Vous êtes sur la page 1sur 34

Module Analyse III

Chapitre 3
Séries Entières

Pr. Abdessamad KAMOUSS

2020-2021
Plan

1 Définition et rayon de convergence

2 Opérations sur les séries entières

3 Propriétés de la fonction somme

4 Développement d’une fonction en série entière


I) Définition et rayon de convergence

1) Définition

Definition
On
X appelle série entière toute série de fonctions de la forme
an x n où an ∈ K et x ∈ K avec K = R ou C.
n≥0

Convention : on pose par convention 00 = 1.

Exemples
+∞
X
La série x n est une série entière avec an = 1.
n=0
Elle converge si |x| < 1 et diverge si |x| > 1.
X xn 1
La série est une série entière avec an = 3 .
n3 n
2) Lemme d’Abel
Proposition (Lemme d’Abel)
S’il existe x0 ∈ K tel que la suite (an x0n ) est bornée alors la série
X
an x n converge absolument pour tout x ∈ K tel que |x| < |x0 |.

Preuve
Soit x0 ∈ K tel que la suite (an x0n ) est bornée

alors ∃M > 0, ∀n ∈ N : |an x0n | ≤ M


n n
x x
et on a : |an x n | = |an x0n | ≤M
x0 x0
P x n
or la série est une série géométrique qui converge si
x0
|x| < |x0 |
X
donc la série an x n CVA si |x| < |x0 |.
3) Rayon de convergence

Théorème
X
Soit an x n une série entière. Alors il existe un unique
R ∈ [0, +∞] tel que :
X
1 La série an x n CVA pour tout x tel que |x| < R.
X
2 La série an x n diverge pour tout x tel que |x| > R.
X
R est appelé le rayon de convergence de la série an x n .

Remarque
Le cas |x| = R est le cas douteux.
X
Si ∀x ∈ K, la série an x n converge alors R = +∞.
X
Si ∀x ∈ K∗ , la série an x n diverge alors R = 0.
Exemples
+∞
X
1 La série x n converge pour tout |x| < 1 et diverge pour
n=0
tout |x| > 1.

Donc le rayon de convergence R = 1.


+∞
X
Si x = ±1 alors la série x n diverge.
n=0
+∞ n
X x
2 Considérons la série
n!
n=0
|un+1 (x)| |x|
lim = lim =0
n→+∞ |un (x)| n→+∞ n + 1

donc la série CV pour tout x ∈ K

par suite R = +∞.


4) Détermination du rayon de convergence
Pour
P déterminer le rayon de convergence d’une série entière
un , on peut utiliser l’un des deux critères suivants :
|un+1 (x)|
Le critère de d’Alembert : lim
n→+∞ |un (x)|
p
n
Le critère de Cauchy : lim |un |
n→+∞

Exemple
+∞ n
X x
Soit la série .
n2
n=1
 2
|un+1 (x)| n
On a lim = lim |x| = |x|
n→+∞ |un (x)| n→+∞ n+1
donc la série converge si |x| < 1 et diverge si |x| > 1.
donc R = 1.
Exemple
+∞ n
X x
Considérons la série
2n
n=1
p |x| |x|
On a lim n |un | = lim = < 1 ssi |x| < 2
n→+∞ n→+∞ 2 2
donc R = 2.

Exemple
+∞ 2n
X x
Soit la série
3n
n=1
p
n x2 x2 √
On a lim |un | = lim = < 1 ssi |x| < 3
n→+∞ n→+∞ 3 3

donc R = 3.
II) Opérations sur les séries entières

1) Somme de deux séries entières

Théorème
X X
Soit an x n et bn x n deux séries entières de rayons de
convergence
X R1 et R2 respectivement. Alors la série entière
(an + bn )x n a un rayon de convergence R tel que :

R = inf(R1 , R2 ) si R1 6= R2

R ≥ inf(R1 , R2 ) si R1 = R2
Et on a :
+∞
X +∞
X +∞
X
(an + bn )x n = an x n + bn x n , ∀|x| < inf(R1 , R2 )
n=0 n=0 n=0
Preuve
X X
Soit an x n et bn x n deux séries entières de rayons de
convergence R1 et R2 respectivement.
X X
Si |x| < inf(R1 , R2 ) alors an x n et bn x n convergent.
X
Donc (an + bn )x n converge.

Par suite R ≥ inf(R1 , R2 ).


Si R1 6= R2 alors si inf(R1 , R2 ) < |x| < sup(R1 , R2 ), l’une des
deux séries converge et l’autre diverge.
X
Donc (an + bn )x n diverge.

D’où R ≤ inf(R1 , R2 ).

Par suite R = inf(R1 , R2 ).


Exemples
X X 1
1 Considérons les séries x n et n
x n.
X 2
Le rayon de convergence de x n est R1 = 1.
X 1
Le rayon de convergence de x n est R2 = 2.
2n  
X 1
Donc le rayon de convergence de 1 + n x n est
2
R = 1.
X X
2 Considérons les séries x n et −x n .
X
Le rayon de convergence de x n est R1 = 1.
X
Le rayon de convergence de −x n est R2 = 1.
X
Et le rayon de convergence de (1 + (−1)) x n est
R = +∞.
2) Produit de deux séries entières

Théorème
X X
Soit an x n et bn x n deux série entières de rayons de
convergence R1 et R2 respectivement. Alors la série produit
X
cn x n définie par :
Xn
cn = a0 bn + a1 bn−1 + ... + an b0 = ak bn−k
k =0
a un rayon de convergence R tel que R ≥ inf(R1 , R2 ). Et on a :
+∞ +∞
! +∞ !
X X X
n n n
cn x = an x bn x , ∀|x| < inf(R1 , R2 )
n=0 n=0 n=0
Exemples
+∞ +∞
X 1 n X n
Les rayons de convergence de x et x est R1 = 2 et
2n
n=0 n=0
R2 = 1. Donc ∀|x| < 1, on a :
+∞   +∞
! +∞
!
X 1 X 1 n X
2 − n xn = x x n
2 2n
n=0 n=0 n=0
2 1
=
2−x 1−x
2
=
(2 − x)(1 − x)
III) Propriétés de la fonction somme

X
Soit an x n une série entière de rayon de convergence R 6= 0
avec an ∈ R et x ∈ R.

Théorème
X
La série an x n converge uniformément sur tout intervalle
[−α, α] avec 0 < α < R.

Preuve
(Exercice)
1) Continuité

Théorème
+∞
X
La fonction f (x) = an x n est continue sur ] − R, R[.
n=0

Preuve
La fonction fn (x) = an x n est continue sur ] − R, R[, ∀n ∈ N.
X
La série an x n converge uniformément sur [−α, α] pour
tout 0 < α < R.

Donc f est continue sur [−α, α] pour tout 0 < α < R.

Par suite f est continue sur ] − R, R[.


Preuve
Soit x ∈] − R, R[.

La fonction fn (t) = an t n est intégrable sur [0, x] (cas x ≥ 0).


X
La série an t n converge uniformément sur [0, x].

Donc f est integrable sur [0, x] et on a :

Z x Z +∞
x X +∞ Z x +∞
X X an n+1
f (t)dt = an t n dt = an t n dt = x .
0 0 0 n+1
n=0 n=0 n=0
Exemple
+∞
X
La série x n a pour rayon de convergence R = 1 et
n=0
+∞
X 1
∀x ∈] − 1, 1[, on a : xn =
1−x
n=0

Donc :
+∞ +∞ Z x Z +∞
x X Z x
X 1 X 1
x n+1 = n
t dt = n
t dt = dt
n+1 0 0 0 1−t
n=0 n=0 n=0
= − ln(1 − x) , ∀x ∈] − 1, 1[
3) La dérivabilité

Théorème
+∞
X
La fonction f (x) = an x n est dérivable sur ] − R, R[ et on a :
n=0
+∞
X
0
f (x) = nan x n−1 , ∀x ∈] − R, R[.
n=1
Preuve
La fonction fn (x) = an x n est dérivable sur ] − R, R[.
X
La série an x n converge simplement sur ] − R, R[.
X
La série nan x n−1 a pour rayon de convergence R donc
elle CVU sur [−α, α], ∀0 < α < R.

Donc f est dérivable sur [−α, α], ∀0 < α < R.

Par suite f est dérivable sur ] − R, R[ et on a :

+∞
!0 +∞
!0 +∞
X X X
0 n 0 n
f (x) = an x = a0 x + an x = nan x n−1 .
n=0 n=1 n=1
Exemple
∀x ∈] − 1, 1[, on a :

+∞ +∞ +∞
!0  0
X
n−1
X
n 0
X
n 1 1
nx = (x ) = x = =
1−x (1 − x)2
n=1 n=1 n=0
Corollaire
+∞
X
La fonction f (x) = an x n est de classe C ∞ sur ] − R, R[ et pour
n=0
tout p ∈ N, on a :
+∞
X
f (p) (x) = n(n − 1)...(n − p + 1)an x n−p , ∀x ∈] − R, R[.
n=p

Exemple
∀x ∈] − 1, 1[, on a :

+∞ +∞ +∞
!00  00
X
n−2
X
n 00
X
n 1 2
n(n−1)x = (x ) = x = =
1−x (1 − x)3
n=2 n=2 n=0
Remarque
+∞
X
On a : f (p) (x) = n(n − 1)...(n − p + 1)an x n−p , ∀x ∈] − R, R[
n=p

Donc f (p) (0) = p(p − 1)...(p − p + 1)ap = p!ap , ∀p ∈ N

f (p) (0)
Donc ap = , ∀p ∈ N.
p!
IV) Développement d’une fonction en série entière

1) Fonctions développables en série entière


Soit I un intevalle de R contenant 0 et soit f une fonction définie
de I vers R.
X
Peut-on trouver une série entière an x n et r > 0 tels que

+∞
X
f (x) = an x n , ∀x ∈] − r , r [ ?
n=0

Si oui, on dira que f est développable en série entière sur ] − r , r [.


Théorème
Si f est développable en série entière sur ] − r , r [, alors f est de
classe C ∞ sur ] − r , r [ et on a :
+∞ (n)
X f (0)
f (x) = x n , ∀x ∈] − r , r [
n!
n=0
Remarques
Le développement d’une fonction en série entière, s’il existe,
est unique.
Une fonction de classe C ∞ sur ] − r , r [ n’est pas
nécessairement développable en( série entière.
1

Par exemple la fonction f (x) = e− x 2 , x > 0 est de


0 , x ≤0
classe C ∞ sur ] − r , r [, ∀r > 0.
+∞ (n)
X f (0)
Or on a f (n) (0) = 0, ∀n ∈ N, donc x n = 0.
n!
n=0
Donc si f est développable en série entière alors f = 0,
absurde.
Soit f une fonction de C ∞ sur ] − r , r [ avec r > 0. Le
développement de Mac Laurin de f à l’ordre n :
n
X f (k ) (0) f (n+1) (θx) n+1
f (x) = xk + x , x ∈] − r , r [ et θ ∈]0, 1[.
k! (n + 1)!
k =0

f (n+1) (θx) n+1


x : Reste de Mac Laurin de f.
(n + 1)!

Théorème
Soit f une fonction de classe C ∞ sur ] − r , r [ avec r > 0. Pour que
f soit développable en série entière sur ] − r , r [ il faut et il suffit
que le reste de Mac Laurin de f tend vers 0.
Preuve
On a :
n
X f (k ) (0) f (n+1) (θx) n+1
f (x) = xk + x , ∀x ∈] − r , r [ et ∀θ ∈]0, 1[.
k! (n + 1)!
k =0

n
X f (k ) (0)
Posons sn (x) = xk
k!
k =0
f (n+1) (θx) n+1
alors f (x) − sn (x) = x
(n + 1)!
(n+1)
f (θx) n+1
Donc si lim x = 0, alors
n→+∞ (n + 1)!

+∞ (n)
X f (0)
f (x) = lim sn (x) = xn
n→+∞ n!
n=0
Proposition
Soit f une fonction de classe C ∞ sur ] − r , r [ avec r > 0. Pour que
f soit développable en série entière sur ] − r , r [ il suffit qu’il existe
une constante M > 0 tel que :

∀x ∈] − r , r [, ∀n ∈ N : |f (n) (x)| ≤ M
Preuve
Supposons que ∀x ∈] − r , r [, ∀n ∈ N : |f (n) (x)| ≤ M

f (n+1) (θx) n+1 x n+1


Donc x ≤M
(n + 1)! (n + 1)!
+∞ n+1
X x
Or la série est convergente sur ] − r , r [
(n + 1)!
n=0
x n+1
Donc lim =0
n→+∞ (n + 1)!
f (n+1) (θx) n+1
Par suite lim x =0
n→+∞ (n + 1)!

Donc f est développable en série entière sur ] − r , r [


2) Développement des fonctions usuelles

a) La fonction f (x) = cos(x) :


 π
On a f ∈ C ∞ (R) et ∀n ∈ N : f (n) (x) = cos x + n
2
donc |f (n) (x)| ≤ 1, ∀x ∈ R et par suite f est développable en série
+∞ (n) +∞
f (0) n X cos n π2 n

X
entière sur R et on a : cos(x) = x = x
n! n!
 π n=0 n=0
Si n = 2p alors cos n = cos(pπ) = (−1)p
2 
π  π
Si n = 2p + 1 alors cos n = cos pπ + =0
2 2
+∞
X (−1)p x2 x4 x6
Donc ∀x ∈ R, on a : cos(x) = x 2p = 1− + − +...
(2p)! 2! 4! 6!
p=0
+∞
X (−1)p
En particulier pour x = 1, on a : = cos(1)
(2p)!
p=0
b) La fonction f (x) = sin(x) :
 π
On a f ∈ C ∞ (R) et ∀n ∈ N : f (n) (x) = sin x + n
2
donc |f (n) (x)| ≤ 1, ∀x ∈ R et par suite f est développable en série
entière sur R et ∀x ∈ R, on a :
+∞ (n) +∞
f (0) n X sin n π2 n

X
sin(x) = x = x
n! n!
n=0 n=0
+∞ p
X (−1) x3 x5 x7
= x 2p+1 = x − + − + ...
(2p + 1)! 3! 5! 7!
p=0

+∞
X (−1)p
En particulier pour x = 1, on a : = sin(1)
(2p + 1)!
p=0
c) La fonction f (x) = ex :

On a f ∈ C ∞ (R) et ∀n ∈ N : f (n) (x) = ex

Le développement de Mac Laurin de f :


n
X f (k ) (0) f (n+1) (θx) n+1
ex = xk + x , θ ∈]0, 1[
k! (n + 1)!
k =0
n
X 1 k eθx
= x + x n+1
k! (n + 1)!
k =0

eθx |x n+1 |e|x|


On a : x n+1 ≤
(n + 1)! (n + 1)!
X |x n+1 |e|x|
et la série converge, ∀x ∈ R.
(n + 1)!
|x n+1 |e|x|
Alors lim =0
n→+∞ (n + 1)!
Donc f est développable en série entière et on a :
+∞ n
X x
ex = , ∀x ∈ R
n!
n=0
+∞
X 1
En particulier pour x = 1, on a : =e
n!
n=0
d) Les fonctions ch et sh :

ex + e−x ex − e−x
ch(x) = et sh(x) =
2 2
+∞ n +∞
X x X (−1)n x n
On a ex = et ex =
n! n!
n=0 n=0
Donc
+∞ +∞
1X xn X x 2p
ch(x) = (1 + (−1)n ) =
2 n! (2p)!
n=0 p=0

+∞ +∞
1 X xn X x 2p+1
sh(x) = (1 − (−1)n ) =
2 n! (2p + 1)!
n=0 p=0

+∞ +∞
X 1 X 1
On a = ch(1) et = sh(1)
(2p)! (2p + 1)!
p=0 p=0

Vous aimerez peut-être aussi