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Le cycle iode-soufre
Ce procédé est basé sur la décomposition de deux aci-
des à haute température,l’acide sulfurique qui produit
de l’oxygène et du SO2 et l’acide iodhydrique (HI) qui
produit de l’hydrogène et de l’iode. L’iode et le SO2
CEA
(900 °C)
(600 °C) 90-98%
Les travaux au CEA portent sur l’évaluation de (350 °C)
l’électrolyseur, par comparaison avec une électrolyse O2 + SO2 H2O
alcaline classique (tension réelle d’électrolyse, maté- (900 °C)
riaux, corrosion). Ils seront suivis d’un “remontage” O2
global, prenant en compte l’évaluation de la partie
électrolytique propre à ce cycle et celle de la partie
réduction
thermochimique de décomposition de l’acide sulfu- SO3 w SO2 + 5 O2 H2O
rique qui est commune avec le cycle iode-soufre.
SO2
(2-10 bars)
Le cycle UT-3 O2 + SO2
(20-30 bars)
Le cycle UT-3 est un cycle basé sur un couple de deux
réactions chimiques. Les deux premières (5) et (6) séparation O2/SO2
produisent de l’acide bromhydrique avec un déga- section thermocycle du soufre section électrolyse
gement d’oxygène et les deux suivantes (7) et (8)
consistent à réduire l’eau par un bromure avec libé- Figure 2.
ration d’hydrogène. Les réactions (6) et (8) sont endo- Schéma simplifié du cycle hybride Westinghouse.
thermiques.
5 CaO + Br2 w CaBr2 + 5 O2 (550 °C)
D’autres cycles en considération
6 CaBr2 + H2O w CaO + 2 HBr (725 °C)
7 Fe3O4 + 8 HBr w 3 FeBr2 + 4 H2O + Br2 (250 °C) D’autres cycles ont fait l’objet d’évaluations som-
8 3 FeBr2 + 4 H2O w Fe3O4 + 6 HBr + H2 (575 °C) maires selon des critères qui ont déjà été évoqués
Dans sa conception japonaise d’origine, ce cycle fonc- (rendement, abondance des réactants, toxicité…).
tionne de façon discontinue. Les réactions (5) et (6) Il s’agit par exemple des cycles “sulfates” dont les
d’une part et (7) et (8), d’autre part sont réalisées en réactions s’écrivent :
séquence dans deux réacteurs différents par réaction x H2O + x SO2 + MOx w M(SO4)x + x H2
entre des gaz et des réactifs solides emprisonnés dans M(SO4)x w MOx + x SO2 + x/2 O2
des matrices inertes solides. La principale difficulté où M est un métal.
rencontrée par les Japonais est la tenue aux cyclages La première réaction correspond en fait à la super-
de ces matrices. Dans le réacteur où s’effectuent les position de deux sous-réactions, la fixation de SO2
réactions (5) et (6) par exemple, la matrice inerte par MOx et la réduction de l’eau par le système SO2-
contient initialement du CaO, celui ci se transforme MOx. La décomposition thermique du sulfate per-
en CaBr2, au cours du premier cycle. La transforma- met le recyclage du SO2 avec émission d’oxygène.
tion inverse (6) a lieu au cours du deuxième cycle et Plusieurs métaux peuvent être utilisés (Mn, Fe, Ni,
ainsi de suite. Ce concept étant par ailleurs difficile- Zn, Cd…), la cinétique des réactions et le rendement
ment extrapolable à une taille industrielle, des étu- du cycle étant les critères de choix. Les premières
des ont été entreprises au CEA afin de qualifier des études réalisées à ce jour montrent que d’importan-
conceptions plus proches de la réalité industrielle. tes difficultés se présentent au niveau de réactions
Par exemple, les réactions chimiques mises en jeu
étant hétérogènes, une agitation des systèmes sem-
ble nécessaire pour activer la diffusion des réactifs et H2O + Br2 + HBr + O2
produits de réactions gazeux. Cette remarque assor- T > 200 °C
HBr/H2O
tie du fait que les flux de matières nécessaires à une
h
production massive d’hydrogène sont très impor-
tants conduit à des procédés utilisant le principe des
lits fluidisés, au sein desquels les systèmes sont natu- 650 °C chaleur
T < 126 °C 0,2 bar
rellement agités.
lit fluidisé
secondaires telles que la formation de sulfures ayant réactifs chimiques intermédiaires pouvant être qua-
pour effet de bloquer le cycle. lifiés de manière abusive de catalyseurs thermody-
D’autres cycles ont également été envisagés pour namiques, permet pour chacun d’entre eux d’assurer,
leur simplicité. Il s’agit par exemple de systèmes ne à des niveaux d’énergie moindres, une partie du par-
mettant en jeu que des oxydes et dans lesquels les cours nécessaire à la rupture de la molécule d’eau et
transitions de valence assurent la succession des donc à la libération d’hydrogène. L’intérêt de l’ex-
oxydations et des réductions. Tel est le cas, par exem- ploitation de ces cycles prend toute sa dimension si
ple, d’un cycle à base d’oxyde de fer dans lequel les tous ces intermédiaires chimiques sont réellement
transitions hématite (Fe2O3) magnétite (Fe3O4) per- intégralement régénérés au cours d’un processus
mettent une production d’hydrogène par la réduc- de production de telle manière que le bilan global
tion de l’eau selon le très simple schéma suivant : se réduise à la simple réaction de dissociation :
3 Fe2O3 w 2 Fe3O4 + 5 O2 H2O w H2 + 5 O2
2 Fe3O4 + H2O w 3 Fe2O3 + H2 L’ensemble des études réalisées, jusqu’à présent, a per-
Des tests simples réalisés au CEA ont démontré la mis d’évaluer la faisabilité de différents cycles, plus à
faisabilité chimique de ce cycle avec une production l’échelle du laboratoire, qu’à l’échelle industrielle. Les
effective d’hydrogène. Ces cycles d’oxydo-réduction premiers résultats obtenus sur certains d’entre eux
nécessitent en général des températures très élevées, pourraient être qualifiés de prometteurs si l’idéalité
incompatibles avec celles que peut fournir un réacteur de la régénération des réactifs était respectée et si
nucléaire mais qui peuvent éventuellement être envi- l’extrapolation à l’échelle industrielle était possible.
sagées dans un four solaire. Ce sont là les défis que se sont posés quelques équi-
pes du CEA. Elles devront définir des systèmes de pro-
Le bilan global : duction permettant d’assurer une production massive
une simple réaction de dissociation d’hydrogène,avec des coûts acceptables,tout en respec-
tant certains critères environnementaux. Il s’agit de
L’utilisation de cycles thermochimiques pour la pro- préparer les choix de demain qui conditionneront le
duction d’hydrogène est largement étudiée, depuis paysage énergétique des décennies à venir.
les années 60, car ils présentent le très grand avan-
tage théorique de diminuer le niveau de tempéra- > Jean-Marc Borgard*, Catherine Eysseric**,
ture nécessaire à la dissociation de l’eau tout en Stephen Goldstein* et Florent Lemort**
assurant une libération d’oxygène et d’hydrogène Direction de l’énergie nucléaire
en des lieux différents. En effet, la mise en œuvre de CEA centres de Saclay*et de Valrhô**
intermédiaire
refrigérant
“à anode dépolarisée”. La différence avec l’EHT clas- récupérateur
sique réside dans l’injection d’un gaz (CO ou CH4) unité échangeur rejet
d’électrolyse de chaleur
côté anode qui se combine avec l’oxygène pour for- à vapeur
de chaleur
à haute primaire He
mer du CO2 et de l’hydrogène. Cette variante, non haute température He
évoquée dans la suite de l’article, présente l’avantage température
de diminuer l’énergie nécessaire à la production d’hydro- compresseur compresseur
gène mais aussi l’inconvénient d’induire l’émission haute pression basse pression
de gaz à effet de serre (CO2).
Les conditions de fonctionnement étant très pro-
ches de celles d’une pile SOFC, les mêmes verrous Figure 2.
technologiques se retrouvent, à savoir principale- Apparaissent alors deux types de fonctionnement Schéma de couplage
ment la tenue mécanique aux cyclages thermiques, que deux exemples de projets aujourd’hui envisagés d’un électrolyseur haute
température avec un réacteur
le maintien de l’étanchéité entre les compartiments permettent d’illustrer. nucléaire de type HTGR
anodique et cathodique et la tenue au vieillissement (High-temperature gas-cooled
des matériaux métalliques. Toutes ces probléma- Allothermique ou autothermique reactor).
tiques sont étudiées actuellement pour l’application
pile SOFC et les solutions apportées pourront être Le premier consiste à produire de l’hydrogène en asso-
directement intégrées dans les nouvelles générations ciant un réacteur nucléaire haute température de nou-
d’électrolyseurs. velle génération à un EHT (figure 2). Dans ce cas, la
Il existe cependant une différence majeure entre un chaleur et l’électricité sont fournis directement par le
électrolyseur haute température et une pile SOFC : le réacteur. L’EHT reçoit alors de la chaleur à haute
couplage avec une source de chaleur. Comme cela est température (800 – 900 °C). Le fonctionnement est
indiqué plus haut,l’électrolyse nécessite en effet l’apport dit allothermique.
d’une certaine quantité d’énergie dont une partie peut Le second exemple repose sur l’alimentation de l’EHT
être apportée sous forme de chaleur. Il s’agit alors de simplement en vapeur d’eau par une source géother-
coupler la source de chaleur avec l’électrolyseur. Ce mique et en électricité à partir d’un barrage
couplage peut être plus ou moins complexe en fonction hydroélectrique, par exemple. La vapeur entre dans
de la quantité de chaleur à apporter et de la tempé- l’électrolyseur à une température inférieure à sa
rature à laquelle cette chaleur doit être fournie. température de fonctionnement (chaleur à basse
température) et est réchauffée grâce à l’énergie dissipée
H2O + 2e- H2 + O2- par effet Joule (d’origine électrique donc) dans le cœur
H2O H2 de l’électrolyseur:c’est le fonctionnement autothermique.
Le fonctionnement allothermique présente l’avantage
d’utiliser une plus grande quantité d’énergie sous forme
cathode de chaleur (énergie peu chère). Mais la production est
environ deux fois inférieure à celle du fonctionnement
autothermique.De plus,ce dernier ne nécessite pas (ou
O2- O2- O2- A très peu) de couplage avec une source de chaleur, ce
électrolyte
qui simplifie les installations.
Si donc la forte avancée des recherches sur les piles SOFC
ouvre à l’électrolyse haute température de nouvelles
anode e- perspectives pour la production massive d’hydrogène
sans émission de gaz à effet de serre, des gains impor-
tants en coûts de fabrication sont encore nécessaires
O2 pour rendre le procédé rentable. Sa faisabilité à grande
2O2- O2 + 4e- échelle, ainsi que le couplage à une source de chaleur
ou haute température restent, d’autre part, à démontrer.
CH4 + 2O2- CO2 + 2H2 + 4e-
Figure 1.
> Damien Gallet et Romain Grastien
Le principe de l’électrolyse haute température est l’inverse de Direction de l’énergie nucléaire
celui d’une pile à combustible de type SOFC (à oxyde solide). CEA centre de Valrhô-Pierrelatte