Vous êtes sur la page 1sur 533

N’oublie jamais.

Posted originally on the Archive of Our Own at http://archiveofourown.org/works/20542193.

Rating: Mature
Archive Warnings: Graphic Depictions Of Violence, Major Character Death
Categories: F/F, F/M, Gen, M/M, Multi
Fandoms: Game of Thrones (TV), Once Upon a Time (TV)
Relationships: Theon Greyjoy/Robb Stark, Catelyn Stark/Ned Stark, Tyrion
Lannister/Shae, Jaime Lannister/Brienne of Tarth, Yara Greyjoy/Sansa
Stark, Tommen Baratheon/Margaery Tyrell, Oberyn Martell/Ellaria
Sand/Benjen Stark, Selyse Baratheon/Lysa Tully Arryn, Renly
Baratheon/Loras Tyrell, Jon Snow/Ygritte, Gilly (ASoIaF)/Samwell
Tarly, Arya Stark/Gendry Waters, Jojen Reed/Bran Stark, Myrcella
Baratheon/Shireen Baratheon, Ramsay Bolton/Theon Greyjoy, Cersei
Lannister/Jaime Lannister, Petyr Baelish/Catelyn Stark, Ned Stark/Lysa
Tully Arryn, Joffrey Baratheon/Sansa Stark, Craster/Gilly (ASoIaF),
Roslin Frey/Edmure Tully, Osha/Meera Reed, Melisandre of Asshai &
Rumplestiltskin | Mr. Gold, Marina Ka-Fai/Lancel Lannister, Theon
Greyjoy & Sansa Stark
Characters: Theon Greyjoy, Robb Stark, Catelyn Tully Stark, Ned Stark, Tyrion
Lannister, Shae (ASoIaF), Jaime Lannister, Brienne of Tarth, Yara
Greyjoy, Sansa Stark, Tommen Baratheon, Margaery Tyrell, Stannis
Baratheon, Davos Seaworth, Jon Snow, Arya Stark, Gendry Waters,
Lancel Lannister, Shireen Baratheon, Cersei Lannister, Melisandre of
Asshai, White Walker(s) (ASoIaF), Meera Reed, Rumplestiltskin | Mr.
Gold, Marina Ka-Fai, Fat Walda Frey, MarinaKaFai (Fandom RPF)
Additional Tags: Alternate Universe - Canon Divergence, Rape/Non-con Elements,
Alternate Universe - Once Upon a Time Fusion, White Walkers, Dark
Curse, Evil Cersei Lannister, Self-Insert, Season/Series 01 AU,
Everything Hurts, Canon-Typical Violence, Physical Abuse, Curse
Breaking, Incest, Polyamory, Mad Queen Cersei Lannister, Discord : Les
défis galactiques, Alcohol Abuse/Alcoholism, Crack Treated Seriously,
Once Upon a Time (TV) References, Memory Loss, Suicidal Thoughts
Language: Français
Collections: Orochi-chi
Stats: Published: 2019-09-06 Updated: 2024-02-14 Words: 147,814 Chapters:
66/?
N’oublie jamais.
by AngelicaR2

Summary

[OUAT UA] : UA S1. La guerre contre les marcheurs blancs dure depuis des années à
Westeros. En dernier recours, la décision est prise de lancer le Sort Noir, pour sauver ce qui
peut encore l’être. Mais ce serait oublier ceux se battant encore pour le trône de fer. Et c’est
sans compter une spécialiste de GOT qui débarque par hasard et commence à foutre le
bordel. Multipairing.
Prologue : Notre dernière chance.
Chapter Notes

ND’A : Je vais à nouveau bousiller le canon, comme d’habitude j’ai envie de dire...
C’est un UA où Daenerys et Viserys ne sont pas présents.

C’est un mélange entre l’univers de OUAT lui-même (par rapport à la malédiction) et


une sorte de « Et si ? », à savoir, et si Ned Stark avait cru le déserteur ? La Longue Nuit
aurait peut-être commencé plus tôt. Et aurait été plus longue. Je ne tiens pas compte de
ce qu’il se passe dans la saison 1, à part pour la mort de Jon Arryn. Et celle de Robert à
un moment aussi.

Je vais reprendre quelques éléments de OUAT mais pas besoin d’avoir suivit la série
pour comprendre cette fic, et je vais attribuer certains rôles de OUAT à certains
personnages de Westeros, à vous d’essayer de deviner qui sera qui... Il y aura aussi des
flash-backs, donc soyez prévenus. Comme dans OUAT en fait.

Ça va être un gros bordel, moi-même, j’ai encore du mal à m’y retrouver...

Le sort ne sera pas lancé en écrasant un cœur parce que je n’ai aucune idée de qui tuer,
et il y aura probablement du smut dans cette fic, consenti ou non (vu que certains
couples seront imposés par la malédiction.)

Et oui il va y avoir une grosse ville de 500 000 habitants peuplée de gens issus d’un
roman de fantasy et personne n’a rien vu, cherchez pas...

Et ça se passera en France, parce que les châteaux. Et que j’imagine bien Cersei vivre
dans un château pour gouverner la ville de « Westeros ». J’ai pas encore trouvé de nom
de ville à vrai dire. Il y aura probablement la présence d’un OC (coucou Marina), je
verrai comment l’introduire à un moment de l’histoire.

Pairings : Il y aura deux catégories, les ships véritables, et les ships dus à la malédiction
(donc non consentis/malsains). 1° Théon/Robb. Catelyn/Ned. Tyrion/Shae. Braime.
Sansa/Yara. Margaery/Tommen. Ellaria/Oberyn/Benjen. Lysa Selyse. Renly/Loras. Jon
Snow/Ygritte. Sam/Vère. Arya/Gendry. Lancel/OC (Marina), Bran/Jojen.
Shireen/Myrcella. 2° Ramsay/Théon, Cersei/Jaime. Catelyn/Petyr Baelish, Ned/Lysa
Arryn. Joffrey/Sansa. Craster/Vère. J’en ai peut-être oubliés. Et évidemment, inceste et
non-con pour certains d’entre eux.

Bonne lecture.

- Défi du Mille-Prompts : 275. Contrainte – Pas de dialogue.


Ils étaient revenus juste après la mort de Jon Arryn.

Non, c’était faux.

Ils étaient là bien avant, seulement... personne à Westeros ne l’avait encore compris.

Excepté les sauvageons vivants dans le Nord, bien sûr.

Jusqu’à ce qu’un déserteur de la garde de nuit ne soit finalement retrouvé et amené à


Winterfell.

Qu’est-ce qui avait poussé Ned Stark à lui faire confiance, et à le croire sur parole ?

La terreur dans ses yeux, le désespoir dans sa voix, la conviction de chacun de ses mots,
clamant qu’il avait vu des marcheurs blancs ?

Il ne saurait sans doute jamais.

Ça n’avait plus d’importance de toute façon.

Il ne l’avait pas exécuté, il l’avait enfermé, et avait envoyé des hommes jusqu’au Mur pour
vérifier ses dires.

Ils n’avaient pas été déçu du voyage...

Et, quelques mois plus tard, l’Enfer s’était abattu sur eux.
Les marcheurs blancs étaient arrivés, et avec eux, la mort.

La nuit éternelle, la Longue Nuit elle-même.

L’invasion s’était faite lentement, insidieusement, au-delà du Mur, et quand ils s’étaient
rendus compte de ce qu’il se passait, il était déjà trop tard.

Ned Stark s’était rendu lui-même au Mur, là où son frère Benjen se trouvait, et il les avait
vus.

L’armée des morts.

Il avait su, à cet instant précis, que le monde était en train de sombrer, et eux avec.

Ils allaient mourir.

Ils allaient tous mourir.

Glace n’avait pas été de trop pour défaire les quelques marcheurs qui s’étaient trouvés face à
lui.

Mais ça n’avait rien changé.

Il y en avait d’autres.

Il les avait vus, tous autant qu’ils étaient, eux, les morts, encore loin, c’est vrai, mais aussi
tellement proches.
Trop proches.

Ils étaient déjà là, en un sens.

Bien fol était celui qui tentait de leur échapper.

Et jamais, non, jamais Eddard n’avait eu aussi peur au cours de sa vie qu’à ce moment.

Le Mur était encore là, et la garde aussi, elle qui se targuait d’être « le bouclier qui protège le
royaume des humains », elle pourtant désormais si exsangue et dépourvue de soldats, et ils
tiendraient encore tout deux contre l’armée des morts, certes.

Mais pour combien de temps ?

C’était la peur au ventre que lui et son frère étaient rentrés à Winterfell, et sa première action
fut de libérer le déserteur, et de lui accorder sa grâce avant de le renvoyer chez lui, sans
même attendre la permission de Robert à ce sujet.

Le jeune homme l’avait abondement remercié, et Lord Stark avait balayé ses remerciements
d’un geste de la main.

Il comprenait parfaitement les raisons de sa fuite désormais.

Lui, un soldat expérimenté, et accompagné de soldats de la garde de nuit, et équipé d’une


épée en acier valyrien, il avait eu grand-mal à survivre face à une dizaine de marcheurs
blancs.

Comment un gosse inexpérimenté, armé d’une simple épée, seul et n’ayant aucune idée de
quoi faire aurait-il pu ne pas vouloir fuir à toutes jambes en voyant ce qui l’attendait ?
En étant confronté à un ennemi trop puissant qu’il ne pouvait pas détruire.

La fuite avait été la seule option pour lui.

Ce n’était pas de la lâcheté, avait-il compris en voyant les marcheurs blancs venir vers eux.

Simplement du bon sens.

Lui aussi aurait sûrement fuit si il avait été seul.

Et au moins, grâce à lui, ils savaient pour les marcheurs blancs et la menace qu’ils
représentaient.

Peut-être y avait-il encore un espoir que le monde de Westeros ne termine pas dans le froid
éternel.

§§§§

Ça n’avait pas été une mince affaire, que de parvenir à convaincre les habitants de Westeros.

Enfin, les dirigeants surtout.

Après tout, le royaume était en paix depuis dix-sept ans, Viserys et Daenerys Targaryen
n’étaient plus depuis longtemps, et en dehors de la mort de Jon Arryn, rien de néfaste n’était
arrivé ces derniers temps.

Pourquoi croire que le pire était possible alors que tout allait bien ?
Ils avaient perdu du temps, tellement de temps à essayer de prouver que ce qu’ils avançaient
était vrai.

Mais, pourtant, à force de persévérance et de patience, Ned avait fini par convaincre le roi et
tout les autres que c’était bel et bien réel.

Et soudainement, c’était presque comme si la lutte pour le trône de fer n’avait plus aucune
importance, et l’enquête sur la mort de Jon Arryn avait fini par apparaître comme tellement
dérisoire face à la fin du monde qui s’annonçait comme imminente et presque inévitable.

Plus rien ne comptait désormais, si ce n’est la sauvegarde de Westeros et de ses habitants.

L’unité, voilà ce qui les sauverait tous, ce qu’ils devaient rechercher plus que n’importe quoi
d’autre.

Enfin, ça aurait dû être le cas...

Même en ces temps terriblement troublés, il semblait que certaines choses ne changeaient
jamais vraiment.

Cela faisait sept ans que tout avait commencé, que l’existence des marcheurs blancs avait été
pour de bon attestée et révélée aux yeux de tous.

Sept longues années de guerre.

Au fil des ans, il y avait eu de nombreuses morts des deux côtés, ce qui n’avait en fin de
compte pas changé grand chose quant aux forces en présence du côté des marcheurs blancs,
quand les morts au combat avaient commencé par se relever, et qu’il avait fallu les tuer une
seconde fois.
Ils avaient fini par brûler les cadavres des disparus, avant de disperser leurs cendres dans le
vent, afin de les empêcher de se transformer en monstres mus par un seul instinct : s’en
prendre à ceux aux côtés de qui ils s’étaient autrefois battus.

Il en y avait d’autres qui avaient péri de mort naturelle, de vieillesse ou de maladie, que ce
soit Hoster Tully, vieille Nan, Tywin Lannister, Walder Frey ou Balon Greyjoy.

Au fil du temps, des liens s’étaient renforcés, des relations étranges avaient fleuri entre des
membres de différentes maisons, et des barrières avaient fini par s’écrouler.

À force de vivre en permanence dans une ambiance de danger perpétuel, où chaque jour
pouvait être le dernier, certaines choses avaient fini par changer pour de bon, certaines
inimités avaient fini par disparaître.

Mais aujourd’hui était un grand jour.

Aujourd’hui était le jour où ils pourraient échapper pour de bon à ces monstres qui n’avaient
pas d’autre objectif que la destruction du monde.

En ce jour, le Sort Noir allait être lancé.

Après des semaines de travail acharné, la prêtresse/magicienne Mélisandre d’Asshai allait


enfin être en mesure de les envoyer ailleurs, et de peut-être tous les sauver.

Ce que personne ou presque ne savait alors, c’est que tout ne se passerait pas comme prévu.

Alors que la malédiction s’abattait sur eux tous, chacun se mit à espérer que les choses soient
meilleures dans ce nouveau monde.

Oh, comme ils avaient tort...


A suivre...

ND’A : Que voudriez-vous lire comme flash-back ?


Ça n’a rien d’une fin heureuse.

- Défi du Mille-Prompts : 618. Chanson – Jenny of Oldstones (Florence and the


Machine).

France, 2017.

Château de Kintzheim.

Ville de Kintzheim.

Pour Cersei Lannister, il y avait quelque chose de très réconfortant dans le fait que le Sort
Noir l’ait transportée dans un château plus ou moins semblable à ceux que l’on pouvait
trouver à Westeros.

Elle s’y sentait à la maison, alors même qu’elle se trouvait maintenant dans un monde qui
n’était pas le sien.

En rétrospective, maintenant qu’elle y repensait plus en détail, ça avait été ridiculement facile
de mettre tout ça en place.

C’est vrai, une fois qu’il avait été annoncé que le Sort Noir serait lancé, Cersei avait
immédiatement essayé de tirer son épingle du jeu.

Après tout, dans ce nouveau monde qu’aucun d’eux ne connaissait, le jeu des trônes allait
continuer, recommencer, de toute évidence, maintenant que le danger des marcheurs blancs
allait enfin être évité, à défaut d’être anéanti, et les petites querelles personnelles des uns et
des autres allaient bientôt reprendre leur place, comme autrefois.

Comme au bon vieux temps...


Et, ce n’était pas exactement cela qui la gênait, c’était plutôt le fait de savoir qu’elle risquait
d’être reléguée au second plan, encore...

Elle était la reine, certes, mais c’était Robert qui était le roi, et elle n’avait pratiquement
jamais voix au chapitre (enfin, jamais en vrai).

Et puis il y avait Jaime, aussi...

Jaime, qu’elle sentait qu’elle perdait de plus en plus, son frère, son jumeau, cette autre partie
d’elle-même, Jaime, qui avait perdu sa main et qui après cela s’était rapproché de cette
femme chevalier, cette... Brienne de Torth, et avec qui, elle en était sure, il avait une liaison à
l’époque où ils étaient encore tous à Westeros.

(Mais comment aurait-elle pu s’en plaindre ?

Il était censé n’être que son frère jumeau, pas son amant, par les sept enfers !)

Elle ne pouvait rien y changer de toute façon, et Jaime s’était de plus en plus éloigné d’elle,
sans qu’elle puisse rien y faire.

Alors elle n’avait rien dit, et elle avait attendu.

Quoi donc, elle n’en savait rien.

Et puis, Lady Mélisandre avait parlé du Sort Noir, et tout doucement, Cersei s’était mise à
espérer.

Peu à peu, alors que tout se mettait en place, elle, Littlefinger et les Bolton (le père et son fils
bâtard), accompagnés de Qyburn et la Montagne (qui gardait la porte et empêchait les petits
oiseaux de Varys – enfin, ceux qu’il restait – de ne serait-ce que vouloir les espionner)
avaient pris l’habitude de se réunir régulièrement afin de comploter pour prendre le pouvoir.

Simple, mais efficace.

Ils avaient envoyé Qyburn en tant qu’espion auprès de Mélisandre, ce qui avait été un jeu
d’enfant, puisque le mestre, avec ses expériences, disons... insolites – enfin plutôt interdites –
était tout à fait à même de travailler avec la femme rouge sur le sortilège.

Mais pas avec de bonnes intentions, de tout évidence.

Et Qyburn avait finit par apprendre tout ce qu’il avait à savoir, jusqu’à ce que Mélisandre se
fasse déjouer par ceux qu’elle croyait ses alliés.

Puis, ainsi, était venu le jour où tout avait basculé.

Le jour où elle avait tué Robert.

Elle savait très bien qu’elle s’en souviendrait toute sa vie.

§§§§

Elle s’était penchée sur lui, allongé qu’il était sur le sol, à deux pas de ce fameux trône de fer
pour lequel tout le monde s’écharpait, agonisant et une dague plantée dans le cœur, les yeux
écarquillés et l’expression du visage figée par la surprise.

Cersei lui avait alors sourit, à ce gros lard qu’elle haïssait depuis tellement d’années, qu’elle
avait voulut voir crever depuis tellement de temps.
« Toi... Avait-il alors hoqueté, respirant avec difficulté, le regard haineux et empli de rage.

La reine avait sourit, avant de porter son verre d’eau (il n’y avait plus une seule goutte de vin
nulle part depuis longtemps) à ses lèvres.

- Oui, s’était-elle contentée de répondre. Moi.

- J’aurais dû m’en douter, fit alors le roi mourant. J’aurais toujours dû savoir que ce serait
toi et personne d’autre qui causerait ma mort. Je ne peux même pas dire que je suis surpris.

- Le roi est mort, dit-elle avec cynisme, longue vie à la reine !

- Tu ne l’emporteras pas au paradis, siffla-t-il. Eddard n’est pas un idiot, il saura que c’est
toi, et il t’arrêtera... Ils t’arrêteront tous, et ils t’emprisonneront pour Régicide.

- Certes oui... Excepté que, une fois que la malédiction sera lancée, avec un « petit truc en
plus », que ce cher Qyburn a bien pris la peine de rajouter, ils auront tous oublié qui ils y
sont. Ils auront également oublié ce que j’ai fait, et même qui tu es...

Un air indigné prit alors place sur le visage de son époux.

- Espère de garce... Tu...

- Je ne t’ai jamais aimé. Je ne crois pas non plus qu’il s’agisse d’une surprise pour toi, après
tout, tu ne m’as jamais aimée non plus. Tu es un incapable, un ivrogne, un mauvais roi et un
mauvais père, en plus d’être un mauvais mari. Je te déteste... En réalité, ça va même plus loin
pour dire vrai, tu m’es complètement indifférent désormais.

- As-tu fini ? J’aimerais pouvoir mourir en paix ! Éructa Robert.


- Oh non, je n’ai pas fini ! Clama Cersei. Son sourire se fit amusé. Tu n’es pas le père de mes
enfants, Joffrey, Myrcella et Tommen ne sont pas de toi, et j’en remercie les Sept chaque jour
qui passe... Et tu veux savoir de qui ils sont ? De Jaime, mon frère, mon amant, mon véritable
amour, le seul homme que j’ai jamais aimé !

- Tu. As. Gagné, reconnut Robert, la respiration sifflante. Mais par pour longtemps.

- C’est ce que nous verrons... Profite bien de ton séjour dans les Sept Enfers...

- J’attendrai que tu m’y rejoigne, dit-il avant de finalement rendre son dernier souffle. »

Elle se contenta d’éclater de rire, ignorante qu’ailleurs, d’autres personnes tentaient de


toutes leurs forces d’empêcher le désastre à venir.

§§§§

Lady Catelyn Stark était terriblement nerveuse.

Quelque chose flottait dans l’air, quelque chose de sombre, de mauvais, et qui n’avait rien à
voir avec les marcheurs blancs.

Ce n’était pas étonnant en un sens.

Catelyn n’avait que peu de connaissances en magie, mais elle en avait suffisamment pour
savoir que le Sort Noir était un sortilège aussi puissant que dangereux, et maléfique
également.

Et qui demandait un prix exorbitant à payer.


D’après celle qui allait lancer le sortilège, Mélisandre, ou la femme rouge, comme on
l’appelait également, la prêtresse arrivée avec Stannis Baratheon, le Maître de la Lumière
demandait des sacrifices, des morts, du sang et des flammes pour que la malédiction soit
effective et les transporte véritablement dans cet autre monde.

Un monde sans magie.

Un endroit sûr, où les marcheurs blancs ne pourraient jamais les suivre.

Des gens allaient mourir, des gens allaient brûler pour qu’eux tous puissent potentiellement
survivre ailleurs, dans un monde meilleur.

Du moins, ils l’espéraient.

Ceux qui allaient brûler étaient à Essos, là où d’autres prêtres et prêtresses du dieu R’hllor
se trouvaient également, ces derniers étant prêts à exécuter les ordres de Mélisandre.

Et là, seulement là, le sortilège pourrait se lancer.

Des maîtres de la baie des serfs allaient brûler et périr, et être punis pour leurs crimes, et
avec un peu de chance, les esclaves qui avaient été autrefois sous leur joug auraient une bien
meilleure vie dans ce nouveau monde.

C’était Mélisandre elle-même, en tant qu’ancienne esclave, qui avait proposé cela.

Pour le plus grand bien.

Puisqu’il y aurait de toute façon un prix à payer, qu’il faudrait tuer des centaines de
personnes pour en sauver d’autres milliers, ne valait-il pas mieux s’attaquer aux monstres
qui peuplaient encore leur monde ?
Ce n’était que justice, après tout.

Le froid éternel pour tous ou les flammes pour certains.

Il avait fallu choisir, et ils avaient choisi la deuxième option.

Un mal pour un bien, d’après les propres mots de la femme rouge.

Cela faisait déjà plusieurs jours que Mélisandre, armée de ses connaissances, de ses
pouvoirs et de ses potions, et accompagnée de Qyburn, était enfermée dans le laboratoire du
Donjon Rouge.

Cinq jours, plus précisément.

Cela faisait exactement cinq longues journées qu’elle faisait tout son possible pour lancer le
sortilège, non sans difficulté.

Elle était forte et puissante, et c’était une sorcière plusieurs fois centenaire, mais malgré
cela, même elle avait besoin de temps pour y arriver.

Et depuis cinq jours, les habitants de Westeros qui n’étaient pas encore morts ou transformés
en marcheurs blancs retenaient leur souffle.

Catelyn elle-même était terriblement inquiète.

Ce n’était pas qu’elle n’appréciait pas la sorcière, ou qu’elle ne lui faisait pas confiance,
celle-ci ne faisait que ce qu’il lui semblait juste pour pouvoir sauver tout ce qui pouvait
encore l’être.
Seulement, elle n’appréciait pas beaucoup la teneur du sortilège qui allait être lancé, bien
qu’elle comprenait parfaitement qu’ils n’avaient pas d’autre choix.

Et si Catelyn avait eu à choisir entre sauver les maîtres d’Essos, ou ses enfants, elle n’aurait
pas hésité une seule seconde.

Il n’empêche qu’elle avait un mauvais pressentiment, et, au lieu d’être dans ses appartements
avec son époux, elle arpentait le Donjon Rouge sans aucun réel but.

Ned, quant à lui, était dans leur chambre, pour réconforter leurs enfants terrifiés, qui, comme
tout les autres, n’avaient aucune idée de ce qui allait se passer (ce serait un tout nouveau
monde, un tout nouvel univers, et comment s’y intégrer, et si le sort ne marchait pas ?), qui
n’étaient certes plus des enfants, qui avaient combattu les marcheurs blancs eux aussi, mais
qui, comme n’importe qui, avaient peur de l’inconnu.

Ainsi, quelques heures plus tard, quand elle vit surgir Mélisandre devant elle, en sueur, sa
robe flamboyante désormais couverte de poussière, les mains tremblantes, le souffle court et
apparaissant comme visiblement affaiblie, Catelyn Stark sut dans son cœur que quelque
chose de terrible venait de se produire.

Le visage de la jeune femme était fermé, son regard était éteint, et elle paraissait sans forces,
comme sur le point de s’écrouler.

Au point que Catelyn, en la voyant tituber et chanceler, fut obliger d’accourir à son secours
pour la soutenir et l’empêcher de choir.

« Mélisandre ! Cria-t-elle à la sorcière complètement désorientée. Que se passe-t-il ? Est-ce


que le sortilège a fonctionné ? »

Blême et inerte, elle finit par hocher faiblement la tête, jusqu’à ce que Catelyn ait la présence
d’esprit de la faire s’asseoir dans un fauteuil.
Dans les yeux de la prêtresse, il y avait autre chose que de la simple fatigue, elle semblait...

Amère et terrifiée.

Un sentiment d’urgence se saisit alors de Catelyn, et elle commença à secouer la sorcière


pour la faire recouvrir ses esprits.

« Quoi d’autre... Lady Mélisandre, s’exclama-t-elle avec un ton désespéré, que s’est-il passé
d’autre ?

Mélisandre la regarda, et cligna des yeux quelques secondes, toujours tremblante de tout son
corps, avant qu’elle ne finisse par lâcher :

- Qyburn m’a trahie...

Catelyn se figea, alors qu’une sombre peur commençait à lui tenailler le ventre.

- Que voulez-vous dire ? Lui demanda-t-elle la main sur son épaule, pour l’empêcher de
perdre connaissance.

- Il savait comment... je lui ai expliqué, je lui ai tout expliqué. Et il s’en est servi contre moi.

- Je ne comprends pas... A-t-il stoppé le processus du Sort Noir ?

Le sourire de Mélisandre, qui recouvrait lentement ses forces, était atrocement triste.

- Non, malheureusement... Si ce n’était que cela, ce ne serait rien. Il a fait bien pire.
- Qu’est-ce qui peut être pire ?

- Tout peut toujours être pire Lady Catelyn. »

Elle se releva enfin, et fit quelques pas, avant de grimacer.

Elle pouvait à peine marcher, alors utiliser ses pouvoirs de nouveau...

Il ne fallait même pas y penser.

Pas maintenant en tout cas.

Mélisandre croisa les bras, désormais plus assurée, sachant qu’elle ne tomberait pas.

« Qyburn travaille avec Cersei Lannister, Littlefinger et avec les Bolton, avoua-t-elle. Il est à
leurs ordres désormais.

Catelyn sentit son sang se glacer dans ses veines.

- Pourquoi ? Et... qu’est-ce que ça change exactement ?

- Absolument tout. Qyburn a utilisé les connaissances que je lui ai enseignées sur le Sort
Noir, et s’en est servi pour corrompre le sortilège. Et changer certains de ses effets. En
ajouter d’autres qui n’auraient pas dû être là à la base. »

Les yeux de Lady Stark s’écarquillèrent d’horreur.


« Non ! Ce n’est pas possible, vous... Vous nous avez promis que tout se passerait bien, que le
sortilège était sûr, qu’il n’y aurait pas de problèmes à ce sujet.

- J’ai bien peur que cela ne vienne de changer, ma dame...

- Y-a-t-il quelque chose que vous puissiez faire ?

- Non Lady Catelyn, répondit Mélisandre avec un air de résignation sur le visage. Qyburn a
bien calculé son coup, il savait qu’une fois le sortilège lancé, je serai épuisée, incapable de
me servir de nouveau de ma magie avant au moins vingt-quatre heures. Je ne peux plus rien
faire contre cela, je suis navrée.

- Et nous ? Pouvons-nous... y changer quelque chose ?

- Vous n’avez ni la magie ni les connaissances pour le faire. Ni le temps. Il est trop tard pour
ça. Nous avons déjà perdu.

Catelyn laissa un rire attristé lui échapper.

- Dites-moi Mélisandre, quand donc avez-vous perdu tout espoir ?

- Lorsque la Montagne m’a expulsée du laboratoire, et que j’ai lu sur le visage de Qyburn
qu’il nous avait tous condamnés sans aucun remords. »

Pâle, Catelyn commença à de nouveau déambuler sans but précis, tournant en rond, les
poings serrés.

Puis, elle finit par s’arrêter brusquement, en plein milieu de la pièce.


« Que se passera-t-il dans ce cas ? Si le Sort Noir est lancé de cette manière ?

- Des choses terribles. Nous allons perdre la mémoire. Nous allons oublier qui nous sommes,
notre vie à Westeros... Nous allons absolument tout oublier. Nous allons perdre tout ceux que
nous aimons, en être séparés, oublier même leur existence pour les plus malchanceux. En
dehors de ceux ayant modifié le sortilège, bien sûr. »

Cette fois-ci, ce fut Catelyn elle-même qui sentit ses jambes la lâcher, et elle s’écroula sur le
fauteuil qui avait accueillit la femme rouge quelques minutes plus tôt.

« Nous serons bloqués là-bas pour toujours, piégés dans une boucle temporelle. Le temps
sera notre prison. Le Sort Noir est une malédiction après tout, ce n’est pas pour rien...

- Peux-on tenter quelque chose pour la défaire. Pour la briser et nous libérer ? Pour nous
souvenir ?

- Pour la détruire, je ne sais pas...

- Comment pouvez-vous ne pas savoir ? S’impatienta soudainement Catelyn. Il s’agit de votre


sortilège après tout !

- Ce n’est pas moi qui l’ait créé ! Répliqua la sorcière. C’est un vieux sortilège, plus vieux
que moi, plus vieux que les dragons, peut-être plus vieux que Westeros même ! Certaines
choses le concernant me sont inconnues. J’ignore comment le briser.

- Et si nous nous souvenons ? Nous aurons peut-être une chance de défaire le sort ?

Une lueur s’alluma alors dans le regard de la prêtresse.


- Peut-être... oui, peut-être que nous avons une chance. Tout dépendra du monde dans lequel
nous allons atterrir. Il nous faudra quelque chose, pour réveiller notre mémoire, qui
provoquera un déclic en nous... Peut-être nous reste-t-il encore un moyen, en effet.
Connaissez-vous la chanson Jenny of Oldstones, Lady Catelyn ?

- Oui... Je ne vois pas en quoi cela pourrait nous aider. »

Les yeux de Mélisandre brillèrent alors d’une nouvelle flamme, emplis de détermination.

Elle était redevenue elle-même, enfin, et Catelyn s’en trouva étrangement soulagée.

« Allez voir vos enfants et votre époux, moi je vais essayer de faire passer le message dans la
capitale...

- Quel message ?

- Vous allez devoir chanter. Tout ceux qui auront entendu ou auront chanté la chanson Jenny
of Oldstones pourront commencer à se souvenir dans cet autre monde, si jamais ils
l’entendent en entier. Je n’ai rien d’autre pour vous donner de l’espoir, malheureusement.
Nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes, et essayer, si possible, de survivre. Et de
nous sauver nous-mêmes.

- Combien de temps avons-nous ? Avant que le sort ne nous emporte dans ce nouveau
monde ?

Mélisandre réfléchit alors pendant quelques secondes.

- Une heure ? Peut-être deux si nous avons de la chance... Je pense que Cersei et les autres
ont déjà dû filer ailleurs, ou qu’ils se sont barricadés dans le Donjon Rouge. Nous ne
pouvons rien faire contre eux.
Pour appuyer ses paroles, les deux femmes entendirent un soldat hurler, complètement
paniqué :

- Le roi Robert est mort ! Le roi a été assassiné ! »

Un coup de Cersei, bien évidemment.

Les deux femmes se regardèrent, et Catelyn ferma les yeux, désemparée.

Ainsi donc, ils avaient réellement perdu.

Elle se releva.

« Très bien... Je vais voir ce que je peux faire.

- Moi de même... En espérant que le Maître de la Lumière nous permettra de nous souvenir et
de ne pas nous perdre en chemin...

Se rapprochant d’elle, Catelyn lui saisit le bras avec une violence à laquelle l’autre femme ne
s’attendait pas, tout en la fusillant du regard.

- Le Maître de la Lumière ne vous a pas prévenue quant à la trahison de Qyburn, de Cersei


Lannister, de Littlefinger et des Bolton, siffla-t-elle, lui reprochant le désastre à venir.

Mélisandre eut la décence d’apparaître au moins un peu coupable.

- Je sais. Je ne l’ai pas vu dans les flammes. Je suis désolée Lady Catelyn. Je n’ai jamais
voulu que cela se termine comme ça.
- Ce n’est pas fini, rugit alors la louve, les yeux brûlants de colère. Tant que je respire
encore, ce ne sera pas terminé. Peu importe ce que Cersei, Littlefinger et les Bolton comptent
faire, ils ne l’emporteront pas au paradis... Je ferai tout pour les détruire, et retrouver ma
famille.

Mélisandre lui sourit avec mélancolie.

- Comment le pourrez-vous, si vous ne vous souvenez même pas de qui ils sont pour vous ?
Comment le ferez-vous, si vous ignorez tout ce que vous avez perdu ? »

Catelyn ne put la contredire.

« Allez retrouver votre famille, ma dame... Profitez de ce qu’il vous reste tant que vous le
pouvez encore. Moi, je vais allez voir les survivants, et essayer de réparer mes erreurs et de
limiter les dégâts à venir... Du moins si cela m’est encore possible. »

§§§§

En voyant l’état dans lequel était sa femme, Ned l’entraîna dans une étreinte réconfortante.

La mort de Robert venait à peine d’être ébruitée, et la trahison de Cersei était connue de
tous.

Le monde tel qu’ils le connaissaient allait prendre fin d’ici peu de temps, et ils n’avaient
aucune idée de ce qui allait prendre sa place.

Sans attendre une seconde de plus, Catelyn embrassa son époux avec toute la passion et le
désespoir du monde.
Dieux... elle avait tellement peur de le perdre.

Et c’était ce qui allait arriver dans peu de temps.

Dans d’autres circonstances, il aurait sûrement sourit ou rit, et plaisanté, en lui disant : « je
t’ai manqué à ce point-là ? »

Mais il n’était plus temps de rire désormais.

« Qu’y a-t-il Cat ? »

Elle lui expliqua la situation en quelques mots, et il blêmit à son tour.

Il se retourna vers leurs enfants.

Ils avaient tous tellement changé en sept ans...

Son cœur se serra.

Il ne pourrait pas supporter de les perdre, il le savait.

« Cat... Nous devons leur dire... Ils ont droit à la vérité, murmura-t-il.

- Ned... Ce sont encore des enfants...

Et à quoi bon ?
Ils nous auront oubliés dans quelques heures.

Ne pouvons-nous pas leur laisser leur innocence, pendant au moins quelques temps ?

- Plus maintenant... »

Alors, Catelyn regarda son époux se diriger vers leurs enfants, et leur expliquer, à eux ainsi
qu’à Jon et Théon, ce qui allait arriver.

Rickon fut le premier à fondre en larmes.

Et Catelyn sentit son cœur se briser.

Elle regarda Jon Snow.

En sept ans, beaucoup de choses avaient changé, et si elle n’avait jamais réussi à l’aimer
comme un fils, elle avait cessé de le haïr.

Cette haine lui paraissait si futile désormais.

Elle se pencha sur Rickon, et serra son petit garçon de douze ans dans ses bras, avant de lui
murmurer des paroles rassurantes qui, elle le savait, n’avaient aucun poids et aucune réalité.

Elle aurait voulu pleurer, mais elle n’en avait pas le droit.

Ses enfants avaient besoin d’elle, plus que jamais.


Elle vit Robb qui s’accrochait à Théon comme si il avait peur qu’on ne le lui arrache, comme
pour l’empêcher de partir loin, comme si il croyait sincèrement que cela suffirait à ce qu’ils
ne soient pas séparés l’un de l’autre.

Elle vit Sansa et Arya collées l’une à l’autre, tremblantes d’effroi, la regardant avec les yeux
emplies d’espoir, comme persuadées que leur mère pourrait les sauver, et elle ne sut quoi
répondre à cette attente.

Elle vit Jon et Bran autour de Rickon, tentant de le réconforter, lui promettant qu’ils se
retrouveraient un jour, malgré la malédiction.

Qu’ils se retrouveraient toujours...

Elle avait envie d’y croire, sincèrement.

« Il va falloir que vous m’écoutiez très attentivement les enfants... Que vous mémorisiez
chacune des paroles de la chanson que vous allez entendre. C’est très important. Cela nous
permettra de tous nous retrouver dans cet autre monde, si les Sept le veulent... »

Et, tout doucement, Lady Catelyn Stark se mit à chanter.

« High in the halls of the kings who are gone

Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found

And the ones who had loved her the most


The ones who'd been gone for so very long

She couldn't remember their names

They spun her around on the damp old stones

Spun away all her sorrow and pain

And she never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

They danced through the day and into the night

Through the snow that swept through the hall

From winter to summer then winter again

Til the walls did crumble and fall

And she never wanted to leave


Never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

And she never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

High in the halls of the kings who are gone

Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found

And the ones who had loved her the most. »

Elle non plus, elle ne voulait pas partir...

Elle aussi, elle allait bientôt tout perdre.


Elle aussi, elle allait tout oublier.

Elle aurait voulu hurler.

À la place, elle continua de chanter, accompagnée par son mari et ses enfants.

Non loin de là, Mélisandre elle aussi chantait, et utilisait ses dernières forces, les dernières
bribes de magie qui lui restaient pour intégrer la chanson à la malédiction, pour que tout
leurs efforts pour sauver les habitants de Westeros n’aient pas été faits en vain.

Elle alla même jusqu’à puiser dans la magie qui se trouvait dans son collier.

Qu’importait son apparence, puisqu’ils allaient tout perdre de toute façon ?

Une fois le sort terminé, elle s’écroula au sol, avant de réaliser que son collier, désormais
inutile, était en train de la brûler.

Elle l’arracha, et, en voyant son ancienne apparence lui revenir, elle se mit à hurler.

Pas à cause de son âge, ou sa laideur.

Mais parce que cela signifiait qu’elle n’avait plus une goutte de magie en elle.

Elle ne pouvait plus rien faire désormais.

§§§§
Levant les yeux vers le ciel, Catelyn Stark, enserrant ses enfants et son mari, sa famille, dans
ses bras, sentit sa voix se briser pendant quelques secondes.

Voilà déjà presque une heure qu’elle chantait la chanson de Jenny, jusqu’à ce que sa voix se
casse, se brise, et s’enroue, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus émettre un seul son.

Et, alors qu’elle voyait le nuage de fumée violette foncer sur eux, elle se tut brusquement,
ferma les yeux, baissa la tête en direction de ses enfants, rouvrit les yeux, leur adressa un
dernier sourire faussement réconfortant, et se mit à prier.

A suivre...
Tout est normal (je crois).

- Défi des Mille-Prompts : 86. Duo – Cersei / Jaime.

Cersei savoura son verre de vin en souriant, regardant la ville qui s’étalait sous ses pieds,
ayant une vue imprenable depuis l’une des fenêtres de son château.

Le Sort Noir avait vraiment fait des merveilles, en réparant la ruine qu’était autrefois le
château de Kintzheim - et qui désormais n’avait clairement rien à envier à la splendeur du
Donjon Rouge, ou même à celle de Castral Rock, ou Winterfell, ou n’importe quelle autre
riche demeure des Sept Couronnes – et en créant une ville tout autour, et qui n’apparaissait
sur aucune carte par ailleurs.

Cersei Lannister n’était plus la reine de Westeros, elle ne « dirigeait » plus les Sept
Couronnes, mais uniquement une ville, et en un sens, ce n’était pas plus mal, parce qu’elle
était réellement aux commandes cette fois.

Elle avait vraiment le pouvoir, pas comme avant, quand elle n’était qu’une reine de façade,
mariée à un ivrogne qui n’y entendait rien à la politique, qu’elle détestait et qu’elle avait tué
avec plaisir.

Elle était libre, heureuse, et... amoureuse.

Habillée d’une simple chemise de nuit (il n’était encore que neuf heures du matin après tout...
ce qui n’expliquait pas la présence de ce verre de vin qu’elle avait dans la main. Si ce n’est le
fait qu’elle voulait fêter sa récente victoire, qui remontait à seulement quelques heures.), elle
termina son verre, le cœur gonflé de joie.

Elle finit par se retourner, observant son lit, dans lequel dormait paisiblement Jaime, ignorant
complètement que son monde venait à peine de basculer...

Ah, Jaime...
Son frère, enfin enfin pas vraiment, plus réellement, pas dans ce monde en tout cas.

Il était son amant, l’amour de sa vie, il était sa fin heureuse, il était...

Cersei posa son regard sur la bague qui venait de prendre place à son doigt (elle avait jeté
celle de son mariage avec Robert juste après la mort de ce dernier. Elle n’appartenait à
personne d’autre que Jaime, tout comme lui lui appartenait...), et elle faillit pleurer de joie.

Enfin, elle avait réussi à faire en sorte qu’ils ne puissent plus jamais être séparés.

Il était son époux désormais, et elle n’aurait jamais pu être aussi heureuse qu’en cet instant.

Dans ce nouveau monde, personne ne savait qu’ils étaient frère et sœur, personne ne pouvait
juger leur amour comme étant immoral (pour elle, il ne l’avait jamais été), en fait, le seul
moyen de le savoir aurait été de faire un test ADN, mais puisque que personne ne savait
qu’ils étaient liés, personne n’avait de raison d’en faire un...

Même si elle n’était pas maudite, elle avait malgré tout en mémoire les souvenirs de sa fausse
vie à Kintzheim, et maintenant, elle revivait le jour de son mariage avec Jaime, environ un an
ou deux avant la naissance de Joffrey, et son visage s’illumina d’un sourire.

Ce jour-là éclipsait totalement le jour de son mariage avec Robert, qui avait tourné au
désastre complet si rapidement.

Mais ce mariage là ne serait pas un échec, oh ça non, elle se le jurait.

Et, ironiquement, même si ce mariage était entièrement construit sur un mensonge, sur de la
manipulation, il lui semblait malgré tout tellement plus réel que le précédent...
Oui, même si cela ne faisait que trois-quatre heures qu’elle était arrivée à Kintzheim,
accompagnée de tout les autres habitants des Sept Couronnes – enfin, ceux encore vivants –
Cersei pouvait déjà se considérer comme étant heureuse.

Déjà, Robert était mort.

Premier bon point.

Ensuite, les marcheurs blancs étaient loin.

Elle était donc en sécurité.

Et enfin, elle était marié à Jaime, son seul et unique et véritable amour.

Finalement, elle avait enfin tout ce qu’elle avait toujours voulu...

Tout ce qu’elle pensait mériter.

Posant son verre désormais terminé sur sa table de nuit, elle retourna se coucher aux côtés de
son époux (par les sept, jamais elle ne se lasserait de ce mot...) et s’allongea contre lui,
souriant en le sentant se rapprocher chez d’elle et l’enlacer.

Elle se remit à sourire, avant de se ré-endormir.

Et puis, après tout, elle avait encore un peu de temps.

Le conseil municipal ne commençait que dans quelques heures.


Oh que oui, sa vie était parfaite.

§§§§

Sa vie était devenue un enfer.

D’abord, il y avait eu l’arrivée des marcheurs blancs, la guerre, pendant sept ans, sept
putain d’années, bien plus longue que la rébellion de Robert, la guerre des Rois à Neuf Sous,
ou la rébellion des Greyjoy.

Et maintenant, cette... malédiction.

Oh, bien sûr, au milieu de tout ça, Jaime avait essayé d’être heureux, malgré tout, il avait
essayé de réconforter ses enfants du mieux qu’il le pouvait quand ces derniers avaient peur,
de se battre vaillamment, du mieux qu’il le pouvait, et il estimait avoir réussi.

Et, au milieu de tout ce bordel, il l’avait rencontrée.

Elle, Brienne de Torth...

Dire qu’il l’avait aimée au premier regard aurait été un véritable mensonge, mais peu à peu,
ils étaient passés chacun vis-à-vis de l’autre de l’indifférence, à l’agacement, puis la
compréhension de l’autre, puis le respect, puis l’admiration, et enfin, Jaime osait le dire...

L’amour...

Oui, il l’aimait, l’aimait vraiment, plus qu’il n’avait jamais aimé Cersei.

Et c’était pour cela qu’en ce jour, il avait aussi peur.


Des rumeurs venaient du Donjon Rouge, et...

Elles n’étaient pas bonnes, pas bonnes du tout.

Et même si c’était de la folie, Jaime sentait qu’il se devait d’aller voir, d’être sûr... que c’était
vrai.

Que Cersei avait vraiment perdu la raison, comme certains commençaient à le raconter.

Alors quoi, il allait devoir subir une nouvelle reine folle ? Un nouveau souverain fou qui
allait essayer de tout détruire ?

Robert était mort, et si il ne le regrettait pas, Jaime avait peur de ce qui allait arriver ensuite.

Puis, l’autre rumeur s’était répandue, celle des souvenirs qu’ils allaient perdre, sans compter
la chanson à entendre et à mémoriser, mais le chevalier était si désemparé qu’il avait
probablement dû louper la moitié des paroles...

Il avait pris la décision d’entrer dans le Donjon Rouge, l’épée à la main, et dieux, il avait
l’impression d’être de retour en arrière, vingt-quatre ans plus tôt, quand il avait tué le roi
fou.

Serait-il obligé de tuer sa propre sœur ?

La boule au ventre, il s’était préparé à aller la confronter, sous le regard inquiet de Brienne.

« Tu n’es pas obligé de faire ça, lui fit-elle tendrement.


- Il faut que je le fasse, la contredit-il, il faut que j’y aille, que je suis sûr que c’est bien
arrivé, et s’il faut que je l’arrête, hé bien... je le ferai...

Elle se rapprocha de lui, et prit son visage entre ses mains, avant de l’embrasser, et son
baiser avait un tel goût de désespoir que Jaime faillit en pleurer.

- Sois prudent, d’accord ? »

Il se força à sourire.

« Toujours... fit-il avant de partir, les poings crispés.

- Je t’aime, lui lança-t-elle alors.

C’était un je t’aime qui signifiait tellement de choses...

Ne me laisse pas s’il te plaît.

Reviens-moi...

Ne m’oublie pas.

Et le Régicide se le jurait, il remplirait cette promesse implicite qu’il passait avec son aimée.

- Moi aussi je t’aime... »

Je te reviendrai, je te le jure.
Et je ne t’oublierai pas.

S’il te plaît, ne m’oublie pas non plus, toi aussi, reviens-moi !

Et il le savait d’ors et déjà...

Elle lui reviendrait.

Elle lui reviendrait toujours.

Rien ni personne, pas même Cersei ne pourrait l’en empêcher !

Il regarda son alliance (ils s’étaient mariés trois ans plus tôt) pour se donner du courage,
pensant à ce qu’il se devait de protéger, de sauvegarder, et partit, alors que Brienne restait en
arrière pour protéger ce qu’il restait encore du royaume...

Quand il entra dans le Donjon Rouge, apercevant le cadavre encore chaud de Robert
Baratheon, il regarda alors Cersei.

Et il lut immédiatement toute la vérité dans ses yeux.

§§§§

« Ainsi donc... tu nous as bien tous condamnés, lança-t-il immédiatement sans ménagement.
Tu nous sauves d’un enfer, pour nous précipiter dans un autre...

- Tu n’as pas à t’en faire Jaime, lui assura-t-elle, tout se passera bien.
Oh par les dieux, jamais il n’avait vu ses yeux brûler d’une telle lueur de folie.

Le regard du Régicide se teinta alors d’une lueur de désespoir.

- Dis-moi que tu n’as pas fait ça ! Ajouta-t-il en désespoir de cause. Je t’en supplie Cersei,
dis-moi que tu ne l’as pas fait, que tu n’as pas pris la décision de tout détruire juste pour
avoir le pouvoir ! Je t’en pris !

Ne m’oblige pas à te tuer, s’il te plaît...

- Jaime, tu ne comprends pas ! Nous pourrons enfin être ensemble dans ce nouveau monde,
personne ne saura que nous sommes frère et sœur, nous exceptés, et nous aurons le pouvoir !
Nous serons une famille ! »

Oh que oui, elle en était persuadée, dans ce monde sans magie et sans marcheurs blancs,
sans plus aucune barrière pour les séparer, ils pourraient enfin être de nouveau ensemble !

Et là bas, il pourrait enfin être avec elle, au grand jour, il n’aurait plus à se contenter de
cette femme chevalier et il serait enfin heureux, avec elle..

Elle le savait, il l’aimait toujours, ce n’était que parce qu’ils risquaient de tout perdre si
jamais leur relation était découverte et révélée au grand jour qu’il n’était plus avec elle.

Le chevalier, quant à lui, commençait vraiment à avoir peur.

« Cersei, il est encore temps que tu arrêtes tout ça... Arrêtes cette folie ! Tu n’as pas le droit
de faire passer ton propre bonheur avant de celui de tout le monde, tu ne peux pas sacrifier
la mémoire de tout le monde pour un désir égoïste... »
Le regard de Cersei se teinta de noirceur.

« Ainsi donc... tu n’es pas de mon côté ?

- Comment le pourrais-je ? S’ exclama-t-il. Tu es complètement folle, voilà la vérité ! Tu... à


quel moment est-ce que tu as pensé au fait d’effacer la mémoire de tout le monde, toi et tes
alliés exceptés, et penser que ce serait une bonne idée ?

- Pas la mémoire de tout le monde... Pas la tienne, Jaime.

- Qu’est-ce que ça change au juste ?

- Tout... Nous serons heureux ensemble, qu’importe qu’ils oublient tout, qu’ils oublient qui ils
sont, qu’ils soient séparés de ceux qu’ils aiment, tant que nous sommes ensemble ! Toi et moi,
c’est la seule chose qui compte...

- Et tu penses que je pourrai vivre avec ça ? Hurla-t-il. Me rappeler de tout, me souvenir que
tu as arraché la mémoire à des milliers de gens, que tu en as séparés je ne sais combien, et
réussir à être heureux ? Que je ne me sentirai pas coupable ? Que je pourrai me lever
chaque matin sans avoir en tête tout ces pauvres malheureux qui auront été condamnés par
ma faute, parce que je n’aurai rien fait pour les sauver ? Tu m’en crois vraiment capable ?

- Jaime...

- Je. Ne. Suis. Pas. Comme. Toi ! Je ne suis pas un monstre, ça, ce n’est pas moi, tu
m’entends ? Je n’ai pas tué le roi fou pour qu’un autre tyran prenne sa place, et si tu crois
que je vais te laisser faire juste parce que tu es ma sœur, hé bien, tu te trompes ! »

Mais, avant qu’il ne puisse dégainer son épée et ainsi commettre un nouveau régicide, la
Montagne s’intercala entre lui et la reine, et le désarma en quelques secondes.
Jaime fusilla sa sœur du regard, ignorant Littlefinger et les Bolton, qui observaient la scène
sans mot dire, tandis que Qyburn était aux côtés de Cersei, qui souriait désormais avec
tristesse.

« Oh, mon amour... Que nous est-il donc arrivé ?

- J’ai changé ! Lui cracha-t-il au visage. Et toi aussi, j’en ai bien peur... »

La Montagne et sa force sans pareille le neutralisèrent avant qu’il ait pu faire le moindre
mouvement, et le soldat déclara alors avec sa voix rauque et caverneuse :

« Ma reine ?

- Ne me l’abîmez pas, voulez-vous ? J’ai encore besoin de lui...

- Tu n’as qu’à me tuer si ça te chante, déclara alors son jumeau, complètement désabusé. Je
ne pense pas que je te serai très utile si je refuse de t’écouter ou de t’obéir...

Le sourire de la reine se fit alors machiavélique.

- Oh, crois-moi, je n’en ferai rien... J’ai beaucoup trop besoin de toi pour accepter de faire
une chose pareille... ou pour te laisser partir. Ser Gregor ? Empêchez le de bouger...
Qyburn ? Nous allons passer au plan B.

- Bien votre majesté. »

Immédiatement, le soldat agrippa les bras de Jaime et le ceintura, tandis que Cersei, elle, se
dirigeait vers le mestre, qui lui présenta un chaudron dans lequel il y avait une étrange
mixture violette bouillonnante qui n’augurait rien de bon.
En voyant cela, les yeux de Jaime s’écarquillèrent alors d’horreur, même s’il ne comprenait
pas vraiment ce qu’il était en train de se passer, et il commença à se débattre, en vain.

Il vit alors sa jumelle plonger la main droite dans la potion – ce qui la fit grimacer de
douleur – et la retirer, étincelante, et il sentit son sang se glacer dans ses veines.

« Cersei... Qu’est-ce, qu’est-ce que tu es en train de faire ? Qu’est-ce que... Qu’est-ce que tu
vas me faire ? »

La reine ne répondit rien, et par les sept, ça rendait tout ça encore plus terrifiant...

De plus en plus désespéré, le chevalier continua à bouger, frénétiquement, toujours bloqué


par la Montagne, paniquant de plus en plus et ne comprenant toujours pas ce que sa sœur
allait lui faire, et...

Ses pensées n’étaient plus que chaos désormais.

Oh Brienne je suis tellement désolé, j’aurais dû rester avec toi, pardon, pardon, pardonne-
moi, je t’aime, mais il fallait que je le fasse, il fallait que je l’arrête, et maintenant j’ai
tellement peur, pardon, pardon, pardon, jamais je n’aurais dû partir, je suis désolé, et je
t’aime, je t’aime tellement, mais...

Je ne te reviendrai pas.

Pas cette fois.

Sauve-moi s’il te plaît.

Mais elle ne le pouvait pas, n’est-ce pas ?


Elle était loin de lui, et lui il était là, seul.

Il était complètement à la merci de Cersei, alors que celle-ci allait...

Ce n’est que quand il vit sa main s’approcher lentement de sa poitrine qu’il commença
doucement à comprendre.

Cela ne l’aida en rien à se calmer, bien au contraire, ce qui le poussa à tenter encore une fois
de se dégager, et il gémit de douleur en sentant la poigne de Gregor Clegane se raffermir sur
ses bras.

Vaincu, il cessa de se débattre, et Cersei sourit.

Elle avait gagné.

Et tout ce qu’il voyait dans ses yeux maintenant, c’était la folie.

« Je ne sais pas ce que tu comptes faire... Mais je t’en supplie Cersei, quel que soit cette
chose... ne la fais pas...Je t’en supplie.

- Ne t’inquiète pas Jaime, lui assura-t-elle, tout se passera bien. Je fais ça pour toi, pour
nous. »

Comment espérait-elle donc le rassurer avec ces mots ?

Ne voyait-elle donc pas qu’elle le terrifiait encore plus ?

La dernière fois qu’il avait eu aussi peur, c’était sous le règne du roi fou, quand il entendait
Rhaella Targaryen hurler de douleur, et qu’il n’avait aucune idée de quoi faire, ou quand il
avait vu le père et le fils Stark brûler, et que personne n’avait rien fait, lui y compris.

Et aujourd’hui, l’histoire se répétait, alors qu’il voyait Cersei, nouvelle reine folle, nouvelle
menace à abattre.

Sauf que cette fois-ci, il avait perdu.

Et cette fois-ci, c’était lui qui allait souffrir.

Lentement, il vit, sans pouvoir rien faire pour contrer cela, la main de Cersei se poser sur
son torse.

Puis, celle-ci enfonça brutalement sa main dans sa poitrine, juste avant d’en extirper le cœur
de son jumeau.

Et Jaime Lannister se mit à hurler.

§§§§

Jamais il n’avait eu aussi mal...

D’ailleurs, il ne pensait pas que qui que ce soit d’autre au monde avait déjà ressenti pareille
douleur.

Son corps était en flamme, la main de sa sœur jumelle fermement enfoncée dans sa poitrine,
et tout ce qu’il pouvait se demander à cet instant précis, c’était : « pourquoi, pourquoi,
pourquoi, POURQUOI ? »
Oh pourquoi Cersei, toi qui prétend m’aimer, toi que j’aimais autrefois, pourquoi me fais-tu
subir une chose pareille, pourquoi me fais-tu souffrir à ce point-là ?

Il continua de hurler, persuadé que ses cris pouvaient désormais être perceptibles même aux
oreilles de ceux qui se trouvaient hors du Donjon Rouge, et...

Par pitié, qu’on vienne me sauver, que quelqu’un vienne me secourir, s’il vous plaît,
quelqu'un, n’importe qui, je vous en supplie, aidez-moi...

Brienne, sauve-moi !

Lorsque la main de la reine s’extirpa de sa poitrine, il crut tout d’abord que ce serait fini,
mais en réalité, ce n’était que le début de l’enfer, et un cri d’agonie s’échappa alors de sa
gorge.

En un sens, c’était bien pire.

Oh, bien sûr, les doigts de sa sœur honnie ne fouillaient et trifouillaient maintenant plus sa
cage thoracique, certes, mais elle, elle...

Elle lui avait arraché le cœur !

Et il en sentait la perte, et dieux, ça faisait tellement mal !

Qui... qui faisait ce genre de chose exactement, et comment...

Et surtout, pourquoi ?
Il sentit à peine les bras de Gregor Clegane le relâcher sur l’ordre de Cersei, et il s’écroula à
terre, à genoux, telle une poupée de chiffon, marionnette dont on avait coupé les fils et qui ne
pouvait plus tenir debout sans ces derniers...

Il releva lentement, et sentit une envie de vomir l’envahir alors qu’il voyait dans les doigts de
Cersei son cœur encore battant, irradiant de lumière, et rouge vif, bien que conservant
malgré tout quelques zones sombres qui, bien que petites, n’avaient pas entièrement
disparu...

Jaime porta sa main à sa poitrine, haletant, un cri d’horreur, de désespoir et de douleur


toujours là, prêt à sortir, à la moindre occasion.

Pas de blessure, il n’y avait rien, pas de sang, son corps était intact, et si l’on exceptait la
douleur de l’acte brutal de Cersei dont il subissait encore le contre-coup, lui-même ne
ressentait plus rien.

C’était bien ça le problème...

Il n’y avait plus rien du tout.

Tentant d’écouter les battements de son cœur (enfin, là où son cœur aurait dû encore se
trouver), il n’entendit rien non plus.

Rien, si ce n’est le silence.

Rien, plus que du vide.

Il se releva, les jambes encore tremblantes, et le souffle erratique.

« QU’EST-CE QUE TU M’AS FAIT ? Hurla-t-il alors de toutes ses forces, les larmes aux
yeux. »
La phrase tournait en boucle dans sa tête.

Sa propre sœur, sa jumelle, lui avait arraché le cœur.

Et il tenait encore debout, il était encore vivant, et ça n’avait pas le moindre sens.

Sa sœur avait fait de lui un monstre, un mort-vivant, autre chose, qui ne valait pas mieux que
les marcheurs blancs...

Sa sœur enferma alors son cœur battant dans une boîte, frappée du sceau de leur maison.

« J’ai fait ce qu’il y a de mieux pour nous mon amour... Si seulement tu pouvais
comprendre...

- Comprendre quoi ? Tu... tu m’as arraché le cœur Cersei !

Il commença alors à comprendre.

- Tu veux faire de moi ta créature, c’est ça ? Ta chose, ton jouet, cracha-t-il, infiniment
dégoûté, tremblant de tout son corps. Tu veux me contrôler, que je t’appartienne corps et
âme...

Qu’allait-elle donc faire de lui dans ce nouveau monde ?

Et une autre peur s’empara de lui...

Qu’allait-elle faire de Brienne ?


- Tu n’as pas fait ça pour nous... Tu l’as fait pour toi, parce qu’il n’a toujours été question
que de toi !

- Jaime mon amour, s’il te plaît, ne rend pas les choses plus difficiles... »

Elle se rapprocha de lui, et essuya ses larmes, souriant toujours, et il sut alors qu’il était trop
tard.

Il sut que son enfer venait tout juste de commencer.

« Je n’arrêterai jamais de me battre contre toi... Lança-t-il, fier, comme à son habitude.
Toujours je lutterai, je...

- Tu auras oublié... Comment pourrais-tu te battre pour ce qui n’a jamais existé ?

- Ce ne sera jamais réel... Ce ne sera jamais le vrai moi ! Tu n’étreindras qu’un fantôme, rien
de plus. »

Elle lui caressa les cheveux, et alors qu’il pensait à lui transpercer le cœur, il réalisa
soudainement que son épée était maintenant aux mains de Gregor Clegane...

Il continua à pleurer, demandant intérieurement pardon à tout les habitants des Sept
Couronnes qu’il n’avait pas pu sauver de la folie de Cersei.

« Pour moi, ce sera suffisamment réel, ne t’inquiète pas... Et pour toi aussi, tu peux en être
sûr... »

Vraiment ?
Est-ce que ce sortilège était suffisamment puissant pour lui faire oublier son amour pour
Brienne ?

Il espérait que non.

Il espérait de toutes ses forces que, dans une partie du cœur qu’il n’avait plus, ses sentiments
pour la femme chevalier venue de Torth subsisteraient encore.

Et qu’un jour, l’oubli s’effacerait, et qu’il la retrouverait...

Il la retrouverait, se jura-t-il, où qu’ils soient, peu importe où la malédiction allait les


envoyer...

Il la retrouverait toujours...

Cersei l’embrassa alors, et il sentit une violente nausée l’envahit, avant qu’il ne la repousse
de toutes ses forces, le plus loin possible de lui.

Il était encore libre pendant quelques secondes, autant qu’il en profite pour rester loin de
celle qui allait bientôt ruiner sa vie.

Pas pour longtemps malheureusement.

Elle se contenta de sourire.

« Ne t’en fait pas mon amour, d’ici quelques secondes, tout sera fini... Et tu ne te souviendras
même plus de pourquoi tu es en colère contre moi... Et tout ira pour le mieux. »
Il vit alors une fumée violette commencer à les entourer.

« Nous nous retrouverons dans un monde merveilleux, et nous pourrons enfin y avoir notre
fin heureuse. »

La tienne, pas la mienne, pensa-t-il rageusement.

« Jaime ? Entendit-il alors hurler, derrière la porte du Donjon Rouge, et pendant quelques
courtes secondes, il se surprit à espérer. »

Brienne était là, elle était venue pour lui.

Est-ce qu’elle ?

Mais non, bien sûr que non...

Trop tard.

Il était trop tard, il avait toujours été trop tard.

Je t’aime Brienne, eut-il le temps de penser avant que la malédiction et l’oubli ne finissent
par l’emporter loin de Westeros...

« Tu te trompes Cersei, eut-il le temps d’ajouter. Ça, ce n’est pas de l’amour... »

§§§§
Jaime Lannister se réveilla le sourire aux lèvres.

C’était une bonne journée qui s’annonçait, de toute évidence, il en était certain.

Il se tourna vers sa femme qui venait à peine de se réveiller, et il lui sourit encore plus.

Il ignora très facilement l’étrange sensation qui l’envahit, ce nœud au cœur qu’il ne
s’expliquait pas, se concentrant sur son visage magnifique, et encore ensommeillé.

« Bonjour mon amour... murmura-t-il... Bien dormi ? »

Elle hocha la tête, avant de l’embrasser, baiser auquel il répondit avec empressement et
passion.

Et, collée contre lui, Cersei Lannister se mit à sourire.

A suivre...
Ce n'est pas possible !

- Défi du Mille-Prompts : 119. Duo – Eddard/Robert.

- Le mot du jour : Dévoyer.

- Prompt of the day : C hocolat chaud avec des marshmallows

- Toujours plus : fusionner trois défis.

ND’A : Toute ressemblance avec une personne réelle n’est absolument pas fortuite.

Et cela ne s’est définitivement pas passé comme ça je pense...

Ah et je ne sais pas à quoi ressemble l’Alsace, disons que Kintzheim a été modifié pour
ressembler un peu à Westeros.

2016, Dunkerque.

Elle n’arrivait pas à y croire.

L’épisode n’en était même pas rendu à la moitié, et pourtant...

Oh par les Sept...

Pour dire la vérité, elle n’avait même pas réussi à suivre l’épisode avec attention après cette
fameuse scène, tellement cette dernière l’avait anéantie, celle où...
Le fait est qu’elle n’arrivait pas à mettre de mots sur ce qu’elle avait ressentit à ce moment-
là...

La peur, l’incompréhension, l’horreur, et finalement la colère, alors qu’elle réalisait peu à peu
ce qui était en train de se passer.

Et, soudain, la réalisation l’avait frappée de plein fouet alors qu’elle voyait le personnage
entrer dans les égouts, suivant ce petit garçon – et elle avait eu envie de lui hurler « Non, ne
fais pas ça, ne le suis pas, je t’en pris ! »

Lancel Lannister allait mourir.

Lancel, son Lancel adoré, qu’elle aimait depuis tellement longtemps, son personnage préféré
de la série, celui qui était l’une des principales raisons pour laquelle elle continuait de la
regarder, il...

Il allait bientôt mourir, et disparaître, sans laisser de traces, anéanti par le feu grégeois,
presque comme si il n’avait jamais existé.

D’ici peu, il ne resterait plus rien de lui, excepté son souvenir, lui ne serait bientôt plus.

Il allait mourir, et Marina ne pouvait absolument rien faire.

Elle savait que ça n’aurait pas dû la toucher autant.

Après tout, tenta-t-elle de rationaliser, ce n’était qu’un personnage de série, un personnage


fictif, créé par l’imagination de G.R.R Martin, rien de plus, c’est vrai...
Mais comment aurait-elle pu ne serait-ce qu’essayer de rationaliser la douleur de son cœur en
pièces ?

Mais pour elle, il était tellement plus, il représentait tellement à ses yeux que la simple idée
de le perdre la rendait malade...

Et sincèrement, qui aurait pu comprendre ?

En un sens, il était déjà mort, pas vrai ?

Les scénaristes, Cersei, absolument tout le monde avait décidé qu’il allait mourir.

Il était déjà trop tard...

Lorsque le Septuaire explosa, balayant tout sur son passage, Marina Leszczynska se mit à
pleurer.

La mort des autres occupants du Septuaire la touchait également, bien sûr, mais à cet instant
précis, la mort de Lancel semblait surpasser tout le reste dans son esprit, et elle passa le reste
de l’épisode en larmes...

Une fois qu’elle eut repris ses esprits, en plus de la tristesse, c’était la rage qui l’animait, une
rage dirigée contre Cersei, et qui, elle le savait déjà, ne s’apaiserait pas de sitôt.

S’essuyant les yeux, toujours aussi enragée, elle s’empara alors de son ordinateur, avant de
commencer à taper les premières pages de ce qui deviendrait bientôt Lancel à Dunkerque –
Renaissance...

Autant qu’elle mette sa colère dans quelque chose de productif, non ?


§§§§

2017, mairie de Kintzheim.

À côté du château qu’elle, Jaime et leurs enfants habitaient, la mairie de la ville peuplée
d’environ 500 000 et quelques habitants (oui c’était beaucoup, et oui, Cersei remerciait déjà
d’avance la magie de l’endroit qui permettait de le dissimuler aux yeux de tous, et qui
empêchait les gens d’y entrer) faisait un peu pâle figure quand on y pensait.

Bien loin de l’opulence et de la grandeur (elle le reconnaissait elle-même, un peu démesurée)


de sa propre demeure, c’était malgré tout une belle bâtisse, qui n’avait rien à envier à la
plupart des autres bâtiments de la ville (le fait est que Cersei avait définitivement la folie des
grandeurs...), et quand elle y entra, à quatorze heures, l’ancienne reine et nouvelle mairesse
savait déjà parfaitement ce qu’elle était supposée y faire.

Avant de partir travailler, elle avait savouré un chocolat chaud avec des marshmallows, et
avait intérieurement remercié la technologie de ce nouveau monde et ses merveilles.

Vraiment, ce nouveau monde était fantastique.

Passant rapidement devant l’accueil, elle salua l’une des secrétaires, qui n’était autre que
Lysa Stark, ex-Arryn, ex-Tully, et qui la salua d’un sourire certes peu enthousiaste, mais qui
avait le mérite d’être au moins poli, avant de se remettre à travailler.

Lysa Stark n’était pas exactement une personne que l’on aurait pu qualifier « d’heureuse », de
toute évidence, mais en comparaison à sa vie à Westeros, les choses s’étaient nettement
améliorées.

En effet, si elle était encore piégée dans un mariage sans amour car arrangé, au lieu d’être
mariée à un vieil homme, elle était maintenant l’épouse de Ned Stark, ce qui était... une nette
amélioration, effectivement.
De plus, grâce à la médecine moderne, son fils Robin Stark (oui, Stark... à chaque fois qu’elle
entendait ce nom entier, la mairesse avait envie d’éclater de rire...) était bien mieux portant
qu’à l’époque où ils vivaient encore tous au sein des Sept Couronnes.

De ce fait, l’ancienne noble était beaucoup moins... psycho qu’à l’époque, à vrai dire.

Mais elle était toujours aussi amoureuse de Littlefinger qu’à l’époque en revanche (ce qui
expliquait en partie le fait qu’elle n’était pas vraiment heureuse), et les regards emplis
d’amour qu’elle adressait toujours à ce dernier quand il entrait dans la mairie – pour un
conseil municipal ou autre chose – étaient une preuve suffisante pour qui savait bien
observer...

Enfin, ce n’est pas comme si elle, Cersei Lannister née Baratheon (une autre ironie de la part
de la malédiction qu’elle appréciait particulièrement) aurait pu en avoir quelque chose à
foutre...

Alors que le conseil municipal commençait, elle posa son regard sur les différents membres
de ce dernier, qui pour certains, faisaient autrefois parti du Conseil Restreint.

Tout d’abord, Lord Varys, qui était désormais journaliste au journal local, ce dernier étant
dirigé par Qyburn (qui avait remplacé depuis peu Pycelle, qui était désormais en prison pour
une raison qu’elle ignorait, et pour un crime – réel ou inventé, après tout, peu importe – dont
elle ne savait rien), qui lui rapportait toutes les rumeurs et tout les potins en ville.

Il y avait également Gregor Clegane, commissaire de police (qui avait remplacé Barristan
Selmy, qui avait été mis en retraite forcée quelques mois plus tôt, étant jugé trop vieux pour
pouvoir rester à son poste), mais aussi Petyr Baelish (qui était prêteur sur gage et possédait
également la quasi-totalité de la ville, ce qui expliquait son immense fortune).

Il y avait aussi Renly Baratheon (qui était techniquement parlant un de ses cousins éloignés
maintenant qu’elle y pensait...), qui travaillait dans un magasin de vêtements, sans oublier
son frère Stannis, qui était comptable, et également Roose Bolton, qui travaillait dans une
entreprise de sécurité.
Jaime, lui était en quelque sorte sa « main », étant son premier adjoint, et il travaillait
également pour la police.

(Comme la quasi-totalité des anciens membres de la Garde Royale en fait, sans oublier
quelques soldats également, dont Ned Stark...)

Le conseil municipal se passa sans aucun accroc, et Cersei n’avait jamais eu autant de
pouvoir, d’importance, jamais elle n’avait été à ce point sur le devant de la scène et c’était...
grisant, pour le moins dire.

Une fois que ce dernier fut terminé, elle se retira dans son bureau, et posa sur sa table de
travail la petite boîte qui contenait le cœur de Jaime.

Elle ouvra cette dernière, admirant la tête de lion qui y était gravée, simple ornement dans ce
monde, mais qui signifiait tellement plus pour elle.

Entre ses mains se trouvait désormais le cœur de son amour, de l’homme qu’elle aimait le
plus au monde, il était celui pour qui elle aurait pu tuer, pour qui elle avait tué, en réalité.

C’était aussi pour lui qu’elle avait tué Robert, après tout...

Elle aurait pu lui rendre son cœur, maintenant qu’elle y pensait.

Elle aurait très certainement déjà dû le faire.

Après tout, maintenant que la malédiction était en place, il avait déjà oublié sa colère, comme
elle l’avait prédit, et il ne servait en théorie plus à rien qu’elle garde son cœur dans une boîte,
à l’abri des regards...

Oui, mais...
Elle avait peur de le perdre.

Elle avait peur qu’il se souvienne, et qu’il ne tente de s’enfuir, et de retrouver Brienne, et de
mettre ainsi à bas sa précieuse malédiction.

Cersei avait peur qu’un jour, son frère ne se retourne contre elle, et ce jour-là, elle le perdrait
totalement, elle n’aurait plus rien pour le contrôler.

Et soit elle perdrait tout et devrait tuer son jumeau, soit elle n’en aurait pas la force, et elle le
perdrait de toute façon.

Elle perdrait tout court.

En somme, mieux valait qu’elle ait un moyen de s’assurer de sa loyauté, si jamais les choses
tournaient à son désavantage.

Elle le lui rendrait peut-être, un jour, quand elle serait sure que tout danger était
définitivement écarté.

Mais pas aujourd’hui.

Cersei reposa le cœur dans la boîte.

§§§§

Quelques semaines passèrent ainsi, en toute tranquillité, Cersei savourant amplement sa


nouvelle vie, et commençant peu à peu à comprendre comment tout fonctionnait ici.
Il y avait eu plusieurs changements positifs.

Déjà, elle avait un look différent, elle pouvait s’habiller comme elle le voulait, ses cheveux
étaient courts maintenant, et ce qui était le plus agréable dans tout ça, c’était à quel point elle
se sentait libre désormais.

(Et pour pouvoir l’être, elle avait décidé de faire de tout les habitants de cette ville maudite
des esclaves, des âmes perdues, amnésiques, torturées, et seules, souvent séparées de leurs
familles.

Léger détail...

Elle avait vraiment dévoyé ce foutu sortilège par ses actions.)

Elle avait découvert les nouvelles technologies, et notamment internet, entre autres choses.

Elle savait certaines choses que tout le monde à Kintzheim ignorait complètement, qui leur
étaient cachées, dissimulées.

Cersei Lannister, par exemple, savait parfaitement que Game of Thrones existait, tout comme
A Song of Ice and Fire...

Car oui, ils étaient tombés dans un monde qui connaissait cela, et ça l’avait surprise,
tellement surprise, que des gens aient choisi de raconter leur histoire.

Elle avait eu accès notamment à quelques épisodes de la série (ce n’était pas du tout
ressemblant...), et elle en avait sourit, réalisant tout ce qui aurait pu lui arriver de néfaste si
elle n’avait pas fini par faire ce petit voyage...

Et elle avait à nouveau remercié la magie, qui lui permettait de savoir tout cela, tandis que
tout les autres l’ignoraient.
Dans cette ville, le temps s’était arrêté, oh, les jours passaient, bien sûr, et ils étaient
désormais fin septembre (la saison 7 était sortie depuis pas mal de temps d’ailleurs...), mais
aucun d’eux ne vieillissait plus, le temps n’avait plus de prise sur aucun d’eux...

Elle avait gagné, elle avait vaincu, elle avait aussi réussi à se préserver de la prophétie de
Maggy la grenouille...

Plus jamais le temps ne passerait pour elle, aucune reine « plus jeune et plus belle » ne
viendrait, maintenant qu’elle n’était même plus reine, et jamais ses enfants ne périraient, elle
s’en assurerait.

Quant au valonqar...

Tyrion ne risquait définitivement pas d’être un danger pour elle...

Pas après ce que ce monde avait fait de lui, et une part d’elle-même, la plus cruelle, s’en
réjouissait plus que de raison.

Oui, tout était parfait pour elle, l’entièreté de Westeros (et puis aussi les habitants d’Essos si
elle y pensait deux secondes) était sous son commandement, et personne ne remettrait en
cause son pouvoir.

Personne ne pouvait entrer, personne ne pouvait sortir, ils étaient tous ses prisonniers.

Kintzheim ressemblait beaucoup à Westeros, maintenant que le sortilège y avait agit, et tandis
que les personnes originaires de ce monde ne voyaient que des ruines quand elles s’en
approchaient, les autres, eux, ceux de Westeros, y voyaient en permanence leur prison sans
même le savoir.

Elle aurait presque pu remercier les marcheurs blancs pour ça en fin de compte...
§§§§

« Les Marcheurs Blancs ne sont que des personnages issus de conte de fée Ned ! Tu es un
homme adulte, tu ne peux pas croire à ces enfantillages ! S’exclama Robert, avec un air
ennuyé et fatigué sur le visage.

- Robert, je les ai vus ! Rugit Ned, exaspéré, enfin, même au-delà de l’exaspération, alors
qu’il bouillonnait de colère et de peur... Ils sont là, ils existent, ils sont réels, et surtout, ils
arrivent !

- Et... quelles preuves avez-vous de ce que vous avancez, Lord Stark ? L’interrogea
Littlefinger, perplexe . Qu’est-ce qui devrait nous faire vous croire ?

N ed avait juste envie de hurler.

Comment se permettaient-ils cela, eux, qui n’avaient rien vu, qui ne savaient pas ?

C omment osaient-ils remettre en question ses paroles, ne comprenaient-ils donc pas ?

Ne voyaient-ils donc pas la peur dans son regard, l’horreur, la terreur, croyaient-ils
réellement qu’il avait des raisons de mentir ?

N e sentaient-ils donc pas que le monde était en train de sombrer, et eux avec ?

Étaient-ils à ce point inconscients ?

- Oh, hé bien, je ne sais pas, ironisa-t-il, mon témoignage, ma parole attestant que c’est bien
réel, ma bonne foi ? Cela ne devrait-il pas être suffisant ?
L e Grand Argentier se mit alors à ricaner, et Eddard serra les poings, prêt à directement les
lui balancer dans la gueule si il ne se taisait pas tout de suite.

Il avait rarement autant détesté quelqu'un comme il détestait en ce moment-même Petyr


Baelish, qui était là, à se tourner les pouces, et à rire de ce qui était très certainement la plus
grande menace que les Sept Couronnes avaient jamais connue depuis les dragons d’Aegon le
Conquérant.

Avant lui aussi aurait été sceptique, lui non plus n’y aurait pas cru, mais maintenant...

Oh maintenant il savait que c’était les sauvageons qui avaient raison, et que c’était eux qui
étaient les fous qui refusaient de voir la vérité en face.

- Veuillez excuser mon estimé collègue, déclara Lord Varys afin de calmer les esprits, et
voyant bien que le seigneur de Winterfell bouillonnait actuellement de rage, mais j e ne peux
pas vraiment lui donner tort... Vous souhaitez réellement que nous croyions à vos dires
comme ça, sans rien pour le prouver ?

Sans pouvoir s’en empêcher, Eddard soupira profondément, fermant les yeux de dépit, et
seule la présence réconfortante de son petit frère à ses côtés – ça et le fait qu’il était quant
même face à plusieurs des dirigeants du royaume – l’empêcha de se mettre à hurler et à les
invectiver tous pour leur apathie.

- Non mes seigneurs et dames, ce n’est pas ce que je vous demande. Je ne veux pas que vous
croyiez aveuglément tout ce que je dis, je voudrais tout simplement que vous m’écoutiez.
Robert, tu es mon roi, mais tu es aussi mon ami, si tu m’as demandé d’être ta main, c’est bien
pour une raison non ? Alors je te demande de m’écouter.

- Je t’écoute Ned, et tout ce que j’entends, ce sont des choses absurdes... Les marcheurs
blancs ont disparu il y a des siècles, tout le monde sait ça ...
- JE LES AIS VUS ! Finit par hurler la Main. J’ai vu l’armée des morts, j’ai vu le roi de la
nuit ! Les morts sont là, ils arrivent, l’hiver vient, et si nous ne faisons rien, nous allons tout
perdre et nous allons tous mourir !

- Et même si c’était vrai ? L’interrogea Tywin Lannister. Même si les marcheurs blancs sont
de retour, n’avons-nous pas déjà quelque chose pour lutter contre cela ? Le Mur n’est-il donc
pas censé nous protéger tous de ce qu’il se trouve au-delà de celui-ci ?

N ed et Benjen le regardèrent avec un air abasourdi.

- Alors quoi Lord Tywin, s’exclama Eddard, c’est comme ça que vous comptez régler le
problème ? En ne faisant rien, et en attendant que ça passe, et en priant pour que le Mur
tienne ?

- C’est une attitude qui a plutôt bien fonctionné ces derniers siècles, répondit le seigneur de
Castral Rock avec cynisme, je ne vois pas pourquoi elle ne marcherait pas cette fois non plus.

- Allons au Mur dans ce cas là, lança Oberyn Martell. »

Tout les regards se tournèrent vers lui, et le dornien se contenta de hausser les épaules.

« Allons-y, répéta-t-il comme si c’était une idée parfaitement logique, et constatons cela par
nous-mêmes. Nous saurons alors si Lord Stark dit vrai, et si c’est le cas, hé bien... nous ne
pourrons plus fermer les yeux et prétendre que nous ne savions rien. Et ainsi nous pourrons
nous préparer pour la Longue Nuit à venir.

Pour la première fois depuis le début de la réunion, Lord Eddard Stark desserra les poings.

Puis il hocha la tête.

- Je pense que c’est une chose sur laquelle tout le monde peut se mettre d’accord, fit-il.
- Cela... me semble être une chose parfaitement sensée, renchérit Benjen. Et si jamais il vous
prend l’envie de découper en morceaux quelques marcheurs blancs sur votre passage, hé
bien, la Garde ne dira clairement pas non à un peu d’aide et à quelques bras en plus... »

La décision fut adoptée à la quasi-unanimité (et eut comme avantage de faire taire
Littlefinger), et si Ned fut bien évidemment soulagé, le fait est que ce n’était pas suffisant.

Pas assez rapide du moins...

Le voyage prendrait des semaines, et personne ne semblait réellement prêt à se mettre


immédiatement en route...

Ned Stark jeta un coup d’œil à l’assemblée, qui était constituée du Conseil Restreint, mais
aussi de Tywin Lannister, d’Olenna Tyrell, Oberyn Martell et Ellaria Sand, Catelyn Stark,
Yara Greyjoy, Lysa Arryn, Edmure Tully, Stannis Baratheon (qui était revenu de Peyredragon
exceptionnellement), Roslin Frey et un de ses frères, ainsi que Brienne de Torth...

Ouais, c’était mal barré pour réussir à unir tout ça quand la moitié des gens ici présents
voulait trucider l’autre moitié, surtout suite à la mort suspecte de Jon Arryn.

« Je me doute bien, lança Benjen à ces derniers, qu’aucun de vous ici n’en a grandement
quelque chose à foutre de la Garde de nuit – et en entendant son petit frère jurer ainsi, Ned
fronça les sourcils, avant de réaliser que Benjen était réellement fatigué de se battre dans le
vide, pour des gens qui s’en foutaient clairement royalement, – et que vous jugez nos craintes
absurdes et sans fondements.

Et, comme mon frère vous l’a déjà bien expliqué, cette menace est bien réelle... Et si jamais
c’est le trajet jusqu’au Mur qui vous ennuie, dans ce cas, vous n’avez qu’à attendre que les
marcheurs blancs viennent vous chercher jusque dans votre lit... Par contre, si jamais cela
arrive, ayez la gentillesse de brûler les cadavres de ceux qui seront tombés face à eux, afin
que l’armée des morts ne se retrouve alors pas pourvue de nouveaux soldats à son service...
Ce serait bien aimable de votre part... »
Tout le monde se raidit face à ses paroles, si ce n’est quelques personnes dont Olenna Tyrell,
ainsi qu’Oberyn et Ellaria qui rirent de bon cœur, et deux ou trois autres tâchèrent de garder
un visage sérieux, tout en étouffant un ricanement nerveux.

Il fut donc décidé qu’une expédition au-delà du Mur serait lancée d’ici trois-quatre semaines,
et d’ici là, ils seraient tous logés au Donjon Rouge, forcés de cohabiter les uns avec les
autres et non loin de ceux qui étaient parfois leurs ennemis mortels...

Ouais, en rétrospective, c’était peut-être pas une si bonne idée que ça...

Mais la survie de leur monde en dépendait, alors ils devraient faire avec.

En sortant de la salle de réunion avec sa femme, Eddard ne put s’empêcher de remarquer


que les regards d’Oberyn Martell et Ellaria Sand s’attardaient peut-être un peu trop sur
Benjen pour que ce soit réellement innocent.

Surtout quand on connaissait ces deux-là, mais malgré cela, son petit frère, lui, ne remarqua
absolument rien.

Puis il laissa ça de côté, s’occupant d’organiser la fameuse expédition avec Robert et les
membres de son conseil restreint.

Les choses allaient bientôt changer à Westeros, et il espérait réellement que ce serait pour le
mieux...

A suivre...
Bonus 1 : Bonjour très chère...

- Le Mille-Prompts : 12. Personnage – Mélisandre.

- Le défi des 200 citations de Contes des Royaumes : 96. « Je n'ai pas dit qu'il n'y avait
pas un prix à payer. » « Comment ça ? » « Il y a toujours un prix à payer. »

- Le défi des 45 citations Hunger Games : 21. « Quoi ? Mon psy prétend que je ne dois
pas retenir ce que je pense. Ça fait partie de ma thérapie. »

- Si tu l’oses : 30. Pleine lune.

- Défi des Belles paroles : #31 Deux choses dont je me fous : la vie des gens et l'avis des
gens.

- Toujours plus : Fusionner 5 défis.

Comment Mélisandre a appris l’existence du Sort Noir.

C’était durant la pleine lune, pendant une nuit d’orage que la femme rouge...

Hum, non, ça fait un peu trop cliché, je reprends.

Bref...

C’était durant une journée tout à fait normal que Mélisandre d’Asshai, prêtresse du dieu
rouge, également surnommée la femme rouge, trouva pour la première fois la trace écrite
d’une mention du Sort Noir.
La malédiction qui, si elle était utilisée bien correctement, pourrait peut-être tous les sauver.

Enfin, si les dieux le voulaient.

Le parchemin, très vieux et très ancien, qu’elle avait trouvé quelques temps auparavant,
faisait mention d’un autre monde, loin, très loin du leur, et d’où provenait le sortilège en
question, et un nom y était inscrit également.

Un nom dont Mélisandre n’avait jamais entendu parlé auparavant.

Rumplestiltskin.

En d’autres termes, le Ténébreux, si elle avait bien lu.

Un puissant sorcier, qui, s’il n’avait pas créé le Sort Noir, connaissait ses effets, et la manière
dont il devait être lancé, et ce qu’il fallait faire pour cela.

Ne restait plus qu’à l’invoquer, en espérant qu’il serait coopératif.

Mélisandre prit une profonde inspiration, et se mit à implorer le maître de la Lumière pour
que cet appel au secours fonctionne.

Il était leur dernière chance.

« Rumplestiltskin... Rumplestiltskin... Rumplestiltskin ! »

Et soudain, quelques secondes plus tard, il apparut, et elle le vit.


Et elle sut immédiatement que c’était lui, pour la simple et bonne raison que cet homme
transpirait la magie par tout les pores, encore plus qu’elle ou Thoros de Myr...

Ce ne fut pas vraiment sa peau écailleuse, sa tenue bizarre ou même ses dents pourries qui
attirèrent en premier l’attention de Mélisandre, mais son regard calculateur.

Elle comprit en à peine quelques secondes que ce n’était pas le genre d’homme (enfin, si
c’était bien réellement un être humain..) à avoir comme ennemi si l’on voulait rester en vie
un nombre appréciable d’années.

Le regard de l’immortel se posa sur la prêtresse et il esquissa un sourire amusé.

« Oh, bonjour très chère... Je crois que c’est la première fois que l’on m’invoque dans ce
monde... Et ça ne m’étonne pas, il contient si peu de magie que c’est un miracle si j’ai pu y
entrer, vraiment...

- Vous êtes Rumplestiltskin ! S’exclama Mélisandre, plus comme une affirmation que comme
une question. Celui que l’on appelle le Ténébreux.

- Oui, en effet, c’est moi, Rumplestiltskin, fit-il en faisant en même temps une révérence
exagérément compliquée, au point où elle se demanda s’il ne se moquait pas d’elle. Et vous
êtes ? Une sorcière, je présume...

- Je me nomme Mélisandre d’Asshai, et s’il est vrai que le Maître de la Lumière m’a bel et
bien accordé quelques dons (à ses mots, Rumple leva un sourcil circonspect), je ne pense pas
mériter ce titre. Vous en revanche, vous semblez être pourvu de pouvoirs extraordinaires...
Votre arrivée à elle-seule le prouve.

- Ainsi donc, vous m’avez appelé afin de passer un marché avec moi, c’est ça ?
- Hum... non, dit Mélisandre, un peu perplexe, je veux seulement vous demander votre aide.

- C’est bien ce que je disais...

- Écoutez, je veux seulement savoir comment lancer le Sort Noir ! Rien de plus !

Une lueur d’intérêt apparut dans le regard du sorcier.

- Ah oui ? Et pour quelle raison ?

- Notre monde est en grand péril, les marcheurs blancs nous menacent, ils nous anéantiront
bientôt, et si nous ne fuyons pas grâce à ce sortilège, nous allons tous mourir ! Ou disparaître,
changés en marcheurs blancs également, ce qui revient à peu près au même...

- Oh... Oui, je vois... Et que m’offrez-vous en échange de mon expertise et de mes précieux
conseils ? »

Les yeux de Mélisandre s’écarquillèrent, emplis de surprise et de colère.

« Vous... vous plaisantez, n’est-ce pas ? N’avez vous donc pas entendu ce que je viens de
vous dire ? Mon monde est sur le point de disparaître, sans vous, nous sommes perdus ! Je
connais les effets du Sort Noir, mais en revanche, j’ignore comment le lancer, le parchemin
qui fait mention de cette malédiction n’évoque que deux choses, ses conséquences, et votre
nom... alors je vous en supplie, aidez-nous ! »

Rumplestiltskin prit un air pensif pendant quelques secondes.

« Je n’ai peut-être tout simplement pas envie de vous aider, lança soudainement le
Ténébreux.
- Mais si vous ne le faites pas, nous allons tous mourir, et vous serez celui qui nous aura tous
abandonnés !

- Il y a deux choses dont je me fous, déclara alors Rumplestiltskin, la vie des gens et l'avis
des gens. Puis, alors que Mélisandre le regardait avec surprise, il s’exclama : Quoi ? Mon psy
prétend que je ne dois pas retenir ce que je pense. Ça fait partie de ma thérapie.

- Votre... votre quoi ?

- Laissez tomber... Apparemment, voir le futur n’est pas donné à tout le monde... Qu’ais-je à
gagner si je vous aide ?

- Qu’avez vous à perdre si vous le faites ? Répliqua-t-elle avec acidité.

- Touché, reconnut-il. Je souhaite retrouver mon fils, alors, à moins que vous n’ayez un
moyen sur vous pour que je me rende dans le monde sans magie, je ne pense pas que vous
puissiez m’être d’une grande utilité.

- Si je possédais un tel objet sur moi, fit-elle d’un ton sec, croyez-vous que j’aurais eu besoin
de faire appel à vous ?

- Certes non, mais je ne vous parle pas d’un objet magique aussi puissant que le Sort Noir,
qui peut transporter plusieurs milliers de personnes d’un monde à l’autre, un haricot magique
ne peut, au mieux, transporter qu’une dizaine de personnes...

- Je vais voir ce que je peux faire... »

§§§§

Il se trouvait que oui, étonnement, les haricots magiques existaient à Westeros, seulement,
non seulement ils étaient peu nombreux, mais peu étaient ceux qui savaient à quoi cela
servait.

Et, en voyant l’air de convoitise dans le regard de Rumplestiltskin, Mélisandre s’empara


immédiatement de l’objet, le seul qu’elle avait en sa possession.

Ainsi donc, c’était grâce à ce tout petit objet que viendrait leur salut...

« Vous m’avez fait une promesse...

- Je ne vous ai rien promis du tout... Et je croyais que vous ne vouliez pas passer d’accord ?

- J’ai changé d’avis... Expliquez-moi comment lancer le sortilège, et vous aurez ce que vous
voulez.

Rumple soupira.

Il n’était plus à ça près, non ?

- Très bien... Je vais vous expliquer comment lancer le Sort Noir, quels ingrédients utiliser, et
comment faire si vous ne voulez pas perdre la mémoire... Ce n’est pas pour rien qu’on
appelle ça une malédiction après tout... ajouta-t-il.

- Et, ce sera tout ? Quelques objets à jeter dans un chaudron, des formules à prononcer, et
nous serons transportés dans ce tout nouveau monde ? »

Un sourire retors tordit alors le visage du sorcier.

« Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas un prix à payer.


Mélisandre fronça les sourcils, un peu perdue, enserrant toujours le haricot magique dans sa
main droite.

- Comment ça ?

- Il y a toujours un prix à payer. Surtout en magie.

- J’ai déjà payé ce prix ! S’indigna la femme rouge.

- Oh que non... Vous avez payé pour avoir des informations sur le sortilège, c’est tout à fait
différent... Il y aura quelque chose en plus à faire que simplement marmonner des
incantations et faire bouillir quelques ingrédients, ma chère.

- Quoi donc ? Demanda-t-elle, la gorge nouée.

- Dans mon monde, il faut écraser le cœur de l’être que l’on aime le plus au monde... J’ignore
comment cela se passe ici, mais il faudra que quelqu'un meurt... Voire plusieurs personnes.
Ce sera ça, le prix à payer... »

Elle le regarda gravement, avant de hocher la tête.

Bien... elle pouvait faire ce sacrifice, si c’était pour le plus grand bien.

« D’accord, dit-elle, le poing serré. Quoi d’autre ? »

Rumplestiltskin passa l’heure suivante à lui expliquer tout ce qu’elle devait savoir à propos
du Sort Noir, et quand elle fut sure et certaine de tout savoir, elle lui donna enfin l’objet qu’il
désirait tant avoir.
En le voyant le jeter à terre et disparaître dans un tourbillon de magie verte, elle se dit que,
même si le sortilège ne fonctionnait pas, au moins, elle aurait permis à un père et à un fils de
se retrouver.

Fin du bonus.
Une vie parfaite... (Oh, vraiment ?)
Chapter Notes

- Défi du Mille-Prompts : 45. Personnage – Catelyn Stark.

- Si tu l’oses : 53. Ne pas avoir l'ombre d'une chance.

- Collectionner les POP : Fée Clochette : Une héroïne : Écrire sur Hermione Granger ou
un autre personnage féminin principal.

- Le défi des 200 citations de Contes des Royaumes : 5. Oui, songea la reine. Oui, je suis
belle.

- Le défi des 45 citations d’Hunger Games : 14. « Je ne suis aucune de celles qu'il
voudrait que je sois. »

- Petits Prompts à la Pelle : 5. J'ai été amoureux de quelqu'un qui ne m'aimait pas en
retour, et j'ai été aimé par quelqu'un que je n'aimais pas. Et je ne sais pas lequel est le
pire : être brisé ou briser quelqu'un d'autre.

- Défi des Belles Paroles : #6 Avant de vous diagnostiquer une dépression ou une faible
estime de soi, assurez-vous d'abord que vous n'êtes pas, en fait, juste entouré par des
trous du cul (Sigmund Freud).

- Pick A Card, Any Challenge Card : Five of Diamonds: BONUS GOT : Écrivez sur
Brienne.

Petyr Baelish aimait vraiment sa nouvelle vie.

Et il y avait de quoi.

On pouvait dire beaucoup de choses sur Cersei Lannister, mais certainement pas qu’elle était
une femme ingrate.

Pour son aide accordée à la reine juste avant que la malédiction ne soit lancée, il avait eu
droit à tout ce qu’il avait toujours voulu et plus encore : le pouvoir, une vie luxueuse et
tranquille, le respect de tous, même si c’était un respect teinté de crainte, et surtout...
Catelyn Stark.

Enfin, pas exactement, plus maintenant, elle ne l’avait jamais été dans ce nouveau monde, et
c’était tant mieux (pour lui en tout cas.).

Et, tout comme Lysa Arryn, ex-Tully, était devenue Lysa Stark, Catelyn Stark, ex-Tully, était
désormais plus connue sous le nom de Catelyn Baelish...

C’était bien plus que ce qu’il aurait jamais pu espérer en restant à Westeros, puisque, même si
Ned Stark avait fini par « malencontreusement » périr – dans des circonstances auxquelles il
n’aurait absolument pas pris part, qu’est-ce que vous vous imaginez... – et que, après d’autres
circonstances exceptionnelles, il avait fini par épouser cette chère Cat, hé bien...

Ça n’aurait pas été suffisant.

Et surtout, ça n’aurait absolument rien changé.

Petyr Baelish n’était en rien un idiot ou un naïf, il savait que Catelyn aimait tendrement et
sincèrement Ned Stark, et même s’il faisait tout les efforts du monde, il n’arriverait jamais à
la faire tomber amoureuse de lui.

Sauf que, en vérité, grâce au sortilège, il n’avait eu aucun effort à faire !

La magie avait absolument tout fait pour lui.

Et maintenant, il n’avait plus rien à désirer, pas alors qu’elle était son épouse, et surtout, qu’il
avait la certitude que, grâce au sortilège, elle l’aimait bel et bien, ou du moins, elle le croyait,
et ça lui était parfaitement suffisant.
Il était également l’heureux père de cinq enfants (même si un simple test ADN aurait
démontré le contraire...) et ça aurait été un mensonge que de dire qu’il n’était pas heureux
d’avoir volé sa famille et sa vie à Eddard Stark.

Ce dernier était toujours vivant, et le voir souffrir ainsi était très satisfaisant pour l’ancien
Grand Argentier.

Alors qu’il sortait de la mairie, il passa devant Lysa Stark, qu’il salua brièvement, et repensa
à quelque chose qu’il avait dit à Varys autrefois.

J'ai été amoureux de quelqu'un qui ne m'aimait pas en retour, et j'ai été aimé par quelqu'un
que je n'aimais pas.

Et je ne sais pas lequel est le pire : être brisé ou briser quelqu'un d'autre.

Il n’avait jamais aimé Lysa après tout, et autrefois, Catelyn ne l’aimait pas non plus.

Sauf que maintenant, elle m’aime, ajouta-t-il intérieurement avec un sourire aux lèvres.

Si Catelyn Stark (la vraie Catelyn, pas l’ombre qui avait pris sa place) avait eu son mot à dire
dans cette histoire, elle lui aurait sûrement flanqué son poing dans la figure...

Et les choses n’allaient clairement pas changer pour lui maintenant.

Il n’y avait pas l’ombre d’une chance pour que qui que ce soit brise un jour cette malédiction.

§§§§
Ned Stark s’emmerdait ferme en ce moment, enfin, en règle générale c’était souvent le cas, le
fait est qu’à Kintzheim, il ne se passait pas grand-chose.

Et puis sa propre vie était chiante elle aussi.

Officier de police depuis... il ne savait même plus combien de temps, il travaillait sous le
commandement de types comme Gregor Clegane, qu’il méprisait, ou Jaime Lannister, qu’en
revanche, il admirait.

Ce dernier était en effet connut de tous pour avoir arrêté l’ancien maire de la ville, Aerys
Targaryen, dit « le fou », après que le policier avait réussi à prouver que c’était lui qui avait
tenté de mettre le feu à l’église au cours de la messe, ce qui aurait pu finir en catastrophe si
les pompiers n’étaient pas intervenus à temps.

Sans compter tout les autres crimes qu’il avait été impossible de prouver, la mort de sa
femme, les soupçons de violence conjugale, ainsi que les morts suspectes de Rickard et
Brandon Stark, entre autres choses...

Le vieillard était mort de maladie après seulement quelques mois en hôpital psychiatrique,
pour le plus grand soulagement des habitants de la ville, et Jaime Lannister était depuis
célébré comme un héros.

(Et oui, pas de surnom dégradant de Régicide pour lui dans ce nouveau monde, Cersei y avait
bien veillé.)

C’était de surcroît un policier exemplaire, aimé et respecté de tous, marié à une femme
magnifique, père de trois enfants (dont l’un des trois était quelque peu... perturbé, pour le
moins dire...), en somme, il n’avait vraiment pas à se plaindre.

Bon, certes, il avait finit amputé d’une main quelques années plus tôt en sauvant la vie de
Bran Baelish, qui avait manqué de se faire écraser par une voiture, mais en dehors de ça, tout
allait bien...
Si il y avait bien une chose que Ned Stark ne pouvait pas nier, c’était que Jaime Lannister
était quelqu’un de bien.

En résumé, Jaime était heureux (ou croyait l’être), et Ned était l’une des personnes les plus
malheureuses de la ville (Tyrion lui volait sûrement la palme à ce sujet...).

Et ça se voyait très clairement.

Déjà, Ned Stark était piégé dans un mariage sans amour, certes lui et Lysa avaient un fils,
mais ça ne changeait pas vraiment grand-chose en ce qui concernait leur « bonheur
conjugal ».

Non pas que Jaime en ait quelque chose à foutre, mais bon...

« On dirait que ça ne va pas fort aujourd'hui Stark...

- On ne peut rien vous cacher, Lannister...

- En effet, non... »

Oh, il était mal considéré aussi...

Et il était amoureux de sa belle-sœur en plus du reste, histoire de couronner le tout...

« Qu’y-a-t-il donc Stark ?

- Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?


Le policier haussa les épaules.

- Simple curiosité.

- Je suis seulement déprimé, ça vous va ? J’ai l’impression de ne pas avancer, que tout ce que
je pourrais vouloir faire ne changera absolument rien et sera juste inutile... J’ai le sentiment
de ne servir à rien ici...

- Avant de vous diagnostiquer une dépression ou une faible estime de soi, assurez-vous
d'abord que vous n'êtes pas, en fait, juste entouré par des trous du cul, répliqua
immédiatement Jaime, ce qui eut au moins le mérite de réussir à dérider Ned qui se mit à
ricaner.

- Sur ce plan-là je pense que je suis plutôt épargné... Si l’on excepte Gregor Clegane bien
sûr...

Jaime grinça également des dents, comme son collègue, ne pouvant nier que personne
n’appréciait « la Montagne », mais bon il était leur chef, alors ils ne pouvaient pas dire grand-
chose contre lui...

- Ouais, là je vais pas vous contredire sur ce point... Puis, l’officier posa son regard sur son
téléphone portable, avant de lancer : Je dois y aller, et de partir comme si il avait le diable aux
trousses. »

Non loin d’eux, Brienne Torth, une autre de leurs collègues, ne put s’empêcher de lever les
yeux au ciel.

« Vous savez qu’il est parti la rejoindre...

- Et alors ? Répondit-elle. Notre journée de travail est presque finie, il ne nous reste plus
grand-chose à faire, et il fait ce qu’il veut, ce ne sont ni mes affaires, ni les vôtres, rétorqua-t-
elle presque avec agressivité.
- Je pense que vous méritez mieux.

- Mériter quoi ? J’aime un homme marié qui ne m’aime pas, fin de l’histoire, et je pourrais
vous dire la même chose.

Ned se figea et fronça les sourcils.

- Que... Comment ?

Brienne le regarda en mode : bordel, mais t’es tellement transparent mec, et avec un air blasé.

- Laissez tomber, vous n’en parlez pas, je n’en parle pas non plus, et tout le monde sera
heureux... enfin non mais vous voyez l’idée... »

Elle se tut soudainement en entendant le téléphone du commissariat soudainement sonner.

« Commissariat de Kintzheim j’écoute.

- Ah merde, j’espérais tomber sur Jaime... Bon ben tant pis, je vais faire avec.

Brienne fronça alors les sourcils en entendant la voix de Bronn Néra, le tenancier du bar du
« Dragon Quincaille », un des bars les plus prospères de la ville.

- Bronn, qu’est-ce que... Puis, elle comprit instantanément. Oh... c’est encore Tyrion, n’est-ce
pas ?

- Ouais...
- Mais... il est trois heures de l’après midi !

- Je sais mais bon... tu sais bien comment il est...

- Que s’est-il passé cette fois ?

- Il a encore été viré... ou il a pas été embauché, je sais plus exactement, ses propos étaient
plutôt confus, enfin, comme d’habitude dans ces quarts d’heure là... En bref, il va pas bien, il
est bourré et il ferait peur à mes clients si y en avait encore à cette heure-là... Enfin il fait peur
à Podrick en tout cas...

Ah oui, et il refuse de décarrer aussi, je lui ai menacé trois ou quatre fois de vous appeler,
mais il refuse toujours de partir. Je l’ai déjà viré de mon bar par la peau du cul plusieurs fois,
mais j’ai la nette impression qu’une bonne nuit en cellule de dégrisement lui fera le plus
grand bien. Alors ?

- J’aurais aimé quelque chose de plus prestigieux, mais bon... Okay, on arrive.

- Si tu peux choper son frangin en même temps sur le chemin, ce serait bien...

- Je promets d’essayer... Mais, par contre, t’es pas censé arrêter de servir tes clients quand il
devient évident que ceux-ci commencent à avoir beaucoup trop de grammes d’alcool dans le
sang, au point qu’ils deviennent dangereux pour eux-même et les autres ?

- Moi oui, je le sais, mais Pod a pas encore appris à lui dire non... Donc on en arrive à cette
situation là, désolé.

- Je vois... On arrive. »
§§§§

Port-Réal, quelques semaines avant la malédiction.

« Nous attendions votre arrivée avec impatience, ma reine, déclara Littlefinger avec une voix
doucereuse en la voyant entrer, non pas dans le Donjon Rouge, mais dans un des nombreux
bordels du proxénète. »

Et elle devait reconnaître que c’était une très bonne idée, personne ne songerait jamais à les
chercher ici.

Surtout pas s’il s’agissait de la reine elle-même...

« Lord Baelish, le salua-t-elle avec politesse. En espérant que la réunion sera fructueuse...
quant à l’avancée de nos projets.

- Oh, mais elle le sera, n’en doutez pas. »

En voyant sa réflexion dans le miroir, elle se surprit à se demander à quoi elle ressemblerait
une fois que le sortilège serait lancé.

Une seule chose ne changerait pas en tout cas.

Sa beauté.

Oui, songea la reine en se regardant d’autant plus. Oui, je suis belle.

Et personne ne viendrait pour prendre ce qui était à elle.


Elle salua également les autres comploteurs, avant de prendre place.

« Bien... Commençons. »

§§§§

Port-Réal, quelques années plus tôt.

Catelyn avait profondément envie d’étrangler sa sœur.

Lysa était, de base, insupportable, cela, la dame de Winterfell ne pouvait pas le nier, et la
voir ainsi, autant changée depuis la dernière fois qu’elle l’avait vue, quelques années plus
tôt, était proprement terrifiant.

Oui, Jon Arryn était mort, oui c’était peut-être un coup des Lannister, mais contrairement à
Lysa, Catelyn – maintenant que son époux avait prouvé l’existence des marcheurs blancs –
était suffisamment pragmatique pour comprendre qu’il fallait attendre que les morts-vivants
soient enfin vaincus pour régler cette affaire.

Pas Lysa.

Celle-ci restait toujours fixée sur la même note, la même obsession, et en regardant ce qu’elle
était devenue, cette femme à moitié folle, bien loin de la gamine insouciante qu’elle était
autrefois, Catelyn sentait son cœur se serrer.

Elle ne ressemblait plus à sa sœur...

Que lui était-il donc arrivé ?


« Les Lannister ont tué mon époux, ils méritent la mort pour cela et...

- Oh par pitié, par les sept Lysa, tais-toi !

Sa sœur la regarda avec surprise et choc.

- Mais que...

- Tu me dis que les Lannister ont assassiné ton époux, et que ta vie et celle de ton fils sont en
danger, et je ne remets pas ta parole en cause, seulement, depuis mon arrivée à Port-Réal, ils
n’ont eu absolument aucun geste suspect à votre égard. Je ne pense pas que Tyrion Lannister
y soit mêlé, et au sujet de son frère et de sa sœur, je ne crois pas non plus qu’il soit dans leur
intérêt de s’attaquer à toi.

- Qu’est-ce que tu en sais ?

- Je n’en sais rien... Seulement, je sais que nous sommes tous en grand danger. Et que nous
devons faire la paix, provisoirement du moins, afin de réussir à détruire les monstres qui nous
menacent. Les vrais monstres.

- Et eux alors ? Ils vont essayer de nous tuer Cat !

- Oh pour l’amour de... Est-ce que c’est ce que tu veux Lysa ? Tu veux la justice et la
vengeance, et soit, tu les auras un jour, peut-être, si il s’avère que tu as raison au sujet des
Lannister... Mais je t’en supplie, ouvre les yeux ! Les marcheurs blancs arrivent, l’hiver vient,
et si nous restons coincés sur nos querelles personnelles, nous allons perdre ! Est-ce que c’est
réellement ce que tu veux ? Que ton fils se fasse geler par l’un d’entre eux, qu’il devienne
l’un d’entre eux, ou qu’il meurt ? »

L’horreur apparut dans les yeux de la veuve.


« Je... je ne...

- Pardon Lysa... je ne voulais pas te hurler dessus, seulement...

- Je n’ai jamais été heureuse tu sais... murmura Lysa, les larmes aux yeux, mais semblant
malgré tout désormais bien plus calme.

Catelyn fronça les sourcils.

C’était comme si la mention de son fils avait été largement suffisante pour la faire se
réveiller, comme si le danger que celui-ci risquait de courir lui avait fait ouvrir les yeux.

- Pardon ?

- Toi tu as... tu as tout. Tu es une dame respectée, tu as un époux qui te respecte et tient à toi,
tu as une grande famille... Moi... mon fils est malade, fragile, et je... Ça fait tellement
longtemps que je... Je n’ai jamais voulu épouser Jon Arryn, lâcha-t-elle brutalement.

- Tu crois que j’ai choisi mon époux peut-être ?

- Toi tu as eu de la chance... Et toi, Père n’a jamais... il ne t’a jamais...

- Qu’est-ce que Père a à voir avec tout ça ?

Les mains de Lysa tremblaient.


- Je suis jalouse de toi depuis tellement longtemps... J’ai toujours voulu avoir une grande
famille, connaître le grand amour, et... et je n’y ai jamais eu droit.

- Pourquoi as-tu parlé de Père ? Redemanda Catelyn.

- Je suis tombée amoureuse de Petyr Baelish... Je pense que tu le sais déjà, mais ce que tu ne
sais pas, que tu n’as jamais su, c’est que je suis tombée enceinte... avant d’épouser Jon
Arryn. Et Père, il... il m’a...

Elle ne put jamais finir sa phrase.

- Mais tu n’as jamais... Puis, soudainement, Catelyn Stark réalisa ce que cela impliquait, et
ses yeux s’écarquillèrent d’horreur. Oh, Lysa... murmura-t-elle avec désolation.

- Il m’a obligée... Hoqueta Lysa en sanglotant, je ne voulais pas faire ça , je ne voulais pas...
Mais il m’a dit que si je gardais ce bébé, jamais personne ne voudrait m’épouser parce que
je... j’aurais perdu mon honneur, et j’ai dit oui, et ce n’est pas ce que je voulais, et depuis
plus rien n’a jamais été pareil, et je t’ai haï Cat, je t’ai tellement détesté parce que tu avais
tout et que moi je...

- Alors... c’est pour cela que Robin est aussi malade ? Qu’il est aussi chétif ? Et toutes tes
fausses couches...

- Oui... Oui Cat, tout vient de là ! Et j’ai aimé Petyr, crois-moi, je l’ai aimé tellement fort et je
l’aime toujours, mais ça ne change absolument rien ! Parce que... qu’il t’aime toi ! Ça a
toujours été à propos de toi...

Comment voudrais-tu que je puisse me faire une place dans ces conditions ? Je ne suis pas
toi, je n’ai jamais été toi et je... Je ne suis aucune de celles qu'il voudrait que je sois, en
vérité. Et surtout, je ne suis pas toi.
- Je n’aime pas Petyr Baelish, et tu le sais. Et je ne pense pas qu’il m’aime réellement, il
aime seulement celle que j’étais autrefois, l’idée de moi, en un sens.

- Ce ne serait jamais moi en somme... Je veux dire... Il ne m’aimera jamais et... Robin est tout
ce qu’il me reste désormais... Et je n’ai pas envie de le perdre Cat. Je pense que tu as
raison. »

C e n’était pas la vérité, pas encore, ou du moins, elle n’y croyait pas réellement.

Il était bien plus simple de faire semblant d’enterrer sa colère que d’avouer tout ce qu’elle
avait commis d’affreux, et si elle continuait à accuser les Lannister, sa sœur finirait par avoir
des soupçons.

Jamais elle n’avoua à sa grande sœur que c’était elle qui avait tué Jon Arryn.

Elle ne savait que trop quelles conséquences entraînerait cet aveu.

Et elle avait toujours cet espoir insensé, au fond d’elle-même, qu’un jour, Petyr lui
retournerait ses sentiments, et qu’elle serait un jour heureuse avec lui.

Oh, dieux...

Qu’elle était stupide.

Ce n’est que plus tard, bien plus tard, qu’elle finirait par le comprendre...

A suivre...
Sauvetage raté.
Chapter Notes

- Couple du 23/10/2020 : Cersei / Jaime (GOT)

- Mot du 28/07/2020 Malédiction

- Couleur du 23/09/2020 : Rouge

- Fandom du 12/06/2020 : Games of Throne

- J – Jaime Lannister

- Défi couple 333 Cersei / Jaime

- Défi 13 de Sarah et Voirloup : écrire du angst et du fluff dans le même texte

- UA challenge 51 : Moderne!UA

- Prompt d'amour 31 : « Je t'aime »

- Prompt 120 : « Je t'aime »

- Célébrité du 30/12/2020 : Nikolaj Coster-Waldau

- Lieu du 05/09/2020 : Planète Terre

- Personnage du 09/11/2020 : Jaime Lannister (GoT)

- Livre de la semaine du 24/11/2020 au 30/11/2020 : Game of Thrones de George R. R.


Martin

- Personnage 1 Jaime Lannister

- Fusion : Fusionner 15 défis.

Brienne détestait profondément cette situation, Jaime était son collègue, son partenaire, ils
étaient censés travailler ensemble, de concert, et lui, il partait du commissariat en pleine
journée de travail pour aller baiser sa femme…

Le fait d'être le mari de la mairesse devait lui accorder beaucoup de passe-droits, faut
croire…
Elle secoua la tête et tenta de chasser toutes ces pensées parasites, elle soupira et frappa à la
porte de la grande maison des Lannister.

Et alors qu'elle aurait probablement dû ressentir une certainement satisfaction à l'idée de les
interrompre en pleine action (elle n'était ni naïve ni stupide, elle savait très bien ce qu'ils
étaient actuellement en train de faire), elle ne ressentit que de la tristesse et de l'amertume.

Jaime Lannister ne l'aimait pas et ne l'aimerait jamais, elle devait se faire une raison, c'était
Cersei son grand amour, et certainement pas elle…

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit sur un Jaime Lannister habillé mais décoiffé, et
la policière eut un pincement au cœur.

Elle se demanda si Cersei savait.

Oh, bien sûr que la mairesse savait, évidemment, et si elle avait été paranoïaque, elle se serait
probablement dit que cette dernière profitait de la moindre occasion pour la narguer le plus
possible.

(C'était le cas, bien entendu…)

« Brienne ? Lui demanda-t-il, semblant sincèrement surpris de la voir. Qu'est-ce qu'il se passe
?

- C'est Tyrion, se contenta-t-elle de dire, et il comprit instantanément ce qu'elle voulait dire


par là, et son visage se ferma.

- Oh… Je vois… Il a recommencé ?

Ce n'était ni la première, ni la dernière fois que ce genre de chose arrivait, et à chaque fois, il
espérait que son petit frère saurait se reprendre, remonter la pente et s'en sortir, mais pour
l'instant, c'était un échec complet.

Elle acquiesça et il soupira.

- Très bien, je finis de me préparer, j'en ai pour cinq minutes… »

Elle hocha la tête, l'attendant dehors, tandis qu'il retournait dans sa chambre où se trouvait
Cersei, qui haussa un sourcil interrogatif en le voyant rentrer.

« Qui est-ce ? Demanda-t-elle, curieuse.

- Brienne, répondit-il, manquant la lueur d'amusement mesquin qui apparut dans le regard de
sa jumelle, elle est venue me chercher à cause de Tyrion.

La blonde se mit à sourire, chose qu'une nouvelle fois, Jaime ne vit pas, un sourire qui
cependant était teinté d'un sentiment d'échec, si elle avait pu faire en sorte de ne plus être la
sœur de Tyrion dans ce monde, elle n'avait en revanche pas réussi à le détacher de Jaime.
Et surtout, elle n'avait pas pu effacer l'amour fraternel que l'ancien chevalier avait pour leur
frère, et c'était sans doute ça sa plus grande défaite.

Apparemment, quel que soit l'univers, Jaime tiendrait toujours à Tyrion…

Mais elle avait effacé pour de bon son amour pour Brienne, c'était déjà ça.

(Elle avait effacé l'amour tout court, lui avait arraché le cœur, avait changé tout ce qu'il était
au plus profond de lui-même, l'avait rendu vide sans même qu'il s'en rende compte, ce n'était
pas vraiment la même chose…)

- Tu devrais le laisser là où il est, soupira-t-elle, j'ai le sentiment qu'à ce stade, il est


définitivement irrécupérable…

Jaime leva les yeux au ciel.

- Peut-être Cersei, mais il reste mon frère, alors je vais continuer d'essayer de faire en sorte
qu'il aille mieux… On se voit ce soir, je t'aime. »

Et, lorsqu'il l'embrassa, elle eut une nouvelle fois le plaisir d'avoir la certitude qu'elle
avait gagné.

§§§§

« Je suppose que c'est Bronn qui t'a prévenue ? Lui dit Jaime, comme si rien ne s'était passé,
et il lui sut grée de ne pas avoir fait le moindre commentaire sur la situation.

(Et peut-être ressentit-il une vague de chaleur là où son cœur aurait dû être, et qui aurait été
beaucoup plus puissante si ce dernier avait été à sa place.)

- Exact, il m'a appelée pour qu'on vienne le chercher, puisqu'il ne m'a pas rappelée, ni envoyé
de message, je suppose que pour l'instant, les choses n'ont pas dégénéré… Pas encore du
moins. »

En voyant l'état dans lequel son frère était, et surtout, à quel point il avait l'air misérable, il ne
put s'empêcher de soupirer.

Ça allait être une longue, très longue journée.

§§§§

Il hurlait.

Il hurlait, il criait de douleur, il hurlait encore et encore, comme s'il était à l'agonie, ses
hurlements résonnaient dans tout le Donjon rouge, et elle ne pouvait pas l'aider.

Jamais, au grand jamais Brienne ne s'était sentie aussi inutile de sa vie, elle n'aurait pas dû
le laisser partir, elle ne savait pas ce que Cersei (c'était Cersei, forcément, qui cela aurait-il
pu être d'autre ?) était en train de lui faire subir, mais ça devait être abominable pour le faire
réagir comme ça.
Elle courut, courut le plus vite possible, serrant les dents à chaque pas qu'elle faisait en
regardant les gens et leur détresse visible, surtout maintenant que le meurtre du roi Robert et
la traîtrise de la reine Cersei étaient connus de tous.

Mais de toute façon, c'était leur seule chance de survie, c'était ça ou se faire définitivement
annihiler par les marcheurs blancs.

L'oubli, ou la mort, ils n'avaient guère d'autre choix…

Elle aurait aimé avoir plus de temps, ne pas avoir à passer ses derniers instants à Westeros,
en possession de ses souvenirs, à se battre pour sauver l'homme qu'elle aimait de sa terrible
sœur, elle aurait voulu rester avec lui, et se préparer pour la suite, et profiter de ce qu'il leur
restait avant qu'on ne leur vole tout ça.

Pas courir au sein du Donjon Rouge, loin de lui, en sachant pertinemment que sa mémoire
lui serait bientôt arrachée d'ici quelques secondes et qu'elle allait absolument tout perdre.

Elle n'avait jamais voulu que ça se termine comme ça, mais de toute façon, quand les Dieux
avaient-ils jamais tenu compte de ses désirs et de ses rêves exactement ?

Et en un sens, cela en valait-il seulement la peine, cette course effrénée alors qu'ils n'avaient
plus assez de temps, et qu'elle savait en son cœur qu'elle ne pourrait pas le sauver à temps ?

Oui, bien sûr que ça en valait la peine, Jaime vaudrait toujours la peine qu'elle se batte pour
lui.

La porte était verrouillée, bien entendu, et il hurlait toujours, et la chevaleresse sentit son
sang bouillir dans ses veines, la colère l'animant comme jamais auparavant.

Oh, que les dieux la pardonnent, si Cersei avait osé faire du mal à Jaime d'une quelconque
façon, elle le lui ferait payer !

(Mais comment ? Lui susurra son esprit avec amertume. Comment pourrait-elle se battre
contre la Lannister si elle ne se souvenait même plus de ce que celle-ci avait fait ni même de
pourquoi elle la détestait si fort ?

Elle avait perdu, ils avaient tous perdu, elle devait bien se faire une raison…

Et pourtant, et pourtant, la guerrière en elle avait envie de continuer à lutter, quant bien
même absolument tout était perdu, et si elle avait vu le cœur rouge palpiter dans la main de
Cersei, aurait-elle voulu continuer ou au contraire se serait-elle effondrée ?

C'était une chance qu'elle ne sache pas ce qui était en train de lui arriver, vraiment, sinon,
elle aurait très certainement hurlé comme Jaime était en train de hurler lui aussi.)

Elle frappa à la porte, de toutes ses forces, et hurler le nom du chevalier n'y changea rien, et
la porte ne voulait pas s'ouvrir, quels que soient ses efforts, et…

C'est là qu'elle comprit, comme Jaime l'avait fait quelques secondes plus tôt.
Trop tard, trop tard, il était trop tard…

Il avait toujours été trop tard de toute façon, la malédiction arrivait sur eux, la porte était
fermée, trop massive pour qu'elle puisse l'ouvrir, et elle allait le perdre.

Ce n'était pas ce qu'elle voulait, ce n'était pas ce qu'elle voulait pour eux, ce n'était pas la fin
qu'elle s'était imaginée, alors même que leur histoire n'avait presque pas eu le temps
d'exister, elle allait le perdre, l'oublier, être séparée de lui et lui d'elle, et ce n'était pas juste !

Elle vit la fumée violette commencer à recouvrer lentement les lieux, et se retint à grand-
peine de ne pas pleurer, avant de fermer les yeux.

Et, le cœur en morceaux, elle sentit tous ses souvenirs se dissoudre dans l'air et être
remplacés par d'autres, entièrement mensongers et faux, tandis qu'ils étaient eux-même
transportés dans un autre monde, où ils seraient condamnés à souffrir pour toujours alors
que le sort était supposé être une nouvelle chance pour eux tous.

Cersei, dans sa cruauté et son égoïsme, en avait décidé autrement…

Elle sentit son cœur se fissurer quand elle réalisa qu'elle n'avait même pas pu le serrer dans
ses bras une dernière fois…

Elle ressentit une triste consolation en se disant qu'au moins, d'ici quelques secondes, elle ne
se souviendrait même plus de pourquoi elle souffrait.

§§§§

« J'imagine que tu es sobre maintenant ? Lança Jaime à son petit frère d'un ton sec, et ce
dernier acquiesça, bien que semblant encore avoir mal au crâne, il avait l'air d'être lucide.

- J'ai connu mieux, fit le nain, mais j'ai aussi connu pire je crois…

- Merveilleux, ironisa le policier, dans ce cas-là tu vas pouvoir répondre à ma question…


Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Tu le sais très bien Tyrion, ne fais pas l'innocent… Pourquoi est-ce que tu asencorebu au
point de presque oublier ton propre nom ? Bronn et Brienne ont été plutôt évasifs à ce sujet…

L'ancien avocat soupira.

- J'ai été viré… Avoua-t-il avec une amertume plus que perceptible dans sa voix.

Son grand frère sursauta, avant de soupirer en lui lançant un regard désapprobateur.

- Tyrion… C'est la troisième fois ce mois-ci !

(Ce n'était pas vrai, ce n'était pas leur monde, rien de tout ça n'était vraiment arrivé, et le
temps tournait à l'envers, mais ça, ils ne pouvaient pas le savoir.)
Le nain leva les bras en l'air, l'air de dire qu'il n'y pouvait rien.

- Oui Jaime, je sais ! Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise, ce n'est pas de ma faute si
même les archives ne veulent pas de moi !

Oh, bien sûr, ils savaient tous les deux pourquoi personne ne voulait le garder comme
employé et finissait toujours par le virer au bout d'un moment, mais bien entendu, ils n'en
parlèrent pas, parce que c'était plus simple d'ignorer le problème que d'essayer de le
résoudre…

Enfin bon, il y avait aussi…

- Je suis sûr que c'est Cersei qui est derrière tout ça… marmonna-t-il avec rancœur et colère.

Le blond ne put se retenir de lever les yeux au ciel face à cela.

- Tyrion… Arrête je t'en prie, je sais que tu la détestes, et qu'elle te le rend bien, mais… Elle
n'y est pour rien, je te l'assure.

- Ouais, tu parles… lui rétorqua l'alcoolique. Ta femme me hait comme elle n'a jamais haït
personne, et elle n'arrête pas de vouloir me pourrir la vie, de qui crois-tu que ça pourrait bien
venir ?

Jaime soupira une nouvelle fois, profondément fatigué par la situation.

Son frère et sa femme étaient (avec ses enfants bien sûr, et le reste de sa famille) les
personnes qu'il aimait le plus au monde mais vraiment, il y avait des moments où ils
l'épuisaient tous les deux (et Cersei n'était franchement pas mieux).

- Quant bien même… tu crois réellement que c'est une raison valable pour te bourrer la
gueule à une heure pareille ?

- J'imagine que c'est ma façon de gérer l'échec…

- Y en a des plus efficaces et des plus saines, tu crois pas ? Ta psychiatre, là, je sais plus son
nom… ah oui voilà, Ros ! Tu ne vas plus la voir ?

- J'ai plus assez d'argent pour aller la voir… Lui rétorqua piteusement son frère.

Oui, c'est sûr que si tu dépenses ton fric en alcool, ça doit pas aider… Pensa-t-il, retenant ses
paroles malgré tout pour ne pas blesser son égo.

- Pourquoi tu m'en as pas parlé, j'aurais pu t'aider !

Son frère éclata de rire.

- Tu me crois réellement assez pathétique pour venir te quémander de l'argent ?

Le policier regarda alors son petit frère, toujours en cellule de dégrisement, et il ressentit un
pincement au cœur qu'il n'avait pas.
- Là tout de suite tu m'as l'air de l'être assez oui.

Tyrion marmonna quelque chose qu'il n'entendit pas.

- Peut-être, continua-t-il, mais j'ai toujours ma fierté !

- Ta fierté ne va pas te sortir de là tu sais…

- Ouais, je sais… Je suis désolé, vraiment, tu mérites mieux qu'un frère comme moi…

Jaime secoua la tête.

- Ne dis pas n'importe quoi, tu es le meilleur frère que j'aurais jamais pu rêver d'avoir, il faut
juste que… que tu règles ce problème, et ça prendra du temps, mais je te le promets, un jour,
ça ira mieux !

- Si tu le dis… fit-il sans grande conviction. »

Le policier resta dans la pièce à discuter avec lui, essayant de lui remonter le moral, mais bien
conscient que les choses ne seraient pas aussi simples qu'il l'espérait…

§§§§

Ailleurs, quelque part dans le vaste monde qu'était le monde sans magie, sans que personne à
Kintzheim ne s'en rende compte, Yara Greyjoy ouvrit brusquement les yeux.

A suivre…
Recoller les morceaux.

Yara Greyjoy n'aimait pas du tout la manière dont les choses étaient en train de tourner.

Et par « ne pas aimer », elle voulait surtout dire qu'elle détestait profondément la situation
actuelle, qui lui donnait tout bonnement envie de hurler.

Ils allaient perdre.

Ils allaient perdre en croyant gagner, ils allaient tous perdre la mémoire en espérant gagner
un futur sûr et sans danger, tout ça parce qu'une poignée de gens était assez égoïste pour
vouloir s'approprier le pouvoir dans ce monde qu'aucun d'eux ne connaissait.

La jeune fer-née faillit se mettre à éclater de rire, un rire sombre, douloureux, presque
hystérique.

Ils auraient dû passer les jours suivant leur arrivée dans cet autre monde à essayer de le
découvrir, y faire leur premiers pas, en apprendre le fonctionnement, s'y acclimater et
savourer la fin de leur combat contre les marcheurs blancs.

Pas regretter leurs souvenirs disparus sans même savoir ce qu'ils avaient perdu et oublié !

La seiche serra les poings, tentant de se calmer, bien consciente qu'elle était qu'elle risquait
plus de se faire mal qu'autre chose si jamais elle décidait d'exprimer sa colère en flanquant
ses poings dans le mur le plus proche.

En clair, c'était tout sauf une bonne idée, et elle le savait bien, sans compter que le
soulagement qui allait en résulter ne serait que temporaire et qu'il serait très rapidement
remplacé par la douleur .

Et c'était bien ce qu'il lui faisait peur d'ailleurs, le fait que cette fois, elle ne pourrait pas
régler les choses à la force de ses poings, de sa hache ou de son épée, parce que la menace
était intangible, magique, et que personne ne pouvait l'arrêter.

Elle était tout bonnement impuissante, et ça la rendait malade, folle de rage même.

Puis, quelques secondes plus tard, alors qu'elle était toujours perdue dans ses pensées, elle
aperçut finalement une chevelure rousse qu'elle ne connaissait que trop bien, qui appartenait
à une louve qu'elle avait appris à connaître durant ces sept dernières années.

Sansa Stark.

La femme qu'elle aimait.

La femme qu'elle allait perdre.

La femme qu'elle allait oublier.


Son cœur se serra dans sa poitrine.

Ce foutu Sort Noir allait lui voler son bonheur, son existence tout entière, et elle ne pouvait
absolument rien y faire.

Que le destin était cruel envers elle tout de même.

« Sansa ? Que fais-tu ici, pourquoi n'es-tu pas avec ta famille ?

La louve, malgré la peur pourtant clairement visible sur son visage (et Yara ne pouvait
définitivement pas la blâmer pour ça, parce qu'elle aussi, toute guerrière et souveraine
qu'elle était, elle était tout bonnement terrifiée), se força à lui sourire et courut vers elle pour
aller se réfugier dans ses bras.

La jeune femme la serra contre elle, comprenant parfaitement le sentiment de panique et de


désespoir qui animait actuellement sa compagne.

- Je… je suis juste venue te voir pour te dire au revoir, puisque… puisque c'est la dernière
fois qu'on se voit.

Yara secoua la tête avec obstination pour montrer son désaccord avant de prendre son visage
dans ses mains avec douceur.

- Non… Non mon amour, pas la dernière fois, ce ne sera pas la dernière fois, je te le
promets… Nous nous reverrons un jour toutes les deux, quel que soit l'endroit où ce sortilège
nous enverra, et alors… Nous nous retrouverons un jour et nous nous reconnaîtrons malgré
l'oubli… Un jour nous nous souviendrons de qui nous sommes vraiment. C'est une promesse.

Elle ne savait pas quand, elle ne savait pas comment, elle ne savait pas non plus si ça
arriverait jamais, si la malédiction serait un jour bel et bien brisée, si elles pourraient se
libérer pour de bon de cet enfer, mais elle se devait de rester forte.

Elle se devait de ne pas flancher, de donner de l'espoir à celle qui semblait ne plus en avoir,
elle se devait d'être là et d'espérer pour elles deux, même si elle-même n'avait plus réellement
d'espoir quant à leur avenir.

Elle se devait aussi de croire qu'elles, ce qu'elles étaient, ce qu'elles avaient construit au fil
des ans, malgré la méfiance des débuts, cela voulait dire quelque chose, cela comptait,
c'était important.

(Ça ne serait pas réduit en cendres en même temps que leur liberté.)

- Je te fais confiance, lui fit Sansa en souriant de façon plus sincère cette fois, et Yara dut se
contenir de toutes ses forces pour ne pas se mettre à pleurer. »

Alors pour ne pas pleurer et oublier qu'elle allait bientôt la perdre et l'oublier, elle se mit à
l'embrasser comme si c'était la dernière fois qu'elle l'embrassait, et comme si son monde était
sur le point de s'effondrer pour toujours.

Ce qui, malheureusement, était parfaitement vrai.


Alors elle l'embrassa de toutes ses forces, et maudit la malédiction.

(Elle ne savait pas encore qu'elle allait bientôt elle-même subir en quelque sorte
une autre forme de malédiction.)

§§§§

« Lady Greyjoy ? »

Sansa était retournée auprès de sa famille, Theon était également avec les Stark, auprès de
Robb surtout (et son cœur à elle aussi saignait, parce que son frère allait lui aussi perdre
l'homme qu'il aimait, et ça non plus ce n'était pas juste), et Yara avait décidé d'agir.

Puisque Mélisandre ne pouvait absolument rien faire pour les sauver, alors elle était allée
voir l'autre personne susceptible de faire quelque chose, même si ce quelque chose n'était
rien comparé à la malédiction elle-même.

Elle devait faire quelque chose pour croire pendant encore quelques minutes, même si c'était
parfaitement illusoire, qu'elle était encore capable de faire quelque chose pour protéger sa
famille et les gens auxquels elle tenait.

Celui qui venait de s'adresser à elle était Thoros de Myr, un autre prêtre rouge au service du
maître de la Lumière, comme l'était Mélisandre, mais il était apparemment moins puissant
qu'elle, c'était pour ça qu'il n'avait pas participé au rituel de sacrifice qui allait lancer le
sortilège sur les Sept Couronnes et sur Essos.

Et c'était peut-être cela qui pourrait les aider à limiter au moins un peu les dégâts.

Peut-être.

Elle avait envie d'y croire dans le fond, même si elle ne croyait absolument plus en rien du
tout là tout de suite.

Elle avait envie de croire qu'il y avait une autre alternative à l'hiver éternel que l'oubli
complet de tout ce qu'ils avaient jamais pu être et connaître dans cette vie, elle refusait de
penser une seule seconde que tout ce qu'elle pourrait essayer de faire serait au final
complètement vain.

Elle le salua.

« Que faites-vous ici ? Lui demanda-t-il alors.

- Les rumeurs sont-elles vraies ? L'interrogea-t-elle à la place. Ce que j'ai entendu, au sujet
de la malédiction, est-ce que… est-ce que nous allons vraiment perdre la mémoire ?

Le prêtre hocha la tête, et elle fit tout ce qu'elle put pour ne pas s'effondrer.

- Je suis désolé, sincèrement, mais… Il n'y a rien que je puisse faire.

- Rien ? Absolument rien, rien du tout ? Êtes-vous sûr et certain d'avoir tout essayé ?
Il se figea pendant quelques secondes, semblant presque hésitant, avant de soupirer.

- Il y a… Il y a peut-être un moyen, admit-il finalement, seulement… La personne qui serait


prête à s'y risquer devrait être sacrément courageuse… ou complètement suicidaire.

- Je peux être cette personne ! Affirma-t-elle avec aplomb. De toute façon, nous n'avons, vous
et moi, plus grand-chose à perdre, vous ne trouvez pas ? Et nous n'avons guère d'options de
disponibles.

Il acquiesça.

- De quoi s'agit-il alors ?

- Je n'ai pas le même degré de puissance que la prêtresse Mélisandre, mais j'en aurais peut-
être assez pour envoyer une personne dans cet autre monde… Sans avoir à passer par la
malédiction.

Les yeux de la fer-née se mirent à briller, emplis d'espoir.

- Attendez… Vous voulez dire qu'il est possible d'ouvrir un passage ? Moi par exemple, je
pourrais… y aller ? Seule ? Sans perdre mes souvenirs ?

- Oh, croyez-moi Yara, ce n'est pas ce que vous voulez… Fit Thoros avec une mine sombre.

- Pourquoi cela ? Qu'est-ce que vous en savez ? S'il y a une chance, ne serait-ce qu'une petite
chance, que je puisse réussir à aider en passant par ce passage, alors je me dois de la saisir !

- C'est justement là tout le problème ! Écoutez, on ne sait absolument rien de ce monde, et si


le sort ne marchait pas ? Et si il y avait un dysfonctionnement, ou un problème, et que vous
mouriez en chemin ?

- Les marcheurs blancs nous menacent encore, notre seule option est la fuite, et toute façon,
rien ne nous dit que la malédiction elle-même va marcher de toute façon ! Je suis prête à
courir le risque… Alors ?

- Ce n'est pas ça l'unique problème ma dame… Il y a aussi le fait que vous atterririez seule
dans un monde dont nous ne savons absolument rien, que vous serez seule, sans la moindre
ressource, et la magie est capricieuse. Vous pourriez tout aussi bien atterrir à quelques pas
de l'endroit où nous serons envoyés qu'à l'autre bout du monde ! Et dans ce cas-là, comment
nous retrouverez-vous ? En admettant que nous-mêmes nous soyons tous envoyés au même
endroit.

- Je ne sais pas… Lui rétorqua-t-elle. Mais une chose est sure, je n'abandonnerai pas. Je
vous retrouverai tous un jour, ça me prendra le temps qu'il faudra, mais j'y arriverai.

- Très bien, répondit-il finalement après quelques secondes de réflexion. Mais vous ne
pourrez pas dire que je ne vous aurais pas prévenue… »

§§§§
En un sens, Thoros de Myr n'avait en fin de compte pas eu si tort que ça.

Yara se sentait effectivement complètement perdue en ouvrant les yeux et en découvrant ce


tout nouveau monde auquel elle ne connaissait absolument rien du tout, seule, sans rien ni
personne pour la guider, et sans la moindre idée d'où exactement elle devait aller.

La seule chose dont elle était sure, c'est qu'elle devait changer de nom.

Yara Greyjoy devait disparaître, remplacée par Esgred Miller, elle ne savait jamais, ce monde
était certes peut-être vaste, mais elle pouvait parfaitement tomber sur un espion à la solde de
Cersei Lannister, tout ce qu'elle avait à espérer c'était que, si cela arrivait, la personne en
question ne soit pas capable de la reconnaître.

En marchant quelques pas, elle tomba sur un panneau sur lequel elle put lire un nom étrange
et inconnu.

C'était quoi ça Dunkerque ?

A suivre…
Tout oublier.

Titre – Tout oublier

W – Westeros (GOT)

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

118. A chacune de ses phrases, [Cendrillon] pouvait sentir les murs du château en train
de se resserrer autour d'elle.

2017.

Yara se souvenait de ce que Thoros lui avait dit avant de la propulser dans ce monde dont elle
ne savait absolument rien.

Qu'il n'avait pas la moindre idée d'où exactement la malédiction allait les envoyer, mais que,
cependant, d'une certaine manière, elle saurait comment faire pour les retrouver, qu'une part
d'elle-même parviendrait toujours immanquablement à retrouver le chemin de la maison.

Elle ne s'était pas trompée en affirmant à Sansa qu'un jour, elles se retrouveraient.

Seulement, le changement de monde et d'univers n'allait pas faciliter les choses, et il l'avait
prévenue.

Il lui faudrait du temps avant de réussir à retrouver leur trace.

Le fil d'Ariane avait été rompu, et c'était à elle de le reconstituer maintenant, quoi qu'il en
coûte, et peu importe le temps que ça prendrait.

Elle les retrouverait.

Elle les retrouverait toujours, et elle les sauverait tous.

Par le dieu noyé, elle le jurait.

Yara Greyjoy venait tout juste de disparaître.

Et Esgred Miller avait fait son entrée.

§§§§

Ce n'était pas facile de laisser celle qu'elle était vraiment de côté, d'autant plus pour s'adapter
à un monde qui n'était pas le sien.

Ce monde, cet univers, cette Terre était si étrange, si différente du Westeros dans lequel elle
avait grandi et qu'elle avait toujours connu.
Elle n'était pas à sa place, et les choses auraient certainement été plus simples pour elle si elle
avait été prise par le sortilège comme les autres, si elle avait oublié absolument tout ce qu'elle
avait été et qu'elle était toujours.

Mais elle était heureuse de se souvenir, parce que choisir la facilité n'aurait été que de la
lâcheté, et ce n'était pas ce qu'elle voulait, ce n'était pas elle.

Ce ne serait jamais elle, et les habitants des Sept Couronnes méritaient mieux que ça, ils
méritaient quelqu'un qui se batte pour eux.

Quitte à ce que cette personne se retrouve seule et perdue, mais ce n'était pas grave.

Elle se souvenait, elle pouvait changer les choses, elle pouvait faire la différence.

Peut-être.

En attendant, elle s'accrochait au souvenir d'un kraken et d'une louve qu'elle se devait de
retrouver, et surtout de ne jamais, jamais oublier.

C'était une promesse.

Et Yara Greyjoy avait peut-être changé de nom, mais une chose ne changeait pas, ne
changerait jamais.

Elle tenait toujours ses promesses.

Rien ni personne ne l'empêcherait de mener à bien sa mission.

They danced through the day


And into the night through the snow that swept through the hall
From winter to summer then winter again
Til the walls did crumble and fall

And she never wanted to leave, never wanted to leave


Never wanted to leave, never wanted to leave
And she never wanted to leave, never wanted to leave
Never wanted to leave, never wanted to leave

High in the halls of the kings who are gone


Jenny would dance with her ghosts
The ones she had lost and the ones she had found
And the ones
Who had loved her the most.

Ça non plus elle ne l'avait pas oublié.

Elle pria pour qu'eux non plus.

§§§§
Elle n'était pas à sa place.

La France, le Nord, Dunkerque, tout ça, ce n'était pas chez elle.

Elle n'était pas adaptée à ce monde, mais cela ne voulait en revanche pas dire qu'elle ne
pouvait pas y survivre.

Elle venait d'un monde rude et cruel, et ce monde-ci pouvait l'être aussi, mais elle réussirait
malgré les obstacles.

Elle était une fer-née.

Elle était une guerrière.

Elle s'en sortirait.

§§§§

Mélisandre savait pertinemment que Stannis serait très probablement furieux contre elle et
le lui ferait bien savoir si jamais elle se retrouvait dans la même pièce que lui, mais ce
n'était pas important.

Le seigneur de Peyredragon avait bien le droit de savoir ce qu'il se passait, et si elle servait
avant tout le Maître de la Lumière, elle le servait lui aussi.

L ui dont elle était persuadée qu'il était le Prince qui fut promis, l'homme destiné à leur
épargner la Longue Nuit…

Car la nuit est sombre, et pleine de terreur s après tout…

Elle avait eu tort sur bien des choses, et celle-ci n'était que l'une d'entre elles, sur une
longue liste dont elle n'arrivait même pas à voir la fin.

P eut-être était-ce Davos qui avait eu raison, peut-être que Lady Catelyn Stark avait eu
raison elle aussi.

Peut-être que son dieu l'avait réellement abandonnée…

Sans doute même les avait-il tous abandonnés finalement, eux, les habitants de Westeros et
d'Essos, et elle ne savait absolument pas comment réagir à cette idée.

Elle avait peur, peur comme elle n'avait jamais eu peur de sa vie, elle, si vieille, si ancienne
qu'elle était, elle avait peur de ne pas réussir.

Elle n'avait plus beaucoup de temps, ils n'en avaient plus beaucoup, et elle soupira.

Le tableau qui l'accueillit dans la pièce était plutôt surprenant, ou du moins, l'aurait été sept
ans plus tôt.
Stannis était là bien entendu, sa femme Selyse elle aussi, sans oublier bien sûr la petite
(enfin, plus si petite que cela désormais) Shireen Baratheon, ainsi que Davos Mervault .

Jusque là, rien de vraiment surprenant, mais Renly était là lui aussi, chose qui n'aurait pas
pu arriver avant, les deux cerfs n'avaient jamais réellement été proches, mais durant ces sept
dernières années, bien des certitudes qu'on croyait inébranlables s'étaient révélées être en
réalité aussi friables que du sable.

À force de vivre au même endroit, dans la crainte, à force de se croiser et de partager les
mêmes événements, les gens changeaient et les relations évoluaient.

Myrcella Baratheon était là elle aussi, et en voyant la main de la blonde glissée dans la main
de sa cousine, la rousse sentit une certaine tristesse et une profonde lassitude l'envahir.

C ombien de gens, de couples, d'amants, d'amis, de parents, combien d'entre eux allaient être
séparés les uns des autres suite à cette nuit funeste ?

Beaucoup trop malheureusement, et elle n'en avait que trop conscience, et c'était
insupportablement douloureux.

Elle-même n'aurait personne à perdre, mais ça n'avait rien à voir, parce qu'elle avait perdu
tout le monde il y a bien longtemps.

Sauf que contrairement à eux, jamais elle n'avait pu oublier.

« Ce n'était pas ce que nous vous avez dit, l'accueillit froidement Stannis avec ces mots, ce
qui ne la surprit pas le moins du monde. Ce n'était pas ce que vous nous aviez promis.

- Je le sais bien, lui rétorqua-t-elle en soutenant son regard. Et j'en suis désolée. Mais j'ai été
trompée et dupée, et maintenant… Maintenant nous n'avons plus assez de temps
malheureusement. »

À chacune de ses phrases, Mélisandre pouvait sentir les murs d u château en train de se
resserrer autour d'elle.

Ce n'était pas juste.

Ce n'était pas juste que cela se termine comme cela, ce n'était pas juste qu'ils aient eu à
choisir entre la nuit éternelle et l'oubli de l'autre, non, ce n'était pas juste.

Alors, puisqu'elle n'avait plus beaucoup de temps, elle s'esquiva immédiatement de la pièce
après leur avoir expliqué ce qu'ils devaient faire.

Elle avait une mission à mener.

§§§§

Stannis ne savait pas exactement qui avait eu cette idée, mais en tout cas, elle était
incroyablement cruelle.
Il se souvenait.

Il se souvenait de tout, il savait qui il était, il avait deux vies dans la tête, et il avait envie
de hurler à plein poumons.

Mais il ne le ferait pas, bien sûr, parce que personne d'autre ne savait, personne ne se
souvenait, en dehors de ceux qui avaient jeté le sort, il se souvenait de deux vies, dont une
était totalement fausse.

Par moments, il n'arrivait pas à s'empêcher de penser qu'il était en réalité complètement fou.

Et surtout…

Shireen.

Le sortilège lui avait volé Shireen, Selyse était toujours sa femme dans cette réalité, mais sa
fille n'était officiellement plus sa fille, elle était la fille adoptive de Renly et Loras désormais
(quelle ironie tout de même), son cœur était déchiré en deux, tout son univers lui avait été
arraché, et il ne savait pas quoi faire.

Si ce n'est attendre que les choses s'arrangent, tout en sachant que cela n'arriverait jamais.

A suivre…
Une seconde de bonheur.
Chapter Notes

Titre – Une seconde de bonheur

W – Westeros (GOT)

Pangolin : Hadès - écrire une scène drama

Il y avait eu un avant la malédiction.

Même si en un sens, ils avaient toujours été un peu maudits quelque part, maintenant que
Tyrion y pensait deux minutes, même avant que sa grande sœur ne les condamne tous à la
solitude et à l'oubli, leur monde était maudit avant même qu'ils ne s'en échappent.

Les marcheurs blancs étaient leur malédiction personnelle en un sens, et alors qu'il sentait
leur monde s'effondrer fragment par fragment, qu'il voyait la fumée violette du sortilège
commencer à tout recouvrir, le nain se dit qu'il était finalement assez ironique qu'ils
échappent à une malédiction pour être en fin de compte malgré eux coincés sous une autre.

Cela faisait sept ans qu'ils étaient maudits, sept longues années qu'ils subissaient ce
cauchemar, qu'ils devaient faire face aux marcheurs blancs, qu'ils se devaient de se battre
contre cet Enfer blanc qui menaçait de les submerger un peu plus à chaque seconde qui
passait.

Avant d'être forcés à oublier, ils avaient été forcés de se battre pour ne pas avoir à
disparaître.

Et maintenant, malgré tous leurs efforts, tout ce qu'ils avaient tenté de faire n'avait au final
servi à rien du tout.

Jamais le lutin n'avait autant ressenti son impuissance face à une situation désespérée, et
même la main de Shae dans la sienne ne suffit pas à faire disparaître son inquiétude.

Ils allaient disparaître en un sens, leurs vrais eux allaient disparaître et ils allaient
oublier, s'oublier eux même aussi.

Et ce n'était pas juste.

Mais avant, oh avant…

Avant cela, ils avaient malgré tout réussi à être heureux.


Pour certains d'entre eux en tout cas.

§§§§

Il n'était pas heureux.

Cela, tout le monde à Kintzheim avait fini par le comprendre depuis le temps, après tout il
n'avait aucune raison de l'être, pas alors que Cersei Lannister s'échinait chaque jour que les
Sept faisaient à lui pourrir la vie.

Il aurait pu l'être, dans d'autres circonstances, et peut-être l'avait-il été autrefois, mais cette
période de sa vie remontait à tellement loin qu'il n'arrivait même plus à s'en souvenir.

(En fait, il devait s'avouer qu'il ne se rappelait même pas d'avoir jamais réellement été
heureux de toute sa vie, et ça, c'était bien triste.)

Il aurait aimé l'être vraiment, mais entre son penchant pour l'alcool, sa propension à ne jamais
trouver de travail, ou à s'en faire virer dès qu'il en trouvait un, et le fait qu'il était tombé
amoureux de la pire personne possible, non, il n'était vraiment pas heureux.

Sa vie professionnelle était désastreuse, sa vie privée n'était guère mieux, et sa vie
sentimentale…

Il valait mieux ne pas en parler, honnêtement.

Et en même temps, était-ce réellement de sa faute si il était tombé amoureux d'une bonne
sœur ?

Shae…

De toutes les femmes que comptait cette foutue ville, il avait fallu qu'il tombe amoureux
de Shae.

L'univers devait vraiment le détester pour avoir osé lui faire un coup pareil.

Et quant bien même, quant bien même son appartenance au couvent n'aurait pas été un
problème, et même si par miracle elle avait été amoureuse de lui, le nain alcoolique et
dépressif, il ne pouvait de toute façon pas lui offrir la vie qu'elle méritait.

En somme, il était coincé dans une vie qu'il n'aimait pas et ne pensait de toute évidence pas
mériter.

Tyrion Lannister n'était pas heureux dans ce monde, mais dans un autre univers, il l'avait été,
pendant un temps.

§§§§

Il était heureux.
Il était heureux, et il en était le premier surpris, être heureux à Port-Réal n'était pas
franchement donné à tout le monde, surtout dans ces circonstances, avec les marcheurs
blancs qui menaçaient d'un jour prochain venir pour tout démolir.

Mais, malgré les dissensions, les intrigues, les désaccords, les disputes, malgré tout ce qui
allait mal dans les Sept Couronnes, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il était bel et bien
heureux.

Il était heureux parce qu'il était amoureux, et peut-être était-ce stupide de sa part de
retomber dans le même piège que celui où il avait plongé la tête la première et à pieds joints
des années plus tôt, mais…

Il n'avait pas pu s'en empêcher, il était retombé amoureux.

D'une prostituée, encore, mais au moins, cette fois-ci, il savait parfaitement à quoi s'attendre.

Il l'aimait, et sans doute qu'il finirait cette histoire avec le cœur brisé, mais peu importe.

Le sourire brillant et lumineux de Shae était largement suffisant pour faire virevolter son
cœur et éloigner les ombres qui peuplaient chaque jour de plus en plus le ciel de son esprit.

Ce serait suffisant.

Il fallait que ça le soit.

(Ça ne l'avait pas été, bien sûr, l'amour n'avait été suffisant pour personne, et la malédiction
avait effacé l'amour, comme tout le reste, comme si rien de ce qu'ils avaient jamais vécu
n'avait existé.

Comme si rien de tout ça n'avait jamais compté.

Comme si eux tous n'avaient jamais compté.

Et peut-être, finalement, était-ce bel et bien le cas.)

§§§§

Yara Greyjoy regarda avec un certain scepticisme ce qui l'entourait.

Winterfell…

Elle ne pensait pas jamais s'y rendre un jour, pas dans ces circonstances en tout cas.

Mais Père était mort, Mère commençait à peine à recouvrer la santé, et les marcheurs blancs
étaient semble-t-il en marche.

Et elle allait enfin revoir son petit frère.

Elle essaya d'étouffer la rage qui l'envahissait alors qu'elle pénétrait là où vivaient ceux qui
s'étaient autrefois opposés à la rébellion de Balon Greyjoy et qui avaient tué ses deux frères.
Elle savait très bien que son père était en très grande partie responsable de ce qui était
arrivé, mais elle avait malgré tout bien du mal à faire disparaître la rancœur qui brûlait dans
ses veines.

Elle n'était pas là pour faire la guerre, mais pour tisser une alliance, pour essayer de sauver
ce qui pouvait encore l'être.

Elle n'était pas obligée d'être en colère, et Theon était là, il était vivant, il allait bien, et peut-
être que ce serait suffisant.

Alors que son regard tombait durant de courtes secondes sur les enfants Stark, elle aperçut
rapidement une longue chevelure, qu'elle identifia comme appartenant de toute évidence à
Sansa Stark, sans avoir la moindre idée d'à quel point cette rencontre changerait un jour sa
vie.

Là tout de suite, tout ce qu'elle voulait, c'était serrer son petit frère dans ses bras.

§§§§

2017.

Dunkerque.

Elle avait envie de pleurer.

Elle s'était réveillée les poings serrés de rage, pourquoi avait-il fallu qu'elle rêve de sa
première rencontre avec Sansa exactement ?

Pourquoi est-ce que l'univers s'acharnait à la faire se souvenir de ce qu'elle avait perdu et dont
elle avait été si cruellement séparée ?

Cela faisait déjà deux mois qu'elle avait atterri ici, deux longs mois que la femme qu'elle
aimait et tant d'autres avaient perdu la mémoire.

Cela faisait deux mois, et elle n'avait toujours aucun moyen de savoir quoi faire pour régler
cette situation.

Elle voulait juste rentrer à la maison, et cette maison c'était Theon et Sansa.

Elle ne put bientôt plus retenir ses larmes.

Oh par le dieu noyé, comme ils lui manquaient…

§§§§

Loras tremblait.

Ce n'était pas une chose à laquelle Renly était vraiment habitué, en fait, le simple fait de voir
son amant avoir peur n'était pas une chose qu'il pouvait voir souvent d'ordinaire, et ce simple
constat était en lui-même tout bonnement terrifiant.
Loras Tyrell était un chevalier, il savait se battre, mais la plupart de ses combats avaient
constitué en des tournois, et surtout…

Surtout, ce à quoi ils faisaient face désormais n'avait absolument rien à voir avec tout ce
qu'ils avaient pu combattre ou affronter par le passé et n'importe qui d'autre aurait été
terrifié à sa place.

Renly lui aussi avait peur mais il le cachait un peu mieux que lui, sans doute parce que
contrairement à la rose, il n'avait pas eu à les affronter directement.

Il avait vu les marcheurs blancs, mais en revanche, il n'avait pas eu à se battre contre eux.

Il n'avait pas senti le souffle glacé de la mort se poser sur lui, il n'avait pas ressenti cette
terreur qui avait saisi le Tyrell face aux créatures inhumaines qu'il avait dû tuer (ou plutôt
tuer une nouvelle fois), et il n'avait pas non plus ressenti ce froid atroce qui avait glacé
chacun de ses os un par un.

Lorsque Loras avait commencé son récit, le cerf avait frissonné à son tour, ne pouvant
qu'imaginer tout ce qu'il pouvait y avoir d'atroce et d'abominable dans cette situation.

Il y avait une lueur hantée dans son regard, une lueur qu'il avait également vue dans
d'innombrables autres yeux.

Et Renly Baratheon ne se souvenait que trop peu de la Rébellion de Robert pour pouvoir
réellement effectuer une comparaison, mais il avait le sentiment qu'à côté de ce qu'ils étaient
en train de vivre, cette dernière était en fin de compte presque une promenade de santé.

Il devait l'avouer, jamais il n'avait eu aussi peur de toute son existence.

Alors il serra Loras dans ses bras, contre lui, comme si il s'attendait à ce que la protection de
ses simples bras soit parfaitement suffisante pour éloigner de lui les ombres des marcheurs
blancs.

Il savait bien que ce n'était pas le cas, mais ce n'était pas ça qui allait l'empêcher de ne
serait-ce qu'au moins essayer.

« Tout va bien se passer, murmura-t-il finalement à Loras. »

Et c'était peut-être un mensonge rassurant et rien de plus, mais le chevalier avait réellement
et sincèrement envie de croire que ça puisse être vrai.

§§§§

Stannis avait envie de hurler.

Il n'aurait pas su dire exactement depuis combien de temps ils se trouvaient désormais à
Kintzheim, dans ce monde qui n'avait absolument rien à voir avec Westeros, mais
bizarrement, ça lui semblait à la fois faire plusieurs années, voire une éternité (la faute à la
vie fictive qu'il avait dans le crâne et qu'il avait parfois le sentiment d'avoir réellement vécue.
C'était à en devenir fou) tout en semblant en même temps ne durer que depuis quelques
semaines.

Mais comment savoir, maintenant qu'ils vivaient dans une ville où le temps s'était arrêté et où
absolument rien ne changeait jamais ?

Comment est-ce qu'il aurait pu savoir que cela faisait désormais six mois entier que le Sort
Noir avait été lancé ?

Et une autre question le hantait également.

Comment est-ce que toute cette histoire allait finir ?

Comment est-ce que la malédiction serait brisée, si du moins elle pouvait l'être ?

(Il se souvenait de qui il était, mais il avait oublié la chanson, comme tous les autres.

Il avait oublié, et il ne se souviendrait probablement plus jamais.)

Ce qui lui faisait le plus mal dans tout ça, c'était Shireen.

Sa fille l'avait oublié, elle avait oublié son existence, elle avait oublié qu'il était son père et
non son oncle, et tout en lui hurlait de rage et de tristesse dès qu'il la voyait.

C'était sa fille, et elle l'avait oublié.

La seule chose qui le consolait dans tout ça, c'est qu'elle était heureuse, sans doute plus
heureuse et épanouie qu'elle ne l'avait jamais été lorsqu'elle était encore sa fille et celle de
Selyse, parce que Selyse n'était plus là pour la rabaisser.

(Cette dernière avait changé avec la malédiction, dans cette version de l'histoire, elle n'était
pas une fanatique du maître de la lumière, mais d'un autre côté elle n'avait fait que des fausses
couches, et leur mariage n'avait plus rien de solide depuis bien longtemps.

Elle n'était définitivement pas heureuse, et lui non plus.)

Élevée par Renly et Loras, la fillette était heureuse et hormis quelques remarques
désobligeantes sur son visage, elle n'était pas seule et avait même des amis.

Avant, lorsqu'il vivait encore à Westeros, il le savait, il n'aurait pas approuvé la relation de
son petit frère et du petit-fils de Olenna.

Mais avec les souvenirs de ce monde dans la tête, son point de vue avait changé, et certes, il
n'aimait toujours pas Loras (rancune familiale oblige) et Renly restait toujours autant
insupportable, mais il restait son frère, et il l'aimait, et le fait qu'il soit heureux était
définitivement une bonne chose.

Il ne pouvait pas nier qu'ils étaient de bons parents pour Shireen, tout comme il ne pouvait
pas nier la douleur acre qui envahissait sa poitrine dès que l'enfant le désignait comme «
tonton Stannis ».
Tout ce qu'il voulait, c'était que quelqu'un les sorte de là un jour.

Parce qu'il n'était pas sûr de savoir comment faire pour y arriver…

A suivre…
L'hiver arrive.
Chapter Notes

Titre – L'hiver arrive

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Il faisait froid.

Oh par les Sept quel choc, Oberyn en était proprement ébahi (c'est faux), après tout il
s'agissait du Nord, qu'il y fasse froid était… plus que compréhensible et même attendu.

En tout cas, ça les changeait, eux, les gens du Sud qui pour la plupart ne connaissaient que
Dorne ou Port-Réal, eux qui n'étaient presque jamais montés au Nord de leur vie, et il ne
parlait pas de Winterfell, non.

Il parlait de ce qu'il y avait encore plus haut, ce qu'il y avait au-delà du Mur, ce que certains
appelaient le vrai Nord.

Et oui, Oberyn Martell devait le reconnaître, lui, la Vipère rouge, qui avait tant voyagé, il
n'avait jamais eu aussi froid de toute sa vie, et apparemment il n'était pas le seul.

Mais ce froid glacial ne serait bientôt rien en comparaison à ce qui allait bientôt leur geler le
cœur et l'âme pour toujours lorsqu'ils les découvriraient enfin.

Les Marcheurs blancs.

Ce fut en les voyant pour de vrai qu'ils comprirent alors pour la première fois tout ce qu'ils
risquaient de perdre dans le futur.

§§§§

Il aurait sans doute dû être heureux.

Il l'était, peut-être, ou du moins il en avait le sentiment, il était Oberyn Martell après tout, il
avait une famille, il était père, il était amoureux et aimé d'une femme magnifique, ils étaient
ensemble, et tout allait bien, mais…

Mais sans savoir pourquoi, parfois, lorsqu'il regardait Ellaria, il avait le sentiment
que quelque chose manquait.
Ou plutôt quelqu'un.

Mais comment aurait-il pu le savoir après tout ?

Il avait oublié, comme tout le monde.

§§§§

Jeyne Poole connaissait par cœur les traces qui se trouvaient sur le visage de Sansa
désormais.

Un bleu en passe de virer au violet ornait désormais sa joue gauche, et la brune sentit sa main
se crisper autour de son verre.

La rousse pouvait bien prétendre qu'elle s'était cognée quelque part, la jeune femme de vingt
ans savait qu'il n'en était rien.

Et cette situation, tout ce qui l'entourait, la rendait tout bonnement malade.

Les deux étudiantes s'étaient retrouvées comme tous les jours après leurs cours de la matinée
pour déjeuner ensemble, et elle n'avait pas pu faire abstraction de ce qui se trouvait juste sous
ses yeux.

« C'est la faute de Joffrey, n'est-ce pas ? Lança-t-elle immédiatement à son amie.

Sansa sursauta et son regard se fit fuyant, apportant en lui-même une réponse à sa question
sans qu'elle eut besoin d'ouvrir la bouche, et Jeyne dut à grand-peine retenir un soupir de
découragement.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, nia-t-elle en continuant de manger, et essayant de


faire comme si de rien n'était.

Avec une violence et une brusquerie qu'elle ne parvint pas à contrôler, sentant la colère
gronder en elle, elle reposa son verre sur la table et en entendant le bruit sourd, Sansa
sursauta, et Jeyne regretta aussitôt son geste.

Joffrey était probablement déjà suffisamment violent avec elle comme ça, elle n'avait pas à en
rajouter.

- Désolée. C'est juste que… Sansa, tu mens terriblement mal, tu le sais ça ?

La rousse finit par la regarder et poser ses yeux bleus sur elle.

- C'était un accident, plaida-t-elle, ne semblant même pas croire à ce qu'elle disait, il a dit
qu'il ne recommencerait pas.

Et alors, Jeyne sentit son estomac se nouer, alors que son appétit s'envolait pour de bon.

Le fait qu'elle admette que ça s'était produit rendait les choses presque pires en fin de compte.
Joffrey l'avait frappé, et pourtant, elle le défendait, et Jeyne regrettait parfois de ne pas avoir
de petit-ami mais présentement, elle n'avait jamais été aussi heureuse d'être célibataire.

Le petit-ami de Sansa, non, pire encore, son fiancé, semblait au début bien sous tout rapport,
et puis la brune avait peu à peu appris, comme son amie, à voir sous son masque, et elle avait
fini par se rendre compte de ce qu'il était vraiment.

Un monstre.

- Oui, c'est ce qu'il a dit la dernière fois, siffla-t-elle.

- Il s'est excusé, ajouta-t-elle.

- Oh tu veux dire comme Ramsay s'excuse auprès de Theon ?

Et Jeyne se demanda combien d'autres relations abusives il y avait à Kintzheim, combien de


personnes souffraient en silence, sans rien dire, sans que personne ne le voit, et la nausée
l'envahit.

Elle aurait aimé pouvoir faire quelque chose contre ça, mais elle ne le pouvait pas, et ça la
tuait.

- Tu n'es pas obligée de faire ça tu sais.

- Quoi donc ?

- De souffrir comme ça, en silence, de te taire, de faire comme si il n'y avait rien, de cacher ce
qu'il te fait… Tu peux…

- Je peux quoi ?

- Le quitter.

- Je ne peux pas Jeyne, et tu le sais, tu sais très bien pourquoi.

Jeyne se retint de lever les yeux au ciel.

Sansa avait besoin de soutien, pas que quelqu'un la juge.

Parce que, si Sansa était réellement tombée amoureuse de Joffrey Lannister autrefois,
lorsqu'ils n'étaient encore que des adolescents, par la suite, leurs fiançailles avaient été
décidées par leurs parents respectifs, afin d'unir les familles Lannister et Baelish.

Après avoir été un temps jalouse de son amie et de sa famille si prestigieuse, oh, maintenant,
Jeyne s'estimait bien plus chanceuse qu'elle en fin de compte, au vu de ce qu'on lui forçait à
subir et à endurer.

Son père surtout, il devait savoir, il était Petyr Baelish, il savait toujours tout, il devait savoir
que sa fille était malheureuse.
(Peut-être le savait-il, ou peut-être ne voyait-il rien, peut-être ne voyait-il que Catelyn et ce
bonheur factice qu'il était parvenu à arracher au destin par la ruse.)

Catelyn Baelish, en revanche, semblait n'être au courant de rien, d'un autre côté, Sansa était
devenue douée avec le temps pour dissimuler les sévices que Joffrey pouvait lui infliger, et en
dehors de Jeyne, les gens ne savaient pas ce qu'elle vivait.

Ou alors ils faisaient semblant de ne pas savoir, de ne rien voir, et Jeyne ne savait
sincèrement pas quelle option elle préférait.

- Des fiançailles, ça se rompt tu sais… Tu n'as pas à être sa prisonnière, et franchement un


mariage arrangé… On est plus au Moyen-Age Sansa, on est au vingt-et-unième siècle !

(Oh, si elle avait su à quel point cette phrase pouvait sonner comme ironique en rétrospective,
et en comparaison à ce monde dans lequel ils vivaient tous autrefois.)

- C'est ce que je dois faire Jeyne, c'est… c'est mon devoir.

Son amie la regarda avec incrédulité.

- Ton devoir c'est de te faire maltraiter par un mec qui ne t'aime pas, que tu n'aimes pas, et qui
te terrifie ?

- Je suis une Baelish, mais ma mère était une Tully, et j'en suis également une, je… Famille,
devoir, honneur. Ces mots ont un sens pour moi.

- La famille passe en premier, répliqua Jeyne avec un aplomb certain, bien décidée à ne pas
abandonner. Tes parents, tes frères et ta sœur devraient bien le savoir, non ?

Alors que Sansa la regardait à nouveau droit dans les yeux, Jeyne sentit sa gorge se nouer
alors qu'elle comprenait où était véritablement le cœur du problème.

Il n'y avait absolument plus aucune flamme dans les yeux de la rousse, aucune combativité,
rien du tout, comme si elle avait déjà laissé tomber, comme si elle avait déjà accepté son sort,
sans se battre.

Et elle ne se battrait plus, Jeyne en avait la terrible certitude.

(Avant, elle l'aurait fait, parce que dans ce monde froid et rude qu'était Westeros, la petite
Sansa Stark avait grandi et avait appris à se battre, elle était devenue une femme forte et
combative, et la malédiction lui avait enlevé tout cela.

Le sortilège lui avait fait oublier qui elle était vraiment, en plus de la condamner à une vie de
souffrances, et ça, c'était bien triste.)

- Jeyne… Je ne veux plus qu'on en parle, c'est clair ?

- Mais je…

- Tout va bien se passer, tout va s'arranger. Je vais bien ne t'en fais pas. »
Menteuse, voulut lui hurler Jeyne, elle voulait le lui crier au visage, mais puisqu'elle ne le
pouvait pas, elle se contenta de hocher la tête, sentant ses yeux et sa gorge la brûler.

« Comme tu voudras, murmura-t-elle. »

Alors que Sansa se levait et partait, elle soupira et serra les poings.

Elle réalisa alors qu'elles n'avaient même pas osé prononcer les deux mots à voix haute.

Violence conjugale.

Pourtant, c'était bien ce que c'était et, prenant une profonde inspiration, elle réalisa
soudainement qu'elle avait pris sa décision.

Il fallait qu'elle parle à Eddard Stark.

§§§§

Elle avait tiré à côté, encore.

Pour ne pas laisser échapper un cri mêlé de rage et de frustration (c'est ce qu'Arya aurait
fait, mais elle n'était pas sa sœur, alors elle ne le ferait pas), elle se mordit violemment la
lèvre.

Elle ne balança pas non plus l'arc loin d'elle, bien qu'elle en mourait d'envie.

Sansa devait se rendre à l'évidence, une évidence qu'elle connaissait depuis déjà bien
longtemps, elle n'était pas une guerrière, elle n'était pas une combattante, elle n'était pas sa
sœur, ni ses frères ou son demi-frère.

Parfois, elle n'était même pas sure d'être une louve.

Avec les marcheurs blancs qui approchaient et la guerre qui venait avec, tous ceux qui
pouvaient le faire devaient apprendre à se battre, ou au moins essayer, et elle échouait
lamentablement.

Elle n'était déjà pas bonne avec une épée, mais avec un arc, c'était exactement la même
chose.

Elle avait essayé pourtant, elle avait vraiment essayé, mais…

Elle n'était qu'une catastrophe, et cela faisait déjà des jours qu'elle s'entraînait, seule et
pourtant elle n'y arrivait toujours pas.

« On dirait bien que le tir à l'arc n'est pas vraiment votre spécialité, lança une voix qu'elle
reconnut aussitôt.

Celle de Yara Greyjoy, la sœur de Theon.

Elle se figea et se raidit immédiatement.


Elle connaissait la réputation des fer-nés, leur habilité au combat, à la hache mais aussi au
tir à l'arc, et sa fierté en prit un coup.

Elle n'avait pas spécialement envie qu'on se moque d'elle.

Elle se tourna vers elle.

- En effet, lui rétorqua-t-elle, piquée à vif, je suis plus douée pour les travaux de couture.
J'imagine que cela vous amuse ?

La seiche haussa les épaules.

- Honnêtement, non, nous aurons besoin de tous les combattants possibles pour lutter contre
les marcheurs blancs et votre aide ne sera pas de trop.

- Je pense que vous devriez plutôt vous tourner vers ma sœur dans ce cas-là.

- Non, votre sœur Arya n'a pas besoin de moi… Vous en revanche, si.

La louve la regarda avec incrédulité.

- Vous… vous voudriez m'apprendre à tirer à l'arc ?

- Pourquoi pas ?

- Mais… je n'arrive absolument à rien ! Que ce soit seule ou avec un professeur.

Un sourire apparut sur le visage de Yara.

- Qui sait peut-être que je pourrais vous surprendre… ou bien c'est vous qui me surprendrez.

Sansa y pensa pendant quelques secondes avant de faire son choix et de prendre sa décision.

- C'est d'accord, dit-elle en souriant en retour à la jeune femme. »

Elle ne savait pas encore à quel point ce choix allait influence sa vie dans l'avenir.

§§§§

Malgré la douleur que pouvait lui provoquer ce souvenir, Yara se mit à sourire avec un air
rêveur.

Elle n'arrivait pas à croire que cette scène se soit produite…

Oh par le Dieu noyé…

Cela faisait déjà un an qu'elle était perdue dans ce monde qu'elle connaissait si peu et qu'elle
commençait à peine à maîtriser, et cette scène s'était déroulée peu de temps après son arrivée
à Winterfell, deux ans après ce fameux jour où Ned Stark avait choisi de croire un déserteur
de la garde de nuit plutôt que de l'exécuter.
Six ans…

Cela faisait déjà six ans maintenant qu'elle avait donné sa première leçon de tir à l'arc à Sansa
Stark.

Et pourtant, elle s'en souvenait comme si c'était arrivé la veille.

La jeune fille de quinze ans avait mis beaucoup de temps à faire des progrès, mais en chemin,
elle avait réussi à s'améliorer, petit à petit, et elles étaient devenues amies alors et puis plus.

Yara se souvenait avec nostalgie de ce premier baiser qu'elles avaient partagé plusieurs mois
plus tard, lorsque Sansa avait réussi à atteindre sa cible.

Elle qui ne s'attendait pas à tomber amoureuse d'une louve, elle avait senti son cœur battre
pour l'une d'entre elles, et le cœur de cette dernière lui avait répondu, et elles avaient été
heureuses, si heureuses…

Son sourire s'effaça alors.

Et maintenant, Sansa ne se souvenait plus d'elle, elle était les dieux seuls savaient où, et la
fer-née ne pouvait rien faire d'autre à part attendre et essayer de la retrouver.

Alors qu'elle entendait une voix discuter au téléphone (une invention remarquable, vraiment),
elle se tendit soudainement en entendant un nom.

Lancel Lannister.

Ce nom lui disait quelque chose, c'était…

Oui, c'était le cousin de la reine Cersei Lannister, de Tyrion Lannister et de Jaime Lannister,
elle se souvenait l'avoir aperçu à quelques reprises, mais comment…

Comment cette femme pouvait-elle connaître ce nom au juste ?

Ça aurait pu n'être qu'une simple coïncidence, juste un homonyme, mais…

D'autres noms avaient suivi, des noms qu'elle connaissait bien, Cersei Lannister, Sansa
Stark, Brienne de Torth, et tant d'autres, et…

Est-ce que cette femme était une espionne de Cersei ?

Non, se raisonna-t-elle quelques secondes plus tard, une espionne n'aurait pas été aussi peu
discrète, seulement, seulement…

Elle connaissait leurs noms.

Comment ?

Comment cela pouvait-il bien être possible ?


Il y avait quelque chose qu'elle n'arrivait pas à saisir, et le seul moyen de le faire, c'était de lui
parler.

Elle se retourna, et Yara Greyjoy, renommée Esgred Miller, fit alors face à Marina
Leszczynska.

Ce fut probablement le moment où tout bascula réellement pour elle.

A suivre…
La fille de l'autre monde.
Chapter Notes

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Quatre aspect de … Cléa (Marvel) : Princesse : Écrire sur Myrcella Baratheon ou écrire
sur un personnage de lignée royale

Avril 2018.

Dunkerque.

Depuis un an que Yara était là, elle devait l'admettre, elle était encore perdue.

Ce monde était si étrange et si différent de Westeros, et elle y avait été propulsée avec une
violence incroyable, sans savoir où elle mettait les pieds, sans comprendre ce qu'il lui arrivait.

Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle se souvenait d'un monde qui n'existait probablement plus
désormais, dans lequel elle ne pouvait plus se rendre, où les marcheurs blancs continuaient
sans doute de tout ravager, enfin, ce qui restait, et que si elle en avait parlé à n'importe qui,
elle aurait été vue comme une folle.

Westeros, les Sept Couronnes, Essos, les marcheurs blancs, le maître de la Lumière, les Sept,
le dieu noyé, tout ça…

Qui aurait bien pu la croire ?

(Personne sans doute, ils auraient probablement cru qu'elle avait un peu trop lu une certaine
saga, ou trop vu une série emplie de sang, de morts et de complots.)

Alors elle s'était tue, parce que c'était la meilleure chose à faire, parce qu'elle n'avait personne
à qui parler, parce que personne ne l'aurait écoutée, parce qu'elle était seule.

Et jusqu'au moment où elle parviendrait à retrouver ceux qu'elle avait perdus, ceux qui
avaient été maudits, elle le resterait, elle en avait la certitude.

Mieux valait qu'elle se cache et n'attire pas trop l'attention si elle voulait éviter d'être repérée
et qu'on lui pose des questions auxquelles elle aurait été bien incapable de répondre.

Ça ne voulait pas dire qu'elle n'avait absolument rien fait, bien au contraire, elle était Yara
Greyjoy, elle était une sèche, une fille de la mer, une guerrière, elle ne se laissait pas abattre,
et surtout, elle ne renonçait jamais.

En un an, elle avait eu le temps de s'adapter, de découvrir un tout nouveau monde qui par
moments ne faisait pas encore sens, mais qu'elle commençait un peu à aimer.

Si elle n'avait pas eu à devoir être séparée de tous ceux à qui elle tenait, elle aurait été
sincèrement heureuse d'atterrir ici.

Mais voilà, il y avait eu la malédiction, tous les autres avaient perdu la mémoire, et elle, elle
se retrouvait là, sans avoir la moindre idée de ce qu'elle pouvait faire pour changer les choses.

Elle avait une vie à Dunkerque, elle n'était plus une fugitive, elle ne se cachait plus, et même
si elle restait solitaire (question d'habitude autant que de survie, personne ne devait savoir qui
elle était réellement, personne n'avait le droit de s'en douter), elle ne l'était pas autant
qu'avant.

Elle avait un travail déjà, après avoir passé plusieurs mois à voler pour survivre (hey, elle
était une fer-née, piller les autres était la base de leur mode de vie, et puis ce n'était pas
comme si elle avait réellement le choix), elle était désormais serveuse dans un restaurant.

C'était presque drôle ça, elle qui autrefois avait fait le tour des tavernes de Pyk pour y être la
cliente, voilà que maintenant c'était elle l'employée.

Ça ne la dérangeait pas, tant que ça lui permettait de survivre, et de trouver à terme un moyen
de rentrer à la maison.

Parce que c'était ce qu'elle voulait, c'était ce qu'elle avait toujours voulu.

Elle avait un logement aussi, et ce n'était pas l'idéal, vraiment pas, mais c'était tout ce qu'elle
avait pour l'instant.

Aussi, celle que tout le monde connaissait sous le nom de Esgred Miller ne s'attendait pas à la
manière dont tout son monde allait bientôt basculer.

Tout ça à cause d'un simple coup de fil et d'un nom.

Lancel Lannister n'était pour elle qu'un noble parmi d'autres, un soldat, rien de plus, un de
ceux qui avait survécu, et qui, comme tant d'autres, s'était battu avec courage face aux
Marcheurs Blancs, et qui, comme tous ceux qu'elle avait connus, ne savait plus qui il était
vraiment. Et elle avait beau ne pas avoir été proche de lui dans leur autre vie, leur vraie vie,
elle ne pouvait s'empêcher de se sentir triste pour lui.

Pour lui comme pour tous ceux qui étaient obligés d'endurer un sort pareil sans même le
savoir, sans en avoir conscience la moindre seconde.

Elle serra les poings.

Son service venait tout juste de se terminer, et elle put donc à loisir observer de plus près
l'inconnue.
Celle-ci, qui venait de finir de manger, attendait qu'on lui apporte l'addition avant de partir et
Yara, curieuse, ne put s'empêcher de la scruter, se demandant si tous les noms qu'elle venait
d'entendre n'étaient rien de plus qu'une coïncidence, ou si il y avait plus là-dessous.

Yara Greyjoy était beaucoup de choses, mais pas le genre de personne à croire aux
coïncidences, pas dans ces circonstances en tout cas, et pas après être passée d'un monde à
l'autre par un portail magique.

Si elle pouvait croire aux malédictions, aux marcheurs blancs et à l'existence de mondes
différents, elle pouvait croire à ça aussi.

Elle avait envie d'y croire en fait, de croire que, peut-être, la présence de cette femme n'était
pas due au hasard.

De croire qu'elle n'était plus seule, à se battre contre le vent sans espoir de réussir à faire ce
qu'elle voulait faire.

C'était une jeune femme, et elle était environ dans ses âges, put en juger la fer-née, elle était
de taille moyenne et ronde, la température douce lui ayant permis de mettre un T-shirt, la
seiche put voir qu'elle avait des grains de beauté sur les bras.

Son visage était poupin, ses joues roses, et elle avait des yeux en amandes, verts grisés, quant
à ses cheveux, ils étaient courts, châtain clairs, et Yara put y voir quelques reflets roux. Elle
souriait, les yeux fixés sur son téléphone portable, manifestement en train d'écrire quelque
chose.

Yara Greyjoy ne le savait pas encore, mais elle venait tout juste de rencontrer Marina
Leszczynska, la plus grande fangirl existante de Lancel Lannister.

La fille de Balon Greyjoy n'était définitivement pas ce qu'on pouvait qualifier de personne
timide, mais là tout de suite, elle ne savait pas comment l'aborder.

Qu'aurait-elle pu lui dire au juste ?

« Bonjour je suis Yara Greyjoy, je viens de Westeros, et comme vous avez dit quelques noms
que je connais, est-ce que vous connaîtriez par hasard un endroit où vivent des gens qui ont
été embarqués par une malédiction et qui ont perdu la mémoire ? Parce que là je suis
légèrement perdue. »

Ouais, non, ça le ferait pas…

Elle prit une profonde inspiration, cherchant désespérément quoi lui dire, ne trouvant rien,
parce qu'après tout, son histoire était complètement folle et qui l'aurait cru au juste ?

Elle-même, parfois, elle en doutait, elle doutait de sa propre mémoire, de sa propre réalité,
par moments, elle avait le sentiment de devenir complètement folle, voire de l'avoir toujours
été.

Mais elle le sentait, confusément, cette femme pourrait l'aider, peut-être, et alors qu'elle
posait les yeux sur sa table, elle y aperçut un livre, dont le titre l'interpella.
Le Trône de Fer.

Un frisson glacé courut le long de son dos, et était-ce vraiment une coïncidence là aussi,
qu'elle possède un ouvrage qui évoquait un objet qui était présent dans son monde à elle ?

Elle ne savait pas, elle ne savait plus, elle n'était plus sure de rien, et c'était tout bonnement
terrifiant.

Au moment où elle prit enfin son courage à deux mains, quitte à passer pour une folle devant
une inconnue, elle réalisa alors qu'il était trop tard.

L'inconnue en question avait déjà disparu.

Yara sentit l'amertume l'envahir, elle avait peut-être manqué sa chance, et celle-ci ne se
représenterait sûrement pas une deuxième fois, tout ça parce qu'elle avait manqué de courage,
elle qui se trouvait si brave d'ordinaire.

D'un autre côté, ce monde avait détruit toutes ses certitudes, tous ses repères, elle n'était plus
chez elle, et elle le reconnaissait, maintenant, elle avait tellement peur.

Elle avait déjà eu peur autrefois, à Westeros, mais ça, c'était un genre de peur différent, c'était
la peur de l'incertitude, celle qui lui nouait le ventre et l'estomac en permanence, la peur de ne
pas s'en sortir, que la malédiction ne soit jamais brisée (elle ne savait même pas comment elle
était supposée l'être bon sang), et de ne jamais réussir à retrouver le chemin de la maison.

La peur de ne pas s'en sortir.

Elle soupira.

Elle n'avait plus qu'à espérer que la jeune femme reviendrait un autre jour et qu'elle pourrait
lui parler cette fois.

Quant à elle, elle avait quelques petites recherches à faire sur Internet (comment aurait-elle
fait sans, ça, elle se le demandait), afin de vérifier quelques petites choses.

Parce que franchement…

C'était quoi Le Trône de Fer au juste?

§§§§

Ce n'était pas juste.

Shireen Baratheon s'était déjà dit cette phrase à elle-même des dizaines de fois, mais jamais
elle ne lui avait semblé aussi vraie que ce jour-là.

Le monde allait bientôt s'effondrer, disparaître, et ils ne pouvaient tout bonnement rien y
faire.

« C'est de sa faute, murmura alors Myrcella. C'est la faute de ma mère, c'est elle qui…
Shireen s'empara de sa main et la serra dans la sienne.

Quand la blonde princesse l'avait appris, quand elle avait compris, elle avait fui la pièce, et
Shireen l'avait suivie.

- Tu n'es pas responsable des crimes de ta mère, lui dit la biche, j'espère que tu le sais ça au
moins.

Sa cousine essaya de lui sourire.

- Je le sais oui, seulement… Je ne peux pas m'empêcher de me demander… est-ce que


j'aurais pu faire quelque chose ?

- Je ne pense pas, je veux dire… Tu la connais, c'est ta mère, elle… Elle a toujours été très
obstinée.

Une larme roula le long de la joue de la lionne.

- Oui je sais. Elle se tourna vers la jeune fille de dix-sept ans. Mais ça ne change rien à tous
les et si que j'ai dans la tête et maintenant… Maintenant nous allons oublier.

Elle aurait préféré ne pas avoir à y penser, son cœur saignait bien assez comme ça.

Shireen entrelaça alors leurs doigts, et lutta contre ses propres sanglots.

Puis elle se tourna vers elle et l'embrassa.

- N'oublie jamais que je t'aime. Je t'aime Myrcella, d'accord ? Pour toujours et à jamais.

- Pour toujours et à jamais. Je t'aime aussi mon amour, et je te promets de ne jamais


l'oublier, si toi aussi tu promets de toujours te souvenir.

- Je te le promets, dit-elle, scellant leur promesse d'un baiser. »

(Elles oublièrent, bien sûr.)

§§§§

Myrcella savait que quelque chose n'était pas normal.

Elle ne savait pas quoi, et elle ne savait pas pourquoi, mais elle le sentait.

Quelque chose flottait dans l'air, quelque chose de sombre et de mauvais, quelque chose
qu'elle ne pouvait pas fuir.

Elle était heureuse pourtant, elle le savait, mais…

Mais ce n'était pas le cas de tout le monde.

Elle sentait qu'elle était la seule à le voir dans sa famille, sa mère était parfaitement heureuse,
son père semblait l'être aussi (même si il y avait parfois cette lueur dans son regard, ce vide
qu'elle ne s'expliquait pas, qu'elle ne comprenait pas et qui lui faisait peur, qui lui faisait mal),
son frère Joffrey était bien trop occupé à être cruel et à se soucier de sa petite personne, et
Tommen, lui…

Son petit frère était un petit peu trop innocent pour son propre bien, et lui aussi était heureux,
mais contrairement à elle il ne semblait pas voir…

Quoi exactement ?

Que quelque chose clochait à Kintzheim ?

Sans doute oui.

Myrcella ne pouvait pas se l'ôter de la tête, et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne savait même
pas de quoi il s'agissait finalement.

Voilà pourquoi elle n'avait rien dit à personne, parce que…

Parce qu'elle n'avait rien à dire finalement.

Et cette incertitude la bouffait de l'intérieur, sans qu'elle puisse rien y faire.

Elle ne pouvait pas penser à autre chose que ça, qu'au fait que quelque chose de terrible était
arrivé, et qu'elle n'avait rien fait pour l'en empêcher.

Mais quoi au juste ?

Elle n'en savait rien.

Mais elle avait bien l'intention de le découvrir.

A suivre…
Trois fois rien.
Chapter Notes

Titre – Trois fois rien

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Et donncccccc je vais mettre cette fic en pause pour une durée indéterminé parce que là
j'arrive plus à avancer (il me reste plus qu'un chapitre de prêt) donc je vais laisser ça de
côté pour me concentrer uniquement sur "De la lumière" niveau fics longues en cours de
publication vu que c'est la seule chose que j'arrive à continuer (et comme c'est du OUAT
ceux qui lisent que GOT chez moi vont sûrement s'en foutre) et j'essaiera de revenir
dessus plus tard je sais pas quand.

Voilà.

Si elle avait effectivement un appartement, qu'elle avait eu beaucoup de mal à obtenir, et dans
lequel il n'y avait vraiment pas grand-chose et qui était extrêmement petit, Yara ne disposait
pas d'un ordinateur.

Et si elle avait bel et bien un téléphone portable (ce monde ne cesserait jamais de l'étonner),
elle ne s'en servait pas souvent, et encore moins pour utiliser internet, elle avait autre chose à
faire après tout, essayer de retrouver son frère et la femme qu'elle aimait par exemple.

Bien trop préoccupée à survivre et à essayer de comprendre où elle avait mis les pieds, elle ne
s'était donc pas vraiment préoccupée d'en apprendre plus sur ce que ce monde avait pu créer
en matière d'histoires.

Elle aurait sans doute dû, ça lui aurait peut-être permis de comprendre d'où la jeune femme
qu'elle avait vue connaissait les noms qu'elle avait entendus.

Aussi, elle ne connaissait pas Le Trône de Fer avant d'en lire le titre sur le livre de l'inconnue
du restaurant et le nom de George R. R. Martin ne lui disait également absolument rien du
tout.

De ce fait, lorsqu'elle avait lu pour la première fois le résumé du tome un de la saga de


fantasy, elle avait senti son estomac se retourner.
« Le royaume des Sept Couronnes est sur le point de connaître son plus terrible hiver : par-
delà le mur qui garde sa frontière nord, une armée de ténèbres se lève, menaçant de tout
détruire sur son passage. Mais il en faut plus pour refroidir les ardeurs des rois, des reines,
des chevaliers et des renégats qui se disputent le trône de fer. Tous les coups sont permis, et
seuls les plus forts, ou les plus retors, s'en sortiront indemnes… »

Les Sept Couronnes…

Ça non plus, ça ne pouvait pas être une coïncidence, pas vrai ?

Sans parler de cette armée de ténèbres, et du Mur, c'était les marcheurs blancs et la garde de
nuit, c'est ça ?

Ça ne pouvait pas être autre chose, et en même temps, comment auraient-ils pu être au
courant de cela alors qu'ils venaient d'un autre monde que de celui-ci, comment auraient-ils
pu connaître leurs vies ?

Et le trône de fer, le symbole du roi ou de la reine des Sept Couronnes…

Tout cela l'incitait à penser qu'il y avait quelque chose d'autre derrière cela, mais depuis
quand ils étaient des personnages de fiction au juste ?

En parcourant le site de la Garde de nuit (où elle s'était d'ailleurs rapidement perdue), elle
était tombée sur un bon nombre de noms qu'elle connaissait, des gens qu'elle avait croisés,
qui étaient ses amis, ses alliés, ses ennemis ou de simple connaissances, auprès desquels elle
s'était battue au cours des sept dernières années à Westeros.

Elle avait vu son nom aussi, enfin presque.

Asha Greyjoy ?

Au final, comparé à tout le reste, ça n'avait été qu'un détail, parce que, après avoir découvert
qu'il existait une saga de cinq livres racontant leur histoire (sauf que ce n'était pas ce qu'il
s'était passé, ce n'était pas ce dont elle se souvenait), elle avait aussi découvert…

Game of Thrones.

Une série.

Il y avait une série télé (oui elle savait ce que c'était depuis quelques temps, même si elle
n'avait pas de télévision chez elle) basée sur leur vie.

Sauf que ce qu'elle racontait, ils…

Ils ne l'avaient jamais vécu.

Quelque chose clochait là-dedans, parce que, parce que…

Parce que c'était bien eux, pas vrai ?


Les noms auraient pu être une coïncidence (mais elle ne croyait plus aux coïncidences, pas
après la malédiction, pas alors qu'elle savait que la magie était réelle), mais…

Mais les noms, les liens, les histoires familiales, tout était vrai, alors, alors…

Alors qu'est-ce que c'était que ce bordel ?

Pourquoi…

Pourquoi est-ce que ce n'était pas la même histoire si c'était la leur ?

Si ça avait été exactement la même histoire, leur lutte contre les marcheurs blancs, se
terminant abruptement avant que la malédiction ne soit jetée, ayant une fin semblable à celle
du tome cinq, abrupte et n'ayant pas encore de suite, elle aurait compris.

Peut-être cela aurait-il signifié que la malédiction aurait modifié la réalité pour qu'elle
s'adapte à eux, et faire en sorte que leur présence soit normale, qui sait, peut-être auraient-ils
même cru n'être que des acteurs et que cette vie-là n'était pas réelle.

Mais…

Ce n'était pas le cas.

Ce qui était raconté dans les livres et dans la série, après la mort de Jon Arryn en tout cas,
ce…

Ce n'était jamais arrivé.

Et heureusement pour certains d'ailleurs, elle avait frissonné d'horreur en découvrant


certaines choses qu'elle aurait aimé ne jamais savoir, et elle avait remercié le ciel que Sansa et
Theon et bien d'autres, n'aient pas eu à endurer ce qui arrivait dans les livres ou dans la série.

Qui que soit l'auteur de toute cette foutue histoire, c'était un putain de sadique.

Et ce fut à ce moment-là qu'un détail la frappa.

Si les noms, leurs noms, ceux de la série, étaient les mêmes que ceux qu'ils portaient…

Est-ce que ça voulait dire que maintenant qu'ils étaient là, ils portaient des noms différents ?

Yara ne put que laisser échapper un gémissement de désespoir.

Elle ne savait déjà pas où ils étaient, si la malédiction les avait propulsés dans ce pays, ou
dans un autre à proximité, ou même sur un autre continent, alors comment allait-elle faire
pour les retrouver si ils avaient tous changé de nom ?

Comment pourrait-elle savoir où commencer à chercher ?

Certes, elle était censée savoir où elle devait aller, mais comment pouvait-elle commencer à
le faire alors qu'elle avait si peu de ressources ? Elle n'avait pas d'argent, pas de permis, pas
de voiture, pas d'itinéraire précis en tête, elle n'avait rien pour entamer un tel voyage.

Elle était censée retrouver son chemin vers la maison, mais difficile de le faire quand on était
clouée au sol.

Un an s'était déjà écoulé, et elle n'était encore arrivée à rien du tout.

Lorsque sa vue se brouilla, elle réalisa qu'elle s'était mise à pleurer, et elle s'essuya les yeux,
avant de soupirer et de fermer sa page internet.

Elle le sentait bien, elle n'aurait pas plus de résultats ce soir-là, et s'obstiner ne lui servirait à
rien, à part se faire désespérer toute seule encore plus.

Elle partit se coucher en espérant que dans les prochains jours, elle reverrait l'inconnue, et
que celle-ci comprendrait ce qu'elle voulait lui dire si elle osait se confier à elle.

Elle avait besoin d'une alliée dans ce monde qu'elle commençait à peine à connaître et à
découvrir, et peut-être…

Peut-être que ça pourrait être elle.

§§§§

« Tu es sure que ça va ?

La voix de Shireen tira soudainement Myrcella de ses pensées.

Celle-ci se tourna vers sa petite-amie et essaya de lui sourire.

Leur journée de cours était terminée et Myrcella l'avait rejointe chez elle pour qu'elles
regardent un film ensemble, film auquel elle n'avait prêté absolument aucune attention.

- Je… Je ne sais pas Shireen.

- Est-ce qu'il y a un problème à la maison ? Avec tes parents, ou avec tes frères ?

Myrcella secoua la tête.

- Non, non, tout va bien, mes parents sont heureux, vraiment, et Tommen file le parfait
bonheur avec Margaery, et Joffrey… reste Joffrey mais il se tient calme en ce moment.

(Ce n'était pas vrai, mais puisque Sansa était la seule à en souffrir et que presque personne ne
le voyait, Myrcella n'avait pas de raison de croire le contraire.)

Shireen fronça les sourcils.

- Pourtant, dit-elle d'une voix inquiète, quelque chose te préoccupe, pas vrai ?

La blonde lui sourit et hocha la tête.

- Oui, mais… Je n'arrive pas à savoir quoi exactement.


Et c'était bien ça le pire.

L'incertitude.

- Tu veux en parler ?

Cette fois, quand Myrcella lui sourit, son sourire était véritablement sincère.

- Ne t'en fais pas, ça va aller, mais… Merci.

Shireen lui sourit à son tour et prit sa main dans la sienne, avant de l'embrasser.

- C'est normal, ne t'en fais pas, dit-elle avant de laisser sa tête reposer sur son épaule. Je
t'aime, lui murmura-t-elle.

- Je t'aime aussi, lui répondit Myrcella. »

(Elles étaient les seules à ne pas avoir oublié, et en cela, elles étaient parmi les plus
chanceuses.)

§§§§

Theon Greyjoy ne se souvenait pas vraiment d'un jour où son quotidien n'était pas que
douleur.

Peut-être avait-ce été le cas, avant…

Avant Ramsay Bolton.

Peut-être, mais il n'arrivait pas à s'en souvenir, et peut-être était-ce mieux comme ça.

À quoi bon se rappeler des jours heureux, maintenant qu'il savait que ces derniers ne
reviendraient jamais ?

Son corps, son esprit et son âme n'étaient plus que douleur désormais, et tout le monde s'en
fichait.

Ou plutôt, personne ne pouvait rien faire, son bourreau (il avait été son petit-ami autrefois,
avant de révéler son vrai visage, celui qu'il était réellement, et qu'il ne le grave à vie dans sa
chair) était le fils de Roose Bolton, un des hommes les plus influents en ville, alors…

Alors personne ne faisait rien, et lui non plus, et peu à peu, il sombrait, il sombrait encore et
encore, au point de se noyer.

Peut-être était-ce de sa faute finalement, d'être tombé dans le piège de ce monstre qu'il n'avait
pas su voir tel qu'il était.

(Non, bien sûr que non, rien n'était de sa faute, et ça ne l'avait jamais été, ce n'était
aucunement lui le responsable.

C'était la faute de la malédiction et de ceux qui l'avaient manipulée à leur guise.


Mais ça, il ne pouvait pas s'en souvenir.)

Il regarda encore une fois ses poignets, et se demanda combien de temps il se passerait avant
qu'il ne cède pour de bon au désespoir.

§§§§

Vère avait envie de mourir.

Ce n'était pas la première fois qu'une telle pensée traversait son esprit ces derniers temps,
mais elle avait l'impression que chaque jour qui passait ne rendait les choses qu'encore pires.

Et tout était la faute de Craster.

Elle dut faire tout ce qu'elle pouvait pour ne pas se mettre à pleurer.

Elle posa une main sur son ventre rond, et se jura qu'elle allait réussir à tenir.

Pour le bébé, pour l'enfant qu'elle et Sam allaient avoir ensemble, même si le monstre qui la
gardait prisonnière n'était pas décidé à lui faciliter la tâche.

Elle réussirait à survivre et un jour, elle sortirait de cet enfer.

Elle se le promettait à elle-même, un jour, son père payerait pour tout ce qu'il lui faisait
endurer chaque jour qui passait.

Il le fallait.

§§§§

« Monsieur Stark ?

La voix fluette et hésitante de Jeyne Poole résonna alors dans le commissariat vide et
silencieux.

Le policier fronça les sourcils.

- Jeyne ? Qu'est-ce que tu fais ici, est-ce que tout va bien ?

- Non, lui répondit-elle avec franchise, mais ce n'est pas moi que ça concerne.

Un air perplexe apparut sur le visage de Ned.

- Comment cela ? Et que fais-tu ici au juste ?

- C'est au sujet de Sansa Baelish. Je pense… Non. Je sais qu'elle a besoin d'aide.

- Qu'y a-t-il ?

- C'est au sujet de son petit-ami… De son fiancé, Joffrey Lannister, il… Il la maltraite, il la
frappe, et il la bat, affirma-t-elle, une lueur déterminée dans le regard. Il faut que ça s'arrête,
Sansa a beau le nier, moi je sais qu'elle souffre, et… C'est mon amie et je ne veux pas qu'elle
continue de souffrir comme ça, ce n'est… ce n'est absolument pas juste !

Ned Stark se souvenait de la petite Sansa, de ses yeux bleus, de ses cheveux roux et de son
sourire lumineux, il ne la voyait que peu désormais, mais il se rappelait de sa joie de vivre
enfantine et du sentiment de tristesse qu'il avait ressenti à l'époque, parce qu'il n'était pas son
père et ne le serait jamais.

Mais, si elle était en danger…

- Assieds-toi, et raconte-moi tout. »

§§§§

En parler avait rendu les choses pires en fait, et Jeyne était ressortie avec la rage au ventre et
les poings serrés.

Mais au moins, elle avait été écoutée, et elle le sentait, elle avait été crue.

C'était déjà quelque chose.

Et avec un peu de chance, après cela, la vie de Sansa allait enfin s'améliorer.

Elle avait envie d'y croire tellement fort.

§§§§

Yara dut attendre plusieurs jours avant de revoir l'inconnue.

Elle ne savait pas pourquoi elle avait envie de se confier à elle, ou pourquoi elle pensait
qu'elle la croirait là où personne d'autre ne le ferait, mais son instinct lui disait que si
quelqu'un pouvait le faire, ce serait elle.

Et ce n'était ni logique ni rationnel mais plus rien ne l'était dans sa vie désormais, alors elle
s'en moquait.

« Excusez-moi, lança-t-elle à l'inconnue qui sortait tout juste du restaurant, est-ce que je
pourrais vous parler ? »

Et Marina Leszczynska lui sourit.

A suivre…
Le rêve fou.
Chapter Notes

Titre du 23/05/2021 : Le rêve fou

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de... Legolas : Ami des Nains : Écrire sur l'amitié entre Illya Kuryakin &
Napoléon Solo (TMFU) ou écrire sur une amitié improbable

257) 50 nuances de personnages LGBT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, elles ont dit, Sarah & son cerveau,
quatre aspects, 50 nuances)

Hey, I'm back bitches ! (Oui je sais vous vous en foutez). J'ai 3 autres chapitres de prêts
en plus de celui-là donc a priori je suis débloquée, je croise les doigts pour que ça
continue comme ça.

Marina l'admettait, elle avait passé une bonne journée.

L'habitante de Dunkerque avait passé une bonne partie de sa journée dans l'association où elle
travaillait, après elle était rentrée chez elle et avait pu broder un peu et jouer à un de ses jeux
vidéos.

En cette belle soirée d'avril, elle avait également décidé de sortir un peu dehors pour manger
dans un restaurant, celui dans lequel elle se rendait occasionnellement puisqu'il se trouvait
près de chez elle, puis pour se promener dans la ville, flânant un peu au hasard, et
réfléchissant déjà à sa prochaine fanfiction.

Celle-ci, sans grande surprise, concernait Lancel Lannister, un personnage qu'elle adorait plus
que tout et sur lequel elle écrivait le plus possible.

Aussi, lorsqu'elle entendit une voix inconnue la héler, perdue comme elle l'était dans ses
pensées, elle ne l'entendit pas immédiatement.
« Excusez-moi, entendit-elle finalement quelques secondes plus tard, est-ce que je pourrais
vous parler ? »

Marina se figea, étonnée.

Était-ce vraiment à elle qu'on parlait ?

Ça paraissait grandement improbable, cette voix ne lui était pas du tout familière, elle était
partie du restaurant en ayant payé, sans avoir oublié quoi que ce soit, puisqu'elle avait son sac
avec elle, alors qui…

De qui pouvait-il bien s'agir ?

Elle se retourna, et aperçut alors une femme dont le visage lui parut légèrement familier sans
qu'elle comprenne exactement pourquoi.

Marina lui sourit avec politesse, ne comprenant toujours pas quelle était la raison pour
laquelle elle avait été interpellée.

En regardant autour d'elle, elle réalisa alors que, puisqu'il n'y avait personne d'autre à part elle
et l'inconnue dans les environs, elle ne pouvait s'adresser qu'à elle.

« Bonsoir, lui répondit-elle, en quoi puis-je vous aider ?

Yara sentit alors l'espoir s'emparer d'elle, elle ne la connaissait pas finalement, elle ne savait
rien d'elle, elle n'avait aucune raison de penser qu'elle pourrait vouloir l'aider, ou même
qu'elle en serait capable, ou que son aide pourrait la ramener à la maison, mais…

Mais pourtant, malgré tout ça, malgré tous les doutes qui auraient pu s'agiter en elle, elle
avait envie de lui faire confiance.

Peut-être était-ce parce qu'elle était véritablement désespérée, qu'elle n'avait personne à qui
faire appel dans ce monde, ou peut-être n'était-ce qu'une coïncidence, mais…

Mais Yara Greyjoy venait d'un univers où les dragons, les marcheurs blancs et la magie
existaient, ce n'était pas dans ce genre de monde qu'on pouvait se permettre de croire aux
coïncidences.

Alors il était peut-être naïf de sa part de le croire, mais elle avait le sentiment que sa
rencontre avec cette femme française était tout sauf une coïncidence.

Maintenant, la question était de savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Une bonne, enfin, elle l'espérait.

- Je…

Et Yara oublia soudainement tous les mots qu'elle avait pu former dans sa tête, tant la peur la
paralysait.
Elle n'était pas une personne peu assurée d'ordinaire, bien au contraire, elle était Yara
Greyjoy, une fille de la mer, se répétait-elle en permanence, elle était une seiche, une
guerrière, elle n'avait peur de rien, mais en ayant été propulsée ici, seule, elle avait perdu tous
ses repères.

Pourtant, elle devait faire vite si elle ne voulait pas perdre la seule occasion qu'elle avait de
peut-être gagner une alliée.

Peut-être.

- Bonsoir. Je m'appelle Esgred Miller, finit-elle par dire, commençant par se présenter, et je…
Elle se trouva à nouveau à court de mots, mais ce ne fut pas un problème parce que son
interlocutrice parla alors.

- Oh c'est drôle ça, fit-elle remarquer, vous portez exactement le même nom qu'un
personnage de la saga du Trône de fer. Enfin, ce n'est pas son vrai nom, mais elle se fait
appeler ainsi pendant une petite partie de l'intrigue.

Oui je sais, faillit-elle répondre avec amertume.

Elle avait découvert ce détail peu de temps avant, que son équivalent des romans avait
également choisi ce nom, se faisant passer pour ce qu'elle n'était pas, pour une personne qui
n'était pas elle.

Une preuve de plus que l'auteur avait eu raison sur certaines choses en tout cas.

Et elle qui s'était crue si maligne en choisissant cette identité avait alors réalisé qu'en réalité,
elle n'avait fait que se dévoiler involontairement au grand jour et révéler qui elle était
réellement.

Enfin, pour quelqu'un qui connaissait les romans et savait pour la malédiction, ce qui, par
chance, devait limiter le nombre de personnes, et de toute façon, elle ne pouvait pas changer
de nom à nouveau, pas alors qu'elle s'y était habituée et que les gens la connaissaient sous ce
dernier.

Pas alors que ça n'aurait rien changé, et n'aurait fait qu'empirer les choses parce que qui
exactement pouvait s'appeler Yara Greyjoy dans la vraie vie ?

Pas elle en tout cas, alors, elle avait fait le choix de rester ainsi, de garder ce nom qui n'était
pas le sien, et qui avec un peu de chance, ne la démasquerait pas.

Elle se força à sourire.

- Oui, dit-elle, c'est… amusant.

Ça ne l'était pas bien sûr, pas pour elle, mais elle n'avait pas d'autre choix que de faire comme
si ça l'était.

Un silence s'installa pendant quelques secondes avant que Marina ne prenne à nouveau la
parole.
- Je suis Marina. Marina Leszczynska, dit-elle avant de lui tendre une main que Yara serra
aussitôt dans la sienne pour la saluer. Alors dites-moi, de quoi vouliez-vous me parler ?

Elle n'était pas prête à lui dire la vérité, pas encore, et ça la tuait, parce que c'était bien
de temps qu'elle était en train de manquer et pourtant elle continuait de le gaspiller, parce
qu'elle n'avait pas d'autre choix, et ça la rendait tellement malade qu'elle avait envie de hurler.

- Je suis serveuse dans ce restaurant, répondit-elle, décidant de commencer par une vérité
simple, et l'autre jour, enfin… Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que vous aviez un
exemplaire du Trône de fer avec vous quand vous êtes venue déjeuner ici.

Elle vit alors une lueur briller dans les yeux de Marina, et elle sut qu'elle avait touché juste.

- Oh ! Alors vous aussi vous êtes une fan de l'œuvre de George R. R. Martin ?

En fait, songea-t-elle, de votre point de vue, il m'a littéralement créée alors oui, en quelque
sorte.

- Qu'est-ce que vous connaissez au juste ? Les livres ? La série ? Les deux ? Vous avez
commencé ou terminé, vous avez lu Le Trône de Fer, les nouvelles, Feu et Sang ? Quel est
votre personnage préféré, celui que vous détestez ? Votre maison favorite, et à l'inverse celle
que vous ne supportez pas ? À votre avis, qu'est-ce qu'il y aura dans la saison 8, et dans le
tome 6 ? Enfin, si il sort un jour. Qu'est-ce que vous pensez de Lancel Lannister ?

Alors qu'elle observait Marina devenir un véritable moulin à paroles, Yara la regarda avec
surprise et incrédulité, avant de soudainement éclater de rire.

Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ri de bon cœur comme ça, depuis…

Depuis que la malédiction était venue et avait tout emporté en fait.

Elle repoussa cette pensée le plus loin possible au fin fond de son esprit, parce que si elle y
pensait encore, si elle laissait cette blessure qui n'avait même pas encore guéri se rouvrir et
saigner de plus belle, alors elle allait se mettre à pleurer à nouveau.

- Que d'enthousiasme ! S'exclama-t-elle avec un amusement visible, et le cœur un peu plus


léger.

Marina sourit.

- Excusez-moi, c'est juste que… J'aime tellement en parler.

- Je vois ça.

Le soulagement l'envahit alors, Marina ne l'avait pas regardée comme si elle était folle (enfin,
d'un autre côté, elle ne connaissait pas encore la vérité), elle l'avait écoutée et surtout, elle lui
avait parlé, c'était…

Enfin, c'était un bon début.


Pas vrai ?

- Je… Je ne connais pas vraiment en fait, j'en ai seulement entendu parler, mais j'aimerais en
savoir plus. Et puis, ajouta-t-elle, je dois admettre que je me sens un peu seule à Dunkerque,
je n'y vis pas depuis très longtemps et je n'ai pas grand-monde à qui parler en dehors du
boulot. Je sais que ça peut sembler bizarre, mais… Enfin, je voudrais bien en discuter avec
vous.

Aidez-moi ! Voulait-elle hurler.

Je vous en supplie, aidez-moi par pitié, tout ce que je veux, c'est rentrer à la maison !

Elle serra les poings, s'enfonça les ongles dans ses paumes jusqu'à ce que la douleur
l'envahisse, et ne dit aucun de ces mots, se contentant de se forcer à sourire.

Un jour elle y arriverait.

Un jour, elle retrouverait ceux qu'elle avait perdus.

- Oh ne vous en faites pas, ça me convient parfaitement, comme ça si ça ne vous dérange pas,


je pourrai vous parler de Lancel, c'est mon chouchou, mon bébou ultime tous univers
confondus.

Yara haussa un sourcil surpris, tiquant à la fois sur l'emploi du mot bébou et du fait qu'il
s'agissait de Lancel, c'était un personnage secondaire après tout si elle se souvenait bien.

Mais elle en était elle-même un aussi, et de toute façon, qu'importe qui était son personnage
préféré, tant qu'elle acceptait de l'aider.

- Hé bien… J'en serais ravie. »

§§§§

C'était la soirée la plus étrange que Yara Greyjoy avait passée de toute sa vie, et pourtant, elle
vivait déjà dans ce monde depuis près d'un an, et elle avait vu des choses improbables à
Westeros aussi.

Mais maintenant qu'elle connaissait Marina Leszczynska, sa définition d'étrange avait


totalement changé et elle ne savait pas trop quoi penser de tout ça, cet amour sans failles,
inconditionnel et touchant pour un personnage fictif (enfin, fictif…), c'était beau, vraiment.

Et l'univers des fanfictions, c'était un monde si…

Elle n'avait même pas de mots pour décrire ça.

Enfin, que cette soirée soit improbable et absurde ou pas (oh elle l'était, elle l'était vraiment),
ce n'était pas important, ce qui était importait, ce qui comptait, c'est que dans le processus,
elle avait gagné une amie.
Oui, ça aussi c'était improbable, une fer-née de Pyk, prétendument un personnage fictif, qui
devenait amie avec une dunkerquoise qui n'était même pas au courant de son identité ou du
fait qu'elle n'était même pas censée exister.

Elles faisaient un duo vraiment étrange, un duo qui n'était pas censé marcher vu les
circonstances de leur rencontre, sauf que…

Sauf que Yara Greyjoy n'était même pas supposée avoir d'existence concrète dans cet univers,
alors elle se moquait bien de la logique ou de la normalité, elle s'en moquait depuis que le
portail s'était ouvert, qu'elle l'avait franchi, qu'elle était devenue Esgred Miller, depuis qu'elle
avait perdu presque tout ce qu'elle avait, hormis son nom et son identité.

Et même ça, elle était obligée de le cacher à tout le monde.

Pas pour longtemps, espérait-elle.

Oh par le dieu noyé, pensa-t-elle une nouvelle fois, comme elle le faisait tous les jours, et
jamais elle n'avait autant prié que depuis qu'elle était arrivée ici, elle l'espérait tellement.

C'était étrange ça aussi.

Avant, quand elle était encore à Westeros, chez elle, elle s'attendait à devoir se battre,
combattre contre des monstres, quelque chose de ce genre, quelque chose qui était semblable
à ce qu'elle avait vécu dans son monde de naissance.

Mais ici et maintenant, à Dunkerque, en France, il n'y avait rien de tout ça.

Pas de magie, pas de monstres, pas de dragons, pas de marcheurs blancs, c'était un monde
différent, avec d'autres codes, qu'elle avait encore bien du mal à maîtriser.

Aussi…

Qui aurait pu croire que son salut lui viendrait d'une jeune femme venant de Dunkerque qui
n'avait jamais mis un seul pied dans les Sept Couronnes de toute sa vie ?

Le destin était vraiment étrange…

A suivre…
Un si petit rêve.
Chapter Notes

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Jack Sparrow : Rhum : Écrire sur Jack Sparrow ou sur un
personnage qui aime le rhum

257) 50 nuances de personnages LGBT

8 défis fusionnés (horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, Sarah &
son cerveau, quatre aspects, 50 nuances)

Oh et j'annonce que cette fic va un peu partir dans le n'importe quoi, enfin encore plus
qu'avant, vous êtes prévenus !

Octobre 2018.

L'alcool était vraiment une invention merveilleuse.

C'était une pensée qui agitait Yara Greyjoy depuis un bon moment déjà, alors qu'elle avalait
le reste de son verre rempli d'alcool indéterminé, du rhum très probablement, un de ses
alcools préférés du monde dans lequel elle avait atterri.

Et qui était le meilleur moyen pour elle de tenter de noyer son chagrin et ses nombreuses
idées noires.

Un an et demi…

Cela faisait un an et demi déjà que la malédiction avait été lancée.

Et elle n'avait toujours pas réussi à trouver ce qu'elle cherchait.

Elle ne les avait toujours pas retrouvés, mais comment aurait-elle pu le faire ?
Elle ignorait où ils se trouvaient.

Ils étaient là, quelque part, loin d'elle, ils ne se souvenaient pas d'elle ni même de qui ils
étaient réellement.

Et ça lui brisait le cœur.

En six mois, certaines choses avaient changé, elle était devenue amie avec Marina
Leszczynska, elle était même devenue sa colocataire, elle avait appris encore plus de choses
sur ce monde étrange, et s'y débrouillait de plus en plus.

Mais ça ne changeait rien à la douloureuse et si effroyable vérité.

Elle faisait du surplace.

Et elle ne pouvait rien faire pour changer cela.

Elle avait regardé Game of Thrones aussi, enfin les sept saisons sorties pour l'instant.

Elle aurait préféré éviter en fin de compte.

Elle avait vu les souffrances de Sansa, de Theon, les siennes aussi, et tout ce qui était arrivé à
leur monde dans cette version alternative d'une histoire qu'elle n'avait jamais vécue.

Elle s'était vue aussi, et elle ne s'était pas reconnue, s'indignant intérieurement, parce que ça,
ça…

Ce n'était pas elle ça !

Tellement de souffrance, de désespoir, d'horreur…

Cela ne lui donnait qu'encore plus envie de retrouver ceux dont elle avait été si cruellement
séparée et de les serrer dans ses bras, contre elle, juste pour s'assurer qu'ils allaient bien, qu'ils
étaient en sécurité.

Chose qu'elle ne pouvait pas savoir et qui lui déchirait le cœur, parce qu'elle n'avait pas la
moindre idée de ce qui avait bien pu leur arriver, de ce qu'ils faisaient, et de si ils étaient
heureux malgré l'oubli, ou si au contraire, ils souffraient l'enfer.

Et si jamais c'était la dernière option, alors…

Sa vengeance serait terrible.

Même si pour l'instant la kraken vengeresse qu'elle aurait voulu être ressemblait plus à une
loque alcoolisée et désespérée qu'autre chose.

Et en même temps…

Qu'aurait-elle pu faire d'autre ?


Elle avait été envoyée dans ce monde pour les sauver, et elle en était tout bonnement
incapable.

Elle était Yara Greyjoy, une fer-née, une seiche.

Mais elle n'avait définitivement rien d'une Sauveuse.

Un nouveau sanglot la secoua et elle se resservit un autre verre qui lui brûla la gorge, mais
pas autant que l'amertume qui était sienne depuis qu'elle avait compris qu'elle n'arriverait sans
doute jamais à trouver ceux qu'elle cherchait depuis maintenant, oh, si longtemps.

Elle allait probablement finir la bouteille ce soir-même et elle n'en avait rien à faire, c'était
son jour de congé après tout, elle faisait bien ce qu'elle voulait.

Elle aurait tellement aimé que les choses soient différentes, qu'elle n'ait pas l'impression
chaque jour qui passait de se noyer un peu plus sous le poids de ses propres échecs et
déconvenues.

Cette sensation de suffoquer était si insupportable, qu'à défaut de réussir à respirer, elle
préférait se noyer dans autre chose.

Si elle avait été un peu plus lucide, elle se serait souvenue que sa colocataire n'allait pas
tarder à rentrer du travail, et qu'il valait mieux pour elle qu'elle ne la trouve pas dans cet état.

Marina était une personne gentille, optimiste, douce, intelligente, passionnée et attentionnée
qui prenait soin d'elle du mieux qu'elle pouvait, malgré toutes les bizarreries dont pouvait
faire preuve Yara.

Elle méritait mieux que ça, elle méritait mieux qu'une amie qui sombrait lentement mais
sûrement dans l'alcoolisme et le désespoir et qui ne pouvait même pas l'appeler au secours
tellement elle avait peur de ne pas être crue, d'être considérée comme une folle par la seule
amie et alliée qu'elle avait dans ce monde.

Et pourtant, malgré tout, elle continua de boire, encore et encore et encore, parce qu'elle ne
pouvait rien faire d'autre, qu'elle était perdue, seule, désespérée.

Elle voulait juste rentrer à la maison, que Sansa l'embrasse et que son enfer s'arrête enfin pour
de bon.

Elle n'entendit même pas la porte s'ouvrir quand Marina rentra.

En revanche, elle entendit l'exclamation de surprise de la dunkerquoise quand cette dernière


découvrit l'état dans lequel elle se trouvait.

« Esgred ? S'écria-t-elle, estomaquée. Qu'est-ce qu'il se passe ? Que t'arrive-t-il ?

Je ne m'appelle pas Esgred ! Voulut-elle lui hurler au visage, tout en sachant qu'elle n'y était
pour rien, que c'était uniquement de la faute de Cersei et de sa malédiction, de son sort noir,
mais elle…
Elle était juste tellement fatiguée.

Fatiguée d'être perdue, fatiguée de devoir mentir, fatiguée de devoir porter un masque en
permanence et de prétendre que tout allait bien, qu'elle n'était pas malheureuse et seule et
aussi tellement triste.

Fatiguée de se réveiller toutes les nuits en pleurs après un cauchemar parce que sa famille lui
avait été enlevée.

Elle était Yara Greyjoy, elle était une battante, une guerrière.

Elle aurait dû faire mieux que ça, être meilleure que ça.

Marina la regarda avec compassion, et au travers du brouillard de douleur qui l'aveuglait


actuellement, cela lui fit chaud au cœur, et elle sourit brièvement malgré ses larmes.

Mais ce ne serait pas suffisant.

Quels que soient les efforts de Marina pour la maintenir à flots, elle n'y parviendrait pas, elle
ne pouvait pas la sauver, parce qu'elle ne pouvait pas l'aider, parce qu'elle ne savait pas, elle
ne savait rien, parce qu'elle ne pouvait lui dire la vérité.

Marina soupira, avant de s'asseoir en face d'elle après un rapide regard sur les bouteilles vides
autour d'elles.

- Tu sais… Commença-t-elle, hésitante. Si jamais si tu as des problèmes avec l'alcool, tu


peux te faire aider. Et si tu es déprimée ou même en dépression, parce que je vois bien que tu
ne vas bien et ce depuis quelques temps Esgred, tu peux te faire suivre… Et j'aimerais
pouvoir t'aider, si jamais tu veux en parler à quelqu'un, ou à un psy, je peux t'aider à faire les
démarches, je me doute que ce ne doit pas être quelque chose de facile à faire, d'admettre
qu'on va mal, mais…

- Je ne m'appelle pas Esgred, lâcha finalement Yara d'une voix cassée avant de pouvoir s'en
empêcher.

Elle n'en pouvait plus.

Elle voulait juste que ça s'arrête.

La française fronça les sourcils.

- Pardon ?

- Mon nom n'est pas et n'a jamais été Esgred Miller, avoua-t-elle enfin, après avoir menti sur
sa véritable identité pendant tellement de temps qu'elle avait parfois peur d'oublier qui elle
était réellement.

- Je… je ne suis pas sure de vraiment comprendre, bredouilla Marina interloquée. De quoi
est-ce que tu parles Esgred ? Tu… tu es ivre je pense que tu ne sais plus ce que tu dis, tu
devrais sûrement aller te coucher, tu vas avoir une gueule de bois d'enfer demain en te levant.
Non.

Non.

Surtout pas, pas ça, tout mais pas ça.

Il fallait qu'elle aille jusqu'au bout, qu'elle continue, qu'elle ne se taise pas, qu'elle parle,
qu'elle avoue la vérité, tant qu'elle avait encore assez de courage pour le faire et d'alcool dans
le sang pour la motiver à dire ce qu'elle n'aurait jamais osé avouer en temps normal.

Parce qu'il fallait que quelqu'un, au moins une seule personne dans ce putain d'univers, sache
enfin la vérité, même si c'était pour qu'elle ne soit pas crue.

Qu'elle ne soit plus la seule en dehors de ceux qui avaient lancé le sort noir à se souvenir de
la vérité.

- Je suis peut-être ivre, objecta la guerrière, mais je sais très bien ce que je dis. Et qui je suis.
Et je… je voudrais juste… J'en peux plus Marina, d'accord ? J'en peux plus de mentir. Alors
s'il te plaît… écoute-moi.

- Okay, très bien, admit finalement son amie avec réticence, ne voyant toujours pas où elle
voulait en venir ou ce qui lui prenait, comme tu veux. Alors dans ce cas, c'est quoi ton vrai
nom ?

Yara lui envoya un sourire ironique, parce qu'elle savait très bien où cela allait les mener.

- Yara Greyjoy.

Son interlocutrice ne put s'empêcher de soupirer.

- Esgred… Ou peu importe comment tu t'appelles en réalité, je m'en moque. Ça n'a rien de
drôle.

Le sourire de la seiche s'effaça immédiatement.

- Je sais. Et crois-moi, c'est encore moins drôle pour moi que ça ne l'est pour toi. Parce qu'il
s'agit de ma vie, de mon histoire. Je sais que c'est impossible à croire mais c'est vrai. Je suis
Yara Greyjoy, fille de Balon et Alannys Greyjoy, sœur de Theon Greyjoy. Je viens de
Westeros et je suis arrivée dans ce monde suite à une malédiction.

Marina haussa un sourcil.

- Une malédiction ?

- Le sort noir. Lancé par Mélisandre, pour nous sauver des marcheurs blancs, seulement…
d'autres personnes ont tourné ça à leur avantage, cracha-t-elle en repensant à Cersei,
Littlefinger et aux Bolton. Et tous les autres ont perdu la mémoire en atterrissant ici, à part
ceux qui ont manipulé le sortilège… et moi.

Oh, eux, elle allait les faire payer pour leurs crimes le jour où elle les reverrait…
Encore fallait-il qu'elle trouve l'endroit où ils se trouvaient.

- Comme dans Once Upon a Time ?

- Quoi ?

- Once Upon a Time. La série télévisée. La méchante reine lance elle aussi un sortilège qui
efface la mémoire des personnages de contes de fée et les transporte dans notre monde. La
série s'est achevée cette année i peine quelques mois.

- Je n'ai jamais entendu parler de cette série. Et je… j'ai entendu Mélisandre dire qu'elle avait
eu le parchemin du sortilège par un sorcier à la peau de crocodile… Un homme surnommé le
Ténébreux.

Marina pencha alors légèrement la tête, semblant confuse.

- Donc tu es en train de me dire que l'univers de Game of Thrones et celui de Once Upon a
Time coexistent tous les deux ? Que donc non seulement toi et les autres vous êtes réels, mais
aussi Emma Swan et tous les autres personnages des contes de la série ? Intéressant.
J'aimerais vraiment que ce soit vrai, ça me permettrait de régler mes comptes avec quelques
personnages…

Yara la regarda, interloquée, n'ayant aucune idée de ce dont elle pouvait bien parler, avant de
juger que ça n'avait pas la moindre importance, et de continuer.

- Je… suppose oui. Je ne suis pas très au fait des différents univers existants, en dehors de
celui-ci et du mien. Tout ce que je sais, c'est que les miens sont en grand danger et que je dois
absolument les retrouver et les secourir.

- Je ne comprends pas… Si le sort noir a été lancé pour vous sauver de la menace que
représentaient les marcheurs blancs, alors… de quoi doivent-ils être sauvés ?

Yara serra les poings, sentant les larmes la brûler à nouveau.

- Il y a eu… un problème. Quand le sort noir a été lancé. En théorie, nous devions juste nous
retrouver ici, et garder le souvenir de nos véritables identités, mais… nous avons été trahis.

- Par qui ?

- Cersei Lannister. Petyr Baelish. Roose Bolton. Ramsay Snow.

Elle vit Marina se tendre en entendant le nom du bâtard, et ça ne l'étonna pas, elle savait que
la jeune femme avait une grande affection pour Theon.

- Ces noms… ne m'étonnent pas je l'avoue. Qu'ont-ils fait ?

- Ils ont fait en sorte que tout le monde oublie sa véritable identité. Ils ont pris le contrôle de
la ville où ils sont arrivés grâce à ça, et je suppose qu'ils font de la vie de tout le monde un
enfer.
- Comme Regina en somme, comprit Marina avec un air sombre. Je vois… Je saisis mieux
pourquoi ils doivent être sauvés maintenant. Et pourquoi la malédiction doit être brisée. Si
tout cela est vrai bien sûr.

- Ça l'est ! Je peux te raconter ma vie, telle qu'elle s'est réellement passée, te dire des choses à
mon sujet que même G.R.R Martin ignore !

Marina avait envie d'y croire, elle le lisait dans ses yeux.

Mais elle doutait encore, et Yara ne pouvait pas la blâmer pour ça.

- Je veux bien t'écouter, mais avant j'ai une question. Est-ce que ça veut dire que Lancel
Lannister existe lui aussi ?

Yara était en vérité étonnée qu'elle ne lui ait pas posé la question plus tôt.

- Oui. Oui, il existe.

Une lueur d'intérêt se mit alors à briller dans les yeux de l'écrivaine de fanfictions.

- Oh. Alors dans ce cas-là ça change tout. »

Et Yara sut alors avec certitude qu'elle la croirait, ne serait-ce que pour avoir l'espoir fou de
pouvoir sauver son personnage préféré du sort terrible qui l'attendait.

L'espoir envahit alors son cœur et aussi le rêve que, peut-être, elle allait parvenir à réaliser
son objectif après tout.

Elle pouvait y arriver.

Elle le devait.

A suivre…
Je viens pour toi.
Chapter Notes

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Marina : Fanfiction : Écrire sur un perso qui écrit des fanfics ou
écrire sur un perso qui lit des fanfics

257) 50 nuances de personnages LGBT

8 défis fusionnés (horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, Sarah &
son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Elle avait envie de la croire.

Oh par les Sept, comme on disait à Westeros, Marina Leszczynska avait tellement envie de la
croire.

De croire que ce qu'elle disait était réel.

Que la femme qu'elle avait accueillie chez elle et qui était devenue son amie et sa colocataire,
avec qui elle jouait aux jeux vidéos, devant qui elle avait brodé à de nombreuses reprises,
avec qui elle avait discuté et ri plusieurs fois, qui regardait des séries avec elle et à qui elle
lisait ses fanfictions (ah ah, elle lui avait lu ses fics Game of Thrones en plus, y compris
certaines rated M, c'était tellement embarrassant), soit réellement Yara Greyjoy.

Qu'elle, l'autrice de fanfictions, puisse se retrouver projetée dans une histoire telle que celle
qu'elle avait pu écrire autrefois, après avoir visionné le final de la saison 6 et avoir assisté à la
mort de son Lancel adoré.

Elle avait écrit Lancel à Dunkerque après tout, alors oui, le vœu le plus cher qui se formait
dans son cœur à ce instant précis était que cette aventure qu'elle avait imaginée puisse
devenir réalité un jour, et même si elle vivait dans le monde réel, une part d'elle-même voulait
y croire.

Croire que Esgred était vraiment Yara, même si tout autour d'elle lui hurlait le contraire.

Yara ou Esgred ou peu importe quel était son véritable nom si jamais elle mentait, lui avait
demandé de faire des recherches sur elle, pour lui prouver qu'elle ne mentait pas, en disant
que, si elle remontait à un an et demi en arrière, à savoir au courant de l'année 2017, et même
avant cela, elle ne trouverait aucune trace d'une quelconque Esgred Miller.

Qu'elle était sortie de nulle part, littéralement, d'un portail magique et qu'elle avait fabriqué
son identité de toute pièces.

Comme August Booth et Emma Swan entrant dans l'armoire magique dans la Forêt
Enchantée pour ensuite ressortir d'un arbre dans le monde sans magie…

Elle avait eu raison d'ailleurs.

Elle n'avait rien trouvé à son sujet, strictement rien du tout, nada.

Ça ne prouvait rien du tout, c'est vrai.

Mais…

Mais elle avait l'air de tellement y croire que Marina ne pouvait s'empêcher malgré elle
d'avoir envie de le faire elle aussi.

D'essayer au moins.

Qu'avait-elle donc à perdre finalement ?

C'était de la folie, oui, n'importe lequel de ses proches, IRL ou d'internet, lui aurait sûrement
dit qu'elle ne devait pas la croire, mais…

Mais elle avait envie de le faire.

Et puis, Emma Swan avait bien fini par croire Henry dans Once Upon a Time, non ?

Alors peut-être qu'elle pouvait le faire.

« Est-ce tu sais où ils sont exactement ?

Yara secoua la tête.

- Non. Ils sont dans ce monde mais j'ignore où précisément, Thoros ne me l'a pas précisé, je
ne sais pas si ils sont dans la région, ni même si ils se trouvent dans le pays ou sur le
continent et je… Je veux juste retrouver mon frère et ma petite-amie.

Les yeux de Marina se mirent alors à briller de curiosité et d'intérêt.

- Ta petite-amie ? Qui c'est ?


- Sansa Stark.

La dunkerquoise haussa un sourcil surpris.

- Oh. Je me serais attendue à Daenerys honnêtement.

- Dans mon monde, les enfants Targaryen n'ont pas survécu.

- Oh. Je vois. Ça change beaucoup de choses. Vous étiez heureuses ? Avant la malédiction je
veux dire. Je sais que Westeros n'est pas tendre avec les personnes LGBT.

LGBT.

Un nouveau terme qu'elle avait appris en arrivant ici, une nouvelle preuve que ce monde,
bien qu'imparfait, était meilleur que le leur par bien des aspects.

Chez elle, elle n'avait jamais eu de problèmes à cause du fait qu'elle aimait les femmes et les
hommes mais elle savait bien que ce n'était pas le cas partout.

Et ici, elle avait l'espoir que, même maudits, ceux qui venaient de Westeros n'avaient plus à
en souffrir ou à se cacher, elle pensait à Renly et Loras notamment, ou à Oberyn et Ellaria
(même si les deux Dorniens ne s'étaient jamais cachés, n'avaient jamais renié qui ils étaient),
et bien évidemment à sa chère Sansa.

Oh Dieu noyé, protégez la je vous en supplie.

(Elle ignorait encore alors dans quel type d'enfer sa bien-aimée avait été précipitée.)

- Oui. Il y avait les marcheurs blancs, et les choses n'ont pas été simples tout de suite entre
nous à cause de la haine entre nos deux familles, mais… être avec elle, ça a juste fini par
être… évident. On était vraiment heureuses, et maintenant elle… Elle ne sait même plus qui
je suis. Ou même que j'existe. »

Marina aurait aimé pouvoir effacer la douleur et les larmes de son amie et les remplacer par
des sourires mais elle ne le pouvait pas.

Alors elle fit ce qu'elle pouvait, à savoir la serrer dans ses bras pour la consoler, en se
promettant de tout faire pour l'aider à retrouver ceux qu'elle avait perdus.

Et la faire jouer avec Onyx aussi.

Parce que rien de mieux qu'un chien pour réconforter quelqu'un qui n'allait pas bien selon
elle.

§§§§

« On les retrouvera, lui promit-elle alors que Yara séchait ses larmes. Je te le jure. On y
arrivera, ce n'est pas une malédiction qui va m'arrêter.

Ce ne serait pas la première fois qu'elle serait confrontée à un univers fictif après tout.
Sauf que, bon, cette fois, ce serait réel.

Mais n'empêche.

Yara la regarda avec des yeux emplis d'espoir.

- Alors… alors tu me crois maintenant ? Vraiment ?

Marina hocha la tête.

- Oui. Je suis peut-être en train de faire la plus grosse erreur de ma vie en me lançant en quête
d'une chimère qui n'existe pas, mais… je veux y croire. Je veux essayer. Je veux dire, ce
serait bien d'être une héroïne, sauver tout un peuple d'une malédiction, c'est juste méga
classe. Et puis de toute façon, il n'y a rien d'intéressant à la télé ce soir.

La fer-née éclata de rire et Marina sourit.

- Merci, fit la guerrière. Vraiment. Si tu n'avais pas été là je ne sais pas ce que je… Merci
infiniment.

- Y a pas de quoi. Si ça peut me permettre de rencontrer mon bébou ultime (édit : de 2018 par
contre, maintenant y a Osman aussi) alors crois-moi, je suis gagnante. Si jamais les choses
fonctionnent un peu comme dans Once Upon a Time alors je pense que… une partie de toi-
même doit savoir. Où est la ville.

Yara fronça les sourcils.

- Comment ça ?

- Dans la série, August Booth, c'est-à-dire Pinocchio, trouve la ville de Storybrooke tout seul
alors qu'il n'a aucune carte, pas de plan, pas d'indications, rien du tout, enfin de ce que je me
souviens en tout cas. Mais il savait où elle était, sans doute parce qu'il était relié à elle par
une sorte de connexion.

- A cause… de la magie ?

- Je pense oui. Peut-être que c'est ton cas aussi. En attendant, je vais essayer de faire des
recherches pour voir si en France il y a quelque chose de nouveau ou d'inhabituel qui est
apparu durant l'année dernière.

Yara hocha la tête.

- D'accord. »

§§§§

Ce ne fut qu'au début du mois de janvier 2019 que Marina trouva enfin quelque chose
d'intéressant.

Depuis quand…
Depuis quand au juste y avait-il une ville gigantesque et peuplée à ce point à Kintzheim ?

Hum…

Ça valait le coup d'aller fouiner, non ?

§§§§

Il n'y avait pas la moindre information.

Rien du tout.

Exactement comme avec… Yara en fait.

La ville existait, mais il n'y avait rien du tout sur internet ou ailleurs, comme si elle venait
tout juste d'apparaître.

N'importe qui d'autre ne se serait pas inquiété ou même posé de question, ça pouvait n'être
qu'une simple ville paumée de plus comme il en existait partout en France ou même dans
d'autres pays, mais Marina savait, elle connaissait la vérité, et elle avait Yara avec elle, et cela
ne faisait que confirmer ce qu'elle lui avait dit.

Il y avait quelque chose de bizarre dans cette situation.

§§§§

« On va aller à Kintzheim.

- C'est où Kintzheim ?

- En Alsace.

- Et c'est où l'Alsace ?

Marina lui sourit avant de lui montrer la région sur une carte.

- Je ne sais pas où est la ville exactement, mais… on va la trouver. J'en suis sure.

- Et si ça se passe comme dans ta série ? Que la ville reste cachée aux yeux de tous et que
personne ne peut y entrer ?

- Hé bien ça ne s'appliquera pas à toi au moins, tu viens de Westeros. Et pour moi, hé bien…
on improvisera le moment venu. »

§§§§

Yara Greyjoy était tout à fait catégorique à ce sujet.

Elle détestait conduire.


Elle n'avait pas le permis d'ailleurs, ayant passé une bonne partie de son temps au début de
son séjour à Dunkerque à essayer de survivre, et puis honnêtement, les voitures lui faisaient
un peu peur, ne ressemblant absolument pas à tout ce qu'elle avait pu connaître au temps où
elle vivait à Westeros.

Et puis, Marina l'avait conduite en voiture à plusieurs reprises dans différents endroits et sa
peur avait fini par s'envoler.

Mais elle ne savait toujours pas conduire, pas encore, et pire que ça, elle avait une sainte
horreur de ça, ça n'avait rien à voir avec un bateau, pourquoi fallait-il que ce soit si
compliqué, peu pratique et petit ?

Les terriens étaient des gens bizarres.

Marina lui avait bien dit qu'elle n'avait pas à faire ça si elle n'était pas prête, qu'elle pouvait
attendre, que ça ne la dérangeait pas de les emmener à Kintzheim elle-même, mais Yara était
une personne incroyablement têtue.

Elle avait décidé d'apprendre à conduire, alors elle y arriverait, elle réussirait parce qu'elle
était une Greyjoy, une fer-née et que l'échec n'était même pas une option.

Alors oui.

Peu importe le temps que ça prendrait, elle l'aurait ce fichu permis de conduire.

Elle ne l'aurait peut-être pas à leur arrivée à Kintzheim, mais au moins à ce moment-là, elle
saurait conduire.

Peut-être.

§§§§

Le château était en ruines avant.

De ça, Marina en était sure et certaine, il n'y avait plus rien hormis des vestiges, et
certainement pas la place pour loger qui que ce soit à l'intérieur d'une manière confortable ou
même convenable, et pourtant, on aurait dit une demeure semblable au Donjon Rouge de
Port-Réal par sa magnificence.

Bien.

Merveilleux.

Elles n'étaient même pas encore entrées en ville qu'elles étaient déjà confrontées à un truc
louche.

Quelque chose avait changé, et ce ne fut qu'à ce moment-là qu'elle eut la preuve définitive
dont elle avait besoin.

La magie avait interféré là-dedans.


Bien, elles n'avaient plus qu'à découvrir comment faire pour arranger les choses du mieux
possible.

§§§§

Elles avaient pu franchir la barrière, toutes les deux.

Elles poussèrent un soupir de soulagement en le réalisant.

Ce n'était donc pas comme Storybrooke…

D'un autre côté, songea Marina, les circonstances étaient différentes, Cersei n'était pas une
sorcière contrairement à Regina, et en dehors de Mélisandre ou Thoros personne ne possédait
réellement de pouvoirs parmi eux, et ce n'était pas ce genre de magie.

Une magie qui avait dû de toute façon s'affaiblir suite à leur arrivée sur Terre.

Sans compter le fait que, peut-être que cette fois-ci, contrairement au cas de Storybrooke,
personne n'était tombé jusque là sur la ville par accident, ou n'avait découvert quelque chose
d'anormal, l'instauration d'une barrière n'avait sans doute pas paru nécessaire.

Peu importe la raison.

Elles étaient rentrées à Kintzheim, pour de bon, enfin, après tous ces mois de recherches et de
road trip de plusieurs semaines qui se terminaient enfin.

Et elles comptaient bien y rester.

Même si leur mission n'était pas terminée, loin de là, bien au contraire.

Elle ne faisait en réalité que commencer.

Et la fer-née et la dunkerquoise avaient bien l'intention de la mener à bien.

A suivre…
Tout bascule.
Chapter Notes

Titre du 28/01/2023 : Tout bascule

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Ryan Foxheart (Les contes de Verania) : HaveHeart : Écrire sur un
personnage qui a un fanclub ou sur un coup de foudre

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

La ville était…

Grande était le premier mot qui venait à l'esprit de Yara.

Plus grande que Port-Réal, plus grande que tout ce qu'elle avait jamais pu voir durant toute sa
vie, que ce soit à Westeros ou en France (même si elle n'avait pas vu grand-chose depuis son
arrivée à Dunkerque, à part sur Internet), et en même temps c'était normal.

Il avait bien fallu que la magie crée quelque chose de suffisamment grand pour accueillir à la
fois les habitants de Westeros et ceux d'Essos.

Ce qui donnait donc quelque chose d'à la fois gigantesque, improbable et illogique.

Parce que sincèrement, par le Dieu Noyé…

Combien de personnes vivaient physiquement dans cette ville qui n'aurait pas dû réussir à les
accueillir ?
Ça n'avait pas le moindre sens bon sang !

Et pourtant, la ville était là, elle existait, et personne ne s'était encore rendu compte de rien a
priori (soit ça, soit Cersei les avait déjà faits taire avant que l'information ne sorte de
Kintzheim, ce qui n'aurait pas été surprenant venant d'elle), ce qui était tout simplement
prodigieux.

« La magie accomplit vraiment des choses fascinantes, murmura Yara en regardant autour
d'elle, et Marina ne put qu'approuver. »

Ce n'était pas exactement comme Storybrooke (elle avait regardé la série entre temps, et avait
fondu en découvrant l'histoire de Robyn et Alice, tout en sentant son cœur se briser, parce
qu'elle et Sansa avaient exactement la même histoire finalement.

À la différence près qu'elles n'avaient pas perdu la mémoire toutes les deux, seule Sansa avait
oublié.

Alors que Yara, elle, se souvenait de tout.

Elle était comme Pinocchio finalement, sauf qu'elle n'avait pas de Sauveuse à guider, elle,
elle devait retrouver le chemin de sa maison par ses propres moyens, aidée de la
dunkerquoise qui se trouvait à ses côtés.)

Pour la simple et bonne raison que la ville du Maine avait rassemblé plusieurs habitants
venant d'un même monde, mais toute la Forêt Enchantée n'avait pas été touchée d'une part, et
d'autre part, c'était probablement un monde moins peuplé que ne l'avait été le sien au moment
où la malédiction avait été lancée, le nombre d'habitants étant resté assez flou.

De plus, même si de nombreuses personnes avaient péri face aux Marcheurs blancs ou en
étaient devenues, ils étaient encore beaucoup d'encore vivants, et ici la question ne résidait
pas tant (ou du moins pas seulement) sur comment la ville pouvait accueillir autant de gens
d'un point de vue matériel comme géographique.

Ce qui intriguait Yara, c'était comment l'ancienne reine faisait pour contrôler tout ce monde,
ils étaient…

Ils étaient combien au juste exactement ?

« Comment ça marche à ton avis ? Demanda Yara à Marina. La répartition des gens en ville
je veux dire. Ça fait beaucoup de monde à surveiller quant même, ça doit être épuisant.
J'espère que ça l'est.

Cette dernière haussa les épaules.

- Franchement ? Aucune idée. J'imagine qu'elle a gardé les gens qu'elle juge « importants »
auprès d'elle, ses alliés, sa famille, ses ennemis, les personnes importantes qui pourraient lui
nuire, quant aux autres… Ils sont sûrement ailleurs, en ville. Et puis, comme tout le monde a
perdu la mémoire, je ne pense pas qu'ils soient beaucoup à résister ou à s'être rendu compte
que quelque chose n'allait pas ici. Sans compter que Littlefinger, Varys et Cersei doivent
toujours avoir leurs petits oiseaux.

- Un peu comme ils l'étaient déjà à Westeros, répondit la fer-née avec un air songeur. Je vois
ce que tu veux dire.

- J'espère que Lancel est dans le coin, ajouta la dunkerquoise avec une lueur d'espoir dans les
yeux.

Et Yara ne put s'empêcher de sourire, parce qu'il y avait tellement d'amour et de passion dans
les yeux de Marina, pour quelqu'un qu'elle ne connaissait encore même pas pour de vrai que
c'en était franchement adorable.

- Je suis sure que oui. »

Ce fut en passant devant un bar qu'elle réalisa soudainement à quel point elle avait soif et
faim.

En lisant le nom sur la devanture, le Dragon Quincaille, l'ancien nom de l'Auberge du


carrefour à Westeros,elle se figea brusquement, ramenée en arrière à un passé qui n'existait
déjà plus depuis près de un an et demi et qu'elle ne pourrait jamais retrouver.

Ils ne pourraient plus jamais rentrer chez eux, retrouver ce qu'ils avaient perdu, il n'y avait
plus rien, rien du tout, tout avait été annihilé, détruit, réduit en cendres et en poussières.

Il ne restait plus que la mort dans les Sept Couronnes, et les Marcheurs Blancs.

Tout ce qu'il restait de leur monde perdu se trouvait ici, mais dans une version modifiée,
altérée et surtout pervertie, et ça lui brisait le cœur.

Ça lui aurait fait mal même si ils n'avaient pas perdu la mémoire, mais maintenant que tout le
monde hormis elle et quelques personnes à qui elle rêvait de refaire le portrait, avait oublié,
tout le reste avait disparu.

Tout ce qu'ils avaient vécu, aimé, chéri, perdu, tout ce qui faisait d'eux ce qu'ils étaient
réellement s'était abîmé dans l'oubli.

Et ce n'était pas juste.

Marina la regarda alors avec sollicitude.

« Ça va aller ?

La seiche acquiesça, même si elle n'en pensait pas un mot, parce qu'elle devait continuer de
se battre, rester forte pour Theon, pour Sansa.

Pour tous ceux qui avaient oublié et méritaient qu'on les sauve.

- Je vais tenir le coup, t'en fais pas. C'est juste… Elle regarda à nouveau l'enseigne qui
représentait, oh, un dragon, exactement comme l'ancienne auberge à une époque à laquelle la
noble n'avait jamais vécu.

Pas de doute.

Ils se trouvaient bien dans leur Storybrooke personnel.

- On devrait rentrer, lui répondit la jeune femme, le voyage a été long, ça nous permettra de
nous reposer un peu, de découvrir les lieux, voir qui est là, et qui sait, ils sauront peut-être où
on pourra louer une chambre.

Il y avait une lueur d'excitation dans les yeux de Marina, au-delà de son désir profond et
sincère d'aider, comme si elle était en pleine découverte d'un monde qui la fascinait ce qui
était en fait le cas.

Elle allait voir des gens provenant tout droit du Trône de fer, alors évidemment que ses yeux
brillaient, maintenant qu'elle vivait comme ses personnages une aventure tout à fait
extraordinaire et incroyable qu'elle n'aurait jamais pensé pouvoir vivre.

Yara ne lui en voulait pas pour ça, la dunkerquoise était assez extérieure à tout ça, alors qu'il
s'agissait de la vie de la seiche, mais Marina voulait l'aider, elle essayait vraiment, et elle
prenait toute cette situation au sérieux, la guerrière le voyait bien.

Alors quelle importance si ses yeux brillaient d'émerveillement alors que Yara ne ressentait
rien à part de la tristesse et du désespoir ?

- Allons-y, approuva-t-elle. »

Elle avait besoin de boire, du rhum de préférence.

Ou de la bière.

Bref, n'importe quoi qui puisse lui faire oublier pendant au moins quelques minutes à quel
point elle crevait de trouille.

§§§§

Marina reconnut aussitôt Bronn.

Yara n'en fut même pas étonnée, cette fille était une vraie encyclopédie de l'univers de Game
of Thrones (avec un master en connaissance de Lancel Lannister et de sa proche famille) et
même si ils n'avaient pas l'apparence des acteurs, ils ressemblaient suffisamment à l'idée
qu'on pouvait se faire des personnages pour qu'elle les reconnaisse.

« Ça ne m'étonne pas vraiment qu'il soit patron de bar, dit-elle à son amie, en modern UA,
dans les fics, il est parfois dépeint comme ça, Angie l'a fait plusieurs fois par exemple (note
de l'autrice : je sais plus si c'était le cas à ce moment-là vu que je sais plus ce que j'ai écrit sur
Game of Thrones début 2019 à part Je ne te perdrai plus jamais, mais pour les besoins de
cette fic on va dire que ça passe et de toute façon c'est une fic où Marina rencontre Lancel,
alors croyez-moi le réalisme a déjà sauté par la fenêtre depuis longtemps), je trouve que ça lui
va bien.
Fics.

Modern UA.

Tellement de mots auxquels elle ne comprenait rien du tout au début et dont elle n'avait
compris le sens qu'en côtoyant Marina.

- J'imagine oui, répondit-elle sans plus d'entrain que ça, vidant son verre de bière cul sec alors
que Marina, elle, buvait son thé. »

Oui, il était à peine deux heures de l'après-midi, et alors ?

Elle vit alors le visage de l'écrivaine de fanfictions s'assombrir, et elle eut la peur terrible,
pendant quelques secondes, qu'elle n'ait vu quelqu'un qui risquait de comprendre qu'ils ne
devaient pas être là, comme Cersei, Littlefinger ou encore les Bolton, le père ou le fils voire
les deux.

Ou quelqu'un travaillant pour eux.

Puis, elle se retourna (à quoi bon fuir ou se cacher de toute façon, elles avaient déjà dû être
repérées depuis leur arrivée) et ne vit au final que…

Tyrion Lannister.

La tension qui se trouvait jusque là dans ses épaules se relâcha brusquement et elle s'autorisa
alors à respirer.

Le lion buvait lui aussi une boisson alcoolisée, qui n'était ni de la bière, ni du rhum, ni de la
vodka ou encore du champagne, non.

C'était du vin rouge.

Évidemment.

Certaines choses ne changeaient jamais.

« Il a l'air tellement… triste, lâcha Marina avec compassion et tristesse.

C'était une chose de connaître l'histoire elle-même et ce qui s'était passé.

C'en était tout à fait une autre de voir les gens qui la subissaient.

Et autant Bronn était joyeux et railleur, Bronn quoi, Tyrion ressemblait à, à, à…

A celui qu'il était devenu au début de la saison 4 avant d'arriver à Essos et de se mettre au
service de Daenerys.

Une loque sans le moindre espoir ou but.

Et Marina sentit son cœur se briser, parce que sincèrement, il méritait tellement mieux que ça.
- J'imagine, avança Yara, que vu la haine que Cersei lui porte, ce n'est pas très étonnant que
sa vie soit misérable ici.

Elle n'osait imaginer ce qui avait bien pu arriver à Brienne de Torth…

- Je sais oui, approuva la jeune femme, seulement… Je savais déjà avant, à quel point une
malédiction pouvait briser la vie des gens. Maintenant, je… Je le vois. Je le vis.

Son regard se chargea de détermination.

- Il faut qu'on mette fin à ça Yara.

La seiche approuva.

- Excellente idée. »

Oh, si elle avait pu planter sa hache entre les deux yeux de Cersei Lannister et mettre fin à
tout ça…

§§§§

Ce fut comme si le temps s'était arrêté.

La porte s'était ouverte, laissant entrer un jeune homme blond aux yeux verts qui s'était
aussitôt dirigé vers Tyrion Lannister.

Et Marina l'avait vu.

Et à la manière dont ses yeux s'écarquillèrent alors qu'elle le voyait pour la première fois,
enfin, en chair et en os, réel, bien réel, existant pour de vrai, comme dans ses rêves les plus
fous, Yara sut qu'elle n'aurait eu aucun mal à deviner son identité même si elle ne l'avait pas
reconnu.

Parce que la personne que la dunkerquoise était en train de contempler avec un air extatique
et rêveur ne pouvait être nul autre que Lancel Lannister en personne.

Son bébou, le personnage qu'elle aimait le plus dans Game of Thrones, qu'elle avait sauvé le
plus de fois possible dans ses fics (note de l'autrice : sans doute plus de fois que je n'ai sauvé
Neal Cassidy et pourtant ça doit être le personnage que j'ai le plus sauvé, je sais pas j'ai pas
compté ni pour elle ni pour moi et oui je sais où est la porte, je sors), celui qu'elle avait vu
mourir, celui qu'elle avait pleuré.

Celui qui méritait tellement mieux que le destin qui lui avait été réservé.

Et il était vivant.

Non seulement il était réel, juste là, devant elle, mais il vivait, il respirait, et il…

Il était tel qu'elle l'avait imaginé, il…


Il était parfait.

Il était Lancel Lannister, personnage de roman et de série, il était réel et elle l'aimait.

Elle l'aimait déjà avant, être de papier imaginaire, pour tout ce qu'il était et représentait pour
elle, mais maintenant, en le voyant, elle l'aimait encore plus, parce que c'était lui, que c'était
Lancel, qu'elle l'aimait depuis tellement de temps qu'elle ne savait plus ce que cela faisait de
ne pas l'aimer.

Il ne lui avait suffi que de quelques secondes pour réaliser que lui, elle l'aimait vraiment,
même si elle ne connaissait pas cette version de lui.

Pas encore du moins.

Et elle avait bien l'intention de le découvrir.

Malgré sa tristesse, Yara ne put s'empêcher de sourire en réalisant qu'elle venait d'assister à
un coup de foudre.

Qui sait, peut-être qu'il y avait encore de l'espoir pour cette ville.

A suivre…
Nous n'aurions jamais dû nous rencontrer.
Chapter Notes

Titre du 02/08/2021 : Nous n'aurions jamais dû nous rencontrer

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects des… Péchés capitaux : Paresse : Écrire sur un personnage paresseux ou
sur un personnage dépressif

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

« Quelque part, je ne suis pas surprise.

Marina sursauta, reprenant enfin ses esprits.

- Je… Je suis désolée j'ai juste été… distraite. »

Sur le visage de Yara, il y avait quelque chose que la dunkerquoise n'y avait pas vu depuis
bien longtemps.

Un sourire.

Et pas un sourire poli et triste comme elle avait pu en avoir avant, en tant que serveuse ou
juste pour faire croire à son amie et colocataire qu'elle allait bien, non.

C'était un vrai sourire, un sourire sincère, rayonnant, éclatant et lumineux.

Un sourire empli de joie et d'espoir.

Parce que Marina Leszczynska avait rencontré Lancel Lannister.


Et parce qu'il y avait tellement d'amour et de bonheur pur dans ses yeux que la fer-née ne
pouvait s'empêcher d'en être touchée.

Avant cela, avant la malédiction, elle l'admettait volontiers, elle n'avait aucun intérêt
particulier pour l'ancien écuyer de Robert Baratheon.

C'était un Lannister, et elle n'avait aucune affinité particulière avec les gens de cette maison,
et il n'était qu'un soldat, un chevalier de plus parmi tant d'autres, parmi la foule de personnes
luttant pour survivre face aux Marcheurs blancs.

C'était un noble, certes, mais il n'était pas en position de pouvoir, il n'était pas de ceux qu'on
remarquait.

Alors elle n'avait pas beaucoup fait attention à lui durant ces sept années de guerre passées à
le côtoyer.

Mais ça, c'était avant de rencontrer Marina.

Elle l'avait entendue en parler, elle avait vu à quel point il comptait pour elle, à quel point elle
l'aimait, lui, le personnage secondaire que tout le monde avait tendance à oublier, l'être de
papier dont peu de gens se souciaient.

Et grâce à elle, grâce à ses fanfictions, grâce à tout cet amour sincère exprimé dans l'écriture,
elle avait appris à l'aimer lui aussi, même en le connaissant à peine.

« Ce n'est pas grave, je comprends, la rassura la fer-née. Je ne peux qu'imaginer ce que ça


doit faire, de rencontrer quelqu'un qu'on ne pouvait que s'imaginer avant, qu'on ne croyait
même pas réel encore quelques mois plus tôt.

- A vrai dire, avoua Marina, avant qu'on entre à Kintzheim, je… Je n'en étais pas encore sure.
Pas totalement. Du fait que tu disais la vérité. Il y avait toujours une part de moi qui doutait,
parce que ça ne pouvait pas… être possible. Mais maintenant que je l'ai vu, je… Je sais. Que
c'est réel. Que c'est vraiment lui. Qu'il est bien là, qu'il… »

Ce ne fut que là que Yara remarqua enfin que son amie avait les larmes aux yeux.

Des larmes de joie, de bonheur maintenant qu'elle avait enfin rencontré son Lancel adoré, elle
qui ne l'avait jusque là fait que par le biais de l'écriture ?

Ou bien de tristesse, alors qu'elle repensait à ce qui avait pu arriver à son lion chéri, que ce
soit dans les romans, dans la série, ou même sous la malédiction, parce que qui sait ce que
Cersei avait bien pu lui faire vivre dans cette réalité là aussi ?

(Oh, si la reine des Sept Couronnes avait osé lui faire mal d'une quelconque manière, elle se
le jurait, elle se ferait une joie de sortir les griffes, souveraine ou pas, Lannister ou non.

Elle saurait lui montrer à quel point elle était capable de rugir quand on faisait du mal à ceux
qu'elle aimait.)

Marina Leszczynska pleurait, parce que Lancel Lannister était là, qu'il était réel.
Elle était heureuse.

Et surtout, elle voulait le serrer dans ses bras, lui assurer que tout se passerait bien, qu'il irait
bien, qu'elle ferait tout le protéger, pour le libérer, pour briser la malédiction, même si elle ne
savait pas encore exactement comment, elle voulait lui jurer qu'il serait heureux.

Mais elle ne le pouvait pas.

Parce qu'elle n'était qu'une inconnue pour lui, qu'il ne la connaissait pas, et qu'elle lui ferait
plus peur qu'autre chose en agissant de la sorte.

Elle essuya ses larmes en essayant de se rappeler l'essentiel.

Il était vivant.

Il allait bien a priori, mais surtout il vivait, il n'était pas malade, ni décharné, ni mourant, cette
fois, il ne mourrait pas dans l'explosion du Septuaire, il ne savait même pas que ça avait été
une possibilité, et il ne le saurait jamais.

Elle ferait tout pour y veiller.

« Tu veux aller lui parler ? Lui demanda Yara en continuant de sourire, parce que quitte à
essayer de ramener le bonheur chez les habitants de Kintzheim, autant continuer tout de suite.

La dunkerquoise secoua la tête.

- Non. Pas encore, pas tout de suite, parce que je pense que… Enfin, je ressemblerais un peu
trop à une fangirl hystérique et je risque de lui faire peur alors je préférerais… attendre et
faire bonne impression.

La guerrière se tourna vers le lion pendant quelques secondes et le vit qui continuait
apparemment de parlementer avec son cousin.

- A ton avis, de quoi ils parlent ?

Marina haussa les épaules.

- Je ne sais pas. Peut-être que c'est Jaime qui l'envoie, il doit s'inquiéter pour lui vu l'état dans
lequel il est.

Yara acquiesça.

- En tout cas, ce n'est définitivement pas Cersei qui l'a fait… »

Elle avait vu la série, mais la haine de la lionne pour son nain de frère était déjà suffisamment
perceptible dans sa propre réalité avant la malédiction pour qu'elle soit déjà au courant, et il
était évident que si Yara devait faire un top 10 des personnes que la blonde rêvait de faire
souffrir, il arrivait sûrement en première position.

Très probablement suivi de très près par Brienne de Torth…


Elle se demanda à quel point leurs vies pouvaient être misérables dans ce monde, avant de
réaliser qu'elle préférait ne pas connaître la réponse à cette question.

Pas tout de suite en tout cas.

Parce que, si elle se le demandait pour le nain et la femme chevalier, alors elle se poserait la
question pour d'autres personnes.

Comme Theon, ou encore Sansa…

Et elle se rappellerait alors qu'ils ne se souvenaient très probablement pas d'elle et que quand
elle les reverrait, ils ne la regarderaient qu'avec de l'indifférence dans les yeux, alors qu'elle
les aimait, elle les aimait si fort, et ils lui manquaient tant.

Et ça lui briserait le cœur.

Alors non, il valait mieux ne pas y penser, ne pas en parler tout court.

Pas si elle voulait encore tenir debout et ne pas s'effondrer.

Mais ce vœu pieux fut totalement annihilé seulement quelques secondes plus tard, lorsqu'elle
vit une jeune femme passer devant elle, une personne à la chevelure rousse très
reconnaissable, qu'elle identifia aussitôt.

Et pendant quelques terribles secondes, son cœur s'arrêta de battre.

En voyant son regard hanté, où la joie, la tristesse, l'espoir et la douleur se battaient en duel,
l'autrice de fanfiction sut aussitôt qui venait tout juste d'entrer.

Elle l'aurait compris même si elle n'avait pas tout de suite reconnu sa chevelure de feu et ses
yeux bleus, si caractéristiques des membres de la maison Tully.

« C'est Sansa, pas vrai ? Demanda-t-elle à Yara avec compassion.

Cette dernière hocha aussitôt la tête.

Cette fois-ci, c'était elle qui avait les larmes aux yeux.

Elle était là.

La femme qu'elle aimait, qu'elle chérissait plus que presque n'importe qui en ce monde était
là, et elle…

Elle était passée devant elle, en ne faisant pas attention à elle, comme si elle n'existait pas,
comme si elle n'avait aucune espèce d'importance, comme si elle ne la connaissait pas.

Parce que c'était le cas.

Elle ne pouvait pas la reconnaître, ni se souvenir d'elle, pas alors que la fer-née n'avait pas été
prise dans la malédiction, contrairement aux autres, et il était évident que comme pour
Pinocchio, elle n'avait pas été prise en compte dans les souvenirs des habitants de Kintzheim.

Elle n'était plus rien pour eux maintenant, elle n'était personne, elle était juste…

Un fantôme.

Une ombre qu'on ne remarque même pas.

Et ça lui donnait envie de hurler, de confronter Cersei Lannister et de lui refaire le portrait à
coup de hache pour ce qu'elle avait osé leur faire, à tous.

- Elle ne m'a même pas vue, lâcha-t-elle d'une voix blanche, les poings serrés et la rage au
ventre, parce que par les Sept et le Dieu noyé, ce n'était pas juste. Elle…

La jeune femme sentit un sanglot commencer à l'étouffer.

- Je savais qu'en revenant ici, je serais confrontée à ce genre de chose, à l'oubli, et je pensais
que je m'y étais assez préparée mais apparemment… je ne le suis pas.

Elle pleurait maintenant, et elle voulait juste…

Tout ce qu'elle voulait, c'était que la douleur s'arrête.

Elle voulait juste rentrer à la maison, que Sansa et Theon se souviennent d'elle, que tout
rentre dans l'ordre.

- Oh Yara, lui murmura Marina avec tristesse en prenant sa main dans la sienne pour la
réconforter, je suis désolée. Je suis tellement, tellement désolée. »

Ce fut à peine si la seiche l'entendit.

Pas alors que son sang bouillonnait dans ses veines et qu'au désespoir succédait la colère, une
colère qui aurait pu tout détruire tel un brasier si elle l'avait laissée s'exprimer, une colère
qu'elle avait bien du mal à contrôler à vrai dire.

Elle voulait la laisser exploser au grand jour et tout détruire autour d'elle, dans cette fichue
ville maudite, parce que ça faisait déjà un an et demi qu'ils étaient dans cette situation, et que
personne ne savait rien.

Si ils avaient été dans un conte de fées, il lui aurait suffi de se lever pour embrasser Sansa, et
tout serait rentré dans l'ordre, la mémoire aurait été rendue à tout le monde et la malédiction
aurait été brisée.

Mais ils n'étaient pas dans un conte de fées.

Et de toute façon, même dans les contes de fées, les choses ne se passaient pas comme ça, pas
aussi facilement, pas si l'autre personne ne se souvenait pas de l'autre ou de ce qu'elle
ressentait.
Elle ne pouvait pas aller voir Sansa et lui dire qui elle était, et encore moins qu'elle l'aimait,
pas si elle ne voulait pas que la noble la regarde comme si elle était folle, parce que c'était
clairement ce qui allait arriver.

Puis, la rousse repassa devant elle quelques minutes plus tard, et malgré son regard brouillé
par les larmes, elle remarqua quelque chose sur son visage.

Un bleu.

Une trace d'un bleu qu'on avait tenté de masquer, d'effacer mais elle était une guerrière, elle
avait l'habitude d'être blessée et de repérer même la trace la plus infime et presque invisible
de coup sur quelqu'un ou même sur elle-même.

Elle sentit sa rage refluer de plus belle et son sang se glacer dans ses veines alors
qu'elle comprenait.

Sansa avait une trace de bleu sur le visage, qu'elle avait essayé de faire disparaître, donc elle
ne s'était probablement pas cognée quelque part, comme ça aurait pu arriver à n'importe qui.

Donc ce n'était pas un accident.

Il ne restait donc plus qu'une conclusion logique.

Quelqu'un l'avait frappée.

Voire, si ce n'était pas la première fois que ça arrivait et qu'elle tentait de le dissimuler,
quelqu'un la frappait régulièrement voire la battait, et Yara sentit la nausée l'envahir.

Ce n'était pas arrivé dans son monde, parce que tout avait basculé avec l'arrivée des
marcheurs blancs, mais elle se souvenait de ce que Marina lui avait montré quand elle avait
vu Game of Thrones, la manière dont Sansa était traitée par Joffrey, puis par Ramsay, toutes
les horreurs et les souffrances qu'ils lui avaient faites endurer, la manière abominable et
inhumaine dont ils la traitaient.

Et quelque chose en elle lui hurlait qu'ici aussi, sa vie était misérable et ce n'était pas
étonnant, la malédiction faisait tout pour rendre la vie des habitants la plus pénible possible.

Elle avait juste espéré que, peut-être, ce ne serait pas le cas pour Sansa, qu'à défaut d'être
heureuse, elle ne souffrait pas au moins, mais alors qu'elle voyait Joffrey Baratheon
s'approcher de la Stark et l'emmener avec lui, elle sut avec certitude une chose.

Cet espoir venait tout juste d'être réduit en charpie.

Yara prit une profonde inspiration.

« On doit faire quelque chose. Absolument. »

Marina, qui semblait avoir suivi le cheminement de sa pensée, acquiesça aussitôt.


Elles devaient briser la malédiction, certes, mais avant cela elles devaient surtout s'occuper
des habitants, les sauver, les protéger, comme Sansa et tous ceux qu'elles n'avaient pas encore
croisés.

Et personne ne les arrêterait.

C'était une promesse.

A suivre…
Avec mais jamais sans toi.
Chapter Notes

Titre du 18/05/2021 : Avec mais jamais sans toi

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Thomas Barrow (Downton Abbey) : Ambitieux : Écrire sur un
Serpentard ou écrire sur quelqu'un prêt à tout pour atteindre ses objectifs

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

« Comment c'est arrivé ?

La question eut au moins le mérite de faire desserrer les dents à Yara qui prit une profonde
inspiration afin de se calmer un peu.

Elle avait déjà eu envie de tuer quelqu'un avant cela.

Mais jamais au point où elle avait envie d'assassiner Joffrey Baratheon là maintenant tout de
suite.

Elle lança un regard confus à Marina.

- Quoi ?

- Toi et Sansa… Depuis que tu m'as dit que vous étiez ensemble, enfin, j'arrête pas de me
demander… comment ça s'est passé. Dans le canon, enfin dans mes versions du canon, la
série comme les bouquins, vous vous êtes jamais rencontrées pour l'instant (note de l'autrice :
c'est en février 2019 donc la saison 8 est pas encore sortie, donc c'est toujours valable et je
me demande vraiment pourquoi je m'acharne à essayer de conserver une chronologie
quelconque un tant soit peu logique vu que ce truc n'a aucun sens) et votre ship existe mais il
est pas très courant. Et je sais que les choses à Westeros ont changé avec l'arrivée des
marcheurs blancs, mais vos deux familles étaient ennemies, alors comment…

Un sourire nostalgique apparut sur le visage de Yara.

- Comment est-ce que elle et moi, on a appris à voir au-delà de ça ?

- Oui.

- Je n'aimais pas les Stark à l'époque. Vraiment pas. Je n'arrivais pas à comprendre comment
Theon pouvait… les aimer. D'une quelconque façon. Comment il pouvait s'être attaché à eux
alors qu'il était leur otage. Après ce qu'ils avaient fait à notre famille, ils… Ils
m'avaient pris mon petit frère et je les détestais pour ça. Tous. Même ceux qui n'y étaient
pour rien. C'était injuste, je le sais. Mais c'était plus facile comme ça.

- Qu'est-ce qui a changé ?

Et Yara sourit à nouveau, et Marina put lire dans ses yeux tout l'amour qu'elle ressentait pour
la jolie rousse, et elle sut alors à quel point leur amour était vrai et sincère.

Et aussi que, malgré tous leurs efforts, Cersei ne parviendrait pas à les séparer indéfiniment.

Elles étaient comme Blanche-Neige et son prince Charmant.

Elles se retrouveraient.

Elles se retrouveraient toujours…

- Sansa a fait le premier pas… »

§§§§

(Edit de l'autrice qui est nulle : Au fait j'ai déjà écrit ça avant mais c'était différent mais j'ai
la flemme de changer ça alors on va dire que c'est cette version qui compte, et puis de toute
façon vous aviez tous oublié ça moi y compris et y a que Marina que ce truc intéresse alors
osef, je vois même pas pourquoi je me fais chier, voilà au revoir je vais me cacher très très
loin.)

Elle ne voulait pas être ici.

Yara Greyjoy aurait préféré se trouver n'importe où sauf à Winterfell, elle aurait voulu
pouvoir rentrer chez elle, à Pyk, sur les Îles de Fer, plutôt que d'être forcée de rester ici, là où
vivaient les Stark.

Oui, elle pouvait voir son petit frère, lui parler à nouveau, s'assurer qu'il allait bien, mais ça
voulait aussi dire qu'elle devait côtoyer la famille responsable de la mort de ses frères.
Elle aurait voulu pouvoir fuir, loin, très loin, mais elle ne le pouvait pas, parce que les
marcheurs blancs arrivaient, et qu'ils devaient à tout prix s'entraider.

Elle aurait préféré devoir s'entraider avec d'autres personnes plutôt qu'avec ceux qui avaient
brisé la rébellion de son père.

Par le Dieu noyé…

Qu'elle détestait cette situation.

Elle envoya une nouvelle flèche dans la cible devant elle.

Au moins, elle pouvait s'entraîner, c'était toujours ça de pris.

« Excusez-moi ?

La fer-née sursauta avant de se tourner et de voir la silhouette d'une jeune fille derrière elle.

Jolie, cheveux roux, yeux bleus…

Pas de doutes, il s'agissait bien de Sansa Stark en personne.

Merveilleux…

- Qu'est-ce que tu veux ? Lui demanda-t-elle d'un ton sec, avant de se retourner à nouveau
pour tirer une flèche de plus.

- Je suis venue vous demander votre aide.

Yara faillit éclater de rire.

Quel genre d'aide pourrait-elle bien apporter à une jeune fille dont l'un des principaux
talents était d'être douée en broderie ?

(Ce qui n'était pas un mal, bien sûr, mais Yara était une guerrière et elle était là pour se
battre, pour tuer, pour détruire, pas pour créer de jolies choses.)

Sansa se rapprocha d'elle, et la seiche dut reconnaître que la louve avait du cran au moins, et
qu'elle n'avait pas peur de lui faire face.

En réalisant qu'elle n'avait pas l'intention de partir, l'archère soupira et baissa son arc avant
de finalement la regarder.

La noble la regardait avec détermination, et il était évident qu'elle n'avait plus rien à voir
avec la jeune fille rêveuse et idéaliste qu'elle était encore lorsque le conflit contre les
marcheurs blancs avait commencé, ce qui l'attristait un peu.

Toute cette histoire avait brisé les illusions de beaucoup de personnes, et même si ce n'était
pas son cas à elle, elle se sentait peinée pour eux.
Ils méritaient mieux que ça, ils méritaient tous mieux que de grandir dans un monde froid et
cruel qui était à deux doigts de s'effondrer sur lui-même si ils ne faisaient pas quelque chose
pour le sauver de la destruction.

Ce n'était pas de la faute de Sansa si tout allait mal, alors elle n'avait pas à passer sa colère
et son sentiment d'impuissance sur elle.

Et puis, elle avait bien promis à Theon d'être plus gentille et amicale avec les Stark, non ?

Autant commencer tout de suite.

- Très bien, je t'écoute. En quoi puis-je t'aider ?

- Apprenez-moi à me battre. »

Avant, Yara aurait éclaté de rire.

Sansa Stark, la dame la plus… dame qui soit, dans le sens commun du terme, qui voulait
apprendre à se servir d'une arme ?

Vu ce qu'elle savait d'elle lors de son arrivée dans la forteresse des loups, elle se serait plutôt
attendue à cela de la part de sa petite sœur Arya.

(Elle l'avait fait d'ailleurs, avait demandé à tous ceux qui pouvaient lui apprendre à tirer à
l'arc ou à se servir d'une épée de l'entraîner à le faire. Elle était douée franchement.)

Mais les temps avaient changé et l'une comme l'autre le savait très bien.

Après tout, si on lui avait dit avant le début de cette histoire que les loups et les krakens
allaient s'allier face à l'hiver qui les menaçait tous, là aussi elle aurait éclaté de rire et n'y
aurait pas cru un seul instant.

Et pourtant…

C'était bien en train d'arriver

Alors elle ne rit pas.

Elle ne sourit même pas, contrairement à ce que la rousse craignait, elle se contenta de la
regarder, comme si elle la jaugeait, l'évaluait, et Sansa se força à ne pas baisser les yeux.

Elle devait lui montrer qu'elle pouvait le faire, qu'elle était suffisamment motivée,
suffisamment forte aussi.

Elle y arriverait, elle lui montrerait qu'elle avait assez de cran pour apprendre à manier une
arme.

« Quel genre d'arme ?

La question la prit au dépourvu.


- Je… je ne sais pas. Je veux juste…

Je veux juste ne plus avoir peur, pensa-t-elle.

- Une épée ? Une hache ? Un marteau ? Une arbalète ? Un arc ? Les options ne manquent
pas à vrai dire, le tout est de savoir ce qui te convient le mieux.

- Je ne suis pas une guerrière, lui rétorqua Sansa, et cet aveu surprit Yara, elle qui était du
genre à ne jamais dévoiler la moindre de ses faiblesses face à l'ennemi.

Mais voilà où était toute la différence entre elles deux.

La Stark ne la considérait pas comme une ennemie.

Alors que Yara se souvenait de la rébellion, et ne s'était toujours pas débarrassée de la


rancœur de son père vis-à-vis des Stark qui avait fini par devenir la sienne.

Elle devait accorder ce point-là à la rousse.

- En effet, approuva la seiche, c'est la plupart du temps le cas avec les gens qui n'ont jamais
appris à se battre de leur vie.

- Je n'étais pas supposée le faire, se défendit la louve, et je n'ai jamais aimé ça de toute
façon. Je ne suis pas Arya. Je ne suis pas Robb ou Jon. Je suis juste… moi. J'aime les
chansons et la broderie, oui, c'est vrai, et j'aimerai toujours ça. Mais il y a la guerre dehors,
à nos portes, et je veux juste… Je veux protéger ma famille. Mon peuple. Les miens. Ceux qui
ne peuvent pas se défendre et qui ont besoin qu'on le fasse pour eux. Je veux me battre pour
ceux que j'aime.

Et alors, la fer-née ressentit quelque chose qu'elle n'aurait jamais pensé éprouver vis-à-vis de
la louve.

De l'admiration.

C'était vrai, elle n'était pas une combattante.

Et elle n'en serait jamais réellement une, parce que ce n'était pas elle, tout simplement.

Mais elle voulait essayer, et elle était courageuse.

C'était bien plus que ce que faisaient la plupart des gens.

Yara espérait juste que ce serait suffisant…

Elle hocha la tête.

- Très bien. Mais, j'aimerais comprendre… Pourquoi moi ?

La réponse de Sansa ne fut aucunement hésitante.


- Parce que vous êtes une femme et une guerrière, que les autres que je connais, comme
Brienne de Torth, les femmes de l'île aux Ours ou les aspics de Dorne sont déjà trop occupées
ou ailleurs et que je me suis dit que… vous ne me le refuseriez pas. Vous n'êtes pas la
première personne à qui je demande. Ils ont tous refusé. »

Elle comprenait mieux maintenant.

Savoir qu'elle était un second choix ne lui posait pas problème, à sa place elle non plus elle
n'aurait pas choisi un ou une Stark en premier, justement à cause de la haine entre leurs deux
familles.

Mais justement, peut-être était-ce la bonne décision finalement, une main tendue entre leurs
deux maisons pour faire cesser cette inimité qui durait bien trop longtemps et qui n'avait plus
lieu d'être maintenant que les marcheurs blancs allaient bientôt faire régner un hiver éternel
sur leur monde.

Elle ne savait pas si c'était juste un concours de circonstances ou si c'était volontaire de sa


part.

Dans le deuxième cas, c'était finement bien joué, elle le reconnaissait.

« Parce que tu es une femme, supposa-t-elle, et elle ne fut nullement surprise de voir Sansa
acquiescer. »

Elle détestait son monde avec une intense fureur dans ce genre de moments.

« Hé bien, voyons de quoi tu es capable… princesse.

- Ne m'appelez pas comme ça, protesta la rousse. »

Pourtant elle souriait.

Qui sait, songea alors Yara, peut-être que quelque chose de beau sortirait de tout ça, de cette
horreur sans nom dans laquelle ils étaient plongés désormais.

Elle ignorait encore à quel point elle avait raison.

§§§§

Elles avaient choisi le tir à l'arc finalement.

La louve ne serait sûrement jamais une grande guerrière, mais au moins, elle saurait se
défendre en cas de besoin et c'était déjà mieux que rien.

Et honnêtement entendre ses cris de joie à chaque fois qu'elle réussissait à toucher sa cible
était suffisant pour faire sourire Yara.

§§§§

Deux ans avant la malédiction.


« Tu sais Yara, lui lança Theon avec malice, quand je te disais d'être plus gentille avec les
enfants Stark, ce n'est pas exactement à ça que je pensais.

Et Yara éclata de rire, parce que franchement, que lui lui dise ça ?

Vraiment ?

- Oui, c'est sûr que tu es bien placé pour parler, ce n'est pas comme si tu étais amoureux de
Robb Stark, ironisa-t-elle. »

Alors son frère rit lui aussi, et ce simple son lui réchauffa le cœur, elle qui pensait qu'elle ne
l'entendrait plus jamais, qu'elle ne reverrait plus jamais son petit frère.

Elle haïssait les marcheurs blancs de toutes ses forces, mais était heureuse d'avoir cette
opportunité de renouer avec lui après avoir cru l'avoir perdu pour toujours.

Et maintenant, elle ferait tout pour le sauver de l'hiver qui s'annonçait, terrible et mortel.

Elle ferait tout pour ça, elle paierait le prix qu'il faudrait, mais elle ne le perdrait pas.

Pas encore une fois.

Plus jamais.

Elle ne perdrait plus qui que ce soit.

(Oh, comme la malédiction lui avait donné tort au bout du compte.)

« Je me doute que Robb te le dira si il ne l'a pas déjà fait, mais… ne lui brise pas le cœur.

- Jamais. »

Et elle avait bien l'intention de tenir cette promesse-là aussi.

Elle ne se doutait pas alors qu'au final, ce serait bien elle et non Sansa qui se ferait briser le
cœur.

§§§§

« C'est une jolie histoire, commenta Marina une fois qu'elle eut terminé, et elle aura une fin
heureuse, j'en suis persuadée. Ceci… n'est pas la fin. Et tu la retrouveras. Vous vous
retrouverez tous. On y arrivera.

Yara hocha la tête, ayant sincèrement et plus que tout envie d'y croire.

- J'espère qu'il va bien… Theon.

C'était la première fois qu'elle parlait de lui depuis leur arrivée à Kintzheim, mais d'un autre
côté, elle n'aurait pas pu ne pas l'inclure dans son récit.

Le regard de Marina se fit hésitant.


- Je… je suis désolée. De ne pas pouvoir t'assurer que c'est le cas, parce que… nous savons
encore si peu de choses de cette ville, pas vrai ? Mais peu importe ce qui lui est arrivé, on le
sauvera. D'accord ?

- D'accord, répéta Yara. »

Mais comment faire si elle ne savait même pas où il se trouvait en ville ?

A suivre…
Et je me meurs…
Chapter Notes

Titre du 04/01/2021 : Et je me meurs…

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects des… demoiselles de Rochefort : Sœurs jumelles : Écrire sur des
jumeaux ou sur quelqu'un qui cherche à ressembler à un autre

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Ça faisait si mal, de voir Kintzheim.

Kintzheim, ce n'était pas Westeros, non, parce que à Westeros, elle savait où étaient les
choses, où se trouvaient les gens, les différents royaumes, et surtout elle savait où se trouvait
sa maison et les siens.

Ici, elle était complètement perdue.

Sans repères, sans moyen quelconque de s'orienter, de savoir où elle se trouvait, ou même où
elle allait, ici, Yara avait le sentiment qu'elle était lentement en train de se noyer.

Ils avaient échappé aux marcheurs blancs, c'était vrai, mais à quoi bon si c'était pour se
retrouver dans un enfer où ils ne se souvenaient même plus de qui ils étaient ?

C'était insupportable.

Voir Sansa lui avait brisé le cœur, et elle n'osait imaginer ce qu'il avait pu advenir de Theon.
Une part d'elle voulait le savoir et l'autre continuer de l'ignorer, rester innocente, au moins
pendant encore un petit moment.

Mais dans le monde, dans ce que Cersei Lannister en avait fait, qui était réellement innocent
dans le fond ?

Les choses empirèrent quand la fer-née apprit quel était le nom de famille de la louve dans
cette version de l'histoire.

Sansa Baelish.

Pas Stark.

(Pas Baratheon ni Lannister, le Dieu noyé soit loué, elle ne savait pas si elle aurait pu
supporter savoir la femme qu'elle aimait être mariée à ce monstre.)

Elle et Marina avaient écouté les conversations alors qu'elles exploraient la ville et avaient
appris deux trois choses intéressantes.

Ici, Catelyn Stark n'était jamais devenue une Stark, non, la Tully était devenue une Baelish à
la place, et n'avait jamais été en couple avec Eddard Stark, et ses enfants étaient
théoriquement ceux de Petyr Baelish.

Oui.

Théoriquement.

Marina avait dit qu'a priori, un simple test ADN serait suffisant pour démontrer le contraire,
et la fer-née, qui savait ce que c'était à présent, avait approuvé.

Mais bon.

Quelle raison valable pourrait-on trouver pour exiger un test ADN sur chacun des cinq
enfants Baelish (voire six, elles ne savaient pas encore ce qu'il était advenu de Jon Snow dans
cette histoire) exactement ?

Surtout que si Cersei régnait bel et bien sur la ville, les faire falsifier serait sûrement un jeu
d'enfant pour elle.

(Même chose concernant les tests pour ses enfants, qui étaient des Lannister ici, à 100 %, pas
des Baratheon, il n'y avait pas d'imposture ou de mensonge ici.

Et mariée, elle s'était mariée à Jaime, et c'était mal, c'était tellement mal, parce que ce n'était
pas ce qu'il voulait, la guerrière le savait, elle se souvenait de son histoire avec Brienne.

Et cette situation lui donnait tellement envie de vomir.)

En somme, elles étaient coincées pour l'instant.

Catelyn Stark née Tully était donc mariée à Petyr Baelish.


Alors qu'à l'inverse, Lysa Arryn, née Tully également, était, quant à elle, mariée à Ned Stark,
et Robin était théoriquement leur fils.

Un frisson de dégoût la parcourut alors qu'elle se souvenait de l'histoire de Graham, et


Catelyn avait beau ne pas avoir eu le cœur arraché (enfin, pour ce qu'elle en savait…), ça ne
voulait pas dire que ce qui était en train de lui arriver n'était pas mal, bien au contraire.

(Elle ne savait pas que c'était le sort de Jaime, que c'était ce que sa jumelle lui avait fait, alors
même qu'elle savait ce que cela ferait de lui.)

L'oubli était déjà assez épouvantable comme ça, et il avait fallu qu'ils rajoutent ça en plus de
tout le reste.

Ça lui donnait envie de vomir.

Et à Marina aussi apparemment vu l'expression de rage à peine contenue qui s'affichait à


présent sur son visage et que même la présence d'Onyx ne suffisait pas à apaiser (oui, elles
avaient emmené la chienne avec elles, évidemment), et voir les gens alors qu'elles visitaient
Kintzheim, c'était si… douloureux.

Les reconnaître, ne pas être reconnue, et surtout, la torture de ne pas savoir quelle était leur
vie, si ils souffraient ou non, à quel point, et même si elle ne les connaissait pas, elle souffrait
pour eux malgré eux.

Leur sort était si injuste.

Et elle était censée les sauver de tout ça, les aider à se souvenir, en étant toute seule,
uniquement aidée d'une dunkerquoise qui l'avait aidée à retrouver le chemin de la maison.

C'était si terrifiant que ça lui donnait le vertige.

Le seul réconfort qu'elles éprouvèrent alors qu'elles continuaient d'explorer la ville, ce fut de
voir qu'ici au moins, Renly et Loras étaient ensemble et pouvaient s'aimer au grand-jour,
qu'ils n'avaient apparemment pas été séparés, contrairement à tous les différents couples
vivant autrefois à Westeros.

Pourtant, en constatant que Shireen se trouvait avec eux, Yara ne put s'empêcher de froncer
les sourcils, interloquée.

Où pouvaient bien se trouver Stannis et Selyse ?

Elle savait qu'ils n'étaient pas les meilleurs parents du monde (encore que au moins
dans sa version de l'histoire ils n'avaient pas brûlé vive leur unique enfant) mais tout de
même, ils auraient dû être là, non ?

Au moins Stannis en tout cas, qui, si Yara s'en souvenait bien, était des deux celui qui
semblait tenir le plus à sa fille, malgré le fait qu'il avait du mal à lui montrer son affection.

Alors pourquoi ?
Et puis…

Tout s'était éclairé d'un seul coup.

Shireen était la fille adoptive de Renly et Loras, et plus la fille de ses parents biologiques.

C'était définitif.

Le monde n'avait plus aucun sens.

§§§§

Il y avait un couvent à Kintzheim.

Yara n'en avait pas vraiment été étonnée, vu la place importante de la religion à Westeros
comme à Essos, il était logique que même si ce n'était plus les mêmes Dieux qui étaient priés,
cette foi se retrouve ici aussi.

Juste… d'une manière différente, et un peu déroutante, Yara ne s'était toujours pas habituée à
ne plus croiser de Septuaire ou à ce que les arbres cœurs n'existent plus ici, ou à ce que le
Dieu noyé ne soit pas présent dans ce monde.

Ça aussi ça lui faisait mal, même si ce n'était pas entièrement la faute de la malédiction, le
fait que tout ce en quoi ils croyaient tous si fort autrefois ait été réduit à néant et n'existe plus,
de savoir que plus jamais les choses ne seraient comme autrefois.

Même les souvenirs de leur foi avaient été détruits à cause de Cersei et de ses manigances, et
des actions des Bolton, de Qyburn et de Littlefinger.

C'était une chose qui avait été réduite en cendre par les marcheurs blancs, et une part d'elle-
même ne s'en remettrait jamais vraiment.

Elle avait cru en le Dieu Noyé, si fort, et elle y croyait encore, mais maintenant, elle n'était
même plus sure que sa croyance soit valable d'une quelconque façon.

C'était… très déroutant.

De voir les certitudes de toute une vie être balayées comme ça, en un claquement de doigts,
comme si elles n'avaient jamais existé, comme si elles n'avaient jamais eu la moindre foutue
importance.

Parce qu'ils ne pourraient jamais rentrer chez eux.

Mais peu importe.

Elle pourrait continuer de prier le Dieu Noyé dans le fond de son cœur, comme elle le faisait
depuis son arrivée à Dunkerque.

Donc.
Kintzheim avait un couvent.

Et des bonnes sœurs.

Jusque là, rien de surprenant.

Mais…

Mais en découvrant l'identité d'une des bonnes sœurs, la dunkerquoise et la fer-née avaient
été quelques peu…

Circonspectes.

Parce qu'il s'agissait de Shae.

Shae.

Shae qui avait été une prostituée à Westeros et qui pour ce qu'en savait Yara, n'était pas une
personne très religieuse, ou du moins, n'était pas celle qu'elle aurait vu en tant que bonne
sœur si elle devait être honnête.

Shae qui était aimée par Tyrion, et qui ne pouvait donc pas être avec elle dans cet univers.

La fer-née ne parvint pas à déterminer si c'était juste une ironie de plus de la part de la
malédiction, ou une nouvelle manière cruelle pour Cersei de rendre la vie de son petit frère la
plus misérable possible.

Peut-être un mélange des deux qui sait.

Yara vit très clairement la haine apparaître sur le visage de Marina, une haine qu'elle eut bien
du mal à faire disparaître, et elle se souvint de la trahison de Shae lors du procès du Lutin
pour la mort de Joffrey.

« Ici, fit la dunkerquoise d'une voix hésitante, elle n'a pas trahi Tyrion… Pas vrai ?

La guerrière secoua la tête.

- Non. En tout cas pas que je sache ou du moins elle n'a pas eu l'occasion de le faire. Je crois.
Et puis… à Westeros… ils avaient vraiment l'air amoureux. Elle semblait l'aimer
sincèrement. Et maintenant…

- Maintenant, c'est comme l'histoire de Grincheux et Nova, lui répondit Marina avec tristesse.

Yara ne fut pas surprise de ne pas avoir été la seule à avoir fait ce parallèle plus qu'évident.

Elle acquiesça.

- En effet. Je les plains tous. Sincèrement. Ils méritaient mieux que ça. Nous méritions tous
tellement mieux que ça.
- Plus j'en découvre, lui confia Marina, plus j'ai envie de hurler. De tout casser. Comment
peut-on faire ça, comment peut-on décider de faire passer son bonheur devant celui de tous
les autres et réussir à vivre avec ça ? Comment peut-on être heureux d'avoir créé tant de
misère et de souffrance ?

- Ils y parviennent très bien a priori, lâcha l'archère avec amertume. »

Elle les haïssait.

Elle les haïssait tous tellement.

§§§§

Il y avait un commissariat aussi.

Là également, Yara n'avait pas été surprise de voir qui y travaillait, les anciens soldats et
autres chevaliers, tels que Brienne, Ned Stark, Gregor Clegane et d'autres.

Donc Brienne et Jaime devaient travailler ensemble.

Ils s'aimaient, mais ne s'en souvenaient plus ou alors ils s'en souvenaient et alors c'était
encore pire parce qu'ils étaient séparés.

Une découverte de plus.

Une nouvelle histoire qui lui donnait envie de pleurer.

Cela s'arrêterait-il un jour ?

Elle en doutait…

§§§§

« A ton avis, à quoi ça ressemblera ?

Brienne haussa les épaules.

- Je ne sais pas. Plus de marcheurs blancs déjà.

- J'espère bien, lui rétorqua Jaime en lui souriant, après tout, si on fait tout ça c'est bien pour
les fuir.

- J'aurais aimé ne pas avoir le faire… J'aurais voulu pouvoir continuer à me battre, mais…
on ne peut rien faire d'autre, pas vrai ? Dit-elle au Régicide.

- Non, approuva ce dernier. Mais ce n'est pas grave. On bâtira une nouvelle vie là-bas. On
sera heureux. Alors, ce nouveau monde ?

Elle sourit en constatant qu'il essayait à tout prix de lui remonter le moral.
- Un monde où j'aurais le droit de me battre à l'épée. De faire ce que je veux. Un monde sans
souffrance. J'aimerais bien ça.

Jaime prit sa main dans la sienne.

C'était idéaliste et utopique, c'est vrai.

Mais c'était elle plus que tout et surtout, c'était beau.

Ça n'arriverait jamais et ils en étaient conscients tous les deux…

Ça ne les empêchait pas de rêver, pas vrai ?

- On essaiera alors, dit-il alors à la blonde. De faire les choses biens. Je te le promets. »

Puis, il l'embrassa.

Comment auraient-ils pu savoir que jamais aucun d'eux ne pourrait tenir leur promesse ?

§§§§

« Tu n'es pas obligée de faire ça.

Yara continua de marcher pourtant.

- Bien sûr que si. C'est mon frère Marina, je dois aller le voir. Juste… pour être sure. »

L'hôpital.

Elles étaient à l'hôpital, et la fer-née sentait son cœur sur le point de se fissurer en deux parce
que…

Theon était là.

Ramsay Bolton l'avait envoyé à l'hôpital.

Son frère était blessé et son petit-ami dans ce monde (non, non, non, par pitié, pas lui, tout
mais pas ça, ça ne pouvait pas arriver, ça ne pouvait pas être vrai, non, non, non, juste non,
s'il vous plaît, par le Dieu noyé, je vous implore, ne lui faites pas ça) l'avait envoyé à
l'hôpital.

Et tout le monde s'en foutait.

Sansa et Theon étaient tous les deux piégés dans deux relations abusives et violentes dont ils
ne pouvaient pas sortir, et ça la rendait malade.

Elle ne pouvait pas les protéger.

Ils étaient sa famille et elle était incapable de les aider à s'en sortir.

Et ça la tuait.
Lorsqu'elle le vit, qu'elle vit ses blessures et sa tristesse, et le fait que ça allait recommencer,
elle sentit sa respiration s'arrêter, purement et simplement.

Même les encouragements de Marina ne furent pas suffisants pour l'aider à reprendre
courage.

Elle était en train de se noyer, purement et simplement, face à l'ampleur de la tache.

Et elle n'était pas sure de jamais trouver un moyen de remonter à la surface un jour…

A suivre…
Je te trouve enfin.
Chapter Notes

Titre du 03/01/2023 : Je te trouve enfin

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Thomas Barrow (Downton Abbey) : Suicide : Écrire sur quelqu'un
qui a des pensées noires ou sur quelqu'un qui réapprend à vivre après une dure période

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Son frère…

Son petit frère.

Celui qu'elle était supposée protéger.

Et elle avait échoué.

Elle savait que ce n'était pas la même chose que dans la série, que là, son petit frère n'avait
pas subi d'innombrables tortures aux mains de Ramsay Bolton, qu'il n'avait pas été brisé au
point de ne plus se souvenir de son propre nom, mais…

Mais il souffrait, clairement.

Et elle ne pouvait pas l'aider.

Tout comme elle ne pouvait pas aider Sansa.


Et ça lui brisait le cœur.

Elle se sentit suffoquer, et elle voulait juste que ça s'arrête, que tout ça…

Il y avait…

Il y avait une chanson.

Mélisandre lui avait parlé d'une chanson, se souvint-elle, une chanson qui était supposée les
aider à se souvenir, alors pourquoi…

Pourquoi ne se souvenait-elle plus de quelle chanson il s'agissait, pourquoi ne se rappelait-


elle pas des paroles ?

Peut-être avait-elle tort finalement.

Peut-être avait-elle aussi perdu une partie de sa mémoire en passant d'un monde à l'autre.

(High in the halls of the kings who are gone

Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found

And the ones who had loved her the most.

Ironiquement, la version complète de la chanson ne sortirait pas avant le mois d'avril suivant.

Et à ce moment-là, que se passerait-il ?

Cela changerait-il quoi que ce soit ?

Ou non, puisque Game of Thrones ne pouvait pas exister à Kintzheim ?

Qui sait…

Oh, si seulement Yara et Marina avaient su.)

« Excusez-moi, qui êtes-vous ?

Ce fut comme si on venait de lui enfoncer un couteau dans le cœur.

Elle savait que Theon ne la reconnaîtrait pas.

Elle ne s'attendait pas à ce que ça fasse aussi mal.

Elle essaya de lui sourire, mais derrière son dos, il y avait, dissimulés, ses poings serrés,
serrés au point de lui faire mal.

- Je… je suis nouvelle en ville et je me suis dit… tout comme mon amie, que vous voudriez
peut-être un peu de compagnie.
Pourquoi ?

Pourquoi est-ce que personne ne faisait rien pour l'aider ?

Pourquoi est-ce que, d'après ce qu'elle avait vu, tout le monde se taisait et fermait les yeux ?

(Personne n'avait aidé Cersei à l'époque…

Mais justement.

Ce n'était pas Westeros ici, et les choses étaient censées être différentes, meilleures, plus
justes, et pourtant…)

Elle ne pouvait que s'imaginer le calvaire qu'il endurait et elle voulait juste le serrer dans ses
bras et lui promettre que tout irait bien.

Qu'il irait bien.

Mais le même problème se posait avec lui qu'avec Sansa.

Elle ne représentait absolument rien pour lui.

Quand il la regardait, il ne voyait qu'une inconnue.

Combien de fois un cœur pouvait-il se briser au juste ?

Parce que la fer-née avait le sentiment qu'elle allait bientôt atteindre sa limite personnelle à
vrai dire…

- Oh, répondit-il, à la fois confus et touché par tant de sollicitude venant d'une personne qu'il
ne connaissait même pas. Ça va aller, ne vous en faites pas. Je vais bien.

Non, tu ne vas pas bien, voulut-elle hurler, et seule la main que Marina glissa dans la sienne
l'empêcha de craquer.

Il mentait, c'était une évidence, elle savait toujours quand il mentait, et elle voulait lui hurler
qu'elle était là, qu'elle allait le protéger et le sortir des griffes de ce monstre.

Mais. Elle. Ne. Le. Pouvait. Pas.

Je suis désolée Theon.

Je suis tellement désolée.

Si une telle chose était arrivée à Westeros, elle aurait pris sa hache, ou son arc et ses flèches
et elle aurait envoyé l'un ou l'autre dans le crâne du bâtard de Roose Bolton sans la moindre
hésitation.

Seulement voilà.

Ils n'étaient plus à Westeros.


Ici, les choses étaient bien plus compliquées.

Elle lisait dans ses yeux le désespoir qu'il s'efforçait en vain de cacher.

Sauvez-moi, sauvez-moi je vous en supplie.

Elle le ferait.

Oh par le Dieu noyé, elle le ferait.

Même si c'était la dernière chose qu'elle faisait sur cette fichue terre.

- Qui vous a fait ça ? Ne put-elle s'empêcher de demander, parce qu'elle savait bien sûr, mais
elle devait savoir si oui ou non il était prêt à le reconnaître.

Ou si il allait se réfugier dans le déni comme Sansa semblait le faire.

- Personne. »

Menteur, hurla-t-elle intérieurement, et elle allait le tuer, elle allait tellement le tuer et
le détruire, et elle se souvenait des séances de torture de la saison 3, des hurlements de son
petit frère, et elle se jura que ça n'arriverait pas.

Jamais.

Cette fois, elle serait là, et personne, pas même l'écorché ne pourrait l'arrêter.

« Si jamais vous avez besoin d'aide, glissa alors Marina, voici mon numéro de téléphone. »

Theon prit le papier qu'elle lui tendait et le serra dans sa main, avant de la remercier
rapidement, mais…

Mais il y avait une lueur si désabusée dans son regard, quelque chose de si désespéré, il
semblait si résigné à son sort que la fer-née sentit le désespoir la submerger.

Comment sauvait-on quelqu'un qui pensait ne plus pouvoir l'être ?

« Tenez bon je vous en supplie, lui chuchota Yara avant de partir.

Il lui envoya un sourire triste.

- J'essaierai, promis. »

Alors qu'elle sortait, il ne parvint pas à saisir pourquoi elle lui semblait si familière.

Quant à Yara, alors qu'elle entendait la voix de Ramsay qui se rapprochait, elle eut bien du
mal à ne pas se jeter sur lui pour l'étrangler de ses propres mains.

« Il ne faut pas qu'il nous voit, lui rappela Marina à voix basse, avec un peu de chance, on a
pas encore été repérées. On doit jouer sur ça le plus longtemps possible.
- Je sais, souffla-t-elle. »

Elle avait bien conscience que son amie avait raison.

Mais honnêtement, tuer ce salopard et sauver son frère de l'enfer, quitte à aller en prison pour
ça après ?

De son point de vue, ça en valait carrément la peine.

§§§§

Il y avait au moins une personne en ville qui essayait de changer les choses, finirent-elle par
découvrir.

Jeyne Poole.

Elle avait essayé d'aider Sansa, et ça n'avait pas marché, elle avait aussi essayé avec Theon, et
ça avait également échoué.

Elle avait sans doute tenté la même chose avec d'autres personnes, et à nouveau, ça avait dû
être un échec complet.

Marina aurait voulu pouvoir la serrer dans ses bras et lui dire que rien de tout ça n'était de sa
faute.

Après tout, difficile de lutter contre quelqu'un qui avait littéralement une malédiction de son
côté et qui pouvait faire à peu près tout ce qu'elle voulait avec.

Mais au moins, ça démontrait une chose.

Elles n'étaient pas seules.

§§§§

Margaery et Tommen semblaient heureux au moins.

De même que Myrcella et Shireen.

C'était sans doute bien les seuls, dans l'ensemble de cette gigantesque ville de plusieurs
milliers d'habitants…

Si Cersei n'avait pas décidé de gâcher le bonheur de tous les autres habitants de la ville à
l'exception des membres de sa famille, Yara aurait presque trouvé ça beau qu'elle ait fait en
sorte qu'ils ne soient pas séparés de ceux qu'ils aimaient.

Ce n'était pas suffisant pour effacer tout le reste, toute la douleur et tout le désespoir qu'elle et
les autres avaient semé en ville.

Quant aux autres, hé bien…


Jon Snow était ici Jon Stark (ironique, lui qui ne l'était jamais devenu que ce soit avant la
malédiction, dans les livres ou dans la série), fils des défunts Lyanna Stark et Rhaegar
Targaryen, ce qu'il était en réalité, et Yara ne put que saluer l'ironie qu'un monde mensonger
ait pour une fois choisi de révéler la vérité.

Ygritte était aux abonnées absentes, de même que Vère, et Marina n'avait pu dissimuler son
inquiétude concernant son sort quand elle avait appris que Craster était toujours en vie (alors
que d'autres ordures étaient mortes avant la malédiction, lui, il avait fallu qu'il survive…),
alors que Sam, lui, étudiait les lettres et l'histoire à l'université de Kintzheim.

Ça n'avait pas vraiment surpris Marina.

(En fait ça ne surprend probablement personne.)

Ça leur avait pris au moins la journée entière, et elles ne savaient pas encore tout ce qu'elles
auraient aimé savoir.

C'était… honnêtement désespérant.

Et fatiguant aussi.

Le soir, Yara ne fut pas vraiment étonnée en réalisant à quel point elle était épuisée et avait
besoin de dormir.

D'urgence.

Trouver une chambre d'hôtel pour elle et Marina ne fut pas très compliqué, ce qui surprit le
plus Yara, ce fut de constater que le gîte était tenu par une des Frey.

Walda, la fer-née ne savait plus laquelle exactement, il y en avait tellement qu'elle s'y perdait
à force, mais d'après Marina, il s'agissait de Walda la grosse, qui n'avait pas épousé Roose
Bolton ici, et qui n'avait donc pas été mangée par les chiens de son beau-fils.

Tant mieux.

Elle méritait mieux que de subir un sort pareil.

(Et oui, je l'ai choisie parce que j'avais pas d'idées et quitte à choisir quelqu'un, autant prendre
un personnage secondaire que beaucoup de gens ont dû oublier parce que voilà.)

Une fois leurs affaires défaites, la guerrière s'était écroulée sur son lit et s'était endormie
aussitôt.

Elle espérait qu'elle rêverait d'un moyen de sauver tout le monde de cet enfer abominable.

(Sa nuit fut peuplée de cauchemars, évidemment.)

§§§§

Cersei Lannister passait une bonne soirée jusque là.


Elle avait passé une bonne journée, une journée parfaite, comme d'habitude, comme c'était le
cas depuis plus d'un an et demi, comme toujours, et tout allait bien, ses enfants étaient
heureux, Jaime aussi (ou plutôt il croyait l'être, lui qui n'avait plus de cœur et ne savait même
pas ce que celle qu'il considérait comme sa femme lui avait fait), elle avait joué son rôle de
mairesse à la perfection et elle était rentrée chez elle pour profiter d'une soirée tranquille avec
son époux.

En somme, tout allait bien.

Et puis Petyr Baelish avait sonné à la porte alors qu'il était vingt-trois heures passées et elle
avait su que quelque chose clochait.

Qu'un grain de sable s'était finalement glissé dans sa machine qu'elle pensait pourtant
parfaitement bien huilée.

C'était… très contrariant.

« J'espère que c'est important, siffla-t-elle en apercevant le prêteur sur gages, parce que je
dois vous avouer que ce n'est pas la manière dont je m'imaginais ma soirée.

Littlefinger lui sourit.

Par les Sept, comme elle abhorrait ce sourire suffisant, ce sourire qui insinuait qu'il en savait
toujours bien plus qu'elle sur absolument tout et qu'il aurait toujours plusieurs coups d'avance
sur elle, quels que soient ses efforts pour essayer de le battre à ce jeu.

Qu'elle détestait cet homme.

Malheureusement, et elle devait bien le reconnaître, elle avait autant besoin de lui qu'il avait
besoin d'elle.

- Ne vous en faites pas madame la mairesse, moi non plus à vrai dire, et je ne vous
dérangerais pas de cette manière si ce n'était pas le cas. Puis-je entrer ?

Elle acquiesça, de mauvaise grâce.

Croisant les bras, elle le regarda avec un air circonspect.

- De quoi s'agit-il au juste ?

- Vous savez que je possède la quasi-totalité des bâtiments de la ville.

Elle ne comprenait pas pourquoi il commençait par ça, ni où il voulait en venir exactement,
mais soit, pourquoi pas.

- Oui. Grâce à moi, ne put-elle s'empêcher de lui rappeler.

Ce n'était pas une menace, pas vraiment, plutôt une manière de lui rafraîchir la mémoire, pour
qu'il n'oublie pas ce qu'il lui devait.
Il lui adressa un nouveau sourire poli absolument détestable.

- Bien sûr. Et comme vous le savez aussi, je fais toujours bien attention à qui fréquente les
différents bars, restaurants et hôtels de Kintzheim.

- Oui je sais. Et ?

- Et aujourd'hui, il y a eu deux nouvelles clientes au Dragon Quincaille de Bronn Néra et elles


ont pris une chambre d'hôtel à l'auberge des routes croisées, tenue par Walda Frey.
Apparemment elles comptent rester longtemps. Et avant que vous n'ajoutiez quoi que ce
soit… elles ne sont pas originaires de Kintzheim. J'ai vérifié.

Cersei se figea aussitôt, stupéfaite.

Personne ne pouvait entrer à Kintzheim pourtant, le sortilège de la malédiction s'en assurait,


les gens étaient censés ne voir que des ruines, alors comment…

- Ce n'est pas possible, lâcha-t-elle, essayant de garder son sang-froid.

- Malheureusement si.

- Quels noms ont-elle donnés ? À quoi ressemblent-elles ? D'où viennent-elles ? Il faut que je
sache.

- C'est bien pour ça que je suis venu vous voir en premier. On vient de m'envoyer les vidéos
des caméras de surveillance, voyons donc ce que Marina Leszczynska et Esgred Miller ont à
nous dire.

- Ces noms ne me disent rien, fit Cersei en fronçant les sourcils.

Le visage de Marina Leszczynska ne lui rappela rien non plus, elle ne venait pas de Westeros,
de toute évidence.

Puis, elle vit un visage qui lui était, lui, bien plus familier.

- Yara Greyjoy, lâcha-t-elle avec stupeur. C'est pour ça qu'elle n'est pas à Kintzheim ! Je la
pensais morte, ou bien dans un trou perdu au fin fond de la ville, alors qu'en fait…

- Elle a dû trouver un moyen de venir ici avant que la malédiction ne soit lancée, conclut
Littlefinger, soit grâce à Mélisandre, soit à Thoros… Et elle sait. Elle connaît la vérité.

Cersei blêmit.

Elle n'avait pas prévu ça, qu'une seule personne puisse faire capoter son plan pourtant si
parfait et sans accroc.

- Et l'autre, comment est-ce qu'elle… comment a-t-elle pu entrer ? Ça n'a pas le moindre
sens…
- Yara se trouvant avec elle, peut-être qu'elle a pu franchir la barrière. Nous n'avions pas
pensé à ça, à ce que quelqu'un se trouvant hors d'ici se souvienne et pire encore, trouve le
moyen de revenir…

- Non, en effet.

Si ça ne l'avait pas impacté elle aussi, l'ancienne reine se serait sûrement réjouie de voir cet
air de défaite inscrit sur le visage de Petyr Baelish.

- Elle a dû lui dire la vérité, et… elle l'a crue. Cette femme l'a crue, c'est la seule explication
plausible à sa présence ici, au fait qu'elle ait pu voir Kintzheim et y entrer, sinon l'entrée lui
serait restée fermée. Elle soupira. De toutes les personnes habitants dans ce foutue pays, il a
fallu qu'elle tombe sur l'une des seules qui soit assez fêlée pour croire une histoire de
malédiction…

- Que comptez-vous faire ?

Un sourire apparut sur le visage de Cersei.

- Pour l'instant, rien… Laissons donc la malédiction agir d'elle-même… Par chance, il y a
quelque chose de prévu pour ce cas de figure, qui devrait marcher, et alors, Yara Greyjoy se
retrouvera toute seule et isolée sans même comprendre ce qui lui arrive. Et qui acceptera de la
croire alors ? »

Oui, Cersei Lannister était confiante alors qu'elle congédiait Littlefinger hors de chez elle.

Les choses se régleraient d'elle-même.

Et si ce n'était pas le cas, hé bien…

Elle trouverait un moyen de régler ce problème.

Elle trouvait toujours.

A suivre…
Le fléau.
Chapter Notes

Titre du 18/02/2023 : Le fléau

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Les quatre aspects de… Christos Clios : Drogue : Écrire sur quelqu'un qui a des
problèmes de drogue ou écrire sur quelqu'un qui est sobre depuis quelques temps

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Yara avait le sentiment de piétiner.

Cela faisait déjà quelques jours qu'elle et Marina se trouvaient à Kintzheim et…

Rien.

Rien du tout ne s'était passé pour l'instant.

Et c'était comme si elle se noyait toujours, comme si rien ne changeait, rien ne pouvait
évoluer, et alors qu'elle faisait tout pour sauver Sansa et Theon de leurs sorts misérables
respectifs, elle ne parvenait à rien.

Elle faisait tout pour se battre pourtant, pour remonter à la surface, elle avait arrêté l'alcool,
ne buvait plus une goutte depuis qu'elle avait avoué la vérité sur elle à Marina, et elle tenait le
coup, mais…

Mais elle ne savait plus quoi faire.


Elle ne pensait pas que ce serait facile en arrivant à Kintzheim, rien ne l'était jamais, surtout
briser une malédiction alors qu'on ne savait pas comment faire (le baiser du véritable amour
ne marcherait pas, pas dans ces conditions, et elle n'était même pas sure que la malédiction du
sommeil existe dans cette configuration de toute façon.), mais elle n'imaginait pas que ce
serait…

Difficile n'était probablement pas le bon mot.

Elle ne savait juste pas par quoi commencer.

Elle n'avait même aucune idée de si oui ou non leurs ennemis savaient qu'elles étaient là, et
cette incertitude la terrifiait plus que tout.

Elle aurait préféré avoir un ennemi clair contre lequel se battre, plutôt que la situation
actuelle, faite de doutes et d'évanescence.

Il y avait une malédiction à Kintzheim.

Et pour l'instant, personne ne pouvait rien faire pour la briser.

Quand il s'agissait de tirer à l'arc, de brandir une épée, une hache, ou un marteau, quand il
s'agissait de tuer ou de blesser, de cogner sur quelqu'un, ça, elle savait faire.

Mais ça ?

Devoir attendre, espérer, tenter d'explorer une ville beaucoup trop grande pour elle ?

Rien d'étonnant à ce qu'elle sombre.

Rien de surprenant à ce qu'elle se perde elle-même.

Si elle avait su que les choses allaient encore plus empirer…

§§§§

Cinq jours avaient passé depuis qu'elles avaient mis pour la première fois les pieds à
Kintzheim quand ça avait commencé.

En fait, ça avait peut-être commencé avant, mais Yara n'y avait pas fait attention.

Pas tout de suite, elle n'y avait pas pris attention, pas alors qu'elle était déjà préoccupée par
tant de choses diverses et variées et que son cœur saignait un peu plus chaque jour qui
passait.

Mais elle avait dû finir par se rendre à l'évidence.

Marina était en train de perdre la mémoire.

Il ne manquait plus que ça…

§§§§
Ça avait commencé subrepticement, avec de petits détails sans importance, mais qui à chaque
fois, concernaient la malédiction, ou la série Game of Thrones, ou encore les romans, et
même les fanfictions qu'elle avait écrites dessus, ou même, pire encore, des détails
concernant la vie de Lancel Lannister.

Yara avait mis du temps à comprendre, mais quand elle l'avait fait, l'horreur l'avait
immédiatement envahie.

Parce que son amie oubliait Game of Thrones.

Donc la malédiction.

À savoir la raison principale de leur présence.

Elle se souvenait toujours d'elle, heureusement, elle savait qu'elles étaient amies, mais elle
pensait encore qu'elle s'appelait vraiment Esgred Miller, alors que ça faisait des mois déjà que
la fer-née lui avait avoué la vérité, qu'elle l'avait convaincue et que la dunkerquoise la croyait.

Alors pourquoi…

C'était la première fois qu'elle l'avait appelée ainsi alors qu'elles étaient seules qu'elle avait
tiqué.

« Esgred ?

Elles étaient dans leur chambre à ce moment-là.

Pas de gens, pas de caméras, pas de moyen pour qui que ce soit de les entendre.

Et pourtant, Marina l'avait appelée Esgred.

Pas Yara.

Elle s'était retournée, stupéfaite.

- Comment… comment est-ce que tu m'as appelée ?

Marina fronça les sourcils.

- Par… ton prénom ? À moins que tu n'en ais changé depuis la dernière fois, blagua-t-elle.

Mais Yara, elle, n'avait pas la moindre envie de rire.

Bien au contraire.

Pas encore, s'il vous plaît, je vous en supplie, pas encore une fois, ne me faites pas ça à
nouveau, pas elle, ne me l'enlevez pas elle aussi, c'est la dernière personne qu'il me reste, la
seule qui sache qui je suis, et que je ne suis pas folle.

Je ne veux pas être seule, pas à nouveau, parce que sinon ils auront gagné et je ne permettrai
pas que ça arrive.
Elle était une fer-née, une guerrière.

Elle devait être assez forte pour ça.

Elle avait nié la vérité jusque là, mais maintenant elle ne pouvait plus, elle devait savoir ce
qu'il se passait, même si ça faisait mal.

Même si ça risquait de la plonger dans le désespoir le plus total parce que si elle n'avait plus
aucune alliée, comment allait-elle faire pour s'en sortir ?

- Marina… Dit-elle le plus sérieusement possible. Est-ce que tu te souviens de la raison pour
laquelle nous sommes ici ?

La dunkerquoise la regarda avec confusion.

- Oui, bien sûr que je…

Puis, elle s'arrêta de parler et les pires craintes de Yara commencèrent à se confirmer.

Merde.

Ensuite, la jeune femme se mit à sourire, confiante, et la fer-née sentit l'espoir refaire surface
pendant quelques instants.

Avant que les mots suivants de Marina ne les réduisent en lambeaux pour de bon.

- Nous sommes parties pour prendre quelques vacances loin de Dunkerque, j'ai toujours rêvé
de visiter l'Alsace et comme toi tu n'y es jamais allée, j'ai pensé que…

Elle ne put jamais terminer sa phrase, parce que Yara ne put cette fois retenir le cri d'horreur
qui s'échappa de sa gorge en entendant cela.

Des vacances.

Voilà la seule chose dont elle se souvenait concernant leur mission, et Yara aurait aimé que ce
soit ça, que ce soit vrai, parce que ça aurait été tellement plus facile de cette manière.

Elle ne put empêcher ses larmes de couler non plus, parce que bon sang, tout ce travail pour
la convaincre qu'elle disait la vérité, qu'elle venait vraiment d'un autre monde pour qu'au
final, ce ne soit que du vent ?

Qu'avait-elle donc fait pour mériter ça ?

Elle s'écroula sur le lit, hébétée, essayant de toutes ses forces de se retenir de paniquer.

- Esgred, tu es sure que tu vas bien ? Je peux aller chercher quelqu'un si tu veux, je…

- Non, rétorqua-t-elle. S'il te plaît, non. Ne fais pas ça. Et ne… ne m'appelle pas Esgred.

Je suis Yara, voulut-elle hurler, je suis Yara Greyjoy, je suis ton amie, alors je t'en prie,
souviens-toi !
Qu'est-ce qui s'était passé bon sang ?

Pourquoi est-ce qu'elle ne se souvenait plus, elle ne venait pas de Westeros pourtant, elle ne
vivait pas à Kintzheim, alors pourquoi par le Dieu Noyé ?

Pourquoi ?

Et surtout, de quoi se souvenait-elle d'autre ?

- Qui suis-je ? Demanda-t-elle à son amie, qui la regarda comme si elle avait perdu la tête.

Elle répondit pourtant.

- Tu es Esgred Miller. Tu vis avec moi à Dunkerque depuis plusieurs mois, tu as été chassée
de chez toi par ton père après avoir fait ton coming-out, tu ne gardes plus contact avec ta
famille sauf avec ton petit frère. Tu as vécu un temps dans la rue puis tu as fini par trouver un
emploi de serveuse et c'est là qu'on s'est rencontrées et tu es devenue ma colocataire. On est
amies, et on a commencé à discuter parce qu'on est toutes les deux fans de Lady Oscar et
d'Eugène Simon. Entre autres.

Eugene Simon oui.

L'acteur de Lancel dans la série, se souvint-elle, et elle se souvenait de ça, elle se souvenait
de lui, mais pas de tout le reste, elle se souvenait de Yara mais ses souvenirs étaient faux,
comme si, comme si…

Comme si elle avait vécu à Kintzheim elle aussi et qu'elle avait la mémoire trafiquée par les
souvenirs donnés par la malédiction.

- Quels rôles a-t-il interprétés ? Lui demanda-t-elle, juste pour vérifier. »

Son amie sut tous les citer, sauf un.

Celui de Lancel Lannister…

Donc c'était bien Game of Thrones qu'elle avait oublié.

Mais comment ?

Et pourquoi maintenant ?

Et puis, soudainement, elle sut, et se demanda comment elle avait fait pour ne pas s'en rendre
compte plus tôt.

La ville.

Le problème venait de la ville.

La ville se protégeait des intrus en les empêchant d'entrer d'ordinaire, d'après ce qu'elles
avaient compris (personne ne venait jamais par ici d'après les habitants, ce n'était pas un
hasard), mais puisque Marina était là, malgré elle, alors elle avait changé de méthode.

Elle avait trafiqué sa mémoire.

Et Marina ne se souvenait plus de la malédiction parce qu'elle avait elle-même été touchée
par la malédiction, comme tous les autres, et maintenant, il n'y avait plus que Yara a être
immunisée contre elle, hormis ceux qui avaient provoqué cette perte de mémoire.

Cette fois, la panique s'empara d'elle.

Qu'avait-elle fait ?

En emmenant son amie ici, elle l'avait mise en danger, et Marina avait perdu la mémoire, et
c'était de sa faute, et par les Sept, est-ce que c'était permanent ?

Elle éclata en sanglots alors que Marina, ne comprenant pas ce qu'il se passait mais voulant
malgré tout aider, la serrait dans ses bras.

Qu'est-ce qu'elle allait faire maintenant ?

§§§§

Il ne lui fallut que quelques minutes pour réussir à reprendre ses esprits et à trouver une idée.

« Je… on doit te faire sortir de la ville.

Il faut que ça marche, il faut que ce soit suffisant.

Sinon, si elle perdait la seule personne qui était capable de l'aider, alors elle, elle…

Elle allait sombrer pour toujours et ne plus jamais remonter à la surface.

- Pourquoi ? Lui demanda Marina, confuse.

- S'il te plaît, je ne peux pas t'expliquer pourquoi, mais il faut… il faut que tu me fasse
confiance. Tu me fais confiance, pas vrai ?

La fangirl de Lancel Lannister la regarda avec un air intrigué, semblant réfléchir pendant
encore quelques secondes, avant de finalement hocher la tête malgré son hésitation.

- Oui. Oui Esgred, je te fais confiance. »

Yara laissa échapper un soupir de soulagement.

Tout n'était peut-être pas encore perdu.

§§§§

Elles marchaient depuis déjà plusieurs minutes quand Yara repéra finalement la frontière de
la ville, et se mit à prier de toutes ses forces pour que son idée fonctionne.
Dès que Marina eut mis les pieds hors de la ville, son air confus s'évanouit instantanément, et
la fer-née sentit alors qu'elle avait eu raison.

La faire sortir de Kintzheim avait rendu ses souvenirs à la dunkerquoise.

Ou du moins, elle l'espérait.

« Qui est Lancel Lannister ? Lui demanda-t-elle immédiatement, parce que autant
commencer par le plus évident.

Marina fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle le lui demandait alors qu'elle le
savait déjà bien.

Mais elle accepta de répondre, malgré la bizarrerie de la question.

- Le fils de Kevan et Dorna Lannister, le frère de Willem, Martyn et Janei Lannister, le neveu
de Tywin et Joanna Lannister et le cousin de Tyrion, Jaime et Cersei Lannister. C'est
également mon personnage préféré dans Game of Thrones, et je n'arrive toujours pas à croire
que je l'ai rencontré pour de vrai. Mais pourquoi est-ce que…

Puis, son regard se voila et elle se souvint.

- Oh. C'est vrai. J'avais oublié. Pourquoi est-ce que je l'avais oublié ? C'est Lancel enfin, je ne
peux pas oublier Lancel, ça n'a aucun sens !

- Je sais, je ne comprends pas… Je pense que c'est… la faute de la malédiction. Que quand tu
es dans la ville, tu oublies tout ce qui a trait à Game of Thrones, comme ça tu ne peux pas te
poser de questions concernant les habitants de la ville, leurs noms et le fait qu'ils ressemblent
curieusement à certains personnages bien connus.

- Donc… si je reste en ville… je ne me souviendrai de rien. Rien du tout. Et je ne pourrai pas


t'aider.

- Oui. Mais on ne peut pas te laisser rester hors de Kintzheim, enfin ce serait absurde et les
gens se poseraient des questions à force… Et tu ne vas pas retourner à Dunkerque non plus,
ça non plus ça n'aurait pas le moindre sens…

Elle ne voulait pas que Marina parte.

Elle était son amie, au-delà d'être celle qui connaissait la vérité, sans elle, elle n'était pas sure
de pouvoir tenir.

Mais si elle ne se souvenait pas…

Comment ferait-elle pour l'aider à briser la malédiction ?

- Je serai là tu sais. Toujours. Même si j'oublie, même si je ne comprends pas toujours où tu


veux en venir parce que je ne me souviens pas. Je te le promets. Ce ne sera pas facile, parce
que je finirai inévitablement par perdre la mémoire mais… je ferai tout pour t'aider. On est
amies, non ? C'est ce que font les amies l'une pour l'autre. Alors c'est ce que je ferai.
Yara lui sourit malgré ses peurs.

- Merci Marina. Merci pour tout. Mais on devrait te faire une note tu sais. Écrire quelque part
que tu dois sortir de la ville régulièrement. Comme ça, peut-être que tu… que tu n'oublieras
pas complètement. »

Ce ne serait sans doute pas suffisant, ce ne serait de toute évidence pas assez.

Mais Yara n'avait pas mieux que ça.

Et lorsque, quelques heures plus tard, Marina l'appela à nouveau Esgred, elle eut bien du mal
à retenir ses larmes.

A suivre…
Je ne me retiendrai pas.
Chapter Notes

Titre du 17/05/2021 : Je ne me retiendrai pas

Sagittaire : Yara Greyjoy

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Gary (Les contes de Verania) : Sam : Écrire sur une amitié
inébranlable ou écrire une histoire avec des licornes

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sara & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

J'AI LE PERMIS BORDEL !

La mémoire de Marina n'était pas la seule chose à être touchée.

Elles étaient maintenant à Kintzheim depuis une semaine, et Yara avait fini par découvrir
quelque chose d'à la fois intéressant et terrible.

Les pages des exemplaires du Trône de fer qu'elles avaient emmenés avec elles était devenues
blanches.

Dès qu'elle avait essayé de les lire, elle avait vu qu'il n'y avait rien du tout d'écrit dessus, ni
texte, ni titre, les dessins des cartes n'étaient plus là, de même que les illustrations des
différentes couvertures.

Même le nom de l'auteur avait disparu.

À Kintzheim, la règle était donc simple a priori.


On ne parlait pas de Game of Thrones.

(Note de l'autrice : désolée on est encore en 2019, Encanto n'est donc pas sorti à l'heure
actuelle, je ne peux pas faire la blague.)

Impossible de lire les romans, ou même de faire la moindre recherche internet à ce sujet, tout
s'effaçait instantanément, malgré les efforts de Yara ou de Marina pour trouver des
informations.

Ce qui expliquait pourquoi personne en ville ne savait quoi que ce soit à ce sujet ou n'avait
compris la vérité, parce qu'ils n'avaient littéralement pas le droit de savoir.

C'était la même chose avec les DVD, tout avait disparu des jaquettes, plus d'images, de
photos, de résumés, quant aux DVD eux-mêmes, ils ne fonctionnaient plus non plus.

Yara aurait dû s'y attendre, mais tout de même, ça lui fit un coup, c'était une difficulté de plus
qu'elle allait devoir surmonter et supporter, et toutes les preuves qu'elle pensait pouvoir
encore détenir venaient tout juste de partir en fumée.

Certes, tout revenait à la normal, tout comme les souvenirs de Marina, dès que les objets
franchissaient la frontière de la ville et quittaient Kintzheim, mais à quoi bon puisque les
habitants eux-mêmes étaient incapables de sortir ?

C'était un cercle vicieux qu'elle n'était pas capable de briser.

Et elle ne savait pas encore comment y arriver, pas alors que la mémoire de Marina était
chaque jour un peu plus vacillante et qu'elle était au final la seule personne voulant briser la
malédiction qui connaissait tout le temps la vérité.

C'était… étouffant, vraiment.

Elle était retournée à l'hôpital voir Theon, tous les jours, et elle avait vu Ramsay.

Et Ramsay l'avait vue.

Il lui avait souri, ce sourire moqueur, cruel et sadique qu'elle connaissait si peu en vrai mais
avait appris à connaître en regardant la série, parce qu'il savait, il savait qu'elle savait, et plus
aucun doute ne fut possible pour elle alors.

Les monstres savaient que le kraken était de retour en ville.

Et ils jubilaient de se savoir intouchables.

Cersei devait savoir, Littlefinger aussi, sans parler de Roose Bolton, évidemment.

Et ça la rendait malade.

Aussi, le jour où elle débarqua à la mairie pour confronter la lionne, elle n'aurait clairement
pas eu besoin que Marina lui dise, si elle avait su ce qu'elle comptait faire, que c'était une très
mauvaise idée parce qu'elle en avait déjà bien assez conscience elle-même.
Mais elle n'en pouvait plus.

Il fallait qu'elle fasse quelque chose, même si c'était totalement impulsif et irresponsable,
qu'elle ait l'impression d'agir, de ne pas être inutile ou complètement impuissante.

Qu'elle regarde la reine droit dans les yeux et qu'elle lui dise haut et fort qu'elle ne lui faisait
pas peur.

Même si c'était un mensonge.

§§§§

Cersei eut au moins l'obligeance de ne pas faire semblant d'être surprise lorsqu'elle entra dans
son bureau.

Il y avait des caméras dans la pièce, mais la seiche ne se faisait aucune illusion, les images
disparaîtraient et elle ne pourrait pas s'en servir contre elle, utiliser ce qui se dirait durant
cette conversation, et de toute façon, ce n'était pas comme si elle ou Marina étaient des
hackeuses professionnelles.

Ou comme si elles connaissaient des gens qui pouvaient récupérer les vidéos en question.

C'était un coup d'épée dans l'eau en somme, de la pure bravache, et elles le savaient
parfaitement toutes les deux.

« Bonjour Lady Greyjoy, lui dit Cersei avec une curiosité hypocrite qui lui fit serrer les
poings de rage, je vous souhaite la bienvenue à Kintzheim. J'espère que vous apprécierez
votre séjour chez nous et qu'il vous sera très agréable.

Bas les masques donc.

Très bien, ça lui convenait parfaitement comme ça.

- Lady Lannister, lui rétorqua-t-elle avec un ton aussi glacial que les neiges du Nord, sans
même daigner répondre à ce qu'elle venait de lui dire.

Elle ne l'appellerait pas votre majesté, pas alors qu'elle n'était plus reine, et pas madame la
mairesse non plus, pas alors que la seule légitimité qu'elle possédait lui venait de la
malédiction et qu'elle l'avait arrachée sans la mériter une seule seconde.

Cersei continua de sourire, et c'était purement insupportable.

- Je m'attendais à vous voir plus tôt je dois vous l'avouer après tout cela fait déjà une semaine
que vous et votre amie vous êtes arrivées dans notre belle ville. »

Donc elle savait depuis le début.

Si personne ne venait jamais à Kintzheim, ça n'avait rien d'étonnant que deux nouvelles
arrivantes se fassent remarquer en un rien de temps.
Ce qui signifiait autre chose.

Elle n'avait pas fait le moindre geste pour essayer de les chasser de la ville.

Donc elle ne les voyait pas comme une menace potentielle.

C'en était presque vexant, et à la fois déprimant et rassurant.

Déprimant parce qu'elle avait raison.

Rassurant parce que, au moins, elle ne s'attendrait pas à ce qu'elles puissent réussir à mettre à
bas tout ce qu'elle avait pu construire dans cette ville qui n'aurait pas dû être la sienne.

Même si elle ne savait pas encore comment elles y arriveraient.

« Les choses se passeraient mieux, et je serais sûrement venue avant si vous n'aviez pas
effacé les mémoires de tout le monde.

Ce n'était pas censé se passer comme ça.

Ça n'aurait jamais dû arriver, la malédiction n'aurait jamais dû servir à servir les intérêts de
quelques personnes tout en gâchant les vies de tous les autres.

Elle aurait dû les sauver des marcheurs blancs, leur donner une vie meilleure, et à cause de
leur égoïsme, ce n'était jamais arrivé.

- Si vous espérez me faire me sentir coupable en me rappelant le passé Lady Greyjoy, vous
vous adressez à la mauvaise personne. J'ai tué mon époux, je vous le rappelle, je ne vais pas
me laisser arrêter par quoi que ce soit pour avoir ce que je veux.

- Il y a une différence entre tuer une personne et réduire un monde entier en esclavage, lui
rétorqua Yara avec fureur, mais j'imagine que je savais déjà que je perdais mon temps en
venant ici. Je ne suis pas là pour ça de toute façon.

- Pourquoi alors ? Lui demanda la blonde en feignant d'être intéressée, et Yara ne trouva
même pas la force de se mettre en colère pour ça.

Du point de vue de la lionne, elle ne devait sans doute être qu'un insecte, une ennemie bien
facile à mettre en pièces sans même avoir à lever le petit doigt.

Il faudrait qu'elle lui rappelle qu'elle avait tort.

Qu'elle était la fille du kraken, une seiche, qu'elle était dangereuse et qu'elle saurait le lui
montrer.

Ce ne serait qu'une question de temps.

- Parce que peu importe le temps que ça prendra, je peux vous faire une promesse. Je vous
détruirai.
Cersei éclata de rire et la fer-née n'en fut pas étonnée.

Elle savait qu'elle n'était pas du tout crédible pour l'instant, pas alors que c'était Cersei qui
était actuellement en position de force.

Mais elle devait essayer.

- Nous verrons, Lady Greyjoy… Nous verrons bien… Maintenant sortez avant que je ne
demande à ma secrétaire de vous montrer la porte. »

Une partie d'elle-même avait envie de lui dire qu'elle avait un moyen de la battre, mais elle ne
fit pas.

Déjà par prudence, pour ne pas dévoiler son jeu (plus de couronne en jeu, mais ça ne voulait
pas dire que le jeu des trônes s'était arrêté pour autant) et aussi parce que…

Elle n'avait pas réussi à se souvenir de la chanson.

(The ones who'd been gone for so very long

She couldn't remember their names

They spun her around on the damp old stones

Spun away all her sorrow and pain

And she never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

Tant qu'elle ne se rappellerait pas, rien ne changerait probablement.

Elle voulait se souvenir, mais elle ne le pouvait pas.

Ça aurait été trop simple, évidemment.

Et si Marina commençait à oublier elle aussi…

Elles allaient avoir bien du mal à réussir à tenir.

§§§§§

Marina avait un peu de mal à savoir ce qu'elle faisait ici.


Ça lui arrivait, par moments, d'oublier, puis elle se rappelait qu'elle et Esgred se trouvaient là
parce qu'elles étaient parties en vacances pendant quelques mois (note de l'autrice : oui ce
serait probablement pas possible dans les faits mais c'est une fanfiction donc on s'en fout ici
ça marche parce que je l'ai décidé alors flûte.) et qu'elles comptaient y rester pendant encore
un certain temps.

Avec Onyx bien sûr, parce qu'elle n'allait pas partir sans elle non plus (note de l'autrice : oui
là aussi je sais pas si c'est possible mais disons que oui et promis après je m'arrête), et elle
était justement en train de la promener dehors quand sa nouvelle perte de mémoire était
arrivée.

Si Esgred ou plutôt Yara avait été là, elle aurait compris immédiatement ce qui était en train
de se passer, et elle l'aurait menée vers la frontière de la ville la plus proche afin de lui faire
reprendre ses esprits et lui rendre ses souvenirs.

Mais elle n'était là, alors elle continua sa promenade, comme si de rien n'était.

Et, alors qu'elle apercevait Lancel Lannister, elle sentit son cœur commencer à battre la
chamade pour une raison qu'elle ne parvint pas à s'expliquer.

§§§§

Ce fut dans le parc non loin de la mairie que Yara la retrouva quelques heures plus tard après
sa discussion avec Cersei Lannister, en train de jouer avec Onyx et de discuter avec Lancel.

Cette simple vue suffit à lui rendre le sourire, Marina était parfois perdue à Kintzheim, entre
la taille de la ville, le nombre élevé d'habitants, ses tentatives pour savoir qui était qui sans
avoir à demander leurs noms, sans oublier ses fréquentes pertes de mémoire, alors la voir
aussi joyeuse était réconfortant.

Elle était à sa place à Kintzheim, bien sûr, avec ses connaissances sur l'univers (quand elle ne
les oubliait pas) mais les choses auraient été bien plus faciles et joyeuses si les gens qu'elle
côtoyait s'étaient souvenus de leurs véritables identités.

Ce qui n'était malheureusement pas le cas.

Elle parlait broderie apparemment, et la fer-née ne fut absolument pas surprise, songeant avec
tristesse qu'à ce sujet, son amie et petite-amie se seraient très bien entendues.

Elle aurait aimé rencontrer Marina dans d'autres circonstances, que les choses ne se passent
pas de cette manière, parce que même si elle était heureuse d'avoir rencontré son amie, ça ne
changeait rien au fait qu'elle aurait préféré ne pas avoir à traverser tout ça.

Mais Marina était son amie, sa meilleure amie (Note de l'autrice : Sa Meilleure Amie Pour
Toujours, avec des majuscules parce que comme ça c'est vrai, oupsi mauvais fandom c'est
vrai et j'avais dit que j'arrêtais hein ? Lol nope.) et elle était heureuse qu'elle soit là.

En la regardant droit dans les yeux, elle sut immédiatement.

Elle avait oublié, encore.


Et ça n'allait pas s'arrêter.

Son sourire s'effaça.

Ça ne faisait qu'une semaine qu'elle voyait des gens être amnésiques et elle était déjà épuisée.

Puis, Lancel et Marina éclatèrent tous les deux de rire à cause d'une chose que Yara n'avait
pas entendu, et le sourire de la guerrière revint sur son visage.

Parce que Marina souriait et qu'elle ne l'avait jamais vue être aussi rayonnante depuis leur
arrivée à Kintzheim, que Lancel souriait grâce à elle, et parce que puisqu'elle ne pouvait rien
faire de plus, qu'elle ne pouvait pas faire mieux, ça devrait être suffisant.

Pour l'instant.

Distraite, elle n'entendit pas tout de suite une voix qu'elle connaissait l'appeler.

Pourtant, alors qu'elle entendait deux mots qu'elle n'aurait pas cru entendre à nouveau ici, elle
sursauta.

« Lady Yara « ?

C'était impossible.

Tout le monde avait oublié alors comment est-ce que…

Comment est-ce qu'il pouvait réellement se souvenir de qui elle était ?

C'était complètement invraisemblable.

Elle se retourna alors vers lui et reconnut Stannis Baratheon qui la regardait comme si il avait
vu un fantôme.

Et c'était sans doute le cas, elle n'avait jamais été vue à Kintzheim depuis que la malédiction
avait été lancée.

Elle lut alors de l'espoir, un espoir fou, insensé, que peut-être, peut-être…

S'il vous plaît, lisait-elle dans ses yeux, s'il vous plaît soyez réelle, soyez vraie, ne soyez pas
un mensonge, s'il vous plaît souvenez-vous.

« Lord Stannis ? Lui rétorqua-t-elle avec incrédulité, pas tant surprise qu'il soit là que par le
fait qu'il l'ait appelée par son vrai nom et par son titre qui plus est. »

Il hocha la tête et elle se figea.

Il se souvenait.

Il se souvenait bien de qui il était et pourtant il ne s'était pas allié à Cersei et aux autres.
« Vous et moi, reprit-elle, on va avoir une longue, très longue conversation, lui répondit-elle,
blême et stupéfaite.

- Je pense oui. »

Pour la première fois depuis longtemps, l'espoir fleurit à nouveau dans son cœur.

A suivre…
Moi. Toi. Nous contre l'univers.
Chapter Notes

Titre du 13/05/2021 : Moi. Toi. Nous contre l'univers

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Viktor (Underworld) : Père : Écrire sur Howard Stark (Marvel) ou
sur la paternité

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

La dernière fois que Stannis Baratheon avait vu Yara Greyjoy, leur monde était sur le point
d'être englouti par un enfer blanc et glacial.

Désormais, près d'un an et demi plus tard, ils étaient toujours en enfer, mais un enfer
différent.

Un enfer qui, peut-être, du moins l'espérait-il, allait bientôt enfin cesser.

Il le fallait.

Parce que, dans le cas contraire, cela signifierait que tous leurs efforts n'auraient servi à rien.

Qu'ils avaient perdu et que les marcheurs blancs avaient peut-être été vaincus (encore que
non, parce qu'ils n'avaient en aucun cas gagné, non, ils avaient fui, comme les lâches qu'ils
étaient tous et parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix.) mais que ça ne voulait pas dire qu'ils
avaient remporté une quelconque victoire.
Ou alors, si victoire il y avait, elle était bien amère, et les vainqueurs étaient bien peu
nombreux.

Il ne considérait pas qu'il en faisait partie, parce qu'il avait conservé sa mémoire, certes, mais
il avait été séparé de sa fille et ne pouvait-on pas lui infliger punition plus terrible que celle-là
?

Il fixa Yara Greyjoy avec le même air stupéfait et incrédule.

Elle était là.

Elle était vraiment là, et surtout, elle se souvenait, alors ça voulait dire que…

Qu'il n'avait pas tort.

Qu'il avait raison.

Et surtout, qu'il n'était pas fou, chose de plus en plus difficile à croire chaque jour qui passait
alors que ses deux vies se bousculaient dans sa tête et que ses souvenirs s'entrechoquaient et
s'entremêlaient au point où il ne savait plus ce qui était réel et ce qui ne l'était pas.

La jeune femme et lui avaient décidé de se rendre au Dragon Quincaille, laissant à Lancel
Lannister le soin de ramener l'inconnue (Marina, si il se souvenait bien, ce n'était pas comme
si ça avait réellement une grande importance pour lui, pas alors qu'il était à deux doigts
d'enfin reprendre pied à nouveau après passé tant de temps la tête sous l'eau) dans la chambre
qu'elles louaient toutes les deux.

Elle n'avait pris qu'un verre d'eau là où le cerf avait commandé un café, et pendant quelques
secondes, le silence régna entre eux, comme si ils avaient peur qu'en parlant, l'illusion ne se
dissipe et que la réalité ne reprenne sa place, froide, cruelle et implacable.

Et qu'ils ne réalisent qu'ils s'étaient trompés tous les deux depuis le début et qu'il n'y avait pas
d'issue.

« Combien de temps ? Finit par lui demander Stannis après quelques minutes.

Yara fronça les sourcils.

- Quoi ?

- Vous venez de l'extérieur, alors vous devez savoir… Depuis combien de temps est-ce qu'on
est là ? Depuis quand la malédiction a-t-elle été lancée ? Ici, le temps ne passe pas et comme
les jours se ressemblent tous, c'est difficile de garder une trace quand on vit tout le temps à
Kintzheim sans pouvoir en sortir.

Elle soupira.

- Depuis un an et demi. On est le 22 février 2019 (note de l'autrice : fun fact, j'écris ce
chapitre le 22 février 2023 et… ouah il s'en est passé des trucs depuis, genre je vais peut-être
enfin avoir mon permis, le truc de fou quoi.) et… Comment ça se fait que vous vous
souveniez de qui vous êtes ?

Stannis Baratheon était beaucoup de choses, mais il était surtout honnête et droit, et la seiche
savait bien que jamais il ne se serait allié à Cersei Lannister, surtout après l'assassinat de son
frère des mains de la blonde reine.

- Je ne sais pas, lui répondit-il avec franchise. Je me suis réveillé le lendemain de la


malédiction, et… Je me souvenais. Mais j'étais les deux à la fois. J'étais Stannis Baratheon,
frère du roi Robert, seigneur de Peyredragon, mais aussi… Stannis Baratheon, simple
habitant de Kintzheim et comptable… Et je… Je ne comprenais pas au début, comment ça
pouvait être possible, comment je pouvais me souvenir de deux vies aussi contradictoires et
qui pourtant devaient forcément être réelles parce que… je m'en rappelais. Et si elles ne
l'étaient pas, alors ça voulait dire que j'étais fou et je… je ne pouvais pas l'être. Je ne pouvais
pas être fou, je ne peux pas l'être.

- Vous ne l'êtes pas, le rassura immédiatement Yara. Sinon ça veut dire que je le suis moi
aussi et dans ce cas ça veut dire que j'ai beaucoup de soucis à me faire.

Stannis eut un léger sourire, si petit que quelqu'un ne le connaissant pas y aurait vu un simple
rictus mais Yara l'avait côtoyé pendant près de sept ans, alors elle sut qu'elle l'avait amusé, au
moins un peu, qu'elle lui avait peut-être un peu remonté le moral, et s'en réjouit.

Ils n'allaient arriver à rien si ils se complaisaient tous les deux dans un désespoir morbide.

- Comment avez-vous fait ? Pour fuir.

- Thoros m'a permis de m'échapper par un portail. Une seule personne pouvait le franchir
malheureusement. Je me suis retrouvée à Dunkerque et… me voilà.

- Pas à l'autre bout du monde donc, ni même du pays, fit-il remarquer d'un ton pincé, qui était
tellement Stannis que Yara aurait sans doute ri dans d'autres circonstances, si elle avait pu se
payer le luxe de le faire. Pourquoi avez-vous mis autant de temps dans ce cas lady Greyjoy ?

Elle ne le blâmait pas pour cette réaction, parce qu'au delà du simple reproche, qui était certes
présent dans sa voix, il y avait aussi surtout la détresse, le désespoir sous-jacent et pourtant si
présent qui faisait craqueler ce masque d'impassibilité qu'il tentait de porter en permanence,
et elle comprenait ce sentiment.

Elle avait déjà failli s'effondrer durant l'année et demi qui venait de s'écouler, alors qu'elle
n'avait pas eu à vivre au milieu de gens qui ne se souvenaient pas de la vérité, alors qu'aurait-
elle fait si elle avait dû le faire avec en plus deux vies dans la tête ?

C'était un miracle qu'il ne soit pas déjà devenu complètement fou.

Peut-être que si il avait dû passer encore plus de temps ainsi, tout seul, c'est ce qui se serait
finalement passé à la fin.

Comme avec Jefferson…


- J'étais seule. Presque sans moyens de subsistance, sans connaissances sur ce monde, seule
au monde, sans amis, sans alliés et sans savoir où vous étiez. Vous avez eu tous ou presque la
mémoire effacée, mais au moins en arrivant ici, ce monde n'avait plus le moindre secret pour
vous. Ce n'était pas mon cas. Lord Stannis, j'étais seule, et le temps que je comprenne
comment ne serait-ce que trouver un moyen pour survivre… J'étais perdue… J'ai fini par
trouver un emploi de serveuse et à Dunkerque, j'ai fini par rencontrer Marina, qui est devenue
ma colocataire et mon amie.

Alors, Stannis se souvint de cette femme qu'il avait croisée plus tôt, à laquelle il n'avait pas
prêté de réelle attention, et alors, il tiqua enfin sur sa présence.

- Attendez une seconde… Elle… Vous dites qu'elle vient de l'extérieur ? Pas de Kintzheim ?

Ça n'avait pas le moindre sens.

Personne ne pouvait entrer à Kintzheim, c'était le principe même de la malédiction.

Elle hocha la tête.

- Marina vient de Dunkerque, pas de Westeros.

- Mais… comment est-ce possible ?

Et alors, pour la première fois depuis le début de la conversation, la guerrière s'autorisa à


sourire.

- Parce que c'est Marina. Je doute qu'il y ait une autre explication possible. Plus sérieusement,
ajouta-t-elle, dans notre malheur, nous avons eu de la chance… en quelque sorte.

Le cerf fronça les sourcils.

- Que voulez-vous dire ?

Le sourire de son interlocutrice se fit alors malicieux.

- Laissez-moi donc vous parler du monde merveilleux de Game of Thrones et du Trône de


fer… »

§§§§

Une fois qu'elle eut terminé, le noble la fixa avec un air abasourdi, la bouche ouverte et les
yeux écarquillés, ressemblant à un poisson hors de l'eau.

« Vous… vous voulez dire que… qu'il y a… une série télévisée sur nous ? S'écria-t-il,
essayant de parler le moins fort possible pour que personne ne les entende.

- Et oui.

- Et aussi… des romans ?


- C'est ça oui. Une sorte… de versions alternatives de nous-mêmes. Ils sont nous et en même
temps… ils ont vécu des choses que nous n'avons jamais vécues, mais ils ont notre passé et…
En fait, tout a divergé à partir du moment où Jon Arryn est mort. Dans notre monde, nous
avons découvert que les marcheurs blancs étaient de retour peu de temps après alors que dans
cette version de l'histoire… ce n'est pas arrivé avant un long moment. Et ils n'ont pas lancé de
malédiction non plus sans compter que… de nombreuses personnes qui sont encore vivantes
à Kintzheim ont péri.

- Est-ce que Shireen… Demanda-t-il aussitôt, ne parvenant pas à finir sa phrase, tant cette
possibilité lui paraissait invraisemblable.

Alors pourquoi le regard de Yara se chargea-t-il de tant de tristesse ?

- Elle est morte, mon seigneur. Et c'est vous qui l'avez tuée.

- Quoi ? S'exclama-t-il.

C'était impossible enfin, jamais il n'aurait pu…

- Je rentrerai dans les détails plus tard, je vous le promets…

- Quel rapport cela a-t-il avec… avec votre amie ?

- Elle est une grande fan de la saga littéraire et de la série, elle écrit des fanfictions dessus
d'ailleurs, je ne sais pas si…

- Je sais ce qu'est une fanfiction, la coupa Stannis, Shireen en lit et en écrit, et elle…

Sa voix se brisa et elle sentit la compassion l'envahir.

Elle savait ce que ça faisait d'être séparée de son petit frère et de sa petite-amie, et ça faisait
atrocement mal.

Mais elle n'osait même pas imaginer ce qu'on pouvait ressentir en étant séparé de sa propre
enfant et que celle-ci ne vous reconnaissait même plus, ignorait qui vous étiez totalement.

Ça avait dû lui briser le cœur quand il avait compris.

Et ne pas pouvoir se confier à qui que ce soit à ce sujet, pendant plus d'un an et demi ?

Il avait dû errer comme un lion en cage durant tout ce temps (ironique considérant le fait que
c'était bien une lionne qui était la cause de son malheur), enrageant, pieds et poings liés et
impuissant.

Elle qui détestait tant cette sensation, elle ne pouvait que comprendre à quel point il avait
souffert, et souffrait encore.

- Elle m'a oublié, cracha-t-il finalement, elle a oublié que j'étais son père, pour elle je ne suis
plus que son oncle maintenant, et rien de plus et pour elle, Renly et Loras sont ses pères, je
n'ai théoriquement même plus de liens du sang avec elle.
Théoriquement.

Tant de théories qui auraient pu être balayées d'un revers de la main grâce à un simple test
ADN qu'ils n'avaient malheureusement aucune raison valable de demander.

- Je sais. Je sais et j'en suis désolée. Je suis tellement désolée.

- Elle est heureuse, ajouta-t-il, je le sais, je le vois tous les jours, Loras et Renly sont de bons
parents pour elle, et elle a une petite-amie, elle… elle a tout ce qu'on pourrait souhaiter à son
âge, enfin je suppose, mais je voudrais juste… Je suis son père, et je voudrais revenir dans sa
vie, que tout ça soit réel, et elle… Lady Yara, si vous saviez à quel point ma fille me manque.

Il était rare, très rare de le voir se livrer ainsi.

Mais la guerre les avait changés, la malédiction les avait changés aussi.

Ils n'étaient plus les mêmes personnes qu'avant et ils ne le seraient plus jamais.

Et Yara Greyjoy ne pouvait s'empêcher de détester l'univers entier pour ça.

- Je ne peux pas le savoir, je n'ai pas d'enfant, je ne peux que me l'imaginer mais… ma petite-
amie et mon frère m'ont été enlevés alors je pense avoir une petite idée du genre de douleur
que l'on ressent.

Il hocha la tête.

- Je suis désolé pour ça aussi, pour vous, pour tout ce que vous avez perdu.

- Pas autant que moi, lui répondit-elle avec tristesse.

- Vous savez le plus drôle dans tout ça ? Lâcha-t-il avec un rire rauque et triste. C'est qu'ici…
Cersei Lannister est née Baratheon, donc elle et moi nous sommes de la même famille d'après
la malédiction… Ça me rend tellement malade.

- Elle paiera pour ça, lui rétorqua Yara avec la rage au cœur et des flammes dans les yeux, je
le jure par le Dieu noyé et tout ce qui m'est cher, je la ferai payer pour ça, elle et tous les
autres.

Il la regarda avec attention.

- Est-ce que vous avez un plan ?

- Je… je crois, admit-elle. J'ai… un début de plan.

Ce qui n'était pas un mensonge, et était déjà mieux que rien.

Après tout, il se souvenait de qui il était, alors peut-être se rappelait-il des paroles qu'elle
avait oubliées et dont elle avait tant besoin.

(High in the halls of the kings who are gone


Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found

And the ones who had loved her the most.)

Il hocha la tête.

- Très bien… Voyons ce qu'on peut faire alors. »

Elle, lui et Marina, contre une ville entière et amnésique et/ou corrompue.

Ça partait bien tout ça…

A suivre…
Un monde sans pitié.
Chapter Notes

Titre du 15/04/2022 : Un monde sans pitié

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… His Dark Materials : Magisterium : Écrire sur un régime autoritaire
ou écrire sur Coriolanus Snow (Hunger Games)

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Note : Je me désinscrite à un concours que j'avais pas préparé, je vous dis pas comment
je suis soulagée là.

« Je me souviens d'une chose, commença-t-elle alors, d'avant la malédiction… Avant que tout
ne disparaisse et que je n'arrive ici… Lady Mélisandre, elle… Elle nous avait parlé… d'une
chanson, et elle m'a dit que si jamais nous chantions les paroles, toute la chanson en entier,
nous pourrions… nous souvenir.

Une lueur apparut alors dans les yeux de Stannis.

- Je me souviens de ça moi aussi.

Yara le regarda avec des yeux emplis d'espoir.

Et si, et si, et si…


Et si sa mémoire, cette mémoire qu'il avait miraculeusement conservée, devenait finalement
leur salut à tous ?

- Est-ce que… Demanda-t-elle, hésitante, parce que si la réponse à cette question était
négative, alors elle ne savait pas ce qu'elle ferait. Est-ce que vous vous souvenez des paroles
? Ou même de quelle chanson il s'agit ?

Il secoua la tête et elle vit alors son dernier espoir s'envoler en fumée en seulement quelques
secondes.

- Non malheureusement. Je suis désolé. Je me souviens de beaucoup de choses, je me


souviens de tout le reste, mais pas de ça. J'aimerais, vraiment. Mais j'ai oublié moi aussi,
comme tout le monde.

Yara hocha la tête.

C'était prévisible finalement, la malédiction n'allait pas se laisser battre aussi facilement, ça
allait être plus compliqué que ça ne l'était déjà.

Malheureusement pour eux.

- Très bien, ce n'est pas grave, on… On trouvera autre chose, on trouvera une autre solution,
je vous le promets.

- Vous n'avez pas l'air d'être très convaincue par vos propres paroles, lui fit-il remarquer et
elle ne s'en étonna pas.

Stannis était le roi pour délivrer des vérités que personne n'avait envie d'entendre.

Et le pire dans tout ça, et elle le savait bien, c'était qu'il avait entièrement raison.

- J'essaie, lui rétorqua-t-elle, j'essaie vraiment, mais… Par moments c'est difficile vous savez
de ne pas penser que… Ça y est, c'est terminé, ils ont gagné. Parce que c'est le cas, non ? En
apparence. Ils ont de l'argent, le pouvoir, leurs souvenirs, ils ont le contrôle, ils ont… tout.
Absolument tout et nous n'avons rien à part nos identités et notre mémoire. Alors comment
faire ? Comment faire pour les affronter ?

Stannis devait l'avouer, il l'admirait.

Malgré la solitude, elle avait réussi à rester forte, à ne pas sombrer, à continuer de se battre, et
elle avait trouvé le moyen de les retrouver avec le peu d'indices auxquels elle avait eu accès.

- Vous êtes très courageuse Lady Greyjoy, reconnut-il, bien des gens auraient abandonné face
à tous les obstacles que vous avez dû affronter. Quant au reste… Je ne sais pas, je ne sais
vraiment pas. Personne ne nous croira et personne ne peut sortir à part vous, alors…

- Je pensais que la présence de Marina aiderait, mais… j'avais tort. Cela ne changera sans
doute rien du tout.

- Pourquoi cela ?
Yara eut un sourire triste.

- Elle aussi elle perd la mémoire quand elle est en ville, elle oublie… ce qui concerne la
malédiction, l'univers de Game of Thrones, l'histoire des romans ou de la série, absolument
tout, elle ne se souvient que lorsqu'elle sort de Kintzheim. Et je ne peux même pas faire lire
les livres ou voir la série à qui que ce soit ici pour instiller le doute en eux parce que… Elle
soupira. Hé bien, voyez par vous-même, dit-elle en lui tendant l'exemplaire de Marina du
tome 3 du Trône de fer, A Storm of Swords.

Ça ne lui servait à rien de l'avoir sur elle, à part l'encombrer un peu plus, mais elle le
feuilletait avec espoir parfois, comme si fixer les pages blanches pendant des heures allait
faire revenir ce qui était écrit dessus autrefois.

Mais rien n'y faisait, elles demeuraient aussi immaculées que d'ordinaire.

Parfois, elle aurait aimé le foutre au feu, juste pour voir si ça changerait quoi que ce soit à la
situation.

Fronçant les sourcils alors qu'il tournait les pages de l'ouvrage, l'ancien membre du conseil
restreint comprit immédiatement quel était le problème.

- Il n'y a rien, s'écria-t-il en regardant Yara droit dans les yeux, rien du tout !

Elle acquiesça.

- Oui. Tout s'est effacé et a disparu, les lettres, les phrases, les dessins, tout cela ne revient
qu'en dehors de la ville, et il en va de même pour les DVD, sans parler bien évidemment des
recherches internet… Essayez donc ça aussi pour voir. »

Le père de Shireen s'exécuta, et n'importe qui d'autre que Yara aurait sans doute trouvé
amusante l'idée de Stannis Baratheon se servant d'un téléphone portable, en complet décalage
avec Westeros et son absence totale de technologie moderne.

Mais la fer-née n'avait pas vraiment le cœur à rire actuellement, bien au contraire.

Les recherches ne donnèrent rien, évidemment.

Rien sur la série, les livres, l'auteur ou les acteurs en tout cas concernant l'univers, il n'y avait
absolument aucune information disponible.

Donc.

Pas de moyen de briser la malédiction et encore moins d'en parler à qui ce soit à part pour
risquer de passer pour des fous.

Il n'y avait pas de magie à Kintzheim aux dernières nouvelles après tout, pour ce qu'ils en
savaient en tout cas, et il n'y en avait pas eu beaucoup non plus à Westeros avant cela.

Alors honnêtement, ils étaient dans une impasse, parce que que faire dans une pareille
situation ?
« Et si on la tuait ?

Yara sursauta, avant de cligner des yeux à plusieurs reprises, stupéfaite.

- Pardon ?

- Cersei. Est-ce que si on la tuait, ça changerait quelque chose ?

La jeune femme pria fervemment le Dieu noyé pour que personne d'autre hormis elle n'ait
entendu cela autour d'eux, avant d'y réfléchir pendant quelques instants.

Puis elle secoua la tête.

- Non… Je ne pense pas que ça changerait quoi que ce soit, ou que ça briserait la malédiction,
ce n'est pas elle qui l'a lancée au préalable, elle a juste… influé sur certains détails, comme
celui de la perte de mémoire. Ça nous soulagerait sûrement, mais ça ne nous libérerait pas et
ça créerait plus de problème qu'autre chose. Je suis désolée. Je suis désolée de n'avoir rien de
mieux que ça à vous proposer.

Il soupira.

- Ne vous en faites pas, ce n'est en aucun cas votre faute…

- Et Mélisandre ?

- Quoi Mélisandre ?

- Est-ce que vous savez où elle se trouve ?

Un sourire dénué de joie apparut sur le visage de Stannis.

- Oh que oui je le sais. Et la réponse ne va vraiment pas vous plaire.

Yara le regarda avec un air confus.

- Je ne comprends pas…

- Elle a été internée à l'hôpital psychiatrique de Kintzheim et n'a pas le droit d'en sortir. Elle a
droit aux visites en revanche, j'y ai pensé moi aussi, à aller la voir, à lui parler… Je l'ai fait
d'ailleurs, aux débuts de la malédiction. Elle a beaucoup changé physiquement déjà, elle n'a
plus sa jeunesse d'antan, elle m'avait bien dit autrefois qu'elle était plus vieille qu'on ne
pouvait l'imaginer… Je constate maintenant à quel point elle disait vrai…

- Et ?

- Et ça n'a rien donné. J'ai essayé de l'interroger mais sans succès… On dirait qu'elle ne se
souvient vraiment de rien.

- Soit ça, soit on l'a forcée à oublier. Ou à se taire. On l'a probablement enfermée parce qu'elle
sait des choses, et qu'on la considère comme dangereuse, ce n'est pas par hasard si elle est là-
bas…

Elle se souvenait d'une situation similaire, celle de Belle dans Once Upon A Time.

Mais la bibliothécaire, elle, avait été enfermée non pas parce qu'elle savait des choses, mais
pour servir de moyen de pression et de vengeance contre quelqu'un d'autre, sans compter que
sa présence avait été tenue secrète.

Ça ne pouvait pas être le cas pour Mélisandre, Yara en était persuadée.

- Je dois aller la voir, pour lui parler, lui poser des questions, peut-être que… j'y arriverai. À
la faire parler. Et si c'est moi qui le fais, ça n'attirera pas trop les soupçons sur vous, avec un
peu de chance, Cersei ignore encore que vous vous souvenez, alors qu'elle sait que je sais la
vérité…

Il acquiesça.

- Vous avez raison. Soyez toute de même prudente, nos ennemis sont dangereux.

- Je sais. Mais tant qu'ils ne me perçoivent pas comme une menace potentielle, ils ne feront
rien. Ça doit trop les amuser et les faire jubiler de me voir essayer et échouer à les battre. Ils
ont trop d'orgueil pour réaliser que leur chute est proche. C'est ce qui les perdra. »

Cette fois, Stannis reconnut la conviction dans sa voix, et ça le rassura.

Parce que maintenant, il n'était plus seul au monde.

Il avait une alliée.

Peut-être que tout n'était pas complètement perdu après tout.

§§§§

Est-ce qu'on pouvait vraiment tomber amoureuse de quelqu'un qu'on ne connaissait que
depuis une semaine ?

C'était la question que Marina se posait actuellement, et ce le plus sérieusement du monde.

C'était le temps depuis lequel elle connaissait Lancel après tout (en réalité non, elle le
connaissait depuis bien plus longtemps que ça, mais elle l'avait oublié, tout comme elle avait
oublié tout le reste, temporairement du moins.), et pourtant, c'était comme si elle avait
l'impression de le connaître depuis toujours.

Et de l'aimer depuis encore plus longtemps que ça, si du moins c'était possible.

Sauf que, ça ne l'était pas…

Pas vrai ?

Bref.
Est-ce qu'une semaine était suffisante ?

Après tout, se disait-elle en se rassurant, les coups de foudre, ça existait, et Blanche-Neige et


son prince charmant n'avaient mis qu'une journée (note de l'autrice : je crois. À vrai dire je
suis plus sure mais on va dire que c'est bien ça.) pour tomber amoureux l'un de l'autre.

Et même si cette rencontre inopinée dans le parc n'était pas a priori un rendez-vous
amoureux, une partie d'elle-même aurait aimé que c'en soit un, elle et le blond avaient discuté
ensemble pendant ce qui avait semblé une éternité tout en passant très vite, il lui avait souri,
il avait ri, et elle…

Elle s'était sentie tomber amoureuse un peu plus à chaque seconde.

Alors qu'elle le connaissait à peine !

Mais qui sait.

Peut-être que ce séjour de vacances impromptu à Kintzheim allait lui permettre de rencontrer
le grand amour.

Il fallait absolument qu'elle en parle à Yara.

§§§§

Marina souriait, un sourire éclatant et lumineux, lorsque Yara la retrouva après avoir quitté
Stannis qui était rentré chez lui, dans sa maison où vivait une femme qu'il n'aimait pas et qui
ne l'aimait pas non plus.

(Apparemment, vingt-et-unième siècle ou pas, le divorce n'était définitivement dans ses


réflexes…)

La fer-née était heureuse pour elle, sincèrement, Marina méritait le bonheur, et si elle
permettait également à un autre habitant de Kintzheim de le trouver aussi, c'était pour le
mieux, vraiment.

C'était probablement comme ça qu'ils gagneraient à la fin, songea-t-elle.

En arrachant chaque parcelle de bonheur et de fin heureuse qu'ils pouvaient prendre à ceux
qui avaient décidé de faire de leur vie un enfer, et elle se le jurait, de toutes ses forces.

Cersei Lannister, Littlefinger, Ramsay Bolton et Roose Bolton ne l'emporteraient pas au


paradis.

Et en croisant son regard, la fer-née réalisa autre chose.

Elle ne se souvenait toujours pas donc ça signifiait qu'elle n'était pas encore sortie de la ville,
et elle semblait plus apaisée comme ça, comme si les choses étaient d'un seul coup plus
faciles, et elles l'étaient, elle l'étaient vraiment.

En un sens, Yara elle aussi aurait aimé pouvoir oublier.


Ça aurait rendu toute cette épreuve cent fois moins douloureuse.

« Hey, ça va ? Lui demanda Marina. Ça s'est bien passé avec… le type avec qui tu parlais ?

- Stannis Baratheon, la renseigna Yara.

- Oh. Et de quoi vous avez parlé ?

- Suis-moi d'abord, on doit sortir de la ville. Je t'expliquerai après, promis. »

Marina fronça les sourcils mais ne protesta pas.

Yara était son amie après tout, et elle lui faisait confiance.

Elle devait avoir une raison pour agir aussi bizarrement.

§§§§

« Je comprends maintenant, fut la première chose qu'elle dit après avoir récupéré la mémoire.

- Quoi donc ?

- Pourquoi je suis…

Elle rougit subitement et Yara comprit, et un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de la
noble.

- Laisse-moi deviner… ça n'aurait pas un rapport avec Lancel Lannister par hasard ?

- Je l'aimais déjà avant, et je l'ai aimé en le voyant, et… même en l'oubliant, en oubliant ce
que je sais de lui en dehors de Kintzheim, je l'aime encore. Je…

- J'espère que vous serez heureux ensemble Marina, vraiment, et si jamais ça ne va pas plus
loin, que vous serez tous les deux amis. Vous le méritez, sincèrement. On devrait rentrer, il
faut que je te dise ce que j'ai découvert. »

En espérant que la dunkerquoise conserve l'entièreté de sa mémoire le temps du trajet de


retour…

A suivre…
Le chemin du retour.
Chapter Notes

Titre du 27/08/2022 : Le chemin du retour

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… His Dark Materials : Daemon : Écrire sur une relation entre un
animal et un humain ou faire apparaître un Patronus (Harry Potter) dans son texte

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défi à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Il faisait nuit quand elles rentrèrent, et ce ne fut que lorsqu'elle fut arrivée à leur chambre que
Yara s'autorisa enfin à commencer à parler.

Après avoir un peu joué avec Onyx bien sûr, parce qu'elle était l'un des seuls être dans ce
nouveau monde qui parvenait à l'apaiser en seulement quelques secondes, et qu'elle lui
rappelait un peu Lady, la louve de Sansa.

Lady…

Où pouvait-elle bien être maintenant, et Vent Gris, Fantôme, Été, Nymeria, Broussaille ?

Qu'est-ce que la malédiction avait fait d'eux ?

Essayant de ne plus y penser, elle continua de jouer avec la chienne, espérant ainsi apaiser ses
inquiétudes, au moins un peu, même si elle savait que ce ne serait définitivement pas
suffisant.
« Alors ? Lui demanda Marina. Quelles sont les nouvelles ?

- J'ai parlé avec Stannis Baratheon… Il se souvient.

Les yeux de la dunkerquoise s'écarquillèrent de surprise.

- Quoi ? Mais… comment est-ce que ça peut être possible ?

La fer-née haussa les épaules.

- Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas, lui non plus n'en a aucune idée, peut-être que c'est
juste… un dysfonctionnement de la malédiction, quelque chose qui… Elle ne put s'empêcher
de laisser échapper un rire nerveux en se souvenant de ce qu'elle avait appris des livres et de
la série. Peut-être que Lady Mélisandre avait raison finalement, peut-être que Stannis est
réellement l'élu du maître de la lumière.

- Peu importe la raison, en conclut Marina, puisqu'on ne peut pas la trouver, on doit se
concentrer sur autre chose. De quoi est-ce qu'il se souvient exactement ?

- D'à peu près tout ce qui a précédé la malédiction, et il se souvient aussi de sa vie à
Kintzheim, pour aussi fausse qu'elle soit. La seule chose dont il ne se rappelle pas, c'est de la
chanson…

- Comme à peu près tout le monde apparemment, lâcha Marina avec amertume.

- Oui, on dirait bien.

Elle se demanda si Cersei et les autres savaient, eux, ou si comme tous les autres habitants de
la ville, ils avaient oublié, ou même si ils avaient jamais été au courant, puisque Mélisandre
n'avait eu le temps de prévenir qu'un petit groupe de personnes au final et qu'ils n'étaient
définitivement pas sur sa liste.

Après tout, quelle importance ?

Même si ils av aient eu en mémoire le nom de la chanson ou les paroles, ils n'auraient jamais
accepté de les lui révéler.

(Pendant une fraction de secondes, elle s'imagina enlever Ramsay Bolton et le torturer afin de
lui faire révéler tout ce qu'il savait, ou juste pour le plaisir de lui faire du mal, de le faire
souffrir comme il avait fait souffrir Theon, comme il le faisait encore souffrir l'enfer.

Non.

Elle n'était pas comme ça.

Elle n'était pas lui.

Et de toute façon, les répercussions de son acte auraient été trop terribles pour qu'elle ne les
prenne pas en compte.)
- Il sait autre chose en revanche, reprit-elle, et ça devrait nous aider à avancer je pense.
Mélisandre est ici, et elle ne sait peut-être rien, mais… Il faut que j'essaie d'aller lui parler, si
il y a bien quelqu'un ici qui peut nous aider et qui détient peut-être des informations, c'est
bien elle. C'est elle qui nous a parlé du Sort Noir après tout, qui l'a lancé, et c'est… notre
seule chance.

Marina acquiesça.

- Très bien. Quand est-ce que tu comptes aller la voir ?

- C'est là que ça se complique. Elle est internée dans un hôpital psychiatrique, et d'après les
recherches que j'ai faites, ça devrait prendre un peu de temps pour je puisse aller la voir,
surtout que c'est moi. Tu penses bien que Cersei va tout faire pour me mettre des bâtons dans
les roues si elle le peut, rien que pour le plaisir de me voir me battre contre le vent et pour me
ralentir…

- Je vois… Redis-moi alors, d'accord ?

- Promis. »

§§§§

« Je la verrai vendredi prochain, lui annonça victorieusement Yara le lundi suivant.

- Oh, vendredi prochain, tu veux dire, le 1er mars, c'est ça ? Lui demanda Marina.

- C'est ça, confirma Yara, intriguée par sa question, pourquoi ?

- Hé bien… Lancel a proposé qu'on aille au cinéma ensemble ce jour-là.

Un sourire apparut alors sur le visage de Yara, qui ne fit même pas mine d'être étonnée.

Depuis que ces deux-là s'étaient rencontrés, elle savait bien qu'il y avait de l'amour dans l'air,
et pas seulement du côté de Marina, même si c'était là que c'était le plus flagrant, il était
évident que Lancel lui aussi s'était rapidement attaché à elle.

Et elle ne les avait vus passer que peu de moments ensemble, mais le peu de fois où elle
l'avait fait, ils avaient l'air vraiment… heureux ensemble, et cette romance en construction la
touchait profondément.

Elle espérait vraiment que les choses continueraient ainsi, que rien ne viendrait se mettre
entre eux, parce qu'ils méritaient tous les deux d'être heureux.

- C'est un rendez-vous, pas vrai ?

Marina rougit, sourit et acquiesça, et le sourire de son amie s'agrandit.

- C'est génial, vraiment, vas-y, fonce, j'irai voir Mélisandre seule, c'est ce que j'avais prévu de
toute façon, il vaut mieux que Stannis soit absent, et toi aussi avec ta mémoire qui te joue des
tours. Profite bien.
- Merci Yara. Pas seulement pour ça, mais… de m'avoir amenée ici. De m'avoir permis de le
rencontrer.

- Tu m'as sauvée Marina, c'est le moins que je puisse faire en retour, vraiment. »

§§§§

Stannis n'avait pas menti.

Lady Mélisandre d'Asshai était réellement méconnaissable.

Disparue, envolée la belle femme rousse sans âge qui résistait encore et toujours au passage
du temps, maintenant il n'y avait plus qu'une femme âgée et fatiguée au regard sans vie et qui
resta vide alors qu'il se posait sur Yara Greyjoy.

Le cœur de la guerrière se serra alors.

Elle n'avait jamais été proche de la prêtresse du Maître de la lumière, elle n'avait jamais
partagé ses convictions, et jamais elles n'avaient été réellement amies, elles étaient au mieux
de vagues connaissances l'une pour l'autre.

Mais voir ce qu'elle était devenue, ce que la malédiction lui avait fait subir, tout ce qu'elle
avait perdu et oublié, cet emprisonnement qu'elle ne méritait pas…

Ça lui faisait mal.

En vérité, à chaque fois qu'elle croisait quelqu'un qu'elle avait connu et qui se retrouvait dans
une situation similaire, c'était comme si on lui poignardait le cœur en boucle, encore et
encore et encore, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.

Jusqu'à ce qu'elle ne ressente plus rien, hormis la douleur.

« Bonjour… Mélisandre, se reprit-elle juste à temps, étant à deux doigts de l'appeler Lady.
Elle ne savait pas si elles étaient écoutées, mais il valait peut-être mieux être prudente à ce
sujet. Est-ce que vous vous souvenez de moi ?

La vieille femme et la regarda et il n'y eut rien.

Rien du tout.

Pas de lueur de reconnaissance, elle ne savait pas qui elle était, elle l'avait oubliée, elle avait
oublié, comme tous les autres.

C'était désespérant, et à pleurer, vraiment.

Yara serra les poings et se força à prendre une grande inspiration pour se calmer.

Ça ne servirait à rien qu'elle s'énerve, surtout contre Mélisandre qui n'y était pour rien.

- Qui êtes-vous ? Demanda Mélisandre d'une voix confuse, en fronçant les sourcils.
Elle pensa à mentir d'abord.

Mais après tout, quelle importance que d'autres personnes soient au courant de son véritable
nom, puisque Cersei le connaissait déjà de toute façon ?

Elle jouait cartes sur table, et Lady Mélisandre ne connaissait pas Esgred Miller autrefois.

En revanche, elle avait connu Lady Yara Greyjoy.

Et ça, ça pouvait faire toute la différence.

- Je me nomme Yara Greyjoy. Et vous et moi, on se connaît.

Souvenez-vous, souvenez-vous, souvenez-vous ! Hurla-t-elle intérieurement.

- Non madame, je suis désolée, lui dit Mélisandre, toujours aussi confuse et perdue, mais je
ne sais pas qui vous êtes.

Prévisible.

Mais néanmoins atrocement douloureux.

- Vous nous avez aidés, insista-t-elle, vous nous avez sauvés des marcheurs blancs, la
malédiction, c'est vous qui avez su quoi faire quand nous pensions que tout était perdu.

Au diable les autres et ce qu'ils pouvaient penser, elle pouvait bien passer pour une folle, ça
n'avait pas d'importance.

Elle était désespérée.

Elle devait essayer, vraiment, même si ça ne la menait à rien.

- Je… je ne comprends pas.

Et oh par le Dieu noyé, comme elle voulait hurler.

- Vous m'avez parlé d'une chanson, avant que la fumée n'arrive et n'emporte tout, avant
l'oubli, avant tout… tout ça.

- Je me souviens de la petite Jenny, lui confia alors Mélisandre, et ça ne l'aida pas le moins du
monde.

- Quoi ? Lâcha Yara avec un air éberlué.

Bon sang, de quoi parlait-elle ?

(High in the halls of the kings who are gone

Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found
And the ones who had loved her the most.

Elle s'était souvenue au début, en arrivant en France, et elle avait fini par oublier, par tout
oublier, malgré elle, parce que même elle avait été touchée par la malédiction finalement.)

- Je me souviens de la pauvre petite Jenny, répéta-t-elle, et elle n'ajouta rien de plus. »

Yara aurait sincèrement aimé avoir plus que ça.

§§§§

Quand elle avait su quel film Lancel voulait l'emmener aller voir, Marina avait failli éclater
de rire.

Kill Ben Lyk.

Seule elle pouvait réaliser à quel point ce choix de film était drôle.

Déjà parce qu'elle avait déjà vu ce film (note de l'autrice : honnêtement je sais pas si c'était
déjà le cas à ce moment-là de la chronologie mais bon on a déjà établi qu'elle était différente
alors disons que oui.), qu'elle aimait beaucoup et sur lequel elle avait déjà écrit des
fanfictions (note de l'autrice : géniales évidemment mais bon en même temps c'est Marina),
mais pas seulement pour ça.

Il y avait un autre petit détail qui concernait le casting.

Parce que le Ben Lyk principal était joué par Eugene Simon.

L'acteur de Lancel Lannister.

Le lion allait voir à l'écran celui qui avait été choisi pour interpréter son rôle dans une série
dont il ignorait jusqu'à l'existence.

C'était assez amusant quand on y pensait deux minutes.

Mais elle ne dit rien, et profita du film avec celui qui était peut-être (du moins elle l'espérait
aussi) son futur petit-ami.

Et elle pleura à la fin, évidemment.

Pauvre Roberto…

Ça n'aurait jamais dû se terminer comme ça.

Lancel était de son avis d'ailleurs, et alors qu'ils discutaient ensemble du film et qu'ils
sortaient du cinéma, elle ne put s'empêcher de tiquer sur un détail pourtant a priori anodin.

La date du film…

Le film était sorti en 2018 d'abord, avait été présenté à un festival en 2019 ensuite, et il était
désormais visible à Kintzheim, avec quelques mois de retard.
Mais ce n'était rien comparé à la programmation des films des semaines précédent leur
arrivée dans la ville créée par la malédiction, qui eux, dataient au moins de dix voire quinze
ans.

Et aujourd'hui, d'un seul coup, un film récent sortait.

Ce n'était d'ailleurs pas un cas isolé, réalisa-t-elle, de nouveau films seraient projetés la
semaine suivante, dont certains qui étaient également sur le point de sortir dans le reste de
l'hexagone, alors que ce n'était pas arrivé auparavant.

Donc, quoi…

Est-ce que ça signifiait que le temps passait à nouveau à Kintzheim ?

Ou bien n'était-ce qu'une coïncidence ?

Gardant ce détail dans un coin de sa tête, elle préféra alors se concentrer sur une seule et
unique chose.

Le fait qu'elle avait passé une très bonne soirée.

Et qu'elle voulait plus que tout que cela se reproduise une nouvelle fois.

Elle était heureuse, malgré la malédiction présente à Kintzheim.

Heureuse, et surtout, amoureuse.

Et elle ne voulait pas que ça s'arrête.

Jamais.

§§§§

Le lendemain, Stannis Baratheon, Yara Greyjoy et Marina Leszczynska se retrouvèrent à


l'auberge des routes croisées pour déjeuner ensemble et discuter de ce que Yara avait appris la
veille.

En le voyant pour la première fois, du moins en étant en pleine possession de ses souvenirs,
Marina ne put s'empêcher de se figer.

Parce que Stannis Baratheon était, dans la série du moins, l'homme qui avait assassiné son
propre frère puis sa fille pour un trône qu'il n'avait au final pas pu obtenir, celui qui avait
envoyé une ombre contre Renly et qui avait envoyé Shireen au bûcher.

Mais dans ce monde, et elle le savait bien, ce n'était jamais arrivé.

Ici, Stannis était juste un homme qui essayait de sauver ce qui pouvait encore l'être.

Alors elle se calma et s'assit tranquillement en face de lui.


« Mélisandre ne se souvient de rien, commença Yara alors qu'ils mangeaient, ni de Westeros,
ni des marcheurs blancs, rien du tout.

- Je vous l'avais dit, commenta Stannis d'un air morose.

- Mais… Elle m'a parlé d'une certaine Jenny, quand je lui ai évoqué la chanson.

Le sire de Peyredragon haussa un sourcil surpris.

- Jenny ? Quelle Jenny ? Et êtes-vous sure que c'est Jenny et pas Jeyne ? Les deux prénoms
sont assez semblables.

Et entre Jeyne Poole et Jeyne Ouestrelin, sans oublier toutes les autres qu'elles ne
connaissaient pas, il y avait du choix…

- Elle a dit Jenny, j'en suis sure, mais laquelle précisément, et quel rapport ça a avec un
quelconque chanson, ça, je ne sais pas…

Si Sansa avait été là, pensa-t-elle avec tristesse, elle aurait su, de toute évidence, elle qui
aimait tant les chansons, et elle se douta que Stannis pensait la même chose concernant
Shireen, elle qui aimait tant l'histoire, si il s'agissait d'une chanson ancienne, elle l'aurait peut-
être connue.

Elle et le cerf ne s'y connaissaient pas beaucoup en chansons, n'aimant pas particulièrement
en écouter.

- Elle parlait peut-être de Jenny de Vieilles Pierres, lança nonchalamment Marina.

Ils la regardèrent tous les deux avec un air abasourdi.

- Jenny de Vielles Pierres, commença alors Stannis, vous voulez dire… Lady Jenny ?

- La femme du prince Duncan Targaryen, le prince des Libellules ? L'interrogea Yara.

- Oui, elle. Il y a un court passage dans un des romans à son sujet, sur sa chanson.

- Sa chanson ? Dit Stannis, surpris. Quelle chanson ?

Yara ne savait pas non plus honnêtement.

- La chanson de Jenny.

La fer-née sentit alors un fol espoir l'envahir.

Ils touchaient probablement au but, enfin !

- Est-ce que tu connais les paroles ?

Malheureusement, Marina secoua la tête.


- Non. Il n'y a que le début dans les livres, et c'est… « Dans les salles des rois défunts, Jenny,
Tout là-haut là-haut, Dansait avec ses fantômes… » C'est tout ce qui a été écrit.

Yara fronça les sourcils, c'était ça, et en même temps…

Ça ne collait pas, pas complètement, et elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi au juste.

(High in the halls of the kings who are gone

Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found

And the ones who had loved her the most.

Ce n'était pas la même chose, pas entièrement, peut-être parce qu'en passant d'un monde à
l'autre, ils avaient changé de langue.

Mais ils y étaient presque, oh, ils étaient si près du but…)

- Je vois… Fit-elle. C'est un début au moins. On va devoir trouver le reste nous-mêmes. »

Mais ils avaient la chanson.

Enfin.

Et Cersei et les autres n'avaient aucune idée de ce qui allait bientôt leur tomber dessus.

§§§§

Elle devait fuir, à tout prix, s'en aller, loin, le plus loin possible de cet enfer.

Elle le devait, pour son propre bien-être d'abord, mais aussi pour le bébé, qui n'allait pas
tarder à naître, elle devait partir.

Elle devait protéger ses sœurs également, les aider à fuir, loin de ce monstre, parce qu'il était
hors de question qu'elles continuent à vivre ainsi.

Elle ne savait pas ce que lui réservait l'avenir.

En revanche, elle savait qu'elle n'allait pas continuer à vivre de cette manière.

Plus jamais.

A suivre…
Une rencontre symbolique.
Chapter Notes

Titre du 03/10/2021 : Une rencontre symbolique

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Capricorne (Astrologie) : Patience : écrire sur une attente
angoissante ou sur une grossesse

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Elle aurait aimé pouvoir fuir de Kintzheim, vraiment.

Mais comment faire au juste, sans voiture, sans permis, sans ressources, sans travail, alors
même qu'elle était enceinte en plus du reste ?

Elle ne pouvait pas, et même si elle avait pu, il y aurait toujours eu la malédiction pour
l'empêcher de mettre les pieds dehors.

Elle était coincée, mais il y avait au moins une chose qu'elle pouvait faire.

S'enfuir de sa prison.

Elle avait détruit ses barreaux, enfin, elle avait libéré ses sœurs, après des mois de
préparation, et maintenant, elle allait partir pour de bon.

Et elle se le jurait.

Plus jamais elle ne serait la prisonnière de qui que ce soit.


Vère grimaça de douleur alors qu'elle continuait de marcher avec difficulté, ses affaires sur
son dos, alors que la fatigue se faisait de plus en plus sentir après plusieurs heures de marche.

La demeure de Craster ne se trouvait pas exactement près du centre-ville.

Elle était partie sur un coup de tête, sans comprendre exactement ce qui l'avait prise, elle qui
était pourtant si prévoyante, si prudente, qui savait qu'elle n'aurait droit qu'à une seule chance
et pas une de plus.

Pourtant, elle s'était levée ce matin du mardi cinq mars 2019 en ayant une absolue certitude
en tête, celle qu'elle devait absolument partir le plus vite possible.

Craster n'était pas là actuellement, et jamais il n'aurait pensé qu'elle ait l'audace de partir, et
encore moins d'envoyer toutes ses petites sœurs au loin pendant son absence.

Elle allait lui montrer qu'il avait tort.

Aussi, elle marchait encore et encore, sans même savoir où aller.

Et personne ne la voyait.

Personne ne faisait attention à elle.

Tout le monde s'en fichait.

Ou plutôt non.

La malédiction les avait tellement habitués à ce que rien ne change, les avait plongés dans un
tel état d'apathie qu'ils ne voyaient plus rien autour d'eux.

C'était comme si elle n'était pas là, alors qu'en réalité, elle venait tout juste de briser ce qui
était jusque là une des constantes de la malédiction.

À savoir que personne ou presque en ville ne pouvait changer son destin.

Elle était la première à prouver le contraire.

Mais elle avait mal aussi, et si elle n'avait pas déjà fait tout ce chemin, si elle n'avait pas eu
aussi peur de ce qui l'attendait si jamais elle se trouvait à nouveau dans la même pièce que
son géniteur après ce qu'elle venait de faire, elle aurait sûrement préféré rentrer chez elle.

Parce que c'était bien plus facile, mais aussi oh tellement plus douloureux.

Alors elle serra les dents et continua de marcher.

Elle n'abandonnerait pas, pas maintenant, pas alors qu'elle était si près du but.

Même si elle devait marcher pendant des jours et des jours, jusqu'à ce que ses pieds soient en
sang et qu'elle s'écroule.

Elle devait réussir, elle devait tenir, pour elle-même, pour le bébé.
Et pour Sam.

Sam qui était sûrement quelque part en ville, mais elle ignorait où, elle n'avait ni son adresse,
ni son numéro de téléphone, pas même son e-mail, non, rien du tout.

Quand Craster l'avait forcée à couper les ponts quand il avait réalisé qu'elle était enceinte, elle
avait eu le cœur brisé.

Mais maintenant, maintenant…

Elle pouvait le retrouver.

Ils pouvaient tout recommencer, ensemble, former une famille, comme ils se l'étaient promis.

Et cette fois-ci, Craster ne leur volerait pas ça.

Elle ne put étouffer un nouveau cri de douleur alors qu'en se cognant elle trébucha et manqua
de tomber, et elle eut bien du mal à retenir ses larmes.

Pourquoi ?

Pourquoi fallait-il que ce soit compliqué et difficile bon sang ?

« Excusez-moi madame, lança alors une voix qu'elle ne reconnut pas, est-ce que vous avez
besoin d'aide ?

Vère leva les yeux vers l'inconnue, et devant elle, il y avait Marina Leszczynska.

C'était normale que ce soit elle qui la trouve, que ce soit elle qui la voit, parce qu'elle ne
venait pas de la ville, elle n'était pas touchée par l'ambiance ambiante, et même si elle avait
encore une fois brièvement oublié, elle n'oublia pas ce qui était le plus important, comme
toujours.

À savoir qu'elle se trouvait face à une personne qui de tout évidence avait besoin de son aide,
et qu'elle allait la lui apporter si elle le voulait bien, évidemment.

Vère la regarda avec stupéfaction.

C'était la première fois depuis le début de son périple que quelqu'un lui posait la question.

- Je… Balbutia-t-elle. Oui, s'il vous plaît, je m'appelle Vère, et je voudrais… J'essaie de fuir,
avoua-t-elle finalement, ne sachant pas pourquoi elle faisait confiance à cette femme qu'elle
ne connaissait pas, mais après tout elle n'avait absolument plus rien à perdre, non ?

Marina posa les yeux sur son ventre et elle hocha la tête, pensant comprendre ce qui se
passait.

- Petit-ami violent ? Supposa-t-elle.

Dieu merci non, Sam n'était pas comme ça.


- Père violent, la corrigea-t-elle, à défaut de dire autre chose, de trouver des mots plus exacts
pour qualifier le monstre qu'était Craster.

- Suivez-moi, lui dit alors Marina, je loue une chambre dans cette ville avec une amie, et…
Enfin je ne sais pas encore ce qu'on va faire au juste, mais on vous trouvera une solution, je
vous le promets. »

Vère prit alors sa main et la suivit sans la moindre hésitation.

Serait-il possible que sa situation s'améliore enfin ?

§§§§

« Allongez-vous là, lui dit Marina en lui désignant l'un des deux lits, je vais appeler mon
amie Esgred pour lui dire que vous êtes là, elle pourra peut-être m'aider à trouver une idée
pour améliorer votre situation. Et une fois que vous vous serez reposée et qu'elle sera là, vous
pourrez nous raconter votre histoire.

Vère hocha la tête sans même parler, tellement elle était épuisée.

Ça lui paraissait bien comme plan.

Une sonnerie de téléphone résonna alors quelques secondes plus tard avant que quelqu'un ne
finisse par décrocher.

- Allô ? Répondit alors Yara, à l'autre bout du fil.

Ça aussi c'était une voix que Vère ne connaissait pas.

- Salut Esgred, c'est Marina. J'ai croisé une jeune femme pendant que je me baladais à
Kintzheim, et elle avait l'air d'avoir besoin d'aide, alors je l'ai ramenée dans notre chambre.

- Oh, lui rétorqua Yara, surprise, comment elle s'appelle ?

- Vère.

De l'autre côté, la fer-née se figea, stupéfaite.

- Vère ? Répéta-t-elle avec un air abasourdi. Tu es sure ?

- Oui, pourquoi ? Tu la connais ?

- Non, je… Enfin, peu importe, ce n'est pas grave, je t'expliquerai ça plus tard, promis.

Marina hocha la tête, ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir, mais elle avait
l'habitude avec Esgred, surtout depuis leur arrivée à Kintzheim.

- D'accord.

- Pourquoi… pourquoi elle est là au juste ?


- Elle est enceinte, et elle veut fuir loin de son père, elle…

- J'arrive tout de suite, la coupa alors Yara. Tu m'expliqueras tout une fois que je serai arrivée.

- Mais… tu n'étais pas en train de faire quelque chose d'important ?

- Ce n'est pas grave, je n'arrivais à rien de toute façon. À tout de suite. »

Avec tristesse, Yara s'éloigna de l'appartement que Sansa Baelish partageait désormais avec
Joffrey Lannister.

Je suis désolée Sansa.

Je suis tellement désolée de ne pas pouvoir faire plus.

Elle ignorait que le regard de la rousse s'était rapidement posé sur elle.

§§§§

Elle aurait dû le savoir, elle aurait dû s'en souvenir.

Parce que Esgred Miller ne savait rien de Vère.

Mais Yara Greyjoy, elle, la connaissait bien.

La sauvageonne était forte et courageuse, elle ne se laissait pas abattre, malgré tout ce que
son père lui avait fait endurer, malgré l'horreur qui les entourait et menaçait chaque jour un
peu plus de les engloutir.

Et alors elle se souvint d'une chose à laquelle elle n'avait pas pensé avant parce qu'elle avait
autre chose en tête.

Vère était bel et bien enceinte avant que la malédiction ne soit lancée, enceinte de Sam et non
de son propre père dans cet univers, le Dieu noyé soit loué, et elle avait réussi à échapper à
Craster à l'époque.

Ici, à Kintzheim, ce n'était pas le cas, du moins pas jusqu'à récemment, et il semblait bien que
l'histoire était vouée à se répéter.

Elle ferait tout pour qu'elle ait une issue véritablement heureuse cette fois-ci.

§§§§

L'espoir…

Quelle notion étrange.

Yara ne cessait de le perdre puis de le regagner depuis qu'elle avait retrouvé les habitants de
Westeros.
Et maintenant, voilà qu'il refaisait surface, et elle n'arrivait pas à comprendre comment elle
pouvait croire que ce serait un tant soit peu différent cette fois-ci.

Peut-être parce que c'était Vère qui avait pris l'initiative, qui était venue vers elles, qu'il y
avait une lueur de détermination dans ses yeux, une flamme que rien ni personne ne serait
capable d'éteindre.

Que pour une fois, peut-être, elle pouvait reprendre le contrôle sur quelque chose, ne pas être
complètement impuissante.

« Que vous est-il arrivé ? Demanda-t-elle à Vère en voyant dans quel état d'épuisement elle
était.

Certes, elle était enceinte, mais ça n'expliquait pas tout.

- Je… Je me suis enfuie de chez moi. Je n'en pouvais plus. »

Et alors elle leur raconta, et si Marina dut accuser le coup, ne s'attendant pas à de telles
révélations, les maltraitances, les viols, l'inceste, parce qu'elle avait oublié, Yara, elle, ne fut
aucunement surprise, et eut bien du mal à contenir sa nausée.

Craster restait Craster, quel que soit l'univers.

Elle aurait dû le tuer quand elle en avait encore l'occasion…

« Je suis désolée, lui dit alors Yara, les poings serrés, après la fin de son récit, je suis
tellement, tellement désolée. Ça n'aurait jamais dû arriver.

Vère la regarda avec stupéfaction.

- Vous… vous voulez dire que vous me croyez ?

Oh seigneur.

Combien de fois avait-elle dû raconter son histoire à des personnes qui ne la croyaient pas
pour qu'elle en soit au stade où le fait d'être crue était l'exception plutôt que la norme ?

Yara sentit son envie de hurler revenir et se força à la masquer derrière un sourire rassurant.

- Bien sûr que je vous crois. Je vais tout faire pour aider, je vous le promets, je ne sais pas
comment mais je… »

Elle ne termina jamais sa phrase.

Parce que Vère venait de pousser un hurlement de douleur et les trois femmes comprirent son
origine seulement quelques secondes plus tard.

La future mère venait tout juste de perdre les eaux.

Oups…
Marina et Yara se lancèrent le même regard désemparé.

Ce n'était pas vraiment prévu ça.

§§§§

Le trajet jusqu'à l'hôpital ne fut pas vraiment de tout repos.

Marina conduisait, heureusement, parce que la tête de Yara n'était qu'un tourbillon de pensées
au sein duquel une principale flottait au milieu de tous les autres.

Pourquoi est-ce que Vère n'accouchait que maintenant ?

Et ce seulement peu de temps après leur arrivée à Kintzheim, alors même qu'on leur avait
bien dit que le temps ne passait pas dans cette ville.

Et pourtant, alors qu'elle devait en être à environ neuf mois de grossesse depuis près d'un an
et demi maintenant (pauvre petite vraiment), elle accouchait ce jour précis.

Ça ne pouvait pas être une coïncidence.

Elle maudit à nouveau la malédiction pour avoir volé sa mémoire à Marina, si la


dunkerquoise s'était souvenue, elles auraient pu en discuter, essayer de comprendre, alors que
là, elle allait devoir attendre, encore.

Elle attendait depuis si longtemps que les choses changent.

Elle jeta un rapide regard à Vère et se radoucit.

Les choses étaient bel et bien en train de changer.

Ça prendrait juste un peu de temps.

§§§§

Voir le sourire de Vère alors qu'elle prenait pour la première fois sa fille dans ses bras avait
été véritablement réconfortant, pour Marina (qui entre-temps était brièvement sortie de la
ville et se souvenait de nouveau) comme pour Yara.

De même, voir Samwell Tarly enfin retrouver sa petite-amie qu'il pensait avoir perdue pour
toujours (morte, Craster lui avait faire croire qu'elle était morte, ce salopard…) et découvrir
en même temps qu'il était devenu père leur avait fait chaud au cœur.

Elles avaient réussi, elles avaient réuni deux personnes qui s'aimaient et qui s'étaient perdues,
même si elles n'y étaient au final pas pour grand-chose, elles avaient changé les choses.

Elles avaient fait plier la malédiction, et ce n'était qu'une petite victoire contre Cersei, mais ce
serait la première de nombreuses autres.

Leur combat ne faisait que commencer…


A suivre…
Un bébé et ses conséquences.
Chapter Notes

Titre du 14/07/2021 : Un bébé et ses conséquences

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Capricorne (Astrologie) : Maîtrise de soi : écrire sur un agent
double ou sur un perso avec de lourdes responsabilités .

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Note : Je suis pas acceptée à la fac parce que j'ai pas un putain de papier que j'aurais dû
avoir mais qui s'est perdu je hais ma vie.

Yara avait le sentiment que sa tête allait bientôt exploser.

Ce qui venait de se passer était à la fois extraordinaire et hautement improbable.

Que la fille de Craster s'enfuie de chez elle, qu'elle les trouve et qu'elle accouche
ensuite juste après, ça, c'était une chose à laquelle elle ne s'attendait pas du tout.

Tout était tellement toujours pareil à Kintzheim qu'elle avait fini par se persuader que rien ne
changerait jamais, qu'ils étaient condamnés à l'immobilisme éternel.

Jamais elle n'avait été aussi heureuse de s'être trompée à propos de quelque chose.

Et apparemment, Marina était d'accord avec elle concernant le fait que quelque chose
était différent maintenant même si elles ne savaient pas encore quoi au juste ni d'où ça venait
puisque la malédiction était toujours là.

« Le temps, lâcha-t-elle avec un air pensif une fois qu'elles se retrouvèrent seules dans les
couloirs de l'hôpital.

(Elles ne laisseraient pas Vère toute seule une seule seconde maintenant, même si Sam était
avec elle, il était hors de question que Craster la récupère, elles le juraient par tous les dieux
qu'elles connaissaient, ça n'arriverait pas.

Plus jamais.)

Yara fronça les sourcils.

- Quoi ?

- Ici, à Kintzheim, c'est comme à Storybrooke durant la première malédiction… Le temps ne


se passe pas, ne s'écoule pas, et tout le monde est coincé dans une boucle temporelle. Sauf
que… Vère a accouché. Elle qui était enceinte depuis près de un an et demi, sans parler bien
sûr des presque neuf mois de grossesse qu'elle avait déjà vécus avant que la malédiction ne
soit lancée. Ce n'est pas… normal.

Elle avait raison et Yara le savait.

Mais la fer-née n'avait pas envie de laisser l'espoir l'envahir parce qu'elle avait peur qu'il ne
s'écroule à nouveau comme toutes les dernières fois qu'elle s'était permise d'espérer qu'elle
allait réussir à faire quelque chose de bien et qu'elle n'avait eu aucune influence sur quoi que
ce soit.

- Je me suis dit la même chose, je veux dire… Pourquoi maintenant ? S'interrogea la


guerrière.

Marina haussa les épaules, avant de froncer les sourcils.

- Attends une seconde… Ce n'est pas la première fois que je remarque ce genre de trucs.

- Comment ça ?

- Il y a quelques jours, quand je suis allée au cinéma avec Lancel… Le film qu'on a vu… Il
était récent, plus récent que les autres et ce n'était pas le cas avant, ils dataient tous au moins
un peu d'avant la malédiction tu vois, ce qui montrait bien qu'ils étaient enfermés en 2017,
même si on est en 2019 maintenant… Mais le programme a commencé à changer il y a peu
de temps, et maintenant que Vère a accouché…

- Ce n'est pas une coïncidence, réalisa immédiatement Yara, et ça veut sûrement dire… que le
temps fonctionne à nouveau normalement. Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

Et dans l'esprit de Marina, le déclic se fit aussitôt.

- Parce qu'on est là, en déduisit-elle, parce que tu es ici. Tu es la pièce manquante Yara, tu
viens de Westeros, et tu as fini par revenir, et tu es restée, alors tu as fait repartir l'horloge, ça
me semble être la meilleure explication. »

Alors, Yara s'autorisa à sourire.

Elle avait réussi finalement.

Même si ça avait pris du temps pour qu'elles s'en rendent compte, elle avait réussi à changer
les choses, et ce, par sa simple présence, juste parce qu'elle était déterminée à sauver ceux
qu'elle aimait.

Cersei avait définitivement tort, elle était une vraie menace pour elle.

Et elle allait le lui montrer.

§§§§

Stannis Baratheon n'avait aucune idée de ce qu'il faisait ici.

Il était supposé être chez lui à cette heure-là, et pourtant, Yara Greyjoy l'avait appelé en lui
disant qu'elle avait quelque chose d'important à lui dire et à lui montrer, que les choses étaient
en train de bouger et qu'il fallait absolument qu'il vienne.

Ils se doutaient tous les deux qu'à présent, les petits oiseaux de Littlefinger ou de Cersei
(voire des deux) devaient les avoir repérés, mais ça ne changeait au final pas grand-chose.

Après tout, ils n'avaient pas encore réussi à briser la malédiction, et ne s'étaient toujours pas
rapprochés d'une quelconque solution hypothétique.

Et puis de toute façon…

Qu'avait-il de plus à perdre franchement ?

Mais le fait est qu'il ne comprenait toujours pas pourquoi la jeune femme lui avait demandé
de venir à l'hôpital ou même quel rapport ça pouvait avoir avec leurs tentatives de briser le
sort noir.

« Ah vous êtes là, lui lança Yara qui se leva en le voyant.

- De toute évidence, oui, ironisa-t-il, un brin agacé de ne toujours rien comprendre. Hé bien ?
De quoi s'agit-il ?

- Regardez dans cette chambre, lui répondit-elle en lui indiquant du regard celle où se
trouvait une jeune femme qu'il reconnut aisément. »

Vère, une des nombreuses filles de l'immonde Craster.

Le simple fait de penser au répugnant sauvageon lui fit avoir un frisson de dégoût qu'il ne put
réprimer.
Il ne l'avait jamais aimé, même lorsqu'il ne le connaissait encore que de nom, et ce n'était pas
maintenant que ça allait changer.

Il regarda Vère, vit un bébé dans ses bras et un homme à ses côtés qu'il identifia comme étant
Samwell Tarly, un ami de sa fille Shireen, et son cœur se serra en voyant les sourires radieux
sur leurs visages.

Le bonheur était si rare à Kintzheim qu'il n'était pas sûr que ce qu'il soit en train de voir
puisse vraiment être réel.

Il se tourna vers son alliée, toujours aussi perplexe et sentant lentement l'énervement
l'envahir.

« C'est Vère, la fille de Craster, lui indiqua Marina.

- Oui, je sais, lui rétorqua-t-il d'un ton sec, je ne vois pas du tout pourquoi…

- Elle a accouché, le coupa alors Yara.

Il le savait bien, il n'était pas aveugle non plus !

- Et alors ? Lui répondit-il.

Pourquoi est-ce que ça les intéressait au juste ?

Oui, il était heureux qu'elle ait échappé à son père violeur et abusif, mais pourquoi lui avoir
demandé de venir pour ça ?

Un simple coup de téléphone, ça n'aurait pas suffi pour lui annoncer la nouvelle ?

La fer-née soupira alors.

- Lord Stannis… Dites-moi, est-ce que vous avez eu vent d'une quelconque naissance depuis
que la ville de Kintzheim a été créée ?

Il la regarda alors avec un air abasourdi, ouvrit puis ferma la bouche à plusieurs reprises, ne
trouvant finalement rien à répondre, et il réalisa alors qu'elle avait raison.

Aucun bébé n'était né depuis qu'ils étaient arrivés en Alsace.

Et il se demanda alors comment il avait pu être aussi stupide pour ne pas faire tout de suite le
lien évident entre les deux événements.

Ce qui signifiait donc que…

Oh.

Oh seigneur.

Par le maître de la Lumière, serait-il possible que…


- Non, admit-il. Jamais. Mais… mais maintenant qu'elle l'a fait, alors le temps… Le temps
passe à nouveau, pas vrai ?

Il comprenait maintenant pourquoi ce qui n'était au premier abord qu'un événement banal
revêtait en réalité d'une importance capitale.

Si elle avait accouché alors ils n'étaient plus enfermé dans cette prison temporelle, donc ceux
qui les y avaient enfermés n'avaient plus un pouvoir total sur eux.

Ils n'avaient pas encore réussi à scier entièrement les barreaux de leur prison, mais c'était un
début prometteur, qu'ils espéraient bien réussir à concrétiser pour de bon.

Les choses changeaient, elles n'étaient plus ce marasme immobile et déprimant qui les faisait
tous sombrer lentement mais sûrement dans le désespoir.

Marina hocha la tête.

- Oui, on pense la même chose, et avec un peu de chance, ça va aussi pousser les autres
habitants à reprendre le contrôle de leur destin.

Stannis hocha la tête, sentant l'espoir l'envahir lui aussi, parce qu'ils pouvaient le faire, ils
pouvaient y arriver, ils devaient au moins essayer.

Au moins ça.

Et faire en sorte que ce soit suffisant.

- Qu'est-ce qui va lui arriver maintenant ? S'inquiéta-t-il. Connaissant Craster, il ne va pas la


laisser filer comme ça, sans parler de ses sœurs.

Elles ne se trouvaient pas toutes dans la maison du sauvageon, elles étaient un peu trop
nombreuses pour ça (un peu comme les innombrables descendants de la famille Frey qui se
trouvaient répartis un peu partout dans la ville) mais le comptable savait de source sure
qu'elles étaient au moins cinq ou six à vivre chez lui, en plus de Vère.

(Et c'était sans doute ça qui enrageait le plus l'ancien seigneur de Peyredragon, parce que
dans l'ensemble, les gens savaient, ils étaient parfaitement au courant de l'enfer que vivaient
certains d'entre eux mais pourtant ils ne faisaient rien du tout.

Personne n'avait aidé Vère, personne n'aidait Sansa Stark ou Theon Greyjoy, personne
n'agissait.

Ou quand ils essayaient, comme Jeyne Poole, Robb Stark ou Sam Tarly, on les empêchait de
réussir.

Et il s'incluait dans le lot bien sûr, parce que lui aussi il avait échoué à faire quoi que ce soit, à
changer les choses d'une quelconque manière, à les améliorer, parce qu'il était seul et que
personne n'était prêt à l'écouter.

Et ça le rendait malade.
Ce que la ville avait fait de ces gens, les rendant apathiques et inactifs, c'était
si insupportable.

Ce n'était pas juste.)

- Ses sœurs vont bien, le rassura Yara, Vère avait tout prévu, elles se sont réfugiées au loin, là
où leur géniteur ne pourra pas les trouver (note de l'autrice : est-ce que j'ai surtout écrit ça
parce que j'avais aucune idée d'où les foutre dans ce bordel ? Oui.), et pour le reste…

- On a prévenu la police, continua la dunkerquoise.

Stannis ne put s'empêcher de laisser échapper un reniflement méprisant.

- La police… Marmonna-t-il avec amertume. Elle est soit corrompue, comme Gregor
Clegane, soit elle est impuissante à faire quoi que ce soit parce qu'on lui met constamment
des bâtons dans les roues, comme Eddard Stark… Je ne vois pas exactement ce qu'ils
pourraient faire pour l'aider.

- On a parlé à Ned Stark, fit l'archère, et il va essayer… Je pense qu'il va vraiment essayer de
le faire condamner pour ses crimes. Vère va témoigner, et elle va essayer de convaincre ses
sœurs de le faire, y compris celles qui se sont enfuies il y a longtemps, enfin longtemps…
d'après la malédiction en tout cas. On va aussi essayer de trouver d'autres témoins.

Ce serait long et laborieux, ça, Stannis le savait.

Mais ils pouvaient le faire tomber, et c'était ça le plus important.

- Est-ce qu'elle est sous protection policière ?

Marina secoua la tête.

- Non. Elle devrait l'être pourtant. Et le pire dans cette situation, c'est que je ne suis même pas
sure que ce soit la faute de la malédiction…

Stannis ne la contredirait pas sur ce point, il avait fait des recherches sur le pays dans lequel
ils vivaient et si les choses étaient clairement mieux qu'à Westeros, ce n'était aucunement
parfait et il y avait encore beaucoup de boulot.

- Vous savez où elle va aller alors ?

- Non, lui répondit Yara, on voudrait éviter qu'elle aille chez Sam ou chez une des ses sœurs,
ce serait un peu trop évident malheureusement. Son père risque de la faire chercher, pour la
punir d'avoir osé s'enfuir…

- Elle pourrait venir chez moi dans ce cas, proposa-t-il, les mots jaillissant de sa bouche avant
même qu'il n'ait eu le temps de réfléchir à ce qu'il venait de dire.

C'était son instinct de père qui avait parlé, il y avait une jeune femme en danger, à peine âgée
que sa propre fille de quelques années, qui était menacée par son père et qui avait besoin
d'aide.
Il devait absolument faire quelque chose, et il avait l'occasion de le faire, d'enfin faire
quelque chose de bien, et si ça permettait aussi d'agacer prodigieusement Cersei, Littlefinger
et les autres qui voulaient à tout prix que les choses restent telles qu'elles étaient, hé bien ça
lui allait parfaitement.

Les deux jeunes femmes le regardèrent alors comme si une deuxième tête venait de pousser
sur son épaule.

- Vous… vous venez de dire quoi exactement ? Balbutia Yara.

Le regard de son amie était aussi interloqué que le sien.

- Je n'ai pas d'enfant d'après la malédiction, ma femme… a fait de nombreuses fausses


couches, comme à Westeros, sauf qu'ici Shireen… peu importe, vous êtes déjà au courant de
ça, termina-t-il en sentant les larmes lui monter aux yeux, comme à chaque fois qu'il pensait à
son enfant. Alors je vais l'accueillir chez moi et je vais la protéger… ça au moins, personne
ne pourra me l'enlever.

Yara lut la détermination dans ses yeux.

- Merci Lord Stannis… merci beaucoup. »

Elles avaient une chance alors.

Elles avaient vraiment une chance.

Elles feraient tout pour ne pas la gâcher alors.

A suivre…
Ma vie sans toi.
Chapter Notes

Titre du 02/07/2021 : Ma vie sans toi

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Sansa/Yara

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Capricorne (Astrologie) : Responsable : écrire sur une personne
âgée ou sur un perso qui doit en gérer d'autres

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, de secondaire à principal,


ships rares, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50
nuances)

En un sens, Vère n'arrivait pas encore à croire que ce soit vraiment possible.

Pas seulement qu'elle ait réussi à échapper à l'emprise de Craster et qu'elle soit devenue mère,
enfin, que Sam l'ait retrouvée, même si ça aussi c'était encore inimaginable seulement
quelques heures plus tôt.

Non, ce qui l'ébahissait réellement, c'était le fait que ces deux femmes qu'elle ne connaissait
aucunement et qui ne la connaissaient pas non plus aient décidé comme ça, sans doute sur un
coup de tête, de l'aider sans rien demander échange.

Juste parce qu'elle était perdue et qu'elle avait besoin d'aide.

Alors elle sourit à Esgred Miller et Marina Leszczynska qui lui sourirent en retour, parce que,
avec un simple geste, elles lui avaient prouvé quelque chose de terriblement important.
La bonté pure existait encore à Kintzheim malgré les apparences.

§§§§

La situation était si étrange.

Avant, bien avant la malédiction, avant même la découverte du retour des marcheurs blancs,
si on avait dit à Stannis Baratheon, seigneur de Peyredragon et frère du roi, qu'un jour, il
allait héberger une sauvageonne chez lui, et de son plein gré qui plus est et que l'idée
viendrait de lui de surcroît, il aurait immédiatement éclaté de rire.

Ou probablement que non, il n'était pas vraiment du genre à rire aux éclats et ce depuis
toujours, il aurait probablement eu un rictus ironique et méprisant avant de traiter de fou ou
de folle la personne qui aurait osé lui sortir une telle ânerie.

Et pourtant, elle était là, et c'était là qu'il voyait à quel point les choses étaient différentes
comparées à Westeros.

Pas seulement ce qu'ils vivaient mais aussi qui il étaient.

Ça l'incluait lui, bien sûr, même si il se souvenait de qui il était, ses faux souvenirs de
Kintzheim et du monde du vingt-et-unième l'influençaient tout de même, lui et sa manière de
penser, et il en était bien conscient.

Mais il y avait aussi Selyse.

Sa femme, qu'il n'aimait pas et qui ne l'aimait pas non plus, mais avec qui il avait sentiment
d'être coincé pour toujours.

Ce n'était même pas de sa faute à elle, mais celle de la malédiction, qui leur donnait à tous le
sentiment désespérant que rien ne changerait jamais et qu'il était inutile de faire le moindre
effort en ce sens pour tenter de faire bouger les choses.

Selyse…

Elle avait été une fanatique religieuse, à Westeros, il s'en rendait bien compte maintenant, et
même si elle était toujours croyante désormais, et encore plus suite à ses différentes fausses-
couches, ce n'était clairement pas au même niveau.

Il n'y avait plus cette lueur de folie qui brillait souvent dans son regard et qui lui faisait si
peur autrefois mais qu'il enfouissait derrière tout le reste, la guerre contre les marcheurs
blancs et le danger qui les menaçait tous.

Alors oui, là où la malédiction avait rendu tout le monde ou presque terriblement


malheureux, elle avait fait de Selyse… une bien meilleure personne qu'elle ne l'était autrefois.

Sans doute parce que ici, ses douleurs et ses souffrances intérieures étaient reconnues,
qu'elles pouvaient être soignées, qu'elle pouvait aller mieux, ou au moins essayer.
Selyse était clairement dépressive, en partie à cause de son désespoir de ne pas pouvoir avoir
d'enfant, de n'avoir pas réussi à devenir mère, mais ici il n'y avait pas la pression
d'absolument donner un héritier mâle à son époux.

Et de surcroît, ici, elle pouvait consulter un psy, en parler, essayer de guérir, même si le
chemin serait encore long.

Elle essayait pourtant, elle essayait vraiment, et Stannis le voyait, il voyait ses progrès, alors
qu'elle était aidée en cela par Lysa Stark.

Elles avaient vécu le même type de douleur après, la même perte, même si la truite avait dans
ce monde eut plus de chance qu'elle au bout du compte.

Elle au moins elle avait donné naissance à un fils en « relativement » bonne santé.

Ce qui n'était pas le cas de Selyse.

Stannis aurait voulu lui hurler la vérité, qu'elle était mère en réalité, la mère d'une
merveilleuse jeune fille, que tout était faux, que rien de tout ça n'était vrai ou réel d'une
quelconque façon.

Ce qui le ramenait à Shireen, et à la manière dont sa mère l'avait traitée.

Elle n'avait pas été une bonne mère pour elle à Westeros, elle l'avait négligée à cause de son
apparence et parce qu'elle osait être une fille et non un garçon, elle l'avait maltraitée aussi, et
c'était autant de sa faute que du système dans lequel ils vivaient mais ça ne changeait rien à
ce qu'elle avait fait.

Et encore au moins au fait qu'il n'avait rien vu, ou du moins qu'il avait fait semblant de ne pas
voir, parce que regarder ailleurs et s'occuper de ses autres problèmes avait toujours été plus
facile.

Il avait essayé de protéger sa petite fille, de toutes ses forces, mais ça n'avait pas été suffisant.

Ça n'avait jamais été suffisant de toute façon…

(Il essaya de se raccrocher au fait qu'ici au moins, elle était vivante et non morte brûlée vive
sur un bûcher qu'il avait lui-même allumé.)

Mais ici, tout était différent.

Ici, Selyse était plus saine, elle avait conscience de ses failles et de ses préjugés, et elle
essayait de les corriger, de sincèrement changer.

Et ici, Shireen n'était pas sa fille, et son apparence, son visage abîmé par la léprose n'était pas
la trace d'une infamie, non.

C'était juste la preuve qu'elle était une survivante.


C'était à la fois ironique et triste de constater que Selyse n'avait jamais autant aimé Shireen
que depuis qu'elle n'était plus officiellement sa fille.

Et enfin, il y avait Vère aussi.

Comme la plupart des seigneurs et dames de Westeros, Selyse avait été méprisante vis-à-vis
des sauvageons venus d'au-delà du Mur pour fuir les marcheurs blancs, en particulier Craster
et ses filles, et leur effroyable famille incestueuse.

Là où Shireen n'avait été que douceur, gentillesse, compassion et bienveillance, comme à son
habitude.

Stannis avait été pareil que son épouse alors, mais maintenant il voyait bien à quel point il
avait eu tort, et il ne voyait plus qu'une jeune femme qui n'avait jamais demandé à naître ou à
subir toutes les horribles choses qu'elle avait dû endurer.

Et vu le regard bienveillant que Selyse posait sur elle, c'était aussi comme ça qu'elle la voyait.

Pour une fois qu'ils étaient d'accord sur quelque chose…

§§§§

Cersei Lannister était très… contrariée.

Et il y avait de quoi, ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait quand elle avait repris les rênes de
la malédiction, ce n'était pas ce qu'on lui avait promis non plus !

Elle, ce qu'elle voulait, c'était avoir une fin heureuse éternelle, vivre heureuse pour toujours,
tout ça.

(Oui.

Une fin heureuse fausse, mensongère, factice où il n'y avait qu'une des deux à être vraiment
heureuse, et à quel prix franchement ?)

Et voilà que maintenant, tout ce qu'elle avait bâti, construit, risquait de s'effondrer à cause de
la naissance d'un simple bébé.

Ça n'aurait jamais dû arriver.

Elle fixa Littlefinger qui venait d'arriver dans la mairie et qui affichait le même air sombre
qu'elle.

Apparemment, ils étaient deux à ne pas aimer cette situation.

« Vous avez appris la nouvelle je suppose, lui lança-t-il immédiatement, ne s'embarrassant


pas de politesses inutiles et elle lui en fut grée.

Ils n'avaient pas le temps pour ça, en fait ils n'avaient pas de temps à perdre, c'était la
première fois depuis le début de la malédiction que ça arrivait, et cette impression de perdre
le contrôle lui était fortement désagréable.

Elle était la reine, elle était la mairesse.

Et pourtant, dans la journée précédente, Vère avait donné naissance à son enfant.

C'était tout bonnement inacceptable.

- Oui, évidemment, lui rétorqua-t-elle. Savez-vous à quoi est dû ce changement ?

- Nos deux nouvelles venues en ville de toute évidence. En particulier Yara Greyjoy. Mais
cette Marina Leszczynska… Elle n'était pas supposée parvenir à entrer, pas alors qu'elle… ne
vient pas d'ici. Je pense qu'elle joue un rôle dans tout ça, je ne sais juste pas encore lequel.

Elle non plus d'ailleurs.

C'était très frustrant.

- Avez-vous un plan ?

- Contre elles ? Honnêtement non. Nous n'avons rien contre elles, rien du tout, et même si le
temps est comme nous le supposons, revenu à la normal, ça ne veut pas dire que d'autres
changements vont survenir, et de toute façon nous ne pouvons pas les chasser de la ville. Pas
sans un prétexte valable et surtout après ce qu'elles ont fait hier et dont toute la ville ne fait
que parler en ce moment, et nous n'en n'avons pas. Et si nous voulons continuer de faire
croire que nous vivons dans un endroit normal… nous ne pouvons malheureusement pas.

Elle non plus elle n'en avait pas d'ailleurs, que ce soit le prétexte ou le plan.

- Je suppose que les tuer n'est pas non plus une option ?

Littlefinger sourit avec amusement, la reconnaissant bien là.

- Non ma reine, nous ne sommes plus à Westeros et ce qui aurait marché là-bas serait bien
plus… compliqué à mettre en place ici et ne ferait que provoquer des soupçons. Nous devons
trouver autre chose.

Elle soupira.

- Très bien… Attendons dans ce cas. Mais quand ce sera le moment, alors… nous frapperons.
»

Et alors ce serait la fin de ces deux femmes qui avaient osé la défier.

§§§§

Elle avait calé.

Encore.

Et merde…
Putain de bagnole de merde et foutue conduite à la con aussi.

Elle allait finir par la faire exploser si ça continuait comme ça, vraiment, et elle ne put
empêcher un cri de rage totalement inutile et puéril qui plus est de lui échapper.

Pourtant, elle était bien décidée à y arriver et à obtenir son permis avant la fin de l'année 2019
(note de l'autrice : moi je suis en 2023 et j'ai toujours pas le mien lol, bon courage Yara parce
qu'avec moi tu vas en chier et ce sera long et douloureux crois-moi tentative de rire maléfique
totalement ratée.), foi de fer-née c'était une promesse !

« Putain de bordel de saloperie de merde ! Lâcha-t-elle alors en sortant de la voiture, claquant


la porte avec fracas.

Geste qu'elle regretta littéralement la minute suivante, parce que la voiture était à Marina, pas
à elle, et qu'elle devait faire en sorte d'en prendre soin.

Mais bon, est-ce que c'était de sa faute si elle était nulle en conduite franchement ?

Elle soupira alors bruyamment, à deux doigts de s'arracher les cheveux.

- A ce que je vois, la conduite n'est pas vraiment votre fort. »

En entendant cette voix tant chérie, tant aimée, et dont elle avait été privée pendant si
longtemps, la seiche se figea d'un seul coup avant de se retourner.

Parce que la personne qui venait tout juste de parler, c'était Sansa.

Sansa qui était là, dehors, et qui lui souriait.

Oui, certes, ce n'était qu'un sourire poli et sans doute faux et mensonger, mais le savoir
n'empêcha pas le cœur de Yara de commencer à battre la chamade alors qu'elle la regardait.

Parce qu'elle était là, vraiment là, et qui si elle se mettait à rêver, alors elle pourrait réussir à
se persuader que rien ni personne ne pourrait jamais la lui arracher, qu'elle ne la perdrait plus
jamais.

Mais cette douce illusion n'avait rien à voir avec la réalité, pas vrai ?

Et elle le savait très bien.

Ça ne l'empêcha pas de faire semblant, pendant au moins quelques secondes.

« Je… balbutia-t-elle, parce que c'était la première fois que la femme qu'elle aimait lui
adressait la parole de son propre chef depuis qu'elle était arrivée à Kintzheim.

Il y avait tellement de choses qu'elle aurait voulu pouvoir lui dire et qu'elle ne pouvait pas
prononcer.

Elle voulait hurler, lui dire à quel point elle l'aimait, à quel point elle lui manquait, que sa vie
sans sa présence semblait si vide maintenant, qu'elle ne valait pas le coup d'être vécue, qu'elle
était désolée, tellement désolée de ne pas pouvoir faire plus, d'être incapable de faire mieux,
qu'elle voulait juste la retrouver, rentrer à la maison.

Mais elle n'avait pas le droit, parce qu'alors Sansa l'aurait regardée comme si elle était folle,
et elle n'était pas sure de pouvoir le supporter.

- Non, en effet, je l'admets bien volontiers, dit-elle en se forçant à sourire, parce que si elle ne
le faisait pas, si elle ne gardait pas son masque parfaitement en place, si elle le laissait se
fissurer, alors elle allait se mettre à pleurer pour ensuite s'écrouler pour de bon et ne plus
jamais se relever.

Parce que la douleur lui percerait le cœur et que ça faisait trop mal, bien trop mal, et qu'elle
ne pourrait pas y arriver.

- Est-ce que vous avez le permis ? Lui demanda Sansa avec curiosité, et Yara aurait aimé
parler d'autre chose avec elle, de n'importe quoi, mais elle avait le sentiment que si cette
conversation s'arrêtait, alors elle disparaîtrait et ce serait comme si ce n'était pas arrivé, et ce
n'était pas ce qu'elle voulait.

Elle secoua la tête.

- Non, et heureusement d'ailleurs, vous imaginez ce que ça donnerait un désastre tel que moi
sur la route ?

Sansa éclata de rire et la fer-née sentit son cœur s'envoler, parce que ça faisait si longtemps
qu'elle n'avait pas entendu ce son, qu'elle n'avait pas pu l'entendre rire de si bon cœur.

Par le dieu Noyé, comme elle lui manquait.

- Je suis sure que vous n'êtes pas si mauvaise que ça. Je pourrais vous apprendre si vous
voulez ?

Le cœur de la jeune femme rata un battement.

- Vous… quoi ?

La rousse hocha la tête.

- J'ai aidé ma petite sœur Arya à obtenir son permis, elle conduisait bien, mais elle n'était pas
assez prudente, elle ne faisait pas assez attention aux règles de sécurité, au début en tout cas.

Ça ne m'étonne même pas d'elle, songea Yara avec amusement.

- Hé bien je… oui, pourquoi pas. »

Pouvoir voir Sansa régulièrement en ayant un prétexte valable pour lui parler ?

Elle n'allait clairement pas dire non.


Et puis qui sait, peut-être trouverait-elle alors un moyen de la tirer de cet enfer dans lequel la
malédiction l'avait plongée.

A suivre…
Des jours meilleurs.
Chapter Notes

Titre du 23/05/2022 : Des jours meilleurs

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Copc d'écrire un Marina/Lancel dans lequel Lancel lui dit que quand il est avec elle c'est
comme s'il tenait la main d'un ange ?

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Shireen/Myrcella

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Petit Prince (de Saint-Exupéry) : "On ne voit bien qu'avec le cœur"
: écrire un amour sincère ou placer une citation du Petit Prince dans votre texte

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, copc, alphabets, de secondaire à principal,


ships rares, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50
nuances)

A chaque fois qu'il voyait Shireen, c'était comme si on lui arrachait le cœur pour ensuite
s'amuser à l'écraser jusqu'à ce qu'il ne puisse plus respirer, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à
part de la douleur.

Aujourd'hui ne faisait définitivement pas exception.

Il le savait pourtant, il savait bien qu'elle allait venir, parce qu'il s'agissait de Shireen et qu'elle
était quelqu'un de bien, parce que tout comme Sam elle avait fait tout ce qui était en son
pouvoir pour savoir où avait bien pu passer Vère depuis qu'elle avait disparu, et que
maintenant qu'elle était revenue, qu'elle était libre, enfin, évidemment qu'elle allait essayer de
la voir.
Bien sûr.

Il en avait conscience quand il avait proposé à Marina et Yara d'héberger l'ancienne


sauvageonne chez lui, il savait que sa fille voudrait rapidement avoir de ses nouvelles, juste
pour être sure qu'elle allait bien, pour savoir peut-être aussi ce que son père avait pu lui faire
endurer quand elle était sa prisonnière.

Il savait bien que ça lui ferait mal, pourtant, il n'avait pas hésité.

De plus, si ça lui permettait de revoir sa fille, même si elle n'avait aucune idée de qui il était
réellement pour elle, c'était toujours ça de pris.

« Bonjour oncle Stannis, lui dit-elle avec un sourire radieux avant de le serrer dans ses bras
comme si elle ne l'avait pas vu depuis une éternité. »

Et il lui rendit son étreinte sans la moindre hésitation, parce qu'avant, à Westeros, il n'était pas
vraiment quelqu'un de très tactile, et il n'avait que trop peu souvent serré sa fille dans ses
bras, il ne lui avait pas assez montré son affection.

C'était une erreur qu'il ne comptait pas commettre à nouveau.

Il s'efforça de lui sourire.

Ça aussi c'était une chose qui avait changé par rapport à l'avant malédiction, même si son
cœur se brisait un peu plus chaque jour, il essayait d'être le plus souriant possible, surtout
quand elle était là.

Même si son sourire était presque toujours un mensonge.

Presque.

Quand elle était devant lui, dans ses bras, il pouvait presque oublier à quel point il avait mal.

Il pouvait presque croire qu'il était heureux.

Et puis elle l'avait appelé oncle Stannis.

Ce n'était pas suffisant, bien sûr, mais au moins il n'était pas un étranger pour elle, il était de
sa famille et elle l'aimait au moins, et c'était déjà mieux que rien.

Il devait s'accrocher à ça, de toutes ses forces s'il ne voulait pas finir par s'écrouler.

« Bonjour Shireen, comment vas-tu ?

- Bien, très bien même, lui dit-elle en souriant, je suis venue voir comment va Vère.

- Épuisée, mais tu peux aller dans sa chambre pour la voir si tu veux, fais seulement attention
à ne pas trop la fatiguer.
- Promis ! J'ai amené Myrcella aussi, elle voulait venir aussi, j'espère que ça ne te dérange
pas.

- Non, pas du tout, prétendit-il. »

Ce n'était pas vrai.

Pas vraiment.

Alors que Shireen partait dans l'autre pièce, il resta seul avec celle qui se nommait autrefois
Myrcella Baratheon mais qui, aujourd'hui, se prénommait Myrcella Lannister.

Ainsi, Cersei avait eu au moins la décence de rétablir la vérité sur ce point, à défaut de le
faire sur tous les autres, et avec cette mascarade qu'était le mariage de Cersei et Jaime
Lannister qui n'étaient pas frère et sœur dans cet univers (mais il savait lui, oh il connaissait
la vérité, et il savait aussi que jamais le Régicide, qu'il ne portait pourtant pas plus que ça
dans son cœur, n'aurait accepté de dire oui à ça si il avait su la vérité), il avait la preuve de ce
qu'il avait toujours su en son for intérieur.

Ce qu'il n'avait malheureusement pas pu prouver à Westeros parce que Jon Arryn était mort et
qu'ensuite les marcheurs blancs étaient venus, balayant d'un seul geste ce genre de
considérations, à savoir que les enfants royaux n'avaient jamais été ceux de Robert
Baratheon.

Mais maintenant que tout le monde avait oublié la vérité, à quoi cela lui servait-il de le savoir
au juste ?

Qu'est-ce que ça pourrait changer ?

Ce n'était pas comme s'il pouvait prouver l'union incestueuse entre les deux lions, puisqu'il
n'avait aucune raison valable de faire demander un test ADN, et même s'il avait pu le faire,
Cersei n'était pas idiote.

Elle aurait prétendu que les tests étaient faux, voire elle les aurait faits falsifier elle-même, et
alors…

Alors tout ça n'aurait servi à rien.

Il regarda Myrcella.

Aussi blonde que ses parents, et il ne savait pas quoi penser d'elle.

Souvent, une pensée le taraudait, terrible et terrifiante.

Savait-elle ?

Était-elle au courant de la vérité, sa mère lui avait-elle fait conserver la mémoire ?

Il espérait que non.


Il espérait vraiment qu'elle était aussi innocente qu'elle paraissait l'être, parce qu'il ne
supporterait pas que cette princesse aux boucles blondes et à l'air angélique brise le cœur de
Shireen.

Sa fille méritait mieux que ça.

Il y avait quelque chose de sombre dans les yeux de la lionne comme si elle…

Comme si une partie d'elle-même savait que quelque chose clochait et n'était pas normal.

Il aurait aimé pouvoir lui poser la question sans devoir passer pour un fou.

Mais c'était impossible, alors il se tut.

Cependant s'il s'avérait qu'elle n'était rien de plus qu'une espionne envoyée par Cersei, oh par
le maître de la lumière, il se le jurait, petite-amie de sa fille ou pas, il la détruirait.

À la place, il se contenta de lui adresser un sourire qu'il espérait sincère et pas trop menaçant.

« Est-ce que… tu veux boire quelque chose ?

Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle avait décidé de rester avec lui plutôt que d'aller
avec Shireen, mais il savait en revanche que le silence qui s'éternisait commençait à devenir
sérieusement gênant.

Elle secoua la tête, n'aidant pas vraiment.

- Je… je vais aller voir Shireen. »

Elle avait failli lui parler.

Elle avait failli lui dire quelque chose, mais il ne saurait probablement jamais quoi
exactement.

Il n'avait plus qu'à espérer que ce n'était pas quelque chose de véritablement important.

§§§§

Un jour elle mettrait le doigt sur ce qui la dérangeait dans toute cette situation.

Un jour elle comprendrait, elle saurait.

Mais manifestement, ce jour n'était pas encore venu.

Alors Myrcella fit ce qu'elle faisait toujours dans ce genre de cas.

Elle se força à sourire, et alors qu'elle rejoignait Vère et sa petite-amie, elle fit tout pour
qu'aucune des deux ne comprenne à quel point elle avait le sentiment que tout allait de
travers, alors même que le destin de la jeune femme s'était enfin amélioré.

Elle finirait bien par savoir.


(Elle ignorait encore qu'à ce moment-là, son monde tomberait en mille morceaux.

Et elle ne serait définitivement pas prête pour ça.)

§§§§

Être avec Lancel était si…

Facile.

Oui, c'était le mot qu'aurait probablement utilisé Marina pour décrire leur relation.

Simple parce qu'évidente.

Parce qu'elle l'aimait, depuis toujours, parce qu'elle l'aimait pour celui qu'il était réellement,
pas pour celui qu'elle imaginait qu'il était, qu'elle l'aimait depuis qu'elle l'avait rencontré pour
de vrai, depuis que c'était devenu réel, parce qu'elle l'aimait même quand elle l'oubliait,
même quand tout son savoir de la vérité s'évanouissait dans l'air et qu'il n'était plus pour elle
Lancel de la maison Lannister.

Non, il était juste Lancel, son petit-ami.

Et c'était parfaitement suffisant.

Elle l'aimait, vraiment, et il y avait peu de constances pour elle dans cette ville où sa mémoire
vacillante perdait souvent pied, mais en dehors de Yara – ou Esgred selon à quel point elle se
souvenait ou avait oublié – il n'y en avait qu'une seule autre.

Et c'était Lancel.

Lancel qu'elle aimait, et qui l'aimait, et comment aurait-elle pu croire que ça pourrait exister
dans un seul univers ?

Pourtant, c'était le cas, c'était vrai, et c'était réel, tellement réel qu'elle n'arrivait pas à accepter
le fait que ça le soit les trois quarts du temps.

Mais il était là, vraiment, et s'il n'y avait pas eu la malédiction, elle aurait été parfaitement
heureuse.

Il l'aimait, il l'aimait elle, la dunkerquoise, l'écrivaine de fanfictions, il l'aimait véritablement,


et elle se sentait chez elle ici, à sa place.

Tout ça grâce à lui, et parce qu'une fer-née un peu perdue lui avait fait suffisamment
confiance pour accepter de lui révéler son plus grand secret.

La vie était bien faite parfois.

« Marina ? Lui demanda finalement Lancel alors qu'ils observaient le paysage devant eux
pendant que Marina brodait.
- Oui ?

- Je voulais te dire que… j'ai l'impression que… quand je te tiens la main, c'est comme si…
comme si je tenais la main d'un ange.

Elle se tourna vers lui le cœur battant, et il lui sourit.

C'était tellement… adorable.

- Je… merci beaucoup Lancel.

Elle prit sa main dans la sienne et entrelaça leurs doigts, souriant malgré l'émotion qui
menaçait de la submerger d'un instant à l'autre.

- Mais tu sais, ajouta-t-elle, la vérité c'est que… c'est toi mon ange. »

C'était la vérité pleine et entière.

Et il n'avait pas idée d'à quel point.

Puis ils s'embrassèrent, et Marina eut l'impression que son cœur s'envolait, montait jusqu'au
ciel tant elle était heureuse.

Elle regretta seulement que ce baiser n'ait pas été capable de briser la malédiction.

§§§§

Au final, sa leçon avec Sansa s'était passée mieux que prévu.

Oh, le fait que la rousse soit avec elle, juste à côté, et qu'elle n'ait pas été aussi proche d'elle
depuis si longtemps n'aidait pas vraiment à renforcer sa concentration, mais elle faisait avec.

La conduite en elle-même restait une véritable torture, mais elle s'y attendait de toute façon,
ce n'était pas vraiment comme si elle allait faire des progrès en une seule séance, pas alors
qu'elle avait en plus de tout le reste plus de préoccupations en tête que le fait d'apprendre à
conduire.

(Et puis, plus elle passait de temps avec Sansa, mieux c'était alors honnêtement même si elle
perdait plusieurs mois avant d'être capable de passer son permis, elle n'allait clairement pas
s'en plaindre plus que ça.)

En réalité, ce fut quand Sansa vit quelle heure il était que les choses commencèrent à se gâter.

« Oh, dit-elle alors en blêmissant d'un seul coup, je dois y aller, sinon je risque d'arriver en
retard, et Joffrey se posera des questions.

La fer-née sentit son ventre se tordre immédiatement en entendant ses mots et elle serra les
poings.

Joffrey…
Comme elle rêvait de pouvoir le tuer, enfin.

Lui aussi elle aurait dû le supprimer quand elle en avait encore l'occasion, mais comment
aurait-elle pu savoir de quelle manière les choses tourneraient alors ?

Elle essaya de prendre ça à la légère, de faire comme si elle ne savait pas.

- Oh, mais il ne s'agit que d'une ou deux minutes, ce n'est pas un drame non plus, il y a bien
pire comme retard et au pire tu peux le prévenir par SMS.

Le regard que Sansa lui adressa était chargé d'une terreur pure qu'elle n'avait au final que très
peu vu chez elle, et ça lui brisa le cœur.

- Je… je dois y aller, bredouilla-t-elle, et la seiche sentit la rage exploser dans son cœur.

Non.

Elle ne se tairait pas, pas cette fois, parce que Sansa Stark (pas Baelish, jamais Baelish, parce
que ça n'avait jamais été rien de plus qu'un odieux et méprisable mensonge qui lui donnait
envie de tout casser autour d'elle) méritait tellement mieux que ça, et méritait que quelqu'un
le lui dise.

Il fallait qu'elle l'entende, qu'elle le sache si jamais ce n'était pas déjà le cas.

- Tu n'es pas obligée de faire ça, lui lança-t-elle alors que la rousse sortait de la voiture.

La louve se figea, et Yara pria, elle pria de toutes ses forces le Dieu noyé pour être enfin
entendue, pour être écoutée.

Pour que les choses changent pour de bon, et cessent de stagner.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, prétendit-elle, et la guerrière ferma les yeux pendant
quelques secondes.

Elle avait choisi le déni, évidemment.

- Ça. Cette situation. Ce qu'il te fait subir et endurer. Tu n'es pas obligée de vivre ça. Tu peux
avoir mieux que ça, et surtout, tu peux y arriver, comme Vère. Tu peux fuir, être heureuse,
faire que à s'arrête. Je sais que tu as peur, et que ça peut te paraître insurmontable, mais crois-
moi, tu n'es pas seule, loin de là.

- On… on se revoit mercredi prochain, se contenta de répondre la jeune femme, la voix


tremblante, ayant clairement les larmes aux yeux même si elle ne la voyait déjà plus, et Yara
se mordit la langue jusqu'au sang. »

Je suis désolée Sansa.

Oh mon amour, je suis tellement désolée.

Mais je sais que tu y arriveras.


Je sais que tu peux te sauver toi-même.

Mais je serai là pour t'aider.

Toujours.

Sortant à son tour de la voiture avec détermination, elle regarda alors l'endroit devant lequel
elle avait décidé de se garer.

La mairie de Kintzheim…

Elle avait deux ou trois petites recherches à faire.

A suivre…
L'amour est un poison.
Chapter Notes

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Leia : Horreur : Écrire sur un perso cannibale ou écrire un texte
drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (horoscope, alphabets, défis à l'unité, de secondaire à principal, elles


ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects de Leia, 50 nuances)

La mairie était fermée à cette heure-là, évidemment.

Mais ce n'était certainement pas ça qui allait arrêter Yara Greyjoy, non, pas alors qu'elle avait
déjà survécu à la solitude, à la faim, au froid, à la rue, qu'elle avait grandi dans un monde
froid et cruel, qu'elle s'en était sortie malgré tout parce qu'elle était une fer-née, une
combattante.

Elle était tout ça et bien plus.

Oh et évidemment, durant toutes ces années, elle avait fini par apprendre comment faire pour
crocheter une serrure, et pour ce qui était de désactiver l'alarme, hé bien…

Disons qu'en un an et demi à vivre dans ce monde, elle avait bien appris.

Elle espérait juste que ce serait suffisant pour qu'elle y arrive.

En entrant, elle prit bien garde à vérifier qu'il n'y avait bel et bien personne (on ne savait
jamais après tout et elle n'avait pas très envie de donner une raison valable à Cersei Lannister
de la chasser de la ville ou du moins de la faire emprisonner durant une période indéterminée
pour effraction) avant de se mettre à explorer les lieux.

Elle avait déjà fait une visite guidée avec Marina peu de temps auparavant, mais elle n'avait
pas vu grand-chose.

Ou plutôt, elle n'avait pas vu ce qu'elle voulait voir, elle n'avait pas trouvé ce qu'elle
cherchait, et une partie d'elle-même était persuadée que si elle fouillait par elle-même, elle
saurait dénicher les informations qu'elle tenait tant à trouver.

S'il y avait bien un endroit où elle avait une petite chance de trouver quelque chose à propos
de la chanson de Jenny, voire les paroles elles-mêmes et la chanson entière, c'était
définitivement ici et pas ailleurs.

(High in the halls of the kings who are gone

Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found

And the ones who had loved her the most

The ones who'd been gone for so very long

She couldn't remember their names

They spun her around on the damp old stones

Spun away all her sorrow and pain

And she never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

They danced through the day and into the night

Through the snow that swept through the hall

From winter to summer then winter again

Til the walls did crumble and fall

And she never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave


Never wanted to leave

And she never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

Never wanted to leave

High in the halls of the kings who are gone

Jenny would dance with her ghosts

The ones she had lost and the ones she had found

And the ones who had loved her the most.

C'était leur clef pour se libérer et ils l'avaient perdue.)

Elle erra dans quelques pièces, toutes fermées au public d'ordinaire, sans rien trouver de
réellement intéressant.

Il y avait l'histoire de Westeros, en quelque sorte, une version modifiée de ce qu'avait été leur
monde et leur passé, présenté comme datant de plusieurs siècles alors qu'il n'en était rien
concernant les derniers Targaryen et les Baratheon, mais au final, rien qui ne la concerne
vraiment.

Il n'y avait rien, rien du tout.

Alors soit la malédiction avait décidé de leur dissimuler cet aspect des choses afin de ne
jamais être brisée, soit Cersei savait pour la chanson et avait décidé de faire disparaître le
plus de choses possible permettant de découvrir quoi que ce soit à ce sujet.

Autrement dit, quelle que soit la réponse à cette question, elle se trouvait actuellement dans
une impasse.

Réalisant qu'elle avait fait chou blanc, la jeune femme soupira et se préparait à essayer de
repartir le plus discrètement possible et sans se faire repérer quand soudainement, elle se
figea.

Elle venait tout juste d'entendre un bruit.

Et ce n'était pas un bruit d'objet ou un bruit d'animal, non, c'était le bruit de


voix humaines qu'elle entendait là.

Alors qu'il n'était censé y avoir personne.

Elle se cacha, tentant de se faire la plus petite possible avant de reconnaître finalement les
voix des deux interlocuteurs quelques secondes plus tard.
Il s'agissait de Cersei et Jaime Lannister.

Elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils en réalisant.

Ça n'avait pas le moindre sens.

Pourquoi venir ici, dans la mairie alors qu'elle était fermée et vide (en théorie) à part parce
qu'ils voulaient cacher leur relation, qui ici, était officielle ?

Elle aurait compris à Westeros, mais pas là.

Ça devait donc être pour une autre raison, forcément.

Et apparemment, ils se disputaient, ce qui, là, était un peu plus compréhensible, si jamais ils
ne voulaient pas qu'on les entende, et elle continua de les écouter, à la fois par curiosité et
parce qu'elle ne pouvait pas vraiment bouger sans se faire voir de là où elle était.

Jaime était en colère, et Yara n'arrivait pas vraiment à bien voir pourquoi, mais elle sentait la
détresse dans sa voix alors qu'il s'adressait à son épouse (quelle farce, quelle sordide farce,
quel épouvantable mensonge, se disait-elle alors qu'elle songeait à ce que l'ancienne reine des
Sept Couronnes avait osé faire à son jumeau), et soudain elle sut.

C'était la situation qui lui était totalement insupportable, et elle faillit éclater de rire.

D'un rire triste et douloureux évidemment, parce qu'elle venait de réaliser que, alors même
qu'elle avait donné à Jaime ce qu'il aurait sans doute voulu avant, à une autre époque (mais
dans d'autres conditions, évidemment) et qu'elle pensait le rendre heureux, la blonde avait en
réalité fait de sa vie un enfer.

Parce qu'il n'était pas heureux, parce que ce n'était pas ce qu'il voulait, parce qu'il ne l'aimait
plus, et elle n'avait fait que l'enfermer dans la même prison que celle où elle avait précipité
les autres habitants de la ville.

Cersei essaya de le rassurer, bien sûr, mais cette fois-ci, il ne semblait pas prêt à l'écouter.

Et Yara sourit alors, parce que c'était une preuve de plus que la malédiction était en train de
se craqueler, de se fissurer de l'intérieur et que maintenant qu'elles étaient là, tout le monde
commençait à se rendre compte que quelque chose n'était définitivement pas normal dans
cette ville.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux parce que ça y est, enfin, enfin, les choses
commençaient à bouger pour de bon, et c'était lent, trop lent, mais c'était tellement plus que
ce qu'elle avait encore à son arrivée qu'elle décida de s'accrocher à cet espoir et de tout faire
pour qu'il brûle le plus fort possible et ne s'éteigne jamais.

Pour qu'ils y arrivent.

« C'est comme si je ne ressentais plus rien du tout ! »


En entendant cette phrase, la fer-née se figea de plus belle, interloquée et blêmit
instantanément.

Minute.

Minute…

Il y avait quelque chose dans cette phrase qui ne lui plaisait pas du tout, et qu'elle avait
l'impression d'avoir déjà entendue quelque part, mais sans savoir où exactement.

C'était étrange mais…

Quelqu'un qui avait le sentiment de ne plus rien ressentir, de ne plus…

Elle serra les poings quand elle comprit dans quelle direction sa pensée se dirigeait, et elle
n'aimait pas du tout ça.

Oh par le Dieu Noyé, comme elle n'aimait pas ça du tout.

La phrase suivante de Jaime Lannister acheva de la convaincre qu'elle avait très


probablement raison et elle dut se mordre la langue pour ne pas hurler en l'entendant dire qu'il
avait l'impression de ne plus avoir de cœur.

Comme, comme, comme…

Comme Graham.

Si c'était bien ça, ça expliquait tellement de choses.

Elle sentit son estomac se retourner face à tout ce que ça pouvait impliquer et elle se força à
prendre une profonde inspiration pour se calmer.

Est-ce que c'était possible qu'elle ait fait ça ?

Il n'y avait pas vraiment de magie à Westeros, et Cersei n'avait rien d'une sorcière.

Oui, en théorie, mais ils avaient bien réussi à lancer le Sort Noir alors que le maléfice ne
venait même pas de leur univers, et Mélisandre lui avait bien dit qu'elle avait passé un
marché avec Rumplestiltskin, non ?

(Elle ne savait pas qui il était à l'époque, mais elle savait désormais, et d'après ce dont elle se
souvenait, la femme rouge lui avait donné un haricot magique pour qu'il puisse retrouver son
fils.

Est-ce que ça voulait dire qu'il l'avait retrouvé plus tôt que prévu, dans d'autres circonstances,
que ce qu'elle avait vu dans la série n'était en réalité jamais arrivé, du moins dans cet univers
?

Est-ce que ça signifiait qu'elle avait de ce fait accidentellement changé le cours des choses
sans même s'en rendre compte ?)
Elle avait reçu le parchemin du Sort noir mais aussi d'autres choses, des objets magiques de
toute sorte, des grimoires.

Peut-être que la lionne avait trouvé quelque chose là-dedans qui lui avait permis de le faire,
elle ou Qyburn, après tout peu importe, mais il y avait un risque certain que ce soit
effectivement arrivé.

Elle espérait que ce n'était pas le cas mais au fur et à mesure que l'hypothèse faisait son
chemin dans son esprit, elle se changeait de plus en plus en certitude.

Ça expliquait pourquoi le Régicide avait disparu juste avant que le Sort Noir ne soit lancé
d'ailleurs…

Et ça, ça…

Ça la rendait malade.

Alors qu'elle s'esquivait en essayant de ne pas être vue, des images dansaient devant ses yeux,
des images qu'elle ne pouvait malheureusement pas effacer, elle voyait Regina et le chasseur,
elle voyait la main de la reine s'enfoncer dans sa poitrine.

Elle la voyait avec le cœur rouge et flamboyant, palpitant, vivant mais


désormais prisonnier dans sa main et elle ne put s'empêcher de se demander si c'était arrivé
aussi à Westeros, si c'était ce que Cersei lui avait fait, et aussi, où elle le gardait désormais.

Dès qu'elle trouva les toilettes les plus proches, elle s'y précipita pour y rendre son déjeuner.

Et alors, une résolution se forma dans sa tête.

Une que Cersei Lannister ne pourrait pas empêcher, se jura-t-elle.

§§§§

« Elle lui a arraché le cœur, lâcha-t-elle à Marina une fois entrée dans leur chambre.

Cette dernière leva la tête du livre qu'elle lisait, Six of Crows (note de l'autrice : oui je sais
c'est pas correct chronologiquement parlant mais je m'en fous il me fallait un bouquin et
j'avais pas d'autre idée, donc oui lisez Six of Crows parce que c'est le bien. Vous balance la
duologie dans la tête) et haussa un sourcil perplexe.

- Tu… réagis à retardement sur cette intrigue de Once Upon a Time ? Tenta-t-elle de
plaisanter. Parce que je suis d'accord que Regina est une connasse qui mérite le bûcher, mais
on a vu la saison 1 depuis un petit moment déjà.

Elles étaient seules, donc elle ne faisait pas semblant et en la regardant droit dans les yeux, la
fer-née sut alors qu'elle avait encore oublié.

Bordel, qu'est-ce qu'elle détestait cette situation infâme.

Elle soupira.
- Viens avec moi, on va faire un tour et je t'expliquerai après.

Une fois qu'elle eut franchi la frontière, Marina comprit.

- Oh… Je vois. Puis elle fronça les sourcils. Qui… qui s'est fait arracher le cœur ?

Elles étaient hors de Kintzheim pour l'instant, et il valait mieux vu leur sujet de conversation.

Et aussi parce que Yara n'avait pas vraiment envie que la ville entière la voit exploser.

- Jaime Lannister, annonça-t-elle d'un ton sombre.

Son amie la regarda avec stupéfaction.

- C'est possible ça ?

- Ici, non. Mais à Westeros… Peut-être. La vérité, c'est que je n'en sais rien, mais j'ai surpris
une conversation à la mairie tout à l'heure alors que je cherchais des informations sur la
chanson de Jenny – je n'ai rien trouvé du tout d'ailleurs, on devra chercher dans d'autres
endroits de la ville – et Jaime Lannister a dit… qu'il avait l'impression de ne plus rien
ressentir, de ne plus avoir de cœur…

- Comme Graham, remarqua Marina.

- Comme Graham oui, approuva-t-elle, et ça me semble trop… spécifique pour que ça puisse
être autre chose que ça. Si je me trompe, tant mieux… mais si ce n'est pas le cas…

- Alors ça veut dire que Jaime vit un enfer.

- Oui. Et je… je vais essayer de faire en sorte que ça s'arrête. Il faut qu'on le trouve. Et qu'on
le lui rende. Pour qu'il soit enfin libre.

Marina hocha la tête.

- Je marche. »

Et pour la première fois, un sourire se dessina sur le visage de Yara Greyjoy.

Parce qu'elle était sur le point de porter un grand coup à Cersei Lannister.

Et que celle-ci ne s'en relèverait certainement pas.

A suivre…
Un sauvetage du cœur
Chapter Notes

Titre du 15/02/2022 : Un sauvetage du cœur

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects d'… Edwin Jarvis : Majordome : Écrire sur Alfred Pennyworth ou sur
une personne qui aide discrètement

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, de secondaire à principal, alphabets, de


secondaire à principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects,
50 nuances)

Yara se sentait presque déçue de constater à quel point il avait été facile de découvrir où
Cersei Lannister avait caché le cœur de son jumeau.

Enfin, si caché était le bon mot…

Et si son hypothèse se révélait être la bonne, ce dont elle n'était pas encore sure.

Mais d'un autre côté…

Qu'est-ce que la mairesse pouvait bien dissimuler dans cette magnifique boite ornée d'un lion
qui se trouvait sur son bureau ?

(Elle était venue un autre jour, quelques jours plus tard, par précaution, la plus discrète et
invisible possible, quand la blonde était là en train de travailler et pensait qu'il n'y avait
personne.
Elle avait ses petits oiseaux, mais Yara aussi savait voler.)

Et elle avait vu la boite, juste une simple boite à première vue.

Et elle avait su.

Elle l'avait senti dans ses tripes, et elle ne savait pas avec certitude si c'était bien un battement
de cœur qu'elle avait entendu alors ou si elle avait juste rêvé, si elle avait tellement voulu que
ce soit réel qu'elle avait réussi à se persuader que ça l'était.

Peu importe après tout.

Elle devait essayer d'y croire, elle devait s'accrocher à ça, quitte à devoir entrer à nouveau par
effraction, à devoir forcer toutes les serrures, quitte à ce que Cersei sache ce qui était arrivé.

Parce que si le cœur disparaissait, alors elle comprendrait presque immédiatement,


évidemment, le coffret était fermé, bien sûr, mais la fer-née se doutait qu'elle devait l'ouvrir
parfois, si il contenait bien le cœur, juste pour être sure qu'il était toujours là.

Et si jamais le comportement de Jaime changeait après cela, ce qu'il ferait invariablement,


parce qu'il serait enfin lui-même à nouveau, alors elle comprendrait sûrement encore plus tôt,
et Yara voulait qu'elle sache, elle voulait la faire souffrir, même si sa douleur n'atteindrait
jamais ce qu'elle avait pu leur infliger à tous.

Le regard de la guerrière se reporta sur l'objet.

Il n'était même pas fermé à clef.

Yara comprenait, vraiment, ou pensait comprendre.

Après tout, personne n'était censé pénétrer dans son bureau quand elle y était et qu'elle
travaillait, qu'elle n'avait pas de rendez-vous, et encore moins quand elle n'était pas là, la
pièce était fermée à clef en permanence.

Et surtout, personne n'était supposé savoir, connaître la vérité, savoir ce qu'elle avait osé faire
à Jaime, elle-même venait à peine de le comprendre, et encore n'était-elle même pas
complètement certaine qu'elle avait raison à ce sujet.

Une partie d'elle-même espérait toujours avoir tort d'ailleurs.

Et puisque personne ne savait, personne ne se soucierait de cette boite, de ce qu'il y avait


dedans, et pire encore, il était même possible que personne ne soit capable d'entendre le
sourd battement de cœur qui se faisait probablement entendre depuis l'intérieur de sa prison.

Quelque chose de clairement visible aux yeux de tous mais que personne ou presque ne
parvenait à voir parce qu'on avait volé leurs yeux et leurs souvenirs…

C'était un assez bon résumé de la malédiction.

Elle s'esquiva.
Elle en avait assez vu.

Cersei avait sans doute également mis la boite aux yeux de tous parce que mettre au grand
jour une chose qu'on pouvait vouloir chercher, si jamais quelqu'un connaissait cette
information, permettait de pousser les gens à ne pas s'attarder sur quelque chose de
facilement accessible alors qu'on imaginerait l'objet en question bien caché.

Et puis…

Elle songea que c'était sans doute son orgueil qui avait poussé Cersei à faire ça.

L'orgueil des lions…

Des Lannister.

Afin de dire à l'univers entier, de le lui hurler à pleins poumons, sans en avoir l'air, sans
même qu'il s'en doute une seule seconde « regardez, il est à moi et je tiens son cœur
littéralement dans le creux de ma main et personne ne pourra jamais me l'enlever », et elle ne
put étouffer un frisson de dégoût.

Par le Dieu noyé, qu'elle détestait cette femme.

Mais au moins, ça servait ses plans.

Elle lui prendrait le cœur de Jaime Lannister, et elle le rendrait au lion.

Elle se le jurait sur tout ce qu'elle avait de plus cher.

§§§§

Une semaine plus tard.

Yara devait l'admettre, elle n'était pas sûre de ce qu'elle faisait.

En ce lundi 23 mars 2019 (note de l'autrice : fun fact, j'écris aussi durant le mois de mars,
juste pas de la même année), elle allait enfin mettre en place ce sur quoi elle et Marina
travaillaient depuis désormais un bon moment, en n'étant même pas sures d'arriver à leurs
fins.

Ni même que ce qu'elles étaient en train de faire ait réellement un intérêt ou même un sens,
peut-être n'allait-elle que tomber sur un simple objet précieux dans cette boite, une broche, un
bijou quelconque, une bague ou autre chose qui venait de Westeros et dont la reine n'avait pas
voulu se séparer, qu'elle n'avait pas accepté d'oublier parce qu'il lui rappelait son passé, et
surtout le fait qu'elle avait gagné.

Aussi, elle s'était levée ce matin-là en ayant la boule au ventre et l'angoisse lui nouant le
cœur, pas seulement parce qu'elle avait peur d'échouer (même si cela arrivait, il n'y aurait que
Cersei qui pourrait comprendre ce qu'elle avait l'intention de faire) mais parce que si elle
avait eu tort, si elle s'était trompée sur toute la ligne, alors ça voulait dire…
Qu'elles allaient faire ça pour rien.

Qu'elles allaient se mettre en danger et risquer de s'exposer pour quelque chose qui n'en valait
pas la peine.

Plusieurs fois, elle fut tentée d'abandonner, avant de finalement se ressaisir.

Elle devait au moins essayer, elle lui devait ça au moins, s'il était bel et bien le prisonnier de
sa sœur comme elle le pensait.

Elle prit une profonde inspiration.

Elle allait le faire.

Elle allait y arriver.

§§§§

La panne de courant qui frappa inexplicablement la mairie de Kintzheim et quelques


bâtiments aux alentours pendant un total d'une quinzaine de minutes fut sans doute la coupure
la plus importante qu'avait enregistré la ville ces derniers temps.

Cela amena un sourire sur les lèvres de Yara.

Elle ne savait pas comment Stannis avait fait, mais il avait réussi.

Pas de courant, pas de caméras.

Pas de caméras, pas de risque qu'elle se fasse repérer par qui que ce soit, surtout à un moment
où la mairesse se trouvait en réunion ailleurs dans la mairie.

Personne ne l'avait vue entrer, personne ne la verrait sortir.

Et quinze minutes, ce serait parfaitement suffisant pour ce qu'elle avait à faire.

Elle ne perdit pas de temps une fois arrivée dans le bureau de Cersei Lannister et ouvrit
instantanément la boite, et alors elle sut.

Elle avait eu raison.

Depuis le début, depuis qu'elle avait entendu les paroles du Régicide, elle avait vu juste, et
son intuition avait été la bonne.

C'était bien son cœur, l'objet mystérieux que sa jumelle gardait dans cette boite.

Elle sentit un haut-le-cœur l'envahir alors qu'elle entendait finalement les battements de cœur
de l'ancien membre de la garde royale.

C'était réel.

C'était vraiment réel.


Et surtout, c'était absolument abominable.

Ce n'était pas juste aussi, parce qu'il ne méritait pas ce qu'elle lui avait fait.

Elle referma la boite pendant quelques secondes, réprimant avec difficulté son envie de
vomir, et en n'entendant plus de battement de cœur, elle réalisa alors que c'était pour ça que
personne n'entendait rien, parce que la boite était insonorisée.

Elle comprenait mieux maintenant, et à vrai dire, ça l'arrangeait plutôt, parce que tant que
Cersei n'ouvrirait pas le coffret, elle ne se rendrait pas compte que quelque chose avait
changé.

Ou du moins elle l'espérait.

Sortant sa propre boite de son sac, elle y mit le cœur du policier, avant de remplacer ce
dernier par un pomme rouge d'environ la même taille et qui pourrait faire illusion tant qu'on
n'ouvrait pas la boite.

Elle se doutait bien que la référence à Regina échapperait à Cersei, mais ce n'était pas grave,
elle au moins, elle saurait.

Elle aurait aimé pouvoir voir la tête de Cersei au moment où elle allait réaliser ce qui s'était
passé.

§§§§

Elle n'avait rien vu.

Certes, les choses avaient changé en ville ces derniers temps mais une coupure de courant ne
voulait rien dire du tout, il y en avait déjà eu par le passé durant l'année et demie précédente,
et il n'y avait rien de changé dans son bureau, tout était à sa place et il était toujours fermé à
clef quand elle était rentrée.

Et de toute façon, elle avait plus important à s'inquiéter que de savoir si oui ou non le cœur de
son époux était toujours à sa place, dans sa petite boite.

Ça avait toujours été le cas les fois précédentes lorsqu'elle était revenue.

En quoi est-ce que cette fois-ci aurait-elle été différente d'une quelconque façon ?

§§§§

C'était une belle demeure.

C'était la première fois que Yara Greyjoy voyait la maison des Lannister, et de l'extérieur (elle
n'allait pas y entrer, une seule effraction dans la journée était largement suffisante, elle n'allait
pas tenter sa chance, ça aurait été stupide), elle était splendide et gigantesque.

Mais elle était aussi sinistre et macabre quand, comme la jeune femme, on savait ce que
dissimulaient ses murs, à savoir les mensonges et la manipulation.
Et elle allait tout faire pour changer ça.

Désormais, elle connaissait les emplois du temps des membres de la famille par cœur, les
enfants n'étaient pas ici, soit parce qu'ils ne vivaient plus à la maison, où ils passaient certes
de temps en temps mais rarement, soit parce qu'ils étaient en cours ou avec leurs amis ou leur
petite-amie.

Enfin, petite-amie, c'était beaucoup dire concernant Joffrey…

La seiche serra les poings, en faisant tout pour ne pas s'énerver.

Ce serait inutile, et elle n'était pas là pour ça de toute façon, elle n'était pas là pour Sansa mais
pour Jaime.

Ne t'en fais pas mon amour.

On y arrivera un jour.

Je te le promets.

Mais pour l'instant…

Cersei était encore à la mairie, quant au lion, il n'allait pas tarder à rentrer du travail si elle ne
se trompait pas, et en le voyant se rapprocher de la maison, elle sourit, soulagée, se sentant
soudainement libérée d'un poids.

Tout se passait bien, et il n'y avait aucune raison pour que ça change.

Elle ouvrit la boite et essaya de surmonter sa nausée, provoquée par ce qu'elle était sur le
point de faire.

Le principe de contrôler quelqu'un grâce à son cœur la répugnait depuis toujours, depuis
qu'elle savait que ça pouvait exister et c'était pire depuis qu'elle avait compris que ce n'était
pas seulement quelque chose de fictif mais que ça avait pu arriver à l'un des leurs.

Et que ça avait été fait par quelqu'un qui prétendait l'aimer mais qui n'avait fait que
l'enfermer dans une cage.

Mais elle n'avait pas le choix, elle devait le faire si elle ne voulait pas qu'il risque de s'enfuir
en courant et en hurlant en la voyant venir vers lui avec un cœur battant dans les mains.

Elle prit une profonde inspiration.

Il n'y avait personne autour d'eux heureusement, et elle pria pour que ça continue comme ça.

« Allez dans le jardin derrière la maison, lui commanda-t-elle, et il se figea pendant quelques
imperceptibles secondes, avant de s'exécuter et elle le suivit ensuite. Restez là, ajouta-t-elle
une fois qu'elle fut certaine qu'ici, au milieu des arbres et des fleurs, personne ne pouvait les
voir, les surprendre.
Et même si ça avait été le cas, la personne aurait-elle compris ou même accepté ce qu'elle
voyait ?

Yara en doutait sincèrement.

- Bien… Dormez, lui ordonna-t-elle, et les yeux de Jaime se fermèrent aussitôt, je vais
remettre votre cœur à sa place, dans sa poitrine, et ensuite… vous ne vous réveillerez que
lorsque je serai partie et que vous n'entendrez plus le bruit de mes pas… Vous ne vous
souviendrez pas de ce qu'il s'est passé et vous vous direz que vous êtes simplement fatigué
après une longue journée de travail et que vous avez décidé d'aller vous reposer quelques
heures dans le jardin. »

Une fois cela dit, elle se rapprocha de lui et, faisant comme elle l'avait vu à la télévision
dans Once Upon a Time, elle poussa son cœur contre sa poitrine en priant de toutes ses forces
le Dieu noyé pour qu'il rentre, elle aurait eu l'air fine s'il était resté bloqué contre le torse du
pauvre lion.

Et, miracle, cela marcha.

Toujours inconscient, Jaime prit alors une grande respiration, comme si il revenait d'un seul
coup à la vie, qu'il respirait de nouveau pour la première fois depuis une éternité, et Yara
sentit les larmes lui monter aux yeux.

Elle avait réussi.

Elle l'avait fait.

Il pouvait redevenir lui-même désormais, se libérer de l'emprise de ce monstre qu'il croyait


pourtant aimer, et elle sourit, émue.

« Bonne chance Jaime Lannister, lui murmura-t-elle, consciente que les jours à venir allaient
être difficiles pour lui, vous allez en avoir besoin. »

Puis elle partit, le plus discrètement possible, ayant pour la première fois l'impression que
petit à petit, elle était en train d'écarter les murs qui se trouvaient autour d'eux, les tenant
enfermés.

Et bientôt, elle allait les faire exploser en mille morceaux, tous ces murs.

A suivre…
Je t'ai aimé.
Chapter Notes

Titre du 03/05/2021 : Je t'ai aimé

Sagittaire : Jaime Lannister (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Situation 183 : Un personnage A fait un cauchemar et un personnage B le rassure

J – Jaime Lannister

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Petit Prince (de Saint-Exupéry) : Écharpe : écrire sur quelqu'un qui
a froid ou une scène qui se déroule sous la neige

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, 1001 situations, alphabets, de
secondaire à principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects,
50 nuances)

Jaime Lannister ne put s'empêcher de frissonner et de cligner des yeux à plusieurs reprises
alors qu'il regardait autour de lui avec un air confus, n'ayant pas le moindre début de petite
idée de où diable où il pouvait se trouver au juste, ni même comment il était arrivé là
exactement.

Et puis, quelques secondes plus tard, il se souvint, il était rentré du travail quelques minutes
plus tôt, et, fatigué, il avait décidé de passer un peu de temps dans le jardin pour se reposer et
il avait dû perdre la notion du temps.

Ses souvenirs des dernières heures étaient plutôt confus, mais alors qu'il se mettait à bailler, il
réalisa que ce n'était probablement pas surprenant.

Il était tout bonnement épuisé, et il avait vraiment besoin de dormir.


Il aurait dû prendre en compte le fait qu'il faisait encore froid en cette fin du mois de mars, et
finissant par se lever il rentra à l'intérieur de sa demeure.

Alors qu'il faisait quelques pas, il posa sa main sur sa poitrine en fronçant les sourcils,
écoutant pendant quelques secondes les battements de son cœur.

Celui ne battait pas plus vite que d'habitude, non, il avait une vitesse normale, enfin pour
autant qu'il pouvait en juger, n'étant pas médecin, mais…

Non, c'était autre chose, quelque chose qu'il n'arrivait pas vraiment à identifier, mais qu'il
sentait pourtant là, palpiter en lui, dans sa poitrine, tout contre son cœur, et c'était comme
si…

Mais non, c'était impossible.

Pourtant…

Il avait bel et bien le sentiment que, pour la toute première fois depuis bien longtemps, son
cœur, ce cœur qu'il avait pensé froid et mort pendant si longtemps, s'était enfin remis à battre.

Il sourit.

Jamais il ne s'était senti aussi vivant depuis des années, et il ne savait pas pourquoi c'était
arrivé, ce qu'il s'était passé, mais il était sûr d'une chose, c'est que ça le rendait heureux.

Quand il avait parlé à Cersei de cette étrange et douloureuse impression de ne plus avoir de
cœur, de ne plus être capable de ressentir quoi que ce soit, de n'être rien du tout à part une
coquille vide, elle l'avait regardé comme s'il était fou, et elle lui avait seulement dit que ce
n'était rien.

Que ça lui passerait, qu'il n'avait pas à s'en faire.

Elle ne l'avait pas compris, alors il ne lui dirait rien du tout, il garderait ça pour lui, caché
contre son cœur qu'il sentait à nouveau battre et vivre.

Il prit une profonde inspiration et n'eut pas le sentiment qu'il était en train d'étouffer.

C'était comme si tout était enfin rentré dans l'ordre.

§§§§

En revanche, revoir Cersei ce soir-là lui donna comme un sentiment… d'étrangeté.

Comme si quelque chose n'allait pas et qu'il était le seul à s'en rendre compte, comme s'il
n'aurait pas dû être là mais ailleurs, et il n'arrivait pas à comprendre pourquoi.

Ce sentiment de malaise ne se dissipa aucunement, même s'il fit de son mieux pour le cacher.

Cersei ne voyait rien, rien du tout, et il avait envie de lui hurler d'ouvrir les yeux, et de le
voir, lui, son mari, de voir que quelque chose avait changé, et pourtant, rien, elle demeurait
obstinément aveugle.

Il n'arrivait même pas réellement à lui en vouloir à vrai dire, pas quand lui-même ne savait
pas ce qui était en train de lui arriver.

Mais ça ne lui plaisait pas du tout, quelque chose avait changé, une chose qu'il ne contrôlait
pas, et ça lui faisait peur.

Il lui parla de sa journée, et elle fit de même, évoquant ses diverses réunions, toute la
paperasse dont elle avait dû s'occuper (note de l'autrice : j'ai aucune idée de comment ça
fonctionne une mairie ou en quoi consiste concrètement le boulot de maire ou de mairesse
lol), ainsi que de la brève coupure de courant qui avait touché la mairie au cours de la
journée.

Il avait aimé cette vie avant.

Mais c'était il y a longtemps, si longtemps qu'il avait fini par oublier ce que ça faisait d'être
heureux, d'être heureux avec elle, tout simplement, comme s'il avait vécu dans un rêve ou
plus précisément, un cauchemar, pendant des années et qu'il venait tout juste de se réveiller,
d'enfin ouvrit les yeux sur la réalité dans laquelle il vivait.

Et le réveil était tout sauf agréable.

Et maintenant, quand il la regardait, quand il voyait ce qu'ils avaient, il avait le sentiment


d'être un prisonnier.

Il ne comprenait pas.

Il avait été si heureux peu de temps auparavant en constatant qu'il ressentait à nouveau des
choses, et maintenant, c'était comme si tout avait basculé, juste parce qu'elle était là, et ça
n'avait aucun sens.

Alors, une pensée, horrible, terrible, abominable, l'avait traversé, qu'il avait repoussée le plus
loin possible de lui-même sans accepter d'y réfléchir une seule seconde.

Celle que peut-être, peut-être, il n'était plus amoureux de Cersei et que c'était de là que lui
venait cet insupportable malaise.

Mais non, c'était impossible, ça ne pouvait pas être vrai, c'était impensable, tout simplement,
parce que Cersei Lannister était son âme-sœur, sa femme chérie, l'amour de sa vie, et qu'il
l'aimait forcément, il ne pouvait pas en être autrement, il le savait, il l'aimait, c'était une
certitude qui ne changerait jamais.

Pas vrai ?

Pas vrai ?

§§§§

Cette nuit-là, le lion eut beaucoup de mal à dormir.


En fait, ce fut même pire que ça.

Il passa tout son temps à faire des cauchemars remplis d'ombres et de noirceur et dont il ne se
souvint pas, ou à peine, mais où il n'y avait que de la douleur, des hurlements et l'enfer aussi.

Il avait mal.

Il avait si mal, et dans ce songe dont il était prisonnier, il y avait lui qui hurlait, parce que son
cœur, son cœur…

Qu'était-il arrivé à son cœur ?

Il se réveilla en hurlant et en étant terriblement soulagé de ne pas avoir obtenu la moindre


réponse à sa question, parce qu'il avait le sentiment que cette dernière l'aurait horrifié.

Cersei alluma la lumière et le regarda avec des yeux fatigués et en fronçant les sourcils.

« Jaime… Dit-elle d'une voix inquiète, est-ce que ça va ?

- Je… je… je, bafouilla-t-il, toujours perdu et désorienté, ayant le sentiment qu'il devait
se souvenir de quelque chose mais qu'il n'y parvenait pas et plus il essayait plus le souvenir
lui échappait, et c'était, c'était…

Il n'avait même pas de mots pour qualifier ce que c'était.

Il secoua la tête.

Si c'était tellement douloureux, alors ne valait-il pas mieux pour lui de continuer à oublier ?

(Puisque la vérité faisait si mal, autant ne jamais se rappeler.)

- Je ne sais pas, je crois que j'ai fait un cauchemar.

- Quoi comme cauchemar ?

- Je… je ne me rappelle pas. »

Puis, il la regarda et sans comprendre pourquoi, il faillit avoir un mouvement de recul,


comme s'il devait à tout prix s'éloigner d'elle, comme si elle lui faisait peur, comme si…

Comme si c'était elle l'ennemie qu'il devait craindre.

Ce qui n'avait à nouveau pas le moindre putain de sens.

Pourquoi aurait-il dû avoir peur d'elle ?

Elle l'attira contre lui et le serra dans ses bras.

« Ça va aller, lui promit-elle avant de l'embrasser sur le front et de passer sa main dans son
dos en un geste rassurant. »
Il aurait aimé la croire.

Il aurait aimé y arriver et pourtant, il ne put se débarrasser de ce malaise qui l'envahissait de


plus en plus au fur et à mesure qu'il passait du temps avec elle.

Il ferma les yeux.

Ça passerait d'ici le lendemain.

Enfin, il l'espérait de tout son cœur.

§§§§

Yara affichait un sourire radieux lorsqu'elle retrouva Marina et Stannis.

« Alors ? Lui demanda la dunkerquoise, anxieuse.

- J'avais raison, affirma alors la fer-née, et j'ai réussi.

Ils soupirèrent tous les deux de soulagement.

- Félicitations, Lady Greyjoy, lui dit Stannis, mais le fait qu'il ait récupéré son cœur…
pensez-vous que ça changera quelque chose ?

Elle n'était pas vraiment étonnée par cette réaction, c'était de Stannis qu'il s'agissait après
tout, il avait souvent tendance à tout voir en noir ou à imaginer le pire.

Et elle devait reconnaître qu'il n'avait pas tout à fait tort, est-ce que ça aurait réellement un
impact quelconque sur l'ancien chevalier ?

Elle ne le savait pas.

Personne ne pouvait le savoir.

- Je l'ignore, avoua-t-elle avec franchise, ce que j'ai fait, je… Je ne l'avais jamais fait avant, et
je n'ai aucune idée de ce qui va se passer avant, parce que… ce n'est jamais arrivé avant.
Dans notre monde en tout cas et je… Non, je ne sais pas.

- Il va probablement ressentir à nouveau des sentiments, comme autrefois, avant que Cersei…
ne lui enlève son cœur, indiqua Marina qui était celle qui s'y connaissait le mieux sur ce sujet
contrairement aux deux autres (note de l'autrice : désolée, wiki Angie n'était pas disponible à
ce moment-là, elle était trop occupée à écrire des fics et à aller à la fac et à surtout ne pas du
tout être au courant que cette histoire prendrait si longtemps à être écrite), mais pour ce qui
est du reste…

- Est-ce que ça pourrait lui permettre de récupérer ses souvenirs ? Demanda l'ancien seigneur
de Peyredragon.

Avoir un nouvel allié aurait déjà été une amélioration de leur situation actuelle, mais qu'il
s'agisse de Jaime Lannister en personne, qu'ils puissent le voler à Cersei sans qu'elle puisse y
faire quoi que ce soit ?

Ça, ça aurait été en prime la vengeance parfaite contre la femme qui l'avait séparé de sa fille.

- Peut-être, lui répondit Yara qui n'en savait véritablement rien.

Graham avait commencé à récupérer ses souvenirs après avoir embrassé Emma, du moins en
partie, voire tout le reste, elle ne savait plus, mais son cœur ne lui avait jamais été rendu (note
de l'autrice : ouais et c'était pas juste d'ailleurs, il méritait mieux que ça, révolte ! Hum…
désolée mais bon à force de faire de plus en plus de références à cette série et à ce moment en
prime il fallait bien que je finisse par gueuler à un moment), et concernant les autres
personnages dont le cœur avait été arraché puis remis à sa place, hé bien…

Aucun d'eux n'avait perdu la mémoire à ce moment-là, et même si ça avait été le cas,
récupérer leur cœur n'aurait pas changé grand-chose à leur amnésie.

Mais ils n'étaient pas dans Once Upon a Time ici, et encore moins à Storybrooke, ils venaient
de Westeros, pas de la Forêt Enchantée, et ils vivaient à Kintzheim ici, les règles étaient
différentes, plus incertaines et floues.

Alors, qui sait…

- La seule certitude que j'ai, poursuivit la fille de Balon Greyjoy, c'est qu'il ne sera plus le
même qu'avant. La question c'est surtout à quel point et aussi s'il va s'en rendre compte ou
pas, s'il va réaliser que quelque chose ne va pas. S'ilva se réveiller ou préférer rester dans le
déni.

Ah, le déni (note de l'autrice : quelle invention merveilleuse ! Oui je sais je me tais, je me
tais.), la guerrière le voyait tous les jours à Kintzheim, chez tous les habitants qu'elle croisait,
qui faisaient tous de leur mieux pour faire comme si tout allait bien.

Comme si leur vie n'était pas un véritable enfer dont ils ne pouvaient pas s'échapper.

Pas encore, du moins c'était ce qu'ils croyaient.

Mais Vère s'était échappée.

Elle avait réussi à fuir, et elle s'était enfin libérée de la prison dans laquelle son père l'avait
enfermée, et une part d'elle-même ne guérirait jamais vraiment, et il lui faudrait des années de
thérapie avec Ros pour aller mieux, mais elle était sur la bonne voie au moins.

Elle pourrait servir d'exemple à celles et ceux qui pensaient qu'ils ne pourraient pas avoir
mieux que ce qu'ils avaient.

Et maintenant, il y avait Jaime Lannister aussi, qui peut-être, allait comprendre et ouvrir les
yeux sur le monde qui l'entourait et comprendre enfin.

Ça avait sans doute déjà commencé.

Et Yara n'attendait plus qu'une seule chose.


Qu'il réalise qu'il était enfermé dans une cage lui aussi et qu'il s'en échappe enfin.

Elle voulait juste qu'ils soient heureux et libres.

Rien de plus.

Et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour y arriver.

A suivre…
Sans amour, sans choix.
Chapter Notes

Titre du 28/10/2021 : Sans amour, sans choix

Sagittaire : Jaime Lannister (GOT)

J – Jaime Lannister

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… citations de Kaamelott : J'irai me coucher quand vous m'aurez juré
qu'il n'y a pas dans cette forêt d'animal plus dangereux que le lapin adulte ! : écrire une
scène en pleine nature ou écrire sur une phobie qui paraît ridicule aux yeux des autres

257) 50 nuances de personnages LGBT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, elles ont dit, Sarah & son cerveau,
UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Il voyait Cersei d'un tout nouvel œil désormais depuis quelques jours.

Une semaine entière s'était écoulée depuis qu'il avait constaté ce changement chez lui, et
c'était comme s'il voyait le monde qui l'entourait d'une toute autre façon.

Et il n'avait toujours pas la moindre idée de ce qu'il était censé en penser.

Était-il supposé s'en réjouir ou au contraire en avoir peur, lui qui ne comprenait même pas ce
qui était en train de lui arriver ?

Alors que peu de temps avant, il avait l'impression de ne plus rien ressentir, maintenant,
c'était le contraire, c'était comme s'il ressentait bien trop de choses à la fois, comme s'il
n'avait plus l'habitude, presque comme si ce n'était plus ses émotions à lui.

Ce qui était absurde bien sûr, et il le savait pertinemment.

Ça ne changeait rien au fait qu'il se sentait actuellement complètement perdu.

Son univers avait basculé, il n'était plus le même homme, il se sentait vivant à nouveau, il
n'était plus vide, et ça ne concernait pas seulement sa femme à vrai dire.
Mais aussi le reste de sa famille, il y avait l'amour qu'il ressentait pour ses enfants, pour
Myrcella, pour Tommen et pour Joffrey (même si pour lui cet amour bien que sincère était
également mêlé de crainte parce qu'il voyait enfin les ombres dans ses yeux et la noirceur, lui
qui les avait ignorés pendant, oh, si longtemps et fait comme s'ils n'existaient pas parce que
c'était plus facile comme ça), pour son frère Tyrion, pour ses proches pour ses collègues, pour
ses amis.

Il aimait, il ressentait des choses, enfin, il respirait librement à nouveau.

Il n'était plus un fantôme.

Et il n'était plus amoureux de Cersei.

Il aurait dû comprendre ça plus tôt sans doute, l'accepter dès cette soirée si étrange et
dérangeante durant laquelle il avait eu l'impression de lentement se réveiller après être resté
endormi trop longtemps, comme prisonnier d'une sorte de brume qui refusait de le laisser
partir.

Mais il n'avait pas pu, parce que ça aurait été reconnaître que sa vie, leur vie, qu'ils avaient
bâti ensemble et pour laquelle il s'était tant battu autrefois était lentement en train de
s'effondrer parce qu'elle ne lui convenait plus.

Parce qu'il n'était plus heureux avec elle.

Il aurait aimé savoir pourquoi, savoir ce qui avait changé, si ça venait de lui, d'elle, des deux
ou juste du temps qui avait émoussé ce qu'il pensait autrefois être capable de durer pour
l'éternité.

Il n'aurait pas pu savoir que la cause venait tout simplement d'une fer-née qui lui avait rendu
son cœur et son humanité ainsi que son libre-arbitre en même temps.

Il avait passé une semaine dans le déni complet, en essayant de ne pas y croire, de ne pas voir
ce qui était pourtant une évidence.

Ça avait été un échec total.

Et maintenant, quand il voyait Cersei, il ne voyait plus la femme qu'il aimait, son cœur ne
battait plus elle, il le savait bien maintenant, c'était comme si tout son amour et son affection
s'étaient évanouis en un instant, et il n'arrivait pas à comprendre pourquoi.

C'était désespérant vraiment.

Ce n'était pas le seul changement d'ailleurs.

Maintenant, il n'était plus toujours d'accord avec Cersei.

Avant, tout ce qu'elle disait, faisait, décidait, pour leur famille, leur couple ou la ville lui
semblait logique, censé, pertinent, brillant même et il l'approuvait sans discuter.

Désormais, ce n'était plus forcément le cas.


Il n'avait pas exprimé son désaccord, pas encore en tout cas, parce qu'il n'avait pas eu de
réelle divergence avec elle, mais il s'était retrouvé plusieurs fois à froncer les sourcils et à
avoir envie de la contredire, ce qui n'était jamais arrivé avant cela.

C'était… perturbant.

C'était presque comme si ces derniers temps, il n'avait rien été de plus qu'une simple
marionnette dont on manipulait les fils dans l'ombre sans qu'il puisse s'y opposer ou même
s'en rendre compte et que d'un seul coup, les fils en question avaient brusquement été coupés
et qu'il était enfin libre et conscient en plus du reste.

Qu'il pouvait à nouveau se mouvoir, penser, agir en ayant enfin le choix.

C'en était presque terrifiant.

Et ça n'avait aucun sens.

Alors il ne dit rien à Cersei, il ne dit rien à personne, il se tut et enfouit son secret en lui-
même.

Parce que c'était mieux comme ça.

Et puis, ce n'était pas comme si les choses allaient réellement changer, pas vrai ?

(Une paire d'yeux bleus saphir allaient bientôt lui donner tort.)

§§§§

Elle aurait déjà dû être là.

Yara n'aimait pas ça, pas du tout, Sansa était en retard à leur leçon de conduite, et ce n'était
pas normal, elle aurait dû, elle aurait dû…

Elle aurait dû être arrivée.

Elle n'avait jamais été en retard jusque-là, et la fer-née ne se souvenait que trop bien de la
réaction de la rousse alors qu'elle constatait qu'elle était en retard pour voir Joffrey, et elle
pria de toutes ses forces le Dieu noyé pour que ce foutu lion ne soit pas responsable de ce
retard sinon elle allait lui faire comprendre que son comportement était inacceptable.

Et pas avec des mots mais avec des poings, ça rendrait probablement le message plus clair et
plus limpide.

Ou du moins elle l'espérait, et puis ça lui permettrait de se défouler un peu sur le blond, ce
qui était toujours ça de pris.

Quand elle vit enfin son ancienne petite-amie apparaître, le soulagement l'envahit, avant
qu'elle ne voie la trace de sang encore visible sur le visage de la jeune femme avant que celle-
ci n'essaie de la faire disparaître, et la rage l'envahit à nouveau.
Elle ne dit rien pourtant, parce que Sansa ne voulait pas en parler et parce qu'elle n'était
toujours pas prête à fuir, pas encore en tout cas.

Qu'aurait-elle pu faire pour l'aider de toute façon ?

Alors elle ravala sa haine et se jura qu'un jour, oh, un jour…

Un jour elle le ferait payer…

§§§§

Jaime n'était pas comme d'habitude.

Cersei avait mis un peu de temps à s'en rendre compte, à le voir, à le réaliser, parce qu'il avait
bien su le cacher, mais…

Elle le lisait dans ses yeux, que quelque chose avait changé, qu'il n'était plus le même, mais
elle ne savait pas pourquoi ni comment, mais elle avait bien l'intention de le découvrir et de
faire redevenir les choses telles qu'elles étaient avant.

Pour que jamais rien ne change, comme c'était le cas depuis qu'elle avait créé Kintzheim.

Elle avait été la reine des Sept Couronnes après tout.

Alors rien ni personne ne lui faisait peur, et surtout pas son jumeau.

§§§§

Brienne.

Ce n'était qu'une collègue, une amie, et ce, depuis toujours, depuis qu'il la connaissait, à
savoir depuis… depuis tellement d'années qu'il ne savait même plus à force, comme si les
souvenirs s'étaient effacés les uns après les autres.

Ça aussi ça avait changé, le fait qu'il ait finalement réalisé le nombre de choses dont il
n'arrivait pas à se rappeler clairement quand il essayait précisément de s'en souvenir, et une
partie de lui-même commençait doucement à s'en affoler.

Pourquoi ?

Pourquoi n'arrivait-il pas à se souvenir, pourquoi les souvenirs se brouillaient-ils dans sa tête,
pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

C'était à n'y rien comprendre.

Et il y avait Brienne, au milieu de tout ce fatras, de ce chaos improbable qu'était devenu son
esprit, véritable champ de bataille meurtri et ensanglanté, Brienne qu'il n'avait jamais
vraiment remarquée avant cela.

Et maintenant, c'était comme s'il la voyait pour la première fois.


Comme s'il la voyait vraiment, après être resté aveugle pendant des années.

Ça non plus ça n'avait pas le moindre sens.

Elle était la même qu'autrefois, et ce n'était pas comme s'ils étaient plus proches qu'ils ne
l'étaient dans le passé, non, rien n'avait changé.

C'était lui qui avait changé.

Ça aurait pu être bien, comme changement, de sentir son cœur battre à nouveau, comme
avant, de le sentir s'emballer dès qu'il voyait la blonde, de reconnaître les signes, de réaliser
qu'il était en train de tomber amoureux.

(Il l'aimait déjà, il avait juste oublié.

L'esprit oublie, mais le cœur se souvient.

Toujours.

Et son cœur commençait à peine à se rappeler mais sans que l'esprit ne suive ou qu'il ne
comprenne, malheureusement.)

Sauf qu'il était marié à une autre.

Et il aimait toujours Cersei, forcément, des années de relation et d'amour sincère ne pouvaient
pas s'effacer comme ça, en un claquement de doigts, en à peine quelques jours, et ce ne serait
qu'une passade et bientôt tout redeviendrait normal et comme avant, comme si rien ne s'était
passé, n'est-ce pas ?

N'est-ce pas ?

§§§§

La forêt de Kintzheim était l'endroit parfait pour réfléchir tranquillement.

Il s'était disputé avec Cersei, pour la première fois depuis… depuis… depuis…

Depuis…

Il n'y arrivait pas.

Il n'arrivait même pas à se rappeler d'une seule fois depuis qu'ils étaient ensemble où ils
avaient bien pu s'engueuler comme n'importe quel couple ou presque le faisait, que ce soit
pour des conneries ou quelque chose de plus important, et il était sûr que ça avait dû arriver,
ils n'étaient pas un couple parfait, mais il n'en avait pas le moindre souvenir.
Mais bon Dieu, qu'est-ce qui n'allait pas chez lui bordel ?

Le problème venait de Joffrey, et de la manière dont il traitait la fille aînée de Baelish (Jaime
avait du mal à croire qu'elle puisse être sa fille, elle lui ressemblait si peu. Aucun de ses
enfants n'avait hérité de son caractère à vrai dire), chose que Cersei ne voyait pas, ou ne
voulait pas voir.

Il ne la blâmait pas en réalité.

Lui non plus n'avait rien vu.

Sauf que maintenant, il voyait, et il refusait de fermer les yeux plus longtemps, parce que
c'était injuste.

Mais elle avait refusé de l'écouter, et il…

Il voulait juste faire quelque chose de bien, aider les gens, arranger les choses, et même si ça
passait par accuser son propre fils hé bien soit.

Cette situation n'avait que trop duré de toute façon.

Et il arriverait à convaincre Cersei, il en était sûr.

Et si ce n'était pas le cas…

Il n'était pas franchement sûr de ce qu'il ferait alors.

Et alors qu'il croisait le regard de Brienne, pendant quelques brèves secondes, il sentit sa
colère diminuer, un peu, et son cœur battre un peu plus vite.

Il avait vraiment envie de croire que ce qu'il était en train de ressentir s'effacerait bientôt et
disparaîtrait dans le néant, ça rendrait les choses plus faciles et mieux vivables.

Malheureusement, il sentait au fond de lui-même que les choses ne seraient pas aussi simples.

Rien n'était jamais simple à Kintzheim, ça se saurait si c'était le cas.

§§§§

Il était en train de lui échapper.

Maintenant, Cersei n'avait plus le moindre doute à ce sujet, elle était en train de perdre Jaime
petit à petit, bribe par bribe, et elle s'en rendait de plus en plus compte chaque jour qui
passait.

Et elle n'arrivait pas à le retenir, elle ne savait pas ce qui était en train de se passer, mais elle
se voyait incapable d'enrayer le processus, elle perdait le contrôle.

Elle n'aimait pas ça, pas du tout, et surtout elle n'aimait pas le fait de ne pas comprendre ce
qui leur arrivait, à tous les deux.
Sans doute un effet de la venue de Yara Greyjoy et Marina Leszczynska qui perturbait non
seulement la malédiction mais aussi les habitants eux-mêmes.

Après tout, l'évasion de Vère ainsi que son accouchement avaient été provoquées par leur
présence, parce que l'horloge avait recommencé à tourner à cause d'elles, et maintenant Jaime
agissait bizarrement.

C'était de leur faute.

Mais ce n'était pas grave, elle avait toujours son cœur, et elle se réjouit alors d'avoir choisi de
le garder avec elle, bien à l'abri dans sa boite, elle allait pouvoir le contrôler à nouveau, le
faire redevenir comme il était avant, lui faire comprendre avec quelques mots qui il était
vraiment.

Et tout rentrerait dans l'ordre, son ordre.

Un ordre que personne n'avait le droit de perturber ou de troubler, pas même son propre mari.

Elle se rendit alors un lundi après-midi à la mairie, sure et certaine de trouver ce qu'elle
cherchait dans son bureau.

Elle ouvrit la boite, qu'elle n'avait pas ouverte depuis des mois, n'en voyant pas l'utilité, et son
visage se décomposa immédiatement.

Le cœur avait disparu.

Et à la place, il y avait une pomme rouge.

Quoi ?

A suivre…
La rage du lion.
Chapter Notes

Titre du 04/05/2022 : La rage du lion

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Sansa/Yara

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… F4 (Boys Over Flowers) : Gu Jun Pyo : Écrire sur un riche héritier
ou écrire sur une personne qui aime dépenser et gâter ses proches.

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, ships rares, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects,
50 nuances)

Elle était Cersei Lannister.

Elle était la fille de Tywin Lannister, elle était une lionne, elle avait été reine, elle avait utilisé
à son avantage une malédiction pour qu'elle favorise ses intérêts, elle avait pris les rênes
d'une ville et la contrôlait sans le moindre accroc depuis presque deux ans, elle était la
mairesse, elle s'était construit une vie à sa mesure, elle était l'héritière de la fortune de son
père et de bien d'autres choses.

Elle avait navigué dans les eaux troubles de la cour de Port-Réal et ses intrigues pendant des
années, elle avait joué aux jeux des trônes pendant très longtemps, elle avait survécu à tout
ça, et elle était supposée être capable de garder son calme en toutes circonstances.
Pourtant, alors qu'elle découvrait que le cœur de son frère jumeau avait été remplacé à son
insu par une pomme rouge comme le sang, elle ne put retenir le cri de rage qui sortit de sa
gorge et se répercuta dans son bureau.

Une chance que cette partie de la mairie soit vide à cette heure-ci (c'était bien pour ça qu'elle
avait choisi ce moment, pour que personne ne la surprenne en train de donner des ordres à
un cœur), non pas qu'elle s'en soucie réellement à ce moment-là, pas alors qu'une seule et
unique chose occupait actuellement son esprit.

Il n'était plus là.

Il avait disparu.

Ce qui signifiait donc que quelqu'un l'avait pris.

Qui ?

Qui avait bien pu oser faire une chose pareille, qui avait eu l'audace et l'outrecuidance de
s'emparer de ce qui était à elle ?

(Non.

Ce cœur n'était pas à elle, il ne l'était plus et ce depuis longtemps, il avait cessé de lui
appartenir le jour où Jaime était tombé amoureux de Brienne de Torth, qu'elle l'ait arraché à
sa poitrine n'y changeait absolument rien et une partie d'elle le savait tout en refusant
férocement de le reconnaître et de l'accepter.

Yara n'avait fait que remettre les choses à leur juste place.)

Elle serra les poings de rage, à deux doigts d'exploser.

Personne ne savait, personne ne pouvait le savoir, elle ne l'avait jamais dit à qui que ce soit, et
même ceux qui avaient été là, qui y avaient assisté et qui comptaient parmi ses alliés, à savoir
Qyburn et Gregor Clegane, avaient perdu la mémoire comme presque tout le monde (note de
l'autrice : je sais littéralement plus si c'est le cas ou pas mais comme je passe mon temps à
oublier leur existence et le fait qu'ils ont aidé Cersei, osef on va dire que oui c'est bien ça
parce que c'est plus facile comme ça et que j'ai la flemme de vérifier), donc ça ne laissait que,
que…

Son regard se durcit puis s'obscurcit.

Il n'y avait, pour l'heure, que deux noms qui lui venaient en tête.

Deux noms qui s'imposaient par leur évidence.

Les noms de deux personnes qui empoisonnaient sa vie depuis leur arrivée par leur simple
existence.

Yara Greyjoy et Marina Leszczynska, et d'une certaine manière, elle n'était pas étonnée.
Qui d'autre qu'elles auraient bien pu être capables de faire une chose pareille, de s'opposer à
elle aussi ouvertement, là où les autres habitants de la ville se trouvaient incapable de se
rebeller d'une quelconque manière ?

L'une ou l'autre, voire les deux, après tout peu importe, ce qui comptait c'était ce qu'elles
avaient fait, ce qui était arrivé.

Parce que ça ne pouvait être qu'elles, évidemment, elle en était maintenant convaincue et
persuadée, tout en elle hurlait que ce n'était qu'un mauvais coup de plus de leur part pour la
déstabiliser et faire trembler son empire.

Parce que Yara venait de Westeros, et elle ne savait pas qui était cette Marina au juste, ni ce
qu'elle faisait là ou encore moins comment elle était rentrée alors qu'elle venait de ce monde,
et elle ne savait pas non plus ce qu'elle savait exactement ni même si elle savait tout court.

Mais si elle était au courant, si elle avait cru la guerrière quand elle lui avait dit venir d'un
autre monde et qu'une malédiction avait ôté la mémoire de tous ceux qu'elle connaissait, si
elle avait accepté de la croire au lieu de la prendre pour une folle ou une menteuse comme
n'importe qui d'autre l'aurait fait à sa place, alors elle était très dangereuse.

Sans compter que le fait qu'elle perdait régulièrement la mémoire n'y changeait rien du tout,
étant donné le fait que Yara s'en était rendue compte et lui faisait quitter la ville le plus
souvent possible pour qu'elle se souvienne.

Mais elle ne savait pas du tout à quel point ses connaissances quant à la situation pouvaient
être élevées.

Après tout, elle ne lui avait jamais parlé, n'avait jamais daigné lui adresser la parole, parce
que ça ne lui semblait pas important, parce que jusque-là la dunkerquoise et la fer-née
n'avaient pas encore réussi à troubler l'ordre de la ville, ou du moins pas assez pour que ça
devienne grave.

Le fait que Vère ait fini par accoucher ou que le temps ait repris son cours, ce n'était pas
problématique tant que le reste de la ville ne se rendait compte de rien, et ce ne serait l'affaire
que de quelques jours voire semaines, le temps qu'elle trouve une solution pour les chasser de
Kintzheim avec une excuse crédible.

Et alors, tout rentrerait dans l'ordre et la malédiction reprendrait ses droits, elle en avait
l'absolue certitude.

Mais là, là…

Si elles commençaient à bouleverser sa vie personnelle, si toute cette histoire touchait


maintenant sa famille, si…

Si elle perdait Jaime alors elle ne saurait pas ce qu'elle ferait.

C'était pour lui qu'elle avait fait tout ça, pour ne pas le perdre, pour pouvoir le retrouver à
nouveau, comme avant, comme autrefois, pour qu'ils puissent s'aimer librement, sans crainte,
sans jugement, sans avoir à se cacher, pour que leur amour puisse renaître aussi beau, fort et
flamboyant qu'autrefois.

Pour que plus rien ne se mette en travers de leur chemin.

(Ça aurait pu être beau, si seulement elle n'avait pas privé l'homme qu'elle était censée aimer
de ses souvenirs, de son libre-arbitre et de son cœur en même temps, si elle avait accepté de
le laisser partir au lieu de tenter de le retenir de force.)

Et ne plus avoir le cœur de Jaime sous la main, ça voulait dire qu'elle ne pouvait plus le
contrôler, donc qu'elle allait effectivement le perdre, inexorablement, et elle ne pouvait pas le
supporter.

Comment avaient-elles su ? Se demanda-t-elle, fulminante de rage.

Comment avaient-elles bien pu être au courant, comment l'avaient-elles appris alors qu'elles
n'étaient là que depuis quelques semaines et que puisqu'il n'y avait pas de magie à Kintzheim,
comment avaient-elles fait pour…

Yara l'avait sans doute appris avant son départ, départ pour lequel elle n'avait d'ailleurs
toujours pas la moindre explication, elle ne savait pas comment elle avait bien pu faire pour
échapper à la malédiction et garder sa mémoire tout en venant ici.

Elle n'avait que des hypothèses et aucune véritable certitude et c'était tellement… agaçant.

Personne n'aurait pu la renseigner à ce sujet, pas même ses petits oiseaux.

Petits oiseaux qui ne lui rapportaient plus grand-chose comme informations ces derniers
temps, c'était… curieux.

(Les choses changeaient.

Le vent tournait, peu à peu.

Peut-être eux aussi commençaient-ils à le voir et à le comprendre.

Peut-être aurait-elle dû comprendre elle aussi au lieu de rester enfoncée dans le déni et son
orgueil qui la persuadait qu'elle ne pourrait jamais être vaincue, surtout sur son propre terrain,
qu'elle parviendrait à tous les défaire un par un sans la moindre difficulté.

Mais elle était une lionne après tout, et une Lannister qui plus est.

Certaines choses ne changeaient jamais vraiment…)

Mais quelqu'un l'avait bien fait alors si ce n'était pas elles, alors qui…

Et alors, un terrible doute, né de la paranoïa provoquée par le fait de passer des années à se
méfier de tout et de tout le monde, même de ses propres alliés lorsqu'elle vivait encore dans
le Donjon rouge, l'envahit soudainement.
Et si…

Et si elle avait tort finalement, et qu'elle soupçonnait les mauvaises personnes ?

Que ce n'étaient ni Yara, ni Marina les responsables de ce vol mais bien des personnes qui
étaient au courant sans qu'elle l'ait su à l'époque où c'était arrivé ?

Après tout, Littlefinger avait toujours eu des petits oiseaux à Westeros lui aussi et ce, jusqu'à
la fin…

Et il se souvenait.

Il n'était pas le seul d'ailleurs, les Bolton père et fils aussi, et quant à Qyburn et la
Montagne…

Hé bien ils travaillaient pour elles, ils lui étaient loyaux jusqu'à preuve du contraire et a priori
ils avaient perdu la mémoire, mais…

On ne savait jamais.

Elle allait devoir les surveiller encore plus qu'avant, se méfier d'eux plus qu'elle ne le faisait
déjà, et si jamais elle avait la preuve qu'ils essayaient de la déstabiliser pour acquérir plus de
pouvoir, hé bien…

Elle les détruirait.

Tout comme elle détruirait la fer-née et son amie.

Une fois sa rage calmée, elle se rendit compte d'une autre chose.

C'était qu'en réalité, elle savait exactement où se trouvait le cœur de son mari.

Il était à sa place, dans sa cage thoracique, tout simplement.

Et elle sut.

Elle sut alors qu'elle avait raison, et surtout que c'était pour ça et uniquement pour cette
simple et unique raison qu'il avait changé à ce point-là, pas seulement parce que la
malédiction commençait à s'effriter petit à petit tel un château de sable, elle qui l'avait voulu
aussi solide qu'un roc.

Non, il avait retrouvé son cœur, ses sentiments et sa liberté d'action.

Et c'était une catastrophe.

Elle eut bien du mal à ne pas se mettre à hurler de nouveau.

Parce qu'elle ne pouvait rien y faire.

Elle ne pouvait plus le changer désormais, elle n'aurait plus jamais le contrôle sur lui.
Parce que son cœur lui avait été rendu.

Elle referma la boite d'un coup sec, avant de la balancer à l'autre bout de la pièce, ne prenant
même pas attention au fait qu'elle l'avait cassée en deux.

Maintenant qu'elle était vide, elle ne lui serait plus d'aucune utilité de toute façon.

Mais peu importe.

Elle trouverait un moyen de le garder.

Quel que soit le prix à payer, elle trouverait un moyen pour qu'il reste à ses côtés.

Elle lui avait déjà arraché le cœur après tout, elle n'était plus à ça près…

§§§§

Esgred n'avait rien dit durant leur leçon de conduite, mais Sansa savait ce qu'elle pensait, elle
le lisait dans ses yeux, elle voyait la peine, la tristesse, la compassion, la rage aussi, ainsi
qu'un désir viscéral de la protéger.

Elle ne savait pas pourquoi elle se souciait de son sort, alors qu'elle la connaissait à peine,
mais elle savait que c'était elle qui avait pris soin de Vère quand elle avait eu besoin d'aide,
alors peut-être qu'elle voulait juste s'élever contre l'injustice et améliorer la vie de ceux qui en
avaient besoin.

(Elle voyait ça, mais elle ne voyait pas le regard empli d'amour que posait sur elle la fer-née
lorsqu'elle ne la regardait pas.)

Et la rousse voulait fuir aussi, elle le voulait tellement, mais jusque-là ça lui paraissait
impossible, excepté que maintenant…

Maintenant elle voulait y croire.

Parce que Vère avait pu fuir loin de son père, parce que Theon était certes toujours prisonnier
tout comme elle, mais qu'il commençait à remonter à la surface, petit à petit, parce que Jeyne
était là, tout comme Esgred.

Et parce que Jaime Lannister lui avait parlé, parce qu'il savait, et qu'il voulait l'aider.

Si elle n'avait rien dit avant, c'était parce qu'elle avait peur, peur de ne pas être crue, peur que
ça ne soit pas suffisant, parce qu'il s'agissait de Joffrey, qu'il était puissant et influent, parce
que sa mère régnait littéralement sur la ville et qu'elle avait presque les pleins pouvoirs.

Elle n'était plus seule, et depuis quelques temps, elle avait le sentiment d'être enfin sortie de
cette torpeur dans laquelle elle était plongée et qui l'avait persuadée pendant si longtemps que
ça ne servirait à rien qu'elle tente de s'échapper parce qu'il la retrouverait toujours où qu'elle
soit.

Elle se sentait le courage de fuir et de se battre, de faire face à l'adversité.


Elle aussi elle voulait être forte et courageuse.

Et elle le serait.

Oh que oui, elle le serait, elle se le jurait.

« Maman ?

Son père ne l'écouterait pas, elle le savait déjà, elle avait essayé.

Catelyn leva les yeux sur elle.

- Oui ma chérie ? Qu'y-t-il ?

Sansa prit une profonde inspiration.

- Il faut que je te parle. »

Le sort en était jeté…

Et il était impossible pour elle de revenir en arrière désormais.

A suivre…
Mon cœur saigne pour toi.
Chapter Notes

Titre du 21/09/2021 : Mon cœur saigne pour toi

Vierge : Sansa Stark (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prompt 120 : « Je t'aime. »

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Petit Prince (de Saint-Exupéry) : Rose : écrire sur quelqu'un qui
offre des fleurs ou sur quelqu'un qui veille sur un autre

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal,


prompts infinis, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50
nuances)

Dans les yeux de sa mère, réalisa alors Sansa, il y avait, maintenant qu'elle avait enfin fini par
parler, de l'horreur et une bonne dose de culpabilité et de remords aussi.

Elle aurait aimé pouvoir lui dire que ce n'était pas de sa faute, que seul Joffrey était
responsable de ce qui lui était arrivé, de la situation dans laquelle elle se trouvait, mais sa
mère ne lui en laissa pas le temps.

« Je suis désolée Sansa, murmura Catelyn, la gorge nouée et les poings serrés par la rage,
alors qu'elle retenait ses larmes. Je suis tellement désolée. »

C'était sa fille qui avait souffert, pas elle, ce n'était pas à elle de pleurer.

Et elle n'avait rien vu…

Pourquoi n'avait-elle rien vu, comment avait-elle pu être aussi aveugle, comment se faisait-il
qu'elle n'ait pas compris ce qu'il se passait ou à quel point sa fille aînée souffrait ?
Tout était là, devant ses yeux, et pourtant elle était restée sourde et aveugle alors que pendant
ce temps-là, Sansa hurlait en silence sans que personne ne prenne la peine de l'écouter.

(Ce n'était pas de sa faute, ça n'avait jamais été de sa faute, et si elle avait su pour la
malédiction, le changement de monde, la magie, leurs mémoires effacées, leurs
comportements modifiés, leur liberté arrachée, la Stark née Tully s'en serait rendue compte.

Mais il n'était pas temps pour ça, pas encore, pas tout de suite.)

Et aussi, pourquoi est-ce que personne ne savait, pourquoi est-ce que personne n'avait rien vu
et s'il y avait des gens au courant, alors dans ce cas, pourquoi ?

Pourquoi est-ce que personne n'avait rien fait, pourquoi personne n'avait agi ?

« Tu vas revenir à la maison, il est hors de question que tu retournes chez ce… chez ce…
chez ce monstre, cracha sa mère, la colère remplaçant temporairement sa tristesse, tandis
qu'une lueur de détermination farouche se dessinait dans son regard.

Et alors, un poids dont elle n'avait que trop conscience s'évanouit des épaules de Sansa.

Sa mère la croyait.

Elle savait bien que celle-ci l'écouterait, elle l'aimait et lui faisait confiance, elle se doutait
bien qu'elle aurait son soutien, mais elle n'avait pas pu s'empêcher d'avoir peur, parce que sa
mère n'était plus la même depuis quelques années et à cet instant précis, elle avait
l'impression que Catelyn Baelish était enfin redevenue elle-même.

Qu'elle avait fini par se réveiller après être restée endormie pendant bien trop longtemps,
comme elle et d'autres habitants de la ville.

Et ça lui donnait un infime espoir, celui d'enfin échapper à cet enfer qui était le sien depuis
des années.

Les choses étaient en train de changer à Kintzheim.

Et ce changement, rien ni personne ne pourrait l'arrêter.

- Merci maman, lui répondit-elle en souriant, un sourire vrai et sincère celui-là, pas un sourire
factice qui n'avait pour but que de faire croire que tout allait bien.

- Tu n'es pas seule, pas vrai ? Lui demanda sa mère, inquiète. Il n'a pas réussi à te séparer de
tes amis, et il y a bien des gens qui essayent de t'aider ?

La rousse acquiesça.

- Oui. Il y a Jeyne, elle a tout fait pour que… ma situation s'améliore. Ça n'a pas marché,
mais au moins, elle a essayé, elle a vraiment essayé. Jaime Lannister m'apporte son soutien
également, il a fini par prendre conscience du monstre qu'est son fils. Et aussi… il y a Esgred
Miller, c'est grâce à elle et à ce qu'elle a fait pour Vère que j'ai trouvé le courage de te parler
de ce que Joffrey…
Elle ne termina jamais sa phrase.

- Qui est Esgred Miller ? L'interrogea Catelyn, curieuse.

- La nouvelle venue en ville, je lui donne des leçons de conduite, et c'est elle qui m'a dit
que… que je n'étais pas obligée de continuer comme ça, que je n'avais pas à subir ce qu'il
m'infligeait, et… elle avait raison.

Cat sentit son cœur se briser.

Une femme qui était presque une inconnue pour sa fille avait été plus clairvoyante qu'elle
alors qu'elle était sa mère, celle qui l'avait élevée et qui la connaissait depuis toujours.

- Bien, je… Et toi comment tu vas ?

- Tant que je n'ai plus jamais à le revoir, ça devrait aller.

- Ça n'arrivera pas, lui assura-t-elle, un éclat dur dans les yeux, pas tant que je serai là, et ça
va changer dès aujourd'hui. On va aller au commissariat.

- Ça n'a jamais rien donné jusqu'à présent, lui rétorqua sa fille avec un air las, et Dieu, quand
son enfant était-elle devenue si désabusée ?

- Hé bien nous insisterons jusqu'à ce que ça donne quelque chose, lui rétorqua sa mère avant
de se lever pour ensuite serrer la jeune femme dans ses bras.

Sa fille répondit aussitôt à son étreinte.

- Je suis tellement désolée Sansa, je t'aime et je suis désolée de ce qui t'est arrivé, et je te
jure… que je ferai tout pour te protéger à partir de maintenant et que plus jamais je
n'échouerai, je ne te faillerai plus. Tu as ma parole. »

Et Sansa la crut, sincèrement, se mit aussi à croire que les choses allaient enfin s'améliorer
pour elle.

Joffrey ne la briserait pas, jamais, parce que maintenant, elle n'était plus seule.

§§§§

Sansa avait voulu qu'il s'agisse de Ned Stark.

Parce que c'était à lui que Jeyne était allée parler, parce qu'il avait essayé lui aussi,
contrairement à d'autres, il avait vraiment essayé, et il avait échoué à faire avancer les choses
mais rien ne disait qu'il ne réussirait pas cette fois.

Et elle avait toujours peur, bien sûr, et une part d'elle aurait toujours peur tant que cette foutue
histoire ne serait définitivement pas terminée, tant qu'elle ne serait pas libérée de Joffrey et
loin de lui, mais elle refusait de laisser cette peur faire d'elle une prisonnière.

Elle l'avait été pendant trop longtemps, et maintenant c'était fini, terminé pour de bon.
Elle survivrait.

Et elle se relèverait, plus forte que jamais.

Ce qui est mort ne saurait mourir après tout, songea-t-elle sans vraiment comprendre d'où
cette pensée lui venait exactement.

Et il y avait autre chose.

Une chose qu'elle n'arrivait pas vraiment à s'expliquer, alors qu'elle voyait sa mère et Ned
Stark interagir ensemble, qu'elle les voyait se regarder, il y avait une flamme dans leurs yeux,
un sentiment qu'elle n'arrivait pas vraiment à définir, mais qui semblait renaître.

Quelque chose comme…

De l'amour.

Un amour passé qui avait été là autrefois, il y a bien longtemps.

Elle n'avait jamais vu ça chez elle, même lorsqu'elle regardait son époux, ou du moins, c'était
il y a si longtemps que ça avait fini par disparaître.

Ils essayaient de le cacher, et peut-être n'en avaient-ils même pas conscience, mais elle, elle
voyait.

Elle voyait et elle avait bien l'intention de comprendre ce qu'elle avait vu.

§§§§

« Sansa ?

La voix étonnée d'Esgred Miller déchira le silence dans lequel étaient plongées les deux
femmes qui venaient tout juste de sortir du commissariat.

La rousse sursauta avant de sourire en la voyant.

Marina Leszczynska était là aussi, en train de discuter avec Vère à quelques pas de là, et la
jeune femme se sentit comme rassérénée par leur présence, parce que maintenant qu'elles
étaient là, les choses semblaient aller mieux et elle avait presque le sentiment que c'était grâce
à elles.

Elles se battaient pour des gens qu'elles connaissaient à peine, et depuis leur arrivée, c'était
comme si la ville commençait enfin à comprendre que quelque chose clochait, et sans elles,
elle ne savait pas…

Non elle ne savait pas ce qu'elle serait devenue, elle ne savait pas si elle aurait eu la force
de…

- Bonjour Esgred, la salua-t-elle, et Catelyn vit son sourire, son air radieux.
Elle vit ce qui ne se voyait pas encore, ce dont Sansa n'avait pas encore conscience.

Elle aussi elle vit l'amour, un amour ignoré, disparu et oublié mais pourtant bien réel et oh
vrai, si vrai, qui était lentement en train de refaire surface.

- On était venues accompagner Vère, fit la nouvelle habitante de Kintzheim, pour la soutenir
moralement dans son combat contre son père. Et toi, tu…

Elle laissait à Sansa le choix de lui dire pourquoi elle était là, et Catelyn en fut soulagée,
qu'elle se contente de demander sans émettre la moindre hypothèse.

- Je… je suis venue porter plainte contre Joffrey, répondit Sansa, et aussi pour obtenir une
ordonnance d'éloignement contre lui, je… je veux me battre.

Une lueur de surprise et de joie apparut dans les yeux de la fer-née.

- Tu… C'est génial Sansa, vraiment, je… je suis heureuse pour toi, tu… tu mérites mieux que
ça, tu mérites d'aller mieux. Et tu vas y arriver. Tu vas gagner.

- Je l'espère, répondit Sansa.

- Merci, lui dit alors Catelyn.

Esgred la regarda avec un air perdu.

- Merci pour quoi ?

- Merci d'avoir vu ce que je ne pouvais pas voir, lui dit la louve avec un air de tristesse.

- Vous ne pouviez pas savoir. Presque personne ne savait. »

Et Catelyn vit autre chose.

La manière dont cette Esgred regardait sa fille.

Cette lueur d'affection et de tendresse qu'il y avait dans ses yeux, et qui montrait que, même
si ça ne faisait que quelques semaines seulement qu'elle et Marina étaient là, elle s'était
semble-t-il beaucoup attachée à Sansa.

Catelyn ne savait pas encore à quel point, mais elle était en revanche sure d'une chose.

Tout cela ne lui disait rien qui vaille.

Parce que même si cette inconnue semblait nourrir de tendres sentiments à l'égard de sa fille,
qu'elle semblait animée de bonnes intentions, Cat ne pouvait pas ne pas se souvenir que
c'était ce genre de visage que Joffrey avait affiché au tout début, pendant des années.

Charmant, charmeur et gentil, ayant l'air de réellement aimer sa petite-amie.

Et puis il avait fini par montrer son véritable visage, dans toute sa monstruosité, et il avait fait
de la vie de Sansa un véritable enfer.
Rien ne disait qu'Esgred serait exactement comme lui, mais l'inverse était également vrai, il
était impossible de savoir quel genre de personne elle était, si elle était quelqu'un de bien ou
non, elles la connaissaient à peine après tout.

Catelyn ignorait également comment les choses se passeraient, mais s'il s'avérait que la
nouvelle venue s'intéressait vraiment à Sansa et que ça devenait réciproque un jour, lorsque
sa fille serait enfin libre et en voie de guérison, alors elle ferait tout pour veiller sur sa fille et
la protéger, s'assurer que tout allait bien et qu'elle ne se trouvait pas à nouveau entre les
griffes d'un monstre.

Elle avait laissé entrer le loup (ou plutôt le lion) dans la bergerie autrefois.

Elle ne ferait pas deux fois la même erreur.

§§§§

Il y avait une autre question que se posait Catelyn, qui la hantait depuis que Sansa avait
ouvert la bouche et avait commencé à parler pour ensuite ne plus jamais s'arrêter, qui tournait
en boucle dans sa tête depuis qu'elle savait.

Une question qu'elle posa le soir-même à sa fille, juste avant le dîner qui exceptionnellement
regroupait toute leur famille hormis Petyr qui travaillait encore.

Maintenant que la vérité avait été révélée au grand jour, que cette vérité que Sansa cachait
depuis si longtemps, elle avait accepté de la révéler, qu'elle était enfin connue de tous, ses
frères et sa sœur étaient tous venus pour lui offrir son soutien.

« Est-ce que ton père savait ? Demanda-t-elle à Sansa alors qu'elles étaient seules.

Quand la rousse hocha la tête, sa mère se sentit horrifiée en réalisant qu'elle n'était au final,
pas si étonnée que ça.

Horrifiée, oui, mais pas surprise.

Il était Littlefinger après tout, et Littlefinger savait toujours tout en ville, c'était connu.

Mais qu'il ait su ça et qu'il n'ait pas pris la peine de lui en parler, ou même de faire quoi que
ce soit, alors qu'il s'agissait de sa fille, et qu'il était supposé l'aimer, vouloir la protéger, c'était,
c'était…

Elle n'avait même pas de mots pour qualifier ça tellement elle était en colère.

- Je suppose que… qu'il a dû penser que ce n'était pas très important, ou que j'exagérais. »

Catelyn Baelish sentit alors la rage et la colère l'envahir.

Pas important ? Voulut-elle hurler.

Pas important, ça, ta vie, ton bonheur, ton bien-être, ça, ce n'était pas important pour lui ?
Ce n'était pas comme avec d'autres qui avaient su mais n'avaient rien fait, Petyr était un
homme riche et important en ville, au moins autant que la mère de Joffrey, il aurait pu faire
quelque chose, tenter de la sauver de son petit-ami violent, c'était son rôle de père.

Il aurait dû le faire ou au moins essayer.

Et pourtant, il n'avait rien fait.

Et ça lui brisait le cœur, mais pas autant qu'elle l'aurait cru.

Elle avait aimé Petyr autrefois, ou du moins elle le croyait, mais depuis quelques temps, sans
qu'elle sache pourquoi, elle sentait cet amour lentement s'effacer et se dissoudre dans l'air,
presque comme s'il n'avait jamais été réel, comme s'il n'avait jamais existé.

Et le fait de revoir Ned Stark après toutes ces années, elle qui n'avait pas pensé à lui depuis si
longtemps, n'avait pas aidé…

Et alors qu'elle constatait l'inaction de son époux, non seulement elle réalisait à quel point elle
n'éprouvait plus le moindre amour pour lui, mais aussi qu'elle ne ressentait plus que haine,
colère, rage et rancœur à son égard.

Elle allait devoir avoir une importante et longue conversation avec lui, au sujet de Sansa, et
de leur mariage qui ne faisait plus sens pour elle depuis au moins des semaines sans qu'elle
comprenne pourquoi elle ne s'en était rendue compte qu'à ce moment-là.

Si elle avait fait un peu plus attention au calendrier, elle aurait compris alors que ça avait
commencé juste après l'arrivée d'une dunkerquoise et d'une certaine fer-née.

A suivre…
La face cachée de l'autre.
Chapter Notes

Titre du 26/11/2021 : La face cachée de l'autre

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prompt 120 : « Je t'aime. »

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Mobius (Marvel) : Jet-ski : Écrire sur des vacances à la mer ou sur
une passion inavouée

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal,


prompts infinis, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50
nuances)

Yara avait envie de hurler.

De joie pour une fois.

C'était si rare ces derniers temps pour qu'elle ait envie de le célébrer, ou même de le crier sur
tous les toits.

Parce que, enfin, elle avait vu Sansa prendre son destin en main, se réveiller comme une
partie des habitants de Kintzheim le faisait depuis leur arrivée, et redevenir la jeune femme
forte et volontaire qu'elle avait finir par devenir en grandissant à Westeros au fur et à mesure
que la guerre contre les marcheurs blancs prenait de l'ampleur et s'installait pour durer sans
que qui que ce soit ne puisse savoir quand elle s'arrêtait.

Et tout à l'heure, elle avait vu cet éclat dans ses yeux, cette flamme, cette détermination qui
était l'une des choses qui l'avaient fait tomber amoureuse d'elle, elle avait vu Sansa Stark, la
louve, la guerrière, la combattante.

La femme qu'elle aimait, et qui jamais, plus jamais n'accepterait de se laisser faire, et qui se
battrait jusqu'au bout, et Yara allait l'y aider.

Et cette flamme, elle espérait sincèrement qu'elle ne s'éteindrait plus jamais.

« Elle a réussi, murmura-t-elle à Marina la voix vibrante de joie, et les yeux pétillants d'espoir
et d'enthousiasme, même si elle savait pertinemment que rien n'était gagné encore, que le
combat n'avait pas été remporté, mais le plus dur était déjà fait.

La louve avait sorti ses crocs et ses griffes, et le lion réaliserait bientôt à quel point elle
pouvait mordre quand elle se sentait menacée ou acculée.

Elle avait hâte de voir ça.

- Oui, approuva Marina avec le même sourire sur le visage. Elle a réussi. Et elle va gagner,
ajouta-t-elle avec une assurance que Yara ne pouvait que partager à cet instant précis. On va
gagner. »

Après tout, Vère d'abord.

Sansa maintenant.

Pourquoi pas Theon à l'avenir, qui sait ?

Et puis tous les autres, jusqu'à ce que la malédiction se désintègre d'elle-même sans qu'elle ait
besoin de faire quoi que ce soit.

Et enfin, ils seraient tous libres.

Elle pouvait toujours rêver.

§§§§

Ce fut au cours du dîner que Sansa finit par réaliser quelque chose.

Une chose qu'elle n'avait jamais vue auparavant, à laquelle elle n'avait jusque-là pas prêté
attention mais qui maintenant qu'elle y pensait deux minutes, lui paraissait tellement
évidente, au point de lui sauter au visage.

Alors qu'elle regardait ses frères et sa sœur, elle ne pouvait pas ne pas le voir, et elle se
demandait comment elle avait pu ne pas s'en être aperçue avant.

Oui, comment se faisait-il que jamais elle n'avait pu comprendre que les membres de sa
famille ressemblaient tous de manière frappante à Eddard Stark ?

Maintenant qu'elle l'avait revu, c'était tellement… tellement…

Tellement visible qu'elle s'interrogeait sur le fait que personne n'en ait jamais fait la remarque.
Hormis elle, qui avait les cheveux de feu et les yeux bleus de la famille Tully, il y avait chez
eux quelque chose qui rappelait de près ou de loin le policier, et ils ressemblaient tous à
Catelyn, certes, mais il y avait quelque chose…

Plus elle les regardait plus elle se disait qu'elle n'aurait pas été étonnée qu'on lui dise que
c'était lui leur père et non Petyr Baelish.

En fait, elle ne leur trouvait aucune ressemblance avec celui qu'ils appelaient tous papa
depuis toujours, et c'était effarant, même alors qu'elle se regardait dans le miroir, elle ne
pouvait pas s'empêcher de penser la même chose à propos d'elle-même.

Elle ressemblait à sa mère, oui, mais pas à son père, et il y avait aussi dans ses propres traits
quelque chose de définitivement Stark, même si c'était moins flagrant que chez les autres.

Mais Robb, Bran, Rickon, Arya…

C'était comme si elle les voyait vraiment pour la toute première fois de sa vie, et ça lui
donnait le vertige.

Pourquoi ne s'en était-elle pas rendue compte avant cela ?

Et surtout, surtout, surtout…

Ça n'avait pas le moindre sens.

Pourquoi ?

Pourquoi est-ce qu'ils lui ressemblaient à lui et pas à celui qui était supposé être leur père
biologique ?

Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, elle n'arrivait pas à comprendre, à
réaliser…

Parce que la seule réponse qu'elle arrivait à trouver ne lui plaisait définitivement pas, et que
pourtant c'était la seule qui avait une quelconque logique.

Elle avait l'impression que sa tête était sur le point d'exploser.

Il fallait qu'elle parle à sa mère, qu'elle lui demande, qu'elle tente de comprendre.

Elle avait besoin de réponses là tout de suite.

§§§§

Elle aimait sa famille, c'était une évidence.

Mais jamais ça n'avait été aussi vrai que durant cette soirée qu'ils passèrent tous ensemble, à
parler de tout autre chose que ce que Sansa avait vécu (elle en avait discuté avec eux avant,
dans la journée, et ils l'avaient écoutée et ça avait été si bien d'enfin pouvoir en parler), à
jouer des jeux, à rire, et à regarder un film ensemble.
À juste être une famille.

Ça lui avait tellement manqué, elle qui avait été seule, isolée et malheureuse pendant
tellement longtemps, qui avait été forcée à se taire, qui avait tant souffert.

Leur père était absent, et personne ne le releva, et ça ne fit qu'augmenter le malaise qu'elle
ressentait déjà mais essayait à tout prix de cacher.

Son père et sa mère étaient-ils déjà si éloignés l'un de l'autre autrefois ?

N'avait-elle pas vu ça non plus tout comme elle n'avait pas vu tout le reste ?

Et elle se souvenait avoir éprouvé de la tendresse et de l'amour pour son père, avant, même
quand il ne l'avait pas aidée face à Joffrey et pourtant…

Maintenant, elle ne ressentait plus rien quand elle pensait à lui, hormis de l'amertume et des
regrets, de la colère aussi.

Beaucoup de colère oui.

Et c'était comme si ce qu'elle avait pu éprouver avant n'avait jamais été réel, avait été
fabriqué, et n'était rien de plus qu'un mensonge.

Ça lui faisait moins mal qu'elle ne l'aurait cru, et ça la dérangeait, il s'agissait de son père, de
celui qui l'avait élevée, et elle avait des souvenirs de lui, de moments en famille, qui
remontaient à longtemps et qui étaient anciens, mais elle s'en rappelait malgré tout.

Ça aurait dû lui briser le cœur de voir tout cela se briser en mille morceaux jusqu'à ce qu'il
n'en reste plus rien.

Hormis des cendres.

Sauf que désormais, tout cela sonnait faux.

Comme si cette configuration n'était pas la bonne, que quelque chose clochait et déraillait tel
un disque rayé.

Ce qui la ramenait encore et toujours à Ned Stark.

Parce que, quand elle fermait les yeux, elle imaginait une autre réalité, un autre monde
où peut-être…

Elle avait vu les regards qu'ils s'étaient échangés, et elle savait qu'ils se connaissaient
autrefois, qu'ils avaient été amis même, mais jamais elle n'en avait appris plus à ce sujet.

Elle n'avait jamais posé la question à vrai dire, ne s'y était jamais vraiment intéressée avant.

Elle regrettait maintenant, peut-être que tout lui aurait paru moins confus si elle avait eu
toutes les réponses.
« Maman ? Demanda-t-elle à sa mère une fois qu'elles se retrouvèrent toutes seules. Je peux
te poser une question ?

Catelyn lui sourit.

- Bien sûr ma chérie, qu'y-a-t-il ?

- Je… je voulais savoir… C'est à propos du policier que nous avons vu aujourd'hui au
commissariat, Ned Stark.

Sa mère leva un sourcil étonné, arrêtant momentanément ce qu'elle faisait, à savoir broder
quelque chose pour sa fille.

En regardant rapidement le motif, Sansa s'aperçut que c'était une meute de loups qu'elle était
en train de broder, et sans savoir pourquoi, elle ne put empêcher un sourire de se dessiner sur
ses lèvres et l'affection d'envahir son cœur, et ça non plus ça n'avait pas le moindre sens.

Mais ça faisait bien longtemps que plus rien n'avait de sens à Kintzheim, elle avait fini par s'y
habituer.

- Comment ça ?

- D'où est-ce que vous vous connaissez et aussi… est-ce que vous étiez ensemble avant ? Je
vous ai vus ensemble tout à l'heure, et… je ne sais pas… j'avais le sentiment qu'il y avait
eu… quelque chose entre vous. Avant. Avant que tu n'épouses papa et qu'on ne naisse tous les
cinq.

Sansa vit le moment précis où sa mère sursauta, surprise, avant de se piquer avec son aiguille,
pour ensuite la regarder avec un air stupéfait avant de se soupirer et de poser sa broderie pas
encore terminée.

Elle croisa ensuite les bras en regardant sa fille droit dans les yeux.

- Pourquoi… pourquoi est-ce que tu me poses la question ? Pourquoi maintenant ?

Parce que je crois que Ned Stark est mon père.

C'était absurde, stupide et insensé.

Petyr Baelish était son père, elle le savait, elle l'avait toujours su, elle en avait l'absolue
certitude et il était impossible qu'il puisse en être autrement.

Seulement, seulement, seulement…

Seulement une petite voix dans sa tête commençait à lui dire autre chose.

Et elle se surprenait de plus en plus à vouloir l'écouter.

Et à avoir envie de la croire.


Parce que Ned Stark était quelqu'un de bien et qu'il l'avait aidée, lui, contrairement à Petyr
Baelish.

Elle allait mal, elle souffrait, et pourtant, son propre père n'avait rien fait pour la secourir.

Et ce n'était pas juste.

Alors peut-être que si elle découvrait qu'il n'était pas son père, ça rendrait les choses plus
simples et moins douloureuses.

Elle haussa les épaules avec une nonchalance qu'elle espérait crédible.

- Juste… comme ça. Vu que… enfin… vous aviez l'air de bien vous connaître. Je suis…
enfin, je suis juste curieuse. Tu nous parles rarement de ton passé. Et j'aimerais en savoir
plus.

(Et pour cause, ce passé, aucun d'entre eux ne s'en souvenait réellement.

Leur passé était un mensonge et aucun d'eux ou presque ne le savait.

Peut-être que si elle avait essayé de se souvenir un peu plus, de dépasser le brouillard
nébuleux de sa mémoire trouée de mille blessures, Sansa l'aurait su.)

Catelyn hocha la tête, semblant accepter son excuse.

Ce n'était pas vraiment un mensonge après tout, la nuance, c'était que Sansa ne lui disait pas
toute la vérité.

Un sourire triste et nostalgique apparut alors sur son visage.

- Il y a longtemps, quelques années avant la naissance de ton frère aîné, nous étions
effectivement ensemble, oui. Nous étions amoureux et heureux ensemble, très heureux
ensemble et je pensais que ça durerait pour toujours. J'avais tort.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Le suicide d'Ashara Dayne. Les choses… n'ont plus été les mêmes après ça, ça nous a fait
un tel choc, nous étions encore au lycée alors et je… je n'ai plus exactement en tête la
manière dont les deux événements sont liés, cette mort et notre rupture et… Je ne sais plus
précisément ce qu'il s'est passé, mais je sais que nous nous sommes séparés peu après cela. Et
une fois à la fac, je suis tombée amoureuse de ton père. »

Sansa ne put se retenir de froncer les sourcils en entendant cela, et quelques mots en
particulier.

Je ne sais plus.

Je ne sais plus.

Je ne sais plus.
Ce qu'elle disait en somme c'était je ne me souviens pas.

Pourquoi ?

Pourquoi ne se souvenait-elle pas d'une chose aussi importante ?

Le traumatisme peut-être, le désir d'oublier à tout prix, mais…

Mais Sansa aussi avait oublié certaines choses dont elle n'arrivait pas à se rappeler, et elle s'en
rendait de plus en plus compte, et elle savait qu'elle n'était pas la seule à Kintzheim.

Ce n'était pas normal et elle n'avait pas d'explication logique à ça et c'était tout simplement
insupportable.

Elle serra les poings.

Depuis un moment, elle était tout le temps en colère, et ça ne semblait pas prêt de s'arrêter.

« Je suis navrée maman, sincèrement. »

Est-ce que tu es toujours amoureuse de lui ? Voulut-elle lui demander, pour savoir s'il y avait
une passion cachée entre sa mère et lui, qui durait depuis des années et dont elle n'avait pas
connaissance et qui aurait expliqué ce dont elle venait de se rendre compte, cette
ressemblance qui ne faisait pas sens.

Elle n'osa pas.

Elle n'osait plus parler ou risquer de poser des questions qui fâchent, pas après Joffrey, pas
après toutes les fois où il l'avait forcé à se taire alors qu'elle voulait parler.

Elle n'arrivait plus à faire entendre sa voix, et ce constat l'emplit de rage.

Elle aurait aimé que ce ne soit pas le cas, mais ce n'était pas comme si elle pouvait y changer
grand-chose.

Alors elle se tut.

Elle poserait la question plus tard, quand elle en aurait la force et le courage.

« Merci maman. Merci de me l'avoir dit.

Le sourire de Catelyn lui revint.

- De rien ma chérie. Je t'aime.

- Moi aussi je t'aime maman. »

Oui, elle devait se souvenir de ça, malgré les blessures et les traumatismes.

Elle était aimée.


(Tellement aimée, même si elle ne s'en souvenait pas.)

Et ça, jamais Joffrey ne pourrait le lui enlever.

Mais maintenant, elle avait autre chose à faire.

Il fallait qu'elle parle à Jon Stark.

A suivre…
Un chemin qui nous sépare.
Chapter Notes

Titre du 21/01/2022 : Un chemin qui nous sépare

Vierge : Sansa Stark (GOT)

S - Sansa (GOT)

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… citations de Kaamelott : Révolte ! : écrire un texte se déroulant


pendant la Révolution française ou sur un personnage qui refuse de faire quelqu'un
chose qu'on lui demande

257) 50 nuances de personnages LGBT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, elles ont dit, Sarah & son cerveau,
UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

« C'est à cette heure-ci que tu rentres ? »

Petyr Baelish devait l'admettre, il ne s'attendait pas le moins du monde à recevoir ce genre
d'accueil en rentrant chez lui.

Certes, il était tard, très tard même, mais elle avait l'habitude depuis le temps et elle aurait dû
être couchée depuis longtemps déjà.

Il avait ce soir-là, encore une fois, cherché avec Cersei Lannister un moyen de se débarrasser
facilement et discrètement de Marina Leszczynska et de Yara Greyjoy, sans succès
malheureusement.

Elles étaient appréciées en ville et a priori, il n'y avait aucune raison valable pour lui ou la
mairesse de les chasser de Kintzheim.

Mais l'ancien propriétaire de bordels ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter de la situation,


même si pour l'instant, peu de choses avaient changé pour lui.
Mais il avait peur qu'elles ne finissent par évoluer, dans le mauvais sens, et que cette vie qu'il
avait arrachée de force à la malédiction ne finisse par lui échapper et disparaître pour de bon
sans qu'il ne puisse rien y faire.

Et ce n'était pas la seule chose qui l'embêtait en fait.

Ces derniers temps, quand il voyait Cersei, il voyait dans ses yeux une sombre lueur qui
commençait à grandir de plus en plus chaque jour qui passait, pleine de doutes, de colère et
aussi de paranoïa.

La blonde était de plus en plus près du point de rupture, et il n'avait définitivement pas hâte
qu'elle l'atteigne.

Il voyait la folie commencer à apparaître chez elle, et elle lui semblait de plus en plus
instable, et il ne savait pas quoi faire, ne sachant pas ce qu'il s'était passé puisqu'elle refusait
de lui en parler, ne lui faisant de toute évidence pas assez confiance pour accepter de le lui
dire.

Il n'allait définitivement pas lui jeter la pierre pour ça…

Alors qu'elle voyait sa précieuse malédiction commencer à se déliter de plus en plus,


morceau par morceau, l'ancienne reine semblait de moins en moins accepter cette perte totale
de contrôle qui commençait et ne semblait pas vouloir s'arrêter.

Et Littlefinger, lui, tout comme elle, ne savait pas non plus quoi faire pour stopper tout cela.

Aussi, en entendant la voix de sa femme, il ne put s'empêcher de se figer, interdit.

Oh.

Ce n'était pas du tout bon pour lui ça.

Il lui envoya son plus beau sourire, espérant la dérider.

Ça ne marcha absolument pas.

Ce ne fut que là qu'il remarqua son attitude, elle était assise en face de lui, les bras croisés, le
regard dur et froid, ne semblant pas décolérer et ce fut là qu'il sut.

Ce n'était pas parce qu'il était en retard qu'elle était en colère.

C'était pour tout autre chose, quelque chose qu'il avait dû faire, et il se demanda ce que ça
pouvait bien être.

Ces derniers jours, il avait été tellement pris par son objectif d'enrayer les efforts de la fer-née
et de la dunkerquoise pour mettre à mal la malédiction qui garantissait la vie qu'il avait qu'il
n'avait même pas fait attention à ce qui se passait dans sa propre famille.

(Cette famille qui n'avait jamais été la sienne, qu'il avait prise, volée, arrachée à Ned Stark et
qu'il avait bien l'intention de garder.
Quel que soit le prix à payer.)

« Je suis navré pour mon retard ma chérie, je ne peux pas te jurer que ça ne se reproduira
plus, mais je te promets que je saurai me faire pardonner. »

Avant, il n'aurait même pas eu besoin de le faire, à la fois parce qu'elle ne se serait sans doute
même pas mise en colère, mais aussi parce qu'elle aurait fini par oublier.

À Kintzheim, les gens oubliaient toujours au bout d'un moment et ceux qui se souvenaient
gardaient tous leurs souvenirs, et ceux qui avaient été maudits voyaient leur mémoire se
dissoudre de plus en plus dans l'air pour qu'au final il n'en reste plus grand-chose.

Juste de vagues souvenirs dont ils n'étaient même pas sûrs, dont ils n'arrivaient parfois pas
entièrement à se rappeler, ne gardant en mémoire que ce qu'on voulait qu'ils conservent.

Et ce qui ne les inquiétait pas avant commençait à leur faire peur, parce qu'ils sentaient
maintenant que quelque chose n'était pas normal.

Il ne pouvait rien y faire, ce qui était très frustrant, et il pouvait voir dans les yeux de Catelyn
que quelque chose avait changé.

« Donc, si je comprends bien, reprit-elle d'un ton sec, ton travail est plus important pour toi
que le fait de savoir comment notre fille va ?

Il fronça les sourcils, perdu.

- Quoi ? Se contenta-t-il de répondre.

La rousse soupira, l'air sincèrement peinée.

Parce qu'elle l'aimait toujours, ou en tout cas elle l'avait aimé, enfin elle le pensait, elle le
croyait, même si maintenant qu'elle l'avait sous ses yeux, en face d'elle, cet amour ne
semblait plus vraiment réel, mais plutôt fabriqué de toutes pièces, et c'était plus flagrant
encore depuis qu'elle avait revu Eddard.

Où elle avait senti son cœur battre comme jamais, où quelque chose qu'elle avait cru éteint et
mort pour toujours s'était réveillé, au point où même sa fille qui n'était jusque-là au courant
de rien du tout l'avait vu et compris alors qu'elle avait pensé avoir réussi à le cacher.

Apparemment, pas si bien que ça.

Elle avait presque le sentiment qu'on lui avait dit d'aimer Petyr mais qu'elle ne l'avait jamais
réellement fait, et c'était glaçant de le réaliser.

Qui voudrait d'un amour ensorcelé ? Songea-t-elle alors. Pas moi en tout cas.

Mais ce n'était pas d'elle qu'il s'agissait pour l'instant, mais bien de Sansa.

De leur fille, dont aucun des deux n'avaient vu la détresse, mais Petyr avait bien moins
d'excuse qu'elle, parce qu'il avait su, parce qu'elle lui avait parlé.
Elle le lui avait dit, et ça n'avait rien changé, alors qu'il aurait pu agir.

Et pourtant il n'avait rien fait, et elle ne comprenait pas pourquoi.

- Petyr… Je savais que tu étais à la masse à ce sujet et même en général, surtout ces derniers
temps, et que tu ne te tiens pas au courant de ce qu'il se passe, sous prétexte que tu n'as pas le
temps à cause de ton travail, mais… Tout de même. Tu pourrais faire un effort.

Il fronça les sourcils.

Il ne voyait pas.

Il ne voyait vraiment pas et c'était inquiétant, lui qui savait pourtant tout sur tout, il n'était pas
au courant alors qu'il aurait dû l'être, et sa distraction ne devait pas être la seule cause, il y
avait forcément autre chose.

Les petits oiseaux n'étaient plus ce qu'ils étaient…

- Je ne comprends pas.

- Et c'est bien là tout le problème ! Ne put-elle s'empêcher de rugir.

Il vit la flamme dans ses yeux, et sa colère et il sut ce qu'il avait déjà commencé à
comprendre.

La louve qui était en elle s'était réveillée pour de bon et elle n'avait clairement pas l'intention
de se rendormir.

Malheureusement pour lui.

- Explique-moi alors !

Il vit la tristesse dans son regard, mais aussi la douleur, la colère et le mépris.

Il était sur le point de la perdre, elle s'éloignait de lui, de plus en plus, et il n'arrivait pas à la
retenir.

C'était intolérable.

- Sansa, lui rétorqua-t-elle alors. Sansa qui a souffert l'enfer à cause de Joffrey Lannister,
Sansa qui t'a appelé au secours et pour laquelle tu n'as rien fait.

Il comprit mieux d'un seul coup.

Mais Joffrey était le fils de Cersei, et Cersei ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que
rien ni personne ne puisse nuire à son petit lion doré chéri.

Alors évidemment qu'il n'avait rien fait du tout.

De toute façon, ce qu'il avait fait, ce qu'il avait toujours fait, ça avait été pour Cat,
uniquement pour Cat.
Jamais pour les enfants.

- Je… je ne pensais pas que c'était… à ce point-là, mentit-il.

- C'est ta fille, Petyr, fit-elle d'une voix tremblant de rage, notre fille. Et tu étais censé la
protéger ! Tu aurais dû faire quelque chose, ou au moins essayer !

Elle n'aurait rien vu, avant et elle n'avait rien vu du tout en vérité, ce n'était que parce que la
malédiction se craquelait de plus en plus, se fissurait et révélait ses failles qu'elle avait pris
conscience de la vérité.

Et il n'aimait pas ça du tout.

- Je suis désolé Catelyn.

- Ce n'est pas suffisant, lui répliqua-t-elle, implacable. Tu aurais dû m'en parler et si Sansa ne
l'avait pas fait je ne l'aurais sans doute jamais su et il aurait continué à lui faire du mal et il…
Il aurait probablement fini par la tuer.

Il n'y avait absolument rien qu'il puisse répondre à cela, parce qu'elle avait raison.

- Cat, si seulement tu voulais bien m'écouter, je…

- Non, refusa-t-elle, il est hors de question que je t'écoute, il est trop tard pour ça, bien trop
tard, c'était avant qu'il fallait parler, et tu as eu de multiples occasions de le faire. Mais ce
n'est pas ce que tu as fait Petyr. Tu as choisi d'être lâche. Alors assume-en les conséquences.

Alors qu'elle s'éloignait, il réalisa finalement qu'elle avait préparé une valise avec ses affaires
et d'autres appartenant sans doute à Sansa.

- Où… où vas-tu ? Lui demanda-t-il, craignant de connaître la réponse.

- Ce que tu as fait, ou plutôt n'as pas fait, est intolérable. Sansa et moi, nous partons chez ma
sœur Lysa pendant un moment. Je ne sais pas encore ce qui va passer mais je sais que j'ai
besoin d'air et c'est loin de toi. N'essaie même pas de me retenir. »

Il n'essaya pas.

Il savait ce qu'il aurait risqué si ça avait été le cas.

Et pourtant, au vu de la situation il aurait aimé pouvoir.

Chez Lysa.

Donc Ned Stark par extension.

C'était un véritable cauchemar.

Et il était le seul responsable.


Plus tard, alors que Sansa dormait, sa mère vint la voir dans la chambre qu'elle occupait chez
Lysa.

Elle semblait si paisible comme ça que personne n'aurait pu deviner en la voyant comme ça
qu'elle avait pu subir une épreuve pareille.

Catelyn l'embrassa sur le front.

« Je ne sais pas encore ce que je vais faire Sansa, mais je vais trouver une solution… Je te le
promets. »

Elle ignorait encore le genre de conséquences que son action allait provoquer dans le futur.

§§§§

Trois heures du matin…

Il osait la déranger à trois heures du matin.

Alors qu'elle voyait le visage de Petyr Baelish se dessiner dans la pénombre de la nuit, Cersei
Lannister se sentait d'humeur à le gifler pour ça.

Elle l'aurait fait s'il n'avait pas affiché un air aussi grave.

« Il faut qu'on parle, lui lança-t-il.

- De quoi au juste ?

- Ma femme vient de quitter le domicile conjugal en emmenant notre fille avec elle.

Cersei haussa un sourcil surpris.

- En pleine nuit ? À cette heure-ci ? Pourquoi ?

- A cause de ce que Sansa a vécu avec Joffrey. De ce qu'elle a révélé. Sa plainte.

Il s'était renseigné depuis.

Il aurait aimé continuer à ne pas savoir.

- Oh, lâcha la blonde. Entrez.

Elle referma la porte en réalisant alors une chose.

Ça faisait deux fois.

D'abord Jaime, maintenant Catelyn.

Ils perdaient ceux qu'ils aimaient parce que le charme ne faisait plus effet, parce que la
malédiction s'effritait chaque jour de plus en plus et qu'ils ne pouvaient rien faire.
Ils n'avaient pas de magie, ils n'étaient pas des sorciers ou des magiciens, ils ne pouvaient pas
les retenir de force près d'eux.

Cersei avait réussi à garder Jaime jusque-là, mais elle ne savait pas combien de temps ça
durerait, quant à Littlefinger il semblait qu'il était déjà trop tard pour lui.

Ils n'avaient pas prévu ça.

Ce n'était pas supposé arriver, en aucune façon, jamais.

Et pourtant…

- C'est de votre faute, lâcha-t-il, accusateur, si vous aviez été capable de contrôler votre fils…

- Personne ne peut contrôler Joffrey, lui répondit-elle. »

Elle avait essayé pourtant.

Ils se regardèrent.

Ils n'avaient pas la moindre solution à leur problème.

Ils ne pouvaient rien faire, à part regarder les choses changer, leur univers basculer et se
renverser, parce qu'ils avaient beau avoir le pouvoir et le contrôle de la ville, ce dernier
commençait à s'amenuiser et ils n'étaient pas surpuissants non plus, même eux avaient leurs
limites.

Ils étaient complètement impuissants.

Si Yara avait su cela, elle aurait souri.

A suivre…
Au clair de lune.
Chapter Notes

Titre du 24/09/2021 : Au clair de lune

Vierge : Sansa Stark (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

S - Sansa (GOT)

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Nishinoya : Rolling Thuuuuunder : Écrire sur un personne qui a une
technique spéciale ou écrire sur une scène d'orage.

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, elles ont dit, Sarah
& son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Cela faisait bien longtemps que Lysa Stark n'avait pas vu sa nièce.

Ou même sa sœur en réalité.

Elle avait du mal à comprendre pourquoi exactement, elle n'était plus fâchée avec Catelyn
comme elle avait pu l'être autrefois, elle ne lui en voulait plus d'avoir épousé Petyr Baelish,
même si elle l'avait haïe pour ça à l'époque.

C'était du passé tout ça, et le fait de suivre une thérapie depuis sa fausse couche et d'avoir
intégré ce groupe de parole regroupant des femmes qui avaient vécu la même expérience
qu'elle avait bien aidé.

Elle ne ressentait aucune colère à son égard, pas la moindre amertume.

Pourtant, elle et sa sœur aînée ne se parlaient plus depuis probablement des années, et elle ne
se souvenait même plus de la raison.

À vrai dire, elle ne se souvenait plus d'un bon nombre de choses, sans que ça n'ait le moindre
sens logique…
Mais rien de tout ça ne lui avait traversé l'esprit alors qu'elle avait vu les chevelures de feu de
sa sœur et de sa nièce, tout ce qu'elle avait vu, c'était la supplique dans les yeux de sa sœur
pour qu'elle la laisse entrer.

Il était tard, très tard même, mais Lysa était réveillée à cette heure pourtant, à cause d'une
insomnie dont elle n'était pas parvenue à se débarrasser, et elle était allée leur ouvrir, et elle
savait au fond d'elle-même qu'elle n'oublierait jamais cette vision de toute sa vie.

Les deux femmes Baelish, sous la pluie, en cette nuit d'orage, la peur dans les yeux de Sansa,
et la détermination dans ceux de Catelyn, même s'il y avait aussi un brin de panique,
conséquence de la décision irréfléchie et imprévue qu'elle avait prise face à son époux, sans
même avoir prévenue sa petite sœur avant de son arrivée.

Avant, elle n'aurait jamais pris cette décision, elle n'y aurait même jamais pensé non plus, et
ce n'était qu'au fur et à mesure de sa discussion et de sa dispute avec Petyr qu'elle avait fini
par envisager cette solution comme étant la seule possible.

Elle ne pouvait plus rester dans cette maison, avec lui, et Sansa non plus (note de l'autrice :
j'ai carrément oublié les autres gosses surtout les derniers mais on va dire qu'ils vivent
ailleurs genre internat ou autre pour leurs études parce que comme ça c'est plus simple et j'ai
pas à les montrer et ça explique pourquoi ils sont jamais là), elle ne le supporterait pas, pas
après ça, pas alors que…

Non, ça lui était purement et simplement insupportable, comme à Sansa.

En les voyant trempées, Lysa les laissa aussitôt entrer, les sourcils froncés.

« Mais bon sang Catelyn, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Je suis partie de la maison avec Sansa, lui rétorqua Catelyn, tremblant toujours de froid.

- Pourquoi ? »

Elle et Petyr s'aimaient pourtant, d'un amour fort et inébranlable, donnant l'image d'un couple
parfait, ou du moins c'était ce qu'elle avait toujours cru.

Apparemment, au vu de la lueur de haine dans les yeux de sa sœur, ce n'était définitivement


pas le cas.

Alors elle lui raconta, et soudain, Lysa Stark sentit tout le peu d'amour qu'il lui restait encore
pour Littlefinger s'envoler pour de bon.

« Oh, Sansa, murmura-t-elle avant de serrer sa nièce dans ses bras, seigneur Dieu, je suis… je
suis tellement désolée. »

(Dans un autre univers, elle avait essayé de la tuer.

Comme quoi…)

§§§§
« Ton mari ne dira rien ? Pensa finalement à lui demander Catelyn une fois Sansa installée et
endormie, alors qu'il était clair pour toutes les deux qu'elles ne parviendraient définitivement
pas à dormir cette nuit.

Pas alors que leur univers venait tout juste de changer de cap de manière brutale et définitive.

Lysa lui envoya un sourire rassurant.

- Ne t'en fais pas pour ça, Ned comprendra et je lui expliquerai tout. Je sais que… si c'était
Lyanna qui était venue lui demander de l'aide, il aurait fait exactement la même chose que
moi. Et puis, il a tout fait pour soutenir ta fille, je suis sure qu'il ne verra aucun inconvénient à
ce qu'elle reste là.

C'était ça qui ne collait pas avec tout le reste.

Ned savait que quelque chose clochait et pourtant elle n'avait jamais été mise au courant,
alors qu'elle le connaissait, il aurait voulu lui en parler, parce que c'était sa nièce, son sang, ou
ne serait-ce que pour partager le sentiment d'injustice et d'horreur qu'il n'avait pas
qu'éprouver en l'apprenant, et pourtant elle ne s'en souvenait pas alors que c'était une
information qu'elle n'aurait pas pu oublier en théorie.

(C'était l'oubli, l'oubli de la malédiction encore et encore qui avait fait que rien n'avait pu
avancer d'un pouce ou changer d'un iota en presque deux ans.

C'était ça le problème et elle n'en avait pas la moindre idée.)

Catelyn lui sourit.

- Merci Lysa. Merci infiniment, sans toi je ne sais pas ce que je…

- Tu aurais réussi à t'en sortir, lui assura Lysa avec certitude, parce que tu es ma grande sœur,
parce que tu es forte et que tu es une battante. N'oublie jamais ça. »

N'oublie jamais.

Mais elles avaient oublié bien trop de choses pour que ce conseil puisse réellement leur servir
à quoi que ce soit en l'état actuel des choses.

La rousse acquiesça.

Peut-être qu'elle avait raison, que c'était bel et bien ce qu'elle était, une battante.

Une guerrière.

Elle allait devoir en être une si elle voulait pouvoir s'assurer que Sansa allait bien, que le
monstre qui avait tenté de la détruire ne recommençait pas à s'en prendre à nouveau à elle, et
aussi si elle voulait… si elle devait…

Concernant Petyr, elle ne savait pas encore quoi prendre comme décision.
Mais depuis maintenant plusieurs minutes, le mot divorce flottait désormais dans son esprit,
et elle le repoussait de moins en moins, acceptant de plus en plus l'idée comme une
possibilité acceptable, alors qu'elle l'aurait jugée impossible et inenvisageable plusieurs
heures plus tôt.

Ça aussi c'était perturbant, la manière dont les choses avaient changé, dont elle avait changé
en si peu de temps, où tout ce qu'elle croyait avoir comme certitudes s'était finalement envolé
dans le vent en un instant, détruit et perdu à tout jamais.

C'était terrifiant aussi.

Mais elle devait s'accrocher, elle devait tenir.

Pour sa fille, pour sa famille, et pour elle-même.

Parce que c'était la bonne chose à faire.

« Dis-moi Lysa… est-ce que par hasard tu connaîtrais un bon avocat ? »

§§§§

Elle n'était pas seule.

S'il y avait bien une chose que Sansa Baelish devait retenir de cette journée, c'était ça.

Depuis quinze jours maintenant, elle et sa mère vivaient chez sa tante Lysa, son oncle Ned
(oui il était son oncle, mais elle le voyait si peu à Kintzheim qu'elle avait presque fini par
l'oublier, et ce alors qu'ils vivaient tous dans la même ville et pas très loin l'un de l'autre.
C'était vraiment étrange.) et son cousin Robin.

Et il y en avait eu des changements.

Déjà, sa mère refusait catégoriquement d'adresser la parole à son époux, elle ne voulait plus
le voir, quand il l'appelait, elle ne répondait pas au téléphone, et s'il avait essayé de la
contacter avec un autre numéro (ce qu'il n'avait heureusement pas fait, il était suffisamment
intelligent pour ne pas faire ça), la rousse savait qu'elle lui aurait immédiatement raccroché
au nez.

Il y avait autre chose aussi.

Catelyn parlait de plus en plus de divorce.

Avant, bien avant, avant Joffrey et avant qu'elle ne voit le vrai visage de son père, qu'elle ne
constate qu'il ne serait jamais son allié et qu'elle devrait se débrouiller toute seule, sans lui,
avant qu'elle ne voit que leur histoire n'allait nulle part depuis une éternité, cette simple idée,
cette hypothèse, uniquement prononcer ce mot, l'aurait effarée, horrifiée.

Maintenant, tout était différent.


Maintenant, elle appelait ce potentiel futur de tous ses vœux, parce qu'elle voulait que sa
mère soit heureuse et qu'il était évident qu'elle ne l'était plus depuis bien trop longtemps.

Elle méritait mieux que ça, elle méritait bien mieux que cet homme qui ne lui avait même pas
dit à quel point leur propre fille était malheureuse.

Et aussi, maintenant qu'ils vivaient l'un à côté de l'autre, dans la grande maison possédée par
Lysa, héritée de son premier mari Jon (note de l'autrice : ouais je sais plus si ça a été intégré
dans ma fic dans l'histoire de la malédiction et les souvenirs des personnages, mais on va dire
que oui et si c'est pas le cas ben c'est parce que les personnages ont oublié à cause de la
malédiction et là ils s'en souviennent parce que voilà. TGCA quoi. Ta Gueule C'est
l'Amnésie.), Catelyn et Ned semblaient retomber amoureux.

Presque comme s'ils n'avaient jamais cessé de l'être, comme si en réalité on leur avait fait
croire que leur amour n'existait plus, qu'il s'était éteint alors qu'en fait, il n'avait jamais cessé
de briller, sans qu'ils en aient conscience ni l'un ni l'autre.

Mais maintenant ils savaient.

Ils savaient et Sansa savait aussi, elle voyait, elle y assistait en direct, et ce qu'elle avait vu
avant n'était alors qu'une étincelle.

Cette petite étincelle s'était transformée en véritable brasier.

Et c'était beau.

Sansa espérait dans son cœur que son père était au courant (il était réputé pour savoir tout sur
tout avant tout le monde à Kintzheim après tout), qu'il savait lui aussi et qu'il enrageait.

Ça lui aurait fait les pieds.

(Elle ne savait pas qu'au contraire ça ne risquerait que d'enclencher une catastrophe de plus.)

Seulement, ce jour-là, ce n'était pas vraiment à ça qu'elle pensait en priorité (note de l'autrice :
alors pourquoi en avoir parlé sur trouzmilles paragraphes me demanderez-vous peut-être ?
Ben parce que je savais pas où caser ça et je pensais pas que ce serait aussi long quoi.
Comme d'habitude en fait. #Angieaimefairedespavés), non c'était à autre chose.

Le fait qu'elle n'avait plus l'impression de se noyer, d'être seule, d'être perdue au milieu de la
foule.

Elle était vue enfin, pas seulement par sa mère, par Esgred ou Marina, et avec d'autres
personnes comme elle, d'autres femmes, qui avaient vécu des choses similaires à ce qu'elle
avait subi.

Pour la première fois depuis bien longtemps, elle avait vraiment le sentiment de réellement
avancer.

Il y avait Vère dans ce groupe de parole, et Sansa avait pu voir non seulement Sam
l'accompagner, mais aussi quelqu'un d'autre, une autre personne qu'elle voulait voir depuis un
bon moment sans avoir encore trouvé de quelle manière elle pouvait le faire.

Jon Stark.

Le simple fait de le voir lui fit l'effet d'une gifle.

Elle voyait Ned Stark en lui, bien sûr, mais aussi Lyanna d'après les quelques photos qu'elle
avait pu voir d'elle à la maison des Stark, de même pour Brandon, et Benjen aussi, elle voyait
les traits des Stark en lui.

Mais elle voyait autre chose.

D'autres personnes.

Elle ne se voyait pas elle, parce qu'elle avait toujours été une Tully plus qu'une
Baelish, mais…

Mais elle voyait Robb.

Elle voyait Bran.

Elle voyait Rickon.

Mais surtout, oh, surtout, elle voyait Arya.

Comment avait-elle bien pu ne pas s'en rendre compte bien plus tôt ?

Et si c'était vrai, si elle avait raison, vraiment raison, si ce n'était pas qu'une coïncidence, si
cet air de ressemblance démontrait qu'ils étaient bien tous du même sang alors est-ce que…
est-ce que…

Est-ce que…

Finalement, la pensée qu'elle n'osait pas entièrement formuler dans sa tête explosa alors.

Est-ce que Ned Stark était leur père ?

Et si c'était le cas…

Comment cela pouvait-il faire sens d'une quelconque manière ?

C'était… c'était juste…

C'était impossible.

Ça aurait dû l'être.

Mais maintenant, l'idée se faisait son chemin dans son cerveau et refusait d'en sortir.

Et elle ne pouvait pas penser à autre chose que ça, parce que ça remettait en question tout ce à
quoi elle avait jamais cru.
L'amour de sa mère pour son père, le fait qu'ils aient semblé être heureux pendant de
nombreuses années, parce que si son père n'était pas Petyr Baelish (encore que, elle était la
seule à pouvoir potentiellement s'exclure du lot. Ce qui rendait les choses pires parce qu'elle
ne voulait plus être sa fille.) et qu'aucun d'eux ou presque ne l'était, alors…

Alors ça bouleversait son univers entier.

Parce que si elle avait raison, alors sa mère avait menti, et ça faisait des années que son
couple avec Littlefinger n'était plus qu'un mensonge (il en avait été un dès le début, les dés
avaient été pipés dès le départ et c'était lui qui avait triché, il trichait toujours), et ça ne datait
pas de ce jour où Sansa lui avait enfin avoué la vérité.

Parce qu'elle se souvenait de sa mère et de son amour pour son époux, et ça n'avait pas pu
être un mensonge, c'était vrai, elle le sentait dans ses os, elle l'aimait, il l'aimait, ils s'aimaient
ou du moins ils s'étaient aimés et c'était incontestable.

Mais.

Mais il y avait aussi cette ressemblance improbable et impossible qui pourtant faisait si sens
sans le faire en même temps et son esprit était sens dessus dessous.

Où était la vérité dans tout ça ?

Où se cachait le mensonge ?

Elle aurait aimé le savoir.

Elle aurait vraiment le savoir.

Elle allait devoir trouver la vérité alors.

Il le fallait.

A suivre…
Bienvenue dans l'œil du cyclone.
Chapter Notes

Titre du 26/01/2022 : Bienvenue dans l'œil du cyclone

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Sansa/Yara

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects d'… Arsène Lupin 1 : Gentleman : Écrire sur un personnage


particulièrement élégant et bien élevé ou sur Aziraphale (Good Omens)

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, ships rares, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects,
50 nuances)

Pour une fois, ce n'était pas pour une leçon de conduite que Yara s'apprêtait à voir Sansa.

Ce qui l'arrangeait pas mal d'ailleurs, elle commençait à en avoir légèrement marre de la
conduite et des leçons, elle n'en pouvait plus de la voiture et elle ne voulait qu'une seule
chose, que ça s'arrête enfin, et qu'elle décroche pour de bon ce fichu permis à la noix
apparemment tellement indispensable !

(Note de l'autrice : au moment où j'écris ces lignes, le 28 mars 2023, je ne l'ai pas encore,
mais normalement si tout va bien au moment où je publierai ce chapitre, donc le regarde son
calendrier 16 août, bordel ça file je sais même pas encore ce que je ferai à de ma vie ce
moment-là, lol, hé ben je l'aurai. Je ferai un édit d'ici là à ce sujet. Edit : OUI JE L'AI. Et ça
vous le saviez déjà mais bon j'aime le redire encore une fois.)
Elle savait bien que ce n'était pas demain la veille que ça arriverait, ce n'était pas comme si
elle avait vraiment le temps pour ça non plus, entre ça, sa vie à Kintzheim et sa lutte contre la
malédiction avec son amie Marina.

Sans oublier le fait qu'elle détestait viscéralement le fait de conduire.

Même si Sansa rendait ça moins pire.

Bref.

L'idée venait de la rousse qui, après le tumulte provoqué par sa plainte et le départ de sa mère
du domicile conjugale, ressentait le besoin d'oublier un peu tout ça et d'aller se promener en
ville avec une amie.

Et c'était à elle qu'elle avait pensé.

Oh bien sûr, elle avait passé du temps avec Jeyne aussi avant, mais Yara ne pouvait
qu'admettre qu'elle se sentait touchée que la rousse l'ait choisie elle, alors qu'en théorie elle la
connaissait à peine.

Sansa ne se souvenait pas d'elle, et pourtant, elle lui faisait assez confiance pour passer du
temps en sa compagnie, alors qu'elle n'était pas arrivée depuis très longtemps en ville, et que
vu ce qu'elle avait vécu, la louve aurait pu très légitimement avoir envie de se méfier de tout
et de tout le monde.

Surtout d'une femme qui n'était rien pour elle.

Peut-être qu'une part d'elle-même savait la vérité, ou en avait en tout cas l'intuition, ou peut-
être qu'elle avait juste envie de lui faire confiance, tout simplement, qu'elle considérait que
Yara en était digne contrairement à d'autres.

C'était rassurant en un sens.

« Hey, la salua Yara en lui souriant.

- Salut Esgred, lui répondit Sansa en souriant également. »

Elle aimait entendre son ancienne petite-amie prononcer son prénom, même si ce n'était pas
le bon.

Il lui tardait qu'elle se souvienne, enfin, qu'elle l'appelle à nouveau Yara et pas par celui
qu'elle s'était certes choisie mais qui n'était rien de plus qu'un mensonge, une vaste imposture,
une simple mascarade.

Un masque qui lui collait à la peau, la faisait suffoquer et qu'elle brûlait d'enlever, d'arracher
tant elle ne le supportait plus.

Elle était fatiguée des mensonges, elle voulait juste…


Elle voulait juste que sa petite-amie la regarde comme elle le faisait avant, qu'elle
se souvienne d'elle et de leur amour, de leur histoire.

Tu me manques Sansa, pensa-t-elle avec une tristesse qu'elle savait infinie.

Oh mon amour, si seulement tu savais à quel point tu me manques.

Et là où la fer-née voyait l'amour de sa vie, Sansa ne voyait qu'une connaissance, voire une
amie si elle avait de la chance.

Et c'était suffisant.

C'était douloureux et c'était une des nombreuses choses qui lui brisait le cœur, mais c'était
parfaitement suffisant pour l'instant, parce que la rousse ne la connaissait pas, et qu'elle avait
souffert et que ce dont elle avait besoin c'était d'espace.

Alors elle attendrait, elle l'attendrait.

Elle l'attendrait des années s'il le fallait.

« Alors… comment tu vas ?

Question stupide, et manière totalement banale d'engager la conversation, et ça Yara le savait,


sans compter le fait qu'on avait dû lui poser la question d'innombrables fois.

Pourtant, la rousse lui sourit.

Elle était rayonnante, loin de l'air effrayé et triste qu'elle affichait avant cela, elle était libre,
enfin, à défaut d'être heureuse et guérie, et elle allait mieux, et ça se voyait.

Yara aurait juste aimé pouvoir intervenir plus tôt pour l'aider à sortir de cet enfer, voire que ça
ne se produise jamais tout court, mais ce qui comptait le plus c'était qu'elle l'ait fait.

- Bien… Je crois. Je n'en suis pas toujours sure, les souvenirs sont toujours là, et je fais
encore des cauchemars et rien de tout ça n'est fini, mais… ça va mieux.

- Tu es toujours suivie par ta psy ?

Oui.

Ros était la psychiatre de Kintzheim (et vu le bordel ambiant qui régnerait en ville une fois la
malédiction brisée, elle allait sûrement besoin de l'aide d'Archie Hopper vu la masse de
travail qui allait s'abattre sur elle… Yara se demanda distraitement si le psychiatre existait sur
le même plan d'existence qu'eux, dans la même temporalité mais dans un autre monde et si le
cricket était jamais devenu un psy dans cette version de l'univers. Sans doute pas. Et cette
digression est déjà bien trop longue, je suis désolée.), et Yara n'était pas franchement surprise.

L'ancienne prostituée avait dû entendre les états d'âmes de ses clients à l'époque de
nombreuses fois, maintenant elle le faisait à nouveau, mais en étant payée pour ça cette fois.
Sansa hocha la tête.

- Oui. Elle… elle m'aide bien. Et elle comprend ce que j'ai vécu vu qu'elle a subi quelque
chose de similaire il y a plusieurs années.

Parce que bien évidemment, Ros elle aussi avait un passé tragique et douloureux.

C'était vraiment une manie…

Bien, maintenant que ça s'était passé.

- Qu'est-ce que tu voudrais faire ?

Les yeux de Sansa se mirent à pétiller.

- Rien.

Yara fronça les sourcils.

- Comment ça rien ?

- J'ai passé des jours éprouvants, alors je voudrais juste… Suis moi, je vais te montrer. »

§§§§

L'endroit était magnifique.

C'était un jardin, immense, superbe, semblable à ceux du Donjon Rouge, et quand Sansa
s'allongea au milieu de l'herbe et des fleurs, Yara ne comprit pas vraiment trop où elle voulait
en venir, mais malgré tout elle la suivit sans se poser de questions.

« Alors ?

- Je voudrais simplement rester là, allongée, dans le calme et le silence, loin du bruit et du
tumulte de la ville et regarder les nuages.

Yara hocha la tête, approuvant cette idée.

Elle aussi elle était épuisée de devoir courir partout tout le temps sans jamais prendre le
temps de se reposer.

Aujourd'hui elle avait l'occasion de le faire, en compagnie de la femme qu'elle aimait de


surcroît, elle n'allait pas se priver d'en profiter.

Elles restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, sentant la brise du vent les caresser et
n'entendant rien à part le chant des oiseaux.

Ça faisait bien longtemps que Yara n'avait pas vécu un moment de paix comme celui-ci, et
elle aurait aimé qu'il ne s'arrête jamais, qu'il dure pour toujours, qu'elle puisse enfermer ce
moment dans une bouteille et le garder pour toujours avec elle.
Mais elle ne le pouvait pas, et il finirait de toute évidence par s'achever.

Mais pas maintenant.

Pas tout de suite.

Pas tant qu'elles ne l'auraient pas décidé.

- Esgred ?

- Oui Sansa ?

- Je n'ai pas été… très honnête avec toi. Il y a une autre raison au fait que je voulais qu'on se
voit ici.

Yara la regarda avec un air confus.

- Laquelle ?

Est-ce que c'était à propos de Joffrey ?

Ou bien était-elle en train de prendre conscience que quelque chose clochait en ville ?

- C'est au sujet de mon père.

Yara dut serrer les poings pour s'empêcher de hurler.

Petyr Baelish n'avait jamais été un père pour elle, pas seulement parce qu'il n'était pas de son
sang mais parce qu'il ne l'avait jamais protégé comme il aurait dû le faire.

Oh par le Dieu noyé, comme elle le haïssait.

Pourtant, elle se força à ravaler sa colère et sa fureur, ne montrant que le minimum à Sansa,
que ce qu'elle pouvait lui dévoiler parce que tout le monde en ville savait désormais que Petyr
Baelish était haïssable.

(Ils le savaient déjà avant, ils refusaient juste de le voir, ou on les en empêchait.)

- Qu'est-ce qu'il a fait cette fois ? Ne put-elle s'empêcher de laisser échapper.

- Ce n'est pas… ce n'est pas à ce sujet.

Yara devait l'admettre, elle nageait en plein brouillard, et elle le voyait bien, la rousse était
hésitante, cherchait ses mots, alors c'est que ça devait être important, non ?

- Je t'écoute dans ce cas-là, qu'est-ce que tu veux me dire au juste ?

Sansa prit une grande inspiration.

- Je… Je sais que ça va sans doute paraître bizarre, ce que je vais te dire, mais je pense que…
je pense que mon père n'est pas mon père. Que Petyr Baelish n'est pas mon père.
Yara la regarda alors avec un air stupéfait, mais pas pour les raisons que la Stark avait pu
imaginer.

Et elle dut lutter de toute ses forces contre elle-même pour parvenir à ne pas laisser la rousse
voir que c'était l'espoir qui l'animait désormais, un espoir qui lentement se mourait à petit feu,
l'espoir que quelqu'un comprenne enfin la vérité ou au moins une partie de cette dernière.

Un espoir qui soudainement, en quelques phrases, renaissait brusquement de ses cendres.

Un espoir qu'elle n'aurait pas compris.

Alors Yara enfouit ses sentiments au fond d'elle-même, cacha son sourire soulagé, tout en
acceptant de laisser son cœur chanter face à la merveilleuse nouvelle qu'elle venait
d'apprendre.

La vie faussement parfaite de Littlefinger était en train de se fissurer morceau par morceau et
elle serait là pour porter le coup de grâce ultime si besoin.

Sansa éclata alors d'un rire amer.

- C'est bien ce que je me disais, c'était complètement stupide de ma part de vouloir te parler
de ça, je…

- Non, c'est bon, lui assura Yara, je… Qu'est-ce qui t'a fait venir à cette conclusion ?

Sansa avait essayé d'en parler à d'autres de ses amis, avant, de manière détournée, et elle en
était arrivée à la conclusion suivante.

Personne ne pouvait s'imaginer que Petyr Baelish puisse ne pas être son père.

C'était à n'y rien comprendre, comment se pouvait-il qu'elle soit la seule à le voir dans toute
la ville ?

Et Yara était la première à qui elle le disait d'une manière si frontale, sans doute parce qu'elle
venait d'ailleurs et pouvait percevoir des choses que les autres ne voyaient pas, aussi parce
que même si elle la prenait pour une folle, elle finirait bien par partir et quitter la ville (ce
constat lui fit plus mal qu'elle ne l'aurait cru pour une raison qu'elle ne s'expliqua pas) et ce
serait comme si elle n'avait rien dit.

Mais si elle la croyait, oh, si elle la croyait…

Ça pouvait absolument tout changer, tout bouleverser.

Allez.

C'était le moment ou jamais.

Celui où elle devait se jeter dans le vide sans regarder en arrière, sans reculer, sans hésiter un
seul instant.
- Je ressemble à Ned Stark, lâcha-t-elle alors finalement, et ce fut comme si elle était
désormais incapable de s'arrêter de parler. Et Robb aussi, et Bran, et Rickon et Arya, alors
certes je ressemble peu à Eddard Stark mais je ressemble peu à Petyr Baelish aussi, et si j'ai
raison je dois être la fille de Ned Stark aussi, je ne vois pas pourquoi je serais l'exception qui
confirme la règle au sein de mon adelphie, et puis il y a le fait que nous ressemblons aussi à
Jon Stark et aussi ma mère était amoureuse de Ned Stark avant alors que peut-être que je ne
sais pas, elle a trompé mon père ? Qui n'est pas mon père ? Je ne sais pas je suis perdue mais
la seule chose que je sais c'est que quelque chose cloche, que plus rien n'a de sens, et que je
pense que Ned Stark est mon père. Mon vrai père.

À sa grande surprise, un sourire amusé se dessina sur le visage d'Esgred Miller.

- Est-ce que tu as pensé à respirer au moins une fois durant cette longue tirade ? Lui lança-t-
elle avec amusement, et ce n'était ni un sourire narquois ou mesquin qu'elle affichait alors
Sansa se mit à sourire elle aussi, reprenant sa respiration.

Mais maintenant, si elle avait un peu de mal à respirer, ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas
arrêté de parler pendant plusieurs secondes.

Non, c'était à cause du sourire de son interlocutrice qui l'avait éblouie.

Et alors, la révélation la frappa comme la foudre, violente et inattendue.

Elle était magnifique.

Ce n'était pas quelque chose qu'elle ignorait avant, mais maintenant, elle le voyait, elle le
voyait vraiment, et son cœur battait vite, beaucoup trop vite pour son propre bien, juste parce
qu'une jolie fille lui avait souri.

C'était à la fois exaltant et terrifiant.

- Je… oui, bredouilla-t-elle. Et…

- Je te crois, lui répondit aussitôt Yara, n'ajoutant pas le fond de sa pensée.

Je te crois parce que tu as raison.

Sansa la regarda avec stupeur.

- Quoi ?

- Je te crois. Tu as peut-être tort, mais… c'est ta ville. C'est ta famille. Ce sont les tiens, et si
tu penses que ta mère a eu des enfants avec un autre homme que celui que tu considères
comme ton père depuis que tu es né, alors… peut-être que tu as raison. Et on va essayer de
découvrir la vérité à ce sujet, ensemble. Je te le promets. »

Bienvenue mon amour.

Bienvenue dans le monde merveilleux de la malédiction, et surtout, accroche-toi bien.


Elle se trouvait là une alliée inespérée, elle qui voulait justement faire faire des tests ADN sur
certains habitants de la ville, voilà quelqu'un d'autre qui voulait faire de même.

Peut-être qu'elle pourrait mettre en place cette idée finalement…

A suivre…
Un combat de choc.
Chapter Notes

Titre du 16/12/2021 : Un combat de choc

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Nishinoya : Seiyuu : Écrire sur Bakugo Katsuki (MHA) ou écrire
sur une personne qui en imite une autre.

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

En voyant Yara revenir dans leur chambre d'hôtel, et en apercevant son sourire lumineux et
radieux, Marina sut aussitôt que son amie avait appris une bonne nouvelle.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Lui demanda la dunkerquoise.

- Avant, je voudrais savoir une chose… est-ce que tu es sortie de la ville récemment ?

Elle n'avait pas envie d'encore une fois voir son amie hausser un sourcil circonspect en
entendant ce qu'elle avait à lui dire et ne parvenant à comprendre qu'une infime partie de ce
qu'elle disait parce qu'elle avait encore perdu la mémoire.

L'autrice de fanfictions acquiesça.

- Oui, ne t'en fais pas, j'ai franchi la frontière tout à l'heure après mon rendez-vous avec
Lancel, et je suis rentrée il y a une demi-heure alors tout va bien, ma mémoire est intacte et
complète.
La fer-née n'eut même pas besoin de lui demander comment ça s'était passé, elle n'avait qu'à
regarder son sourire brillant et ses yeux pétillants de joie pour le savoir.

Marina était heureuse avec Lancel, vraiment heureuse, et lui aussi pour autant qu'elle pouvait
le dire lorsqu'elle voyait le lion.

Tant mieux.

Elle le méritait.

(Note de l'autrice : En fic et IRL aussi évidemment.)

- Parfait, lui rétorqua la jeune femme, dans ce cas-là… J'ai vu Sansa.

- Au fait, comment s'est passée ta dernière leçon de conduite ? Celle que tu as eu il y a


quelques jours.

- Oh pitié, est-ce qu'on pourrait ne pas avoir à en parler ? (note de l'autrice : j'ai passé ma
26ème leçon ce matin lol) Bien… Je suppose. Je déteste toujours autant conduire, mais
passons, et ce n'est pas le sujet.

- Ça t'arrange bien, s'amusa Marina.

Yara leva les yeux au ciel mais sourit malgré tout.

- Certes… On a parlé et elle m'a dit… Elle sait que Ned Stark est son père.

S'il n'y avait pas eu le contexte de la malédiction, cette phrase n'aurait eu aucun sens.

Mais voilà, elle était là et il y avait eu l'oubli et tous ces changements et elle…

Yara soupira.

Elle aurait aimé que ça ne se produise jamais.

Marina haussa un sourcil surpris.

- Elle quoi ? Comment… comment pourrait-elle le savoir ? Elle a oublié.

À part si elle se souvenait, mais si ça avait été le cas, Yara aurait explosé de joie, or ce n'était
pas le cas.

Donc c'était forcément autre chose.

Mais quoi ?

- Je veux dire… elle a compris que quelque chose n'allait pas en le voyant, et en réalisant
qu'il n'y avait que peu de ressemblances entre elle-même, les membres de son adelphie et leur
prétendu père alors qu'ils ressemblent beaucoup à Ned Stark. Ce qui n'est pas normal, du tout,
pour chacun d'entre eux.
- Comment se fait-il qu'elle ne le voit que maintenant ?

- Peut-être parce que la malédiction s'affaiblit de plus en plus et que ce qui était caché ne l'est
plus et que les gens commencent à se rendre compte que quelque chose cloche, et ça inclut
Sansa. Le temps est reparti comme avant après tout, ça pourrait être une autre conséquence de
notre présence en ville. Et puis aussi, elle ne le voit pas souvent, elle n'y a sans doute pas fait
attention avant parce que la malédiction ne voulait pas qu'elle le fasse.

- Sans doute, approuva son amie. Est-ce qu'elle en a parlé à sa mère ?

- Elle ne me l'a pas dit mais je ne pense pas, sinon ses doutes auraient été confirmés ou
infirmés selon ce que Catelyn lui aurait répondu.

- Elle envisage de faire un test ADN à ton avis ?

- Je n'en sais rien. J'y ai pensé mais là aussi elle ne m'a rien dit à ce sujet, donc… peut-être.
Ou peut-être pas. J'ai préféré ne pas trop lui poser de questions pour ne pas la brusquer. C'est
déjà extraordinaire qu'elle se soit confiée à moi comme ça.

Marina ne put manquer le sourire rêveur qui apparut sur le visage de Yara et elle sourit.

Elle ne savait pas au juste ce que les deux femmes s'étaient dit lorsqu'elles s'étaient vues,
mais la fer-née était maintenant sur un petit nuage, et elle espérait pour elle qu'elle n'en
descendrait pas de sitôt.

- Elle te fait confiance, c'est une bonne chose, et… est-ce qu'elle va mieux ?

- Un peu oui. Et j'espère qu'un jour, ici, tout ira mieux de nouveau. »

Marina ne pouvait s'empêcher d'espérer la même chose.

§§§§

Yara ne l'avait pas prémédité.

Pas vraiment, pas entièrement, en tout cas, ce n'était pas forcément prévu.

Enfin oui et non, pas forcément à ce moment-là en tout cas, pas de cette manière et elle…

Bon d'accord elle mentait.

Elle voulait totalement que ça arrive, parce que ça faisait des jours, non des semaines,
des putains de semaines qu'elle bouillonnait intérieurement, qu'elle enrageait de voir Ramsay
Bolton se promener et se pavaner en ville comme s'il n'avait rien à se reprocher, comme si
celle-ci lui appartenait et qu'il en était le roi incontesté.

Elle n'en pouvait plus de le voir, elle n'en pouvait tout bonnement plus de savoir
qu'il existait tout court en réalité, elle aurait aimé pouvoir le détruire, le réduire en charpie, en
bouillie, le démolir, lentement et douloureusement, lui faire endurer minutieusement ce qu'il
avait fait endurer à son petit frère.

Mais elle ne le pouvait pas.

Elle n'en avait pas le droit.

Parce que bizarrement, les autorités de Kintzheim n'approuvaient pas la torture.

Enfin, sauf quand celle-ci était pratiquée à l'intérieur des maisons, à l'abri des regards et qu'ils
pouvaient détourner le regard et prétendre n'avoir rien vu du tout…

Les derniers événements n'avaient pas aidé non plus à ce qu'elle se calme à vrai dire.

Theon se trouvait à l'hôpital.

Encore.

Et c'était la même personne qui l'y avait envoyé, le même monstre, le seul et l'unique.

Ramsay Bolton.

Évidemment.

Et tout le monde savait.

Et pourtant personne ne faisait rien, personne ne bougeait et rien ne changeait.

Des gens essayaient d'aider, vraiment, elle avait vu des personnes s'indigner, protester, tenter
d'agir, elle avait vu la rage dans les yeux de Robb, de Ned, de Jaime et de beaucoup d'autres,
une colère qui se reflétait aussi dans son propre regard.

Mais ça ne faisait pas la moindre différence.

Parce que Roose Bolton était complètement intouchable et que par extension, son fils l'était
aussi.

Et il le savait.

Il le savait et il en profitait et Yara avait juste envie de hurler à la mort, parce que c'était son
petit frère qui payait les pots cassés, qui en souffrait, qu'on était en train de briser (et ça n'irait
pas aussi loin que ce qu'elle avait vu dans la série, non, ça c'était hors de question, il ne
deviendrait jamais Schlingue) et ce n'était pas juste.

Il y avait ça et d'autres choses.

Le fait que Vère ait échappé à son père, que Sansa ait fait de même et ne soit plus entre les
griffes de Joffrey, ça lui donnait l'espoir, l'espoir qu'enfin tout bascule.

Il ne suffisait que d'une étincelle pour tout embraser.


Et elle n'hésiterait pas une seule seconde à allumer cet incendie.

Elle aurait pu changer de trottoir en le croisant ce jour-là, peu de temps après sa conversation
avec Marina.

Peut-être aurait-elle dû, effectivement.

Mais elle n'avait pas pu, elle n'avait pas voulu, pas alors qu'elle voyait à nouveau la lumière et
la vie briller dans les yeux de Sansa après les avoir vus éteints pendant si longtemps, elle
voulait ça aussi pour Theon.

Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouver son petit frère…

Qu'il redevienne lui-même, enfin, et qu'il soit heureux.

Qu'il se souvienne d'elle aussi.

Il lui manquait.

Par le Dieu noyé, il lui manquait tellement que ça lui faisait mal, que son cœur se déchirait à
chaque instant dès qu'elle pensait à lui.

Il était sa famille, la seule qu'il lui restait et il était hors de question qu'elle le perde lui aussi.

Alors elle n'avait pas baissé les yeux, elle avait affronté vaillamment le regard du bâtard et
elle s'était interdit d'avoir peur.

Parce que Theon comptait sur elle, même s'il n'en avait pas la moindre idée.

Elle ne sut jamais précisément si ce fut elle qui le bouscula, ou lui, ou si ce fut un simple
accident, mais le fait est qu'il y eut collision, et elle dut se retenir de sourire.

Voilà enfin l'occasion qu'elle attendait tant, de pouvoir enfin s'en prendre à lui de manière
légitime.

Il la regarda avec un regard méprisant et mauvais qui lui donna envie de lui foutre son poing
dans la gueule.

Mais pas maintenant.

Pas tout de suite.

Un sourire sadique apparut alors sur le visage du Nordien.

« Dis-moi Greyjoy, est-ce que par hasard tu n'aurais pas appris à regarder où tu vas quand tu
marches ?

Elle aurait presque aimé qu'ils ne soient pas seuls, que quelqu'un d'autre puisse entendre ça et
se demander légitimement pourquoi il l'avait appelée par ce nom de famille et non
pas Miller comme il aurait dû le faire.
Elle lui sourit à son tour, un sourire sans chaleur, sans joie, juste corrosif et sans pitié.

Un sourire de fer-née qui partait au combat.

- Oh mes excuses, lui rétorqua-t-elle avec le même ton ironique et sarcastique que celui qu'il
venait d'employer, mais là d'où je viens, on m'a appris à ne pas porter la moindre attention
aux bâtards que je croise. Même si je les bouscule par inadvertance.

Alors qu'elle feignait de continuer sa route, elle ne fut aucunement surprise de sentir sa main
se refermer violemment sur son bras.

Bien au contraire, elle s'y attendait et avait tout fait pour provoquer cette situation.

Il y avait peu de choses dans ce monde que Ramsay Bolton détestait plus que le fait d'être
appelé bâtard, et le plus amusant pour elle dans cette histoire c'était que techniquement,
contrairement à son autre version, il en était encore un d'après les lois en vigueur à Westeros.

Jamais il n'était devenu un Bolton avant que la malédiction ne soit lancée, il était resté
perpétuellement un Snow alors et ce n'était qu'en arrivant à Kintzheim qu'il avait gagné ce
nouveau nom et était enfin devenu légitimement un membre de sa famille, le fils de son père,
né hors mariage ou pas.

Le fait qu'elle lui rappelle ce qu'il était en réalité, ce qu'il n'avait jamais cessé d'être, devait
donc le remplir de rage.

Il aurait préféré que plus personne ne lui en parle, hé bien elle ne lui ferait pas ce plaisir.

Il avait décidé de se souvenir de la vérité, alors soit, dans ce cas elle allait lui parler de la
chose qu'il aurait aimé voir disparaître à jamais.

Elle se retourna vers lui et vit la haine brûler dans ses yeux.

Elle lui avait fait mal donc, elle l'avait blessé dans son orgueil.

Bien.

C'était tout ce qu'il méritait, et pire encore.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ? Lui demanda-t-il d'une voix faussement douce et polie,
préfigurant le calme avant la tempête.

- J'ai dit, lui répondit-elle avec un sourire narquois, que tu n'étais rien de plus qu'un sale
bâtard Ramsay Snow.

Elle insista bien sur son nom de famille et elle vit son visage se tordre de rage, animée d'une
fureur qui allait croissant.

Elle allait juste attendre que vienne enfin l'explosion, et le connaissant, si elle continuait de le
provoquer de cette manière, ça n'allait pas tarder.
Et elle la vit, la folie meurtrière qui se trouvait là en permanence, cachée derrière un faux-
semblant de normalité et que même la malédiction n'avait pas su apaiser et intérieurement,
elle sourit.

- Retire ça tout de suite, lui ordonna-t-il d'un ton qui ne souffrait d'aucune contradiction,
aucune possibilité de refus, tu n'as pas le droit de dire ça.

Cette fois, elle s'autorisa à lui sourire avec arrogance.

- Hors de question, je ne me plierai pas à tes ordres, parce que tu n'es rien qu'un foutu bâtard
de merde. D'ailleurs, c'est amusant, ajouta-t-elle, ce mot, bâtard… Sais-tu qu'il a un autre sens
dans ce monde, au-delà de celui qui te concerne via ta naissance ? Ce n'est pas grave, il te
correspond lui aussi Snow… Enfoiré de bâtard.

Cette fois-ci, le coup fusa et elle reçut son poing en plein visage et malgré la douleur, elle
faillit éclater de rire.

Elle lui sourit.

- J'espérais tellement que tu ferais ça, lui chuchota-t-elle avant de commencer à riposter. »

Elle allait tellement s'amuser.

A suivre…
Tu veux te battre !
Chapter Notes

Titre du 04/02/2022 : Tu veux te battre !

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects... de Fenrir d'Alioth (Saint Seiya) : Son nom : écrire sur Fenrir
(mythologie nordique / Marvel) ou écrire sur un perso ayant un nom peu commun

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

La douleur n'était rien face à l'euphorie qu'elle éprouvait actuellement.

Enfin !

Enfin elle pouvait laisser exploser sa rage, sa colère et sa fureur pour de bon, elle qui se
contenait depuis son arrivée à Dunkerque, sa rencontre avec Marina et encore plus depuis
qu'elle vivait à Kintzheim, elle qui avait dû serrer les poings encore et encore et s'empêcher
de se mettre en colère.

Parce qu'elle était en colère en permanence, et pour une fois, elle pouvait le laisser voir.

Les coups fusèrent, et même le fait d'en recevoir ne suffit pas à atténuer son enthousiasme,
elle voyait du sang couler, et il y en avait qui venait d'elle, de toute évidence, mais il saignait
lui aussi, il souffrait, il avait mal, et elle avait bien l'intention que ça dure.

Quand elle le fit hurler, elle ne put retenir un éclat de rire triomphant.
Ce ne serait de toute évidence pas suffisant pour changer les choses, et son petit frère avait
encore un long chemin à parcourir avant d'être réellement et complètement libre, mais
aujourd'hui, elle avait malgré tout prouvé quelque chose.

Quelque chose d'important et de capital.

Ramsay Bolton n'était définitivement pas quelqu'un d'intouchable.

Bientôt, les monstres allaient enfin tomber de leur piédestal.

Ce n'était qu'une question de temps.

Et elle était fière d'avoir porté le premier coup.

Lorsqu'on finit par les séparer, les gens étant enfin alertés par le bruit, et que les insultes
fusaient de la bouche de Ramsay Bolton, elle continua de sourire.

Elle espérait juste que ce serait suffisant pour dévoiler son vrai visage, pour qu'enfin plus
personne ne soit capable de fermer les yeux face à sa monstruosité.

Et si son sourire était ensanglanté et douloureux, peu importe.

La douleur ne comptait pas.

Pas si ça empêchait Theon de souffrir une seconde de plus à cause de ce salopard.

§§§§

(Note de l'autrice : Avant de commencer je tiens à préciser tout d'abord que je n'ai pour ainsi
dire pas la moindre connaissance concernant tout ce qui est judiciaire, juridique, tout ça tout
ça et que ça se limite à ce que j'ai pu voir dans des séries américaines, bref tout ça pour dire
que rien de tout ça ne sera probablement véridique parce que j'y connais rien.

Partons juste du principe que c'est Kintzheim et qu'à Kintzheim c'est comme ça que les
choses marchent. Ou plus honnêtement c'est comme ça que ma fic marche donc c'est plus
pratique comme ça.

Voilà, fin de l'interruption, vous pouvez reprendre votre lecture en toute quiétude, on se
revoie plus tard.)

Le lendemain.

Jaime Lannister n'était de toute évidence pas content de la voir là.

Et elle le comprenait tout à fait, provoquer un combat de rue avec ni plus ni moins que le fils
de Roose Bolton en personne, et lui casser la gueule dans le processus, c'était tout sauf ce
qu'on pouvait qualifier d'une bonne idée.

Aussi, alors qu'elle le voyait entrer dans la pièce, elle savait pertinemment qu'elle aurait dû
laisser tomber le sourire arrogant et très satisfait qui lui dévorait actuellement le visage, mais
comme ça n'aurait pas été très honnête, elle préféra le garder.

Après tout, elle était sincèrement très satisfaite d'elle-même, même si d'après lui ça devait
être pour de mauvaises raisons.

En la voyant, il ne put se retenir de soupirer.

Quant à elle, elle était heureuse de le voir.

Elle n'avait eu que peu d'occasions de le faire depuis qu'elle lui avait rendu son cœur, et
maintenant elle voyait bien à son air blasé et réprobateur qu'il avait changé, qu'il était
redevenu lui-même, il lui semblait bien moins éteint qu'avant, et c'était vraiment une bonne
chose.

Il était vivant, à nouveau, et c'était grâce à elle, c'était elle qui avait fait ça, et elle en était
fière, oh, si fière qu'elle avait presque l'impression que son propre cœur allait bientôt finir par
exploser de joie, parce que c'était une victoire de plus arrachée à Cersei et à ses alliés.

Personne ne le savait, elle le savait, et Cersei sans doute aussi, et c'était largement suffisant.

Alors qu'importe ce qui allait se passer ensuite.

Parce qu'en un sens, elle avait déjà réussi.

Elle avait mis le monde faussement parfait de Kintzheim sens dessus dessous.

Et elle n'allait clairement pas s'arrêter là.

« Si j'étais à votre place, je ne sourirais pas de cette manière mademoiselle Miller, lui dit-il
d'un ton sec et sévère en lui jetant un regard noir.

Ce ne fut pas ça qui la fit s'arrêter de sourire.

Elle avait survécu à bien pire que ça, que ce soit à Westeros ou à Dunkerque, ce n'était
clairement pas lui qui allait lui faire peur.

- Et pourquoi ça ? Ironisa-t-elle. Parce que j'ai osé me défendre alors que je me faisais
attaquer ?

Ce n'était pas totalement vrai, bien sûr, bien au contraire, mais ça il n'avait pas besoin de le
savoir.

Il soupira à nouveau.

Il avait le sentiment qu'elle allait tout faire pour le faire tourner en bourrique et il était bien
prêt à ne pas se laisser faire.

- Non. Parce que celui à qui vous vous en êtes prise, celui que vous avez insulté, que vous
avez provoqué, est Ramsay Bolton.
- Oh alors c'est juste ça le problème ? Je me suis battue avec quelqu'un d'important dans cette
ville oh là là quelle horreur !

- Esgred ! Rugit-il. Ne plaisantez pas avec ça, tout ceci, votre situation… c'est très grave.

- Il m'a frappée, lui rétorqua-t-elle, je n'ai fait que me défendre.

- D'après ce qu'il dit, il l'a fait parce que vous l'avez insulté. Vous l'avez traité de…

- De bâtard oui, le coupa-t-elle, le même sourire aux lèvres, j'ignorais qu'il était interdit de
dire la vérité dans cette ville.

Il la fusilla du regard.

- Donc vous l'admettez. Vous admettez que vous vouliez vous battre avec lui.

- Non. Je l'ai bousculé, ou il m'a bousculé, peu importe, je ne sais plus, bref, on s'est rentrés
dedans, et il m'a dit de regarder où j'allais et j'ai… perdu mon sang-froid.

S'ils avaient été dans un univers normal, ça aurait pu être la vérité, mais voilà.

Ils ne vivaient pas dans un univers normal, ils vivaient à Kintzheim, une ville qui avait été
créée par le Sort Noir.

Alors qu'importe que ce qu'elle dise ne soit rien de plus qu'un mensonge.

Ça ne changeait rien à la vérité, ça ne changeait rien à ce qu'il était.

- Pourquoi ? Lui demanda-t-il, et elle dut retenir le sourire triste qui manqua de se dessiner
sur son visage, parce qu'elle devait garder ce masque amusé et arrogant, sans rien laisser
paraître.

Pourquoi en effet…

Peut-être que si vous étiez à ma place, si vous voyiez la seule famille qu'il vous reste souffrir
l'enfer sur Terre, sans rien pouvoir faire pour changer son sort, peut-être comprendriez-vous,
Régicide.

Et alors elle sut ce qu'elle pourrait dire, alors qu'elle se rappelait ce qu'il avait fait dans cette
autre vie qu'il avait oubliée.

Les choses étaient différentes à Kintzheim, ne s'étaient pas passées de la même manière, mais
elle pouvait jouer sur ça malgré tout.

- Parce qu'il n'est toujours pas en taule malgré ce qu'il a pu faire, malgré la souffrance qu'il
inflige encore et encore à son petit-ami. Dites-moi monsieur Lannister, est-ce que les mots
violence conjugale vous disent quelque chose ?

Il se raidit aussitôt, et une lueur sombre apparut dans ses yeux, et avec ce qui était arrivé
récemment avec Vère et Sansa, le fait qu'ils ne fassent rien, que rien ne change concernant
Theon ne rendait les choses que pires encore qu'elles ne l'étaient déjà.

Et ils le savaient tous les deux.

- Le frapper n'y changera rien et ne fera pas avancer les choses.

Vous avez tué un roi qui violait sa femme, vous êtes bien mal placé pour me demander de ne
pas recourir à la violence, songea-t-elle.

Elle croisa les bras.

- Peut-être. Ou peut-être pas. Peut-être que si quelqu'un avait donné une bonne correction à
Craster, jamais il n'aurait violé Vère et toutes les autres, peut-être que si quelqu'un avait arrêté
votre fils, jamais Sansa n'aurait autant souffert. Et peut-être aussi que si quelqu'un avait
donné une bonne gifle à Aerys Targaryen, jamais il n'aurait passé des années à violer cette
pauvre Rhaella.

Elle le vit se figer et blêmir, tandis que ses yeux s'écarquillaient de surprise et d'horreur.

Elle le comprenait, ça devait faire des années (en quelque sorte puisqu'ils n'étaient
véritablement là que depuis presque deux ans) que personne ne devait lui en avoir parlé.

- Comment… Croassa-t-il, stupéfait. Comment êtes-vous au courant de ça ?

- Je ne suis là que depuis peu de temps, mais j'ai tout fait pour en apprendre le plus possible
sur votre ville. Et en entendant l'histoire de cette pauvre Rhaella, je n'ai pas pu m'empêcher
de faire quelques petits parallèles.

Dans cette version de l'histoire, l'ancienne reine était morte à cause des coups de son mari
alors qu'elle était enceinte.

Donc, c'était comme ça que Daenerys voire Viserys, étaient morts, voire n'étaient jamais nés
dans ce monde…

Et c'était ce qui aurait pu arriver à Vère si elle n'avait pas pu s'échapper avant.

C'était très certainement ce qui était arrivé à une de ses sœurs.

Voire à plusieurs.

- Ils ne sont pas Aerys, protesta-t-il, Aerys était…

- Fou, oui. Je sais. Eux ils ne le sont pas, quoi que ça se discute, mais ça ne fait pas d'eux des
personnes inoffensives pour autant. Je ne vous comprends pas, sincèrement, vous avez su
voir le véritable visage de Joffrey, alors qu'il est votre fils, alors pourquoi est-ce si difficile
pour vous de le faire concernant Ramsay Bolton ?

Il ne le savait pas lui-même.

Et c'était bien là tout le problème.


Un sourire se dessina à nouveau sur le visage de la jeune femme.

- C'en est presque drôle, tout de même, à quel point tout le monde dans cette ville est dans le
déni, alors qu'au fond ils savent que quelque chose ne va pas… C'est comme le chat de
Schrödinger vous savez ? Ni vraiment mort ni vraiment vivant… Ici, ils savent que Ramsay
Bolton est un monstre, et en même temps ils ne le savent pas. Hé bien c'est fini maintenant !

Il sursauta malgré lui, tant la conviction dans sa voix était perceptible, sans oublier le fait
qu'elle avait presque hurlé.

- C'est terminé les faux-semblants, les mensonges, le déni. Ils vont voir maintenant, et vous
aussi. Voir que Ramsay Bolton peut être attaqué. Qu'il n'a pas tous les droits. Que Theon
Greyjoy a le droit de vivre et d'être heureux lui aussi. Je les empêcherai de détourner le
regard, je leur ferai sortir la tête du sable. J'en fais la promesse solennelle. Vous voulez savoir
pourquoi je me suis battu avec lui hier ? Pour ça. C'est la seule et unique raison. Parce qu'il
faut que ça s'arrête. Parce qu'on mérite mieux. Parce que ce n'est pas normal.

Il vit les larmes dans ses yeux et il sut alors à quel point elle était sincère.

- Pourquoi est-ce que ça vous touche autant ?

- Parce que j'ai perdu une personne à cause de ça.

Elle avait perdu Theon en un sens, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'allait pas finir par le
retrouver.

- Je suis désolé. Sincèrement. Mais je ne peux pas faire grand-chose pour vous aider, même si
je comprends. Vous allez avoir besoin d'un avocat, si Ramsay Bolton porte plainte contre
vous, et le connaissant, il le fera. Est-ce que vous avez une idée ?

Et alors, elle sut.

Elle sut avec une exacte certitude qui elle allait choisir pour cette tâche, et elle se mit à
sourire, à la fois parce que c'était tellement évident et parce que c'était une nouvelle occasion
de faire un pied de nez à Cersei Lannister, tout en redonnant une nouvelle chance à quelqu'un
qui la méritait amplement.

C'était une manière de plus pour elle de bouleverser le statu-quo et de bousculer l'ordre établi,
de faire comprendre aux gens que les choses étaient en train de changer pour de bon.

- Tyrion Lannister, lui répondit-elle avec assurance.

Il la regarda avec des yeux ronds, prêt à éclater de rire, avant de réaliser qu'elle était
parfaitement sérieuse.

- Vous… C'est une blague ?

- Non. Allez dire à votre frère que je voudrais qu'il soit mon avocat. Et que je voudrais
vraiment qu'il fasse tout son possible pour que je sois bien défendue.
- Sans vouloir être défaitiste mademoiselle Miller, ça risque d'être un peu compliqué.

Elle haussa les épaules avec un sourire amusé.

- Que serait la vie sans un peu de danger ? »

A suivre…
Je te protège.
Chapter Notes

Titre du 05/03/2023 : Je te protège

Vierge : Sansa Stark (GOT)

S - Sansa (GOT)

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Capricorne (Astrologie) : La Chèvre de la Peur : écrire sur un perso
qui crée un sort pour se protéger ou sur un animal qui défend autrui

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Et ah ah j'ai mes règles au moment où j'écris ces lignes donc ben désolée Yara mais
aujourd'hui c'est toi qui prends.

Elle avait mal.

Elle avait vraiment mal, et c'était douloureux et en tant que fer-née elle était habituée à la
douleur, mais elle avait le sentiment qu'elle ne s'habituerait jamais à cette souffrance-là,
physique et immuable qui arrivait tous les mois et dont elle ne pouvait pas se débarrasser.

Parce qu'elle, Yara Greyjoy, avait actuellement ses règles.

Le mot était différent de celui qu'elle utilisait lorsqu'elle vivait à Westeros, mais le résultat
était le même au final.

Elle souffrait.

C'était moins pire que dans son monde d'origine, de toute évidence, mais la douleur était
toujours là, persistante, malgré les médicaments qui la plupart du temps n'avaient pas le
moindre effet sur elle.
Elle grimaça de douleur, clouée au lit.

Elle avait vraiment envie que cette semaine se termine, alors même qu'elle venait à peine de
débuter, et que ça ne faisait que deux jours qu'elle avait provoqué Ramsay.

Cette semaine commençait merveilleusement bien…

Elle se leva finalement, malgré la douleur.

Il fallait qu'elle aille voir Theon.

§§§§§

En entendant la porte de sa chambre d'hôpital s'ouvrir, Theon se figea pendant quelques


secondes avant de se détendre quand il réalisa qu'il ne s'agissait que de Sansa Baelish.

Pas Ramsay donc.

Il était tranquille pendant encore au moins quelques heures, voire jours si jamais il avait de la
chance (mais il n'en avait jamais eu durant sa vie avant cela, alors pourquoi est-ce que ça
aurait soudainement changé ?), c'était déjà ça.

Elle lui sourit et malgré la douleur qui irradiait chacun de ses os, il en fit de même.

« Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle.

- Ça va, lui répondit-il. »

Il mentait, évidemment, et ils le savaient tous les deux, tout comme elle mentait quand elle
était encore avec Joffrey et qu'elle prétendait que tout allait bien, qu'elle était heureuse, et à
force d'être devenus les rois et les reines des menteurs, ils avaient appris à voir à travers les
mensonges de l'autre.

Elle ne dit rien pourtant, parce qu'il n'avait rien dit non plus, et parce qu'elle savait bien
qu'elle n'arriverait pas à le convaincre qu'il devait essayer de s'enfuir parce qu'elle savait bien
que ça ne marcherait pas.

En revanche, elle avait autre chose à lui apporter ce jour-là.

Quelque chose de nouveau et de très précieux.

De l'espoir.

« Est-ce que tu es au courant de ce qu'il s'est passé à Kintzheim avant-hier ?

Il sourit.

- Tu pourrais être plus précise ? Il se passe beaucoup de choses à Kintzheim, et c'est une
grande ville, et comme tu le vois je ne peux pas beaucoup bouger en ce moment alors j'ai du
mal à voir ce qui arrive.
Comment pouvait-il en rire ? Se demanda-t-elle avec tristesse, essayant malgré tout de
sourire, de rester forte pour lui.

Elle s'était évadée, mais ce n'était pas son cas, et il fallait qu'elle tienne, qu'elle le soutienne,
parce qu'il avait besoin d'elle, qu'il méritait mieux que ça.

- C'est vrai, tu as raison… Lundi, quelqu'un a flanqué une sacrée raclée à Ramsay Bolton.

Theon se figea, stupéfait et blêmit.

- Quoi ?

Il avait dû mal entendre, forcément, parce que ça ne pouvait pas être possible, ce n'était
pas vrai.

Seul un fou aurait eu l'idée complètement insensée de défier Ramsay Bolton en combat
singulier et d'ensuite réussir à gagner.

Elle hocha la tête.

- Tu m'as bien entendue, lui confirma-t-elle, c'est vraiment arrivé. Moi aussi j'avais du mal à
y croire au début. Mais c'est vrai. C'est réel. C'est arrivé.

- Mais comment… qu'est-ce que… qui… Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Esgred Miller. Elle… elle l'a rencontré dans la rue, elle l'a bousculé ou bien c'est lui, je ne
sais pas, ce n'était pas très clair, mais en tout cas ils se sont battus et d'après ce que j'ai
entendu dire, elle a réussi à le mettre au tapis. Et c'était volontaire apparemment, elle l'a
provoqué, pour… je ne sais pas, prouver quelque chose. Prouver qu'il pouvait être battu lui
aussi. Qu'il n'était pas invulnérable. Montrer qu'elle en avait marre de cette situation, et
qu'elle voulait que ça cesse.

Il y avait de la fierté dans ses yeux, et Theon resta muet durant plusieurs minutes.

- Pourquoi ?

Sansa fronça les sourcils.

- Pourquoi quoi ?

Ce qu'elle avait fait, c'était un message adressé à l'ensemble de Kintzheim, et à lui en


particulier, un message qui pour lui était plus que limpide, et il se souvenait de la flamme
dans ses yeux, de sa colère à peine dissimulée lorsqu'elle était venue le voir à l'hôpital
quelques jours plus tôt.

Il avait pensé qu'elle ne tenterait rien contre lui, parce que personne ne le faisait, parce que
tout le monde avait peur de lui, parce que ça lui semblait totalement inconcevable que
quelqu'un se lève enfin et décide de dire non et de faire en sorte que ça s'arrête.

Parce que c'était ce qu'elle avait fait et elle l'avait fait pour lui.
Et il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle l'avait fait.

- Pourquoi est-ce qu'elle a fait ça ?

- Parce qu'il le mérite ? Hasarda-t-elle, et il secoua la tête.

- Non ce n'est pas ce que je voulais dire, je… Elle l'a fait pour moi, pas vrai ?

Il n'en était même pas sûr, tant ça lui paraissait complètement délirant.

Sansa lui sourit alors, comprenant enfin ce qu'il entendait par là.

- Oui. Évidemment.

La rousse la côtoyait plus souvent que ne le faisait Theon, et elle avait pu en parler avec elle,
elle avait vu ses yeux s'assombrir de plus en plus à chaque fois que le sujet était évoqué, et
une part d'elle-même savait dans le fond qu'elle finirait par craquer.

Ce jour avait fini par arriver.

Et Sansa en était soulagée, vraiment, parce que Theon méritait mieux que ça, qu'il méritait
qu'on se batte pour lui, qu'il méritait d'être libre.

Qu'il méritait mieux que la douleur, que l'enfer que lui faisait vivre Ramsay.

- Pourquoi ? Répéta-t-il avec le même air incrédule et perdu.

Et la jeune femme sentit la tristesse l'envahir, et son cœur se briser en réalisant qu'il n'arrivait
pas à croire possible et vraisemblable le fait que quelqu'un puisse vouloir se battre pour lui et
se mettre en danger pour que sa vie s'améliore.

Et en même temps, elle ne pouvait pas le blâmer pour ça, parce que personne n'avait jamais
rien fait pour lui avant, parce qu'ils ne savaient pas ou faisaient semblant de ne pas voir, ou
parce qu'ils n'avaient pas réussi à faire bouger les choses.

- Parce qu'elle a eu le courage de faire ce que personne d'autre n'a réussi à faire, parce qu'elle
estime, tout comme moi, que tu mérites mieux. Je ne sais pas ce qui va se passer Theon, mais
on va y arriver. On va gagner. »

Et, alors qu'il réalisait qu'il existait bel et bien quelqu'un dans cette foutue ville de décidé à se
battre pour lui, Theon Greyjoy se surprit à la croire.

§§§§

En voyant Esgred entrer dans la pièce, Sansa ne put s'empêcher de remarquer la ressemblance
entre elle et Theon.

Pas seulement à cause de leurs blessures, des restes de traces de coups infligés par Ramsay, il
y avait autre chose, quelque chose que Sansa n'avait jamais vu avant mais qui maintenant que
ça lui apparaissait en pleine lumière devenait pour elle tellement flagrant et évident qu'elle se
demandait comment elle avait fait pour ne pas le voir avant.

C'était comme la ressemblance qu'elle avait remarquée entre elle-même, les différents
membres de sa famille et Ned et Jon Stark, quelque chose qui était passé inaperçu jusque-là
mais qui devenait visible alors que les deux personnes en question se trouvaient dans la
même pièce.

C'était comme si on avait enlevé un voile qui recouvrait ses yeux jusque-là, et qu'enfin elle
pouvait ouvrir les yeux.

Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait à Kintzheim, surtout ces derniers temps,
c'était comme si elle avait été aveugle pendant tout ce temps et qu'enfin elle voyait.

Ça aurait dû la faire paniquer, et pourtant, bizarrement, ce n'était pas le cas, parce que aussi
incongru que cela paraisse, c'était comme si tout ce qu'elle était en train de découvrir était
plus censé que ce à quoi elle avait été confrontée avant.

C'était logique que Ned Stark soit son vrai père.

C'était logique que Jon soit son cousin.

C'était logique qu'elle n'ait en réalité aucun lien du sang avec Petyr Baelish.

Et enfin, c'était logique que Theon Greyjoy et Esgred Miller se ressemblent tant qu'on aurait
dit un frère et une sœur.

Ça n'avait aucun sens et en même temps c'était parfaitement logique.

Ça expliquait pourquoi Esgred était si protectrice de Theon si celui-ci était son petit frère.

Mais cette ressemblance soulevait plus de questions qu'elle n'apportait de réponses.

Autant la question de ses propres origines pouvait parfaitement s'expliquer, ce qu'elle venait
de réaliser n'avait pas la moindre explication logique ou rationnelle.

Parce que, si elle avait raison, si Esgred Miller était réellement la sœur de Theon Greyjoy,
alors comment se faisait-il qu'elle ne vive pas à Kintzheim ?

Et surtout, pourquoi est-ce que personne ne savait qu'elle existait, pourquoi est-ce qu'ils
ignoraient que Theon avait une sœur, en avait-il une d'ailleurs ?

Esgred savait-elle ?

Était-ce pour cela qu'elle était là ?

Ça aurait expliqué tellement de choses, mais le fait que Theon ait une sœur perdue, ou
cachée, ou une demi-sœur, c'était…

Sansa n'arrivait pas à trouver le moindre sens à tout ça.


Et pourtant, elle ne pouvait pas nier cette ressemblance parfaite.

Mais ça n'avait pas la moindre importance finalement, parce que Esgred lui sourit la seconde
d'après et qu'elle sentit son cœur virevolter dans sa poitrine, et ce fut comme si le monde était
revenu à l'endroit.

Elle garda ça dans un coin de son esprit, préférant ne pas en parler.

Elle trouverait bien une explication plus tard, non ?

§§§§

En voyant Onyx se diriger tout de suite vers Theon, Yara ne put s'empêcher de sourire, la
chienne devait sentir qu'il avait besoin de réconfort, et elle ne put s'empêcher malgré de
frémir en se souvenant d'autres chiens.

Ceux de Ramsay Bolton, et elle chassa l'impression quelques secondes après parce que Onyx
n'était pas comme eux, loin de là, et que Theon n'aurait jamais à être confronté à ces bêtes.

Jamais.

Il était en sécurité ici, loin de Ramsay, et elles étaient là pour lui au besoin, elles pouvaient le
protéger.

Elles pouvaient le faire, elle, Sansa, Marina.

Elles ne le laisseraient pas tomber.

Et peut-être Theon le savait-il, parce qu'il lui sourit avec reconnaissance, et elle sentit son
cœur se serrer.

Il ne se souvenait pas d'elle.

Il ne se souviendrait peut-être jamais d'elle tout court.

Combien de temps supporterait-elle donc qu'il la regarde comme une inconnue et non comme
la grande sœur qu'elle était censée être pour lui ?

Mais elle devait tenir, ne pas se briser, être forte, pour que lui puisse l'être aussi.

Parce qu'ils devaient survivre à tout ça, et ressortir renforcés de cette épreuve.

Ce qui est mort ne saurait mourir mais se lève à nouveau plus dur à la peine et plus
vigoureux.

Ils étaient des fer-nés.

Ils pouvaient le faire.

Elle prit place sur le lit, prenant garde de ne pas le toucher pour éviter de le blesser.
« Est-ce que ça va ? Lui demanda-t-elle.

- C'est plutôt à vous que je devrais poser la question. Un combat contre Ramsay c'est… enfin,
ce n'est pas rien.

- Vous en savez quelque chose, lâcha-t-elle en le regardant droit dans les yeux.

Il détourna le regard, gêné, et une part d'elle-même voulait le secouer, lui dire de regarder la
réalité en face, de fuir tant qu'il en était encore temps.

Mais elle ne le ferait pas.

Elle soupira.

- Et vous, ça va mieux ?

Il lui sourit.

- Mieux oui, beaucoup mieux, merci beaucoup. »

Son sourire était un mensonge.

Évidemment.

La fer-née serra les poings de rage, se jurant à nouveau une chose.

Celle qu'elle sauverait Theon de son tortionnaire, à tout prix.

§§§§

En entendant des bruits de pas dans le couloir, puis en entendant la porte s'ouvrir, Yara se
tourna.

Ramsay.

Ramsay était là, il était venu ici, il osait venir, après ce qu'il avait fait, il…

Elle aurait voulu se lever pour mettre son poing dans la gueule et l'empêcher de remettre les
pieds dans la pièce ou à ne serait-ce que quelques centimètres de Theon pour toujours.

Elle n'en eut pas le temps, Onyx s'en chargea pour elle en allant aboyer sur le Bolton si fort et
à de si nombreuses reprises que le bâtard ne put s'empêcher de tressaillir.

Yara sourit avant de se lever, les poings serrés, prête à se battre.

« Je pense que vous devriez partir, vous n'êtes pas le bienvenu ici, et je doute que vous
souhaitiez que l'incident de l'autre jour ne se répète. »

Ramsay la regarda brièvement avant de s'en aller sans demander son reste.

« Bon chien, murmura-t-elle à Onyx en passant la main dans son pelage. »


La chienne aboya comme pour l'approuver et la fer-née sourit.

Si elle continuait comme ça, elle pouvait y arriver.

Elle pouvait gagner.

A suivre…
Devant la glace.
Chapter Notes

Titre du 28/05/2021 : Devant la glace

Sagittaire : Jaime Lannister (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

J – Jaime Lannister

Maladie 6 : Alcoolisme

Défi des adultes 329 - Psychologie : Alcoolisme

Prénom 67 : Marina

Défi Sarah & son cerveau n°144 - Placer le mot Sang

Quatre aspects de… Largo Winch : Freddy : écrire sur une personne qui a une cicatrice
au visage ou sur un blond

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, blessure maladie
mort de votre perso, défi des adultes, elles ont dit, Sarah & son cerveau, quatre aspects,
50 nuances)

Note : Mon grand-père est mort, ceci n'est pas une bonne journée.

Son frère dormait encore quand Jaime était arrivé chez lui.

Rectification.

Il cuvait encore sa gueule de bois de la veille et en voyant cela, Jaime ne put s'empêcher de
soupirer.

Ça n'aurait pas dû l'étonner, et honnêtement ça ne le surprenait pas, vraiment pas, surtout


depuis le temps que ça durait, mais ça ne changeait rien au fait que le voir dans cet état lui
brisait chaque jour un peu plus le cœur.

Son petit frère allait mal, terriblement mal, et il n'avait aucune idée de comment l'aider pour
qu'il aille mieux ou pour enfin lui permettre de s'en sortir.
Il se sentait impuissant, et jamais les mots d'Esgred Miller n'avaient sonné aussi juste à ses
oreilles qu'à cet instant précis, parce qu'elle avait raison sur toute la ligne.

Personne dans cette foutue ville ne faisait jamais rien, n'agissait jamais, ne faisait quoi que ce
soit pour que les choses changent, pour qu'elles s'améliorent, et les choses restaient
perpétuellement les mêmes, du moins avant que la jeune femme et son amie Marina
n'arrivent.

Ils restaient inactifs alors qu'ils auraient pu faire quelque chose, qu'ils auraient au moins
pu essayer et qu'ils savaient tous au fond d'eux-mêmes que quelque chose n'allait pas, ne
tournait pas rond.

Ce qui démontrait bien une chose.

Eux, les habitants de Kintzheim, tous autant qu'ils étaient, ils n'étaient rien de plus qu'une
bande de lâches.

Lui y compris.

S'il ne pouvait même pas aider son propre frère, qui était pourtant la personne qu'il aimait le
plus au monde, avec sa femme et ses enfants, comment aurait-il bien pu réussir à venir en
aide aux autres, à des gens comme Sansa, Theon, Vère et tous ceux qui en ville souffraient à
cause des violences d'autres personnes ?

Il n'avait rien fait pour eux, il n'avait même pas essayé, alors qu'il avait essayé pour Tyrion,
même si ça n'avait pas fonctionné.

Il n'avait pas toujours été comme ça pourtant.

(Note de l'autrice : Bonjour c'est encore Angie, c'est pour dire que je suis une quiche et
qu'encore une fois j'ai réalisé que je m'étais trompée sur un truc et ah ah j'ai la flemme de
changer quoi que ce soit encore une fois donc on va dire que la malédiction a changé ça ou
que la mémoire des personnages leur joue des tours et ne se stabilise pas vraiment voilà.)

Il se souvenait d'avant, il se souvenait de ce que Esgred Miller lui avait balancé au


commissariat, ce qu'il avait fait autrefois.

Il se rappelait la mort d'Aerys Targaryen qu'il avait dû tuer bien malgré lui, il se souvenait de
ça, de sa folie grandissante, des morts suspectes qu'il n'avait pas pu empêcher, du
soulagement d'avoir arrêté ce monstre mêlé au regret de ne pas l'avoir fait plus tôt, de ne pas
avoir agi à temps, et de ne pas avoir pu sauver Rhaella Targaryen de son triste sort.

Il se souvenait du sang, de la douleur, des hurlements, il se souvenait ne pas s'être senti une
seule seconde comme un héros mais s'être simplement dit qu'il avait fait ce qu'il devait faire
et avait permis d'éviter le pire.

Il se souvenait des flammes aussi…

Des années après, il en faisait encore des cauchemars, même si depuis quelques jours,
d'autres avaient pris sa place.
Mais peu importe.

Ce n'était pas le passé qui l'importait actuellement mais plutôt le présent, et par extension le
futur.

Plus particulièrement, le futur de son petit frère, qui méritait mieux que le désespoir dans
lequel il avait été plongé par les différentes épreuves que la vie lui avait faites subir, et après
tout ce temps, enfin il avait peut-être trouvé un moyen de lui faire remonter la pente.

Peut-être.

Que ce moyen vienne d'Esgred Miller était en revanche particulièrement inattendu, qu'elle ait
décidé de le choisir lui plutôt que n'importe qui d'autre qui aurait pu lui permettre d'avoir une
meilleure défense que ce qu'elle aurait probablement en engageant Tyrion, et ce en toute
connaissance de cause, voilà qui était très surprenant.

Si la situation n'avait pas été aussi catastrophique, le blond aurait probablement éclaté de rire.

Une totale inconnue qui n'avait probablement pas croisé le Lannister plus de deux ou trois
fois en ville depuis son arrivée se souciait malgré tout bien plus de son sort que ne le
faisait Cersei, qui était pourtant sa belle-sœur.

C'était à n'y rien comprendre, vraiment, et il n'avait jamais réellement réussi à bien saisir la
raison pour laquelle sa femme semblait tellement détester Tyrion ou pourquoi elle n'avait
jamais voulu lui tendre la main ou lui venir en aide alors qu'il en avait pourtant tellement
besoin.

Il savait bien qu'ils n'étaient pas liés par le sang, qu'il n'était pas son frère, qu'ils n'étaient pas
aussi liés que Jaime et Tyrion pouvaient l'être, mais tout de même, il faisait partie de
sa famille et il ne lui avait jamais fait le moindre mal.

Alors dans ce cas-là, pourquoi tant que d'indifférence, de froideur et de haine à son égard ?

(Oh, s'il avait su la vérité, il aurait compris, et aurait préféré sans doute ne jamais savoir quoi
que ce soit…)

Il aimait sa femme, il l'aimait vraiment – ou du moins il pensait l'aimer, c'était ce qu'il était
supposé faire après tout, c'était bien pour cette raison qu'il l'avait épousé – mais il y avait des
moments comme celui-ci où il ne la comprenait pas.

(Mais d'un autre côté, depuis quelques jours, il y avait des instants où il ne se reconnaissait
pas lui-même.)

Entendant son frère continuer de ronfler, il soupira une nouvelle fois, les bras croisés.

Il avait attendu qu'il se réveille de lui-même mais maintenant, il ne pouvait plus se permettre
ce luxe.

« Tyrion ! Tonna-t-il de sa voix la plus forte possible, ce qui fit sursauter le nain.
Le lion cligna des yeux à plusieurs reprises, encore dans les vapes et se demandant
probablement où il pouvait actuellement se trouver.

Au moins, il n'aurait pas à le secouer ou à lui balancer un seau d'eau en plein visage pour lui
permettre de se réveiller, c'était déjà ça.

Encore que, vu la forte odeur d'alcool qu'il dégageait, ça aurait peut-être été pour le mieux
qu'il le fasse, ne serait-ce que pour l'en débarrasser, même temporairement, surtout s'il
acceptait Esgred comme cliente, il devrait bien finir par la rencontrer et il valait mieux que ce
ne soit pas en étant dans cet état…

Lui qui n'avait pas une réputation déjà très reluisante, ce genre de chose n'allait clairement
pas l'arranger.

- Oh, bonjour Jaime, lâcha-t-il en étant clairement à demi réveillé, et Jaime dut se retenir de
hurler.

Il aurait aimé arranger les choses pour lui, vraiment, mais il ne savait même pas par quoi ou
par où commencer.

C'était terriblement frustrant.

- Bonjour Tyrion, répondit-il à son frère, se retenant de lui faire remarquer qu'ils étaient
actuellement plus près du soir que du matin.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Lui demanda son petit frère avant de se lever.

- Tu as entendu parler de ce qui s'est passé en ville ces derniers jours ? Le combat entre
Ramsay Bolton et Esgred Miller.

Désormais complètement réveillé après s'être passé un peu d'eau sur le visage, il acquiesça
quelques secondes plus tard.

- La nouvelle venue en ville ? Celle que Cersei essaie de faire partir par tous les moyens et
qui n'a pas l'air très décidée à s'en aller ? En réalisant que le regard surpris de son frère le
fixait, il soupira. Tu sais Jaime, je ne suis pas un ermite, je me renseigne sur ce qu'il se passe
dans ma ville. Et oui, je suis au courant de ça, Bronn m'en a parlé. Elle a une sacrée droite
cette fille apparemment et elle a bien fait, ça fait bien longtemps que quelqu'un aurait dû lui
coller la raclée qu'il mérite. »

Jaime savait très bien qu'il n'aurait pas dû être d'accord avec cette affirmation, du moins en
théorie, qu'il aurait dû protester, lui dire qu'il avait tort, que rien ne se réglait par la violence.

Il en fut tout bonnement incapable.

Parce que les faits étaient tous contre lui.

Parce que la violence n'avait jamais été empêchée et avait brisé trop de gens pour qu'il puisse
les compter.
Il se souvint de la résignation et de la peine dans les yeux de Rhaella Targaryen, qui avait fini
par se laisser mourir en réalisant que personne ne viendrait à son aide et qu'ils n'avaient pas
pu sauver parce qu'ils étaient intervenus trop tard alors qu'elle était déjà brisée en mille
morceaux et plus assez forte pour lutter et survivre.

Il se souvint des filles de Craster, de celles qui avaient eu moins de chance que les autres, de
celles qui n'avaient pas pu s'enfuir et qui ne seraient plus jamais là pour témoigner ou faire
entendre leurs voix.

Il se souvint de Vère qui avait dû se sauver elle-même et qui en avait échappé de peu, qui
avait vécu l'enfer et qui s'était relevée, qui avait dû se battre seule.

Il se souvint de Sansa qui avait souffert par la faute de son propre fils et pour qui il n'avait
absolument rien fait, pour qui personne n'avait jamais rien fait, et qui avait mis tellement de
temps à être écoutée, à être crue que c'en était à pleurer.

Il se souvint de Theon, toujours coincé dans une situation infernale et qui ne semblait pas
pouvoir encore s'en sortir.

Il se souvint de tout ça et préféra se taire.

Il réalisa aussi alors que les choses avaient commencé à changer après l'arrivée en ville
d'Esgred Miller et Marina Leszczynska, comme si leur simple présence avait suffi pour sortir
certains des habitants de leur apathie habituelle.

En voilà une étrange coïncidence…

Il se demanda si ça valait la peine qu'il essaie de creuser un peu de ce côté pour dénicher
quelques informations à ce sujet.

« Sans doute… Se contenta-t-il de lui répondre, pensif.

Tyrion le regarda avec étonnement, mais ne fit pas la moindre remarque face à son manque
de réaction.

- Bref. Quel rapport avec moi ? Ce n'est pas que je ne suis pas content de te voir mais je
suppose que tu n'es pas venu ici seulement pour me parler d'une bagarre des rues pas vrai ?

- C'est vrai. Je suis là parce qu'Esgred Miller risque d'avoir besoin d'un avocat à cause de
ça… et qu'elle a demandé à ce que ce soit toi.

Tyrion, en entendant cela, manqua s'étouffer avec son verre d'eau.

- Que… quoi ? Hoqueta-t-il après avoir toussé plusieurs fois. Tu… tu plaisantes j'espère ?
Jaime, je sais qu'on est encore en avril mais tu sais, le premier avril est passé depuis
longtemps.

En voyant son aîné ne pas même sourire face à sa tentative de plaisanterie, Tyrion sut alors
que c'était tout sauf une blague.
- Pas du tout. Elle a insisté pour que tu la représentes.

- Est-ce que tu sais pourquoi ?

- Aucune idée. Tu n'auras qu'à le lui demander toi-même.

- Ah parce que tu penses que je vais accepter ?

Jaime Lannister haussa les épaules.

- Eh bien, je ne sais pas, ce n'est pas toi qui il y a un instant disait que Ramsay Bolton
méritait ce qui lui était arrivé ? Tu n'auras qu'à essayer de convaincre un jury que c'est bien le
cas. Si jamais ils vont jusqu'au procès, ce qui, connaissant les Bolton, est très probable.

- Elle a bien conscience qu'avec moi elle a toutes les chances de perdre ?

- Justement, ce serait l'occasion pour toi de revenir sur le devant de la scène ! Insista son
frère. Ta première affaire depuis…

Il ne savait même plus depuis combien de temps à vrai dire, il ne se souvenait pas du tout et
ce n'était pas la première fois.

Il préféra laisser ça de côté, il s'en préoccuperait plus tard, quand il aurait le temps.

Tyrion hocha la tête.

- Tu… tu as peut-être raison. C'est juste que… je crois que je ne sais plus… comment on fait.
Comment gagner un procès, ce genre de chose.

- Va la voir d'abord, lui conseilla Jaime, et tu seras fixé. Mais avant ça prend une douche. Et
rase-toi. »

Peut-être son frère avait-il raison.

Peut-être devait-il vraiment essayer d'améliorer sa vie et de ne serait-ce que tenter de gagner
cette affaire.

Au moins pour prouver au reste du monde qu'il se trompait sur son compte.

A suivre…
Les parias.
Chapter Notes

Titre du 04/03/2023 : Les parias

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Maladie 6 : Alcoolisme

Yara Greyjoy

Défi des adultes 329 - Psychologie : Alcoolisme

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

Quatre aspects de… Demon Slayer (partie 3) : Muichiro : Écrire sur un perso tête en l'air
ou écrire sur un perso qui est le descendant d'un personnage important

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, blessure maladie mort de votre
personnage, de secondaire à principal, défi des adultes, elles ont dit, Sarah & son
cerveau, quatre aspects, 50 nuances)

Jeudi 23 avril 2019.

Tyrion Lannister regarda son interlocutrice avec une certaine circonspection.

Lorsque Jaime était venu le voir pour lui parler d'Esgred Miller et de sa volonté de l'engager
en tant qu'avocat, il avait cru à une blague, à une plaisanterie de mauvais goût, une farce
cruelle qui ne pouvait venir que de quelqu'un comme Cersei.

Même quand son frère lui avait assuré que l'offre était tout à fait sérieuse, il n'avait pas
complètement réussi à le croire mais il avait préféré garder ses craintes pour lui et ne rien lui
dire.

Jaime n'aurait pas compris.

Même quand Marina Leszczynska l'avait appelé pour qu'ils puissent organiser une rencontre
avec Esgred au Dragon Quincaille, le bar tenu par Bronn, il n'avait pas réussi à y croire.
Parce que ça n'avait absolument pas le moindre sens.

Même maintenant alors qu'il se trouvait face à elle, il n'arrivait toujours pas à imaginer une
seule seconde que ça puisse être réel.

Avant oui, quand il n'était pas encore cette loque alcoolique qui n'arrivait pas à garder le
moindre emploi et amoureux d'une bonne sœur qui plus est, il aurait compris.

Il avait été un bon avocat à l'époque après tout, excellent même, le meilleur s'en vantait-il
parfois, et peut-être qu'Esgred Miller comptait sur ça pour réussir à gagner (ou alors elle était
juste désespérée et ne pouvait pas se payer les services de quelqu'un d'autre, ça aurait rendu
tout ça bien plus logique), peut-être qu'elle pensait qu'il pouvait y arriver malgré ce qu'il était
devenu.

Hé bien il n'allait pas tarder à la détromper, et donc à la décevoir.

Et il en était désolé, sincèrement, il ne la connaissait pas, il ne lui avait jamais parlé, ne l'avait
jamais côtoyée et ne l'avait vue que quelques fois depuis qu'elle était arrivée à Kintzheim,
mais elle avait l'air d'être quelqu'un de bien, une bonne personne pour ce qu'il en savait.

Bronn lui avait parlé d'elle à quelques reprises avec admiration (ce qui venant de lui était
quelque chose d'assez rare et exceptionnel) et il l'avait décrite comme une personne qui
n'hésitait pas à mettre des coups de pieds dans la fourmilière et des coups de pieds au cul
aussi.

« Tu l'aimerais bien, avait-il conclu un jour où Tyrion était venu consommer chez lui. »

Il espérait que ce serait le cas, même s'il regrettait d'avance de devoir refuser sa proposition.

Parce que ça ne marcherait pas.

Parce que c'était perdu d'avance.

Parce qu'il n'y arriverait pas.

Parce qu'avec les Bolton et très probablement Cersei et ses autres alliés en face d'eux, ils
n'avaient pas la moindre chance.

(Parce qu'il avait peur, s'autorisa-t-il à penser.)

Il vit les yeux d'Esgred Miller et ne comprit pas d'où venait la tristesse dans ses yeux quand
elle le regardait, quand elle regardait a priori n'importe quel habitant de la ville.

Elle avait l'air…

Triste n'était pas le bon mot, ce n'était pas assez suffisant pour qualifier tout le désespoir qui
émanait d'elle.

C'était presque comme si elle portait toute la peine du monde en elle.


Comme si son cœur était prêt à se briser à chaque instant et qu'absolument rien ne pourrait
jamais le réparer.

Et pourtant, malgré cela, elle faisait comme si de rien n'était, comme si tout allait bien.

Tyrion ne put s'empêcher de froncer les sourcils.

Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver, qu'est-ce qu'elle avait pu traverser pour porter une telle
douleur en elle en étant aussi jeune ?

Il avait cru à une plaisanterie avant.

Désormais, même s'il s'avérait que c'était bien le cas, il devait admettre qu'il était
suffisamment curieux et intrigué pour avoir envie de rester.

Parce que de son point de vue, Esgred Miller était désormais un mystère qu'il n'arrivait pas à
comprendre.

Et cela faisait bien longtemps que Tyrion Lannister n'avait pas eu de mystère à explorer et
décortiquer.

Il remarqua un autre détail, concernant l'endroit.

Il était particulièrement bruyant et animé à cette heure de la journée, et comme elle venait
souvent d'après ce qu'il savait, alors elle avait choisi cet horaire en connaissance de cause,
ainsi que l'endroit probablement pour cette raison et pas seulement parce que le bar
appartenait à Bronn.

Donc elle ne voulait sans doute pas qu'on écoute ce qu'ils allaient se dire.

Voilà qui était fort intéressant.

De plus il y avait autre chose qui…

Oh.

Oh.

Elle ressemblait à Theon Greyjoy.

A priori, elle ne venait pas de Kintzheim, n'y avait jamais mis les pieds avant cela, était là
avec son amie Marina en vacances, rien de plus et elle n'avait aucun lien avec cette ville.

Alors dans ce cas-là, pourquoi ressemblait-elle à quelqu'un qui n'avait jamais quitté cet
endroit et qui venait d'une famille qui demeurait à Kintzheim depuis au moins des siècles ?

Il sourit avec amusement.

Voilà un mystère de plus qu'il lui tardait d'éclaircir…

Mais pour commencer.


« Pourquoi ? Demanda-t-il à Esgred, commençant à trouver le temps long et ayant envie
qu'ils arrêtent de se regarder comme ça, en chiens de faïence.

La fer-née fronça les sourcils.

- Pourquoi quoi ?

- Ne jouez pas les idiotes avec moi, ça ne vous réussit pas… Pourquoi est-ce que vous voulez
m'engager comme avocat ? Je me doute que ce n'est pas pour mon charme ravageur ou pour
ma réputation qui est comme chacun le sait dans cette ville, vous y compris, absolument
désastreuse.

Esgred sourit, mais son sourire n'atteignit pas ses yeux, et son regard était toujours aussi triste
qu'avant, et elle avait l'air aussi terriblement fatiguée, épuisée même, et Tyrion aurait aimé
comprendre pourquoi.

- C'est vrai. C'est parce que j'ai entendu parler de vous, de votre situation.

- Du fait que je suis un putain d'alcoolo ?

Elle acquiesça.

- Oui. Ça.

- C'est bizarre, c'est le genre de truc qui fait fuir les gens d'habitude. Je me serais plutôt
attendu à ce que ce soit votre cas à vous aussi.

- Je sais ce que c'est, vous savez, le coupa-t-elle alors, et il se figea, stupéfait.

- Pardon ?

Elle le regarda alors droit dans les yeux, un sourire triste se dessinant sur son visage.

- J'ai été dépressive un temps, et alcoolique, avant de venir ici. Maintenant… ça va mieux, et
j'ai remonté la pente, mais… j'imagine qu'on n'en sort jamais vraiment et je voulais vous dire
que… je comprends.

Il se figea, stupéfait.

Hé bien.

Cette rencontre se révélait être de plus en plus pleine de surprises.

- Est-ce que c'est de la pitié alors ? Lui demanda-t-il. Parce que si jamais c'est le cas je vous
préviens tout de suite, ce sera non.

En entendant cela, Yara dût fortement se retenir d'éclater de rire.

Elle s'attendait à cette réponse à vrai dire, malédiction ou pas, ça ne changeait rien à qui il
était, à savoir Tyrion Lannister, fils de Tywin et Joanna Lannister, frère de Cersei et Jaime
Lannister.

Il restait un lion malgré sa déchéance, et les lions avaient leur fierté.

Elle secoua aussitôt la tête.

- Non ne vous en faites pas pour ça, ma décision n'a pas le moins du monde été motivée par
les similarités de nos situations respectives, pas du tout non… En fait c'est principalement
parce que je crois en vous, au fait que vous pouvez gagner ce procès si jamais il n'y en a un,
pour vous aussi, pour que vous prouviez à l'univers à quel point il a eu tort de vous sous-
estimer comme il l'a fait. Et enfin… si je dois être parfaitement honnête avec vous, je dois
aussi vous avouer que c'est également dans le but d'envoyer un gigantesque doigt d'honneur à
Cersei Lannister.

La manière dont la surprise apparut sur le visage du nain et dont ses yeux s'écarquillèrent
sous le choc en était presque comique.

- Quoi ? S'écria-t-il stupéfait, manquant de s'étouffer avec son café, ayant décidé de rester
sobre pour cette conversation. Mais… quel est le rapport ?

Elle soupira.

- Cersei Lannister me déteste farouchement depuis mon arrivée et souhaite mon départ pour
une raison que j'ignore totalement, mentit-elle, consciente que révéler la vérité ne ferait que la
faire passer pour une folle, et je dois avouer que je le lui rends bien. Or il se trouve qu'elle
vous déteste vous aussi et fait de votre vie un véritable enfer. Je me disais que… qu'on
pourrait s'entraider contre elle.

Il devait forcément savoir non ?

Qu'elle n'était pas quelqu'un de bien, même s'il avait tout oublié, il ne pouvait pas être aussi
aveugle que les autres, aussi aveugle que Jaime (même si ce n'était pas la faute de ce dernier
si sa jumelle lui avait volé son cœur), il était Tyrion Lannister bon sang, il était supposé être
intelligent.

Une lueur s'alluma dans ses yeux.

- Vous avez l'intention de défier ma belle-sœur ?

Belle-sœur.

Comme ce mot lui semblait laid dans ces conditions.

Elle hocha la tête.

- J'ai déjà défié Craster et Ramsay Bolton après tout, la mairesse, c'est seulement le cran au-
dessus.

Il sourit avec cynisme.


- Je doute que vous sachiez à qui vous avez l'intention de vous attaquer mademoiselle
Miller… Cette femme est redoutable et bien d'autres s'y sont essayés par le passé. Et vous
savez quoi ? Ils ont tous échoué.

Quelque chose de dur et de sombre apparut dans ses yeux, quelque chose qui ressemblait
fortement à de la haine, et Tyrion fronça les sourcils.

Comment pouvait-elle haïr une personne qu'elle connaissait pourtant à peine ?

- Oh croyez-moi monsieur Lannister, lança-t-elle d'une voix emplie d'amertume, je ne le sais


que trop bien.

Qu'avait-elle donc perdu pour être aussi pleine de rage et de colère comme elle l'était ?

Que lui avait fait Cersei au bout du compte ?

Parce qu'il était désormais évident pour l'avocat qu'elle la connaissait, qu'elle connaissait
Theon Greyjoy aussi et d'autres habitants de la ville sans doute, sinon elle ne se serait pas
autant impliquée pour des gens qu'elle connaissait depuis à peine quelques semaines.

Pourtant, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, elle semblait décidée à le cacher.

Qu'à cela ne tienne, il avait bien l'intention de découvrir pourquoi, de comprendre, de


découvrir ce qu'elle prenait tant de soin à dissimuler, et soudain, il sut avec certitude qu'il
avait pris sa décision.

Il allait aider Esgred, il allait s'occuper de son cas et la défendre au procès si jamais il avait
lieu, par curiosité d'abord, pour en apprendre plus sur elle ensuite et trouver ce qu'elle cachait,
et enfin aussi parce que le Lannister ne loupait jamais une occasion de faire chier Cersei s'il
le pouvait, et cela faisait longtemps que la possibilité de le faire ne s'était pas présentée.

- Très bien… Vous êtes sûre de vous ? Demanda-t-il malgré tout, ne posant pas d'autres
questions pour ne pas lui faire comprendre qu'il avait des soupçons à son sujet.

Elle hocha la tête, l'air plus déterminée que jamais.

- Oh que oui. Je le suis. Vous avez bien dû vous rendre compte que quelque chose clochait en
ville, non ? L'interrogea-t-elle.

Et alors qu'il allait lui répondre, il croisa d'un seul coup son regard, et ce fut comme si
soudainement elle laissait enfin tomber le masque pour la première fois depuis le début de la
conversation, parce que son regard était suppliant et perdu.

Oh que oui, elle cachait quelque chose, une souffrance et un mal-être que sans doute
personne d'autre n'avait vu, et cela ne fit que renforcer sa conviction.

Il devait absolument l'aider.

Et puis… elle n'avait pas entièrement tort à ce sujet.


- Oui vous avez effectivement raison.

Et en entendant sa réponse puis en voyant la lueur rusée emplie d'intelligence qui apparut
dans ses yeux, Yara ne put empêcher un sourire de se dessiner sur son visage parce qu'il était
toujours Tyrion Lannister et que ni la malédiction ni les brumes de l'alcool n'avaient réussi à
anéantir cet esprit brillant pour lequel il était autrefois si renommé.

C'était une très bonne chose.

- Bien… Alors ?

- J'accepte de vous aider Esgred.

Un sourire ému apparut sur son visage.

- Merci Tyrion. Sincèrement. »

Tout ce qu'elle espérait maintenant, c'était que ce serait suffisant pour le convaincre d'essayer
de remonter la pente et enfin lui permettre de sortir de ce trou sans fond dans lequel sa sœur
et la malédiction l'avaient jeté deux ans et quelques plus tôt.

Ils se quittèrent sur ces mots et l'avocat rentra chez lui, animé par une nouvelle rage de
vaincre et de vivre qu'il n'avait pas ressentie depuis bien longtemps.

Et alors qu'il passait plusieurs heures à réfléchir à la manière d'arranger les choses pour la
jeune femme, ce ne fut que tard dans la soirée qu'il réalisa d'un seul coup que quelque chose
avait changé en lui.

Pour la première fois depuis bien longtemps, il n'avait pas eu la moindre envie de boire un
quelconque verre d'alcool.

Il se doutait bien que ça ne durerait pas, mais c'était un bon début.

§§§§

Yara considérait avoir passé une très bonne soirée.

Une fois son rendez-vous avec Tyrion terminé, elle était passée par l'hôpital pour annoncer la
bonne nouvelle à Theon, mais aussi à Sansa qui se trouvait là ce soir, et elle avait également
aperçu Robb, et en voyant la manière dont son frère et le loup se regardaient, elle avait réalisé
qu'ils étaient petit à petit en train de renouer leur ancienne relation, et elle sentit un poids être
enfin retiré de ses épaules.

Son petit frère n'était plus seul, et il ne le serait plus jamais.

Et sa joie ne put qu'exploser alors qu'elle apprenait elle-même autre chose, une bonne
nouvelle de plus.

Theon avait demandé une ordonnance d'éloignement contre Ramsay.


Enfin.

Enfin les choses bougeaient, et ils avançaient dans la bonne direction, et elle avait été si
soulagée, si euphorique qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de le serrer dans ses bras.

Et pendant quelques secondes, en le sentant là, contre elle, elle put presque oublier la
malédiction et tout le reste, elle put enfin se sentir à la maison.

Il allait bientôt sortir de l'hôpital, son petit-ami était à ses côtés, et il allait enfin pouvoir
s'éloigner loin de son bourreau et commencer à réapprendre à vivre.

Ce fut le sourire aux lèvres qu'elle quitta les lieux, suivie quelques pas plus loin de Marina
qui discutait pendant ce temps-là avec Lancel, et la fer-née avança un peu afin de leur laisser
du temps seuls en amoureux.

Elle n'aurait probablement pas dû.

En apprenant la décision de Theon, elle s'était dit que quand Ramsay apprendrait ça, il serait
furieux contre lui, et qu'il déciderait probablement de l'attaquer, ce serait bien son genre après
tout, mais en sachant qu'il était bien entouré, elle avait oublié toutes ses craintes.

Theon était en sécurité et rien de mal ne lui arriverait.

Ce ne fut qu'en voyant Ramsay Bolton surgir dans la nuit en face d'elle, un couteau à la main,
qu'elle réalisa qu'au bout du compte, ce n'était pas pour Theon qu'elle aurait dû s'inquiéter.

Mais bien pour elle-même.

Un sourire mauvais déformant son visage, le bâtard enfonça la lame dans son ventre d'un
coup sec avant de la retirer et de s'enfuir, alors qu'elle se figeait, tétanisée par le choc et la
douleur.

Hébétée, elle regarda ses mains, et sentit sa vue se troubler.

Du sang, il y avait tellement de sang et la douleur, et elle…

Alors qu'elle s'effondrait, elle entendit les hurlements poussés par Lancel et Marina, saisissant
à peine ce qui venait de lui arriver.

Et la dernière chose dont elle fut consciente ce fut des visages complètement paniqués du lion
et de la dunkerquoise qui se penchaient vers elle alors qu'elle se vidait de son sang.

Et puis plus rien.

Le noir complet…

A suivre…
Sous le crépuscule.
Chapter Notes

Titre du 27/05/2021 : Sous le crépuscule

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Maladie 6 : Alcoolisme

Yara Greyjoy

Défi des adultes 329 - Psychologie : Alcoolisme

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… fandoms (partie 3) : The Avengers : Écrire sur un super héros ou
écrire une scène sur un sauvetage héroïque

257) 50 nuances de personnages LGBT

12 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, blessure maladie
ou mort de votre personnage, de secondaire à principal, défi des adultes, elles ont dit,
Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Jamais Marina Leszczynska n'avait vu autant de sang de toute sa vie.

À part à la télévision, peut-être, après tout elle avait regardé Game of Thrones, et elle se
souvenait des morts, du sang, des meurtres durant le mariage de Daenerys, des combats et du
sang, elle se souvenait des Noces pourpres, des massacres, elle se souvenait de la gorge
tranchée de Catelyn Stark, des coups de dagues subis par Robb Stark et Talisa.

Elle se souvenait d'Oberyn aussi, de Jon Snow, et de tant d'autres, elle se souvenait de
l'explosion du Septuaire et de toutes ces morts qui n'avaient pas été empêchées.

Mais à ce moment-là, ce n'était que de la fiction, c'était uniquement des personnages, même
si son cœur avait parfois saigné pour eux, plus pour certains que pour d'autres, et elle était
alors bien protégée derrière son écran et dans son fauteuil ou dans son canapé, pouvant mettre
sur pause quand la scène devenait trop violente ou douloureuse, voire la passer ou trouver du
réconfort auprès d'Onyx.

Jamais à aucun moment le danger n'avait pu l'impacter elle d'une quelconque façon, elle était
chez elle, elle était en sécurité.

Ce n'était plus le cas désormais.

Maintenant, elle était là, dans cet univers fictif qu'elle aimait tant, et c'était réel.

Et Yara…

Yara avait été blessée.

Non.

C'était bien pire que ça, Yara avait été poignardée, elle saignait, et elle…

Elle était en train de mourir.

Le corps de Marina réagit avant même que son esprit ne prenne réellement la pleine mesure
de ce qui était en train d'arriver et elle se précipita en direction de Yara, ne voyant rien à part
ses yeux fermés et le sang qui commençait à tacher ses vêtements et elle agit aussitôt.

Elle devait arrêter l'hémorragie ou du moins si ce n'était pas possible (et vu la blessure, elle
en doutait fortement) au moins compresser la plaie, l'empêcher de saigner plus qu'elle ne
saignait déjà, tout faire pour que son cœur continue de battre.

Tout faire qu'elle ne meurt pas.

Parce qu'elle ne pouvait pas mourir, pas elle, pas Yara, pas alors qu'elle était à deux doigts
d'enfin être réunie avec sa famille, pas alors qu'elles faisaient tout pour briser la malédiction,
et que les choses s'arrangeaient enfin peu à peu pour une partie des habitants de Kintzheim.

Non, elle le savait bien, elle ne pouvait pas mourir.

C'était hors de question.

Ça n'aurait pas été juste.

Et elle savait bien que l'univers de Game of Thrones n'était ni bon ni juste et encore moins
équitable, mais ça ne changeait rien au fait qu'il était définitivement hors de question que son
amie meurt.

Si tu penses qu'il s'agit d'une fin heureuse, alors c'est que tu n'as pas été assez attentif.

Que Ramsay Bolton aille se faire foutre.

Que l'univers entier aille se faire foutre.


Elle ne la perdrait pas, jamais, elle se le jurait.

« Yara, Yara, Yara, s'écria-t-elle alors, répétant son prénom en boucle, oubliant tout, la
malédiction, le secret, le fait qu'elle n'était pas censée prononcer son vrai prénom en public,
oubliant la présence de Lancel et tout le reste, oubliant tout ce qui n'était pas sa meilleure
amie, et la panique qui s'était emparée d'elle. »

En entendant la sonnerie d'un téléphone, elle réalisa alors que Lancel avait appelé une
ambulance, et elle bénit la présence d'esprit et la réactivité de son petit-ami ainsi que le fait
qu'ils se trouvent encore à deux doigts de l'hôpital.

Ce ne fut qu'une fois Yara emportée loin d'elle et mise en sécurité que la dunkerquoise
s'autorisa enfin à souffler et se releva.

Ce ne fut que là qu'elle remarqua le sang qui tachait ses mains.

Le sang de son amie.

Un sang qui avait été versé par elle ne savait qui, par quelqu'un qui avait voulu la tuer et qui
par chance, n'avait pas réussi.

Elle serra les poings, les yeux emplis de rage.

Elle ne savait pas encore qui avait fait ça, mais il ou elle allait le payer, elle s'en faisait la
promesse.

§§§§

Elle le voyait encore.

Le sang.

Le sang de Yara, le sang de son amie, le sang de celle qui lui avait permis de découvrir cet
univers fou et dangereux et qu'elle aimait pourtant si fort et qu'elle voulait tant sauver des
ténèbres.

Elle avait eu beau se laver les mains encore et encore et tout enlever, elle avait le sentiment
qu'il était encore là, qu'il ne partirait jamais vraiment.

Il y en avait encore sur ses vêtements aussi, mais elle n'avait pas voulu rentrer chez elle (chez
elle. Oh c'était comme si elle considérait Kintzheim comme sa maison, et n'était-ce pas le cas
dans le fond ?) pour se changer ou prendre une douche, pas encore en tout cas.

Pas tant que Yara n'était pas réveillée, n'avait pas repris conscience, pas tant qu'elle était sure
et certaine qu'elle était sortie d'affaire pour de bon, qu'il n'y avait plus rien à craindre.

Ce n'était pas non plus comme si elle s'était sentie de capable de dormir un seul instant, pas
alors que la peur lui écrasait le cœur et lui comprimait les poumons à chaque instant depuis
qu'elle avait vu Yara s'effondrer dans cette ruelle et qu'elle avait compris.
Et oh grand Dieu, elle ne voulait plus jamais revivre une telle chose.

Elle aurait probablement dû le savoir finalement.

Elle aurait dû comprendre et réaliser qu'un jour ou l'autre, ce genre de chose arriverait, que
l'un des sbires de Cersei ou un autre de ses alliés allait se décider à les frapper comme ça,
dans le dos, dans l'ombre, parce qu'elles les dérangeaient trop.

Elle aurait préféré que ça n'arrive jamais.

Et maintenant, Yara allait peut-être mourir parce qu'elle n'avait pas été assez vigilante.

Si jamais cela arrivait, elle ne se pardonnerait jamais pour ça.

Elle ne reprit contact avec la réalité qu'en sentant la main de Lancel se glisser dans la sienne,
et elle dut se forcer à se souvenir qu'il n'y avait plus de sang et que Yara n'était pas morte et
que rien n'était de sa faute.

Se le dire ne la fit pas se sentir mieux pour autant.

« Marina, regarde-moi, lui intima alors Lancel.

Elle se tourna vers lui, et il n'aimait pas ce qu'il vit, ses yeux tristes et remplis d'une
culpabilité qu'il savait illégitime mais qu'il ne pouvait pas chasser, malgré tous ses efforts.

- Esgred est en vie grâce à toi, d'accord ? Parce que tu étais là et que tu as su réagir, tu n'as
pas à t'en vouloir pour ce qui est arrivé, tu n'aurais pas pu l'empêcher, aucun de nous n'aurait
pu le faire, c'était impossible de le prévoir. Et tu as limité les dégâts comme tu l'as pu, tu as
fait absolument tout ce que tu pouvais. Tu lui as sauvé la vie.

Un sourire se dessina finalement sur le visage de sa petite-amie qui acquiesça et serra sa main
dans la sienne.

- Toi aussi tu l'as sauvée, renchérit-elle, on l'a sauvée tous les deux, c'était… un travail
d'équipe.

Lancel lui sourit.

- Exactement. Je trouve qu'on fonctionne plutôt bien en équipe, tu ne crois pas ?

Cette fois-ci, Marina éclata franchement de rire, et ce fut comme si le poids qui l'étouffait
s'était enfin allégé, au moins un peu.

- Je suis bien d'accord, lui dit-elle avant de l'embrasser. »

Elle n'oublierait jamais ce qu'elle avait vu alors qu'elle avait été confrontée à la vision de son
amie à deux doigts de la mort.

Mais au moins Lancel était là pour l'aimer, pour la soutenir et la réconforter.


Et ça, ça faisait toute la différence.

§§§§

Il y avait une chose que Lancel n'arrivait pas à comprendre.

Ce n'était sans doute rien, mais…

Mais tout de même.

Ça restait bizarre.

Et il n'arrivait pas vraiment à saisir précisément pourquoi, mais…

C'était au sujet de Marina.

Elle avait appelé Esgred par un autre prénom.

Elle l'avait appelée Yara.

C'était… c'était… c'était…

Il n'arrivait même pas à déterminer précisément ce que c'était, mais c'était quelque chose.

Il le savait bien, la jeune femme était en train de paniquer à ce moment-là, mais c'était bien ce
prénom-là qu'elle avait choisi et pas un autre et quelque chose le perturbait à ce sujet sans
qu'il ne parvienne à mettre précisément le doigt dessus.

C'était comme si c'était à la fois le bon et le mauvais prénom, comme si ce dernier lui était
familier sans l'être vraiment, sans que ça n'ait réellement le moindre sens.

Yara…

Il connaissait ce nom mais qui…

Et puis, soudainement, il se souvint.

Yara Greyjoy.

La grande sœur de Theon Greyjoy, qu'il ne connaissait pas, mais dont il avait entendu parler
et qui était morte…

Morte noyée.

Alors si Esgred s'appelait bien Esgred, dans ce cas-là, pourquoi est-ce que Marina l'avait
appelée Yara ?

Et surtout, pourquoi est-ce que ce simple fait le tracassait autant ?

D'un seul coup, un détail finit par le frapper, deux en réalité, qu'il n'aurait probablement pas
pensé à relier ensemble si Marina n'avait pas fait ce lapsus inattendu et involontaire.
La dunkerquoise avait appelé son amie Esgred par un autre prénom, le prénom de Yara
Greyjoy et en un instant, c'était comme si tout s'éclairait.

Parce qu'il venait de se rendre compte qu'Esgred Miller ressemblait à Theon Greyjoy, comme
si, comme si, comme si…

Comme si elle était sa sœur.

Ce qui n'avait aucun sens, pas vrai ?

Puisque de toute évidence, Yara Greyjoy était morte.

Morte et enterrée, il le savait, il s'en souvenait, il…

Il n'avait pas assisté à l'enterrement.

Il ne s'en souvenait pas.

Il aurait dû pourtant, non ?

Il se souvenait de celui de Balon, celui d'Euron (personne ne les avait regrettés ces deux-là),
de ceux des grands frères de Theon, de celui d'Alannys, et oh cette famille avait subi une
telle hécatombe, mais bizarrement, il n'avait aucun souvenir de celui de Yara.

Il ne s'en souvenait pas.

Pourquoi est-ce qu'il ne s'en souvenait pas ?

Il aurait dû s'en souvenir, mais il avait oublié, et ça ne l'aurait pas gêné avant, mais depuis que
Marina et Esgred étaient arrivées, à chaque fois qu'il tentait de se rappeler de quelque chose
et que le souvenir lui échappait, il avait le sentiment que quelque chose clochait, sonnait faux.

Comme si la ville elle-même était un mensonge.

Ce qui là aussi n'avait aucun sens.

N'est-ce pas ?

Il préféra ne pas poser de question, ce n'était pas le moment.

Plus tard.

Oui, plus tard, une fois qu'Esgred (ou était-ce Yara en fin de compte ?) serait définitivement
sortie d'affaire.

Là, il lui poserait la question.

§§§§

Le lendemain matin.
Tyrion ne croyait pas avoir jamais vu son frère être aussi pâle de toute sa vie.

Pas même lorsque leur mère puis leur père étaient morts, pas même lors de leur enterrement,
non, il ne se souvenait pas l'avoir vu être aussi livide qu'à cet instant précis.

De toute évidence, il n'avait pas de bonne nouvelle à lui annoncer.

« Qu'est-ce qu'il se passe Jaime ? On dirait que tu as vu un mort, ironisa-t-il.

Son frère ne répondit rien et aucun sourire n'apparut sur son visage.

Oh.

Ça devait donc être vraiment grave.

- C'est tout comme, lui répondit-il avec un air sombre.

Tyrion leva un sourcil surpris.

- Comment ça ?

- Tu n'as pas eu la nouvelle ?

- Je… viens de me lever.

Jaime regarda l'heure, il était onze heures du matin, ce qui… était tout de même moins pire
que les horaires auxquels son frère se levait d'ordinaire lorsqu'il était ivre, ce qui dénotait un
certain progrès de sa part.

D'ailleurs, remarqua-t-il finalement, ce dernier ne l'était pas, il ne sentait pas l'alcool et


aucune trace d'une quelconque gueule de bois ne s'affichait sur ses traits ce qui signifiait qu'il
n'avait pas bu la nuit dernière.

C'était un changement appréciable, il le reconnaissait aisément.

Le policier soupira avant de s'asseoir sur une chaise que Tyrion lui indiqua.

- C'est Esgred Miller, finit-il par dire.

- Quoi donc ? S'amusa alors le nain, elle vient de réaliser que c'était une erreur de vouloir
m'embaucher et elle t'a demandé de me l'annoncer toi-même pour mieux faire passer la pilule

- Tyrion, rugit son frère aîné, les yeux brillants de rage et d'irritation, ce n'est pas le moment
de plaisanter !

Il se tut.

- Alors quoi ?

- Elle… quelqu'un a tenté de l'assassiner.


Les yeux de Tyrion s'écarquillèrent d'horreur.

- Quoi ? Mais… qui a fait ça, et quand ?

- Ça s'est passé hier soir, après sa visite à Theon Greyjoy à l'hôpital. Il faisait nuit, et d'après
son amie Marina, elle a été poignardée alors qu'elle et Lancel se trouvaient à seulement
quelques pas… Ils n'ont rien pu faire et n'ont aucune idée de qui a pu faire ça, du moins ils ne
l'ont pas vu.

- Mais… elle va bien au moins ?

- Elle survivra, lui confirma son frère, mais elle ne s'est pas encore réveillée pour l'instant.

L'avocat s'écroula dans une chaise juste en face de son frère, prenant le temps d'assimiler
l'information dans tout ce qu'elle pouvait avoir de monstrueux et d'abominable.

Un silence pesant s'installa alors tandis que le nain prenait pleinement la mesure de la gravité
de la situation.

Puis, une lueur sombre apparut dans son regard.

- Qui ? Lâcha-t-il d'une voix sans appel et qui exigeait clairement une réponse.

Jaime soupira à nouveau.

- Je te l'ai déjà dit Tyrion, on ne sait pas qui…

- A d'autres Jaime, lui rétorqua alors son petit frère tout en le fusillant du regard. Ne te fous
pas de moi, vous ne savez pas qui, mais même si je ne suis ni inspecteur de police ni
détective, il me semble que le coupable potentiel numéro 1 est plutôt évident, non ?

Il lut aussitôt dans ses yeux que son frère savait exactement de qui il parlait au juste.

Jaime était beaucoup de choses, mais il n'était certainement pas stupide.

- Tu penses que c'est Ramsay.

- Lui ou l'un des hommes qui travaille pour son père, même si je pense le fils assez idiot et se
croyant suffisamment intouchable pour vouloir faire le sale travail lui-même. Entre le fait
qu'elle l'ait insulté, qu'elle se soit battue avec lui alors qu'il pensait que tout le monde le
craignait, sans parler de l'ordonnance d'éloignement, ça lui a probablement fait péter les
plombs… à ce sale bâtard.

(Une autre chose que Ramsay Bolton n'appréciait de toute évidence pas, c'était justement le
fait qu'en ville, ce surnom de bâtard avait été repris après cela, qu'il lui collait à la peau,
comme autrefois, même si c'était uniquement dans son dos, il le savait malgré tout, et c'était
suffisant.

En un sens, c'était comme si malgré la malédiction et l'oubli, les gens le voyaient désormais
pour ce qu'il était réellement.
Et ça lui était tout bonnement insupportable.)

Le pire dans tout ça, c'est que Jaime ne pouvait même pas dire le contraire.

- C'est… possible.

Tyrion éclata de rire, un rire sinistre et cynique.

- Possible, ironisa-t-il, oui, ce n'est pas comme si cet homme était dangereux, et que tout le
monde le savait, et que pourtant, personne n'avait jamais rien fait contre ça ! Bronn m'a dit
qu'Esgred Miller était le genre de personne à mettre le pied dans la fourmilière, et il avait
raison à ce sujet parce que cette femme est diablement courageuse.

Et elle va probablement payer le prix fort pour son courage, songea-t-il avec tristesse.

- Plus courageuse que moi, ajouta-t-il, et plus courageuse que toi aussi, plus courageuse que
nous tous, en fait elle est très certainement bien plus courageuse que n'importe lequel d'entre
nous dans cette foutue ville.

Son frère eut au moins la décence de ne pas nier ce qui était la stricte vérité.

- Mais pour l'instant on ne sait toujours rien. On ne le saura que quand elle se réveillera.

- Si elle se réveille, le railla Tyrion, sans compter que les Bolton peuvent tout aussi bien
décider d'envoyer quelqu'un pour finir le boulot.

La situation leur échappait, et il n'avait aucune foutue idée de ce qu'il pouvait faire contre ça,
il avait perdu le contrôle, et il détestait ça.

Et voilà.

Ça recommençait, ça le reprenait.

Il avait à nouveau envie d'un verre de vin.

Et merde.

Il aurait dû s'y attendre, et au moins Jaime était là, alors peut-être qu'il arriverait à tenir le
coup jusqu'à ce qu'il soit parti.

Peut-être.

- Ce n'est pas uniquement pour ça que je suis venu te voir, l'informa Jaime.

- Quoi donc, Cersei a enfin réussi à me faire bannir de la ville ? Ne put-il s'empêcher
d'ironiser à nouveau. Histoire de continuer à enchaîner les bonnes nouvelles.

Apparemment, il était écrit quelque part (note de l'autrice : oui, par moi. Lol.) que Tyrion
n'arriverait décidément pas à réussir à faire rire son frère ce jour-là.

À la place, il leva les yeux au ciel.


- C'est à propos du procès. Si jamais il a lieu. Si Esgred Miller l'identifie comme son
agresseur, comme celui qui a voulu la tuer, cette fois-ci, les choses seront différentes, il ne
s'agira plus d'un simple combat, mais…

- Mais d'une tentative de meurtre, termina son frère à sa place, toute envie de plaisanter
l'ayant soudainement quitté. Je vois…

- Si jamais… tu veux abandonner, que tu ne te sens pas à la hauteur, que tu n'es pas prêt pour
ça, je comprendrais tu sais… et je pense qu'Esgred aussi.

Le regard de son petit frère se posa sur lui, et Jaime lut alors à nouveau la même lueur de
détermination qu'il avait lue lorsqu'il lui avait dit qu'il avait accepté Esgred Miller comme
cliente.

Son frère était en train de se réveiller, de redevenir lui-même, et même si cela arrivait dans
des circonstances tragiques, le Lannister en était sincèrement heureux.

- Il est hors de question que je l'abandonne. Elle ne mérite pas que je la laisse tomber, pas
après ce qui vient de lui arriver. Je l'aiderai, et je l'aiderai à faire payer la ou les pourritures
qui lui ont fait subir ça, à elle et à ses proches. Elle a besoin de mon aide Jaime, et ça fait si
longtemps que personne n'a eu besoin de moi que, tu peux me croire, je vais me battre
jusqu'au bout et de toutes mes forces.

Jaime sourit.

- D'accord. Très bien. Ça me va. »

Et puis, qui sait…

Peut-être que Tyrion parviendrait enfin à remonter la pente après ça ?

A suivre…
Demain, aujourd'hui et l'avenir.
Chapter Notes

Titre du 10/07/2022 : Demain, aujourd'hui et l'avenir

Sagittaire : Tyrion Lannister (GOT)

J – Jaime Lannister

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… James Whiting (The One) : Chien : Écrire sur une adoption en
chenil/SPA/asso ou sur un personnage qui aime les chiens

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

« Je pense qu'on devrait parler d'autre chose, finit par dire Tyrion à son frère.

Ce dernier fronça les sourcils.

- De quoi au juste ?

Et Tyrion dut se retenir de soupirer, parce que vraiment, comment Jaime était-il à ce point-là
incapable de voir l'éléphant dans la pièce ?

- Rappelle-moi qui est le père de Ramsay Bolton ?

- Hé bien… Roose Bolton, lui rétorqua son grand frère avec un air confus. Enfin aux
dernières nouvelles en tout cas, sauf si l'accusation de bâtardise d'Esgred Miller à son égard
est vraie.

Tyrion eut un léger sourire avant de reprendre son sérieux.

- Et… est-ce que tu te souviens de la personne avec qui Roose Bolton collabore le plus dans
cette ville ?
Son frère le regarda pendant quelques secondes avec un air perdu avant qu'une lueur de
compréhension ne finisse par apparaître dans ses yeux.

- Oh… Tu veux parler de Cersei ?

- Oui.

- Mais… mais quel rapport ?

Le nain le regarda alors comme s'il était complètement stupide.

- Est-ce que tu as conscience du fait que si je m'attaque à Ramsay Bolton, si jamais c'est bien
lui qu'Esgred Miller désigne comme celui qui a essayé de la tuer, je vais aussi devoir me
frotter à son cher paternel… et donc aussi à Cersei.

Les yeux de Jaime s'écarquillèrent de surprise et son petit frère réalisa soudainement qu'il
n'en avait en réalité pas la moindre idée.

- Tu… tu n'es pas sérieux, pas vraiment ? Tu penses vraiment que Cersei… que ma
femme apporterait son soutien à un potentiel meurtrier juste parce qu'elle travaille avec son
père ? Vraiment ?

Tyrion le regarda avec un air glacial, se souvenant de toutes les manières dont la blonde avait
tenté de lui pourrir la vie et de tout le reste, tout ce qui n'allait pas en ville depuis qu'elle était
la mairesse et sa haine incompréhensible de Marina Leszczynska et Esgred Miller depuis leur
arrivée en ville, de la noirceur dans ses yeux.

- Honnêtement ? Oui. Sans la moindre hésitation. Et je ne dis pas ça juste parce qu'elle me
hait, non. Je pense vraiment qu'elle sera de leur côté, quoi qu'il arrive.

À sa grande surprise, son frère ne parut autant anéanti par cette révélation qu'il aurait pu le
croire, et en le regardant plus attentivement, il ne put s'empêcher de froncer les sourcils,
intrigué.

- C'est… bizarre, finit-il par faire remarquer.

- Quoi donc ? Lui demanda son frère, surpris.

- Tu as l'air… je ne sais pas trop… différent. Comme si…

Il ne savait pas trop comment le dire en fait.

Son frère semblait plus… vivant qu'autrefois, comme si quelque chose en lui avait changé,
avait été modifié, sans qu'il puisse exactement déterminer quoi.

Mais en tout cas, c'était une bonne chose.

- Comme si quoi ? L'interrogea Jaime.

Tyrion haussa les épaules.


- Je ne sais pas trop en fait, comme si… comme si tu étais enfin à nouveau toi-même.

Il ne s'en était pas rendu compte avant, la dernière fois que son frère était venu lui rendre
visite, sortant encore de sa gueule de bois et étant donc moins attentif au monde qui
l'entourait, mais maintenant que son esprit était à nouveau clair et lucide, ça se voyait comme
le nez au milieu de la figure.

Jaime sourit et fit un geste inconscient, posant brièvement sa main sur sa poitrine, là où se
trouvait son cœur, dont il pouvait à présent entendre à nouveau les battements.

Il faisait ça assez régulièrement ces derniers temps, juste pour être sûr qu'il était toujours bien
là, qu'il ne rêvait pas, que ce vide qu'il ressentait autrefois n'était plus là, qu'il allait bien, à
nouveau.

Il hocha la tête.

- Oui, c'est vrai, tu as raison, je me sens… différent. Mieux. Je ne saurais pas dire pourquoi,
mais ça va mieux maintenant.

Tyrion sourit.

- C'est pour ça que ça ne te fait pas si mal que ça de réaliser que Cersei n'est pas quelqu'un de
bien ?

Le sourire de Jaime disparut aussitôt, et il était là, à nouveau, de retour, le doute qui
l'envahissait dès qu'il pensait à son épouse, un doute dont il n'avait encore réussi à parler à
personne et dont il aurait aimé pouvoir se débarrasser pourtant.

- Tyrion ? Fit-il d'une voix hésitante.

- Oui ?

- Je crois que je… je crois que je ne suis plus amoureux d'elle, lâcha-t-il enfin.

C'était la première fois qu'il osait le dire à voix haute, qu'il mettait enfin des mots sur ce qu'il
ressentait ou plutôt sur ce qu'il ne ressentait pas, et…

Et honnêtement, ça faisait du bien d'enfin le faire.

De le dire pour de bon, de rendre ça réel et plus uniquement à l'état d'hypothèse.

Tyrion le regarda avec surprise.

- Tu… tu quoi ?

C'était impensable ça, lui n'aimant plus Cersei, et ils en avaient tous les deux bien conscience.

Et pourtant, sans savoir pourquoi, pour Tyrion, ça… ça faisait sens.


Ça semblait… bien aussi, et il ne disait pas ça uniquement parce que Cersei le haïssait et qu'il
le lui rendait bien, non.

Mais tout de même, c'était… étrange.

- Je ne sais pas Tyrion, c'est juste que… un soir, je l'ai regardée et je… je ne ressentais plus
rien pour elle. Rien du tout. Plus d'amour, plus rien et je… Je ne comprends pas. Parce que je
ressens toujours des émotions, et j'ai de la tendresse pour elle, j'aime mes enfants, je t'aime
mais je… Je ne l'aime plus elle. Alors qu'elle est ma femme et ça n'a aucun sens. Parce qu'on
ne cesse pas d'aimer une personne, la femme qu'on a épousée, avec laquelle on est marié
depuis des années en seulement l'espace d'un instant, pas vrai ?

- Je ne saurais te répondre, ironisa Tyrion, toutes mes relations amoureuses passées se sont
mal terminées et ont été des échecs complets.

Jaime eut un sourire triste et ne releva pas.

Il soupira.

Il ne lui parla pas de Brienne, il ne lui dit rien au sujet des nouveaux sentiments qu'elle faisait
naître en lui depuis quelques temps lorsqu'il la regardait ou qu'il parlait avec elle, parce qu'il
ne parvenait pas lui-même à comprendre ce qu'il ressentait.

(Ou plutôt si, il le savait très bien, mais c'était oh tellement plus simple de rester dans le déni
et faire comme s'il ne le savait pas.)

- A ton avis, qu'est-ce que je devrais faire ?

Tyrion haussa les épaules.

- Je ne sais pas, toi qu'est-ce que tu penses devoir faire ? Tu as l'intention de lui en parler, de
lui dire que quelque chose cloche et que tu ne sais pas ce que c'est exactement, tu veux faire
une thérapie de couple, ou même carrément demander le divorce ? C'est à toi de choisir
Jaime, pas à moi.

- Je ne sais pas encore à vrai dire, tout est tellement flou dans ma tête que je… Je vais
attendre d'être sûr que c'est durable avant de lui en parler. Avec un peu de chance, ça partira
dans quelques jours ou quelques semaines. En tout cas concernant le divorce, je connais
quelqu'un qui a l'intention de le demander… Catelyn Baelish.

Tyrion en entendant cela, s'étouffa avec son verre (verre d'eau cette fois-ci, son frère était là
après tout) et le regarda avec les yeux écarquillés de surprise.

- Quoi ? Catelyn Baelish a l'intention de divorcer de Littlefinger ?

Ça aussi c'était une surprise…

- Exact, avec ce qui est arrivé à sa fille et le fait qu'il n'ait rien fait du tout à ce sujet…

- Comment est-ce que tu es au courant de ça ?


- Comment ça se fait que toi tu ne sois pas au courant ? Je croyais que tu te tenais informé ?
Le taquina son frère.

Tyrion lui donna un coup de coude et son grand frère éclata de rire.

Le nain ne put s'empêcher de sourire.

Ce genre de moment lui avait tellement manqué.

- Bronn me rapporte les potins de la ville mais il n'est pas forcément au courant de tout,
riposta-t-il, et il a très bien pu oublier de me le dire. Bref. Raconte.

- Tu es au courant de la manière dont mon fils Joffrey s'est comporté avec Sansa Baelish, pas
vrai ?

Tyrion ne put s'empêcher de frissonner de dégoût et d'horreur.

Oh que oui il le savait, et il aurait aimé ne jamais être au courant de ça.

- Oui, se contenta-t-il de répondre, les poings serrés.

- La mère de Sansa a fini par l'apprendre, et aussi par savoir que Peter Baelish savait et que
pourtant… il n'avait rien fait.

Tyrion renifla avec mépris.

- Il devait probablement avoir trop peur de Cersei pour ça, affirma-t-il.

Son frère ne le contredit pas, et ça aussi c'était un nouveau changement, un de plus.

- Elle a donc quitté le domicile conjugal et s'est installée chez sa sœur Lysa avec sa fille
Sansa.

- Donc chez Ned Stark, réalisa Tyrion, je suis sûr que tout va très bien se passer. Et donc elle
veut divorcer. Est-ce qu'elle recherche un avocat en ce moment ?

- Aux dernières nouvelles, oui. Pourquoi, ça t'intéresse ?

Son frère hocha la tête.

- Yep. Il faut bien que je me remette en selle avant le procès d'Esgred Miller et de Ramsay
Bolton, et de toute façon… j'ai jamais pu blairer Littlefinger alors ça m'arrange. »

Malgré l'horreur de la situation, Jaime ne put s'empêcher de sourire.

Son petit frère commençait enfin à remonter la pente, et à être à nouveau comme autrefois, et
rien n'aurait pu le rendre plus heureux.

§§§§

Il était presque midi quand Yara Greyjoy reprit enfin connaissance.


Elle avait mal, et elle eut besoin de quelques secondes pour pleinement reprendre conscience,
et elle se rendit compte rapidement qu'elle était incapable de bouger.

Mais au moins, elle était en vie, c'était déjà ça.

Elle se souvenait de la douleur, de la peur, du choc, du sourire de Ramsay Bolton, elle se


souvenait être tombée puis avoir perdu connaissance, elle…

Elle allait bien.

Elle allait bien et c'était tout ce qui comptait.

La fer-née prit une profonde inspiration et ouvrit les yeux.

Elle était dans une chambre d'hôpital, entourée par des machines qui faisaient du bruit et
auxquelles elle ne comprenait absolument rien, et elle cligna des yeux à plusieurs reprises,
alors que la réalité de ce qui lui était arrivé la frappait enfin de plein fouet.

Elle avait failli mourir.

Elle avait été poignardée, Ramsay Bolton avait voulu la tuer et elle avait failli mourir.

Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait face à la mort, ou qu'elle manquait de perdre la
vie, elle avait risqué sa vie de nombreuses fois à Westeros, que ce soit à Pyk ou contre les
marcheurs blancs, et même à Dunkerque, les premiers temps quand elle était seule et perdue.

Mais jamais elle ne se souvenait l'avoir vue d'aussi près.

Elle aurait dû s'en douter, sans doute, elle connaissait Ramsay, que ce soit d'avant la
malédiction, ou même maintenant, ou encore dans la série Game of Thrones où elle avait vu
ce qu'il aurait pu devenir et faire si les circonstances avaient été différentes.

Mais elle l'admettait, elle n'avait rien vu venir, elle s'était crue en sécurité, pour la simple et
bonne raison qu'ils étaient à Kintzheim désormais et plus à Port-Réal et qu'un meurtre était
une chose inconcevable ici.

Mais Ramsay était toujours Ramsay au final, le fait qu'ils se trouvent dans un autre monde n'y
avait absolument rien changé.

Et à cause de ça, elle avait failli mourir.

Se redressant légèrement, elle regarda autour d'elle, et en constatant que Marina se trouvait
dans la chambre, assise sur une chaise et clairement en train de dormir malgré la position
dans laquelle elle se trouvait (ce qui montrait donc qu'elle était épuisée et avait probablement
dû veiller longtemps en attendant qu'elle se réveille jusqu'à tomber d'épuisement), elle sourit.

La présence de son amie lui faisait sincèrement chaud au cœur.

Et en voyant le sang qui tachait ses vêtements, son sourire s'évanouit.


Parce que Marina avait été là, qu'elle avait assisté à toute la scène.

Et elle lui avait sauvé la vie.

Sans elle, sans Lancel, si elle avait été seule, elle…

Elle ne serait plus là, et honnêtement, elle ne voulait même pas y penser une seule seconde.

« T'as conscience que si tu restes dans cette position, tu vas finir par te faire un torticolis ?
Plaisanta-t-elle.

Lorsque Marina papillonna des yeux en l'entendant pour ensuite finalement se réveiller, une
fois qu'elle eut émergé, elle se leva aussitôt pour la serrer dans ses bras.

- Tu es réveillée ! S'exclama-t-elle avec enthousiasme.

Yara lui sourit.

- Hé bien c'est soit ça, soit je suis somnambule.

- Tu… tu vas bien ?

- Aussi bien que quelqu'un qui a failli mourir après avoir été poignardé oui.

Marina hocha la tête et s'assit à côté du lit.

- Tu… est-ce que tu sais qui…

- Ramsay Bolton, lui répliqua immédiatement Yara, comprenant quelle était sa question avant
même qu'elle ne la pose. C'est Ramsay Bolton qui a essayé de m'assassiner.

Marina n'arriva même pas à être surprise.

Elle soupira.

- Hé bien… Ce n'est pas ça qui va améliorer sa réputation. J'imagine que ça ne devrait pas
m'étonner qu'il soit capable d'une tentative de meurtre ici aussi…

Et alors, un déclic se fit dans la tête de Yara.

Elle éclata aussitôt de rire.

- Je ne savais pas que la perspective de ta propre mort te réjouissait autant, la réprimanda


Marina avec un air dur.

- Non, non ce n'est pas ça, lui répondit-elle, continuant de rire entre deux réponses, c'est juste
que… Ah ah ah. Cet abruti… cet abruti vient tout juste de se griller tout seul en essayant de
me tuer. »

Même s'il n'était pas condamné, tout le monde saurait qui il était réellement, ce qu'il était, ce
qu'il avait fait, parce qu'il était un monstre, un homme dangereux, et personne ne pourrait
plus jamais le nier.

Elle se jura d'y arriver, de le faire tomber, chuter, par tous les moyens.

Et, ironiquement, cette tentative de meurtre n'était rien de plus que la première étape.

Il s'était tiré une balle dans le pied tout seul.

Et elle avait bien l'intention d'en profiter le plus possible.

A suivre…
Une preuve indélébile.
Chapter Notes

Titre du 06/03/2022 : Une preuve indélébile

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Sansa/Yara

Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… jour de l'an Fête : Écrire sur des amis ou sur une réunion de famille

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, sagittaire, alphabets, de secondaire à principal, ships


rares, cassons les préjugés, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre
aspects, 50 nuances)

« Tu… tu penses qu'il va recommencer ? Demanda Marina à Yara avec de l'hésitation dans la
voix, comme si elle avait peur qu'en le disant à voix haute, elle allait rendre ça réel et que
Ramsay Bolton allait d'un seul coup apparaître dans la chambre d'hôpital en surgissant de
nulle part pour les égorger toutes les deux.

Yara secoua aussitôt la tête.

- Non, je ne pense pas. Pas tout de suite en tout cas, il n'est pas assez stupide pour faire ça à
nouveau.

Elle l'espérait en tout cas, elle n'avait pas spécialement envie de revivre l'expérience oh
combien douloureuse de se faire violemment poignarder par un psychopathe.

- Et puis, reprit la fer-née, si jamais il réessaye, au moins je serai préparée. Et Onyx pourra
me protéger de lui, j'en suis sure.
Sa plaisanterie n'eut pas l'effet escompté, et elle fut stupéfaite en croisant le regard de Marina
de constater que celle-ci avait les larmes aux yeux.

- Je… Yara, je… Je ne veux plus jamais revivre ça. J'ai… Tu es mon amie, ma meilleure
amie et tu as failli mourir dans mes bras. J'ai ton sang sur les mains, et tu as failli y passer à
cause de ce salopard, je… Je n'ai pas envie de te perdre. Alors je t'en supplie, ne me refais
plus jamais ça. »

Oh.

Oh.

Même si Yara n'était aucunement responsable de ce qui lui était arrivé, elle ne put s'empêcher
de se sentir mal.

Maintenant, à force de vivre à Kintzheim, au milieu des siens, entourée par des personnes
qui, même si elles l'avaient oublié pour la plupart, venaient de Westeros ou d'Essos et donc
d'un monde dangereux, froid et cruel, elle avait presque fini par en oublier que ce n'était pas
le cas de Marina.

Non, Marina était une simple habitante de Dunkerque qui avait été propulsée dans un univers
qui n'était pas le sien, elle n'avait jamais vécu ce que Yara avait vécu.

Elle n'avait jamais appris à se battre ou à naviguer ou à chasser ou à tuer ou à faire toutes ces
choses qu'un fer-né était supposé apprendre à faire.

Elle n'avait jamais affronté les marcheurs blancs.

Elle n'avait jamais vu le roi de la nuit, pas en vrai, elle n'avait jamais senti l'hiver menacer
chaque jour un peu plus de les engloutir et de les rayer de la carte pour toujours, elle n'avait
pas traversé l'enfer, leur enfer et c'était tant mieux parce qu'elle ne méritait pas ça.

Elle n'avait jamais vécu la guerre, leur guerre, et tout ce qu'elle avait pu voir de Westeros, des
jeux de pouvoirs, des morts, du sang, des massacres, des combats, de son point de vue, rien
de tout ça n'avait été réel.

C'était la première fois qu'elle vivait une chose pareille.

Et Yara avait fini par l'oublier.

Elle soupira.

« Je suis désolée. Qu'il t'ait forcée à… à assister à ça. Ça n'aurait jamais dû arriver, tu n'aurais
jamais dû… être impliquée.

Une lueur farouche apparut dans les yeux de la dunkerquoise.

- Yara… Ce n'est pas ça le problème. Le problème c'est qu'il n'aurait jamais dû te faire une
chose pareille. Je suis impliquée dans tout ce bordel depuis que j'ai foutu les pieds à
Kintzheim. Et je le serai, toujours, jusqu'à la fin, et même après, même une fois la
malédiction brisée parce qu'on la brisera. Et si jamais ce bâtard de Ramsay Bolton ose ne
serait-ce que croiser ton regard à nouveau, je te jure qu'il aura affaire à moi. Quant à toi…
interdiction de mourir.

La fer-née éclata de rire.

Non seulement elle n'aurait pas pu survivre dans ce monde sans elle, mais en plus, elle avait
trouvé en l'autrice de fanfictions la meilleure amie qu'elle aurait pu rêver d'avoir.

Elle était heureuse d'avoir au moins gagné ça au milieu de toute cette situation désastreuse,
compliquée et incroyablement douloureuse.

- D'accord, c'est promis. Je ne mourrai pas. »

Et elle avait bien l'intention de tenir sa promesse.

§§§§

Les yeux de Sansa étaient rouges.

De toute évidence, elle avait pleuré, très probablement à cause de ce qui lui était arrivé, et
tout ce que voulait faire Yara là tout de suite, c'était la serrer dans ses bras et lui assurer que
tout allait bien, qu'elle allait bien.

Mais ça ne changerait rien à ce qu'il s'était passé.

Ça n'effacerait pas ce que Ramsay avait fait.

Et puis de toute façon, ce n'était pas vraiment comme si elle était réellement capable de
bouger pour le faire là tout de suite.

Elle sourit faiblement à la rousse.

« Salut Sansa.

Cette dernière n'hésita pas une seule seconde avant de se jeter dans ses bras pour la serrer
contre elle, et si la fer-née dut étouffer un cri de douleur et faire comme si elle n'avait pas
mal, ce n'était pas grave.

Parce qu'elle tenait la femme qu'elle aimait contre elle, et que si elle fermait les yeux et faisait
suffisamment bien semblant, pendant assez longtemps, alors elle parviendrait presque à croire
que c'était réel, que cette étreinte lui était donnée par sa petite-amie, et que celle-ci se
souvenait d'elle.

Mais ce n'était pas le cas, évidemment.

Pourtant, l'espace de quelques secondes, elle s'autorisa à croire en cette illusion.

C'était sans doute le seul et unique moyen pour elle de ne pas complètement perdre la raison.
Mais il y avait une chose, en revanche, qui était vraie.

Sansa s'était inquiétée pour elle.

La louve avait eu peur de la perdre.

Elle tenait à elle.

Et Yara savait que vu les circonstances, elle n'aurait pas dû se réjouir de cela, qu'elle le faisait
pour les mauvaises raisons, que causer du chagrin à sa bien-aimée n'était aucunement dans
ses plans, mais constater qu'elle avait réussi à regagner l'affection de Sansa malgré la
séparation et l'oubli était une victoire au milieu de cet océan de souffrance dans lequel elle
nageait avec peine depuis son arrivée à Kintzheim.

- Esgred… murmura Sansa avant de fondre en larmes. Tu… j'ai eu tellement peur, j'ai cru…
j'ai cru que j'allais te perdre.

Tu m'as déjà perdue une fois, songea Yara avec tristesse, repensant à une malédiction, à un
certain Sort noir, à une fumée violette et à deux longues années durant lesquelles elles avaient
été séparées, elles qui l'étaient encore en un sens parce que la noble ne savait toujours pas qui
elle était réellement.

Et par le Dieu noyé comme elle aimait cette femme.

Et comme elle lui manquait.

- Je vais bien Sansa, d'accord ? Lui assura-t-elle, même son cœur était en train de se briser.

Parce qu'elle savait que, si jamais elle continuait de serrer son ancienne petite-amie dans ses
bras comme ça, elle risquait de ne plus jamais la lâcher, de ne plus accepter de la laisser
repartir.

Ça ne lui aurait pas déplu, mais elle n'était pas sûre que Sansa aurait été d'accord avec ça.

Et de toute façon, elle n'eut pas à le faire, pas alors qu'en bougeant, la jeune femme avait
appuyé par accident sur sa blessure.

- Aïe, laissa échapper Yara malgré elle.

Et aussitôt, Sansa s'arracha à ses bras, ce que la guerrière regretta aussitôt, et elle envisagea
un temps de faire comme si elle n'avait pas vraiment eu mal, mais elle avait le sentiment que
Sansa ne s'y serait pas laissée prendre.

Dommage, l'occasion de la serrer dans ses bras ne se représenterait probablement pas de sitôt.

Peu importe, elle s'en contenterait pour l'instant.

- Désolée, désolée, s'excusa immédiatement la rousse, ça va je ne t'ai pas fait trop mal ?

Alors, Yara lui sourit.


Oui, elle avait eu mal, mais cette douleur n'était rien en comparaison de celle que Ramsay
Bolton lui avait infligée, et surtout, si c'était le prix à payer pour pouvoir à nouveau la serrer
dans ses bras, eh bien…

Yara saurait parfaitement s'en accommoder.

- Ne t'en fais pas Sansa, j'ai connu pire.

Elle préféra ne rien ajouter de plus, ne voulant pas voir l'horreur se peindre sur son visage si
jamais elle apprenait ce qu'elle avait vécu autrefois à Westeros, dans un monde dont elle ne se
souvenait même pas.

Un faible sourire apparut sur le visage de la rousse, illuminant son beau visage.

- Tant mieux alors. Est-ce que… tu te souviens de ce qui t'es arrivé ?

Yara soupira.

Elle aurait aimé pouvoir parler d'autre chose, mais de toute évidence, ce n'était pas possible.

- Ramsay Bolton a essayé de me tuer.

Elle la vit blêmir et serrer les poings.

- Ça… ne me surprend pas autant que ça le devrait. J'ai toujours su qu'il était dangereux,
avant même qu'il ne commence à fréquenter Theon, et à partir du moment où il a commencé
à sortir avec lui aussi, mais… jamais je n'aurais pensé qu'il… qu'il soit capable d'aller jusque-
là. Comment tu te sens ?

- J'ai mal partout et… je suis contente aussi.

Sansa haussa un sourcil sceptique.

- Comment ça contente ?

Un sourire satisfait se dessina sur le visage de Yara Greyjoy.

- Parce qu'au moins maintenant tout le monde saura pour de bon quel genre de monstre il est,
il a révélé son vrai visage aux yeux de tous, et même s'il arrive à s'en sortir… j'aurai quant
même gagné.

Sansa cligna des yeux à plusieurs reprises, stupéfaite.

- Tu… tu as failli mourir… et tu considères quant même ça comme une victoire ?

À sa grande surprise, Esgred éclata de rire, et le cœur de Sansa rata un battement.

Elle était magnifique quand elle riait.

Enfin.
Elle était magnifique tout le temps mais c'était comme si elle venait tout juste de s'en rendre
compte.

- En quelque sorte… oui. »

C'était… étrange.

Mais Esgred Miller avait toujours été étrange et ce, depuis que Sansa la connaissait, depuis
qu'elle était arrivée à Kintzheim, elle n'était comme aucun autre habitant de la ville, mais elle
avait amené avec elle une volonté de fer et d'acier et un désir sincère de changer les choses,
d'aider des gens qu'elle ne connaissait pas.

Et c'était probablement la meilleure chose qui soit jamais arrivée à cette ville, celle dont elle
avait le plus besoin sans même en avoir conscience.

Alors oui, la jeune femme était bizarre.

Mais vu tout le bien qu'elle avait fait en seulement quelques mois, Sansa n'allait clairement
pas s'en plaindre.

§§§§

En voyant Theon entrer dans sa chambre, Yara écarquilla les yeux de surprise.

« Theon ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'étais censé sortir de l'hôpital aujourd'hui, mais… j'ai appris ce qu'il t'était arrivé la nuit
dernière, alors je suis venu.

Ironique ça, que Ramsay ait précisément choisi de la frapper la veille du jour où Theon allait
enfin sortir de l'hôpital maintenant qu'il était complètement guéri et remis sur pied.

- Est-ce que tu vas bien ? Lui demanda-t-elle.

- C'est plutôt à toi qu'on devrait poser la question, lui rétorqua le jeune homme avec un air
sévère et en croisant les bras, tu sais, rien de tout ça ne serait arrivé si tu…

- Si je n'avais pas provoqué Ramsay Bolton, oui, tu as raison. Mais je ne regrette rien.

- Esgred, il a failli te tuer.

- Et il aurait fini par te tuer toi aussi à force ! Hurla-t-elle en réponse, et il se figea, stupéfait.
Qu'est-ce tu crois, que j'aurais pu le laisser tuer… que j'aurais pu le laisser te tuer ? Se reprit-
elle au dernier moment. »

Que j'aurais pu le laisser tuer mon petit frère ? Étaient les véritables mots qu'elle aurait aimé
pouvoir dire.

Elle ne prononça jamais les mots qui se trouvaient pourtant sur le bout de sa langue, et c'était
mieux comme ça, parce qu'il n'aurait pas compris.
Personne n'aurait compris, à part Marina, Stannis et leurs ennemis.

Alors elle se tut et enfouit au fond d'elle-même tout l'amour qu'elle avait pour son petit frère,
tout ce qu'elle savait, tous les secrets qu'elle était forcée de cacher, de dissimiler aux yeux du
monde, même si ça lui faisait mal.

Encore une fois.

Une fois de plus.

Tout ça à cause d'une malédiction qui avait volé sa mémoire aux gens qu'elle aimait.

Combien de temps allait-elle devoir tenir comme ça avant de finir par totalement craquer et
révéler la vérité au grand jour ?

Elle ne le savait pas, mais elle savait en revanche une chose.

Elle ne tiendrait pas très longtemps comme ça.

« Je vais bien Esgred.

Menteur, voulut-elle lui répondre, mais elle savait bien que ça ne changerait rien.

- Pour l'instant oui ! Riposta-t-elle. Mais et après ? Si je n'étais pas intervenue ? Maintenant,
les choses vont peut-être s'arranger, mais avant cela, personne ne faisait rien, personne ne
t'aidait, et il fallait bien que quelqu'un agisse, alors je l'ai fait.

- Au détriment de ta propre sécurité, tu as risqué ta vie pour moi.

- Et je le referais encore s'il le fallait, lui répondit-elle sans la moindre hésitation.

Elle l'avait déjà fait autrefois à Westeros, durant la guerre contre les marcheurs blancs.

Il était hors de question qu'elle laisse un monstre humain réussir là où ces créatures de glace
avaient échoué.

- Mais pourquoi ? On ne se connaît même pas ! »

Yara sentit les larmes lui monter aux yeux et son cœur se briser, encore une fois.

Elle se demanda combien de temps il tiendrait avant de se briser pour toujours, sans espoir de
réparation.

Ce n'était pas de sa faute.

Ce n'était vraiment pas de sa faute, parce qu'il ne se souvenait pas d'elle à cause de la
malédiction, mais là tout de suite, elle aurait aimé pouvoir lui hurler dessus et lui démontrer
le contraire, lui dire la vérité.

Mais elle ne le pouvait pas.


Elle n'en avait pas le droit.

Alors elle mentit.

Parce qu'elle ne faisait que ça, et si Emma Swan avait été là, elle aurait sans doute pu
constater qu'il y avait plus de mensonges que de vérités dans les paroles qu'elle proférait
depuis son arrivée à Kintzheim, quand elle parlait aux habitants amnésiques de la ville.

« Parce que j'ai perdu quelqu'un autrefois, qui est mort et que je n'ai pas pu sauver, parce que
je n'étais pas là, et que je ne veux pas que l'histoire se répète… je refuse qu'il t'arrive la même
chose, je refuse de te perdre. »

A sa grande surprise, ce fut lui qui la serra dans ses bras, au lieu de continuer à s'énerver
contre elle, et elle réalisa avec stupeur quelques secondes plus tard qu'il était en train de
pleurer, tout comme elle.

Il avait réellement eu peur pour elle.

Même si elle avait été oubliée, elle restait aimée malgré tout, et ce constat lui fit chaud au
cœur.

« Je t'interdis de me refaire ça. »

Elle le lui promit, même si, connaissant Ramsay, elle n'était pas vraiment sûre et certaine de
pouvoir tenir cette promesse…

A suivre…
La liste noire.
Chapter Notes

Titre du 03/11/2020 : La liste noire

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

Quatre aspects des… saisons : Hiver : Écrire sur un perso froid ou sur une terre où rien
ne pousse

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, quatre aspects, 50 nuances)

En un sens, la visite de Stannis Baratheon ne la surprenait pas plus que cela.

Ils étaient dans le même camp, ils étaient alliés et qu'il veuille prendre des nouvelles d'une
des rares personnes à Kintzheim déterminée à l'aider à briser la malédiction ne l'étonnait pas
réellement.

Cependant, qu'il semble sincèrement soulagé de voir qu'elle allait bien, et le voir sourire en la
voyant et qu'il semble s'être véritablement inquiété pour elle en tant que personne, ça, c'était
déjà plus inattendu.

Elle le connaissait au final assez peu à l'époque où ils vivaient encore à Westeros sous la
menace des marcheurs blancs, ils n'avaient dans les faits que peu de proches ou d'intérêts en
communs en dehors de la survie de leur monde et ils venaient tous deux de différentes
familles qui ne se portaient pas mutuellement dans leurs cœurs. Stannis avait une réputation
d'homme droit, dur, ferme et implacable et jamais elle n'avait vraiment cherché à aller au-delà
de cette réputation qui ne lui faisait guère honneur et ne le rendait pas franchement
sympathique.
C'était ce qu'il avait été autrefois, ce qu'il était sans doute toujours à un certain degré, mais
depuis, les choses avaient changé, entre la guerre contre les marcheurs blancs, la malédiction
et tout ce qui avait suivi.

Il avait changé, comme à peu près tout le monde, et elle lut dans ses yeux qu'il aurait sans
doute été réellement peiné si elle ne s'en était pas sortie, et pas seulement parce qu'ils étaient
dans le même camp mais parce qu'il tenait à elle, suffisamment pour souffrir si jamais elle
mourrait.

Et c'était assez réconfortant comme réalisation.

Cependant, son sourire s'effaça très vite et il reprit rapidement son air sérieux et sévère.

« Qui vous a fait ça ? Demanda-t-il, la fureur régnant dans ses yeux, et la fer-née ne put
s'empêcher de sourire.

Elle aurait adoré voir ça, voir le cerf être confronté au bâtard et potentiellement lui exploser
la tronche, dans un univers où il n'avait jamais perdu face à lui en essayant de lui reprendre
Winterfell.

Ça aurait été très divertissant, et elle aurait adoré assister à ça en mangeant du pop-corn, en
espérant que Ramsay perdrait de la manière la plus douloureuse et humiliante possible.

- Ramsay Bolton, lui répondit-elle, et il grinça des dents.

- Quelque part je ne suis même pas surpris.

- Moi non plus, admit-elle, je suppose que j'aurais dû m'y attendre.

- Je pensais que… qu'il serait plus malin que ça.

Yara l'avait cru elle aussi, et puis elle se souvint que dans une version de l'histoire qui n'était
pas la leur et qui ne le serait jamais, Ramsay Bolton avait assassiné son propre père devant un
témoin et avait également fait tuer sa belle-mère et son demi-frère d'une manière qui le
désignait comme coupable en étant persuadé qu'il n'en subirait jamais les conséquences.

Le pire étant qu'il avait eu raison alors, jusqu'à ce que le vent ne tourne et que Sansa ne le
fasse payer.

Distraitement, Yara se demanda pendant quelques fugitives secondes si les chiens de Ramsay
avaient fait le voyage de Westeros jusqu'à Kintzheim et si c'était le cas, où ils pouvaient bien
se trouver actuellement et si ce serait si difficile que ça de leur faire manger leur maître sans
qu'elle n'ait de problèmes après cela avec la justice.

(Elle se doutait que Tyrion n'aurait pas approuvé une seule seconde ce genre de méthode, du
moins pas en tant qu'avocat de ce monde, en tant que Lannister, en revanche…)

Peut-être pourrait-elle y réfléchir plus longuement une fois la malédiction brisée, enfin si le
bâtard survivait jusque-là.
Parce que très honnêtement, cette option la tentait de plus en plus après tout ce qu'il avait pu
leur faire.

- Exact, mais c'est là ce qui l'a probablement perdu. Sa certitude d'être entièrement
intouchable, et peut-être aussi une trop grande confiance dans ses talents de meurtrier et le
fait que je n'allais pas survivre.

Ramsay avait déjà tué avant, cela, elle le savait parfaitement bien, mais la jeune femme ne
put s'empêcher de se demander si c'était le cas dans ce monde aussi. Si depuis que la
malédiction les avait envoyés à Kintzheim deux ans plus tôt, des gens étaient morts à cause
de lui sans que personne n'en sache jamais rien, ou alors que ceux qui savaient fassent
semblant de ne rien savoir, parce qu'ils avaient trop peur de lui pour oser dire qui que ce soit.

Ou encore, si dans les souvenirs des gens, leurs faux souvenirs, il était effectivement
responsable de la mort de personnes décédées à Westeros, avant que le sort noir ne soit lancé.

Elle avait du mal à déterminer laquelle de ces deux perspectives était réellement la plus
terrifiante.

- Peut-être, reconnut Stannis. Au moins maintenant, son masque est tombé pour de bon. Et
même si ça ne change rien, même s'il n'est pas condamné avant que la malédiction ne soit
brisée, hé bien… nous allons pouvoir lui mener la vie dure.

- Oui. C'est sans doute la seule bonne chose qui ressortira de cette tentative de meurtre.

- Votre avocat, Tyrion Lannister, c'est ça ? Est-ce qu'il est au courant de ce qui s'est passé ?

- Je l'ignore. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le contacter, je dois dire que pour l'instant je
suis surtout occupée à récupérer.

- Vous allez bien ?

- Aussi bien que quelqu'un dans mon état peut aller je suppose. Je suis contente que… pas
qu'il l'ait fait, parce que je me serais bien passée de presque mourir en me vidant de mon sang
devant Marina et Lancel, mais… Ils ont peur de nous maintenant, ils commencent à agir
imprudemment et à faire des erreurs, alors peut-être que ça veut dire que… que nous
approchons du but, non ?

Yara Greyjoy, comme beaucoup de monde à Kintzheim, et en particulier ceux qui savaient
pour la malédiction et tentaient de la défaire, avait besoin d'espoir.

L'espoir que les choses s'arrangeraient, enfin, qu'ils parviendraient à faire quelque chose, à
sauver cette foutue ville qui ne savait même pas encore à quel point elle avait besoin de l'être,
l'espoir que tout ce qu'ils avaient fait et tenteraient de faire dans le futur n'était pas vain.

Que peut-être, si jamais cette tentative de meurtre aboutissait à quelque chose de bien, à la
chute de Ramsay Bolton, alors cela signifierait peut-être qu'elle n'avait pas servi à rien.

Et que la douleur qu'elle avait endurée, la peur qu'elle avait ressentie et avait fait
involontairement éprouver à ses proches n'avait pas été entièrement inutile.
Que grâce à ça, ce foutu bâtard allait enfin cesser de se croire tout permis et qu'il y aurait
finalement des conséquences à ses actes.

Qu'il paierait pour ses crimes.

Elle savait bien que Stannis n'était pas du genre à mentir, même pour réconforter les gens.

Mais elle avait besoin de ça, besoin de croire qu'ils n'avaient pas déjà perdu.

- Je… je ne sais pas lady Greyjoy, admit-il, mais… j'ai envie de croire que oui. Que peut-
être… nous sommes en train d'avancer. Même si ça, dit-il en désignant son lit d'hôpital, toute
cette situation… ça n'aurait jamais dû vous arriver. Vous ne méritiez pas ça.

- Je sais.

- Je me doute que cette question va plus vous faire peur qu'autre chose, mais… vous pensez
qu'il va essayer de recommencer ? »

Yara grimaça.

Elle était là depuis trop peu de temps pour avoir pu réellement dormir, mais durant le peu de
temps où elle l'avait fait, elle avait revécu la scène dans ses cauchemars.

Ça, et d'autres choses, comme si frôler la mort avait réveillé toutes les peurs qu'elle tentait
d'enfouir en elle depuis qu'elle était arrivée en ville, revivant ce qui lui était arrivé et ce qui ne
s'était jamais passé dans son monde, mais qu'elle avait vu dans Game of Thrones, tout ce que
Ramsay avait pu faire aux gens qu'elle aimait.

La torture et les mutilations infligées à Theon, les viols et les coups subis par Sansa, tout ce
qui ne s'était pas produit, pas totalement puisqu'il avait fait souffrir son petit frère dans ce
monde aussi, des choses qui ne se produiraient jamais, elle le savait.

Mais puisqu'il avait essayé de la tuer, qu'est-ce qui l'empêcherait au juste de leur faire du mal
à eux aussi ?

Elle avait revu cela alors qu'elle dormait, et ce n'était pas réel.

Ça n'empêchait pas la peur de l'envahir dès qu'elle y pensait ne serait-ce que quelques
minutes ou secondes.

Parce qu'ici, à Kintzheim, elle ne pouvait pas protéger sa famille, pas alors qu'elle était encore
incapable de sortir de ce maudit lit d'hôpital dans lequel Ramsay Bolton l'avait clouée pour
elle ne savait combien de temps.

(Note de l'autrice : Et je dois reconnaître que moi non plus vu que j'y connais absolument rien
à ce sujet ah ah.)

Et pendant ce temps-là, pendant qu'elle était ici, impuissante et incapable de se battre, il était
toujours là, dehors, susceptible de s'en prendre à ceux à qui elle tenait plus que tout au
monde.
C'était véritablement ça la pensée qui lui faisait le plus peur, pas le fait de risquer une
nouvelle fois de mourir.

Ce qui est mort ne saurait mourir.

Elle était une fer-née, elle n'était pas censée avoir peur de ce genre de chose.

Et puis elle se souvenait de la douleur, de la sensation du couteau dans sa chair, de sa peur


panique à la vue de son propre sang, et elle se rendit compte d'à quel point c'était de la
connerie.

Bien sûr qu'elle avait peur, autant pour elle-même que pour les autres.

« Qu'il essaie, lança-t-elle avec un air de défi dans les yeux, tentant de se montrer plus brave
et nonchalante qu'elle ne l'était en réalité, ce dont Stannis se rendit compte sans peine.

- Yara… Vous avez bien conscience qu'une fois que vous serez sortie de cet hôpital, peut-être
même bien avant, les choses ne seront plus jamais comme avant, pas vrai ? Même s'il n'essaie
pas de recommencer, vous avez été victime d'une tentative de meurtre, et Roose Bolton,
Littlefinger, Cersei Lannister… ils vont probablement essayer de s'en prendre à vous eux
aussi. Pour vous faire taire.

- Vous croyez que je ne le sais pas ? Rugit-elle. Que je ne suis pas au courant que je… que j'ai
failli mourir et que maintenant tout va changer ? Que je suis en danger, que c'est de sa faute et
que même si nous allons tout faire pour, il ne sera absolument pas inquiété parce que la
malédiction a décidé que des gens comme lui et Joffrey Lannister ont le droit de se comporter
comme ils veulent sans que ça ne change rien pour eux ? Bien sûr que je suis au courant, c'est
ma vie, merde, et c'est moi qui… C'est moi qui aie failli mourir, et vous n'étiez pas là, vous
ne pouvez pas savoir ce que je…

C'était la première fois depuis longtemps qu'elle s'énervait de cette manière, ou même qu'elle
se disputait avec quelqu'un.

Mais elle n'en pouvait plus, elle était tellement fatiguée et sur les nerfs, et tout ce qu'elle
voulait, c'était que ça s'arrête.

Tout ce qu'elle voulait, c'était que la douleur disparaisse.

Elle voulait ressentir autre chose que du désespoir, quitte à se déchaîner sur une personne qui
ne l'avait pas demandé et qui ne le méritait de toute évidence pas.

- Non, en effet, lui répondit-il froidement, je n'étais pas là, et je n'étais pas à votre place à ce
moment-là, mais moi aussi j'ai failli mourir vous savez, avant, durant la guerre contre les
marcheurs blancs. Et vous n'avez pas la moindre idée du nombre de fois où j'ai voulu… que
ça, tout ça, cet enfer… s'arrête. Définitivement.

Sa colère descendit d'un seul coup.

- Je suis désolée.
- Moi aussi je suis désolé. De ce qui vous est arrivé, et de ce qui va inévitablement se passer.
Yara, vous allez avoir besoin d'être protégée, parce qu'il est hors de question de laisser ce
monstre ou qui que ce soit d'autre recommencer. Nous n'allons pas vous perdre, je vous en
fais la promesse.

Une protection…

Elle aurait aimé ne pas avoir besoin de ça, mais elle avait bien peur qu'il n'ait raison à ce
sujet.

- A votre avis, je devrais faire quoi ?

- En dehors des évidences, comme le fait de porter plainte contre lui et de lui intenter un
procès ? Demandez une protection policière, faites tout pour cette affaire soit prise au
sérieux, si elle ne l'est pas déjà.

- En espérant que la police se bouge plus que pour Sansa, ironisa-t-elle avec amertume.

- Si vous en parlez à Eddard Stark, ça devrait aller. Si besoin, peut-être qu'il vous hébergera
chez lui un moment en attendant que ça se calme. Si ça se calme du moins.

Elle rit.

- Ça ce n'est pas près d'arriver je pense, je…

Puis, elle fit enfin la connexion et elle sourit.

- Vous l'avez fait exprès, non ?

Il fronça les sourcils.

- Quoi ?

- De proposer le nom et la maison de Ned Stark.

- Eh bien je l'ai choisi parce que c'est un homme honnête et droit, même à Kintzheim et
que… Puis, il comprit ce qu'elle entendait par là. Oh. C'est parce qu'il héberge actuellement
sa fille Sansa chez lui et que si jamais ce que je vous ai proposé aboutit, vous pourriez être
amenée à la revoir plus souvent et vous… vous voulez renouer avec votre petite-amie.

Elle acquiesça.

- Oui, en effet. J'ai déjà réussi à le faire depuis mon arrivée, mais… elle ne se souvient pas de
moi et je n'arrive pas à… Je sais que les choses ne redeviendront pas comme avant de sitôt,
même si elle finit par retrouver la mémoire et que la malédiction est brisée, mais c'est juste
qu'elle… elle me manque tellement.

- Je comprends, si Shireen avait dû être séparée de Myrcella en plus de moi et de sa mère,


j'aurais fait tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elles se retrouvent, malgré l'oubli.
Un léger sourire se dessina sur le visage de la guerrière.

Oui, de toute évidence, le noble avait beaucoup changé en neuf ans.

- En parlant de Myrcella… est-ce que… est-ce que vous pensez qu'elle sait ?

À Westeros, Yara n'avait jamais beaucoup côtoyé les enfants royaux, avant la guerre contre
les marcheurs blancs ou même pendant, qu'il s'agisse de Joffrey, de Myrcella ou de Tommen,
elle savait donc peu de choses d'eux.

Tout ce qu'elle savait d'eux, c'était que Joffrey était arrogant et détestable en plus d'être
méchant, là où Myrcella et Tommen avaient la réputation d'être adorables.

Bien sûr, elle avait fini par apprendre que Tommen était tombé amoureux de Margaery Tyrell
et Myrcella de Shireen Baratheon (qui était donc sa cousine et ne l'était pas réellement, c'était
fort ironique quand on y pensait deux secondes), mais ça ne disait rien de qui ils étaient.

Elle ne savait pas si Joffrey savait la vérité, mais le connaissant, ça ne l'aurait pas étonnée.

Quant aux deux autres…

- Je l'ignore, lui répondit Stannis, semblant aussi perdu qu'elle à ce sujet, je… J'ai quelques
soupçons, il est vrai, à cause de sa mère, et parce qu'elle a eu un comportement… étrange
l'autre jour quand elle et Shireen sont venues pour voir Vère.

- Qu'est-ce que vous voulez dire par étrange exactement ?

- Elle… elle avait l'air de vouloir me parler, me dire quelque chose, mais j'ignore quoi au
juste. Peut-être que ce n'est tout simplement rien.

- Ou peut-être qu'elle sait que quelque chose cloche, qu'elle commence à se souvenir et
qu'elle ne comprend pas ce qui se passe.

Maintenant qu'elles étaient là, que le temps tournait à nouveau normalement, la malédiction
se délitait de plus en plus, et ce n'était pas suffisant pour que tous se souviennent.

Mais peut-être que quelques-uns, parmi eux, pouvaient commencer à se rappeler.

- Sans doute. Je doute qu'elle soit du côté de Cersei en revanche. »

Myrcella était quelqu'un de bien pour ce qu'ils en savaient, et s'ils parvenaient à lui faire
réaliser la vérité, à l'enlever à Cersei comme ils étaient parvenus à éloigner un peu Jaime
Lannister d'elle en lui rendant son cœur, ce serait une victoire de plus contre la lionne.

Et par le dieu noyé, comme Yara espérait que cette victoire pourrait lui être fatale.

A suivre…
Il y a de l'eau dans le gaz.
Chapter Notes

Titre du 08/10/2021 : Il y a de l'eau dans le gaz

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Verseau (Astrologie) : Modernité : Écrire sur un monde futuriste ou
sur un perso fasciné par les nouvelles technologies

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

En revanche, la venue de Vère ne la surprit pas une seule seconde.

Après ce qu'il s'était passé, la manière dont elle et Marina l'avaient aidée, leur amitié
naissante qui n'avait jamais cessé de grandir depuis, la fer-née et la dunkerquoise prenant
régulièrement des nouvelles de la sauvageonne, de son bébé et de Sam, il était logique qu'elle
soit là.

Pour s'assurer qu'elle allait bien, parce qu'un monstre de plus à Kintzheim avait une fois de
plus montré sa barbarie, pour lui apporter son soutien, parce que l'histoire se répétait encore
et qu'ils n'étaient pas passés loin de la catastrophe.

Et Yara lui en était vraiment reconnaissante, et en voyant à quel point elle rayonnait
maintenant qu'elle était enfin libre, la seiche ne put s'empêcher de sourire avec joie et fierté.

Craster avait perdu, avait été dépouillé de tous les moyens possibles de faire du mal à qui que
ce soit, avait vu sa monstruosité être affichée à la face du monde, et Yara savait d'ors et déjà
qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour le détruire pour toujours.
Ce n'était pas terminé, et vu les traumas de Vère et des autres filles, ça ne le serait sans doute
jamais réellement, mais la jeune femme souriait et n'était plus aussi brisée et effacée qu'elle
l'était encore quand elle s'était enfuie de chez l'homme qui avait fait de sa vie un enfer.

Et ça, c'était déjà une victoire.

Yara essaya de se redresser pour la saluer, avant de renoncer en grimaçant alors que la
douleur de sa blessure la relançait une fois de plus, dès qu'elle faisait un mouvement
quelconque.

Oh par le Dieu noyé, comme elle avait hâte d'enfin pouvoir se lever à nouveau, sortir de ce
maudit hôpital et recommencer à vivre comme avant.

Sauf que sa vie ne serait plus jamais la même, avait été bouleversée pour toujours, qu'il avait
suffi d'un coup de couteau pour que tout bascule, parce que tant que la malédiction ne serait
pas brisée, rien ne serait normal pour elle.

Le danger planerait éternellement sur elle tant que Ramsay n'aurait pas été arrêté, tant qu'il
serait libre, tant que la ville serait sous l'emprise de ce sortilège qu'elle était encore incapable
de faire disparaître.

Et même s'il n'y avait pas eu tout le reste, elle ne l'aurait jamais pardonné pour ça.

Alors que Vère entrait, les machines autour d'elle continuèrent de biper, et Yara ne put que les
regarder avec fascination.

Cela faisait deux ans déjà qu'elle avait quitté Westeros, qu'elle était là dans ce monde si
avancé technologiquement comparé à son univers de naissance, et pourtant, malgré ça,
malgré tout ce qu'elle avait vu et découvert, internet, les voitures, les avions, les téléphones
portables, et tout ce qu'il pouvait y avoir d'autre, elle ne s'y habituerait jamais vraiment.

Elle venait d'un monde à des années lumières de celui dans lequel elle vivait désormais, qui
contenait tellement de nouvelles choses à découvrir, à appréhender, à comprendre, à
apprendre, et même si elle y restait pour le reste de sa vie, ce qui allait très probablement
arriver, elle savait déjà que ce ne serait jamais suffisant pour tout connaître.

Elle resterait pour toujours fascinée par toutes ces nouvelles technologies dont elle
comprenait à peine le fonctionnement pour la plupart.

Ce monde était dangereux, cruel, mauvais et méchant et à certains égards, parfois semblable à
celui où elle avait vécu pendant si longtemps.

Mais il pouvait aussi être beau et magnifique et dans son malheur, elle était heureuse que ce
soit là que la malédiction les avait transportés.

Le sourire que lui adressa Vère était hésitant et Yara décelait une lueur de crainte dans le fond
de ses yeux, et elle ne put s'empêcher de serrer les poings de rage, parce que cette peur
n'aurait pas dû être là.
Parce qu'elle aussi elle avait peur, peur comme elle n'avait presque jamais eu peur
auparavant, que cette peur s'accrochait à elle, telle une seconde peau, qu'elle ne pouvait pas
s'en débarrasser et qu'elle était forcée de vivre avec malgré elle.

Pour ça aussi elle ne le pardonnerait jamais.

« Salut Esgred. Est-ce que… comment est-ce que tu vas ? Lui demanda Vère, s'asseyant sur
la chaise à côté d'elle (Marina ayant rendez-vous avec Lancel à ce moment-là) avant de lui
prendre la main et de la serrer très fort, pour s'assurer qu'elle était vraiment là, qu'elle allait
bien, et qu'elle n'allait pas partir d'une seconde à l'autre ou disparaître.

Yara serra en retour sa main elle aussi, pour se rappeler qu'elle n'était pas seule, et que le mal
n'avait pas gagné.

Pas encore en tout cas, et elle était bien décidée à tout faire pour qu'ils ne l'emportent jamais.

- Je…

Pendant quelques secondes, elle envisagea de mentir, de faire semblant, de lui dire qu'elle
allait bien, qu'elle encaissait, qu'elle allait s'en sortir, qu'elle tenait le coup alors que ce n'était
absolument pas le cas.

Mais Vère n'était pas Marina ou Stannis, tout comme Theon et Sansa, elle avait vécu l'enfer
et en était sortie, elle aussi elle avait craint à de nombreuses reprises pour sa vie, et là où son
frère et sa petite-amie en sortaient à peine, la jeune mère était libre depuis un peu plus
longtemps qu'eux.

Elle avait vu l'horreur en face, comme eux, elle s'était battue de toutes ses forces, et elle
s'était relevée, malgré la douleur, elle était en train de guérir, elle savait mieux que personne
ce que c'était.

Elle pourrait encaisser, et si face à Stannis, la guerrière avait hurlé sa rage, sa colère et sa
frustration, maintenant elle voulait faire ce qu'elle ne faisait jamais en général.

Laisser tomber le masque de force et d'invulnérabilité qu'elle portait en permanence et


redevenir une petite fille effrayée par le monde.

C'était ce qu'elle était devenue durant son séjour à Dunkerque, ce qu'elle s'était jurée de ne
plus jamais redevenir.

Mais il s'agissait de Vère, et elle lui faisait confiance.

- J'ai peur Vère, avoua-t-elle, je suis en colère, oui, je suis emplie d'une rage qui est à deux
doigts d'exploser mais j'ai aussi peur, je suis même terrifiée. Et s'il recommençait, lui, ou bien
quelqu'un d'autre, sur moi ou un de mes proches ? Et si… et si la prochaine fois était la bonne
? Et si…

Et si je mourrais ? Songea-t-elle avec terreur, sentant toutes ses digues s'effondrer les unes
après les autres alors qu'elle se mettait à pleurer.
Une fer-née n'était pas censée pleurer, elle restait forte et ne ployait jamais malgré la douleur.

Mais ici et maintenant, dans cet autre monde, Yara Greyjoy n'était plus une fer-née.

Elle était juste une femme perdue qui voulait retrouver sa famille.

- Et si ce n'était pas suffisant ? Continua-t-elle, soudainement incapable de s'arrêter de parler.


Et si je n'étais pas suffisante ? Que je continuais de me battre contre le vent sans que rien ne
change ? Et s'ils gagnaient malgré tout ? Et si tout ce que je tentais n'avait pas le moindre
effet ? Vère, je… Je ne peux pas perdre. Pas encore une fois. Pas après tout ce qu'ils m'ont
déjà fait, je… je ne le supporterais pas.

Elle qui était pourtant une archère et une combattante accomplie, elle avait l'impression d'être
soudainement devenue fragile, d'être à deux doigts de se briser comme du verre.

Vère lui sourit avec un air rassurant avant de la serrer dans ses bras pendant quelques
secondes.

- Esgred… Tu es probablement la personne la plus forte et la plus courageuse que j'ai jamais
rencontrée. Je… je ne suis pas sûre que je vois bien de quoi ou de qui tu parles, ni même ce
que tu comptes mais… en revanche je suis certaine à propos d'une chose. C'est que tu vas y
arriver. Tu vaincras et tu finiras par arranger les choses. Je crois en toi. »

Et face au regard assuré de la femme qu'elle et Marina avaient autrefois sauvée, qui semblait
si petite et qui maintenant rayonnait de force et de confiance, tel un soleil, Yara se surprit à la
croire.

À se persuader elle-même qu'un jour, tout irait bien.

§§§§

Quand elle vit Tyrion Lannister entrer dans sa chambre, Yara ne put retenir un mouvement de
recul.

Pas parce qu'il était là, non, sa venue ne la surprenait aucunement, il était son avocat, alors
qu'il vienne la voir pour s'assurer qu'elle allait bien et déterminer avec elle ce qu'ils allaient
faire par la suite était parfaitement logique.

Ce qui la surprit, en revanche, ce fut son apparence.

La dernière fois qu'elle l'avait vu, il avait l'air pitoyable, certes, il n'était pas ivre à ce
moment-là et ne sortait pas non plus d'une énième gueule de bois, mais il était évident qu'il
n'allait pas bien.

Sauf que cette fois-ci, les choses étaient différentes.

Il avait dormi, il avait changé de vêtements, il ne sentait pas l'alcool et surtout…

Il s'était rasé.
Une lueur nouvelle brillait dans ses yeux, il n'était plus le même que lorsqu'ils s'étaient vus
pour qu'elle lui explique pourquoi elle voulait l'engager en tant qu'avocat, et ça ne voulait
aucunement dire qu'il était redevenu le même qu'autrefois, qu'il avait remonté la pente pour
de bon, qu'il avait guéri.

Pas du tout.

Mais en revanche, ça signifiait autre chose, le fait que, peut-être, grâce à elle, il avait réussi à
s'arracher au gouffre sans fond dans lequel la malédiction et sa grande sœur l'avaient plongé
en espérant qu'il n'en ressortirait jamais.

Et en constatant qu'elle y avait probablement fortement contribué, Yara ne put retenir un


sourire empli de fierté.

Le nain quant à lui ne souriait aucunement, bien au contraire.

Son visage était sombre, il affichait un air qu'elle avait déjà vu autrefois, lorsqu'ils étaient
encore à Westeros et que les marcheurs blancs gagnaient de plus en plus de terrain et
semblaient prêts à les anéantir.

C'était l'expression d'un homme sur le point de partir en guerre.

Cette constatation ne fit qu'agrandir son sourire parce qu'il y avait bien longtemps désormais
qu'elle était en guerre contre la malédiction et Kintzheim et ce bien avant même d'avoir
trouvé le chemin jusqu'à la ville.

Avoir un combattant de plus à ses côtés ne ferait vraiment pas de mal.

« Je me doute qu'on a dû vous poser la question au moins une bonne centaine de fois depuis
que vous êtes arrivée ici, mais… Esgred, est-ce que vous allez bien ?

La jeune femme sourit, amusée.

- En effet vous avez raison, c'est bien le cas… Et oui, je vais bien. Et vous ? Relança-t-elle,
curieuse de la manière dont les choses avaient évolué pour lui entre le moment où ils s'étaient
vus et celui où elle s'était faite poignarder par Ramsay Bolton.

Il haussa un sourcil surpris.

- Ce n'est pas moi qui ai frôlé la mort je vous signale.

- Je sais. Je me demandais surtout comment… vous vous sentez, vous avez l'air… d'aller
mieux.

Tyrion soupira.

- Vous savez mademoiselle Miller… pour une raison que j'ignore, tout semble aller de travers
dans ma vie depuis quelques temps… si j'osais je dirais même depuis toujours.
Sous les draps de son lit, Yara serra les poings le plus fort possible pour s'empêcher de hurler
et de lui balancer qu'elle en connaissait parfaitement bien la raison et qu'elle s'appelait Cersei
Lannister.

Mais le Lutin n'était pas prêt pour ça, il ne le serait peut-être même jamais tout court tant qu'il
n'aurait pas retrouvé la mémoire alors elle se tut et se mordit la langue pour se forcer à se
calmer.

- Et, poursuivit-il, mon existence me fait parfois me dire que je suis né sous une mauvaise
étoile, j'ai perdu le travail dans lequel j'excellais autrefois, j'ai sombré dans l'alcoolisme suite
à cela, je suis seul. Hormis Bronn, qui est certes mon ami mais surtout le patron du bar où je
ne me suis rendu que trop souvent, mon frère et mon neveu Tommen ainsi que ma nièce
Myrcella, je n'ai que peu de proches.

Il évita soigneusement de mentionner Joffrey tout comme Cersei, ce dont elle ne fut
aucunement étonnée.

- Bref, c'est comme si pour moi plus rien n'avait de sens ni d'intérêt et que la vie ne valait plus
la peine d'être vécue et qu'il aurait mieux valu pour moi d'y mettre un terme.

Yara ne put s'empêcher de frissonner en entendant cela, mais elle n'était malheureusement pas
le moins du monde surprise par cet aveu.

Il n'était de toute évidence pas la seule personne à avoir déjà songé au suicide à Kintzheim, ce
n'était pas comme si elle n'y avait pensé non plus…

Elle acquiesça.

- Je… je comprends oui. Vous pouvez me croire, je ne comprends que trop bien.

Un sourire apparut sur le visage du lion.

Pas un sourire de tristesse ou de résignation, non, un sourire réel, sincère, joyeux et


surtout vivant.

Un sourire qu'il n'aurait sans doute jamais laissé se dessiner sur ses lèvres avant cela.

- Et puis… vous êtes arrivée. Au début, je n'ai rien vu, je n'ai pas compris… à quel point vous
alliez changer les choses dans cette ville, vous et votre ami Marina, à quel point vous alliez
tout bouleverser pour le mieux, pour nous, sans même que nous ne nous en rendions compte.
Et à ce jour, je ne sais toujours pas pourquoi vous avez fait ça. Pourquoi vous êtes venues en
aide à Vère, à Sansa, à Theon, pourquoi vous avez tout fait pour les sauver. Pourquoi vous
avez fait ce qu'aucun de nous n'a jamais eu assez de courage pour ne serait-ce que tenter de le
faire. Mais vous l'avez fait et c'est la seule chose qui compte. Vous avez changé cette ville
Esgred Miller. Et pour cela, je vous en remercie.

Yara sentit une boule d'émotion se former dans sa gorge et elle réalisa alors qu'elle était à
deux doigts de pleurer.
On l'avait déjà remerciée, avant, depuis qu'elle était arrivée à Kintzheim et qu'elle et la
dunkerquoise avaient tout bouleversé sur leur passage.

Mais jamais comme ça.

Jamais elle n'avait eu autant l'impression que ce qu'elle faisait comptait à ce point-là, même si
c'était loin d'être terminé, que la partie était tout sauf gagnée.

- Je… je ne sais pas… Je suis heureuse d'avoir pu aider.

- Je ne sais pas non plus pourquoi vous êtes là, enchaîna-t-il, ni même ce que vous cachez ou
qui vous êtes vraiment, je ne sais pas ce que vous voulez ou pourquoi vous avez décidé de
venir. Ou ce que vous ferez dans le futur. Et dans le fond je m'en moque. Mais quoi que ce
soit, je ferai tout pour vous aider. Je vous en donne ma parole.

Elle ne lui fit pas l'affront ou l'insulte de prétendre qu'elle n'avait aucune idée de ce dont il
parlait.

Parce que ça voulait dire, non pas qu'il savait, ni qu'il avait compris, parce qu'il ne se
souvenait pas encore assez pour cela, mais au moins, il avait réalisé que quelque chose
clochait.

Que si elle était là avec Marina c'était pour faire quelque chose.

Et il lui faisait assez confiance pour considérer qu'elle avait de bonnes intentions.

Il ne se souvenait pas de ça, ni de tout le reste, il ne se rappelait pas d'elle ni des combats
qu'ils avaient mené ensemble, côte à côte dans un monde qui n'existait plus mais il se
souvenait au moins de ça, qu'ils étaient dans le même camp.

Et c'était déjà amplement suffisant, ça signifiait qu'elle avait un allié de plus.

- Merci, murmura-t-elle, sentant les larmes couler sur ses joues, et oh comme ça faisait du
bien de pouvoir laisser tomber le masque de la guerrière sans peur et sans reproche.

De juste être une femme effrayée qui était seulement fatiguée de se battre après tout ce temps.

- Je vous en prie. Je comprends que… les choses sont compliquées pour vous en ce moment
après ce qu'il s'est passé. Mais nous sommes là Esgred, et nous n'allons pas vous laisser
tomber.

- Vous ne me demandez même pas qui m'a fait ça ? S'interrogea-t-elle en faisant allusion à sa
blessure.

Il se permit une nouvelle fois de sourire, un sourire qu'elle n'avait plus vu chez lui depuis la
malédiction, un sourire arrogant.

Elle n'aurait jamais cru qu'elle se sentirait un jour soulagée de le revoir.

- Ça ne me semble pas très difficile de déduire qu'il s'agit de Ramsay Bolton.


- Sauf que ce n'est pas du jeu, protesta-t-elle avec amusement, votre frère est policier, j'ai fait
ma déposition il y a peu de temps, il a dû vous le dire.

Il rit cette fois.

- Perdu, je lui ai fait part de mon hypothèse dès qu'il m'a annoncé ce qu'il vous était arrivé, et
vous n'étiez pas encore revenue à vous à ce moment-là.

Elle n'eut aucun doute quant au fait qu'il disait la vérité.

- Dans ce cas-là je vous adresse mes félicitations mon cher Hercule Poirot, s'amusa-t-elle,
enquête brillamment résolue !

Puis elle rit et ce fut comme si la blessure infligée par l'arme du bâtard n'existait plus.

Il lui adressa un dernier sourire avant de reprendre son sérieux.

- Il n'est plus temps de reculer maintenant. Ni pour eux ni pour nous. Ce qui veut dire que
nous allons devoir nous battre becs et ongles pour gagner. Sortir nos griffes parce qu'ils
n'hésiteront pas à en faire de même, voire à faire pire. Est-ce que vous êtes prête pour ça
mademoiselle Miller ?

- Oh que oui je le suis. Et vous ?

Son air déterminé de lion, de Lannister prêt à tout pour déchirer ses ennemis suffit à lui
apporter la réponse avant même qu'il n'ouvre la bouche.

- Évidemment. »

Elle ne savait pas encore comment les choses tourneraient, mais même si elle perdait ça
n'avait aucune importance.

Parce que, même si Tyrion Lannister n'avait pas répondu à sa question, elle l'avait lu dans son
expression, dans son attitude, il allait bien mieux qu'avant.

Et si ça ce n'était pas une autre victoire arrachée au combat qu'elle menait contre la
malédiction, elle ne savait pas ce que c'était.

A suivre…
La tanière des lions.
Chapter Notes

Titre du 20/09/2023 : La Tanière des lions

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Solène : Jaisei : écrire sur un couple incestueux ou sur un couple
"mal-aimé"

63) 50 nuances de drama

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Le soir-même.

« Votre fils est un imbécile, lança Cersei Lannister d'une voix emplie de rage à Roose Bolton.
Et un incapable. S'il avait réussi à terminer correctement ce qu'il avait commencé et avait
achevé pour de bon la fille Greyjoy, nous n'en serions de toute évidence pas là. »

Cersei Lannister avait passé une journée exécrable.

En réalité, ça allait même plus loin que ça, elle avait passé une mauvaise semaine, pire
encore, elle n'avait pas eu un seul instant de réel repos depuis que la fer-née et la
dunkerquoise avaient débarqué à Kintzheim.

Mais depuis l'agression de la guerrière par le fils Bolton, les choses étaient encore pires
qu'avant.

Pourtant, ça aurait pu être une magnifique opportunité, l'occasion d'enfin se débarrasser d'elle
sans avoir à faire quoi que ce soit, sans être impliquée et donc sans risquer d'être soupçonnée
puisque pour une fois, elle était parfaitement innocente et n'avait rien à voir là-dedans.
Et d'un autre côté, ça lui aurait permis d'écarter Ramsay Bolton loin de ses affaires, lui et son
instabilité, qui avait tenté de tuer une femme comme s'ils étaient toujours à Westeros et qu'il
pouvait le faire impunément, sans en subir la moindre conséquence.

Elle mourait, un obstacle dans sa vie parfaite disparaissait et ne lui mettait plus de bâtons
dans les roues et n'entravait plus le bon fonctionnement de la malédiction, il allait en prison et
elle n'avait plus à avoir peur de ce fou dangereux ni de ce qu'il pourrait faire un jour.

Tout était bien qui finissait bien, tout le monde vivait heureux pour toujours (enfin seulement
elle), fin de l'histoire.

Seulement voilà.

Non seulement ce crétin avait été imprudent mais en plus il s'était complètement raté.

On n'avait pas idée d'être aussi incompétent.

Elle avait survécu et malgré l'obscurité, elle avait reconnu son agresseur, et au lieu de
gentiment sombrer dans le coma, il avait fallu qu'elle se réveille.

Autant dire que maintenant, tout le monde en ville était au courant.

Et dire que la mairesse était agacée aurait été un bel euphémisme.

Elle était tout simplement folle de rage.

Parce que les choses ne se passaient pas comme prévues, que le procès à venir allait rejaillir
sur elle et ses alliés, parce que entre la procédure de divorce entamée par Catelyn Baelish (ou
sur le point de commencer, elle ne savait plus) contre Littlefinger, l'ordonnance d'éloignement
contre Joffrey par Sansa et cette tentative de meurtre, tout allait de travers.

Entre ça et sa relation avec Jaime qui battait de plus en plus de l'aile sans qu'elle ne sache
exactement comment arranger les choses, elle devait avouer qu'elle ne savait plus quoi faire.

Avant, quand elle avait le contrôle de la malédiction, que tout tournait rond, qu'il n'y avait
aucun problème et qu'elle n'avait rien à faire à part suivre le mouvement, c'était facile.

Elle était l'épouse de Jaime, elle était la mairesse, la dirigeante incontestée de la ville, elle
était obéie et respectée, personne ne la contredisait jamais, personne n'avait eu besoin ou
envie de le faire, n'y avait même jamais pensé une seule seconde.

Et elle avait aimé ça, s'était vue comme une sorte de nouvelle Tywin Lannister, avait fini par
se persuader que rien ni personne ne pourrait jamais perturber son paradis si parfait.

La chute n'en avait été que plus rude quand Yara Greyjoy et Marina Leszczynska avaient
débarqué, faisant tout voler en éclats.

Maintenant, non seulement le temps avait repris ses droits et sa place légitime, mais plus rien
ne marchait comme avant en ville, les gens semblaient s'être réveillés, il y avait trop de
changements et même s'ils ne se souvenaient pas, la blonde le sentait bien.
Plus rien ne serait jamais pareil si elle n'y mettait pas rapidement un terme.

Il n'y avait qu'à voir son frère jumeau, qui avait récupéré son cœur et qui parfois semblait la
regarder comme s'il ne la reconnaissait plus, comme si tout ce qu'ils avaient vécu ensemble
n'avait pas la moindre importance.

(Mais après tout, c'était elle qui avait tout gâché dès le début en empoisonnant leur relation et
en créant un vide dans sa poitrine et en le transformant en même temps en fantôme, non ?)

Il s'éloignait de plus en plus d'elle et elle n'avait plus le moindre contrôle sur lui, elle ne
pouvait plus faire quoi que ce soit pour que ça cesse et c'était entièrement de leur faute.

Autrement dit, elle n'avait pas besoin de devoir gérer cette affaire de tentative de meurtre en
plus de ce dont elle devait déjà s'occuper.

Quand elle vida le verre de vin qu'elle avait dans la main, celle-ci tremblait légèrement.

Devant elle, réunis dans le salon de la maison (Jaime s'occupait des enfants, elle lui avait dit
qu'elle avait une affaire urgente à régler pour la mairie, ce qui n'était pas faux puisque si la
malédiction s'effondrait, sa place à la mairie aussi et Yara Greyjoy semblait bien décidée à
détruire brique par brique tout ce qu'elle avait pu bâtir au cours des deux dernières années
alors ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne s'en prenne à ça aussi), il y avait
Roose Bolton et Petyr Baelish, qui semblaient aussi perdus qu'elle.

Ce n'était pas normal, et encore moins une bonne chose.

D'ordinaire le nordien portait un masque sur le visage pour dissimuler ses émotions et
Littlefinger avait toujours un coup d'avance sur à peu près n'importe qui en toutes
circonstances (y compris sur Cersei elle-même, ce qui l'agaçait au plus haut point), et
pourtant…

Pourtant, aucun d'eux deux n'avait réussi à prévoir ce qui allait se passer.

Ils s'étaient bien trop reposés sur le pouvoir que leur accordait la malédiction, sur la certitude
que rien ne pourrait leur arriver, ils n'avaient pas réussi à anticiper que la faille proviendrait
de leur propre camp.

Et Cersei devait admettre qu'elle en avait été incapable au moins autant qu'eux.

D'un autre côté, l'essence même de Ramsay était qu'il était imprévisible.

Roose grimaça.

« Je ne… je ne pensais pas qu'il…

- Quoi donc ? Riposta-t-elle, sarcastique. Qu'il irait jusque-là ? Ou bien qu'il se louperait ? Ou
peut-être même les deux, qui sait ? »

Avant, à Westeros, elle lui aurait probablement envoyé son verre en plein visage, à lui ou à un
pauvre serviteur malchanceux qui serait passé par là au mauvais moment, afin d'évacuer sa
colère pendant ne serait-ce qu'un court moment.

Mais ils n'étaient plus à Westeros.

Et ce qui était avant un atout était en train de devenir une arme contre elle.

Parce que contrairement à autrefois, dans son monde d'origine, elle ne pouvait pas se
débarrasser de ce double problème comme ça, elle ne pouvait pas l'effacer ni la faire
assassiner, ce qui aurait déjà été compliqué là-bas mais devenait impossible ici.

Parce que désormais, si sa culpabilité était prouvée, elle ne serait pas intouchable.

Elle n'était plus la reine des Sept Couronnes et la membre d'une des familles les plus craintes
du royaume.

Elle était la mairesse de la ville de Kintzheim, certes, mais en dehors de ça, elle était
seulement Cersei Lannister, une citoyenne comme les autres.

Une femme qui ne pouvait pas se permettre de faire tuer impunément ses ennemis quand ça
lui chantait, quant bien même ça la démangeait de le faire.

Parce que sans elles, sa vie aurait été parfaite.

« Ça n'a plus d'importance maintenant, lâcha Littlefinger, finissant par intervenir pour la
première fois depuis le début de la conversation, ce qui est fait est fait.

Cersei serra son verre dans sa main, manquant de le briser, et se retenant à grand-peine de ne
pas le jeter sur son visage.

- Pas d'importance ? Fulmina-t-elle. Pas d'importance ? Est-ce que vous vous fichez de moi ?
Je vous croyais intelligent pourtant… Le combat dans la rue, nous pouvions nous en servir à
notre avantage, parce que c'était elle qui l'avait amorcé, pour le provoquer, mais ça… Si vous
trouvez une façon dont ça peut devenir un avantage pour nous, je vous jure que je vous laisse
mon poste à la mairie, ironisa-t-elle, mordante. »

Pas une seconde elle n'avait envisagé qu'il puisse ne pas être coupable de cette tentative de
meurtre, non pas parce qu'elle faisait confiance à Yara Greyjoy (loin de là…) mais parce qu'il
s'agissait de Ramsay Bolton.

Elle savait comme à peu près tout le monde qu'il était capable de tout, elle connaissait sa
réputation avant même que la guerre contre les marcheurs blancs n'éclate et elle était tout
sauf positive.

Et même sans cela, il y avait le fait qu'il était rentré chez son père avec les mains couvertes de
sang et avec probablement un sourire fou sur le visage.

Elle n'avait pas été là pour voir ça, mais elle n'avait pu que l'imaginer.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit.


Exaspérée, la blonde ne put s'empêcher de poser violemment son verre vide sur la table
devant elle.

Celui-ci se brisa en mille morceaux et la lionne serra le poing, ne prêtant même pas attention
aux débris qui se logeaient dans sa main ni aux multiples entailles qu'ils allaient bientôt
provoquer.

Plus rien n'avait d'importance, hormis sa colère et sa volonté de trouver le moyen d'écraser
ses ennemis, de les réduire à néant.

Elle était une Lannister que diable, la fille de Tywin et Joanna Lannister en personne !

Ce n'était tout de même pas une fer-née et une terrienne qui allaient continuer à lui barrer le
passage comme ça !

- Alors dans ce cas-là, si vous n'avez rien de pertinent à dire et que vous n'avez aucune
solution à proposer, je vous conseille de vous taire.

- Est-ce que vous savez si quelqu'un l'a vu faire ? Continua-t-il sans tenir compte de son
interruption, et elle ne sut déterminer si elle était impressionnée ou agacée par son attitude.

Mais il s'agissait de Littlefinger après tout, les choses avaient toujours été comme ça avec lui,
ça n'aurait pas dû l'étonner.

- Si en dehors de vous, continua Baelish, s'adressant à Roose Bolton, et bien sûr de Yara
Greyjoy, quelqu'un est au courant de ce qu'il a fait ?

L'ancien seigneur secoua la tête.

- Non, il faisait nuit et les rues étaient vides, il n'a croisé personne.

- Bien. Tant mieux, ça veut dire pas de témoins supplémentaires à écarter. D'après les
informations que j'ai pu récolter, elle est la seule à avoir vu son agresseur, cette… cette
femme, cette Marina Leszczynska et son petit-ami Lancel, n'ont rien vu a priori. Ça aussi ça
joue en notre faveur.

Cersei faillit éclater de rire.

- Vous avez l'intention de dire qu'elle ment ? C'est ça la ligne de défense que vous voulez
nous proposer ?

Littlefinger haussa les épaules.

- Pas de témoin direct, pas de preuves… (Ramsay avait certes été assez stupide pour tenter de
la tuer mais pas assez pour laisser ses empreintes sur l'arme ou pour qu'on puisse dire avec
certitude qu'elle lui appartenait). Ce sera sa parole contre la sienne. »

Ça pouvait marcher.

Ça devait marcher.
Après tout, ne disait-on pas que la meilleure défense, c'était l'attaque ?

§§§§

Le lendemain.

Lancel se demandait comment faire au juste pour formuler la question qui le hantait depuis
plusieurs jours, depuis l'agression qu'avait subie Esgred.

Ou Yara, ou quel que soit son véritable nom.

Qu'importe après tout, ça n'avait pas la moindre importance, mais sans qu'il ne sache au juste
vraiment pourquoi, il avait le sentiment que…

Que c'était important et pas anodin comme il l'avait cru au premier abord.

Ce prénom, qu'il avait entendu, que sa petite-amie avait laissé échapper par accident, et qui
semblait avoir réveillé quelque chose en lui, dans sa mémoire, qui avait créé une fissure dans
un mur autrefois parfaitement lisse et sans le moindre défaut quelconque.

Maintenant, c'était comme si la fissure s'était agrandie et qu'il ne voyait désormais plus
qu'elle.

Et il avait besoin de comprendre.

En entrant dans la chambre d'hôpital de la jeune femme (dont elle sortirait finalement au
cours de la semaine suivante), Lancel salua Esgred qui lui répondit avec un bonjour, un
sourire qui n'avait rien de joyeux et une lueur de tristesse dans ses yeux qu'elle avait bien du
mal à dissimuler.

Ça aussi il aurait aimé le comprendre.

Mais depuis leur arrivée à Kintzheim, il semblait que plus grand-chose n'avait réellement de
sens en ville.

« Je suppose que tu es venue voir Marina, lui dit-elle avec un sourire qui semblait cette fois-
ci un peu plus sincère.

Il sourit.

- Oui en effet. Je vois qu'on ne peut rien te cacher.

Elle rit et Lancel ne put s'empêcher de se demander comment quelqu'un avait bien pu vouloir
supprimer quelqu'un d'aussi lumineux et solaire qu'elle.

(Si elle avait entendu cela, Yara n'aurait sans doute pas approuvé ces deux adjectifs, mais
c'était ainsi qu'il la voyait, comme la femme qui avait tout fait pour sauver une ville qui
n'était même pas la sienne.)
Et puis il se souvint que le principal suspect s'appelait Ramsay Bolton et que vu sa sinistre
réputation et ce qu'il avait fait, ça n'aurait pas été si surprenant de sa part.

- Ne t'en fais, ta dulcinée ne va pas tarder à revenir, elle est allée promener Onyx.

(Et sortir brièvement de la ville pour éviter de perdre la mémoire, mais inutile de lui parler de
ça.)

Et en effet, elle arriva quelques minutes plus tard, et, adressant un sourire éblouissant au lion,
elle l'embrassa.

- Salut, lui dit la dunkerquoise, ça va ?

- Oui ça va, surtout maintenant que tu es là. Est-ce qu'on pourrait se parler une minute ? J'ai
quelque chose à te demander. Il se tourna vers Esgred. Ça ne te dérange pas si on sort un
moment ?

- Vous en faites pas, je survivrais.

Elle avait dit ça en souriant, mais Lancel surprit une ombre dans le regard de sa petite-amie.

De toute évidence, elle avait encore peur de la perdre.

- On revient bientôt, indiqua-t-elle à son amie, avant qu'ils ne sortent dans les jardins de
l'hôpital.

Ils s'installèrent, ayant laissé la chienne avec Esgred, et Lancel prit une profonde inspiration
avant de se lancer.

- Le soir où Ramsay Bolton a tenté d'assassiner Esgred, tout s'est passé très vite. Il y avait
tellement de sang, elle était aux portes de la mort, il n'y avait pas de temps à perdre, alors je
ne t'ai pas posé la moindre question sur le moment. Et puis après, elle venait à peine de se
remettre, alors j'ai décidé d'attendre le bon moment, et je pense… que c'est maintenant. Alors
Marina, je voudrais te demander une chose.

- Je t'écoute, lui répondit-elle, curieuse et les sourcils froncés.

- Quand Esgred s'est écroulée et que tu t'es précipitée vers elle, tu l'as appelée par un autre
prénom que celui qu'elle utilise d'ordinaire. Alors je voulais savoir… Marina, pourquoi est-ce
que tu l'as appelée Yara ? »

S'il devait en juger au regard de pure panique que la jeune femme lui adressa, elle ne
s'attendait aucunement à cette question.

A suivre…
Comment vivre avec un secret.
Chapter Notes

Titre du 10/05/2022 : Comment vivre avec un secret

Pangolin : Hadès - écrire une scène drama

L : Lancel (GOT)

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects d'… Amerei Frey : Bonne alliance : Écrire sur Lancel Lannister ou écrire
sur quelqu'un qui épouse un bon parti

257) 50 nuances de personnages LGBT

8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, elles ont dit, Sarah & son cerveau,
UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

Marina resta figée pendant de longues secondes, interdite et stupéfaite.

Elle ne se souvenait pas de ça.

Elle ne se souvenait de presque rien concernant cette sombre soirée, hormis la peur panique
qui s'était emparée d'elle quand Yara s'était écroulée, se vidant de son sang, suivie plus tard
par le soulagement quand elle avait réalisé qu'elle survivrait, que tout irait bien.

Tout ce qui concernait ses souvenirs de cette terrible nuit n'était qu'un amas de moments, rien
de plus qu'une brume aux contours flous qui ne faisait pas sens.

Sur le moment, elle n'y avait pas pensé, n'y avait pas réfléchi, parce que la seule et unique
chose qui comptait, c'était la survie de son amie.

Une amie qu'elle avait appelée par son véritable nom sans même s'en rendre compte, sans
réaliser qu'ainsi elle prenait un énorme risque.

Et Lancel l'avait entendue.

Et surtout, il s'en était souvenu, avait retenu l'information, ce qui signifiait bien que pour lui,
quelque chose clochait, n'était pas normal.
Si elle avait prononcé un autre prénom, peut-être n'aurait-il rien remarqué, mais elle se
souvenait de l'histoire familiale des Greyjoy inventée par la malédiction, elle savait que Yara
avait existé dans cette fausse réalité, qu'elle était morte.

Et elle savait que Yara ressemblait à son frère, que le simple fait d'avoir prononcé ce nom
plutôt qu'un autre pouvait éveiller ses soupçons.

Si une toute autre personne que Lancel avait entendu cela et lui avait posé la question, elle
aurait aussitôt paniqué.

Hormis quelques personnes, elle connaissait assez mal la plupart des habitants de Kintzheim,
et hormis certains évidents, elle ne savait pas toujours à qui faire ou ne pas faire confiance.

Mais elle faisait confiance à Lancel Lannister.

Pas seulement parce qu'il était son personnage préféré de la saga ou de la série, pas seulement
parce qu'elle l'aimait, mais parce qu'en le rencontrant, elle avait découvert quelqu'un de bien,
qui avait pu s'épanouir loin de la sombre influence de Port-Réal et de sa famille.

Il était son petit-ami, plus seulement un être de papier, il était vivant, un être de chaire et de
sang, il était réel, et on lui avait volé sa mémoire.

Le fait qu'il commence à se poser des questions était peut-être bon signe, montrant qu'il était
sans doute en train de se souvenir.

Elle aurait aimé pouvoir lui dire la vérité.

Mais était-il prêt à l'entendre ?

Marina aurait pu choisir la facilité, le mensonge, prétendre qu'elle ne voyait pas de quoi il
parlait, dire qu'il avait rêvé, qu'il se trompait, qu'il avait mal entendu, ou bien qu'elle avait dit
ce nom par hasard, envahie par la panique, que ce n'était rien du tout.

Et que ça n'avait pas la moindre importance, qu'elle avait eu une amie autrefois qui s'appelait
ainsi qui était morte et que ça lui avait rappelé de mauvais souvenirs, rien de plus, et le sujet
aurait été clos.

Mais dans cette histoire sordide, c'était la malédiction la menteuse, elle et aussi tous ceux qui
avaient menti et triché pour conserver la mémoire et en tirer profit.

La dunkerquoise ne voulait pas être comme eux.

Alors, quitte à risquer de le perdre, au moins que ce soit en lui disant la vérité.

Que ce soit pour une bonne raison, et que lui au moins, il sache pourquoi absolument tout
semblait aller de travers dans cette maudite ville.

Et honnêtement, si jamais il la croyait, elle devait admettre qu'elle ne disait pas non à un allié
de plus dans ce combat qui semblait sans fin et sans issue.
« Marina ? Lui demanda-t-il quelques secondes plus tard, inquiet de la voir rester silencieuse
aussi longtemps face à une question qu'il pensait pourtant anodine et pourtant…

Pourtant, il y avait toujours cette lueur de panique qui brillait dans ses yeux, comme si elle ne
savait pas quoi répondre, avant qu'elle ne finisse par disparaître, remplacée par une
expression de détermination.

Puis elle lui adressa un sourire triste, et le jeune homme sut, sans trop savoir pourquoi, que
rien ne serait plus jamais comme avant une fois que cette conversation serait terminée.

- Dis-moi Lancel… Commença-t-elle alors. Est-ce que tu crois aux contes de fées ? »

§§§§

Il cligna des yeux à plusieurs reprises, affichant un air perdu qu'elle ne put s'empêcher de
trouver des plus adorables (mais il s'agissait de Lancel, évidemment qu'elle le trouvait tout le
temps adorable.).

« Pardon ?

Il s'attendait à ce qu'elle éclate de rire, qu'elle lui dise que ce n'était qu'une blague et qu'elle
passe à autre chose, lui explique la véritable raison derrière cette erreur de prénom.

Pourtant, elle garda son sérieux, même si un léger sourire attendri se dessina rapidement sur
ses lèvres face à son expression confuse, avant de disparaître quelques secondes plus tard.

- Même si dans ce cas-là, il ne s'agit pas vraiment de contes de fée. Mais disons que ça y
ressemble un petit peu.

- Marina, je… Je ne comprends absolument rien du tout de ce que tu es en train de me dire.

Elle soupira.

- Si je l'ai appelée Yara et non pas Esgred, c'est pour une bonne raison.

- Quel rapport avec les contes de fée ? Ne put-il s'empêcher de lui demander, perplexe.

- J'y viendrai plus tard. Si je l'ai fait, c'est parce que… elle ne s'appelle pas Esgred. Son nom
n'a jamais été Esgred Miller. En réalité, elle se nomme Yara Greyjoy.

Lancel eut l'impression que la foudre venait de lui tomber sur la tête et il regarda Marina avec
les yeux écarquillés de surprise.

- Quoi ? S'exclama-t-il d'une voix forte, mais… mais comment est-ce que… »

A vrai dire, il était même à court de mots.

Yara Greyjoy.
Comme la sœur aînée de Theon Greyjoy, celle qui avait péri durant ce tragique accident en
mer qui n'avait jamais été expliqué ou élucidé, dont le corps avait fini par être retrouvé et
dont il ne se souvenait pas de l'enterrement alors qu'il devait bien avoir eu lieu.

Ça n'avait pas le moindre sens qu'elle prétende que son amie s'appelle ainsi.

Parce que ça ne pouvait pas être une coïncidence, elle ne pouvait pas être une homonyme de
celle qui avait vécu autrefois à Kintzheim, le hasard aurait été bien trop grand et bien trop
improbable.

Et puis même si c'était le cas, même si elle portait le même nom sans être elle, sans avoir le
moindre lien quelconque avec Kintzheim ou la famille Greyjoy… pourquoi ?

Pourquoi avait-elle menti sur son nom, quel intérêt de le cacher alors qu'elle et Marina ne
connaissaient ni la ville ni ses habitants en théorie ?

Il ne comprenait pas.

Il restait donc une autre explication, la dernière parce que la plus illogique.

L'amie de Marina Leszczynska était véritablement la Yara Greyjoy de Kintzheim, celle aux
côtés de qui il avait grandi, celle qui avait disparu une nuit en mer et qui s'était noyée, et…

Non.

C'était tout bonnement impossible, ça ne pouvait pas être vrai, elle ne pouvait pas être en vie,
parce que ça impliquait que le corps retrouvé n'était pas le sien, qu'elle avait survécu, qu'elle
avait quitté la ville sans rien dire à personne sans que personne ne le sache, et… qu'elle était
revenue des années plus tard sous un autre nom sans que personne, pas même son frère, ne la
reconnaisse.

C'était… complètement fou pas vrai ?

Pourquoi faire croire à sa mort, pourquoi revenir en cachant qui elle était, pourquoi tant de
mystères et de mensonges, pourquoi personne n'avait rien vu, rien su, rien compris ?

Qu'avait-elle l'intention de faire ?

D'un autre côté, si son hypothèse se vérifiait, ça expliquait pourquoi elle avait tant à cœur de
sauver la ville, pourquoi elle semblait parfois si triste en les regardant.

Ça n'expliquait pas son attitude, et il aurait aimé pouvoir rejeter cette idée en bloc et ne plus y
penser.

Seulement voilà.

Il ne pouvait pas nier la ressemblance physique qui existait entre la jeune femme et le dernier
Greyjoy vivant, ressemblance qu'il avait mis bien trop de temps à remarquer pour que ce soit
vraiment normal.
Mais, étrangement, Lancel n'était pas effrayé, il avait juste envie de comprendre, de savoir,
d'expliquer pourquoi tout lui semblait ne plus avoir de sens depuis que Marina et Esgred –
enfin, Yara – étaient entrées dans sa vie.

Il prit une profonde inspiration.

« Très bien, dit-il à sa petite-amie en la regardant droit dans les yeux, explique-moi tout,
raconte-moi tout, même le plus insensé. »

Aujourd'hui, la fissure dans le mur s'étendait devant lui, plus grande que jamais.

Et il était impatient de voir ce qui se cachait derrière elle.

§§§§

« Je vais commencer par quelque chose de simple.

- Les contes de fée je suppose, dit-il, ne comprenant toujours pas où elle voulait en venir.

Elle sourit.

- Oui. Les contes de fée. Ou plus précisément une série sur les contes. Dis-moi Lancel, est-ce
que tu connais la série Once Upon a Time ?

De toutes les questions que le jeune homme s'attendait à entendre au cours de cette
conversation, celle-ci n'était définitivement pas l'une d'entre elles.

Il fronça les sourcils, perdu (mais il commençait à en avoir l'habitude avec cette
conversation), se demandant dans quelle direction sa petite-amie était en train d'aller.

- Je… oui, de nom, pourquoi ?

- Est-ce que tu connais l'histoire ? Lui demanda-t-elle, ne répondant pas à sa question.

- Les personnages de contes de fée ont été transportés dans notre monde par une malédiction
et ont oublié qui ils sont vraiment.

En entendant sa réponse, Marina se mit à sourire avec tellement de tristesse dans les yeux
qu'il réalisa qu'elle allait peut-être se mettre à pleurer et il n'arrivait pas à
comprendre pourquoi.

- Comment est-ce que tu réagirais si je te disais que… que c'était réel ? Et que c'était ce qui
est arrivé à ta ville ?

Lancel dût retenir son envie irrépressible d'éclater de rire.

Il avait dit qu'il écouterait ce qu'elle avait à dire, même si c'était absolument insensé.

À ce niveau-là, il était largement servi.


- De… de quoi ? Attends tu veux dire quoi alors, qu'on est des personnages de contes qui ont
perdu la mémoire ? Je suis qui moi alors, plaisanta-t-il, le prince charmant ?

Elle rit, sincèrement amusée, et ça le rassura.

Si elle était encore capable de rire, c'est que la situation ne devait pas être si grave que ça, pas
vrai ?

Il avait du mal à y croire bizarrement.

- Non, pas vraiment, pas du tout même. Enfin si, tu es mon prince charmant mais tu n'es pas
le prince charmant des contes. Toi tu… tu es un chevalier, dit-elle avec une fierté et une
tendresse immense dans sa voix.

Un chevalier.

Il n'arriva pas à saisir pourquoi ça lui semblait logique, aussi absurde cette possibilité soit-
elle.

- Un chevalier, répéta-t-il.

- Ser Lancel Lannister, et encore une fois elle semblait oh si fière de lui, alors qu'il n'avait pas
le sentiment de l'avoir mérité, d'avoir jamais été héroïque.

Bien au contraire, il n'avait rien fait pour aider Sansa Baelish ou Theon Greyjoy quand ils
avaient besoin d'aide après tout.

Pourtant, ça ne l'empêchait pas de le regarder comme s'il était la plus belle chose qui avait
jamais été créée sur cette terre.

- Ça… sonne bien, reconnut-il.

- Je trouve aussi. D'après Yara, comme beaucoup d'autres, tu as été adoubé au cours de la
guerre contre les marcheurs blancs.

Les deux mots, marcheurs blancs, qu'il était pourtant sûr de ne jamais avoir entendus avant,
lui semblaient étrangement familiers, aussi, il la laissa poursuivre.

- Et… qu'est-ce qui nous est arrivé au juste ?

- La guerre contre les marcheurs blancs s'éternisait et ils étaient en train de gagner, alors la
prêtresse rouge, Mélisandre, a décidé de lancer un sort qu'elle avait obtenu grâce à
Rumplestiltskin. Oui Rumplestiltskin existe aussi, dit-elle à son petit-ami qui avait les yeux
agrandis par la surprise. Il s'agissait du sort noir, qui aurait dû être lancé pour tous vous
sauver, vous offrir un nouveau départ…

- Mais vu la tête que tu fais, plus Yara qui a l'air d'être en colère tout le temps contre le
monde entier et le fait que ce soit la merde en ville, je suppose que les choses ne se sont pas
passées comme prévues.
- Tout juste. Vous n'étiez pas censés perdre la mémoire, ignorer complètement votre véritable
identité, vous auriez dû… rester vous-mêmes. Mais ce n'est pas ce qui est arrivé, parce que
Cersei, Qyburn, Littlefinger et les Bolton ont comploté, ont fait en sorte que vous oubliez la
vérité, que vous soyez enfermés dans des vies que vous ne vouliez pas avoir… Le sort est
alors devenu…

- Une malédiction, compléta Lancel, comprenant enfin, réalisant pourquoi depuis un certain
temps pourquoi plus rien n'avait de sens, et qu'il le comprenait pour de bon, qu'il ouvrait les
yeux après les avoir fermés pendant si longtemps.

- C'est ça.

- Si tout ça est vrai, si tout le monde a été maudit et a perdu la mémoire, sauf ceux qui sont
responsables alors… comment es-tu arrivée ici ?

- Yara a réussi à fuir avant que la fumée violette n'emporte tout le monde, quelqu'un lui a
ouvert un passage. C'est comme ça qu'elle s'est retrouvée dans ce monde et… qu'elle m'a
trouvée et ramenée ici.

- Et… tu savais dans quoi tu t'embarquais en venant ici ?

- Oui. Elle me l'a dit.

Lancel la regarda avec incrédulité.

- Et… tu l'as crue ?

- Bien sûr. Même si c'était complètement fou, j'avais aussi terriblement envie d'y croire. J'en
avais besoin.

Il ne comprenait pas.

Il ne comprenait vraiment pas comment elle avait pu y croire une seule seconde, ni même
pourquoi elle avait voulu le faire, pourquoi ça semblait si important pour elle.

- Mais pourquoi ?

Elle le regarda avec tellement d'amour qu'il en vint à se demander ce qu'il avait bien pu faire
pour mériter d'être aimé par une femme pareil.

- Parce que s'il existait une chance même infinitésimale pour que je te rencontre pour de vrai,
alors il fallait que je la saisisse.

Il fronça les sourcils.

- Est-ce que tu es en train de me dire que… tu me connaissais déjà avant qu'on ne se


rencontre ?

- Exactement.
- Mais tu… tu as dit que nous ne venions pas des contes de fées !

Elle lui offrit un sourire énigmatique en guise de réponse.

- Effectivement, mais en revanche, je ne t'ai jamais dit que vous ne veniez pas d'une histoire
déjà existante. Elle prit une profonde inspiration. C'est là que les choses commencent à se
compliquer (pour Lancel, elles l'étaient déjà bien assez). Je voudrais savoir une chose Lancel,
est-ce que la saga littéraire Le Trône de fer ou la série Game of Thrones te disent quelque
chose ? »

Le lion cligna des yeux, stupéfait.

C'était définitif.

Sa journée n'avait vraiment plus aucun sens.

A suivre…
Ça sera notre petit secret.
Chapter Notes

Titre du 27/09/2021 : Ça sera notre petit secret

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Bilquis (American Gods) : Migrant : Écrire sur un personnage va
vivre dans un autre pays ou sur une personne très pauvre

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)

« Je… non, pas du tout, se reprit Lancel après quelques minutes d'un long silence
complètement abasourdi.

Marina sourit face à son air perdu et décontenancé.

- Ne t'en fais pas, ce n'est pas grave, en fait c'est tout à fait normal que tu n'ai absolument
aucune idée de ce que ça peut bien être puisque dans votre ville… aucune de ces deux choses
n'existe.

Le regard de son petit-ami se fit perplexe.

- Pardon ? Mais… dans ce cas-là, pourquoi est-ce que tu m'en parles ?

- Tu vas vite comprendre. L'histoire de ces romans ou de cette série raconte la vie de
personnages dans un autre monde nommé Westeros.

- Oh. C'est de la fantasy donc ?


La dunkerquoise guetta dans ses yeux si le nom de Westeros avait pu lui sembler familier,
faire remonter quelque chose en lui venu du fin fond de sa mémoire, mais rien du tout.

Il n'était sans doute pas encore pas prêt pour ça.

Elle eut un sourire triste avant de lui répondre.

- En effet. Dans cet univers, de nombreuses familles s'affrontent pour le pouvoir, pour obtenir
le trône de fer, ils jouent au jeu des trônes en s'entre-tuant souvent les uns les autres dans des
batailles sanglantes. Parmi les personnages de cette saga, on trouve notamment Eddard Stark,
Cersei Lannister, Oberyn Martell, Theon Greyjoy, et bien d'autres.

Une lueur de compréhension s'alluma aussitôt dans les yeux de Lancel dès qu'il l'entendit
nommer toutes ces personnes qu'il côtoyait dans cette ville depuis son enfance.

- Attends une seconde Marina, tu… tu es en train de parler de nous là.

De tels noms identiques ne pouvaient pas être une simple coïncidence.

- Exactement.

- Donc tu… tu es en train d'insinuer qu'à défaut d'être des personnages de contes de fée, nous
tous, qui vivons à Kintzheim, nous sommes, quoi… des personnages de romans ? Et d'une
série télévisée ?

Marina grimaça.

- C'est… plus compliqué que ça.

Comme si ça ne l'était pas déjà assez comme ça, dût se retenir de soupirer Lancel, continuant
de l'écouter patiemment.

Qui sait, peut-être que tout ça finirait par prendre sens à la fin.

- Dans ce monde, mon monde, qui n'est pas le tien, j'ai lu les romans Le Trône de fer et j'ai vu
la série Game of Thrones. Mais… toi et les autres, vous n'êtes pas vraiment les personnages
du livre, vous n'en êtes pas sortis comme par magie, vous… vous venez d'un autre monde. Où
vous avez vécu une histoire différente et en même temps semblable. Vous… vous êtes eux
mais sans l'être totalement, vous avez le même passé mais vos futurs ont divergé à un instant
T. J'ignore au juste comment nos deux mondes ont pu être connectés de cette façon mais ils le
sont. Et c'est de là que vous venez.

- Parce qu'une malédiction a été lancée, se souvint-il.

- Précisément.

Il fronça les sourcils.

- Je ne comprends pas… Si notre histoire est supposément la même que dans Once Upon a
Time, alors dans ce cas-là pourquoi… pourquoi est-ce que nos noms n'ont pas changé ?
(Note de l'autrice : Parce que j'avais la flemme, lol. Non mais sérieusement vous imaginez
le boulot monstre que ça m'aurait pris de changer le nom de tout le monde ? Même en prenant
en compte que les personnages mis en avant par le scénario ça m'aurait pris une éternité, déjà
que je suis sur ce truc depuis 2019 et qu'on est en 2023, comment dire que ça aurait rendu les
choses encore plus longues qu'elles ne le sont déjà.)

- Parce que personne venant de ce monde n'était censé vous trouver, savoir qui vous êtes
réellement, et encore moins vous rencontrer. Parce que tout ce qui concerne Game of Thrones
ou le Trône de fer s'efface instantanément, qu'il s'agisse des recherches internet, des livres ou
des DVD de la série. Ici, tout ce qui a trait à Westeros n'a pas le droit d'exister. Je le sais, Yara
et moi on l'a vérifié de toutes les manières possibles.

- Mais… objecta Lancel, toujours aussi confus. Mais tu es là toi.

- Oui je suis là. Parce que j'étais avec Yara, et que Yara vient de Westeros, je suppose que
c'est pour ça que la malédiction m'a laissée entrer.

- Alors puisque tu te souviens, il te suffirait d'alerter le reste du monde et de les faire entrer
grâce à Yara !

Elle y avait pensé, évidemment.

Mais qui aurait bien voulu les écouter au juste, et en quoi cela aurait-il changé les choses si
les habitants de la ville eux-même ne croyaient pas en la malédiction et ne connaissaient
aucun moyen de la briser ?

Sans compter que…

- Si seulement c'était aussi simple… murmura-t-elle.

- Je ne comprends pas…

- Des fois, j'oublie, lui expliqua-t-elle.

Il la regarda avec un air surpris.

- Quoi ?

- Lorsque je reste trop longtemps à Kintzheim, je… je finis par oublier. Oublier pourquoi je
suis là, oublier que Yara s'appelle Yara et non Esgred, oublier la malédiction, oublier mon but
véritable. Il me suffit de franchir la frontière pour me souvenir à nouveau et faire disparaître
ce brouillard de mon esprit pendant un temps, jusqu'à ce que ça recommence. Elle sourit.
Mais tu sais ce que je n'ai jamais réussi à oublier ?

- Non, quoi ?

- Toi. Même quand j'avais oublié le reste, je ne t'avais pas oublié toi, pas complètement. Je
n'avais pas oublié que je t'aimais. Tu n'étais plus seulement mon personnage préféré, tu était
devenu vrai, réel, tu étais devenu mon petit-ami, tu… tu es ma constante Lancel Lannister.
Lancel ne voyait pas au juste ce que ça voulait dire exactement, mais c'était probablement la
plus belle chose qu'il avait jamais entendue de toute sa vie.

- Alors tu m'aimais avant de me connaître ?

- Toujours. Et ça n'a pas changé quand je t'ai rencontré, c'est même devenu plus fort que
jamais.

Ça aurait pu lui faire peur, tellement d'amour de la part d'une femme qui n'était qu'une
inconnue pour lui peu de temps auparavant.

Mais il l'aimait lui aussi, et si cette histoire était un tant soit peu vrai, alors ça voulait dire que
puisqu'elle avait oublié qui il était réellement et qu'elle avait continué à l'aimer, alors ça
signifiait que dans ce cas elle l'avait aimé lui, le vrai lui, pas le personnage qu'elle avait appris
à chérir avant même de le rencontrer pour de vrai et qu'il n'était pas réellement, qu'elle ne
connaissait pas alors.

Et ça lui allait.

Même s'il avait du mal à croire que quoi que ce soit dans ce qu'elle lui avait dit soit réel.

Il avait des doutes, certes, il savait que quelque chose n'allait pas à Kintzheim.

Mais franchement.

Une malédiction, des marcheurs blancs, un monde de fantasy d'où ils venaient tous et qu'ils
avaient presque tous oublié ?

C'était complètement insensé.

- Je ne sais pas si je suis prêt à croire à tout ce que tu viens de me dire, mais je suis sûr d'une
chose en revanche… c'est que moi aussi je t'aime.

Ça c'était réel.

Il en avait l'absolue certitude.

- Et… cette malédiction hypothétiquement réelle… tu saurais comment la briser ?

- En théorie… oui. Via le baiser du véritable amour. Mais… votre monde et cette ville ne
fonctionnent pas exactement comme la Forêt Enchantée et Storybrooke, il n'y a pas vraiment
de magie à Westeros, du moins pas beaucoup et je doute qu'il y en ait à Kintzheim. Alors je
ne vois pas comment…

- Dans Once Upon a Time, c'est suite à l'utilisation de la malédiction du sommeil éternel que
le sort noir est brisé et que les habitants retrouvent leurs mémoires, non ?

Ironique qu'il ait fallu une malédiction pour en briser une autre.
- C'est ça. Mais je ne vois pas comment ce serait possible ici. Et je n'ai pas d'autre solution en
tête.

Et elle doutait que tuer Mélisandre ou Cersei ou un de ceux qui avaient manipulé la
malédiction à leur avantage puisse réellement en être une qui soit valable…

- Je comprends. Je…

- Tu n'es pas obligé de me croire tout de suite tu sais, je comprendrais que… que tu doutes.
Ça fait beaucoup à encaisser.

Il sourit.

- Merci. De comprendre ça.

- De rien. Si Emma Swan m'a bien appris une chose, c'est qu'il vaut mieux laisser les gens
voir la vérité par eux-même plutôt que de vouloir à tout prix les en convaincre.

Oui, se dit le lion, après tout Henry avait eu raison et la Sauveuse avait fini par y croire et par
voir la lumière.

Mais ce n'était qu'une histoire, pas vrai ?

- Je te laisse, poursuivit sa petite-amie, je vais voir Yara. On se voit plus tard.

Puis elle l'embrassa et il lui sourit.

- A plus. »

Il ne savait pas si quoi que ce soit dans cette histoire complètement folle était vraie, mais si
c'était le cas, elle lui avait au moins permis de rencontrer cette merveilleuse femme qu'était
Marina, et pour ça, il en serait éternellement reconnaissant.

§§§§

« J'ai un truc à te dire et je pense que ça ne va pas vraiment te plaire.

Yara haussa un sourcil circonspect.

- Dis toujours. J'avoue que là je n'ai plus grand-chose à faire, personne n'est venue me voir
aujourd'hui, les journées sont longues quand on ne peut pas bouger, et je commence un peu à
m'ennuyer alors au moins ça aura le mérite de me distraire.

- J'ai dit la vérité à Lancel. Toute la vérité.

Toute apathie disparut chez la fer-née et elle redressa aussitôt, comme si elle était montée sur
ressort.

- Tu as fait quoi ?

- Je lui ai dit pour la malédiction.


- J'avais compris ça mais ce que je ne comprends pas, c'est… pourquoi ?

- Il sait que tu ne t'appelles pas Esgred, lui confia-t-elle.

- Comment ça ?

- Le soir où… où Ramsay Bolton a essayé de te tuer, dit la française d'une voix tremblante, je
t'ai appelée Yara. Dans un moment de panique, alors que je pensais que j'allais te perdre pour
toujours, pendant un moment j'ai oublié toute prudence et j'ai prononcé ton vrai nom. Et il l'a
entendu. Et il s'en est souvenu. Et aujourd'hui, il m'a demandé pourquoi je t'avais appelée
ainsi, et… je n'ai pas eu la force de lui mentir. J'estime qu'ils ont subi assez de mensonges
comme ça. Alors je lui ai tout dit.

En entendant cela, Yara se calma aussitôt, avant d'acquiescer.

Elle plus que quiconque était capable de comprendre à quel point les mensonges avaient pu
empoisonner la vie de tout le monde à Kintzheim.

- Est-ce que… est-ce qu'il t'a crue ?

Il y avait tellement d'espoir dans sa voix que Marina se sentit mal de devoir aussitôt le briser.

- Non. Enfin, il ne sait pas trop comment réagir à ce sujet. Mais… au moins il sait, et c'est pas
mal non ?

Yara sourit.

- Tu as raison Marina. En effet, c'est pas mal. »

Ce n'était pas grand-chose, mais c'était mieux que rien.

§§§§

Mercredi 1er mai 2019.

Enfin elle était dehors.

Hors de l'hôpital, loin de cet endroit qui lui rappelait ce qu'elle avait vécu, ce que Ramsay
Bolton lui avait infligé, à quel point elle avait frôlé la mort de près.

Elle n'était pas prête de l'oublier, évidemment, mais maintenant, sa blessure avait guéri et elle
n'était plus enfermée dans une chambre, toute seule la plupart du temps, où elle ne pouvait
rien faire à part se rappeler ce qu'elle avait vécu durant cette soirée terrible où elle avait cru
perdre la vie.

Elle en faisait encore des cauchemars certaines nuits mais désormais elle pouvait respirer en
paix, ne plus avoir peur en s'endormant le soir de se faire attaquer dans son sommeil, parce
qu'à partir de maintenant elle ne serait plus seule, elle serait protégée.
Et elle (et Marina, les Stark avaient insisté pour qu'elle vienne, au cas où Ramsay voudrait
s'en prendre à elle aussi) allait emménager ailleurs surtout, ce qui signifiait voir Sansa plus
souvent aussi, et peut-être si possible commencer à raviver ses souvenirs.

Elle s'était rendue compte qu'un truc clochait avec sa famille alors peut-être pouvait-elle
également ouvrir les yeux sur tout le reste, au moins petit à petit.

Alors, le sourire au lèvres, Yara Greyjoy prit une grande inspiration et regarda la grande
maison qui lui faisait face.

C'était un nouveau départ qu'on lui offrait, et elle ferait tout pour qu'il soit le plus positif
possible.

A suivre…
Sous le sceau de l'oubli.
Chapter Notes

Titre du 20/10/2023 : Sous le sceau de l'oubli

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Lysa Arryn

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects d'… Isabela (Encanto) : Violet : Écrire sur Violet (DA) ou placer la
couleur violet dans votre texte

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles


ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

C'était la toute première fois que Yara revoyait Lysa Arryn depuis que la malédiction avait été
lancée.

Avant d'atterrir à Dunkerque, la voir ne lui aurait probablement provoqué que de


l'indifférence, elle ne la connaissait pas après tout et en dehors d'être toutes les deux dans le
même camp, celui de l'humanité contre les marcheurs blancs, elles n'avaient rien en commun.

Elle ne savait rien d'elle non plus, en dehors du fait qu'elle était veuve, qu'elle avait un fils et
qu'elle était la tante de Sansa Stark.

Puis, la malédiction avait tout balayé sur son passage, elle avait changé de monde et surtout,
elle avait découvert Game of Thrones.

Et dans cette série, Lysa Arryn n'était clairement pas quelqu'un de bien.

Et elle n'était définitivement pas la seule, mais Yara se souvenait de la folie dans ses yeux, de
sa jalousie, de sa haine, de la manière dont elle avait essayé de se débarrasser de sa nièce en
la jetant par l'ouverture de la porte de la Lune aux Eyriés.

Cette Lysa n'était pas la même, elle le savait bien, elles n'avaient rien à voir, elles n'avaient
pas vécu les mêmes choses, et ce qu'elle avait fait dans l'histoire qui n'était jamais arrivée
pour elles ne se produirait jamais.

Ça n'empêcha pas la jeune femme de retenir un mouvement de recul en croisant son regard
quand Lysa Stark lui ouvrit la porte.

Malgré son sourire.

Malgré son air accueillant.

Malgré l'absence de folie dans ses yeux.

Malgré le fait qu'elle avait décidé de venir là de son plein gré.

Elle ne put empêcher la peur de lui tordre le ventre tout en sachant que c'était complètement
irrationnel.

Elle ne connaissait pas cette version de Lysa, cette Lysa Stark amnésique créée de toutes
pièces par la malédiction, mais elle savait certaines choses sur elle.

Qu'elle était plus équilibrée que dans l'autre monde, qu'elle n'avait plus peur à chaque instant
que son fils meurt, maintenant qu'il pouvait être bien soigné et qu'elle n'avait plus de raison
d'être paranoïaque, qu'elle n'était peut-être pas heureuse mais qu'elle n'était au moins plus
emplie de colère, de haine ou de jalousie comme autrefois.

Qu'elle se faisait aider, qu'elle n'était plus seule.

Yara savait qu'elle devait lui laisser une chance, lui faire confiance, ne pas se fier à l'image
qu'elle avait d'elle et plutôt se concentrer sur ce qu'elle était vraiment.

Alors elle ne dit rien, se contenta de sourire et entra dans sa maison, suivie par Marina.

Tout allait bien se passer.

Forcément.

Après tout, elle allait vivre dans la même maison que Sansa alors absolument rien de mal ne
pouvait lui arriver là-bas.

Pas vrai ?

§§§§

Lysa était sincèrement heureuse d'avoir deux nouvelles venues chez elle.

Avant cela, avant que Catelyn et Sansa n'arrivent, il n'y avait qu'elle, Eddard et Robin vivant
dans cette grande demeure vide, et personne d'autre.
Parfois, elle se sentait un peu seule.

Elle avait son travail, bien sûr, son mari et son fils, mais…

Elle ne savait pas pourquoi mais parfois, certaines choses lui semblaient creuses, vides.

Fausses…

Depuis que sa sœur et sa nièce s'étaient installées chez elle, cette sensation ne s'était pas
dissipée mais elle s'était quelque peu atténuée, comme si elles avaient ramené un peu de réel
dans sa vie.

Et elle avait l'impression qu'avec l'arrivée dans sa maison d'Esgred Miller et de Marina
Leszczynska, avec ces deux femmes qui avaient commencé à bousculer les choses en ville et
à faire tomber des barrières, ça allait continuer.

Que les choses allaient s'améliorer, enfin, que le brouillard empli d'ombres qui semblait les
entourer en permanence allait finalement s'évanouir et disparaître pour de bon, pour ne plus
jamais revenir.

En tout cas c'était tout ce qu'elle espérait.

Aussi, quand elles arrivèrent, elle les accueillit avec son sourire le plus éblouissant, ignorant
tout du secret qu'elles portaient au fond d'elle-même.

§§§§

Si Yara n'était pas très heureuse de revoir Lysa Arryn, Marina, en revanche, l'était.

La voir être épanouie, heureuse, rayonnante même, la ravissait particulièrement.

Parce que Lysa Arryn, née Tully, devenue Lysa Stark dans cet univers, n'avait jamais été
montrée comme quelqu'un de bien.

Elle ne l'était pas d'ailleurs, comme bien des personnages de ce monde, et comme tant
d'autres, elle avait commis des actes répréhensibles et abominables.

Mais la dunkerquoise n'avait jamais pu s'empêcher d'avoir de la peine pour elle.

Une jeune femme éclipsée par une aînée plus chanceuse qu'elle, une femme qui n'avait jamais
été aimée par celui dont elle était tombée amoureuse, qui avait dû épouser un homme qu'elle
n'aimait pas, bien plus âgé qu'elle, une femme qui avait été forcée d'avorter par son propre
père.

Une femme terrifiée à l'idée de perdre le seul fils qu'elle aurait jamais, tant il était chétif et
tant le monde dans lequel ils évoluaient était dangereux et meurtrier.

Une femme qui avait fait les mauvais choix mais qui avait aussi souffert.

Et actuellement, ce n'était pas cette femme qui se trouvait devant elle.


Non, c'était une femme nouvelle, qui avait repris le contrôle de sa vie, qui n'avait plus peur,
qui n'était plus en colère ou jalouse, qui n'était plus en quête de vengeance contre sa sœur.

Une femme prête à les aider, qui comprenait probablement elle aussi que quelque chose
clochait en ville et qu'il fallait que ça change.

Une femme qu'elle avait hâte d'apprendre à connaître.

§§§§

Ce ne fut qu'une fois que les deux femmes furent installées que Lysa put enfin se poser pour
discuter un peu avec sa sœur.

« Hé bien, commenta Catelyn, amusée, ça commence à faire du monde.

Lysa sourit.

- Effectivement oui. Ce n'est pas plus mal, ça nous fait un peu de compagnie. Puis, elle prit
une profonde inspiration. Catelyn, il faut que je te parle.

La rousse haussa un sourcil.

- A propos de quel sujet ?

- Je suis au courant pour toi et Ned.

Le regard de sa grande sœur se fit confus.

- Je… je ne comprends pas.

Lysa lui envoya un sourire bienveillant.

- Je ne suis pas aveugle Catelyn, loin de là, et je sais que… J'ai bien vu que vous vous êtes
rapprochés, que vous avez renoué depuis que tu es venue à la maison avec Sansa.

Elle souriait toujours, et Catelyn Baelish trouvait ça presque plus inquiétant que si elle l'avait
vue en colère ou furieuse ou encore lui hurlant dessus.

- Lysa, je…

Sa petite sœur leva la main pour l'interrompre.

- Ne t'en fais pas, je sais qu'il ne s'est rien passé et vous connaissant tous les deux, aussi
intègres et nobles que vous êtes – je pense que c'est pour ça que vous vous entendiez aussi
bien autrefois, parce que vous vous complétiez – j'ai également la certitude qu'il ne se passera
jamais rien. C'en est presque agaçant cette droiture à toute épreuve, s'amusa-t-elle.

Catelyn ne comprenait toujours pas.

- Pourquoi… pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ?


Lysa semblait amusée de voir sa sœur si perdue, mais pas de manière méchante ou mesquine
mais plutôt d'une façon presque… attendrie.

- Je me souviens quand vous étiez encore ensemble à l'époque, vous vous aimiez tellement
alors et vous étiez si proches… je n'ai jamais compris pourquoi vous aviez si soudainement
rompu.

- Moi non plus, avoua la rousse. »

Elle avait donné à Sansa une sorte d'explication, ce qu'elle pensait être des raisons suffisantes,
ce qu'elle croyait être une réponse valable, ce dont elle se souvenait.

Mais elle ne se souvenait pas de grand-chose, et plus elle y pensait, moins ça semblait faire
sens.

Elle avait aimé Ned, il avait été amoureux d'elle, des événements tragiques s'étaient déroulés
et s'étaient mis en travers de leur chemin, ils s'étaient séparés et elle avait trouvé l'amour
ailleurs, point final.

Ça aurait dû être logique.

Pour elle, ça ne l'était pas.

Du moins, ça ne l'était plus, depuis cette fameuse conversation avec sa fille aînée, à chaque
fois qu'elle y pensait, surtout depuis que son chemin avait recroisé celui d'Eddard Stark et
qu'elle le voyait régulièrement à nouveau, à chaque fois qu'elle lui parlait, elle…

Elle ne pouvait empêcher son cerveau et ses pensées de dériver, de se demander pourquoi les
choses s'étaient passées de cette manière, de se demander, et si…

Et si ils n'avaient pas rompu ?

Et si tout ce qu'elle avait cru être une bonne direction n'avait été en réalité qu'une erreur ?

Et si tout ce qu'elle avait fait depuis qu'elle avait épousé Petyr Baelish n'avait été qu'une série
de mauvais choix ?

Sa vie lui semblait ne plus avoir de sens, et elle n'arrivait pas à saisir pourquoi.

Elle ne regrettait pas sa famille, principalement ses enfants, mais quand elle voyait sa vie de
famille, ce que sa relation avec Petyr était devenue, ce en quoi lui-même avait fini par se
transformer – à moins qu'il ne l'ait toujours été et qu'elle ait juste été trop aveuglée par
l'amour pour le voir – elle ne pouvait s'empêcher de se dire que si elle avait pu retourner dans
le passé pour changer les choses, elle…

Elle aurait sans doute fait les choses autrement.

Mais il n'était pas trop tard pour tout arranger, et peut-être était-ce ce que sa sœur était en
train d'essayer de lui dire.
« Et… où est-ce que cette conversation est censée nous mener ? Lui demanda-t-elle.

- J'y viens, lui indiqua Lysa. Je vais donc te dire une chose dont nous avons toutes les deux
conscience mais que tout le monde a la trouille d'admettre et de dire. Elle prit une grande
inspiration pour se donner du courage. Je n'ai jamais été amoureuse de Ned Stark, et il ne m'a
jamais aimée. Il est évident que nous nous sommes mariés pour surmonter notre dépit
amoureux. J'aimais Petyr, et Ned t'aimait… C'est aussi simple que ça.

Catelyn la regarda avec un air abasourdi.

Où sa petite sœur puisait-elle donc tout ce courage ?

- Je… je savais cela, admit Catelyn, s'en souvenant, ou croyant s'en souvenir parce que tout
était si embrouillé dans sa tête. Mais je… je pensais que vous… que vous aviez fini par
tomber amoureux, que c'était devenu sincère.

Lysa rit.

- Quoi, tu veux dire comme dans une comédie romantique où la fausse relation finit par
devenir vraie et sincère ? Non, ce n'est jamais arrivé.

- Pourquoi alors ? Ne put s'empêcher de lui demande sa grande sœur. Pourquoi avoir continué
ainsi, pourquoi ne pas vous êtes séparés, pourquoi ne pas avoir divorcé ?

- Je ne sais pas, reconnut Lysa. Autrefois, je t'aurais sans doute répondu que c'était pour
Robin, ou parce que c'était plus facile comme ça, ou parce que nous étions habitués à la
situation, mais maintenant… Maintenant je dois t'avouer que je suis complètement incapable
de te citer une seule bonne raison nous poussant à rester ensemble. Tout ce que je peux te dire
c'est que ça me semblait être la bonne chose à faire à une époque et que ce n'est plus le cas.

Catelyn fronça les sourcils.

- Si… si jamais c'est parce que j'ai l'intention de divorcer pour de bon de Petyr et que tu es
encore amoureuse de lui, tu…

A sa grande surprise, sa sœur cadette éclata brusquement de rire, l'empêchant de finir sa


phrase.

- Non. Non, je t'assure que ça n'a rien à voir avec ça et que je n'aime plus Petyr, mon amour
pour lui est mort depuis longtemps, bien avant que tu ne me parles de son inaction totale
concernant ce que Sansa a subi… Mais avant de tout t'expliquer je vais te poser une question.
Et j'ai besoin que tu y répondes le plus sincèrement possible. Est-ce que tu es toujours
amoureuse de Ned ?

Non, c'est Petyr que j'aime, aurait-elle répondu des mois plus tôt, avant que deux inconnues
ne pénètrent dans une ville qui n'existait pas.

Non, c'était il y a si longtemps, aurait-elle dû répondre.

Non, lui disait sa raison.


Oui, lui hurlait pourtant son cœur sans qu'elle ne soit capable de le faire taire.

Même si ça n'avait aucun sens, même si cela faisait si peu de temps qu'ils s'étaient retrouvés,
même s'ils étaient tous les deux mariés à quelqu'un d'autre.

- Je… je crois que oui, admit-elle.

- Je le savais, fit Lysa avec un sourire triomphant. C'était tellement évident en plus, on ne
peut pas dire que vous soyez vraiment discrets.

Elle avait cru l'être pourtant.

Pas assez en tout cas, ou alors c'était simplement parce que Lysa connaissait les tréfonds de
son cœur encore mieux qu'elle ne le faisait elle-même.

- Ce n'était pas prévu.

- Je sais. On prévoit rarement ce genre de chose.

- Pourquoi ? Finit par lui demander Catelyn d'un ton brusque.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi es-tu si bienveillante avec moi ? Même si tu ne l'aimes pas, il s'agit tout de même
de ton mari.

Elle ne s'attendait pas à ça de la part de Lysa, certes, leur relation s'était grandement
améliorée depuis que la plus jeune avait réussi à surpasser sa jalousie à son égard, et
maintenant qu'elle s'était installée chez elle, elles étaient plus proches que jamais mais ça ne
changeait rien.

Avant, Lysa n'aurait jamais réagi de cette manière.

Lysa hocha la tête.

- Il y a… quelque chose que je dois te confier moi aussi. Tu sais que je fais parti d'un groupe
de parole.

Le regard de sa sœur aînée s'adoucit.

- Oui, celui des femmes ayant fait une ou plusieurs fausses couches.

- Exact. Et j'ai… j'ai rencontré quelqu'un là-bas.

Les yeux de sa sœur s'écarquillèrent de surprise.

- Qui ?

Ça… expliquait tellement de choses en réalité.


Ainsi donc, elles étaient toutes les deux tombées amoureuses d'une autre personne que celle
qu'elles étaient supposés aimer.

Catelyn ne put s'empêcher de trouver la coïncidence troublante.

- Selyse Baratheon, lui confia Lysa dans un souffle hésitant.

La surprise de Catelyn ne fit qu'augmenter.

- La… la femme de Stannis ?

- Elle-même.

- Oh.

Elle ne trouva rien de plus pertinent à dire.

- Ça te surprend ?

- Plutôt oui. Elle et Stannis n'ont pas vraiment une image de couple uni, et je la connais assez
mal, mais… Je ne m'attendais pas à ça. Est-ce que c'est réciproque ?

- Ça l'est oui. Il ne s'est rien passé tu sais. Elle et moi, nous… nous voulons faire les choses
bien.

Catelyn regarda sa sœur, elle et sa robe violette, et l'air épanoui sur son visage, l'espoir dans
ses yeux et elle ne put s'empêcher de sourire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogea Lysa, curieuse.

- Je… je te trouve changée.

- Et c'est une bonne chose ou une mauvaise chose ?

- Une bonne chose. »

Parce que, s'il y avait bien une chose que lui avait apprise l'arrivée d'Esgred Miller et de
Marina Leszczynska à Kintzheim, c'était que le changement pouvait avoir du bon.

A suivre…
Oublier la sensation d'aimer.
Chapter Notes

Titre du 04/01/2022 : Oublier la sensation d'aimer

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Lysa Arryn/Selyse Baratheon

Prénom 67 : Marina

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects d'… Amerei Frey : Nymphomanie : Écrire sur une femme qui assume sa
libido ou écrire sur une femme qui refoule sa sexualité

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, ships rares, elles ont dit, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50
nuances)

« Est-ce qu'ils sont au courant ? Eddard et Stannis.

- Ils savent oui. Depuis peu, parce que c'est vraiment arrivé il y a peu de temps, en fait… Ça a
commencé peu de temps après l'arrivée d'Esgred et Marina, ou du moins je m'en suis rendue
compte à ce moment-là et quand tu as emménagé, que tu as quitté Petyr, j'ai eu un déclic. J'ai
réalisé que si tu pouvais changer de vie, alors moi aussi et j'en ai parlé à Ned, et Selyse l'a fait
également de son côté.

- Comment est-ce qu'ils l'ont pris ? Demanda Catelyn, anxieuse.

Elle avait déjà une idée pour Ned, mais pour Stannis, elle se doutait que ça s'était
probablement mal passé.
- Plutôt bien à vrai dire. Concernant Ned, je lui ai parlé de toi bien sûr, et je lui ai dit que j'en
discuterai avec toi et que nous verrions quoi faire ensemble, et pour Stannis… d'après ce que
m'a rapporté Selyse, il… il avait l'air vraiment heureux pour elle. Comme si lui aussi avait
conscience tout comme elle que leur mariage n'était qu'une erreur et que ça ne pouvait pas
marcher.

La rousse ne put s'empêcher de froncer les sourcils, soucieuse.

Ça faisait au juste deux mariages dont ils semblaient d'un seul coup se réveiller en réalisant
qu'ils se trompaient depuis des années.

Pourquoi ?

Pourquoi cela arrivait-il maintenant au juste, pourquoi à eux, pourquoi juste après l'arrivée
des deux femmes qu'elles venaient d'accueillir dans leur maison ?

En regardant le calendrier de son téléphone, elle réalisa avec stupeur que oui, tous les
changements advenus à Kintzheim étaient arrivés après leur venue en ville.

Et même si c'en était probablement une, quelque chose en elle lui soufflait que c'était tout
sauf une coïncidence…

Catelyn haussa un sourcil sceptique.

- Stannis a bien pris le fait que sa femme ne lui soit pas entièrement fidèle ? Ou du moins
qu'elle soit tombée amoureuse de quelqu'un d'autre ?

Elle connaissait sa réputation et elle n'aurait jamais cru qu'il soit du genre à accepter une
situation pareille.

- Ça m'a surprise moi aussi, et j'étais venue avec Selyse au cas où, mais… oui. Il avait l'air
sincère.

Soit.

C'était possible après tout, elle ne le connaissait pas si bien que ça, et les gens pouvaient
changer, elle avait changé, Lysa aussi.

- Et… qu'est-ce que tu comptes faire ? Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire maintenant
?

Elle tenta de toutes ses forces d'éteindre l'espoir fou qui était en train de grandir dans son
cœur.

Elle ne devait pas espérer.

Parce que ce n'était pas son histoire ni sa vie mais celles de sa petite sœur.

Lysa soupira.
- Cat… tu sais que je t'aime. Et que je veux que tu sois heureuse.

- Mais… ce n'est pas de moi qu'on parle mais de ton couple.

- Oui mais il est évident que de nous deux c'est toujours toi qui l'a le plus aimé. Alors dis-
moi… depuis quand ne t'es-tu pas sentie heureuse ? Avec tout ce qui a pu se passer ces
derniers temps, ce qui est arrivé à Sansa, ce que Petyr a fait ou plutôt n'a pas fait… Tu n'es
pas heureuse, pas vrai ?

Non, elle ne l'était pas.

Depuis qu'elle avait emménagé sa sœur, elle recommençait à l'être, touche par touche, et elles
savaient toutes les deux bien grâce à qui.

Ned Stark.

- Non, reconnut-elle. Je ne le suis pas. Je ne le suis plus depuis longtemps. Lysa ?

- Oui ?

- Est-ce que toi aussi tu as cette impression d'avoir vécu un cauchemar durant toutes ces
dernières années sans t'en rendre compte et de finalement te réveiller pour la première fois
depuis longtemps ?

Sa petite sœur ouvrit la bouche, eut un air pensif, avant de la refermer puis de hocher la tête.

- Je… je crois que je vois ce que tu veux dire oui.

- Tu ne m'as toujours pas dit…

- Nous allons divorcer. Maintenant, Robin n'est plus un enfant, et rester ensemble n'aurait
plus le moindre sens, pas alors que nous aimons quelqu'un d'autre. Et je voulais aussi te dire
que… que si jamais vous continuez de vous rapprocher, je ne m'y opposerai pas.

Catelyn la regarda avec incrédulité.

- Tu… est-ce que tu viens tout juste de me donner ta bénédiction pour… sortir avec ton mari
?

- Je… je crois bien que oui.

Les deux sœurs se regardèrent avant de soudainement éclater de rire en chœur.

Cette situation était absurde et n'avait pas le moindre sens.

Un peu comme ce que leur vie était devenue en un sens.

Mais Catelyn était heureuse de constater qu'elles étaient toutes les deux en train d'en
reprendre le contrôle.
- Lysa… Tu m'as demandé si j'étais heureuse. Alors je vais te poser la même question. Est-ce
que tu es heureuse avec Selyse ?

Un doux sourire se dessina sur le visage de Lysa.

- Oui. Tu peux me croire, je le suis. Avant de tomber amoureuse d'elle, je crois que j'avais
oublié ce que ça faisait d'aimer. Pas d'aimer sa famille, ses proches ou ses amis, toi, mes
nièces et mes neveux, mon fils, mais… l'amour romantique. Et avec elle je l'ai retrouvé.

Elle comprenait, évidemment.

Elle aussi elle avait vu son amour pour Petyr se fissurer, s'étioler pour ensuite complètement
disparaître, elle avait cru que son cœur était mort, qu'il ne battrait plus jamais pour qui que ce
soit.

Elle avait eu tort, et était sincèrement heureuse de s'être trompée sur tout la ligne.

Elle sourit.

- Tant mieux. Qu'est-ce qui te fait sourire ? Demanda-t-elle à Lysa qui arborait actuellement
un sourire machiavélique.

- Je suis en train de penser à la tête de Petyr quand il saura. »

Catelyn rit, heureuse d'avoir enfin pu renouer avec sa petite sœur et d'avoir mis pour de bon
cartes sur table avec elle.

Ni l'autre ni l'autre ne savaient qu'elles étaient toutes les deux en train de se débarrasser des
chaînes que d'autres les avaient forcées à porter près de deux ans plus tôt et dont elles
n'avaient même pas conscience jusque-là.

§§§§

A vrai dire, à force de vivre seule avec Marina, Yara avait presque fini par oublier ce que ça
faisait de prendre part à un repas de famille, un vrai repas, animé, bruyant et surtout peuplé
de plusieurs personnes.

Pas ceux sur les Îles de fer, pas après l'échec de la rébellion de son père, où il ne restait plus
qu'elle et son père parce que deux de ses frères étaient morts, qu'un autre était devenu un
otage, que sa mère se laissait dépérir et que ses oncles étaient soit absents soit tout sauf les
bienvenus.

Non, elle parlait des repas durant la guerre contre les marcheurs blancs, alors qu'elle
commençait à côtoyer les Stark et d'autres familles et que malgré la peur, la douleur, l'aspect
quasi-inévitable de leur défaite, ceux-ci étaient désespérément vivants.

Peut-être justement parce qu'ils n'avaient presque plus d'espoir.

Ce repas le lui rappelait un peu, la guerre en moins, même s'ils étaient en guerre.
La seule différence était qu'uniquement deux personnes à cette table en avaient pleinement
conscience.

Et voir Ned, Sansa et Catelyn être réunis à nouveau, comme autrefois, comme ça aurait
toujours dû l'être, lui faisait chaud au cœur.

Et même si une part de son être était toujours incapable de vraiment faire confiance à Lysa
Arryn (ou Tully, ou Stark, la malédiction avait rendu ça tellement confus), la voir complice
avec son fils et constater que celui-ci avait grandi d'une manière beaucoup plus saine que
dans un autre univers, voir qu'elle n'avait plus peur de le perdre à chaque instant, la rendait
sincèrement heureuse pour elle.

C'était pour ça qu'elle se battait, pour que ses gens qui avaient tout perdu puissent récupérer
ce qui leur avait été volé.

Aussi, elle ne put s'empêcher d'échanger un sourire avec Marina.

Ici et maintenant, elle en arrivait presque à oublier la malédiction qui pesait sur leurs têtes.

§§§§

Lysa Stark née Tully était beaucoup de choses, mais elle était loin d'être une idiote.

Et le rapprochement entre son mari et sa sœur était loin d'être la seule chose qu'elle avait pu
voir.

Si elle était persuadée que ces derniers étaient irrémédiablement faits l'un pour l'autre, ce
n'était pas uniquement à cause de leur passé ou de l'évidence qui lui sautait aux yeux à
chaque fois qu'elle les voyait interagir ensemble.

Ça venait aussi de la manière dont Ned se comportait avec Sansa.

Comme si…

Comme s'il était son père, tout simplement.

Ce qu'il n'était pas, bien évidemment, à part si lui et Cat lui cachaient des choses depuis bien
plus longtemps qu'elle ne le pensait, parce que le père biologique de Sansa Baelish était
Littlefinger.

Pourtant, depuis que la rousse vivait chez eux, elle avait vu son futur ex-époux se comporter
en père aimant et attentionné avec elle bien plus souvent qu'elle n'avait vu son ancien béguin
de jeunesse le faire avec un seul de ses enfants à l'époque où elle le côtoyait de façon plus ou
moins régulière.

En rétrospective, maintenant qu'elle savait qu'il n'avait rien fait, rien dit, qu'il n'avait pas réagi
face à ce que Sansa, sa propre fille, endurait à cause de Joffrey Lannister, elle n'était pas
étonnée de l'attitude de son beau-frère (ex-futur beau-frère très bientôt, espérait-elle), cette
attitude ne l'étonnait pas vraiment.
Celle de Ned non plus à vrai dire, si elle était complètement honnête avec elle-même.

Malgré l'absence d'amour entre eux, il avait toujours été un bon père pour Robin, mais qu'il
se comporte ainsi aussi vite avec la jeune femme d'une manière aussi… naturelle, ça c'était
plus surprenant.

Du côté de Sansa et Catelyn, pas de réaction particulière, comme si elles aussi trouvaient cela
parfaitement normal, et Lysa s'aperçut à sa grande stupeur qu'elle se disait exactement la
même chose.

Si elle n'avait pas été mariée à Ned depuis des années, qu'elle ne l'avait pas connu, sans doute
aurait-elle pensé que le trio devant elle était celui d'un mari et de sa femme accompagnés de
leur fille.

Et le simple fait de se dire cela lui fit penser que quelque chose clochait définitivement dans
leur univers.

Même si elle n'arrivait pas à déterminer quoi exactement.

§§§§

Voir Lysa être plongée dans un épais annuaire avec un air concentré n'était pas vraiment la
vision que s'attendait à voir Yara en se levant le lendemain matin.

Elle avait bien dormi, sans doute pour la première fois depuis son agression, même si le rêve
qu'elle avait fait lui avait laissé un léger goût doux-amer au réveil.

Parce qu'elle avait rêvé de Sansa.

La veille, quand elle l'avait revue, elle avait pu gérer, parce qu'elle avait d'autres choses en
tête comme son installation dans une nouvelle maison, et surtout les autres membres de la
famille étaient présents.

Elle avait le sentiment qu'une fois qu'elles se retrouveraient seules, les choses ne seraient pas
pareilles.

Ce n'était pas ça qui l'avait empêchée de rêver d'elle l'embrassant et lui disant qu'elle se
souvenait d'elle, un rêve qu'elle n'avait pas fait depuis son départ de Dunkerque, quand ses
retrouvailles avec la louve étaient plus un idéal semblant inatteignable qu'une réalité
concrète.

Sauf que désormais, elle était là, à deux pas d'elle, ignorant encore qui elle était, à la fois si
proche et si loin…

C'était une véritable torture, et en se réveillant ce ne fut qu'en sentant le goût du sel sur sa
langue qu'elle avait réalisé qu'elle était en train de pleurer.

Elle secoua la tête, revenant au présent, elle ne devait plus y penser sinon elle allait à nouveau
se mettre à pleurer, et il valait mieux qu'elle évite que Lysa ne lui pose des questions dont elle
n'avait pas vraiment envie de donner la réponse.
« Qu'est-ce que vous faites ? Lui demanda-t-elle, intriguée.

Elle avait de toute évidence déjà petit-déjeuné, comme le reste de la famille, à part peut-être
Marina qui dormait encore, aussi Yara s'installa-t-elle en face d'elle avant de commencer à
manger.

- J'essaie de trouver un avocat.

Yara faillit s'étouffer avec son jus d'orange.

Elle fut tentée un instant d'éclater de rire, parce que décidément, tout le monde avait besoin
d'un avocat dans cette ville en ce moment.

- Pour qui, pour votre sœur ?

- Pour moi. Ned et moi nous allons divorcer.

Cette fois-ci, Yara fut reconnaissante de n'être en train ni de manger ni de boire parce qu'elle
n'était pas sûre qu'elle aurait pu garder une contenance quelconque.

- Oh… Se contenta-t-elle de répondre. Vraiment ?

Elle tenta de toutes ses forces de calmer l'espoir qui chantait en elle à présent et de ne pas le
faire entendre dans sa voix.

- Oui, vraiment. Ça a l'air de vous surprendre.

- Hé bien… à vrai dire oui, je vous connais assez peu, mais vous aviez l'air… d'un couple uni.

Ce n'était pas un mensonge, pas vraiment, parce qu'elle savait qu'avant que Catelyn ne
déserte le domicile conjugal avec Sansa, c'était ce qu'ils étaient.

Du moins ce qu'ils pensaient être, ce qu'ils donnaient l'illusion d'être au reste du monde.

Yara se réjouit intérieurement qu'ils aient réussi à briser cela avant même que la malédiction
ne le soit elle-même.

- Ce n'est de toute évidence pas le cas, se contenta de constater Lysa, sans la moindre trace
d'amertume ou de tristesse dans la voix.

C'était une bonne chose, ça signifiait qu'elle avait probablement conscience que ce que son
mari et elle avaient était faux, ne sonnait pas juste.

- Et… si ce n'est pas indiscret, puis-je vous demander pourquoi ?

Lysa haussa les épaules, comme si elle estimait que ça n'avait pas plus d'importance que ça.

- De toute façon, ce qui est arrivé à ma sœur a dû se répandre partout en ville et ce sera
bientôt le cas pour ça aussi, alors… Catelyn va divorcer de Petyr, je me suis rendue compte
qu'elle et Ned s'aiment toujours et il se trouve que je suis moi aussi tombée amoureuse, de
Selyse Baratheon.

Yara la regarda avec les yeux écarquillés et la bouche ouverte, ressemblant à un poisson hors
de l'eau.

- Selyse… Selyse Baratheon ? Répéta-t-elle stupéfaite.

Même dans les fics de Marina ou de son amie Angie il n'y avait pas de ships aussi chelous !

(Note de l'autrice : je confirme le fait que cette fic rassemble quelques ships complètement
barrés ouais.)

Lysa sourit.

Elle avait sur le visage quelque chose que Yara n'avait jamais vu chez elle et qu'elle mit un
petit moment à identifier.

Elle avait l'air… amoureuse.

Et cette fois-ci, c'était semble-t-il réciproque, assez pour qu'elle veuille divorcer, et…

Minute.

- Est-ce que son époux est au courant ?

Stannis ne leur avait pas dit, sans doute parce qu'il n'avait pas jugé utile de leur en faire part,
surtout après la tentative de meurtre de Ramsay Bolton sur la jeune fer-née, ou peut-être ne
savait-il pas du tout.

- Oui. Eux aussi ils vont divorcer.

Yara eut bien du mal à retenir l'éclat de rire qui montait petit à petit dans sa gorge.

Tout se délitait, s'effondrait petit à petit, l'empire de Cersei Lannister s'écroulait et c'était son
œuvre.

- Je vois. Et donc vous cherchez quelqu'un pour le divorce.

- Oui. J'avoue que je ne sais pas par quoi commencer.

- Je pourrais vous proposer un nom. Pas forcément pour vous, si j'ai bien compris votre
divorce devrait se faire en douceur, mais pas celui de votre sœur.

- Qui avez-vous en tête ? Lui demanda Lysa, intéressée.

- Mon avocat. Tyrion Lannister.

Yara s'amusa de l'ironie de lui proposer le nom d'un homme qu'elle avait failli tuer dans une
version de l'histoire qu'ils n'avaient jamais vécue.
Le sourcil de Lysa se haussa de surprise.

- C'est un choix audacieux.

- Je suis sûre qu'il saura défendre au mieux les intérêts de votre sœur.

Lysa hocha la tête.

- Très bien, je lui en parlerai. Merci. »

Non, merci à vous, songea Yara, le sourire aux lèvres.

Merci de m'avoir prouvé que, si on leur permettait d'ouvrir les yeux, les habitants de
Kintzheim n'avaient pas besoin d'être sauvés.

A suivre…
Mon âme contre la tienne.
Chapter Notes

Titre du 23/10/2021 : Mon âme contre la tienne

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… la saga Harry Potter 2 : La saga : Écrire sur un personnage sortant
de l'enfance/adolescence ou sur une amitié capable de vaincre tous les obstacles

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles


ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Dans un monde idéal, Yara se serait parfaitement préparée au fait de revoir son ancienne
petite-amie dans un autre cadre que celui de l'hôpital, ainsi qu'au fait de vivre dans la même
demeure qu'elle, de la côtoyer absolument tous les jours, comme autrefois à Westeros.

À une époque révolue depuis deux ans, qui n'existait plus et qu'elle aurait tout fait pour
retrouver, malgré les marcheurs blancs, parce qu'alors au moins, elle n'avait pas été oubliée
par la rousse.

Mais elles ne vivaient pas dans un monde idéal, et toute la préparation du monde n'aurait pas
permis à Yara de se sentir réellement prête.

Aussi, quand ce midi-là, juste le lendemain de son installation, elle revit à nouveau la louve
pour la première fois depuis qu'elle avait quitté sa chambre d'hôpital, elle eut l'impression que
son cœur venait tout juste de s'arrêter de battre.

Ça aurait dû être facile, normalement, de renouer avec elle.


De retrouver sa relation avec elle, faire en sorte que tout redevienne comme avant,
recommencer les choses à zéro, parce que cette relation méritait qu'elle se batte pour elle.

Ça ne l'était pas.

Parce que Yara ne savait pas comment agir, comment faire, parce que cette Sansa là ne se
souvenait pas d'elle, n'avait pas comme elle près de sept années de complicité et d'amour dans
la tête comme la fer-née, parce que tout ce qu'elle voulait, c'était que la noble se souvienne
d'elle, que son amour renaisse de ses cendres.

Et elle savait bien que son cœur se briserait irrémédiablement si cela n'arrivait jamais.

Parce qu'elle avait peur aussi, peur d'agir et que la moindre de ses actions puisse briser Sansa
comme du verre.

Elle savait bien qu'elle était forte, mais dans ce monde, Sansa avait souffert, avait subi une
relation abusive, douloureuse et destructrice qui n'avait été qu'un mensonge d'abord, de faux
souvenirs, avant de devenir une vérité qu'elle ne pouvait pas ignorer et qui venait tout juste de
s'achever.

Oui, elle se rapprocherait de Sansa, à nouveau, parce que ce qu'elles avaient autrefois était
beau et magnifique et ne méritait pas de mourir comme ça.

Mais plus tard, quand elle serait prête, quand elle serait sûre que ce serait le bon moment pour
sa bien-aimée.

Mais oh, comme ça n'adoucissait en rien la douleur que provoquait cette torture d'être à la
fois si proche et si loin d'elle.

Quand elle s'installa avec elle et les autres pour déjeuner, elle tenta d'ignorer la sensation de
son estomac en train de se tordre et celle de son cœur pleurant pour récupérer ce qu'il avait
perdu.

§§§§

« J'ai une bonne nouvelle, annonça Yara à Marina une fois le repas terminé et qu'elles se
retrouvèrent seules.

Son amie haussa un sourcil sceptique.

- Une bonne nouvelle ? Dans cette ville ?

- Une très bonne nouvelle même, ajouta la jeune femme, un sourire éclatant sur les lèvres.

- Je t'écoute.

- Lysa et Eddard Stark vont divorcer.

Marina redressa la tête si rapidement et si brusquement que Yara eut le sentiment de presque
l'entendre craquer.
- Répète ?

Yara éclata brusquement de rire.

- Si tu voyais ta tête, pouffa-t-elle, sincèrement amusée comme elle ne l'avait pas été depuis
un long moment. »

Sans doute parce qu'un immense poids venait tout juste d'être enfin retiré de sa poitrine, celui
de savoir que deux couples (non trois en comptant Stannis et Selyse) allaient bientôt cesser
de vivre dans le mensonge et seraient à nouveau heureux, comme avant, comme autrefois,
comme ils auraient toujours dû l'être.

Et la fer-née ne put s'empêcher de songer à l'ironie du fait que le bonheur de Lysa et Selyse
avait probablement, en fin de compte, été provoqué par la malédiction.

Parce qu'à Westeros, ça n'aurait jamais pu marcher entre elles.

Selyse la fanatique religieuse, mauvaise mère et Lysa, toujours amoureuse de Petyr Baelish,
terrorisée à la simple idée que son seul fils ne meurt, la guerre faisant rage, le fait qu'elles se
connaissaient à peine, se côtoyaient peu et surtout…

Le fait qu'elles vivaient dans un monde où l'amour entre deux femmes n'était toléré presque
nulle part.

Mais ici et maintenant, elles avaient pu guérir, apprendre à se connaître, à s'apprécier, à


s'aimer, à réapprendre ce qu'était le bonheur, ensemble.

Ça lui faisait mal de devoir concéder cela à Cersei Lannister, mais c'était l'une des quelques
bonnes choses amenées par la malédiction, mais qui se serait probablement produite même
s'ils n'avaient pas perdu tous les souvenirs.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Les gens commencent à ouvrir les yeux Marina. À se rendre compte que quelque chose ne
va vraiment pas, que les choses clochent, que la situation, est… dissonante. Qu'elle ne
fonctionne pas. Voilà ce qui est arrivé.

- Mais encore ?

Un large sourire s'épanouit sur le visage de son amie.

- Catelyn est venue ici et tout a changé. Enfin, les choses avaient déjà commencé à changer
avant mais je pense que ça a poussé Lysa à agir. À prendre les choses en main, à faire avancer
la situation.

- Pourquoi ?

- Parce que Ned et Catelyn se sont retrouvés, qu'ils s'aiment comme autrefois, qu'ils ne se
sont jamais vraiment oubliés malgré la malédiction, ils avaient besoin que… que quelqu'un
leur montre le bon chemin, c'est tout. Et Lysa l'a vu, et il se trouve que… qu'elle est tombée
amoureuse de quelqu'un elle aussi.

- Si tu m'annonces que c'est de Petyr Baelish je me crève les yeux. Ou je vais vomir. Voire les
deux.

La guerrière pouffa.

- Non, elle ne l'aime plus, ça c'est de l'histoire ancienne, même si c'était encore le cas au
début de la malédiction d'après ce que j'ai compris… En fait, il s'agit d'une personne encore
plus improbable.

- Qui ? La questionna la jeune femme, curieuse.

Le sourire de la Greyjoy se fit malicieux, juste avant qu'elle ne lâche ce qui, elle le savait,
était une véritable bombe.

- Selyse Baratheon.

Qui aurait cru que deux simples petits mots auraient pu avoir un effet aussi dévastateur sur
quelqu'un.

La dunkerquoise la regarda comme si elle avait brusquement perdu la raison.

- Selyse… Selyse Baratheon, répéta-t-elle, comme si le fait de le dire à voix haute allait
rendre ça un peu moins improbable ou farfelu ou d'un seul coup complètement logique
comme par miracle.

Ça ne changea rien.

- Elle-même, s'amusa Yara. J'ai réagi exactement comme toi quand elle me l'a dit.

- Tu… continua alors Marina, comme si elle ne l'avait pas entendue, ou qu'elle n'était pas
encore revenue de son étonnement, les deux hypothèses étant parfaitement valables. Tu es en
train de me dire que Lysa Tully… est tombée amoureuse de Selyse Baratheon dans ce monde
? Qu'elles sont en couple ?

- Pas encore mais vu qu'elle a prévu de divorcer et que Ned Stark est au courant, que Stannis
aussi et que lui et Selyse vont probablement faire de même, ça devrait être le cas dans le
futur. Je l'espère pour elles en tout cas.

- Donc… ça ferait trois divorces en tout ?

- Yep. Pour l'instant en tout cas, j'attends toujours le moment où Jaime Lannister va se
réveiller et quitter Cersei mais j'imagine qu'on ne peut pas tout avoir tout de suite.

Marina acquiesça, toujours pensive.

- Hé bien… le redemption arc de Selyse Baratheon, je dois dire que ce n'était pas du tout
prévu dans mon bingo de 2019…
Yara rit (et oh que c'était bon de rire, pour de vrai, sans faire semblant, sans que ce ne soit un
rire triste ou désespéré, sans avoir envie de pleurer en même temps), d'un rire franc et sincère
qui dura plusieurs secondes.

- Ce n'était pas dans le mien non plus, admit-elle. »

Elle admettait également qu'elle n'en avait pas grand-chose à faire de Selyse Baratheon, avant
la malédiction.

Que ce soit avant la guerre contre les marcheurs blancs ou durant celle-ci, elles faisaient
partie de deux familles différentes, son époux avait aidé à écraser la rébellion du père de
Yara, et elles appartenaient à deux religions différentes, adoraient deux dieux différents.

À l'époque, Selyse n'était rien pour elle à part une ombre de passage, personne de réellement
important.

Et après la malédiction, ça n'avait pas changé, et elle admettait sans problème qu'elle ne
faisait pas partie des personnes dont elle s'était inquiétée en se retrouvant projeté dans ce
nouveau monde dont elle ne savait absolument rien.

Quand elle avait découvert sa version dans Game of Thrones, elle l'avait détestée, elle et sa
cruauté à l'égard de Shireen, sa propre fille qu'elle avait faite brûler vive, le fait qu'elle l'ait
regretté après n'y changeait rien.

De ce qu'elle savait d'elle d'avant la malédiction ou même dans ce nouveau monde, les deux
versions du personnage n'avaient absolument rien à voir.

Aussi, même si elle n'avait pas une grande affection pour elle, elle était heureuse de voir que
sa situation s'était arrangée, qu'ici et maintenant elle avait pu devenir une meilleure personne,
guérir, ne pas se changer en monstre.

Exactement comme Lysa Arryn en fin de compte…

« Tu sais, je… intervint Marina en se triturant les mains tout en arborant un léger sourire.
Même si je sais que Lysa n'est pas vraiment quelqu'un de bien, je… j'ai toujours pensé que
malgré ça, elle ne méritait pas son sort, qu'elle méritait mieux que ça. Qu'elle avait droit à
mieux. Mieux que la souffrance, la rancune, la colère, la haine, le désir de vengeance, la
jalousie, la folie et la mort. Alors je suis contente que… que dans au moins une version de
l'histoire, ça se soit produit. Qu'on soit dans la bonne version de l'histoire.

Yara lui sourit à son tour, attendrie.

- Moi aussi Marina… moi aussi… »

§§§§

Avant sa rencontre avec Marina Leszczynska et Esgred Miller (ou plutôt Yara Greyjoy, si tel
était vraiment son vrai nom, qui savait ce qui pouvait être vrai dans cette histoire
complètement folle et insensée), jamais Lancel Lannister n'avait douté une seule seconde de
la véracité de l'existence de sa propre réalité.
Parce qu'il n'avait pas la moindre raison de le faire, il avait toujours eu une vie normale, pour
ce qu'il s'en souvenait en tout cas (mais de quoi se souvenait-il au juste ? Se souvenait-il
réellement ? Et ce dont il se souvenait, était-ce réel ?), il était Lancel Lannister, habitant de
Kintzheim.

Rien de plus.

Rien d'extraordinaire en somme.

Pourtant, voilà que sa petite-amie débarquant de l'extérieur lui disait d'un seul coup que ce
n'était pas le cas, que lui et les autres habitants étaient en réalité des personnages fictifs issus
d'une saga littéraire ainsi que d'une série télévisée, qu'ils venaient d'une histoire épique et
fantastique emplie de magie et de dragons.

Qu'il n'y avait rien de normal à leur sujet.

Qu'il y avait une malédiction, et qu'ils avaient oublié.

Il aurait dû rire, se contenter de penser que ce n'était rien de plus qu'une blague, que ça n'avait
pas d'importance, qu'elle se trompait.

Pourtant, il y avait dans ses mots un fond de vérité qu'il ne pouvait pas se permettre d'ignorer.

Quelque chose avait résonné en lui quand elle lui avait dit ce qui était sa vérité et à laquelle
elle semblait croire si fort, avec tant de conviction qu'il était impossible de ne pas douter, au
moins un peu.

Et puis…

Et puis les faits parlaient pour elle.

Le fait qu'avant leur arrivée, il avait le sentiment de vivre dans un brouillard perpétuel dont il
ne pouvait pas sortir, et dont il ne s'était réveillé que grâce à elle, le fait que la même chose
semblait être arrivée à beaucoup trop de monde en ville pour qu'il puisse tous les compter,
tous les changements qu'elles avaient provoqué par leur intervention ou leur simple
présence…

Ça aurait pu n'être qu'une coïncidence et ne pas être véritablement une preuve, mais il y avait
le reste.

Il lui avait posé des questions plus tard, lui avait demandé des détails et…

Il avait fait des recherches.

Sur Game of Thrones, sur le Trône de fer, sur tout ce dont Marina lui avait parlé concernant
ce qui était supposé être leur histoire.

Il n'avait absolument rien trouvé.

Pas la moindre information.


En tapant sur internet les noms de l'auteur, des scénaristes, des acteurs, de tous ceux dont il se
rappelait ayant travaillé sur les livres ou la série, les noms donnés par Marina, il les trouva,
eux, mais rien sur l'univers en question.

Absolument rien du tout.

Marina l'avait prévenu que ce serait comme ça, et il n'y avait d'abord pas cru.

Mais maintenant, alors qu'il ne trouvait absolument rien, il ne put s'empêcher de remettre en
question tout ce qu'il pensait savoir jusque-là.

Elle ne pouvait pas avoir tout inventé, si ?

Pas avec autant de détails et tant de précisions.

C'était impossible.

Et tout ce qui était lié à ça semblait avoir disparu (ou n'avoir jamais existé ? Mais non, il
faisait confiance à Marina, il la croyait, il savait qu'elle ne lui aurait jamais menti), les fanarts,
fanvideos et autres fanfictions étaient introuvables.

Il avait fait un tour sur la fiche Wikipédia de l'acteur censé l'avoir incarné, Eugène Simon, et
il n'avait pas pu s'empêcher de se sentir troublé par leur ressemblance.

Et si encore il n'y avait eu que lui…

A défaut d'être les sosies de leurs acteurs respectifs, tous ceux dont il avait regardé les
équivalents télévisuels partageaient une ressemblance frappante avec ces derniers.

Il avait également recherché son propre nom, celui des membres de sa famille, d'autres
habitants de la ville, sur Kintzheim elle-même et n'avait rien trouvé à part une page
Wikipédia sur la ville qui ne mentionnait même pas que Cersei en était la mairesse.

Ensuite, par curiosité, il avait écrit sur l'ordinateur puis à la main certains des mots qu'elle
avait utilisés, Westeros, Port-Réal, marcheurs blancs, fer-nés, Essos, roi de la nuit, et
d'autres.

Tous ceux qui étaient directement issus de cet univers s'étaient aussitôt effacés et il avait dû
se rendre à l'évidence.

Elle avait dit la vérité.

Elle n'avait pas menti.

Elle ne pouvait pas avoir menti, pas quand absolument tous les indices pointaient dans
exactement la même direction.

Et c'était absolument insensé et aussi totalement terrifiant.

Mais d'une certaine manière, ça faisait tellement sens aussi.


Comme si l'univers avait enfin retrouvé sa cohérence, que tout revenait pour de bon à sa
place.

Il sourit.

Il ne se souvenait pas, pas encore, mais il savait et c'était largement suffisant.

Il fallait que ça le soit.

Alors, sans la moindre hésitation, il sortit son téléphone portable et appela aussitôt sa petite-
amie.

« Salut Marina, c'est Lancel. Il faudrait que je te parle au plus vite. »

Puisque leur vie était un mensonge et que c'était la faute de Cersei, ils devaient mettre le plus
rapidement possible fin à tout ça.

Et il avait bien l'intention de les y aider.

A suivre…
Rien que la vérité.
Chapter Notes

Titre du 21/10/2023 : Rien que la vérité

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects d'… Hinata (Haikyuu!) : Karasuno : Écrire sur une personne qui poursuit
son rêve ou écrire sur une personne qui rentre dans une nouvelle école

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles


ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Yara envoya un regard surpris à Marina quand celle-ci revint après avoir passé son coup de
téléphone.

« Qui c'était ?

- Lancel.

- Oh. Il voulait te parler de quoi ? Demanda-t-elle, curieuse.

- De la malédiction.

Yara se figea avant de se tourner vers son amie.

- Vraiment ?

- Vraiment.
- Et… qu'est-ce qu'il a dit exactement ? Dit-elle, essayant de ne pas trop laisser l'espoir
transparaître dans sa voix.

- Qu'il voulait en discuter. Et il voudrait que tu sois présente.

Elle hocha la tête.

Est-ce qu'il y croyait ?

Ou mieux encore.

Est-ce qu'il se souvenait ?

Est-ce que ses souvenirs commençaient à remonter à la surface et qu'il avait décidé de leur
parler pour démêler le vrai du faux ?

- Quand ?

- Il est disponible maintenant si tu veux.

- Ça marche. »

Marina sourit, ravie de voir son regard briller, empli d'espoir et d'attente.

Elle était heureuse d'être là, même si tout n'était pas toujours facile ou simple, même si la
situation était horrible.

Parce qu'elle avait accompli son rêve le plus cher, un rêve qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir
poursuivre ou rendre réel.

Elle avait rencontré Lancel Lannister, pour de vrai.

Elle espérait juste désormais qu'il ne mettrait pas fin à ce beau rêve en décidant de leur dire
que telle Emma Swan, il décidait de ne pas croire à ce qui était pourtant la vérité.

§§§§

Quand il vit Marina qui revenait après avoir franchi la frontière de la ville une fois de plus,
Lancel ne fut pas vraiment surpris.

Elle lui avait bien dit que pour ne pas oublier, elle sortait régulièrement de Kintzheim, et sur
le moment ça lui avait semblé étrange, mais désormais, avec tout ce qu'il avait découvert, il
comprenait mieux.

Si la malédiction s'acharnait tellement à ce que rien venant de Game of Thrones ne soit


dévoilé aux habitants de Kintzheim alors il était logique qu'elle se défende en ôtant la
mémoire de la seule personne qui n'était pas originaire de Westeros pour l'empêcher de leur
dire ce qu'il s'était réellement produit.

Et lorsqu'il croisa le regard de Yara, il la regarda, la regarda vraiment.


Et il vit tout ce que les autres ne voyaient pas, tout ce qui leur demeurait caché tant qu'ils ne
connaissaient pas la vérité, dissimulé derrière un voile quasi-impénétrable, au-delà de la
tristesse seule que tout le monde voyait déjà.

C'était un regard qui disait qu'elle savait une chose que tout le monde ignorait.

Et maintenant, il savait quoi, et il ne pouvait s'empêcher d'avoir le cœur brisé pour elle.

« Je suis sincèrement désolé, commença-t-il en s'adressant à la fer-née.

Celle-ci cligna des yeux à quelques reprises, stupéfaite.

- Quoi ?

- Hé bien, si tout ce que Marina m'a dit est vrai, alors… ça signifie que vous avez
profondément souffert durant ces deux dernières années, que vous avez dû survivre dans un
monde que vous ne connaissiez pas et que vous vous êtes battues de toutes vos forces pour
trouver le chemin vers notre ville pour nous sauver. Et je suis véritablement navré que vous
ayez dû le faire en étant tout d'abord toute seule. Ça n'aurait jamais dû vous arriver.

Yara sentit les larmes lui monter aux yeux.

Elle pleurait rarement, à la fois pour essayer de rester forte, pour ne pas flancher malgré la
douleur et aussi parce que dernièrement elle avait eu plus de bonnes nouvelles que de
mauvaises en dehors de son agression.

Cette fois-ci en revanche, si elle pleurait, ce n'était pas de tristesse.

Non, les larmes qu'elle versait étaient des larmes de gratitude, parce que sa souffrance était
reconnue par quelqu'un qui ne savait même pas si elle disait la vérité et qui la croyait malgré
tout.

Un homme complètement innocent de ce qu'il lui était arrivé s'excusait qu'elle ait dû passer
par de telles épreuves.

C'était bien plus que ce que Cersei ou les autres monstres responsables de ce cauchemar lui
offriraient jamais…

- Je… je vous remercie. Alors… vous y croyez ? À la malédiction ?

Lancel leur offrit à toutes les deux un regard hésitant avant de hocher la tête.

- Je… je pense que oui. J'y crois.

Cette fois-ci, Yara éclata pour de bon en sanglot.

Ça y est, elles y étaient enfin parvenues…

Après tout ce temps, tous ces efforts, elles avaient finalement réussi à faire en sorte qu'un
habitant de la ville qui ne se souvenait pas finisse par croire à l'existence de la malédiction et
soit de leur côté.

- Merci, répéta-t-elle en boucle, le cœur empli d'espoir et de gratitude, merci, merci, merci,
merci. Merci infiniment. »

§§§§

Le lendemain.

Myrcella était censée vouloir sourire.

Elle était supposée être heureuse, tout dans sa vie la poussait à l'être, elle avait une famille
aimante qui la soutenait (hormis Joffrey, mais il était la principale exception de sa vie, le seul
d'entre eux qui lui faisait réellement peur et qu'elle n'aimait pas), elle suivait les études qui la
passionnait et elle avait une petite-amie formidable.

Pourtant…

Pourtant, malgré tous ses efforts, toutes ses tentatives, elle ne parvenait pas à se débarrasser
de ce vague à l'âme, de cette mélancolie qui l'envahissait par moments sans crier gare, sans
qu'elle ne parvienne à comprendre pourquoi.

C'était pire encore quand elle passait une bonne journée et qu'une soudaine tristesse
s'emparait d'elle, comme à cet instant précis.

Elle avait eu un rendez-vous amoureux merveilleux avec Shireen, elles étaient allées au
cinéma (voir un film sorti récemment pour une fois, chose qui semblait de plus en plus
fréquente depuis un certain temps, chose qu'elle avait mis du temps à remarquer), elles étaient
parties se promener ensemble, elles avaient discuté, parlé du film, rit, et pourtant…

Pourtant à un moment, sans parvenir à se l'expliquer, Myrcella n'avait plus réussi à sourire.

Il avait disparu de son visage, s'était effacé et elle n'était pas parvenue à le faire revenir.

Parce qu'elle avait conscience que quelque chose n'allait pas.

Parce qu'elle savait que quelque chose clochait même si elle ignorait quoi au juste.

Parce qu'il y avait tellement de souffrance à Kintzheim qu'elle ne savait pas comment faire
disparaître, tellement de douleur qu'elle n'avait jamais vue avant qu'elle n'éclate au grand jour.

Vère, Sansa, Theon, et sans doute tellement d'autres…

Et elle n'avait rien vu.

Elle voyait sans voir, savait sans savoir, pressentait quelque chose tout en ayant l'impression
d'y être complètement aveugle, que quelque chose lui était délibérément caché.

Et oh comme c'était désagréable, si insupportable que ça lui donnait parfois envie de hurler.
« Myrcella, quelque chose ne va pas ? Lui demanda Shireen avec un air soucieux.

La blonde songea d'abord à lui mentir, comme toutes les autres fois, à faire semblant, à
feindre le bonheur, à sourire comme si elle ne ressentait pas un creux à l'intérieur d'elle-
même, un vide qu'elle ne serait jamais capable de combler.

Mais…

Mais Vère avait fui de chez elle, Sansa avait fini par parler de ce que Joffrey lui infligeait, et
Theon avait enfin réussi à fuir loin de son tortionnaire.

Elle aussi elle pouvait arrêter les faux-semblants et les mensonges.

- Je… je ne… Je ne sais pas Shireen, je… En fait je voudrais te demander quelque chose.

- Quoi donc ?

- Je sais que ça va sans doute te sembler bizarre, mais… j'aimerais bien parler à ton oncle
Stannis.

La jeune femme la regarda avec un air perdu mais ne lui posa aucune question.

- D'accord, je vais l'appeler pour voir quand il peut être disponible. Tu… tu penses que ça
peut t'aider ?

Myrcella n'en savait rien.

Mais elle savait une chose en revanche.

Stannis Baratheon n'était absolument pas heureux.

Et dans ses yeux, il y avait la même lueur que celle qu'elle voyait dans les siens quand elle se
regardait dans le miroir.

Cette même tristesse, ce même désespoir, cette même sensation que rien n'allait vraiment
dans cette ville, cette même impuissance à y changer quoi que ce soit.

S'il y avait bien quelqu'un dans cette maudite ville qui pouvait lui apporter un semblant de
réponse, c'était lui.

- Je ne sais pas Shireen, lui avoua-t-elle, sincère, mais en tout cas je l'espère. »

§§§§

Il était plutôt rare que Shireen lui téléphone.

Ces moments étaient au moins aussi peu présents dans sa vie sous la malédiction que ceux où
elle lui rendait visite, aussi chérissait-il chacun de ces instants.

Il ne put s'empêcher de s'interroger sur ce qui la poussait à le contacter ainsi, mais la joie de
pouvoir entendre sa voix même si ce n'était qu'à distance suffit à lui faire oublier ce détail.
Il décrocha donc immédiatement en voyant son prénom et son numéro s'afficher sur l'écran
de son téléphone.

« Allô ?

- Bonjour oncle Stannis.

Oncle Stannis.

Entendre ces deux mots était toujours l'équivalent d'un coup de couteau dans le cœur mais au
moins elle savait qu'il était sa famille, elle savait qu'il l'aimait même si elle ne se souvenait
plus qu'il était son père.

C'était déjà ça, et un léger sourire se dessina sur son visage.

- Bonjour Shireen, comment vas-tu ?

- Bien et toi ?

- Je vais bien, lui répondit-il.

Ce n'était presque pas un mensonge, pas alors qu'il pouvait l'entendre et feindre de croire
qu'on ne lui avait pas enlevé une des choses à laquelle il tenait le plus au monde.

- Je voulais te poser une question.

Il fronça les sourcils, intrigué.

- Quel genre de question ?

- C'est à propos de ma petite-amie Myrcella.

Myrcella…

Il ne put s'empêcher de grincer des dents en entendant ce prénom, il ne savait toujours pas s'il
pouvait lui faire confiance ou non, si elle était innocente ou du côté de Cersei, si elle savait la
vérité.

Il espérait juste que sa fille ne voulait pas parler de ses problèmes de cœur avec lui et encore
moins lui demander conseil parce qu'il était probablement la pire personne possible en ville
pour aider avec ce genre de chose.

- Hé bien, qu'y a-t-il ?

- Elle souhaiterait te parler.

Il se figea, stupéfait.

- Quoi ? »

Quoi ?
Pourquoi ?

Il ne connaissait pas Myrcella, il n'était pas proche d'elle ou de sa famille, de son point de vue
à elle il ne devait rien être de plus que l'oncle de sa petite-amie, elle ne le côtoyait presque
jamais, alors pourquoi…

Et alors soudainement, il se souvint.

Le jour où Shireen et Myrcella étaient venues chez lui pour rendre visite à Vère qui venait
tout juste de s'y installer, il y avait eu un étrange moment de flottement quand ils s'étaient
retrouvés seuls, un silence étrange, durant lequel la blonde avait semblé vouloir parler, lui
dire quelque chose.

Sauf que ce n'était jamais arrivé.

Et il n'avait jamais su ce qu'elle avait voulu lui dire, si c'était bien à lui qu'elle avait l'intention
de parler ni même si elle avait réellement eu l'intention de dire quelque chose à ce moment-là
ou si ce n'était que son imagination qui lui faisait voir des choses là où il n'en avait pas.

Maintenant, il savait que son intuition ne s'était pas trompée, que son impression était bonne.

Myrcella Lannister avait l'intention de lui parler de quelque chose, probablement d'une chose
importante pour qu'elle passe par le biais de sa petite-amie, et qu'elle voulait lui
dire personnellement.

Mais quoi au juste ?

Est-ce que ça avait un rapport avec la malédiction ?

Est-ce que…

Est-ce que c'était Cersei qui l'envoyait ?

Elle en était bien capable…

« Oui moi aussi ça m'a surprise, lui répondit sa fille, mais… elle a l'air d'aller plutôt mal en ce
moment et je ne sais pas pourquoi mais elle a besoin de te parler.

Est-ce qu'elle était en train de comprendre que quelque chose n'allait pas en ville ?

Est-ce qu'elle était en train de se réveiller ?

Il pria de toutes ses forces le maître de la lumière pour que ce soit le cas.

- Oh… Je vois…

- Est-ce que tu serais disponible pour lui parler ?

- Oui, si tu veux, vous pouvez passer tout à l'heure après les cours, je lui parlerai et tu pourras
discuter avec Vère, ou…
Ou avec ta mère, faillit-il ajouter avant de brusquement se reprendre.

Il n'était pas sûr que Shireen aurait voulu faire une chose pareille, surtout si elle s'était
souvenue de la vérité au sujet de sa famille.

- Ça me va, merci oncle Stannis et à tout à l'heure ! »

Puis elle raccrocha et il regarda son téléphone portable d'un air incrédule, comme pour se
convaincre lui-même que cet appel avait bel et bien eu lieu.

Il ne savait pas encore ce qui ressortirait de cette conversation.

Mais il espérait de tout son cœur que ça les aiderait à faire avancer les choses.

A suivre…
Le jour où tout a basculé.
Chapter Notes

Titre du 14/11/2023 : Le jour où tout a basculé

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Rebecca Webb (The One) : Diplôme : Écrire sur un étudiant ou
écrire sur Hermione Granger

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont
dit, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Même s'il savait que c'était injuste, Stannis ne put se retenir de frissonner en apercevant au
loin la chevelure blonde de Myrcella Lannister suivie de près par Shireen alors qu'elles se
rapprochaient de sa maison.

Parce qu'elle lui rappelait celle de Cersei Lannister, Cersei qui les avait tous trahis et leur
avait planté un couteau dans le dos, Cersei qui leur avait arraché tout ce à quoi ils avaient
jamais tenu.

Il savait bien que Myrcella n'était pas Cersei, qu'elle n'était aucunement responsable des
crimes de sa mère, qu'elle n'était peut-être même pas au courant de ce qu'il s'était passé.

Ça ne changeait rien.

Parce que chaque fois qu'il la regardait, il voyait l'ancienne épouse de son frère, et il avait
bien du mal à contenir la bouffée de haine qui le traversait de part en part à ce moment-là.

Quand il vit Shireen, il reprit aussitôt son calme et se permit même de sourire, chose qu'il
faisait peu avant la malédiction, et encore moins depuis qu'elle avait été lancée.
Ce n'était pas non plus comme si les occasions de sourire étaient nombreuses.

Lorsque Shireen quitta la pièce après l'avoir salué pour aller parler à Vère, il ne put empêcher
son regard de la suivre plus longtemps qu'il n'était nécessaire, il la voyait si peu après tout, et
il dût une fois de plus se retenir de hurler.

Sans Cersei, sans Littlefinger, sans les Bolton, rien de tout ça ne serait arrivé et sa fille se
souviendrait toujours qu'il était son père.

Il se força à rester et à sourire poliment à Myrcella en essayant de ne pas la regarder comme


si elle était une bombe à retardement à deux doigts d'exploser.

« Alors Myrcella, tu voulais me parler ?

Comme d'habitude quand elle le voyait, ce qui n'arrivait pas souvent, la jeune femme
l'observa bien attentivement.

Oui, il y avait la même chose que d'ordinaire dans son regard, cette tristesse qu'il n'était pas
capable de complètement dissimuler et qu'elle voyait dans son propre regard quand elle était
seule et qu'elle ne faisait pas semblant d'être heureuse.

Elle ne s'était donc pas trompée.

Il était probablement la seule personne à Kintzheim à pouvoir lui expliquer ce qui était en
train de lui arriver.

Il y avait autre chose dans ses yeux, quelque chose qu'elle n'était pas sûre d'avoir remarqué
avant.

La manière dont il regardait Shireen d'abord, avec tellement d'amour dans les yeux que c'en
était presque douloureux, et elle n'arrivait même pas à comprendre pourquoi.

Il y avait la manière dont il la regardait elle aussi, derrière la bienveillance et la courtoisie


qu'il tentait d'afficher mais dont elle n'était pas le moins du monde dupe, derrière tout ça il y
avait quelque chose que là non plus il n'arrivait pas à cacher.

Elle n'aurait pas su expliquer pourquoi mais elle avait le sentiment qu'il la regardait comme
une ennemie.

Et ça n'avait aucun sens.

- Je… Je voudrais… Je ne vais pas très bien, admit-elle finalement en le regardant droit dans
les yeux.

Il haussa un sourcil surpris.

- J'en suis navré, mais… je ne comprends pas ce que ça a à voir avec moi.

Direct comme d'habitude, même s'il prenait le risque de paraître froid et insensible, elle le
reconnaissait bien là, du peu qu'elle connaissait de lui.
Malgré tout il y avait une lueur de compassion sincère dans son regard.

Et sans savoir pourquoi, elle lui faisait confiance, avait le sentiment qu'il comprendrait ce
qu'elle ressentait, aussi improbable cela soit-il.

- Je pensais que vous pourriez comprendre ce que je traverse en ce moment.

- Pourquoi moi ? L'interrogea-t-il, ne comprenant toujours pas. Pourquoi pas Shireen, ou tes
parents, ton frère Tommen ou un de tes amis ?

Elle lui adressa alors un sourire douloureux empli d'une infinie tristesse qui lui brisa le cœur.

- Parce que… parce que vous avez toujours l'air tellement triste.

Il tressaillit, stupéfait.

Il ne pensait pas avoir été si transparent à ce sujet.

Il eût un sourire gêné.

- Je suppose que je le suis, oui, reconnut-il.

Et d'un autre côté, sa fille ne le reconnaissait plus, son mariage s'enfonçait chaque jour un peu
plus dans les abîmes et les choses avançaient bien trop lentement.

Ça donnait assez peu de raisons de vouloir être heureux.

- Je ne saurais pas vraiment vous expliquer pourquoi, ajouta-t-elle, mais je… je pense que
quelque chose ne va pas en ville. Que quelque chose cloche, n'est pas normal, ne fonctionne
pas correctement et que personne n'en a conscience à Kintzheim à part… à part vous et moi.
Je ne… je n'arrive pas à mettre des mots sur ça mais depuis un moment je n'arrive pas à être
heureuse alors qu'en théorie je devrais l'être. Et tout devrait aller bien en ville mais ce n'est
pas le cas et je ne sais pas comment arranger les choses, alors… Je vous en prie, aidez-moi. »

Il se figea, incrédule avant de la regarder comme s'il la voyait enfin pour la première fois.

Elle n'avait pas prononcé le mot malédiction une seule fois mais elle savait.

Elle savait que quelque chose dysfonctionnait et même si elle avait oublié, tout son être lui
hurlait que les choses n'étaient pas comme elles auraient dû l'être.

Il ne put s'empêcher de ressentir une certaine méfiance malgré tout, comme toujours quand il
s'agissait des Lannister, surtout ceux proches de Cersei, mais même si c'était le cas, même si
c'était la mairesse qui l'avait envoyée, qu'importe ?

Qu'elle apprenne qu'il se souvenait ne changerait rien dans le fond, et si Myrcella pouvait les
rejoindre, devenir leur alliée, alors…

Alors ce serait une preuve de plus que les choses étaient en train de changer et surtout, si elle
les croyait, alors ça démontrerait aussi que les gens n'avaient pas forcément besoin de se
souvenir pour savoir que la malédiction était réelle.

D'abord Lancel, maintenant peut-être elle aussi, Jaime dans le futur si jamais le fait d'avoir
récupéré son cœur le poussait enfin à la fuir…

Les lions n'étaient plus aussi unis qu'avant, les fissures autrefois invisibles apparaissaient
enfin au grand jour et la chute semblait proche.

Enfin.

Il ne put se retenir de sourire.

Le visage de Myrcella se ferma face à ce qu'elle pensait être un sourire amusé.

« Ça vous fait sourire ? S'exclama-t-elle, indignée.

Elle était venue pour lui demander de l'aide, et voilà qu'il se moquait d'elle !

Comprenant la méprise, il rit.

Oui, lui, il riait.

Même si la situation n'avait rien de drôle, il était le premier à le reconnaître.

Il riait parce qu'il avait de l'espoir.

- Non je ne… Je suis désolé, ce n'est pas… Je ne suis pas en train de me moquer de toi
Myrcella, je t'assure, je…

- Qu'est-ce que c'est alors si vous ne trouvez pas ça drôle ? Le contra-t-elle, toujours furieuse.

Il cessa de rire et lui sourit avec bienveillance.

- Je souris parce que tu as raison.

Et parce que ça fait si longtemps que j'espère de voir quelqu'un ici se réveiller de lui-même
que je pensais que ce jour n'arriverait jamais.

Myrcella le regarda avec un air interloqué.

Sa rage s'évanouit immédiatement.

- Quoi ? Qu'est-ce que vous venez de dire ?

- Tu as tout à fait raison, sur toute la ligne, quelque chose ne va pas en ville.

- Et… est-ce que vous savez ce que c'est ? Lui demanda-t-elle, hésitante.

Il soupira.
Il ne pouvait pas lui balancer ça comme ça, pas dans ces circonstances, pas en étant tout seul,
il y avait plus de chance qu'elle le prenne pour un fou qu'elle ne le croit.

- Je… oui. Mais avant de t'en parler, j'ai besoin de contacter quelques personnes.

Elle le regarda avec un air confus.

- Pourquoi ?

- Parce que ce que j'ai à te dire… tu risques de ne pas le croire.

Elle sentit son estomac se nouer.

Elle ne savait pas exactement de quoi il s'agissait et n'était plus réellement certaine de vouloir
le savoir en fin de compte.

- C'est… c'est grave à ce point-là ?

Toute trace d'amusement disparut du visage de l'ancien seigneur de Peyredragon et elle se


sentit frissonner.

Elle avait presque peur maintenant.

- Tu n'as pas idée d'à quel point… Alors est-ce que ça te dirait qu'on se revoit un autre jour ?

- Où, et quel jour ?

- Mercredi après-midi prochain, si tu es disponible et… chez Lysa Stark je pense.

D'ici-là il aurait eu le temps de parler avec Yara et les autres, et il conviendrait de ce qu'ils
devaient faire.

Si le nom de la personne la surprit, elle ne le laissa pas paraître et malgré ses doutes, elle
n'hésita pas une seule seconde.

Elle avait besoin de réponses et il se proposait de les lui apporter alors elle n'allait clairement
pas passer à côté de ça.

- C'est d'accord. À mercredi dans ce cas. Je vais aller voir Shireen et Vère si ça ne vous
dérange pas, proposa-t-elle.

Il acquiesça et une fois sûr qu'elle était partie, il décrocha son téléphone avant d'appeler la
fer-née.

- Allô, Yara ? C'est Stannis, il faut qu'on discute. De toute urgence. »

§§§§

Yara posa un regard scrutateur et perplexe sur Stannis Baratheon.


Ce n'était pas tant le fait qu'il veuille les voir toutes les deux qui la surprenait, mais qu'il ait
voulu les voir aussi rapidement.

Il y avait eu de l'urgence dans sa voix, au téléphone, mais pas comme s'il voulait leur
annoncer une mauvaise nouvelle, non il y avait comme… de l'espoir.

Et l'espoir était une denrée bien rare en ce moment, aussi elle s'y raccrocha aussi fort qu'elle
put et le rejoignit rapidement au Dragon Quincaille avec Marina.

Pourquoi avait-il donc voulu les voir, pourquoi était-ce si important ?

Elle croisa les bras.

« Alors dites-moi, qu'est-ce qui nous vaut la joie de vous voir mettre les pieds dans un bar
sans y être contraint et forcé ?

Contrairement à son habitude, elle le vit sourire, d'un sourire vrai, et il semblait de bonne
humeur, ce qui l'étonna.

Donc il avait probablement une bonne nouvelle à leur annoncer.

- J'ai parlé à Myrcella aujourd'hui.

Oh.

Voilà qui était inattendu.

- Et ?

- Elle m'a posé des questions, elle… elle ne se sent pas bien, je l'avais déjà remarqué lors de
sa venue avec Shireen quand elles étaient venues s'assurer que Vère allait bien, j'avais eu
l'impression qu'elle souhaitait me parler mais sans être sûr que c'était le cas, et… j'avais
raison.

- Comment ça elle ne va pas bien ? Demanda Marina, inquiète.

- Elle se pose des questions. Sur la ville. Elle se demande pourquoi tout semble tant aller de
travers, elle a l'impression que quelque chose cloche, et elle aimerait comprendre ce qu'il se
passe. Elle a remarqué que j'étais triste, comme elle et que c'était sans doute pour ça que je
pouvais répondre à ses questions, tout lui expliquer.

La respiration de Yara s'arrêta pendant quelques secondes.

- Vous voulez dire que… que peut-être… elle pourrait être en train de réaliser, pour la
malédiction ?

- Je ne sais pas. Mais je pense que… qu'elle mérite de savoir. Même si elle ne nous croit pas.
Elle a le droit de connaître la vérité. Et même si elle fait semblant et qu'elle a été envoyée par
Cersei, et que celle-ci apprend que je me souviens, ça ne changera rien, ce n'est pas comme si
nous avions réussi grand-chose jusque-là concernant la manière de briser la malédiction.
Yara approuva.

- C'est vrai. Qu'est-ce que vous proposez ?

- Je lui ai proposé de la revoir dans la demeure de Lysa Stark mercredi après-midi prochain,
je me suis dit que si vous, Marina, Lancel et moi nous lui annoncions tous la vérité, ça
semblerait plus crédible que si je lui en parlais seul. Ça lui laissera le temps de réfléchir aussi
et ça nous laissera du temps pour préparer ce que nous lui dirons.

- Je suis d'accord avec ça. Marina ?

La dunkerquoise hocha la tête.

- Je ne sais pas si elle nous croira mais ça vaut toujours le coup d'essayer. Au moins avec un
peu de chance, elle commencera à douter et c'est mieux que rien. »

Oui, en effet, approuva intérieurement Yara.

Mieux que rien.

C'était déjà quelque chose et puis les choses avaient fonctionné avec Lancel, alors pourquoi
pas avec elle aussi ?

Elle finit son verre avec le sourire aux lèvres.

Pour une fois, elle avait quelque chose à fêter.

A suivre…
Cœur de lion.
Chapter Notes

Titre du 31/12/2021 : Cœur de lion

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Yara Greyjoy & Myrcella Baratheon (Game of Thrones)

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… SnK 3 : Isayama : Écrire sur quelqu'un qui rit du malheur d'autrui
ou écrire sur une œuvre de GRRM

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, sagittaire, alphabets, de secondaire à principal, duos


improbables, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100
façons, 50 nuances)

Convaincre Lancel n'avait pas vraiment été très compliqué.

Même s'il ne se rappelait de rien d'avant la malédiction, et qu'il ne se souvenait plus de qui
était Myrcella alors ou du moins de comment elle était, il lui faisait confiance et avait la
conviction qu'elle voulait seulement aider, qu'elle était sincère.

Elle n'était pas Joffrey, elle n'avait pas cette lueur de cruauté dans les yeux, ce sadisme que
possédait le blond, elle était gentille, elle était quelqu'un de bien.

Elle ne les trahirait pas, il en était persuadé.

Et s'ils pouvaient ouvrir les yeux à quelqu'un d'autre comme lui-même l'avait fait, ou juste
instiller le doute dans son esprit, ce serait déjà un bon début.
§§§§

Myrcella ne comprenait pas ce que toutes ces personnes faisaient là au juste.

Esgred et Marina, elle voyait vaguement pourquoi, elles vivaient là, mais malgré ça elle se
demanda pourquoi Stannis tenait tant à ce qu'elle les rencontre, pourquoi ça semblait si
important pour lui qu'elle aille leur parler.

Elle voulait juste qu'on lui dise ce qui clochait en ville, et l'oncle de Shireen avait demandé à
deux femmes qui n'y habitaient que depuis peu de venir pour qu'elles le lui expliquent alors
qu'elles ne devaient pas savoir grand-chose à ce sujet en théorie.

Ça n'avait aucun sens.

Et Lancel aussi était là et cela non plus elle ne le comprenait pas.

Parce qu'aux dernières nouvelles, son cousin était heureux, pas vrai ?

Du peu qu'elle avait pu voir d'Esgred Miller et de Marina Leszczynska, elles avaient une
lueur triste dans le regard, tout comme Stannis et elle-même mais ce n'était pas le cas de
Lancel, du moins elle n'en avait pas l'impression.

Alors dans ce cas-là pourquoi ?

Sa perplexité n'échappa à personne et Marina essaya de lui envoyer un sourire rassurant.

Ça ne fonctionna pas.

Parce que désormais, il n'y avait pas que Stannis d'impliqué, parce que d'après lui c'était
grave, et qu'il y avait devant elle deux personnes dont sa mère se méfiait sans jamais lui avoir
expliqué pourquoi.

Et d'une certaine manière, elle avait peur.

Peur de découvrir autre chose, qui allait au-delà de cette tristesse qu'elle ne s'expliquait pas,
quelque chose qui la dépassait totalement.

« J'aimerais comprendre ce qu'il se passe ici, commença-t-elle.

- Tu devrais d'abord t'asseoir Myrcella, lui expliqua Lancel, qui lui semblait plus grave qu'à
son habitude et…

Elle ne comprenait toujours pas.

Et elle détestait plus que tout ne pas comprendre quelque chose.

Elle s'exécuta et jeta un regard perdu à Stannis.

- Pourquoi est-ce que vous êtes tous là ?

Il prit une grande inspiration.


- Myrcella, avant de commencer je dois te dire une chose… quelque chose de vraiment très
important, de capital, j'oserais même dire de vital.

Elle frémit.

- Vous me faites peur, avoua-t-elle, commençant à regretter sa décision de venir les voir.

- Je suis désolé, ce n'était pas mon intention. Mais tu dois comprendre que les enjeux sont
terriblement importants.

- Qu'est-ce que je dois savoir au juste ?

- Tu… Ce que nous allons te dire, cette conversation… Tu ne devras jamais la répéter à ta
mère. Ou à Littlefinger ou à Roose Bolton ou à son fils. Il vaudrait même mieux que tu n'en
parles à personne du tout. À part à des personnes à qui tu fais réellement confiance et qui ne
le répéteront pas.

Les yeux de la blonde s'agrandirent de surprise.

- Quoi ? Mais, pourquoi ?

- Parce que ce que nous nous apprêtons à te dire est un secret qui concerne l'intégralité de la
ville de Kintzheim, lui indiqua Esgred avec tout le sérieux du monde.

- Qu'est-ce que tu sais de cette ville au juste ? L'interrogea-t-elle, curieuse.

Esgred lui sourit avec un air mystérieux et mélancolique.

- Oh tu peux me faire confiance Myrcella, j'en sais plus que tu ne le crois. Il se pourrait même
que j'en sache plus que toi ou que 99 % des habitants de la ville de Kintzheim.

En entendant cela, la blonde se sentit plongée dans une parfaite confusion.

Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ?

- Comment ça, tu… mais tu viens à peine d'arriver.

Alors que la lionne, elle, vivait à Kintzheim depuis sa naissance, depuis près de vingt-deux
ans, et elle était censée croire que cette femme en savait plus sur sa propre ville qu'elle ?

- C'est vrai, reconnut aussitôt Esgred, mais il y a des choses que tu ignores à mon sujet. Des
choses que je n'ai pas dites, que j'ai cachées. Entre autres choses, j'ai menti.

- Alors ma mère avait raison à propos de toi… Murmura Myrcella, pensive.

Yara tressaillit.

- Qu'est-ce que tu entends par là ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit au juste ?

Est-ce que c'était le moment ?


L'instant crucial où les masques allaient tomber, où elle allait sortir les griffes et révéler son
vrai visage, leur avouer que tout cela n'était rien de plus qu'une vaste mascarade, qu'elle
savait déjà tout ?

Allait-elle leur rire au nez en se moquant d'eux pour avoir été aussi naïfs, pour avoir cru qu'ils
pouvaient lui faire confiance, allait-elle broyer les derniers restes d'espoir qu'il leur restait ?

Pourtant, rien de tout cela ne se produisit, Myrcella se contenta de la regarda avec un air
curieux.

Comme si elle était une énigme complexe qu'elle ne parvenait pour l'instant pas à décortiquer.

- Elle… J'ai l'impression qu'elle a peur de toi. Ce qui est très étrange parce que je ne me
souviens pas l'avoir jamais vue avoir peur de qui que ce soit avant que toi et ton amie vous
n'arriviez en ville et… elle n'a jamais voulu m'expliquer pourquoi les rares fois où je lui ai
posé la question.

- J'espère bien qu'elle a peur de moi, ne put s'empêcher de lui répondre Yara d'un ton brusque
et avec une certaine fierté qu'elle fut incapable de dissimuler. Et elle a tout à fait raison
d'avoir peur.

Une légère lueur d'épouvante apparut dans les yeux de Myrcella, et elle cligna des yeux à
plusieurs reprises, complètement perdue.

Si c'était censée la rassurer, c'était un échec complet.

- Je… je ne comprends pas, balbutia-t-elle, abasourdie.

Yara soupira, lasse.

- Pardon, c'est seulement que… je suis fatiguée de tout ça. Et ça fait tellement de temps que
je suis en colère que je… Je suis à deux doigts d'exploser, en permanence, absolument tout le
temps, comme un volcan sur le point d'entrer en éruption, et c'est… (Elle serra les poings, les
yeux emplis de rage et Myrcella la vit cette colère, qui se cachait sous la surface et elle
comprit ce qu'elle voulait dire). Si jamais j'ouvre les vannes, alors je ne suis pas sûre que je
serai capable de me retenir.

- Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? L'interrogea-t-elle. Ma mère je veux dire. Pour que tu la haïsses
comme ça.

La haine qui brûlait dans ses yeux depuis que Cersei avait été évoquée était bien trop vive
pour que Myrcella ne soupçonne pas que quelque chose était dissimulé derrière.

Et ce fut là qu'une angoisse sous-jacente qu'elle avait tenté de faire disparaître depuis qu'elle
avait commencé à réaliser que quelque chose n'allait pas dans sa ville refit surface.

Qu'est-ce que sa mère leur cachait au juste ?

Qu'avait-elle fait de si affreux, de si abominable ?


Elle eut soudainement le sentiment qu'elle ne sortirait pas indemne de cette conversation et
elle se força à rester assise à sa place, malgré son envie de fuir, de se cacher, de rester
éternellement dans le déni, parce que c'était facile.

Elle devait savoir, à tout prix, peu importe ce que c'était, peu importe que ça puisse détruire
ses dernières certitudes.

Peu importe que ça puisse détruire l'image qu'elle avait de sa mère.

Elle pouvait encaisser.

Du moins elle l'espérait.

- Elle m'a volé tout ce que j'avais, tout ce que j'aimais, elle m'a séparée de ma famille et de
mes proches, elle… elle m'a volé ma vie. Et elle a fait subir exactement la même chose à tous
les habitants de Kintzheim, à l'exception de quelques uns dont elle-même.

- Quoi ?

Myrcella sentait peu à peu tout s'effondrer autour d'elle et le pire dans tout ça c'était qu'elle
n'y comprenait toujours rien.

Son interlocutrice eut un sourire indulgent face à sa confusion.

- Bien… Je pense qu'il est temps de commencer à vraiment évoquer les choses sérieuses. Je
t'ai dit que j'avais menti. Hé bien pour commencer, je ne m'appelle pas Esgred Miller. Ça n'a
jamais été mon nom, cette personne n'existe pas. Je me nomme Yara Greyjoy.

Ce n'était pas le genre de révélation à laquelle la blonde s'attendait si elle devait être honnête.

- Yara… Greyjoy ? Comme la sœur de Theon Greyjoy ?

- Elle-même. C'est moi.

Myrcella bugua aussitôt.

- Mais elle… elle est morte !

Celle qui ne s'appelait pas Esgred Miller éclata alors de rire.

- Ravie de savoir que je suis un fantôme, je ne m'en suis même pas rendue compte, blagua-t-
elle, amusée.

Myrcella se souvenait de cela, comme probablement tout le monde en ville.

Elle se souvenait que Yara Greyjoy était morte, dans de mystérieuses circonstances.

Alors si elle était morte, comment pouvait-elle se trouvait devant elle, bien en vie ?

Ça n'avait pas le moindre sens.


Plus rien n'en avait à vrai dire depuis que cette conversation avait commencé.

- Où étais-tu dans ce cas-là si tu n'es pas morte ? Demanda Myrcella, ne sachant plus quoi ou
qui croire.

Si Stannis et Lancel y croyaient eux aussi, comme ils semblaient le faire (aucun d'eux n'avait
bronché quand la prétendue Yara Greyjoy avait révélé sa véritable identité), alors ils devaient
avoir de bonnes raisons pour ça.

Le regard de Yara se voila alors, comme si de sombres souvenirs remontaient à la surface


sans qu'elle ne puisse les arrêter.

- Il faudrait que je te raconte le début pour commencer, alors allons-y… Il était une fois…

Il était une fois.

La formule par laquelle commençaient les contes de fée.

Mais leur histoire n'avait rien d'un quelconque conte de fée.

Pas vrai ?

La fer-née prit une profonde inspiration.

- Il était une fois, poursuivit-elle, un continent nommé Westeros. Dans ce monde, de


nombreux habitants vivaient dans un endroit nommé les Sept Couronnes, et plusieurs
familles se disputaient pour obtenir le pouvoir, se battant pour monter sur le trône de Fer et
gouverner l'entièreté de Westeros. Mais tout changea le jour où il fut révélé que les marcheurs
blancs étaient revenus, et une alliance fut formée. Une alliance pour détruire ces monstres qui
menaçaient de tout détruire et qui tentaient d'installer la longue nuit sur le royaume des
humains. Tout espoir semblait perdu, jusqu'au jour où une malédiction fut lancée.

- Je ne comprends pas du tout ce que ça a à voir avec quoi que ce soit qui nous concerne,
intervint Myrcella, fronçant les sourcils, perplexe.

- Une malédiction fut lancée, reprit Yara, comme si elle n'avait jamais été interrompue, qui
devait emmener tout le monde dans un autre univers, où les habitants seraient en sécurité,
loin des marcheurs blancs et du danger qui les menaçaient. Mais certaines personnes
intervinrent pour que les choses tournent à leur avantage, elles… (Sa voix commença à
trembler) Elles firent en sorte que les gens perdent la mémoire, oublient d'où ils venaient, et
refaçonnèrent le monde à leur façon, faisant en sorte d'être les seuls à se souvenir. Et la
malédiction… le Sort noir… la malédiction créa alors la ville de Kintzheim.

La lionne se figea, sonnée, se sentant comme si elle venait tout juste de se faire gifler.

Quoi ?

Qu'est-ce qu'elle venait de dire ?

- Tu… comment est-ce que tu… Quoi ?


Dans d'autres circonstances, Yara aurait peut-être ri en voyant sa tête, mais elle en fut
incapable.

Parce qu'elle voyait bien dans ses yeux qu'elle n'était pas encore prête pour la vérité.

Qu'elle ne la croirait pas.

Et elle n'arrivait même pas à lui en vouloir, elle n'était pas sûre qu'elle aurait réussi à y croire
si elle avait été à sa place.

- Je sais Myrcella, je sais…

- Est-ce que tu es en train d'affirmer que… je ne sais pas, que la magie existe ?

- Ce n'était pas le cas dans notre monde, du moins pas beaucoup, et ce n'est pas non plus le
cas dans celui-ci. (Yara grimaça en se souvenant du cœur de Jaime Lannister qu'elle avait
littéralement tenu dans ses mains peu de temps auparavant.) Enfin presque pas, rectifia-t-elle.

Après tout, d'une certaine manière ils auraient probablement bien besoin de magie s'ils
voulaient briser la malédiction.

Même s'ils ignoraient encore comment faire pour y arriver.

- C'est… c'est de la folie, lâcha Myrcella, incrédule.

Elle se tourna vers Lancel et Stannis, cherchant leur soutien ainsi que leur approbation.

- Et vous deux, vous… ne me dites pas que vous y croyez vous aussi !

Elle ne connaissait pas Marina, quant à Esgred ou Yara, elle la connaissait également peu.

Mais Stannis faisait partie de sa famille, de même que Lancel, et elle n'arrivait pas à croire
qu'ils puissent s'être laissés convaincre par une chose aussi… absurde.

- Je me souviens, lui lança alors Stannis, commençant à parler sans s'arrêter, comme si on lui
avait coupé la parole pendant bien trop longtemps. Je me souviens et tout ce qu'elle a dit est
vrai, Westeros, les marcheurs blancs, la malédiction, les mémoires effacées. J'ignore pourquoi
je me souviens de tout mais je me rappelle. Et sais-tu ce que cette malédiction m'a enlevé ?
Shireen. Shireen est ma fille.

- Shireen est la fille adoptive de Renly et Loras, bredouilla Myrcella, de plus en plus perdue.

Il secoua la tête.

- Non. Elle est ma fille biologique et elle est la nièce de Renly. Fais donc faire un test ADN
pour vérifier si tu ne me crois pas ! Elle est mon enfant, la seule que j'ai jamais eue, et elle ne
se souvient même pas que je suis son père ! As-tu la moindre idée de ce que ça fait d'être à la
fois si proche et si loin d'elle ?

Ne trouvant rien à lui répondre, Myrcella préféra se tourner vers son cousin.
- Et toi Lancel ? Est-ce que toi aussi tu… tu te… souviens ? Accepta-t-elle finalement de dire
avec réticence.

- Non, admit-il, mais j'ai quelques doutes, et le sentiment que quelque chose ne va pas et…
Myrcella, tu dois admettre que les choses ont changé depuis qu'elles sont là, que ça va mieux
et qu'elles n'y sont pas pour rien. »

Myrcella aurait préféré qu'il se taise, qu'il ne dise plus rien, pour que cesse la tempête dans
son crâne qui s'était levé depuis que Yara avait commencé à parler de cette malédiction.

En vérité, elle aurait préféré ne jamais être venue les voir…

A suivre…
Des paroles que des paroles.
Chapter Notes

Titre du 14/11/2021 : Des paroles que des paroles

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Yara Greyjoy & Myrcella Baratheon (Game of Thrones)

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Mes vrais enfants : Pat : Écrire sur un couple lesbien ou sur
quelqu'un qui vit dans un monde dangereux

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, duos


improbables, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100
façons, 50 nuances)

Myrcella ne pouvait pas revenir en arrière, voyager avant l'instant où des gens qu'elle croyait
pourtant raisonnables avaient commencer à débiter tout un tas d'inepties auxquelles il lui était
impossible de croire.

Elle aurait aimé, vraiment, ne pas avoir entendu un seul de ces mots insensés, pouvoir oublier
tout ce qu'ils venaient de lui dire (ironique dans une ville où tout le monde, inconsciemment,
ne souhaitait qu'une seule chose, se souvenir), ne jamais avoir entendu parler des marcheurs
blancs ou du fait que Stannis prétendait que sa petite-amie était sa fille.

C'était de la folie, tout simplement.

Mais…

Mais d'une certaine manière, ce que Lancel lui avait dit était juste.
Plus rien n'était vraiment pareil à Kintzheim depuis qu'elles étaient arrivées.

Tout avait changé, comme si les habitants s'étaient enfin réveillés d'un long, très long
sommeil, comme d'un coma, et qu'ils avaient repris le contrôle de leur vie en même temps
que celui de leur corps.

Vère avait fui et avait été réunie avec son petit-ami, était sortie de cette cage dans laquelle
son immonde père avait voulu la retenir prisonnière, et c'était partiellement grâce à Marina et
à…

Elle ne savait même plus comment l'appeler désormais à vrai dire.

Et s'il n'y avait eu qu'elle…

Sansa qui avait fini par être enfin écoutée après avoir passé une éternité à hurler à plein
poumons dans le vide (et elle-même n'avait rien vu, elle avait été si aveugle alors qu'il
s'agissait de la petite-amie de son frère. Elle aurait dû le savoir, faire mieux, être là pour elle),
Theon qui était libre lui aussi et qui commençait enfin à se reconstruire, peu à peu, Catelyn
ouvrant les yeux sur ce qu'était réellement son mari et le quittant.

Et Myrcella avait vu le changement de comportement de son père, la manière dont il semblait


plus vivant depuis quelques temps, lui qui avait fini par se changer en un fantôme qu'elle ne
reconnaissait plus.

Et sa mère…

Sa mère et les flammes dans ses yeux, sa rage, sa colère qu'elle ne s'expliquait pas et que la
mairesse avait de plus en plus de difficulté à cacher, la peur, et tout le reste, la façon dont son
comportement n'était plus le même.

C'était… très troublant, elle devait le reconnaître.

Mais ça ne prouvait rien.

La magie, la malédiction, les marcheurs blancs, d'autres mondes, tout ça…

Ça n'existait pas.

Ça ne pouvait pas exister.

Elle refusait d'y croire un seul instant.

Elle regarda alors Yara Greyjoy (autant la nommer ainsi puisque c'était apparemment comme
ça qu'elle se prénommait) droit dans les yeux.

« Alors dis-moi dans ce cas, Yara… si tout ce que tu dis est vrai, je voudrais savoir… où
étais-tu ? Pourquoi n'étais-tu pas là, avec nous ? Pourquoi est-ce que toi tu te souviens ?
Pourquoi n'es-tu pas arrivée ici en même temps que nous tous ?
- Parce que j'ai eu la chance de pouvoir passer par un portail qui menait droit à ce monde
avant que la malédiction ne soit lancée. J'ai atterri dans une autre région de la France, j'étais
seule, perdue et presque sans ressources et je ne savais pas où aller… j'ai mis deux ans à
trouver le chemin de Kintzheim, acheva-t-elle d'une voix brisée par la lassitude.

Et Yara laissa transparaître dans son regard ce que Myrcella avait déjà vu quelques fois en la
croisant en ville mais qu'elle n'avait jamais été capable de complètement bien interpréter.

Ce n'était pas seulement de la tristesse, réalisa-t-elle soudainement en entendant son récit.

C'était du désespoir.

Que ce qu'elle dise soit vrai ou non, ce désespoir, cette détresse qu'elle avait ressentie et
qu'elle ressentait encore, elle était bien réelle.

Et Myrcella ne put s'empêcher de se sentir infiniment désolée pour elle.

Puis, la durée qu'elle venait d'évoquer la frappa et elle sursauta.

- Attends… tu es en train de me dire que… cette malédiction, si elle est réelle… ça


fait deux ans qu'elle a été lancée ?

Deux ans…

Deux longues années qui s'étaient écoulées sans qu'ils ne se rendent compte de rien, sans
qu'ils ne se souviennent, sans qu'ils ne se doutent de quoi que ce soit, deux ans qui leur
avaient été volés et qu'ils ne retrouveraient jamais.

Ça semblait tellement absurde.

Et Yara en entendant la stupeur dans la voix de son interlocutrice, faillit éclater de rire en
songeant aux vingt-huit ans auxquels Storybrooke avait été condamnée et songea que deux
ans ça semblait à la fois si long tout seul et si court en comparaison à presque trois décennies.

(En son for intérieur, elle savait d'avance qu'elle n'aurait pas réussi à tenir pendant aussi
longtemps.)

- Oui… Et si pour moi le temps a passé, ce n'était pas le cas ici, le temps s'est juste… arrêté.
Il ne s'est remis en marche que lorsque Marina et moi nous sommes arrivées. C'est pour ça
que ta mère ne veut pas de nous ici, parce qu'elle a peur que nous ne brisions sa si chère
malédiction.

Il était vrai que Cersei tenait plus que tout à ce que les deux femmes s'en aillent et quittent
Kintzheim le plus vite possible, mais…

Mais elle devait bien avoir ses raisons pour vouloir cela, pas vrai ?

Brusquement, Myrcella se tourna alors vers Marina.


- Et toi ? Tu viens également de ce Westeros ? Toi aussi tu as pu miraculeusement t'échapper
tout comme Yara par je ne sais quel moyen magique improbable ? Ironisa-t-elle.

À sa grande surprise, l'autrice de fanfictions éclata de rire.

- Non, absolument pas, moi je suis juste une terrienne qui vient de Dunkerque.

Dunkerque…

Myrcella connaissait cette ville du Nord de la France, située assez loin du département dans
lequel la ville de Kintzheim se trouvait.

Quand Yara avait mentionné le fait qu'elle avait atterri ailleurs dans le pays, elle n'aurait
jamais pensé que ça puisse être aussi loin…

- Mais si tu vis là-bas à l'origine, commença-t-elle d'un ton hésitant, alors qu'est-ce que tu fais
ici ?

Marina sourit.

- J'ai rencontré Yara un moment après son arrivée à Dunkerque, elle était devenue serveuse,
elle tentait de survivre tout en essayant de trouver un moyen de retrouver l'endroit où la
malédiction vous avait envoyés et nous sommes devenues amies puis colocataires. Et un jour,
elle m'a avoué la vérité sur qui elle était, d'où elle venait, j'ai fait des recherches, j'ai
découvert l'existence de Kintzheim et quelques détails étranges à son sujet et j'ai décidé de
l'emmener et… voilà.

Myrcella la regarda comme si elle venait de lui annoncer qu'elle avait sauté d'un train en
marche.

- Tu… tu es en train de me dire que… qu'une femme que tu connaissais à peine t'a dit qu'elle
venait d'un autre monde, qu'elle avait été amenée ici par une malédiction, que tous les gens
qu'elle connaissait avaient perdu la mémoire et qu'elle devait les retrouver et toi… tu l'as
crue, juste comme ça ?

- Je ne l'ai pas crue tout de suite, nuança Marina, mais je… J'ai fini par le faire, même si ça
semblait totalement fou. Et je sais maintenant que j'ai eu raison.

Elle le dit avec un tel aplomb, une telle certitude, que Myrcella fut presque tentée de la croire.

Presque.

- Il y a autre chose que tu dois savoir, reprit alors Yara, afin de pouvoir comprendre toute
cette histoire.

Puis elle lui parla du Trône de fer, de Game of Thrones, elle lui montra les livres sur lesquels
il n'y avait absolument plus rien d'écrit, elle lui expliqua tout ce qu'elle devait savoir à ce
sujet, et le cerveau de Myrcella disjoncta complètement.

Qu'on lui dise qu'elle venait d'un autre monde, c'était une chose…
Mais affirmer qu'ils étaient des personnages de romans et d'une série télévisée, en revanche…

Rien de tout ça ne semblait réel ou vrai.

- Aux dernières nouvelles Yara, lui dit alors Myrcella avec froideur, ton nom n'est pas Henry
Mills.

- Et pourtant je dis bien la vérité.

- Mais si c'était vrai alors on devrait s'en être rendus compte ! Nous portons les mêmes noms
que les personnages de l'histoire, si quelqu'un d'extérieur venait en ville, nous aurions dû
avoir des réflexions, des questions, ce genre de chose, non ? S'exclama-t-elle, emplie d'espoir.

Elle savait que quelque chose n'allait pas en ville.

Mais admettre que toute sa vie, son existence entière, n'était qu'un mensonge forgé par sa
propre mère et qui avait rendu des milliers de personnes malheureuses ?

Non, elle ne pouvait aucunement s'y résoudre.

Stannis lui adressa un sourire peiné.

- Myrcella… Depuis deux ans que nous sommes ici, je peux t'assurer avec certitude que je
n'ai vu personne d'extérieur à la ville entrer à Kintzheim. Pas une seule fois.

- Marina est bien entrée pourtant ! Protesta-t-elle.

- Nous ignorons encore comment elle y est parvenue, la contra Yara, si c'est parce qu'elle était
avec moi ou parce qu'elle croyait que la malédiction est réelle. Personne ne peut sortir et
personne ne peut entrer. Point. Tu peux essayer de quitter la ville si tu veux. Tu n'y arriveras
pas.

C'était un mensonge.

Ce n'était pas vrai.

Sa mère n'avait rien fait de mal et ils avaient tort, ils mentaient, ils se trompaient, ils étaient
fous, c'était…

C'était…

Elle n'avait même pas de mot pour qualifier ça.

C'était trop pour elle.

- Ça suffit ! Ordonna-t-elle, et durant un bref instant, Yara et les autres purent voir à nouveau
en elle la princesse qu'elle avait pu être autrefois.

Elle se leva.

- Myrcella… tenta Lancel, mais elle le foudroya du regard, et il se tut.


- Je ne sais pas ce que je croyais, ou ce que j'espérais, mais… certainement pas ça. Je… je
vais m'en aller et aucun de vous ne me parlera plus de cette histoire. Plus jamais.

Elle tremblait de rage, le regard dur.

- Je n'aurais jamais dû venir ici, termina-t-elle, amer.

- Myrcella… Lui intima alors Yara. Il ne faudra pas que tu parles de ça à ta mère ou à un de
ses alliés. Il ne faut surtout pas que l'un d'eux apprenne que tu es au courant.

La blonde renifla avec mépris.

- Ma mère me rirait au nez si je lui disais une chose pareille, et elle aurait raison.

Oh que non, elle ne rirait pas, se dit Yara, navrée que la jeune femme n'ait pas réussi à sortir
du déni dans lequel la malédiction les maintenait tous enfermés depuis deux ans.

Mais au moins, elle savait et c'était mieux que rien.

- Je te le répète, je t'en prie… ne lui dis rien.

Le regard de Myrcella s'adoucit.

- C'est d'accord. Je ne dirai rien à personne, je te le promets. »

De toute façon, ce n'était pas comme si elle allait y penser un tant soit peu dans un futur
proche…

Non, elle l'oublierait vite, sortirait ça de sa tête, et essayerait d'en faire de même avec sa
mélancolie absurde et tout irait bien à nouveau.

Du moins essaya-t-elle de s'en persuader, de toutes ses forces.

Puis elle partit sans rien ajouter d'autre et Yara, Stannis, Marina et Lancel se regardèrent avec
tristesse.

« Elle ne nous a pas crue, soupira Yara, bien consciente qu'elle ne faisait qu'énoncer une
évidence qu'ils avaient tous très bien compris.

- Oui, approuva Stannis, mais Yara… au moins nous avons essayé.

- Oui, répéta-t-elle en tentant de sonner la plus optimiste possible, alors qu'elle n'avait qu'une
envie, s'enterrer dans son lit et ne plus jamais en sortir, au moins nous avons essayé. »

Elle aurait aimé que ce soit suffisant, que ce soit assez pour faire la différence.

Mais ça ne l'était pas, pas encore.

Peut-être qu'un jour, ça le serait…

Elle l'espérait de tout son cœur.


A suivre…
Un sourire peut en cacher un autre.
Chapter Notes

Titre du 08/08/2022 : Un sourire peut en cacher un autre

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Deux cent vingt septième baiser : Un baiser entre deux femmes

Shireen/Myrcella

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Kanon des Gémeaux (Saint Seiya) : Jumeau : écrire sur Cersei et
Jaime (GoT) ou écrire sur des jumeaux

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

13 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, le défi des baisers, ships rares, ellles ont dit, Sarah & son cerveau, UA
Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Myrcella avait le sentiment qu'elle était en train d'étouffer.

Les mots de Yara, de Marina, de Lancel et de Stannis résonnaient dans sa tête, tournaient en
boucle dans un cercle infernal qu'elle ne parvenait pas à briser.

Ce qu'ils avaient dit ne pouvait pas être vrai.

La magie n'existait pas, de même que les autres mondes et cette histoire de malédiction
était…
Une absurdité sans nom.

Voilà ce qu'elle se dit durant le trajet de retour, alors qu'elle marchait dans des rues qu'elle
avait parcourues durant des décennies, qui lui étaient d'ordinaire si familières et qui lui
apparaissaient si étrangères désormais.

C'était sa ville, sa maison, l'endroit où elle était née, elle y avait vécu toute sa vie, elle s'y
sentait chez elle et n'avait jamais ressenti le besoin d'en partir, elle y était heureuse, en
sécurité, épanouie.

Pourtant, alors qu'elle continuait d'explorer ce lieu qu'elle avait toujours connu et que ce
qu'elle avait entendu flottait toujours dans son esprit, elle réalisa qu'elle éprouvait un certain
malaise en voyant les rues, les maisons, les commerces, comme si elle les voyait pour la
première fois pour ce qu'ils étaient vraiment.

Un tissu de mensonges.

Elle grimaça.

Ce n'était pas ce qu'elle voulait, elle n'avait jamais voulu cela, c'était comme si en une série
de quelques phrases, ils avaient tout détruit, tout ruiné, tout gâché, et tout ce qu'il lui restait
quand elle voyait ce qui l'entourait, c'était un goût de cendres dans la bouche.

C'était entièrement de leur faute.

Et comme elle les détestait pour ça.

Elle avait voulu des réponses, elle les avait eues, et ce n'était définitivement pas celles
auxquelles elle s'attendait.

Un voile avait été ôté de ses yeux, un voile dont elle n'avait jamais pris conscience de
l'existence avant, un voile qui la forçait à voir quelque chose qu'elle aurait aimé pouvoir
continuer à nier.

Elle préférait fermer les yeux, c'était plus simple comme ça.

De toute façon…

Ça ne pouvait pas être vrai et leurs mémoires n'avaient pas été effacées.

Rien de tout cela n'était réel, et bientôt, elle n'y penserait plus, ça n'aurait plus la moindre
importance.

N'est-ce pas ?

§§§§

Revoir sa mère lui apporta bien moins de réconfort qu'elle ne l'aurait initialement cru.
Parce que, malgré tous ses efforts pour oublier, faire disparaître de sa mémoire ces horribles
choses qu'elle ne pouvait pas effacer, elle ne put s'empêcher de la voir de la manière dont ils
l'avaient dépeinte, de la façon dont ils la voyaient, dont ils la lui avaient présentée.

Comme un monstre.

Et pendant une fugitive et abominable seconde, Myrcella se retrouva incapable de la voir


autrement.

C'était sa mère, la femme qui l'avait élevée, elle était sa famille, et elle l'aimait, et pourtant…

Pourtant, d'une manière totalement irrationnelle, encore frappée par ce qu'elle avait entendu,
elle ne put s'empêcher de ressentir de la peur en la voyant à nouveau.

C'était absurde et stupide, elle était juste retournée chez ses parents pour manger chez eux,
c'était la femme qui l'avait mise au monde qui se trouvait juste devant elle, après pourquoi
aurait-elle dû en avoir peur ?

Cette impression s'évanouit quelques instants plus tard, mais ne disparut pas entièrement et
elle frissonna.

Ça non plus, ce ne serait plus jamais pareil, et elle leur en voulait pour ça aussi.

§§§§

Son père aussi était différent.

Elle le savait déjà avant, mais avec ce regard neuf qu'elle posait sur le monde, comme dotée
d'une nouvelle paire de lunettes qu'on l'aurait forcée à mettre et qui lui permettrait de ne plus
voir flou ou d'enfin voir les couleurs, le contraste était encore plus frappant.

Il souriait enfin, à nouveau, il semblait vraiment sincère, comme… complet, comme s'il avait
retrouvé une part de lui-même qu'il avait perdue, qu'on lui avait arrachée.

En revanche, s'il semblait plus chaleureux avec elle (et c'était probablement aussi le cas avec
Tommen), avec Cersei, il avait l'air… distant.

Et alors, Myrcella fut frappée par une chose à laquelle elle n'avait pas fait attention avant
cela.

Lors du rendez-vous, Yara et les autres lui avaient parlé de sa mère et avaient dit que tout
était de sa faute.

Mais à aucun moment ils n'avaient parlé de son père.

Pourquoi ?

Ils avaient parlé des responsables de la malédiction, ils l'avaient mise en garde contre ce qu'ils
pensaient être des monstres (et connaissant les autres noms qu'ils avaient évoqués, elle
n'arrivait même pas à les contredire…) et ça incluait sa mère, mais pas son père.
Donc ça devait probablement dire qu'ils ne considéraient pas qu'il faisait parti de… tout ça,
peu importe de quoi il puisse s'agir dans le fond.

En réalisant cela, la blonde ressentit un profond soulagement de savoir que ni lui ni Tommen
n'étaient impliqués (Joffrey ne l'était sans doute pas, mais elle connaissait sa noirceur et sa
cruauté désormais alors ça ne changeait absolument rien s'il l'était au final) dans toute cette
affaire.

Elle s'en voulut aussitôt, détestant profondément cette sensation.

Elle avait pourtant décidé de chasser loin d'elle toute pensée désagréable concernant ce sujet
pénible, alors pourquoi y pensait-elle à nouveau ?

(Note de l'autrice (oui je sais ça faisait longtemps et je devrais pas ouvrir des parenthèses
dans mes parenthèses on va finir par s'y perdre) : Et ouais c'est justement quand tu te dis ça et
que tu veux pas penser à un truc chiant que ton cerveau part en mode « si si ma grande
tu vas y penser et plus vite que ça, tu vas même penser qu'à ça et en plus tu vas morfler
sévère parce que c'est drôle. »

(Genre comme moi avec mon concours.)

(Où je vais me planter vu qu'il est genre dans deux mois voire moins quand ce chapitre sera
publié et que je suis pas du tout prête.)

(Help.)

(Et là je vais fermer cette sixième parenthèse pour ensuite pouvoir fermer la première parce
que ça devient trop long cette histoire.))

Pourtant, malgré elle, le sujet revenait dans sa tête sans cesse, sans qu'elle ne puisse y faire
quelque chose, parce qu'elle ne voyait plus que cela.

La glace dans les yeux de sa mère qu'elle n'avait jamais vue ou qui venait d'y apparaître, elle
ne le savait pas.

Son père qui par moments regardait son épouse avec confusion, comme s'il se demandait ce
qu'il faisait là.

Ce fut alors qu'elle réalisa avec terreur une vérité qu'elle s'était jusque-là efforcée de nier de
toutes ses forces.

Que ce soit vrai ou non, que ce soit une blague, une farce cruelle, une absurdité ou au
contraire la stricte vérité, elle ne pourrait pas y échapper.

Cette révélation continuerait de la hanter tant qu'elle ne connaîtrait pas le fin mot de l'histoire,
tant que tous ses doutes n'auraient pas disparu.

Yara, Marina, Lancel et Stannis avaient ouvert la boite de Pandore et elle les avait laissés
faire.
Et maintenant elle ne pouvait plus revenir en arrière.

Il faudrait qu'elle vive avec ça, en permanence, en doutant d'elle-même, de ses propres
souvenirs, de ce qui était réel et de ce qui ne l'était pas, sans savoir si tout ce qu'il y avait
autour d'elle était un mensonge ou pas.

Elle souriait ce soir-là durant le repas.

Mais son sourire était un mensonge.

§§§§

Alors que les jours passaient, Myrcella trouvait de plus en plus insupportable le fait de croiser
Yara Greyjoy.

Cela n'arrivait pas souvent, mais elles vivaient dans la même ville, avaient des connaissances
communes et se rendaient parfois aux mêmes endroits.

Quand la blonde croisait la fer-née, celle-ci ne disait rien, se contentait de croiser son regard,
rien de plus.

Pourtant, Myrcella commençait peu à peu à la détester.

Parce que, dès qu'elle la voyait, peu importe à quoi elle pensait avant, à ce qu'elle allait
manger le soir-même, ou à ses cours, au prochain livre qu'elle allait lire, à ses proches, sa
simple vue était suffisante pour ranimer le souvenir de ce qu'elle lui avait dit.

Westeros.

La malédiction.

Les marcheurs blancs.

Leurs souvenirs effacés.

Sa mère, le monstre de l'histoire, qu'elle aimait de tout son cœur et qu'elle ne se sentait pas la
force de détester.

Et aussitôt, un froid glacial l'envahissait, peu importe la température.

Comme d'habitude, elle l'esquiva et prit une profonde inspiration, essayant de se calmer.

Elle allait voir Shireen et Vère et tout allait bien se passer, tout irait bien, et pendant au moins
tout un après-midi elle ne penserait plus à cette histoire.

§§§§

« Salut, l'accueillit Shireen en lui envoyant un sourire éblouissant, et Myrcella essaya de lui
sourire avec conviction.

Elle ne perdit pas de temps avant de l'embrasser, avant de la serrer contre elle.
Pour être sûre qu'elle n'allait pas disparaître de ses bras, s'évanouir dans l'air d'un seul coup,
pour être sûre et certaine que ça c'était réel, bien réel, et que ça n'avait rien d'un mensonge.

Oui, c'était réel, elle en était sûre.

Comment quelque chose d'aussi beau aurait-il pu être un mensonge fabriqué de toutes pièces
?

Et une autre implication qui la terrorisait dans tout ça c'était le fait que, si rien de tout ça
n'était réel, alors…

Est-ce que leur amour ne l'était pas non plus ?

Puis Shireen la regarda avec tellement d'amour dans les yeux qu'elle crut que son cœur allait
exploser, et elle sut, ses doutes s'évanouissant en un éclair.

Non.

Tout ça, c'était bien réel, et si tout le reste était un mensonge, elle sentait dans son cœur et
dans son âme que ses sentiments pour elle n'en étaient pas un.

- Alors, reprit sa petite-amie, prête pour la séance du jour ?

Myrcella acquiesça.

Depuis que Vère avait enfin échappé à son père, Shireen et Myrcella l'accueillaient
fréquemment chez elles dans leur appartement afin de faire avec elle des marathons de séries
qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de voir auparavant.

Histoire de l'aider à retrouver une vie un tant soit peu normale.

- Parfaitement prête, qu'est-ce que ce sera cette fois ?

Elle avait bien besoin de ça, de se plonger dans un autre univers et d'oublier à quel point sa
vie avait perdu tout son sens ces derniers temps.

- Vère a commencé une série avec Sam il y a pas longtemps, elle aimerait la continuer avec
nous, il n'est pas disponible aujourd'hui et comme il l'a déjà vue, ce n'est pas grave si elle
avance de son côté. Je sais qu'on l'a déjà vue mais je me suis dit que ce serait bien de la
revoir.

- Je suis d'accord, approuva la lionne en souriant, commençant enfin à se détendre. Et c'est


quoi du coup ?

Elle s'avança dans le salon, où Vère se trouvait déjà, assise dans le canapé devant la
télévision.

Et elle sut avant même d'obtenir une réponse, en apercevant une petite coccinelle jaune bien
connue et parfaitement reconnaissable pour elle.
Son sourire se figea aussitôt.

- Once Upon a Time, lui annonça fièrement Shireen. On va lancer l'épisode 18 de la saison 1.

Once Upon a Time.

L'ironie de la coïncidence était bien cruelle, et malgré son envie de hurler, elle se força à
sourire et feignit l'enthousiasme.

- C'est super !

- En plus tu vas bientôt rencontrer un nouveau personnage Vère, et je t'assure qu'il est trop
bien ! Lui affirma Shireen, n'ayant rien remarqué.

Vidée, elle s'installa à côté d'elle et une fois l'épisode lancé, elle s'autorisa à arrêter de sourire.

Son cœur s'était glacé dans sa poitrine, et elle ne put s'empêcher de frissonner en entendant le
mot malédiction être prononcé.

Oh, dieux…

Ça allait être un long marathon.

Jamais elle ne s'accrocha autant à Shireen que pendant la durée de celui-ci.

A suivre…
Les contes ne sont pas que pour les enfants.
Chapter Notes

Titre du 13/04/2022 : Les contes ne sont pas que pour les enfants

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prompt 120 : « Je t'aime. »

Shireen/Myrcella

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… C'est une belle journée (chanson de Mylène Farmer) : Censure :
Écrire sur un perso qui fait quelque chose qui lui est interdit ou écrire sur quelqu'un qui
ne dit pas ce qu'il pense

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

12 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal,


prompts infinis, ships rares, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre
aspects, 100 façons, 50 nuances)

Si elle ne l'avait pas déjà vu avant, Myrcella aurait été bien incapable de dire ce qu'il s'était
déroulé dans l'épisode qu'elle était pourtant censée être en train de visionner avec attention.

Seulement, elle ne parvint pas à rester attentive une seule seconde durant la quarantaine de
minutes qui s'écoula jusqu'à la fin de l'épisode introduisant le personnage du chapelier fou.

Elle ne parvenait pas à se concentrer sur la malédiction qui frappait Storybrooke, parce que
son esprit ne pouvait s'empêcher de se focaliser sur celle qui avait prétendument frappé
Kintzheim deux ans plus tôt.

Pour une raison précise et très simple.


Dans ce scénario, c'était elle Emma Swan.

La femme sceptique, refusant de croire en la magie ou en la malédiction, qui était


complètement incapable de voir ce qui se trouvait juste sous son nez.

Autrefois, des années plus tôt, en 2011, Myrcella se souvenait avoir eu envie d'entrer dans
l'écran de la télévision pour la secouer, lui faire entendre raison et la forcer à voir la réalité en
face.

Désormais, alors qu'elle se trouvait dans exactement la même situation qu'elle, elle
comprenait beaucoup mieux d'un seul coup.

Parce que tout ça lui semblait si irréel, et pourtant…

Alors que son cerveau embrumé lui permettait fugitivement de regarder de nouveau l'écran
avec attention, elle vit le regard désespéré de Jefferson alors qu'il se confiait à Emma au sujet
de sa fille.

De sa Grace qui ne savait même plus qui il était pour elle, qui elle était tout court,qu'il aimait
tellement et qu'il avait tout fait pour retrouver.

Ce regard, elle l'avait vu en se retrouvant face à Stannis Baratheon.

Sauf qu'il lui avait parlé de Shireen, et que la jeune femme se trouvait juste là, à côté d'elle.

Myrcella se retourna fugitivement vers sa petite-amie et essaya de l'examiner attentivement.

Oui, effectivement, ses traits ressemblaient à ceux de Renly, de Stannis et de Selyse, et même
de Robert Baratheon, même si la blonde se souvenait mal de lui.

Mais est-ce que c'était une preuve pour autant ?

Elle en doutait.

Se blottissant contre la biche, elle tenta de reprendre le fil de l'histoire et son visage
s'assombrit en voyant que, après l'épisode centré sur Jefferson, puis celui sur Baelfire et
Rumplestiltskin, le suivant allait explorer le passé d'August Booth alias Pinocchio.

Donc l'histoire d'un personnage arraché à sa famille à cause d'une malédiction et oublié par
les siens…

En somme, ce que Yara prétendait être.

Exaspérée, elle ne put s'empêcher de serrer les poings de rage.

Cette histoire allait-elle donc cesser un jour de la poursuivre ?

§§§§
Elles terminèrent leur marathon alors qu'Henry s'écroulait au sol après avoir mangé le
chausson aux pommes empoisonné, ne pouvant pas aller plus loin.

Juste avant que la malédiction ne soit enfin brisée donc.

Cette question-là aussi la hantait et ce, depuis qu'elle connaissait la vérité.

Si tout était réel, s'il y avait bien une malédiction, alors… comment étaient-ils censés la briser
?

Yara avait employé le terme de Sort noir, ce ne pouvait pas être une coïncidence, et ce qu'elle
avait décrit possédait les mêmes effets que son double fictif, et de plus quand elle avait fait
référence à la série Once Upon a Timed'une manière ironique, pour la railler, à aucun moment
l'amie de Marina ne l'avait contredite à ce sujet.

Donc a priori, elle fonctionnait de la même manière.

Et en rétrospective, la solution avait été évidente dans la série de contes de fée, un baiser du
véritable amour.

Mais c'était justement ce qui posait problème.

Parce qu'aux dernières nouvelles, les pommes empoisonnées et le charme du sommeil éternel,
ça n'existait pas dans leur monde.

Alors elle se demandait bien comment ce souci allait être réglé dans ce cas, si toute cette
situation n'était pas qu'un délire imaginaire sorti de leurs esprits, mais bien la vérité.

Elle aurait aimé ne pas avoir à faire ça, ne pas devoir réfléchir à la résolution d'un problème
qui n'existait peut-être même pas à part dans la tête de quatre personnes qui croyaient aux
contes de fée, dont deux au regard brisé qui lui donnaient envie d'y croire.

Parce que leur douleur et leur malheur ne pouvaient pas venir de nulle part, elle en avait bien
conscience.

Cela voulait-il dire que tout ce qu'elle avait tenu pour acquis depuis des années n'avait rien de
réel ?

Elle espérait sincèrement que non.

§§§§

Une fois Vère partie, elles se retrouvèrent seules et Shireen la regarda avec un air pensif.

« Je trouve cette histoire tellement triste, dit-elle, continuant de parler de la série après en
avoir déjà longuement discuté avec Vère, qui avait hâte de voir la fin de la saison un, et
Myrcella se demanda de quoi elle parlait exactement.

Il y avait tellement de choses tristes dans les destins des différents personnages de la ville du
Maine.
- Quoi donc ? Demanda-t-elle, tentant de paraître intéressée alors que tout ce qu'elle voulait,
c'était aller se coucher, s'enfouir dans les bras de sa bien-aimée et si possible ne plus jamais
en sortir.

- L'histoire de Jefferson… Ce que la méchante reine lui a fait, le séparer de sa fille. Je sais
bien qu'il lui a fait du mal en lui faisant croire que la résurrection de Daniel avait échoué,
mais… je trouve malgré tout ça terriblement cruel.

Myrcella se figea aussitôt, l'estomac noué.

Évidemment.

De toutes les histoires emplies de drama auxquelles Shireen aurait pu s'attacher, celle de
Blanche-Neige, d'Emma, de Ruby, d'Archie, de Graham ou même celle de Regina, il avait
fallu qu'elle choisisse celle de Jefferson.

Celle qui entrait le plus en résonance avec l'histoire qu'elle était elle-même censée avoir
vécue.

- Je… je suis d'accord.

Ce qui n'était pas du tout faux, elle aussi s'était sentie triste pour le chapelier et compatissait à
son malheur.

Mais elle ne dit pas le reste.

Elle ne dit pas ce qu'elle pensait vraiment, qui lui brûlait la langue et qu'elle avait appris, sur
la malédiction et le fait que Shireen était soit-disant la fille d'un homme qu'elle croyait être
son oncle et qu'elle faisait partie de cette histoire triste sans le même savoir.

Sauf qu'ici, ce n'était pas Regina Mills la méchante reine.

C'était Cersei Lannister, sa propre mère.

Cette simple pensée lui donna la nausée, et elle réalisa que ce n'était pas seulement parce que
ça lui semblait absurde ou parce que sa vie partirait en lambeaux s'il s'avérait que c'était le cas
qu'elle ne voulait pas que cette histoire de malédiction soit réelle.

Mais bien parce qu'elle ne pouvait pas supporter l'idée que sa mère ait ruiné la vie de trop de
gens pour qu'elle puisse les compter.

(Était-ce aussi cela qu'Henry Mills avait ressenti quand il avait découvert la vérité à propos
de Storybrooke et de ce que sa mère avait fait ?

Est-ce qu'il était resté dans le déni lui aussi, tout comme elle, et si oui, combien de temps ?

Elle aurait aimé ne jamais avoir à se poser la question, ne jamais ressentir le besoin de se
mettre à sa place.)

Shireen lui sourit, l'air malgré tout un peu soucieuse et préoccupée.


- Myrcella, tu es sûre que tout va bien ? Tu avais l'air plutôt absente aujourd'hui.

- Oui, je… Je vais bien, mentit-elle sans parvenir à être très convaincante. Je… je t'aime
Myrcella, je tenais à ce que tu le saches, ne… ne l'oublie jamais. N'oublie jamais que je
t'aime.

C'était réel, au moins ça c'était réel, se répéta-t-elle, tel un mantra, c'était réel et personne ne
pourrait jamais leur enlever ça.

Shireen était son ancre au sein de cette mer déchaînée, elle était la seule chose qui
l'empêchait de se noyer, qui lui permettait de rester à la surface.

Et elle ne la perdrait pas, jamais, qu'importe ce que Yara avait pu dire.

Myrcella la regarda avec confusion, surprise par la ferveur avec laquelle elle avait prononcé
ces simples mots, avant de lui sourire avec amour.

- Moi aussi je t'aime Shireen. »

Oui, elles s'aimaient.

Ça devait être suffisant, ça devait forcément l'être.

Il fallait que ça le soit.

§§§§

Ils disaient qu'elle avait menti.

Yara eut envie d'éclater de rire en apprenant cela, tout en se demandant en même temps
comment elle avait pu croire une seule seconde que ça se passerait autrement.

Elle n'était pas vraiment étonnée, ce n'était pas franchement comme s'ils pouvaient faire
autrement, trouver une autre ligne de défense qui puisse réellement tenir la route, et puis ça
pouvait marcher.

Pas de témoins, une arme du crime introuvable, pas de traces, pas d'ADN, pas de témoin, pas
de preuves hormis son témoignage.

C'était sa parole contre la sienne.

Ça ne l'étonnait pas venant de lui, après tout, dans une autre version de l'histoire, il avait bien
assassiné son père en public et fait tuer sa belle-mère d'une telle manière qu'on saurait
forcément que c'était lui tout en faisant comme si ce n'était pas le cas.

La différence c'était que cette fois, il n'avait pas le pouvoir de faire ce qu'il voulait sans subir
la moindre conséquence.

Enfin, du moins si jamais elle parvenait à remporter son procès.


Mais en un sens, elle se moquait bien de gagner ou de perdre, parce que ce n'était pas ça qui
comptait le plus dans cette histoire.

Non, elle avait bien l'intention de remporter la seule victoire qui avait vraiment de
l'importance.

Et elle le ferait en brisant la malédiction.

Elle finirait bien un jour par gagner cette guerre, peu importe le temps que ça lui prendrait.

Quoi qu'il lui en coûterait.

§§§§

C'était absurde et stupide et ça, Myrcella en avait parfaitement conscience.

Mais elle…

Elle avait besoin de quelque chose, d'une preuve, d'une certitude qui lui permettrait de
remettre les pieds sur terre, de cesser de douter à chaque instant de sa propre réalité, pour
s'assurer que les mots de Yara, Lancel, Marina et Stannis, malgré leur conviction, malgré leur
accent de vérité, n'étaient rien de plus que des mensonges grotesques.

Alors aujourd'hui, elle allait le faire.

Elle allait quitter Kintzheim.

Franchir la frontière, s'éloigner du panneau indiquant la sortie de la ville, marcher pendant


plusieurs minutes jusqu'à ce que sa ville ne soit plus visible, pour prouver qu'elle pouvait
parfaitement en partir, qu'elle n'en était aucunement prisonnière.

Qu'aucun des milliers habitants de la ville de son enfance ne l'était, qu'ils n'étaient pas dans
une prison créée par une poignée de gens cruels dont sa propre mère faisait partie.

Il était très tôt ce matin-là, en ce jour de dimanche 12 mai 2019, elle n'avait pas cours, elle
avait dit à Shireen la veille qu'elle irait courir le lendemain matin (ce qui était la vérité) et tout
le monde dormait ou était au travail et elle était seule.

Il n'y avait personne autour d'elle, personne ne pouvait la voir.

Elle était tranquille, sereine, certaine d'avoir raison et de pouvoir leur prouver à tous qu'ils
avaient tort, tous autant qu'ils étaient.

Prudemment, elle posa un pied derrière le panneau de sortie, puis un deuxième et attendit.

Il ne se passa rien, et elle sourit.

Peut-être que ça se révélerait plus simple que prévu et qu'enfin toutes ses angoisses
s'évanouiraient pour de bon.
(Oh, si seulement elle avait su à quel point elle avait tort…)

A suivre…
La cité noire.
Chapter Notes

Titre du 06/06/2021 : La cité noire

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects des… livres d'Agatha Christie : Général : Écrire un UA!Policier ou une
fic avec un mystère

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

11 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons,
50 nuances)

Myrcella continua de marcher, regardant constamment derrière elle pour s'assurer que
personne ne la suivait, ce qui était absurde bien sûr, il n'était après tout nullement interdit de
quitter la ville de Kintzheim, mais les paroles de Yara l'avaient rendue complètement
paranoïaque.

Elle portait toujours sa tenue de sport, ayant couru comme elle avait dit qu'elle le ferait à
Shireen, et ça lui avait permis de se poser, de se calmer et d'évacuer au moins un peu toute la
frustration qu'elle ressentait depuis que son monde avait été mis sens dessus dessous.

Une fois rassurée sur le fait qu'elle était seule, elle continua de marcher, bien décidée à aller
le plus loin possible, jusqu'à ce qu'elle commence à réellement fatiguer et qu'elle puisse
prouver à tous ceux qui avaient osé affirmer le contraire que non, il n'était pas impossible de
sortir de la ville.
Seulement…

Elle se rendit bien rapidement compte que quelque chose n'allait pas.

Après avoir marché pendant seulement quelques mètres, ne se trouvant pas loin de la ville,
elle grimaça de douleur.

Elle avait…

Elle avait une crampe.

C'était… complètement absurde, elle courait depuis des années, elle s'était échauffée le matin
même, elle avait couru avant de franchir la frontière et le pire dans tout ça c'était que…

Elle n'était même pas en train de courir !

Elle n'était pas censée avoir mal là tout de suite, c'était complètement incompréhensible.

Et alors qu'elle allait très bien jusque-là, d'un seul coup, sans prévenir, cette douleur
survenait, vive et brutale, impossible à faire disparaître.

Grinçant des dents, elle continua de marcher, motivée à ignorer la souffrance et à aller
jusqu'au bout.

Elle s'en trouva complètement incapable.

Peu après, elle trébucha, étouffant avec difficulté un cri de douleur et de surprise, avant de
manquer de tomber une nouvelle fois quelques secondes plus tard après un nouvel essai.

Elle se figea interdite, avant de devoir se rendre à l'évidence, complètement dépitée.

Elle ne pourrait malheureusement pas aller plus loin.

Marchant péniblement vers le panneau souhaitant la bienvenue à Kintzheim aux nouveaux


arrivants, elle ressentit une certaine panique en sentant toute douleur disparaître de ses
membres une fois de retour dans la ville qu'elle s'était acharnée à tenter de quitter quelques
minutes plus tôt.

Clignant des yeux, médusée et devenant pâle comme un ligne, elle lâcha dans un souffle un :

« Putain, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? »

§§§§

Elle ne pouvait pas partir.

Elle était tout bonnement incapable de quitter la ville, et en réalisant cela, Myrcella Lannister
commença lentement mais sûrement à paniquer.

Ce… ce n'était pas… elle…


Elle ne comprenait pas.

Elle pouvait le faire, techniquement, elle avait franchi la frontière, de nombreuses fois, elle
avait recommencé juste pour être sûre, incapable de croire qu'il puisse s'agir d'autre chose que
d'une simple coïncidence.

Pourtant…

Ça s'était reproduit.

Encore, et encore et encore, deux fois, trois fois, cinq fois, huit fois, dix fois, vingt
fois, cinquante fois, jusqu'à ce qu'elle finisse par abandonner, s'avouant vaincue.

Parce qu'à chaque fois qu'elle tentait de s'en aller, quelque chose la retenait, la douleur dans
ses jambes revenait et elle avait le pressentiment que tenter d'effectuer la même chose avec
une voiture ne changerait absolument rien et reviendrait au même.

Comme si un fil invisible attaché à son corps la retenait à Kintzheim, quoi qu'elle puisse faire
pour s'en défaire ou s'en délivrer.

Elle sentit un sanglot de rage commencer à monter dans sa gorge, et elle le retint de toutes ses
forces, parce que…

Parce que si elle pleurait, si elle admettait que c'était réel, alors ça signifiait qu'ils avaient
raison.

Et ça, elle ne pouvait toujours pas se résoudre à l'accepter.

Aussi, elle ferma les yeux, se releva après être tombée une fois de plus et fit demi-tour vers la
ville, grinçant des dents alors que la douleur disparaissait à nouveau, comme si Kintzheim la
récompensait d'être restée, d'avoir obéi à des règles absurdes qu'elle n'était même pas censée
connaître, qui n'auraient tout simplement jamais dû exister.

Elle regarda l'endroit que Stannis et les autres considéraient comme une prison et décida
d'enfouir tout ce qu'elle venait de vivre quelque part dans un coin de sa tête et de ne
plus jamais y repenser.

(Oh comme elle aurait aimé que ça puisse être aussi simple.)

§§§§

Yara avait vu Marina être dans de nombreux états depuis qu'elle l'avait rencontrée.

Mais jusque-là, elle l'avait rarement vue être totalement en panique.

C'était déjà arrivé, bien sûr, mais jamais à ce point-là.

En la voyant, elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils, inquiète.


« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle à son amie, soucieuse, qui tenait toujours son
téléphone dans sa main.

Elle s'attendait à ce que la dunkerquoise lui parle d'un événement en rapport avec la
malédiction, de quelque chose de grave, d'imprévu, peut-être en rapport avec son futur procès
ou autre chose dont elles n'étaient pas encore au courant.

Comme toujours, elle ne put s'empêcher, pessimiste, d'envisager le pire.

Elle aurait pu parier sur tout ce à quoi elle venait de penser et à bien d'autres choses et tout de
même avoir tort.

- Je… je… bredouilla-t-elle, semblant toujours aussi perdue et surtout paniquée. C'est Lancel.

- Quoi Lancel ?

- Il… il vient de m'appeler pour me dire que ses parents, ses frères et sa sœur, souhaitaient me
rencontrer. Vu que je suis sa petite-amie, ils aimeraient tous apprendre à un peu mieux me
connaître. »

Oh.

Yara n'y avait jamais réellement pensé avant, n'étant pas dans la situation de Marina, et ayant
de toute façon déjà rencontré les deux parents de Sansa ainsi que son adelphie, même si de
manière plus brève pour certains que pour d'autres.

Mais surtout, tout comme elle n'avait jamais vraiment fait attention à Lancel du temps où elle
vivait à Westeros, ça avait aussi été le cas pour Kevan, Dorna, Willem, Martyn et Janei
Lannister.

Elle connaissait leur existence, théoriquement bien sûr, mais il y avait tellement de gens dans
les Sept Couronnes et à la capitale.

(Note de l'autrice : oh et est-ce que ça signifie que moi aussi j'avais complètement oublié ces
personnages et leur existence et que c'est pour ça que j'ai passé presque soixante-trois
chapitres sans mentionner une seule fois leurs noms de ce que je me souviens ?

Hum.

Oui.

Et aussi, est-ce que j'ai eu besoin d'aller fouiller le wikia pour trouver à peu près l'âge des
frères et de la sœur de Lancel pour pas dire n'importe quoi et en rajoutant sept ans de plus ?

Aussi.

Fuit.)

Cela dit, cela n'expliquait toujours pas la lueur de panique qui brillait actuellement dans les
yeux de la jeune femme.
« Et… enfin, c'est plutôt une bonne chose, non ? L'interrogea Yara, étonnée.

- Oui, oui, bien sûr, lui répondit Marina sans l'enthousiasme auquel elle s'attendait.

- Alors dans ce cas-là, est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi tu réagis comme si le ciel
venait de te tomber sur la tête ?

Marina soupira et grimaça.

- Je… ne te méprends pas, je suis ravie de pouvoir enfin les rencontrer, pour de vrai, après
avoir passé des années à les apprécier en tant que personnages, mais… je flippe.

- Pourquoi ?

- Parce que ce sont les membres de la famille de Lancel et des personnages que j'adore,
couina-t-elle, clairement terrorisée, et qu'est-ce qu'il se passera si je fais une connerie ou je
sais pas quoi ?

Yara ne put s'empêcher de sourire avec amusement et attendrissement.

Elle comprit soudainement.

À force de côtoyer Marina et de vivre avec elle, elle avait fini par oublier cette part d'elle-
même pourtant si importante, son côté fangirl et son amour infini pour les personnages de
fiction dont elle faisait partie ainsi que Lancel et sa famille.

Évidemment qu'elle avait peur.

- Tu as réussi à conquérir Lancel, je suis sûre que tu en feras de même avec sa famille. Ils
veulent que ça se passe comment au juste ?

- Ils m'invitent à dîner, ça devrait avoir lieu la semaine prochaine, enfin je ne leur ai pas
encore donné de date précise mais…

- Mais tu veux y aller.

- Oh que oui ! Même si je suis à la fois terrifiée et émerveillée, ce qui donne un mélange
franchement très bizarre et pas très agréable… Ça va faire tellement étrange de les voir, pour
de vrai, les parents de Lancel mais aussi son adelphie. Janei doit être une petite fille d'environ
huit ans désormais et Willem et Martyn, ils ont… ils ont sans doute la vingtaine maintenant,
et ils sont devenus adultes. Ils sont vivants, lâcha-t-elle d'une voix joyeuse aux accents
d'incrédulité.

Yara n'eut même pas besoin de poser la question cette fois pour savoir de qui au juste elle
parlait.

Les deux petits frères de Lancel, morts dans une autre version de l'histoire qu'elle ne
connaissait désormais que trop bien, mais qui avaient eu la chance de survivre à la guerre
contre les marcheurs blancs dans leur réalité, qui avaient pu devenir adultes, contrairement à
bien d'autres.
Et comme toujours, la fer-née trouvait particulièrement adorable l'enthousiasme dont faisait
preuve Marina vis-à-vis de ces personnages de papier qu'elle aimait tant et qui avaient pris
vie dans son monde, faisant de son rêve une réalité.

- Oui, sourit Yara, ravie pour elle, ils sont vivants. »

Et ils le resteront, continua-t-elle dans sa tête.

Alors que Marina se détendait enfin et continuait d'évoquer les détails de cette future
rencontre, Yara se mit à sourire de toutes ses dents.

C'était dans ce genre de moments qu'elle était heureuse et plus que ravie de l'avoir rencontrée
et d'être devenue son amie.

§§§§

Prendre une bonne douche et manger ne servit aucunement à faire disparaître la confusion, la
paniquer et la terreur qui avaient peu à peu commencé à envahir Myrcella depuis la petite
expérience qu'elle avait menée en dehors de la ville.

Enfin, en dehors…

Elle n'avait pas pu aller bien loin, pas même un kilomètre, alors on ne pouvait pas dire qu'elle
avait réellement quitté Kintzheim.

Aussi, elle n'avait pu que reconnaître, amère, la triste vérité.

Il était impossible de partir de la ville de Kintzheim sans ressentir une très vive douleur.

Du moins c'était son cas à elle, elle ignorait si c'était la même chose pour tous les autres qui
vivaient dans cette ville, si les mêmes circonstances absurdes se produisaient pour ceux qui
essayaient, ou s'il s'agissait d'autre chose.

Même si faire cette comparaison lui faisait mal, parce que cela prouvait qu'elle accordait du
crédit aux inepties de Yara Greyjoy, elle ne put s'empêcher de se rappeler de ce que disait
Henry Mills dans Once Upon a Time.

Que ceux qui tentaient de quitter Storybrooke en étaient empêchés et que de mauvaises
choses leur arrivaient, l'exemple de Kathryn lui venant aussitôt en tête.

Est-ce que c'était également ce qui se passait à Kintzheim ?

Elle aurait aimé pouvoir dire que c'était impossible, mais…

Mais elle en avait fait l'expérience, elle avait tenté de partir et elle avait échoué.

Fouillant dans les tréfonds de sa mémoire, elle se rappela d'une chose qui la fit frémir
d'horreur.

Jamais de toute son existence elle n'avait quitté la ville de Kintzheim.


Elle eut beau essayer de se souvenir d'un événement, un seul, rien ne lui vint.

Pas le moindre déménagement, pas le moindre voyage, en famille ou dans le cadre d'un
voyage scolaire, elle avait fait ses études dans cette ville tout du long, de la maternelle à
l'université dans laquelle elle se trouvait toujours en tant qu'étudiante et…

Jamais elle n'avait envisagé non plus de travailler dans une autre ville.

Elle ne savait pas encore ce qu'elle ferait de son avenir d'un point de vue professionnel, mais
il lui avait toujours semblé évident que son futur se situait à Kintzheim et nul part ailleurs.

Cette certitude qui était autrefois si rassurante se révélait d'un coup désagréablement
glaçante.

Le simple fait d'y penser lui donnait l'impression de suffoquer, d'être sur le point d'étouffer, et
elle avait beau tenter de toutes ses forces de chasser cette nuée de pensées de son esprit,
celles-ci revenaient encore et encore, pour la narguer.

Parce que, si elle n'avait pas réussi à prouver à Yara qu'elle avait tort ou qu'elle mentait, alors
il ne lui restait plus qu'une possibilité à envisager, une qu'elle était incapable d'accepter.

Celle que cette histoire de malédiction ne soit en fin de compte rien d'autre que la réalité.

A suivre…
J'ai oublié mon enfance.
Chapter Notes

Titre du 22/02/2022 : J'ai oublié mon enfance

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… SnK 3 : Hange : Écrire sur un personnage non binaire ou écrire sur
quelqu'un qui mène une expérience

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles


ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Myrcella appréciait toujours de revoir son frère Tommen.

Contrairement à son grand frère Joffrey, celui-ci était gentil avec elle, il n'y avait pas dans ses
yeux cette lueur sombre qui la mettait si mal à l'aise avec l'autre blond, et elle aimait discuter
avec lui.

Elle aurait juste préféré que cela se déroule dans d'autres circonstances.

En effet, après avoir réalisé qu'elle n'avait jamais quitté la ville de sa naissance de toute sa vie
et surtout, qu'elle en était littéralement physiquement incapable, elle avait décidé, une fois sa
panique maîtrisée (enfin, plus ou moins, autant qu'elle pouvait l'être, celle-ci restant tapie en
elle, prête à ressortir à la moindre occasion), d'examiner tout cela d'un point de vue rationnel.

Peut-être que c'était quelque chose qui ne la touchait qu'elle.

Peut-être que ce n'était que provisoire, qu'un mystère de plus qu'elle devait résoudre au milieu
de tous ceux qui lui étaient tombés dessus depuis qu'elle avait demandé à connaître une vérité
qu'elle ne parvenait toujours pas à accepter.

Peut-être que si elle restait dans le déni un peu plus longtemps, les choses finiraient par
s'arranger d'elles-mêmes.

Ainsi, juste histoire de prouver qu'elle avait raison et qu'ils avaient tous tort, elle avait décidé
de mener une petite expérience.

Vérifier auprès des gens de la ville qu'elle connaissait si oui ou non ils étaient partis de
Kintzheim par le passé.

Parmi toutes ses connaissances, il devait bien y avoir au moins une personne qui avait quitté
la ville, même brièvement.

Pas vrai ?

Et autant commencer avec quelqu'un avec qui elle discutait régulièrement, à savoir son petit
frère, ainsi que Margaery Tyrell, sa petite-amie.

Alors qu'en cette fin de dimanche après-midi, ils se trouvaient tous les trois en train de
discuter, Myrcella prit soudainement une profonde inspiration ainsi que son courage à deux
mains, et posa une question.

« Alors dites-moi, vous avez des projets pour les vacances d'été ?

- Dormir, répondirent en chœur les deux étudiants, et Myrcella éclata de rire, même si le cœur
n'y était pas.

- Vous allez partir en voyage histoire de décompresser un peu ?

Tommen haussa les épaules.

- Je ne sais pas encore, on fera peut-être des balades ou du camping, ce genre de chose, mais
je pense qu'on ne va pas beaucoup bouger. »

Myrcella sentit un frisson l'envahir.

Ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'attendait, et d'une certaine manière c'était celle
qu'elle craignait plus que tout.

Parce que, en quelque sorte, si les habitants eux-mêmes n'avaient pas envie de partir, alors en
toute logique, ils n'étaient pas prisonniers.

Mais…

Mais s'ils ne voulaient pas partir ou du moins s'ils avaient l'impression de ne pas vouloir s'en
aller, et que c'était réellement à cause de la malédiction, alors ils étaient bel et bien des
prisonniers, et ils n'en avaient même pas conscience parce qu'ils avaient oublié.

Ça rendait les choses encore pires.


La conversation continua et à aucun moment Tommen ou Margaery n'évoqua l'idée de
voyager ailleurs, ne serait-ce que dans une autre ville d'Alsace et Myrcella sentit son malaise
s'aggraver de plus en plus.

Est-ce qu'elle avait été comme ça elle aussi, avant que Yara ne la mette face à ce qu'elle
pensait être la vérité, avant qu'elle ne lui révèle qu'il était impossible de quitter Kintzheim ?

Est-ce que pour elle aussi, sortir de Kintzheim n'avait jamais été une option, avait toujours été
inenvisageable sans même qu'elle n'en ait une seule seconde consciente, est-ce qu'elle était
restée endormie pendant si longtemps sans même s'en rendre compte ?

Si oui, oh comme ça se révélait être terrifiant.

« Et sortir de Kintzheim ? Leur proposa-t-elle avec une nonchalance feinte, aller dans une
autre ville, une autre région, ou dans un autre pays, ça ne vous tenterait pas ?

En voyant les regards de son frère et de Margaery se poser sur elle et devenir subitement
confus, comme s'ils n'y avaient pas pensé une seule seconde, la blonde sentit une main glacée
s'enrouler autour de son cœur et eut presque l'impression d'entendre un ricanement moqueur.

Celui de Yara Greyjoy, comme si elle lui lançait un « je te l'avais bien dit, non ? » satisfait et
elle se pétrifia.

Depuis qu'elle avait commencé à fouiller, plus elle en apprenait, plus ses certitudes volaient
en éclats les unes après les autres.

- Pourquoi pas quand on aura fini nos études, lui répondit Margaery, mais pour l'instant ce
n'est pas encore prévu.

À côté d'elle, Tommen approuva, et ni l'un ni l'autre ne sembla réaliser à quel point leur
réponse la perturbait.

Ce n'était pas un non, pas une impossibilité, mais elle avait le pressentiment que malgré tout,
jamais les deux amoureux ne le feraient, ce voyage hypothétique et imaginaire ne se
produirait pas.

Et ce, même s'ils essayaient réellement de le mettre en place.

Cette simple idée l'épouvanta.

Ils étaient apparemment bloqués, piégés, et ce constat lui donna envie de hurler.

Est-ce que c'était vrai ?

Est-ce que c'était réel ?

Si oui, est-ce que…

Est-ce qu'il y avait vraiment une malédiction ?


- Je me posais une question, commença-t-elle, hésitante, est-ce que… est-ce que vous vous
souvenez d'un jour que vous avez passé hors de Kintzheim par le passé ? »

La réponse de Tommen et Margaery fut sans appel.

Négative.

Et Myrcella ne put s'empêcher de se demander comment elle avait pu croire une seule
seconde qu'il pourrait en être autrement.

§§§§

Les questions et les réponses s'accumulèrent, les unes après les autres, toujours
invariablement les mêmes, au point que Myrcella aurait presque pu finir par les prédire à
force de l'entendre en boucle sans que rien ne change.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Non.

Encore et toujours non.

Non, jamais ils n'avaient quitté la ville de Kintzheim de toute leur vie et non, ils n'avaient pas
l'intention de le faire, ou alors plus tard, pas tout de suite, dans un futur plus ou moins proche
et surtout indéfini.

Et Myrcella avait le sentiment d'être un volcan à deux doigts d'exploser.

Elle voulait leur crier dessus, leur demander pourquoi, pourquoi ils ne se rendaient compte de
rien, pourquoi ça ne leur semblait pas bizarre, elle voulait leur jeter à la figure toute sa rage
alors que ce n'était même pas de leur faute.

Et ce n'était pas normal.

Elle allait finir par croire que rien ne l'était dans cette foutue ville.

Et que tout le monde y était complètement aveugle, à part…


Hé bien à part Yara Greyjoy, Stannis Baratheon, Marina Leszczynska et Lancel Lannister,
dut-elle reconnaître, bien à contre-cœur.

Personne d'autre ne voyait quoi que ce soit, hormis eux et…

Elle-même.

Et le réveil avait été plutôt brutal à vrai dire, violent et douloureux.

Mais peut-être était-ce pour le mieux finalement.

Comme enlever d'un coup sec un pansement, quelque chose qui faisait mal sur le moment
mais qui s'avérait nécessaire.

Elle ne savait pas encore au juste ce qui était vrai ou ce qui ne l'était pas, ce qui était réel et ce
qui était mensonger.

En revanche, elle était sûr et certaine d'une chose.

Il fallait absolument qu'elle trouve un moyen pour parler à nouveau avec Yara Greyjoy.

§§§§§

Au cours de la semaine suivante, Myrcella ne put s'empêcher de se figer de surprise en


voyant la voiture de sa mère garée juste en face de la sortie de l'université, Cersei l'attendant
alors qu'elle sortait de ses cours de la journée.

Dans d'autres circonstances, la jeune femme aurait simplement été heureuse de la voir et de
savoir qu'elle n'aurait pas à marcher jusqu'à son appartement (qui certes, ne se trouvait pas
très loin de la fac), et elle serait juste montée dans la voiture sans se poser de questions.

Seulement voilà.

Depuis, une myriade de doutes s'étaient implantés dans son esprit et commençaient à grandir,
sans qu'elle ne puisse les arrêter et encore moins les faire disparaître, et sa mère était devenue
la personne dont elle doutait le plus à Kintzheim.

Sa mère, qui n'était pas venue la chercher à l'école depuis au moins le collège, voire le lycée
en poussant un peu et qui avait décidé de le faire comme ça, sur un coup de tête, sans la
prévenir, alors que la connaissant, elle aurait dû être en train de travailler à ce moment-là.

Sa mère, accusée d'être celle responsable de leur malheur collectif et que Myrcella arrivait de
moins en moins à regarder droit dans les yeux, tant elle craignait que cette dernière ne
comprenne qu'elle la soupçonnait en le lisant dans son regard.

Sa mère, dont on disait qu'elle avait des yeux presque partout en ville, et qui avait décidé de
venir la chercher comme par hasard au moment même où elle commençait à se poser des
questions.

Sa mère, dont l'air amical ne la trompa pas.


Pourtant, elle fit comme si tout allait bien, et lui sourit, alors même qu'elle voulait la secouer
en exigeant d'elle la vérité.

Des jours qu'elle n'arrivait plus à fermer l'œil à cause des informations qu'elle avait récoltées,
et savoir que c'était peut-être la faute de la mairesse la rendait terriblement amère.

Et il lui semblait de plus en plus évident que rester dans le déni ne l'aiderait pas.

« Salut, dit-elle à sa mère, feignant un enthousiasme qu'elle ne ressentait aucunement, qu'est-


ce que tu fais là ?

- Je me disais que ça faisait longtemps qu'on avait pas passé de temps ensemble juste toutes
les deux. Comment ça s'est passé les cours ?

- Très bien, lui répondit sa fille, tentant de paraître la moins crispée possible.

Ça n'avait rien de facile ou d'évident, mais il fallait absolument que sa mère ne se doute de
rien.

Elle faillit éclater d'un rire douloureux et triste alors que cette pensée la traversait de part en
part.

Comment avait-elle pu arriver au point où elle en venait à avoir peur de sa propre mère ?

Pourtant c'était bien le cas, et même si elle parvenait à prouver que cette malédiction n'était
pas réelle, elle ne pourrait jamais revenir en arrière, et sa relation avec sa mère avait été
gâchée pour toujours, empoisonnée par des doutes, des soupçons et des non-dits dont elle ne
savait pas s'ils étaient réels ou non.

- Alors tant mieux, fit Cersei en l'invitant à monter dans sa voiture. »

Durant l'espace d'une seconde, Myrcella se surprit à se demander comment la blonde réagirait
si jamais elle lui demandait si elles pouvaient faire une balade en dehors de Kintzheim, si sa
réponse serait non ou si pour donner le change, elle essayerait et que la tentative tournerait à
l'échec pour une raison ou une autre.

À la place elle ne dit rien.

L'objectif, c'était de ne pas faire de vagues après tout.

Si elle avait eu d'abord peur qu'un silence gênant ne s'installe dans la voiture, Myrcella fut
rapidement détrompée quand sa mère commença à lui poser des questions sur sa semaine et à
lui raconter ce qu'elle-même avait fait.

Elle ne pouvait s'empêcher d'être ébahie par tant de calme venant d'une femme qui était
supposée avoir maudit une ville entière (non deux continents si elle se souvenait bien de ce
qu'on lui avait dit) et agissait comme si ce n'était jamais arrivé.

Soit c'était le cas, soit Cersei Lannister était une des meilleures actrices qu'elle avait jamais
rencontrées de toute sa vie.
« Tu continues de courir, pas vrai ? D'après ce que j'ai entendu, tu étais hors de la ville il n'y a
pas longtemps, non ?

Myrcella fit tout pour ne pas avoir la moindre réaction, mais elle sut à cet instant précis
pourquoi sa mère avait voulu la voir et lui parler.

Tout simplement pour lui poser des questions, pour arriver à ce moment.

Elle aurait dû le voir venir, et réaliser que sa mère était en train de confirmer ses doutes était
abominablement douloureux.

- Oui, confirma-t-elle, n'ayant rien à cacher, effectivement, pourquoi ?

- Apparemment, tu marchais sur la route, je sais que tu es toujours prudente mais il faut que
tu fasses attention, une voiture pourrait surgir d'un seul coup sans que tu ne t'y attendes. »

Ça ce serait vrai si les gens pouvaient entrer ou sortir de la ville, songea sa fille avec une
certaine virulence à laquelle elle ne s'attendait pas elle-même.

Elle aurait sans doute dû se sentir soulagée, sa mère ne s'inquiétait que de sa sécurité, en
apparence du moins.

Mais sa mère l'avait faite espionner, ou elle avait été vue par quelqu'un, malgré tous ses
efforts et cette personne lui avait dit qu'elle s'était retrouvée hors de la ville, alors que c'était
une chose qui ne se produisait absolument jamais.

Et alors, la remarque de sa mère lui revint en tête.

Une voiture pourrait surgir.

Sur le moment elle n'y avait pas réfléchi, mais…

Mais durant son expérience et sa tentative de sortie, elle n'avait pas vu la moindre voiture, pas
le moindre véhicule entrer et encore moins sortir de la ville.

Rien à part le silence, et les autres bruits de la ville.

Il n'y avait eu personne et qu'il soit tôt n'y changeait rien.

Une preuve de plus à ajouter à un dossier déjà bien trop chargé…

« Je suis passée par là pour changer de mon parcours habituel, prétendit-elle, mais c'était
assez décevant, je ne passerai pas par là la prochaine fois, ne t'en fais pas. »

Le regard perçant de Cersei la traversa brièvement et elle pria pour qu'elle croit à ce
mensonge.

Elle n'ajouta rien et sentit la peur lui nouer le ventre.


Si même sa propre mère commençait à se méfier d'elle, à la soupçonner, à lui poser des
questions, comment était-elle censée réagir ?

Comment était-elle supposée croire une seule seconde qu'elle pouvait être innocente ?

§§§§

En entendant quelqu'un sonner à la porte, Yara fronça les sourcils.

Vu l'heure, ce n'était probablement pas Stannis, et Lancel se trouvait actuellement avec


Marina, et les habitants de la maison n'auraient pas sonné, alors qui…

Se levant, elle ne tarda pas à découvrir de qui il s'agissait en ouvrant la porte.

Myrcella Lannister.

Son regard dépité fut la seule chose qui l'empêcha de lui envoyer un sourire triomphant, se
doutant bien de la raison de sa visite.

« Je… commença la lionne, se demandant sans doute si elle avait réellement bien fait de
venir. Je pense qu'il faudrait qu'on parle. De toute urgence.

Un léger sourire satisfait apparut malgré elle sur le visage de son interlocutrice.

- Je pense que oui, en effet. »

A suivre…
Le vent se lève sur les flots.
Chapter Notes

Titre du 11/12/2021 : Le vent se lève sur les flots

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… Mes vrais enfants : Deux vies : Écrire sur quelqu'un qui doit faire
un choix ou répondre à un défi Et si du discord

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

10 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles


ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Le lendemain du jour où je publierai ce chapitre je passerai la première des épreuves


écrites pour le concours de bibliothécaire. Help.

« Je m'attendais à te voir plus tôt, reconnut aisément Yara en la faisant entrer dans la maison
des Stark, tu as tenu bien plus longtemps que je ne m'y attendais, je l'avoue.

- Je n'ai jamais admis que je croyais un seul mot de ce que tu as pu me dire l'autre jour, siffla
Myrcella, acide.

Mais il y avait aussi de l'amertume dans sa voix, comme si elle avait conscience d'avoir déjà
perdu, comme si elle rendait les armes, et ça, Yara l'avait bien compris.

- Certes, admit-elle, mais tu es là, ce qui signifie qu'au moins, tu doutes et c'est tout ce qui
m'importe pour l'instant.

La fer-née se tourna vers elle et Myrcella lut dans ses yeux comme un nouvel espoir qui peu à
peu, commençait à se réveiller, à reprendre vie, tel un feu prêt à s'embraser d'un instant à
l'autre.

Et la blonde ne savait toujours pas si elle était réellement prête à souffler sur les braises.

- Je…

C'était le moment, l'instant crucial, celui qu'elle redoutait depuis qu'elle avait décidé de suivre
son instinct et non sa raison, depuis qu'elle avait quitté son appartement malgré ses peurs,
malgré ses doutes, malgré le nœud qui commençait à se former au creux de son ventre depuis
la seconde où elle avait su qu'aller voir Yara Greyjoy était la seule solution si elle voulait
pouvoir continuer à avancer, à aller de l'avant.

Elle pouvait encore reculer, s'en aller, faire demi-tour, prendre la fuite, rentrer chez elle et
faire comme si de rien n'était, comme si rien n'était arrivé, rester bien tranquillement et
confortablement installée dans le déni.

Oublier ce qu'elle avait vécu, la douleur dans son corps en tentant de quitter la ville, la peur et
la méfiance dans les yeux d'une mère qu'elle ne reconnaissait déjà plus depuis bien trop
longtemps.

Faire semblant, se mentir à elle-même, comme avant quand elle savait que quelque chose
clochait mais qu'elle ignorait quoi exactement et qu'elle faisait tout pour ignorer le problème.

Mais…

Mais elle avait désormais la preuve solennelle qu'elle et les autres habitants de Kintzheim
étaient réellement prisonniers dans cette ville où ils se croyaient pourtant si heureux.

Mais Cersei Lannister cachait véritablement quelque chose, un secret sombre et terrifiant et
même si ce n'était pas ça, alors c'était autre chose et elle ne pouvait plus fermer les yeux sur
les crimes potentiels de sa mère.

Mais si elle voulait que les choses changent, elle devait absolument se battre pour ça, et ça
impliquait le fait d'accepter de souffrir.

- Oui ? Lui demanda Yara, la laissant prendre son temps.

Il y avait de la compassion dans son regard, et aucun air de triomphe, et ce fut probablement
cela, à défaut de toute autre chose, qui la convainquit que, à défaut de dire la vérité, elle était
sincèrement convaincue par ce qu'elle lui disait.

Parce que la douleur qu'elle voyait se refléter dans les yeux de Myrcella ne lui procurait
aucune joie, sa victoire ne la rendait pas heureuse.

Pour la simple et bonne raison qu'avoir raison signifiait qu'elle avait perdu absolument tout ce
à quoi elle tenait, qu'elle était presque toute seule dans une ville qui ne souvenait pas d'elle, et
cela concordait avec toute la douleur qu'elle ressentait depuis…

Depuis tellement longtemps.


Oh, si elle avait raison, si tout était vrai, alors elle avait dû se sentir tellement seule et la
blonde sentit son cœur se briser.

- Je… j'ai échoué, expliqua-t-elle. J'ai tenté de quitter la ville, et je n'ai pas réussi. J'avais
beaucoup trop mal et plus j'avançais, plus je tentais de m'éloigner, plus la douleur augmentait,
et je suis tombée à plusieurs reprises. Ça ne s'est arrêté que quand je suis retournée sur mes
pas et que j'ai franchi la frontière de Kintzheim dans le sens inverse.

La jeune femme n'eut pas vraiment l'air d'être surprise, et elle hocha simplement la tête.

- Je vois. Et qu'est-ce que tu en as conclu ?

La lionne regretta de ne pas avoir de réplique cinglante à lui envoyer, de ne rien pouvoir dire
que ce qui était une évidence qu'elle ne pouvait plus nier.

À la place, elle devait se contenter de la triste et morne vérité qu'elle ne pouvait plus mettre
de côté à moins d'être de mauvaise foi ou de mentir ouvertement.

- J'en ai conclu que tu avais probablement raison. Peut-être pas sur tout, ajouta-t-elle,
prudente, mais… au moins à ce sujet. Et j'ai… posé la question à d'autres habitants de
Kintzheim. Ils m'ont tout répondu la même chose. Ils n'ont jamais quitté la ville, et ils n'ont
pas l'intention de le faire ou du moins pas dans l'immédiat. Et j'ai le sentiment qu'ils
n'essaieront jamais, ils… ils ne le veulent tout simplement pas. Et s'ils tentaient de partir, ce
serait un échec. J'en suis certaine.

- Autre chose ?

Myrcella prit une profonde inspiration et réalisa à ce moment précis que ses mains
tremblaient.

Elle devrait définitivement choisir cette fois.

Croire ou ne pas croire.

Penser que Yara et les autres étaient complètement fous, continuer à nier ce qui était tout
juste sous son nez, et accepter le fait que plus rien n'était normal dans sa vie et ne le serait
plus jamais.

Le choix était en fin de compte simple, limpide.

Elle devait choisir entre être Emma Swan ou bien Henry Mills.

Ça ne voulait aucunement dire que faire ce choix était facile, loin de là.

Bien au contraire.

Mais elle avait fini de se voiler la face, terminés les mensonges, les faux-semblants, il était
temps d'ôter les masques des menteurs et des tricheurs.

Ici et maintenant, c'était à son tour à elle aussi d'être courageuse.


- Ma mère est au courant. Elle sait que j'ai voulu sortir, je ne sais pas ce qu'elle sait, ce dont
elle se doute, mais elle… Dans n'importe quelle autre ville, elle n'aurait sans doute même pas
été au courant et si elle l'avait été ça n'aurait rien changé, parce que… J'ai… J'ai juste voulu
faire quelques pas en dehors de Kintzheim !

Ce ne fut qu'en prononçant cette phrase à voix haute que Myrcella se rendit pleinement
compte de l'absurdité de la situation.

Yara lui sourit avec une profonde tristesse.

- Je sais.

- Elle… Elle a peur. Elle ne devrait pas. Si elle était vraiment innocente, comme je le croyais,
comme je l'espérais, elle… Elle ne m'en aurait pas parlé. Pas comme ça. Pas avec cette lueur
dans les yeux, elle ne serait pas venue me chercher à la fac juste pour m'en parler alors
qu'elle aurait pu m'appeler ou m'envoyer un SMS ou attendre qu'on se voit, elle… La voix de
l'étudiante se brisa. Dans une ville tout à fait normale, une chose comme ça n'arriverait pas,
jamais. Pas au sujet d'un truc aussi banal, aussi anodin.Mais Kintzheim… Kintzheim n'est
pas une ville normale, pas vrai ? Elle ne l'a jamais été. Elle n'a pas été créée pour l'être.

Yara ne lui répondit pas, préférant la laisser continuer sur sa lancée, pour enfin accepter cette
vérité qui faisait si mal.

- Ce qui signifie donc que… que ma mère…

La révélation la frappa d'un seul coup, l'empêchant de respirer.

C'était vrai.

C'était forcément la vérité, elle ne voyait pas d'autre explication, qu'est-ce qui aurait bien pu
les empêcher de sortir de leur ville à part ça ?

La blonde eut bien du mal à maîtriser le sanglot qui menaçait d'éclater dans sa gorge, et ne
parvint pas à s'empêcher de fondre en larmes.

- Ma mère a fait ça, reconnut-elle enfin, elle nous a maudits. Nous tous, toute la ville, elle a
effacé nos souvenirs. Ma mère… ma mère est un monstre.

C'était la première fois qu'elle prononçait ces mots à voix haute, qu'elle acceptait de leur
reconnaître une légitimité, qu'elle en faisait une réalité.

Le temps du déni venait tout juste de s'achever.

Et Myrcella Lannister eut le sentiment que son cœur venait d'être broyé.

À sa grande surprise, alors qu'elle s'attendait à ce que la seiche célèbre sa victoire, l'arrivée
d'une nouvelle alliée dans leur camp, au moins avec un discret et léger sourire, à la place, elle
la serra dans ses bras.
- Je suis… tellement désolée. Tu ne méritais pas ça. Et… et ça a dû te demander une telle
force de l'admettre, de reconnaître la vérité alors que tu aurais pu continuer ta vie sans te
soucier de rien et pourtant tu as ouvert les yeux. Pour ça il faut beaucoup de courage, alors…
Merci Myrcella. Merci infiniment. »

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Myrcella s'autorisa à sourire sans
que ce sourire ne soit triste.

§§§§

Comme Yara s'y attendait, certaines choses étaient plus compliquées que d'autres à accepter
pour la jeune femme.

« Comment ça mon père est aussi mon oncle ?

La guerrière grimaça face à cette réaction plus que prévisible.

Elle avait préféré éviter le sujet lors de la discussion entre elle-même, Myrcella, Marina,
Lancel et Stannis, se doutant que la malédiction était déjà suffisamment difficile à avaler
comme ça sans rajouter en plus l'inceste adelphique dans le lot.

- Hé bien, vois-tu… Jaime Lannister et Cersei Lannister sont en réalité des jumeaux.

- Mais… mais enfin c'est absurde, rétorqua-t-elle, ils ne…

Ils ne se ressemblent même pas, avait-elle voulu répondre, avant de réaliser l'absurdité de sa
phrase sans avoir eu besoin de la terminer.

Parce que c'était entièrement faux.

Ses parents… enfin sa mère et son oncle ou son père et sa tante selon le point de vue étaient
donc…

Elle aurait aimé dire que c'était impossible.

Mais, s'ils ne se ressemblaient pas comme deux gouttes d'eau, contrairement à ce pouvaient
être certains jumeaux du même genre, maintenant que Yara l'avait dit, cette ressemblance lui
sautait aux yeux et elle réalisa aussi d'un seul coup que Cersei et Tyrion se ressemblaient eux
aussi, alors même qu'ils n'étaient pas censés être liés par le sang.

Et elle réalisa autre chose, le fait qu'elle n'avait jamais fait attention à la ressemblance
physique entre Shireen et Stannis avant que le cerf ne lui en fasse la remarque, ou celle entre
Yara et Theon avant d'apprendre la vérité sur leur lien frère-sœur, comme si…

Comme si un voile avait été maintenu sur leurs yeux et venait tout juste d'être ôté.

La malédiction était forcément la seule et unique responsable.

Myrcella sentit son estomac se retourner.


- Je ne… je ne comprends pas comment… comment ça a pu arriver.

- A Westeros, tout comme à Essos d'ailleurs, l'inceste n'est pas… n'était pas, rectifia-t-elle,
songeant que les deux continents n'existaient probablement même plus à l'heure actuelle,
quelque chose de courant. Enfin, à part chez les Targaryen, et vu la manière dont ils ont fini
ils auraient peut-être dû éviter.

Elle grimaça et la confusion de Myrcella s'accentua.

- Les Targaryen ? J'ai déjà entendu ce nom avant.

Yara lui expliqua, avant de poursuivre.

- Ils s'aimaient vraiment tu sais. Tes parents. Enfin, avant.

- Avant la malédiction ?

- Oui. Alors que la guerre contre les marcheurs blancs faisait toujours rage, ton père… est
tombé amoureux d'une autre.

- De Brienne ? Lança Myrcella d'une voix hypothétique et un sourire éblouissant s'épanouit


sur le visage de la fille d'Alannys Greyjoy.

Si cela commençait à se voir alors même qu'ils n'avaient pas encore renoué au grand jour,
c'est que les choses étaient plus rapides qu'elle ne l'avait cru.

- Effectivement, et ta mère… ne l'a pas vraiment bien pris.

La fer-née songea à un cœur rouge rubis et palpitant de vie qu'elle avait tenu dans sa main
quelques temps auparavant et frissonna.

- Qu'est-ce qu'elle a fait ? Lui demanda la blonde, fronçant les sourcils.

Elle se demanda l'espace d'un instant si elle était vraiment prête pour ça avant d'estimer que
oui.

Il fallait qu'elle sache de quoi sa mère pouvait être capable.

- Elle lui arraché le cœur.

L'horreur pure se peignit sur le visage de la princesse.

- Mais… bredouilla-t-elle. Mais je croyais que… que la magie…

- Qu'elle n'existait pas ? Compléta Yara.

Myrcella hocha la tête, confuse.

La fer-née soupira.
- C'est le cas. Enfin… c'est compliqué. Mais tu dois savoir une chose. La malédiction, le sort
noir… n'existait pas à Westeros. Mélisandre, la prêtresse du maître de la lumière… elle l'a
obtenu de quelqu'un.

- De qui ?

Un léger sourire se dessina sur le visage de son interlocutrice.

Qui aurait cru qu'elles atterriraient un jour dans un monde où elles et un certain Crocodile
étaient considérés comme des personnages fictifs…

- De quelqu'un qui vient d'un autre monde…

La blonde sursauta avant de brusquement connecter deux et deux et de froncer les sourcils,
stupéfaite.

- Attends une seconde… ce n'est pas… ce que je crois, pas vrai ? Tu n'es pas en train de
parler de Rumplestiltskin, pas vrai ?

Le sourire de la jeune femme s'agrandit.

- De qui d'autre ?

- Mais c'est un personnage de série ! Protesta-t-elle.

- Nous aussi en théorie, lui rétorqua Yara.

Myrcella ne trouva rien à lui répondre.

- Qu'est-ce qu'il a demandé ? L'interrogea-t-elle à la place.

- Je sais que Mélisandre a trouvé un haricot magique et le lui a donné… grâce à ça, il a pu se
rendre dans le monde sans magie plus tôt que prévu.

En entendant cela, en comprenant tout ce que ça impliquait, la lionne cligna des yeux à
plusieurs reprises, abasourdie.

- Donc tu es en train de me dire qu'il est possible qu'il ait retrouvé son fils sans avoir besoin
de la malédiction ?

Yara haussa les épaules.

- Je ne sais pas. Peut-être que oui.

- Je suis heureuse qu'il ait eu droit à sa fin heureuse… même si ce n'est pas notre cas à nous
tous, dit Myrcella d'une voix amère. Et… et pour mon père, comment est-ce que ma mère a…

Elle ne termina jamais sa phrase, une expression de dégoût bien visible sur son visage.

- Je ne sais pas. Je sais que Mélisandre a récupéré des objets magiques venant du Ténébreux,
peut-être qu'il y avait aussi quelque chose permettant d'arracher les cœurs des gens.
Je suis tellement désolée Myrcella.

La noble blêmit soudainement.

- Donc mon père… il vit sans cœur, c'est ça ?

Yara secoua la tête, un air rassurant sur le visage.

- Non, ne t'en fais pas pour ça, je le lui ai rendu dès que j'ai pu faire.

- Merci, lui répondit-elle, la voix étranglée d'une gratitude qu'elle ne pourrait jamais lui
rendre. Mais alors c'est pour ça qu'il… qu'il a changé, qu'il est redevenu lui-même.

Il ressemblait à un fantôme avant, songea-t-elle, dévastée, il était devenu un fantôme et ma


mère le savait et elle n'a rien fait parce que c'était entièrement de sa faute.

Elle ne savait pas encore très bien de quoi leur avenir serait fait.

Ce qu'elle savait en revanche, c'était qu'elle ferait tout pour que sa mère paye un jour pour
tout ce qu'elle leur avait fait.

A suivre…
Le pouvoir du cœur.
Chapter Notes

Titre du 12/09/2021 : Le pouvoir du cœur

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Défi à l'unité d'Almayen n°4

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Shireen/Myrcella

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects du… Taureau (Astrologie) : Minotaure : Écrire sur un enfant issu d'un
amour interdit ou sur un métamorphe

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

12 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, défis à l'unité, alphabets, de secondaire à


principal, ships rares, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects,
100 façons, 50 nuances)

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ma mère a fait une chose pareille ? Comment est-ce qu'elle
a pu oser… Comment a-t-elle osé nous infliger une chose pareille ? Nous maudire de cette
manière, arracher nos mémoires, tout nous faire oublier, inventer une vie de mensonges, je…
Je ne comprends pas.

- Je sais, compatit Yara. Et j'en suis sincèrement désolée. Je suis navrée que tu doives vivre
avec le fait que ta mère est l'une des responsables de ce qui aurait dû être notre nouvelle vie
libérée des marcheurs blancs et qui s'est transformée en cauchemar.

- Moi aussi je suis désolée. Tellement désolée que tu ais dû vivre dans un autre monde en
étant séparée de ta famille et de tes proches pendant aussi longtemps sans savoir si tu les
reverrais un jour. Je suis tellement désolée qu'ils t'aient oubliée et que tu doives vivre avec un
cœur brisé, que tu doives renouer avec des gens que tu connais pourtant déjà et que tu aimes.
Ça n'aurait jamais dû arriver.

En entendant cela, Yara ne put s'empêcher de se mettre à pleurer.

En la voyant s'effondrer, elle qu'elle pensait pourtant si forte, aussi solide qu'un roc, Myrcella
ne put qu'imaginer la douleur qu'elle devait ressentir actuellement.

Deux ans…

Deux ans depuis la création de Kintzheim, deux ans passés à chercher un chemin sinueux et
tortueux vers une maison qui n'existait plus vraiment puis à essayer de briser une malédiction
à laquelle presque personne ne croyait, et pourtant, malgré ça, elle n'avait jamais renoncé, elle
n'avait pas abandonné alors qu'elle en avait eu plusieurs fois l'occasion.

Elle doutait avoir déjà rencontré une personne aussi forte, courageuse et déterminée qu'elle.

- Et du coup… Fit la Lannister d'une toute petite voix, je me posais une question.

La fer-née sécha ses larmes avant de tourner sa tête dans sa direction pour lui indiquer qu'elle
l'écoutait.

- Vas-y, tu as toute mon attention.

- Comment savoir… comment est-ce que je peux être sûre de ce qui est réel et de ce qui ne
l'est pas ?

Depuis qu'elle était sortie du déni, cette question l'obsédait, c'était probablement la principale
raison qui l'avait poussée à mettre autant de temps avant de croire à cette histoire de
malédiction.

Si rien dans sa vie n'était réel, comment pouvait-elle être sûre que quoi ce soit puisse l'être ?

Qu'est-ce qui avait du sens dans un monde qui n'en avait plus depuis bien longtemps ?

Ses pensées, ses souvenirs, ses goûts, sa vie, ses sentiments, tout ce qu'elle était, rien de tout
cela n'était vrai, ce n'était qu'un mensonge de plus parmi ceux créés par sa mère, elle…

Comment pouvait-elle savoir qui elle était réellement si tout ce qui la constituait avait été
réarrangé par une malédiction qui avait effacé sa mémoire et son identité ?

Comment être sûre que quoi que ce soit dans sa vie était vrai ?

- Les deux dernières années, avant qu'on arrive, Marina et moi… tout était un mensonge.
Rien n'est arrivé, et vos souvenirs sont… certaines choses sont fausses et d'autres proviennent
de véritables souvenirs qui ont été modifiés.

- Et est-ce que… est-ce que c'est la seule chose qui a changée ? Qui n'est plus comme avant,
qui n'est plus réel ? Je… je voudrais savoir si… si ce que je ressens est…
Yara lui adressa un sourire rassurant.

- Tu parles de tes sentiments pour Shireen, pas vrai ? Dit-elle avec un air doux et triste,
comme si…

Comme si elle savait parfaitement ce que ça faisait.

- Oui, entre autre, admit Myrcella.

- Ne t'en fais pas pour ça. Je ne sais pas exactement comment fonctionne la malédiction ou la
magie mais je suppose… que c'est comme dans Once Upon a Time. Elle ne peut pas forcer
une personne à en aimer sincèrement une autre, juste à le croire. Et c'est une illusion qui ne
dure jamais bien longtemps une fois que les masques sont levés pour de bon. Tu n'as qu'à
regarder Catelyn ou Eddard pour t'en convaincre.

- Tu en es sûre ?

Cette fois, le sourire se fit amusé.

- Bien sûr que oui. Et tu veux savoir pourquoi ?

- Pourquoi ?

- Parce qu'à Westeros, quand nous luttions contre les marcheurs blancs, nous n'avions que peu
de lueurs d'espoir et de beauté pour nous faire tenir le coup. Votre amour à toi et à Shireen
était l'une d'entre elles.

Il y avait de la nostalgie dans ses yeux, comme si elle regrettait un peu cette période de sa vie
qui avait dû pourtant être épouvantable pour elle, sans doute parce qu'elle aussi elle avait
aimé quelqu'un et que…

De qui l'avait-elle donc vue être proche récemment, qui regardait-elle avec une tristesse
qu'elle ne s'expliquait jamais, qui…

Oh.

Évidemment.

- Sansa, lâcha-t-elle finalement dans un souffle, stupéfaite de ne pas s'en être rendue compte
plus tôt. Tu étais amoureuse de Sansa.

La guerrière hocha la tête, ayant bien du mal à retenir ses nouvelles larmes.

- Oui, confirma-t-elle d'une voix tremblante, presque brisée, je l'aimais. Et elle m'aimait. Et je
l'ai perdue, et maintenant elle va devoir vivre avec des souvenirs que je ne pourrai jamais
effacer parce qu'ils ont fini par devenir réels ces deux dernières années. Et je n'ai rien pu faire
pour la sauver.

- C'est faux, riposta immédiatement Myrcella avec fougue, tu as vu ce que personne d'autre
ne voulait voir. Tu l'as aidée. Tu l'as sauvée.
Tu l'as sauvée.

Elle aurait aimé pouvoir sauver toute la ville aussi, être la Sauveuse dont ils avaient tant
besoin, être l'Emma Swan qu'ils méritaient tous.

Mais elle n'était pas une princesse de contes de fée, elle était tout sauf une sorcière, et même
si Sansa s'était souvenue qu'elle l'aimait elle n'était pas sûre que son baiser aurait suffi à briser
la malédiction.

- J'ai fait de mon mieux, se contenta-t-elle de dire.

- Comment on arrête ça ? Comment on brise la malédiction ?

Oh, par le Dieu noyé, comme elle aurait aimé avoir une réponse concrète à cette question et
pas uniquement des hypothèses…

- Je… je ne sais pas, admit-elle. Les choses ne sont pas…

Elle ne put s'empêcher d'émettre un grognement de frustration en constatant qu'elle ne savait


pas comment s'expliquer, avant qu'une illumination ne la frappe soudainement.

- Le sort noir vient de la Forêt Enchantée. Pas de Westeros. Dans la Forêt Enchantée il y avait
de la magie, plus qu'à Westeros, et des objets magiques ont pu être amenés à Storybrooke. Je
ne sais pas si c'est le cas à Kintzheim aussi, en dehors du cœur enchanté de ton père je veux
dire. Et je ne sais pas non plus si un baiser du véritable amour marcherait et c'est la seule
possibilité que j'ai trouvée pour l'instant.

- Alors… il n'y a rien d'autre ? S'exclama Myrcella, désemparée. Les choses vont simplement
rester comme ça et on ne pourra rien y faire ?

Pas étonnant qu'elle soit complètement désespérée depuis le temps si rien n'avançait comme
elle le voulait.

Parce qu'à quoi bon parvenir à convaincre les habitants de la ville (en admettant que ce soit
possible) que la malédiction était réelle si c'était pour qu'au bon du compte, rien ne change
jamais ?

- Il y a… il y a bien quelque chose, ajouta-t-elle, hésitante et réticente.

Myrcella la regarda avec les yeux brillant d'un espoir retrouvé et Yara sentit son cœur se
serrer, ne voulant pas risquer de la décevoir.

- Quoi donc ?

- Avant que la malédiction ne s'abatte sur nous, Mélisandre, une prêtresse du maître de la
Lumière, m'a parlé d'une chanson. Si nous chantions la chanson en entier, avec toutes les
paroles, alors… elle rendrait la mémoire à ceux qui l'entendrait. Peut-être que ce serait
suffisant pour briser la malédiction.

- Quelle chanson ?
- Je ne sais pas, répéta Yara, fatiguée de devoir encore et toujours fournir la même réponse,
tel un vieux disque rayé.

L'enthousiasme naissant de la blonde s'évanouit immédiatement.

- Mais… tu n'as pas été touchée par la malédiction pourtant.

- J'ai dû l'être partiellement alors, je ne me souviens plus d'aucune des paroles ni même de la
chanson elle-même. J'ai retrouvé Mélisandre, à Kintzheim et je lui ai demandé… si elle s'en
souvenait mais ses souvenirs sont confus, elle… Elle m'a uniquement parlé de Jenny, peut-
être Jenny de Vieilles Pierres et de sa chanson, mais… je n'en sais pas plus.

- Mon père, il a connu les Targaryen. Enfin, théoriquement, peut-être qu'il en sait plus à ce
sujet.

- Peut-être. J'ai demandé à Sansa mais elle n'en savait pas plus.

- Je demanderai à Shireen, peut-être qu'elle en saura plus elle ! »

Le feu du combat brûlait dans les yeux de la lionne, d'une flamme forte et puissante.

Et oh comme Yara espérait qu'elle parvienne à ranimer sa propre flamme qui était peu à peu
en train de s'éteindre.

§§§§

« On peut faire en sorte de faire bouger les choses d'une autre manière, lui indiqua Yara
quelques instant plus tard.

- Comment ?

- Avec des tests ADN. Si on arrive à prouver que Theon est bien mon frère, que tes parents
sont jumeaux, que Shireen est la fille biologique de Stannis Baratheon et que tous les enfants
de Catelyn Stark sont ceux d'Eddard Stark et pas de Petyr Baelish, toutes ces choses n'étant
pas supposées être réelles, alors les gens devraient commencer à se poser des questions, à
avoir des doutes. Ils sauront que quelque chose ne va pas et le voile qu'ils ont devant les yeux
commencera enfin à se déchirer. Peut-être.

- Il ne faut pas que ma mère l'apprenne sinon elle risque de vouloir nous empêcher de les
effectuer, ou elle fera disparaître les résultats, ou elle les fera falsifier.

Yara eut un sourire douloureux en constatant que la fille de la mairesse avait très rapidement
compris comment les choses fonctionnaient en ville.

- Effectivement.

- Et… qui pourra les demander ces tests ?

- Toi je dirais, pour les tests sur tes parents. Et je suppose qu'en demandant à Shireen, à Sansa
et à Theon, on pourra faire faire les autres. Le problème c'est qu'on ne pourra probablement
expliquer le pourquoi du comment qu'à Sansa, elle a déjà des doutes sur sa filiation. Ou alors
en leur volant des mèches de cheveux. Et en faisant en sorte que personne ne sache ce qu'on
veut faire. Et que personne ne pose de questions sur le pourquoi du comment. Je ne veux pas
paraître défaitiste, mais pour l'instant ça me semble plutôt mal parti.

- Et… est-ce que c'est légal ?

- J'en ai absolument aucune idée. Mais être dans l'illégalité ne m'a jamais fait peur, ce n'est
pas maintenant que je vais commencer.

(Fun fact : j'en ai pas la moindre idée non plus et je suis tellement une bille en droit que je
vais probablement dire n'importe quoi à partir de maintenant et ben mon excuse c'est que c'est
à Kintzheim et que Kintzheim c'est différent et puis c'est tout.)

- Il y a un risque pour qu'ils refusent s'ils n'ont pas d'explication valable, lui répliqua
Myrcella, prudente.

- Tu es la fille de Cersei Lannister, lui rétorqua-t-elle, la fille de la femme la plus puissante de


cette ville, tu penses sincèrement que qui que ce soit oserait te dire non ?

À sa grande honte, elle réalisa qu'elle ne pouvait aucunement la contredire, et elle sentit
l'amertume l'envahir.

Elle aurait aimé que ce soit faux, que sa mère n'ait pas acquis un tel contrôle sur cette ville en
utilisant les pires manières possibles.

- D'accord. On commence quand ? »

En la voyant ainsi, pleine d'espoir, de lumière et aucunement envahie par le découragement


ou l'abattement, Yara sentit une nouvelle force l'envahir.

Elle avait envie de croire qu'ils vaincraient, malgré tous les obstacles sur leur chemin.

A suivre…
Please drop by the Archive and comment to let the creator know if you enjoyed their work!

Vous aimerez peut-être aussi