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Les Bijoux du Temps

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Rating: Mature
Archive Warning: Graphic Depictions Of Violence, Major Character Death, Rape/Non-Con
Category: F/M, M/M
Fandom: Harry Potter - J. K. Rowling
Relationship: James Potter/Lily Evans Potter, Sirius Black/Remus Lupin, Remus
Lupin/Nymphadora Tonks, Alice Longbottom/Frank Longbottom
Character: Hermione Granger, Remus Lupin, Minerva McGonagall, Harry Potter,
Ron Weasley, Neville Longbottom, James Potter, Sirius Black, Lily
Evans Potter, Albus Dumbledore, Severus Snape, Alice Longbottom,
Mary Macdonald (Harry Potter), Dorcas Meadowes, Frank Longbottom,
Benjy Fenwick, Marlene McKinnon, Tom Riddle | Voldemort, Voldemort
(Harry Potter), Bellatrix Black Lestrange, Lucius Malfoy, Draco Malfoy,
Fenrir Greyback, Regulus Black, Death Eater Characters
Additional Tags: Marauders Era (Harry Potter), Marauders, Hogwarts, Post-Hogwarts,
Time Travel, Character Death, Violence, Sexual Violence, Rape/Non-
con Elements, Implied/Referenced Suicide
Language: Français
Stats: Published: 2023-04-25 Updated: 2023-05-02 Words: 28,809 Chapters:
11/88

Les Bijoux du Temps


by Jefinismonchapitre

Summary

Le monde sorcier a sombré dans le chaos depuis de nombreux mois. Les ténèbres ont
vaincu, la lumière a laissé place à la noirceur. La bataille de Poudlard s'est achevée dans le
sang et la douleur, l'Ordre du Phénix est tombé, l'Elu est mort. Le Royaume-Uni n'est plus
que larmes, sang et morts. La résistance tombe elle aussi peu à peu, ses derniers membres
ont été attrapés et mourront dans les heures qui suivent. Cependant, il reste une faible
lumière d'espoir, lorsqu'un nouvel allié arrive et envoie la dernière résistante dans une
mission-suicide, à travers le monde. Les morts ne le seront pas tous, les souvenirs vont être
déterrés, de nouvelles rencontres vont avoir lieu, et ce chemin va mener bien plus loin que
ce qu'ils avaient imaginé.
TW : mention de viols, torture, suicide

English translation is in my profile


Partie I

« Personne n'est réellement ce qu'il a l'air d'être. Pourtant, on veut tous être des gens bien, perçus,
estimés, aimés pour ce que l'on est. Un sacré paradoxe qui nous oblige à faire semblant, à
camoufler notre nature profonde, nos faiblesses de même que certaines de nos forces, inavouables.
Ou de nos horreurs les plus intimes.
La plupart des gens croient être honnêtes et vrais, avec eux-mêmes comme avec les autres. Sans
doute préfèrent-ils rester aveugles. C'est plus facile. Ça fait moins mal. Mais, au final, on a tous
quelque chose à cacher.
Tous. »

Anne Plichota & Cendrine Wolf, Tugdual


Prologue

« You can’t choose your family, but you can choose what you want to be. »

2 mai 1998, Poudlard

—HARRY POTTER EST MORT.

—NON !

Le cri était terrifiant, rempli de souffrance et de douleur. Personne n'aurait pu penser que Minerva
McGonagall pouvait pousser un tel cri, encore moins pour un élève. Mais bien qu'elle appréciait la
plupart de ses élèves, ce n'était pas n'importe lequel, c'était Harry, elle l'avait vu à sa naissance.
C'était l'élève pour lequel elle avait le plus d'affection, presque un amour maternel.

—Quiconque résistera, mourra, annonça le seigneur des ténèbres de sa voix glaciale.

—Harry ! Non !

Les cris de ses deux meilleurs amis étaient déchirants. Certains membres de l'Ordre pleuraient, une
nouvelle perte à leur compte. La plupart des combattants étaient sous le choc. Personne ne pouvait
croire que Harry Potter était mort. C'était impossible. Pas le Survivant, pas l'Elu.

—Avada Kedavra

Le professeur McGonagall fut coupée dans son élan alors qu'elle se rapprochait de son élève.
Bellatrix rit, le genre de rire qui glace tout le monde, y compris les mangemorts. C'était bien
évidemment elle qui avait lancé le sort.

La bataille reprit alors de façon acharnée. Elle emporta de nombreuses vies, fit de nombreuses
victimes du côté de la lumière. Les quelques survivants n'étaient pas assez entraînés, n'avaient pas
assez d'expérience. Hermione et Ron décidèrent de partir avec les quelques personnes qu'ils
restaient.

Ce fut ainsi que le trio d'or devint un duo.

***

2 mai 1999, Manoir Malefoy

—Comme c'est jouissif ! Les deux derniers résistants vont mourir aujourd'hui ! Un an jour pour
jour après leur ami.

—Il vous aura fallu quand même un an pour nous trouver Tom.

L'expression réjouissante de Voldemort s'effaça, Tom était mort depuis longtemps, ce patronyme
moldu ne lui correspondait plus, désormais il était fort, Voldemort n'était pas un fils de moldu mais
le digne descendant de Salazar Serpentard. Son visage reprit une expression cruelle et il continua.

—Qui va mourir en premier ? Personne ne se porte volontaire ? Comme c'est dommage ! Je vais
choisir le garçon.

—Maître, si vous voulez mon avis, la fille serait un meilleur ch-


—Je ne t'ai pas demandé ton avis Bellatrix ! Draco, amène donc la sang-de-bourbe aux cachots le
temps que nous nous occupons de son ami !

Drago Malefoy exécuta les ordres et emmena Hermione. Il avait maigri, de nombreux cernes
occupaient son visage et celui-ci était neutre, impassible mais ses yeux criaient de la peur, la
douleur, la fatigue et une envie de se trouver partout sauf dans l'endroit où il était.

—Excuse-moi Granger. Sans moi on n'en serait sûrement pas là.

Sur ces mots étranges, il verrouilla le cachot et remonta lentement les escaliers. Hermione se laissa
glisser le long du mur, elle regrettait de ne pas avoir été assez vigilante. A cause d'elle, la
résistance allait mourir. Certes elle n'était plus composée que d'elle et de Ron, mais tout de même.
A cause d'elle, le monde des sorciers allait définitivement tomber dans les ténèbres et le monde
moldu allait être détruit. Les cris de Ron raisonnaient dans sa tête, avec horreur. Et la hantise de
Hermione arriva, le sort fatal fut prononcé.

—Avada Kedavra

—RON ! hurla-t-elle, d’une voix déchirante.

Malefoy revint la chercher, pour leur plus grand malheur à tous les deux. A peine fut elle arrivée
devant Voldemort, le premier sort apparu. Suivi d'une dizaine d'autres, les mangemorts s'en
donnaient à cœur joie.

—Endoloris !

—Endoloris !

Hermione ne pouvait détacher son regard du cadavre de Ron. Il était étendu là, le corps meurtri
mais son visage était paisible, comme s’il accueillait la mort avec soulagement, ce qui devait être
probablement le cas. Son meilleur ami l’avait quitté. Son dernier soutien, les deux derniers
résistants contre le reste du monde. Hermione hurlait en silence, elle ne voulait pas donner ce
plaisir aux mangemorts, elle hurlait pour Ron, pour tous les cadavres qu’elle avait vu dans la cave,
pour tous ces amis, mort un à un. Ils avaient placé Ron au centre de la pièce, pour qu’Hermione ne
puisse pas le rater. Sa vie avait tellement changé depuis un an, un an qu'elle se cachait, changeait
d'endroit tous les mois. Un an que la grande bataille avait eu lieu. Un an que Harry était mort. Un
an que Ron était devenu son soutient inflexible, la faisant passer avant lui pour tout. Y compris
dans la mort. Hermione pleurait en silence, ses larmes dévalaient ses joues sans qu’elle ne puisse
les retenir, ce qu’elle n’aurait pas fait. Elle devait pleurer pour Ron. Pour la fin de sa vie aussi,
même si pour elle aussi, la mort serait un soulagement. Elle ne pouvait plus lutter seule contre le
monde entier. Les dirigeants des pays voisins fermaient les yeux, ne se doutant pas que dans
quelques mois à peine, leurs propres pays seraient envahis et qu’eux-mêmes seraient morts.

Voldemort demanda d'arrêter les sorts. Il s'approcha d'elle, un sourire cruel collé sur sa bouche.
Hermione savait ce qui allait suivre. Elle n'était pas idiote. Tout le monde savait ce que faisaient les
mangemorts. Elle sentit les mains du seigneur des ténèbres parcourir son corps, elle le sentit entrer
en elle. Elle ne le regarda pas, ses yeux toujours fixaient sur Ron. Elle avait affreusement mal, pire
encore que sous le doloris, elle continuait de pleurer, mais ne cria pas non plus, du moins pas à
haute voix. Voldemort se retira et laissa la place aux autres mangemorts qui l’imitèrent aussitôt.
Hermione se retenait de vomir. Elle se sentait si sale, elle avait si mal. Elle voulait mourir. Voilà,
elle l’avait pensé. Elle voulait mourir. Mais Hermione avait appris avec le temps, que rien ne se
passait jamais comme elle le voulait, alors il était fort probable qu’elle ne mourrait pas tout de
suite.
Lorsque ce fut au tour de Malefoy, il refusa. Il n'eut cependant pas le choix. Il s'approcha
d'Hermione et, étant le propriétaire de la maison, transplana avec elle. Ils arrivèrent dans une
clairière. Hermione était nue, à bout de force, épuisée, blessée de partout. Elle vomit tout ce qu’elle
avait dans le ventre, c’est-à-dire pas grand-chose, mais recracha ses tripes, qui venait du plus
profond d’elle-même. Malefoy avait la respiration saccadée, ne réalisant toujours pas ce qu'il venait
de faire.

—Merci Malefoy. De m'avoir sauvée. Je te dois la vie.

—Drago. Appelle-moi Drago. J'ai juste huh senti que huh je devais huh le faire.

—Tu ne vas pas bien ? Tu as du mal à respirer. On va retransplaner chez moi. Je vais te soigner.

—NON ! Je vais huh mourir Hermione. La huh marque n'est pas huh seulement un moyen de huh
communication. Elle nous huh tue si nous huh trahissons le huh seigneur des ténèbres. Ils huh vont
bientôt savoir huh où nous huh nous trouvons. Pars !

—Mais non ! Tu m'as sauvé la vie ! Je ne vais pas t'abandonner maintenant.

—Hermione ! Tu huh as une dette envers huh moi, alors fais ce huh que je te huh dis ! Pars. Juste
huh ne m'oublie huh pas ! Tu huh es la dernière huh résistante. Laisse-moi huh te donner huh juste
deux huh conseils : deviens plus dure huh qu'une pierre, ne te huh laisse plus gouverner huh par tes
émotions, tu dois huh devenir aussi huh inhumaine que huh lui pour le vaincre. Pour cela huh il
faut que huh tu cherches huh les bijoux du temps ! Ne t’en veux huh pas pour Weasley et huh ce
qu’ils t’ont huh fait, ce huh n’est pas huh ta faute. N'oublie huh pas ce que j'ai fait, je me huh suis
repenti.

Draco Malfoy mourut ainsi, non comme un mangemort bien qu'il ne l'ait jamais complètement été,
mais comme un allié. Un allié précieux.

Et ce fut ainsi que le duo devint un solo.


Manoir Malefoy

« Nulle cause n'est perdue tant qu'il existe encore un fou prêt à se battre pour elle. »
Pirates des Caraïbes, Jusqu'au bout du monde

Hermione courait. Elle courait pour échapper aux mangemorts. Cela faisait six mois qu'elle était
seule, six mois que Ron était mort. Six mois de cachettes, de solitude, de désespoir. Elle parlait
seule, ne supportant plus le silence. Six mois de recherche aussi. Sur les bijoux du temps .

C'était d'ailleurs à cause de ces recherches que la course poursuite avait débuté. La troisième en
deux mois. Elle avait trouvé refuge au Square Grimmaurd, la maison de son défunt ami. Elle y était
retournée quelques mois après la mort d'Harry, elle avait découvert qu'elle était devenue la
gardienne secrète du lieu et qu'il lui avait légué la maison.

Cependant, il fallait bien qu'elle sorte pour se nourrir, et pour faire ses recherches, évidemment. La
bibliothèque des Black était très complète en matière de magie noire, elle avait d'ailleurs appris
cette branche de magie grâce aux ouvrages qu’elle contenait, pensant que cela pouvait être utile
devant les mangemorts, mais il n'y avait aucun livres sur les Bijoux du Temps . A son plus grand
désespoir. Ce fut ainsi qu'elle se fit repérée, présente dans un petit village moldu, près de Londres,
le jour où il ne fallait pas.

Elle courait depuis longtemps et commençait à fatiguer, mais elle ne devait pas s'arrêter. Certains
jours, elle avait envie d'abandonner, elle ne se le cachait pas. Mais si elle devait abandonner, ce
serait seule. Pas à cause des mangemorts. Elle eut soudain une idée. Devant elle, deux arbres
étaient collés et formaient une petite cachette. Elle se transforma en son animagus.

—Cherchez-la ! Elle n'a pas pu partir bien loin. Si nous la trouvons, nous remonterons dans
l'estime du seigneur des ténèbres. Le monde sera à nous. Plus aucun survivant.

Les mangemorts cherchaient Hermione partout, ce qui la faisait bien rire. Ils avaient les yeux rivés
sur le sol. Mais s’ils avaient soulevé un peu la tête, ils auraient vu un magnifique phénix dans le
ciel, avec un sac de perle dans le bec.

***

Hermione rentra au Square Grimmaurd, fatiguée et déçue. Elle n'avait toujours pas trouvé
d'information sur les bijoux du temps et ses sorties étaient de plus en plus compliquées, les
mangemorts étaient présents à chaque fois, comme s’ils pouvaient suivre sa trace. Elle commença à
manger et la solution qu’elle cherchait depuis des mois lui apparut. Si Drago connaissait les bijoux
du temps, il avait sûrement dû lire ces informations dans un livre, cela était évident. La seule
solution pour trouver des informations sur les bijoux du temps, c'était se rendre au Manoir
Malefoy. Au repère des mangemorts, au repère de Voldemort.

Hermione prépara son escapade très minutieusement. Elle ne voulait laisser passer aucun détail.
Elle avait trouvé un plan du manoir dans la maison, les Black et les Malefoy étaient très proche.
Elle savait que c'était très risqué. Mais elle n'avait plus le choix. Elle préférait mourir en essayant
de résister plutôt qu'en restant assise à ne rien faire. Sa vie n’avait plus tellement de valeur, elle
était seule. Elle ne pouvait décemment pas passer le reste de sa vie cloitrée dans cette fichue
maison. C'était décidé. Hermione partirait le vingt-cinq décembre au Manoir Malfoy. Cela
l'empêchera de penser à cette veille de Noël si spéciale qu'elle avait passé avec Harry il y a deux
ans, sur la tombe des parents de son presque frère. Non, il ne fallait pas qu'elle pense à Harry. Plus
le jour approchait, plus Hermione était anxieuse. La nuit précédant son expédition, elle ne dormit
pas et révisa ses plans.

A l'aube, elle partit du Square Grimmaurd. Elle arriva dans une gare moldue et prit un train pour le
Wiltshire. Elle ne pouvait plus utiliser les transports sorciers, quiconque transplanait, utilisait la
poudre de cheminette ou un portoloin était immédiatement repéré par le ministère et des
mangemorts apparaissaient.

Arrivée à la gare, elle dut faire le reste du chemin à pieds, la voiture moldue n'était pas assez
discrète pour son expédition. Après presque deux heures de marche, elle aperçut au loin le Manoir
Malefoy. Elle ne se sentait pas du tout à l'aise. Elle revivait ses tortures, ses viols, les cris de Ron,
la découverte de son cadavre. Elle décida de se cacher sous sa cape d'invisibilité —merci Harry—
et s'approcha doucement du Manoir. Elle échappa à plusieurs patrouilles de mangemorts et arriva à
l'arrière de la demeure. Le plus dur restait à faire.

Une heure d'essai plus tard, elle réussit enfin à pénétrer dans le Manoir après avoir contré de
nombreux sortilèges. Elle se faufila dans une pièce et revêtit la cape. Elle monta discrètement les
escaliers, essayant de ne pas faire craquer les marches, et consulta son plan, cherchant la
bibliothèque. Elle arriva enfin à la bibliothèque et sortit sa baguette.

—Accio livre sur les bijoux du temps

Rien ne se passa et Hermione se dit qu'elle avait été bien idiote de penser que cela marcherait. Elle
se mit donc à chercher manuellement le livre, ce qui allait lui prendre du temps, la bibliothèque
était deux fois plus grande que celle de Poudlard. Après plus d'une demie-heure de recherche, elle
n'avait toujours rien trouvé. Pourtant, elle avait cherché dans les différentes sections, avec les
différentes lettres. Même dans les ouvrages en latin en runes et ceux de magie noire.

Soudain quelque chose tapa à la porte, celle-ci s'ouvrît et un livre fonça sur Hermione. Il avait une
couverture marron, la reliure était très ancienne, abîmée, et le titre était écrit en fines lettres dorées.

Les Bijoux du temps

—Par Morgane, je l'ai enfin trouvé !

Elle eut à peine le temps de se réjouir, qu'elle entendit des pas. Elle rangea vite le livre dans son
sac de perle et essaya de se cacher. Mais c'était trop tard.

—Tiens, tiens, mais qui voilà. Miss sang-de-bourbe. Le maître va être si content de te voir. Il
n'aura même pas eu besoin du plan, tu es venue à lui. Et cette fois mon traître de fils ne sera pas là
pour te sauver.

Lucius Malefoy, mangemort déchu qui faisait tout son possible pour remonter dans l’estime de son
maitre, lui jeta un sort et des liens se firent autour d'elle.

—Inutile de résister Sang-Impur. Plus tu vas te débattre, plus les liens vont se resserrer. Cependant
que viens-tu faire dans ma bibliothèque ? Les livres de sang-de-bourbe te manquent ?

Hermione ne répondait pas. Elle savait que c'était inutile. Elle s'aperçut pourtant, que Voldemort
n'était pas là puisque Malfoy père la conduisait dans les cachots.

—Oh Lucius qui as-tu attrapé là ?

—Pas touche Bella, c'est la sang-de-bourbe de Potter.

—Oh mais donne-la moi, je vais bien m'amuser avec elle. Je lui ai déjà laissé plein de petits
souvenirs.

—Non je vais la mettre aux cachots, tu sais très bien que c'est le maître qui doit donner le premier
coup.

Sur ces mots, il emmena Hermione dans l'endroit qu'elle connaissait bien maintenant. Il lui défit les
liens et l'enferma. Hermione remarqua qu'une silhouette était assise au fond du cachot. Elle lui
semblait familière, sans trop d'espoir elle s'approcha pour savoir si elle connaissait cette personne.
Elle fut choquée. Son visage était parsemé de cicatrices, il semblait avoir vieilli. Pourtant c'était
impossible, la personne qu'elle voyait, avait péri durant la Grande Bataille. Elle l'avait vu mort, elle
avait aidé à déplacer son corps, c’était une certitude.

—Remus ?

***

4 mai 1998, Poudlard

Un homme se réveilla avec une impression de ne pas avoir dormi depuis dix ans. Il se demanda où
il se trouvait. L'odeur était infecte. Il essaya de se relever mais il était très faible. Il tourna la tête à
gauche et se redressa. Il y avait des centaines de cadavres. Il tourna la tête à droite et eu
l'impression que son cœur s'était arrêté. Sa femme était là. Morte. Il sentit ses larmes couler le long
de ses joues. Il se redressa complètement et tout lui revint. Harry. Les mangemorts. La bataille. Il
ne savait pas quel jour et quelle heure il était. Cependant, il fut sûr d'une chose, ils avaient perdu, la
lumière avait perdu. Sinon tous les cadavres ne seraient pas restés là, posés comme des détritus.

Il se leva et parcourut les rangées de morts. Tout l'ordre du phénix était tombé. Ceux qui étaient
morts à la fin de la bataille avaient été empilés les uns sur les autres par les mangemorts. Cela se
voyait, il n'y avait eu aucun soin lorsque ceux-ci l'ont fait. Il vacilla lorsqu'il vit la dépouille du
professeur McGonagall, les yeux ouverts, une expression de douleur déformant son visage. Il
remarqua cependant, qu'aucun cadavre du trio d'or, comme ils étaient appelés n'était présent. Il eut
alors l'espoir que tout n'était peut-être pas fini.

Il déchanta quand il sortit du château et vit un cadavre au milieu de la cour. Plus il se rapprochait,
plus la réalité le rattrapait. Le corps était étendu dans l'herbe, de façon a bien voir son visage. Le
visage de James. Ses traits étaient détendus comme s'il savait qu'il allait mourir. Ses yeux étaient
ouverts. Les yeux de Lily. Ce fut ainsi, que Remus Lupin s'effondra sur le corps de la personne
qu'il considérait comme son neveu, le fils de son meilleur ami, le filleul de son autre meilleur ami.

Août 1998

Remus courait. Il courait pour échapper aux mangemorts. Trois mois qu'il avait quitté Poudlard,
plus meurtri que jamais. Trois mois qu'il avait abandonné le cadavre de sa femme. Trois mois qu'il
avait découvert le corps de son fils sans vie après une attaque de mangemorts. Trois mois de
solitude.

Ce fut la cinquième mort de Remus. Il mourut une première fois en novembre 1981, lorsqu’il
découvrit la mort de Lily et James. Ensuite, il mourut une autre fois en juin 1996, en même temps
que Sirius. Ce fut réellement la fin des maraudeurs pour lui. Il mourut une encore une fois au côté
du cadavre de sa femme, puis à nouveau en voyant Harry mort et une dernière fois en découvrant
son petit Teddy sans vie. Remus en avait marre. Pourquoi tout le monde mourait autour de lui ?
Alors que lui survivait ? Il pensait qu'il n'avait pas mérité d'avoir des amis à cause de son problème
de fourrure comme disait James. Il se disait qu'il était un monstre donc c'est pour ça qu'il n'était pas
mort. C'est aussi pourquoi il ne s'infligea pas la mort. Parce qu'il pensait ne pas la mériter. Les
monstres ne méritaient pas la mort, ils méritaient la souffrance. La preuve, la mort ne l’acceptait
pas avec elle, elle lui redonnait la vie à chaque fois, comme un cadeau, mais ce n’était pas ça,
c’était un fardeau bien trop lourd à porter pour Remus. Il ne voulait plus survivre. Sa vie s’était
arrêtée depuis trop longtemps.

Une nouvelle fois, Remus échappa aux mangemorts. C'était bien le seul avantage à être un loup-
garou : la vitesse.

Janvier 1999

C'était la troisième fois que Remus échappait aux mangemorts depuis le début de l'année. Il
changeait de résidence tous les mois mais ils le retrouvaient toujours.

Mars 1999

Remus se releva nu et épuisé. C'était la pire pleine lune de son existence. Et pourtant il y en avait
déjà eu des très dures. Il se rhabilla doucement, chaque morceau de peau que le tissu touchait, était
semblable à une brûlure. Remus s'était mordu toute la nuit. De plus, il n'avait quasiment plus
d'essence de dictame. Il ne pourrait bientôt plus soigner ses blessures.

3 mai 1999

Remus n’allait pas bien du tout. Tous ses vieux souvenirs remontaient et cela était tout sauf
plaisant. Hier, cela faisait un an que la Grande Bataille avait eu lieu. Un an que Dora était morte,
que Teddy était mort, que Harry était mort. Chaque jour, il se répétait que c'était sa faute, qu'il
aurait plus dû protéger le fils de James. Mais il n'avait même pas su protéger le sien alors qu'aurait-
il pu faire ?

En ce jour bien triste, Remus essaya d'entrer dans le chemin de traverse, pour se procurer de
l'essence de dictame. Il tomba sur un journal, La Gazette Du Sorcier, et éclata d'un rire sans joie.
Ce torchon écrivait toujours ? Il se stoppa tout d'un coup. Il pensait que la sorcière présente sur
l'affiche était morte depuis un an.

RONALD WEASLEY ENFIN MORT !


HERMIONE GRANGER TOUJOURS ENNEMIE PUBLIC N°1
SANG-DE-BOURBE DANGEREUSE

Il fut triste d'apprendre la mort de Ron. Mais il ne fut pas vraiment étonné que ces deux-là soient
les derniers résistants. Ils continuent de se battre pour leurs convictions, et pour Harry bien sûr.
Remus repartit avec la ferme intention de retrouver la dernière survivante. Chose complexe étant
donné que —comme l'avait si bien dit le torchon— c'était l'ennemie numéro une.

Octobre 1999

Remus était désespéré, cela faisait près de six mois qu'il cherchait Hermione sans relâche. Il n'avait
rien trouvé. Pas même un minuscule petit indice. Il avait envie d'abandonner. Cela était trop pour
lui.

Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas la porte s'ouvrir ni les pas s'approcher.

—Mais qui avons-nous là. Un loup solitaire. Le maître va être content de voir qu'il lui reste une
bête à tuer.

Remus se fit embarquer par Bellatrix Lestrange, Lucius Malfoy et un troisième dont il ne
connaissait pas le nom, sûrement une nouvelle recrue. Il se réveilla sur un sol humide et glacial. Et
la torture commença.

25 décembre 1999

Remus avait complètement perdu la notion du temps. Il ne savait plus depuis combien de temps il
était là. Cela pouvait aussi bien être deux jours que deux mois, voire deux ans. Les pleines lunes
dans le cachot étaient insupportables, encore plus que dans la forêt. Tout était pire dans le cachot.

Il allait revoir Hermione. Mais pas pour les bonnes raisons. Voldemort allait faire courir le bruit
qu'il était vivant, pour qu'Hermione viennent le sauver et qu'elle se fasse attraper. Il allait servir
d'appât. Quelqu'un entra dans le cachot puis la porte se referma. Remus était désormais habitué à
ces va et viens. Il était de dos. Il ne voulait pas voir ce visage, qui allait sûrement mourir demain.

Malgré ses pensées, l'inconnu s'approcha. Il avait des cheveux longs, Remus s'aperçut que c'était
une femme, une jeune femme. Il aurait pu être désolé par sa mort prochaine mais pour l'instant plus
rien ne l'inquiétait excepté le sort de Hermione. Cette jeune femme prit son visage entre ses mains.
Ses yeux chocolat se plantèrent dans ceux de Remus. Ils restèrent un long moment ainsi, les yeux
dans les yeux. Elle fut la première à prendre la parole.

—Remus ?
Retrouvailles

« Comment serait la vie si nous n'avions pas le courage de tenter quoi que ce soit ? »
Vincent Van Gogh

— Remus ?

— Hermione ? C'est bien toi ?

Hermione n'en croyait pas ses yeux ! Mais elle avait beau cligner des yeux, l’homme était toujours
là, devant elle. Comment se faisait-il que Remus était vivant ? Elle était heureuse de ne plus être
seule. Mais il avait l'air tellement mal en point. Il avait énormément de cicatrices.

— Ça fait si longtemps que je te cherche ! Mais qu’est-ce que c’est que toutes ces cicatrices ?

— Je vous répondrai après mais il faut d'abord que nous sortons d'ici.

Elle se retrouva à inspecter chaque centimètre carré pour voir s'il y avait une échappatoire, mais la
cave était semblable à celle où s’étaient retrouvés Harry et Ron il y a quelques mois de cela.
Quelques protections avaient même été ajoutées mais Dobby n’était plus là pour les sauver, ils
allaient devoir se débrouiller seuls.

— C'est peine perdue Hermione. Nous n'avons pas de baguette.

Les yeux de la jeune femme s’illuminèrent et elle commença à fouiller frénétiquement dans son
sac. Elle en sortit deux baguettes, l’air victorieux. Remus se demandait comment la jeune femme
avait toujours autant de ressources, toujours autant d'idées pour sortir des pires galères. Être l'amie
d'Harry Potter devait bien aider. Personne n’attirait les ennuis autant que lui. Mais c'était surtout de
la chance que les mangemorts aient été suffisamment négligeant pour lui laisser son sac.

— Je ne suis pas sûr que ça marche. Le Manoir doit être protégé.

— Alohomora. Bon ça ne marche pas.

Elle fouilla à nouveau dans son sac de perle, et en sortit un petit couteau Suisse. Après quelques
minutes elle réussit enfin à ouvrir la grille.

— Bon on va sortir par derrière. Vous vous mettez sous la cape d'invisibilité. Je me jette le sort de
désillusion.

Remus était étonné de la voir ainsi, elle avait changé, était devenue plus mature. Bien que ses yeux
transpiraient de souffrance, elle faisait passer la Cause avant tout. Elle avait bien changé la petite
fille qui levait la main à chaque question d'un professeur. Il sortit de ses pensées lorsqu'elle lui
tendit sa baguette.

— Tenez c'est pour vous défendre, au cas où. Je vais prendre celle de Harry.

Il avait bien compris ce que cela signifiait pour Hermione. Pour les sorciers, leur baguette faisait
partie d'eux même. C'était donc très dur de s'en séparer. Avec la baguette d'Harry, elle retrouvait un
peu de lui, c'était donc impensable qu'elle s'en sépare. Remus supposait qu'elle ne se servait
quasiment plus de sa baguette. Pour ne pas être repérée, et aussi pour ne pas oublier Harry d'une
certaine façon.
Ils montèrent les escaliers pas à pas, le plus discrètement possible. Ce fut leur chance, il n'y avait
aucun mangemort dans la salle. Remus vit sa baguette posée sur un meuble et l’attrapa furtivement.
Ils traversèrent la salle le plus vite et le plus discrètement possible et arrivèrent devant la sortie. A
peine la porte franchie, des voix se firent entendre.

— Ils se sont échappés ! Trouvez-les ! Le maître veut la sang-de-bourbe vivante mais tuez le loup.

— Hermione, il faut qu'on parte. Mais on ne peut pas transplaner.

— Tenez mon sac, je vais me transformer.

Sous les yeux stupéfaits de Remus, Hermione se transforma en un magnifique phénix. Elle attrapa
les épaules de Remus avec ses pattes et s'envola rapidement sous les cris des mangemorts qui
sentaient la punition de leur maître arrivée.

Hermione arriva à quelques mètres du Square Grimmaurd, déposa Remus au sol et reprit sa forme
humaine. Elle lui tendit la cape d'invisibilité et lui ordonna de ne faire aucun bruit. Tous deux
devinrent invisibles et passèrent furtivement devant les mangemorts présents.

Hermione monta immédiatement dans la salle de bain et faillit tomber dans les escaliers en les
descendant.

— Voici du dictame, montrez-moi vos blessures, je vais vous soigner.

— Hermione, tu n'as pas besoin de me vouvoyer, je n'ai jamais compris pourquoi tu t'es toujours
efforcée de me vouvoyer et m’appeler « professeur Lupin » alors que nous avons été membre de
l'Ordre tous les deux.

— Vous tutoyer ? Mais vous avez été mon professeur et—

— C'était il y a six ans, Hermione, ça me dérange que tu me vouvoies, je suis déjà assez vieux
comme ça, pas besoin de me rajouter vingt ans.

***

Hermione commençait à perdre patience. Une semaine. Une semaine qu'elle essayait de traduire le
livre sur les bijoux du temps. En rentrant au Square Grimmaurd, elle s'était aperçue que le livre
était écrit en runes anciennes. Ayant étudié cette matière à Poudlard, elle se dit qu'il serait facile de
traduire ce livre. Quelle erreur ! Naïvement, elle avait cru que ses quelques heures de cours
pendant quatre ans allaient suffire. Même avec un dictionnaire de runes elle avait du mal. Elle ne
traduisait pas plus de deux pages par jours en laissant quelques blancs et le pire était que les
phrases n'avaient aucun sens, le peu de mots qu'elle parvenait à déchiffrer ne menaient à rien

Remus se sentait impuissant face à l'énervement de la jeune femme. Il n'avait jamais étudié les
runes et ne pouvait donc pas l'aider. De plus, ils avaient décidé d'un commun accord de ne pas
sortir de la maison pendant quelques temps, voyant défilés plus que jamais les mangemorts près de
l'habitation.

— Ça ne sert à rien que je reste traduire comme ça ! J'ai traduit douze pages en une semaine, il me
faut autre chose. Un dictionnaire plus performant je ne sais pas.

— On ne va pas pouvoir sortir tout de suite, tu sais bien que les mangemorts sont là.

— Ce ne sont pas quelques vulgaires sous-fifres qui vont me faire peur. J'ai connu pire que ces
amateurs.
La jeune femme partit d'un pas décidé dans sa chambre et revint avec la cape d'invisibilité de son
presque frère.

— Je vais sur le chemin de traverse. Non ne me coupe pas ! continua-t-elle en voyant le regard de
son ami. Je sais que c'est dangereux mais je serai très prudente. Pendant ce temps-là, j'aimerais
bien que tu cherches un sort qui permettrait de traduire automatiquement les runes. Tu veux bien
faire ça pour moi ?

Hermione partit le sourire aux lèvres, sous le regard déconfit de Remus, qui se disait qu'elle avait
trop d'influence sur lui et qu'il fallait qu'il s'affirme un peu plus. Il avait vingt ans de plus par
Merlin !

***

— Hermione !

— Oui ?

— Tu sais, la pleine lune est dans une semaine et je ne sais pas où je vais pouvoir me transformer.
De préférence loin de toi.

— Oh oui c'est vrai. Hum, eh bien soit on ira dans la cave soit on ira dans la forêt, il y a un bois pas
très loin d'ici.

— Comment ça, on ?

— Je vais t'accompagner. Ton loup jouera avec le phénix, comme il jouait avec les animagi des
maraudeurs.

— C'est hors de question, je n'ai pas de potion tue-loup, je pourrais te blesser ou pire, te tuer.

— Je t'arrête tout de suite, cela fait longtemps que j'ai pris ma décision, ce n'est pas toi qui va me
faire changer d'avis.

***

Remus se réveilla dans un lit moelleux, le corps courbaturé et endolori. Sa nuit lui revint en
mémoire et il pensa tout de suite à Hermione. Et s'il l'avait blessé ? Et si elle le détestait, après
avoir vu ce qu'il était vraiment ? Il se précipita hors de son lit mais chancela, pas encore tout à fait
remis de sa nuit. Ce fut à ce moment-là qu'Hermione entra dans la chambre et fut étonnée de voir
son ami debout.

— Remus ! Qu'est-ce que tu fais debout ? Retourne au lit ! Allez dépêche-toi !

— Tu vas bien ? Je t'ai blessé ? Ne me mens pas ! Tu n'es pas dégoûtée ?

— Non pourquoi est-ce que je serais dégoûtée ? Je t'avais déjà vu sous ta forme de loup quand
j'avais quatorze ans. Je n'avais pas été dégoûtée donc je ne vois pas pourquoi je le serais
maintenant. J'ai seulement quelques égratignures, ce n'est rien. On ne peut pas en dire autant pour
toi. Toutes tes cicatrices ne datent pas d'hier.

— Montre-moi tes « égratignures » ! ordonna-t-il d’un ton ferme.

La jeune femme lui répondit qu'il n'y avait absolument rien à voir mais il ne l'écouta pas. Malgré
ses protestations, il l'attrapa et senti quelque chose sur son ventre. Il souleva légèrement son tee-
shirt et vit un long bandage recouvrir une bonne partie de son ventre.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Rien, ce n'est rien.

— Tu as vu ce que je t'ai fait ! Le mois prochain, tu ne viens pas avec moi, c'est hors de question.

— Ce n'est pas à toi de décider ce que je dois faire ! Tu m'as blessé et alors ? J'ai connu pire qu'une
petite griffure.

— Hermione ton bandage est plus rouge que blanc alors je ne crois pas que ce soit juste une «
petite griffure ».

— Soit heureux, grâce à toi j'ai trouvé la solution pour lire le livre.

— Ah bon ? répondit Remus, l'air hébété, se demandant comment il avait bien pu aider, alors qu'il
était déchaîné sous sa forme de loup.

— A l'aube, je t'ai fait léviter. Et je suis rentrée au Square, ce qui n'a pas été une mince affaire. Le
livre était ouvert sur la table, j'étais monté te coucher et j'avais nettoyé tes blessures. Je suis
redescendue soignée les miennes et du sang est tombé sur le livre. J'ai juste eu le temps
d'apercevoir une phrase en anglais et les mots sont redevenus des runes. Je pense qu'il faut verser
du sang pur sur le livre pour pouvoir le lire.

— Brillant ! Tu es vraiment brillante ! En revanche, je ne vais pas pouvoir aider pour le sang, ma
mère était moldue.

***

Cela faisait maintenant un mois que Hermione avait découvert la solution pour lire le livre sur les
bijoux du temps. Elle et Remus attendaient impatiemment qu'un mangemort au sang-pur vienne
surveiller le Square Grimmaurd. Le seul problème était qu'ils ne connaissaient pas tous les
mangemorts et les sang-purs « importants » ne faisait pas ce genre de mission.

— Remus, viens vite voir !

Le sorcier se précipita vers Hermione. Elle lui désigna la fenêtre et il ouvrit discrètement le rideau.
Il aperçut trois mangemorts quelconques, le reste du Square était vide. Il ne vit rien d'anormal ou
qui avait changé.

— Là tu ne vois pas ! Le blond, c'est un Rosier ! Je l'ai reconnu.

— Où veux-tu en venir ? Je t'avoue que je suis perdu.

— C'est bien connu que tous les Rosier sont des sang-purs. Il me faut son sang.

Elle ne laissa pas le temps à Remus de placer une phrase, attrapa la cape d'invisibilité et sortit de la
maison. Il rejoignit rapidement son amie, craignant qu'elle se fasse repérer. Hermione arriva près
des mangemorts et stupéfixia les deux premiers avec une facilité déconcertante. Pour Rosier, ce fut
une autre histoire, il enchaînait les sorts de magie noire à l'aveugle, ne permettant pas à Remus de
se rapprocher de la jeune femme. Hermione, elle essayait tant bien que mal de rester cacher sous la
cape en évitant les sortilèges.

Le mangemort vit une baguette sortir de nulle part. Il connaissait cette baguette. Mais oui, bien sûr
c'était la baguette de Potter. Il eut à peine le temps de se demander ce qu'elle faisait là qu'il sombra
dans l'inconscience.

— Pourquoi il faut toujours que tu fasses tout toute seule !

— Vite donne-moi une fiole, il me faut son sang.

— Qu'est-ce que tu lui as fait ?

— Un bon Sectumsempra fait toujours l'affaire.

— Hermione ! C'est de la magie noire !

— Remus on peut en parler ce soir, je t'expliquerai si tu veux mais là il faut vraiment que je
m'occupe de lui ! Rendre à la maison s'il te plaît.

Remus obéit avec un bon regard noir et rentra dans la maison, se promettant d'avoir une bonne
discussion avec la jeune femme. Hermione finit de prendre le sang du mangemort, lui lança le
sortilège de la mort et effaça toute trace de lutte et de son passage. Puis elle rentra à son tour dans
la maison. Ses vêtements étant plein de sang, elle alla se doucher et fit donc encore attendre Remus
qui voulait des réponses à ses questions.

— C'est bon, je suis prête ! On va pouvoir enfin lire ce livre.

— Non.

— Non ?

— Non. Tu vas d'abord répondre à mes questions.

— Je t'écoute Rem'

— Rem' ?

— Oui j'aime bien, c'est plus court et—

— Ce n'est pas le sujet Hermione. Depuis quand utilises-tu la magie noire ? Je t'ai vu tuer Rosier !
C'était tellement naturel ! Tu as tué combien de personnes ?

— J'ai appris la magie noire après la mort d'Harry. Je sais qu'il n'aurait pas aimé que je tombe là-
dedans mais c'est trop tard ! C'est comme les cigarettes moldues. Une fois que tu as goûté, tu ne
peux plus t'en séparer. Manque de chance, je suis tombée dans les deux.

— Tu fumes aussi ! Depuis quand ? Qu’est-ce qu’il a bien pu se passer ? Ron savait que tu
apprenais la magie noire ?

— Oui et non. Je fume depuis la Grande Bataille et non Ron ne l'a jamais su. Je ne voulais pas qu'il
le sache. Ne t’inquiète pas, la magie fait partie de moi maintenant, je m'y suis habituée. Si tu n'as
jamais senti la cigarette c'est parce que je me jette un sort pour masquer l'odeur, je la déteste.

— Pourquoi tu fumes alors ?

— Je ne pense pas que tu sois prêt à entendre la vérité Remus.

— Très bien. Je pense alors que je suis prêt à entendre pourquoi tu as réussi à tuer Rosier aussi
facilement.
Hermione se leva brusquement et commença à faire les cent pas dans la pièce, sa démarche
montrait qu'elle était mal à l'aise.

— Ce n'est pas la première fois que je tue quelqu'un Rem'. Ne fais pas cette tête ! Tu n'as jamais
tué quelqu'un ?

— Si deux fois. La première fois j'avais seize ans, c'était la pleine lune et James et Sirius étaient en
retenu, Peter ne pouvait pas gérer un loup déchaîné. Je suis sorti de la cabane hurlante. Une
personne du ministère était dans la forêt interdite pour parler avec je ne sais pas quelle créature et
je l'ai tuée. Je ne m'en suis jamais vraiment remis. C'est James qui a réussi à me faire reprendre
goût à la vie. Et à peine je fus remis, il est mort.

La voix de Remus était étranglée, sa douleur était visible. Hermione regrettait d'avoir posé sa
question. Elle comprenait maintenant pourquoi Remus ne voulait pas qu'elle lui tienne compagnie
durant la pleine lune. Elle revint s'asseoir près de lui et le prît dans ses bras.

— La deuxième c'était un mangemort qui allait tuer Harry. Alors je n'ai pas réfléchi et je l'ai tué. Je
m'en voudrais toute ma vie d'avoir tué ces deux personnes.

— Même si l'une d'entre elle était un mangemort ?

— Oui bien sûr ! Qui suis-je pour décider qui a le mérite de vivre ou de mourir. Je ne suis personne
alors je te le demande, combien de personnes tu as tué ?

Hermione lui releva la tête et eut un temps d'hésitation. Elle finit par lui répondre les yeux dans les
yeux.

— Je n'en ai absolument aucune idée. Cela peut être autant vingt personnes que cent. Je ne sais pas
du tout. Tu dois me trouver cruelle et sans âme et c'est sûrement vrai. Je me suis longtemps dit
cela, pourquoi je mérite de vivre et pas eux. Et j'ai repensé à tous ces morts, toutes les personnes
mortes pour leur conviction que les mangemorts ont assassiné. Je me suis octroyé le droit, en tant
que survivante de leur ôter la vie. Je vois ta question venir. Bien sûr que je me suis dit que je ne
valais pas mieux qu'eux après avoir tué la première personne durant la bataille. Et puis j'y ai
longuement réfléchi, et je me suis dit que ce sont nos convictions qui changent. Ils tuent pour le
plaisir, je tue par vengeance, pour Harry. Ce n'est peut-être pas mieux. Mais c'est ainsi. Comme
disent les moldus, aux grands maux les grands remèdes. Je peux comprendre que tu m'en veuilles.
Mais nous avons toujours les mêmes convictions. On est juste différent dans notre façon de se
battre pour elle.

— Je ne pense pas que je ne veuille plus te parler, c’est un peu extrême. Je suis juste surpris.
Lorsque je t'ai retrouvé, j'ai tout de suite vu que tu avais changé mais je ne m'attendais pas à
quelque chose d'aussi radical. Il me faudra un peu de temps pour réfléchir à tout ça.

— Bien sûr, je te laisserai le temps qu'il te faudra. Mais tu sais, la guerre nous a tous changé, en
bien ou en mal mais toutes les guerres changent les personnes qui les vivent.

D'un commun accord, ils décidèrent de se concentrer sur autre chose et allèrent chercher le livre
sur les bijoux du temps. Ils étaient tous deux impatients, Hermione plus que Remus. Celui-ci avait
des doutes. Et si Rosier n'était pas un sang-pur ? Et si le sang d'Hermione avait été un hasard ?
Hermione versa une première fiole sur le livre sous les yeux impatients de Remus.
Enigme(s)

« Les livres anciens ont le parfum des mots oubliés. »


Sandra Dulier

Hermione versa délicatement la fiole de sang sur la première page du livre et les runes se
transformèrent en mots.

« Bravo à vous, lecteurs ! Vous avez réussi à découvrir ce livre, cela fait désormais de vous les élus
du temps. »

— Les élus du temps qu'est-ce que c'est ?

— Continue à lire, Rem’.

« Lors de la phase finale, vous découvrirez le secret que renferme ce livre mais vous devez d'abord
réussir les deux autres phases. Si vous réussissez, vous aurez une chance de sauver votre monde,
Sorciers. Mais prenez garde, ce sera un long parcours, fait de douleurs, d'horreurs et de choix. Le
monde repose sur vous. »

— Super, on n’a pas du tout de pression sur nous, là, tout va bien.

— Hermione, on savait déjà que l'avenir du monde reposait sur nous !

Remus vit les yeux d'Hermione se remplir de larmes. C'était la première fois qu'il l'a voyait pleurer.
Oh, il se doutait qu'elle pleurait le soir mais elle ne voulait pas le lui montrer. Il lui ouvrit ses bras
et Hermione se réfugia dedans en sanglotant.

— Oui c'est vrai qu'on savait que le monde reposait sur nos épaules. Mais ça fait mal quand c'est
écrit par quelqu'un d'autre, réussit-elle à articuler entre ses larmes.

— Ne t'inquiète pas, on va réussir, il ne faut pas qu'on commence à se lamenter sur notre sort, on
doit se ressaisir.

Hermione reprit le livre et reversa un peu de sang sur la page suivante.

« Élus du temps, voici la phase une :


L'union du plus grand animal vivant du monde et du temps a créé le Joyau de la nature, le Joyau
de la nature a créé le Joyau du temps. Trouvez-le près de son parent, où les kangourous sont rois.
Ceci est la phase une. »

— Je crois que cela ne va pas être aussi facile que nous le pensions.

***

Cela faisait quelques semaines que les deux survivants avaient découvert l'énigme, qu'ils l'avaient
en tête sans arriver à la comprendre. Hermione était désemparée, jamais quelque chose ne lui avait
fait défaut pendant aussi longtemps mais depuis que ce livre est arrivé dans sa vie, tout avait
changé. Elle sortit de sa chambre et descendit les escaliers, elle vit Remus en train de relire encore
une fois l'énigme. Il n'en avait plus besoin, il la connaissait par cœur désormais, tout comme
Hermione d'ailleurs. Pourtant cela leur donnait espoir qu'il restait un petit indice qu'ils avaient
loupé. Mais plus les jours avançaient, plus ils en doutaient.
— Joyeux anniversaire Remus !

— Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?

— Nous sommes le dix mars aujourd'hui, c'est ton anniversaire, non ?

— Comment tu peux penser à mon anniversaire alors qu'on ne sait même pas si on va vivre demain
? J’ai quarante ans !

— Je me suis dit que ça pourrait nous faire du bien de penser à autre chose. Tiens voilà tes cadeaux
je n'ai pas pu faire d'emballage dit-elle en lui tendant en sac.

Remus l'attrapa et en sortit deux ouvrages. Il regarda les deux livres, l'un était moldu tandis que le
second était sorcier.

— L'occlumencie pour les débutants ?

— Oui, c'est très important, j'ai vu que tu n'étais pas du tout entraîné et Voldy pourrait très bien
entrer dans ton esprit s’il est à proximité.

— Voldy ? Tu n'es pas sérieuse, questionna Remus, avec un sourire

— Son nom complet est tabou, j'ai bien peur que tu-sais... et celui-dont-on... ne le devienne aussi,
j'ai donc pensé à Voldy.

Remus haussa les sourcils mais ne dit rien. Il continua à observer ses cadeaux et prit le deuxième
livre.

— Les animaux marins peu connus ?

Hermione entreprit de lui expliquer que c'était un livre moldu, car il était devenu impossible
d'acheter les livres sorciers. Le premier livre était à elle mais ne lui servait plus donc cela était une
occasion pour l'offrir à quelqu'un qui en avait besoin. Elle s'était dit que ce livre pourrait lui plaire.
Remus la remercia, quelque peu étonné par ces deux cadeaux.

Ce fut la plus belle soirée depuis la bataille, ils mangèrent bien, écoutèrent de la musique sorcière
comme moldue, discutèrent tranquillement, chose qu'ils n'avaient pas réellement faite depuis leur
dispute voire même depuis l'arrivée de Remus. Ils ne rigolèrent pas à en avoir mal au ventre, ni à en
pleurer, mais ils eurent quelques sourires, ce qui était déjà un grand progrès pour chacun.

***

Remus lisait. Depuis qu'Hermione lui avait offert ses livres, il s'entraînait beaucoup à
l'occlumencie. Il apprenait également beaucoup sur les animaux marins. D'ailleurs c'était ce livre
qu'il lisait, cependant l'énigme du livre leur restait toujours dans la tête. Au bout d'un moment, il
tomba sur quelque chose qui le surprit beaucoup.

— Hermione !

— Oui ! Tu es où ?

— Je suis là. Je viens de découvrir quelque chose. Tu savais que le corail était un animal et non un
végétal ?

— Bien sûr ! Tu n'as pas appris ça à l'école ? Tu m'as dit que ta mère était moldue, tu n'es pas allé
dans une école moldue ?
— Si, c'était important pour ma mère que j'ai une éducation moldue, mais je ne me souviens pas de
ça.

— Pourquoi tu me demandes ça ?

— Dans mon livre, le corail est décrit comme le plus grand animal vivant du monde ou comme le
Joyaux de la nature.

— Tu plaisantes ?

Hermione lui arracha le livre des mains et commença à lire le chapitre sur les coraux. Lorsqu'elle
l'eut fini, elle dû se rendre compte de l'évidence.

— On doit aller dans un endroit où il y a du corail, je suis sûre que c'est ça. Où les kangourous sont
rois. Où les kangourous sont rois ?

Remus décida de ne pas l'interrompre dans ses réflexions, il savait qu'elle avait horreur de ça et
cela pouvait les débloquer de cette situation tous les deux.

— Mais oui ! On dit que l'Australie est le pays des kangourous, ça doit être ça. Il faut qu'on y aille.
Oui c'est ça, on va faire ça.

—Hermione, on ne peut pas partir comme ça, il faut d'abord que nous nous préparons.

—Oui tu as raison. Nous ne devons pas nous précipiter.

Ce fut ainsi que les deux amis s'entraînèrent de façon acharnée. Remus apprenait à Hermione l'art
du duel, elle le connaissait mais pas assez selon Remus. Hermione elle, lui apprenait l'occlumencie
ainsi que le combat moldu, cela pouvait toujours servir. Lorsqu'ils ne s'entraînaient pas, ils étaient
dans le laboratoire de potions à fabriquer du polynectar, du véritaserum, du felix felicis et de
nombreuses autres potions. Hermione, comme quelques années auparavant, préparait également les
livres qu'ils devaient emmener.

***

— Vite Rem’ ! Dépêche-toi !

— Nous n'avons rien oublié ?

— Non, tout est dans mon sac, aller plus vite.

Les deux amis partaient précipitamment du Square. En effet, Hermione avait mal transplané avec la
cape et le mangemort de garde l'avait vu. Il s'était donc empressé d'aller rapporter leur cachette à
son maître. Depuis, ils effaçaient toute trace de leurs recherches et avaient finalisé leur voyage.
Cependant il fallait qu'ils se dépêchent. Ils devaient partir à pieds. Une fois sortit de la maison, ils
essayèrent de partir rapidement, mais il était trop tard. Voldemort était déjà là.

— Tiens le loup et la sang-de-bourbe ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de
vous torturer. Capturez-les ! ordonna-t-il a ses mangemorts.

— Avada Kedavra

— Sectusempra

— Endoloris
— Impedimenta

— Silencio

— Immobulus

Les sorts s'enchaînaient sans une seconde de répit. Les mangemorts les plus faibles tombaient mais
Remus et Hermione était deux contre une centaine, ce qui était assez problématique et leurs
chances de s’en sortir étaient faibles.

—J'ai une idée ! Viens derrière moi.

Remus réussit tant bien que mal à se cacher près d'Hermione après avoir évité un bon nombre de
sortilèges impardonnables.

— PROTEGO MAXIMA

Une barrière invisible se créa entre les mangemorts et les deux amis.

— Reducio

Hermione et Remus devinrent minuscules et disparurent aux yeux des mangemorts. Remus n'avait
pas vraiment compris ce qu'il se passait, et pourquoi il était aussi petit.

— Aller cours Rem'

— Tu m'expliques ?

— Je nous ai jeté le sort de ratatinage. Il faut qu'on trouve un coin pour se grandir et devenir
invisible. On doit aller à l'aéroport.

— Pourquoi nous ne restons pas petit ?

— Mais enfin Rem' on ne va jamais arriver à l'aéroport si on reste petit. Et puis, hésita-t-elle, je ne
savais pas si le sort marchait sur les humains donc je ne préfère pas trop rester petite.

— Tu n'as jamais lancé ce sort ? s’étrangla le sorcier.

— Uniquement sur des objets.

***

Les deux sorciers étaient, quelques heures plus tard, enfin dans un avion. Il n'y avait pas d'avion
pour l'Australie avant plusieurs jours mais ils décidèrent de partir au plus vite de leur pays. Leur
avion se posa à l'aéroport de Madrid et les sorciers se précipitèrent à l'accueil pour prendre le
prochain vol pour l'Australie. Ils tombaient bien, il y en avait un dans quelques heures et il était
loin d'être complet. Avant qu'elle ne put l'acheter, Remus pris à part Hermione, loin des oreilles
indiscrètes.

— Hermione, c'est la pleine lune ce soir ! Je ne pourrai pas me transformer dans l'avion. Je suis
vraiment désolé mais on va devoir attendre plus longtemps.

— Oh j’avais complètement oublié, désolée. On attendra, c’est pas grave, on n’est plus à quelques
jours près... On en profitera pour aller dans le Madrid sorcier et prendre ce dont on a besoin.

Elle alla demander à l'hôtesse d'accueil quand serait le prochain vol. Après avoir réglé toutes les
réservations, elle retourna avec son ami.

— C'est bon Rem' dans un peu plus de six jours on sera en Australie. Ce qui te laissera cinq jours
pour te reposer plus tout le temps du trajet.

***

Il était vingt heures trente et Hermione prenait l'air sur la terrasse de leur hôtel moldu. Une légère
brise vint effleurer son visage. Elle avait toujours aimé cette sensation. Le vent qui touchait son
visage, le vent qui s'emmêlait dans ses cheveux, le vent qui s'infiltrait dans ses vêtements. Le vent
lui rappelait ses années d'enfance, quand elle partait en vacances au bord de la mer avec ses
parents. Parents qui ne se souvenaient plus d'elle. Parents qui étaient également en Australie. Peut-
être les verrait-elle... Oh elle n'était pas naïve. Elle savait très bien qu'elle n'était qu'une inconnue
pour eux. Ils étaient peut-être même morts. Non, elle ne devait pas penser à eux. Elle avait fait son
choix il y a plusieurs années. C'était du passé.

Perdue dans ses pensées, elle se rendit compte qu'il était déjà vingt heures quarante-cinq et en ce
mois d'avril, le soleil allait bientôt se coucher. Elle écrasa sa cigarette, jeta un sort pour masquer
l'odeur et remonta dans la chambre de Remus, prête pour le calvaire.

Lunard était très énervé ce soir. L’absence de potion tue-loup ainsi que le nouvel environnement ne
jouaient pas en sa faveur. Le phénix d'Hermione avait beaucoup de mal à le calmer. Chaque
seconde d'inattention pouvait se transformer en drame. Hermione se débrouillait plutôt bien mais la
fatigue accumulée depuis plusieurs jours eut raison d'elle et détourna le regard pour voir quelle
heure était-il. Elle eut à peine le temps de voir l'heure —quatre heures trente— que le loup lui
sauta dessus. Surprise, elle ne contrôla rien et reprit sa forme humaine contre son gré. Le loup
commença à la mordre puis de plus en plus profondément. Elle n'avait pas sa baguette et ne faisait
pas le poids contre un loup toute seule. Elle eut juste le temps de se dégager pendant une petite
seconde et transplana dans sa chambre.

Tout n'était que souffrance. La douleur irradiait dans son corps. Chaque millimètre carré de sa peau
la brûlait, chaque cellule de son corps semblait se consumer. Elle sentit son corps s'agrandir, ses
dents s'allonger, ses vêtements se déchirer. Puis Hermione perdit toute conscience humaine.

***

Remus se réveilla nu et courbaturé. Son instinct lui annonça d’emblée que quelque chose n'allait
pas, n'était pas habituel. Il baissa les yeux vers le sol et vit des traces de sang assez importante ainsi
que beaucoup plus de morsures sur son corps qu’après une pleine lune « classique ». Il fut
tellement épuisé qu'il ne s'en préoccupa pas plus que ça. Il s'allongea sur son lit et s'endormit
aussitôt. Quelques heures plus tard, après avoir récupéré de sa nuit, Remus trouva étrange de ne pas
voir Hermione à son chevet. Il décida donc d'aller la voir. Il se leva difficilement de son lit,
toujours courbaturé et s'habilla. Il traversa le couloir et toqua à la porte d'Hermione. Pas de
réponse. Il entra alors et son cœur s'arrêta.

Elle était là. Paisible. Ses cheveux éparpillés tels une couronne. On pouvait croire qu'elle dormait.
On pouvait le penser. Cependant, elle reposait alors dans une mare de sang. Elle était nue et avait
un nombre incalculable de cicatrices. Elle en avait déjà beaucoup avant, mais il y avait beaucoup
de cicatrices récentes. Son visage était neutre et ses yeux fermés, mais on voyait qu'elle avait
souffert.
Remus resta bloqué. Il avait toujours su que c'était une mauvaise idée de l'accompagner lors de ses
transformations. Il n'était pas lui-même et sans potion tue-loup c'était encore pire. Il était un
monstre. Il tomba à genoux. Jamais il ne s'en remettrait, il avait fait trop de mal, perdu trop de
personnes. Les larmes aux yeux, il tomba sur le corps d'Hermione, pleurant et gémissant. Avec
pour seule pensée :

J'ai tué Hermione.


Hôpital & confidences

« La mort n'est pas la plus grande perte dans la vie. La plus grande perte est ce qui meurt en nous
pendant que nous vivons. »

Norman Cousins

—Je suis tellement désolé Hermione ! Tout est ma faute ! Si j'avais plus insisté tu ne serais jamais
venue. Tu méritais de vivre, tellement plus que moi. Je ne pourrais jamais m’en remettre, je ne
peux pas être seul, pas encore une fois, je t'ai tué, je m'en v—

Remus arrêta son monologue. Il avait cru entendre quelque chose. Il se pencha à nouveau sur le
cadavre d'Hermione et entendit un bruit de respiration.

—Hermione ?

Il vérifia sa respiration, et vit qu’il y avait bien un souffle faible qui s’échappait de ses poumons .
Cependant son état était déplorable et elle avait perdu énormément de sang. Remus la souleva
délicatement sur et transplana, sans penser aux conséquences.

—Vite ! Un médicomage, mon amie est entre la vie et la mort.

Une équipe vint prendre en charge la jeune femme et Remus resta seul dans le couloir à attendre.
Un homme vint le voir. Il en déduit qu'il était un apprenti encore à l'école en vue de son jeune âge
et la couleur de sa robe, elle était plus claire que celle des médicomages qu'il avait vu
précédemment.

—Est-ce votre femme dans le bloc opératoire ? Votre fille ?

—Ni l'un ni l'autre, c'est une amie. Une amie proche.

—Très bien, les médicomages s'occupent d'elle en salle d'opération mais ils m'ont envoyé pour
recueillir des informations sur ses blessures. Qu'est-ce qui as pu causer des blessures aussi
importantes ? Nous avons vu un nombre incalculable de cicatrices sur son corps comment sont-
elles apparues ? Mais vous saignez ! Vous aussi vous êtes blessé. Venez, je vais vous soigner.

Remus suivit l'apprenti médicomage, bien qu'il lui ait dit que ses blessures étaient superficielles, ce
qui lui valût un bon regard noir. Il désinfecta ses plaies puis les referma à l'aide de sorts de soin.

—Vous aussi vous avez un nombre incalculable de cicatrices. Pouvez-vous répondre à mes
questions maintenant.

—Pour ce qui est de la blessure de mon amie, elle a été attaquée par un loup-garou cette nuit. Je l'ai
d'abord cru morte mais j'ai ensuite entendu sa faible respiration. J'ai donc transplané ici. Pour ce qui
est de nos cicatrices, c'est le passage de la guerre sur notre corps.

—La guerre ? Il n'y a pas de guerre en Espagne.

—Nous sommes anglais. Mais vous savez, les cicatrices physiques ne valent pas rien en
comparaison des cicatrices mentales. Vous ne connaissez pas cela, vous vivez relativement bien,
vous aller devenir médicomage, avoir des enfants, une maison et toute la vie qui va avec. Mais
n'oubliez jamais cela, Vous-savez-qui et ses fidèles ne seront jamais rassasiés. Ils ont vaincu et
réduit le peuple anglais en esclavage. Ils s'attaquent à la France et à l'Allemagne. L'Espagne se
saurait tarder. C'est pour ça qu'il est le plus dangereux mage noir. Les autres se contentaient du
viol, de la torture et du meurtre. Lui, il veut voir la flamme de vie de chaque personne s'éteindre,
jusqu'à la mort, voir leur lente descente aux enfers.

Le jeune homme resta pantois. Son expression n'était pas du tout flatteuse, il avait la bouche
ouverte et les yeux grand ouverts, on avait l'impression qu'ils allaient sortir de leur orbite. Le jeune
médicomage avait bien sûr décelé quelque chose, sous le masque froid de l'homme. Une lueur au
fond de ses yeux qui criait la souffrance et la peur. Il ne pouvait pas imaginer un quart de ce que
l'homme avait vécu, et en y repensant, il se demanda si la jeune femme avait vu pire. Certes
l'homme était plus vieux qu'elle mais celle-ci devait avoir la vingtaine, son innocence avait dû
voler en éclat très tôt. Mais l'homme étant plus vieux, avait sans doute vécu plus de choses.

Perdu dans ses pensées, le jeune homme ne vit pas Remus sortir de la pièce. Il se demanda qui
pouvait bien être ces deux anglais qui arrivaient de nulle part blessés et résistant contre la dictature.
Il retourna avertir ses supérieurs de la nature des blessures de la jeune femme. Ils venaient de finir
l'opération et il put apercevoir la jeune femme dans la salle de réveil. Mais bien sûr qu'il la
connaissait, c'était Hermione Granger, la meilleure amie d'Harry Potter, la dernière résistante du
Royaume-Uni.

—Fernandez ! Venez-ici ! Alors ce compte rendu ? ordonna le médicomage

—Oui, monsieur. La blessure a été faite par un loup-garou déchaîné lors de la pleine lune et les
cicatrices datent de plusieurs mois à la guerre. Ce sont des anglais. Rajouta-t-il, comme si le mot
était tabou.

—Bien sûr que j'avais vu que c'était des morsures de loup-garou, imbécile ! Ce que je veux savoir
c'est qui est ce loup.

—Au vue de ses cicatrices, je pense que c'est l'ami de la patiente mais je ne peux pas être sûr.

—Oui je m'en doutais, bien Fernandez, vous pouvez disposer.

Le jeune homme partit sans demander son reste et traversa le couloir jusqu'à la porte d'Hermione.
Il hésita à entrer puis se ravisa et continua son chemin.

***

Quelques heures plus tard, Hermione se réveilla lentement et fut conduite à une chambre. Remus la
rejoignit et avant qu'ils n'aient pu commencer à parler, le médicomage entra dans la pièce.

—Bonjour, médicomage Sánchez pour vous servir. Alors c'est moi qui vous ai opéré et j'ai bien fait
mon travail. Vous n'aurez aucune séquelle sur vos cicatrices, cependant, étant donné que c'est un
loup-garou qui vous a mordu, vous n'allez pas rester indemne et allez devoir vous transformer à
chaque pleine lune. C'est cette transformation qui a provoqué l'hémorragie interne, elle n'aurait été
qu'externe sinon. Avez-vous des questions mademoiselle ?

—Non, merci, pouvez-vous nous laissez seul ? dit-elle d'un ton froid

Après un regard outré, le médicomage sortit de la pièce, non sans marmonner sur « ces jeunes de
nos jours qui ne respectent plus personne », laissant les deux amis seuls.

—Mais pour qui il se prend celui-là ! Heureusement qu'il a bien fait son travail cet idiot !

—Hermione.
—Et m'appeler mademoiselle, comme si j'étais une gamine de dix ans qui ne comprenait pas ce
qu'on lui dit !

—Hermione !

—Quoi ?

—Quand est-ce que tu vas pouvoir sortir ? Il ne faut pas qu'on reste dans un milieu sorcier trop
longtemps.

—Mais je suis prête allons-nous en. Oui, continua-t-elle après avoir vu le regard de Remus, je sais
ce que je fais, je vais très bien et je ne cours aucun risque. Bon très bien. Il faut qu'on retourne à
l'hôtel, vu les circonstances je n'ai pas eu le temps de prendre nos affaires. Mais je pense qu'il ne
faudra pas qu'on reste là-bas, avec tout le sang, ils ont dû appeler les aurors moldus, comment c'est
déjà, ah oui les policiers. Et puis nous avons transplané, même si nous ne sommes plus au
Royaume-Uni, je ne sais pas s'ils peuvent nous repérer.

***

Remus et Hermione s'était installé dans un autre hôtel, non loin du quartier sorcier et de l'aéroport.
Remus était allé refaire le stock d'ingrédients de potion le plus discrètement possible. Aucun des
deux amis n'osait aborder le sujet de la morsure mais ils savaient tous les deux que ça aller être une
étape inévitable. Ce fut Remus qui entama le sujet le premier, n'y tenant plus.

—Je suis tellement désolé de t'avoir contaminé Hermione. Je sais que toute ma vie ne suffira pas à
me faire pardonner et que cela sera horrible, tu souffriras énormément, si tu savais comme je m'en
veux, c'est entièrement ma faute.

—Rem’ stop ! Je savais très bien les risques que je prenais en restant avec toi lors de la pleine lune.
J'étais tout-à-fait consciente que je pouvais être mordue. Je l'ai fait et je ne le regrette absolument
pas !

—Comment peux-tu dire ça ? Je suis un monstre ! Un horrible monstre. Tu ne comprendras peut-


être jamais la portée de mon acte mais tu te rends compte, j'ai gâché ta vie !

—J’ai l'air d'un monstre ?

—Quoi, bien sûr que non, pourquoi dis-tu ça ?

—Très bien, si je ne suis pas un monstre, alors toi non plus.

—Ça n'a rien n'a voir. Tu ne connais pas cette souffrance, cette contrainte.

Hermione ouvrit la bouche, indignée de cette réplique. Elle, ne pas connaître la souffrance ? Elle en
voulait beaucoup à Remus sous-estimé ce qu’elle avait vécu.

—Comment oses-tu dire que je ne connais pas la souffrance ? J'ai été torturée, violée, j'ai vu mes
amis mourir devant moi, j'ai vu mes meilleurs amis mourir, j'ai vu Harry mourir. Ça c'était la
souffrance ! Voir la personne qui me connaissait le mieux, en qui j'avais une entière confiance
perdre la vie, voir ses yeux verts éteints. Tu ne sais pas ce que c'est. Alors niveau souffrance, ne
me donne pas de leçon. Je suis sûre que c'est horrible mais Harry vaut tellement plus qu'un petit
problème de fourrure.

Les deux amis se regardèrent un long moment, sans oser parler. Hermione ne s'attendait pas à tout
déballer ainsi, pensant que ces mots ne franchiraient jamais ces lèvres. Et Remus ne s'attendait pas
à ce qu'Hermione avait subi. Il savait qu'elle avait souffert mais il n'aurait jamais imaginé, même
dans ses rêves les plus fous, un quart des épreuves que la jeune femme avait traversé. Ils
s'aperçurent en même temps que leurs yeux n'avaient pas retenu les larmes libératrices.

—Excuse-moi, je n’aurais pas du dire çaa. Mais tu ne m'as jamais rien raconté sur tes années avant.

—Je ne me sentais pas prête.

La jeune femme prit une grande inspiration, s'installa dans un fauteuil et commença son récit.

—Nous avons tous pris conscience du monde à un moment différent de notre existence, je vais te
raconter cela de mon point de vue et un peu de celui de Harry. Notre si courte vie mais notre si
longue torture débuta à chaque fois par un événement clé. La longue descente aux enfers de Harry
commença le vingt-quatre 1995. Le jour de la troisième tâche, le jour du retour de... Le jour de la
mort de Cédric Diggory… À partir de ce moment-là, il s'est renfermé sur lui-même. Comment
pouvions-nous le comprendre ? Il avait vu la mort, combattu les ténèbres. Ron et moi ne savions
rien de tout ça. Et puis l'été est arrivé et nous nous sommes séparés. J'ai passé quelques jours chez
mes parents mais je suis retournée très rapidement au QG de l'Ordre. J'étais tellement heureuse de
retrouver le monde magique, de retrouver tout le monde.

—Je me souviens au début de l'été tu m'appelais encore professeur.

—Oui c'est vrai... Je m'en suis toujours voulu de ne pas avoir contacté Harry. Il était tellement seul
et moi j'étais tranquillement en train de faire ma petite vie avec les Weasley. Il était tellement en
colère lorsqu'il l'a su. J'aurais dû me rebeller contre Dumbledore, ne pas le laisser abandonner
Harry. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai vraiment commencé à réaliser ce qu'il se passait
chez son oncle et sa tante. Nous avons commencé l'année assez facilement mais Harry a
énormément souffert. Personne ne le croyait à propos du retour de Voldy, Ombrage le torturait.
L'armée de Dumbledore a été une sorte d'échappatoire, même si nous apprenions à nous battre. Et
puis la catastrophe est arrivée. La bataille du ministère. J'en veux toujours à Kreattur de nous avoir
menti. Sans lui Sirius serait sûrement vivant, Harry aurait été tellement plus heureux lors de sa
sixième année. C'est à ce moment-là que ma propre descente aux enfers à commencer, à la mort de
Sirius et aux cris de Harry. Les pires cris que j'ai entendus. La douleur, la souffrance, finit-elle en
sanglotant.

Remus prit la jeune femme dans ses bras pour qu'elle puisse se calmer. Malgré ses larmes
Hermione continua de raconter son histoire. Elle lui raconta sa sixième année, les cours de Harry
avec Dumbledore, ses cauchemars ainsi que ceux de Harry, toujours plus violents. Le deuil...

—Ron ne nous a pas toujours soutenu lors de cette année. Je crois qu'il a eu ce besoin de se séparer
de Harry et de moi, pour prouver qu'il pouvait plaire lui aussi. Harry a été très partagé entre nous
même s'il passait plus de temps avec moi, j'étais seule sans lui. Je pense que la descente aux enfers
de Ron a démarré lors de l'invasion des mangemorts, lorsqu'il a vu le visage de Bill abîmé, lors de
la mort de Dumbledore.

Hermione raconta à travers les souvenirs de Harry ce soir-là, les soupçons que Harry avait eu à
propos de Drago Malefoy, qui lui avait été incapable de tuer Dumbledore.

—Maintenant, je vais te raconter ce que nous avons vécu tous les trois. Personne ne l'a jamais su.
Personne. Je ne sais pas si je vais pouvoir tout te raconter maintenant mais je vais essayer.

La jeune femme fit une pose durant son récit, ce que Remus compris et lui laissa le temps qu'elle
avait besoin. Elle expliqua de son point de vue le séjour d'Harry au terrier ainsi que sa résignation
et son renfermement face à la guerre. La mort de Dumbledore l'avait profondément meurtri et il ne
s'en remettait pas. Le mariage de Bill et Fleur lui semblait insignifiant et déplacé face au contexte.
Mais Harry n'en parlait pas, il se renfermait de plus en plus sur lui-même, sans que Ron ou
Hermione ne puisse faire quelque chose.

—Ensuite, tu le sais, le Terrier a été attaqué et nous sommes partis. Nous avons transplané à
Londres mais le nom de Voldy était déjà tabou et les mangemorts nous ont repérés.

Hermione s'interrompit une nouvelle fois remettant ses idées au clair puis continua. Elle commença
à raconter ses souvenirs douloureux sur sa dernière année avec ses meilleurs amis réunis, le Square
Grimmaurd, le ministère, la forêt et l'abandon de Ron, en omettant certains passages comme sa
torture avec Bellatrix, seulement que leurs baguettes avaient été prise et que Harry utilisait la
baguette de Drago Malefoy et elle celle d'un rafleur. Elle raconta la mort de Dobby, l'escapade à
Gringotts puis la bataille de Poudlard. Les membres de l'Ordre et de l'AD qui tombaient, chacun à
leur tour. L'annonce de la mort de son meilleur ami, Harry qui ressuscitait, résistant à nouveau à l'
avada kedavra , la bataille qui reprit de façon acharnée. La mort de Tonks, de Remus, de tous les
Weasley. Le duel entre Harry et Voldemort, Bellatrix qui l'attaque en traître. Ron qui retient
Hermione alors qu'elle allait se précipiter sur le corps de Harry. Le décès de McGonagall. Les
survivants qui s'enfuient. L'évasion au Manoir Lestrange pour libérer les prisonniers, d’autres
tortures, toujours plus douloureuse que les précédentes. Ce fut l'occasion pour Hermione de
récupérer sa propre baguette ainsi que les morceaux de celle de Harry. La mort de Kingsley, de
Neville puis de tous les survivants peu à peu. En mars 1999, dix mois après la bataille, il ne restait
plus que Ron et Hermione.

Les deux amis avaient eu une grande maturité ensemble. Ils avaient terriblement grandi. Bien que
leurs rires se faisaient plus que rare, chacun était un soutien sans faille pour l'autre. Ils ne se
séparaient jamais excepter la nuit, où chacun avait besoin de son espace pour pleurer. La mort de
Ron fut un véritable déchirement pour Hermione. Son seul soutien après Harry avait disparu, son
seul meilleur ami.

—Rien de tout cela n’est ta faute Hermione. Tu ne pouvais prévoir ce qu’il allait arriver. Vous
étiez tous des enfants. Toi, Harry, Ron, Neville, Drago. Vous étiez des enfants et on vous a envoyé
au front. Vous avez dû prendre des responsabilités, que la plupart des adultes ne prendront jamais.
Dès votre plus jeune âge, vous avez subi des pertes, dû mettre vos compétences à rude épreuve.
Harry a perdu ses parents et d’une certaine manière, Neville aussi. Drago a été enrôlé chez les
mangemorts, simplement parce qu’il était un Malefoy, il n’a pas eu le choix. C’était cela ou il
mourrait. Ron et toi avaient dû soutenir Harry dans toutes ses batailles, avaient dû affronter des
choses inimaginables pour des enfants. Vous avez combattu des mangemorts qui ont le double de
votre âge, vous êtes partis pendant des mois à la chasse aux horcruxes, par amitié. Vous avez tous
été propulsé dans le monde des adultes bien trop tôt. Vous étiez des enfants qui ont eu l’obligation
de grandir bien trop vite.

—Merci, répondit-elle simplement, les larmes coulant toujours sur ses joues.

—Mais je me pose une question. Comment se fait-il que tu utilises la baguette d'Harry alors que tu
m'as dit qu'elle avait été cassée ?

—Oh. Eh bien un jour j'ai laissé tomber une larme sur la baguette et elle s'est réparée. J'ai fait des
recherches là-dessus. Je pense que c'est parce que Harry était la personne la plus chère à mes yeux,
sa baguette l'a compris.

—J'ai une autre question. Le Square Grimmaurd n'était plus sous fidelitas alors comment as-tu pu y
retourner ?

—Le mangemort qui avait transplané a été tué avant de pouvoir aller voir son maître. Je ne l'ai
appris que bien plus tard. Je ne pensais pas être la gardienne de la maison quand j'y suis retournée
pour prendre quelques affaires.

Les deux amis partirent se coucher après leur discussion. Remus passa une nuit assez calme, sa nuit
sous forme de loup et les événements de la veille l'avaient épuisé. Hermione, une nouvelle fois,
passa une nuit blanche.

***

Trois jours étaient passés et les deux amis s'apprêtaient à embarquer dans leur avion pour
l'Australie. Ces derniers jours, Hermione et Remus avaient préparés un stock considérable
d'ingrédients de potion. Cela faisait plusieurs mois qu'ils n'avaient plus aucuns ingrédients et alors
ils préféraient faire des réserves. Ils avaient un premier vol de Madrid à Doha, qui durait environ
neuf heures puis une escale d'une heure. Leur second vol durait un peu plus de quatorze heures. Ils
partaient mais pour combien de temps ? Leur quête était si longue. Il n'en voyait pas même la
moitié. Le changement de pays était loin d'être un problème, c'était déjà fait. Mais changer de
continent était une autre étape. Quelle serait la prochaine. Changer de planète ?

Hermione, comme à son habitude avait pris le plus de livres possibles pour en apprendre plus sur
le corail. Elle commença à lire le premier et se découragea assez vite. La Grande Barrière de corail
mesurait plus de trois cent quarante-huit mille sept cents kilomètres carrés. Bien que la jeune
femme savait que la barrière était énorme, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi gigantesque.
Trois cent quarante-huit mille sept cents kilomètres carrés à chercher de fond en comble. Chercher
une aiguille dans un champ de foin aurait été beaucoup plus simple. Et puis savoir quoi chercher
sembler être une des choses les plus importantes. Mais qu'est-ce que le Joyau d u Temps ?
Hermione n'avait aucune idée de ce que cela pouvait bien être. Elle ne fit pas part de ses
inquiétudes à Remus. Hermione avait développé ce défaut depuis la guerre : elle gardait tout ce qui
la tracassée voire la terrifiée pour elle. Cette habitude ne l'avait pas pour le moins quitté depuis
qu'elle avait retrouvé la compagnie de Remus. Elle rangea son livre et essaya de dormir mais cela
se révéla impossible. L'avenir promettait d'être un long parcours semé d'embûches.
Rencontre & révélations

« Soit toujours comme la mer, qui se brisant contre les roches, trouve toujours la force de
recommencer. »

Jim Morrison

Dix mois étaient passés depuis que Remus et Hermione avaient mis les pieds en Australie. Ils
avaient loué un petit appartement dans un quartier moldu assez tranquille et proche de la mer.
Chaque jour, ils plongeaient et ratissaient chaque millimètre carré de corail. C'était un travail de
fourmi qui en aurait fait fuir plus d'un à la fin de la première journée d'exploration mais les deux
amis n'avaient, en dix mois, jamais raté un seul jour de recherche. Ils y passaient près de dix heures
par jour. Qu'il pleuve, qu'il vente, que ce soit la canicule, ils y allaient toujours avec le même espoir
et revenaient toujours avec la même déception. Le sortilège de têtenbulle se révéla très utile car ils
étaient bien incapables de respirer dix heures sous l'eau. Plus les mois passaient, plus les deux amis
semblaient désespérés. Chacun avait pris une extrémité de la barrière et ratissait sa partie. Ils
savaient qu'un jour, en théorie, ils se retrouveraient à fouiller le même endroit mais cet instant
semblait très lointain.

Hermione vit qu'il était déjà dix-huit heures trente et se décida donc de sortir de l'eau. Elle se sécha
d'un coup de baguette et se dirigea vers sa voiture. Elle mit environ vingt minutes à rejoindre
l'épicerie du quartier. Elle devait s'occuper des courses pour la semaine car ils n'auront pas le temps
d'en faire pour la semaine qui venait. Celle-ci promettait d'être chargée. Le lendemain, leurs amis
moldus qu'ils avaient rencontré lorsqu'ils souhaitaient apprendre à nager, venaient dîner dans leur
appartement. Ella et Alex étaient deux cousins qui avaient tous deux été élevés par leur grand-
mère, les parents de la jeune femme étaient décédés dans un accident de voiture et ceux du jeune
homme étaient journalistes et avaient préféré parcourir le monde plutôt que de s'occuper de leur
fils et avaient donc laisser au soin de la grand-mère de l'élever. Le jour suivant, ils avaient rendez-
vous avec un journaliste sorcier qui était allé faire le point en Europe. Ils étaient très peu informés
de ce qu'ils se passaient puisqu'ils n'avaient plus de contact là-bas. Le samedi suivant, ils avaient
une nouvelle conférence sur le corail. Même s’ils en voyaient tous les jours, ils souhaitaient en
apprendre plus sur quelles cachettes les coraux pouvait habiter.

Lorsqu'elle eut fini ses courses, elle décida d'aller se balader sur le bord de mer. Cela faisait une
éternité qu'elle n'y était pas allée, bien qu'elle passait la plupart de son temps dans la mer, elle
aimait se promener dans cet endroit. Elle s'aperçut qu'une petite librairie avait ouvert ses portes et
Hermione Granger restait toujours Hermione Granger, peu importe les évènements, elle ne pouvait
pas s'empêcher d'entrer dans une librairie. Elle parcourut tranquillement les différents rayons et
feuilleta quelques livres.

— Monica, j'ai trouvé le livre que tu cherchais, s'exclama un inconnu en prenant le bras
d'Hermione.

La jeune femme s'était figée en entendant cette voix qu'elle connaissait si bien. Elle se retourna
lentement et fit face à l'homme qui l'avait interpellée.

— Oh, excusez-moi, je vous ai pris pour ma femme. Vous lui ressemblez beaucoup. Vous allez
bien ? s'interrompit-il en voyant l'expression d'Hermione.

Ses yeux s'étaient remplis de larmes et sa lèvre inférieure tremblait sans qu'elle ne puisse
l'empêcher. Elle semblait si fragile, si vulnérable, qu'à cet instant, il était impossible d'imaginer
qu'elle avait passé plus de dix heures dans l'eau pour trouver un objet inconnu. Dans un murmure
inaudible elle prononça le nom « Papa » . Elle était si bouleversée qu'elle semblait se briser sur
place.

— Hermione !

Elle se retourna vivement, se détournant le plus rapidement de l'homme, pour qui, un jour, elle
avait été la fille. Elle connaissait aussi cette voix, féminine, mais fut rassurée de constater que ce
n'était pas celle de sa mère. C'était celle d e Ella qui se demandait bien comment la jeune femme
s'était retrouvée dans cette état.

— Viens on y va, tu vas m'expliquer, lui dit-elle d'une voix douce, la prenant précautionneusement
par le bras.

L'homme était resté immobile, ne sachant pas que faire. Un déclic se fit lorsqu'il entendit le
prénom de la jeune femme.

— Hermione ? Comme dans...

— Le Conte d'hiver, continua la concernée

Le cœur d'Hermione se brisa lorsqu'elle entendit son père prononcer son nom. Elle devait
absolument les oublietter, elle avait laissé trop d'indice mais il était impossible de le faire tout de
suite, la librairie était bondée. Ella la tira par le bras et la fit sortir du magasin sous les yeux
étonnés de Mrs Wilkins qui avait rejoint son mari et tous deux se demandaient ce qui avait bien pu
se passer pour que la jeune femme réagisse ainsi.

Ella ramena Hermione à son appartement. Elle ne lui posa pas de question sur le chemin du retour,
elle préférait lui laisser le temps d'analyser ce qu'il venait de se passer plutôt que de la brusquer.
Lorsqu'elles passèrent la porte d'entrée, Remus se précipita vers elles et leur demanda ce qu'il
s'était passé. Ella secoua la tête et haussa les épaules, indiquant qu'elle était aussi perdue que lui.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Hermione releva lentement la tête, elle avait les yeux rouges, pleins de larmes et avait un air si
désespéré que Remus n'avait jamais aperçu sur son visage. La sorcière n'avait pas senti ce profond
désespoir en elle depuis la mort de Ron, qui remontait à bientôt deux ans.

— J'ai... J'ai vu mes… parents.

Remus ne sut pas quoi répondre. Hermione ne lui avait jamais parlé de ses parents et il ne lui avait
jamais posé de questions non plus.

— Tes parents ? Mais je croyais qu'ils étaient morts ? s'étonna Ella, une expression de totale
incompréhension inscrite sur le visage.

— Il faut les oublietter Rem', ils en savent trop... Ils en savent trop. Il faut les oublietter.

— Ella, tu peux nous laisser s'il te plaît, demanda Remus, l'air crispé

— Vous laisser, mais Remus, t'as vu dans quel état elle est ? Elle délire complètement. Ses parents
ressuscitent d'un coup, vous parler d'oublietter, je ne sais même pas ce que ça veut d—

— Ella, viens dîner demain soir comme prévu, on t'expliquera tout.

— Demain soir ? Mais...


Le regard glacial de Remus la dissuada de continuer, elle attrapa son sac, lui rendit son regard et
sortit en claquant la porte. Remus retourna s'asseoir près d'Hermione.

— Hermione, tu pourrais me raconter ce qu'il s'est passé tout à l'heure ?

La jeune femme secoua la tête de gauche à droite, elle lui fit signe de prendre sa baguette et
d'observer par lui-même.

— Legilimens

Remus vit Hermione entrer dans la librairie, vit son père l'interpeller, ses yeux pleins de larmes,
Ella qui la prit dans ses bras et l'emmena dans l'appartement. Remus fut éjecté de la tête
d'Hermione et se releva doucement. Hermione le regardait, ses yeux étaient toujours rouges et ses
joues avaient des sillons de larmes mais elle semblait s'être calmée.

— Je ne pense pas qu'il y ait besoin d'oublietter tes parents. Tu ne leur as rien révélé de très
important. Pour Ella et Alex, c'est une autre histoire.

— Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir leur dire ? Que mes parents m'ont juste oublié et que oublietter
est un terme à la mode au Royaume-Uni ?

— Non, soit on leur raconte tout, soit on les oubliette.

— Tout ? Ils vont faire une crise cardiaque sur place. On est des sorciers, les seuls qui lutte contre
un mage noir qui tue toutes les personnes comme vous. Ah oui on est à la recherche de quelque
chose d'inconnu parce qu'un livre nous l'a dicté.

— Bon, peut-être pas tout. S'il n'y a pas d'autre solution, on peut les oublietter.

— NON ! cria-t-elle. Je ne veux plus oublietter personne, continua Hermione plus calmement. Je
pense qu'on peut leur dire qu'on est des sorciers, sans rentrer dans les détails.

— Ils voudront des détails, Hermione. Toute personne sensée voudrait des détails. Mais on ne sait
jamais ce qu'il peut arriver, des mangemorts pourraient venir les interroger, bien que cela soit
improbable. Ce que je veux dire, c'est que lorsqu'on partira, que ce soit dans dix jours, dans dix
mois ou dans dix ans, on devra les oublietter. Il faudra qu'on efface chaque petite trace de notre
passage.

***

Pour la première fois depuis dix mois, ni Remus ni Hermione explorèrent la Grande Barrière de
corail. Après les événements de la veille, ils avaient décidé d'un commun accord de s'octroyer une
journée de pause. Il fallait qu'ils réfléchissent à comment aborder Le sujet avec leurs amis. Ils
savaient qu'ils seraient durs à convaincre et il allait falloir leur expliquer beaucoup de choses.

Ella et Alex arrivèrent une heure plus tôt que l'heure initiale mais personne ne s'en formalisa. A en
juger la tête d'Alex, sa cousine lui avait tout raconté. Ils se saluèrent et Ella aborda avec impatience
le sujet.

— Pourquoi tu nous as dit que tes parents étaient morts ? commença-t-elle en regardant Hermione.
Qu'est-ce que ça veut dire oublietter ? Et qu'est-ce vous nous cacher d'autres bon sang ?

Hermione sortit sa baguette de sa poche et Remus fit de même.

— Qu'est-ce que vous allez faire avec ces bouts de bois ?


— Ces bouts de bois comme tu dis, sont des baguettes magiques.

— Des baguettes magiques ? s'exclama Alex avec un sourire. Vous allez nous faire croire que vous
êtes des magiciens ?

— Non, l'interrompit Remus, nous sommes des sorciers.

Ella arrêta son cousin qui allait répliquer. Elle ordonna d'un regard sévère aux sorciers de prouver
leurs dires.

—Coloravia

Remus commença par changer la couleur des cheveux d'Hermione en rose vif puis fit apparaitre
des oiseaux, enfin, Hermione, à l'aide de Wingardium Leviosa , souleva les deux cousins. Tous
deux avaient perdu leurs sourires et leurs regards sévères pour laisser place à une expression de
peur. Dès qu'ils furent à nouveau sur Terre, Ella se leva et s'éloigna le plus possible des deux
sorciers tandis qu'Alex les regardait curieusement.

— Viens Alex, on y va on doit aller au commissariat.

— Ella, ne sois pas idiote, on vient de voir, ils sont beaucoup plus puissants que nous. Et vous ne
nous avez toujours pas dit ce que signifie oublietter.

— C'est ce qu'il va vous arriver si ta cousine ne se calme pas, lui répondit Remus d'une voix froide.

— Oublietter quelqu'un c'est lui enlevé ses souvenirs. Pas tous ses souvenirs mais ceux qui sont
comment dire, indésirables.

— Vous n'allez pas faire ça. Enfin Ella, dis-leur.

— On sera obligé de vous oublietter un jour Alex. Pour votre sécurité.

— Notre sécurité ? l'interrogea Ella pour la première fois depuis la révélation.

— C'est un peu compliqué à expliqu—

— Nous avons tout notre temps.

— Nous sommes en guerre. Ne m'interrompez pas s'il vous plaît, c'est déjà assez difficile à
raconter, commença Remus. Vers la fin des années soixante-dix, un mage noir est monté en
puissance dans tout le Royaume-Uni, ce furent des années très noires pour les sorciers et le trente
et un octobre 1981, un bébé a résisté au sort de mort que ce mage noir lui a lancé et l'a rendu dans
un état proche de la mort. Quinze ans plus tard, ce mage noir revient, plus puissant que jamais et
est décidé à en finir avec ce bébé qui n'en ait plus un mais qui lui résiste toujours. Deux ans plus
tard, un des sbires de ce mage noir tue le directeur de notre école de magie et renverse le ministère
de la magie. La grande bataille éclate en mai 1998, nous sommes presque morts cette nuit-là. On
s'est retrouvé environ un an et demi plus tard avec Hermione. Nous sommes ici parce qu'une
mission nous a été confié.

— Vous êtes en Australie depuis dix mois et vous n'avez toujours pas fini votre mission ? Et
pourquoi personne ne vient vous aider, si cette mission est si importante ?

— Ne t'énerve pas Ella, c'est même très simple, je pense que personne ne peut venir les aider.
Cette grande bataille a fait combien de morts au juste ? Et ce bébé qui a résisté au sort de la mort,
ce ne serait pas un de vous deux ? Sûrement toi, Hermione, vu les dates Remus tu es un peu vieux.
Et je ne sais pas si vous vous cacher ou si vous avez réellement une mission ? s'exclama Alex, sans
faire de pause si bien qu'il fut essoufflé à la fin de sa tirade.

Alex s'aperçut qu'il était peut-être allé un peu loin lorsqu'il vit les deux amis au bord des larmes.
Elles étaient montées au moment où il avait commencé à évoquer la Grande bataille.

— Tu te trompes Alex, le bébé ce n'est pas moi mais mon meilleur ami, mon frère qui a perdu ses
parents cette nuit-là, qui a perdu la vie durant la Grande Bataille comme des milliers d'autres
personnes, et si on est seul pour cette mission, c’est parce que tous nos amis sont morts ! Tu ne
peux pas imaginer ce qu’on a vécu. Voir nos amis mourir un par un, voir ces cadavres au milieu de
l’école qui m’a accueilli pendant six ans. Voir les corps déchiquetés par les sorts de magie noire.
Tu n’as pas idée d’un quart de ce qu’on a vécu avec Rem’, alors ne remet pas ma vie en cause.

Hermione avait les larmes aux yeux et tremblait de tout son corps tandis qu’Alex et Ella ne savait
plus comment réagir.

— Alors, les personnes dans la boutique, c’était vraiment tes parents ? demanda Ella

— Ella ! Mais quel manque de tact ! Bien sûr que c’était ses parents. Ils peuvent enlever la
mémoire des gens !

— Ce que je veux dire, avant qu’Alex ne m’interrompe, c’est, pourquoi les avoir oublietter ?

— Parce que mes parents sont des moldus. Des personnes non-sorcières, sans magie. Des
personnes comme vous.

— Vous n’allez pas nous oublietter hein ? On a peut-être été un peu brusque avec vous, mais on
reste vos amis non ? Et puis on pourrait vous aider, pour votre mission.

Remus soupira, il ne connaissait les cousins que depuis dix mois mais il savait très bien qu’ils ne
lâcheraient pas l’affaire de sitôt.

— C’est dangereux Alex, mais comme je te l’ai dit, tu seras forcément oublietté, nous connaître est
mortel. Je regrette, mais c’est ainsi. Pour la mission, je ne suis pas seul à décider.

Il se tourna vers son amie pour connaître son avis. Elle était toujours au plus mal et Remus vit
qu’elle n’était pas en état de décider de quoique ce soit. Il fit un regard qu’il espérait assez explicite
pour que les deux cousins s’en aille nt . Ella sembla comprendre puisqu’elle se leva et incita son
cousin à en faire de même. Ils promirent de repasser voir les deux amis le lendemain, ils
s’inquiétaient beaucoup de l’état d’Hermione, ils espéraient ne pas avoir été trop brusque avec leur
amie. Mais en même temps, comment auraient-ils pu imaginer ce qui les attendait lorsqu’ils avaient
passé la porte de l’appartement.

***

Remus s’inquiétait énormément. Hermione avait toujours de grosses baisses de moral lorsqu’on
mentionnait leur vie d’avant. Le fait qu’il avait parlé directement de Harry n’arrangeait rien, bien
au contraire. Depuis que Ella et Alex étaient partis deux heures plus tôt , elle était enfermée dans sa
chambre, ce qui n’était pas bon signe du tout. Remus prit son courage à deux mains, il était
Gryffondor ! Il toqua à la porte d’Hermione mais seul le silence lui répondit. Il s’autorisa donc à
entrer, la jeune femme prévenue de son entrée. Il la trouva en boule, dans son lit, elle serrait un
objet de la taille d’un livre dans ses bras. Remus ignorait si elle s’était endormie, mais elle n’avait
sûrement pas arrêté de pleurer. Remus s’assit sur le bord du lit et murmura le nom d’Hermione.
Celle-ci se releva doucement. Ses joues étaient creusées par les sillons de larmes et la jeune femme
semblait en proie à un profond désespoir. Remus, bien qu’incertain, lui ouvrit ses bras et Hermione
se précipita dedans. Elle recommença à sangloter, sans que Remus ne puisse prononcer un mot.

—Ils me manquent tellement Rem’, tellement.

—A moi aussi, Mione, à moi aussi.

Et ils restèrent ainsi toute la nuit, à pleurer ensemble. Remus berçait lentement Hermione jusqu’à
qu’elle s’endorme. Et il réitéra ses gestes à chaque cauchemar que son amie faisait. Et il les refit
beaucoup. Beaucoup plus que ce que Remus imaginait. La jeune femme dormait à peine la nuit et
faisait preuve d’une telle énergie au petit matin lors de leurs recherches. Il admirait beaucoup son
amie. Il était fier d’elle et de ce qu’elle était devenue, malgré toutes les épreuves qu’elle avait dû
subir pour son jeune âge. Une petite voix lui souffla que lui aussi avait traversé beaucoup
d’épreuve, mais qui pouvait-il rendre fier ? Il secoua la tête pour chasser ses pensées obscures et se
concentra sur Hermione. Il devait rester éveillé. C’était son devoir d’ami de veiller sur elle.

Le soleil commençait à éclairer le ciel australien lorsque Hermione émergea de son sommeil. Elle
était étonnée de voir le soleil aussi haut dans le ciel. Jamais depuis son arrivée, elle n’avait manqué
l’aurore sur la Mer de corail. Mais elle s’était peut-être endormie, c’était sûrement le crépuscule.
Non, le soleil n’était pas de ce côté-là le soir. Remus vint confirmer ses craintes en lui annonçant
que le petit déjeuner était servi.

—Quelle heure est-il ?

—Bonjour Remus, tu as bien dormi ? Oui très bien Hermione, merci de t’en soucier, lui répondit-il.

—C’est ça, ‘jour, alors il est quelle heure ?

—Hermione, il me semble que tu es une sorcière, tu peux donc utiliser ta baguette et lancer un
tempus. Si tu préfères éviter la magie, ce qui est totalement compréhensible, les moldus ont créé
une magnifique invention qui s’appelle « horloge ». Si tu ne sais pas lire l’heure, je suis heureux de
t’apprendre qu’il est huit heures quarante.

Hermione manqua de s’étouffer avec son toast. Elle recracha toutes ses miettes et toussa si fort
pendant deux bonnes minutes qu’elle en avait les larmes aux yeux.

—Que me vaut une réaction si excessive ?

—Huit heures quarante ? Mais tu es fou, pourquoi tu ne m’as pas réveillé avant ? Tu imagines les
heures précieuses qu’on perd en ce moment même. Tu as pensé à la mission ?

—Je me porte très bien, merci. Évidemment que j’y ai pensé. Tu crois que je fais quoi depuis des
mois ? J’y pense tous les jours à cette foutue mission. On n’a pas fait de pause depuis dix mois
Hermione ! Et excuse-moi de penser que tu as besoin de te reposer après la nuit que tu as passée.
Alors oui, je me doute bien que ce n’est pas la première mais tu t’es réveillée dix fois cette nuit.
Dix fois ! Alors oui, on ne va pas aller en mer deux jours de suite mais ce n’est pas comme si ça
aller changer quelque chose, au point où on en est.

Remus arrêta sa tirade et s’affala sur sa chaise. Hermione ne savait plus quoi dire. Elle regrettait
ses paroles, elle ne pensait qu’à la mission alors que Remus était resté éveillé toute la nuit pour
veiller sur elle.

—Excuse-moi Rem’, je suis égoïste, je ne pense qu’à la mission alors que je devrais te remercier
d’avoir veiller sur moi et de m’avoir calmé après mes cauchemars.
—C’est normal Hermione, c’est ce que font les amis.

***

Alex et Ella avaient résisté à la tentation de se précipiter chez Hermione et Remus dès leur réveil,
si bien qu'ils tournèrent en rond toute la matinée et n'y tenant plus ils allèrent leur rendre visite en
début d'après-midi. Après les embrassades habituelles, et à leur plus grand étonnement, c’est
Remus, qui prit la parole en premier.

—Nous avons beaucoup réfléchit et nous sommes d’accord de vous expliquer notre mission pour
que vous puissiez nous aider à la réaliser. Cependant, continua-t-il, avant que ses amis ne se
réjouissent trop vite, nous ne vous dirons pas tout et vous ne nous aiderez pas pour tout.

—Nous vous oublietterons lorsque nous aurons terminé la mission, précisa Hermione.

—Très bien, on commence quand ?

Remus et Hermione soupirèrent de concert. Avaient-ils bien fait de demander l’aide de leurs amis ?
Hermione se dirigea vers sa chambre, murmura quelques formules pour accéder au livre Les
Bijoux du Temps, il était bien protégé tout de même, c’était Hermione Granger qui l’avait caché.
Non pour le protéger des mangemorts, il y avait qu’une chance infime qu’ils viennent jusqu’en
Australie, elle le cachait aux yeux des moldus. S’il leur appartement était cambriolé, bien que cela
soit peu probable, au moins, elle était rassurée de savoir le livre en sécurité. Elle revint au salon
l’ouvrit et versa un peu de sang sur les premières pages.

—Qu’est-ce que c’est ce liquide rouge ?

—Du sang.

—Comment l’as-tu eu ? demanda Ella d’une voix blanche.

—Oh, eh bien, j’ai tué son propriétaire. Quoi ? Ne pose pas de questions si tu n’es pas prête à
connaître la réponse.

—Hermione ! Quel manque de tact, on croirait entendre Sir-

La fin de sa phrase mourut dans sa gorge et Hermione, volontairement, ne rétorqua pas. Elle se fixa
son regard sur les deux cousins qui avaient le teint semblable au Mont Blanc.

—Mais enfin, on vous a dit qu’on était en guerre, vous ne croyez quand même pas qu’on se battait
avec des épées en mousse. Si ? insista-t-elle en voyant leur air ahuri. Bon, on ne va pas épiloguer
là-dessus, maintenant vous êtes fixés. Si vous préférez partir, ce qui est compréhensible, je ne vous
en empêcherai pas. Remus vous avez dit que notre vie était dangereuse. Ils avaient tué mes amis.
Œil pour œil, dent pour dent, comme disent les moldus.

—L’énigme est apparue, on pourrait peut-être s’en occuper, non ? l’interrompit Remus, soucieux
de changer de sujet au plus vite.

Les cousins se penchèrent sur le livre et lurent l’énigme à voix basse :

« L'union du plus grand animal vivant du monde et du temps a créé le Joyau de la nature, le Joyau
de la nature a créé le Joyau du temps. Trouvez-le près de son parent, où les kangourous sont rois.
Ceci est la phase une. »

—Qu’est-ce que ça veut dire ?


—Ça veut dire, que depuis dix mois, nous cherchons sans relâche, ce Joyau du temps, dans la
Grande Barrière de corail.

—Et vous n’avez rien trouvé ?

—Réfléchit Alex ! S’ils avaient trouvé quelque chose, tu crois vraiment qu’ils seraient en train de
nous dire tout ça ? Et puis la Grande Barrière, elle est énorme.

— Trois cent quarante-huit mille sept cents kilomètres carrés, ne put s’empêcher de préciser
Hermione.

—Eh bien, c’est pas gagné, heureusement qu’on va vous aider à fouiller, s’exclama Alex.

—Non, Alex, on ne sait pas ce que renferme ce bijou. Pas la moindre idée. Ce serait beaucoup trop
dangereux. Vous allez vous renseigner sur cette barrière, est-ce que des personnes ont repéré
quelque chose d’étrange, si oui où ? Vous allez interroger, le plus de personnes possibles. Tous les
spécialistes, les touristes que vous trouvez, le plus de témoignage sur ce qu’il se passe sous l’eau.

***

Quelques semaines avaient passé depuis la découverte du monde sorcier par Alex et Ella. Les
quatre amis s’attelaient sans relâche à leur tâche, mais leurs efforts étaient vains. Aucune
quelconque amélioration ou trouvaille depuis que les cousins avaient rejoint Hermione et Remus.

Ce jour-là, Hermione s’autorisa à sortir de l’eau une demi-heure plus tôt, elle était fatiguée et
c’était mieux pour tout le monde si elle évitait de se noyer. L’endroit où elle avait effectué ses
fouilles n’était qu’à vingt minutes de marche de son appartement, c’est pourquoi elle décida de
rentrer à pied. En ce mois de mai, l’air était doux, bien que l’hiver approchait, il faisait tout de
même vingt-cinq degrés. Elle continua à marcher sur la jetée quand elle s’arrêta net. L’endroit était
rempli de monde, il y avait deux ambulances et un hélicoptère. Elle commença à manquer d’air,
toute cette agitation lui rappelait beaucoup trop la bataille.

—Poussez-vous mademoiselle, vous gênez le passage.

Hermione était si déboussolée qu’elle ne le reprit pas sur le « mademoiselle » qu’elle détestait tant.
Elle se faisait bousculée par plusieurs personnes lorsqu’elle entendit une personne l’appeler.

—Hermione !

C’était Ella. Heureuse de voir un visage familier dans toute cette agitation, elle se précipita vers
elle.

—Hermione, commença-t-elle. Comment as-tu su ?

—Su quoi ?

La jeune femme blanchit furieusement, en voyant l’air interloqué de son amie.

—Tu ne sais pas ?

—Savoir quoi Ella ?

—Oh Hermione…, c’est Remus...


Découverte

« Ce n’est pas parce que la solution est difficile que ce n’est pas la meilleure. »

Inconnu·e

Hermione était pâle à faire peur. Elle avait la nausée et tanguait sur ses pieds, sans pouvoir
s’arrêter. Sa respiration s’était coupée et elle n’arrivait plus à trouver de l’air. Elle voyait flou et
n’entendait plus qu’un bourdonnement incessant dans ses oreilles. Elle apercevait des silhouettes
s’affairaient autour d’elle. Elle ne contrôlait plus rien, elle se sentit s’ass e oir, une personne parlait.
À elle ? Elle n’en savait rien. Elle ne discernait plus la réalité du cauchemar.

—Hermione, Hermione. Est-ce que tu m’entends ? C’est Ella

Ella ? Mais qui était Ella, la seule personne qu’elle voulait voir, c’était Harry. Pourquoi n’était-il
pas avec elle. Il avait toujours été là. Il n’a pas pu arriver quelque chose à Harry, si ? Et Ron, où
était-Ron ? Il était là aussi normalement. Ses meilleurs amis n’avaient pas pu l’abandonner, alors
que se passait-il ? Comme un flash, tous ses souvenirs revinrent. Harry. Ron. L’Australie. Remus.
Les poumons d’Hermione se remplirent à nouveau d’air et la jeune femme éclata en sanglots.
Toutes les personnes qu’elle avait aimées, ou même qu’elle connaissait étaient mortes. Comment
allait-elle survivre ? Elle pleurait et pleurait encore. Ses larmes étaient pour Harry, pour Ron, pour
Remus, pour toutes les personnes qu’elle avait croisé dans sa vie et qui ne faisaient plus partie de ce
monde.

Plusieurs passants s’arrêtèrent en voyant la détresse de la jeune femme. Certains la regardaient


avec pitié, d’autres avec surprise. Que pouvait-il se passait pour qu’une femme, à peine adulte, soit
ainsi, assise à même le sol à pleurer si fort qu’on l’entendait à dix mètres.

—Hermione, il faut qu’on y aille. Je vais t’expliquer.

Voyant que la jeune femme n’avait pas bougé, Ella se préoccupa tout d’abord de disperser le petit
groupe de curieux qui s’étaient approchés d’Hermione, en hurlant.

—Hermione, il faut que tu m’écoutes, on doit aller à l’hôpital. Viens.

—A quoi ça sert d’y aller, je suis seule maintenant, marmonna Hermione.

—Mais enfin, commença Ella, puis elle sembla réaliser quelque chose. Tu ne crois pas que Remus
est mort tout de même ?

—Comment peux-tu dire ça ? Tu viens de me le dire il y a un quart d’heure, et tu crois que je suis
aveugle au point de ne pas voir les ambulances ou l’hélicoptère ?

—Oh, je suis désolée Hermione, je me suis mal exprimée. Oui, il est bien arrivé quelque chose à
Remus, continua-t-elle en sentant le regard de son amie. Mais il n’est pas mort. Blessé gravement,
oui, mais mort non. Alex est avec lui. Aller, on va à l’hôpital. Je vais t’expliquer plus en détail.

Elle prit le bras d’Hermione et la força à se lever. Elles se dirigèrent vers la voiture d e Ella, qui
avait enfin reçu un message de son cousin pour les informer dans quel hôpital les secours avaient
amener Remus. Ella mit le contact et démarra sa voiture, elle conduisait sans un mot, jetant un
regard inquiet vers Hermione toutes les cinq secondes. La jeune femme s’était réfugiée dans un
mutisme déconcertant. Elle tournait la tête vers le paysage et avait les yeux dans le vague. Elle ne
semblait pas remarquer le regard persistant d e Ella. Hermione s’était réfugiée dans un monde
qu’elle était la seule à connaître et à pouvoir y entrer. Après dix minutes de silence, lourdes pour
Ella et insignifiantes pour Hermione, la première prit la parole.

—Tu veux savoir ce qu’il s’est passé avec Remus ? Je ne connais pas toute l’histoire mais je peux
au moins te dire les grandes lignes.

Cette question fit sortir Hermione de son mutisme. Elle releva la tête et hocha celle-ci en direction
de son amie.

—Alex avait parlé à un touriste qui avait vu quelque chose d’étrange à proximité de la Grande
Barrière. Il a donc décidé d’aller y jeter un œil, et en regardant plus précisément il s’est aperçu que
l’étrangeté ne se trouvait qu’à un kilomètre des fouilles de Remus. Il n’a rien vu de suspect en
surface, il a donc attendu que Remus sorte de l’eau pour lui en parlé. Mais une demi-heure plus
tard, il a senti la terre tremblait et la mer s’est soudainement agitée. Des grosses vagues ont
commencé à se former. Dieu merci, ce n’était pas un tsunami. Avec la magie, vous nous l’avez
prouvé, on ne peut être sûr de rien. Bref, je m’égare. C’est là qu’il a vu des corps volés et il m’a
tout de suite appelée. D’autres personnes avaient appelé les secours. Personnes n’est mort, et
heureusement. Il y a eu un groupe de touristes qui nageait près de l’explosion qui a aussi été blessé.

Les deux amies arrivèrent enfin à l’hôpital après un peu plus de vingt minutes de route.

—Bonjour, nous venons prendre des nouvelles de Remus Lupin. Il est arrivé par hélicoptère il y a
environ une demi-heure.

—Au bloc opératoire. Vous pouvez rester en salle d’attente le temps que l’opération se termine.

Le secrétaire leur montra une salle au bout du couloir. Elles s’y rendirent et rencontrèrent Alex qui
faisait les cent pas l’air plus qu’angoissé.

—Ah, enfin qu’est-ce que vous faisiez, ça fait une demi-heure que j—

Le regard noir de sa cousine le fit taire sur le champ. Il lui fit signe de venir s’asseoir près d’elle,
pour qu’elle lui explique. Excepté eux, la salle était vide, si bien qu’Hermione était partie se
reposer à l’autre bout de la salle. Ella entreprit de raconter la mésaventure d’Hermione, vérifiant
que celle-ci ne l’entendait pas. Lorsqu’elle eut fini, un silence gêné s’installa et l’attente
interminable commença.

***

Hermione détestait les hôpitaux. Oh, peu de personnes les aimaient, mais Hermione leur vouait une
haine viscérale. Cela avait commencé lorsqu’elle avait huit ans, elle s’y était rendue pour son
appendicite. Elle y était restée deux semaines, suffisamment pour la traumatiser. L’année suivante,
elle y était retournée, pour dire adieu à son grand-père, avant que celui-ci ne rende l’âme. A son
entrée à Poudlard, ses visites à l’endroit détesté s’étaient calmées et elle n’y retourna qu’à l’attaque
de Mr Weasley. En sixième année, elle accompagna Neville voir ses parents, alors que sa grand-
mère était malade, le jeune homme n’ayant pas la force de s’y rendre tout seul et lui avait demandé
de l’accompagner. La sorcière n’avait décemment pas pu refuser cette faveur à son ami. Puis vint
son propre séjour en Espagne. Sans compter toutes les fois où Harry, et moins souvent Ron, s’était
rendu à l’infirmerie de Poudlard. Hermione détestait l’hôpital, pour son odeur infecte, pour son lot
de malheur qu’il entraînait, pour ce qu’il avait brisé dans sa vie.

Après une nuit d’attente, une femme entra dans la salle d’attente, réveillant au passage les trois
amis. Ils relevèrent tous les trois la tête. Les deux cousins avaient les cheveux en broussaille et une
marque sur la joue tandis qu’Hermione avait les yeux rougis et des cernes impressionnantes.
—Bonjour, êtes-vous la famille de l’homme qui est arrivé par hélicoptère hier après une explosion
?

—Non, nous sommes ses amis.

—Oui, je suis sa sœur.

Hermione ne prêta pas attention aux regards interrogatifs d e Ella et d’Alex. Lorsque la femme
annonça que seule la famille de la victime pouvait le voir, les cousins jetèrent un regard noir à
Hermione pour ne pas les avoir prévenus. Ils étaient d’une mauvaise fois évidente, c’était tout à fait
logique ce soit Hermione qui pouvait voir Remus en premier, étant donné qu’elle était son amie la
plus proche. La jeune femme suivie la chirurgienne, puisqu’elle s’était enfin présentée, dans un
petit bureau.

—Bien, pouvez-vous me dire les noms, prénoms, date de naissance, lieu de résidence de votre
frère.

—Lupin, Remus John, dix mars 1960, 15 place du corail, Cairns, indiqua-t-elle, comme un robot.

—Bien, étiez-vous présente lors de l’accident ? Je dois vous avouez que je n’avais jamais vu de
telles blessures. Elles ont été très compliquées à refermer, j’avais l’impression que la peau avalait
le fil. Jamais, en trente ans d’expérience, je n’avais vu une telle chose. Vous savez ce qu’il s’est
passé ?

—Je n’en ai pas la moindre idée, c’est vrai que c’est assez étrange. Est-ce que je pourrais aller voir
mon frère ?

—Oui, bien sûr, mais je préfère vous prévenir, il se peut qu’il soit légèrement désorienté. Il devrait
être réveillé à cette heure. Bon courage.

—Bon courage à vous.

Hermione sortit de la pièce et se dirigea vers la chambre de Remus, qui lui avait été préalablement
indiquée par la chirurgienne. Elle frappa à la porte puis entra, sans attendre la réponse de son ami.

—Remus, c’est moi.

—Hermione ?

—Oui Rem’. Ça va mieux ? Tu sais ce qu’il s’est passé ?

Un éclair de lucidité traversa les yeux de Remus, il semblait s’être rappelé un détail important.

—Mes vêtements, où sont mes vêtements Hermione ? C’est urgent.

—Tes vêtements ? Rem’ pourquoi aurais-tu besoin de vêtement ? Tu es habillé. Si tu veux je


passerai te prendre des vêtements à l’appart mais je ne vois pas ce qu’il y a de si urgent.

—Il me faut les vêtements que j’avais lors de l’accident. Ne pose pas de question, je t’expliquerai
tout plus tard.

Hermione partit à la recherche des dits vêtements. Elle interrogea toute personne du corps médical
qui aurait pu l’aider mais au mieux, quelqu’un lui répondait qu’il ne s’était pas occupé de Remus,
au pire on lui passait devant, sans lui accordait un regard. Après avoir interrogé tout le service,
Hermione vit ses espoirs tomber à l’eau. Elle retourna dans la chambre de Remus dépitée. Elle
allait ouvrir la bouche pour parler de son échec à Remus quand un jeune infirmier entra dans la
pièce.

—Bonjour, c’est vous qui chercher des vêtements ? Je crois qu’ils ont été jetés. Mais, si vous y
tenait réellement, les poubelles ne partent que dans une heure.

Hermione remercia le jeune homme et se précipita hors de l’hôpital. Elle arriva devant les
poubelles, vérifia que personne autour ne la regardait et sortit sa baguette.

—Accio vêtements de Remus.

Elle récupéra le tout et les mit dans un sac. Elle masqua l’odeur des poubelles de ses propres
vêtements. Cette odeur n’était agréable pour personne. Elle entra dans la chambre de Remus qui
s’était endormi, encore épuisé par son accident. Hermione essaya de se faire discrète lorsqu’elle
s’assit sur le fauteuil près du lit. Malheureusement pour elle, il était assez ancien et il grinça quand
elle s’appuya dessus. Le grincement réveilla Remus qui releva la tête aussitôt.

—Ah, ce n’est que toi. J’ai eu peur. Tu as mes vêtements ?

Hermione acquiesça et lui tendit le sac. Remus attrapa son pantalon, qui était dans un état piteux. Il
en sortit un collier qui possédait une fine chaîne en argent et une pierre assez importante, qui avait
l’air d’être en diamant. De ce bijou émanait une lumière incroyable. Hermione n’avait jamais vu
quelque chose de semblable. Dans tous les livres qu’elle avait pu lire, jamais un tel phénomène
n’avait été ne serait-ce qu’évoqué. Le bijou semblait vivre.

—Tu l’as trouvé ! Mais comment ? Tu as réussi !

Hermione arrivait à peine à s’exprimer tant sa surprise était immense. Après de long et éprouvant
mois de recherches, Remus avait trouvé le premier Bijou du Temps.

—Comme tous les jours, je faisais mes recherches et j’ai senti un appel en moi, me disant d’aller
plus loin. Plus je résistais, plus il grandissait en moi. Alors j’ai cédé. Je me suis laissé emporter par
cet appel. Plus je nageais, plus une lumière semblait émaner d’un endroit de la barrière. La magie
était si importante que je la sentais entrer dans mes veines. J’ai commencé à enlever une à une les
barrières qui m’empêchait d’accéder au bijou. Pour la dernière, ce fut beaucoup plus compliquer.
J’y ai passé des heures. Il fallait allier différentes formes de magie. J’ai perdu beaucoup d’énergie à
ce moment-là. Et puis il a fallu que je donne mon sang. La barrière est tombée. J’ai enfin pu
attraper le bijou et tout à exploser. Trou noir et je me réveille ici, à l’hôpital.

—Remus, tu te rends compte. On a fini la phase une, on va pouvoir accomplir la deuxième phase.

—Oui, on va devoir se préparer à quitter l’Australie. Je doute que la prochaine phase se déroule ici.

Les deux amis ne se le dirent pas, mais tous deux pensaient à la même chose. Accomplir la
première phase signifiait quitter l’Australie, leurs habitudes, leur vie depuis un an. Et quitter
l’Australie signifiait quitter Ella et Alex, les oublietter.

***

Hermione était pensive. Elle réfléchissait où la prochaine phase allait les emmener. Cela faisait une
semaine que Remus avait découvert le collier. Il devait sortir de l’hôpital dans l’après-midi, Alex
irait le chercher, étant donné qu’Hermione ne possédait pas de voiture. Ils allaient enfin savoir ce
que signifiait la deuxième phase. Ils n’avaient pas encore parlé de leur départ proche à leurs amis,
préférant le leur dire le plus tard possible. Ce n’était pas très courageux, mais ils savaient que
perdre Ella et Alex serait une nouvelle épreuve.
Hermione entendit les deux amis entrer dans l’appartement, elle les aida et fit léviter les affaires de
Remus jusqu’à sa chambre pendant qu’Alex l’aidait à s’asseoir sur le canapé. Elle congédia Alex,
qui leur promit de revenir le lendemain. Les deux amis se regardèrent et d’un accord tacite,
Hermione alla chercher le Livre du Temps.

—Comment il fauts faire à ton avis, on ne va quand même pas verser du sang sur le collier ?

—Non, ouvre le livre, sur une page, tu mets le collier et sur l’autre tu verses le sang.

Hermione fit ce que lui conseilla Remus, et à peine le bijou fut en contact avec le livre, il se mit à
briller si fort qu’Hermione avait l’impression de se retrouver devant le soleil. Remus lui dit que
c’était exactement cette lumière qu’il avait suivi pour retrouver le bijou. Hermione versa le sang
sur l’autre page et les runes se transformèrent en lettres.

« Élus du Temps, félicitation, vous avez accompli la première phase de façon spectaculaire. Mais
dorénavant, seule la prochaine phase compte. Car cet objet n’est rien sans ses congénères.

Élus du Temps, voici la phase deux :

Situado entre los Andes y el bosque más grande del mundo, la segunda fase será. Pero sólo los
más poderosos podrán acceder a la vieja montaña y descubrir el codiciado objeto...»

—Hermione, c’est de l’italien ?

—Non, Rem’, c’est de l’espagnol. Je pense que je peux le traduire, il faut juste que je me
remémore ce que mon grand-père m’a appris.

Hermione partit chercher du papier et un crayon, il fallait qu’elle se concentre. Elle traduit pendant
quelques minutes, ses souvenirs étaient lointains. Elle vint présenter sa traduction à Remus, qui ne
pouvait que l’approuver, ne parlant pas un mot de cette langue.

« Située entre les Andes et la plus grande forêt du monde, la deuxième phase sera. Mais seuls les
plus puissants accèdent à la vieille montagne et découvriront l’objet tant convoité. »

***

Hermione et Remus étaient partis se coucher, sans avoir résolu l’énigme. Ils savaient que les
adieux avec les cousins étaient proches, et cela les rendaient malades. Jamais ils n’avaient imaginé
s’attacher autant à ces deux moldus quand ils les avaient rencontrés. Cette nuit-là, aucun d’eux
deux ne dormit beaucoup, ils pensaient trop à cette nouvelle énigme, qui allait changer leur vie.
Encore une fois.

Le lendemain, Alex et Ella débarquèrent dans l’appartement des deux sorciers, alors que le soleil
n’avait pas encore illuminé le salon de celui-ci. Hermione était encore en pyjama, à lire un livre
moldu dans son canapé et Remus dormait toujours.

—On a amené le ptit dej’ ! Où est Remus ?

—Il dort encore, enfin dormait, avec tout le bruit que tu fais je pense qu’il s’est réveillé.

—Effectivement je suis réveillé.

Les quatre amis prirent leur petit déjeuner ensemble, dans la bonne humeur. Ils parlaient de sujets
divers, comme n’importe quel groupe d’ami le ferait. Cela faisait un bout de temps qu’ils n’avaient
pas mangé tous ensemble, ne se voyant qu’en coup de vent, pour parler de la mission. Après avoir
débarrassé la table, Hermione et Remus sentirent qu’Alex et Ella voulait leur parler plus
sérieusement.

—On sait qu’il s’est passé quelque chose lors de l’accident de Remus, commença Ella

—Et on sait aussi que cela a un lien avec la mission, continua Alex.

Remus et Hermione se regardèrent, légèrement désespérés. Ils savaient que ce moment devait
arriver, mais ils l’avaient repoussé au plus tard possible. Mais cette échappatoire avait été de courte
durée. Désormais, ils allaient devoir tout expliqué à leurs amis.

—Vous avez raison. Si on vous l’a caché, c’est pour vous protéger. Et pour nous protéger nous
aussi. Parce qu’on va tous souffrir. Remus, juste avant son accident, à trouver l’objet que nous
cherchions.

Les deux cousins blêmirent d’un coup. Alex tremblait et Ella avait les yeux grands ouvert, sous le
choc. Comme les deux sorciers, ils savaient ce que cette découverte signifiait.

—Est-ce qu’on peut le voir ?

Hermione interrogea son ami du regard, qui hocha la tête. De toute façon, ils l’oublieraient. Elle
partit chercher le bijou et revint quelques secondes plus tard, avec celui-ci.

—Alors, il est où ? demanda impatiemment Alex.

—Il est devant ton nez Alex.

—Je ne vois rien, c’est une blague ?

Hermione se tourna vers Remus, et sembla lui demander une explication.

—Enfin, Hermione, ce n’est pas très compliqué à deviner. Ce bijou doit être fait pour n’être vu que
pas des sorciers. C’est pourquoi personne ne l’a jamais trouvé, même par hasard. Il est invisible
aux yeux des moldus.

Elle se tourna vers les cousins qui semblaient au bord de la panique.

—Et la deuxième énigme ? Vous l’avez résolue ?

—Non Alex. Et avant que tu n’ajoutes quelque chose, laisse-moi finir. Nous ne vous parlerons pas
de la prochaine phase. C’est à nous, et à nous seul de la résoudre. Je suis désolée. Remus et moi
voulons vous remercier pour toute l’aide que vous nous avez apporté. Pour votre soutien, même
lorsque vous n’étiez pas encore au courant de la mission. Mais, vous le savez aussi bien que nous,
l’heure est arrivée. On va devoir vous oublietter.

—NON ! Hermione... Remus...

—Je suis désolé Ella, mais Hermione a raison. On va le faire chez vous, pour que vous ne vous
posiez pas de questions à votre réveil.

Remus et Hermione les raccompagnèrent jusqu’à chez eux, le cœur serré. Ils avaient tous les quatre
les larmes aux yeux. Ce furent des adieux déchirants, encore une fois, Hermione et Remus
perdaient un proche. Deux proches. Ils s’embrassèrent à tour de rôle puis Hermione sortit sa
baguette.

—Oubliettes
***

Les deux amis avaient passé la journée à errer, sans trop savoir quoi faire. Il fallait cependant qu’ils
se ressaisissent, la pleine lune était prévue pour le soir même. Celle-ci promettait d’être
compliquée. Ce jour-là, comme toutes les fois précédentes, chacun s’enferma dans sa chambre, à
l’aide de plusieurs sortilèges. Ils avaient imaginé ce stratagème pour éviter de devoir sortir dehors
sous cette forme, et ainsi mettre en danger les moldus qui les entouraient. Ils évitaient aussi d’être
dans la même pièce, ne savant pas comment les deux loups pourraient réagir. Et s’ils essayaient de
s’entre-tuer? Mieux valait ne pas y penser.

Le soleil se levait lentement au-dessus de la mer de corail en ce joli mois de juin. Le ciel était un
magnifique camaïeu de rose, orange et bleu. Un ciel comme on en voyait rarement. La nuit avait
été très longue pour les deux sorciers, leurs loups avaient ressenti leur détresse et ils s’étaient donc
infligés beaucoup de blessures. A son réveil, Hermione, après s’être habillée, se dirigea vers la
chambre de Remus. Ils avaient instauré ce petit rituel, à chaque fin de pleine lune, Hermione se
rendait dans la chambre de Remus et chacun soignait les blessures de l’autre. Ils commençaient
toujours par soigner celui qui avait les blessures les plus graves et l’autre était soigné par la suite.
Ce jour-là, ce fut Hermione qui avait les blessures les plus profondes mais elle ne les évoqua pas,
préférant s’occuper de l’état de Remus, toujours fragile après son accident. Elle soigna chaque
blessure avec précaution et lorsque ce fut son tour, Remus se mit en colère.

—Tu as vu ce que tu as Hermione ! Je me demande comment tu fais pour marcher. Je t’ai déjà dit
de privilégier tes blessures et non de me privilégier moi. Tu comptes tout autant !

Remus faisait référence à la première pleine lune d’Hermione, où la jeune femme avait été
gravement blessée et elle avait d’abord soigné Remus, avant de qu’il s’occupe d’elle. Le sorcier lui
avait fait la morale et Hermione lui avait fait comprendre qu’elle ne recommencerait plus.

—Ce n’est pas parce que j’ai été blessé la semaine dernière qu’il faut me protéger ainsi.

Hermione ne lui répondit pas, de peur d’envenimer la situation déjà tendue. Elle ignora le regard
plein de reproche de Remus et alla préparer le petit déjeuner.

—Hermione va t’asseoir, je m’en occupe.

—Et comment ? Je te rappelle que tu as toujours tes béquilles. Tu n’as pas une simple blessure à la
jambe, c’est une blessure magique. Alors repose-toi, je vais bien. Arrête de te faire du soucis Rem’
je n’ai plus quatre ans.

Après avoir avalé un copieux petit déjeuner, les deux sorciers se mirent à étudier l’énigme de la
deuxième phase. Plus vite elle sera résolue, mieux cela sera. Même s’ils avaient dû quitter leurs
amis, Hermione et Remus étaient heureux d’avoir enfin accompli la première phase. Pendant plus
d’un an, ils s’étaient couchés chaque jour avec un profond sentiment de désespoir et s’étaient
relevé le lendemain avec une volonté de fer. Cette année avait été éprouvante, et les deux amis
savaient que les suivantes le seraient tout autant, voire plus.
Nouvelles

« L'envie, la colère, la vengeance et la haine enfantent le meurtre. »

Félicité Robert de Lamennais

Quelques semaines étaient passées, et le mois de septembre pointait déjà son nez. Après de
nombreuses recherches, les deux sorciers avaient enfin résolu l’énigme. La plus grande forêt du
monde, était sans aucun doute l’Amazonie. Et la majeure partie des pays d’Amérique Latine parlait
espagnol, donc cela coïncidait. De plus, la Cordillère des Andes était assez connue et longeait le
continent. Mais elle traversait plus de la moitié des pays d’Amérique du sud, comment savoir
lequel était le bon ? Et cette vieille montagne, c’est elle qui avait causé le plus de problème aux
deux amis. Ils avaient exploré de nombreuses pistes et c’est finalement Remus qui avait trouvé la
plus vraisemblable. La « vieille montagne » la plus connue était située au Pérou sous le nom de «
Machu Picchu ». Cette cité inca était située près de la ville de Cuzco, entre l’Amazonie et la
Cordillère des Andes. L’endroit explicitement cité dans l’énigme. A peine avaient-ils résolu
l’énigme, que Remus était allé voir l’agence qui leur louait la maison, pour leur annoncer qu’ils
déménageaient. Hermione s’était précipitée à l’aéroport pour acheter des billets vers le Pérou.

Ce fut ainsi qu’ils firent leurs adieux à l’Australie, qui les avait hébergés pendant plus d’un an.
Leur vol était prévu dans six jours, et les amis avaient tellement de choses à régler qu’ils avaient dû
jeter une bonne dizaine de sortilège de confusion. Bien qu’ils évitaient d’utiliser la magie en trop
forte quantité, le Ministère de la Magie Australienne pourrait les repérer, ils ne l’avaient jamais
autant utilisé que pendant ses six derniers jours. Mais tout cela était passé et désormais ils étaient
dans un avion à destination de Lima.

—Ça va aller Hermione, je sais que tu n’aimes pas trop l’avion mais ce n’est pas grand-chose, et
cela va passer assez vite, tu verras. Et tu n’es pas obligée de lire la totalité de livres traitant du
Machu Picchu, Je peux le faire aussi, tu n’as qu’à lire un livre que tu aimes, comme ça tu penseras à
autre chose.

—Je n’ai pas peur Remus ! Je n’aime juste pas confier ma vie à un inconnu durant onze heures de
vol. répondit-elle en serrant les dents et en s’accrochant à ses accoudoirs. On ira de Lima à Cuzco
en voiture, hein ?

—C’est hors de question, on en a déjà parlé. En avion on mettra une heure quarante pour y aller
contre vingt heures en voiture. Tu imagines le temps que ça nous ferait perdre. Non, Hermione ne
fait pas cette tête. Tu sais très bien qu’il faut qu’on accélère. On ne va pas pouvoir encore un an
que la deuxième phase soit accomplie, c’est beaucoup trop long. Voldy contrôle l’entièreté de
l’Europe. On ne peut plus attendre.

Remus finit sa tirade et attrapa un livre sur le Pérou, plus précisément sur le Machu Picchu. Il avait
toujours les sourcils froncés et se concentrait sur ce qu’il lisait, pour éviter de penser à sa dispute
avec Hermione. Il avait horreur de ça, c’était la dernière personne dans ce monde qui comptait
encore pour lui mais elle l’insupportait quand elle se comportait ainsi. Ce n’était pas compliqué de
supporter une heure de plus dans un avion ! Hermione quant à elle comprenait parfaitement la
réaction de Remus, mais elle avait toujours détesté voler. Que ce soit à Poudlard sur un balai ou
dans un avion, elle ne le supportait pas. Mais à Poudlard, c’était tout de même elle qui gardait le
contrôle, alors qu’ici, sa vie ne reposait pas sur ses propres actions. Et Hermione était une
maniaque du contrôle. Elle avait beau prendre sur elle, rien ne changeait. Penser à Poudlard lui
avait fait se remémorer de nombreux souvenirs, bien enfouis, qu’elle n’avait pas forcément envie
de déterrer. Elle pensa à Harry, à Ron, à Neville, Luna, Ginny et tous les autres. Perdus dans le
néant. Elle luttait pour contrôlait ses larmes, mais elles étaient trop fortes. Elles se déversèrent
lentement et abondement sur ses joues. Elle fit du mieux qu’elle put pour cacher ses larmes à
Remus mais elle ne fit qu’attirer son attention, à bouger dans tous les sens.

—Hermione, qu’est-ce que tu f- Mais tu pleures ! Mione je ne voulais pas te faire pleurer. Je suis
désolé.

—Je ne pleure pas à cause de toi, j’ai juste pensé à Poudlard, puis à Harry et Ron—

La fin de sa phrase mourut dans sa gorge et elle étouffa un sanglot. Elle détestait pleurer en public
et encore plus devant ses amis. Remus la prit dans ses bras et la berça doucement, jusqu’à ce que
le sommeil l’emporte.

***

Hermione et Remus étaient arrivé s à Cuzco quelques heures auparavant et étaient désormais dans
leur chambre d’hôtel. Ils n’en avaient réservé qu’une, la dernière de disponible. Par chance, il y
avait deux lits et chacun pouvait donc avoir un minimum d’intimité. Ils ne s’étaient pas dirigés vers
une agence qui louait des appartements, ils ne comptaient pas rester au Pérou très longtemps. Selon
leurs recherches, le site du Machu Picchu était bien plus petit que la Grande Barrière de corail.
Cela ne devrait pas leur prendre plus d’un mois ou deux.

Les deux amis étaient descendus manger dans le petit restaurant de l’hôtel. Ils étaient sur une petite
table, à l’écart des autres. Ils mangeaient tranquillement quand Hermione redressa vite la tête et
interpella un serveur.

—Camarero, por favor, ¿puede subir el volumen del televisor?

—Claro que sí señorita.

—Qu’est-ce que tu lui as demandé ?

—Chut, écoute !

—Mesdames, Messieurs Bonsoir. A l’actualité de ce journal, le terrible attentat qui s’est produit
aujourd’hui au Etats-Unis. On dénombre à cette heure plus de six milles blessés et plus de deux
mille morts.

Remus se pencha vers Hermione et lui adressa un regard sous-entendu, qu’elle ne sembla pas
comprendre. Il vérifia que personne ne les écoutait, mais les autres clients de l’hôtel étaient tous
occupés à soit écouter avec attention les informations, ou à jeter des regards noirs à Hermione,
exclusivement des parents qui ne souhaitaient pas que leurs enfants entendent de telles atrocités.

—Tu crois que ça pourrait être Lui ?

Sa question fut perdue dans le néant, Hermione ne faisait qu’écouter le journaliste moldu. Remus
ne comprenait pas grand-chose à l’espagnol et le journaliste parlait très vite, si bien qu’il arrêta
d’écouter, Hermione lui ferait bien un résumé. Après plus de cinq minutes à fixer son assiette,
Remus vit Hermione s’affaler sur sa chaine, une expression neutre sur le visage.

—Bon tu m’expliques ? Je n’ai vraiment rien compris. Il faudrait que les journalistes apprennent à
parler moins vite. Ils ne pensent pas aux étrangers qui essayent de comprendre ce qu’ils disent.

—Oui, aller viens on monte, je ne vais pas te raconter ça ici, on pourrait nous entendre.
Les deux amis se dirigèrent en silence vers leur chambre. Hermione referma la porte et jeta un sort
de silence, on n'était jamais trop prudent.

—Alors ?

—Ça va Rem', calme-toi. J'ai vu les images à la télé et j'ai préféré vérifier. Il y a eu un terrible
attentat aux États-Unis. Et s'il arrivait à s'emparer des États-Unis, ce serait une véritable
catastrophe. C'est la dernière grande instance magique qui n'est pas sous son contrôle, tu comprends
?

—Et alors ? lui demanda impatiemment Remus, les nerfs à vifs.

—Alors, ils l'ont dit à la fin. C'est un groupe de terroristes extrémistes moldus. Rien à voir avec
Voldy.

—Ouf, enfin pas pour les moldus mais pour Lui.

***

Le lendemain, dès six heures les deux sorciers étaient devant le guichet pour avoir des places pour
le Machu Picchu. Le vendeur avait subi un léger sort de confusion, il refusait de vendre des places
à ces étranges individus qui en voulait pour une semaine. Les places étaient rares, il n’allait pas non
plus en vendre quatorze, pour seulement deux personnes. Mais Remus et Hermione avait leurs
places, il allait enfin pouvoir explorer l’endroit. Lorsqu’ils arrivèrent sur le site, ils se séparèrent
pour faire un repérage des lieux dans un premier temps. Hermione partit immédiatement, mais
Remus prit le temps d’admirer le paysage qui s’offrait à lui. Venir ici avait toujours été un de ses
plus grand rêve. Il avait découvert le site à travers un livre lorsqu’il avait dix ans, quelques mois à
peine avant son entrée à Poudlard. Ses parents n’avaient jamais pu l’emmener et il s’était alors
promis d’y aller lorsqu’il serait adulte. La première guerre des sorciers était arrivée et il n’avait pas
eu le temps d’y aller. S’en était suivi de la mort de James et Lily, de la supposée trahison de Sirius,
tout comme de la supposée mort de Peter. C’était pour lui la fin des maraudeurs, et il était trop
occupé à se morfondre pour penser à voyager. L’année où il eut la chance d’enseigner à Poudlard
l’a sauvé. Jamais il n’aurait cru qu’enseigner pourrait lui apporter autant de réconfort. Mais Rogue
avait craqué, et avait dénoncé sa condition. Il ne pouvait plus rester là-bas. Cette année avait été
une sorte de parenthèse enchantée. Et même s’il n’enseignait plus, Sirius était innocent, et cela était
une nouvelle délivrance pour lui. L’année suivante, il avait erré à travers le pays, sur ordre de
Dumbledore, pour rassembler le plus de loup-garou du côté de l’ordre du Phénix. Inutile de
préciser que sa mission avait été un véritable échec. Peu de temps après la fin de celle-ci, il avait
rencontré Nymphadora, et les mois s’étaient enchaînés, sans qu’il n’est l’occasion de partir
voyager. Jamais il n’aurait cru devoir y aller pour une mission-suicide.

Mais l’heure n’était plus aux souvenirs du passé mais à la sauvegarde du futur. Remus avait
désormais une mission et il était de son devoir de survivant, de sorcier, d’humain de l’accomplir. Il
n’avait pas le choix. Remus avait cherché toute la journée une trace de magie, en vain, une
nouvelle journée de perdue, qui venait s’ajouter aux précédentes, déjà trop nombreuses.

La semaine était passée, au même rythme. Les sorciers s’affairaient toujours autant à leurs
recherches. Cependant, aujourd’hui était une journée particulière pour les deux sorciers.

—Arrête de râler Hermione ! Aller, pas aujourd’hui.

—Super, youpi, je suis tellement heureuse ! J’ai vingt-deux ans.

—Oh, ça va ! Je te rappelle que tu m’avais fait le coup l’année dernière.


Les sorciers sortirent de leur chambre d’hôtel, moins discret que les jours passés. Il avait décidé de
rester dans le petit hôtel, la chambre étant propre et les repas servis pour pas trop cher. Bien qu’elle
possédait beaucoup d’argent grâce à Harry, Hermione n’avait converti qu’un partie en argent
moldu et elle ignorait combien de temps ils seraient encore dans ce monde. Et aller dans une
banque sorcière était plus qu’inconscient, elle préférait donc économiser le plus possible.

Comme à leur habitude, ils marchèrent jusqu’au site. Cette ballade était un moyen de décompresser
dans la journée, et de faire un peu d’activité physique également. Ils ne transplanaient jamais, ils ne
souhaitaient pas prendre le risque d’être découvert. Ils se séparèrent à nouveau et chacun partit
explorer son endroit. Une heure était passée, lorsque Remus sentit un regard sur lui. Il se retourna,
personne. Il secoua la tête, maudissant encore une fois son imagination et sa paranoïa. Il se
concentra à nouveau sur ses recherches quand il entendit une voix l’interpellé.

—Tiens, mais qui voilà ! Le loup le plus médiocre de cette planète. Bon à se cacher au fin fond de
l’Amérique.

—Avery. Tu n’es pas venu seul j’imagine, où sont tes petits chiens. Oh, à moins que ce soit toi ?
Ils t’ont sûrement emmené en repérage.

—La ferme Lupin !

—Malefoy ! Comme je suis heureux ! Combattre du mangemort, ça m’avait manqué !

Remus dégaina sa baguette, qu’il avait toujours sur lui, même si cela faisait longtemps qu’il ne
l’avait pas utilisé. Il sentit sa magie s’écouler le long de son corps, se diriger vers son bras, puis
vers ses doigts, pour enfin entrer vers sa baguette. Le premier sort fusa, immédiatement suivi d’une
dizaine d’autres. Les deux mangemorts ne s’attendaient pas à ce que leur adversaire réplique avec
autant d’acharnement. Les sorts s’enchaînaient de plus en plus vite. Remus devait parer les sorts
des deux mangemorts, et même si sa baguette, du fait qu’il ne l’avait pas utilisée depuis longtemps
était plus puissante qu’en temps normal, cela restait tout de même difficile.

—Et ta sang-de-bourbe préférée, elle n’est pas là pour t’aider ? En même temps, deux monstres
ensemble ça doit être dur non.

—Tu t’y connais bien en monstre, hein Malefoy. Je te rappelle que ton fils t’a trahi, et que ton
maître te fait si peu confiance qu’il t’emmène me cherche moi, le loup, le monstre.

Lucius Malefoy eut un temps d’hésitation, ce qui lui fut fatal, un de ses sorts se retourna contre lui,
il atterrit en pleine poitrine. Il se vida immédiatement de son sang, et mourut sur le coup. Avery le
regarda abasourdi, mais se reprit vite, le duel continua, sans que ni l’un, ni l’autre ne céda.

—Putain Remus, tu fais quoi, je t’ai appelé dix f- commença Hermione. Oh merde, continua-t-elle
en voyant les deux sorciers se battre ainsi qu’un cadavre, recouvert de cheveux blonds. Un Malefoy
de moins, un. Comment ça va Avery ? On te manquait, mais il fallait nous prévenir, on t’aurait
envoyé une carte postale !

Avery, si étonné de voir la personne la plus recherchée au monde par les mangemorts, se tourna
brusquement vers elle, ce qui permis à Remus de l’achever.

—Eh ben Rem’ ! Tu remets tes principes en cause ! Deux « personnes » tuées en un jour ! C’est
ton record non ?

—Tu t’essayes à l’humour maintenant ? lui répondit le sorcier, avec un rictus. Qu’est-ce qu’on va
pouvoir faire des corps ?
—On peut les expédier aux mangemorts, ils seraient ravis.

—Hermione, on ne va pas les laisser là, c’est déjà miraculeux qu’aucun moldu ne nous ait vu.

—Ne râle pas Rem’, comme tu me l’as si bien fait remarque ce matin, c’est mon anniversaire. Et
donc, je suis la seule autorisée à râler aujourd’hui. Pour les corps, un simple reducto à l’état de
poussière fera l’affaire.

Remus fit donc ce qu’Hermione proposait de faire, et les corps disparurent, comme ils étaient
venus, comme par magie.

—Et quelle est cette histoire d’appel ? Je n’ai rien reçu du tout. Il me semble que votre magie vous
fait défaut, très chère.

—C’est étrange, je suis pourtant sûre de t’avoir envoyé un message. Tu étais peut-être trop absorbé
par ton combat. D’ailleurs, on n’avait pas dit « pas de magie, il ne faut pas qu’on soit repéré » ?

—Ça va, Miss-j’envoie-un-appel-qui-n’est-jamais-arrivé-à-destination.

—Oui bon, qu’est-ce que je voulais dire. Ah oui, j’ai repéré une forte empreinte magique au pied
de la montagne. Je me dis qu’il faudrait qu’on aille jeter un coup d’œil ensemble.

Hermione se dirigea vers l’endroit qu’elle avait exploré précédemment, accompagnée de Remus.

—Tu la sens ?

—C’est incroyable, je n’avais jamais ressenti quelque chose d’aussi puissant. Après réflexion si,
juste avant que je m’évanouisse, en Australie, près de la Grande Barrière.

Les sorciers prirent le temps de s’imprégner de cette magie, si semblable, mais pourtant si
différente de celle qu’ils avaient l’habitude de rencontrer à Poudlard. A cet instant, tout semblait
respirer la magie. Dans leur état de béatitude, ils ne s’aperçurent pas tout de suite qu’une porte en
bois était apparue devant eux. C’est Remus, lorsqu’il sentit un léger changement au niveau de la
magie qu’il la vit. Il secoua Hermione et lui fit signe de se retourner. Ils regardèrent la porte avec
fascination, et s’approchèrent lentement d’elle, dans un silence et une impatience grandissante. Ils
n’osaient pas y croire. Comment après une petite semaine de recherche, ils pourraient trouver le
deuxième bijou alors qu’il avait fallu plus d’une année pour trouver le premier. Était-ce un mirage ?
Ou une malédiction ? Une hallucination de leurs cerveaux ? Mais ils ne pourraient pas voir la
même chose. Et à en juger la tête d’Hermione, la jeune femme voyait exactement la même chose
que Remus. La porte étincelait et elle semblait appeler les deux sorciers pour qu’ils la rejoignent.

—Hermione, c’est peut-être un piège, dit-il d’un air qui se voulait convaincu, mais qui ne l’était pas
du tout.

—Mais non Remus, approche.

Remus, bien que mitigé, se laissa aller par l’appel de la porte. Plus il avançait, plus l’appel
grandissait. Il s’aperçut qu’il n’avançait plus de lui-même mais que son sac lui était passé devant.
Un objet voulait en sortir, et Hermione prit soin d’ouvrir le sac. Le livre du temps fonça vers la
porte, tandis que le collier du temps se dirigeait vers la serrure. Remus fit tourner le bijou, et la
porte s’ouvrit. Le livre reprit son chemin mais Remus prit garde de maintenir le collier entre ses
doigts et l’enfila autour de son cou. La pièce était noire, Remus ne pouvait donc pas voir la taille
de celle-ci, mais elle lui paraissait assez vaste, il ne se sentait pas enfermé dedans.

—Hermione ? Où es-tu ?
—Elle ne reviendra pas, annonça une voix.

Remus fit volte-face, mais, étant toujours dans le noir, ne vit personne.

—Qui êtes-vous?

—Oh, eh bien, je suis la gardienne de ce temple.

—Ce temple ? Mais nous sommes dans la montagne…

—Non, pas du tout, tout cela n’est qu’illusion. Je vous l’assure

—Très bien Gardienne, où se trouve Hermione.

—Hermione Granger n’est plus, Remus Lupin, je vous l’ai dit.

—C’est impossible, Hermione ne peut pas mourir.

—Oh, je n’ai pas dit qu’elle était décédée.

Remus regarda la gardienne, déconcerté. Il ne comprenait pas son charabia de « n’est plus mais
n’est pas morte ». Il réfléchissait à ce qu’il allait faire pour se sortir de là, lorsque la gardienne se
révéla à lui. Elle avait l’apparence d’une femme d’une trentaine d’année mais Remus savait qu’elle
était bien plus âgée. Il y a des choses que le temps n’efface pas, comme le regard. Cette femme
avait vécu, Remus en était sûr. Elle avait de longs cheveux noirs, tout comme ses yeux, identiques
à l’ébène. Jamais Remus n’avait vu une si belle femme. Elle était presque irréelle.

—Qu’allez-vous faire de moi ?

—Je vais tester votre potentiel émotionnel.

—Mon potentiel émotionnel ? Qu’est-ce que c’est ?

—Vous allez voir, je ne vais pas vous gâcher la surprise.

La gardienne s’approcha de Remus et prit sa tête entre ses mains et se pencha vers son oreille
gauche.

—Un conseil, vous auriez dû me demander mon nom Remus Lupin. Je me nomme Proserpine

Et elle lui brisa la nuque.


Reminiscences

« La seule raison pour laquelle les gens s’accrochent si fort à leurs vieux souvenirs, c’est parce
que c’est la seule chose qui ne change pas, même si les gens, eux, changent. »

Inconnu·e

Hermione se trouvait en présence d’un étrange individu nommé gardien. Il ne voulait pas lui dire
où était Remus et son petit air supérieur l’énervait au plus haut point. Remus était perdu entre le
rêve et l’au-delà d’après lui, et elle n’avait jamais entendu quelque chose d’aussi saugrenu, excepté
peut-être les énigmes du livre du temps. Elle avait d’ailleurs perdu la trace du livre, et étant donné
son importance capitale, cela posait un gros problème.

—Je suis maudite, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cela.

—Ne prenez pas la magie des mots à la légère Hermione Granger, toutes nos paroles ont des
répercussions.

—La magie des maux ?

—des mots, M-O-T-S. Enfin, il est temps de tester votre potentiel physique jeune humaine.

Le gardien ordonna à Hermione de se lever, ce qu’elle ne fit pas assez vite selon lui, il la mit donc
debout en un claquement de doigts.

—En garde !

Hermione attrapa sa baguette et se mit en garde, comme le gardien le lui avait demandé mais celui-
ci secoua la tête.

—Ne prenez pas cela, commença-t-il en désignant sa baguette. Je veux tester votre potentiel
physique, pas votre potentiel magique.

—On va se battre à la moldue ?

—Oui, lui dit-il. Et non. Vous allez voir. En garde Hermione Granger.

Le gardien lui assena un premier coup, suivi de près par Hermione. Tous deux se battaient comme
si leur vie en dépendait. Hermione ne savait pas vraiment pourquoi elle se battait avec autant
d’acharnement mais son instinct lui soufflait de le faire et avec les années, elle avait appris à
écouter son instinct. Elle avait mal partout et le visage en sang, elle avait beau frappé le gardien, il
ne possédait pas une seule égratignure. Hermione redoublait d’énergie, mais rien ne changeait.

—Puisez au fond de vous ! Utilisez votre magie.

Devant l’air décontenancé d’Hermione, il soupira.

—Vous les humains, vous réfléchissez beaucoup trop, obligés de tout analyser.

—Mais, je n’ai pas de baguette.

—Vous êtes une sorcière ou non ? La baguette vous sert à canaliser votre énergie. Ce n’est pas elle
qui contient votre magie. La magie vient de vous, elle est en vous. Ressentez-la, et utilisez la pour
vous battre. Vous avez appris le combat moldu pour vous défendre et vous avez raison, la magie ne
fait pas tout. Mais vous devez allier magie et combat pour devenir plus forte. Recommencez.

Hermione se mit en garde et envoya le premier coup. Lorsque le gardien s’apprêta à riposter, elle
enchaîna avec un sort et son adversaire tomba à genoux. Elle lui donna un autre coup et le ligota
par la pensée, et des cordes apparurent. Le gardien reposait à ses pieds, assommé, Hermione ne
savait plus trop quoi faire et s’assit sur le sol, en espérant que le gardien se réveille rapidement.
Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait utilisé de la magie sans baguette. Bien sûr, comme tous les
jeunes sorciers, elle en avait utilisé lorsqu’elle était enfant, avant d’entrer à Poudlard, mais la
magie accidentelle n’était pas la même chose.

—Je dois dire que je suis impressionné, je ne m’attendais pas à ce que vous réussissiez du premier
coup.

Hermione se tourna brusquement vers la voix. Le gardien se tenait là, debout devant elle comme
s’il ne s’était rien passé. Elle jeta un bref coup d’œil à l’endroit où le corps était il y a encore
quelques secondes.

—Comment avez-vous pu, comment avez-vous fait ? bégaya-t-elle. Vous étiez là et maintenant
vous êtes là…

—Oh comme vous êtes bien naïve… il s’empressa de continuer avant que la jeune femme ne
rétorque. Je n’allais pas non plus me battre contre vous. Tout cela n’est qu’illusion. Vous vous êtes
battu contre mon illusion. Je ne me bats plus que contre elle. Et contre ma femme quand l’envie lui
prend. Elle préfère me tabasser que se tabasser elle-même. Enfin bon, je vous conseille fortement
de vous entraîner à combattre comme vous venez de le faire. Arriver à dissocier son esprit n’est pas
si compliqué qu’on ne le pense. C’est le combattre qui est difficile. Je peux vous dire que vous
avez réussi, à ma grande surprise, le test de potentiel physique Hermione Granger. Vous êtes
puissante, cela ne fait aucun doute. Utilisez cette puissance à bon escient. Je vous en conjure.
Adieu.

—Mais vous ne pouvez pas partir comme ça ! Où est Remus ? Et si j’ai réussi je devrais avoir le
bijou du temps non ?

Le gardien ne prit pas le temps de lui répondre. Il claqua des doigts et disparu. Hermione sentit le
sol tremblé et elle fut aspirée hors de la pièce. Elle atterrit brutalement sur un sol en pierre. Elle se
releva immédiatement et inspecta les alentours. Elle était dans un salon de taille moyenne. Il y
avait un canapé et deux fauteuils. L’endroit paraissait à la fois neuf et ancien, c’était une étrange
impression. Hermione parcourait les objets étalés sur une étagère lorsqu’elle entendit un bruit
sourd. Elle se retourna brusquement et vit un corps, allongé de tout son long mais avec un angle…
étrange. Hermione s’approcha du corps et eut un mouvement de recul. C’était Remus.

***

Remus était tranquillement assis dans l’herbe, il jouait avec les pâquerettes qui étaient à ses pieds.
Remus avait hâte à samedi, samedi il serait grand, samedi il aurait cinq ans. Sa maman lui avait
appris à compter et il était fier de savoir que dans trois jours, il serait grand.

—Remus, le repas est servi, l’appela Lyall Lupin.

Remus mangea en silence, observant ses parents. Ils les trouvaient beaux. Ses parents étaient de
très bons parents. Remus savait que ses parents n’avaient pas beaucoup d’argent et que certains
disaient qu’ils étaient « pauvres ». Remus avait demandé à sa maman ce que cela voulait dire.
Esperance lui avait dit qu’il ne devait pas s’inquiéter avec cela mais Remus n’était pas d’accord. Il
serait bientôt grand, et il pouvait protéger ses parents. Il savait lire mais il n’avait pas de livre
pour chercher les mots qu’ils ne connaissaient pas. Remus fut sorti de ses pensées par son papa
qui lui annonça qu’il était temps d’aller dans son lit. Remus obéit, même s’il aurait préféré rester
lire un livre avec son papa et sa maman.

Remus était allongé dans son lit, il regardait les étoiles avant de s’endormir. Remus avait toujours
aimé les étoiles. C’était d’ailleurs la seule chose qu’il aimait la nuit. Il avait peur du noir, c’est
pour cela qu’il regardait les étoiles, elles lui apportaient de la lumière. Remus entendit un grand
bruit au-dessus de sa tête. Il vit une ombre, cette ombre faisait très peur et elle était pleine de poils.
Remus avait en face de lui, le même monstre qui figurait dans ses cauchemars. Il vérifiait chaque
soir, avant de s’endormir s’il n’y en avait pas sous son lit ni sous le lit de ses parents. Mais Remus
en était sûr, il n’avait pas oublié de vérifier qu’il n’y avait pas de monstre, alors pourquoi était-il
là ? Le monstre donna un coup de patte et cassa la fenêtre de Remus. Il se jeta sur lui et commença
à le mordre. Remus avait mal, beaucoup plus que quand il s’était cassé le bras l’année précédente.
Remus pleurait mais le monstre n’en avait que faire, il continuait à lui faire du mal. Remus voyait
du rouge, beaucoup de rouge. Remus aimait bien le rouge, mais pas ce rouge-là. Remus aimait le
rouge qui ne fait pas mal.

Remus entendit une porte claquée au loin et reconnu la voix de son papa. Oui, c’était son papa et
il était venu le sauver. C’est ce que font les papas non ? Son papa chassa le monstre et se tourna
vers lui.

—Ça va aller Rem’

—Papa, j’ai mal, murmura-t-il, les joues pleines de larmes.

Remus sentit son corps s’agrandir, il avait très mal. Pourquoi son papa ne pouvait pas l’aider ? Et
Remus, qui détestait tant le noir, se retrouva plonger dedans.

Remus se débattait dans le vide. Il avait horreur de revivre sa morsure. C’était son premier
souvenir, et il était tout sauf joyeux.

Remus était assis à la table des Gryffondor, accompagné de James et Sirius, qui débattaient de la
prochaine farce qu’ils pourraient faire aux Serpentard.

—On devrait peut-être lui dire de venir avec nous, vous ne croyez pas ? Il se fait souvent attaquer
par les Serpentard.

—Si tu veux, lui répondit nonchalamment Sirius.

Remus se dirigea vers le garçon assis quelques mètres plus loin.

—Tu veux venir manger avec nous ? lui demanda gentiment Remus.

Voyant que le garçon hésitait, Remus lui adressa un sourire et se présenta.

—Je m’appelle Remus Lupin, on est dans la même année à Gryffondor.

—Tu veux que je vienne manger avec vous, bégaya le garçon.

—Oui, c’est ce que je viens de dire.

Le garçon rejoignit le trio, et de nouvelles amitiés commencèrent. Remus Lupin, James Potter et
Sirius Black devinrent amis avec Peter Pettigrow.

Remus ne pourrait jamais se pardonner cette erreur. Il avait appris à vivre avec sa damnation,
comme il appelait son « problème ». Mais jamais il ne pourrait accepter le fait d’avoir fait entrer
Peter au sein du trio. Sans lui, jamais il se serait devenu gardien secret, sans lui, jamais James et
Lily ne seraient morts. Remus a amené ses amis vers la mort, à cause de sa compassion pour les
faibles et les opprimés. Peut-être parce qu’il en était un aussi. Remus continuait à se débattre, mais
les souvenirs affluaient sans que rien ne les retienne.

Remus descendit du train et chercha son père sur le quai. Chaque année, il avait l'impression que
plus en plus de famille venaient attendre le Poudlard Express. Il vit son père qui l'attendait, un peu
à l'écart du bruit et de la bonne ambiance des retrouvailles.

—Papa ! Ça va ?

—Oui, oui. Et toi comment vas-tu Rem' ? Tu as fait bon voyage.

Ils échangèrent quelques banalités et Remus, ne voyant pas sa mère, s'en étonna.

—Maman n'est pas là ?

Une expression de douleur passa sur le visage de son père. Remus vit immédiatement que quelque
chose n'allait pas.

—Papa, où est Maman ? Papa !

Lyall Lupin prit son fils par le bras et transplana devant le perron de leur maison. Seconde chose
qui n'allait pas, le père de Remus tranplanait toujours dans le salon. Il fit asseoir Remus sur le
canapé et se positionna dans le fauteuil. Il prit ses mains et regarda son fils.

—Remus, ta mère a fait un AVC hier matin. Elle n'a pas survécu. Je suis désolé de ne pas t'avoir
prévenu avant mais je préférais le faire en face de toi plutôt que par courrier et je ne voulais pas
t'infliger cette nouvelle devant tes camarades de classe.

Remus eut un instant de flottement, ne réalisant pas ce que son père venait de dire. S'en est ensuite
suivi de larmes, de cris et Remus démarra au plus mal sa cinquième année.

Remus continuait à voir ses souvenirs. Pourquoi seulement les pires étaient visibles ? Dans la
légende, lorsqu'on meure, c'est toute la vie qui défile devant nos yeux, pas seulement les pires
moments de notre existence.

Remus se tenait dans un chalet, au fin fond du Brésil, à accomplir une mission pour l’ordre quand
il entendit un hibou tapé à sa fenêtre. Il lui ouvrit et attrapa l’exemplaire de la Gazette du Sorcier.
Le titre était si surprenant qu’il l’en laissa tomber le journal.

CELUI-DONT-ON-NE-DOIT-PAS-PRONONCER-LE-NOM N’EST PLUS, SUITE PAGE 2

Après s’être réjouit de cette merveilleuse nouvelle, Remus ouvrit le journal, curieux de s’avoir
comment l’ordre avait pu le battre et pourquoi était-il en mission alors que ses amis devaient faire
la fête. Ses yeux tombèrent sur un nom et il dut relire plusieurs fois la phrase pour réaliser ce
qu’elle disait.

Les Potter sont morts, assassinés par Vous-savez-qui, juste avant que celui-ci ne disparaisse.

Remus l u t le journal, d’une traite. Il le l u t, cinq fois, dix fois, cent fois. Mais l’information ne
voulait pas rentrer. Sirius n’aurait jamais pu vendre James et Lily, il n’aurait jamais pu tuer Peter
et ces douze moldus. Sirius pouvait être violent, mais jamais envers ses amis. Ils étaient sa famille.
Remus, croyant à une blague, transplana au domicile des Potter, pour leur annoncé que cela
n’était vraiment pas drôle. Il ne fit pas attention au risque de désartibulation en transplanant à une
si grande distance. Il fit face au salon des Potter et vit les ruines autour de lui.

—Lily, James ? Vous êtes où ? Harry ?

Seul le silence lui répondit et Remus monta à l’étage. Tout comme le rez-de-chaussée, il était
désert. Il vit un peu de sang dans le lit mais il n’y avait aucune trace de ses amis. Même le chat
avait disparu. C’est à cet instant que Remus comprit que sa vie ne serait plus jamais la même.
C’est à cet instant que Remus comprit que Sirius avait trahis les maraudeurs, qu’Harry était
orphelin. Harry, où était Harry ? Remus regarda à nouveau le journal et vit sa date. 1 novembre
1981. Il eut un mouvement de recul. Aujourd’hui, il en était sûr, c’était le dix novembre. Remus,
contenant sa colère, transplana à Pré-Au-Lard et se dirigea vers la cabane hurlante. Il la traversa
et se retrouva dans le parc de Poudlard. Il ne s’était pas aperçu que ses yeux ne lui obéissaient
plus et que ses joues étaient pleines de larmes. Certains élèves le regardaient étrangement, comme
si c’était la première fois qu’ils voyaient quelqu’un pleurer. Remus entra dans le château et se
dirigea vers la grande salle. A cette heure-ci, la plupart des élèves mangeaient leur petit déjeuner.
Remus poussa les portes et toutes les têtes se tournèrent vers lui. Certains avaient saisi leurs
baguettes en voyant cet étranger dans un état piteux. Remus se tourna vers les professeurs, qui
avaient soudainement perdu les couleurs de leurs visages.

—Il faut que nous parlons Dumbledore, dit-il d’une voix tremblante.

Dumbledore parut surpris mais reprit son visage neutre peu de temps après.

—Monsieur Lupin… Suivez-moi, lui répondit-il d’une voix tout aussi tremblante que celle de
Remus.

—Comment ça se fait que je sois averti par la Gazette du Sorcier de la mort de mes amis ?
Comment avez-vous pu me faire ça ? C’est… c’était les personnes qui comptent le plus pour moi !
Vous aviez dit qu’ils étaient en sécurité ! Et Sirius… comment pouvez-vous en être sûr ? Et Harry,
où est-il ? Je veux le voir.

—Monsieur Lupin, calmez-vous. Les preuves sont irrévocables. Pour tout vous dire, je n’ai pas eu
le temps de vous avertir. Quant à Harry Potter, il est en sécurité chez son oncle et sa tante.

—Chez son oncl— Vous l’avez emmené chez Pétunia ? Mais elle déteste la magie. Vous n’avez
jamais entendu ce qu’a dit Lily sur elle ? Je peux récupérer la garde d’Harry, ce n’est pas un
souci.

—Vous savez aussi bien que moi que c’est impossible. Votre condition ne vous le permet pas. Je ne
dis pas cela pour vous blesser, m—

—Me blesser ? Mes amis sont morts ou à Azkaban, je ne peux pas être plus blessé. Quand aura
lieu l’enterrement ?

Dumbledore regarda Remus avec pitié et le jeune homme comprit immédiatement.

—Comment avez-vous pu ? Vous les avez enterrés sans moi ?

Sur ses dernières paroles, Remus sortit du château et transplana au cimetière de Godric’s Hollow.

Remus pleurait et se débattait encore. La blessure ne s’était toujours pas cicatrisée. Remus se
souvenait comme si c’était hier de ces longs mois qui avaient suivi la catastrophe. Il était alors
incapable de prononcer le mot « décès » ou « mort ». Il avait passé des années à cogiter là-dessus.
Remus était tombé en dépression de longues années. Mais il avait su rebondir. Et c’était le plus
important. Mais à peine Remus eut cette pensée, que le souvenir suivant apparu.

—Sirius, non, Sirius.

Les cris d’Harry étaient déchirants. Excepté les siens, c’était les cris les plus horribles, les plus
remplis de souffrance que Remus avait entendu. Remus se mordait la lèvre pour ne pas crier. Il
fallait qu’il tienne. Pour Harry. Il était si jeune, et pourtant avait vécu tant de choses.

Sirius n’était plus. Les retrouvailles avaient été beaucoup trop courte s . Cela faisait à peine deux
ans que Remus avait retrouvé son ami, qu’Harry avait retrouvé son parrain. Cette nouvelle mort
mis à nouveau Remus plus bas que terre. Ses amis mourraient un à un, sans qu’il ne puisse rien
faire. C’était le pire sentiment du monde. Remus retenait du mieux qu’il pouvait Harry. Il ne fallait
pas qu’il meure lui non plus, sinon Remus aurait échoué jusqu’au bout.

Remus avait eu si peur de perdre Harry ce jour-là. Ce fut à ce moment précis qu’Harry plongea
dans les ténèbres pour ne plus en ressortir. Remus s’en voulait de ne pas avoir été assez présent
pour lui, mais Dumbledore l’avait envoyé en mission l’année suivante, un nouvel échec cuisant.
Son seul bonheur en ces temps difficile fut Nymphadora. A la pensée de sa défunte femme, les
sanglots de Remus redoublèrent.

Remus tourna la tête et eut un haut le cœur, à sa droite sa femme était là, étendue, morte. Remus
eut l’impression que son cœur venait de s’arrêter de battre. Sa femme, la seule qui l’avait aimé et
que lui avait aimé en retour. La seule qui avait fait fit de sa condition. Sa complice, sa confidente,
la mère de son fils. Remus se releva brusquement. Il fallait qu’il voit son fils. Remus sortit du
château, et réalisa que la lumière avait perdu et que les ténèbres avaient triomphé. Remus vit un
corps au milieu du parc. Non, ça ne peut pas être… Remus s’effondra alors à la vue du corps qu’il
n’avait pas su protéger. Le corps, la vie d’Harry Potter.

Chaque jour qui passait était un jour noir pour Remus. Ses amis étaient morts et il n’oublierait
jamais le trente-et-un octobre 1981, tout comme le dix-huit juin 1996. Mais la pire date, le pire
jour de l’existence de Remus fut sans contesté le deux mai 1998. Il perdit tout ce jour-là. Sa
famille, sa bataille, sa confiance, son espoir.

Remus entra dans le salon des Tonks, en poussant la porte, chose qu’il ne faisait jamais. En temps
normal, il préférait transplaner directement dans le salon, mais il n’eut pas le courage de le faire,
redoutant trop ce qu’il verrait. Ses yeux tombèrent immédiatement vers le lit de son fils. A
l’intérieur, se trouvait un petit corps inanimé. Remus prit le cadavre de son fils dans ses bras et
aperçu du sang au niveau de sa tête. Remus pleurait, pleurait encore mais Teddy ne revint pas à la
vie, pas plus que Dora, Harry, Sirius, James, Lily. Remus se retourna et vit Andromeda les yeux
grands ouverts, tenant sa baguette entre ses mains. Elle avait dû se défendre pensa Remus. Même
si elle était désormais Andromeda Tonks, elle avait toujours la combativité des Black. Elle avait
protégé son petit-fils au péril de sa vie mais cela n’avait malheureusement pas suffit.

Remus fut contraint de revivre chacune des quatre cent soixante-dix-sept pleines lunes qu’il avait
vécu depuis qu’il avait été mordu. Il ressentit chaque douleur liée à sa transformation, se revit, tel
un monstre, tuant l’employée du ministère qui avait eu le malheur de croiser son chemin cette nuit-
là. Il revit la morsure d’Hermione et toutes les pleines lunes les plus douloureuses les unes que les
autres.

Lorsque Remus finit de se débattre, plus par fatigue que par véritable envie, il se sentit
tourbillonner et perdit connaissance.
Enfers

« L’avenir nous tourmente, le passé nous retient. C’est pour ces raisons que le présent nous
échappe. »

Gustave Flaubert

Lorsque Hermione réalisa dans quel état se trouvait Remus, elle se précipita vers lui. Elle vérifia sa
respiration, mais elle n’entendait que la sienne. Aussitôt, elle lui fit un massage cardiaque, espérant
que ce serait suffisant.

—Mon pauvre Remus, que t’ont-ils fait ?

Hermione faisait de son mieux, mais elle n’avait jamais fait de massage cardiaque. Ses larmes
coulaient, sans qu’elle puisse les interrompre.

—Remus, reste avec moi, tu ne peux pas partir tu m’entends ? Pas maintenant, après tout ce que tu
as traversé, après tout ce qu’on a traversé. Tu ne peux pas me faire ça. Je ne survivrai pas toute
seule.

Hermione était tellement concentrée qu’elle n’avait pas entendu deux personnes entrer dans la
pièce.

—Chérie, qu’est-ce que tu as fait ? On avait dit que personne ne devait mourir pendant l’examen, à
moins que son potentiel ne soit suffisant et je doute que cela soit le cas de cet homme, commença
le gardien.

—Ça va, il n’est pas encore mort. Je lui ai simplement brisé la nuque.

Hermione arrêta brusquement ce qu’elle faisait et se releva d’un coup. Elle se tourna vers la
gardienne, les mains sur les hanches.

—Vous lui avez brisé la nuque ? Vous l’avez tué ! On ne peut pas survivre à ça !

—Vous avez beau connaître des tas de choses, la magie est et sera toujours un mystère Hermione
Granger. Remus Lupin n’est pas mort, du moins pas encore.

Hermione se remit immédiatement à faire un massage cardiaque, ses larmes avaient arrêté de
couler mais les sillons étaient toujours bien visibles sur ses joues. Les Gardiens, eux avaient repris
leur discussion, sans se soucier plus que cela des deux sorciers.

—Il faut respecter les règles, sinon tu sais ce qu’Elle fera. Oh mais c’est dégoûtant, s’interrompit-il
en voyant Hermione faire un massage cardiaque ainsi que des insufflations à Remus.

—Quoi ? Vous voyez un défibrillateur et un masque à oxygène dans la pièce ? Vous pouvez
m’aider à sauver Remus plutôt que de parler inutilement. Vous aurez tout le temps de le faire plus
tard.

Le gardien s’offusqua et prit un air choqué sur le visage.

—Jamais en cinq cents ans…

—Oui vous parlerez plus tard, aidez-moi !


Il regarda Hermione de haut et fit un signe de la main. Le torse de Remus se souleva brusquement
et il sembla reprendre sa respiration lentement.

—Remus, Rem’ ? Tu m’entends ?

—Dora, c’est toi ?

—Non, Rem’, c’est Hermione on est au Pérou, tu te souviens ?

—Mione ? Tu peux m’aider à me lever.

Hermione fit ce que Remus lui demanda et l’aida à s’asseoir sur le canapé. Elle l’interrogea sur ce
qui c’était passé, avant de s’apercevoir des sillons de larmes sur les joues de son ami.

—On pourra en parler plus tard si tu veux.

—Non, c’est bon, autant le faire tout de suite. Elle a testé mon potentiel émotionnel. Il s’empressa
de continuer devant l’air interrogateur d’Hermione. C’est-à-dire qu’elle m’a fait revivre mes pires
souvenirs. De ma morsure, aux morts de mes amis en passant par les pleines lunes, elle m’a fait
tout revivre. Je ne veux pas de ta pitié Mione,

—Je n’ai pas pitié ! s’offusqua-t-elle. J’éprouve juste de la compassion, je comprends mieux ton
état. Je ne sais pas si j’aurais réussi à être aussi forte que toi.

—Et que t’a-t-il fait faire à toi ? Je pense que tu n’as pas dû échapper à un test.

—Il a testé mon potentiel physique. J’ai dû le combattre en alliant la méthode moldue et magique,
le tout sans baguette. C’était éprouvant mais il m’a dit que j’avais réussi…

—Ça va, nous ne vous dérangeons pas trop ? Nous n’avons pas que ça à faire, les interrompit le
gardien.

—Ce n’est pas comme si tu faisais quelque chose de ton temps pauvre idiot ! Ce sont les premiers
visiteurs depuis des siècles, montre leurs un peu de reconnaissance, lui répondit sa femme.

—De reconnaissance? Ils troublent ma tranquillité.

—Tais-toi ! Elle pourrait nous entendre.

—Allez-vous enfin nous expliquer qui vous êtes et quel est votre rôle ? Vous n’avez peut-être pas
grand-chose à faire mais ce n’est pas mon cas. Accessoirement on a le monde à sauver, les coupa
Hermione.

—Ce sont des gardiens, commença Remus. Je pense qu’ils gardent le second bijou du temps. La
femme se nomme Proserpine. Ça ne te rappelle rien ?

—Proserpine, Proserpine, dans la mythologie romaine c’est la femme de—

—Pluton. Et c’est comme cela que vous vous appelez n’est-ce pas ? demanda-il en s’adressant au
gardien.

—Comment avez-vous deviné ? Jamais personne n’a eu la moindre idée, balbutia-t-il, l’air étonné
et surpris.

—Parce que vous et moi savons très bien que ce n’est pas tout. Vous êtes les époux damnés.
Les deux gardiens blanchirent soudainement au moment où Remus révéla leur secret. Ils s’étaient
promis de ne plus jamais évoquer ce nom. C’était si tabou qu’il n’avait pas été prononcé depuis des
millénaires.

—Les quoi ?

—Les époux damnés. Tu ne connais pas la légende ? Elle est pourtant assez connue. Mais c’est
vrai, seuls les enfants ayant un parent sorcier peuvent la connaître. Elle est transmise de génération
en génération. Je ne me rappelle plus l’entièreté de l’histoire mais elle eut lieu environ un siècle
après la création de Poudlard. Deux élèves tombèrent amoureux au-delà du raisonnable. Ils
s’aimaient tellement que leur amour vira à l’obsession. Ils ne passaient plus un seul instant l’un
sans l’autre. Peu à peu, ils commencèrent à détruire tous ceux qui se dressaient sur leur passage, ils
se détruisaient eux-mêmes. Un jour, le directeur de l’école observa des pierres tout autour du
château. C’était les fondations de Poudlard qui s’effritaient, comme si le château pleurait. L’amour
avait détruit le château. Pour punir le couple, un groupe d’élèves tua la jeune femme et on dit que
son mari erra comme une âme en peine pendant des mois. Il trouva un moyen de la ramener à la
vie et tout recommença. Un jugement leur fut rendu, on ne sait pas très bien par qui mais ils furent
condamnés à servir Poudlard jusqu’à la fin de leur vie pour avoir mis leur monstruosité sur le
compte de l’amour. Mais, ils étaient immortels, on ne sait pas comment non plus. Il est dit que
chaque année, au moment de leur damnation, ils retournent au château hanter l’actuel directeur et
le corps enseignants. Leur amour les a transformés en monstres et ils sont condamnés à le payer
toute leur existence. Ce ne sont plus des humains, car ils ne sont ni vivants ni morts. Ils sont
devenus une espèce à eux deux, les damnés. Cette histoire est racontée aux enfants pour leur
apprendre que la plus belle des choses peut se transformés en véritable horreur si elle est abordée
avec excès.

—C’est parce que j’ai fait revivre ma femme que nous sommes devenus immortels. Nous avions
réussi à contrer la mort, et la mort n’accepte pas de perdre, elle n’a plus voulu de nous. Et ça
l’arrangé bien de nous laisser à Elle.

—Mais qui est cette Elle ?

—Vous la connaîtrez si vous le méritez. Elle ne se montre pas aux premiers venus. C’est d’ailleurs
Elle qui nous a condamné. Étrange sens de l’humour non ? Pluton et Proserpine, les damnés qui
gardent une chose, sous terre. Elle adore la mythologie. Comment vous dites maintenant ? Elle en
est fan !

—D’ailleurs le terme « époux damnés » est faux, nous n’avons jamais eu le temps de nous marier.

—On est sous terre ?

—Oui Hermione Granger, à plusieurs centaines de mètres sous terre.

—Mais vous n’avez toujours pas répondu à notre principale question. Que faites-vous ici ? Quel est
votre rôle ?

—Nous protégeons un objet. Un objet auquel vous semblez accorder une grande attention. Vous
l’appelez, « bijou du temps ». Nous avons pour mission d’examiner les voyageurs qui s’aventurent
jusqu’aux Enfers —là aussi beaucoup d’humour sur le nom de notre résidence—. Nous pouvons
leur faire une épreuve sur le physique, les sentiments, la magie, la logique, le savoir. Nous sommes
assez libres là-dessus. Je m’occupe toujours des femmes et Proserpine toujours des hommes.

—Et s’il y a deux femmes ou deux hommes ?


—Et bien l’autre aura deux fois plus de travail.

—Je n’ai plus le droit d’approcher une femme seule depuis que j’ai écartelé la dernière.

Voyant l’air choqué des deux sorciers, elle s’empressa de continuer, ce qui n’arrangea pas les
choses.

—Elle avait regardé avec trop d’insistance mon mari.

Toujours aussi éberlués, les deux amis préférèrent ne rien ajouter.

—Est-ce qu’il y a des conditions pour entrer ici ?

—Bien sûr. Deux personnes, pas une de plus, pas une de moins. Il faut, logiquement, avoir réussi
la première phase. Il ne faut pas être en couple,

—En couple, ça veut dire que seuls les amis peuvent venir ici ?

—Les amis, les collègues, même de parfaits inconnus, tant qu’ils n’ont pas fait acte de chair.

—Acte de chair ? répéta Hermione, pas certaine d’avoir bien compris

—Coucher. Tant qu’ils n’ont pas coucher ensemble, expliqua Remus.

—Exactement, donc pour en revenir à votre question, non pas seulement les amis et tous les amis
ne peuvent pas venir ensemble. Par exemple vous avec—

—Non, je ne veux rien entendre de plus, cela fait partie de ma vie privée, l’interrompit
brusquement Hermione.

—Trêve de bavardages, même si cela ne fait que deux lunes que vous êtes là, nous allons devoir
vous relâcher.

—Deux lunes ? Mais nous ne sommes restés ici que quelques heures.

La gardienne secoua la tête et leur expliqua que le temps passait plus lentement aux enfers qu’à la
surface. Elle se prit les mains de son compagnon, puisqu’ils n’étaient pas mariés, et ils
murmurèrent une incantation un latin. Ils commencèrent à briller, jusqu’à ce que la pièce ne
contienne plus un seul recoin d’ombre. Puis, tout s’arrêta.

—Excusez-moi mais c’était censé faire quoi ?

—Vous devriez prêter plus d’attention aux détails Hermione Granger. Observez votre poignet.

Hermione baissa la tête et vit avec stupéfaction un bracelet aux nombreuses couleurs qui ornait son
poignet. Comme sur le collier, il émanait d’une aura magique extrêmement puissante. Hermione
sauta dans les bras de Remus qui sautillait lui aussi de joie.

—On a réussi Rem’ ! On a le deuxième bijou, il n’en manque plus qu’un.

—Et il sera sûrement le plus difficile à atteindre. N’oubliez pas ce que je vous ai dit Hermione
Granger. Entraînez-vous au combat, sans relâche, entraînez Remus Lupin aussi, c’est ce qui fera la
différence.

—Je le ferais. Merci, merci infiniment pour vos conseils et votre aide. Ce bijou est vital pour nous.
J’espère qu’Elle, qui qu’elle soit, vous traitera un peu mieux dorénavant.
Les gardiens se tenaient en face d’eux, ils étaient main dans la main et une lumière qui sortait de
leurs cœurs, semblait ruisseler dans tout leur corps. Ils se regardèrent et se mirent à pleurer.

—Vous nous avez sauvé…

—Mais comment ?

—Votre merci, il a fait office de pardon. Il a pardonné nos fautes passées.

—Que le destin soit avec vous, vous nous avez sauvé la vie.

Les deux gardiens se transformèrent en poussières et les deux sorciers se regardèrent, ne sachant
plus quoi faire. Ils commencèrent à chercher la sortie mais les gardiens ne leur avaient donné
aucune indication sur le lieu de sortie.

—Passe-moi le bracelet, j’ai une idée.

Remus positionna le livre du temps au centre de la pièce et plaça les deux bijoux à une extrémité
du livre chacun.

—Donne-moi ta main et touche le livre avec l’autre.

Hermione fit ce que Remus lui demandait et il en fit de même. Dans un premier temps rien ne se
passa et Hermione allait briser le silence et chercher autre chose pour sortir des enfers, quand le
livre se mit à scintiller et un dôme engloba les bijoux, le livre et les sorciers. Ils se sentirent aspirés
et réapparurent au bord d’un grand escalier.

—Où sommes-nous ?

—On est toujours sous terre, on est juste sorti des enfers. Regarde cet escalier. On va devoir le
gravir pour retourner à la surface.

—Gravir cet escalier ? Mais Rem’ ils ont dit qu’on était à plusieurs centaines de mètres sous terre,
comment on va pouvoir tout remonter ?

—On n’a pas le choix, le transplanage est impossible.

Les deux amis se mirent à gravir les marches pendant des heures. Ils étaient épuisés et les quelques
pauses qu’ils faisaient ne les ressourçaient pas vraiment. Ils étaient si exténués qu’ils s’endormirent
au détour d’une pause. Ils ne surent pas très bien combien de temps ils avaient dormi mais ils
préfèrent quitter le plus vite possible cet endroit. Heureusement pour eux, la magie était possible et
ils pouvaient faire apparaître de l’eau et pouvaient s’éclairer. Après plusieurs jours d’ascension, les
sorciers virent enfin la lumière du soleil. Il faisait assez chaud et l’air était très sec.

—Tu crois qu’on est toujours au Pérou ? demanda Hermione

—Sûrement pas.

—Qu’est ce qui te fait dire ça ?

Hermione se tourna vers Remus, qui lui regardait dans la direction opposée. Hermione observa à
son tour le paysage qui s’offrait à elle. Hermione et Remus se trouvaient devant une gigantesque
pyramide égyptienne. Ils n’avaient jamais vu une telle chose. Ils étaient habitués à l’immensité de
Poudlard mais la pyramide dégageait autre chose, elle avait été faite par des moldus, et c’était tout
bonnement impressionnant.
—Tu crois que c’est la Pyramide de Khéops ?

—J’en suis sûr. C’est vraiment magnifique mais on ne doit pas rester là. On parait un peu suspect
dans le décor.

A en juger l’emplacement du soleil, il était encore assez tôt le matin et les touristes n’avaient pas
encore débarqués. Remus essayait de trouver de quoi se repérer et quelqu’un qui parlait anglais
pour lui donner la date du jour tandis qu’Hermione cherchait de quoi manger. Ils se retrouvèrent
une heure plus tard sur une petite terrasse à goûter un plat égyptien.

—On est le vingt-huit novembre, les gardiens avaient raison, il y a bien deux lunes qui sont
passées. Je me demande comment on a pu échapper aux transformations.

—On ne va pas non plus s’en plaindre. Je pense que c’est parce que nous étions si profondément
sous terre que la lune n’avait plus d’influence sur nous. La prochaine est dans combien de temps ?

—Deux jours, il faut qu’on se tienne prêts, je ne sais pas comment les loups vont réagir de ne pas
être « sortis » pendant deux lunes. Je sens que ça va être très douloureux. Il faut qu’on trouve un
hôtel ou une chambre d’hôte pour la transformation, pour la troisième phase mais surtout pour
dormir.

***

Les deux amis avaient dormi plus de dix-neuf heures chacun. Ils s’étaient parfois réveillés après un
cauchemar, mais leur épuisement avait eu raison d’eux et ils se rendormaient instantanément.
C’était comme si leurs corps prenaient conscience des deux mois sans dormir. Après avoir récupéré
leurs forces, Remus et Hermione s’enfermèrent dans la chambre de cette dernière pour connaître
enfin, de quoi en retourner la troisième phase. Ils avaient beaucoup de mal à l’appelée « phase
finale », ils savaient que même lorsque leur quête serait terminée, jamais elle ne ferait office de fin.

Remus fit couler le sang de Rosier sur le livre et le même phénomène que la fois précédente se
reproduit. Les bijoux ainsi que le livre se mirent à briller et éclairèrent l’ensemble de la pièce. Peu
à peu les mots se formèrent sur la page, auparavant parsemée de runes.

Elus du temps, félicitations, les deux premières phases ont été accomplies avec succès. Vous avez
traversé de nombreuses épreuves mais le plus dur reste encore à faire. Voici l’énigme qui vous
permettra d’arriver à la phase finale.

« L’ultime phase se déroulera à travers les méandres du temps. Les élus devront prouver à la toute
puissante leurs volontés. Seule la Destinée tranchera, là où tout a commencé. »

Les deux amis se regardèrent, abasourdis par ce qu’ils venaient de lire. Cette énigme était bien
différente des autres. Leur destinée ne semblait plus leur appartenir. Les derniers mots ne pouvaient
signifier qu’une chose. Là où tout a commencé. Là où ils ont appris tant de choses, là où ils se sont
rencontrés, là où les ténèbres se sont transformées, là où la lumière a perdu. Remus et Hermione se
regardèrent et dans leurs yeux, ils surent qu’ils pensaient au même endroit. Remus semblait sur le
point de pleurer et Hermione était aussi pâle qu’un fantôme. La jeune femme prit la parole, la voix
plus tremblante que jamais, et révélant au passage leur pire crainte.

—Rem’ ça ne peut pas signifier qu’on doit aller à Poudlard n’est-ce pas ?

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