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1re

FICHE PÉDAGOGIQUE

La conférence
de Berlin
et le partage de l’Afrique

GRÉGOIRE FAUCONNIER
PROFESSEUR
D’HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
Ressource pédagogique réalisée
à partir de l’Histoire générale de l’Afrique,
éditée par l’Unesco
AFRICA2020 | FICHE PÉDAGOGIQUE

Mots-clés
Afrique ; Colonisation ; Conférence de Berlin ; Frontières ; Résistances africaines.

Résumé de contextualisation
Organisée à l’initiative du chancelier allemand Otto von Bismarck, la conférence de Berlin se tient du
15 novembre 1884 au 26 février 1885. Réunissant les principales puissances de la fin du xixe siècle (Alle-
magne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Empire ottoman, Espagne, États-Unis, France, Royaume-
Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède-Norvège), elle a pour objectif d’éviter un conflit entre les États
européens qui sont, depuis le début des années 1880, dans une course à la colonisation de l’Afrique.

Contrairement à une idée reçue, les chefs d’État présents lors de la conférence n’ont pas procédé directe-
ment au partage de l’Afrique, mais ont établi les modalités du partage à venir dans le cadre du processus
de colonisation. Ces modalités font le plus souvent fi des aspirations des peuples africains, du substrat
géographique et des réalités sociopolitiques locales (voir document 7). Les frontières induites par la confé-
rence de Berlin apparaissent essentiellement comme le reflet des intérêts des puissances européennes et
des rapports de force entre elles, d’où l’aspect rectiligne de certaines dyades (Michel Foucher) tracées sur
des cartes d’état-major, en particulier pour les zones désertiques.

L’accélération de la colonisation européenne au lendemain de la conférence de Berlin ne se fait pas sans


contestation. Ainsi, en 1896, le roi éthiopien Ménélik II remporte la victoire décisive d’Adowa sur l’armée
italienne, permettant à son pays d’échapper à la colonisation. L’Éthiopie jouit alors d’un prestige considé-
rable à l’échelle mondiale, notamment en Afrique où le pays apparaît comme un modèle de résistance.

Au début des années 1960, après que l’immense majorité des pays africains eut obtenu l’indépendance, il
fut question de revenir sur les frontières héritées de la conférence de Berlin. Cependant, lors du sommet du
Caire de juillet 1964, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) approuve le « principe de l’intangibilité » des
frontières de l’Afrique qui explique que celles-ci soient aujourd’hui encore en vigueur, à deux exceptions
près liées à l’indépendance de l’Érythrée (1993) et du Soudan du Sud (2011).

Dans le cadre du premier axe « Tracer des frontières, approche géopolitique » du troisième thème « Étu-
dier les divisions politiques du monde : les frontières », ce jalon, prévu en deux heures, permet de mettre
en évidence le rôle de la conférence de Berlin dans le partage frontalier de l’Afrique, tout en évoquant
les résistances africaines avec l’exemple de la bataille d’Adowa. Le jalon s’insère dans une approche géo-
politique du tracé des frontières, dans le but d’expliquer « pourquoi des acteurs tracent des frontières et
quelles conséquences ont leurs actions ». Après avoir porté la réflexion sur le limes rhénan, image de la
limite défensive d’un empire constitué et organisé, le travail sur la conférence de Berlin montre comment,
dans un contexte de rivalités nationalistes, le tracé de frontières permet de préparer une conquête à venir
et souligne les rapports de force.

Pistes pédagogiques pour la classe de 1re


– Analyse d’un corpus documentaire (4 textes, 2 cartes, 2 dessins de presse).
– Réponse développée à des questions écrites.
– Organisation d’un débat.

Cycle et niveau
Cycle terminal, niveau 1re

LA CONFÉRENCE DE BERLIN ET LE PARTAGE DE L’AFRIQUE 2


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Notions abordées
– Colonisation
– Frontières
– Puissances
– Nationalismes

Supports
Document 1. Préambule de l’acte de la conférence de Berlin
Document 2. L’Afrique à la veille de la conférence de Berlin
Document 3. Carte de l’Afrique au début des années 1880
Document 4. La conférence de Berlin et ses conséquences
Document 5. Carte de l’Afrique en 1914
Document 6. La bataille d’Adowa
Document 7. Le roi Ménélik II
Document 8. L’intangibilité des frontières africaines

Proposition de déroulé pédagogique

SÉANCE
EN QUOI LA CONFÉRENCE DE BERLIN CONTRIBUE-T-ELLE
AU PARTAGE DE L’AFRIQUE PAR LES PUISSANCES EUROPÉENNES ?

En autonomie, les élèves lisent et analysent les documents du corpus. Par la suite, ils auront à répondre à
plusieurs questions visant à leur faire appréhender l’importance de la conférence de Berlin dans la coloni-
sation de l’Afrique et les enjeux posés par le tracé des frontières.

Document 1. Préambule de l’acte de la conférence de Berlin

Texte à consulter sur https://mjp.univ-perp.fr/traites/1885berlin.htm

Bismarck, chancelier allemand, partage le gâteau africain.


Draner, « La conférence de Berlin. À chacun sa part, si l’on est bien sage »,
caricature, in L’Illustration, 3 janvier 1885.
© Collection Kharbine-Tapabor

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Document 2. L’Afrique à la veille de la conférence de Berlin

Malgré l’influence considérable qu’exerçaient, à la fin du troisième quart du xixe siècle, les puissances euro-
péennes française, anglaise, portugaise et allemande et les intérêts commerciaux qu’elles y détenaient dans
différentes régions de l’Afrique, leur mainmise politique y demeurait extrêmement limitée. L’Allemagne et,
surtout, l’Angleterre exerçaient à leur gré leur influence et aucun homme d’État avisé n’aurait spontanément
choisi d’engager des dépenses et de s’exposer aux risques imprévus d’une annexion dans les règles alors qu’ils
retiraient des avantages identiques d’un contrôle occulte. […].
L’action de ces grandes puissances entre 1876 et 1880 montra clairement qu’elles étaient dorénavant toutes
impliquées dans l’expansion coloniale et l’instauration d’un contrôle formel en Afrique, ce qui obligea finale-
ment l’Angleterre et l’Allemagne à abandonner leur théorie favorite d’une influence occulte pour un contrôle
affirmé qui les conduisit à annexer des territoires de l’Est, de l’Ouest et du Sud africain à partir de 1883. Ainsi,
la seconde annexa le sud-ouest de l’Afrique, le Togo, le Cameroun et l’Afrique-Orientale allemande, contri-
buant par là à accélérer le processus du partage. Au début des années 1880, le partage battait son plein et
le Portugal, craignant d’être évincé d’Afrique, proposa de convoquer une conférence internationale afin de
débrouiller l’écheveau des litiges territoriaux dans la zone du centre de l’Afrique.

Source : Godfrey N. Uzoigwe, « Partage européen et conquête de l’Afrique : aperçu général », in Albert Adu Boahen (dir.), Histoire
générale de l’Afrique, vol. 7 : L’Afrique sous domination coloniale. 1880-1935, Paris, Unesco, 2000, p. 48.

Document 3. Carte de l’Afrique au début des années 1880

Source : Albert Adu Boahen, « L’Afrique face au


défi colonial », in Histoire générale de l’Afrique,
vol. 7 : L’Afrique sous domination coloniale.
1880-1935, Paris, Unesco, 2000, p. 22.

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Document 4. La conférence de Berlin et ses conséquences

L’idée d’une conférence internationale qui permettrait de résoudre les conflits territoriaux engendrés par les
activités des pays européens fut lancée à l’initiative du Portugal et reprise plus tard par Bismarck, qui, après
avoir consulté les autres puissances, fut encouragé à lui donner corps. La conférence se déroula à Berlin, du
15 novembre 1884 au 26 novembre 1885. […]
En vertu de l’article 34 de l’Acte de Berlin, document signé par les participants à la Conférence, toute nation
européenne qui, dorénavant, prendrait possession d’un territoire sur les côtes africaines ou y assumerait
un « protectorat » devrait en informer les membres signataires de l’Acte de Berlin pour que ses prétentions
fussent ratifiées. C’est ce qu’on a appelé la doctrine des « sphères d’influence », à laquelle est lié l’absurde
concept d’hinterland. Cette dernière fut interprétée de la façon suivante : la possession d’une partie du lit-
toral entraînait celle de l’hinterland, sans limite territoriale vers l’intérieur. […] De fait, en permettant à des
négociations territoriales de se dérouler, en posant les règles et les modalités de l’appropriation « légale » du
territoire africain, les puissances européennes s’arrogeaient le droit d’entériner le principe du partage et de la
conquête d’un continent. […] En fait, c’est dès 1885 que fut esquissé le partage définitif de l’Afrique.

Source : Godfrey N. Uzoigwe, « Partage européen et conquête de l’Afrique : aperçu général », in Albert Adu Boahen (dir.), Histoire
générale de l’Afrique, vol. 7 : L’Afrique sous domination coloniale. 1880-1935, Paris, Unesco, 2000, p. 51-52.

Document 5. Carte de l’Afrique en 1914

Source : Godfrey N. Uzoigwe, « Partage


européen et conquête de l’Afrique :
aperçu général », in Albert Adu Boahen
(dir.), Histoire générale de l’Afrique, vol. 7 :
L’Afrique sous domination coloniale. 1880-
1935, Paris, Unesco, 2000, p. 64.

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Document 6. La bataille d’Adowa

Les Italiens se replièrent sur Adowa ; c’est là, après quelques mois d’inaction, que fut livré le combat déci-
sif […]. L’armée de Menelik [le roi d’Éthiopie] était beaucoup plus nombreuse ; elle se composait de plus de
100 000 hommes armés de fusils modernes, sans compter ceux qui n’avaient que des armes à feu anciennes
ou des lances. L’ennemi n’avait que 17 000 hommes dont 10 596 Italiens, les autres étant érythréens. Son
artillerie était légèrement supérieure à celle de Menelik : 56 canons contre 40, mais cela ne constituait pas un
avantage décisif.
La bataille d’Adowa [1er mars 1896] se termina par une éclatante victoire de Menelik et par la défaite totale de
ses ennemis. Au cours des combats, 261 officiers et 2 918 sous-officiers et soldats italiens, ainsi que quelque
2 000 askari (soldats érythréens), furent tués ; en outre, 954 soldats italiens furent portés disparus et 470 sol-
dats italiens et 958 askari furent blessés. Au total, plus de 40 % des soldats de l’armée italienne furent tués ou
blessés, elle perdit 11 000 fusils et tous ses canons ; la déroute fut presque complète.
À la suite de cette victoire de Menelik, les Italiens signèrent, le 26 octobre 1896, le traité de paix d’Addis
Abeba qui annulait le traité de Wuchale et reconnaissait la complète indépendance de l’Éthiopie. […] La
campagne d’Adowa conféra à Menelik beaucoup de prestige à l’étranger. La France et l’Angleterre envoyèrent
à sa cour des missions diplomatiques pour conclure avec lui des traités ; les mahdistes du Soudan, le sultan
de l’Empire ottoman et le tsar de Russie députèrent également des ambassades. L’issue de la bataille, la plus
grande victoire qu’un Africain eût remportée sur une armée européenne depuis l’époque d’Hannibal, influa
profondément sur l’histoire des relations entre l’Europe et l’Afrique.

Source : Monday B. Akpan, « Le Libéria et l’Éthiopie, 1880-1914 : la survie de deux États africains », in Albert Adu Boahen (dir.), Histoire
générale de l’Afrique, vol. 7 : L’Afrique sous domination coloniale. 1880-1935, Paris, Unesco, 2000, p. 295.

Document 7. Le roi Ménélik II

Une, « Le Négus Ménélik à la bataille d’Adoua »,


in Le Petit Journal, supplément illustré, 28 août 1898,
Paris, Bibliothèque nationale de France.
Source : gallica.bnf.fr/BnF

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Consignes
– Consigne 1 : Observer et lire les documents.
– Consigne 2 : Analyser l’ensemble des documents pour expliquer le rôle de la conférence de Berlin et du
tracé des frontières dans la colonisation de l’Afrique.
– Consigne 3 : Organiser une réponse autour des axes suivants.
Pourquoi cette conférence ?
La conférence a-t-elle partagé l’Afrique ?
La colonisation et les résistances africaines

Question 1
Que peut-on dire de la présence européenne en Afrique jusqu’au début des années 1880 ?
Réponse
Les élèves doivent souligner le fait que la présence européenne en Afrique demeure assez
faible au début des années 1880 et ne s’inscrit pas dans des frontières clairement déterminées.
La carte met ainsi en évidence que les possessions européennes sont presque exclusivement
situées sur les littoraux. Par ailleurs, l’Empire ottoman occupe également une large partie de
l’Afrique du Nord, de l’Égypte jusqu’à l’actuelle Tunisie. Pour autant, comme l’indique le texte, les
puissances européennes exercent déjà une influence importante et se lancent dans une politique
d’expansion coloniale à partir du début des années 1880.

Question 2
En quoi la conférence de Berlin aboutit-elle au partage de l’Afrique ?
Réponse
Les élèves doivent indiquer que la conférence de Berlin ne réalise pas directement le partage
de l’Afrique, mais qu’elle définit les règles qui permettront d’y procéder par la suite en mettant
en place un cadre juridique international. Ainsi, contrairement à une idée reçue, la conférence
de Berlin ne détermine pas de façon absolue les futures frontières de l’Afrique, mais elle énonce
les modalités du découpage à venir. Par exemple, la logique des « sphères d’influence » implique
que la possession d’une région littorale offre également la possession de l’arrière-pays.

Question 3
Citer les principales puissances coloniales européennes et leurs principales possessions.
Quels pays africains conservent leur indépendance en 1914 ?
Réponse
Les élèves doivent mettre en évidence qu’entre 1885 et 1914, presque toute l’Afrique est soumise
à la colonisation européenne. Ils doivent ensuite indiquer que les principales puissances coloniales
sont le Royaume-Uni (Égypte, Soudan, Nigeria, Gold Coast, Rhodésie) et la France (Afrique
occidentale française, Afrique orientale française, Afrique du Nord).
Il est toutefois à noter que deux pays d’Afrique échappent à la colonisation : le Libéria et l’Éthiopie.

Question 4
En vous appuyant sur les documents 3, 4 et 5, indiquer les problèmes que peuvent poser
les frontières issues de la conférence de Berlin.
Réponse
Les élèves doivent expliquer que ces frontières ne prennent pas véritablement en compte les
aspirations des peuples africains et traduisent en fait les volontés expansionnistes des puissances
européennes et le rapport de force entre elles. D’où l’aspect souvent rectiligne de nombreuses
frontières, dessinées par les chancelleries européennes sur des cartes d’état-major.

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Question 5
Qui remporte la bataille d’Adowa ? Quelles en sont les conséquences ?
Réponse
Les élèves doivent indiquer que cette bataille se termine par une victoire des Éthiopiens sur
les Italiens. Il s’agit de la première victoire marquante d’une armée africaine sur une armée
européenne qui permet la reconnaissance de l’indépendance de l’Éthiopie par le traité d’Addis-
Abeba. De même, le roi éthiopien Ménélik II jouit d’un prestige considérable, en Afrique comme
en Europe. Il est ainsi valorisé en une du Petit Journal le 28 août 1898 dans le cadre d’un portrait
équestre.

SÉANCE 2
DÉBAT : LES FRONTIÈRES DE L’AFRIQUE, HÉRITÉES DE LA COLONISATION,
SONT-ELLES ENCORE PERTINENTES ?

La deuxième séance repose sur l’organisation d’un débat en classe afin que les élèves donnent leur avis
sur la question suivante : les frontières actuelles de l’Afrique, héritées de la colonisation, doivent-elles être
conservées ou bien redéfinies ?

En préambule, le professeur projette une carte de l’Afrique contemporaine en mettant en évidence que la
quasi-totalité des frontières sont héritées de la conférence de Berlin et de la colonisation. De là, les élèves
sont invités à lire le texte suivant de l’historien Ladji Ouattara qui permettra de poser les termes du débat.

Document 8. L’intangibilité des frontières africaines

Les frontières [africaines] tracées au gré des puissances coloniales, dans un contexte de rivalité entre celles-ci,
ont dans bien des cas, fait fi des réalités ethniques, linguistiques, religieuses et politiques des peuples afri-
cains. La négligence et la méconnaissance du substrat géographique et des divisions sociopolitiques tradi-
tionnelles engendrèrent une série de difficultés que les commissaires d’abornement furent les premiers à
relever. Ils tenaient compte parfois des limites naturelles infranchissables, mais pouvaient aussi bien tracer
des lignes droites sur l’inconnu et les appeler frontières. […] Ainsi, durant les premières années des indépen-
dances africaines, une des préoccupations majeures des pères fondateurs fut la question de la configuration
à donner aux frontières léguées par la colonisation. Elle se posait en ces termes : fallait-il remettre en cause le
tracé colonial et ouvrir la voie à des incertitudes et à l’instabilité ou l’accepter et permettre ainsi l’instauration
d’un climat de sérénité et de paix dans les rapports interétatiques ?
C’est dans ce contexte de forte controverse au sujet des frontières des États africains, que la conférence des
chefs d’États et de gouvernements de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) réunie au Caire, opta en faveur
du « principe de l’intangibilité » des frontières en Afrique, le 21 juillet 1964. Ce principe « déclare solennelle-
ment que tous les États membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé
à l’indépendance ». Il consiste en une interdiction faite aux États membres d’exprimer toute revendication
territoriale et de vouloir procéder à une modification du tracé colonial au détriment d’un État tiers. Pour les
dirigeants africains, cet impératif concerne, d’une part, toute revendication territoriale venant d’un autre
État, et, d’autre part, tout mouvement sécessionniste venant de l’intérieur de nature à mettre en cause
les frontières issues des indépendances. L’enjeu étant d’empêcher les conflits dus aux remises en cause de
frontières et de stabiliser les édifices étatiques hérités de la colonisation. Cinquante ans après l’intangibilité
des frontières africaines, quel bilan peut-on établir ? Le « principe de l’intangibilité » visait à régler les pro-
blèmes de frontières en Afrique, mais qu’est-ce qui explique que ceux-ci constituent une source persistante
de conflits et comment parvenir à les surmonter ?

Source : Ladji Ouattara, « Frontières africaines, 1964-2014 : le défi de l’intangibilité », diploweb.com, 12 mars 2015. En ligne : diploweb.com/
Frontieres-africaines-1964-2014.html

Plusieurs élèves sont invités à encadrer le débat :


– l’animateur introduit le débat en rappelant les enjeux que soulève la question et distribue la parole ;
– le maître du temps chronomètre la durée des interventions afin d’éviter que la parole ne soit monopolisée
seulement par certains élèves ;
– le président de séance s’assure de la bonne tenue des débats ;
– le secrétaire de séance note les principales idées utilisées par les débatteurs et aura ensuite à charge de
réaliser une courte synthèse des opinions exprimées.

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En fonction du nombre d’élèves dans la classe, le débat peut alors concerner l’ensemble de la classe. Toute-
fois, si leur nombre est trop important, la classe est divisée en petits groupes de 4 à 5 élèves avec chacun son
porte-parole qui s’exprimera au nom du groupe.

Au terme du débat, les élèves sont tous invités à répondre à la question par un vote à main levée.

Objectifs généraux
CONNAISSANCES Contexte de l’organisation de la conférence de Berlin.
Modalités du partage de l’Afrique prévu par la conférence.
Problématiques des frontières africaines tracées dans le cadre de la colonisation
qui suit la conférence.
Résistances africaines à la colonisation illustrées par la bataille d’Adowa.
CAPACITÉS Analyser des documents.
Identifier et nommer les dates et acteurs clés des grands événements.
Mettre un événement ou une figure en perspective.
Utiliser une approche historique pour mener une analyse ou construire une
argumentation.
ATTITUDES S’approprier un questionnement historique et géographique.
S’inscrire dans une démarche d’interprétation des informations.
Participer à un débat sur une question géopolitique contemporaine.
Savoir travailler en groupe.

Ressources complémentaires
– « La conférence de Berlin en 1885 : le partage de l’Afrique », podcast (53 min), émission Le Cours de l’his-
toire, avec Isabelle Surun et Valérie Hannin, 30 octobre 2020.
– « 1885 : conférence de Berlin. Le partage de l’Afrique », in L’Histoire, n° 477, novembre 2020.
– Calmettes Joël, Berlin 1885. La Ruée sur l’Afrique, DVD (135 min), Arte éditions, 2011.
– Fauvelle François-Xavier, Surun Isabelle (dir.), Atlas historique de l’Afrique. De la préhistoire à nos jours,
Autrement, 2019.
– Foucher Michel, L’Obsession des frontières, Tempus Perrin, 2012.
– Foucher Michel, Frontières d’Afrique. Pour en finir avec un mythe, CNRS, 2020.
– Foucher Michel, « Les frontières », in La Documentation photographique, n° 8133, février 2020.
– Guyon Anthony, « La conférence de Berlin à l’épreuve de l’historiographie des sociétés coloniales », aphg.fr
(Association des professeurs d’histoire et de géographie), 12 mai 2020.
– M’Bokolo Elikia, « La Conférence de Berlin : 130 ans après », podcast (19 min 30), RFI, 9 octobre 2015.

Conforme aux programmes scolaires français, cette fiche a été réalisée pour la Saison Africa2020 à l’occasion
d’une convention entre le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et l’Unesco consis-
tant à la transposition pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique.

Projet piloté par Naïl Ver-Ndoye (pôle Africa2020/Dreic) avec :


– Laurent Bergez (Dgesco) ;
– Jérôme Chastan (Dgesco) ;
– Benoît Falaize (Igésr) ;
– Laëtitia Pourel (Réseau Canopé).

www.reseau-canope.fr/africa-2020

© Réseau Canopé, 2022

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