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Quel avenir pour le projet et les valeurs humanistes face à la digitalisation des sociétés ?

L’Humanisme, c’est croire en une Humanité, qui, pourvu de la technologie1 pense et réalise des œuvres
durables, touchantes et mémorables pour l'Homme2, y compris des algorithmes que l’on trouvera partout
(les transports, la prise en charge des séniors, la santé, la connectivité...) L’Humanisme ainsi se décline sur
un plan digital intrinsèquement à l'évolution de notre monde et des découvertes technologiques (IA,
Génome, Nanotechnologie.) avec toujours en filigrane la notion de progrès pour l'ensemble de
l'Humanité... Ainsi, l'Homme et a fortiori le FM doit s'impliquer, s'intégrer à cette société digitale future
pour y jouer un rôle prépondérant aux côtés de la technologie et des machines3.
Mais l'appétence et la fascination pour les technologies ne doivent pas faire oublier les risques. Les
interactions humaines, les valeurs, les causes doivent rester au centre de la création et rester communes
à toutes les sociétés. Eviter toute précipitation, emballement, embrasement… ou pire, un accès débridé à
la connaissance sans bénéficier de la sagesse qui doit nécessairement l'accompagner4... Transmettre sans
l'introspection nécessaire serait comparable à la folle tentation de l'Homme de se mesurer aux dieux5.
Notre société est passée d'une transmission, orale, écrite ou visuelle à une transmission numérique (Les
formations sont digitales, les visites médicales aussi, l'apprentissage du permis virtuel...) que l’Homme
doit apprendre à contenir, maitriser… Il ne doit pas s’isoler dans des relations factices. OU se contenter
d’amis virtuels inconnus qui partages sans filtre des informations réelles ou inventées, personnelles, voire
confidentielles. Ce serait abandonner l’essence même de l’Humanisme que de sombrer dans une
virtualisation des relations humaines. Pourtant, la mutation digitale nous permet de nous ouvrir sur le
monde réel, venir en aider à des sociétés muselées, des groupes opprimés, des masses manipulées (Ex.
réseaux sociaux obligatoires en chine, pas d'internent en Iran ou en Syrie sauf grâce aux hackers...)
Les réseaux sociaux, portent aussi en eux de grandes promesses pour nos valeurs humaines mais aussi
pour la res publica (La chose publique). Le FM doit être un acteur et non une victime de la digitalisation de
notre monde. La digitalisation est devenu un outil supplémentaire pour construire un monde plus
solidaire, plus juste, plus libre... Ainsi, notre implication sociétale ne doit pas ignorer la dimension digitale
qui à l'instar des 3 autres dimensions créer aussi une réalité 6 . La digitalisation effraie, inquiète,
préoccupe... mais ce qui apparaissait comme folie à sa création, devient peu à peu révolution jusqu'à faire
partie de nos modes de vie et de pensée... En conséquence, nous ne devons pas remettre en cause le
progrès des sciences et des techniques mais nous devons nous donner les moyens d'en contenir
l'emballement jusqu'à maturité.

L'Intelligence Artificielle, l'IA est déjà dans notre quotidien, généraliste (transports...) domestique
(Lave-linges, réfrigérateur), scientifique (Prothèses, Seti) où artistique (Hatsune Miku, Musique à
génération procédurale...). Elle accompagne l'Humanité, mais elle fait peur, cherchera-t-‘elle à
s'émanciper de son créateur (Michael Crichton : Mondwest, Future World, Jurassic Park, Westworld...)

1
Mythe de Prométhée.
2
homoet non viro.
3
« Nous devons nous saisir du progrès inéluctable pour bâtir un mode fondé sur des valeurs humanistes, au lieu de
regarder de loin les automatismes prendre le contrôle » - Hervé Cuillandre
4
Directive première Star Trek : Ne pas interférer dans les civilisations moins avancées.
5
Notion de l'hybris :
6
La parole, écrite ou non, demeure créatrice.
rêvera-t-elle simplement de moutons électroniques (Isaac Asimov : Blade Runner, I-Robot). Un jour,
l’Humanité, devra la doter d’un simulacre de morale telle que l’imaginait Isaac Asimov avec ses lois de la
robotique7 avant qu’elle n’entre en conflit avec son créateur si nuisible pour son écosystème8.
La civilisation numérique questionne les francs-maçons à propos des valeurs humanistes qu'ils portent
depuis 3 siècles. La société du digital s'impose à nous : ne pas prendre le train qui passe, c'est rentrer dans
l'obscurantisme. En tant que FM nous réfléchissons, nous posons nos concepts, nous affirmons des
intentions, mais nous ne savons pas toujours proposer des réponses concrètes. L'humanisme, comme
croyance dans la valeur suprême de l'être humain, et comme quête perpétuelle d'un développement de
l’Humanité de ses qualités et de l'amélioration de sa condition ne passe-t-il pas par la digitalisation de nos
sociétés ? L’amélioration de l’Homme ne passe-t-il pas par le transhumanisme ? Qu’importe, soyons
acteurs pour ne pas nous laisser devenir l'instrument d'un système qui nous échappe. Cultivons la relation
humaine qui est fondamentale à l'épanouissement personnel pour prendre notre place au sein de ces
nouvelles organisations digitalisées. Si nous restons enfermés dans les Temples, pour travailler sur
nous-mêmes, notre message restera inaudible à l'extérieur. Et personne ne doit être laissé sur le bord du
chemin.
Les Francs-Maçons doivent réfléchir à ces considérations et sans doute aller plus loin qu’Asimov et
insuffler dans le monde digital autre chose qu’un intelligence, froide et procédurale, mais apporter la
sagesse, la volonté d’agir en faveur de l'Humanité tout en restant substantifiquement liée à son propre
perfectionnement moral comme le ferait un Franc-maçon. En d’autres termes, digitaliser le cœur sage et
intelligent auquel aspirait Salomon9.

7
Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au
danger » ; Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en
contradiction avec la Première Loi » ; Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection
n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. » - Lois de la robotique, Isaac Asimov.
8
« Nous vous l'avions bien dit, ça devait arriver : à force de produire des machines pour vous servir, vous êtes devenus
vous-mêmes les esclaves de vos instruments. » - Matrix
9
« Plus Salomon était sage, plus il enseigna la science au peuple ; il examina, scruta, composa de nombreuses paraboles » -
Eccl. 12,9.

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