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FACE À LA MORT
JÉSUS ET PAUL
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Ouvrages de
Xavier Léon-Dufour
Études d'Évangile
Collection Parole de Dieu, 1965.
R é s u r r e c t i o n de J é s u s et M e s s a g e pascal
Collection Parole de Dieu, 1971.
C o n c o r d a n c e des évangiles s y n o p t i q u e s
Tableaux en sept couleurs
et fascicule de vingt pages
Desclée et C Tournai/Paris, 1956
(épuisé en français; existe encore en anglais).
FACE À LA MORT
JÉSUS ET PAUL
P a r o l e de D i e u
ÉDITIONS DU SEUIL
27, rue Jacob, Paris V I
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ISBN 2 - 0 2 - O O 5 3 I 2 - 2 .
© ÉDITIONS DU SEUIL, 1 9 7 9 .
Avant-propos
Introduction
Questions de langage
Objectif et méthode
Itinéraire
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE I
Comme la plupart d'entre nous, Jésus n'a pas d'abord été affronté
à la mort qui le menaçait lui-même. Il l'a expérimentée en voyant
d'autres hommes disparaître. Selon toute vraisemblance, il vit
mourir son père Joseph et il eut connaissance de la répression
sanglante par laquelle, en l'an 6 de notre ère, Varus crucifia 2 000
révolutionnaires galiléens; cela se passait probablement à Sep-
phoris, à 4 km 500 de Nazareth 1 et Jésus devait être âgé de quel-
que douze ans. Ces événements, les évangélistes n'ont pas jugé
opportun de les rapporter, mais à nous ils peuvent servir d'exemple
de ce que Jésus, fils de son peuple, dut vivre. Si en Israël la
mort est reconnue et acceptée comme le destin normal de tout
homme, elle n'en est pas moins repoussée avec horreur lorsqu'elle
vient frapper des êtres jeunes ou des guerriers courageux.
Voici ce qui peut être discerné de l'attitude personnelle de Jésus
à travers certaines de ses paroles et de ses actions. Héritier d'Israël,
Jésus ne parle expressément de la mort qu'en fonction de la vie,
car, pour un juif nourri de la Bible 3 la vie seule est digne d'inté-
rêt. Et pourtant la mort sous son aspect brutal est souvent évo-
quée dans les évangiles : il suffit, pour s'en rendre compte, de rele-
ver dans une Concordance les nombreux termes grecs qui expri-
I. Josèphe rapporte que Varus s'empara de la ville de Sepphoris, qui avait été à
l'origine du développement de l'insurrection de Judas (celui-ci avait dévalisé le stock
d'armes de la cité); Varus l'incendia et réduisit ses habitants en esclavage (Guerre juive,
2,5 = § 68). Par la suite, 2 000 rebelles furent crucifiés, sans que soit précisé le lieu de
l'exécution (ibid., 2,5 = § 75).
2. En plus des Théologies de l'Ancien Testament, le lecteur peut se référer à R. Martin-
Achard, De la mort à la résurrection d'après l'Ancien Testament, Neuchâtel, 1956; P. Grelot,
De la mort à la vie éternelle, Cerf, 1971.
3. Ainsi les promesses de vie chez les prophètes, comme Ez 18 et 37. R. Martin-
Achard commence son ouvrage par un chapitre entier sur « la Vie » (p. 11-20).
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M o r t et culpabilité
ciples d e m a n d e n t à Jésus :
APPENDICE *
Par-delà la m o r t . . .
* Ces pages ont été publiées dans la revue Études, novembre 1972, p. 605-618. Elles
traitent un sujet que l'ouvrage présent n'a abordé qu'indirectement, à savoir la naissance
du langage classique sur ce qui se passe « après ; la mort.
1. Cf. Concilium n° 60, 1970, avec les articles de L. Boros et de P. Benoit.
2. Et spécialement du résultat de notre enquête sur Résurrection de Jésus et Message
pascal, Seuil, 1971. Une somme a paru récemment sur le sujet, par G. Greshake, Die
Auferstehung der Toten. Ein Beitrag zur gegenwärtigen theologischen Diskussion über die
Zukunft der Geschichte, Ludgerus Verlag, Essen, 1969.
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3. Cf. S. Bernard, In festo omnium sanctorum, sermo 3, cité par H. de Lubac, Catho-
licisme, Cerf, 1947, p. 99.
4. Cf. H. de Lubac, Catholicisme, p. 94.
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5. Cf. K. Rahner, « Pour une théologie de la mort », dans Écrits théologiques, III, D D B ,
1963, p. 105-167.
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6. Nous prenons ici le mot « nature » au sens courant aujourd'hui, mais non traditionnel
(cf. H. de Lubac, Surnaturel, Aubier, 1945, p. 325-428; Athéisme et Sens de l'homme,
Cerf, 1968, p. 96-98) : ce qui appartient à la constitution même de l'homme en dehors de
Dieu, en dehors d'un sur-naturel qui alors équivaut à « sur-ajouté ».
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ne peut laisser celui qui est juste descendre dans l'abîme de la mort.
C'est ainsi que l'on a conçu la mort du juste comme un enlèvement,
une exaltation, une assomption au ciel. Hénoch a été transféré
(Si 44, 16), Élie a été emporté au ciel dans un tourbillon de feu
(Si 48,9). Antérieurement donc au développement de la foi en la
résurrection des morts s'était déjà fait jour une espérance dans
l'enlèvement au ciel du juste. Le psalmiste prie ainsi : « Dieu rachè-
tera ma vie des mains de la mort, il m'enlèvera » (Ps 49,16), ou
encore : « Tu m'as saisi par la main droite, tu me conduis d'après
ton plan, puis, avec gloire, tu m'enlèveras » (Ps 73,23-24). Toujours
reviennent les verbes « prendre », « enlever », qui expriment le désir
profond de n'être jamais séparé de Dieu, comme on l'est quand
on meurt, quand on descend au chéol. Cette tradition s'est pour-
suivie dans la prophétie du Serviteur de Dieu, qui, après une souf-
france volontairement acceptée, a été glorifié, exalté (Is 52, 13 ;
53,12). Le livre de la Sagesse, à son tour, se fait l'écho de cette foi
(Sg 4—5). C'est dans une telle tradition, concurrente avec celle de la
résurrection, que les chrétiens ont exprimé l'expérience qu'ils
ont eue de Jésus vivant après sa mort. C'est ainsi que, dans des
hymnes, par exemple dans celui que Paul rapporte lorsqu'il écrit
aux Philippiens, au chapitre 2, pour dire le sort de Jésus qui s'est
abaissé volontairement jusqu'à la mort et à la mort de la croix,
il n'est pas fait mention de la résurrection, mais seulement de
l'exaltation au ciel. Ce faisant — et il y a d'autres textes encore qui
reflètent de cette manière la foi au Christ vivant après la mort —,
les chrétiens s'exprimaient à l'aide d'un langage qui n'est plus
une projection, de type horizontal, sur l' avant et l' après ; il n'est
pas question de fin des temps, ni même d'anticipation de la fin
des temps pour Jésus; si l'on arrête le temps ordinaire, c'est que
l'on obéit à un autre schème, spatial celui-ci, le haut et le bas.
C'est du bas que le juste est élevé au ciel. Pour montrer la valeur
durable de ce langage, il suffit d'évoquer le dogme de l'assomption
de la bienheureuse Vierge Marie qui est « assomptée » au ciel.
Lors de la définition de ce dogme, on n'a pas jugé opportun de
rappeler que Marie était morte; on se référait alors à une donnée
traditionnelle selon laquelle Marie s'était « endormie » à la fin de
son existence (la dormition de Marie); je pense que, plus profondé-
ment et sans doute inconsciemment, on obéissait à un langage qui
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8. Cf. la remarque de la n. 6.
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ment pour moi, mais aussi pour tous mes frères. Si je peux lutter
pour l'instauration du règne de l'amour dans l'humanité, cela
dérive de la conviction que je ne suis pas seul : ma solitude est
désormais occupée par une présence, la présence de celui qui est
vivant, présence d'un être dont je dépends, à travers lequel j'entre
en communion profonde avec mes frères; présence du Ressuscité
qui m'a été donnée par la foi et qui ne tient donc pas à mes humeurs
et à mes dispositions intimes; présence qui me ramène toujours
à Jésus de Nazareth, qui a vécu jadis; présence qui m'ouvre à
l'avenir, qui m'ouvre à un monde dans lequel l'unique commande-
ment de Jésus peut enfin trouver sa valeur et sa place : « Aimez-vous
les uns les autres. » En toute vérité, parce que je crois que Jésus de
Nazareth est sorti vivant de la mort et demeure vivant au-delà
de la mort, je suis capable d'espérer que le monde peut être trans-
formé. Ce dynamisme crée en moi une parfaite liberté à l'égard
de tout ce qui se passe, puisque, en principe, je suis libéré de la
grande peur de la mort. Et non pas libéré en paroles, comme si
on pouvait faire abstraction de la mort ; mais libéré en ce sens que,
positivement, la vie divine, c'est-à-dire l'amour de Dieu, est déjà
présente et active au travers de tous les ferments de mort qui sont
à l'œuvre en moi-même.
S'il en est ainsi, bien des questions nous apparaissent, non pas
futiles, mais secondaires. En quoi consiste le corps glorieux?
Qu'il suffise de dire que, après la mort, nous serons pleinement
nous-mêmes. Comment se maintiendra l'identité entre l'individu
que j'ai été et celui que je suis maintenant ? La théologie laisse la
réponse ouverte. Les uns ont cru qu'il était indispensable de
maintenir une relation spéciale avec le propre cadavre, ne se rendant
pas compte à quelles difficultés ils se heurtaient en parlant ainsi.
Inutile d'insister. D'autres, au contraire, sont portés à penser qu'il
s'agit simplement d'une relation à l'univers, cet univers dans lequel
est retourné notre cadavre. De toute manière, ce qui est certain,
c'est que, à travers l'apparente discontinuité, une continuité
plus profonde unit le ressuscité à l'homme qui a vécu sur terre,
continuité qui n'est pas déterminée par l'assomption de quelque
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BIBLIOGRAPHIE
ABRÉVIATIONS COURANTES
I. XAVIER LÉON-DUFOUR
Les Évangiles et l'Histoire de Jésus, 1963.
2. XAVIER LÉON-DUFOUR
Études d'Évangile, 1965.
5. GUNTER STEMBERGER
La Symbolique du bien et du mal selon saint Jean, 1970.
7. XAVIER LÉON-DUFOUR
Résurrection de Jésus et Message pascal, 1971.
8. JOACHIM JEREMIAS
Abba, Jésus et son Père, 1972.
9. GUNTHER BORNKAMM
Qui est Jésus de Nazareth?, 1973.