandes parties à savoir :


- Cadre conceptuel pour la gouvernance au Bénin
- Gouvernance actuelle de l’eau au Bénin
- Le cadre juridique de la GIRE (législatif et réglementaire)
- Le cadre institutionnel de la GIRE du delta de l’Ouémé
- Aperçu des politiques des ressources en Eau

La démarche méthodologique utilisée pour conduire la présente étude s’est basée sur la collecte des
données secondaires et l’entretiens avec quelques acteurs. A cet effet, il a été procédé :
- au recueil des documents relatifs i) à l’arsenal juridique (les lois, les décrets et les
conventions) sur le secteur de l’eau et l’environnement, ii) différents documents de
stratégies, aux rapports des études effectué sur la thématique.
- à l’exploitation des différents documents, l’internet a été aussi un instrument important de
recherche de ces documents.
- rédaction du rapport : à partir des documents collectés, une analyse de contenu de ces
documents a été faite pour ressortir les informations relatives à la gouvernance et du cadre
institutionnel. Dans la phase de rédactions des rapports successifs, des entretiens ont eu
lieu avec quelques acteurs de terrains pour mieux comprendre la situation au niveau du
delta.

Il est à noter que durant tout le processus des séances d’échanges régulières ont été organisées entre
tous les experts, l’équipe INE et l’équipe OmiDelta pour faire des feedbacks sur les rapports d’étapes.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 11


2 CADRE CONCEPTUEL POUR LA GOUVERNANCE DE L’EAU AU BENIN
Pour les besoins de la présente étude, il a été nécessaire de fournir quelques clarifications
conceptuelles avant de déboucher sur la gouvernance au Bénin.

La gouvernance regroupe les processus intervenant dans les prises de décision et leur mise en
œuvre. Elle résulte d’interdépendances, de relations et de réseaux à l’œuvre entre les différents
secteurs (gouvernement, secteur public, secteur privé et société civile) intervenant dans la prestation
de services.

Elle fait intervenir des décisions, des négociations et différents rapports de force entre les parties
prenantes, qui déterminent à qui, à quel moment et de quelle manière les ressources seront
attribuées. Toutes les personnes légitimement intéressées par le résultat d’un processus décisionnel
pourraient éventuellement y participer ; mais c’est leur rôle et leur pouvoir qui détermineront
l’influence qu’elles pourront exercer sur les décisions finales. Dans les parties prenantes, on inclut les
usagers, les organisations gouvernementales (les municipalités, par ex.), les services publics, les
prestataires de services, les ONG, les partenaires techniques et financiers et la société civile.

La bonne gouvernance repose sur la coopération constructive entre les différents secteurs, qui aura
pour résultats :
- une exploitation efficace des ressources,
- un usage responsable du pouvoir et
- une prestation de services qui soit efficace et durable.

La gouvernance du secteur de l’eau peut être décrite comme étant un éventail des systèmes
politiques, sociaux, économiques et administratifs mis en place pour développer et gérer les
ressources en eau et la prestation des services d'eau, aux différents niveaux de la société. La bonne
gouvernance du secteur de l’eau signifie donc une meilleure qualité de leadership et l’existence de
fortes institutions et de parties prenantes capables d’appliquer la législation, d’exécuter les politiques
et de gérer les ressources eau avec efficience, transparence et équité.

La bonne gouvernance naît d’un engagement mutuel et d’une participation des parties prenantes, de
manière inclusive, transparente et redevable, dans le but de fournir des prestations de services
optimisées qui soient dépourvues de toute corruption ou d’abus quelconques et basées sur le respect
de la loi.

La gouvernance de l’eau renvoie globalement à un enchaînement de systèmes sur le plan politique,


social, environnemental, économique et administratif qu’on met en place pour réglementer la mise
en valeur et la gestion des ressources en eau et la prestation de service d’eau .

La gouvernance de l’eau est l’ensemble des systèmes participant au processus décisionnel en matière
de gestion de l’eau et de prestation de service d’eau.

Le Développement Institutionnel est défini comme la création et/ou le renforcement d'un réseau
d'organisation, y compris leurs corrélations, afin d'atteindre certains objectifs de développement sur
une base durable ;

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 13


3 GOUVERNANCE DE L’EAU AU BENIN

3.1 Aperçu général sur la gouvernance du pays


Depuis 2016, le Bénin s’est engagé dans la voie de la « rupture ». L’actuel gouvernement du Bénin
nommé par décret N°2018-198 du 5 juin 2018 compte vingt-deux (22) Ministères.

Figure 3.1 : Esquisse d’organigramme de la Présidence de la République

Les principes forts annoncés par l’actuel pouvoir sont ceux de la « transparence et de la rigueur »
avec la « lutte implacable contre la corruption et l’impunité » et il manifeste de la volonté politique
pour le respect de ces principes.

Le gouvernement s’est donné comme ambition de relancer le développement du pays. Pour


atteindre cet objectif, il a élaboré son Programme d’Action « Bénin Révélé» pour la période 2017-
2021. Cette feuille de route est composée de 45 projets phares, 95 projets sectoriels et 19 réformes
institutionnelles qui visent la transformation économique et sociale du Bénin.

Au nombre de ces projets phares, les projets 42, 43, et 44 sont dédiés à l’eau potable mais c’est
surtout le projet 42 qui met l’accent sur la gestion intégrée des ressources en Eau. Ce projet envisage
de « Moderniser et développer l’exploitation responsable des ressources hydrologiques ».

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 15


« Les projets phares sont conduits par des agences placées directement sous la supervision de la
Présidence de la République »1 comme l’indique la figure 1. Ceci est une caractéristique de la
gouvernance actuelle.

Certaines de ces agences opérationnalisent des stratégies sectorielles en relation avec la GIRE. Il s’agit
de :
- l’Agence du Cadre de Vie pour le Développement du Territoire (ACVDT);
- l’Agence Nationale de Promotion des Patrimoines et de Développement du Tourisme
(ANPPDT) ;
- l’Agence Nationale d’Approvisionnement en Eau potable en Milieu Rural (ANAEPMR)

Ces trois agences opérationnalisent les stratégies sectorielles des ministères du Cadre de Vie et du
Développement Durable, de l’Eau et des Mines, du Tourisme, de la Culture et des Sports.

Bien que le souci du gouvernement soit de faire des investissements à grande échelle sur une courte
durée, donc la recherche de l’efficacité dans l’atteinte de ses objectifs. Il faut quand même remarquer
que la création de ces agences met à mal certains principes de la décentralisation.

En effet, certains champs d’action de l’Agence de Cadre de Vie pour le Développement du Territoire et
la totalité de celui de l’Agence Nationale d’AEP en milieu rural sont des domaines de compétences des
communes, donc sous la maîtrise d’ouvrage communale. Bien que l’article 108 de la loi N°97-029 du
15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin fixant les modalités
d’exercices des compétences donne les possibilités de déléguer la maîtrise d’ouvrage, il précise que
c’est sous l’initiative des communes. Alors que dans la situation actuelle, l’initiative est prise par le
gouvernement avec la signature des conventions cadres de partenariat Etat-Commune.

Bien que cette convention empiète sur le domaine de compétence des communes en matière
d’approvisionnement en eau potable en milieu rural, il faut souligner que celles-ci ont d’énormes
difficultés pour mettre en œuvre cette compétence. L’enquête de satisfaction d’octobre 2016 a
clairement relevé l’insuffisance des ressources humaines au niveau des administrations communales.
Cette insuffisance concerne aussi bien les services techniques que et les services socio-culturels. Il a
également été constaté que les fermiers n’ont pas toujours les capacités nécessaires au niveau des
AEV pour assurer un service en eau potable de qualité. Il est donc nécessaire que l’État appuie
davantage les communes pour faciliter l’accès pour tous à l’eau potable.

On peut noter que sous l’actuel Gouvernement, il y a une volonté politique d’opérationnaliser
efficacement le PAG à travers des agences rattachées à la présidence par la réalisation
d’investissements concrets et d’équipements structurants. Les agences et les directions sectorielles
compétentes, notamment la DG Eau, doivent travailler de concert pour éviter des conflits de
compétence.

3.2 Gouvernance par sous-secteur impliqué dans la GIRE


L’eau représente un atout considérable. Elle est indispensable aux ménages, à l’agriculture, à
l’élevage, à la pêche, aux activités industrielles, à l’environnement etc. Elle peut en outre contribuer à
assurer l’indépendance énergétique du Bénin par la valorisation du potentiel hydroélectrique de ces
cours d’eau. Les grands ouvrages de mobilisation des ressources en eau contribuent également à la
régulation des écoulements, donc à la réduction des risques d’inondation et à l’allongement de la

1
PAG (2016-2021) page 4

Page 16 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


période de disponibilité de la ressource pour les usages, offrant une sécurité contre les risques de
pénurie d’eau en cas de sécheresse, ce qui tend à diminuer les risques de conflits entre les usagers.

Le rapport du PNUD (2011) sur la lutte contre la corruption dans le secteur de l’eau a présenté une
typologie de corruption.

L’article 4 de la charte de gouvernance dans le secteur de l’eau et de l’assainissement a stipulé que la


bonne gouvernance dans le secteur de l’eau et de l’assainissement repose essentiellement sur les
principes de transparence, la responsabilité de tous les acteurs d’obligation de compte rendu des
agents publics et des élus à leurs mandants ou à leur hiérarchie ainsi que le droit reconnu aux
citoyens de leur demander des comptes et de participation des citoyens organisés ou non au
processus de prise de décisions et à la gestion des affaires du secteur Eau et Assainissement.

C’est l’étude de cartographie des risques de déficit d’intégrité qui a le plus peint la réalité du secteur
de l’eau en matière de gouvernance.

L’état des lieux sur la gouvernance sera surtout apprécié au niveau des sous-secteurs
approvisionnement en eau, assainissement, agriculture et de la protection contre les inondations, les
catastrophes naturelles et les changements climatiques.

3.2.1 Sous-secteur approvisionnement en eau potable

L’approvisionnement en eau potable au Bénin est caractérisé par deux systèmes, d’une part, une
organisation centralisée de fourniture de l’eau en milieu urbain/périurbain par la SONEB ; et d’autre
part, une gestion décentralisée de services de l’eau par les communes en partenariat avec des
exploitants privés naissants, en milieu rural.

L’état des lieux de la gouvernance s’observera à différents niveau à savoir : (i) l’accès à la ressource ;
(ii) la participation des usagers à la gestion ; (iii) le récapitulatif des aspects de mal gouvernance et (iv)
l’analyse du respect des principes de bonne gouvernance.

 Accès à la ressource

L’accès au service de l’eau est marqué par des manifestations de la corruption qui peuvent être
décrites comme suit :
- le service conditionné au paiement d’un pourboire2 ;
- la lenteur du traitement des dossiers ;
- la spéculation sur les coûts réels des services et la qualité de matériel.

En milieu rural, on observe d’autres manifestations de la corruption, tels que le non-respect de l’ordre
d’arrivée pour être servi, la faveur de l’achat de l’eau à crédit.

 Participation des usagers / ménages à la gestion de l’approvisionnement en eau


potable

L’évaluation de la participation des ménages aux prises de décisions relatives à la gestion de leur
approvisionnement en eau potable permet de mesurer la qualité de la gouvernance de l’eau, et
surtout l’exercice démocratique des fonctions d’orientation, de contrôle et de recours par rapport aux
fonctions d’exécution de la fourniture de l’eau potable.

2
Cartographie des risques de déficit d’intégrité dans le secteur de l’eau au Bénin

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 17


La participation des ménages aux prises de décision de gestion de l’approvisionnement en eau
potable n’est pas effective dans les habitudes de gouvernance de l’eau au Bénin. En effet, « environ 2
ménages sur 10, soit 16% déclarent participer aux prises de décision. Ce taux est plus faible parmi les
ménages ruraux (4%), et atteint 28%3 au sein des ménages urbains et périurbains ».4

 Risques de mal gouvernance dans le sous-secteur de l’approvisionnement en eau


potable

Le système d’AEP est marqué par la présence de 5 catégories d’acteurs dont : (i) les acteurs étatiques ;
(ii) les communes ou collectivités territoriales décentralisées ; (iii) les acteurs du secteur privé
lucratif ; (iv) les consommateurs et usagers et (v) les organisations de la société civile (OSC). Les
interactions entre ces acteurs engendrent des pratiques de mal gouvernance récapitulé dans le
tableau ci-dessous selon le rapport cartographie des risques d’intégrité5.
Tableau 3.1 : Risque de mal gouvernance dans le secteur AEP
Domaines à risques Risques de corruption ou d’atteinte à l’intégrité identifiés (ou possibles)
- Influences des décideurs (politiques et techniques) pour l’attribution des marchés
- Elaboration orientée des dossiers d’appels à candidature
Passation des marchés publics
- Alignement d’entreprises aux tailles et statuts non comparables
- Estimation non adéquate des budgets de réalisation des marchés publics
- Faible accessibilité des bénéficiaires aux cahiers de charges pour le suivi et contrôle
Réalisation et suivi – contrôle des de marché
travaux - Faible capacité des Maîtres d’ouvrage pour contrôler les Maîtres d’ouvrage
délégués / partenaires privés ou opérateurs de délégation de services publics
- Inadéquation des ventes avec les coûts de production d’eau
- Faible paiement des redevances d’exploitation
Exploitation des ouvrages - Utilisation de données techniques financières et techniques de prévision
d’exploitation non adéquates
- Faible capacité d’effectuer la maintenance, les réparations et le renouvellement
des ouvrages d’AEP
Fixation du prix et vente de l’eau - Opacité des procédures de fixation des redevances de l’eau
Suivi de la mise en œuvre des
- Faible opérationnalité du cadre de suivi alternatif du secteur
politiques publiques
Source : Rapport cartographie des risques de déficit d’intégrité dans le secteur de l’eau au bénin

Ce tableau a mis l’accent sur les constats de mal gouvernance dans différents domaine de pratique du
sous-secteur AEP. Il montre que les problèmes dans le sous-secteur sont à la fois au niveau des
textes, de leur application et dans la pratique de maîtrise d’ouvrage. Ces manifestations sont de
plusieurs ordres dans les domaines de passation des marchés, de réalisation et d’exploitation des
ouvrages. Il y a donc un risque de multiplication d’actes de mauvaises gouvernances à tous les
niveaux où les acteurs doivent interagir.

3
Op cit
4
Op cit
5
Cartographie des risques de déficit d’intégrité dans le secteur de l’eau au bénin op cit

Page 18 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


3.2.2 Sous-secteur de l’assainissement

Les services de l’hygiène et de l’assainissement dépendent de la DNSP. Cet ancrage institutionnel n’a
pas favorisé la visibilité des interventions du sous-secteur hygiène et assainissement au sein du
Ministère de la Santé. En effet, du fait de ce déclassement institutionnel, le responsable du service en
charge de la mise en œuvre de la stratégie ne participe à aucune instance de décision au sein du
Ministère de la Santé.

Au niveau déconcentré, les Coordinations départementales de la Composante « hygiène et


assainissement de base » dépendent du Service départemental de la santé publique (SDSP) avec
lequel elles ont des relations hiérarchiques directes.

En matière de collaboration intersectorielle, la DNSP à travers ses services compétents en matière


d’hygiène et d’assainissement de base, a été partie prenante de toutes les revues sectorielles du
secteur.

Les services du sous-secteur restent peu connus et peu sollicités par les usagers ; on note donc une
faible interaction entre les usagers et le personnel de l’assainissement, un faible accès aux services
d’hygiène et d’assainissement par les populations et une quasi-absence du contrôle des services
offerts par le privé (eaux en sachets ; boues de vidange ; eaux usées).

Au niveau de la participation, les ménages participent beaucoup plus aux prises de décisions sur
l’assainissement en milieu rural (12%) qu’en milieu urbain ce qui s’explique par le fait que le service
en milieu rural est des fois conditionné par la participation des bénéficiaires.

L’étude sur la cartographie des risques de déficit d’intégrité dans le secteur de l’eau a identifié dans la
chaîne du processus de délivrance des services d’assainissement applicable au delta.
Tableau 3.2 : Risque de mal gouvernance dans le secteur de l’assainissement
Domaines à risques Risques de corruption ou d’atteinte à l’intégrité identifiés (ou possibles)
Appels d’offre et passation des
Faible précision des spécifications techniques dans les DAO
marchés
Réalisation et suivi des travaux Faibles capacités du Bureau de contrôle à faire respecter les cahiers de charge
Fixation du prix et vente de l’eau Absence de grille de tarification des services de vidange des fosses septiques
Source : Rapport cartographie des risques de déficit d’intégrité dans le secteur de l’eau au bénin

Ce tableau montre les problèmes liés à la gouvernance du secteur aux différents ordres de
l’intervention qui influence la gestion de l’assainissement dans le Delta et la zone côtière. Ces
problèmes sont beaucoup plus d’ordre régulation et d’application des textes.

La qualité et/ou la quantité de l’eau constituent encore des problèmes essentiels de presque tous les
milieux urbains et ruraux, soit en terme de besoins non couverts, soit en terme de mauvaise gestion
de la disponibilité et de la qualité du service.

3.2.3 Sous-secteur agriculture, irrigation, aquaculture et pêche

Le Ministère chargé de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche assure la gestion des ressources en


eau dans le sous-secteur agriculture, irrigation, aquaculture et la pêche à travers :
- la Direction du Génie Rural (aménagements hydro agricoles) chargée de promouvoir les
techniques innovantes demaîtrise de l’eau à des fins agricoles, pastorales et halieutiques
(aménagements hydro agricoles et hydro pastoraux) ;

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 19


- la Direction de l’Elevagechargée de mener des études sectorielles diagnostiques et
prospectives sur les chaines de valeurs (intrants, production, récolte, stockage et agents de
nécessaires) des filières animaleset de concevoir un système d’information intégrée des
productions, connaissances et technologies existantes, l’actualiser et le diffuser auprès des
acteurs (Information, Education et de Communication et de formation des comités de
pêches) ;
- la Direction de production halieutique chargée de mener des études sectorielles
diagnostiques et prospectives sur les chaines de valeurs (intrants, production, récolte,
stockage et agents de nécessaires) des filières halieutiques ;
- les Directions Départementales de I ‘Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche.

Les stratégies de ces différentes directions sont aujourd’hui opérationnalisées par les Agences
Territoriales de Développement Agricole (ATDA) qui ont des cellules dans toutes les communes. Le
delta zone côtière est sous la compétence de trois ATDA. Le sous-secteur reçoit dans le delta l’appui
de certains projets comme ; le Projet d’Appui aux Infrastructures Agricoles dans la Vallée de l’Ouémé
(PAIA-VO) ; le Projet d'Appui à la Diversification Agricole (PADA) ; le Projet de Productivité Agricole en
Afrique de l’Ouest (PPAAO) ; leProjet d’Appui au Développement de Maraîchage (PADMAR)…..

En lien avec le delta, c’est surtout dans le domaine de la planification qu’on rencontre des
incohérences entre les planifications communales et le Programme d’action du gouvernement et les
documents de planification à moyen et long terme. En effet,les mêmes projets sont retenus à
différentes échelles (national et communal) avec la possibilité de décrocher différents financements
pour la même activité.

Le tableau ci-après présente les risques de mauvaises gouvernances applicables au delta et à la zone
côtière dans le sous-secteur agricole.
Tableau 3.3 : Risque de mal gouvernance dans le secteur de l’agriculture
Domaines à risques Risques de corruption ou d’atteinte à l’intégrité identifiés (ou possibles)
- Faible cohérence des outils de planification des communes avec des
Planification
programmes nationaux

- Interprétations tendancieuses des règles de passation des marchés publics


(niveau étatique et décentralisation)
Passation des marchés publics - Non-respect des procédures de marchés publics et des clauses contractuelles
dans l’évaluation des prestations de service, les règles prévues dans les appels
d’offre

Réalisation et suivi – contrôle - Faible représentativité des organisations de la société civile et des
représentants des associations d’usagers dans les comités de suivi des
des travaux
réalisations.
Source : Extrait Etude cartographie des risques d’intégrité dans le secteur de l’eau.

De l’analyse de ce tableau applicable au delta, il ressort que les problèmes de gouvernance sont
relatives : à la cohérence des documents de planification avec les documents nationaux, au non-
respect des procédures de passation de marché et la faible participation des organisations d’usagers
au suivi des réalisations.

Page 20 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


3.2.4 Protection contre inondations, catastrophes naturelles et changements
climatiques

Cette thématique est gérée par la Plate-forme Nationale de Réduction des Risques de Catastrophes
et d’Adaptation au Changement Climatique. Créée par le décret n° 2011-834 du 30 décembre 2011,
la PNRRC-ACC est chargée de promouvoir l’intégration de la prévention des risques et de la gestion
des catastrophes (pollution, inondations, épidémies, incendies, catastrophe naturelles, risques
environnementaux et risques Nucléaire, Radioactif, Biologique et chimique) dans les politiques,
plans et programmes de développement durable et de réduction de la pauvreté. Elle est sous tutelle
du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique. La coordination au niveau départemental est
présidée par le Préfet assisté du Directeur Départemental en charge de la Sécurité Publique.

Conformément aux dispositions de l’article 76, alinéa 6 de la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant
organisation des Communes en République du Bénin, « le Maire a le soin de prévenir par les
précautions convenables et de faire cesser par toutes les mesures appropriées, les fléaux calamiteux
tels que les incendies, les inondations, les maladies épidémiques et contagieuses et de faire atténuer
par l’organisation des secours nécessaires les conséquences desdits fléaux. Le maire peut dans ces
cas, demander le concours des services déconcentrés de l’Etat ».

La Plate-forme communale de réduction des risques de catastrophes et d’adaptation au changement


climatique est dirigée par le Maire et composée des services déconcentrés des ministères sectoriels
et des structures communautaires (ONGs).

Le secrétariat permanent de la Plate-forme nationale est assuré par Agence Nationale de Protection
Civile qui assure le leadership de la prévention, de la préparation, des sauvetages, des réponses aux
crises et la coordination des autres directions techniques du système de prévention et de gestion des
catastrophes.

En lien avec le delta et la zone côtière espace de prédilection des inondations régulières, les
problèmes de gouvernance qui se posent sont la gestion à temps des catastrophes et lagestion
transparente des dons envoyés dans les mairies. A ceci s’ajoute le problème de non
déguerpissement des populations qui occupent les exutoires naturelles d’eau et les bas-fonds.

De façon générale, certains aspects de la gouvernance au niveau national ou au niveau de la gestion


des projets ou des collectivités territoriales impactent la gouvernance du secteur.

La charte pour la gouvernance exige la transparence dans : i) le processus de planification budgétaire


et la chaîne d’exécution des dépenses ; ii) les procédures de passation, d’exécution, de contrôle, de
règlement des marchés publics et de délégation des services publics ; iii) le partage et la gestion de
l’information ; iv) le recrutement et la nomination des cadres à des postes de responsabilité dans le
secteur de l’eau et de l’assainissement.

La réalité aujourd’hui est que malgré la volonté exprimée par le Gouvernement, il reste encore du
chemin à faire à ces différents niveaux dans les pratiques au niveau de chaque sous-secteur impliqué
dans la gestion des ressources en Eau.

La pratique de la reddition de comptes des agents publics et des élus à leurs mandants ou à leur
hiérarchie n’est pas encore réalité à tous les paliers. L’un des principes lié à l’exercice de la
responsabilité, du pouvoir et de toute mission confiée est la redevabilité. Le chef est redevable au
peuple tout comme le peuple l’est au chef. Si au niveau des collectivités territoriales un effort est
fait,il n’en est toujours pas de même au niveau des agents publics. Aussi le droit reconnu aux citoyens

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 21


de demander des comptes n’est-il pas encore exercé par eux dans le cadre de la gestion des
ressources en eau.

La participation des citoyens organisés ou non au processus de prise de décisions et à la gestion des
affaires dans les sous-secteurs ou dans les projets et programmes reste encore parcellaire.

La problématique de la gouvernance au niveau des sous-secteurs impliqués dans la gestion des


ressources en eau peut se résumer à l’existence d’une volonté politique clairement affichée pour la
mise en place des structures de gestion de la GIRE visant à faciliter l’accès des populations à l’eau.

Page 22 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


4 CADRE JURIDIQUE DE LA GIRE
La bonne gouvernance de la ressource eau passe au préalable par le développement et la mise en
application d’un cadre juridique adéquat et propice à la promotion de la transparence et de la gestion
participative.

Au Bénin, l'arsenal juridique disponible se rapportant à la protection et à la sauvegarde des


ressources naturelles y compris des ressources en eau est important et diversifié. Les instruments
juridiques nationaux ont été régulièrement renforcés par des dispositions adaptées aux engagements
internationaux pris par le Bénin et à l’évolution du cadre socio-économique et culturel. Ainsi,
plusieurs lois et décrets ont été pris ou sont en cours d’élaboration.

4.1 Instruments juridiques nationaux


Un ensemble de lois et de décrets régissent le secteur de l’eau et sont par conséquent applicables à la
gestion du delta

Le tableau suivant présente ces instruments juridiques nationaux.


Tableau 4.1 : Instruments juridiques nationaux
Titre de l’instrument Aspects de la question de la Gestion de l’eau Observations
juridique

Constitution du Bénin La loi n° 90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la Pose les principes
du 11 décembre 1990 République du Bénin est la première loi garantissant la bonne gestion fondamentaux de la
de la diversité biologique. Elle a été édictée, à travers les articles 27, protection de
28, 29, 74 et 98, les principes ayant trait à la protection de l’environnement
l’environnement et aux conditions de vie des citoyens.
Loi du Secteur de l’eau
Loi n° 2010-44 portant Cette loi a pris en compte l'évolution contemporaine et en particulier, Cette loi préconise la
gestion de l’eau en les principes modernes de gestion de l'eau issus des principes Gestion Intégrée des
République du Bénin directeurs de Dublin (janvier 1992) et Rio (juin 1992), ainsi que les Ressources en Eau (GIRE)
profonds changements qui ont affecté l'administration béninoise avec comme principe de base
la réforme de la décentralisation de 1999. pour la gestion de l’eau
Les dispositions de la loi n° 2010-44 du 24 novembre 2010 portant au Bénin. Elle sert de
gestion de l’eau ont renvoyé à la prise d’un certain nombre de décrets cadre de référence pour
6 la résolution des
d’application. 20 décrets ont été déjà adoptés.
problèmes juridiques et
même institutionnels
inhérents à cette
ressource

Loi du Secteur de l’environnement


Loi n°87-15 du 21 Cette loi, complétée par son décret d’application N° 097-616 du 18 Ces textes abordent la
Septembre 1987 décembre 1997 décrit les règles d’hygiène publique à respecter et sert question de la ressource
portant Code de de base pour la définition des dispositifs à mettre en œuvre dans eau de manière
l’Hygiène Publique chaque composante de l’assainissement et l’adoption de parcellaire.
comportements adaptés.

6
Confère bibliographie pour la liste des décrets

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 23


Titre de l’instrument Aspects de la question de la Gestion de l’eau Observations
juridique

Loi n° 98-030 du12 Elle est le principal instrument législatif qui définit les bases d’une
février 1999 portant politique en matière de gestion intégrée de l’environnement et
loi-cadre sur organise sa mise en œuvre.
l’environnement en 7
Pour son application, plusieurs décrets ont été pris,
République du Bénin
Loi n°91-004 du 11 Cette loi traite de la protection sanitaire des végétaux et produits
Février 1991 portant végétaux par la prévention et la lutte contre les organismes nuisibles
réglementation tant au niveau de leur introduction qu’à celui de leur propagation sur
phytosanitaire en le territoire national en vue de sauvegarder et de garantir un
République du Bénin environnement satisfaisant propice à un développement durable
conformément à la Constitution.
Loi n°97-029 du 15 Cette loi définit en les compétences de la commune en matière
janvier 1999 portant d’environnement d’hygiène et de salubrité (Eau potable, déchets
organisation des solides et liquides, eaux usées et pluviales, bas-fonds, inondations,
communes en etc.).
République du Bénin
loi n° 93-009 du 2 Cette loi comporte des dispositions essentielles à une gestion
juillet 1993 portant participative de la végétation en tant que ressources épuisables mais
régime des forêts en aussi en tant qu’habitat naturel de la faune et donc sanctuaire de
République du Bénin biodiversité avec les populations riveraines.
Loi n°2017-15 du 10 Elle comporte des dispositions nécessaires à la sauvegarde de
août 2017 modifiant et l’environnement et à la salubrité publique (article 264), à la gestion
complétant la loi 2013 des ressources en eau et à la pêche (articles 327 à 332) et la gestion
du 14 Août 2013 des substances de carrière et de mine (articles 338 à 346)
portant code foncier et
domanial en République
du Bénin
Loi 90-005 du 15 mai Cette loi interdit l’importation des produits de nature dangereuse
1990 fixant les pour la santé humaine et la sécurité de l’Etat, est interdite.
conditions d’exercice
des activités de
commerce en
République du Bénin
Loi n°87-013 du 21 Il s’agit d’une vieille loi sur le pastoralisme. Cette loi définit le cadre
Septembre 1987 général de gestion de la vaine pâture, la garde des animaux
portant réglementation domestiques et la transhumance
de la vaine pâture, de
la garde des animaux
domestiques et de la
transhumance
Loi N° 2016 -002 La loi-cadre sur l’aménagement du territoire fixe les règles et les
Portant loi-cadre sur pratiques fondamentales de l’aménagement du territoire en
l’aménagement du République du Bénin. L’aménagement du territoire doit donc reposer
territoire au Bénin sur les choix stratégiques tel que la promotion de pôles de
développement.
La loi N°2018-18 sur les Cette loi vise « …à lutter contre les changements climatiques ainsi que
changements leurs effets et conséquences négatifs et à accroitre la résilience des
climatiques au Bénin communautés vivantes. Elle permet entre autres de prendre des
mesures efficaces de riposte, d’adaptation et d’atténuation ».
Source : Exploitation des différents textes juridiques

7
Confère Bibliographie

Page 24 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


Lorsque l’on analyse en détails le cadre juridique dont dispose le Bénin, l’on observe, d’une part, qu’il
se pose un problème d’harmonisation des textes et, d’autre part, que même si l’arsenal juridique du
pays est assez fourni, des problèmes de mise en application se posent. Cela se justifie essentiellement
par:
- le fait que certaines lois sont présentement inadéquates et méritent d’être révisées ou
actualisées. C’est le cas par exemple de la loi n°87-15 du 21 septembre 1987 portant Code de
l’Hygiène Publique ;
- l’absence parfois, de textes d’application de lois et/ou leur non application lorsqu’ils existent ;
- le non-respect des textes juridiques;
- la faible connaissance des textes ;
- la faible vulgarisation des textes juridiques ;
- la faible application des dispositions de délivrance de licence ou de contrôle, d’exploitation
des ressources en eau ;
- le manque de dispositions pour fixer les règles de répartition des eaux de manière à concilier
les intérêts des diverses catégories d’utilisateurs, notamment en agriculture ;
- l’existence d’aucune relation spécifique avec le Nigéria alors que le delta débouche sur les
eaux du Nigéria voisin, et d’importants trafics lagunaires se font entre les deux pays.

En définitive, les lois et décrets sont peu connus par les usagers et les collectivités territoriales (Figure
4.1)

Figure 4.1 : Illustration du constat de non connaissance des textes

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 25


Par ailleurs, hormis la loi portant gestion de l’eau au Bénin, toutes les autres lois abordent la question
de la ressource eau de manière parcellaire. C’est en cela qu’elle sert aujourd’hui de cadre de
référence pour la résolution des problèmes juridiques et même institutionnels inhérents à la
ressource eau au Bénin. Au total dix-neuf (19) décrets d’application ont été déjà votés pour
opérationnaliser la loi. En lien avec le delta quatre décrets d’application sont considérés comme
prioritaires. Il s’agit de :
- En lien avec les droits d’usage de l’eau :
o Décret N° 2015-578 du 18 novembre 2015 portant procédure d'autorisation ou de
déclaration des installations, ouvrages, travaux et activités relatifs à l'eau ;
o Décret N° 2011-671 du 05 octobre 2011 fixant les procédures de délimitation des
périmètres de protection ;
- En lien avec les redevances :
o Décret n° 2015-676 du 31 décembre 2015 portant AOF du Fonds National de l’Eau qui
est chargé d’assurer la mobilisation des ressources financières au profit des agences
de l’eau et des programmes et projets visant la gestion intégrée des ressources en
eau ;
o Décret N° 2015-328 du 08 juin 2015 portant détermination de la redevance
d'exploitation des ressources en eau en République du Bénin.

L’enquête de terrain auprès de cinquante responsables d’associations d’usagers répartis dans dix
communes du delta a révélé qu’aucune d’entre elle n’a connaissance du cadre juridique de la GIRE,
même pas de la loi n° 2010-44 portant gestion de l’eau en République du Bénin ni de ces décrets
d’applications. Quant au niveau des autorités locales le cadre normatif est relativement peu connu.

En somme, au regard des textes juridiques et de la pratique observée, on peut dire qu’il y a une
tendance générale à leur méconnaissance, et à leur non application dans le pays notamment dans
la zone delta où les problèmes et risques liés à l’eau résultant de comportements inadaptés
(obstruction des voies d’écoulements, prélèvements abusifs d’eau, dépôts anarchiques de déchets
solides, déversement de substances polluantes, défaut d’assainissement domestique, occupation
anarchique des berges …) sont récurrentes.

4.2 Conventions et accords internationaux


Le Bénin a signé et ratifié plusieurs accords et conventions internationaux ayant trait à la gestion de
l’eau, de l’environnement et des écosystèmes associés qui sont présentés dans le tableau suivant.
Tableau 4.2 : Conventions et accords internationaux applicables au projet
CONVENTIONS ET DOMAINES D’APPLICATION OU OBJECTIFS INTERET DE SON
ACCORDS APPLICABLES APPLICATION A LA GIRE
DANS LE DELTA

La convention relative cette convention a pour objectif la conservation et l’utilisation La Basse Vallée de l'Ouémé,
aux zones humides durable des zones humides et vise à amener chaque partie la Lagune de Porto-Novo et le
d’importance contractante à désigner les zones humides appropriées de son Lac Nokoué forment
Internationale (2 février territoire à inclure dans la liste des zones humides d’importance ensemble une vaste zone
humide, la plus grande du
1971 à RAMSAR) internationale.
Bénin avec 91 600 hectares.
Elle est protégée par cette
Convention

Page 26 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


CONVENTIONS ET DOMAINES D’APPLICATION OU OBJECTIFS INTERET DE SON
ACCORDS APPLICABLES APPLICATION A LA GIRE
DANS LE DELTA

La convention Cadre des Son objectif est de conserver et d’utiliser de manière durable les Modification des
Nations Unies sur la richesses biologiques de la planète et de partager les bénéfices écosystèmes sensibles
diversité biologique (Rio de cette utilisation. pouvant regorger des
de Janeiro, 1992) espèces menacées
d’extinction (lors des
aménagements)
La Convention Cadre des Il a mis un accent particulier sur les objectifs de réduction des Destruction des puits à
Nations Unies sur les Gaz à effet de serre qui doivent être réalisés dans un certain carbones par déboisement
Changements délai ; lors de la mise en place des
climatiques (1992) et le Les autres aspects importants du Protocole concernent les infrastructures et
protocole de Kyoto engagements acquittés conjointement et le commerce des aménagement ;
(Japon 1997) émissions.
Trois grands principes : (i) Principe de précaution, (ii) Principe
des responsabilités communes mais différenciées, (iii) Principe
du droit au développement.

La Convention-Cadre des L’objectif principal de cette convention est de lutter contre la


Nations Unies sur la désertification et d’atténuer les effets de la sécheresse.
Désertification le 30 juin
1994
Convention de Bamako Cette Convention reprend pour l’essentiel les dispositions de la Préservation delta de
sur l’interdiction Convention de Bâle, mais elle est cependant plus stricte dans la l’Ouémé et la zone côtière
d’importer en Afrique les mesure où elle ne s’applique pas seulement aux déchets contre l’utilisation des
déchets dangereux et sur dangereux mais également aux déchets radioactifs. déchets dangereux ainsi
le contrôle des que des déchets
mouvements radioactifs.
transfrontières
Convention africaine sur Le principe fondamental de cette convention est décrit à son Le delta de l’Ouémé et la
la conservation de la article 2 comme suit : « Les Etats contractants s’engagent à zone côtière regorgent de
nature et des ressources prendre les mesures nécessaires pour assurer la conservation, zones humides d’un enjeu
naturelles du 15 l’utilisation et le développement des sols, des eaux, de la flore et important.
septembre 1968 des ressources en faune en se fondant sur des principes
scientifiques et en prenant en considération les intérêts majeurs
de la population »
Convention de Cette convention a pour objectif de prévenir ou de réduire Préserver les zones
Rotterdam sur le l’incidence des maladies et des lésions professionnelles dues aux humides contre l’utilisation
commerce international produits chimiques. Elle a la conviction d’assurer la protection des polluants organique
des produits chimiques des travailleurs contre les effets nocifs des produits chimiques et
et pesticides dangereux le renforcement de la protection du public et de
l’environnement.
Convention de La convention interdit un certain nombre de substances Préserver les zones
Stockholm sur les chimiques très polluantes tels que l’aldine, le chlordane, le humides contre l’utilisation
polluants organiques toxaphène, etc. Elle prévoit de prévenir et de réduire la des polluants organiques
persistants, 22 mai 2001 formation et le rejet de dioxines et de furane.
Source : Exploitation des différentes conventions

Ce tableau montre que le Bénin s’est engagé dans plusieurs conventions internationales dans divers
domaines pour la protection de l’environnement et la préservation de la ressource en eau. Ces
conventions ont influencé l’élaboration de la mise en place de l’arsenal juridique du secteur.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 27


4.3 Documents de stratégie
Les outils de planification nécessaires à la gestion durable de l’eau prévus à l’article 30 de la loi
portant gestion de l’eau sont la politique nationale de l’eau, le plan d’action national de gestion
intégrée des ressources en eau et le schéma directeur d’aménagement et de gestion des ressources
en eau.

 Politique Nationale de l’Eau8

L’état des lieux de la disponibilité des ressources en eau a montré que le Bénin dispose d’important
potentiel qui, mobilisé à l’aide d’aménagements conséquents et rationnellement gérés dans le
respect des règles et des normes requises, permettra de satisfaire à long terme les besoins en eau
(approvisionnement en eau potable, irrigation, production hydroélectrique, industrie, navigation,
sports et loisirs, etc.) pour le développement socio-économique du pays.La mise en valeur de ce
potentiel nécessite que soit relevé un ensemble de défis.

La politique nationale de l’eau a fixé un ensemble d’orientations pour surmonter les défis et agir en
matière de planification, de mobilisation et de mise en valeur durable des ressources en eau, pour
faire du secteur de l’eau un véritable levier de développement durable.

 Plan d’Action National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE)9

C’est un document de référence pour la mise œuvre de la loi portant gestion sur l’eau.

Le PANGIRE couvre une période de 15 ans (2011-2025) divisée en trois phases de cinq ans. Une
première phase mis en œuvre révèle des points positifs mais aussi des insuffisances en termes de
pilotage, de coordination, de programmation, de gestion financière.

Pour sa 2ème phase, le PANGIRE a été recomposé en un document d’opérationnalisation qui fixe, à
partir des sept domaines initiaux, selon une analyse de cohérence, cinq objectifs spécifiques

Pour atteindre ces objectifs, 146 actions regroupées sous 47 résultats attendus ont été
déterminées et servent de cadre structurant de programmation pour la 2ème phase du
PANGIRE.

 Schéma directeur d’aménagement et de gestion des ressources en eau (SDAGE).10

Il est instauré par décret 2011-573 du 31 août 2011, le schéma directeur d’aménagement et de
gestion des ressources en eau est un instrument de planification et d’orientation d’une gestion
durable des ressources en eau à l’échelle d’un bassin hydrographique.

En application dudit décret, le SDAGE de l’Ouémé a été élaboré et adopté en 2015.Ce schéma vise à
capitaliser les différentes initiatives prises en termes de connaissance dudit bassin, mais surtout à
mettre à la disposition des acteurs de la gestion des terres, des eaux et des écosystèmes associés, un
outil de planification multisectorielle intégrée et un programme d’investissement jusqu'à l’horizon
2025.

8
Politique Nationale de l’Eau, octobre 2008
9
Ministère de l’Eau ; PANGIRE stratégie d’opérationnalisation 2016- 2020, décembre 2015
10
Rapport SDAGE Volume 1 ; Avril 2013

Page 28 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


D’autres documents de stratégie sous sectoriel ont été également élaborés. Il s’agit :

 Stratégie Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en milieu rural 2017-


203011

Ce document de stratégie a pour objectif général d’assurer à toute la population rurale un accès à
l’eau potable de façon équitable, durable et de qualité, à un coût abordable.

 Plan Directeur de Développement du sous-secteur de l’Approvisionnement en Eau


Potable en Milieu Rural du Bénin12

Dans les mesures d’accompagnement listées dans la SNAEP-MR une attention est accordée au volet
environnement et gestion intégrée des ressources en eau « compte tenu des enjeux cruciaux liés à
une gestion durable des ressources en eau souterraines du pays, en zone de socle comme en zone
sédimentaire côtière, la mise en œuvre d’un projet spécifique GIRE visant à sécuriser le patrimoine
national se justifie, sous maîtrise d’ouvrage de la DG-Eau et en partenariat avec les organismes
publics intervenants dans le secteur (Universités, INE…) en particulier sur les thèmes suivants :
- Suivi et modélisation des aquifères côtiers en lien avec les risques d’intrusions salines
- Optimisation des méthodes de prospection géophysique
- Mise en place d’un réseau de suivi piézométrique à l’échelle nationale
- Développement des Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE)
dans la continuité du SDAGE Ouèmé. »13

 Document de Politique Nationale de l’Hygiène et de l’Assainissement du Bénin


(PNHA)14

Le document de politique est issu d’un état des lieux encore marqué par une insuffisance notoire
d’ouvrages d'hygiène et d'assainissement de base dans les ménages, un sérieux déficit d'entretien des
ouvrages publics, une faiblesse de la filière d’évacuation et de traitement des déchets tant en milieu
urbain qu’en milieu rural, un taux d’évacuation des eaux usées quasi nul présente de façon
synthétique la problématique du secteur. La vision définie pour le secteur est que le « Le Bénin
dispose à l’horizon 2025 d’un cadre de vie durablement assaini pour le bien-être des populations
».Avec pour objectif général pour le secteur d’« Améliorer les conditions organisationnelles et
matérielles de l’assainissement au Bénin ».

11
MEM ; Stratégie Nationale d’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (SNAEP_MR 2017-2030).Mai 2017
12
Plan Directeur de Développement du sous-secteur de l’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural du Bénin
13
Plan Directeur de Développement du sous-secteur de l’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural du Bénin, page
41
14
République du Bénin ; Document de Politique Nationale de l’Hygiène et de l’Assainissement du Bénin(PNHA) ; octobre
2012

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 29


 La stratégie nationale de promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base
(SNPHAB) en milieu rural (2018- 2030)15

La SNPHAB 2018-2030 vise la promotion et l’adoption des pratiques individuelles et collectives, et se


veut un cadre de référence et un outil d’orientation pour toutes les parties prenantes. Elle est
structurée en trois parties dont : la présentation des aspects généraux sur le Bénin, l’analyse
situationnelle du sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement de base et la proposition de
stratégies couvrant la période 2018-2030.

 Stratégie de l'alimentation en eau potable en milieu urbain et périurbain

L’ancien document de stratégie est arrivé à terme et un nouveau est élaboré mais en instance de
validation. Il ne peut être réellement consultable après la validation.

 Plan Stratégique de Développement du Secteur Agricole (PSDSA) 2025 et Plan


National d’Investissements Agricoles et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
PNIASAN 2017-202116

Ce document à travers l’axe 1 « Amélioration de la productivité et de la production des produits


végétaux, animaux et halieutiques des filières agricoles prioritaires « et la composante 5 : Promotion
des aménagements hydro-agricoles, pastoraux, aquacoles et des infrastructures de désenclavement ;
a un accent sur des actions qui appellent la GIRE.

Constat

Le Bénin dispose de documents d’orientations stratégiques qui s’alignent sur ceux élaborés au niveau
régional et international. Ces orientations accordent une priorité à la question de la bonne
gouvernance pour améliorer l’accès équitable et durable aux services d’eau et d’assainissement à
tous. Mais c’est dans la mise en œuvre de ces politiques et stratégies que se pose le problème.
Parfois, les approches de mise en œuvre ne sont pas assez participatives ou parfois, les décideurs
politiques n’accordent pas de priorités à la mise en œuvre des actions définies.

Les documents des sous-secteurs sont en parfaites cohérence avec les documents énumérés par la
loi, notamment la politique nationale de l’eau. Un accent doit être mis sur l’appropriation de ces
documents notamment le SDAGE qui doit être connu et respecté par tous les acteurs qui
interviennent dans le bassin de l’Ouémé ; tel n’est pas aujourd’hui le cas.

La problématique aujourd’hui se caractérise par l’existence de document de référence dans le secteur


notamment les trois prévus par la loi, mais qui sont malheureusement peu connus et pas cités en
référence. La majorité des PDC des communes du delta ne fait pas par exemple pas référence au
SDAGE qui est adopté bien avant leur élaboration. Normalement tous les PDC des communes du
Bassin de l’Ouémé doivent être mises en cohérence avec le SDAGE comme il est exigé de le faire avec
les ODD et le PAG.

15
Ministère de la santé publique, Stratégie nationale d’hygiène et d’assainissement de base (PNHAB). Cotonou,
2018
16
MAEP ; PSDSA 2025 et PNIASAN 2O17–2021 ; version finale, mai 2017

Page 30 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


4.4 Plan delta et autres outils de planification en place dans le delta
Plusieurs outils de planification sont entrain d’être opérationnalisés dans le delta. Il s’agit des PDC
troisième génération de la plupart des communes, des Schéma directeurs d’aménagement de
certaines Communes, des Plans d’Urbanisme, de Plan Directeur d’Aménagement (PDA) et les Plans
Directeur d’Urbanisme (PDU) qui sont des outils à échelle communal.

Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme du Grand Cotonou qui regroupeles communes


de Porto-Novo, de Sème-Podji, de Cotonou, d’Abomey-Calavi et de Ouidahqui est un outil de
planification régionale.Il y a aussi une initiative de planification régionale qui a débouché sur le plan
stratégique de développement du pays Wémé qui concerne les communes d’Adjohoun, des
Aguégués, de Bonou et de Dangbo.

Aucune des planifications n’est à l’échelle delta qui s’étend sur un espace regroupant 24 communes
réparties dans 5 départements (l’Atlantique, le littoral, l’Ouémé, le plateau et le Zou).

Le plan delta est un outil d’opérationnalisation de la GIRE à l’échelle inclue dans le sous bassin. Il doit
être en parfaite cohérence avec leSchéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE)
Ouémé.Le Plan Delta pourrait être considéré comme un « Schéma d’Aménagement et de Gestion des
Eaux (SAGE) » régi par le décret N°2012-227 du 13 août 2012.

Le plan delta est donc un outil de planification différentes des autres de par son échelle de
couverture et de par la thématique qu’il opérationnalise. Une planification de cette échelle n’aura de
valeur sans participation de toutes les communes concernées et des autres acteurs en présence à
son processus d’élaboration or tel n’est pas encore le cas. C’est en cela que le processus de
consultation des parties prenantes actuellement en cours doit être poursuivi et renforcé.

Le document validé doit être assorti de l’engagement des Conseils communaux et adopté en conseil
des ministres pour sa mise en œuvre de l’engagement des Conseils communaux assorti de
délibération. Les autorités de tutelles doivent veiller à sa prise en compte dans les futurs outils de
planification à élaborer.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 31


5 CADRE INSTITUTIONNEL DE LA GOUVERNANCE DU DELTA DE L’OUEME

5.1 Acteurs du cadre institutionnel


L’article 29 de la loi portant gestion de l’eau dispose que « dans le cadre de la gestion de l’eau, l’Etat
et les collectivités territoriales décentralisées assurent, à tous les niveaux, la mise en place des
structures appropriées et la participation des acteurs concernés. Des décrets pris en conseil des
ministres déterminent, en tant que de besoin, lesdites structures en fixant leurs compositions, leurs
attributions et leur mode de fonctionnement.

Ainsi, les structures ci-après ont été déterminées.

5.1.1 Cadre Institutionnel

La figure ci-dessous présente les principaux acteurs tel que prévu par le dispositif de la GIRE
applicable à la gestion du delta de l’Ouémé et de la zone côtière.

Figure 5.1 : Cadre institutionnel de la GIRE

La figure ci-dessus montre qu'un grand nombre d'acteurs de familles diverses et à différents niveaux
sont concernés par les différents aspects de la gestion de l'eau dans le delta.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 33


Au niveau des organes intersectoriels (CN EAU, CIE, FN Eau, INE, CBO, ABO, CSB et CE), le CN Eau
depuis 2016 ne s’est pas réuni à ce jour. La CIE organise les réunions même si ce n’est pas de façon
régulière. Le Fonds National de l’Eau est créé mais pas opérationnel. Il doit être alimenté à partir des
dotations de l’Etat, des produits des redevances et contributions selon les principes « utilisateur-
payeur » et de « pollueur-payeur » qui ne sont pas encore appliqués malgré l’existence de 2 décrets
en lien avec les redevances.

L’INE est opérationnel au sein de l’université, mais devrait être rendu plus autonome.

Le CBO bassin de l’Ouémé est créé et tient ses sessions. Une agence nationale des bassins
hydrographiques sera créée en remplacement des agences de bassin. Les premiers CBS et CLE sont en
train d’être mis en place.

Ainsi le cadre institutionnel GIRE se met progressivement en place. L’ensemble du dispositif doit être
rendu opérationnel C’est à cette seule condition qu’on peut entrevoir une concertation entre les
acteurs autour de la gestion des ressources en eau et une planification efficiente des ressources en
eau. Ce dispositif est essentiel pour la mise en œuvre du projet 42 du PAG.

La Figure 5.1 montre aussi la multiplicité des acteurs du secteur public qui interagissent dans le
domaine de la gestion des ressources en eau. Beaucoup de ministères à travers certaines de leurs
directions techniques et structures sous tutelle.

Le Ministère de l’Eau et des Mines avec ses structures sous tutelle (DG Eau et SONEB) assure le lead
des ministères impliqués dans la gestion de l’eau. Depuis 2017 avec la création de l’ANAEPMR
directement rattachée à la Présidence qui s’occupe de l’eau potable en milieu rural, la GIRE est
devenue l’activité principale de la DGEau. Cependant à ce jour l’AOF de la DGEau n’est pas encore
revu afin de l’adapter à cette nouvelle situation. Dans cette situation, on assiste à un manque de
coordination des interventions sur le terrain ; beaucoup d’ouvrages se construisent sans concertation.

La problématique de la DGEau est caractérisée par le recentrage de ces activités autour de la GIRE
qu’il faut encore consacrer juridiquement par un AOF, et l’insuffisance de ses capacités humaines,
matérielles, organisationnelles et financières pouvant permettre d’exercer cette capacité. Ainsi cette
direction qui s’est pendant longtemps concentrée sur le volet eau potable doit se reconvertir et
former son personnel afin qu’elle soit plus apte à assumer au mieux ses mandats GIRE.

On remarque dans l’exécution des attributions des acteurs publics des confusions, des redondances
et parfois des contradictions qui rendent difficile la gestion de la ressource. Ceci entraine une
répartition peu judicieuse des responsabilités. On note aussi une absence de coordination au niveau
déconcentré et décentralisé.

Malgré les efforts de redéploiement faits dans certains secteurs, on note les faibles capacités des
institutions publiques, notamment l'insuffisance des effectifs en ressources humaines. « Le diagnostic
du sous-secteur a révélé une insuffisance au niveau de l’ensemble des acteurs étatiques (niveaux
centraux, déconcentrés et communaux) des ressources humaines disponibles, soit au niveau qualitatif
(profil technique) soit au niveau quantitatif (postes effectivement occupés) »17 Il est aussi à noter la
faible implication des communes dans la gestion intégrée des ressources en eau, la non formalisation
et le non fonctionnement de la plupart des intercommunalités existant dans le delta. A ce jour, c’est
seulement la Communauté des Communes des Lagunes Côtière (CCLC) qui est formalisée. Il réunit

17
Stratégie Nationale d’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural 2017 – 2030 page 31

Page 34 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


les communes d’Abomey-Calavi, de Comè, de Grand Popo, de Kpomassé et de Ouidah autour de la
préservation et de la mise en valeur des zones humides du littoral.

Figure 5.2 : Etat des lieux de la concertation des acteurs à la base utilisant les
ressources en eau

L’enquête de terrain dans dix communes du delta (Adjara, Aguégués, Dangbo, Sèmè-Kpodji, Abomey
Calavi, So-Ava, Zé, Ouidah, Ouinhi et Zagnanado) a montré qu’à l’exception de la commune de Sô-
Ava dans laquelle il existe un cadre de concertation, il n’existe aucun cadre formel de concertation
entre les acteurs utilisant ou gérant les ressources en eau dans les autres communes. Même à So-Ava
le cadre ne paraît pas vraiment représentatif. Ce qu’illustre la Figure 5.2.

L’enquête de terrain a aussi montré une multiplication des acteurs au niveau des usagers de l’eau
dans le delta. Chaque projet ou ONG intervenant met en place ses organisations socio
professionnelles sans véritable coordination.

5.1.2 Analyse des capacités institutionnelles

Afin de pouvoir assurer une bonne gouvernance de l’eau, il est très important d’établir une chaîne de
causalité entre, d’une part, l’amélioration du bien-être des populations et la gestion rationnelle des
ressources en eau et, d’autre part, les acteurs et les circuits techniques, administratifs et financiers
régissant leur fonctionnement. C’est l’objet de ce sous chapitre.

Les institutions en charge de la gouvernance de l’eau au Bénin ont des capacités d’action assez
limitées et qui se traduisent par :
- L’insuffisance de ressources humaines : les structures sont en général dotées d’un personnel
réduit et dont les capacités ont besoin d’être renforcées au moyen des actions de recyclage,
de formation complémentaire et de recrutement additionnel de nouveaux cadres qualifiés ;
- L’insuffisance de ressources financières et de moyens matériels et techniques : hormis les
récents appuis de certains partenaires au développement l’Etat béninois, en tant que

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 35


dépositaire de la gouvernance de l’eau, n’arrive toujours pas à octroyer les moyens requis
afin que les structures compétentes puissent jouer pleinement leurs rôles
- L’absence de collaboration entre les institutions : non seulement les institutions impliquées
dans la gouvernance de l’eau sont multiples et il existe un cadre de concertation
interministériel du domaine de l’eau mais il est encore peu opérationnel avec pour résultat
que les échanges d’informations et d’expériences restent limités tant en terme de
capitalisation de l’expérience que pour la clarification des rôles dans l’optique de permettre à
chaque acteur de jouer réellement celui qui lui est dévolu.

La société civile n’a pas encore toutes les capacités requises pour s’approprier, comme cela se doit,
les problématiques de la gouvernance de l’eau et s’affirmer. Il en est de même pour le secteur privé
dont la plupart des interventions se concentrent autour de la construction et parfois la gestion des
infrastructures ou des projets de gestion des ressources naturelles dont les impacts sont en général
de courte durée.

En définitive, les principaux acteurs ont une mauvaise connaissance ou une mauvaise lecture des
cadres juridiques, réglementaires et institutionnels de la gestion des ressources en eau.

Au niveau des communes, se pose le problème lié à leurs attributions issues de la décentralisation.
Elles sont dotées, conformément aux textes juridiques les régissant, d’une série de compétences à
exercer en matière de gouvernance de l’eau. En dehors de la gestion administrative, les autorités
locales ont la lourde responsabilité d’assurer le développement économique durable et équilibré de
leurs territoires à travers notamment la fourniture de services d’eau, la conservation et la gestion des
ressources naturelles y compris la ressource eau.

Cependant, malgré les efforts qui sont faits depuis l’avènement de la décentralisation, la plupart des
communes ne disposent pas encore de structures techniques adéquates et des moyens matériels,
financiers et humains requis pour mener, comme cela se doit, les activités inhérentes aux
compétences qui leurs sont transférées. A travers ces compétences, les collectivités locales doivent
identifier et conduire les opérations nécessaires à l’amélioration du cadre de vie de leurs populations
et à la création de la valeur ajoutée.

En créant un nouvel acteur dans l’administration territoriale et en lui transférant certaines


compétences inhérentes à la gouvernance de l’eau, les lois de décentralisation ont induit la nécessité
d’un appui technique aux autorités locales en matière de gestion des ressources naturelles pour la
consolidation des objectifs du développement local. D’où la nécessité d’un appui technique
considérable au profit des autorités départementales et communales dans le domaine de la GIRE.

La plupart des regroupements des communes dans le delta n’est pas formalisée et est non
fonctionnelle faute de soutien des partenaires. A titre d’exemple le Conseil Intercommunal d’Eco-
Développement (CIED) Nokoué qui regroupe les communes de Porto-Novo, des Aguégués et de
Sèmè-Kpodji n’est pas formalisé et est en léthargie.

5.2 Pertinence et légitimité des institutions dans la gestion du delta


La GIRE a prévu un cadre au niveau national et local pertinent pour la gestion du delta mais les
structures sont encore loin d’être fonctionnelles.

La GIRE qui est censé rassembler l’ensemble des acteurs aux différents niveaux dans le cadre de la
gestion intégré de l’eau peine à être réellement lancée au Bénin et au niveau du bassin de l’Ouémé.

Page 36 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


La gestion du delta s’intègre dans le dispositif GIRE au niveau du sous bassin de la Basse et Moyenne
Vallée de l’Ouémé (BMVO). Au nombre des organes de la GIRE dans le bassin de l’Ouémé, on
compte : le Comité de bassin de l’Ouémé, l’Agence de bassin de l’Ouémé (qui sera remplacée par une
agence nationale des bassins hydrographiques), quatre comités de sous-bassin dont celui de la Basse
et Moyenne Vallée de l’Ouémé dans laquelle la zone du delta est incluse.

5.3 Coopération entre les acteurs parties prenantes


En l’absence de mise en place des institutions du cadre institutionnel prévu pour la GIRE, la
collaboration entre les parties prenantes est limitée.

En l’absence de coopération et de cadre de concertation, on assiste à des formes de conflits autour


de l’utilisation des plans d’eau dans le delta. La figure ci-après schématise les types de conflits dans le
delta avec les acteurs impliqués et le mode de règlement.

Figure 5.3 : Différents types de conflits au niveau de certaines communes du delta.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 37


6 CONCLUSION
La gouvernance et l’institutionnel sont des aspects clés dans le cadre de la mise en place des outils de
planification pour une bonne gestion intégrée des ressources en eau.

L’actuel gouvernement doit être soutenu dans toutes les actions visant à améliorer la gouvernance au
niveau du secteur. Les actes de mal gouvernance induisent la réduction de l’accès de la population
aux infrastructures d’eau, notamment les couches les plus vulnérables, la mauvaise qualité de l’eau, la
mauvaise qualité des ouvrages mis en place et leur manque d’entretien, l’augmentation des coûts de
prestation des services liés à l’eau et la réduction de la qualité des prestations...

L’arsenal juridique du Bénin dans le domaine de la gestion des ressources en eau est riche et varié
mais les textes n’ont de valeur et d’effets sur un secteur que lorsqu’ils sont appliqués. La tendance à
leur méconnaissance et à leur non application doit être corrigée.

Aussi le cadre institutionnel de la GIRE qui est très pertinent pour la bonne gestion des ressources en
eau doit-il être mis en place à tous les niveaux et rendu fonctionnel de façon à corriger la tendance à
la multiplication des acteurs et à la non concertation autour de la gestion de l’eau, notamment celle
du delta de l’Ouémé. Dans ce sens la consultation des parties prenantes prévue dans le cadre de
l’élaboration du Plan delta doit être poursuivie et renforcée de façon à assurer une bonne
participation des acteurs à toutes les étapes du processus.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 39


Référence Bibliographique

Rapports

[1] Ministère de l’Energie, de l’Eau et des Mines, Plan Directeur de Développement du sous-
secteur de l’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural du Bénin, Cotonou, Juillet
2017

[2] Ministère de l’Energie, de l’Eau et des Mines, Cartographie des risques de déficit d’intégrité
dans le secteur de l’eau au Bénin,Tome1, Cotonou, 2017

[3] Ministère de l’Energie, de l’Eau et des Mines, Stratégie Nationale d’Approvisionnement en


Eau Potable en Milieu Rural 2017 – 2030, Cotonou 2017

[4] Ministère de l’Energie, des Recherches Pétrolifères et Minières, de l’Eau et du


Développement des Energies Renouvelables, DG Eau, Rapport SDAGE volume 1, Cotonou
2013.

[5] Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Plan Stratégique de Développement du


Secteur Agricole (PSDSA) 2025 et Plan National d’Investissements Agricoles et de Sécurité
Alimentaire et Nutritionnelle PNIASAN 2017 – 2021, Cotonou, 2017

[6] Ministère de la santé publique, Programme national d’hygiène et d’assainissement de base


(PNHAB). Direction de l'hygiène et de l'assainissement de base, Cotonou, 2003

[7] République du Bénin, Programme d’Action du Gouvernement, Cotonou, 2016

[8] République du Bénin, Politique Nationale de l’Eau, Cotonou, 2008

[9] République du Bénin ; Document de Politique Nationale de l’Hygiène et de l’Assainissement


du Bénin (PNHA) ; octobre 2012

[10] République du Bénin, Ministère de l’Energie de l’eau et des mines, programme omidelta,
volume 2, composante gire – acteurs étatiques, juillet 2017

[11] République du Bénin, Ministère du Cadre de vie et du Développement Durable, Répertoire


des instruments juridiques, relatifs aux changements climatiques, Cotonou, Novembre 2016

Conventions

[1] Convention relative aux zones humides d’importance Internationale (2 février 1971 à
RAMSAR) ;

[2] Convention Cadre des Nations Unies sur la diversité biologique (Rio de Janéiro, 1992) ;

[3] Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (1992) et le protocole
de Kyoto (Japon 1997) ;

[4] Convention-Cadre des Nations Unies sur la Désertification le 30 juin 1994 ;

[5] Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique les déchets dangereux et sur
le contrôle des mouvements transfrontières ;

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 41


[6] Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles du 15
septembre 1968 ;

[7] Convention de Rotterdam sur le commerce international des produits chimiques et pesticides
dangereux ;

[8] Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, 22 mai 2001.

Lois

[1] Loi n° 90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin ;

[2] loi N°2018-18 sur les changements climatiques au Bénin ;

[3] Loi n°2017-15 du 10 août 2017 modifiant et complétant la loi 2013 du 14 Août 2013 portant
code foncier et domanial en République du Bénin ;

[4] Loi N° 2016 -002 Portant loi-cadre sur l’aménagement du territoire au Bénin ;

[5] Loi n° 2010-44 portant gestion de l’eau en République du Bénin ;

[6] Loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes ;

[7] Loi n° 98-030 du12 février 1999 portant loi-cadre sur l’environnement en République du
Bénin ;

[8] Loi n° 93-009 du 2 juillet 1993 portant régime des forêts en République du Bénin ;

[9] Loi n°91-004 du 11 Février 1991 portant réglementation phytosanitaire en République du


Bénin ;

[10] Loi 90-005 du 15 mai 1990 fixant les conditions d’exercice des activités de commerce en
République du Bénin ;

[11] Loi n°87-013 du 21 Septembre 1987 portant réglementation de la vaine pâture, de la garde
des animaux domestiques et de la transhumance ;

[12] Loi n°87-15 du 21 Septembre 1987 portant Code de l’Hygiène Publique

Décrets

Décrets relatifs à la Loi n° 2010-44 portant gestion de l’eau en République du Bénin

- décret 2011-573 du 31 août 2011 portant instauration du Schéma Directeur d’Aménagement


et de Gestion de l’Eau (SDAGE).
- décret 2011-574 du 31 août 2011 portant création, attributions, composition, organisation et
fonctionnement du Conseil National de l’Eau.
- décret 2011-621 portant création, attributions, composition, organisation et fonctionnement
des comités de bassin.
- décret n°2011-671 du 05 octobre 2011 fixant les procédures de délimitation des périmètres
de protection des captages d’AEP ;

Page 42 Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau


- décret N° 2015- 176 DU 13 avril 2015 portant définition des utilisations domestiques de l'eau
en République du Bénin ;décret 2011-623 DU 29 SEPTEMBRE 2O11 fixant la procédure de
détermination des limites des dépendances du domaine public de l’eau. .
- décret 2011-671 fixant les procédures de délimitation des périmètres de protection.
- décret n°2012-227 portant instauration du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux
(SAGE) ;
- décret n° 2015-294 DU 03 juin 2015 portant conditions d'édiction des règles générales et
prescriptions applicables aux installations, ouvrages, travaux et activités soumis à autorisation
ou à déclaration ;
- décret n° 2015-326 DU 03 juin 2015 portant fixation des conditions d'exercice des activités
d'exploitation des ouvrages d'eau potable au Bénin ;
- décret n° 2015-327 du 03 juin 2015 portant modalités de gestion des besoins en eau en cas
de sécheresse, inondation ou autres cas exceptionnels ;
- décret n° 2015-328 DU 08 juin 2015 portant détermination de la redevance d'exploitation des
ressources en République du Bénin ;
- décret n° 2015-554 DU 06 novembre 2015 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement de la Commission Interministérielle de l'Eau ;
- décret n° 2015-292 DU 03 juin 2015 portant détermination des bassins et sous bassins
hydrographiques et fixation de leurs limites en République du Bénin ;
- décret n° 2015·553 DU 06 novembre 2015 portant adoption du Schéma Directeur
d'Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin de l'Ouémé ;
- décret n° 2015-578 DU 18 novembre 2015 portant procédure d'autorisation ou de
déclaration des installations, ouvrages, travaux et activités relatifs à l'eau ;
- décret n° 2015-579 DU 18 novembre 2015 portant modalités de répartition des amendes
prévues dans la loi n° 2010-44 du 24 novembre 2010 portant gestion de l'eau en République
du Bénin ;
- décret N° 2015-580 DU 18 novembre 2015 portant détermination de la nomenclature des
installations, ouvrages, travaux et activités soumis à autorisation ou à déclaration ;
- décret N° 2015-675 DU 31décembre 2015 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement de l'Agence du Bassin de l'Ouémé (ABO) ;
- décret N° 2015-676 DU 31 décembre 2015 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement du Fonds National de l'Eau (FNEau).

Décret relatifs à la Loi n° 98-030 du12 février 1999 portant loi-cadre sur l’environnement en
République du Bénin
- décret n° 2001-095 du 20 février 2001 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement des cellules environnementales en République du Bénin.
- décret n°2001-190 du 19 juin 2001 portant organisation de la procédure d’Audience Publique
en République du Bénin et décret n° 2001-235 du 12 juillet 2001 portant réglementation de la
procédure d’étude d’impact sur l’environnement au Bénin..
- décret n° 2001 – 109 du 04 avril 2001 fixant les normes de qualité des eaux résiduaires.
- décret n° 2001- 110 du 04 avril 2001 fixant les normes de qualité de l'air.

Plan Delta – EDL - RT – Gouvernance de l’Eau Page 43


- décret N° 2003-232 du 27 août 2003 portant des déchets solides ;
- décret N°2003-330 du 27 août 2003 portant des huiles usagées ;
- décret N° 2001-094 du 20 février 2001 fixant les normes de qualité de l’eau potable ;

Décret N° 097-616 du 18 décembre 1997 portant application de la loi n°87-15 du 21 Septembre


1987 portant Code de l’Hygiène Publique

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