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L’honneur des Malefoy

Posted originally on the Archive of Our Own at http://archiveofourown.org/works/47986456.

Rating: Mature
Archive Warning: No Archive Warnings Apply
Category: M/M
Fandom: Harry Potter - J. K. Rowling
Relationship: Scorpius Malfoy/Albus Severus Potter
Character: Scorpius Malfoy, Albus Severus Potter, Original Characters, Draco
Malfoy, Lucius Malfoy, Narcissa Black Malfoy, Lily Luna Potter
Additional Tags: Discord: Potterfictions, LGBTQIAspic, Homophobia, panphobia, pride
month, Pansexual Character
Language: Français
Series: Part 13 of ASPICs Potterfictions
Collections: 9. LGBTQIAspic
Stats: Published: 2023-06-19 Words: 6,295 Chapters: 1/1

L’honneur des Malefoy


by pouik

Summary

Scorpius et Albus s'avouent enfin leurs sentiments l'un pour l'autre... Mais leur chemin sera
peut-être semé d'embûches... Heureusement, Scorpius a des alliés, certains totalement
inattendus.
(OS lié à Une fille ordinaire)

Notes

Ce texte est un OS écrit lors de la participation à l’ASPIC (Ateliers Scripturaux


Promouvant l'Imagination et la Créativité) organisé par le serveur Discord Potterfictions sur
le thème des personnages LGBTQIA+ dans les fanfictions Harry Potter et le mois des
fiertés.
Vous pouvez nous rejoindre via le lien suivant : https://discord.gg/5FHmSpEfvh

Ma couleur tirée au sort : Jaune


Ma lettre tirée au sort : Pan (pansexuel.le)
Mon personnage tiré au sort : Scorpius Malefoy
Mes clichés à explorer :
1- Si t'es bi et en couple avec un passing hétéro alors tu l'es plus (et vice versa avec un
passing homo)
2 - Qui fait l'homme et qui fait la femme ?

..........................
Ce texte est une sorte de séquelle d'Une fille ordinaire, mon premier OS écrit pour fêter le
mois des fiertés avec Potterfictions.
La toute première scène notamment est extraite d'Une fille ordinaire, mais ici c'est le point
de vue de Scorpius que vous lirez. Parce que je voulais offrir plus que cette petite scène à
Albus et Scorpius, maintenant ils ont leur propre OS ;)
Bonne lecture !

L’honneur des Malefoy

— J’en sais rien. Mais c’est pas… c’est pas de… de l’aimer qui m’fait mal. Merlin…

Scorpius se figea, un pied ridiculement levé au-dessus du sol. Il était en train de rejoindre le fond
du jardin de la maison des Potter et la voix d’Albus l’avait percuté en plein cœur. Albus et Lily
étaient assis·es sur des chaises de jardin et lui tournaient le dos.

Albus… La voix d’Albus tremblait et Scorpius se demanda qui pouvait bien le rendre aussi
malheureux. Il posa son pied à terre et attendit, il n’osait pas interrompre une conversation qui ne le
regardait probablement pas et qui semblait importante. Mais il craignait aussi de faire du bruit en
rebroussant chemin vers la maison.

— C’est parce qu’il ne t’aime pas comme tu l’aimes, c’est ça ?

Lily tentait de consoler son frère, mais sa voix aussi était triste. Scorpius aimait beaucoup Lily, il
l’avait même aimée assez pour sortir avec elle deux ans plus tôt. Leur histoire n’avait pas duré et
Scorpius avait tourné la page depuis longtemps, mais il avait toujours une tendresse particulière
pour elle.

— Ouais… Ouais, évidemment… lui répondit Albus.

Il entendit distinctement Albus pousser un lourd soupir. Son ton était misérable et Scorpius se
sentit mal de l’entendre ainsi. Albus était son meilleur ami. Il était… Il était tellement plus que ça
en réalité. Les mots «meilleur ami» lui semblaient si pâles et si fades, si en deçà de ce qu’Albus
était pour lui. Il était son premier ami, celui qui lui avait tendu la main sans hésitation ce jour-là
dans le Poudlard Express. Il s’en souvenait comme si c’était hier et pourtant presque dix ans
s’étaient écoulés depuis.

Scorpius s’était installé dans un compartiment, seul avec sa grosse valise et la cage de son hibou.
Son père et sa mère l’avaient laissé monter dans le train après lui avoir dit qu’iels l’aimaient et il
avait investi le premier compartiment disponible. Les autres enfants étaient encore en train de dire
au revoir sur le quai, il avait préféré ne pas s’attarder, les regards des gens étaient toujours
méprisants quand les Malefoy étaient quelque part. Il entendit le sifflet du chef de gare, des pas
dans les couloirs du train, des cris et des bousculades. Puis, la porte de son compartiment s’ouvrit
sur un garçon aux cheveux noirs et au visage souriant. Une fille avec une tignasse rousse
l’accompagnait.

— On peut s’asseoir ? demanda-t-il.

— Al’…
Elle avait murmuré mais Scorpius l’avait quand même entendu. Elle tentait d’attirer l’attention de
son ami en lui mettant des coups de coude.

— Il n’y a plus de place ailleurs, Rosie… À moins que tu veuilles aller avec James et ses crétins de
copains !

La rouquine soupira et le garçon s’avança dans le compartiment sous le regard médusé de


Scorpius. Il les observa ranger leurs affaires. La fille avait un air revêche et s’installa le plus loin
possible de Scorpius qui savait pourquoi elle le fixait ainsi. Le garçon s’assit face à lui et se pencha
en lui tendant la main.

— Abus Potter !

Scorpius hésita un instant, il s’agissait tout de même d’un Potter. Le garçon ne semblait pas l’avoir
reconnu alors que son amie paraissait avoir deviné tout de suite. L’œil pétillant et le sourire aux
lèvres, ce garçon avait l’air sympathique. Scorpius se pencha un peu et saisit la main tendue.

— Scorpius Malefoy.

— Sympa de te connaître ! répondit le dénommé Albus en récupérant sa main.

Pas de recul, pas de grimace. Albus continuait à lui sourire et Scorpius sourit à son tour. Il n’avait
jamais imaginé qu’un membre de la famille Potter accepterait de lui serrer la main en toute
connaissance de cause, c’était inespéré !

Depuis ce premier jour, ils avaient été inséparables. Sans même le connaître, Albus avait défendu
Scorpius dès les premières heures à Poudlard et cela avait scellé leur amitié. Le temps aurait pu les
séparer, avec les années et les centres d’intérêt qui changeaient, avec la puberté et les émotions qui
semblaient vouloir vous exploser à la figure au moindre faux pas. Mais rien de cela n’était arrivé.
Albus était solaire et il avait illuminé sans faillir la triste vie solitaire de Scorpius.

Albus était son moteur, son plus grand supporter, son confident aussi. Il avait toujours su quand
Scorpius allait mal et lui avait permis de parler de son enfance morne et triste, de ses parents et de
leur isolement à cause de la deuxième guerre des sorciers. Il l’avait soutenu au pire moment de sa
vie, quand sa mère était tombée malade et était décédée, il l’avait empêché de se noyer dans des
gouffres de chagrin, il l’avait porté à bout de bras pendant des mois, il lui avait redonné le sourire
et goût à la vie.

Entendre la voix pleine de souffrance d’Albus répondre à Lily lui transperçait le cœur. Jamais
Albus n’avait été ainsi, jamais il n’avait montré à Scorpius qu’il pouvait être aussi malheureux : il
était la personne la plus positive, la plus souriante que Scorpius ait rencontrée.

— J’suis amoureux de Scorpius depuis que j’ai seize ans. Et… Tu sais quoi ? L’aimer en silence
depuis quatre longues années ne me fait pas mal. Non… L’aimer c’est la plus belle chose qui soit.

Scorpius faillit tomber à la renverse. Il avait mal compris… Il avait forcément mal compris… Il
était peut-être à deux mètres d’Albus et Lily, le vent d’été qui faisait bruisser les feuilles des arbres
du jardin avait dû déformer ses mots…

— Je… J’me réveille tous les jours en pensant à lui et quand j’m’endors c’est pareil. Ah… Il n’y a
pas une seule journée, pas une seule chose dans ma vie qui ne m’fait pas penser à lui ! Hmmm, lire
un livre me rappelle Poudlard, quand on était allongés dans l’herbe devant un bouquin d’cours.
Ou… Tiens, lancer un sort ! Ça m’ramène aux cours de sortilèges et à nos fous rires. Et puis… rien
que m’habiller le matin m’fait penser à son ridicule amour pour les fringues. Et j’te parle même pas
des rêves à son propos…

Scorpius n’entendait plus rien d’autre que son cœur qui battait si fort qu’il résonnait dans son
crâne, martelait ses côtes et tentait de sortir de sa poitrine. Ses jambes flageolèrent et il ne savait
pas quel miracle le maintenait debout.

Il essayait de comprendre ce qu’il venait d’entendre et tout se mélangeait. Des milliers de souvenirs
d’Albus et lui à Poudlard se fondirent les uns dans les autres et dans chacun d’eux, le sourire
d’Albus était là. Ses merveilleux yeux verts brillants de joie étaient là. Ses bras qui l’enserraient
après une victoire de Quidditch, ses mains qui l’attrapaient parfois au détour d’un couloir pour lui
montrer quelque chose, sa bouche qui chuchotait à son oreille pendant les cours ennuyeux de
Binns, son épaule réconfortante sur laquelle il avait pleuré la mort de sa mère.

La voix d’Albus le sortit du tourbillon de pensées dans lequel il était en train de se noyer.

— … Merlin, il est devenu tellement canon… Ce qui m’fait mal… C’est… c’est qu’il m’aimera
jamais comme ça et que j’sais pas quoi faire pour que ça change…

Albus l’aimait… Albus l’aimait en silence depuis quatre ans, pensait que ce n’était pas réciproque
et en souffrait. La bouche de Scorpius s’ouvrit d’elle-même et il bégaya le nom de son ami sans
même l’avoir voulu.

— A… Albus ?

Lily fut la première à se retourner et son regard s’éclaira de surprise quand elle vit Scorpius. Albus
la suivit une fraction de seconde plus tard et Scorpius croisa ses yeux verts.

— Oh putain de merde… jura Albus d’une voix blanche.

Albus se leva de sa chaise, suivi d’un petit boum sourd. Scorpius vit un livre à ses pieds.

— Non, non, Merlin, c’est pas possible.

— Al’… essaya Scorpius.

— Non, dis rien, s’te plaît, ne dis rien, bredouilla Albus.

La réalisation prit alors brutalement place dans le cœur de Scorpius. Il le regardait tourner en rond,
là, ses pieds nus foulant l’herbe courte du jardin parsemée de fleurs d’été – le jaune des boutons
d’or, le blanc des marguerites, le violet des trèfles – son corps habillé d’un short bleu et d’un t-shirt
blanc qui laissait apparaître sa peau mate déjà réchauffée par le soleil des vacances. Le roulement
des muscles sous sa peau, la lumière de l’après-midi qui irisait de reflets bleutés sa chevelure de
jais, ses mains délicates, qui dessinaient si bien, enfouies dans ses mèches noires, ses yeux aux
teintes d’émeraude qui le fuyaient.

Une flambée d’amour embrasa Scorpius et il frissonna violemment malgré la chaleur ambiante. Il
avait compris, enfin, ce qui, depuis toutes ses années, faisait d’Albus bien plus que le meilleur ami
rêvé.

— Albus !

Albus cessa de bouger et releva la tête vers Scorpius. Ses traits déformés par la peine lui
transpercèrent le cœur. Il s’approcha à pas lents d’Albus et s’arrêta aussi près de lui qu’il le
pouvait. Puis, il encadra son visage de ses deux mains, ses pouces effleurant ses hautes pommettes,
sa peau douce sous ses doigts. Il fixa son regard dans le sien, se perdit dans l’amour qu’il y voyait
maintenant. Cet amour auquel il avait été aveugle tout ce temps.

— Tu es vraiment un idiot, Albus Potter.

— Quoi ?

La voix d’Albus était trop aiguë, trop inquiète, à peine un couinement. Scorpius caressa la peau de
ses joues avec ses pouces et le regard d’Albus vacilla.

— Pourquoi est-ce que tu n’as jamais rien dit ?

— Je… Je…

Scorpius ne lui laissa pas le temps de répondre et posa sa bouche sur la sienne. Il sentit l’instant où
Albus comprit ce qu’il était en train de faire. Un petit bruit de contentement lui échappa et ses
mains agrippèrent avec force les pans de sa chemise à manches courtes. Scorpius se rapprocha
d’Albus sans cesser de l’embrasser, glissa ses mains sur ses épaules puis dans son dos et le serra
contre lui.

Quand il s’éloigna, les yeux d’Albus s’ancrèrent dans les siens, ils étaient humides et brillants.

— Scorp’ ? murmura-t-il.

— Je suis là…

Albus hoqueta et l’enferma dans une étreinte qui lui coupa le souffle, ses bras l’enserraient fort et il
sentait son cœur battre frénétiquement contre le sien.

— Scorp’ ?

— Oui, Al’, c’est moi. Je suis là.

— Oh, Merlin tout puissant… J’ai cru… J’ai cru qu’c’était un rêve…

Scorpius caressa avec douceur le dos d’Albus qui le serrait toujours aussi fort, comme s’il avait
peur qu’il disparaisse. La chaleur de son corps contre lui était agréable, l’odeur de son shampoing
lui était familière et sa respiration lui chatouillait le cou.

— Scorp’ ?

— Oui ? répondit Scorpius avec un rire discret.

— Tu m’as embrassé…

— Oui.

— Pourquoi ?

La question d’Albus avait été à peine audible, un simple souffle qui aurait pu s’envoler dans les
airs sans être entendu si Scorpius n’avait pas été enfermé dans son étreinte.

— Parce que c’est ce que j’avais envie de faire.

Albus desserra ses bras et s’éloigna un peu, laissant enfin Scorpius respirer plus confortablement.
Il n’avait pas eu le courage de lui demander de cesser ce câlin dont il semblait avoir besoin. Il
croisa de nouveau son regard, il était inquiet.
— Est-ce que… Est-ce que t’as tout entendu ?

— Je ne sais pas, mais j’en ai entendu assez, Albus.

Les joues d’Albus rougirent et il détourna les yeux.

— Hé… Al’…

Son regard revint vers Scorpius.

— Moi aussi, je t’aime.

— Hein ?

Scorpius éclata de rire.

— Je t’aime espèce d’idiot !

— Tu m’aimes ? Mais… mais… Quand ? Enfin, comment… ?

La bouche et le cerveau d’Albus ne semblaient plus connectés et Scorpius sourit avec tendresse. Il
était si mignon quand il perdait ses moyens comme ça. Pourtant ça n’arrivait pas souvent.

— Je ne sais pas. Sûrement depuis longtemps… Je ne m’en étais pas rendu compte en fait, avoua
Scorpius. C’est à cause de ce que tu as dit à Lily que j’ai compris.

— Putain… On est vraiment trop cons… lâcha Albus en riant.

Scorpius se pencha en avant et embrassa de nouveau Albus tout en souriant. Ils étaient en effet un
peu idiots d’avoir attendu tant d’années sans se parler de ce qu’ils ressentaient. Mais maintenant, ils
allaient pouvoir rattraper le temps perdu.

*******************

Être amoureux d’Albus était tout aussi aisé pour Scorpius qu’être son ami, il s’en rendit compte
rapidement. Tout était simple entre eux, depuis longtemps, et l’évolution de leur relation s’était
faite sans heurts. Ils profitaient des vacances d’été pour se voir le plus souvent possible, plus
souvent qu’ils ne le faisaient ces derniers mois. Leurs études leur prenaient du temps et Scorpius
avait réalisé après coup qu’Albus s’était lentement éloigné de lui pour moins souffrir de son amour
à sens unique. Ils en avaient parlé et Albus avait accepté de lui confier ce qu’il avait vécu en
silence pendant quatre ans.

Un soir, Scorpius décida d’inclure Albus dans son cercle de connaissances personnel, celui qui
s’était fait pendant ses études. Il les voyait régulièrement et ne voulait pas passer du temps sans
Albus alors qu’il pouvait faire autrement. Ils retrouvèrent un petit groupe avec lequel Scorpius
s’entendait bien dans un bar du Chemin de Traverse, un endroit fréquenté par les jeunes sorcier·es.

— Salut tout le monde ! lança-t-il à la cantonade. Voici Albus !

Albus fit un signe de la main au groupe et Scorpius le tira vers deux chaises libres autour de la
grande table. Il se pencha et lui demanda ce qu’il voulait boire. Puis il alla chercher les commandes
au bar en laissant Albus avec ses ami·es. Il avait bon espoir qu’iels s’entendent bien, la plupart se
connaissaient au moins de vue. Le monde sorcier était petit.

Quand il revint auprès du groupe, Albus était en train de parler.

— … depuis un mois environ. Mais on est inséparables depuis nos onze ans.

Il tourna la tête vers Scorpius quand ce dernier s’assit à table et le remercia à voix basse pour le
verre d’hydromel avant de lui sourire. Le cœur de Scorpius se réchauffa au sourire d’Albus,
comme chaque fois depuis cette après-midi où il avait compris ses sentiments pour lui. Il continuait
à se demander comment il avait pu être aveugle aussi longtemps, que ce soit concernant ce qu’il
ressentait ou bien les sentiments d’Albus. Ils avaient toujours été si proches, si fusionnels, qu’il
n’avait pas remarqué de changement dans son attitude, alors qu’il était impossible qu’il n’y en ait
pas eu.

— Mais… heu… Scorpius… Tu… Tu sors avec des mecs, toi ?

La question le tira des pensées dans lesquelles il s’était perdu, comme souvent quand il s’agissait
d’Albus, et cela ne datait pas du mois précédent.

— Ben oui. Pourquoi ?

— Oh, pour… pour rien, répondit Micha en rougissant.

— Non, mais vas-y, éclaire-nous ! cingla Albus. En quoi c’t’un problème que Scorpius sorte avec
des hommes ? On a hâte d’savoir c’que tu voulais vraiment dire.

Micha était rouge tomate et fuyait le regard dur qu’Albus avait fixé sur lui. Scorpius posa sa main
sur le bras d’Albus et lui demanda de ne pas insister. Il se moquait complètement de ce qu’on
pouvait penser de lui et de sa vie amoureuse. Il n’avait pas de préférence concernant le genre de ses
partenaires et il n’avait pas besoin de se justifier.

— Scorp’, il a pas à faire ce genre d’remarque !

— Mais je m’en moque Al’. Et puis il a compris, hein. N’est-ce pas, Micha ?

Micha hocha la tête frénétiquement et sembla vouloir se noyer dans son verre de bièraubeurre. Il y
eut quelques soupirs agacés à table, mais personne d’autre ne prit la parole. Scorpius commençait à
regretter d’avoir accepté cette soirée et d’y avoir emmené Albus. Il voulait simplement passer un
bon moment et découvrir ce genre d’homophobie ordinaire parmi ses ami·es était une grosse
déception.

Mais leur discussion n’était pas passée inaperçue auprès de la table juste à côté de la leur et
Scorpius perçut des remarques graveleuses. Un groupe de trois hommes, un peu plus âgés
qu’elleux, une collection de verres vides sur la table et l’air passablement ivre, les fixait et les
pointait du doigt.

Scorpius pivota un peu sur sa chaise pour leur tourner le dos, mais il continuait à les entendre. Le
regard dur et les lèvres pincées d’Albus lui apprirent qu’il n’était pas le seul.

— Hey, à ton avis, qui fait l’homme et qui fait la femme ?

La question avait été émise avec une telle force que toute la tablée à laquelle était Scorpius
sursauta et les regards convergèrent vers eux. Et ces regards étaient sans nul doute en colère.
Scorpius se sentit un peu rassuré de constater que même ses ami·es trouvaient ce genre de
remarque inacceptable. Albus se leva et se dirigea vers eux avant que Scorpius n’ait pu l’arrêter.

— C’est quoi ton problème, mec ‽

— J’t’ai pas invité à ma table, espèce de lopette !

— J’voudrais sûrement pas être invité à ta table ! répliqua Albus. Excuse-toi et on s’en tiendra là.

L’homme éclata de rire et tapa du plat de la main sur la table à plusieurs reprises. Scorpius se leva
à son tour et posa sa main sur l’épaule d’Albus.

— Viens, Al’. Ils sont bourrés, laisse-les dire leurs conneries.

— Sûrement pas ! J’veux bien passer l’éponge pour tes potes, mais pas lui.

— Et sinon quoi ? Tu vas m’taper ? ânonna l’homme entre deux éclats d’un rire bruyant et
malaisant.

Albus lâcha un bref rire sans joie et se pencha vers l’homme qui n’arrivait pas à apaiser son
hilarité. Ses deux comparses s’étaient mis à rire eux aussi et un coup d’œil circulaire apprit à
Scorpius qu’une partie des clients du bar les observait maintenant.

— Oh non. J’vais faire mieux que ça. Mon père est chef du bureau des Aurors et il s’fera un plaisir
de prendre ma déposition de plainte contre toi. T’as pas de bol, j’ai aussi des relations au
Magenmagot et grâce à des gens plus intelligents qu’toi, l’homophobie est punie par la loi.

Scorpius sentait la ligne des épaules d’Albus tendue sous sa main. Il avait les poings serrés le long
de son corps. Il avait craint pendant un moment qu’il lui tape dessus, mais Albus était plus
intelligent que ça. Albus défendait Scorpius avec toute sa détermination et cela le touchait.

Le rire des trois hommes s’éteignit au bout de quelques secondes et ils échangèrent des regards qui
semblaient perplexes derrière l’éclat vitreux dû à l’ivresse.

— J’te crois pas, sale petit pédé. On va t’régler ton compte si c’est c’que tu veux.

— Ça fait trois chefs d’accusation homophobe et j’ai six témoins ici pour corroborer ma
déposition. Scorp’, va chercher le gérant, s’te plaît. On va lui expliquer c’qui s’passe.

Le regard de l’homme changea aussitôt et il ferma la bouche qu’il avait rouverte un instant plus tôt.
Scorpius échangea un regard avec ses ami·es qui les observaient avec des yeux ronds sans pour
autant agir. Il s’éloigna à grandes enjambées et revint quelques minutes plus tard avec le gérant du
bar, un homme carré d’épaules, la quarantaine, les cheveux roux et une barbe fournie. Il ne savait
pas pourquoi Albus lui avait demandé cela, si jamais cet homme était dans le même état d’esprit
que ses clients, ça n’arrangerait pas leurs affaires.

— Il y a un problème ? demanda-t-il en arrivant à la table devant laquelle Albus se tenait toujours.


Oh, salut Albus !
Albus se détourna enfin de l’homme insultant et fit un léger sourire au gérant.

— Salut Seamus. Tes clients, là, sont de sales p’tites pourritures homophobes.

Scorpius vit le sourire avenant du gérant faner et son regard se durcir.

— Merlin, encore vous ! Putain, j’avais dit que vous aviez plus le droit de foutre les pieds dans
mon bar !

— Tu connais ces types ?

— Ouais, je les connais. Et ils vont dégager vite fait bien fait !

— Tu vas vraiment porter plainte ? lança d’une voix blanche l’un des deux hommes qui n’avaient
encore rien dit.

— J’vais me gêner, tiens ! Il semble que Seamus vous connaît, ça f’ra un témoin de plus et la
certitude que j’me trompe pas sur vos identités.

Les trois hommes avaient cessé de rire pour de bon. Ils se levèrent et quittèrent le bar en leur
envoyant des regards noirs. La tension se dissipa presque aussitôt et les conversations des tables
autour d’eux reprirent. Scorpius soupira avec lassitude. Ce n’était pas la première fois qu’il
subissait des remarques injurieuses et cela lui rappela pourquoi il préférait fréquenter des
établissements queer friendly quand il était dans une relation avec un passing homosexuel.
L’homophobie était partout, une vraie plaie.

La fin de la soirée se déroula dans une ambiance moins joyeuse que ce que Scorpius avait espéré,
même si le gérant du bar leur offrit à tous les deux toutes leurs consommations. Il rentra chez lui
avec l’esprit encombré par l’altercation, malgré tout fier et heureux qu’Albus les ait défendus avec
tant de ferveur.

*******************

Après la mauvaise expérience de la soirée au bar, Scorpius prit la décision de ne plus mêler les
différents pans de sa vie. Ses études d’un côté, sa vie privée de l’autre et de ce fait il préférait voir
Albus seul. Ce jour-là, il avait invité Albus chez lui pour flâner dans les immenses jardins du
Manoir Malefoy et dans la piscine. Il faisait chaud et se rafraîchir dans l’eau était agréable. La
moitié du bassin était à l’ombre d’un chêne centenaire, du côté le plus profond, et après avoir flotté
un peu au soleil, Scorpius s’était réfugié au frais. Il battait des pieds pour maintenir sa tête hors de
l’eau.

Il observa Albus venir vers lui avec lenteur, ses bras et ses jambes brassant l’eau mollement. Il
avait un sourire moqueur.
— T’es déjà fatigué ?

— Non, idiot, j’ai chaud !

— Ha ha, oui, protégeons ta douce peau d’albâtre du soleil, ricana Albus en lui envoyant une gerbe
d’eau dans le visage.

Scorpius s’essuya d’une main et sourit. Albus ne perdait jamais une occasion de l’embêter et
maintenant qu’ils étaient ensemble, il se retenait encore moins. Il se permettait des choses qu’il ne
pouvait pas faire avant. Comme ce regard affamé qu’il dardait sur Scorpius.

— Et si j’te donnais chaud sans aller au soleil, ça irait ?

— On est dehors, Al’…

— Et alors ? On est seuls ici, nan ?

Les garçons profitaient de l’absence fréquente du père de Scorpius pour son travail. Ils étaient plus
au calme au Manoir qu’au domicile des Potter où il y avait souvent James et Lily. Ce jour-là,
Drago Malefoy était parti au Ministère pour une affaire dont Scorpius ignorait tout et leur avait
laissé le champ libre. Il n’avait pas menti à son père sur leur relation et ce dernier n’avait pas fait
de remarque. Il avait simplement pris Scorpius à part le soir même, après qu’Albus soit rentré chez
lui, et lui avait demandé d’être prudent et de se protéger. Une discussion affreusement gênante,
mais que Scorpius comprenait, son père était juste inquiet pour lui.

— Oui… Normalement… Mais mon père peut revenir n’importe quand !

Albus s’avança en pataugeant, un sourire plein de promesses sur les lèvres. Il se colla à Scorpius et
l’encadra de ses bras qui attrapèrent le bord de la piscine. Puis il l’embrassa. La bouche d’Albus
était fraîche et mouillée.

Scorpius enveloppa le cou d’Albus de ses bras et, en s’appuyant sur lui pour d’approfondir le
baiser, glissa sa langue dans sa bouche. Albus le poussa contre le bord de la piscine et sa tête heurta
avec douceur le mur carrelé. Le corps d’Albus collé contre le sien, Scorpius céda et l’entoura de
ses jambes. Albus se frotta contre lui, le visage de Scorpius s’embrasa et son sexe tressauta dans
son maillot.

— Al’… Arrête… souffla Scorpius au bout d’un long moment.

— Pourquoi ? répondit Albus d’un ton coquin en embrassant la partie de son cou encore émergée.

Scorpius réfréna un gémissement.

— Albus… Je n’ai pas envie que tu me fasses jouir dans la piscine !

— T’es sûr ?

— Merlin…

Scorpius soupira, désespéré par l’obstination d’Albus. Pourtant, il se laissa faire et pencha même la
tête sur le côté pour lui donner plus de surface à embrasser.

— Scorpius !

Scorpius sursauta et se cogna la tête contre le mur carrelé de la piscine. Il grommela un juron et
repoussa Albus. Puis il sortit de l’eau en prenant appui sur le bord. Son père s’avançait vers eux à
grandes enjambées. Il entendit un bruit d’eau et Albus se posta à ses côtés.

— Bonjour Albus. Scorpius, tes grands-parents sont arrivés. Ils voudraient que tu restes pour dîner.

— Mais… Je devais sortir avec Al’ ce soir, tu le savais !

— Je sais, je suis désolé. Mais tu sais comment ils sont…

— Oui, je sais…

Scorpius était dépité. La soirée qu’il avait prévue avec Albus venait de partir en fumée, parce que
ses grands-parents avaient décidé de s’inviter au dernier moment. Il tourna la tête vers Albus et
croisa son regard, il n’avait pas l’air fâché par le changement de plan.

— Veux-tu dîner avec nous, Albus ? demanda subitement Drago.

— Heu…

— Tu n’es pas obligé de dire oui, Al’… On se verra demain de toute façon.

— Non, non, j’veux bien rester.

Scorpius était partagé entre la joie d’avoir son petit ami avec lui pour la soirée et la crainte de ce
qui pouvait se passer pendant ce dîner. Ses grands-parents n’étaient pas les personnes les plus
ouvertes d’esprit, iels étaient plutôt froid·es et n’aimaient pas particulièrement la famille Potter.
Scorpius les voyait assez souvent, mais il n’était pas proche d’elleux. Pas assez proche pour leur
parler de sa relation avec Albus. Et pourtant il n’avait pas envie de mentir à propos d’eux, il n’avait
pas envie de se cacher, il n’avait pas honte.

— Dîner dans une heure. Vous pouvez rester dans la piscine encore un peu, mais… hum… Soyez
discrets, d’accord ? Tes grands-parents pourraient sortir dans le jardin, si tu vois ce que je veux
dire Scorpius.

Scorpius hocha la tête en rougissant, il espérait que son père n’avait pas vu plus que leurs baisers.
Drago tourna alors les talons et retourna dans la grande maison, le soleil jouant dans sa longue
chevelure blonde tressée. Après un regard à Albus, Scorpius décida de rentrer lui aussi et de se
changer pour être présentable devant Lucius et Narcissa. Il prêta à Albus une chemise et un
pantalon en lin et ils restèrent dans sa chambre jusqu’au moment de manger.

À dix-huit heures précisément, Scorpius guida Albus dans les couloirs et les escaliers de marbre
jusqu’à la petite salle à manger, celle qu’ils utilisaient au quotidien avec son père. À deux dans cet
immense manoir, la plupart des pièces n’étaient que de la décoration. Son père ne vivait là que par
commodité et ne tenait pas particulièrement à investir la totalité des lieux. Narcissa et Lucius
avaient laissé le Manoir Malefoy à leur fils quand il s’était marié à Astoria et s’étaient installé·es
dans le nord de la France où le monde sorcier les laissait en paix. Ils revenaient dans le Wiltshire
plusieurs fois par an et logeaient dans la grande bâtisse quelques jours avant de repartir.

La salle à manger était éclairée par le soleil du soir qui rasait la cime des arbres du jardin. La baie
vitrée était ouverte sur l’extérieur et un vent légèrement frais faisait voleter les pans de la nappe
blanche qui couvrait la table. Il y avait cinq couverts dressés avec élégance, même si Scorpius
trouvait que cela faisait beaucoup trop de chichis quand il y avait plus qu’une fourchette et un
couteau. Leurs elfes de maison étaient habitués à dresser la table ainsi lorsque ses grands-parents
étaient présent·es.

À leur arrivée dans la pièce, ils attirèrent l’attention de Lucius qui se retourna vers eux. Scorpius
inspira le plus silencieusement possible et s’avança vers son grand-père pour lui serrer la main.
Comme à son habitude, le vieil homme portait une robe de sorcier ouvragée et s’appuyait sur sa
canne au pommeau d’argent. Il avait attaché ses longs cheveux blancs avec un ruban noir.

— Bonsoir Scorpius, mon garçon. Comment vas-tu ?

— Je vais bien, Grand-père, merci. Et vous ?

— Très bien, mon garçon, très bien. Qui est donc ton ami ?

Scorpius embrassa sa grand-mère sur la joue pour la saluer, notant au passage l’élégante robe verte
qu’elle portait avant de se tourner vers Albus qui était resté près de la porte. Il lui fit un signe et
Albus s’avança avec un sourire que Scorpius savait être faux.

— Albus Potter, Monsieur, se présenta Albus en tendant la main.

— Potter ?

La voix de Narcissa paraissait étonnée et Scorpius lui jeta un regard. Ce n’était pourtant un secret
pour personne qu’il était ami avec le cadet Potter depuis son premier jour à Poudlard et ses grands-
parents le savaient.

— Il s’agit du deuxième enfant de Harry Potter, Mère, intervint Drago en entrant dans la pièce.
Vous vous souvenez sûrement qu’il est ami avec Scorpius depuis Poudlard.

— Oh… Oui, en effet.

Scorpius n’avait cessé d’observer sa grand-mère et il savait qu’il devait avoir l’air inquiet. Cela
faisait quelque temps qu’elle présentait des troubles de la mémoire, mais c’était la première fois
qu’il s’en rendait vraiment compte. Il détourna son attention vers Albus qui venait de lâcher la
main de Narcissa.

— Albus est…

Il s’arrêta en plein milieu de sa phrase, hésitant. Ils en avaient discuté avant de descendre et Albus
était d’accord pour qu’il parle d’eux, mais Scorpius craignait une réaction négative. Il se demandait
si cela n’allait pas embarrasser son père qui avait déjà conseillé qu’ils soient discrets tout à l’heure.
Il avait peur de voir la déception dans son regard. Il croisa celui d’Albus qui le contemplait avec
tellement d’amour qu’il se décida.

— Albus n’est pas juste mon ami. C’est mon petit ami.

Un hoquet surpris échappa à Narcissa et Scorpius vit Lucius reculer d’un pas. Son visage ne
cachait pas le dégoût que cette annonce lui faisait ressentir. Scorpius serra les dents et tourna la tête
vers son père, effrayé de ce qu’il allait y trouver. Mais il lui fit un signe de tête et lui sourit. Le
soulagement dénoua le nœud à son estomac, savoir qu’il n’était pas déçu était le plus important.

— Scorpius ! Est-ce une farce ?

La voix de Lucius roula dans la salle à manger et gronda comme le tonnerre. Scorpius frissonna de
frayeur et se tourna vers son grand-père. Son regard gris, aussi froid que l’acier, le fit déglutir avec
difficulté. Il avait toujours pensé qu’il était intimidant, son père lui avait raconté qu’il était strict et
sévère, mais Scorpius ne l’avait jamais expérimenté en personne. Avec lui, bien que froid, Lucius
n’était pas effrayant, c’était juste un grand-père un peu effacé.
Du coin de l’œil, Scorpius vit Albus se rapprocher de lui. Il lui attrapa la main et la serra. Le pouce
d’Albus caressa le dos de sa main et Scorpius se sentit aussitôt plus fort. Il releva la tête fièrement
et soutint le regard de son grand-père.

— Non, c’est très sérieux.

— Tu ne peux pas être un pédéraste, Scorpius. Il en va de l’honneur de notre famille. Notre lignée
est trop importante pour que tu la souilles ainsi. Surtout avec un Potter !

Scorpius lutta contre la nausée qui lui tordait l’estomac. Les mots de son grand-père le rendaient
malade. Mais il ne voulait pas se taire et il ne pouvait laisser Albus se faire insulter. Ce dernier
l’avait défendu avec courage l’autre soir au bar, il pouvait le faire lui aussi. Et quitte à ce que
Lucius soit en colère, autant faire les choses bien.

— En fait… commença-t-il avec prudence. Je ne suis pas homosexuel, Grand-père.

Lucius ouvrit la bouche, mais Scorpius enchaîna :

— Il ne vous est sûrement jamais venu à l’esprit que le monde n’est pas aussi binaire que vous le
croyez. Le genre de la personne que j’aime n’a pas d’importance pour moi, j’aime les femmes,
j’aime les hommes, j’aime les gens qui ne se sentent ni l’un ni l’autre. En somme, je m’en moque.
Et en ce moment, j’aime Albus.

— Qu’est-ce que c’est encore que cette chose «ni l’un ni l’autre» ? Une nouvelle tare ? Tu
t’adonnes à ces pratiques déviantes, tu es homosexuel, ça ne me semble pas si compliqué. Et tu vas
me faire le plaisir de rapidement changer ça, d’ailleurs. Je n’accepterai pas que notre nom soit une
fois de plus traîné dans la boue à cause de tes perversions immorales. Personne de mon sang ne se
souillera par de telles ignominies, Scorpius, tu m’entends‽

— Père…

— Reste en dehors de ça, Drago !

Un froid polaire tomba sur la salle à manger réchauffée par le soleil d’été. Le silence plomba l’air.
Scorpius regarda avec horreur son grand-père qui venait de couper la parole à son propre fils avec
violence. La main d’Albus dans la sienne tremblait et il serra ses doigts plus fort.

— Non ! Vous, vous, Père, restez en dehors de ça. Vous n’avez aucun droit d’interdire à Scorpius
d’aimer Albus ou qui que ce soit d’autre. Soit vous l’acceptez, soit vous sortez de chez moi.

L’échange de regards entre Drago et Lucius fit reculer Scorpius. Il entraîna Albus à sa suite dans le
fond de la pièce sans les quitter des yeux. La colère sur le visage de son grand-père était
implacable et Scorpius sentit son cœur déborder d’admiration pour son père qui soutenait cette
vague de haine avec dignité et bravoure.

— Drago… murmura Narcissa.

— Mère, si vous êtes du même avis que Père, vous pouvez partir aussi, grinça Drago les dents
serrées.

— Tu ne peux pas décemment encourager cette tare, Drago, répondit Lucius. Ton fils jette le
déshonneur sur notre famille avec ces idées ignominieuses, ces pratiques répugnantes.

Albus tira sur la main de Scorpius pour attirer son attention et ce dernier se détourna de l’échange
entre son père et son grand-père.
— Dis-lui de laisser tomber, je vais partir, chuchota-t-il dans son oreille.

— Je crois que je ne peux plus faire grand-chose maintenant… Il a ce regard, là, il ne changera pas
d’avis.

Drago avait tendu le bras vers la porte de la pièce et s’était reculé pour demander à son père et à sa
mère de partir. Scorpius avait beau de pas être très attaché à elleux, il se doutait que cela coûtait à
son père de les sortir de leur vie. Il parlait peu de ses sentiments, mais Scorpius savait que Drago
aimait ses parents, d’une certaine façon, tout en ayant du ressentiment pour elleux à cause de ce qui
s’était passé pendant la deuxième guerre des sorciers.

Lucius n’avait pas bougé d’un cil et toisait toujours Drago. Scorpius se demandait s’il ne pouvait
pas simplement s’enfuir avec Albus le temps que l’orage s’éloigne.

— Dans ce cas, nous sommes deux à jeter le déshonneur sur notre famille. Scorpius et moi.
Maintenant, sortez de chez moi !

— Que…

— Dehors !

Scorpius vit Lucius se redresser sur sa canne et sortir d’un pas lent, le dos raide. Narcissa le suivit
sans même le regarder. Son père ferma la porte de la salle à manger derrière elleux et s’y appuya
en soupirant.

— Papa ! s’exclama Scorpius en se précipitant vers lui.

Son père lui ouvrit les bras et pour la première fois depuis longtemps Scorpius s’y jeta. Son père
n’était pas avare de câlins et Scorpius n’en avait jamais manqué dans l’enfance, mais les années et
l’âge adulte les avaient rendus rares. Enfoui dans l’étreinte de son père, Scorpius le sentit trembler
légèrement et il le serra plus fort. Il débordait d’amour et de fierté pour son père qui l’avait soutenu
avec un courage admirable.

Il resta ainsi un long moment, dans le silence de la pièce. Il entendait cependant le vent faire
bruisser les feuilles des arbres et les oiseaux pépier dans les branches. Puis il s’éloigna et croisa le
regard doux de son père. Les mêmes iris que celles de Lucius, la froideur en moins. Scorpius, lui,
avait hérité de la chevelure très blonde des Malefoy, mais ses yeux étaient plus bleus que gris.

— Merci, Papa.

— Ne me remercie pas, mon grand. Albus… Je suis désolé que tu aies assisté à ça.

— C’est… c’est rien, Monsieur Malefoy.

Albus avait la voix tremblante et paraissait perdu au fond de la salle à manger. Scorpius sentit une
vague d’amour pour lui le traverser avec violence. Il lui fit signe de les rejoindre et le serra dans
ses bras à son tour, il se nourrit de la chaleur de son corps contre le sien et de l’odeur de son
shampoing qui l’apaisait.

— Venez à table, on va quand même dîner.

Scorpius s’assit en bout de table entre son père et Albus et les elfes apportèrent une entrée qu’il
picora sans vraiment s’en rendre compte. Ce que son père avait dit à son grand-père ne cessait de
tourner et tourner dans sa tête, sans fin.
— Papa… Qu’est-ce que tu as voulu dire quand tu as dit qu’on était deux à jeter le déshonneur sur
la famille ? finit-il par demander.

— Hmm. Je voulais t’en parler depuis un moment, je ne savais pas comment aborder le sujet…

— Oui ?

— Je fréquente Théo depuis un an.

Scorpius sentit sa bouche se décrocher toute seule et il se força à la fermer pour ne pas avoir l’air
impoli. S’il y avait bien une personne qu’il n’aurait jamais pu soupçonner d’aimer les hommes, il
s’agissait bien de son père. Par ailleurs, il avait toujours dit qu’il ne voulait pas refaire sa vie après
la mort d’Astoria.

— Heu… Pardon, mais… Qui est Théo ? demanda Albus.

— C’est mon parrain. Il a été à l’école en même temps que nos parents…

Le silence était revenu dans la pièce et bien qu’il soit moins pesant que lorsque ses grands-parents
étaient encore là, Scorpius le trouvait désagréable. Il ne savait pas quoi dire pour désamorcer la
tension ambiante.

— Bon, ben bienvenu chez les pédés, m’sieur Malefoy ! s’exclama alors Albus en éclatant de rire.

Scorpius le regarda avec sidération et son père se mit à rire lui aussi. Alors Scorpius se laissa aller
à sourire tout en observant le visage rayonnant d’Albus. Ce visage heureux dont il était éperdument
amoureux.

Tout irait bien maintenant, il était avec Albus et son père acceptait leur relation. Mieux encore, il
la comprenait. Scorpius était heureux.

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