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MOHAMMED MOUÇOUF
Cours d’Algèbre 2
Année 2023-2024
Chapitre 1
Espaces Vectoriels
1.1 Généralités
Définition 1. On appelle espace vectoriel sur K (ev sur K) ou K-espace vectoriel
(K-ev) un ensemble non vide E muni
d’une loi interne + ∶ E × E Ð→ E
(u, v) z→ u + v
et d’une loi externe ⋅ ∶ K × E Ð→ E
(α, u) z→ α.u = αu
telles que :
1) (E, +) est un groupe commutatif :
(i) ∀u, v, w ∈ E ∶ u + (v + w) = (u + v) + w = u + v + w (sans parenthèses),
(ii) ∃0E ∈ E, ∀u ∈ E ∶ 0E + u = u + 0E = u,
(iii) ∀u ∈ E, ∃ − u ∈ E ∶
u + (−u) = (−u) + u = 0E ,
(iv) ∀u, v ∈ E ∶ u + v = v + u.
2)∀(u, v) ∈ E 2 , ∀(α, β) ∈ K 2 :
1
Université Chouaib Doukkali M. Mouçouf
Les éléments de K sont appelés des scalaires, ceux de E sont appelés des
vecteurs et on les note parfois par Ð
→
u (une lettre surmentée d’une flèche).
Exemples 1.
1) R est un R-ev.
2) C est un C-ev et un R-ev.
3) On muni K n des deux lois suivantes :
et
α(x1 , . . . , xn ) = (αx1 , . . . , αxn )
∀(x1 , . . . , xn ), (y1 , . . . , yn ) ∈ E1 × E2 × ⋯ × En ∶
∀(x1 , . . . , xn ) ∈ E1 × E2 × ⋯ × En et ∀λ ∈ K ∶
(ai,j )1≤i,j≤n + (bi,j )1≤i,j≤n = (ai,j + bi,j )1≤i,j≤n et λ(ai,j )1≤i,j≤n = (λai,j )1≤i,j≤n
f + g ∶ x z→ f (x) + g(x)
αf ∶ x z→ αf (x)
Démonstration. 1) On a α(u) = α(u −v +v) = α(u −v)+αv donc α(u −v) = αu −αv.
2) On fait u = v dans 1). 3) On fait u = 0E dans 1). 4) On a αu = (α − β + β)u =
(α − β)u + βu donc (α − β)u = αu − βu. 5) On fait α = 0 dans 4). 6) On fait α = β
dans 4). 7) Si α ≠ 0K alors α est inversible dans K. On a alors
Démonstration. Il est clair que si F est un sev de E alors les conditions 1),2) et 3)
sont vérifiées. Inversement, on a −1 ∈ K, donc, d’après 3), −u = (−1)u ∈ F ∀u ∈ F .
Comme F est stable par la loi +, alors (F, +) est un sous-groupe de (E, +). Puisque
on a 3) alors F est un espace vectoriel.
Remarques 7.
1) Soient E un K-ev et F une partie non vide de E. F est un sev de E veut dire
que F est un K-ev pour les lois induites par celles de E :
+ ∶ E × E Ð→ E et . ∶ K × E Ð→ E
(u, v) z→ u + v (α, u) z→ αu.
2) Pour montrer qu’un ensemble E est un espace vectoriel il suffit de montrer que
E est un sev d’un autre ev bien connu.
3) Un sous espace vectoriel contient toujours le vecteur nul. Donc pour montrer
que F est une partie non vide de E, on se contente de vérifier que le vecteur nul
0 de E est dans F . En effet, si 0 ∈/ F alors F n’est pas un sev de E ; et si 0 ∈ F
alors F est non vide.
4) Si F est un sev de E et si E est un sev de G alors F est un sev de G.
Exemples 2.
1) Si E est un K-ev alors {0} et E sont des sev de E. On les appelle les deux
sous-espaces vectoriels triviaux.
2) Soit Kn [X] = {P ∈ K[X]/deg(P ) ⩽ n} (on convient que −∞ < n). Alors Kn [X]
est un sev de K[X].
Si n ⩽ m alors Kn [X] est un sev de Km [X].
3) E = R2 est un R-ev, F1 = {0} × R et F2 = R × {0} sont des sev de E.
4) soit I un intervalle de R. L’ensemble des fonctions numériques définies et déri-
vables sur I est un sev de l’ensemble des fonctions numériques définies et continues
sur I et ce dernier est un sev de l’ensemble des fonctions numériques définies sur
I.
Exemples 3.
1) On sait que F = R2 × {0} et G = R × {0} × R sont des sev de R3 .
On a u ∈ F ⋂ G ⇐⇒ ∃x, x′ , y, z ∈ R ∶ u = (x, y, 0) = (x′ , 0, z) ⇐⇒ x = x′ et y = z = 0
Exemples 4.
1) Tout polynôme P ∈ Kn [X] est combinaison linéaire des vecteurs 1, X, X 2 , . . . , X n .
2) Dans le C-ev C2 , tout vecteur (z, z ′ ) est combinaison linéaire des vecteurs (1, 0)
et (0, 1) :
(z, z ′ ) = z(1, 0) + z ′ (0, 1).
3) Dans le R-ev C2 , tout vecteur (z, z ′ ) est combinaison linéaire des vecteurs
(1, 0), (0, 1), (i, 0) et (0, i). Si z = x + iy, x, y ∈ R et z ′ = x′ + iy ′ , x′ , y ′ ∈ R,
alors on a :
(z, z ′ ) = x(1, 0) + x′ (0, 1) + y(i, 0) + y ′ (0, i).
Théorème 11. Soit {u1 , . . . , un } une famille finie de vecteurs d’un K-ev E. Alors :
1) L’ensemble F des combinaisons linéaires des vecteurs u1 , . . . , un est un sev de
E.
2) F est le plus petit ( au sens de l’inclusion) sev de E contenant u1 , . . . , un .
Démonstration.
1) On a 0 = 0u1 +⋯+0un ∈ F , donc F ≠ ∅. Soient α ∈ K, u, v ∈ F . alors ∃α1 , . . . , αn ∈
K et ∃β1 , . . . , βn ∈ K tels que u = α1 u1 + ⋯ + αn un et v = β1 u1 + ⋯ + βn un . On a alors
αu+v = (αα1 u1 +⋯+ααn un )+β1 u1 +⋯+βn un = (αα1 +β1 )u1 +⋯+(ααn +βn )un ∈ F ,
par suite F est un sev de E.
2) Soit G un sev de E qui contient la famille {u1 , . . . , un }. Puisque G est un sev
de E alors α1 u1 + ⋯ + αn un ∈ G et ceci ∀α1 , . . . , αn ∈ K, donc F ⊆ G.
Notation . On note
F = sev⟨u1 , . . . , un ⟩ = sev⟨A⟩
ou
F = vect⟨u1 , . . . , un ⟩ = vect⟨A⟩
Exemples 5.
1) K n = sev⟨(1, 0, . . . , 0), . . . , (0, . . . , 0, 1)⟩.
2) Kn [X] = sev⟨1, X, X 2 , . . . , X n ⟩.
3) Dans R3 , soient v1 = (2, 1, 0), v2 = (0, −1, 0), v3 = (2, −1, 0) et soit F = sev⟨v1 , v2 , v3 ⟩.
On montre que F = sev⟨v1 , v2 ⟩ = sev⟨v1 , v3 ⟩ = sev⟨v2 , v3 ⟩, et donc un ev peut avoir
plusieurs familles génératrices. D’une façcon générale, le sev nul {0} possède exac-
tement deux familles génératrices ∅ et {0}, et n’importe quel autre sev possède une
infinité de familles génératrices. Par exemple, considérons le R-ev R (chaque réel
est à la fois scalaire et vecteur). On a α = α.1, donc R = sev⟨1⟩. En général, si d
est un réel non nul, alors on a α = αd .d, et donc R = sev⟨d⟩.
4) Soit u, v ∈ E, alors sev⟨u⟩ = {αu/α ∈ K} = Ku et sev⟨u, v⟩ = {αu + βv/α, β ∈
K} = Ku + Kv.
H = {α1 u1 + ⋯ + αn un /n ∈ N∗ , α1 , . . . , αn ∈ K, u1 , . . . , un ∈ A}
Remarques 17.
1) Une famille est libre ssi elle n’est pas liée. Par conséquent, une famille quel-
conque est ou bien libre ou bien liée.
2) {u} est libre ssi u ≠ 0.
3) Toute sous-famille d’une famille libre est libre.
4) Toute famille contenant une famille liée est une famille liée. En particulier :
- Une famille qui contient un vecteur nul est une famille liée.
- Une famille qui contient deux vecteurs égaux est une famille liée.
5) La notion de “libre” ou “liée” ne dépends pas de l’ordre dont ses éléments sont
disposés.
6) Une famille A est liée ssi il existe u ∈ A tel que u ∈ sev⟨A/{u}⟩ ; c’est à dire, u
est une combinaison linéaire des autres vecteurs de A.
7) Une famille A est libre ssi u ∈/ sev⟨A/{u}⟩ pour tout u ∈ A ; c’est à dire, aucun
vecteur de A n’est combinaison linéaire des autres vecteurs de A.
Exemples 6.
1) E = R2 : {(1, 0), (0, 1)} et {(1, −1), (1, 1)} sont des familles libres.
2) E = R2 : {(1, −1), (1, 1), (3, −1)} est une famille liée puisque (3, −1) = 2(1, −1) +
(1, 1).
3) E = R2 [X] : {1, X, X 2 } et {2 + 3X, 3X + X 2 , X 2 } sont des familles libres.
Consequences :
a) sev⟨u1 , . . . , um ⟩ = sev⟨u1⟩ + ⋯ + sev⟨um ⟩ = Ku1 + ⋯ + Kum
b) Si A est une famille génératrice de F1 et B est une famille génératrice de F2 ,
alors A ⋃ B est une famille génératrice de F1 + F2 .
Définition 23. Soient F et G deux sev d’un K-ev E. On dit que la somme F + G
est directe si tout élément de F + G s’écrit d’une manière unique sous la forme
u + v avec u ∈ F et v ∈ G. Dans ce cas F + G est noté F ⊕ G.
Proposition 25. Soient F et G deux sev d’un K-ev E. Les propositions suivantes
sont équivalentes :
1. La somme F + G est directe.
2. F ⋂ G = {0}.
3. ∀u ∈ F , ∀v ∈ G : u + v = 0 Ô⇒ u = v = 0.
Démonstration.
1. Ô⇒ 2. : Soit u ∈ F ⋂ G. On a u = u + 0 ∈ F + G et u = 0 + u ∈ F + G, donc u = 0
et 0 = u, c’est-à-dire, u = 0. Alors F ⋂ G = {0}.
2. Ô⇒ 3. : Soient u ∈ F et v ∈ G. Supposons que u + v = 0. Alors u = −v ∈ G, donc
u ∈ F ⋂ G, Il est clair que nous avons aussi v = 0.
3. Ô⇒ 1. : Soient u, w ∈ F et v, z ∈ G. Supposons que u + v = w + z. On a dans ce
cas (u − w) + (v − z) = 0. Comme u − w ∈ F et v − z ∈ G, alors u − w = 0 et v − z = 0,
et donc u = w et v = z.
Définition 26. Deux sev F et G d’un K-ev E sont dit supplémentaires dans
E si F ⋂ G = {0} (i.e la somme F + G est directe) et E = F + G.
On écrit alors E = F ⊕ G et on dit que E est la somme directe de F et G. F
(resp.G) est dit un supplémentaire de G (resp.F ) dans E.
Exemples 7.
1) On a E = E ⊕ {0}.
2) Soient K = R, E = R2 , F = R × {0}, G = {0} × R. On a E = F ⊕ G. En effet,
Proposition 28. Soient F et G deux sev d’un espace vectoriel E. Alors E est
somme directe de F et G ssi tout éléments de E se décompose d’une façon unique
en somme d’un éléments de F et d’un élément de G. càd :
E = F ⊕ G ⇔ ∀w ∈ E, il existe et unique (u, v) ∈ F × G tel que w = u + v.
1.6.1 Généralités
Définition 29. On dit qu’un K-ev E est de dimension finie s’il admet au moins
une famille génératrice finie.
c’est à dire : ∃(u1 , . . . , un ) ∈ E n tel que E = sev⟨u1 , . . . , un ⟩. Dans le cas contraire,
on dit que E est de dimension infinie.
Exemples 8.
1) K = sev⟨1⟩ est de dimension finie.
2) Kn = sev⟨e1 , . . . , en ⟩ est de dimension finie, où e1 = (1, 0, . . . , 0), e2 = (0, 1, 0, . . . , 0), . . . , en =
(0, . . . , 0, 1). En particulier, Rn et Cn sont des espaces vectoriels de dimensions fi-
nies.
3) {0} = sev⟨∅⟩ = sev⟨0⟩ est de dimension finie.
4) Kn [X] = sev⟨1, X, . . . , X n ⟩ est de dimension finie.
1.6.2 Bases
Définition 30. On dit qu’une famille finie B = (u1 , . . . , un ) d’éléments d’un K-ev
E est une base de E si B est une famille libre et génératrice de E.
Exemples 9.
1) {∅} est, par convention, une base de {0}.
2) E = K n , soient e1 = (1, 0, . . . , 0), e2 = (0, 1, 0, . . . , 0), . . . , en = (0, . . . , 0, 1). Alors
(e1 , . . . , en ) est une base du K-ev E, appelée base canonique (ou standard) de E.
3) (1, X, . . . , X n ) est une base de Kn [X], appelée base canonique de Kn [X].
4) Si E et F sont deux K-ev de bases respectives (u1 , . . . , un ) et (v1 , . . . , vm ), alors
((u1 , 0F ), . . . , (un , 0F ), (0E , v1 ), . . . , (0E , vm )) est une base du K-ev E × F .
Proposition 32. Soit B = (u1 , . . . , un ) une famille finie d’un K-ev E. Alors les
propriétés suivantes sont équivalentes :
1. B est une base de E.
2. ∀u ∈ E, u s’écrit de manière unique sous la forme : u = α1 u1 +⋯+αn un , α1 , . . . , αn ∈
K.
Démonstration.
1. Ô⇒ 2. : Soit u ∈ E. Comme B est une famille génératrice de E, ∃α1 , . . . , αn ∈ K
tels que u = α1 u1 + ⋯ + αn un .
Supposons que u = α1 u1 + ⋯ + αn un et u = β1 u1 + ⋯ + βn un avec α1 , . . . , αn ∈ K et
β1 , . . . , βn ∈ K. On a u − u = (α1 − β1 )u1 + ⋯ + (αn − βn )un = 0, comme B est une
famille libre, on a α1 − β1 = 0, . . . , αn − βn = 0, donc α1 = β1 , . . . , αn = βn .
2. Ô⇒ 1. : Il est clair que 2. entraine que B est une famille génératrice de E. Soient
α1 , . . . , αn ∈ K et supposons que α1 u1 + ⋯ + αn un = 0. Comme 0 = 0u1 + ⋯ + 0un ,
on a nécessairement α1 = 0, . . . , αn = 0. Ceci entraine que B est une famille libre et
donc c’est une base de E.
Définition 33. Soit B = (u1 , . . . , un ) une base d’un K-ev E et soit u un vecteur de
E. Les scalaires α1 , . . . , αn tels que u = α1 u1 +⋯+αn un sont appelés les coordonnées
(ou les composantes) de u dans la base B. αi s’appelle la ième coordonnée (ou
composante) de u dans la base B.
Remarques 34.
1. Si B = (u1 , . . . , un ) est une base de E, alors en changeant l’ordre des vecteurs ui
on aura une autre base de E. C’est pour cette raison qu’on note souvent les bases
avec des parenthèses et non avec des accolades.
Par exemple : B1 = ((1, 0), (0, 1)) et B2 = ((0, 1), (1, 0)) sont deux bases du K-ev
K 2 , et on a (x, y) = (x, y)B1 = (y, x)B2 .
2. Ce sont les coordonnées des vecteurs qui dépendent des bases et pas les vecteurs.
Démonstration.
Ô⇒) Supposons que B est une base de E. On évidemment sev⟨v1 ⟩+⋯+sev⟨vn ⟩ ⊆ E.
Inversement, Soit u ∈ E. Alors ∃α1 , . . . , αn ∈ K tels que u = α1 u1 + ⋯ + αn un ∈
sev⟨v1 ⟩ + ⋯ + sev⟨vn ⟩. Donc E ⊆ sev⟨v1 ⟩ + ⋯ + sev⟨vn ⟩. Par suite E = sev⟨v1 ⟩ + ⋯ +
sev⟨vn ⟩.
Soient u1 = α1 v1 ∈ sev⟨v1 ⟩, . . . , un = αn v1 ∈ sev⟨v1 ⟩. Si u1 +⋯+un = 0, alors α1 v1 +⋯+
αn vn = 0 et comme B est une base, on aura α1 = ⋯ = αn = 0 et donc u1 = ⋯ = un = 0.
Par suite E = sev⟨v1 ⟩ ⊕ ⋯ ⊕ sev⟨vn ⟩.
⇐Ô) Facile.
Lemme 36. Soit (v1 , . . . , vm ) une famille d’un K-ev E et soit (u1 , . . . , un ) une
famille génératrice de E. Si m > n alors (v1 , . . . , vm ) est liée.
E = sev⟨u1 ⟩ + sev⟨u2 , . . . , un ⟩,
alors
vi = αi u1 + wi , 1 ≤ i ≤ m.
avec α1 , . . . , αm ∈ K et w1 , . . . , wm ∈ F = sev⟨u2 , . . . , un ⟩.
Si αi = 0, 1 ≤ i ≤ m, alors vi ∈ F, 1 ≤ i ≤ m. Or F est engendré par n − 1
éléments et m > n − 1, alors d’aprés l’hypothèse de récurrence, on a (v1 , . . . , vm )
est une famille liée.
Supposons que αj ≠ 0 pour un certain j. Dans ce cas on a
αj vi − αi vj = αj αi u1 + αj wi − αi αj u1 − αi wj = αj wi − αi wj ∈ F,
{αj vi − αi vj /i ∈ J} est une famille liée. Donc il existe des scalaires λi non tous nuls
tels que
∑ λi (αj vi − αi vj ) = 0,
i∈J
alors
∑ λi αj vi − (∑ λi αi )vj = 0
i∈J i∈J
Comme les scalaires λi αj ne sont pas tous nuls, alors la famille {v1 , . . . , vm } est
liée.
Démonstration.
1. Soit G = {v1 , . . . , vm } une famille génératrice de E. Si la famille G est libre alors
elle forme une base de G. Si G est liée, ∃vi ∈ G tel que vi ∈ sev⟨Gi ⟩ où Gi = G ∖{vi },
et dans ce cas on a E = sev⟨G⟩ = sev⟨Gi ⟩. Si la famille Gi est libre alors elle forme
une base de E. Si Gi est liée, ∃vj ∈ Gi tel que vj ∈ sev⟨Gij ⟩ où Gij = Gi ∖ {vj },
et dans ce cas on a E = sev⟨Gij ⟩. On itère le procédé jusqu’à obtenir une famille
génératrice de E qui libre et donc une base de E.
2. C’est une conséquence immédiate de 1..
3. Soit B et B ′ deux bases de E. On a B est une famille génératrice de E et B ′ est
une famille libre, donc d’après le lemme 36 on a card(B’) ≤ card(B). De la même
façon on a card(B) ≤ card(B’). En conclusion, card(B’) = card(B).
Remarque 38. Un espace vectoriel peut avoir plusièures bases. Dans un es-
pace vectoriel infini de dimension finie, seul le sous-espace vectoriel nul admet
un nombre fini de bases (une seule).
Exemples 10.
1) dim({0}) = 0 (∅ est une base de {0}).
2) dim(K) = 1 et dim(K n ) = n.
3) dim(Kn [X]) = n + 1 ((1, X, X 2 , . . . , X n ) est une base de Kn [X]).
4) dimC (C) = 1 et dimR (C) = 2 (car (1, i) est une base du R-espace vectoriel C).
5) Les sous-espaces vectoriels de dimension 1 sont appelés droites vectorielles et
les sous-espaces vectoriels de dimension 2 sont appelés plans vectorielles.
6) Les sous-espaces vectoriels de dimension n − 1 d’un ev de dimension n sont
appelés hyperplans vectoriels.
Corollaire 41. Toute famille libre d’un K-ev de dimension finie E peut être com-
plétée en une base de E.
Démonstration.
1. Supposons par l’absurde que F soit de dimension infinie. Soit L1 est une famille
libre de F . Alors L1 est aussi une famille libre de E et donc card(L1 ) ≤ dim(E).
Si F = sev⟨L1 ⟩ alors L1 serait une famille génératrice de F qui est libre, elle serait
donc une base de F et ce dernier serait de dimension finie, ce qui est absurde.
Si F ≠ sev⟨L⟩, alors ∃u ∈ F tel que u /∈ sev⟨L⟩, et comme L est libre alors L2 =
L1 ⋃{u} est aussi libre. Il est clair que card(L1 ) < card(L2 ) ≤ dim(E). On peut
ainsi construire une suite infinie strictement croissante d’entiers naturels card(Ln )
qui majorée. Absurde. Par suite F est de dimension finie.
Soit B ′ une base de F et soit B une base de E. Puisque B ′ est libre et B est une
famille génératrice de E alors card(B ′ ) ≤ card(B). Donc dim(F ) ≤ dim(E).
2. On a évidemment F = E Ô⇒ dim(F ) = dim(E).
Réciproquement, Supposons que dim(F ) = dim(E) et soit B ′ une base de F .
Supposons par l’absurde que B ′ n’est pas une base de E. Puisque B ′ est libre
alors, d’après le théorème de la base incomplète, on peut compéter B ′ en une base
de E. Dans ce cas on aura dim(E) > card(B ′ ) et donc dim(E) > dim(F ). Absurde.
Corollaire 43. Soit E un K-ev de dimension finie. Tout sev de E admet au moins
un supplémentaire.
Démonstration.
1. et 3. Découlent du théorème de la base incomplète.
∃α1 , . . . , αn , β1 , . . . , βm , γ1 , . . . , γn , λ1 , . . . , λk ∈ K
tels que
u = (α1 u1 + ⋯ + αn un + β1 v1 + ⋯ + βm vm ) + (γ1 u1 + ⋯ + γn un + λ1 f1 + ⋯ + λk fk )
= (α1 + γ1 )u1 + ⋯ + (αn + γn )un + β1 v1 + ⋯ + βm vm + λ1 f1 + ⋯ + λk fk
(F ∩ G) + sev⟨v1 , . . . , vm ⟩
et
(F ∩ G) + sev⟨f1 , . . . , fk ⟩
sont directes.
Supposons maintenant que
α1 u1 + ⋯ + αn un + β1 v1 + ⋯ + βm vm + λ1 f1 + ⋯ + λk fk = 0. (1.1)
On a alors
F ∋ β1 v1 + ⋯ + βm vm = −(α1 u1 + ⋯ + αn un + λ1 f1 + ⋯ + λk fk ) ∈ G
Proposition 52. Soit A une partie d’un K-ev E de dimension finie. Alors :
1. A est une famille génératrice de E ⇔ rg(A) = dim E.
2. A est une famille libre de E ⇔ rg(A) = card(A)
3. A est une base de E ⇔ rg(A) = card(A) = dim E.
2. On a