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ACCUEIL / MODES DE VIE / SPIRITUALITÉ

PÂQUES

Il est ressuscité. Et moi ?


«Christ est ressuscité !» Telle est l'annonce que les chrétiens échangent au matin de
Pâques, dans la joie. au-delà de la formule, comment peut-on s'approprier cet
événement qui a bouleversé la face du monde ? Quelles en sont les traces ou les
preuves ? Ce dogme est-il si évident à comprendre ? Peut-on l'interpréter de façon
seulement symbolique ? Comment peut-on le vivre au quotidien ? La Vie a mené
l'enquête auprès de théologiens et de témoins, au carrefour entre foi et raison.
Étienne Séguier, Constance de Buor, Isabelle Francq et Aude Soulaine
Publié le 13/04/2006 à 00h00, mis à jour le 25/03/2010 à 12h44 • Lecture 13 min.

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La sortie du tombeau a-t-elle vraiment eu lieu ?


Selon le père Michel Quesnel, aucune preuve scientifique ne permet de
rendre compte de la résurrection. pourtant, cet événement interpelle
l'historien.

Croyait-on déjà en la résurrection à l'époque de Jésus ?


Cette croyance existait déjà dans le judaïsme, mais depuis peu. Les
documents qui l'attestent de façon claire remontent au deuxième siècle avant
notre ère. Dans le second livre des martyrs d'Israël, que l'on appelle aussi
second livre des Maccabées, une mère annonce à ses fils une renaissance
future alors qu'ils se préparent à mourir. Dans le livre de Daniel, rédigé à la
même époque, le peuple opprimé par un roi syrien affirme aussi sa foi dans
une nouvelle vie. Cette croyance figure sous forme allusive dans des textes
plus anciens. Dans le livre d'Ézéchiel, le fameux chapitre 37 sur les
ossements desséchés annonce que le peuple en exil se lèvera à nouveau,
mais pour une renaissance que je qualifierais de «terrestre». Dans le livre de
Job, au chapitre 19, Job affirme : « Je crois que mon Rédempteur est vivant et
[...] je verrai Dieu », mais ce verset demeure isolé.

Cette croyance concerne-t-elle tous les juifs ?


Les pharisiens y adhéraient, mais pas les sadducéens, les milieux
sacerdotaux conservateurs liés au Temple. Les avis sont partagés concernant
les esséniens. Professeur à l'École biblique de Jérusalem, Émile Puech
soutient qu'elle faisait partie de la foi de ceux de Qumrân. Chez les
pharisiens, certains l'envisagent pour les seuls justes, d'autres distinguent
entre une promesse de bonheur pour les martyrs et une éternité de malheur
pour les impies. À l'époque, on disserte aussi sur le thème du « troisième jour
», apparu dans le livre d'Osée. Ce jour symbolise une intervention de Dieu,
qui relève les fidèles après une situation pénible. Évoquant par avance sa
passion et ses suites, Jésus a repris le thème du troisième jour, mais
comment cela a-t-il été compris ?

À quel moment commence-t-on à parler de résurrection pour le Christ ?


Je rappelle que les mots à l'origine du concept de «résurrection» ne sont pas
réservés à ce qui se passe après la mort. Dans les Évangiles, rédigés en grec,
il est question d'être «relevé» ou «réveillé». Le mot «résurrection», formé sur
le latin resurrectio, a pris ensuite un sens fort qui donne à l'événement une
dimension théologique immédiate, là où les premiers textes emploient des
termes courants plus imagés.

Comment connaît-on l'existence de la résurrection ?


Aucun des quatre Évangiles ne raconte comment cela s'est passé. Les
premiers textes émanent de saint Paul, qui n'appartenait pas au cercle des
disciples. Pourtant, dans la première épître aux Corinthiens, celui-ci se place
à la fin de la liste des personnes auxquelles le Christ est apparu. Il est
probable qu'il ait voulu répondre à ceux qui lui reprochaient de ne pas avoir
été un témoin direct de la vie de Jésus. La tradition chrétienne a pourtant
retenu son témoignage. Paul réaffirme la résurrection pour donner une
espérance à certains croyants de Corinthe qui se demandaient ce que
devenaient leurs défunts.

Quels sont les autres témoignages ?


On peut les classer en deux catégories. Il y a d'une part les apparitions,
souvent au cours d'un repas. Matthieu rapporte aussi une apparition
solennelle sur une montagne en Galilée. Chez Matthieu et chez Jean, Jésus se
fait voir à des femmes venues au tombeau, notamment Marie Madeleine. Le
passage des pèlerins d'Emmaüs, chez Luc, rejoint au mieux l'expérience des
personnes que nous sommes, vingt siècles plus tard. Nous n'avons pas vu le
tombeau ouvert, mais, d'indice en indice, nous pouvons réfléchir à partir de
notre propre histoire. Le deuxième genre de récit évoque le tombeau ouvert.
Je récuse l'expression de tombeau vide, car il est le plus souvent habité ou
gardé par des anges ou des hommes qui transmettent un message. Les quatre
Évangiles rendent compte de cet épisode.

À quoi cet événement a-t-il correspondu historiquement ?


Les apparitions sont toujours rapportées par des personnes engagées, en
particulier les disciples. Or, selon les normes de l'historiographie moderne,
un événement historique suppose de pouvoir être constaté par un témoin
neutre. Nous n'en connaissons aucun pour la résurrection. En revanche,
plusieurs auteurs de l'Antiquité attestent qu'un homme appelé Jésus ou
Christ a existé, il y a environ deux mille ans. Parmi eux, nous trouvons des
personnes aussi illustres que Flavius Josèphe, Pline le Jeune, Tacite, Suétone,
et des passages du Talmud.

En sommes-nous toujours à cette affirmation d'un fossé entre le Christ de


la foi et le Jésus de l'histoire, cher au théologien Rudolf Bultmann ?
Non. Depuis, les historiens ont tenté d'élaborer des passerelles entre les
deux, notamment depuis les années 1980. L'une d'entre elles s'appelle le
critère de « l'explication suffisante ». Il veut qu'un événement ait des chances
d'être « historique » s'il permet d'expliquer raisonnablement la suite de
l'histoire. Par exemple, l'Évangile de Matthieu mêle des pharisiens à la mise à
mort du Christ.
Or les pharisiens entretenaient peu de relations avec le pouvoir impérial ;
cette explication ne semble donc pas suffisante, son historicité peut être
mise en doute. D'autres acteurs plus influents, sans doute du côté des
autorités sacerdotales, ont dû se manifester. Cette réflexion conduit à
interpréter comme un événement déterminant la colère de Jésus contre les
marchands du temple de Jérusalem. La décision de tuer le Prophète pourrait
s'expliquer par la crainte des religieux et des politiques que l'ordre établi soit
bousculé. On a là une explication «suffisante» des interventions des grands
prêtres et de la décision de Pilate.

Ce critère pourrait-il être utilisé pour la résurrection ?


Effectivement. Peut-on imaginer que le début du christianisme ait existé s'il
ne s'est rien passé au tombeau ? Une nouvelle Église a vu le jour en moins
d'un siècle, plusieurs de ses fidèles n'ont pas hésité à mourir pour la foi
chrétienne, comment l'explique-t-on ? Par le vol du cadavre, la projection
d'un rêve, une histoire inventée de toutes pièces ? Ou parce qu'il a dû se
produire un événement hors normes ? Ce critère de « l'explication suffisante
» ne me permet pas de saisir l'événement, il ne me donne pas de preuve, mais
m'incite à me poser sérieusement la question de la victoire du Christ sur la
mort.

La vie éternelle, mode d'emploi.


Michel Quesnel est recteur de l'université catholique de Lyon, il a publié
Jésus, l'homme et le fils de Dieu, Flammarion, 19 euros. Il a reçu le prix 2006 de
littérature religieuse pour son dernier ouvrage, la Sagesse chrétienne, un art de
vivre, Desclée de Brouwer, 19 euros.

C'est le socle de la foi chrétienne, mais le mystère le plus difficile à saisir.


Confrontés à la vie après la mort, nous sommes en panne de mots.

La résurrection, qu'est-ce que c'est ? Dans les dîners, entre collègues, avec les
enfants, le chrétien de base se sent souvent très démuni pour en parler. Nous
avons demandé à cinq théologiens de nous fournir des pistes.

Ce que dit le dogme


On pourrait le résumer par la proclamation ou kérygme des Apôtres : un
certain Jésus a été mis à mort, Dieu l'a ressuscité, pour le pardon des péchés
et le salut des hommes. Nous en sommes témoins. Cette certitude est le
fondement et le centre de la foi chrétienne. Ce qui fait dire à saint Paul (1 Co,
15-14) : « Si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine,
vaine aussi est votre foi. » Pour les chrétiens, le Christ a accepté librement de
souffrir la passion et de mourir sur la croix, avant de revenir à la vie. Et de
nous donner ainsi accès à la vie éternelle. Il ne s'agit pas d'occulter le
réalisme de la mort. « La question est de croire que le Christ est vraiment
passé par l'étape de la mort, mais que Dieu est tellement fidèle et plein
d'amour qu'il agit pour lui donner une vie nouvelle. La résurrection est avant
tout un acte de Dieu », explique le père Jean-Marie Gueullette.

Le salut à l'épreuve du quotidien


À la lumière de la Bible, la résurrection consacre le triomphe de l'alliance
entre Dieu et l'humanité. « À la Création, Dieu crée l'homme pour qu'il vive
en pleine communion avec lui, raconte l'orthodoxe Job Getcha. Mais
l'homme, en faisant usage de sa liberté, tombe dans le péché, s'exposant à la
souffrance et à la mort. Il est alors impuissant à surmonter le péché et à
revenir à sa situation première. » Dieu, qui seul peut le sauver, va donc
accepter cette nature humaine déchue et s'incarner. Alors que nous croyons
chercher Dieu, Il vient nous trouver. Cette réalité prend corps dans l'Évangile
de Jean alors que Marie de Magdala cherche Jésus au tombeau. Le texte dit
que, tout en parlant, elle se retourne et voit Jésus qui se tient là. « Ceux qui le
cherchent sont trouvés par le Christ ! » interprète Corina Combet-Galland.
Jusqu'au Christ, la mort n'était rien de plus que le terme de la vie, une
impasse. « Dans la résurrection, l'impasse s'ouvre. Saint Paul dit que le Christ
est "le premier-né parmi les morts"... et nous suivons derrière », résume Jean-
Marie Gueullette. « La résurrection permet ainsi à l'homme de revenir en
Dieu, ce pourquoi il a été créé », conclut le père Getcha. La figure du Dieu
créateur est d'ailleurs au coeur du mystère pascal. « Celui qui crée est aussi
celui qui sauve. La résurrection ne console pas de la mort, assure Michel
Deneken. Elle ne fait pas du christianisme une religion par laquelle l'homme
supporte la vie en pensant à ce qui lui est promis dans l'au-delà. Mais une
religion du dépassement dans laquelle notre mort est intégrée dans un
processus de vie. »

Un autre rapport au temps et à la peur


La résurrection a laissé des traces dans l'histoire des hommes, pas de preuves
historiques. Si elle demeure impossible à prouver, elle n'est pas pour autant
une idée, mais un fait advenu. Pour Louis Schweitzer, « si Jésus est vraiment
ressuscité, une réalité nouvelle a cohabité avec la nôtre, sur terre, pendant
les quarante jours qui séparent Pâques de l'Ascension ». La victoire sur la
mort se vit ainsi au quotidien. « La foi n'empêche pas les épreuves de la vie,
mais permet de les aborder différemment, puisque l'essentiel en nous ne sera
pas détruit dans la mesure où il appartient à Dieu », explique Jean-Marie
Gueullette. Cette espérance doit nous permettre de « nous tenir dans nos
épreuves personnelles, ou auprès de ceux qui souffrent, en étant dégagés de
la peur. Émus mais pas effrayés », poursuit-il. Pour Michel Deneken, cette foi-
là nous aide à « regarder la vie en face. Être sauvé, ce n'est pas économiser ou
conserver sa vie, mais la donner, la vivre en plénitude. Et si nombre de gens
ont peur de la mort, c'est souvent parce qu'ils ont peur de la vie. »
J'ai rendez-vous avec mon corps
Le catéchisme de l'Église catholique souligne bien que la résurrection du
Christ n'est pas un retour à la vie terrestre : « Son corps ressuscité est celui
qui a été crucifié et qui porte les signes de sa passion, il participe désormais
de la vie divine avec les propriétés d'un corps glorieux. » Les chrétiens ont la
conviction que leur corps n'est ni un instrument ni une simple enveloppe. «
Dans la Genèse, Dieu crée le corps et y insuffle ensuite l'âme », rappelle Job
Getcha. L'homme est donc appelé à ressusciter, à la suite du Christ, dans sa
réalité. La forme du corps ressuscité n'en est pas pour autant plus simple à
saisir. Saint Paul parle de « soma », précise Michel Deneken. Ce que l'on
traduirait par personne ou ego. « Le corps du Christ est même et autre.
L'évangéliste Jean nous dit qu'il apparaît alors que les portes sont fermées,
mais qu'il porte aussi les plaies de la passion », note Louis Schweitzer. La
réalité de ces plaies passe souvent au second plan, l'attention étant plus
souvent concentrée sur le personnage de Thomas... Or cet Apôtre, par son
exigence d'inspecter les plaies, refuse une résurrection qui se résumerait à
un coup de baguette magique, comme l'estime le père Gueullette : « Si l'on
nous avait demandé de mettre en scène la résurrection, nous aurions
sûrement effacé les stigmates... Pourtant, Dieu nous dit que notre corps est
appelé à vivre près de Lui avec nos cicatrices. On peut imaginer que nous
serons délivrés de nos douleurs, de nos handicaps, mais pas vierges de toute
trace. Ce qui s'opère dans la résurrection de la chair est du côté de la
délivrance, de la libération, et non de la disparition ou de l'effacement. »
Pour Michel Deneken, « le Christ ne s'excuse pas d'avoir été homme. Il rejoint
le Père avec les marques de son humanité : ainsi s'opère l'assomption de
l'humanité, pas sa fuite ni sa négation. En conséquence, après ma mort, ma
personne ne se disloquera pas, même si mon corps a été détruit
matériellement».

Éternelle, comme celle du Christ, ma vie ?


La vie éternelle correspond avant tout à un état de communion avec Dieu.
Qui commence d'ailleurs ici-bas, « avec cette transformation intérieure que
Dieu opère en nous, nous amenant à être de plus en plus conformes à l'image
du Christ, et qui se poursuit dans l'éternité » explique Louis Schweitzer. C'est-
à-dire dès le baptême par lequel nous sommes plongés dans la mort et la
résurrection du Christ. « Nous accédons à la vie éternelle dès lors que nous
sommes certains que le nom de notre baptême, inscrit dans la main de Dieu,
ne sera jamais effacé », affirme Michel Deneken. Mais il reste bien difficile
d'anticiper ce qui nous attend. Une autre réalité à la mesure de l'amour sans
limites de Dieu pour chacun d'entre nous. « Nos attentes sont tellement
étriquées et nous avons tellement de mal à savoir même ici-bas ce qui ferait
vraiment notre bonheur ! constate Jean-Marie Gueullette. Je suis convaincu
que cette vie-là sera tellement différente et supérieure à tout ce qu'on peut
imaginer ! ».

« Accepter de vivre avec ses fragilités »


Par Simone Pacot, écrivain.

« Au cours de mon existence, j'ai eu de nombreux troubles d'origine


psychosomatique qui m'ont laissé des séquelles. Longtemps, j'ai cru que la foi
pourrait me guérir physiquement. J'ai vécu des libérations spirituelles et
psychologiques et, à mesure que je franchissais des étapes intérieures,
j'attendais que mon corps suive. Mais ça n'a pas été le cas. J'ai d'abord pensé
que je manquais de foi, jusqu'à ce que quelqu'un me dise : "Ton corps a été
durement touché, tu es comme ça et tu le seras probablement toujours." J'ai
compris que j'avais fixé moi-même les formes de ma résurrection, ce qui est
un acte de toute-puissance. J'ai alors accepté de ne pas guérir physiquement
et j'ai été pacifiée. Mes seules questions sont devenues celles de trouver des
moyens (des remèdes, des régimes) pour travailler et pour prier
normalement. Depuis, je demande au Christ de me donner de la sagesse
pour vivre avec mon corps. Je crois que c'est cela, la résurrection. Cesser de
vouloir changer des situations inéluctables et trouver un chemin de vie.
Accepter de vivre avec ses fragilités et faire le deuil de la toute-puissance.
Jésus n'est pas passé directement du jeudi saint à la Résurrection. Il n'a
survolé aucune étape de sa vie, y compris les derniers jours qu'il a vécu
heure par heure, en douleur, amour et vérité. Nos vies aussi sont faites de
morts et de résurrections. Les accepter, entreprendre un parcours pour ne
pas rester englué dans nos schémas, ni dans les situations, c'est cela
ressusciter. Rien à voir avec de la résignation : cette issue qui permet la vie, il
faut la désirer et l'accueillir avec bonheur. »

Simone Pacot a écrit trois livres au Cerf, sous le titre d'Évangélisation des
profondeurs. Elle fait partie de l'équipe fondatrice de l'association Bethasda,
qui propose des sessions d'évangélisation des profondeurs.

Nos intervenants
- Michel Deneken Prêtre, directeur de l'Institut de théologie catholique Marc-
Bloch de Strasbourg, théologien et auteur de la Foi pascale..., Le Cerf, Paris,
1997.
- Jean-Marie Gueullette Maître de conférences à la faculté de théologie de
Lyon.
- Louis Schweitzer Pasteur et théologien baptiste, professeur d'éthique à la
faculté évangélique de théologie de Vaux-sur-Seine (Yvelines).
- Corina Combet-Galland Professeur de Nouveau Testament à la faculté libre
de théologie protestante (Paris).
- Job Getcha Prêtre orthodoxe, doyen de l'Institut Saint-Serge (Paris),
professeur d'histoire de l'Église.

« La lumière de ma vie »
Par Alain Vircondelet, écrivain

« La résurrection constitue la clé de voûte de ma foi. Si Dieu est bon, s'il nous
aime d'un amour infini, il ne peut faire de nous des êtres tragiques et
abandonnés à la mort. S'il nous condamnait à l'anéantissement sans nous en
relever, il serait un Dieu cruel et trompeur, la vie deviendrait brutalement
absurde. En ressuscitant, Jésus a dispensé sa lumière sur le monde. Quand
j'étais dans la nuit du désespoir, une lumière m'a relevé. Le regard
bienveillant que je porte à présent sur le monde, la façon émerveillée que j'ai
de vivre, l'éclat que spontanément je donne à l'autre... naissent de cette
lumière de résurrection. Elle me porte, me nimbe, m'irradie. J'imagine la
résurrection des morts comme une intégration à la lumière divine. Après ma
mort, je serai une particule du rayon divin qui recouvre l'univers. Je
rejoindrai avec les autres hommes le corps glorieux du Christ ressuscité.
Paul écrit dans son épître aux Corinthiens que les ressuscités seront revêtus
de l'aura lumineuse que le Christ a revêtue avant eux. Dieu, après avoir
déployé sur son Fils son manteau de lumière, nous y réunira tous. »

« Sortir du tombeau du doute »


Par Anselm Grün, Moine bénédictin

« Pâques est pour moi la fête par laquelle nous apprenons à faire confiance.
Vivre la résurrection au quotidien signifie pour moi se lever du tombeau de
ma peur et de mon obscurité, sortir du tombeau de ma résignation, de mon
désespoir. La pierre de mon tombeau, cette pierre qui bloque mes énergies,
qui me coince dans le corset du doute, qui me tient dans l'insécurité, la voilà
roulée sur le côté par la puissance de Dieu triomphante de la mort,
victorieuse de toutes les douleurs. C'est le signe que je peux me lever pour
une vie nouvelle, plus libre, plus ample. Alors, les liens qui me retenaient
prisonnier se mettent à craquer. C'est pourquoi la résurrection a aussi une
dimension politique. Elle donne le courage d'oser la résistance contre tout ce
qui handicape notre vie, de nous battre pour les gens qui n'ont aucun statut
dans notre société, et pour redresser tous ceux qui sont à terre.»

Bibliographie
- La Foi pascale. Rendre compte de la résurrection de Jésus aujourd'hui de Michel
Deneken, Le Cerf, 1997.
- La Mort du Fils de François-Xavier Durrwell, Le Cerf, mars 2006.
- Ils regarderont Celui qu'ils ont transpercé de Joseph Ratzinger, Salvator, avril
2006.
- Le Mystère pascal de Raniero Cantalamessa, Salvator, 2000.

« Au bord de la mort, j'ai su que Dieu était là »


Par Nicolle carré, psychanalyste, auteur de Préparer sa mort (éd. de L'atelier)

« On ne peut pas se représenter la résurrection qui nous attend après la


mort. Mais on peut l'éprouver dans notre vie. Croire en la résurrection n'est
pas un acte intellectuel. Il s'agit d'un acte de foi que l'on fait si on est passé
par une expérience fondatrice, celle d'éprouver que Dieu est là, à mes côtés,
quand je traverse une très grande épreuve. C'est ce qui m'est arrivé : je suis
passée très près de la mort, à cause d'un cancer. Depuis, je me méfie des
discours pieux sur le sujet. Tant qu'on parle de la résurrection comme d'une
rupture, comme une expérience de l'après-mort qui sera le pur bonheur, on
n'a rien compris : c'est même faire injure à la vie terrestre, que l'on considère
alors comme une galère ! On a dit à Thérèse de Lisieux, alors qu'elle souffrait
terriblement : "Vous verrez, après, comme ce sera bien !" Et elle a refusé cela
en répondant : "Non, ça ne changera rien. Je suis déjà avec Dieu." C'est
tellement juste ! Ce qui m'attend après la mort ne sera que la plénitude d'un
chemin déjà amorcé dans ma vie. »

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