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ET LA V IE DE dÉSUS-CHRIST
PAR
Z -i.-C l. F IL L IO N
Prêtre de Saint-Sulpice
Consulteur de la Coramission biblique
Professeur honoraire a l ’in stitu t Catholique de Paris
PARIS
P. L E T H IE L L E U X , L IB R A IR E -É D IT E U R
10 , RUE CASSETTE, 10
LES ÉTAPES Dü RATIONALISME
DANS SES ATTAQUES
ET LA YJE DE JÉSUS-CHRIST
NIHIL OBSTAT
J. MAUVIEL,
Censor deput.
IMPRIMATUR
f LEO-ADOLPIIUS,
Archiep. Parisiens.
AVANT-PROPOS
CONTRE LES É V A N G IL E S
E !T LA V JE OH! JÉ S U S O H E X S T
CHAPITRE PREMIER
In tro d u c tio n .
1. Entre autres, les A bhm dlungen von d m vom ehm sten Wahr-
heiten der natv/rlichen Religion, Hambourg, 1754, 6* édit. en 1791 ;
la Vernunftlehre als etne Anweisvmg z u m richtigen Gebrauch der
Vernunft in der Erlcenntniss der W ahrheit, Hambourg, 1786, et les
Allgemeine Betrachtungen über die Triche der Thiere, Hambourg,
1762, 4* édition en 1798.
REIMARUS ET LES FRAGMENTS DE WOLFENBUTTEL 11
§ II. — C ritiq u e ue la t h é o r ie de R e im a r u s .
1. Strauss, IL S. Reimarus, p. 7.
2. A. Schweitzer, l'on» RM m a r m su Wrede, p. 26. Le même auteur
dit encore, à propos du septième Fragment, qui est lo pire de tous :
« Cet écrit n'est pas seulement l'un des plus grands événements de
l’histoire de l’esprit critique ; c’est en môme temps un chef-d’œuvre
delà littérature universelle. » Et plus loin : « Le style est habituelle
ment sorré et sec, acéré comme une epigramme ;... mais, par instants,
il s’élève à une hauteur vraiment pathétique... C’est comme si le leu
d’un volcan peignait des images spectrales sur les sombres nuages. »
îbid^ p. 3o.
SCANDALE DURABLE PRODUIT PAR REIMARUS 19
tions religieuses et reroncèrent au rôle de pasteur. Peu
à peu, cependant, le calme revint. De même que Reimarus
n ’avait eu aucun précurseur direct, aucun maître spécial
auquel il se rattachât, il n'eut de même aucun disciple
personnel, immédiatement du m oins; ses vrais disciples
sont nés cent ans après lui. Ce sont les néo-critiques, les
« théologiens modernes », comme ils se nomment aujour
d’hui. Ils ne se lassent pas de prendre dans son arsenal
les armes dont ils se servent pour attaquer les évangiles,
et pour tracer leur faux portrait du « Jésus historique ».
M. W e in e l1 est en droit de l’affirmer, « c ’est Reimarus
qui a appelé à la vie toute la critique moderne, par ses
attaques hardies... contre les récits des évangiles2. »
réfuter R e im a r u s.
1. Versuch über den Plan icelchm der Stifter der christlichen Reli
gion zurn Besten der Menschen enlwarf, 1781,4* édit. en 1798,5e édit.
en 1830.
2. System der christlichen Moral, 5 vol., 1788-1815.
24 PREMIÈRE ÉTAPE : REIMARUS
§ I. — S o n in t e r p r é t a t io n n a t u r e l l e d es m ir a c l e s d u
S auveur.
§ II. — C r i t i q u e d u systèm e de P a u lu s .
1. Ibid.
il. Vie de Jésus, 13* édit., Paris. 1867, p. xxi.
3. Hase, Gesclnchle Jesu, 2' édit., p. 151.
4. Ibid.
5. Un personnage inconnu, envoyé par l'ambitieuse Elisabeth, se
serait présenté à Marie sous les traits d’un ange el l’aurait trompée.
TRANSITION ENTRE l’AULLS ET STRAUSS
§ lit. — Hase et S h h l e ie r m a c h e r .
4. Der Christus des Glaubens und der Jésus der Geschichlc, eine
K n tik des Schleiermaclier'scken Lebens Jesu, in-12, Berlin, 1865. Ce
titre a pour point de départ le fait que Schleiermacher n’emploie
jamais le nom do Jésus dans son ouvrage, mais toujours celui de
Christ.
2. M. Schweitzer fait parfois de môme, dans les pages gu’il lui a
consacrées. Le Dr Hase est plus accommodant. « L’esprit de Schleier
macher, écrit-il, Geschichte Jesu, édit., p. 183-189, est si grand et si
pur, que, même lorsqu’il n'atteint pas le but, il est consolant et rele
vant de connaître le chemin suivi par lui. »
3. Der Clwisius des Glaubens, p. 220.
54 TRANSITION ENTRE PAULUS ET STRAUSS
des actes isolés dans la chaîne des causes une fois organi
sées. D’où il suit que les apparitions divines, les voix divi
nes, les miracles, les prophéties, les apparitions d’anges
et de démons sont des phénomènes non démontrés.
Tout en ressemblant à ses devanciers sur ce point capi
tal, Strauss ne larde pas à se séparer d’eux, pour aller
beaucoup plus loin. D’abord il nie carrément, quoique
sans faire la preuve de sa négation, l’authenticité des
évangiles, celle des trois premiers aussi bien que celle
du quatrième. Mais surtout, c’est lui qui appliqua le pre
mier aux écrits évangéliques, avec une audace sans
pareille, la fameuse théorie du mythe., qui est désormais
inséparable de son nom. Avant lui, quelques critiques
avaient utilisé celle théorie, pour expliquer divers faits
de l’histoire en général. Plusieurs exégètes, entre autres
de Wette, Eichhorn, Gabier K, s’en étaient servis à leur
tour, pour attaquer le caractère historique de nombreux
écrits de l ’Ancien Testament. Parfois m ê m e 3, mais non
sans quelque réserve, on avait regardé comme mythiques
certains faits plus extraordinaires de la vie de Notre-
Seigneur, — sa naissance surnaturelle, sa résurrection,
les apparitions d’anges, — mais on n ’avait pas osé s ’avan
cer plus loin sur cette voie. Strauss, renversant toutes les
barrières, prétendit que la plupart des détails évangé
liques n'avaient pas eu d’autre origine que le mythe. Il ne
manque pas de revendiquer cette triste prérogative. Les
autres, écrit-il dans sa Préface, s ’étaient arrêtés en che
min, saisis par le scrupule, se demandant avec anxiété ce
qui resterait du Jésus historique comme fondem ent de
notre religion, si l’on faisait aux évangiles, d’une manière