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Kabbale
Mort et Magie Juive
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& spiritualité
Kabbale
Mort et Magie Juive
Religions et Spiritualité
fondée par Richard Moreau,
Professeur émérite à l'Université de Paris XII
dirigée par Gilles-Marie Moreau
Dernières parutions
Kabbale
Mort et Magie Juive
1-f
L' êmattan
DU MÊME AUTEUR
© 2023, L'Harmattan
5-7, rue de !'École-Polytechnique - 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
ISBN: 978-2-14-028165-5
EAN :9782140281655
AVANT-PROPOS
Plan de L'ouvrage
L'ouvrage comprendra trois parties : la première partie traitera de la
mort dans le judaïsme c'est-à-dire l'événement que constitue la
disparition d'une personne. L'importance du fait lui-même, sera
analysée à travers le prisme de la religion. Nous reprendrons le
modèle d'analyse de l'historien Philippe Ariès qui distingue quatre
attitudes qui se succèdent devant la mort : la mort apprivoisée, la mort
de soi, la mort de toi et la mort interdite.
La deuxième partie aura pour tâche d'appréhender les principes et les
croyances magiques.
Nous mettrons en relief leurs tolérances et leurs condamnations.
Enfin, la troisième abordera les nouvelles pratiques et usages
contemporains que sont le suicide, l'autopsie, l'euthanasie, la
crémation, le don d'organe et le testament.
Pour les textes bibliques, nous utilisons la traduction de la Bible de
Jérusalem ; nous avons choisi de donner à chaque fois en français les
titres des œuvres analysées.
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Première partie
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CHAPITRE 1
La mort fait partie de l'ordre du monde
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fauter. Un célèbre verset de l'ecclésiastique l'illustre d'ailleurs
parfaitement :
Il n'est pas d'homme juste sur terre qui fasse le bien sans jamais faillir. (Ecclésiaste
7 :20).
De même, on constate l'inexistence de rapport entre faute et mort dans
le livre de l 'Exode, 23 :26.
« Je comblerai la mesure de tes jours».
Ceci signifie que Dieu fixe lui-même le nombre d'années d'existence
qu'il va attribuer à chaque être humain.
Les sages sont d'avis que, s'il le mérite, on lui ajoute des années de
vie supplémentaire. Sinon, on lui diminue d'autant le nombre de ses
années»
Comme on le voit, Rabbi Akiva pense que la conduite humaine, si
parfaite soit-elle, ne saurait éviter à l'homme la mort, ni rallonger sa
durée de vie. Une attitude exemplaire pourra cependant lui éviter une
mort sortant de l'ordinaire :
Rabbi Akiva enseigne(T.B.Traité Chabbat 156 b)
« La vertu sauve de la mort » (Proverbes 10, 2), non pas de la mort elle-
même, mais d'une mort sortant de l'ordinaire» (mita mechouna)
Nahmanide (1194-1270) abonde également dans ce sens:
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doit accomplir la femme juive :(michna, Chabbat II, 6)
« Car moi, l'éternel ton Dieu, je suis un dieu jaloux qui poursuit le crime des pères
sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération pour ce qui
m'offensent, et qui étend ma bienveillance à la millième pour ceux qui m'aiment et
gardent mes commandements» .(Exode 20,5-6)
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d'un au-delà dans lequel toute souffrance inexplicable dans ce monde
(des enfants en bas âge notamment) trouvera sa compensation.
Chez cet auteur, cette théodicée suppose la liberté et la croyance en
l'au-delà, lesquelles forment, avec la foi en Dieu les trois vérités
fondamentales de la religion : Dieu, liberté, immortalité de l'âme.
Pour Saadia, l'immortalité est subordonnée à la résurrection.
On retrouve également ce type de théodicée chez Hasdaï Crescas
(1340-1410), chef spirituel des communautés juives d'Aragon. Pour
ce penseur, c'est la bonté de Dieu qui confère un sens à sa justice. Le
caractère divin ne revêt point un caractère de vengeance, il est
préventif : Dieu punit pour détourner du mal par la crainte. La félicité
éternelle consiste en une communion interne avec Dieu, conséquence
nécessaire de l'amour que l'homme lui porte.
« Heureux l'homme que tu redresses, Éternel, et que tu inscris dans ta loi. (Psaumes
94 :12). »
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Dans cette perspective, les souffrances infligées par amour (yissûrin
méahabâh) en apparence sont imméritées, augmentent pour ainsi
dire leur capital de mérites à valoir dans le monde à venir.
Cette souffrance des Justes est une réponse que se fait l'âme croyante
pour qui la vie présente n'est que le vestibule de la vie éternelle.
Le chapitre 53 d'Isaïe (le serviteur souffrant) l'illustre en ces termes:
« Raba au nom de Sehorâh, celui-ci au nom de rab Una : tout homme en qui Dieu se
complaît, il l'accable de souffrances ainsi qu'il est dit:« Le Seigneur se complaît, il
l'accable, il lui inflige la maladie. »
Est-ce le cas lorsque le sujet n'assume pas ses souffrances par amour?
L'écriture répond (par la suite du verset) : S'il offre un sacrifice
expiatoire.
De même que ce sacrifice ne peut être offert qu'en pleine conscience,
de même les souffrances (ne peuvent être assumées) qu'en pleine
conscience. Quelle est la récompense du sujet qui les a acceptées
(ainsi)? Il verra postérité, connaîtra longévité, bien plus, il conservera
la maîtrise de ce qu'il a appris, car il est dit :
« Béni soit Dieu qui n'a pas écarté ma prière et ne m'a pas retiré sa grâce ».
(Psaume 66 :20)
.Un troisième docteur, Rabbi Aba, fils de Rabbi Hiyya bar Aba, arbitre
la controverse en rappelant à ses collègues une solution transmise par
son père au nom de Rabbi Yohannan. Dans les deux cas, les
souffrances imméritées en stricte justice sont infligées par amour, car
il est dit :
« L'homme que le seigneur aime, il le châtie.» (Prov. 3 : 12)
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Les personnes ayant dispensé cette doctrine de compensation sont
essentiellement des philosophes de la période judéo-arabe.
Saadia Gaon (882-942) aborde dans son célèbre ouvrage de doctrine
philosophique intitulé « livre des croyances et des convictions » rédigé
en arabe sous le titre« kitab al amanâtw 'ali 'tiqâdât », le problème de
cette souffrance apparemment imméritée :
je dirai encore avoir reconnu l'existence de deux catégories de
souffrances de justes dans ce monde-ci :
- l'une pour les péchés minimes.
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à cette théodicée. Cette théodicée désigne donc le passage de l'âme à
un nouveau corps par une naissance physiologique et non d'une âme
qui va d'un corps mort à un autre corps vivant ou dans un autre corps
qui ne lui appartiendrait pas comme dans la métempsychose.
Chez les musulmans il existe aussi une doctrine de compensation
analogue appelée mutazilite. Cette très importante doctrine développée
au huitième siècle est toujours en vigueur aujourd'hui. Elle est basée
sur la raison avec comme principes fondamentaux, l'unité et la justice
de Dieu. Sans entrer dans le détail nous pouvons dire qu'elle est l'une
des principales causes de souffrance dans l'islam. En effet aux yeux
d'un mutazilite la souffrance impliquera obligatoirement une
compensation, soit pour lui-même soit éventuellement pour un proche.
Elle a donc pour finalité l'effet salutaire maslaha et la valeur
exemplaire i 'tibar. Le talmud relate une discussion entre Rabbi Jacob
bar idî et Rabbi Ahâ bar Hanina docteur palestinien de la seconde
moitié du troisième siècle. Selon le premier, seules les souffrances qui
n'obligent pas à interrompre l'étude sont infligées par amour à preuve
ce verset :(Psaume 94 : 12)
« Heureux l'homme que tu châties, Dieu, en même tant que tu l'instruis de ta tora. »
Selon l'autre, la souffrance infligée par amour est celle qui ne cause
pas l'interruption de la prière, car il est dit :
« Béni soit Dieu qui n'a pas écarté ma prière et ne m'a pas retiré sa grâce. »
(Psaume 66 :20).
Un troisième docteur, Rabbi Abba fils de Rabbi Hyya bar Abba arbitre
la controverse en rappelant à ses collègues une solution transmise par
son père au nom de Rabbi Yohanan décédé en 279. Dans les deux cas
les souffrances imméritées en stricte justice sont infligées par amour
car il est dit :
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frustré de sa récompense et le méchant n'échappera pas à ce
châtiment.
Si cependant Dieu a jugé nécessaire, pour le bon ordre des choses,
d'infliger une souffrance imméritée à un juste ou à un irresponsable,
sa justice lui imposera toutefois une récompense dans l'autre monde.
Cette doctrine demande à être complétée par la définition du bien et
du mal. Si pour un juif orthodoxe ce que Dieu interdit est mauvais, ce
qu' il ordonne est bon. Pour un Mo'tazilite au contraire le bien et le
mal ont pour critère la raison. Dieu y est soumis, donc il ordonne
parce que c'est bon et il interdit parce que c'est mauvais.
Ce type de théodicée est à l'origine de cette notion qu'est le fatalisme
dans l'Islam. Cette attitude est certainement la plus extrême mais
peut-être aussi la plus logique pour une conscience religieuse.
Elle s'oppose catégoriquement à toute ingérence médicale et considère
la mort comme un état à endurer avec philosophie puisque Dieu l'a
décidé ainsi. Tout effort visant à se dégager de la mort est appréhendé
comme une attaque contre l'agencement divin de la vie. La prière, le
jeûne ou la consultation d'une autorité religieuse sont donc les seules
attitudes convenables à adopter face à la mort, elle-même perçue
comme un châtiment et/ ou un appel à la pénitence.
Les bases de cette théodicée sont mentionnées dans de nombreux
textes de la Bible hébraïque :
« Reconnaissez maintenant que c'est moi qui suis Dieu, moi seul et nul Dieu à côté
de moi ! Que seul je fais mourir et vivre, je blesse et je guéris et qu'on ne peut rien
soustraire à ma puissance. »Deutéronome 32 :39.
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Hurayra il est notifié qu'à l'entrée du mois de ramadan le paradis
s'ouvre, l'enfer se ferme et les Satan sont garrottés. (Cf Vajda ,1957)
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de sang le plus souvent comme un guerrier ou un roi.
Dans la littérature apocalyptique comme le Sefer Zerubabel, les
Nistarotde Rabbi Shimon bar Yohaï il est une figure récurrente de
l'archange Métatron.
Saadia Gaon (882-942)aborde ce messianisme apocalyptique suivant
trois principes :
- la certitude de l'événement.
- l'exil est un châtiment qui ne peut se prolonger indéfiniment.
- il suffit de conserver la foi en un retour.
Isaac Abarbanel (1437-1508) aborde dans son ouvrage Rosh Amanah
(les principes de la Foi) le problème du messianisme apocalyptique.
« Encore deux mille trois cents soirs et matins, et le sanctuaire sera rétabli dans son
droit. »
« Le déclin du peuple a commencé lors du schisme des deux royaumes, premier soir
d'une longue nuit qui ne s'achèvera que par le matin de la délivrance. Celle-ci
surviendra donc 2300 années (un jour signifiant ici une année) après le schisme ».
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prédictions rendaient au peuple meurtri l'espoir d'une délivrance
proche.
« On serait tenté de croire que ce que l'un ( des interlocuteurs) dit, tous les autres le
disent également et que les mêmes idées se répètent et se croisent».
1.6.1. Job
Cet homme atteint par la souffrance et la mort déduit de son
expérience que tous les hommes sont égaux devant Dieu qu'ils soient
pieux ou non :
« Tout revient au même: c'est pourquoi je dis :« Justes et méchants, il les fait
pareillement périr si le flot tue subitement, il se rit de l'épreuve des innocents ».
(JOB.9 : 22-23).
Sa douleur est aussi violente que la force avec laquelle il invective et
interpelle Dieu :
« Moi-même en évoquant mes souvenirs je suis effrayé et ma chair est saisie de
tremblements. Pourquoi les méchants demeurent-ils envie ? Pourquoi vont-ils
progressant et augmentant de force?» (JOB :21 : 6).
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On pourrait ainsi énumérer nombre de citations pouvant illustrer l'état
d'esprit dans lequel se trouve Job.
1.6.2.Eliphaz.
Il voit en la souffrance de Job la preuve flagrante que ce dernier a
commis de nombreux méfaits pour mériter une telle adversité :
« Certes il faut que ta perversité soit grande et innombrables tes
méfaits » (JOB.22: 5-10).
« Songes-y donc : est-il un innocent qui ait succombé? Où est-il arrivé que des
justes aient péri ? Pour moi, j'ai observé ce fait : ce sont ceux qui cultivent l'iniquité
et sèment le mal qui les récoltent». ( 4 : 7-8).
Il n'existe aucun doute dans l'esprit d'Eliphaz: toute impiété entraîne
nécessairement une sanction de Dieu. Quant à l' innocent, il ne pourra
rien lui arriver puisqu'il n'a rien fait de mal.
1.6.3.Bildad
Bildad possède également sa propre interprétation de la souffrance
avec le postulat suivant :si Job est innocent, son extrême souffrance
aura pour but de lui procurer une récompense divine extraordinaire. Il
s'agit de la souffrance compensation préconisant que toute souffrance,
même si elle est imméritée aura pour effet une récompense divine :
1.6.4. Tsofar
Pour Tsofar enfin, il ne faut pas chercher à percer le dessein de Dieu :
l'homme est incapable de pénétrer les secrets de la sagesse de Dieu.
Prétends- tu pénétrer le secret insondable de Dieu, saisir la perfection
du Tout-Puissant? (Job 11 : 5-7).Comme nous le disions plus
haut Maïmonide a mis en évidence chacune des quatre opinions
des intervenants que nous venons de passer en revue.
Maïmonide résuma ainsi la pensée de chacun d' entre eux. L'opinion
de Job est proche de celle d'Aristote à savoir que l'homme pieux et
l'homme impie sont égaux devant Dieu; celle d'Eliphazest conforme
à l'esprit de la Torah c'est-à-dire que l'innocent ne subira pas de
châtiment car seul le coupable est puni par Dieu. L'opinion de Bildad
s'apparente à la doctrine Mu'tazilite préconisant que toute souffrance
même imméritée aura pour conséquence une récompense divine ;
enfin, celle de Tsofar rejoint celle des Ash'arites disant qu'il
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ne faut pas chercher à percer le dessein de Dieu.
La pensée la plus évidente serait donc celle d'Eliphaz conforme à la
Torah. Tout- au- contraire, Dieu, au moment de sa révélation,
semoncera sévèrement Eliephaz en lui disant:
« Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis parce que vous n'avez
point parlé de Moi avec rectitude comme mon serviteur Job » (JOB.42 :7).
« ... Job était revenu de cette opinion extrêmement erronée et en avait lui-même
démontré la fausseté. Il ne prononçait ces paroles que tant qu'il était dans
l'ignorance et qu'il ne connaissait Dieu que par tradition comme le connaît la foule
des hommes religieux; mais dès qu'il eut de Dieu une révélation certaine, il
reconnut que la félicité qui consiste en la connaissance de Dieu est réservée à tous
ceux qui le connaissent et qu'aucune de toutes ces calamités ne saurait la troubler
chez l'homme».
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Chapitre 2
LA MORT DOIT ÊTRE CONSTATÈ
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Si toutefois le déblayage s'effectue de haut en bas, c'est-à-dire par la
tête, les deux avis se rejoindront pour an-êter le déblayage aux narines,
donc avec l'analyse de la respiration. Car, termine la Guémara, la vie
se juge à la respiration, comme le dit le verset de la Genèse 7 : 22
« Tout être possédant un souffle de vie dans ses narines. »
Il semble donc bien ressortir de ce texte que le critère d'an-êt
respiratoire est suffisant pour établir le diagnostic de la mort et qu'une
discussion s'établit sur l'importance à accorder à l'an-êt cardiaque.
Maimonide, dans son code Michné Torah (llh'ot Chabat) statue
suivant le premier avis :
« Tout homme fermant les yeux d'un agonisant est un criminel car il faut attendre un
instant, de peur d'une confusion avec un évanouissement» (Ilh'hotAvel).
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2.2. La mort par un baiser
Bien que la mort soit toujours cruelle, on distingue toutefois la bonne
mort de la mauvaise.
La bonne mort est associée à l'âge : décéder à un âge avancé est une
bénédiction, et l'on accepte mieux de mourir âgé, le corps usé, que
jeune ou à la fleur de l'âge.
Elle est également associée à la manière de mourir : la " mort dans un
baiser " (mitah bene shiqah) est comme le cheveu que l'on retire d'un
verre de lait ou la goutte d'eau que l'on prélève d'un seau. Elle permet
de passer de la vie d'ici-bas à celle de l'au-delà sans souffrance.
Ainsi meurent les Justes, les tsaddiquim comme Moise, par " la
bouche de Dieu". (Deutéronome 34, 5).
La bonne mort est aussi liée au jour du décès· Mourir un vendredi ou
une veille de shabbath est un signe de reconnaissance distinguant les
Justes qui quittent le monde d'ici-bas.
Les Musulmans attribuent au jour du décès la même signification :
"Il est mort un vendredi, quelle bonne mort!", dit-on chez les Béni-
Drar(Maroc) pour faire l'éloge d'un défunt car le vendredi est un jour
privilégié du fait de la prière hebdomadaire.
Les jours de fêtes religieuses sont également un moment privilégié
pour mounr:
« Heureux celui qui serait mort pendant le mois de Ramadan, surtout
la nuit du 27ème jour, moment du commencement de la
révélation ... »(Cf Yachouti p.109)
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CHAPITRE3
La mort est un passage
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C'est le livre central de la Kabbale, qui désigne en hébreu la réception.
Ces enseignements secrets de la Torah furent créés depuis le premier
homme Adam jusqu'aux prophètes en passant par Moïse, David et
Salomon.
D'après la tradition, le Zohar dévoile le sens caché des versets, des
mots, des lettres et aussi des Noms de Dieu.
Tous les grands maîtres de la Kabbale comme le AriZal, rabbi Yishak
Louria (1534-1572), mais aussi le Hida, rabbi Haim David Azoulay
(1724-1806) ou encore le Ramhal, Rabbi Moché Luzzato en Italie
(1707-1746) ou encore le Baal ShemTov, rabbi Israël ben Eliezer
(1698-1760) en Pologne se sont nourris du Zohar pour élaborer leur
enseignement. Il est écrit dans : (Eccl. 8: 8)
« Il n'y a point d'homme qui ait pouvoir sur le souffle de l'esprit et personne n' a
pouvoir sur le jour de la mort».
Rabbi Judah ajoute : dès que débute cette période de trente jours
l'image de l'homme s'obscurcit. Sa forme, sa silhouette et son ombre
habituellement visibles sur la terre s'évanouissent et disparaissent.
Perdre son ombre, rêver de parents et amis, voir en songes un rouleau
de la Thoras ont des signes avant-coureurs d'une mort prochaine et
annoncent du même coup l'entrée en scène de l'ange de la mort.
De ce texte on apprend tout un imaginaire sur le monde de la mort et
de ses mythes, sur le paradis, les rites funéraires, les devoirs et
obligations.
L'autre répondit :
« Mon âme me quittait toutes ces dernières nuits sans que je fusse illuminé par un
rêve comme auparavant; bien plus encore quand dans ma prière je m'incline, je ne
vois pas mon ombre sur le mur c'est donc que le messager est sorti annoncer ma
mort car il est dit: c'est par son ombre que l'homme chemine ». (Ps. 39 : 7). Et nos
jours sur terre sont une ombre. (Job 8 : 9).
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On sait que la colère de l'ange de la mort est apaisée par les bonnes
actions. Cependant sitôt qu'il reçoit les ordres de Dieu lui-même,
liberté lui est laissée de supprimer sans distinction les bons et les
mauvais. Dans Zohar II, 174b on lit sur l'avènement de la maladie
avant la mort :
« On dit à joseph : voici que ton père est malade. (Gen. 48 :1).
Rabbi Una dit: « dans les temps anciens avant l'avènement de Jacob, l'homme
vivait tranquillement chez lui dans sa maison. Quand arrivait pour lui le moment de
mourir, la mort le surprenait et il mourait sans maladie. Quand vint Jacob, il adressa
cette prière à Dieu: Maître du monde, je te demande de faire de telle sorte que
l'homme tombe malade deux ou trois jours et qu'il ne rende le dernier souffle
qu'après qu'il eût exprimé ses dernières volontés à sa famille et qu'il se fût repenti
de ses fautes. Dieu en convint et exauça son vœu ».
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L'exil de l'âme est la septième et dernière épreuve: ce sont ses
continuelles migrations et transmigrations, incarnations et
réincarnations successives. Elle est condamnée à errer et vagabonder
çà et là, sans le moindre répit jusqu'au terme de son long et pénible
voyage qui se termine par son définitif rachat, par sa rédemption
payée au cours de ces errances et transmigrations, par la réalisation
des tâches qu'elle avait à accomplir en ce monde.
Dans Zohar III, 158b; 11,17a. Rabbi Judah et Rabbi Abba dialoguent
avec les morts.
« Rabbi Juda ben Shalom voyageait en compagnie de Rabbi Abba. Ils entrèrent
en un certain lieu pour y passer la nuit. Ils se couchèrent et posèrent leur
tête sur un monticule de terre qui se trouve être une tombe.
Juste avant de dormir, ils entendirent une voix s'élever de la tombe, disant: il y a
douze ans que ma semence est enterrée en cette terre. Je ne me suis jamais réveillé
jusqu'à l'heure présente etje vois le visage de mon fils. Rabbi Judas lui demanda:
« Qui es-tu ?
Je suis judéen. Je reste là, proscrit dans l'impossibilité de rejoindre ma place là-haut
à cause de la souffrance de mon fils qu'un idolâtre avait enlevé quand il était enfant
et qu'on fouette chaque jour. Sa souffrance m'empêche d'entrer (à l'endroit qui
m'est destiné). Rabbi Judah lui pose la question : vous les morts êtes-vous informés
de la souffrance des vivants?. Il répondit: N'étaient les prières des habitants de la
poussière pour L'humanité vivante, celle-ci n'aurait pas subsisté la moitié d'une
journée. Si je me suis réveillé aujourd'hui, ici, c'est parce qu' il m'a été dit que mon
fils viendrait là; et je ne sais si il est vivant ou mort. Rabbi Judah dit encore :
Quelles sont vos occupations en ce monde-là? dans l'au-delà? Au même instant, la
tombe fut secouée d'un tremblement et on entendit un cri : « levez-vous, partez! On
est en train de fouetter mon fils en cette heure-ci »! Frappés de stupeur les deux
hommes prirent la fuite ne s'arrêtant qu'à une distance d'une d'un-demi- mille. Ils
attendirent la lumière de l'aube, se levèrent pour poursuivre la route quand ils virent
un homme les dépasser, courant et fuyant, les épaules ensanglantées Il s' arrêta et
leur raconta son histoire. Il se nommait Lahma bar Liway. Ils se dirent que la mort
se nommait sûrement Liway bar Lahma. Ils prirent peur, cessèrent de lui parler et ne
retournèrent pas à la tombe. Rabbi Abba dit: c'est bien à ce propos qu'il est dit: « la
prière des morts protège les vivants»; et c'est le sens du verset:« ils montèrent par
le sud et ils arrivèrent jusqu'à Hebron ».
Les lettres comprises dans Ha-Satan (le Satan) ont pour valeur
numérique 374, ce qui veut dire que son pouvoir d'accusateur s'exerce
durant les 374 jours de l'année, mais cesse le jour des expiations
(Yoma, 20 a).
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Enfin, c'est Satan qui fait mourir, d'où ce surnom d'ange de la mort
qu'on lui connaît. Dans Zohar (I,217b-218a): Un jour, R. Isaac était
assis à la porte de la maison de R. Judah, plongé dans une profonde
tristesse.
« Qu'y a-t-il de particulier aujourd'hui ? R. Isaac répondit : Je suis venu te
demander trois choses : quand, étudiant la Torah, il t'arrivera de citer certainesde
mes paroles, tu devras les dire en mon nom et faire mention de leur auteur; tu feras
à mon fils la grâce de lui enseigner la Torah; tous les sept jours, tu iras prier sur ma
tombe.
R. Judah demanda: « D'où tiens-tu que tu es sur le point de mourir. »
L'autre répondit: Mon âme me quitte toutes ces dernières nuits sans que je fusse
Illuminé par un rêve comme auparavant; bien plus encore, quand dans ma prière je
m'incline, je ne vois pas mon ombre sur le mur; c' est donc que le messager (Satan)
est sorti annoncer ma mort, car il est dit: C' est par son ombre que l'homme
chemine.» ( Psaume 39, 7)
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- Neshama désigne l'âme supeneure, le souffle de vie que Dieu a
insufflé à l'homme, l'élément divin qu'il porte en lui-même : c'est l'âme
des âmes, "neshamali neshamat", l'âme suprême.
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- la première épreuve se produit lorsque l'âme quitte le corps. A ce
moment, l'âme et le corps sont punis de leurs fautes par l'Ange de la
Mort.
- pour la seconde, le cortège funèbre est conduit du domicile du
défunt jusqu'au cimetière Tout-au-long du chemin, les actes et les
paroles de l'homme l'accusent et l'humilient publiquement pour tous
ses crimes et délits.
- la troisième épreuve est celle que le défunt traverse dès son entrée
dans la tombe.
- la quatrième lui est infligée dans la tombe elle-même. L'Ange de la
mort frappe violemment le cadavre avec des chaînes métalliques ...
("Hi but Ha-geber") (Zohar. I, 245; III, 546 et 126b).
La quatrième épreuve d'expiation consiste en la flagellation du
cadavre (hibbutha-geber),
- la cinquième est le passage à la Géhenne, à l'enfer: il est destiné à
purifier l'âme.
- à la sixième épreuve, le corps est livré à la vermine.
- lors de l'ultime épreuve, l'âme est vouée à de continuelles
migrations et transmigrations, incarnations et réincarnations
successives et ce, jusqu'à la rédemption définitive. Elle aura lieu au
cours de ses errances par la réalisation des tâches qu'elle avait à
accomplir en ce monde ...
Si la plupart de ces épreuves peuvent être cataloguées comme des
épreuves d'expiation dont l'objectif consiste en l'absolution des péchés
du défunt, la première est en revanche celle qui a le plus retenu
l'attention des commentaires mystiques.
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faute, il est donné à l'exécuteur des hautes oeuvres de prélever son
dû ... "
Abraham Azoulay, dans la suite de ce même texte, revient sur la
description de l'instant suprême, disant :" Quatre hommes surviennent
au chevet de l'agonisant. L'un appartient à la cohorte des Anges de
services (mal'akhe ha-sharet), le second est l'Ange de la mort; le
troisième fait office de greffier (sofer); le quatrième est comptable
(moreh).
On lui dit :" Lève-toi, ta fin est arrivée." Il répond : « Non, je ne suis
pas encore parvenu au terme de ma vie». Il ouvre un œil. Que voit-il?
Un Ange de la taille du monde, le remplissant d'un bout à l'autre ; des
yeux innombrables le recouvrent tout entier de la plante des pieds au
sommet du crâne. Il est habillé de feu, revêtu d'un manteau de
flammes. Il tient dans la main une épée, une "goutte amère" est
suspendue à la lame. L'agonisant ouvre la bouche, l'Ange y fait tomber
la goutte. C'est par elle que sa face verdit, c'est par elle que son corps
exhale une odeur fétide. Mais il ne rend l'âme qu'après avoir vu, face à
lui, le Saint, Béni soit-il, en personne... "(2)
La quatrième épreuve d'expiation consiste en la flagellation du
cadavre (hibbut hageber), qu'Abraham Azoulay commente de la façon
suivante:
" La flagellation du cadavre punit ceux qui se réjouissent les II jours
interdits de joie." (3)
Comme il n'y a de joie qu'en mangeant de la viande et en buvant du
vin, il est donc interdit d'en consommer ces jours-là... et la
transgression d'un tel interdit est punie de la flagellation de la
tombe ... "
36
Porte de la mort et Porte de l'ombre de la Mort: À chaque étape, le feu
est soixante fois plus intense qu'au niveau inférieur. C'est dans ces
lieux que les anges torturent les méchants et les punissent (6). Le
Talmud de Babylone (T.B.Hagiga 12b) situe la Géhenne dans le
troisième ciel, où se trouve également le jardin d'Eden. Ainsi, au Nord
de l'Eden s'étend la Géhenne, où couvent perpétuellement de sombres
feux et où coule à travers un pays de glace et de froid intense un
fleuve de flammes ; c'est ici que les méchants endurent leurs
tourments. Le premier ciel renferme les nuages, les vents, les eaux
supérieures, les deux cent anges chargés de surveiller les étoiles et les
entrepôts de neige, de glace et de rosée ainsi que leurs anges gardiens.
Le deuxième ciel contient des pêcheurs qui sont enchainés là dans
l'attente du jugement. Dans le troisième ciel se trouve le jardin
d'Eden, rempli de merveilleux arbres frnitiers, y compris l'Arbre de
Vie sous lequel Dieu se repose quand il y vient en visite. Dans le
quatiième ciel se trouvent les chars conduits par le soleil et la lune,
chacun ayant dans son sillage un millier d'étoiles grandes et petites.
Dans le cinquième ciel demeurent les anges déchus, géants, tapis là
dans le silence du désespoir éternel. Dans le sixième ciel vivent les
sept phénix, les sept chérnbins ainsi que des légions d'anges qui
veillent sur les heures, les années, les fleuves, les mers, les récoltes,
les pâturages et l'humanité : ils attirent l'attention de Dieu sur tout
spectacle inhabituel qui s'offre à leur observation... Dans le septième
ciel vivent les archanges, chérnbins, séraphins et les roues divines.
Dans ce lieu de lumière, sur son trône divin siège Dieu (7).
37
que tous les rois de Juda, excepté Manassé qui est en enfer. Moise et
Aaron ont la garde de cette Maison.
Laquatrième Maison est faite d'or (ses poutres sont en bois d'olivier)
et elle abrite les Justes dont la vie a été amère comme l'olive encore
verte.
La cinquième Maison est faite d'argent, de cristal, d'or pur et de
verre.
La sixième Maison abrite ceux qui sont morts en accomplissant leur
devoir envers Dieu.
La septième Maison abrite ceux qui sont morts de chagrin à cause
des péchés d'Israël . Dans la tradition juive, deux hommes furent jugés
dignes de se trouver au paradis après leur mort : Moise et Jehoshua
ben Lévi (T.B.Ketubot, 77b). Moise fut conduit dans l'Eden par l'ange
Shamshiel qui lui montra, entre autres merveilles, soixante dix trônes
rehaussés de joyaux destinés aux Justes et posés sur des pieds d'or fin,
flamboyant de saphirs et de diamants. Sur le plus grand et le plus riche
était assis le père d'Abraham (9).
38
du monde à venir.» (10) Mais la fin dernière est la vie du monde à
vemr.
« Nous avons également expliqué que, dans le monde à venir, il n'y a pas
d'' existence des corps, conformément aux dires de nos maîtres (TB.berakhot 17a) de
mémoire bénie : il n'y a pas là-bas de manger, ni de boire, ni de rapports sexuels
(11) ».
« Viens et vois ! La baguette d' Aharon n'est que du bois sec et il a suffi d'un court
instant pour qu'elle se métamorphosât en une créature animée d'un souffle de vie .. ».
39
il, en a fait une créature étrange avec un souffle et un corps. Et, de ces corps
qu'habitaient des âmes saintes et des souffles vivants, qui observaient les préceptes
de la Loi et se consacraient jour et nuit à son étude et que Dieu a enfouis dans la
poussière (de la terre), Dieu n'en ferait-Il pas, à fortiori, des créatures nouvelles
quand le monde sera plongé dans l'allégresse?».
Rabbi Hiyya précise : « c'est le même corps qui a été enterré et qui se
lèvera. C'est ce qu'il faut déduire de ce texte :
« Tes morts revivront, tes cadavres se relèveront. » (Isaïe26, 19)
Il n'est pas écrit "seront recréés", mais "revivront". Du corps du
cadavre subsiste dans la terre, un trognon dur, un os imputrescible et
inaltérable à jamais. Au temps de la résurrection, le Saint, béni soit-il,
l'attendrira, le ramollira ; il en fera le levain de la pâte ; il lèvera et
s'étendra, se répandra aux quatre coins ; de lui se reconstituera le corps
et ses organes ; le Saint, béni soit-il, y placera ensuite le souffle (de
vie).
Rabbi Eléazar confirme qu'il en sera ainsi :
« Viens et vois ! Par quoi cet os sera-t-il ramolli? - Par la rosée, ainsi qu'il est
écrit :" Car c'est une rose de lumière que ta rosée!" ». (Isaïe,26, 19.)
« J'ouvrirai vos tombes et je vous ferai monter de vos tombes, ô mon peuple ! Et je
vous ramènerai au sol d'Israël» (Ezéchiel 37 : 12-14)
40
3.9. La métempsychose. D'un corps mort vers un corps vivant.
C'est à partir du Livre de Job qu'il est fait mention de cette doctrine
d'après laquelle une même âme peut animer successivement plusieurs
corps, soit humains, soit animaux, voire même végétaux. (12)(13)
L'âme peut donc, en vertu de cette croyance, transmigrer du corps
mort vers un autre corps vivant.
Un commentaire du Sefer Bahir illustre ce phénomène de la
transmigration des âmes :
« Pourquoi tel juste est-il heureux et tel autre malheureux ?
Celui-ci s'était conduit comme un homme méchant dans le passé : aussi en est-il
puni à présent.
Punit-on un homme pour les fautes commises au temps de sa jeunesse ? »
Rabbi Simon dit que le tribunal céleste n'inflige de punition qu''à ceux qui, au
moment de pécher, sont âgés de plus de vingt ans (T.B, Shabbat 89b)
Il leur dit: Moi, je ne parle pas de la même vie. Je parle de celle qui était déjà dans
le passé. Ses disciples dirent : « Jusques qu' à quand vas-tu voiler tes paroles ?
Il leur répondit: Venez et voyez. Ceci se compare à un homme qui, ayant planté une
vigne dans son jardin, espérait qu'elle produirait des raisins, mais elle produisit du
verjus. Voyant qu'elle n'avait pas réussi, il la replanta, mit une clôture autour d'elle,
répara toutes les brèches et débarrassa les raisins des lambrusques.
Jusqu'à quand fit-il cette besogne ?
Il répondit : Jusqu'à mille générations, car il est écrit :
« La parole qu'Il a imposée à mille générations ». (Ps. 105, 8
C'est ce qu'on a dit (TB. Hagigah 136): neuf cent soixante quatorze
générations ont manqué. Alors le Saint Béni soit-il, se leva et les
planta dans chaque génération (14). La Tora fut donnée à la 26ème
génération à compter d'Adam, comme on le dit dans le Seder Olam,
chap.I, alors qu'elle aurait du être promulguée, selon l"interprétation
talmudique du Ps. 105 :8, dans la millième génération. (974
générations ne vinrent donc pas au monde).
Un autre commentaire extrait du Livre du Zohar décrit la doctrine de
la métempsychose en se référant au passage de Job.
L'ami de Job, Elihou, lui oppose cette réplique :
« ravais péché, violé le droit, mais lui (Dieu) ne s'est pas conduit comme moi. Il a
racheté mon existence au bord de la fosse et ma vie contemplera la lumière !
Vois, tout cela Dieu l'accomplit, deux fois, trois fois pour l'homme, pour retirer son
existence de la fosse, pour l'illuminer de la lumière des vivants».
(Job 33 : 27 - 30).
41
justice immanente de Dieu (3), à savoir que Dieu poursuit la faute des
pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième générations,
pour ceux qui me haïssent, et exerce la bienfaisance jusqu'à la
millième, pour ceux qui m'aiment et observent Mes commandements.
En effet, la réincarnation se poursuit trois ou quatre fois sur ceux qui
haïssent Dieu, et jusqu'à la millième génération pour ceux qui aiment
Dieu.Car la valeur numérique de ( gilgul) est égale à celle du mot (
hesed) soit 72. Cette transmigration peut être considérée comme une
épreuve purificatrice dans cet enchainement des causes et des effets
que l'on appelle la roue du Karma. Les Vedantins répondent que
l'oubli des fautes passées est relatif à la mémoire superficielle, tandis
que la responsabilité morale est une charge beaucoup plus profonde
cachée dans l'inconscient, mais d'autant plus effective, fut-ce à notre
insu. Ils considèrent que l'âme, qui n'est pas la forme du corps, est
prisonnière des lois naturelles et de la causalité, dont elle tend à se
libérer ( 15)
Dans la tradition juive, l'âme pensante, qui est immortelle, est à même
d'assumer successivement des corps différents et de subir des
châtiments ou des purifications en de nouvelles incarnations, avant
de pouvoir s'unir à nouveau à l'âme universelle. Le Zohar emploie,
pour illustrer l'idée de l'union finale avec l'âme universelle, l'image
suivante tirée de l'Eccl. 1,6 et 7: « L'esprit progresse en évoluant
toujours et repasse par les mêmes circuits. Tous les fleuves vont à la
mer, et la mer n'en est pas remplie».
De même en est-il de la transmigration de l'âme : elle finit par se
retrouver dans l'océan qui représente l'âme universelle (16).
Dans un texte du Zohar (Zohar Il, 99b, 100b) la doctrine de la
métempsychose est rappelée à propos du lévirat ou yibbum. Cette loi
du droit hébraïque fut parfois appliquée dans les communautés Juives
d'Afrique du Nord (17). Son origine très ancienne remonte à la
Genèse : Juda ordonna à son second fils d'épouser la veuve de son
frère mort sans laisser de descendance.
« Quand deux frères demeurent ensemble et que l'un d'eux mourra sans enfants, la
veuve n'aura pas le droit de se remarier à un étranger. Son beau-frère la prendra pour
femme en vertu du lévirat. Le premier enfant qui naitra portera le nom du père du
mort, afin que ce nom soit perpétué». (Deutéronome, 25 : 5)
42
Selon le Zohar, l'âme du défunt se réincarne dans le corps du fils du
frère, qui a épousé sa veuve .L'esprit qui quitte ce monde sans avoir procréé,
sans avoir laissé de progéniture subit un gilgul, une transmigration éternelle. Il erre
sans répit, tournoyant comme "la pierre dans la poche de la fronde"(l Samuel 25 :
29) jusqu'au moment où il trouvera le" rédempteur" qui le "ranimera" et le ramènera
au même "vase" dont il se servait de son vivant et auquel il était attaché de tout son
souffle et de toute son âme, son partenaire dans la vie dans l'union d'un souffle avec
un autre souffle... »
Le Tout-Puissant ne laisse rien se dégrader et s'anéantir. L'haleine de
la bouche de l'homme elle-même à sa place, et un lieu où elle se pose.
Le Saint, Béni soit-il,, en dispose selon sa volonté. La parole et le son
de la voix aussi ne sont pas choses vaines ; ils suivent le destin qui
leur est imparti. Le corps "rebâti", racheté à la porte duyibbum, lévirat
émergeant en ce monde en tant que nouvelle créature, n'a pas de
partenaire (femme). Il l'a perdue. Elle est devenue sa mère, et son frère
est désormais son père (sic)." (Zohar II, 99b/100b).
43
Deuxième partie
45
CHAPITRE 1
La magie juive
47
- à la croyance du patient et de son environnement, alors que toutes les
observations et enquêtes indiquent que le patient n'y croit pas plus que
ça.
- à une efficacité symbolique qui tiendrait au fait que le consultant
rend conforme au mythe et aux énoncés culturels une souffrance
individuelle.
- aux effets de transfert de type hypnotique
- à la suggestion
Les définitions de la magie sont multiples, mais aucune n'est
pleinement satisfaisante.
Nous retiendrons celle de Frazer, qui considère la magie comme une
tentative de contrôle direct de l'homme sur les forces de la nature. Il
l' oppose à la religion basée sur l'appropriation de ses forces naturelles
et divines.
A la différence de la religion, la magie est contraignante, pour le
moins dans ses formules si ce n ' est dans intentions. Elle est donc
avant tout une entreprise pratique devant permettre à l'homme de
sum1onter les difficultés de la vie quotidienne.
A l'origine, la magie est avant tout une création collective.
L'imagination de la communauté tout entière y contribue et y
travaille, car les besoins qui déte1minent la naissance de la magie sont
avant tout des besoins collectifs. Le mag1c1en n'existe
individuellement que parce que ses adeptes sollicitent et attendent ses
actes magiques dans un état d'excitabilité prédisposé.
Nous ne croyons pas à l'explication, vraiment par trop simpliste, de la
magie par la supercherie. Sans doute l' imposture a-t-elle souvent joué
un rôle non négligeable en la matière, mais il convient d'abord de
souligner qu'entre fraude et etTeur, tout un éventail de transitions est
envisageable. De même, il n'est plus possible de faire état de
l'explication voltairienne suivant laquelle les magiciens et les prêtres
auraient inventé la magie et la religion pour exploiter
le peuple. On peut arguer du fait que la religion, tout en proscrivant
la magie et en proclamant en même sa réalité, a le plus contribué à la
constituer en un corps de doctrines et en une sorte de science. On peut
illustrer ce point d'un exemple célèbre : on sait comment les procès de
sorcellerie ont renforcé celle-ci et comment l'inquisition a contribué
en définitive et bien malgré elle à propager les pratiques qu'elle
condamnait. Marcel Mauss avait remarqué que, même si elles
comportent des thématiques voisines, religion et magie s'opposent
radicalement quant à leurs buts. La religion se base sur les rapports
48
possibles entre les hommes et Dieu et qu' elle lui attribue toute la
puissance.
L'homme atteindra Dieu soit directement par la prière ou d'autres
manifestations culturelles, soit par l'intermédiaire du rabbin.
La magie au contraire se sert du divin pour obtenir des avantages
terrestres, matériels et de prestige. Elle affirme la toute-puissance de
l'homme qui peut, à travers des actes symboliques et irrationnels, plier
les évènements à sa volonté : les pratiques magiques ont pour but de
modifier l'ordre prévu des choses par des miracles que l'intéressé ne
peut pas ou ne veut pas demander par des actes religieux.
La magie couvre un domaine bien plus étendu que la religion. C' est
pourquoi elle a été suivie par des masses qui croyaient qu'elle
procurait un supplément de protection là où d'autres moyens étaient
restés impuissants. Les maladies incurables, par exemple, dépendaient
du domaine de la magie, seule capable de les soigner.
Cette différence qui existe traditionnellement entre magie et religion
n'existe pas telle que nous l'avons constatée dans le judaïsme, car la
magie, loin de nier la puissance divine, l'exalte, la vénère par l'emploi
d'incantations, de versets ou de psaumes. Ce n'est pas l'homme qui
peut, au travers d'actes symboliques et irrationnels, plier le cours des
événements à son gré, mais Dieu ou son intercesseur le rabbin.
En analysant un peu plus profondément, on ne peut manquer
d'être frappé par les analogies entre le fonctionnement médical
et le fonctionnement magique. Voici quelques rites magiques
assez significatifs dont Marcel Mauss 1a décrit certains caractères,
spécifiques qui s'appliquent au fonctionnement médical:
- ce sont des faits de tradition, des actes répétés auxquels la
croyance du groupe social est absolument nécessaire.
-ces rites magiques doivent être efficaces et produire des effets ;
-l'action magique doit pouvoir être prédite : le médecin prévient le
malade des effets attendus du médicament et de ses effets secondaires.
-l'action magique s'appuie sur une représentation homologique du
fonctionnement psychique et physique, c'est à dire l'idée que l' on se
fait de l'action médicamenteuse : à tel médicament correspond telle
action sur tel symptôme : angoisse-tranquillisant, excitation-
neuroleptique, dépression- antidépresseur.
Les deux points suivants nous éclairent davantage.
Les actes magiques ont toujours une double face bénéfique et
maléfique : le chaman a toujours partie liée avec les bons et les
mauvais génies et peut donc apporter le bien ou le mal.
49
De même, toute action pharmacologique présente ce double effet
bénéfique et maléfique, remède -poison avec des effets positifs et
négatifs. Cela est particulièrement net pour les psychotropes qui
polarisent ces deux actions pilule du bonheur et drogue/ calmant et
camisole chimique/ antidépresseur et dépersonnalisant ... Le pouvoir
magique comme le pouvoir thérapeutique renvoie toujours à plusieurs
explications causales. L'origine du pouvoir reste dans l'ombre, c'est
ce qui en fait la force . Souvent une des séries thérapeutiques cache
l'autre et inversement : le malade a-t-il été guéri par les incantations,
par le verset de la thora porte en talisman, par les fumigations ou des
décoctions de plantes ?
Il est de même bien difficile dans la psychiatrie quotidienne de
savoir si c'est la modification de traitement, l'interprétation
psychothérapique ou la venue de la mère qui ont entraîné une
amélioration symptomatique.
L'influence occidentale propose un type de médecine qui ne tient pas
compte du malade dans sa globalité. Le médecin s'attache à guérir une
maladie située dans le corps du patient : il s'agit là d'une action
ponctuelle dont le rôle est limité. Le guérisseur, tout au contraire, ne
fait pas seulement un acte empirique : il prendra sa décision après une
écoute attentive de celui qui vient le consulter. Son domaine d'action
dépasse de loin celui du médecin traditionnel incapable de trouver des
remèdes pour des situations spécifiques comme le chagrin d'amour,
une série de malheurs, un mari séduit par une autre, la sécheresse ...
Le sorcier prend une dimension universelle en ne traitant pas
uniquement le malade, mais aussi le milieu responsable de sa
pathologie, ce que le médecin prétendument scientifique et cartésien
ne conçoit même pas d'essayer.
Le guérisseur est universaliste car il intègre le malade dans son milieu.
Le cartésianisme, par essence, est un chemin qui mène à l'impasse. Il
met le doute à la base de la pensée et la pensée à la base de
l'existence. Ô ! Maudit doute qui obsède l'esprit du médecin, alors
que le guérisseur et sûr de lui et sait ! La magie oppose aux doutes
stériles la certitude subjective de sa supériorité. Si la magie religieuse
est tolérée dans la mesure où elle est exercée au nom de Dieu, la
magie noire ou sorcellerie est formellement interdite par les textes. La
sorcellerie comprend des pratiques strictement défendues (par
exemple envoûter son pire ennemi) qui correspondent à des
représentations collectives plus ou moins obligatoires. Ces pratiques
sont individuelles pour la plupart.
50
Comme la religion juive les réprouve, elles se pratiquent de manière
plus ou moins clandestine, raison pour laquelle elles ne seront pas
analysées dans ce présent ouvrage.
51
ou Meir de Rothenburg se sont tenus à l'écart de toutes les pratiques
magiques et divinatoires.
Malgré ces interdictions scripturaires, des textes essentiellement
talmudiques attestent que déjà, à l'époque de la Mishna,( IIIè siècle),
la divination était d'usage courant.
Pour certains auteurs si la Kabbale spéculative (Kabbalah 'Jyunit) ne
posait pas de problème, en revanche la Kabbale pratique
(KabbalahMa 'asit) en posait (Meir b.Todros Halevi Aboulafia,
Jerohamb Meshullam, R .Eléazar de Worms).
Il existait une Kabbale pratique« pure » fidèle aux lois de la création
qui utilisait des noms de Dieu et des anges, et une Kabbale
pratique« impure », qui se répartissait en deux catégories :
•Celle des utilisateurs qui faisaient appel aux démons et qui
méritaient la mort selon la Bible.
•Celle de ceux qui ne faisaient pas appel aux démons mais à l'illusion
(ahizat ainayim)et pour lesquels était prévue une sanction moins
grave.
Cependant, l'usage de la magie était si répandu et populaire qu'il
devenait impossible d'empêcher la pratique dans ces sociétés juives.
La magie est un fait anthropologique aussi vieux que l'humanité elle-
même.
Elle se nourrit de l'angoisse des hommes.
Lors de l'antiquité, tous les peuples du Moyen-Orient pratiquaient la
magie. Malgré les exhortations des prophètes, les pratiques
divinatoires n'ont jamais été éradiquées au sein du monde juif.
Bien que l'objectif du judaïsme doit avoir consisté à éradiquer toutes
ces pratiques, celles-ci ont été maintenues chez les Juifs à toutes les
époques parce que les guides spirituels savaient que l'homme est
réticent à changer ses habitudes.
L'objectif était donc d'éloigner le peuple de toutes ces pratiques de
manière pédagogique.
Maïmonide s'exprime à ce propos dans le Guide de égarés: III, 29.
« Il n'eût pas été convenable d'exiger de renoncer complètement aux sacrifices. Le
faire eût semblé aussi impensable que si l'on exigeait aujourd'hui une religion de
pure méditation, sans culte, sans prière, sans aucune pratique. Le culte sacrificiel est
un pis-aller pour que le peuple ne sacrifie pas aux démons ou aux anges ».
52
coutumes possèdent une signification qui reste contingente et liée à
des événements historiques précis.
Il développe également que certaines pratiques représentent une sorte
de concession divine à la façon de penser d'une culture idolâtre,
concession ayant pour but, malgré cette base et à partir d'elle, de créer
une culture monothéiste. Ainsi, lorsque Dieu voulut édifier une
communauté monothéiste, il ne put changer en une nuit la mentalité
polythéiste en mentalité monothéiste. Il a fallu la conduire par étape
vers le monothéisme. Cette façon pour Dieu de s'adapter, de se
conformer et de se mêler au monde sans porter atteinte aux lois de la
nature se nomme pour Maïmonide, « sa ruse et sa sagesse».
L'idée maïmonidienne d'une « ruse et sagesse de Dieu» se rapproche
de celle de Hegel dans sa philosophie de l'histoire. Il analyse en
effet« la ruse de la raison » et montre comment la raison se sert des
besoins et des désirs des individus dans l'histoire pour atteindre ses
propres buts.Ces pratiques et coutumes (Minhag,plur. Minhaguim)se
sont donc imposées comme sources de droit pouvant entrer en
contradiction avec la loi divine.
C'est dans le Talmud que les références aux coutumes comme sources
de loi apparaissent les plus évidentes.
Dans la Tossefta (ter.3, 12), RabbiYehouda dit : « La loi (
Halaha)serait comme Beth Shammaî) mais la majorité des gens
agissent comme Beth Hillel »Seulement l'usage, le Minhag, s'est
imposé comme Loi.
Dans le traité du Talmud Berahot 54a, les sages confrontés à une
difficulté pour décider de la loi concluent : « sors et vois comment agit
le peuple»
Rabbi Rothenbourg (XIIIe siècle, Worms) pose un principe qui s'est
confirmé à travers les siècles « Pour tout sujet de loi (halahique ), la loi
doit aller dans le sens du Minhag »
A partir de ce principe de loi, l'un des bons résultats du judaïsme fut
d'avoir su canaliser avec sagesse une grande partie de la magie,
évitant ainsi l'horreur de cette« folie des sorciers».
L'emploi généralisé des noms de Dieu, des anges, des versets et des
psaumes reste une caractéristique de la magie telle qu'elle s'est
développée dans les communautés juives.
53
1.3. Le Sefer Ha-Razim (Livre des mystères)
Le Sefer Ha-Razim ou « Livre des mystères » est le plus ancien
ouvrage de magie juive qui nous soit parvenu (vers 500). C'est le livre
central de la Kabbale pratique ou magique (Kabbalah ma'asit).
D'autres noms ont été donnés au Sefer ha - Razim : Sefer Noah « le
Livre de Noé », Sefer ha Ma 'alot (le Livre des Degrés) et, à
l'inverse, le titre Sefer ha-Razim a été donné à d'autres ouvrages de
magie.
On sait que ce livre date de la fin de la période talmudique et aurait été
composé en Egypte ou en Palestine. De nombreux auteurs s'en sont
inspirés comme R .Eléazar de Worms (1165-1230) dans son livre
Sode Razaya (Secrets des Secrets).
Il a été récemment reconstitué à partir de documents de la Génizah du
Caire et d'autres sources par Mordehaï Margalioth, à Jérusalem en
1963.
Ajoutons ici que toutes nos références figurent dans la traduction de
Michael A. Morgan « The book of the Mysteries »,Chico California,
1983.
Dans sa forme le livre est divisé en sept chapitres dans lesquels sont
décrits les sept firmaments et les sept cohortes d'anges qui les
habitent. Chaque chapitre porte le nom de « firmament »
La structure des sept firmaments reflète la cosmologie des sept cieux
connue des cercles juifs à l'époque hellénistique.
Chaque firmament est dirigé par un archange (un surveillant
angélique) qui a de nombreux anges tutélaires comme« servants».
Les prières et incantations sont signalées par le chiffre du firmament
(en chiffre romain) et celui des lignes du texte (en chiffre arabe).
Le Sefer Ha- Razim utilise des centaines de noms d'anges qui sont,
pour la plupart, construits à partir de radicaux hébraïques et se
terminent par le suffixe EL (Dieu). Comme par exemple Aziel, Arbiel.
Chacun de ces anges portent des noms qui témoignent de leur fonction
déterminée.
Ainsi, l'ange Susi 'el est composé des mots sous (sus) cheval et el
(Dieu) soit« cheval de Dieu» (Firmament III, lignes 35 à 43)
Certains noms d'anges témoignent d'une origine étrangère comme
Dromi 'el qui dérive du Grec Dromos (course) et de l'hébreu El (Dieu)
soit « la course de Dieu »
On retrouve dans cet ouvrage de nombreux éléments de magie
d'origine grecque et égyptienne.
54
Un texte galiléen de magie juive du temps du Talmud fait référence au
Sefer Ha -Razim et au juif apostat Tiberius Alexande, neveu de Philon
d'Alexandrie qui vénère Hélios le Dieu grec du soleil.
De tels écrits aux yeux de la tradition rabbinique relèvent de l'hérésie.
Pourtant le livre a résisté aux interdits qui l'ont frappé. Il a continué à
exercer son action durant des siècles au sein de la société juive à cause
de l origine céleste qui lui est attribuée et à la chaîne des transmetteurs
illustres qui figurent en tête de son prologue.
« Parmi les livres des secrets c'est celui qui fut donné à Noé, fils de Lemekh, fils de
Metusshelah, fils de Hanokh, fils de Yered.. fils de Shet, fils de d'Adam ; il lui fut
transmis de la bouche de l'ange Razi' el. .. »
SS
firmament brille de l'éclat de leurs visages. Ils sont en charge des douze mois de
l'année et comprennent ce qui se passera chaque mois, et sans eux rien ne peut
arriver, car ils ont été créés pour cela».
Rituel à accomplir
Si vous voulez savoir dans quel mois vous serez pris : prenez des
lamelles d'or raffinées et fabriquez-en douze papiers d'aluminium,
puis écrivez sur chacun d'eux le nom d'un ange et le nom de son
mois. Ensuite prenez une bonne huile qui a vieilli pendant sept ans et
jetez-y tous les morceaux et récitez cette adjuration sept fois sur
l'huile et dites :
L'invocation à réciter
« Je vous adjure, ô anges de sagesse et de compréhension, par Celui qui a parlé et
que le monde a vu le jour, sous le nom du Dieu de vérité, le majestueux et glorieux,
le roi fort et puissant. Dieu de toutes les créatures, Refuge des armées, juste, pur et
droit et digne de confiance, révèle-nous les mystères qui règnent sur la mort et la
vie. Je vous adjure de me faire connaître le mois où je serai pris, et de me dire mon
destin. Ensuite, mettez l'huile dans un nouveau récipient en verre et placez-le sous
les étoiles pendant sept nuits sans l'exposer au soleil. Et la septième nuit, levez-vous
au milieu de la nuit et voyez quel mois est écrit sur le morceau de papier
d'aluminium qui flotte à la surface de l'huile. Mais avant d'accomplir ce rite,
purifiez-vous pendant trois semaines, et gardez -vous de consommer de la viande de
petits animaux et de tout ce qui donne du sang (une fois abattu) même du poisson, et
ne buvez pas du vin, et ne vous approchez pas d'une femme , ne touchez pas une
tom be, méfiez-vous de la pollution nocturne, marchez dans l'humilité et la prière ,
rallongez vos prières et supplications».
L 'action finale
Après le rite, prenez l'huile et faites-y attention car elle a un grand
pouvoir de guérison.
56
Fabriquez une bague en argent purifié avec un grand espace creux à
l'intérieur. Cette bague par les vertus de l'huile qu'elle contient, te
protègera toi et ta maison du mauvais œil, des mauvais esprits et des
maladies. Prenez tous les morceaux de papier d' aluminium en disant:
« Jette mon sort pour moi »
« Je vous conjure, 0 esprit enseveli, qui demeurez parmi les tombes et les os du
défunt.
Acceptez de ma main cette offrande que je fais et apportez -moi l'esprit de (Nom),
fils de (Nom) qui est mort. Faites-le se lever afin qu'il me parle sans crainte me
raconte de véritables choses, sans dissimuler. Accordez-moi de ne pas être effrayé
par lui et qu'il lui soit permis de répondre à ma question. J'ai besoin de lui. »
57
« Je vous conjure, anges qui servez le cinquième camp et intendant Simour au-
dessus d'eux, d'écouter ma voix en cette occasion et de m'envoyer l'esprit de
Hagragatatat. Il m'accordera ce que je désire, et ira où je l'enverrai à chaque
fois. »Si vous apercevez face à vous une colonne de fumée, exprimez votre souhait
et envoyez-la où vous le désirez».
« Quand approche pour un homme les jours de sa mort, trente jours auparavant,
l'annonce de cet instant suprême est proclamée, criée de par le monde ; les oiseaux
du ciel eux-mêmes s'associent à ce cri, à cette proclamation.»
Les lettres comprises dans Ha-Satan (le Satan) ont pour valeur
numérique 374, ce qui veut dire que son pouvoir d'accusateur s'exerce
58
durant les 374jours de l'année, mais cesse le jour des expiations (TB
Yoma, 20 a).
Enfin, c'est Satan qui fait mourir, d'où ce surnom d'ange de la mort
qu'on lui connaît. Dans Zohar (I,217b-218a):
« Un jour, R. Isaac était assis à la porte de la maison de R. Juda, plongé dans une
profonde tristesse.
Qu'y a-t-il de particulier aujourd'hui ?
R.Isaac répondit: Je suis venu te demander trois choses: quand, étudiant la Torah, il
t'arrivera de citer certaines de mes paroles, tu devras les dire en mon nom et faire
mention de leur auteur; tu feras à mon fils la grâce de lui enseigner la Torah; tous
les sept jours, tu iras prier sur ma tombe.
R. Juda demande :« D' où tiens-tu que tu es sur le point de mourir ?
L' autre répondit:« Mon âme me quittait toutes ces dernières nuits sans que je fusse
illuminé par un rêve comme auparavant; bien plus encore, quand dans ma prière je
m'incline, je ne vois pas mon ombre sur le mur; c'est donc que le messager (Satan)
est sorti annoncer ma mort, car il est dit:» C'est par son ombre que l'homme
chemine (Psaume 36 : 7) ».
59
des anciens Hébreux. Dans cette catégorie s'illustraient les démons
des pollutions nocturnes : ils abusaient du sommeil du couple pour
soumettre à leurs embrasements l'homme ou la femme. En assyrien,
ils se nommaient Lil et Lilith, et Gelai et Kiel-Gelai en accadien.
La croyance en leur existence est fortement enracinée chez les
musulmans ainsi que chez les juifs d'Afrique du Nord, à tel point que
dès leur plus jeune âge les enfants sont élevés dans leurs craintes.
Appelés également « gens d'en bas », ce sont des êtres invisibles, en
général malfaisants et cruels, qui vivent en société dans le monde
souterrain et sont censés apporter toutes sortes de maladies comme la
vérole, la paralysie .... Ils sévissent dès la tombée de la nuit.
Tout mal inconnu ou nouveau, s'il n'est pas imputé au mauvais œil,
leur sera attribué. Ils peuvent changer d'apparence, se déplacer aux
quatre coins de la Terre et devenir invisibles.
Ils vivent en marge de la civilisation dans les puits etles déserts. Il est
Egalement recommandé de ne pas les offenser car leur pouvoir réside
dans leur aptitude à nuire aux humains. Le talmud de Babylone voit
dans les démons des êtres intermédiaires entre l'homme et l'ange : ils
peuvent changer d'apparence, se déplacer aux quatre coins de la terre
et devenir invisibles.
La démone Lilith
« Sache que tout ce qui est décidé, décrété En Haut fait l'objet d'une proclamation
solennelle. Cette proclamation n'est guère entendue. Elle s'y fraye un chemin dans
lequel passe et s'engouffre le messager céleste.
Sache qu'il y a des songes chargés d'annoncer, de prononcer le décret de mort
contre ces jeunes enfants ...Par Lilith, la démone qui tue les enfants non encore
parvenus à l'âge et au stade de la parole. Voici une invocation pour chasser Lilith du
lit nuptial (Zohar III, 19 •) « Rabbi Shimon commença ainsi son discours : « Vous,
femmes insouciantes, levez - vous, écoutez ma voix» (Isaïe32 : 9) Des profondeurs
du plus grand des abîmes se manifeste une démone impétueuse, esprit des esprits,
Lilith est son nom .
... . « Quand, dans les temps à venir, le Saint Béni-soit il détruira Rome, il remontera
Lilith du fond de l'océan et l'installera dans les ruines éternelles de la cité impie,
ainsi qu'est écrit: « C'est là assurément que Lilith se tiendra tranquille et qu'elle
trouvera le repos». (Isaïe 34 : 14)
60
mauvais gemes et en particulier la démone Lilith. Lilith n'est
mentionnée qu'une fois dans la Bible :
« Les chats sauvages y rencontreront les hyènes, les satyres s'y répondront. Et là
aussi s'installera Lilith • elle y trouvera le repos.» (Isaïe 34 : 14)
61
pourquoi un rituel et des incantations appropriées sont recommandés
par le Zohar (III, 19) afin d'éloigner Lilith du lit conjugal : « Pendant
l'heure où l'homme s'unit à sa femme, il doit diriger ses pensées vers
la sainteté du Seigneur et dire : « Dans un doux vêtement de velours,
es-tu ici ? arrête, arrête, n'entre pas et ne sors pas !Rien de toi et rien
de toi ! « . Alors il doit pendant quelque temps couvrir sa tête et celle
de sa femme de linges, et plus tard, arroser son lit d'eau
claire. Comme le fait remarquer C.G. Scholem, ce geste rituel rappelle
que le véritable domicile de Lilith se trouve dans les profondeurs de la
mer, car la séductrice n'est pas sans parenté avec les sirènes. On
comprendra que toutes les précautions soient prises vis-à-vis d'un
personnage aussi funeste
« Quand l'homme s'unit d'union conjugale à son épouse, il doit concentrer son cœur
sur la sainteté de son Maître et réciter cette incantation: » Celle qu'enveloppe un
drap est ici présente. Demeure, demeure à ta place! N'entre pas; n'en sors rien.
Rien, ici, n'est à toi, rien ne t'appartient! Retourne, retourne chez toi! La mer est
agitée, ses vagues t'appellent...Il est dit qu'après l'acte conjugal, l'homme doit
verser de l'eau limpide autour de son lit. C'est une protection contre toutes sortes de
charmes et de sortilèges.»
Ainsi la pratique de protéger les femmes enceintes et les nouveaux -
nés par les amulettes fixées aux quatre murs de la chambre et au-
dessus du lit est très répandue. Ces amulettes tirent leur pouvoir
apotropaïque de l'inscription du nom redouté, ou encore la
représentation de Lilith elle-même, « de sa silhouette, de ses ailes, de
ses mains et de ses jambes ».Deux psaumes, le 121 et le 126, sont
utilisés pour conjurer les effets néfastes de Lilith. La tradition veut
également que l'on écarte Lilith par des lectures pieuses pendant la
veillée nocturne précédant la circoncision des bébés mâles.
62
Il s'agit donc ici de l'avidité. De même, dans les Proverbes (28-22): «
l'homme qui a le mauvais œil a hâte de s'enrichir »L'absence de
générosité apparaît dans les proverbes (23-6) : « ne mange pas le pain
de celui qui a mauvais œil » C'est le contraire qui exprime « l'œil
bon», dans les proverbes 22-9 par exemple : « celui qui a un œil
bienfaisant (bon) sera béni. » Illustration en est faite tout au long du
traité d' a both :
2-16 : « l'œil mauvais (l'envie), l'inclinaison mauvaise et la haine du
prochain mettent un homme hors du monde »
5-16: « à l'égard de l'aumône, quatre dispositions sont possibles: il y
a celui qui désire donner, mais à qui les autres ne donnent pas, son œil
est mauvais envers ce qui appartient à autrui ;il y a celui qui désire que
les autres donnent, mais ne veut pas donner lui-même, son œil est
mauvais envers ce qu'il possède; celui qui donne et qui désire que les
autres donnent est un saint ; celui qui ne donne pas et qui désire que
les autres s'en abstiennent aussi est un méchant »
5-22 : «Un bon œil, un esprit humble et un caractère modeste, voilà le
propre des disciples d'Abraham notre père». La jalousie et l'avidité
produisent la malveillance envers celui qui en est l'objet. Elles lui font
souhaiter du malheur. Cet espoir sinistre se concentre habituellement
dans un regard de haine, d'où le terme « le mauvais œil ». On le
redoute car l'on croit que, par le biais de ce regard méchant les maux
vont frapper la victime qu'il vise. La jalousie et l'avidité produisent la
malveillance envers celui qui en est l'objet. Elles lui font souhaiter du
malheur. Cet espoir sinistre se concentre habituellement dans un
regard de haine, d'où le terme « le mauvais œil ». On le redoute car
l'on croit que, par le biais de ce regard méchant, tes maux vont frapper
de la victime qu'il vise.
En Afrique du Nord le mauvais œil est cause, dit-on, de la mort
d'une moitié de l'humanité : il vide les maisons et remplit les tombes.
Les vieilles femmes et les jeunes mariées sont réputées avoir le
mauvais œil ; par contre le nourrisson, les enfants en bas-âge,
les accouchées et les jeunes mamans y sont particulièrement sensibles.
Pour protéger l'enfant contre leayin ha-ratu mettras la main sur ses
yeux et tu diras :
« Je vous conjure, vous, anges sacrés, qui avez sauvé Joseph le juste de l'œil
funeste, sur le Mont sacré et toi, Palti'el, ange de la délivrance, délivre cet enfant du
mauvais œil, car il est de la descendance de Joseph. »
Pour s'en préserver, on écarte les cinq doigts de la main droite en
prononçant les paroles suivantes " cinq dans ton œil" ou " cinq pour
63
ton œil". Pour éviter un danger pouvant découler d'un compliment ou
d'un signe d'admiration, on s'arrange pour prononcer un nombre
contenant un cinq : quinze, cinquante... ou même cinq directement. Le
chiffre cinq devient ainsi un charme en lui-même : c'est pourquoi le
Jeudi, cinquième jour de la semaine, est sous le signe d'une protection
efficace. La terreur du mauvais œil a jadis sévi universellement mais
n'a pas encore disparu, tant dans des milieux cultivés que non cultivés.
Cette croyance a survécu au temps, résistant à la modernité et au
déclin des religions. Il n'est pas surprenant d'en trouver des traces très
nettes dans le folklore du Talmud.
Lorsque nous exprimons de l'admiration ou des compliments c' est
l'envie sous-jacente qui est, en fait mal perçue et qui a des effets
négatifs.
Lorsque nous exprimons des compliments c'est aussi le degré de
convoitises qui est associé à cette admiration et qui provoque son
caractère potentiellement négatif.
Il convient dès lors de distinguer l'envie de l'admiration et d'un autre
sentiment mêlé, la jalousie. (Alberoni, 1995, p. 13).
Celui qui éprouve l'envie souffre, sans toutefois accuser l'autre car il
n'a aucun comportement agressif envers lui. Il n'est pas en
compétition avec lui. Dans la jalousie, l'autre est perçu comme un
rival. L'autre, le rival vient nous enlever notre objet d'amour. Dans
l'envie selon Albinoni nous souffrons par une comparaison négative.
Nous sommes blessés par la comparaison avec autrui. S'ensuit une
agressivité dirigée vers l'objet de comparaison et qui peut prendre
plusieurs formes, par exemple la médisance, la critique. Enfin
intervient la condamnation sociale car il est mal vu d'envier.
À la lumière de ce qui précède, le mauvais œil est pour la société une
façon de « gérer » l'envie et gérer de manière préventive la violence
qui pourrait en découler.
René Girard,2001,p.J 8, suggère l'idée que les relations entre les
hommes et le monde sont régies par un mécanisme d'imitation« le
désir mimétique ».
Cette théorie mimétique peut s'illustrer de la manière suivante : nous
avons une personne A qui désire ce que son prochain B possède. Ce
dernier prend alors conscience de la valeur de son objet et ne laissera
pas l'autre s'en emparer il entend le conserver envers et contre le désir
de l'autre. Girard nous dit que neuf fois sur dix, le désir ne se
déplacera pas vers un autre objet et qu'il ne se résignera pas : il va
imiter inconsciemment son modèle B. Cette imitation de désir,
64
phénomène primitif à tous les hommes, engendre la rivalité qui à son
tour engendre le mimétisme. En imitant le désir de B, la personne A
donne à son rival B l'impression qu'il a de bonnes raisons de désirer
ce qu'il désire, de posséder ce qu'il possède.
De ce fait, l'intensité du désir de B redouble, nous avons donc un
double mimétisme.
Girard prend l'exemple d'un homme qui désire l'épouse d'un autre.
Cet autre avait peut-être cessé de désirer sa femme depuis longtemps,
mais au contact du désir vivant de cet homme, son plaisir à lui reprend
vie.
Girard,2001,p.18, établit que dès que nous désirons (l'envie) ce que
notre prochain possède, la rivalité entre lui et nous est inévitable et
peut déboucher sur la violence.
Quant à l'origine des malheurs qui surviennent la divination aura pour
but de démasquer le coupable. Ceci est pour Girard le moyen le plus
efficace de gérer l'envie et la violence qui pourraient en découler.
L'éclat
La seconde affirmation talmudique est claire: l'éclat d'un œil peut
avoir des effets funestes. Ceci provient d'une vieille croyance antique
qui attribuait à l'oeil le pouvoir d'émettre un rayonnement de lumière.
Ce pouvoir revenait spécialement aux rabbins :
« Là où les sages dirigent leurs regards, il y a mort ou calamité quelconque
" (Khag. Sb).
Nous avons eu connaissance d'une anecdote selon laquelle un incendie
éclatait partout où s'étaient posés les yeux de rabbi Siméon Bar-Y ohaï.
On en disait autant du rabbi Eliezer (B.m 59b ). Le regard de plusieurs
rabbins passe pour avoir transformé en un tas de pierres l'individu qui
les offensait (Chah. 34a -B. b. 75 a).
L'un de ceux qui exerçaient ce pouvoir était même aveugle : c'était le
rabbin Chechet (Ber. 588). Un autre conte de ce genre concerne le
rabbin Juda.
« Lorsqu'il vit deux hommes se jeter des morceaux de pain, il s'exclama: On peut
croire que le pain abonde en ce monde ! » Il posa ses yeux sur eux et la famine
éclata. » (Taan 24b)
A voir circuler des anecdotes semblables, on n'est pas surpris de
constater que les masses aient cru puissamment aux terribles maux
engendrés par le mauvais œil. Voici un texte qui permet d'évaluer la
gravité des dommages dont il était responsable :
65
« Il meurt quatre-vingt dix neuf personnes du mauvais œil pour une de mort
naturelle "(TB B.m. 107b).
« L'Eternel éloignera de toi toute maladie» lisait-on dans Deutéron.7: 15, c'est-à-
dire, ajoutait-on, du mauvais œil ».
Les rabbins avaient même à en tenir compte en légiférant : il est
permis de prononcer une formule (charme) contre le mauvais œil,
contre un scorpion ou contre un serpent, et d'écarter le mauvais œil le
jour du Chabbath" (TB Tosifta Chab.7, 23).
66
Les influences de Dieu parviennent du ciel et sont communiquées à
tous les ordres des hiérarchies célestes et à toutes les créatures du
cosmos au moyen de cette échelle mystique.
Voici cette liste de ces soixante-douze anges relevée dans le livre de
kabbale pratique, Sha 'ar ha~Mattara« la porte de la gêole » , rédigé
par R.HayyimBen Attar, au début du xxesiècle. (Cf. H. Zafrani,
op.cit., p. 381).
Dans ce recueil figurent les noms des anges, le sens de leur attribut, le
verset du psaume qui leur est propre et leurs effets dans la prière
incantatoire (la baqqacha) ou dans un talisman. (Cf. Marques-
Rivière, Amulettes, talismans et pentacles)
67
Sona do leur Verset du E ITela du Talla
Noms des génies allrlbut paoume qu i ■oua t'Jnfluen~ad c~natrult
leur est propre u g nio
Dieu, l'espérance
3• Sitall de loules les créa- 2• verset Protège contre l'adversité.
lures. du Pa. 90.
Dieu loué et exal• 50• verset 11 sert contre lo foudr e el pour ob·
Il• Leuvieh te nir la victoire.
l6. du Ps. 17.
68
= sens de leur
Verset du
p1oumo qui EITell du Tall1man con t
sous l'lnnuence du gé~:uit
-
~•oma des g6nle• attribut leur est proprt
-
-
11 ,lt{ebab■l
Dieu conaervateur
~• versd
du Po. O.
22• verse!
Contre ceux qui cherchent
par la fortune d aulrul.
1
à
usur.
-
Dieu créateur, du Ps. 93. Contre les proronateurs eplrilueta.
1~• Ba.·Jel
Dieu qui érige l'u• 1" v erset Co!"Lre lea Lrallree, xour obtenlrla
IG' Bakamlah ni vers. du Ps. 87. victoire el conron re Ju ennemi,.
~J• Melahel Dieu qui d6llvrez 8• vereet Sert contre les armes et pour voya-
des maux. du Ps. 120. ger en s0ret6.
Dieu bon par lui- 18• vereet Sert pour obtenir la mis6rlcordede
~I• Ha1ulah Uleu el protège les exilés, les tu-
m"1me. du Ps. 32.
gilirs.
~:,, Nllh-Ha1ah D ieu qui donne la Pour avoir la eagesse et pour d6-
I" verset couvrir les mystères cachés; c'est
sagesse. du Ps. 9. le panlacle de la ecience occulte.
t6• Baalah Dieu caché. 145• verset Pour gagner un procès el pour
; du Ps. 118. ovolr les jugea favorables.
~7• Ierathol Dieu qui punit les Pour confondre les méchants el
1" vereel les calomniateurs el pour ttre
méchants. du Ps. 139.
d61lvré des ennemie. -
69
....
,
N;m, de■ g6nlea Sent de leur
altrlbul
Vereel du
poaumo qui
-
EITela du Tal11m1n con,tr Il
leur cal propre 1ou1 1'1nnucnce du g6.nieu
Dieu qui connait Il• verset Pour connaitre lea traitres, com-
33• Iehuiah battre leurs mochinollona el ùé-
toutes choses. du Pa. 33. trulre leurs projeta.
70
Vertol du
Sens d• leur psaume qui ErTeh du Tollemon conalrwt
;-om• dtt génftt allrlbul leu r a l propr< 1ou1 l'fnlluence du g6ole
li• A.allah Dieu Ju•lc, qui ln- 25• verset Domine le Juetlce, toit connaRre
dl'JU0 la véril6. du Pa. 10◄. la vérllô, lève vere Oleu.
I~• Vehual Dieu grond el éle- 3• verset Pour chauer le chagrin el ru coi.-
vi. du P1. 1◄4. trnri61éa. Pour acqu~rlr la paJx.
·,u• Duûel Signe dts Ml1lrl- 8• vereel Donncl'lnsplrollon à ceux qui ionl
cordea du Pa. 102. cmborran6s 1ur plu•loura cbOs..,
71
Sens de leur Verset du E!Tela du Tellsm ~
Noms des g6nles ollribul rsou,no qui sous l'lnnuencea~ cotslruit
leur est propre u g n10
63• Nanael
- L'ieu qui obeissr 75• verset Do111i11e les hautes scie
hon,mes de loi aide I nccs, If·,
les orgueilleux. du Pa . lit:!. plalion. ' a conleu,.
ol·• MebahJah
13• vcrs1l Pour o~oi: des enronls, pour raci-
Oieu éternel. du Ps. Ill!. Ir ter I vccouchement.
1
Don contre l'adversité, protège 1
64• Mehlel Dieu qui vivlne 18• verscl contre les onlmoux féroces et les
toutes choses. du Ps. 32. olloques molêOques. 1
72
Sens de leur
Verset du -=
r...........,.. attribut.
psaume qui
leur est. propre
Ef?ete du Talisman co
aous l'influence du gi~~l
·-
1
66•Manakel
Dieu qui seconde
et entretient tou- 22• verset
du Pa. 37.
Ser_t pour apaiser la colère d~
Dieu; Influe sur le sommeil el
tea choses. songea, guérit l'épilepsie. 1ea
i
1
s tnnue
l 72°Mumiah L'OMEGA.
(la fin de toutes
choses).
7• verset
du Pa. 114.
Fait réussir en toutes chose '
sur la longévité de la vie. _
73
CHAPITRE2
SE PROTÉGER DE LA MORT
,.,
IJJJ
!J}J
,,
75
Le premier carré compte respectivement quatre mots en rapport avec
le nom de Dieu. TFTFYH est le nom sacré inscrit sur le bouclier de
David, former à partir des psaumes 119 :69 et 76 (les deux premières
lettres de chaque verset). Sa valeur numérique 193, est la même que
celle des mots Almaguen, (sur le bouclier).
MSMSYT est dérivé du phénomène dit du Simsum ou retrait de Dieu
pour créer le monde ; ce mot Al Miré mesmesayat, affecté de points
voyelles, dérive aussi du verset biblique Isaïe chapitre 7,verset 20.
KWZW est l'équivalent du tétra gramme YHWH par substitution
(Temurah) d'une lettre par la suite alphabet dit abgad.
TFTFYH, le quatrième mot est identique au premier.
76
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..,6
~
-:,,.
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~
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Q
V
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~
f ~
1:1-
Illustration 2.La lettre Aleph (Cordovero, PardèsRimonim)
Au cinquième carré, le même nom Agla suit les noms hébraïques des
trois planètes : Saturne, Mars et Jupiter.
A l'intérieur de ce carré on peut lire de manière oblique Vénus,
Mercure, Lune, Soleil, eten croix un nom d'ange, Qasii'el ou
Qasdi'el, qui signifie« Dieu est mon casque».
Que l'on soit religieux ou non, l'usage de ce talisman et et destiné à la
protection des accouchées, des nouveau-nés, de la santé et de la mort.
Dans la tradition juive, la rédaction des talismans revient à un
kabbaliste. Ces talismans sont la plupart du temps rédigés en
caractères hébraïque et calligraphiés sur du parchemin au moyen
77
d'encres spécifiques telles que l'eau de rose, l'eau de safran ou encore
l'eau de fleur d'oranger. Les scribes opèrent conformément à certains
principes spirituels : ils accomplissent toujours ces pratiques au nom
de Dieu dans le seul but de faire le bien.
Ils utilisent les lettres saintes, les versets sacrés des livres ainsi que les
mots secrets issus des combinaisons savantes de la kabbale. Ils
emploient également les figures symboliques et les mystérieuses
graphies qui se transmettent de génération en génération. Cette
tradition talismanique qui demeure très populaire de nos jours parmi
les différentes communautés juives mondiales.
78
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79
Traduction et commentaire
Sauvegarde pour l'enfant et pour l'accouchée. Par le Saint rabbin
Israël Baal ShemTov (1698-1760). Au nom de l'éternel Dieu d'Israël,
grand et puissant.
Vœux : bon signe (bon augure) et bonne chance.
La main: sauvegarde contre le mauvais œil.
La figure est composée d'un texte réparti en deux colonnes entourant
une main. Voici ce texte :
« Eliaou le prophète rencontra un jour sur son chemin Lilith la démone et toute sa
troupe de mauvais génies. Il lui dit :« Lilith la méchante, tu es souillée et ton souffle
est empoisonné. Il en est de même pour tous tes compagnons. »
Lilith répondit: Seigneur Eliaou, je vais chez l'accouchée pour lui faire connaître le
jour de sa mort, boire le sang du fils qu'elle a mis au monde, lui sucer la moelle de
ses os et abandonner la dépouille du petit être.
Eliaou lui répondit en ces termes : « tu seras maudite par le Saint, Béni soit-il, et tu
seras pétrifiée »
Lilith implora la pitié de Eliaou Hanavi « Seigneur, au nom de dieu, laissez-moi
libre et je fuirai. Je te jure par l'Eternel, Dieu d'Israël, que j'abandonnerai ces
mauvaises voies et que je n'irai plus chez les nouveau-nés et les accouchées. Et tout
le temps que je verrai et que j'entendrai mes noms prononcés, je fuirai sur le champ,
et mes compagnons et moi serons sans force pour faire le mal. Je jure de te dévoiler
mes différents noms à toi seul. Toutes les fois que je les verrai affichés, je fuirai
avec mes mauvais génies, et la maman et l'enfant n'auront jamais aucun mal. Et
voici mes noms :Chétrina, Lilith, Abito, Amizo, Amigrapo, Kachech, Odem, Ik,
Podo,Ayilo, Pétrota, Abko, Kata, Kéli, Batna, Talto, Partacha. »
80
Il protège également du mauvais œil et à ce sujet, un texte talmudique
associe le symbole du poisson à une référence biblique concernant
Joseph, lequel en avait pâti.
« De la même manière que les poissons qui vivent dans l'eau et que les eaux
recouvrent, échappent à l'emprise et aux atteintes du mauvais œil, de même en est-il
aussi de la descendance de Joseph. »(T.B. Berakhote 20a).
81
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Illustration 4.Shemira qui protège la parturiente et son nouveau-né.
(coll. Rouach)
82
Traduction et commentaire
Ce papier découpé est destiné à la protection de l'enfant et de
l'accouchée.
Ce papier découpé est composé d'un texte réparti en deux colonnes et
de deux figures, une main et d'un oiseau stylisé.
Voici ce texte. :
« Les trois premières lignes se réfèrent au psaume 121 ou (Cantiques des degrés).
Son usage est de se protéger de Lilith
« Je lève les yeux vers les montagnes. D'où me viendra de l'aide? Mon aide viendra
de Dieu qui a fait le ciel et la terre. Qu'il fasse que ton pied ne se brise.
Ton protecteur ne dort pas. Le protecteur d'Israël ne dort ni de somnole. Dieu te
garde. Dieu est ton ombre, à ta droite.
La journée, le soleil ne te frappera pas, ni la lune pendant la nuit. Dieu te protège de
tout mal, il protège ton âme. Dieu protège désormais tes allées et venue à partir de
maintenant et pour toujours. »
Les deux colonnes du texte représentent un appel exprimé en ces
termes:
« Je vous fais jurer : « à toutes les sortes d'yeux, œil courbé, œil bleu, œil blanc, œil
vert, œil allongé, et raccourci, œil large, œil rétréci, œil droit, œil tordu, œil rond,
œil droit, œil rentré dans un autre œil, œil d'un homme et de sa femme, œil de sa
femme et de sa fille, œil d'une femme et de ses voisines, œil d'un jeune homme, œil
d'une jeune fille, œil d'une femme, œil d'une veuve, et d'une mariée, et d'une
divorcée, à toute espèce de mauvais œil existant dans le monde, à celui qui a vu, a
regardé et a parlé de mauvais œil. Je décrète etje fais jurer de s'orienter vers l'œil
céleste et saint.
Tous les yeux existant dans le monde et ceux qui auront voulu du mal seront annulés
par les yeux célestes protecteurs. »
De même qu'il est écrit: le chef d'Israël ne dort ni ne somnole, il est également
inscrit : l' œil de Dieu regarde ce qui le craignent et ceux qui espèrent en sa bonté,
grâce à quoi toute espèce de mauvais œil sera exterminée et éloigné Que ce soit le
jour, la nuit, réveillé ou dans le rêve, le mauvais œil ne parviendra à trouver la force
de dominer le moindre membre ou le moindre nerf. Au nom d'Israël, dont le nom est
grand est redoutable. »
La deuxième partie du texte est une incantation (hashba'ah):
« Eliaou se promener et en chemin, il rencontra Lilith. Il lui demanda : impure, où
vas-tu?
Elle lui répondit: je me rends à la maison de l'accouchée pour la faire mourir dans
son sommeil, prendre son enfant et le dévorer
Il lui dit : que tu te retrouves seule et loin de Dieu, et que tu deviennes muette
comme la pierre !
Elle lui répondit: oh, mon maître, délivre-moi je te jure d'abandonner cette voie, au
nom de Yahvé.
Désormais, chaque fois que j'entendrai quelqu'un m'appeler par l'un de mes noms,
je m'en fuirai à la hâte. Maintenant je vais te révéler tous mes noms, car pour ceux
qui les connaîtront je ne pourrais être d'aucune nuisance et c'est pour cela que l'on
accroche cette feuille dans la chambre de l'accouchée et du bébé.
83
Voici mes noms • Chétrina, Lilith, Abito, Amizo, Amigrapo, Kachech, Odem, Ik,
Podo,Ayilo, Pétrota, Abko, Kata, Kéli, Batna, Talto, Partacha.
Celui qui connaîtra mes noms et accrochera cette feuille protectrice à l'entrée de la
maison et de la chambre de maternité me fera fuir de la maison du nouveau-né.
Ainsi la mère et le bébé ne subiront aucun mal »
Adam et Hava
Abraham et Sarah
Israëlet Riv ka
Yaakov et Leah
Qu'aucune sorcière ne vive.
Mauvais esprit • soit chassé hors de cette demeure. »
Ce papier découpé se tennine par la figure d'un oiseau. Ce type
d'oiseau est appelé dans les écrits du kabbaliste Abraham Azulay
(1724-1806) abes mudas (volatiles muets).
C'est à l'endroit des abes mudas que l 'Écriture parle de« gens ailée »
(des porteurs d'ailes). Ils sont attirés par Lilith, la démone qui tue les
enfants non encore parvenus à l'âge et au stade de la parole.
C'est à eux que revient la mission d'annoncer, de prononcer le décret
de mort contre ces jeunes enfants ....
84
La mam appartient à des symboles d'identification dont elle est
imprégnée, tant par leur potentiel magique que mystique.
L'identification tend à approprier à un sujet les vertus et les forces de
l'être-objet auquel il s'assimile.
Ainsi la main est-elle le symbole de la puissance et de la suprématie.
Dans une main, si personnelle, il semble que se concentrent tous les
pouvoirs : c'est la main que l'on serre et que l'on baise, que l'on joint
à la main de celui avec lequel on vient de sceller l'union des volontés,
doigts entrecroisés (chebbak) ; c'est elle que l'on ouvre, les doigts
brusquement écartés en lançant : « cinq dans ton œil », pour conjurer
le mauvais sort ; enfin ce sont les mains que l'on impose et celles de
celui qui prie, les paumes tournées vers le ciel pour implorer.
En vérité, la main représente tout cela et sa simple évocation participe
à sa vertu. La main est un emblème royal, instrument de la maîtrise et
signe de domination. Le mot yad, même terme en hébreu et en arabe,
signifie à la fin à la fois main et puissance.
Dans l'Islam sous l'appellation main de Fatima (celle-ci est la fille du
prophète Mahomet), il est fait allusion à la main de Dieu. Ce symbole
fait référence à Dieu dans la totalité de sa puissance et de son
efficacité : la main de Dieu protège, s'oppose ou détruit. Il est
important de distinguer la main droite, celle des bénédictions, de la
main gauche, celle des malédictions. De toutes façons, toutes les
mains doivent être représentées et observées les doigts pointés vers le
ciel.
Ainsi la main possède une valeur magique en ce sens qu'elle protège
et éloigne des mauvaises influences et de l' action des mauvais esprits.
Pour illustrer ce propos, on constate que souvent, à l'approche d'un
étranger, les femmes ramènent devant leur bouche un coin de voile ou
le bord de leur mante : l'étranger traîne avec lui toutes sortes
d'influences et de génies, bons ou mauvais. Or, il arrive que des
djenûns pénètrent à l'intérieur du corps par les lèvres laissées
distraitement entrouvertes. C'est pourquoi, pris au dépourvu, on
mettra sa main devant sa bouche, ce geste constituant la protection la
plus rapide et la plus efficace.
Dans l'art juif, l'intervention divine étaient représentée par une main
descendant du ciel.
Dans la fresque de <loura- Europos, la première image est une
illustration littérale de Ézéchiel 37 :
85
« Et la main de Yahvé fut sur moi et il m'emmena par l'esprit de Yahvé, il me
déposa au milieu de la vallée, une vallée pleine d'ossements. . Il me dit: « fils
d'homme, ces ossements vivront- ils? Je dis : « seigneur il Yahvé, tu le sais ... »
« Prophétise sur ces ossements. Je prophétisais comme j'en avais reçu l'ordre. Or il
se fit un bruit au moment où je prophétisai ; il y eut un frémissement et les os se
rapprochèrent l'un de l'autre ... mais il n'y avait pas d'esprit en eux. »
86
Cette image de l'instrument le plus parfait que Dieu ait mis au service
de l'homme est restée pour les musulmans une protection infaillible
contre le mauvais œil.
Pour eux la main représente trois significations mystérieuses :
- 1. Elle désigne la providence.
-2. Elle est l'abrégé de la loi.
Elle a cinq doigts, chacun d'entre eux possède trois jointures, excepté
le pouce qui n'en possède que deux. Tous les doigts sont soumis à
l'unité de la main qui leur sert de base. Or, la loi contient cinq
préceptes ou dogmes fondamentaux et chacun deux a trois
modifications excepté le premier qui n'en a que deux.
Tous ces dogmes prennent leur source dans l'unité de Dieu. Par
conséquent, toute la loi se trouve contenue dans la main, les cinq
doigts et les quatorze jointures.
- 3. La main, par sa structure étant l'abrégé de la religion, elle incarne
par conséquent une puissante défense contre les ennemis.
En évoquant Dieu, dit un commentateur du Coran, montrez-lui
l'intérieur de vos mains et non l'extérieur lorsque vous aurez fini
passer les deux mains sur votre visage. En Afrique du Nord, la main
est plus particulièrement une amulette des plus répandues. Elle est
usuellement appelée main de Fatima, khams ou khoms, ces deux
dernières appellations venant du mot khemsa, cinq, faisant allusion au
nombre de doigts.
Puisque les cinq doigts préservent du mauvais œil, il suffira de les
nommer : ainsi, en tendant la main pour repousser le mauvais œil, on
dira khamsa fi 'aïnek, c'est-à-dire« cinq doigts dans ton œil ».
Étant donné que le mot khemsa est destiné à repousser les maléfices, il
devient donc malséant et de mauvais augure de le prononcer dans la
conversation.
À la place, on dira« addati eddek » le nombre de ta main ou « arba 'a
ou ouâh 'ad» quatre et un.Enfin le jeudi, cinquième jour de la
semaine, est particulièrement favorable aux opérations magiques qui
ont pour objet de combattre le mauvais œil: c'est précisément ce jour-
là que l'on part en pèlerinage au sanctuaire des saints réputés pour
guérir.
Les croyances relatives à la prophylaxie du mauvais œil sont ainsi
venues renforcer le caractère primitivement magique du nombre cinq.
87
2.4. Les rabbins intercesseurs. Le culte des saints et les pèlerinages
sur la tombe des saints est une pratique très répandue dans le monde
juif. Cette vénération est un phénomène ancien dans le Judaïsme.
Rachi écrit dans (Yebamotl22.2) que déjà, dans la période talmudique,
on avait coutume de pèleriner sur les tombes des saints
particulièrement le jour de l'anniversaire de leur mort. La majorité des
saints appartiennent à cette catégorie de personnes qui, de par leur
conduite morale exemplaire, leur savoir talmudique et kabbalistique
ont pu accéder à ce statut. Parmi les célébrités signalons les trois
saints déjà mentionnés Rabbi Ya'aqob Abihasira, Rabbi Hayyim
Pinto, Rabbi Ben-Barukh Ha-Cohen ainsi que les deux saints
palestiniens Rabbi Shim'on Bar Yohay et Rabbi Me'ir Ba'alHanes.Si
les critères majeurs d'un saint sont son pouvoir de miracles et de
guérison certains autres cependant ont un don de prémonition. Rabbi
Raphaël Anqawa ou Rabbi Shelomoh Ben-Lhans auraient eu ce
pouvoir de prédire la mort d'autres personnes.Une fois par an a lieu le
pèlerinage des saints lors de la hillulah du Lag-ba 'omerqui se tient le
trente -troisième jour suivant le deuxième jour de la fête de Pessah.
Une des coutumes usitées dans les sanctuaires pour implorer la
guérison est l'incubation. Cette technique divinatoire consiste à se
coucher dans le sanctuaire du saint avec l'intention formelle d'avoir
en songe une réponse à une question posée au saint. Ainsi le pèlerin,
après avoir accompli certains rites de purification (jeûne, ablutions
rituelles) reçoit pendant son sommeil la réponse à la question posée.
Ben-Ami (Jérusalem,1984) décrit une autre coutume en usage dans les
sanctuaires. Elle concerne les épileptiques et les malades mentaux qui
sont attachés à la tombe pour la durée de la nuit en vue de leur
guérison.
88
Ilustration 5.Papier découpé du rabbin « intercesseur» Haïm Pinto
(1749-1845) Coll, Rouach
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89
2.5. Le saclifice.
Il se tient lorsque dans une maison se produisent deux décès
consécutifs au cours du même mois ou de la même année. Quand
c'était le cas, les Juifs de Tlemcen avaient recours à la coutume
suivante : lors du deuxième décès, on ne procédait à la levée du corps
qu'après avoir égorgé un coq sur le seuil de la maison ou au milieu de
la cour. Puis, tandis que les hommes faisaient sortir la dépouille
mortelle, on aspergeait le linteau et les chambranles de la porte avec le
sang du coq. Enfin, le coq devait être exclusivement consommé par la
famille du défunt ou par les voisins de cour.
Cette coutume donne lieu à de nombreuses interprétations qui
convergent toutes vers le même but prophylactique : celui de protéger
de la mort et des mauvaises influences. Le choix de l'animal n'est pas
fortuit non plus. Comme nous l'avons déjà vu", le coq est un animal
cher à la magie : faire savoir au monde que le jour pointe le fait
paraître initié aux desseins de Dieu; de même, annoncer l'avènement
du soleil, symbole de la lumière et de la vie, rend le coq efficace
contre les mauvaises influences de la nuit et contre les néfastes génies
nocturnes. Ce sacrifice n'est pas sans rappeler les pratiques de la Ziara
arabo-berbère (décrites par Westermarck) au cours desquelles on
procède à la mise à mort de moutons ou de bœufs au pied de la tombe
de certains Marabouts. Les sacrifices dédiés aux djenûns !(esprits
malfaisants) et aux Marabouts sont très fréquents en Afrique du Nord,
et l'on peut leur attribuer différentes significations :En premier lieu,
nous sommes en présence d'un rite de magie imitative ou
propitiatoire. De même que l'on sacrifiera un coq, noir de préférence
(de la couleur des nuages qui apportent la pluie) afin de faire pleuvoir,
de même, dans le cas présent, on sacrifiera un coq noir, couleur de la
mort et du néant. En second lieu, il s'agit d'un rite expiatoire : en
Afrique du Nord, tout manquement rituel et religieux doit être expié
par un sacrifice, par un jeûne ou par une aumône. D'ailleurs, plusieurs
références extraites du Zohar et de nombreuses légendes qui circulent
font état de l'action del' Ange Exterminateur. On sait que la colère de
l'Ange de la mort est apaisée par les bonnes actions. Aussi, lors d'un
manquement religieux ou d'une mauvaise action, il est important de
s'en préserver par différentes méthodes dont le sacrifice. Pour pouvoir
comprendre comment le sacrifice peut servir à expier une peine, il faut
se rappeler que dans les sociétés traditionnelles, le mal physique et le
mal moral ne sont pas différenciés :on sacrifie aussi bien pour
demander la guérison d'un malade que pour en terminer avec une
90
période de malheur. De même, tout manquement ou erreur dans le
rituel est considéré comme souillant le fidèle ; celui-ci a donc
contracté une véritable tare morale dont il doit se libérer comme d'un
mal physique : le sacrifice prend ainsi le sens d'une purification. Dans
le même ordre d'idées, on peut mentionner le rite des kapparoth. Le
mot kappara signifie sacrifice, et être kappara veut dire que l' on
souhaite pour soi-même le mal qui pourrait arrivera à un être bien-
aimé : la personne est donc prête à se sacrifier, voire mourir pour
l'être cher. En pratique, la kappara donne lieu à un rite annuel qui
s'accomplit l'avant-veille du grand jeûne de Kippur: dans les
familles, on fait tuer par le rabbin un coq pour chaque homme ou
garçon et une poule pour chaque femme ou fille, et ce, autant qu'il
existe de personnes dans la maison, si petites soient-elles. Ce sacrifice
a pour but de faire supporter par ces animaux tous les maux qui
doivent s'appesantir sur la famille au cours de l'année. Ce rite de
l'expulsion du mal et de son transfert révèle l' absolue sacralité de
cette société selon laquelle le sacrifice est le moyen d'entrer en
communication avec le Divin. Ceci s'effectue par l'intermédiaire d'un
être vivant qui est tué au cours de la cérémonie. Ce rite est d'ailleurs
décrit dans le Lévitique 1, 6 :
« Et Aaron, mettant ses deux mains sur la tête du bouc vivant, conféra sur lui toutes
les iniquités d'Israël et tous leurs forfaits selon tous leurs péchés, et les mettra sur la
tête du bouc, et l'enverra au désert par un homme exprès. »
Pour sacrifier, c'est-à-dire pour communiquer avec la divinité,
plusieurs éléments sont nécessaires à la cérémonie :
tout d'abord le sacrificateur ou shohet : le sacrifice est une
opération tellement grave qu'elle ne peut être accomplie que par
une personne qualifiée et engagée dans les choses sacrées.
la victime doit également revêtir un caractère sacré : la poule est la
victime habituelle des sacrifices populaires dédiés aux djenûns.
Cette formule était (et le reste) à tel point ancrée que le Rabbin Yossef
Messas (1892-1974) qui officiait à l'époque à Tlemcen en Algérie
décida, pour tenir compte de cette coutume locale de ne pas l' interdire
mais il incorpora la formule rituelle de la kappara pratiquée en
Afrique du nord la veille de Kippour.
« Ceci est la rançon des gens de la maison, leur substitution et leur
rachat »
Enfin, pour compléter cette analyse, nous pouvons dire qu'il s'agit
d'un sacrifice communiel : il est destiné à mettre en communication le
profane et le sacré, le fidèle et son Dieu. Lorsqu'un sacrifice est
91
effectué par un groupe, il s'accomplit une communion entre tous les
individus car ceux-ci consomment tous la même chair. D'ailleurs, le
seul fait de manger de la viande issue du même animal crée, en vertu
des lois de la magie, une relation sympathique
entre tous les convives. Dans le même ordre d'idées, c'est la raison
pour laquelle on offre à manger à un hôte. Ce dernier, en général un
étranger, est donc un inconnu pour celui qui l'héberge. C'est pourquoi
ce dernier, afin que l'invité ne lui nuise pas mais lui soit au contraire
favorable, lui offrira à manger, liant ainsi leurs destinées. D'autres
coutumes relatives à l'action prophylactique du coq sont en vigueur en
Afrique du Nord. A Tlemcen, quand une femme est enceinte, elle
garde dans sa maison une poule noire afin d'éloigner les djenûns et de
protéger tous les habitants du foyer, et ce, du septième mois jusqu'à
l'accouchement. Lorsqu'elle ressent les premières douleurs, la femme
la plus âgée de la maison va emmener la poule dans le quartier juif et
l'y lâcher afin qu'elle emmène les djenûn savec elle. Toujours en
Algérie, dans le but de guérir de l'épilepsie et de certaines maladies
nerveuses, on sacrifie une volaille, à savoir une coq pour un homme et
une poule pour une femme, tout en mettant de côté son sang et ses
plumes. Le soir, l'animal (cuisiné) est placé sur un plat à l'endroit le
plus élevé de la maison sur un meuble quelconque. On va ensuite
éteindre les lumières et pendant une heure, personne ne va toucher au
plat ni entrer dans la pièce afin de laisser aux djenûns le temps d'en
manger. Au terme de cette heure, la famille consomme la volaille tout
en conservant la tête et les os. Ceux-ci, auxquels on aura rajouté le
sang et les plumes, vont être placés sur une marmite et déposés sur un
chemin. Le malade guérira au moment où un inconnu, qui aura
malencontreusement heurté la marmite, tombera malade. À Tlemcen,
il existe un rite analogue destiné à éloigner les djenûns de l'enfant
nouveau-né. Le sens du rite sacrificiel est maintenant pour nous
évident : pendant ce long trajet, on aura procédé à l'expulsion de la
mort tandis que la victime sera placée en communication avec Dieu
par son sang, chargé de berakhah et répandant une influence
bienfaisante par son contact. On peut également attribuer un sens
religieux à cette coutume qui rappelle un épisode biblique relatif à la
sottie d'Egypte : les enfants d'Israël, pour se protéger de l' Ange de la
Mort, devaient asperger le linteau de la porte avec le sang d'un agneau
sacrifié.
92
CHAPITRE3
La divination juive
93
de blé est généralement bonne ; déraciner les légumineuses plutôt que
de les couper au-dessus du sol les empêche de se détériorer »
Les sages ont enseigné :
« L' enchanteur est celui qui s' appuie sur des signes superstitieux. Par exemple,
celui qui dit; si son pain est tombé de sa bouche, c' est un mauvais signe pour lui ;
ou: si un bâton est tombé de sa main, c'est un mauvais signe ; ou :si un fils l'appelle
par derrière, c'est un signe qu'il doit revenir de son voyage ; ou si un corbeau
l'appelle, ou si un cerf le bloque sur le chemin, ou si un serpent est à droite, ou si un
renard est à sa gauche, tout cela est un mauvais signe. Un enchanteur est celui qui
s'appuie sur ceux -ci comme de mauvais signes et change par conséquent son plan
d'action».
Le judaïsme orthodoxe s'est toujours opposé à la divination. Il
considérait que le faitd 'invoquer des Noms de Dieu déviait du strict
monothéisme.
« Il ne se trouvera chez toi personne pour faire passer le feu son fils ou sa fille,
Interroger les oracles, pratiquer l'incantation, la magie, les enchantements 11 et les
charmes, recourir à la divination consulter les morts ».
94
L'objectif était donc d'éloigner le peuple de toutes ces pratiques de
manière pédagogique. Maïmonide s'exprime à ce propos dans le
Guide des égarés : III, 29.
« Il n'eût pas été convenable d'exiger de renoncer complètement aux sacrifices. Le
faire eût semblé aussi impensable que si l'on exigeait aujourd'hui une religion de
pure méditation, sans culte, sans prière, sans aucune pratique. Le culte sacrificiel est
un pis-aller pour que le peuple ne sacrifie pas aux démons ou aux anges .»
95
A partir de ce principe de loi, l'un des bons résultats du judaïsme fut
d'avoir su canaliser avec sagesse une grande partie de la magie,
évitant ainsi l'horreur de cette « folie des sorciers ».
« La prophétie n'est accordée qu'à un sage imminent au caractère fort, qui n'est
jamais soumis à ses tendances naturelles, mais qui, au contraire, les maîtrise par son
esprLit, à tout moment» Michné Torah, chapitre sept.
96
« C'est le plus haut degré de l'homme et le tenne de la perfection à laquelle son
espèce peut atteindre, et cet état est la plus haute perfection de la faculté
imaginative».
Trois perfections sont requises au prophète :
La perfection de la faculté rationnelle au moyen de l'étude.
La perfection imaginative
La perfection des mœurs qui s'obtient lorsqu'on fait taire le
désir de toute espèce de sottes et pernicieuses grandeurs.
Maïmonide a consacré dix- sept chapitres à la prophétie, permettant de
conclure à l'existence d'une continuité entre divination et prophétie.
Concernant cette faculté de divination (qu'on rencontre chez les
prophètes), Maïmonide écrit dans son Guide des égarés, paris, 1856-
1866) (Deuxième partie, chapitre 38, p.371):
« Cette faculté existe dans tous les hommes, mais varie par le plus et le moins ;(elle
existe) particulièrement pour les choses dont l'homme se préoccupe fortement dans
lesquelles il promène sa pensée. Tu devines, par exemple qu'untel a parlé ou agi de
telle manière dans telle circonstance et il en est réellement ainsi. Tu trouves tel
homme chez lequel la faculté de conjecturer et de deviner est tellement forte et juste
que presque tout ce que, dans son imagination, il croit être, est (réellement) tel qu'il
se l'est imaginé ou l'est (du moins)en partie. Les causes en sont diverses (et cela
arrive)par un enchaînement de nombreuses circonstances antérieures, postérieures et
présentes ; mais, par la force de cette faculté de divination, l'esprit parcourt tous ces
prémices et en tire les conclusions en si peu de temps que cela semble l'affaire d'un
instant. Ces deux facultés, je veux dire, la faculté de hardiesse et la faculté de
divination, doivent nécessairement être très fortes dans les prophètes. De même, par
le grand développement de leurs facultés de divination, ils prédisent promptement
l'avenir. Ajoutons à cela qu'Il existe plusieurs niveaux panni les prophètes. De
même qu'en sagesse, un sage peut être supérieur à son collègue, en prophétie, un
prophète peut être supérieur à l'autre».
97
Quand un prophète est informé d'un message dans une vision, celui-ci
lui est transmis par une métaphore. Instantanément, l'interprétation et
l'imagerie sont gravées en son esprit et il comprend sa signification.
Par exemple, l'échelle que vit le patriarche Jacob sur laquelle les anges
montaient et descendaient était une allégorie représentant les empires
et l'assujettissement (de ses descendants]. De même, les créatures que
vit Ezéchiel, la casserole bouillante et la branche d'amandier que vit
Jérémie, le rouleau de parchemin que contempla Ezéchiel et la mesure
aperçue par Zacharie (étaient toutes des métaphores].
98
« Aba voulut partir en mer entre la fête de Sukkot et H anuka. Une
matrone lui dit:« c' est maintenant qu'on voyage? »
Son père aussi lui apparut et lui récita le verset :
« il n'aurait même pas de sépultures» (Eccl.6.3 ).
« Il n'en eut cure et prit la mer et ce qui devait arriver arriva. »
(Gen.rabba. 6 :5 ;Qoh.rabba. 3 2)
Dans Zohar 1, 217b-218a on lit:
« Quand approche pour un homme les jours de sa mort, trente jours auparavant,
l'annonce de cet instant suprême est proclamée, criée de par le monde ; les oiseaux
du ciel eux-mêmes s'associent à ce cri, à cette proclamation ».
Les lettres comprises dans Ha-Satan (le Satan) ont pour valeur
numérique 374, ce qui veut dire que son pouvoir d'accusateur s'exerce
durant les 374 jours de l'année, mais cesse le jour des expiations (TB
Yoma: 20 a).
Enfin, c'est Satan qui fait mourir, d'où ce surnom d' ange de la mort
qu'on lui connaît. (Zohar,217b-218a) La Bible attribuant aux songes
une telle importance, il était tout naturel que l'oniromancie soit une
science de divination officielle. Notre postulat de départ a été de
considérer que les songes ont une valeur prophétique étant donné
qu'ils sont envoyés par Dieu. Dieu lui-même déclare, selon le Talmud.
« Quoique j'ai caché ma face à Israël, je veux communiquer avec lui par des
songes » (TB Kharg : 5b)
«Lemaître pourrait-il dire à l'ange de la mort qu'il ne le fasse pas souffrir? Raval
lui répondit: le maître Rabbi Nahman n' est-il pas un homme éminent? Il lui
répondit : qui est estimé à l'heure de la mort, qui est respecté ? Qui est digne de
99
considération? Il lui demanda alors : est-ce que le maître a souffert en mourant ?
Rabbi Nahman lui répondit: comme on retire un cheveu de la surface du lait.
Mais si le Saint, béni soit-il, me disait de retourner dans ce monde comme j 'étais, je
ne le voudrais pas: l'effroi devant l'ange de la mort est trop grand ! ».
« Que votre en esprit puisse reposer en paix, comme repose le mien grâce à vous »
(Chab.l 52a,b)
Rav Papa (300-375) enseigne : « tout ce qu'un mort prends (en rêve)est de
bon augure, à l'exception des chaussures et des sandales. Et tout ce qu' il a tout ce
qu'un mort donne et de bon augure. » (T.B. Berakhot 57 b ).
100
(mort en 1731 ). On retrouve dans la catégorie des vrais rêves
(Rûyat), ceux envoyés par Dieu et dans les faux rêves (ah'lâm)
, ceux envoyés par Satan, par les sorcières, et par les mauvais
génies (lesjinn). (Fahd, 1966, Doutté, 1908, Kilborne, 1973.)
Les mauvais rêves et le hatavat chalom
Rêver que vous perdiez toutes vos dents, que votre maison s'écroulait,
que vous priiez au dernier moment du jour du Cn:and pardon était
considéré comme des rêves terribles annonçant une mort imminente. Il
existe dans le judaïsme un rituel pour « améliorer un mauvais rêve»,
c'est hatavat chalom. En voici la source talmudique :
101
R. Juda demande :« D'où tiens-tu que tu es sur le point de mourir? »
L'autre répondit:« Mon âme me quittait toutes ces dernières nuits sans que je fusse
illuminé par un rêve comme auparavant; bien plus encore, quand dans ma prière je
m'incline, je ne vois pas mon ombre sur le mur; c' est donc que le messager (Satan)
est sorti annoncer ma mort, car il est dit:» C'est par son ombre que l'homme
chemine (Ps. 39 :7).
Rabbi Nahman eu une vision effrayante: ce que Rachi commente :
« des anges effrayants lui firent peur. Le mot siyuta signifie
cauchemar, responsable d'une peur suscité par le démon d'un rêve.
Dans TBNedarim 41 a: on raconte à Raba b. Chila:
« Ce grand homme est mort. Il chevauchait pourtant un petit âne, mais quand il fut
arrivé sur le pont, un mauvais esprit s'empara (de l'âne) qui projeta (le cavalier)
dans l'eau et où il mourut: Rabbi Nissim explique: on dit qu'un esprit de démence
(le satata) s'empara de lui. Citons encore un passage du Midrach où l'on parle
« d'un esprit de démence (mahtazezit) qui surprend les animaux comme les hommes
dans leur sommeil. (Cf.Kristianpoller. p.104).
« Tu (Moïse) examineras chacune des formes humaines, chacune des figures sous
ses six aspects : les cheveux, les yeux, le nez, les lèvres, les traits du visage, les
mains et les lignes des mains. De chacun de ces six aspects, il est dit « tu verras ».
Tu verras l'aspect des cheveux, les rides du front, l'épaisseur des sourcils, les yeux,
les plis des paupières, les lignes du visage et son teint, les lignes des mains et les
marques qu'elles portent. ... C'est ainsi que tu reconnaîtras les hommes de valeur .... ;
les hommes de vérité, les ennemis du lucre , de la vénalité ... Moïse fut ainsi initié à
cette science occulte.
Cependant les kabbalistes porteurs de cette « science» des visages et des formes,
ont l'obligation d'être attentifs et prudents quant à l'usage qu'ils sont appelés à en
faire. « Elle doit, en effet, servir exclusivement au salut des hommes, à guérir leurs
corps et leurs âmes. Ils mériteront alors ce monde-ci et le monde à venir .... »
« Les lignes de la paume et des doigts (la chiromancie) sont à l'homme ce que les
étoiles et les autres corps célestes sont au firmament>>
Les rides sur la paume de la main droite aussi bien que de la main
gauche indiquent le caractère et le tempérament de l'homme.
102
Dans le judaïsme il s'agit plutôt de chirologie ou chirognomonie que
de chiromancie. La chirologie étudie les lignes de la paume et des
doigts de la main en vue de déterminer certaines tendances physiques,
psychiques et mentales d'un individu. C'est ainsi qu'on pourra par
exemple indiquer qu'une ligne verticale sur la face antérieure du
majeur correspond à un homme posé qui réfléchit avant d'agir et qui
n'entreprend rien sans avoir pesé au préalable tous les inconvénients
qui pourraient résulter de son acte.
Néanmoins, dans le Zohar, il est aussi fait mention de la chiromancie
qui permet de deviner à partir des lignes de la main la brièveté de la
vie d'un homme, son avenir heureux ou malheureux. Ainsi l'homme
qui « a trois lignes sur la partie inférieure de l'auriculaire et quatre
autres sur la paume disposées verticalement doit apprendre à bref délai
des nouvelles.
« Une ligne verticale sur la face antérieure du doigt majeur indique un homme posé
qui réfléchit avant d'agir et n'entreprend rien sans avoir pesé au préalable tous les
inconvénients qui pourraient résulter de son acte. Deux lignes verticales sur la même
face du doigt qui ne disparaissent pas même lorsque le doigt est tendu indiquent un
homme qui réfléchit peu et dont tous les actes sont faits avec précipitation. Trois
lignes verticales sur la même face du doigt, augmentées de deux ou trois lignes sur
la face antérieure du même doigt indiquent un esprit fin et réfléchi; tous les efforts
de cet homme tendent à marcher dans la voie du saint, béni soit-il ; il n'a pas d'autre
ambition. Quatre ou cinq lignes sur la face antérieure et autant de lignes sur la face
intérieure du majeur indiquent un homme qui ne pense qu' à faire le mal et s'en
targue. Outre ce dernier indice, la marque susnommée indique également que
l'homme sera favorisé par la fortune, mais qu'il ne jouira pas longtemps du bonheur
car il mourra peu de temps après. Cependant, grâce à la contrition et à la prière,
l'homme peut changer son destin; et, dans ce cas, le nombre des lignes se modifie:
trois lignes sont parfois réduites à deux , deux sont parfois changées en quatre , et
ainsi de suite. Car les lignes de la main ne sont point permanentes ; elles se
transforment de temps en temps, suivant la conduite de l'homme. »
3.3.3.2. L'onychomancie
L 'onychomancie est la divination tirée de la forme des ongles. Elle
pe1met de deviner avenir heureux ou malheureux, une réussite ou un
échec dans toutes les entreprises, le moment favorable ou non pour
des projets. Elle indique aussi si les mesures de rigueur décrétées par
le ciel viennent d'être levées ou non. Et cela à partir de l'examen de la
surface de l' ongle.
On voit souvent, dit le Zohar, ( II,76a), sur les ongles de petites taches
blanches en forme d'étoiles. Ces taches proviennent du vide qui existe
entre l'ongle et la main. Certains vides sont profonds : dans ce cas, la
103
tache ressort davantage à la surface de l' ongle. D'autres vides ne sont
pas très profonds ; dans ce cas, les taches ne sont pas prononcées. Ces
dernières n'ont aucune importance dans l'onychomancie. Les
premières sont d'un bon augure pour l'homme.
Celui qui a des cheveux très doux lui tombant sur le cou mérite
qu'on s'associe à lui, et de cette association peut résulter un
profit.. (Zohar II, 71 b)
104
sous le signe ésotérique de la lette Zayin, la septième lettre de
l'alphabet, qui renvoie à un verset du livre des Nombre 6,
7 :« La couronne de son Dieu est sur lui ». Il est fait mention
ici de Samson dont les armes et les instruments guerners
résident dans sa chevelure .. (Zohar II, 71b)
105
3.3.3.6. Le mystère des yeux
Les yeux jaunes indiquent un homme mélancolique ;il se tourmente
constamment sans raison.
Les yeux bleus indiquent un homme inconsidéré; il rit de tout, même
des choses qui n'offrent aucune matière à rire ; il est avare dans sa
maison et prodigue lorsqu'il est en compagnie d'étrangers.
Les yeux larges sont l'indice d'un homme envieux, et il convient de
ne pas le fréquenter.
Les yeux verts ou noirs appartiennent à l'homme qui baigne
constamment dans la joie; il ne pense jamais à mal. Le succès veille
sur lui quand il se livre à des occupations précises, désintéressées. Il
faut l'encourager à étudier la Torah.
Les yeux verts ou bleus, teintés de jaune, sont habités par la folie ;
l'individu parle trop, fort et haut, il a des prétentions à la grandeur,
mais il ne résiste pas à une discussion sérieuse ; vanité, mégalomanie
et logomachie dessinent son profil moral et intellectuel. Il n ' est pas
digne de recevoir les mystères de la Torah.
106
Un homme qui aura un grain de beauté sur l'oreille sera un grand
maître de la loi et mourra jeune.
107
3.3.3.11. Le mystère de la cicatrice (Cf H.Zafrani, op.cit., p.124)
R .Abba se rendait à Cappadoce en compagnie de R. Yosi. Chemin
faisant, ils virent un homme s'approcher d'eux; son visage portait une
profonde cicatrice. R. Abba dit : Quittons ce chemin ; le visage de cet
homme témoigne qu'il a transgressé l'un des préceptes de la Torah
interdisant l'inceste. Cette cicatrice sur son visage en est la marque, le
signe. (Zohar III, 75b -75a)
.... R.Abba appela l'homme et lui posa la question: Cette cicatrice sur
votre visage, d' où vient-elle ? L'homme répondit : Je voyageais un
jour en compagnie de ma sœur. Il advint que nous passâmes la nuit
dans une auberge. Je bus du vin et m'enivrai ... Depuis ce jour-là, je
fais pénitence ; R.Abba dit :« Plût au ciel que ton repentir ne cesse pas
et je ferai en sorte que cette cicatrice disparaisse de ton visage !
J'invoque néanmoins ce verset pour toi : « ta faute est enlevée et ton
péché pardonné » (Isaïe VI, 7) Répète -le trois fois . L'homme répéta
trois fois le texte et la cicatrice disparut.
3.3.4.Les omens
Du latin « omen », présage, augure, pronostic.
On retrouve deux catégories de procédés : les auspices et l'astrologie.
108
Outre le nom de l'oiseau, les modalités de leur vol étaient analysées.
Ainsi, les vols venant de la droite (d'Orient) étaient considérés comme
d'heureux présages. (en relation avec la séfira Hesed: bonté)
A contrario, ceux venant de la gauche (d'Occident) étaient
malheureux. (en relation avec la séfira Guévoura, rigueur) Un autre
procédé consistait à lancer un caillou contre un oiseau.
Si l'oiseau volait à droite, il agissait d'un bon présage.
S'il volait à gauche, on en tirait un mauvais présage.
3.3.4.1.1. Le corbeau
Cet oiseau était considéré comme de mauvais présage dans la tradition
juive. « Au moment de la création du monde, le Saint Béni -soit il, avait convenu
avec les corbeaux, comme condition à leur propre existence, qu'ils nourriraient le
prophète Elie quand se produirait la fameuse sècheresse » (Roi ,I, 17, 6 ) ».
Un corbeau annonça de mauvaises nouvelles à R. Eleazar. Celui-ci lui
dit : « C'est bien pour ça que tu as été créé, et c'est là ton destin !
Ses cris sont le signe de la peste et du choléra; ce n'est
qu'occasionnellement qu'il dit la bonne nouvelle.
(VoirZafrani,op,cit.,p .24)
3.3.4.1.2. La cigogne
Pourquoi la cigogne porte - t-elle le nom de hasidah (de hesed
« grâce »Parce qu'elle rend service à ses compagnes. (ibid. ,p.24)
3.3.4.1.3. L'épervier
Selon le Zohar; L'épervier et son congénère dit milano est de bon
augure . (ibid. ,p.24)
3. 3. 4.1. 4. L'hirondelle
Connue sous le nom de « golondrina »elle est un oiseau dit « libre »
Sache qu'au moment où le Temple fut incendié, les hirondelles en
disparaissant des lieux, révélèrent aux humains la fin de cette
calamité. (ibid. ,p.24)
3.3.4.1. 5. Le héron
Pourquoi le héron porte-t-il le nom d'anafah?
C'est parce qu'il est irritable et se querelle avec ses congénères. (ibid.
,p.24)
109
3.3.4.2.L' ASTROLOGIE
Astrologie vient du grec astrologia, de astron « astre», et logos
« discours ».Il convient de ne pas confondre astronomie et astrologie.
L'astronomie est une science qui comprend l'observation des étoiles,
des planètes et autres objets se trouvant dans l'espace.L'astrologie est
basée sur l'observation des influences des astres sur la destinée
humaine. On observe plusieurs formes d'astrologie. Autrefois, on
distinguait une astrologie relative à la médecine et une autre relative à
l'influence des astres. Seule la seconde sera étudiée dans notre
ouvrage.Le Talmud et le Zohar lui attribuent une crédibilité
considérable mais affirmentégalementque l'homme pieux peut vaincre
son influence. Le mot employé par le Talmud« mazal » est
habituellement traduit par « chance » mais il signifie littéralement
«constellation».
« Que les autres nations les craignent, mais pas Israël. » (TBCha. 156a) ».
« Un jour, Samuel et Abalat (un astrologue) étaient assis ensemble. Passèrent devant
eux des hommes qui allaient aux champs.Cet homme là-bas s'en va, mais il ne
reviendra pas: un serpent le mordra et il mourra, dit Abalat.Si c'est un enfant
d'Israël il reviendra, répondit Samuel. Ils étaient encore assis lorsqu'il revint. Abalat
se leva, défit le sac que l'homme portait et y trouva un serpent coupé en deux.
Qu'est-ce que tu as fait de particulier aujourd'hui? demanda Samuel à l'homme.
Nous avons l'habitude tous les jours de rassembler le pain de chacun d'entre nous,
puis nous le mangeons ensemble. Aujourd'hui l'un d'entre nous n'avait pas de pain.
Comme il était gêné, je dis aux autres: « Aujourd'hui, c'est moi qui rassemble le
pain». Quand ce fut à lui de me tendre son pain, je fis semblant de le prendre pour
lui éviter d'avoir honte. C'est une bonne action. Samuel s'en alla et fit le
110
commentaire suivant: les actions justes délivrent de la mort (Prov. 11 : 4), non
seulement de la mort accidentelle, mais aussi de la mort naturelle. »
Qu'Israël ne subit pas l'influence des astres, nous le savons aussi par
Rabbi Akiva. Celui-ci avait une fille qui, selon les prédictions des
devins devait, un jour où elle entrerait dans un jardin, être mordue par
un serpent et en mourir. Cette prédiction inquiétait beaucoup son père.
Un jour la jeune fille, ayant dégrafé sa broche, enfonça la pointe dans
le mur et creva ainsi les yeux d'un serpent. Le lendemain matin,
lorsqu'elle prit son habit, le serpent était suspendu à sa broche et elle
le trainait derrière elle. Son père lui demanda :Qu'as-tu fait de
particulier ?Hier après-midi, un pauvre homme est venu à ma porte. Il
a appelé. Toute la famille était en train de manger et personne ne l'a
entendu. Je me suis levée, j'ai pris la part qu'on venait de me servir et
je la lui ai donnée. C'est une bonne action, dit Rabbi Akiva. Et il fit le
commentaire suivant: les actions vertueuses délivrent de la mort, non
seulement de la mort accidentelle, mais aussi de la mort naturelle. Un
des plus grands décisionnaires, Maïmonide (1138-1204) invalidera
complètement l'astrologie dans ses deux ouvrages Epitre au Yemen au
chapitre III, et dans Michna, TBA voda Zara 4 : 7.
111
« Lorsqu'il voulut le monde, Il fit sortir un souffle de sa bouche ; et ce souffle-là, de
simplicité absolue, d'émanation fine, se divisa en trois luminaires (sources de
lumière) appelés« (or sah). De ces lumières s'éclairent toutes les créatures .... De
la puissance de la lumière primordiale, il fit émaner un souffle simple
appelé« Couronne Suprême » (Keter elyon), une lumière spirituelle .
.. . De la puissance de la lumière claire, la Couronne (keter) conçut la Sagesse
primordiale (hokhmah). De la puissance de la lumière transparente, la Sagesse
conçut l'intelligence (Binah).La force d'émanation poursuivit son cycle d'opérations
créatrices, procédant de la même manière que pour les trois premières. C'est ainsi
qu'en émanèrent les trois pères, les trois patriarches dont les archétypes sont les trois
sefirot • la Grandeur (Gedulah),laPuissance(Geburah) et la Beauté (Tif'eret).
Puis s'enchaîna le troisième processus émanateur. Ainsi furent conçues les trois
sefirot appelées monde des prophètes • Eternité (Netsah), Majesté(Hod) et
Fondement (Yesod).
Une dernière force émana de toutes les toutes les autres pour concevoir la dernière
sefira Royauté (Malkhut).
A partir des dix sefirot, le flux poursuivit son processus créateur pour donner
naissance à dix classes d'anges homologues• ce sont les hayots ha -qodesh, les
serafim, les ofanim, les er'elim, les Elohim, les mal'akhim, les hashmalim, les bene-
Elohim, les tarshitim et les ishim.
Le flux (l'influence divine) se manifesta une troisième fois et les corps célestes
surgirent en neuf cercles • le premier cercle , uni, plat; le second, celui des « astres»
Mazalot ; le troisième , Shabtay « Saturne » ; le quatrième, Sedeq « Jupiter » ; le
cinquième, Madim« Mars » ; le sixième, Hammah « Soleil » ; le septième, Nogah
« Vénus» ; le huitième ; Kokhab «Mercure» ; le neuvième,Lebanah« Lune » .
112
laquelle ils naissent pendant le décompte du Omer, période propice à
la progression et l'amélioration de soi. L'élément du Taureau est la
terre, ce qui fait de lui un être paisible mais aussi enclin aux plaisirs de
ce monde tels que la luxure, la gourmandise, l'oisiveté, le sommeil,
etc. Pourtant, s'il fait l'effort de cultiver son monde spirituel, le
Taureau deviendra alors un roi véritablement capable de s'élever et
d'entraîner les autres dans son ascension, car il a faculté de descendre
au plus bas (vers la terre, son élément) pour élever les âmes qui
aspirent à se hisser au-delà de leur piètre condition morale. Tout son
défi est justement de ne pas se laisser emporter par sa nature qui le
pousse à mener une vie dénuée de sens et vouée à la satisfaction de ses
instincts .... » ..... « Dans sa vie de tous les jours, le Taureau a un
grand besoin de se sentir en sécurité. C'est pourquoi il est
généralement économe et enseigne à ses proches l'art de l'épargne et
de la prudence financière. S'il s'agit indéniablement d'une qualité, le
Taureau doit aussi veiller à ne pas se montrer économe à outrance et à
dépenser lorsque c'est nécessaire, notamment pour les causes
charitables. C'est aussi un excellent éducateur : patient et soucieux de
la réussite de ses enfants, il sait leur prodiguer amour et chaleur tout
en les protégeant des mauvaises influences extérieures. Enfin, comme
il est très têtu et sait défendre ses intérêts ....... » ( fin du texte extrait
de Torah-Box.corn).
1. https ://www.torah-box.com/femmes/torah-feminine/astrologie-juive-
le-signe-taureau_ 11490. html. Association de diffusion du Judaïsme
113
TABLEAU DE CORRESPONDANCES ENTRE LES MOIS ET LES
CONSTELLATIONS ZODIACALES
CALENDRIER SIGNE SIGNE CALENDRIE
COURANT ASTROLOGIQU ASTROLOGIQU R
E E Hébraïque
Hébreu
MARS/AVRIL BELIER TALE NISSAN
AVRIL/MAI TAUREAU CHOR IYYIAR
MAI JUIN GEMEAUX TEOUMIM SIVAN
JUIN/JUILLET CANCER SARTAN TAMOUZ
JUILLET/AOU LION ARIEH AV
T
AOUT/SEPT VIERGE BETOULA ELOUL
SEP/OCT. BALANCE MOZNAIM TICHRI
OCT/NOV. SCORPION AKRAV HECHVAN
NOV/DEC. SAGITTAIRE KECHET KISLEV
DEC./JANVIER CAPRICONE GDI TEVET
JANVIER/ VERSEAU DLI CREVAT
FEV.
FEVRIER/ POISSONS DAGUIM ADAR
MARS
1.https://fr.chabad.org/calendar/converter_ cdo/aid/6225/jewish/Date-
Converter.htm
114
Nous donnons ici la liste des correspondances entre les constellations
et leurs anges attribués. Il existe de nombreuses versions de cette
association. Voici la liste donnée par R. Hayyim Ben Attar (696-
1743), un kabbaliste de Jérusalem originaire du Maroc dans son
ouvrage Sha'ar hattara ( la porte de la geôle).
Sur ce tableau de correspondances figure le nom des constellations et
des anges qui les gouvernent.
115
3.3.4.2.8. Les 7 planètes et la date de naissance. Généthialogie ou
Omen de naissance.
Né sous l'influence de Hammah (Soleil), tu seras un homme
distingué, tu mangeras et boiras de ce qui t'appartient en propre, tes
secrets seront révélés et si tu te risques à voler, ce sera en vain .
Autrement dit, tout dans ta vie sera clair et apparent comme la lumière
du Soleil. En outre, comme le Soleil ne reçoit pas de lumière d'une
autre planète, l'individu dont il s'agit ne dépendra que de lui-même.
Né sous l'influence de Nogah(Vénus) tu seras riche et voluptueux,
parce que le feu fut créé par l'entremise de cette planète.
Né sous l'influence de Kohab(Mercure) tu seras une bonne mémoire
et la sagesse parce que Mercure est le scribe (au service) du Soleil.
Né sous l'influence de Lebanah(la Lune) tu seras souffrant.
Né sous l'influence de Shabtay (Saturne) tes projets échoueront.
Né sous l'influence de Sedeq(Jupiter) tu seras juste.Né sous
l'influence de Madim (Mars) tu verseras du sang.
116
Tableau de con-espondances entre les jours et les planètes
117
Tableau des heures planétaires du coucher du soleil au coucher de
soleil.
Dun. Lun. Mardi Mer. Tableau Jeud. Vend. Sam.
de
minuit
Des
Heures à
minuit
Mercu. Jup. Vén. Sat. 81 Soleil. Lune Mars
Lune Mars Mer. Jup. 92 Vénus Satur. Sole.
Saturne Soleil Lun. Mar. 10 3 Mer. Jup. Vén.
Jupit. Vénus Sat. Sol. 11 4 Lune Mars Mere.
Mars Mer. Jup. Vén. 12 5 Sat Sol Lune
Soleil Lune Mar. Mer. 1 6 Jup Vén Sat
Vénus Satu. Sol. Lun. 27 Mars Mere Jup
Mercure Jup. Vén. Sat. 38 Sol Lun Mars
Lune Mars Mer. Jup. 49 Vév Sat Sol
Saturne Sol. Lun. Mar. 5 10 Mer Jup Vén
Jupiter Vén. Sat. Sol. 6 11 Lune Mars Mer
Mars Mer. Jup. Vén. 7 12 Sat Sol Lune
Soleil Lun. Mar. Mer. 8 1 Jup Vén Sat
Vénus Sat. Sol. Lun. 92 Mars Mere Jup
Mere. Jup. Vén. Sat. 10 3 Sol Lun Mars
Lune Mar. Mer. Jup. 11 4 Vénus Satu Sole
Satur. Sol. Lun. Mar. 12 Mere Jup Vénus
5
Jupit. Vén. Sat. Sol. 16 Lun Mars Mere
Mars Mer. Jup. Vén. 27 Sat Sol Lune
Soleil Lun. Mar. Mer. 38 Jup Vénus Sat
Vénus Sat. Sol. Lun. 49 Mars Mere Jup
Mercure Jup. Vén. Sat. 5 10 Sol Lune Mars
Lune Mar. Mer. Jup. 6 11 Vén Sat Soleil
Saturne Sol. Lun. Mar. 7 12 Mere Jup Vén
118
3.3.4.3.10.Champs d'influence des planètes.
119
Les LES ANGES QUI LES GOUVERNENT (dans les
planètes ouvrages iuifs)
SATURNE SHABTA Y :KAFZIEL 4 / MICHAEL 2
nJPITER SEDEQ ZADKIEL 4 IBARKIEL 1
MARS MADIM SAMAEL4 / GABRIEL 1
SOLEIL HAMMAH RAPHAEL 4 / MICHAEL 2
VENUS NOGAH ANIEL 4 HASDIEL 1
MERCURE KOKHAB MICHAEL 2/ZADKIEL 1/BARKIEL
l lHASDIELl IRAPHAELl
LUNE LEBANAH GABRIEL 4/ANIEL OU ANAEL 1
Sur ce tableau figure le nom des planètes et des anges qui les
gouvernent provenant du philosophe musulman Andalou A verroes
(1126-1198)
120
L'usage des noms propres tellement populaire comme présage est
devenu force de loi. Ainsi par exemple, une question concernant la
pratique de vérifier les noms des futurs époux a été posée au rabbin
Yaakov Y srael Kanievsky, dit le Steipler, talmudiste et décisionnaire
du XXème siècle. (1899-1985). L'anecdote suivante est relatée :
Après que la date du mariage ait été fixée et tous les préparatifs
terminés, un membre de la famille informa le fiancé qu'il était de
coutume de vérifier si les noms des futurs époux étaient compatibles.
Le fiancé alla immédiatement à Jérusalem pour consulter un
kabbaliste. Ce dernier lui annonça que les noms n'allaient pas
ensemble et décida que le mariage devait être annulé car il serait un
échec. Passablement remué, le fiancé se retourna vers son rabbin pour
un conseil. Il lui enjoignit de ne pas prêter attention au kabbaliste en
vertu de ce que la torah enseigne. « Tu auras entièrement confiance en
« Hachem ton Dieu» (Devarim 18 :13). Afin d'être entièrement
rassuré, son rabbin envoya le fiancé auprès du Steipler pour avis. Le
fiancé entra dans le bureau du Steipler et lui tendit un morceau de
papier sur lequel l'histoire était résumée. Dès qu'il commença à lire,
le Steipler entra dans une profonde colère, se lamenta contre le
détournement de la Vérité et condamna sévèrement le kabbaliste pour
avoir essayé d'annuler ce mariage. Plus il lisait, plus ses pleurs étaient
forts et son courroux violent, jusqu'à ce qu'un membre de sa famille
entra dans son bureau, réprimanda les visiteurs pour avoir fâché un
sage âgé et leur demanda de quitter les lieux. A l'intérieur, le Rabbin
continuait à lire comme ils pouvaient le voir à travers la fenêtre.
Après qu'il eût fini, vingt minutes passèrent avant qu'il ne recouvre
son calme. Puis il les invita à entrer à nouveau. Le Steipler bénit le
fiancé et lui assura que le mariage serait un succès. Il déclara que la
vérification des noms était un pur non-sens qui déplaisait à Dieu et
que cela ne dépendait que de lui, comme il écrit :
« Tu auras entièrement confiance en ton Dieu. » ( Dev. 18 :13)
Cette histoire illustre bien la tension qui peut exister entres les
pratiques populaires juives et les principes des maîtres à penser, des
guides religieux, tel le Steipler.
121
« Manassé (?me siècle avant J.C.) fit passer son fils par le feu, il
pratiqua présage, magie et nécromancie. Il offensa YHWH à force de
faire ce qui est mal à ses yeux». (Rois 2. 21: 6)
« ... et quand ils vont diront: consultez les esprits des morts, les devins, ceux qui
chuchotent et murmurent; un peuple ne doit-il pas consulter ses dieux, les morts en
faveur des vivants». (Isaïe. 8 : 19).
122
Philistins rassemblèrent leurs troupes et vinrent camper près de Chounem. Saül
mobilisa l'armée d'Israël. Lorsque Saül vit le camp des philistins, il eut très peur et
se mit à trembler comme une feuille. Il voulut consulter Dieu mais comme celui-ci
ne lui répondit ni par un rêve, ni par les dés sacrés du prêtre ni par un prophète.
Alors Saül donna cet ordre à ses officiers :« Cherchez-moi une femme capable
d' interroger les morts pour que je puisse aller la consulter. « Il y en a une à En- Dor
», lui répondit - on.-Saül se déguisa et partit pour En- Dor avec deux compagnons.
li arriva de nuit chez la femme et lui dit :« Je désire que tu interroges un mort pour
moi. Fais apparaître celui que je vais t'indiquer.-Mais répondit la femme, tu sais
bien que Saül a éliminé du pays les pratiques consistant à invoquer et interroger les
morts. Est-ce que tu cherches à me tendre un piège pour me faire mourir ?
- Par YHWH ? déclara Saül, je te jure que tu ne risques rien dans cette affaire « Qui
donc dois-je faire apparaître pour toi? demanda la femme. Il répondit :« Samuel .-
Lorsque la femme vit Samuel, elle poussa un grand cri, puis elle interpella Saül en
ces mots: Mais tu es Saül! pourquoi m'as - tu trompée?
« Ne crains rien, répondit le roi. Dis-moi plutôt ce que tu as vu. » « j'ai vu un Dieu
qui montait de la terre.
-Il lui dit: « Quelle apparence a-t-il?» Elle dit: « C'est un vieillard qui monte. Il
est enveloppé d'un manteau». Saül sut alors que c'était Samuel. Il s'inclina, la face
contre terre, et se prosterna.-« Dieu s'est détourné de moi. Il ne me répond plus, ni
par les prophètes, ni par les rêves». Alors je t'ai fait appeler : viens me dire ce que
je dois faire ».
123
Troisième Partie
LES PRATIQUES RITUELLES ET SYMBOLIQUES
125
Chapitre 1.
La veillée mortuaire
L'étude des rites funéraires peut être conduite selon deux axes :
• Celui de la mort où on prendra en compte la mort comme un
événement social qui concerne les survivants et le groupe élargi.
Les rites funéraires auront pour effet de rétablir une normalité
gravement mise en cause par la mort. Ils permettront au groupe de
transcender ce désordre. Les rites sont d'autant plus nombreux que la
période de chagrin est intense. On se réunira pour parler, boire et
manger.
•Celui des morts où l'accent sera mis dans le traitement du cadavre
et de l'âme. L'idée dominante est celle d'un processus dont la finalité
est de préparer l'âme à la vie immortelle.
Les ouvrages les plus utilisés dans les communautés juives qui
incluent les rituels de la mort sont :Le Maané Lachon (Expression de
la langue), le Sefer ha-hayim (Livre de la vie) et le Maavar
Yabbok.(Cf.Goldberg, 1989, p.132).
Dès l'instant où le mort a rendu l'âme, une veillée mortuaire est
organisée par la Confrérie dernier devoir « Hebra qadischa » jusqu'à
l'inhumation du corps. L'idée dominante est que les morts font peur.
Le problème est celle d'un processus en deux temps :
1) Le mort demeure à proximité des vivants et il peut venir
perturber leur existence.
127
CHAPITRE 2.
Le traitement spécial du cadavre
« Il existe neuf cent trois manières de mourir, la plus douloureuse et la plus dure
étant la mort par l'étouffement (T.B.Berakhot Sa)».
128
Au-regard de ces épreuves se dégagent deux attitudes différentes :
- D'une part celle qui dicte les purifications et ne diffère guère de ce
que nous avons décrit plus haut.
- D'autre part l'attitude de l'être qui répète un évènement traumatique
pour le maîtriser.
Il est facile de voir que la seconde attitude ne porte que sur les deux
extrémités du changement :la sortie d'un monde (les vivants) et
l'entrée dans un autre monde (les morts), tandis que lespurifications
s'appliquent plutôt à la phase intermédiaire. Cette dernière, que van
Gennep nomme " marginale ", est la période dans laquelle l'être passe
d'un état à un autre. (Cf. Van Gennep, Les Rites de passage, p.27)
Ces deux sortes de rites sont en fait, comme nous l'avons vu ici,
intimement mêlées.
En-dehors de ce traitement spécial accordé au chef de la Hebra
Qaddischa et au rabbin, le traitement des morts est unique, tous les
mortssont traités de la même manière, c'est-à-dire la même toilette, le
même linceul et la même inhumation. Les préparatifs du mort dans
leur caractère égalitaire sont une réplique aux rapports sociaux
inégalitaires, dont la société est constituée. Le désir égalitaire répond
aux désirs de son inconscient et sert à résoudre, sous une forme
transposée dans la sphère des fantasmes, les contradictions de notre
société. (Cf.Levy-Strauss,Tristes Tropiques, pp. 183-203).
129
CHAPITRE3
La toilette du mort.
- ne pas laisser le corps une fois lavé à la même place mais le placer
face à la porte.
130
Chapitre 4
Placer le pouce dans le creux de la paume.
131
domine le monde spirituel, en l'occurrence celle du sacré et du
profane. C'est pourquoi dans l'Islam, mettre le corps du côté droit
revient à s'intégrer parmi les hommes de la droite, ceux dont Dieu a
parlé : la droite et la gauche ne font certes pas exception à cette dualité
qui caractérise l'univers et qui peut se réduire à un seul antagonisme,
en l'occurrence le mal d'un côté et le bien de l'autre, la droiture par
opposition à la fotfaiture. Cette attitude répond à la croyance en la
résurrection promise et à l'espoir en la survie dans le bonheur parmi
les hommes de la droite, les élus de Dieu.
132
Chapitre 5
Vêtir le mort.
133
« Pharaon connaissait, grâce à son éminent savoir, les vertus de ce genre de
vêtements. Habillé de lin blanc, il paradait, hautain et superbe, proclamant qu'il était
Dieu en personne devant ses savants magiciens et les grands de son empire, tous
frappés d'étonnement dans leur ignorance du pouvoir et du charme des vêtements
que revêtait leur monarque ».
134
CHAPITRE 6.
La lecture du Ben Adama
CINQ ANS
Lève-toi et puisses-tu réussir, dit-on à l'enfant de cinq ans.
Il grandit par degrés comme le soleil qui monte
Il dort au sein de sa mère et ne veut le quitter
Et, pour monture, il prend le cou de son père
DIX ANS
Pourquoi accablez-vous de morale l'enfant de dix ans ?
Encore un peu, il grandira et se corrigera.
Parlez-lui avec grâce et annoncez-lui d'agréables nouvelles.
Ses jouets à lui ce sont ses parents, les membres de sa famille
VINGT ANS
Quelle douceur dans les jours d'un jeune homme de vingt ans.
Rapide comme le faon qui bondit sur les monts
Il fait fi des conseils et se rit de ses maîtres.
Mais bientôt la biche pleine de grâce deviendra son filet et son rets
TRENTE ANS
A trente ans, il est tombé aux mains d'une femme
Il se lève, examine sa situation : le voici pris au piège
De toutes parts des flèches le percent
Les caprices de ses enfants et ceux de sa femme
QUARANTE ANS
Errant et soumis, il atteint les quarante ans
Content de son sort, qu'il soit bon ou mauvais
Il court son chemin, abandonne ses amis
Il reste à son poste pour remplir sa tâche.
135
CINQUANTE ANS
A cinquante ans, il se souvient des jours de vanité
Il s'attriste parce que les jours de deuil approchent
Il méprise alors tous les biens de ce monde
Car il tremble à la pensée que son heure est proche
SOIXANTE ANS
Demandez donc ce qu'il advient de l'homme à soixante ans
Il n'agit plus : il a perdu ses branches, il a perdu ses racines
Les forces qui lui restent s'appauvrissent et décroissent
Elles ne lui sont plus d'aucun secours dans sa lutte
SOIXANTE-DIX ANS
Si ses années atteignent le chiffre de soixante-dix
Ses paroles ne sont adoptées ni même écoutées
Il n'est plus qu'une charge pour ses amis
Un poids pour lui-même, un poids pour sa canne
QUATRE-VINGTS ANS
A quatre-vingts ans, c'est un fardeau pour ses enfants
Son cœur n'est plus à lui non plus que sa vue
Objet de mépris pour ses connaissances, de moquerie pour ses voisins
Plein de poison est son verre, et son pain est amer
136
EPILOGUE
A-t-il dépassé cet âge, il n'est plus alors qu'un mort. Mais bienheureux
qui est considéré comme un étranger établi sur cette terre. Lui n'a de
pensée et de souci que pour l'avenir de son âme Et pour le salaire qui
l'attend dans le monde d'en- haut. Une fois le mort habillé, le corps est
placé dans un cercueil et recouvert d'un drap noir s'il s'agit d'un
homme ou d'un drap blanc pour une femme. Le visage
ne doit en aucun cas être découvert, contrairement à l'usage chrétien :
dans certaines régions françaises, il n'est pas une rare que le corps
reste exposé dans la bière, le visage découvert jusqu'au moment du
départ à l'église. La tradition juive ne permet pas de laisser au
défunt ses objets préférés tels que des bijoux par exemple, ou
des jouets pour des enfants. Le seul élément autorisé est un objet de
culte, le taleth (châle de prière) si le défunt est un homme.
137
CHAPITRE 7.
Le devoir d'enterrer
138
rituelle et à la mise en fosse. Quant à l'ensevelissement, il est laissé
aux non-juifs.
- il n'y a point d'inhumation le shabbat et le Yom Kippour.
139
CHAPITRE 8
A vis à la population
140
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141
CHAPITRE 9.
Accompagner le défunt
142
La diversité relative à l'ordre du cortège peut partiellement dépendre
du mode de transport du corps. De nos jours malgré l'emploi d'un
corbillard automobile du domicile au défunt au cimetière, le transport
des derniers mètres s'effectue encore à bras : Le cercueil est posé sur
les épaules ou porté à la main par quatre porteurs de la Hebra qui ne
sont jamais des parents proches. Au Maroc, le passage du cortège est
généralement annoncé par la sonnerie du shofar ou « corne de bélier ».
Cette recommandation fait partie d'une lecture du livre du Zohar.
(Zohar, III, 155a) ,(Zohar, II, 196b).La sonnerie du shofar a la vertu de
protéger les vivants de l'Ange de la mort.Une croyance veut qu'il soit
particulièrement actif au moment où l'on accompagne un mort au
cimetière ou quand on en revient, après l'enterrement.La marche de la
procession est rythmée par la lecture de trois psaumes (49, 91 et
II9)qui possèdent des vertus protectrices contre les démons, les
so1tilèges et l'ange de la mort. Voici, à titre d'exemple, le PSAUME
91.
I Celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut Repose à l'ombre du Tout-Puissant.
2 Je dis à l'Eternel: Mon refage et ma forteresse
Mon Dieu en qui je me con.fie
3 Car c'est lui qui te délivre du.filet de l'oiseleur
De la peste et de ses ravages
4 Il te couvrira de ses plumes
Et tu trouveras un refuge sous ses ailes
Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse
5 Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit
Ni la flèche qui vole de jour
6 Ni la peste qui marche dans les ténèbres
Ni la contagion qui frappe en plein midi
7 Que mille tombent à ton côté
Et dix mille à ta droite
Tu ne seras pas atteint
8 De tes yeux seulement tu regarderas
Et tu verras la rétribution des méchants
9 Car tu es mon refuge, ô Éternel
Tu fais du Très-Haut ta retraite
JO Aucun malheur ne t'arrivera
Aucun fléau n'approchera de ta tente
II Car il ordonnera à ses anges
De te garder dans toutes tes voies
12 lls te porteront sur les mains
De peur que ton pied ne heurte contre une pierre
13 Tu marcheras sur le lion et sur l'aspic
Tu fouleras le lionceau et le dragon
143
14 Puisqu'il m'aime, je le délivrerai
Je le protégerai, puisqu'il connaît mon nom
15 Il m'invoquera, etje lui répondrai
Je serai avec lui dans la détresse
Je le délivrerai etje le glorifierai
16 Je le rassasierai de longs jours
Etje lui ferai voir mon salut.
144
CHAPITRE 10.
L'ÉLOGE FUNÈBRE
145
CHAPITRE 11.
TOURNER SEPT FOIS
146
du mouvement solaire revêtent un caractère funeste : ils sont réservés
à la sorcellerie ou aux cérémonies funéraires.
A cette notion d'influence sympathique sur le soleil en particulier vient
s'adjoindre le concept d'archétype au sens psychanalytique du terme
(Cf.Ricoeur,1949). Comme les archétypes (symboles) sont à la base
vie humaine, l'homme ne saurait se passer de rites. A ce propos,
l'étude de Paul Ricoeur sur l'herméneutique (interprétation des
symboles) a montré que le rite n'est rien d'autre qu'un symbole ou un
archétype vécus. Dans cet ordre d'idées, le soleil est un magnifique
symbole de l'archétype de Dieu. Le soleil est " un œil " qui voit tout,
unphare qui guide, rassure, féconde la te1n-mère, donne abondance et
prospérité" éclaire la route" et régénère. Cette coutume de tourner sept
fois autour du mort ou de la demeure paternelle de la nouvelle mariée
ne trouve de source dans aucun ouvrage traitant du rituel juif, que ce
soient des écrits bibliques (Tora), des écrits rabbiniques (la Halakha)
ou des écrits mystiques (la Kabbale) . La seule référence retrouvée a
trait au chiffre sept et à sa valeur symbolique. Un texte du Zohar y fait
référence (111,9 b ). Elle est attestée dans de nombreux rites et
croyances relatif sà la mort : ce sont sept épreuves qui attendent
l'homme à sa mort; ce sont également sept tours qu'il convient
d'effectuer autour du mort.
Un texte du Zohar (III, 9b) fait référence au chiffre sept. ..
« Rabbi Juda dit: au moment où Dieu créa ce monde, il créa sept firmaments "en
haut,sept terres en bas, sept jours, sept fleuves, sept semaines, sept années, sept fois
sept ans, sept mille ans de l'existence de la durée du monde, le Saint, béni soit-Il se
trouvant au septième firmament... A la
ressemblance (des firmaments d'en haut) sont les sept terres d'en bas, toutes bien
établies, l'une placée plus haut que l'autre, cependant que la terre d'Israël est au-
dessus de toutes et Jérusalem au-dessus de tout lieu habité.
Tout est solidaire, tout est à la ressemblance d'en haut. Et dans tous les mondes, nul
autre que l'homme ne gouverne, et le Saint, béni soit-il, est au-dessus de lui.
Le chiffre Sept est l'un des plus usité dans la magie juive. De
nombreuses références nous le font percevoir comme l'élément
caractéristique de beaucoup de rites, tant dans l'Antiquité que dans la
tradition européenne. Par contre, l'heptade est relativement rare dans
d'autres civilisations comme l'Amérique centrale par exemple.
L'astrologie en a fait l'un de ses thèmes fondamentaux, étant
vraisemblablement à l'origine de l'observation des planètes (visibles à
l'oeil nu) ou des constellations comme la Grande Ourse, la Petite
147
Ourse, les Pléiades, Orion qui, toutes, se composent de sept étoiles
principales. En Afrique du Nord, cette croyance en le sept se retrouve
également chez les musulmans, et l'on peut parler de convergence de
cultures. Dans la tradition juive, la classification par sept est très
fréquente. Dieu, par l'intermédiaire des sept lettres doubles de
l'alphabet qu'il a lui-même gravées, taillées et fondues, a créé les sept
firmaments, les sept terres, les sept shabbath. On peut ajouter que
l'heptade est aimé par-dessus toutes choses sous les cieux car, des
combinaisons de ces sept doubles furent créées les sept jours (de la
Genèse), les sept planètes de l'univers, les sept orifices du corps
humain ... (Sefer Yesirah, 4 :3-4).
Cette croyance en la vertu du chiffre sept est rattachée à la vertu des
nombres impairs : en effet, les nombres pairs étaient tenus pour
malencontreux, parce qu'attirant l'attention indésirable des mauvais
esprits. Une anecdote tirée du Talmud (TB.Pes. 110a) illustre
ce sujet. Un rabbin raconte ceci :
« Le démon Joseph m'a fait savoir que si quelqu'un boit deux verres (d'une même
boisson), les démons font mourir; s'il s'agit de quatre verres, ils ne tuent pas, mais
causent du dommage. S'agit-il de deux verres, peu importe qu'on les ait bus par
erreur ou volontairement, mais pour quatre, il n'y a dommage que s'ils ont été bus
volontairement. Si quelqu'un s'oublie puis vient à sortir (après avoir bu les deux
verres) comment remédier au danger? Qu'il prenne son pouce droit dans la main
gauche et son pouce gauche dans la main droite, et qu'il dise : Toi et moi, nous
sommes trois et s'il s'entend répondre :Toi et moi nous sommes quatre qu'il dise:
Toi et moi nous sommes cinq" et ainsi de suite.
Quelqu'un procéda de la sorte jusqu'au nombre cent-un, et à ce moment, le démon
éclata».
148
- le ciel : à cause du nombre identique des planètes qui sont les
principaux instruments de Dieu, et dont dépendent presque toutes les
variétés et altérations d'ici bas. D'autre part, les kabbalistes
considèrent également le sens du nombre Sept d'une manière
différente : multiplié par lui-même, il produit 49 qui est son carré.
Si l'on ajoute le chiffre Un ( Alephl\ ou symbole de la force
originelle créatrice, directrice et unitive), on obtient 50, qui est le
produit de la multiplication de 5 xlO, soit les deux lettres
correspondant respectivement Hé :iet lod'qui forment le nom de Iah:,,
(Dieu).
149
CHAPITRE 12.
Le lamento
150
obligatoirement faire étalage de sa douleur. Il importe d'avoir du
chagrin et de le faire savoir car cela prouve que le défunt était aimé et
respecté, donc regretté.
Ce témoignage public console le mort mais aussi le groupe qui, dès
lors, constatant le chagrin du survivant, ne le tient pas pour
responsable du décès. En revanche, l'endeuillé qui ne gémit ni
pleure est considéré comme insensible et suspect par l'entourage. A la
limite, l'essentiel, dans ce type de société, n'est pas d'être sincère mais
de montrer que l'on a du chagrin.
L'expression de la douleur devient dialogue et en fin de compte,
n'oublions pas que les pleurs expriment à la fois une peine réelle, mais
aussi l'innocence des survivants. Les pleurs comme le deuil
poursuivent un objectif fondamental le survivant va « expier »
son crime imaginaire ou réel car peut-être a-t-il inconsciemment ou
non désiré la mort de l'autre ; ne profite-t-il pas par ailleurs de cette
vie dont l'autre ne jouit plus ? Le deuil comme le chagrin l'aident à se
libérer de sa faute. Ces manifestations bruyantes comprennent
plusieurs caractéristiques. Ainsi, il est d'usage de différencier le
« lamento » du « vocero ». Le lamento, comme son nom l'indique, est
une sorte de complainte qui se pratique non seulement à propos de la
mort, mais aussi pour le départ d'un amant ou l'infidélité d'une femme.
Le lamento sous forme de hurlements, cris, sanglots et éloges
émouvants de la personne décédée est répandu chez tous les peuples.
Il est, en règle générale, le fait de la proche parenté du mort. Par
contre, le vocero exhorte à la vengeance liée à un assassinat : d'une
part, le récitatif insulte les auteurs connus ou inconnus du délit, d'autre
part, des vocifératrices ont la charge de proférer ce type de
complaintes et d'éloges funèbres. Il s'agit, en règle générale, de la
mère, parfois d'une sœur ou d'une amie, mais toujours d'une personne
de sexe féminin. Cette coutume se retrouve en Corse, en Grèce, en
Sardaigne ou dans le Sud de l'Italie, à Naples.
Mais d'autres attitudes ont également été observées. Ainsi, dans les
communautés juives du Maroc, la descente du corps est-elle vendue
aux enchères quand il s'agit d'un rabbin ou d'un homme réputé pour sa
piété ; les sommes recueillies sont alors versées à la caisse des
pauvres ou à une œuvre de charité. Cette coutume peut être assimilée
à l'usage de l'offrande ou de l'offerte existant dans certaines régions
françaises comme à Allevard en Isère. De même, de nombreuses
églises comptaient des plats creux en cuivre qui étaient destinés à
recevoir les dons en argent. On jette parfois dans la tombe non
151
seulement de la terre mais en outre divers objets qui, par leur usage au
cours de la cérémonie, ont acquis un caractère plus ou moins sacré. Le
jet de quelques parcelles d'or aux quatre coins de la tombe se
pratiquait dans certaines communautés marocaines afin d'éloigner les
mauvais esprits et ce, en référence à un épisode biblique ayant trait à
la vie d'Abraham:
« Aux fils des concubines qu'avait eues Abraham, Abraham fit des
dons... et les envoya loin d'Isaac, son fils, à l'Orient, vers le pays
d'orient... (Genèse 15,6). Il existe une coutume plus répandue qui
consiste à ce que chacun des assistants jette une poignée de terre dans
la tombe ou mieux, une poignée de sable de Terre Sainte. Elle fait
partie d'une lecture du Livre du Zohar qui veut que la résurrection des
morts intervienne obligatoirement en Terre Sainte. (Zohar, Midrash
hané'élam, 1,113b).
Les corps enterrés en Diaspora roulent sous terre jusqu'au pays des
ancêtres et c'est là, le moment venu, qu'ils recevront leur âme et
ressusciteront après le Jour du Jugement. Etre accompagné dans son
tombeau n'est pas une pratique récente. Il s'agit d'une survivance de
l'ante-judaïsme. La croyance populaire a conservé cet usage tout en
changeant l'objet-signe et en lui attribuant une fonction différente de
celle qu'il avait à l'origine. Dans nombre de sociétés antiques,
égyptienne, phénicienne, romaine, plusieurs objets, meubles,
nourriture, ustensiles accompagnaient le mort, l'objectif étant de
permettre la continuité de l'homme et lui faciliter la survie dans l'au-
delà.
152
CHAPITRE 13.
LE REQUIEM
153
de déchirer manifeste l'intention de redoubler l'effort de mort, de
confirmer la séparation d'avec le monde des vivants et ainsi, de
conjurer toute contamination ou intrusion. Les actes qui symbolisent
la rupture font le plus souvent appel à des représentations assez
complexes qui affirment la mort et la rupture. Ainsi, déchirer sa
chemise ou être dépourvu de chemise est le signe, non seulement
du plus extrême dénuement matériel, mais aussi d'une complète
solitude morale. Donner jusqu'à sa chemise, est le geste
d'une générosité sans limites. Dans la mesure où la chemise est une
seconde peau, c'est se donner soi-même, c'est partager son
intimité. (Cf. Chevallier, 1982)
154
CHAPITRE 14.
Vos os refleuriront comme l'herbe (Isaïe 65 :14)
La conviction que le mort pouvait revenir chez lui malgré toutes les
précautions prises a fortement été ancrée dans les mentalités juives
pendant des siècles. Cette conviction, bien que variable selon les
milieux, ne s'est atténuée que depuis une trentaine d'années
seulement. Jean Goulven (1927) nous relate ici les précautions que
l'on prenait pour éviter le retour indésirable :
« À peine le cercueil était-il déposé que l'on récitait le Kaddich assez loin de
la tombe, car le mort veut se sauver et dit: Attendez, je vais avec vous. Pour ne pas
l'entendre, chacun s'éloigne du tombeau car qui entend la voix est sûr de mourir dans
le courant de l'année. D'autres craignent de percevoir le cri que jette le mort lorsque
la terre le recouvre ».
Freud a très bien montré que la peur du mort prend aussi ses racines
dans le sentiment de culpabilité que suscite la mort, celle-ci pouvant
être vécue comme la réalisation d'un désir de mort envers le défunt.
Par un mécanisme de projection bien connu, la culpabilité des
survivants s'exprime dans l'agressivité attribuée au mort sous la
dénomination de démon malfaisant qui est le produit de cette
projection. Celle-ci résout un conflit affectif: le survivant ne veut
connaître que ses sentiments bienveillants à l'égard du mort, et il
nie son hostilité en la projetant sur le démon qu'il imagine succéder au
mort lui-même. Ainsi s'expliqueraient les" tabous des morts".
155
Allumer une bougie ou une veilleuse est un geste très important car la
mèche qui brûle, comme l'âme humaine est une lumière de Dieu.
(Proverbes 20 :27) Quelques temps après le décès, période dont la
durée est variable, il convient de restituer à la demeure son caractère
profane d'innocuité. Tout ce qui a été en contact avec le mort est
considéré comme pollué et dangereux, il faut par conséquent procéder
à une purification. C'est pour cette raison que l'on brûlait le matelas
sur lequel avait reposé le moribond. De même, une grande lessive
suivait ordinairement le décès, également accompagnée du
renouvellement de l'eau contenue dans les récipients et dans les
réservoirs des demeures. A ce moment, la phase la plus importante des
funérailles est accomplie. Avant de quitter le cimetière, il est d'usage
d'arracher des brins d'herbes que l'on jette derrière soi, par-dessus la
tête. Ce rituel fait référence à la tradition qui dit :
« Vos os refleuriront comme l'herbe » ( Isaïe 65 : 14).
Plus généralement, à la fin de la cérémonie funèbre, les membres de la
famille se placent les uns à côté des autres pour recevoir les
témoignages d'amitié et les condoléances de leurs amis et
connaissances.
Une autre étape consiste à se purifier symboliquement avant de quitter
le cimetière en se lavant les mains. Rappelons que cette coutume
universelle, que nous avons déjà exposée, s'explique par la peur d'être
contaminé d'une part par la mort et d'autre part par l'impureté
inhérente à tout ce qui fut en contact direct ou indirect avec le corps.
156
CHAPITRE 15.
La période des deuils (avelout).
• La première, celle du grand deuil, dure sept jours (chiva 'a). Cette
durée est fondée sur le texte de la Gen. :50 .1 0)et sur l'interprétation
d'un verset du prophète Amos (8 : 10)
157
•la troisième, sept, neuf ou onze mois se réfère à la coutume en
vigueur dans la famille, le sexe ou le degré de sainteté du
défunt. (yarzeit) Dans le code juif, le deuil commence dès
l'enterrement au moment de la récitation du kaddisch. Il poursuit en
fait trois objectifs fondamentaux :
158
directs ne doivent pas la préparer (tache possédant la même valeur
qu'un travail). Pas de consommation de viande ni de vin sauf le jour de
shabbat.
A la fin de chaque période de deuil, il est procédé à la levée du deuil.
Cette levée symbolise la réconciliation des vivants et du défunt, la
disparition des interdits post-mortem et la pureté retrouvée. La levée
du deuil représente un rituel de renaissance sur le plan symbolique.
En effet, le deuil ayant installé la proche famille dans un état de mort
symbolique, la première rupture (la chiv 'a) est célébrée la veille du
septième jour. Par la suite, la seconde étape aura lieu le trentième jour
(Chlochim) et la dernière à la fin de la période appelée " année
". (yarzeit)
Trois cérémonies permettent cette rupture :- tout d'abord des
« offrandes ». Elles consistent en une distribution de gâteaux à pâte
sucrée, d'alcools et de fruits secs suivie d'un banquet (se 'oudah).Au
Maroc, une offrande est spécialement destinée aux enfants des écoles
et se compose de couscous et de beignets.
159
-En second lieu par égard pour l'âme qui « erre aux alentours ».
Comme nous l'avons déjà vu dans l'eschatologie juive, l'âme du
défunt à du mal à se séparer du corps et elle est en jugement pendant
un an.
-Enfin, en troisième lieu, elle sert à localiser la tombe, élément utile
pour y pèleriner.On érige une pierre tombale pour un enfant, mais non
pour un mort-né.
On trouve, sur ces pierres tombales, des inscriptions et parfois
des dessins symboliques. Les inscnpt10ns sont en hébreu
et contiennent le nom du défunt, celui de sa mère ainsi que la date
hébraïque du décès exclusivement et non celle du Calendrier civil.
(TB YoréDé'ah: 30).Enfin, cinq lettres de l'alphabet sont inscrites:
tethn,nounJ,tsameh:::l,bethJ, he;-idont les acrostiches forment le
verset:" que son âme soit liée dans l'attache de la vie." (Tiyié nafcha
toérou rabitsro rhahazm) Voici un exemple d'inscription relevé :
- Abraham Ben Schlomo Didia Ben Peretz
Fils de ..... le vendredi Cinquième jour du mois de Chevath,
année 5606 de la création.le ...... 5282 ..
les quatre lettres teth, noun, tsameh,beth,J:::lm
160
CHAPITRE 16.
Les commémorations Jahrzeitou Nahalah (héritage)
161
CHAPITRE 17.
Conclusion
162
la mort des enfants). Il faut donc avoir recours à des procédures
spéciales de réparation. Les repas communiels parachèvent le
rapprochement des membres de la communauté. Lors des chiva 'a ce
sont les membres de la communauté qui apportent à la famille en deuil
les repas préparés.
De même, les prières collectives du matin et du sotr
imposent obligatoirement la présence de dix hommes (minyan). Le
souci des morts correspond à enjeu social, un moyen d'appartenir à
une communauté familiale et locale. C'est cela le bon usage des morts
de créer des liens entre les vivants.
163
Quatrième partie
LA MORT CONTEMPORAINE
165
CHAPITRE 1.
La mort interdite
167
CHAPITRE 2.
L'autopsie
« Celui qui touchera un corps hwnain mort (cadavre) devient impur pendant sept
jours ; il doit se purifier le troisième et le septième, il deviendra pur, mais s'il ne se
purifie pas le troisième, etle septième jour, il ne sera pas pur. Celui qui touchera le
corps d'un homme mort et qui ne se purifie pas, souille le tabernacle de Dieu. Celui-
là sera retranché d'Israël » (Nombres, 19 :11 à 13)
« Lorsqu'un homme mourra dans une tente, quiconque entrera dans la tente et
quiconque se trouvera dans la tente sera impur pendant sept jours; quiconque
touchera dans les champs un homme tué par l'épée ou un mort, ou des ossements
hwnains ou un sépulcre sera impur pendant sept jours. » (Nombres 19 : 14 - 16}
168
La profanation du mort. Dans la tradition hébraïque, le corps
humain, même après la mort, reste encore revêtu de la majesté et du
respect conférés par son âme. La langue hébraïque désigne par le
même mot l'âme et le corps mort (nefesh). Le cadavre est, si l'on peut
dire, comme une âme. Un texte du Talmud consacre l'usage en ces
termes:
« Celui qui transporte des os d'un endroit dans un autre dans un sac, ne les placera
pas sur le dos d'un âne et ne chevauchera pas dessus parce qu'il adopterait une
attitude méprisante(. .. ) Tout ce qui vient d'être dit pour les os s'applique au sefer
Torah (le livre de la Loi) ».
Le traité talmudique Nazir ajoute que le corps doit être enterré tout
entier, car si on en laisse exposée une prutie, c'est comme si on n'y
avait jamais procédé.
169
être observé et toutes les parties du corps doivent être inhumées
ensemble. Il est préférable de ne faire des autopsies lorsqu'il est
strictement nécessaire pour déterminer la cause du décès. De plus,
l'autopsie devrait avoir lieu le plus tôt possible pour ne pas retarder
l'inhumation.
On peut ajouter ici qu'il y a un aspect dans la Loi juive, la Dina de-
malkhuta dina, qui stipule qu'un Juif, en attendant de pouvoir vivre
dans la terre promise d'Israël, doit être un bon citoyen dans le pays qui
lui est hôte. Cette Loi est nécessaire pour les Juifs qui vivent dans la
Diaspora. Être un bon Juif, c'est aussi être un bon citoyen. Cette Loi
doit être observée tant que les lois du pays hôte ne portent pas
préjudice aux principes de la religion. Si un pays interdisait, par
exemple, la circoncision chez les hommes, les Juifs se verraient
obligés de désobéir à cette loi, car la circoncision, le signe de
l'Alliance du peuple juif avec son Dieu, est un trait fondamental de la
religion juive.
170
CHAPITRE 3.
Le testament.
« Lorsqu'un homme mourra sans laisser de fils, vous transmettrez son héritage à sa
fille. S'il n'a pas de fille, vous donnerez son héritage à ses frères. S'il n'a pas de
frères, vous le donnerez aux frères de son père. Et si son père n'avait pas de frères,
vous le donnerez au plus proche parent qu'il aura dans son clan: c'est celui-là qui en
171
aura la possession. Ce sera pour les fils d'Israël une règle de droit conforme aux
ordres que le Seigneur a donnés à Moise. (Nombres 27: 8-11)
172
héritiers sont légitimes et peuvent, dès le moment du décès, être "
saisis " et appelés à la succession comme continuateurs et
représentants du défunt.
3.6 De l'ordre des successions.la loi juive fixe l'ordre dans lequel les
héritiers sont appelés à succéder. Voici deux exemples significatifs qui
concernent la succession du père et celle du conjoint survivant. Cf
Zagouri,1969
- la succession paternelle. Conformément à cette règlementation, les
héritiers sont les suivants par ordre de préférence
1 - Le ou les fils légitimes ou naturels, adultérins ou incestueux. 2 - le
ou les fils du fils 3 - la ou les filles du fils. Si les descendants viennent
à manquer, la succession est dévolue comme suit aux collatéraux : 4 -
la ou les filles 5 - le ou les fils de sa fille 6 - la ou les filles de sa
fille. A défaut de collatéraux, la dévolution se poursuit ainsi :
7 - le père du défunt 8 - le frère consanguin 9 - le fils du frère
consanguin 10- la fille du frère consanguin II- la sœur consanguine
12- le fils de la sœur consanguine 13- la fille de la sœur consanguine
A défaut de collatéraux
14 - l'aïeul paternel 15 - l'oncle paternel
16 - le fils de l'oncle paternell 7 - la fille de l'oncle paternel
173
18 - la tante paternelle 19 - le fils de la tante paternelle 20 - la fille de
la tante paternelle ... -
174
Nous avons vu précédemment que la femme ne peut être constituée
légataire universelle de son mari. Ce principe de la donation entre vifs
constitue donc pour l'épouse l'unique moyen de pouvoir disposer de
biens.
175
CHAPITRE 4.
L'euthanasie.
« Celui qui ferme les yeux d'un agonisant est un meurtrier, c'est comme une bougie
en train de s'éteindre, si un homme met le doigt dessus, elle s'éteint aussitôt ».
176
« Toutes les vies sont à moi, la vie du père comme la vie du fils, elles sont à moi ».
Dieu nous dit qu'il donne la vie, c' est lui qui a le droit de la reprendre quand il le
désire et en aucun cas un être humain ne pourra intervenir dans cette décision. »
177
« Choisis pour lui une belle mort comme il est écrit tu aimeras ton prochain comme
toi-même».
Dans ce passage du talmud, on parle du condamné à mort auquel on
avait l'obligation d'administrer une potion anesthésique pour ne pas
qu'il souffre au moment de la mise à mort. A plus forte raison si un
condamné à mort ne doit pas souffrir, un malade encore moins.
Exemple 2 tiré des Psaumes (Tehilim), psaume 32 verset 6
« C'est ainsi que priera tout homme pieux au moment propice ».
Quel est ce moment propice ? Le Talmud traité Berakhot page 8A
nous dit que c'est le moment où la personne va mourir et qu'il est bon
de prier à ce moment-là pour demander à Dieu de ne pas nous faire
souffrir.
Exemple 3 sur la souffrance animale. Il est interdit dans la Torah, au
moment où on laboure un champ, d'atteler un âne avec un taureau. Ils
n'ont pas la même force, l'âne va souffrir
Exemple 4, Deutéronome 11-15, Dieu dit:
« J'ai mis de l'herbe dans ton champs pour ton animal, tu mangeras et tu te
rassasieras ».
178
CHAPITRE 5.
Le don d'organe
Décès avec le cœur arrêté. Sur une personne décédée à cœur arrêté
(l'activité cardiaque inexistante ne permet plus l'oxygénation des
organes et tissus), seul le don de cornées peut avoir lieu.
Sous certaines conditions bien précises (contraintes temporelles
notamment) les organes (rein et foie) de personnes en arrêt cardiaque
et respiratoire définitif, après échec de réanimation, peuvent être
179
prélevés (voir Prélèvement d'organes à cœur arrêté). On sait
aujourd'hui que les résultats des greffes de ces organes sont aussi bons
que ceux provenant de donneurs en mort encéphalique. Dans le
judaïsme, le don d'organe oppose deux principes :
De l'autre côté, le don d'organe est permis et exige de tout faire pour
sauver une vie (pikuahnefesh).
180
objectivera l'arrêt de la circulation dans le cerveau et le tronc cérébral.
Cet arrêt circulatoire conduit à la destruction irréversible de la
substance blanche et de la substance grise. Le tronc cérébral
commande la respiration donc, sa mort est en accord avec la théodicée
juive qui retient comme critère principal de mort l'arrêt respiratoire.
Les rabbins décisionnaires d'Israël publièrent en 1987 cinq conditions
nécessaires pour affirmer la cessation naturelle de la respiration ...
1-Connaissance claire de la cause des blessures
2-Cessation totale de toute respiration naturelle
3-Preuve clinique que le tronc cérébral est bien mort.
4-Preuve objective que le tronc cérébral est bien mort.
5-Preuve que no 2 et no3 continuent pendant ou moins 12 heures sous
traitement total et normal.
Il est recommandé d'être porteur d'une carte de donneur d'organes
pour éviter tout problème légal ou halakhique.
181
CHAPITRE 6.
La crémation
182
demeure pas moins que tout ce qui est dit dans la Loi est destiné à conforter la
croyance en la résurrection des morts, c'est pourquoi on ne doit pas porter atteinte à
la dépouille» (Chaâr ha-Guemoul).
Bien que le rabbin ne puisse officier lors d'une crémation, le défunt ne
doit pas être privé des honneurs funèbres. Une cérémonie pourrait être
envisagée lors de la levée du corps ou lors de la Chivâ. Les cendres
devront ensuite être enterrées dans un caveau juif, familial ou
communautaire. Un psaume et éventuellement un kaddish sera alors
prononcé. Un peu de terre devra symboliquement être mêlée aux
cendres.
Toutes les règles de deuil classiques s'appliquent aux endeuillés.(!)
183
Lexique
Haggadah : récit, conte.
Amora (Amoraraïm): maître de l'époque de la Guémara.
BaaléHatossafot: ajout complément. Nom générique désignant un
ensemble de commentateurs médiévaux rattaché à l'école de Rachi
(lle-13e siècle)
Baraïta : premier complément de la Michna.
Chivah: Les septjours de deuil.
Chloshim : Les trente jours de deuil
Guémara: complément et développement de la Michna, rédigé en
Babylonie au cours des troisième et septième siècles ; constitue la
seconde partie du Talmud.
Hashkabah : prière pour le repos de l'âme
Haskarah : commémoration liturgique
Hevrah Qaddisha : confrérie prenant en charge les agonisants, les
morts et les endeuillés
Hilloula :pèlerinage sur la tombe d'un saint.
Kabbale : « spéculative ou contemplative » qabbala 'iyounit.
Kabbale: «pratique» (qabbalama'asit).Tradition «magique » juive.
Kalam : philosophie de l 'Islamqui utilisait la dialectique Grecque pour
combattre la philosophie avec ses propres armes.
Michna : recueil de la loi oral basé du talmud, compiler au deuxième
siècle.
Midrach : recueil d'interprétation de la Bible.
Minhag : coutume, usage, habitude
Mitsvah : commandement, devoir
Mu'tazilisme : philosophie de l'Islam qui fait appel à la raison
N ahalah : héritage. Cérémonie de fin de deuil
Nihoum : rite de condoléances
Qaddish : prière des morts qui sanctifie le nom de Dieu
Queriah : déchirure pratiquée sur les vêtements lors d'un deuil
Rachi: acronyme de Rabbi Salomon ben Isaac, commentateurs
médiévale de la Bible et du talmud XIe siècle, France.
Sefer ha-razim :livre des mystères. C'est un texte de recettes
magiques Jmves.
Sefer hassidim :un texte de recettes de magie juive Askhenaz du 13èrne
- 14ème siècles.
Sefer Raziel: Livre de l'ange Raziel. Ouvrage de magie juive.
Taharah : pureté rituelle
185
Talmud :compilation de la Torah oral achevée au cinquième siècle.
C'est le texte de base en matière d'études et de réflexion sur la
loi.L'on compte une version dite de Babylone et une version dite de
Jérusalem.
Tana : sage de la michna
Tsaddiq (plur.tsaddiqim) : Homme pieux.
Torah: enseignement; nom donné au Pentateuque.
Toumah : impureté rituelle
Yahrzeit (yiddish) : anniversaire de deuil
Yizkor: Prière des morts. Cérémonie du souvenir.
Zohar :Livre de la splendeur, commentaire mystique sur Pentateuque,
ouvrage principal de la Kabbale.
186
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1952.
191
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos 7
193
CHAPITRE 2. Se protéger de la mort 75
2.1. Les talismans 75
2.2. Les papiers découpés 78
2.3. Les amulettes 84
2.4. Les rabbins intercesseurs 88
2. 5. Le sacrifice du coq 90
194
CHAPITRE 17. Conclusion 162
Lexique 185
Bibliographie 187
195
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