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La décomposition de l’eau par cycle thermochimique

Deux procédés de décomposition


de la molécule d’eau à partir
d’une source de chaleur extérieure
sont en compétition pour la production
à long terme d’hydrogène : l’électrolyse
haute température et la dissociation
de la molécule d’eau par une succession
de réactions chimiques ou cycle
thermochimique.
Ces procédés s’inscrivent dans une
stratégie de réduction volontaire des
émissions des gaz à effet de serre ou de
raréfaction des ressources fossiles et ne
font donc pas appel aux hydrocarbures.

’hydrogène n’étant qu’un vecteur énergétique


L et non une source d’énergie primaire, il faut
disposer d’une telle source pour le produire. En
l’absence d’hydrocarbures, seule l’énergie nucléaire
est aujourd’hui en mesure de fournir cette énergie
pour produire massivement de l’hydrogène. La
demande d’hydrogène devrait connaître une très
forte croissance dans les années à venir. Dans
l’immédiat et le court terme, il est surtout utilisé dans
les industries chimique et pétrolière, en particulier
pour alléger les hydrocarbures lourds. Si dans les
décennies à venir, il doit être également utilisé dans
les transports, c’est le paysage énergétique qui en sera
bouleversé. À titre d’exemple, si en France l’hydro-
gène remplaçait complètement l’essence dans les
transports et si cet hydrogène était produit à partir
de centrales nucléaires, il faudrait sensiblement
quadrupler le parc actuel ! Ceci montre l’importance
des enjeux et la nécessité d’étudier en détail ces deux
voies, de façon à être en mesure de faire les bons choix
P. Stroppa/CEA
le moment venu. Il faut rappeler que cette recherche
s’inscrit dans le long terme et que pendant plusieurs
décennies encore, l’hydrogène pourrait être essen-
tiellement produit par reformage du méthane. Banc d’essai au CEA/Saclay d’étude de la décomposition de l’eau par cycle thermochimique, pour
la production d’hydrogène, selon le procédé iode-soufre. Ce procédé est basé sur la décomposition
Les premières publications sur les cycles thermo-
de deux acides à haute température, l’acide sulfurique qui produit de l’oxygène et du SO2 et l’acide
chimiques (CTC) datent de 1964. Les travaux ont iodhydrique (HI) qui produit de l’hydrogène et de l’iode. L’iode et le SO2 réagissent à basse
connu une période de faiblesse, avant d’enregistrer température en présence d’eau pour reformer ces deux acides (réaction de Bunsen).
une très forte progression après la crise pétrolière de
1973. L’activité est restée très soutenue jusqu’en 1984, conduire à des rendements très importants. En uti-
pour décroître ensuite, sauf au Japon, et terminer lisant de la chaleur pour produire de l’énergie ther-
quasiment à l’état de veille, jusqu’à nos jours. mique, rien ne s’opposait en effet a priori à l’obtention
Aujourd’hui, les programmes nucléaires, gelés dans d’un rendement égal à l’unité. James Funk, professeur
la plupart des pays industrialisés depuis l’accident à l’université de Kentucky,a le premier,en 1966,dénoncé
de Three Mile Island, sont l’objet d’un regain d’intérêt cette idée fausse et montré que tout cycle produisant
devant les demandes croissantes d’énergie et la néces- du travail, les CTC étaient limités par le rendement
sité de renouveler les parcs. La France étudie plus de Carnot. La question s’est alors posée de savoir quel
particulièrement les réacteurs à gaz à haute tempé- rendement pouvait être espéré d’un CTC.
rature, dans le cadre des accords internationaux GEN Une réaction chimique, comme toute transformation
IV. Ces réacteurs pouvant fournir à la fois de l’élec- thermodynamique, a un rendement maximal lors-
tricité et de la chaleur, la question de la meilleure qu’elle est effectuée de façon réversible. Les besoins en
utilisation de ces énergies pour la production d’hydro- travail et chaleur peuvent donc être prédits en utili-
gène se pose tout naturellement. sant le deuxième principe de la thermodynamique,
À l’origine, l’utilisation directe de chaleur pour la connaissant les fonctions thermodynamiques de l’état
production d’hydrogène par CTC semblait pouvoir initial et de l’état final, sachant que l’énergie totale

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La filière hydrogène

requise (travail + chaleur) est connue d’après le 2 2 HI w H2 + I2 (200 – 400 °C)


premier principe. Le travail étant lui-même produit 3 SO2 + 2 H2O + I2 w H2SO4 (aqueux) + 2 HI (aqueux)
à partir de chaleur dans une machine thermique, on (25 – 120 °C)
aura intérêt à utiliser un maximum de chaleur dans Ce procédé a fait l’objet de nombreuses études d’équipes
un CTC et à limiter le travail au minimum nécessaire de recherche car il a l’avantage de ne faire intervenir
pour espérer un bon rendement. Ce raisonnement que des liquides et des gaz. Une difficulté majeure a été
conduit, par exemple, à la conclusion que pour disso- résolue, à la fin des années 70, avec la découverte par
cier la molécule d’eau à l’aide d’une seule réaction, General Atomics (GA) de la possibilité de séparer ces
en ne fournissant que de la chaleur, il faut opérer à deux acides en présence d’un excès d’iode et d’eau.
4 500 °C. De nombreux auteurs ont montré que le Parmi les points durs de ce procédé figurent d’une
travail requis pouvait être annulé, à condition d’effec- part la difficulté à séparer avec un bon rendement
tuer la dissociation à l’aide de plusieurs réactions HI de l’eau et de l’iode en excès en sortie de la réac-
chimiques. Il faut donc introduire dans le procédé tion de Bunsen (les études portent sur la recherche
des éléments intermédiaires qui sont recyclés. Savoir du meilleur schéma de distillation et l’utilisation de
si de bons rendements seront alors obtenus est tout membranes) et, d’autre part, la décomposition des
l’objet de la R&D (figure 1). acides à haute température. Actuellement, l’échan-
geur SO3/hélium est le plus gros poste d’investis-
Figure 1. sement du procédé dans les évaluations économiques
Le rendement d’un cycle W/r en cours.
thermochimique est source
turbine Une petite boucle de laboratoire a fonctionné, au
défini comme le rapport qa température T
de la chaleur de Japon pendant 48 heures, en produisant 45 litres
recombinaison de W Q
d’hydrogène. Une seconde de 50 l/h de capacité est
l’hydrogène et de
l’oxygène produits H à
H2 en cours de tests. Ce procédé fait actuellement l’objet
la chaleur totale fournie H2O d’études poussées dans ce pays. Des accords de colla-
cycle thermochimique
par la source chaude : 5 O2 boration ont été signés entre le CEA et le DOE dans
le cadre du programme GEN IV, pour évaluer de
 = H Qa
Q+W façon détaillée les potentialités de ce cycle. Par ailleurs,
r
le programme européen Hythec, qui vient de démar-
Q et W sont la chaleur et rer, permettra d’étudier quelques points particuliers
le travail requis par le
cycle, r le rendement de Mis à part le rendement, un CTC doit satisfaire à comme la distillation par membrane, les équilibres
conversion de la turbine d’autres critères comme la non toxicité des produits liquide/vapeur des mélanges H2O - HI - I2 et la
Qa et qa les quantités de manipulés, l’abondance naturelle des éléments et la décomposition de l’acide sulfurique.
chaleur rejetées dans
l’atmosphère.
facilité de mise en œuvre des réactions. Par ailleurs,
dans quasiment la totalité des cycles, les débits mas- Le cycle hybride Westinghouse
siques de recirculation des éléments recyclés sont très
importants. Les cycles comportant des transports de Ce procédé peut être considéré comme une variante
réactifs solides entre réacteurs seront donc évités en du procédé iode-soufre dans laquelle les réactions
faveur de ceux ne comportant que des fluides (liqui- (2) et (3) sont remplacées par l’électrolyse du dioxyde
des ou gaz) ou de ceux comportant des réactions de soufre :
entre gaz et solide sur des lits fixes ou fluidisés. 4 SO2 + 2 H2O w H2SO4 + H2
Compte tenu du fait qu’un grand nombre de CTC ont (20 – 110 °C) Eréversible = 0,17 V P = 2 à 10 bars
été proposés depuis 1964, le CEA a choisi d’orienter Il présente l’avantage de ne faire appel qu’à un seul
ses programmes suivant deux axes. Le premier porte élément intermédiaire, le soufre, qui est de plus très
sur l’évaluation des cycles ayant survécu et qui font abondant. Les éventuels problèmes liés à la dérive de
encore l’objet de travaux à l’étranger. C’est le cas du la composition chimique des flux de matière sont donc
cycle iode-soufre et du cycle UT-3. L’avantage limités, à l’inverse des cycles faisant appel à plusieurs
d’étudier ces cycles est que de nombreux résultats éléments. Les flux de matière sont de plus nettement
sont disponibles et que la R&D peut être partagée. moins importants (figure 2).
Le second consiste en la recherche de nouveaux cycles,
réflexion permanente d’où pourraient germer de
nouveaux procédés.
Ces travaux n’ont évidemment de sens que par compa-
raison avec l’électrolyse, c’est pourquoi le programme
comprend in fine la comparaison des coûts de produc-
tion de l’hydrogène par CTC et par électrolyse alcaline.

Le cycle iode-soufre
Ce procédé est basé sur la décomposition de deux aci-
des à haute température,l’acide sulfurique qui produit
de l’oxygène et du SO2 et l’acide iodhydrique (HI) qui
produit de l’hydrogène et de l’iode. L’iode et le SO2
CEA

réagissent à basse température en présence d’eau pour


reformer ces deux acides (réaction de Bunsen): Réaction de Bunsen : séparation des deux acides obtenue
lors d’une expérience effectuée au CEA/Saclay sur
1 H2SO4 w H2O + SO3 (400°– 600 °C)
la décomposition de l’eau, par cycle thermochimique, pour
SO3 w SO2 + 5 O2 (800 – 900 °C) la production d’hydrogène, selon le procédé iode-soufre.

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En revanche, il fait appel en partie à l’énergie élec-
électrolyse
trique, ce qui limite son rendement. L’électrolyse a SO2 + 2 H2O w H2 + H2SO4
décomposition concentration
lieu en milieu acide, d’où des problèmes de corro- H2SO4 w SO3 + H2O H2SO4 H2SO4 35-50%
sion. De plus, elle nécessiterait plusieurs comparti- (20-110 °C,
ments pour limiter la production parasite de soufre 2-10 bars) H2
et de H2S à la cathode.
H2O + SO3 H2SO4
Un pilote a été réalisé en Russie, au début des années 80.

(900 °C)
(600 °C) 90-98%
Les travaux au CEA portent sur l’évaluation de (350 °C)
l’électrolyseur, par comparaison avec une électrolyse O2 + SO2 H2O
alcaline classique (tension réelle d’électrolyse, maté- (900 °C)
riaux, corrosion). Ils seront suivis d’un “remontage” O2
global, prenant en compte l’évaluation de la partie
électrolytique propre à ce cycle et celle de la partie
réduction
thermochimique de décomposition de l’acide sulfu- SO3 w SO2 + 5 O2 H2O
rique qui est commune avec le cycle iode-soufre.
SO2
(2-10 bars)
Le cycle UT-3 O2 + SO2
(20-30 bars)
Le cycle UT-3 est un cycle basé sur un couple de deux
réactions chimiques. Les deux premières (5) et (6) séparation O2/SO2
produisent de l’acide bromhydrique avec un déga- section thermocycle du soufre section électrolyse
gement d’oxygène et les deux suivantes (7) et (8)
consistent à réduire l’eau par un bromure avec libé- Figure 2.
ration d’hydrogène. Les réactions (6) et (8) sont endo- Schéma simplifié du cycle hybride Westinghouse.
thermiques.
5 CaO + Br2 w CaBr2 + 5 O2 (550 °C)
D’autres cycles en considération
6 CaBr2 + H2O w CaO + 2 HBr (725 °C)
7 Fe3O4 + 8 HBr w 3 FeBr2 + 4 H2O + Br2 (250 °C) D’autres cycles ont fait l’objet d’évaluations som-
8 3 FeBr2 + 4 H2O w Fe3O4 + 6 HBr + H2 (575 °C) maires selon des critères qui ont déjà été évoqués
Dans sa conception japonaise d’origine, ce cycle fonc- (rendement, abondance des réactants, toxicité…).
tionne de façon discontinue. Les réactions (5) et (6) Il s’agit par exemple des cycles “sulfates” dont les
d’une part et (7) et (8), d’autre part sont réalisées en réactions s’écrivent :
séquence dans deux réacteurs différents par réaction x H2O + x SO2 + MOx w M(SO4)x + x H2
entre des gaz et des réactifs solides emprisonnés dans M(SO4)x w MOx + x SO2 + x/2 O2
des matrices inertes solides. La principale difficulté où M est un métal.
rencontrée par les Japonais est la tenue aux cyclages La première réaction correspond en fait à la super-
de ces matrices. Dans le réacteur où s’effectuent les position de deux sous-réactions, la fixation de SO2
réactions (5) et (6) par exemple, la matrice inerte par MOx et la réduction de l’eau par le système SO2-
contient initialement du CaO, celui ci se transforme MOx. La décomposition thermique du sulfate per-
en CaBr2, au cours du premier cycle. La transforma- met le recyclage du SO2 avec émission d’oxygène.
tion inverse (6) a lieu au cours du deuxième cycle et Plusieurs métaux peuvent être utilisés (Mn, Fe, Ni,
ainsi de suite. Ce concept étant par ailleurs difficile- Zn, Cd…), la cinétique des réactions et le rendement
ment extrapolable à une taille industrielle, des étu- du cycle étant les critères de choix. Les premières
des ont été entreprises au CEA afin de qualifier des études réalisées à ce jour montrent que d’importan-
conceptions plus proches de la réalité industrielle. tes difficultés se présentent au niveau de réactions
Par exemple, les réactions chimiques mises en jeu
étant hétérogènes, une agitation des systèmes sem-
ble nécessaire pour activer la diffusion des réactifs et H2O + Br2 + HBr + O2
produits de réactions gazeux. Cette remarque assor- T > 200 °C
HBr/H2O
tie du fait que les flux de matières nécessaires à une
h
production massive d’hydrogène sont très impor-
tants conduit à des procédés utilisant le principe des
lits fluidisés, au sein desquels les systèmes sont natu- 650 °C chaleur
T < 126 °C 0,2 bar
rellement agités.
lit fluidisé

Les études portent également sur la possibilité de


simplifier le cycle en imaginant des réacteurs capa-
O2
bles de mener simultanément deux réactions jumel-
les en assurant ainsi une régénération in situ des
réactifs. Une production continue d’hydrogène CaO
peut donc être envisagée. Encore faut-il trouver T < 50 °C
un moyen de séparer les gaz en sortie du réacteur
et de lui apporter les calories nécessaires aux réac- n H2O + Br2
T > 200 °C
tions. La figure 3 illustre ce type de concept appli-
qué aux deux premières réactions du cycle et pour
Figure 3.
lequel de nombreux verrous technologiques Exemple de simplification du procédé japonais. Les réactions (5) et (6) sont effectuées
devront être levés. dans un même réacteur à lit fluidisé.

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La filière hydrogène

secondaires telles que la formation de sulfures ayant réactifs chimiques intermédiaires pouvant être qua-
pour effet de bloquer le cycle. lifiés de manière abusive de catalyseurs thermody-
D’autres cycles ont également été envisagés pour namiques, permet pour chacun d’entre eux d’assurer,
leur simplicité. Il s’agit par exemple de systèmes ne à des niveaux d’énergie moindres, une partie du par-
mettant en jeu que des oxydes et dans lesquels les cours nécessaire à la rupture de la molécule d’eau et
transitions de valence assurent la succession des donc à la libération d’hydrogène. L’intérêt de l’ex-
oxydations et des réductions. Tel est le cas, par exem- ploitation de ces cycles prend toute sa dimension si
ple, d’un cycle à base d’oxyde de fer dans lequel les tous ces intermédiaires chimiques sont réellement
transitions hématite (Fe2O3) magnétite (Fe3O4) per- intégralement régénérés au cours d’un processus
mettent une production d’hydrogène par la réduc- de production de telle manière que le bilan global
tion de l’eau selon le très simple schéma suivant : se réduise à la simple réaction de dissociation :
3 Fe2O3 w 2 Fe3O4 + 5 O2 H2O w H2 + 5 O2
2 Fe3O4 + H2O w 3 Fe2O3 + H2 L’ensemble des études réalisées, jusqu’à présent, a per-
Des tests simples réalisés au CEA ont démontré la mis d’évaluer la faisabilité de différents cycles, plus à
faisabilité chimique de ce cycle avec une production l’échelle du laboratoire, qu’à l’échelle industrielle. Les
effective d’hydrogène. Ces cycles d’oxydo-réduction premiers résultats obtenus sur certains d’entre eux
nécessitent en général des températures très élevées, pourraient être qualifiés de prometteurs si l’idéalité
incompatibles avec celles que peut fournir un réacteur de la régénération des réactifs était respectée et si
nucléaire mais qui peuvent éventuellement être envi- l’extrapolation à l’échelle industrielle était possible.
sagées dans un four solaire. Ce sont là les défis que se sont posés quelques équi-
pes du CEA. Elles devront définir des systèmes de pro-
Le bilan global : duction permettant d’assurer une production massive
une simple réaction de dissociation d’hydrogène,avec des coûts acceptables,tout en respec-
tant certains critères environnementaux. Il s’agit de
L’utilisation de cycles thermochimiques pour la pro- préparer les choix de demain qui conditionneront le
duction d’hydrogène est largement étudiée, depuis paysage énergétique des décennies à venir.
les années 60, car ils présentent le très grand avan-
tage théorique de diminuer le niveau de tempéra- > Jean-Marc Borgard*, Catherine Eysseric**,
ture nécessaire à la dissociation de l’eau tout en Stephen Goldstein* et Florent Lemort**
assurant une libération d’oxygène et d’hydrogène Direction de l’énergie nucléaire
en des lieux différents. En effet, la mise en œuvre de CEA centres de Saclay*et de Valrhô**

L’électrolyse haute température


De la vapeur d’eau, de la chaleur et de l’électricité. Voici les seuls ingrédients
nécessaires pour produire de l’hydrogène avec l’électrolyse haute
température. Ce procédé potentiellement non émetteur de gaz à effet de
serre est un candidat sérieux à la production massive d’hydrogène. Quelques
verrous technologiques restent toutefois à lever, et d’importantes réductions
de coûts doivent être obtenues pour le rendre viable industriellement.

’électrolyse haute température (EHT) consiste à


L dissocier la molécule d’eau en hydrogène et oxy-
gène à des températures comprises entre 700 °C et
1000 °C. Ce procédé de production massive d’hydro-
gène a été particulièrement étudié, dans les années 80
en Allemagne. À cette époque, il n’a pas été jugé
suffisamment rentable par rapport aux technologies
en concurrence et les recherches se sont alors arrêtées.
Depuis, des avancées significatives permettent d’envi-
sager de nouveaux développements.
Par rapport aux procédés classiques d’électrolyse de
l’eau, la haute température présente des avantages à
trois niveaux (voir La production par électrolyse de l’eau,
p. 35).Au niveau énergétique d’abord : l’énergie totale
à fournir est moins importante grâce à l’augmenta-
Areva/Framatome-ANP

tion de la cinétique des réactions à haute température


(3,1 kWh/Nm3 sont nécessaires pour l’EHT contre
4,1 kWh/Nm3 pour l’électrolyse conventionnelle). En
Concept Areva de réacteur nucléaire à haute
matière de compacité, ensuite: l’EHT permet de tra-
température (850 °C- 1 000 °C) utilisable
pour la cogénération d’électricité (300 MWe) vailler à forte densité de courant, d’où une forte capa-
et d’hydrogène. cité de production dans un volume réduit (de moitié).

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Au niveau économique enfin : l’apport d’une partie
significative de l’énergie sous forme de chaleur au lieu
d’électricité permet de diminuer le coût d’exploitation, électricité fournie
séparateur H2/H2O au réseau
la chaleur étant une source d’énergie nettement moins
chère que l’électricité. H2O H2
électricité pour l’électrolyse
Le principe de l’EHT est strictement l’inverse de celui H2O
d’une pile à combustible de type SOFC (voir plus échangeur
de chaleur He
loin dans ce chapitre). La cathode poreuse de l’élec- eau
trolyseur où a lieu la dissociation de la molécule d’eau d’appoint He
est alimentée en vapeur d’eau. Les ions O2- diffusent turbine
alors à travers l’électrolyte solide (zircone) grâce à à gaz
une tension d’environ 1,3 V pour se recombiner sous He
forme d’oxygène à l’anode tandis que l’hydrogène HTGR
reste avec la vapeur d’eau à la cathode (figure 1). Il H2O + H2 He He
existe également une autre version d’électrolyseur dit

intermédiaire
refrigérant
“à anode dépolarisée”. La différence avec l’EHT clas- récupérateur
sique réside dans l’injection d’un gaz (CO ou CH4) unité échangeur rejet
d’électrolyse de chaleur
côté anode qui se combine avec l’oxygène pour for- à vapeur
de chaleur
à haute primaire He
mer du CO2 et de l’hydrogène. Cette variante, non haute température He
évoquée dans la suite de l’article, présente l’avantage température
de diminuer l’énergie nécessaire à la production d’hydro- compresseur compresseur
gène mais aussi l’inconvénient d’induire l’émission haute pression basse pression
de gaz à effet de serre (CO2).
Les conditions de fonctionnement étant très pro-
ches de celles d’une pile SOFC, les mêmes verrous Figure 2.
technologiques se retrouvent, à savoir principale- Apparaissent alors deux types de fonctionnement Schéma de couplage
ment la tenue mécanique aux cyclages thermiques, que deux exemples de projets aujourd’hui envisagés d’un électrolyseur haute
température avec un réacteur
le maintien de l’étanchéité entre les compartiments permettent d’illustrer. nucléaire de type HTGR
anodique et cathodique et la tenue au vieillissement (High-temperature gas-cooled
des matériaux métalliques. Toutes ces probléma- Allothermique ou autothermique reactor).
tiques sont étudiées actuellement pour l’application
pile SOFC et les solutions apportées pourront être Le premier consiste à produire de l’hydrogène en asso-
directement intégrées dans les nouvelles générations ciant un réacteur nucléaire haute température de nou-
d’électrolyseurs. velle génération à un EHT (figure 2). Dans ce cas, la
Il existe cependant une différence majeure entre un chaleur et l’électricité sont fournis directement par le
électrolyseur haute température et une pile SOFC : le réacteur. L’EHT reçoit alors de la chaleur à haute
couplage avec une source de chaleur. Comme cela est température (800 – 900 °C). Le fonctionnement est
indiqué plus haut,l’électrolyse nécessite en effet l’apport dit allothermique.
d’une certaine quantité d’énergie dont une partie peut Le second exemple repose sur l’alimentation de l’EHT
être apportée sous forme de chaleur. Il s’agit alors de simplement en vapeur d’eau par une source géother-
coupler la source de chaleur avec l’électrolyseur. Ce mique et en électricité à partir d’un barrage
couplage peut être plus ou moins complexe en fonction hydroélectrique, par exemple. La vapeur entre dans
de la quantité de chaleur à apporter et de la tempé- l’électrolyseur à une température inférieure à sa
rature à laquelle cette chaleur doit être fournie. température de fonctionnement (chaleur à basse
température) et est réchauffée grâce à l’énergie dissipée
H2O + 2e- H2 + O2- par effet Joule (d’origine électrique donc) dans le cœur
H2O H2 de l’électrolyseur:c’est le fonctionnement autothermique.
Le fonctionnement allothermique présente l’avantage
d’utiliser une plus grande quantité d’énergie sous forme
cathode de chaleur (énergie peu chère). Mais la production est
environ deux fois inférieure à celle du fonctionnement
autothermique.De plus,ce dernier ne nécessite pas (ou
O2- O2- O2- A très peu) de couplage avec une source de chaleur, ce
électrolyte
qui simplifie les installations.
Si donc la forte avancée des recherches sur les piles SOFC
ouvre à l’électrolyse haute température de nouvelles
anode e- perspectives pour la production massive d’hydrogène
sans émission de gaz à effet de serre, des gains impor-
tants en coûts de fabrication sont encore nécessaires
O2 pour rendre le procédé rentable. Sa faisabilité à grande
2O2- O2 + 4e- échelle, ainsi que le couplage à une source de chaleur
ou haute température restent, d’autre part, à démontrer.
CH4 + 2O2- CO2 + 2H2 + 4e-

Figure 1.
> Damien Gallet et Romain Grastien
Le principe de l’électrolyse haute température est l’inverse de Direction de l’énergie nucléaire
celui d’une pile à combustible de type SOFC (à oxyde solide). CEA centre de Valrhô-Pierrelatte

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A L’énergie dans tous ses états
«
R ien ne se perd, rien ne se crée»,
écrivait en son temps Lavoisier,
père de la chimie moderne. Cet adage
un coût: une partie plus ou moins impor-
tante de l’énergie est dissipée sous forme
de chaleur inutilisable (le frottement
gétique. À l’heure actuelle, les deux
principaux vecteurs sont l’électricité
et la chaleur. Mais demain un nouveau
vrai pour les espèces chimiques l’est dans un système mécanique par exem- vecteur pourrait devenir prépondérant:
tout aussi pour l’énergie. En effet, ple). Dans le cas d’une centrale nucléaire l’hydrogène qui serait converti en
l’énergie est une entité multiforme qui de la génération actuelle, l’énergie élec- électricité et chaleur grâce aux piles
peut se transformer sous de très divers trique produite ne représente qu’envi- à combustible.
aspects. Toutefois, les énergies pri- ron un tiers de l’énergie nucléaire initiale Enfin, pour que l’énergie puisse être
maires directement accessibles dans la contenue au sein du combustible. disponible à tout moment il est
nature sont en nombre limité: ce sont Mais il serait bien évidemment trop sim- indispensable de pouvoir la stocker: la
les énergies fossiles (charbon, pétrole, ple que l’énergie puisse être consom- “mettre en conserve” pourrait-on dire.
gaz), l’énergie nucléaire et les énergies mée au fur et à mesure sur le lieu même Ce stockage peut se décliner sous
renouvelables (hydraulique, biomasse, de sa production. Dans de très nom- diverses formes. L’énergie peut être
solaire, éolien, géothermie, énergie des breux cas, les sites de consommation stockée sous forme mécanique (éner-
marées). Ces énergies primaires consti- de l’énergie peuvent être très éloignés gie potentielle dans le cas d’une rete-
tuent ce que l’on appelle le mix ou le du site de production, cette dernière et nue d’eau d’un barrage hydroélectrique
bouquet énergétique (figure 1). la demande correspondante n’étant ou énergie cinétique dans un volant
d’inertie), thermique (ballon d’eau
conversion chaude), chimique (réservoir d’essence,
mix piles et accumulateurs), voire magné-
énergétique • chaleur
• électricité tique (bobine supraconductrice).
• fossile utilisation
• nucléaire • hydrogène stockage La gestion de l’énergie est donc un art
• renouvelable de l'énergie subtil qui associe production, trans-
formation, transport et stockage. Dans
le contexte actuel du débat énergétique,
conversion restitution
il apparaît de plus en plus évident que
Figure 1.
Le schéma énergétique. pas de plus toujours concomitantes demain les réseaux énergétiques vont
(électricité photovoltaïque la nuit, par se développer et se multiplier selon
Pour la plupart des applications, il est exemple). Une bonne gestion de l’éner- une approche multimodale (gestion
nécessaire de convertir l’énergie afin gie demande donc la mise en place à la simultanée de plusieurs réseaux asso-
de la rendre compatible avec l’usage fois d’un réseau de distribution et de ciant des sources d’énergies diversi-
envisagé. Bien évidemment la nature, capacités de stockage de l’énergie. fiées). Les nouvelles technologies de
très ingénieuse, a mis au point les tout Le transport de l’énergie est assuré l’énergie sont donc appelées à y jouer
premiers convertisseurs énergétiques par l’intermédiaire d’un vecteur éner- un rôle essentiel.
que sont les êtres vivants. Les plantes,
par la photosynthèse, assurent la
conversion de l’énergie rayonnante de
énergie
la lumière en énergie chimique. Le corps énergie nucléaire réacteurs
lampes
humain lui-même permet, en parti- fluorescentes rayonnante nucléaires
culier, de convertir l’énergie chimique
en énergie mécanique via le système réacteurs systèmes lampes
musculaire. Par la suite, l’homme a photochimiques chimiluminescents à incan-
cellules descence
inventé de très nombreux convertis-
photovoltaïques capteurs solaires
seurs (figure 2). Le premier en date est
énergie
tout simplement le feu qui convertit de chimique chaudières
électrolyseurs
l’énergie chimique (combustion) en
lumière et chaleur. Plus récemment un muscle
poste de télévision assure la conver- énergie batteries et piles fours à énergie
électrique à combustible thermolyse
sion de l’électricité en énergies lumi- thermique
neuse (images) et mécanique (sons). générateurs frottements
En fait, de nombreux systèmes éner- électriques et chocs
gétiques sont l’association de plusieurs
convertisseurs, comme par exemple moteurs énergie turbines
une centrale nucléaire qui réalise la électriques mécanique et moteurs
conversion de l’énergie nucléaire en thermiques
énergie thermique (réacteur) puis en résistances
énergie mécanique (turbine) et enfin électriques
modules thermoélectriques
en énergie électrique (alternateur).
Malheureusement, le second principe
Figure 2.
de la thermodynamique nous enseigne Conversions des six principales formes d’énergie et quelques exemples de convertisseurs
que toute transformation de l’énergie a d’énergie.
C Comment fonctionne
une pile à combustible ?
L
électrolyte polymère solide
anode plaque
a pile à combustible repose sur
un principe fort ancien, puisque
c’est en 1839 que Sir William Grove
réaction d’oxydation de l’hydrogène,
et de l’autre côté, la réaction de réduc-
tion de l’oxygène.
cathode distributrice
construisit la première cellule électro- Dans le cas d’une pile à électrolyte
chimique fonctionnant avec de l’hydro- acide (ou pile à membrane échangeuse
H2 gène comme carburant, mettant ainsi de protons), l’hydrogène de l’anode est
en évidence la possibilité de produire dissocié en protons (ou ions hydrogène
du courant électrique par conversion H+) et en électrons, suivant la réac-
directe de l’énergie chimique du tion d’oxydation : H2 w 2 H+ + 2 e-. À la
combustible. La pile à combustible cathode, l’oxygène, les électrons et les
H+ ayant la particularité d’utiliser deux protons se recombinent pour former
O2 (air)
gaz – l’hydrogène H2 et l’oxygène O2 – de l’eau : 2 H+ + 1/2 O2 + 2 e- w H2O. Le
comme couple électrochimique, principe de la pile à combustible est
les réactions d’oxydo-réduction qui donc inverse à celui de l’électrolyse
s’opèrent dans la pile sont donc parti- de l’eau. La tension thermodynamique
H2O collecteur
culièrement simples. La réaction se d’une telle cellule électrochimique est
EME de courant
produit au sein d’une structure (la de 1,23 volt (V). Toutefois, en pratique,
électricité cellule électrochimique élémentaire) la pile présente une différence de
chaleur essentiellement composée de deux potentiel de l’ordre de 0,6 V pour des
électrodes (l’anode et la cathode) densités de courant de 0,6 à 0,8 A/cm2.
séparées par un électrolyte, matériau Le rendement d’une telle cellule est
Principe de fonctionnement de la pile à permettant le passage des ions. Les donc d’environ 50 %, l’énergie dissi-
combustible. Exemple de la pile à membrane
échangeuse de protons. EME représente électrodes mettent en jeu des cata- pée l’étant bien évidemment sous
l’ensemble électrodes-membrane. lyseurs pour activer d’un côté, la forme de chaleur.
EAccumulateurs, piles et batteries: des
performances en constante amélioration
L es accumulateurs et les piles sont
des systèmes électrochimiques ser-
vant à stocker de l’énergie. Ceux-ci res-
le nom de batterie au plomb, est égale-
ment qualifiée de système au plomb-acide.
En effet, les réactions chimiques mises en
solution de potasse concentrée, a permis
d’atteindre une densité d’énergie mas-
sique de 70 à 80 Wh/kg. La seconde filière
tituent sous forme d’énergie électrique, jeu impliquent l’oxyde de plomb consti- avait déjà fait l’objet de travaux vers la fin
exprimée en wattheure (Wh), l’énergie chi- tuant l’électrode positive (improprement des années soixante-dix, dans la per-
mique générée par des réactions électro- appelée cathode) et le plomb de l’électrode spective de trouver des couples électro-
chimiques. Ces réactions sont activées au négative (anode), toutes deux plongées chimiques présentant de meilleures
sein d’une cellule élémentaire entre deux dans une solution d’acide sulfurique qui performances que les accumulateurs au
électrodes baignant dans un électrolyte constitue l’électrolyte. Ces réactions ten- plomb ou au nickel-cadmium employés
lorsqu’une charge, un moteur électrique dent à convertir le plomb et l’oxyde de jusque-là. Les premiers modèles ont ainsi
par exemple, est branchée à ses bornes. plomb en sulfate de plomb, avec forma- été conçus avec une électrode négative à
L’accumulateur est basé sur un système tion d’eau. Pour recharger la batterie, ces base de lithium métallique (filière lithium-
électrochimique réversible. Il est rechar- réactions doivent être inversées par la cir- métal). Cependant, cette technologie s’est
geable par opposition à une pile qui ne culation d’un courant électrique imposé. heurtée à des problèmes liés à une mau-
l’est pas. Le terme batterie est alors uti- Les inconvénients relevés sur la techno- vaise reconstitution de l’électrode néga-
lisé pour caractériser un assemblage de logie au plomb (poids, fragilité, utilisation tive de lithium au cours des charges
cellules élémentaires (en général rechar- d’un liquide corrosif) ont conduit au déve- successives. C’est pourquoi, vers le début
geables). loppement d’accumulateurs alcalins, de des années quatre-vingt, des recherches
Un accumulateur, quelle que soit la tech- plus grande capacité (quantité d’électri- ont été entreprises sur un nouveau type
nologie utilisée, est pour l’essentiel défini cité restituée à la décharge) mais déve- d’électrode négative à base de carbone,
par trois grandeurs. Sa densité d’énergie loppant une force électromotrice moindre utilisé comme composé d’insertion du
massique (ou volumique), en wattheure (différence de potentiel aux bornes du sys- lithium. La filière lithium-ion était née.
par kilogramme, Wh/kg (ou en wattheure tème en circuit ouvert). Leurs électrodes Les industriels japonais se sont rapide-
par litre, Wh/l), correspond à la quantité sont soit à base de nickel et de cadmium ment imposés en tant que leaders dans
d’énergie stockée par unité de masse (ou (accumulateur nickel-cadmium), soit à le domaine. Déjà fabricants d’équipements
de volume) d’accumulateur. Sa densité de base d’oxyde de nickel et de zinc (accu- portables, ils ont considéré la source
puissance massique, en watt par kilo- mulateur zinc-nickel), soit à base d’oxyde d’énergie comme faisant partie des
gramme (W/kg), représente la puissance d’argent couplé à du zinc, du cadmium ou composants stratégiques de ces équipe-
(énergie électrique fournie par unité de du fer (accumulateurs à l’oxyde d’argent). ments. C’est ainsi que Sony, qui n’était
temps) que peut délivrer l’unité de masse Toutes ces technologies utilisent une pas à l’origine fabricant d’accumulateurs,
d’accumulateur. Sa cyclabilité, exprimée solution de potasse comme électrolyte. a décidé de mobiliser au cours des années
en nombre de cycles(1), caractérise la durée Les technologies au plomb, comme les quatre-vingt des ressources considé-
de vie de l’accumulateur, c’est-à-dire le accumulateurs alcalins, se caractérisent rables afin de faire progresser la techno-
nombre de fois où il peut restituer un par une grande fiabilité, mais leurs den- logie et de la rendre industrialisable. En
niveau d’énergie supérieur à 80 % de son sités d’énergie massiques restent relati- février 1992, Sony annonçait à la surprise
énergie nominale, cette valeur étant la vement faibles (30 Wh/kg pour le plomb, générale le lancement immédiat de la
valeur la plus souvent demandée pour les 50 Wh/kg pour le nickel-cadmium). fabrication industrielle d’accumulateurs
applications portables. Au début des années quatre-vingt-dix, lithium-ion. Ces premiers accumulateurs
Jusqu’à la fin des années quatre-vingt, les avec la croissance du marché des équi- offraient des performances limitées
deux principales technologies répandues pements portables, deux filières techno- (90 Wh/kg). Depuis, celles-ci se sont nota-
sur le marché étaient les accumulateurs logiques nouvelles ont émergé : les blement améliorées (de 160 à plus de
au plomb (pour le démarrage de véhicules, accumulateurs nickel-métal hydrure et 180 Wh/lkg en 2004), grâce d’une part aux
l’alimentation de secours de centraux les accumulateurs au lithium (voir l’enca- progrès technologiques réalisés (dimi-
téléphoniques…) et les accumulateurs dré Principe de fonctionnement d’un accu- nution de la part inutile dans le poids et
nickel-cadmium (outillage portable, jouets, mulateur au lithium, p. 131). La première le volume des accumulateurs) et d’autre
éclairage de secours…). La technologie au filière, mettant en jeu une électrode posi- part à l’optimisation des performances
plomb, connue plus communément sous tive à base de nickel et une électrode des matériaux. Des densités d’énergie
(1) Un cycle correspond à une charge et une négative – constituée d’un alliage absor- massiques de plus de 200 Wh/kg sont
décharge. bant l’hydrogène – plongeant dans une escomptées vers 2005.
Principe de fonctionnement d’un accumulateur au lithium 1
En cours d’utilisation, donc lors de la décharge
de l’accumulateur, le lithium relâché par charge décharge
l’électrode négative (matériau d’intercalation
+
hôte <H>) sous forme ionique Li migre à e- e-
travers l’électrolyte conducteur ionique et vient
s’intercaler dans le réseau cristallin du (Li+)solv (Li+)solv
matériau actif de l’électrode positive (composé
d’insertion du lithium de type oxyde métallique e-
e-
<Mli>). Le passage de chaque ion Li+ dans
le circuit interne de l’accumulateur est
exactement compensé par le passage d’un <H> + Li+ + e- <HLi> <HLi> <H> + Li+ + e-
électron dans le circuit externe, générant ainsi <MLi> <M> + Li+ + e- <M> + Li+ + e- <MLi>
un courant électrique. La densité d’énergie
massique libérée par ces réactions est à la fois
proportionnelle à la différence de potentiel entre les deux 160 Wh/kg et 400 Wh/l), supérieures en moyenne de plus de
électrodes et à la quantité de lithium qui se sera intercalé 50 % à celles des batteries conventionnelles.
dans le matériau d’insertion. Elle est également inversement Le principe de fonctionnement d’un accumulateur au lithium
proportionnelle à la masse totale du système. Or le lithium est est le même selon qu’est utilisée une électrode négative de
en même temps le plus léger (avec une masse molaire atomique lithium métallique ou à base de carbone. Dans ce deuxième
de 6,94 g) et le plus réducteur des métaux : les systèmes cas, la filière technologique est appelée lithium-ion, car le lithium
électrochimiques qui l’emploient peuvent atteindre des tensions n’est jamais sous forme métallique dans l’accumulateur, et fait
de 4 V, contre 1,5 V pour les autres systèmes. Il permet ainsi “yo-yo” entre les deux composés d’insertion du lithium contenus
aux batteries au lithium d’offrir les plus importantes densités dans les électrodes positive et négative à chaque charge ou
d’énergie massique et volumique (typiquement plus de décharge de l’accumulateur.

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