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ISBN : 978-2-251-91768-9
Nicolaus
Danielle
Michael
Cyra
Henry
Dennis
Lily
S
Titre
Copyright
Dédicace
Préface
Croquis et photographies
Glossaire
Abréviations
Postface
Bibliographie
Index
Avant-propos à l’édition française
Cette rencontre avec les jetons s’inscrit dans une série d’heureux
hasards dont le déclencheur fut, en 1964, l’offre d’un poste intéressant à
l’Université d’Harvard pour mon mari, Jurgen Schmandt. Nous avons
quitté l’Europe avec nos trois fils âgés alors de 7, 5 et 3 ans. Tout, dans
le Nouveau monde, nous semblait extraordinaire : les immenses gratte-
ciel, les glaces aux parfums si variés, la patience des automobilistes,
la richesse des bibliothèques, le base-ball, et surtout, l’importance
accordée par les États-Unis à la recherche scientifique. J’en ai bénéficié :
mon projet intitulé « Recherche Archéologique sur l’usage de l’argile avant
l’invention de la poterie au Proche-Orient » m’a permis d’obtenir un poste
de chercheuse au Radcliffe Institute. Située au cœur du beau campus du
College du même nom à Cambridge dans le Massachusetts, cette institution
avait la particularité d’être réservée aux femmes. Je garde un souvenir
ébloui du jour où Judith Brown, anthropologue à Harvard, m’y a invitée à
déjeuner. C’était sans doute un jeudi, jour où la douzaine de membres qui
composaient l’institut se réunissaient pour faire le point sur le travail
accompli au cours de la semaine. J’étais émerveillée : en face de moi se
tenait une jeune femme qui travaillait à un projet océanographique, à ma
droite une chercheuse en médecine, à ma gauche en biologie. Je me rends
compte aujourd’hui que cela m’avait paru d’autant plus remarquable qu’à
l’époque les chercheuses étaient rares. En ce qui me concerne, j’avais eu à
Ay une jeunesse choyée. La vie tournait autour de la marque de
champagne de la famille, Besserat de Bellefon : les vignes, le raisin,
le travail du vin, la fabrication des bouteilles, l’emballage et l’habillage. Au
sein de ma famille et parmi mes connaissances, j’étais la seule de ma
génération à embrasser une carrière de chercheuse. Je ne dirais pas que
mes proches en étaient fort enthousiastes ; au contraire, mes parents
s’efforçaient avec tact et gentillesse de faire valoir à mes yeux les vertus
de la femme au foyer.
Le choix de mon sujet de recherche m’avait été inspiré par un groupe
composé de professeurs, d’assistants et d’étudiants qui se réunissait
une fois par mois au MIT autour d’un dîner. Il était suivi d’une
présentation informelle des derniers travaux de l’un des participants sur
le matériau dont il était spécialiste – bronze, papier, verre, ambre, etc.
J’arrivais à chaque séance avec une longue liste de questions. Venant de
l’École du Louvre, mes connaissances archéologiques étaient basées sur
les grandes fouilles françaises : je devais impérativement assimiler
l’immense corpus des chantiers archéologiques américains et anglais. Je
prenais place de préférence aux côtés de David Kingery, spécialiste de
l’argile, ou de Cyril Smith, expert en métallurgie, lesquels, comme tous
leurs généreux collègues, semblaient ne jamais se lasser de répondre à
mes questions. Aussi me manquèrent-ils beaucoup lorsqu’en 1971 il me
fallut quitter Boston pour Austin, au Texas.
Maintenant que j’avais compris quelle était leur fonction, une question
s’imposait : les jetons pouvaient-ils nous éclairer sur la genèse de l’art de
compter ? En 1972 commença ma longue et passionnante enquête sur
l’invention et le développement du comptage. Je commençai par
la bibliothèque du département des mathématiques de l’Université du
Texas à Austin. J’en sortais avec des piles de livres d’histoire
des mathématiques qui m’initiaient aux grandes théories sur l’invention
du calcul. Je me plongeai ensuite dans les rapports d’ethnographie,
d’anthropologie et de linguistique où je découvris l’infinie variété
des façons de compter propres aux mille et une cultures de notre planète.
Finalement, je me tournai vers les psychologues et les neurosciences,
lesquels m’apprirent que les enfants d’aujourd’hui éprouvaient par
certains aspects les mêmes difficultés à appréhender la pluralité que nos
ancêtres du Néolithique. Ces diverses sources m’amenèrent à conclure que
les jetons aux formes multiples correspondaient à divers systèmes de
numérations à base de chiffres concrets, caractéristiques de bien
des sociétés archaïques. L’introduction du concept de comptage concret,
pour qualifier une phase de l’évolution de l’art de compter précédant
l’acquisition des chiffres abstraits au Proche-Orient ancien, a eu le mérite
de susciter d’importants débats.
Le lien entre jetons et écriture en revanche ne fut pas le fruit d’un long
labeur. Il m’a pour ainsi dire sauté aux yeux en 1976 lorsque j’ai ouvert
le volume intitulé Archaische Texte aus Uruk 2, dans lequel on trouve
940 des premiers signes d’écriture mésopotamienne tracés de la main
d’Adam Falkenstein. J’étais stupéfaite d’y voir surgir les croquis de
ces jetons simples ou complexes sur lesquels je m’étais posé tant de
questions et de voir ces derniers acquérir des significations au fil
des pages. Ils représentaient soit des denrées, comme de l’huile, du miel,
du pain, de la bière ou du lait de brebis, soit des matières premières,
comme le métal ou la laine, ou encore des marchandises comme
des textiles ou des vêtements, et enfin des animaux – mouton, vache et
chien. Par la suite, c’est grâce aux travaux de Jack Goody, Walter J. Ong,
Marshall McLuhan, Jerome S. Brunner, Suzanne K. Langer, Claude Lévi-
Strauss, David Olson parmi beaucoup d’autres que j’ai pu continuer jour
après jour à approfondir mes recherches et mes connaissances sur cette
prodigieuse invention qu’est l’écriture.
Rappelons que, selon la liste des rois sumériens, Enmerkar vécut vers
2700 avant J.-C., soit à une époque où l’écriture était communément
pratiquée depuis cinq cents ans – ce qui évidemment remet en question
la réalité de la contribution d’Enmerkar à l’invention de l’écriture !
Dans un autre poème sumérien évoquant Inanna, Enki et le transfert
des arts de civilisation d’Éridu à Uruk, l’écriture est considérée comme
l’un des cent éléments de base de la civilisation détenus par Enki, dieu de
la sagesse 8. Inanna convoite ces décrets divins (les Me) pour sa propre
ville, Uruk, et décide de se les procurer. Elle y parvient car Enki, dans son
ivresse, lui fait cadeau de tous les arts. Dans la version que propose Samuel
Noah Kramer, les choses se passent ainsi :
3. Les jetons
Le système des jetons est le précurseur immédiat de l’écriture
cunéiforme. Ces petits objets en argile de diverses formes – conique,
sphérique, discoïde, cylindrique, etc. – servaient de jetons au Proche-
Orient à l’époque préhistorique, et on les trouve dès la période
néolithique, à partir de 8000 avant J.-C. Ils ont évolué en fonction
des besoins de l’économie : d’abord utilisés pour comptabiliser
les produits de l’agriculture, avec la naissance des villes leur usage a été
étendu aux produits manufacturés dans les ateliers. Le développement
des jetons est lié à l’apparition de structures sociales spécifiques : il a
commencé avec l’émergence des sociétés hiérarchisées et connut son
apogée avec l’avènement de l’État.
Avec le développement de l’administration, on inventa des méthodes
pour archiver les jetons. L’une de ces méthodes faisait appel à
des enveloppes en argile, de simples boules creuses dans lesquelles on
plaçait des jetons avant de les sceller. Ces enveloppes avaient pour
inconvénient de dissimuler les jetons qu’elles contenaient. Les comptables
finirent par résoudre le problème en imprimant la forme des jetons à
la surface des enveloppes avant de les y enfermer, le nombre de marques
correspondant au nombre de denrées comptabilisées. Ainsi une enveloppe
contenant sept jetons ovoïdes portait sept marques ovales.
Le remplacement des jetons par des signes constitue une première
étape vers l’écriture. Les comptables du IVe millénaire comprirent bien
vite que les jetons placés à l’intérieur des enveloppes avaient été rendus
inutiles par la présence des marques imprimées sur leur face externe. En
conséquence, ces enveloppes creuses furent remplacées par des boules
d’argile pleines portant des marques : les tablettes. Ces marques
formèrent peu à peu un système qui évolua jusqu’à inclure non seulement
des marques imprimées à la surface des tablettes mais aussi des signes
plus lisibles tracés avec la pointe d’un calame. Ces deux types de symboles,
issus des jetons, étaient des signes-images ou « pictogrammes ». Toutefois,
ces pictogrammes n’ont rien à voir avec ceux qu’avait imaginés
Warburton. Ces signes n’étaient pas l’image des objets qu’ils
représentaient mais celle, en revanche, des jetons utilisés dans le système
comptable précédent.
Ce qui m’a particulièrement fascinée dans cette étude, ce fut
la découverte que le système des jetons était le reflet d’un mode archaïque
de comptage « concret » ayant précédé l’invention des nombres abstraits.
Il n’existait pas de jetons correspondant à « 1 » ou à « 10 ». Il fallait en
revanche un type de jeton spécifique pour comptabiliser chaque type de
denrée : on comptait les jarres d’huile avec des jetons ovoïdes, les petites
mesures de céréales avec des cônes et les grandes mesures avec
des sphères. Les jetons étaient utilisés selon une correspondance terme à
terme : une jarre d’huile était représentée par un jeton, deux jarres par
deux jetons, etc. La portée de cette découverte est immense : l’écriture
n’est pas le résultat des seules exigences nouvelles de l’administration
mais aussi de l’invention du comptage abstrait. Le fait le plus important,
c’est que contrairement à ce qui était supposé auparavant, le comptage
n’est pas subordonné à l’écriture : on a écrit parce qu’on a d’abord compté.
J’ai découvert les jetons par hasard. Tout a commencé entre 1969 et
1971, lorsque j’obtins une bourse de recherche du Radcliffe Institute
(aujourd’hui Bunting Institute) à Cambridge dans le Massachusetts, pour
étudier l’utilisation de l’argile avant les débuts de la céramique au Proche-
Orient. Je fus amenée à me rendre dans des musées au Proche-Orient, en
Afrique du Nord, en Europe et en Amérique du Nord pour y examiner de
manière systématique les collections archéologiques proche-orientales
d’objets en argile datant de 8000 à 6000 avant J.-C. Je cherchais
des fragments de sols en argile, de revêtement de foyer et de grenier,
des briques, des perles et des figurines datant du Néolithique et j’en
trouvais en abondance. Mais je découvris par ailleurs une catégorie
d’artefacts auxquels je ne m’attendais pas : des cônes, des sphères,
des disques, des tétraèdres, des cylindres miniatures ainsi que d’autres
formes géométriques en argile. Je relevai les diverses formes de ces objets
ainsi que leur couleur et les procédés de fabrication mis en œuvre pour
les réaliser. Je les comptai, les mesurai, j’en fis des croquis et les rangeai
dans mes dossiers sous la rubrique « objets de formes géométriques ». Par
la suite, quand il apparut clairement que ces artefacts n’étaient pas tous
de forme géométrique mais avaient parfois aussi des formes d’animaux, de
récipients, d’outils ou d’autres marchandises, la rubrique prit le nom de
« jetons ».
Ces jetons m’intriguaient de plus en plus car, partout où j’allais, que ce
soit en Irak, en Iran, en Syrie, en Turquie ou en Israël, ils étaient toujours
présents dans les assemblages d’objets en argile les plus anciens. S’ils
étaient aussi répandus, c’est qu’ils devaient avoir eu une fonction bien
utile. Je remarquais que les jetons étaient souvent fabriqués avec soin et
qu’ils furent les premiers objets d’argile à avoir bénéficié d’une cuisson.
Le soin apporté à leur élaboration confirmait leur importance. Ils
semblaient par ailleurs faire partie d’un système ; en effet, il y avait
des grands cônes et des petits, des disques épais et des minces, des sphères
de grande et de petite taille, il y avait même des fractions de sphères sous
forme de demi- et de trois-quarts de sphère. Mais à quoi ces jetons
servaient-ils ?
J’interrogeai les archéologues et j’appris que tous ceux qui avaient
fouillé des sites anciens en avaient trouvé dans leurs tranchées.
Cependant, personne ne savait ce que c’était. Je consultai des rapports de
fouille et remarquai que les jetons n’y étaient en général pas mentionnés
ou bien se trouvaient relégués sous des rubriques intitulées « objets
énigmatiques » ou « objets d’utilisation incertaine ». Les auteurs qui se
risquaient à fournir une interprétation attribuaient aux jetons la fonction
d’amulettes ou d’éléments de jeux. D’autres, comme Carleton Coon
demeuraient perplexes. Dans son rapport sur la fouille de la grotte de
Kamarband (Belt Cave) en Iran, il prend un ton enjoué pour mentionner
que : « Aux niveaux 11 et 12 apparaissent cinq mystérieux objets coniques
en argile, qui ne ressemblent absolument à rien si ce n’est à
des suppositoires. Quant à savoir à quoi ils servaient, les paris sont
ouverts 32 ! »
Les données que je collectais sur les jetons m’ont d’abord paru de peu
de conséquence, mais ce sont elles qui, par la suite, m’ont permis de
reconnaître l’importance de ces objets. Les informations concernant
les jetons du Néolithique se sont révélées être la pièce du puzzle qui au
final a permis la reconstitution du tableau tout entier.
4. Les archéologues
Il faut saluer les archéologues, à commencer par Jacques de Morgan à
Suse (1905) et Julius Jordan à Uruk (1929), pour leur travail de fouilles, de
conservation et pour avoir fait figurer les jetons dans leurs publications
malgré l’apparente insignifiance de ces derniers à l’époque. Vivian
L. Broman a pour sa part eu le mérite d’inclure dans ses travaux l’étude de
centaines de jetons provenant de Jarmo 33. Dans sa thèse, elle n’eut pas
d’autre choix elle non plus que de deviner, à partir de leur forme, ce
qu’avaient pu être ces objets. Elle attribua à chaque type de jetons
une fonction différente. Ainsi les cônes sont-ils à ses yeux des figurines
schématiques et les sphères des cailloux à lance-pierres ou bien des billes
à jouer. Ayant remarqué que les bergers irakiens d’aujourd’hui
comptabilisaient leurs animaux avec des cailloux, elle en déduisit que
les cônes, sphères et demi-sphères étaient peut-être des jetons 34. Mais à
l’époque, son hypothèse n’était étayée par aucun témoin archéologique.
Cependant, dès l’année suivante, on eut la preuve matérielle de
l’utilisation des jetons dans le Proche-Orient ancien.
Cette tablette creuse fut la pierre de Rosette du système. Les jetons (en
akkadien, abnu, pl. abnati, « cailloux » selon la traduction d’Oppenheim),
la liste d’animaux, et le texte explicatif en cunéiforme ne laissent aucun
doute sur la destination des jetons de Nuzi : ils servaient à la comptabilité.
Bien qu’on n’ait jamais trouvé d’autre exemple de tablette portant
des inscriptions en cunéiforme et renfermant des jetons, ni à Nuzi ni
ailleurs en Mésopotamie ou au Proche-Orient en général, Oppenheim en
conclut que les abnati étaient communément utilisés par l’administration.
Son raisonnement est le suivant : chaque animal faisant partie d’un
troupeau est représenté par un caillou enfermé dans un contenant ;
les jetons sont transférés d’un réceptacle à l’autre afin de conserver
la trace de changements de bergers ou de pâtures, ou à l’occasion de
tontes, etc. Oppenheim s’appuie sur de brefs messages rédigés en
cunéiforme concernant des abnati « déposés », « transférés » ou
« retirés », par exemple :
— Ces moutons sont chez PN ; les cailloux (qui s’y rapportent) n’ont
pas encore été déposés.
— Trois agneaux, deux jeunes boucs, la part de PN, ont été portés à son
compte (mais) pas déposés parmi les cailloux.
— Une brebis appartenant à PN, son caillou n’a pas été retiré.
— En tout, 23 moutons de Silwatesup, PN a apporté… leurs cailloux
n’ont pas été transférés.
— x brebis ont mis bas, sans les cailloux (qui s’y rapportent),
appartenant à PN 40.
Marcel Sigrist a trouvé d’autres textes faisant probablement allusion à
des jetons datant de la troisième dynastie d’Ur, vers 2000 avant J.-C. Par
exemple, on lit sur une tablette évoquant des bœufs : « Le reste du compte
a été placé dans la bourse de cuir » (en sumérien : Kus duIO-gan) 41.
Lorsque Oppenheim écrivit son article, personne ne savait à quoi
ressemblaient les jetons. Car bien sûr, les abnati mentionnés dans
les textes n’avaient fait l’objet d’aucune description et ceux qui se
trouvaient dans la tablette creuse de Nuzi avaient été perdus. Dans
le rapport de fouilles, ils sont désignés sous le vocable de « cailloux » et
aucune information n’est donnée quant à leur forme ou au matériau dont
ils sont faits 42. Ce fut Pierre Amiet qui apporta la deuxième pièce majeure
du puzzle.
1. CHERRY, Colin, On Human Communication, New York, John Wiley and Sons, 1957, p. 31.
2. POWELL, Marvin A., « Three Problems in the History of Cuneiform Writing : Origins,
Direction of Script, Literacy », Visible Language, 15, no 4, 1981, p. 419-420.
3. GELB, Ignace J., A Study of Writing, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 63.
4. SAMPSON, Geoffrey, Writing Systems, Stanford (CA), Stanford University Press, 1985,
p. 46-47.
5. JACKSON, Donald, The Story of Writing, New York, Taplinger Publishing Company, 1981,
p. 16-17.
6. KOMORÓCZY, Géza, « Zur Ätiologie der Schrift Erfindung im Enmerkar Epos »,
Altorientalische Forschungen, 3, 1975, p. 19-24.
7. COHEN, Sol, « Enmerkar and the Lord of Aratta », University of Pennsylvania, 1973,
p. 136-137. Pour la traduction française : « Sa parole : son message oral. ‘‘Lourd’’ au
sens de ‘‘magique’’, chargé d’influences redoutables qui en rendaient périlleuse
même la simple répétition. » Note de Raymond Riec-Jestin pour sa traduction du
poème d’En-me-er-kar parue dans la Revue de l’histoire des religions, tome 151, no 2,
1957, p. 145-220. Dans L’Histoire commence à Sumer, Kramer évoque plutôt
une difficulté d’élocution chez le messager ou bien la longueur du message (p. 53).
Vers 502-508. (ndlt).
8. FARBER, Gertrude, Der Mythos « Inanna une Enki » unter besondere Berücksichtigung der
Liste der Me, Studia Pohl, vol. 10, Rome, Presses de l’Institut biblique, 1973.
9. KRAMER, Samuel Noah, L’Histoire commence à Sumer, Flammarion, coll. « Champs »,
1993.
10. BURSTEIN, Stanley Mayer, The Babyloniaca of Berossus, Sources from the Ancient Near
East, vol. I, no 5, Malibu (CA), Undena Publications, 1978, p. 1-4.
11. HOOKE, Samuel H., Babylonian and Assyrian Religion, Londres, Hutchinson, 1953, p. 18.
12. EDZARD, Dietz O., « Nabu », dans HAUSSIG, Hans W. (dir.), Wörterbuch der Mythologie,
vol. I, Stuttgart, Ernst Klett Verlag, 1965, p. 106-107.
13. Exode 31 :18.
14. ASTLE, Thomas, The Origin and Progress of Writing, 2e éd., Londres, J. White, 1803, p. 12,
défend l’idée que l’écriture est antérieure aux Tables de la Loi car dans Exode 17: 14,
l’Éternel dit à Moïse : « Écris cela dans le livre. » Selon DOBLHOFER, Ernst, Voices in
Stone, New York, Viking Press, 1961, p. 14, certains considéraient le texte des Tables
de la Loi dans Exode 31: 18 comme « écrit de la main de Dieu », par opposition au
texte « écrit de main d’homme » dans Isaïe 8: 1.
15. DEFOE, Daniel, An Essay upon Literature, Londres, Thomas Bowles, 1726, page de titre.
16. V.-DAVID, Madeleine, Le Débat sur les écritures et l’hiéroglyphe aux XVIIe et XVIIIe siècles,
Paris, Bibliothèque générale de l’École Pratique des Hautes Études, VIe Section,
SEVPEN, 1965, p. 13.
17. WILKINS, John, Essay towards a Real Character and a Philosophical Language, Londres,
Gellibrand, 1968, p. 11.
18. WARBURTON, William, Divine Legation of Moses, Londres, Fletcher Gyles, 1738, livre 4,
p. 67, 70-71, 81, 139.
19. MALLET, Étienne (Abbé), « Écriture », dans DIDEROT, Denis et D’ALEMBERT, Jean Le Rond,
Encyclopédie, vol. 5, Paris, Briasson, David, Le Breton, Durand, 1755, p. 358-359.
20. GELB, A Study of Writing, p. 62.
21. BARTON, George A., The Origin and Development of Babylonian Writing, Baltimore, Johns
Hopkins University Press, 1913, p. XIV.
22. MASON, William A., A History of the Art of Writing, New York, Macmillan, 1928, p. 236-
237.
23. ATU 25, 52.
24. CHIERA, Edward, They Wrote on Clay, Chicago, University of Chicago Press, 1938, p. 50
et 58-60 ; ROUX, Georges, Ancient Iraq, Harmondsworth, Penguin Books, 1980, p. 80.
25. LEROI-GOURHAN, André, Le Geste et la parole, vol. I, Paris, Albin Michel, 1964, p. 269-270.
26. CHILDE, V. Gordon, What happened in History, édition revue, Harmondsworth, Penguin
Books, 1954, p. 93.
27. CHIERA, They Wrote on Clay, p. 51.
28. CLAIBORNE, Robert, The Birth of Writing, Alexandria (VA), Time-Life Books, 1974, p. 66 ;
HAMBLIN, Dora Jane, The First Cities, New York, Time-Life Books, 1973, p. 99.
29. CHILDE, What Happened, p. 87 ; MERCER, Samuel A. B., The Origin of Writing and Our
Alphabet, Londres, Luzac and Company, 1959, p. I.
30. LLOYD, Seton, The Archaeology of Mesopotamia, Londres, Thames and Hudson, 1978,
p. 55.
31. DIRINGER, David, The Alphabet, vol. I, 3e éd., Londres, Hutchinson, 1968, p. 24, 49.
32. COON, Carlton S., Cave Explorations in Iran, University Museum Monographs,
Philadelphie, University of Pennsylvania, 1949, p. 75.
33. BROMAN, Vivian L., « Jarmo Figurines », mémoire de maîtrise, Radcliffe College,
Cambridge, Massachussetts, 1958. Ce mémoire fut par la suite publié sous le titre
« Jarmo Figurines and Other Clay Objects », dans BRAIDWOOD, Linda S. et al. (dir.),
Prehistoric Archeology along the Zagros Flanks, Oriental Institute Publications 105,
Chicago, University of Chicago Press, 1983, p. 369-423.
34. BROMAN, « Jarmo Figurines », 1958, p. 58, 62, 63 ; JACOBSEN, Thorkild, Human Origins,
Selected Readings, sér. 2, 2e éd., Chicago, University of Chicago Press, 1946, p. 245.
35. OPPENHEIM, A. Leo, « On an Operational Device in Mesopotamian Bureaucracy »,
Journal of Near Eastern Studies, 18, 1959, p. 121-128.
36. STARR, Richard F. S., Nuzi, vol. I, Cambridge, Harvard University Press, 1939, p. 316-
317 ; LACHEMAN, Excavations at Nuzi, vol. 7, Economic and Social Documents, Harvard
Semitic Series, vol. 16, Cambridge, Harvard University Press, 1958, p. 88, no 311.
37. Il est probable que la tablette normale ait été destinée aux archives de Puhisenni et
l’enveloppe ovoïde au berger Ziqarru, lequel était sans doute illettré. Voir STARR,
Nuzi, p. 316-317 ; LACHEMAN, Excavations at Nuzi ; Tzvi Abusch explique pourquoi
les deux textes étaient archivés ensemble : ABUSCH, Tzvi, « Notes on a Pair of
Matching Texts : A Shepherd’s Bulla and an Owner’s Receipt », dans MORRISON,
Martha A. et OWEN, David I. (dir.), Studies on the civilization and Culture of Nuzi and the
Hurrians, Winona Lake (IN), Eisenbrauns, 1981, p. 1-9.
38. ABUSCH, « Notes », p. 2-3.
39. STARR, Nuzi, p. 316.
40. OPPENHEIM, « On an Operational Device », p. 125-126.
41. La forme sumérienne est passée en akkadien sous la forme tuk(k)annu
(renseignement obtenu directement de Marcel Sigrist). Le texte est publié dans
PETTINATO, G., PICCHIONI, S. A. et RESHID, F., Testi Economici Dell’Iraq Museum-Baghdad,
Materiali per il Vocabulario Neosumerico, vol. 8, Rome, Multigrafica Editrice, 1979,
pl. XLVIII, no 148 ; DHORME, P., « Tablettes de Drehem à Jérusalem », Revue
d’Assyriologie et d’Archéologie Orientale, 9, 1912, pl. I (SA 19).
42. STARR, Nuzi, p. 316.
43. AMIET, Pierre, « Il y a 5 000 ans les Élamites inventaient l’écriture », Archeologia, 12,
1966, p. 20-22.
44. Ibid., p. 22.
45. Amiet pensait que l’objet trouvé à Ninive était une enveloppe, mais il s’agissait en
fait d’une bulle pleine. AMIET, Pierre, Élam, Auvers-sur-Oise, Archée, p. 70.
46. M 43, p. 69.
47. AMIET, Pierre, L’Âge des échanges inter-iraniens, Paris, Éditions de la RMN, 1986, p. 76.
48. LAMBERT, Maurice, « Pourquoi l’écriture est née en Mésopotamie », Archeologia, 12,
1966, p. 30.
49. SCHMANDT-BESSERAT, Denise, « The Use of Clay before Pottery in the Zagros »,
Expedition, 16, no 2, 1974, p. 10-17 ; « An Archaic Recording System and the Origin of
Writing », Syro-Mesopotamian Studies, I, no 2, 1977, p. 1-32 ; « The Earliest Precursor of
Writing », Scientific American, 238, no 6, 1978, p. 50-58.
50. SCHMANDT-BESSERAT, Denise, « Tokens and Counting », Biblical Archeologist, 46, 1983,
p. 117-120 ; « Before Numerals », Visible Language, 18, no 1, 1986, p. 48-60.
PREMIÈRE PARTIE
TÉMOINS ARCHÉOLOGIQUES
CHAPITRE 1
Les jetons
1. Types et sous-types
Les jetons sont modelés d’après seize formes de base : (1) cône, (2)
sphère, (3) disque, (4), cylindre, (5) tétraèdre, (6) ovoïde, (7) quadrilatère,
(8) triangle, (9) forme biconique, (10) paraboloïde, (11) boudin replié, (12)
ovale/rhomboïde, (13) récipients, (14) outils, (15) animaux, (16) divers.
(Ces formes sont reproduites dans la troisième partie de l’ouvrage). Ils se
répartissent ensuite en sous-types en fonction de différences
intentionnelles de taille ou de l’ajout de marques. Cônes, sphères, disques
et tétraèdres, par exemple, se présentent invariablement sous deux tailles
différentes : « petit(e) » ou « grand(e) ». On trouve aussi des sphères sous
forme de fractions : demi-sphère ou trois-quarts de sphère. Ils portent en
outre diverses marques : lignes incisées, encoches, pointillés, appendices
pincés ou granules appliqués.
En raison de leur fabrication manuelle, la taille des jetons varie d’un
objet à l’autre et d’un site à l’autre. Ils mesurent en général de 1 à 3 cm.
Les cônes, sphères, discoïdes et tétraèdres appartenant au sous-type
« grand » font entre 3 et 5 cm.
3. Matériau
Le matériau le plus communément utilisé pour la fabrication
des jetons est l’argile. Au IVe millénaire avant J.-C., ils sont réalisés avec
une pâte très fine, probablement issue d’argile raffinée. Les traces
d’empreintes digitales fréquemment visibles à la surface des objets
indiquent qu’elle était travaillée à l’état très humide.
Les exemples de jetons simples en pierre, en bitume ou en plâtre sont
rares et les jetons complexes plus rares encore. Les jetons en pierre sont
souvent colorés. Ils sont en marbre rose, vert ou noir, en albâtre, en
ardoise, en grès brun ou en ocre.
4. Fabrication
La fabrication des jetons d’argile simples ne posait aucun problème :
on leur donnait leur forme en roulant un petit morceau d’argile entre
les paumes de la main ou en le pinçant entre les doigts. Toutes les formes
de jetons sont très faciles à réaliser : elles naissent spontanément entre
les doigts dès qu’on manipule de l’argile. Seule l’exécution des jetons
reproduisant des formes figuratives – récipients, outils et animaux
miniatures – nécessite un peu plus d’habileté. Les marques sont parfois
tracées avec l’ongle, le plus souvent à l’aide d’un instrument pointu, pour
les lignes et les stries notamment.
D’un site à l’autre, et même au sein des collections issues d’un même
assemblage, il existe de grandes différences dans le soin apporté à
la réalisation des jetons. La plupart sont modelés avec minutie : leur forme
est bien définie, les bords sont nets et précis ; mais certains, dont
les contours sont irréguliers, semblent faits à la va-vite. Les jetons en
pierre, dont l’exécution requérait beaucoup plus d’habileté et de temps
pour le polissage, sont en général l’œuvre d’artisans accomplis.
Faute d’un mode de cuisson approprié, les jetons de la période
néolithique sont souvent noirs à l’intérieur. La microscopie électronique à
balayage et l’analyse thermique différentielle ont confirmé que
la température de cuisson des jetons préhistoriques allait de 500 à
800 degrés. Les jetons du IVe millénaire avant J.-C. en revanche arborent
en général la même couleur beige rosé sur toute leur épaisseur, ce qui
témoigne d’une parfaite maîtrise du processus de cuisson.
Fig. 4. Assemblage comportant les principaux types de jetons,
Uruk, Irak. Avec l’aimable autorisation du Deutsches
Archaeologisches Institut, Abteilung Baghdad.
1. Types de sites
Les cinq sites qui virent l’apparition des premiers jetons vers
8000 avant J.-C. – Asiab et Ganj Dareh en Iran 2, Tell Aswad, Mureybet et
Cheikh Hassan en Syrie 3 – présentent de remarquables ressemblances
entre eux. Ce sont tous de petits hameaux constitués de huttes rondes très
caractéristiques. Les deux sites iraniens étaient semi-permanents tandis
que Mureybet, Cheikh Hassan et Tell Aswad abritaient des communautés
agricoles pleinement sédentarisées. Entre le VIIe et le IVe millénaire avant
J.-C., les jetons se répandirent à travers une grande diversité de sites. En
Iran, on a trouvé des jetons en argile à la fois dans la grotte de Kamarband
(habitée à l’époque néolithique) et à Tula’i, un campement de bergers
nomades 4. Cependant, la majorité des jetons simples proviennent de
villages sédentaires composés d’habitations rectangulaires, comme à
Jarmo en Irak.
Les jetons complexes en revanche sont associés aux ruines de villes
dotées d’une architecture publique monumentale. C’est le cas d’Uruk en
Irak, de Suse en Iran et d’Habuba Kabira en Syrie.
3. Structures
Les structures ayant livré des jetons sont de deux sortes : domestiques
et publiques. À Ali Kosh, on a retrouvé quelques jetons dans
des environnements domestiques où ils étaient associés à des outils en
silex et à des mortiers et pilons en pierre 10. Plutôt que de se trouver in situ,
ces jetons donnent l’impression d’avoir été mis au rebut à un moment où
l’habitation n’était plus utilisée. Il en va de même pour le site de Seh Gabi
où l’on a retrouvé des jetons éparpillés dans des habitations ordinaires –
ici à côté d’une jarre 11, là dans un foyer 12. Sur les sites de Tell es-
Sawwan 13, de Hajji Firuz 14 et de Gaz Tavila 15, les jetons étaient regroupés
dans des lieux de stockage. C’est aussi le cas sur le site de Ganj Dareh Tépé
où une grande quantité de jetons se trouvait dans des réserves situées
sous les habitations 16.
La découverte la plus intéressante sur le site de Hajji Firuz concerne
un ensemble de 6 cônes situés dans une structure ne montrant aucune
trace d’activités domestiques de type cuisine ou taille de silex 17. Ce
bâtiment diffère des autres habitations par d’autres aspects : il est plus
petit puisqu’il se compose d’une seule pièce au lieu des deux pièces
habituelles et il comporte des éléments inhabituels, notamment
une plateforme basse et deux poteaux érigés à l’intérieur 18. La structure
ayant livré le plus grand nombre de jetons sur le site de Hajji Firuz
remplissait une fonction particulière indéterminée. À Tell Abada,
la majorité des jetons, soit une quarantaine d’objets parfois entreposés
dans des récipients, ont été découverts dans le bâtiment A, le plus grand
bâtiment fouillé du site. Les dimensions de la construction et la présence
de tombes d’enfants en bas âge ont incité les fouilleurs à penser que cette
structure avait « une portée religieuse » 19.
Fig. 7. Cache de jetons trouvée dans un foyer, Uruk
(Oa XV 4/5), Irak. Avec l’aimable autorisation du Deutsches
Archaeologisches Institut, Abteilung Baghdad.
À Uruk, les jetons sont associés à certains des édifices les plus
remarquables du niveau V, à savoir le « Temple aux cônes de pierre » et
le « Temple calcaire », tandis que les tranchées creusées dans la ville ont
livré un nombre dérisoire de jetons. Une cache contenant 75 jetons a été
trouvée in situ dans le complexe monumental de l’Eanna (bâtiments F, G et
H, fig. 7). Ces structures, disposées à angle droit de chaque côté d’une cour,
sont caractéristiques de l’architecture monumentale de l’Eanna. Elles sont
construites selon un plan caractéristique : un hall central flanqué de
pièces plus petites dont la façade est ornée de niches. Soixante-
quinze jetons (61 sphères, 7 sphères de grande taille, 3 tétraèdres, 2 cônes
et 2 cylindres) reposaient sur le sol d’une pièce située au nord du bâtiment
H, dans un grand foyer de forme circulaire doté d’un long appendice de
type Pfannenstiel 20. Il est étonnant que des jetons aient été trouvés dans
des foyers à deux reprises, à Seh Gabi et à Uruk. On peut supposer qu’ils y
ont été placés intentionnellement en vue d’une cuisson. Il est également
possible et peut-être plus probable qu’ils se soient trouvés enfouis dans
la cendre avec d’autres détritus dont on voulait se débarrasser.
À Suse, les jetons ont également été trouvés dans l’enceinte du temple,
rassemblés dans un espace consacré aux ateliers et aux entrepôts. Roland
de Mecquenem par exemple indique que des bulles contenant des jetons
proviennent d’un lieu d’entreposage 21. Les structures en argile ornées de
cônes de grande taille étaient divisées en petits compartiments. L’une de
ces habitations était encore emplie de jarres à long col contenant
une substance poudreuse et noire.
Sept des habitations les plus vastes et imposantes d’Habuba Kabira ont
livré des jetons. Ces édifices, typiques de Sumer, se distinguent par leur
plan et leur cour centrale. La plupart d’entre eux ont livré d’autres
matériels administratifs : sceaux, cachets, bulles oblongues, enveloppes et
tablettes à encoches. Par ailleurs, outils en silex, poteries et fusaïoles
évoquent des occupations domestiques. Il est sans doute tout à fait
significatif que la porte sud de la ville, laquelle menait au Temple, ait livré
non seulement une quinzaine de jetons mais aussi un sceau-cylindre et de
nombreuses bulles oblongues.
En résumé, les jetons proviennent souvent de lieux d’entreposage,
mais ce qu’il convient de retenir, c’est leur présence dans des édifices
relevant de l’architecture non domestique dès le VIe millénaire avant J.-
C. Au fil du temps, ces bâtiments publics ont pu prendre la forme d’un
« temple », comme à Uruk, ou d’une porte de ville comme à Habuba
Kabira.
4. Dépôts de jetons
Les jetons sont souvent trouvés en groupes de 2 à 100 unités. À Gaz
Tavila, on a trouvé 35 cônes et 1 sphère nichés dans une réserve 22. Ganj
Dareh Tépé a également livré de nombreux petits trésors comportant de
2 à 37 jetons divers, serrés dans des logettes de stockage. On a trouvé à Tell
Abada 11 ensembles de 4 à 16 jetons 23. Enfin, c’est à Uruk que l’on a mis au
jour la cache comportant les 75 jetons en forme de sphères (petites et
grandes), de cônes, de tétraèdres et de cylindres mentionnés plus haut. Il
est par ailleurs presque certain que les 155 jetons provenant du niveau IV
de l’Eanna aient fait partie d’un même ensemble.
Les ensembles de jetons trouvés dans les édifices d’Habuba Kabira sont
notablement réduits. L’habitation qui en a livré le plus grand nombre n’en
contenait que 21, répartis sur cinq pièces par groupes de neuf au plus. Mis
à part l’habitation no 2, qui ne contenait que des ovoïdes incisés,
les assemblages se composent tous de divers types de jetons. En résumé, il
apparaît que la comptabilité tenue à l’aide des jetons portait en général
sur de petites quantités de marchandises diverses.
5. Contenants
À Tell Abada, certains jetons étaient conservés dans des écuelles ou
des jarres en terre, d’autres ont été trouvés sur le sol 24. Sur la plupart
des autres sites, les jetons se trouvaient sur le sol des édifices ou
des édicules de stockage. Dans la mesure où on les a découverts en tas
compacts, on peut supposer qu’ils étaient placés dans un récipient qui
s’est désintégré avec le temps sans laisser de trace. On les conservait sans
doute dans des paniers, des boîtes en bois ou des bourses en cuir ou en
tissu. Des textes datant de la troisième dynastie d’Ur, vers 2000 avant J.-
C. contiennent de possibles références à l’utilisation de sacs de cuir pour
contenir les jetons. Marcel Sigrist a repéré une tablette mentionnant
« 1 492 bœufs gras dans le sac de cuir », ce qui d’après lui, signifie « jetons
représentant 1 492 bœufs archivés dans un sac de cuir » 25.
6. Objets associés
Au VIIIe millénaire avant J.-C., l’apparition des premiers jetons
coïncide avec la production alimentaire. Les liens entre calcul et
comptabilité d’une part et agriculture de l’autre sont particulièrement
bien illustrés à Mureybet. L’apparition des jetons (au niveau III)
correspond à une augmentation massive de la quantité de pollen de
graminées céréalières, laquelle témoigne du fait que des céréales sont
désormais cultivées alors qu’on récoltait encore des céréales sauvages à
l’époque correspondant aux niveaux inférieurs (II et I) où les jetons
n’étaient pas encore en usage. Avec Mureybet III sont également apparus
de vastes silos rectangulaires destinés à stocker des céréales 26. Enfin,
le site a connu une expansion rapide, reflet de l’augmentation de
la population 27. À Ganj Dareh Tépé, Tépé Asiab, Tell Aswad et Cheikh
Hassan, la subsistance dépendait également de la consommation de
céréales. En revanche, aucun des cinq sites, à l’exception peut-être de
Tépé Asiab 28, ne recèle de vestiges osseux témoignant d’une
domestication animale. Entre le VIIe et le début du IVe millénaire avant J.-
C., les jetons restent propres aux communautés agricoles. Apparemment,
ils ne sont pas liés au commerce en général ni à celui de l’obsidienne en
particulier. Il n’y avait pas d’obsidienne à Ganj Dareh Tépé qui pourtant a
livré de nombreux jetons. Mureybet I et II utilisaient le précieux verre
volcanique avant l’apparition des jetons.
Au IVe millénaire avant J.-C., les assemblages de jetons complexes
les plus importants – Uruk et Tello en Irak, Suse et Choga Mish en Iran, et
Habuba Kabira-Tell Qannas en Syrie – sont remarquablement similaires.
Bien que distantes de plusieurs centaines de kilomètres, ces villes
partageaient une même architecture monumentale qui se caractérisait par
une décoration à base de niches et de mosaïques de cônes d’argile 29.
Les assemblages comportent en outre des vases en terre identiques par
leur forme et leurs décorations particulières, notamment des jarres à
quatre anses ornées de motifs incisés et peints 30. Tous les sites recelaient
en outre un grand nombre d’écuelles à bord biseauté de facture grossière
ayant pu servir de mesure pour la distribution de rations alimentaires 31.
Les sceaux et cachets des cinq villes sont similaires par leurs motifs. On y
reconnaît la silhouette barbue du « roi-prêtre » mésopotamien, l’En, vêtu
de sa tenue caractéristique : une longue jupe taillée dans une sorte de
résille et une coiffe ronde 32. Enfin, à l’exception de Tello, les cinq sites ont
livré non seulement des enveloppes contenant des jetons mais aussi
des tablettes à encoches. Les traits propres à l’ensemble des assemblages
des sites ayant livré des jetons complexes – la figure du roi-prêtre,
une architecture publique monumentale, des mesures, des sceaux et
des jetons complexes – évoquent une bureaucratie bien organisée. Ils
témoignent de l’existence d’une institution économique puissante dirigée
par un En exerçant dans des édifices publics décorés de mosaïques faites
de longs cônes d’argile dont la base était peinte de diverses couleurs, et
adossée à un système de contrôle des marchandises à base de cylindres,
d’écuelles à bord biseauté et de jetons complexes.
Il est significatif que l’architecture ornée de mosaïques de cônes
d’argile, les écuelles à bord biseauté, les sceaux-cylindres et le motif de
l’En soient d’origine mésopotamienne mais étrangers à l’Iran et à la Syrie.
Ce sont en fait des traits emblématiques de l’enceinte de l’Eanna à Uruk.
De ce point de vue, il est sans doute tout à fait révélateur que l’importante
collection de jetons du niveau IV soit associée aux mosaïques de cônes
d’argile qui furent les premiers témoignages de la présence d’édifices
publics décorés dans le quartier de l’Eanna 33. Tandis que l’agriculture
constitue le principal dénominateur commun aux sites ayant livré
des jetons simples, les villes où l’on a trouvé des jetons complexes
partageaient une même bureaucratie étroitement liée à la Mésopotamie
méridionale.
7.1. SITES
Du VIe au IVe millénaire avant J.-C., des jetons étaient parfois déposés
dans les sépultures. On a trouvé des jetons dans un contexte funéraire sur
cinq sites : à Tell es-Sawwan, Arpachiyah et Tépé Gawra au nord de
la Mésopotamie 34 et à Tépé Guran et Hajji Firuz en Iran 35. Cette coutume
était donc répandue sur une vaste aire géographique et ne saurait être
considérée comme une pratique locale.
7.2. SÉPULTURES
7.3. JETONS
1. Cordons de jetons
1.1. JETONS PERFORÉS
Certains jetons sont perforés sur toute leur épaisseur (fig. 9).
La répartition géographique et chronologique de ces objets perforés
indique que cette pratique n’était pas généralisée mais était réservée aux
assemblages de jetons complexes. La répartition géographique des jetons
perforés coïncide quasiment avec celle des jetons complexes. On ne trouve
pas de spécimens perforés en Turquie ou en Palestine, mais on en trouve
sur certains sites d’Irak, d’Iran ou de Syrie. On trouve quelques exemples
de jetons perforés dans les collections de jetons simples des périodes
les plus anciennes mais ils sont particulièrement nombreux au
IVe millénaire avant J.-C. Il y a par exemple 119 jetons perforés à Uruk, soit
14,7 % de l’assemblage, 189 à Suse (27 %) et 118 à Habuba Kabira (84 %).
2. Enveloppes
2.1. L’OBJET
Les enveloppes sont des boules d’argile creuses de 5 à 7 cm de
diamètre et de forme sphérique ou ovoïde (fig. 12). Leur fabrication était
simple : les empreintes digitales visibles à l’intérieur montrent que
la cavité destinée à recevoir les jetons était formée en enfonçant le doigt
dans une boule d’argile afin d’y creuser un trou. La couleur rouge de
certaines enveloppes montre que ces objets étaient cuits. On a obtenu
confirmation que les enveloppes subissaient une cuisson grâce à
la microscopie électronique et à l’analyse thermique différentielle
pratiquées sur un échantillon provenant de Suse 9. Comme les jetons,
les enveloppes étaient cuites à basse température, soit environ 700 degrés.
2.3. CHRONOLOGIE
2.4. CONTEXTE
Les enveloppes ont été trouvées dans des états de conservation divers.
Environ 80 d’entre elles sont encore intactes et recèlent donc un nombre
inconnu de jetons. Plusieurs des pièces trouvées intactes ont été ouvertes
grâce à diverses méthodes afin d’en découvrir le contenu (tableau 1).
Quatre enveloppes provenant de Suse ont été percées à l’aide d’un
couteau 30 tandis que le spécimen provenant de Tépé Yahya a été ouvert
avec précaution à l’une de ses extrémités. On ne dispose donc que de 5
enveloppes dont on connaît le contenu avec certitude, soit 3 % de
l’assemblage connu.
D’autres enveloppes ont été brisées au cours de l’antiquité sans pour
autant se trouver dissociées de leur contenu, total ou partiel, de jetons
(tableau 2). On trouve 19 cas de ce type à Suse, il y en aussi à Chogha Mish,
en nombre indéterminé, 5 à Uruk et 2 à Habuba Kabira 31. À Farukhabad,
l’enveloppe brisée a été séparée de son contenu mais la marque d’un
tétraèdre reste visible sur sa paroi intérieure 32. Enfin, 5 ensembles
de jetons appartenaient à des enveloppes écrasées (tableau 3). Le premier
ensemble provient d’Uruk et se compose de 52 unités 33, le deuxième vient
de Chogha Mish et en comporte 61 34, les trois ensembles de Suse se
composent respectivement de 14, 7 et 4 jetons 35.
Le recours à la radiographie pour explorer le contenu des différents
spécimens de Chogha Mish 36, Suse 37, Dhahran et Dumah (tableau 4) n’a
pas abouti. Les jetons étant serrés les uns contre les autres, ils se font
écran et il est difficile d’en calculer le nombre avec précision. Il est par
ailleurs impossible de déterminer avec certitude si telle forme circulaire
correspond à une sphère ou à un disque. Enfin, les marques d’incision et
les pointillés n’apparaissent pas à la radiographie.
2.7. MARQUES
Tablettes à encoches
1. Quantité
Le nombre total de tablettes à encoches entières ou fragmentaires
entrant dans le cadre de mon étude s’élève à 240. La majorité, soit environ
150 spécimens, provient d’Iran. Les 90 tablettes de Suse ont été retrouvées
au fil de campagnes de fouilles successives entre 1912 et 1977 2. Quarante-
deux spécimens ont été exhumés à Godin Tépé 3, 13 à Sialk 4, et 1 à Tall-i-
Ghazir 5. Pour Chogha Mish 6, 6 tablettes à encoches, sur un nombre
indéterminé, ont fait l’objet d’une publication. Le nombre de spécimens
irakiens s’élève à environ 67. On dispose d’informations sur 65 tablettes à
encoches provenant d’Uruk 7. Il existe un spécimen unique provenant de
Khafaje 8 et un fragment de Ninive 9. Vingt-cinq tablettes proviennent de
Syrie, dont 10 de Habuba Kabira 10, 13 de Jebel Aruda 11, 1 de Tell Brak 12 et 1
de Mari 13.
Carte 3. Répartition des tablettes.
2. Contexte
Sur les sites où l’on trouve à la fois des tablettes à encoches et
des enveloppes, les deux types d’objets appartiennent au même contexte.
À Suse, tablettes et enveloppes étaient situées dans le même endroit de
l’Acropole, parfois même dans le même édifice et la même pièce ; dans
un cas, on les a trouvées dans le même contenant 14. Le bâtiment 2 à
Habuba Kabira a livré à la fois des tablettes à encoches et
des enveloppes 15. À Uruk, 40 tablettes et 25 enveloppes provenaient du
quartier de l’Eanna. Vingt autres tablettes ont été découvertes dans
la ziggourat d’Anu, second sanctuaire le plus important d’Uruk, où jusqu’à
présent aucune enveloppe n’a été retrouvée. Plusieurs de ces tablettes se
trouvaient in situ sur le sol du « Temple Blanc » 16.
En règle générale, les tablettes à encoches se trouvaient, comme
les enveloppes, dans le quartier des temples et dans les bâtiments
administratifs. À Godin Tépé, la plus importante cache contenant
des tablettes se situait dans le bâtiment qui gardait l’entrée de l’enceinte,
et un second groupe provenait d’un important édifice qui avait sans doute
une fonction officielle 17.
3. Chronologie
On peut diviser les tablettes à encoches en trois groupes consécutifs
étroitement liés qui se sont succédé au cours d’une période située entre
3500 et 3000 avant J.-C. Le premier groupe date d’environ 3500 avant J.-
C. et comprend les tablettes à encoches de Suse 18 et de Habuba Kabira.
Certaines tablettes du Temple de l’Eanna et de Choga Mish pourraient
également appartenir à la période d’Uruk VI.
Les tablettes de Suse 17 datent d’entre 3300 et 3100 avant J.-C. Elles
sont contemporaines des 29 tablettes du « Temple Rouge » d’Uruk et de
celles de la ziggourat d’Anu à Uruk IVa 18. On peut inclure dans ce
deuxième groupe les 43 tablettes de Godin Tépé 19, y compris l’unique
spécimen comportant un signe incisé, ainsi que le groupe provenant de
Jebel Aruda que la datation au carbone 14 fait remonter à 3200 avant J.-
C. environ 20.
Les tablettes de Sialk et de Tall-i-Ghazir, associées à des écuelles à bord
biseauté (de type « Blumentopf »), à des sceaux proto-élamites et à
des jarres à anses et à décor de cordon appliqué, appartiennent au
troisième groupe, que l’on situe autour d’Uruk III et de Suse 16, soit vers
3100 à 3000 avant J.-C. L’empreinte sigillaire figurant sur la tablette de
Ninive évoque une date similaire bien qu’on l’ait attribuée au niveau V,
c’est-à-dire à une période située entre 2900 et 2500 avant J.-C. 21.
La chronologie des tablettes à encoches est importante car elle
démontre clairement que les signes imprimés ont précédé
les pictogrammes de quelque deux cents ans, soit environ huit
générations. On ne connaît pas de textes pictographiques contemporains
du groupe le plus ancien de tablettes à encoches provenant de Suse 18 et
d’Uruk VI-IVc. Le témoin le plus ancien d’écriture pictographique
provient d’un groupe de tablettes retrouvées sur le sol du Temple C, à
Uruk Oc XVI 3 : « Sur le sol, par-dessous les éboulis du toit de la longue
pièce en T du Temple C, au niveau IVa. » Ces 7 tablettes peuvent remonter
à une période comprise entre Uruk IVb 22 et Uruk IVa 23. Ainsi, comme on
le constate à Godin Tépé 24 et à Sialk, où l’on a trouvé les deux types de
tablettes ensemble 25, la coexistence entre les deux types d’écriture a
débuté entre 3300 et 3100 avant J.-C., pendant la période du second groupe
de tablettes.
4. Description
Toutes les tablettes sont en argile, à l’exception de 22 spécimens en
plâtre retrouvés dans la ziggourat d’Anu à Uruk 26. Les tablettes, de petite
taille, tiennent parfaitement dans la main. En moyenne, elles font 5 cm de
large, 4 cm de long et 2 cm d’épaisseur. Elles sont modelées selon diverses
formes et avec l’absence de standardisation caractéristique d’un art à ses
débuts. Certaines sont de forme ovale, d’autres de forme plus ou moins
ronde, carrée ou quadrangulaire. Leur profil est lui aussi très variable :
tandis que la plupart des spécimens sont convexes, certains sont plats et
d’autres plano-convexes. Nombre de ces documents sont authentifiés par
l’apposition d’un sceau. L’empreinte des sceaux recouvre les signes
imprimés, ce qui signifie que les tablettes étaient inscrites avant d’être
cachetées.
5. Signes
Par souci de clarté, j’appelle signes les notations inscrites sur
les tablettes et marques celles que l’on trouve sur les enveloppes. On
trouve 17 signes différents sur les tablettes à encoches.
1. Encoche courte
A. petite (fig. 18).
B. grande (fig. 19).
C. avec cercle inscrit (fig. 20).
D. de côté.
E. aux pointes affrontées (fig. 21).
5. Encoche ovale
6. Encoche triangulaire
A. simple.
B. incisée (fig. 22).
Fig. 18. Tablette portant une ligne de quatre signes circulaires
suivie d’une ligne de quatre petites encoches, Godin Tépé (Gd 73-
19), Iran. Avec l’aimable autorisation de T. Cuyler Young, Jr.
A. Un jeton isolé.
B. Le même jeton enfermé dans une enveloppe sans marques.
C. La marque correspondante à la surface d’une enveloppe.
D. Le signe correspondant imprimé sur une tablette.
E. L’apparition sur une tablette pictographique sous forme de signe
imprimé, de pictogramme incisé ou de signe imprimé ou incisé.
F. Proposition de traduction.
que l’argile était sèche et qu’il n’était plus possible d’y marquer
l’empreinte des jetons.
2b. Grand cercle
A. Grande sphère, type 2 : 2.
B. Enclose dans une enveloppe sans marques : Chogha Mish 79, Suse 80.
C. Enveloppe avec marques : aucune.
D. Signe imprimé : Suse 81, Habuba Kabira 82, Jebel Aruda 83.
E. ATU 913/ZATU N-45 (imprimé)
F. Unité de système de mesure de céréales (10 bariga ?) 84.
2c. Demi-cercle
A. Demi-sphère, type 2 : 24.
B. Enveloppe sans marques : aucune.
C. Enveloppe avec marques : aucune.
D. Signe imprimé : Godin Tépé 86, Sialk 87.
4. Encoche longue
A. Cylindre, type 4 : 1.
B. Enveloppe sans marques : Suse 113, Uruk 114.
C. Enveloppe avec marques : Suse (fig. 15) 115.
D. Signe imprimé : Godin Tépé , Habuba Kabira , Jebel Aruda , Suse
116 117 118
5a. Ovale
A. Ovoïde, type 6 : 1.
B. Enveloppe sans marques : Uruk 123.
C. Enveloppe avec marques : aucune.
D. Signe imprimé : Chogha Mish 124, Habuba Kabira 125, Jebel Aruda 126.
Les jetons les plus répandus, cônes, sphères, disques et cylindres que
l’on trouvait dans tout le Proche-Orient, sont à l’origine des signes
imprimés les plus courants. Ces jetons, y compris les cônes et les sphères à
point, que l’on trouve dès les tout premiers assemblages de Tépé Asiab et
Ganj Dareh Tépé et sans discontinuité jusqu’au IVe millénaire avant J.-C.,
font partie des formes de jetons les plus anciennes.
Ce qui est peut-être plus significatif encore, c’est que les cônes,
les cônes à point, les sphères, les disques et les cylindres font partie
des sous-types que l’on trouve le plus souvent dans les enveloppes et par
conséquent aussi ceux que l’on trouve le plus communément traduits par
des marques imprimées à la surface de ces enveloppes. Ainsi il apparaît
que la manière dont les jetons étaient archivés a déterminé l’écriture qui
en a découlé.
L’impression de signes est la plus ancienne et la plus rudimentaire
des deux premières formes d’écriture. Le principal inconvénient de
la technique de l’empreinte tient au fait que les formes des jetons
prototypes deviennent difficiles à distinguer les unes des autres : par
exemple des jetons de formes différentes comme des cônes et
des cylindres ou bien des disques et des sphères, se transcrivent
respectivement par des encoches et des signes circulaires qui se
ressemblent beaucoup. Les signes étaient donc identifiés par leur contexte
plutôt que par leur forme. Ainsi les encoches, courtes ou allongées,
représentant des cônes et des cylindres se distinguent par leur position
sur la tablette : les encoches allongées sont systématiquement placées sur
le bord de la tablette 136 tandis que les encoches courtes sont tracées en
son centre 137. Les signes circulaires formés à partir des sphères et
des disques lenticulaires se distinguent grâce à leur association avec
d’autres signes : ceux qui sont combinés avec des encoches courtes
représentent des sphères 138 tandis que ceux qui représentent des disques
lenticulaires sont combinés avec des encoches allongées 139.
Les sphères à incision courte (type 2 : 7) 140 et les triangles incisés (type
8 : 11) sont les prototypes de signes imprimés/incisés. Ces signes sont très
importants car ils témoignent du rapport étroit entre signes imprimés et
signes incisés. Ils sont la preuve indubitable que les pictogrammes incisés
constituent la troisième et dernière étape de la transition des jetons vers
l’écriture. Le triangle incisé est particulièrement intéressant dans
la mesure où l’on peut suivre son évolution en quatre étapes : (1) jeton
complexe, (2) signe imprimé, (3) signe imprimé/incisé et (4) pictogramme.
Bien que les triangles incisés fassent partie des sous-types les plus
courants parmi les jetons complexes du IVe millénaire avant J.-C., aucun
n’a été trouvé dans une enveloppe jusqu’à présent. La « bulle d’argile
pleine » de Suse porte l’empreinte de triangles incisés 141. Le signe
imprimé/incisé qui lui a succédé a été réalisé en ajoutant une marque
incisée à l’empreinte d’un jeton triangulaire (fig. 22) 142. Enfin est apparu
le pictogramme ATU 900.
Les jetons simples, qui sont à la fois les plus répandus et les plus
anciens, représentent des quantités de denrées de base – céréales et
bétail – ou des mesures de superficie. Ils ont produit des équivalents sous
forme de séries de signes imprimés, la première correspondant à
des unités métrologiques réservées aux céréales, la seconde à
des quantités d’animaux, et la troisième à des superficies agraires.
Les jetons/signes appartenant à ces trois séries ne se trouvent pas souvent
combinés dans une même enveloppe ou sur une même tablette. Dans
un cas cependant, des disques lenticulaires étaient associés à des cônes
dans une enveloppe provenant de Suse 174 ; peut-être s’agissait-il de
comptabiliser le fourrage alloué à un certain nombre d’animaux.
En somme, on peut saisir la signification des jetons simples du
IVe millénaire par extrapolation à partir des signes imprimés des IVe et
IIIe millénaires avant J.-C. Mais qu’en est-il des cônes, sphères, disques et
cylindres exhumés des couches préhistoriques du VIIIe au Ve millénaire
avant J.-C. ? Peut-on faire l’hypothèse qu’ils avaient la même signification
que ceux du IVe millénaire ? Il est impossible de le savoir. Le seul indice
allant dans ce sens tient à la grande capacité d’endurance des signes et
symboles qui leur permet de résister remarquablement au temps. C’est
cette même résistance qui fait que nos chiffres – 1, 2, 3, etc. – sont
pratiquement inchangés depuis leur création vers 700 après J.-C. Après
tout, les symboles étant institués à des fins de communication, toute
dérogation à l’usage engendrerait malentendus et confusion. La solution
de continuité dans le domaine symbolique ne peut survenir, d’après
Terence Grieder, qu’à la suite d’un changement radical de la société ou de
l’environnement 175 ; or on n’a pas connaissance de tels bouleversements
entre le Néolithique et le Chalcolithique, au Proche-Orient. Au contraire,
cette période connut une grande stabilité et correspond à ce qu’on appelle
un palier culturel.
Un autre problème épineux concerne la signification des cônes,
sphères, disques et cylindres : était-elle la même depuis les côtes
méditerranéennes jusqu’aux rivages de la mer Caspienne ? On ne peut pas
répondre à la question, mais plusieurs arguments incitent à penser que ce
fut le cas. Premièrement, il est plus aisé d’emprunter que de réinventer ;
deuxièmement, les cônes, sphères, disques et cylindres faisaient partie
des formes les plus faciles à modeler, aussi représentaient-ils, en vertu de
la loi du moindre effort, les denrées les plus courantes : céréales et
animaux. La culture des céréales et la domestication des animaux étant
communes à tout le Proche-Orient, l’adoption du système en bloc allait de
soi. Troisièmement, les jetons étaient des signes conceptuels, non
phonétiques, qui pouvaient être partagés par des personnes de langues
différentes. Encore une fois, on peut comparer les jetons à nos chiffres
d’origine indienne désormais utilisés sur la plus grande partie de
la planète et représentant des concepts identiques pour d’innombrables
personnes s’exprimant dans des langues différentes.
INTERPRÉTATION
CHAPITRE 5
Les esprits se portaient vers les symboles et non vers les choses ;
dépassant le monde de l’expérience concrète, ils passaient dans
le monde des relations conceptuelles créé au sein d’un univers
temporel et spatial élargi, le temps se prolongeait au-delà du
souvenir des choses et l’espace au-delà des lieux connus.
Harold A. Innis 1.
4. Symboles néolithiques
Les premières communautés agricoles du Proche-Orient ont perpétué
les traditions symboliques ancestrales. Les premiers cultivateurs plaçaient
des bois de cervidés dans les fondations de leurs habitations et teintaient
le sol avec des pigments 25. Ils accomplissaient des rites funéraires pour
lesquels ils utilisaient parfois de l’ocre rouge 26. À cette époque, on modèle
aussi des formes humaines et animales dans l’argile 27. Enfin, les os à
encoches faisaient encore partie des assemblages ruraux 28. Cependant,
la pratique de l’agriculture a donné naissance à de nouveaux symboles, en
raison sans aucun doute d’un nouveau type d’économie et d’un nouveau
mode de vie. Ces nouveaux symboles différaient par leur forme et leur
contenu de tous ceux qui les avaient précédés : ce sont les jetons modelés
dans l’argile selon des formes distinctives, chacune correspondant à
une denrée en quantité précise.
4.1. UNE FORME NOUVELLE
9. Syntaxe : les jetons sont disposés selon des règles préétablies. On sait
par exemple qu’on rangeait sur une même ligne les jetons de même type
avec les plus grands à droite.
10. Contenu économique : les jetons, comme les premiers textes écrits,
sont cantonnés au maniement d’informations concernant des denrées
tangibles. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard, vers 2900 avant J.-C.,
que l’on commence à écrire pour enregistrer des événements
historiques ou rédiger des textes religieux.
1. INNIS, Harold A., Empire and Communication, Oxford, Clarendon Press, 1950, p. 11.
2. LANGER, Suzanne K., Philosophy in a New Key, Cambridge, Harvard University Press,
1960, p. 41-43.
3. BRUNER, Jerome S., « On Cognitive Growth II », dans BRUNER, Jerome S. et al., Studies in
Cognitive Growth, New York, John Wiley and Sons, 1966, p. 47.
4. Ibid., p. 31.
5. VANDERMEERSCH, B., « Ce que révèlent les sépultures moustériennes de Qafzeh en
Israël », Archeologia, 45, 1972, p. 12.
6. SOLECKI, Ralph S., Shanidar, Londres, Allen Lane, Penguin Press, 1972, p. 174-178.
7. VANDERMEERSCH, « Ce que révèlent les sépultures », p. 5.
8. DAVIS, Simon, « Incised Bones from the Mousterian of Kebara Cave (Mount Carmel)
and the Aurignacian of Ha-Yonim Cave (Western Galilee), Israel », Paléorient, 2, no I,
1974, p. 181-182.
9. Les sites concernés sont, entre autres, Ksar Akil, Yabrud II, Hayonim et Abu-Halka.
BAR-YOSEF, Ofer et BELFER-COHEN, Anna, « The Early Upper Paleolithic in Levantine
Caves », dans HOFFECKER, J. F. et WOLF, C. A. (dir.), The Early Upper Paleolithic : Evidence
from Europe and the Near East, BAR International Series 437, Oxford, 1988, p. 29.
10. DAVIS, « Incised Bones », p. 181-182.
11. COPELAND, Loraine et HOURS, Francis, « Engraved and Plain Bone Tools from Jiita
(Lebanon) and Their Early Kebaran Context », Proceedings of the Prehistoric society,
vol. 43, 1977, p. 295-301.
12. TIXIER, Jacques, « Poinçon décoré du Paléolithique Supérieur à Ksar’Aqil (Liban) »,
Paléorient, 2, no I, 1974, p. 187-192.
13. BAR-YOSEF, Ofer et GOREN, N., « Natufian Remains in Hayonim Cave », Paléorient, 1,
1973, fig. 8 (16-17).
14. PERROT, Jean, « Le Gisement natufien de Mallala (Eynan), Israël », L’Anthropologie, 70,
nos 5 et 6, 1966, fig. 22, p. 26. Un radius incisé provenant de Kharaneh IV, phase D,
date peut-être de la même période (Moujahed muheisen), « The Epipalaeolithic
Phases of Kharaneh IV », Colloque International CNRS, Préhistoire du Levant, 2, Lyon,
1988, p. 11, fig. 7.
15. HENRY, Donald O., « Preagricultural Sedentism : The Natufian Example », dans
DOUGLAS PRICE, T. et BROWN, James A. (dir.), Prehistoric Hunter-Gatherers, New York,
Academic Press, 1985, p. 376.
16. EDWARDS, Phillip C., « Late Pleistocene Occupation in Wadi al-Hammeh, Jordan
Valley », thèse de doctorat, Université de Sydney, 1987, fig. 4 (29), p. 3-8 ; SOLECKI,
Rose L., An Early Village Site at Zami Chemi Shanidar, Bibliotheca Mesopotamica, vol. 13,
Malibu (CA), Undena Publications, 1981, p. 43, 48, 50, pl. 8r, fig. 15p.
17. BELFER-COHEN, Anna et BAR-YOSEF, Ofer, « The Aurignacian at Hayonim Cave »,
Paléorient, 7, no 2, 1981, fig. 8.
18. BOSTANCI, Enver Y., « Researches on the Mediterranean Coast of Anatolia, a New
Paleolithic Site at Beldibi near Antalya », Anatolia, 4, 1959, p. 140, pl. 11.
19. BOSTANCI, Enver Y., « Important Artistic Objects from the Beldibi Excavations »,
Antropoloji, I, no 2, 1964, p. 25-31.
20. LEROI-GOURHAN, André, Préhistoire de l’art occidental, Paris, Mazenod, 1971, p. 119-121.
21. PEYRONI, Denis, Éléments de préhistoire, Ussel, G. Eyboulet et Fils, 1927, p. 54.
22. MARSHACK, Alexander, The Roots of Civilization, New York, McGraw-Hill, 1972.
23. ONG, Walter J., Orality and Literacy, New York, Methuen, 1982, p. 46.
24. MCLUHAN, Marshall, Understanding Media, New York, New American Library, 1964,
p. 81-90.
25. CAUVIN, Jacques, Les premiers villages de Syrie-Palestine du IXe au VIIe millénaire avant J.-C.,
Collection de la Maison de l’Orient Méditerranéen Ancien, no 4, Série Archéologique
3, Lyon, Maison de l’Orient, 1978, p. III ; CAUVIN, Jacques, « Nouvelles fouilles à
Mureybet (Syrie) 1971-72, Rapport préliminaire », Annales Archéologiques Arabes
Syriennes, 1972, p. 110.
26. BRAIDWOOD, Robert J., HOWE, Bruce et REED, Charles A., « The Iranian Prehistoric
Project », Science, 133, no 3469, 1961, p. 2008.
27. SCHMANDT-BESSERAT, Denise, « The Use of Clay before Pottery in the Zagros »,
Expedition, 16, no 2, 1974, p. 11-12 ; et « The Earliest Uses of Clay in Syria », Expedition,
19, no 3, 1977, p. 30-31.
28. REDMAN, Charles L., The Rise of Civilization, San Francisco, W. H. Freeman and
Company, 1978, p. 163, fig. 5-18 (A).
29. GELB, Ignace J., A Study of Writing, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 65.
30. SMITH, Cyril, « A Matter of Form », Isis, 76, no 4, 1985, p. 586.
31. HOCKETT, C. F., « The Origin of Speech », Scientific American, 203, 1960, p. 90-91.
32. SCHACKLEY, M., Neandertal Man, Hamden (CT), Archon Books, 1980, p. 113.
CHAPITRE 6
1.2. AGRICULTURE
Qu’est-ce qui a rendu nécessaire la tenue d’une comptabilité à partir
de 8000 avant J.-C. ? Le système des jetons créé à cette époque afin de
suivre les mouvements des denrées était entièrement nouveau.
Les premiers jetons d’argile sont pour la plupart simples et de forme
sphérique, conique, discoïdale ou cylindrique. Dans la mesure où
ces jetons semblent représenter des quantités de céréales et des têtes de
bétail à l’unité, on peut en conclure que céréales et troupeaux ont joué
un rôle primordial au commencement de la comptabilité.
Mureybet en Syrie apporte un témoignage convaincant sur le fait que
l’invention des jetons fut directement liée à la culture des céréales. Ce site,
occupé entre 8500 et 7000 avant J.-C., l’a d’abord été (niveaux I et II) par
une communauté de chasseurs-cueilleurs qui n’utilisaient pas de jetons en
argile. Ceux-ci apparaissent au niveau III, vers 8000 avant J.-C. et
coïncident avec les premiers pas de l’agriculture 6. L’apparition synchrone
des jetons et de la domestication des plantes au niveau de Mureybet III
n’est pas une coïncidence ; c’est même la preuve que l’agriculture a créé
le besoin d’une comptabilité. De fait, sur chacun des cinq sites où l’on a
trouvé les jetons les plus anciens, on trouve systématiquement
des témoins attestant que des céréales étaient récoltées ou stockées :
des lames de faucilles font partie des outils trouvés à Asiab et à Ganj
Dareh 7 et les silos sont une caractéristique importante de Mureybet III,
Cheikh Hassan et Tell Aswad 8.
Au cours du Néolithique, qu’ils soient locaux ou concernent de
longues distances, les échanges n’ont que peu d’impact sur les techniques
de comptage. On le voit au contraste frappant dans la répartition des sites
où l’on a trouvé de l’obsidienne et ceux où l’on a trouvé des jetons. Ganj
Dareh par exemple recelait des jetons mais pas d’obsidienne tandis que
Çatal Hüyük a livré une grande quantité d’obsidienne mais pas de jetons 9.
1.3. INDUSTRIE
Comme le montre la multiplication de nouveaux types et sous-types
de jetons représentant des produits manufacturés, l’industrie a fortement
stimulé le système des jetons au IVe millénaire. Les jetons complexes
figurent alors des produits finis typiques des ateliers urbains : textiles,
vêtements, récipients et outils ; des denrées travaillées, comme l’huile,
le pain, les gâteaux ou les canards apprêtés pour la cuisson ; les produits
de luxe comme le parfum, les métaux ou les bijoux.
Le développement des jetons complexes n’est cependant pas lié aux
échanges. Au contraire, le sondage profond d’Uruk ne fait apparaître
aucune correspondance entre le volume de matières premières importées,
comme l’albâtre, le silex, l’obsidienne et le cuivre, et la fréquence
des jetons 10. Bien que le temple fût probablement à l’origine de l’arrivée
de ces produits en provenance de marchés lointains, aucune archive ne
porte la trace de son implication.
Rien ne permet par ailleurs de penser que les jetons contenus dans
des enveloppes ou les signes imprimés sur des tablettes aient représenté
ces produits de luxe importés. Les témoins se composent essentiellement
de jetons simples et de signes imprimés représentant selon toute
vraisemblance des produits agricoles locaux de base comme les céréales et
le bétail. Les quelques jetons complexes (par exemple de forme
parabolique) présents dans les enveloppes d’Uruk représentent, semble-t-
il, des produits typiquement sumériens, notamment des vêtements.
De plus, ce sont en général de petites quantités qui sont traitées :
les jetons à l’intérieur des enveloppes représentent l’équivalent d’environ
cinq boisseaux de céréales ou cinq silà d’huile, autrement dit des quantités
trop faibles pour justifier des échanges à longue distance.
Tablettes à encoches et pictogrammes servent à traiter les mêmes
types de denrées que le système des jetons, et en quantités identiques ; ce
qui montre que l’écriture ne doit rien à un changement visible survenu
dans la sphère économique. À l’instar des enveloppes et des cordons
de jetons d’Habuba Kabira, les tablettes d’Uruk servent à enregistrer de
petites quantités de produits de base – céréales, animaux, huile,
vêtements, textiles 11.
En somme, l’essor de l’agriculture et de l’industrie a joué un rôle
majeur dans l’évolution du système des jetons. La culture des céréales est
directement liée à l’invention des jetons simples, comme les jetons
complexes sont liés aux premiers pas de l’industrie. Quant aux échanges,
ils n’ont joué aucun rôle manifeste dans la création de techniques de
comptage.
Comme les textes économiques du IIIe millénaire, les textes d’Uruk III,
ou de la période de Djemdet-Nasr (entre 3000 et 2900 avant J.-C.), servaient
à contrôler les entrées et sorties de biens collectifs. À Uruk, les tablettes
appartiennent au temple de la déesse Inanna. Comme les tablettes de
Tello, elles mentionnent (1) de petites quantités de biens, (2) le nom d’une
personne, sans doute celui du donateur, (3) le symbole d’un dieu, sans
doute celui qui était honoré lors de la fête à l’occasion de laquelle
l’offrande était faite, et (4) un service administratif identifié par un sceau.
Qu’ils soient enfilés sur des cordons ou enfermés dans des enveloppes,
il est évident que les jetons du IVe millénaire partageaient avec
les tablettes une même fonction de contrôle dans une économie de type
redistributif. Jetons et tablettes pictographiques appartenaient aux
mêmes édifices cultuels et traitaient des mêmes biens dans les mêmes
quantités. À Uruk, tablettes, enveloppes et jetons appartenaient tous à
l’enceinte de l’Eanna. Les symboles utilisés sur les deux types de support
renvoient aux mêmes marchandises, essentiellement des céréales,
des animaux, des textiles et des vêtements. Le petit nombre de jetons
contenus dans chaque enveloppe correspond aux petites quantités de
denrées mentionnées sur les tablettes du IIIe millénaire.
Les témoignages textuels de la période proto-scripturaire attestent
qu’avant la royauté, le système redistributif du Proche-Orient reposait sur
quatre grandes composantes : (1) une idéologie religieuse, (2) une classe
dirigeante gérant à la fois la collecte et la redistribution, (3) une main-
d’œuvre dégageant des surplus, et (4) une technique de calcul permettant
d’administrer/contrôler les biens. Comme les tablettes cunéiformes du
IIIe millénaire, les pictogrammes assuraient un accès privilégié aux biens
collectifs et au pouvoir.
2.3. L’ÉTAT
Les jetons simples sont liés à l’essor d’une société hiérarchisée, mais
c’est l’avènement de l’État qui fait éclore le phénomène des jetons
complexes. Les jetons complexes relèvent de l’institution sacerdotale
mésopotamienne et coïncident avec certains changements socio-
économiques – architecture monumentale, monopole de la force et
constitution d’une administration – qui supposent des stratégies nouvelles
de mise en commun des ressources de la communauté.
1. WILDER, Raymond L., Mathematics as a Cultural System, New York, Pergamon Press,
1981, p. 30.
2. EARLE, Timothy K. et ERICSON, Jonathan E., Exchange Systems in Prehistory, New York,
Academic Press, 1977, p. 227 ; WRIGHT, Gary A., Obsidian Analyses and Prehistoric Near
Eastern Trade : 7500 to 3500 B.C., Anthropological Papers no 57, Ann Arbor, Museum of
Anthroplogy, University of Michigan, 1969, p. 3.
3. CRAWFORD, Harriet, « The Mechanics of Obsidian Trade : A Suggestion », Antiquity, 2,
1979, p. 130.
4. BARTH, Fredrick, Nomads of South Persia, Oslo, Oslo University Press, 1961, p. 99 ;
GOODY, Jack, The Domestication of the Savage Mind, Cambridge, Cambridge University
Press, 1978, p. 15.
5. MARSHACK, Alexander, The Roots of Civilization, New York, McGraw-Hill, 1972.
6. CAUVIN, Jacques, Les premiers villages de Syrie-Palestine du IXe au VIIe millénaire avant J.-C.,
Collection de la Maison de l’Orient Méditerranéen Ancien, no 4, Série Archéologique
3, Lyon, Maison de l’Orient, 1978, p. 74.
7. BRAIDWOOD, Robert J., « Seeking the World’s First Farmers in Persian Kurdistan »,
Illustrated London News, 22 octobre 1960, p. 695 ; SMITH, Philip E. L., « Prehistoric
excavations at Ganj Dareh Tepe in 1967 », Vth International Congress of Iranian Art and
Archeology, Téhéran, 1968, p. 187.
8. CAUVIN, Les premiers villages, p. 40, 41-42 ; CONTENSON, Henri de, « Tell Aswad
(Damascène) », Paléorient, 1979, p. 153-154.
9. SMITH, « Prehistoric excavations », p. 186 ; MELLAART, James, Çatal Hüyük, New York,
McGraw-Hill, 1967.
10. SÜRENHAGEN, Dietrich, voir vol. I, BW, p. 67, fig. 34.
11. NISSEN, Hans J., « The Archaic Texts from Uruk », World Archeology, 17, no 3, 1986,
p. 326.
12. MEILLASSSOUX, Claude, « On the Mode of Production of the Hunting Band », dans
ALEXANDRE, Pierre (dir.), French Perspectives in African Studies, Londres, Oxford
University Press, 1973, p. 189, 194.
13. COHEN, Mark Nathan, « Prehistoric Hunter-Gatherers : The Meaning of Social
Complexity », dans DOUGLAS PRICE, T. et BROWN, James A. (dir.), Prehistoric Hunter-
Gatherers, New York, Academic Press, 1985, p. 99 ; MEILLASSSOUX, « On the Mode of
Production », p. 194.
14. FRIED, Morton H., The Evolution of Political Society : An Essay in Political Anthropology,
New York, Random House, 1967, p. 109.
15. COHEN, « Prehistoric Hunter-Gatherers », p. 105.
16. REDMAN, Charles L., The Rise of Civilization, San Francisco, W. H. Freeman and
Company, 1978, p. 203.
17. CAUVIN, Les premiers villages, p. 43.
18. AURENCHE, Olivier, et al., « Chronologie et organisation de l’espace dans le Proche-
Orient », Préhistoire du Levant, Colloque CNRS no 598, Lyon, 1980, p. 1-11.
19. TOBLER, Arthur J., Excavations at Tepe Gawra, vol. 2, University Museum Monographs,
Philadelphie, University of Pennsylvania, 1950, p. 60.
20. REDMAN, Rise of Civilization, p. 197.
21. ASCHER, Marcia et Robert, Code of the Quipu, Ann Arbor, University of Michigan Press,
1981, p. 63.
22. ROSENGARTEN, Yvonne, Le Concept sumérien de consommation dans la vie économique et
religieuse, Paris, E. de Boccard, 1960.
23. MAEDA, Tohru, « On the Agricultural Festivals in Sumer », Acta Sumerologica, 5, no I,
1979, p. 24-25 ; ROSENGARTEN, Le Concept sumérien, p. 255.
24. TROUWORST, Albert A., « From Tribute to Taxation : On the Dynamics of the Early
State », dans CLAESSEN, Henri J. M. et VELDE, Pieter van de (dir.), Early State Dynamics,
Leyde, E. J. Brill, 1987, p. 133.
25. AMIET, Pierre, La Glyptique mésopotamienne archaïque, Paris, Éditions du CNRS, 1980,
p. 434, pl. 46 (656) ; p. 499, pl. 120 (1606-1607, 1609).
26. BRANDES, Mark A., Siegelabrollungen aus den archaischen Bauschichten in Uruk-Warka,
Freiburger altorientalische Studien, vol. 3, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1979,
2e partie, pl. 1-11.
27. FIANDRA, Enrica, « The Connection between Clay Sealings and Tablets in
Administration », South Asian Archeology, 1979, p. 36-38.
28. POWELL, Marvin A., Jr., « Sumerian Numeration and Metrology », thèse de doctorat,
University of Minnesota, 1971, p. 208.
29. BEALE, Thomas W., « Beveled Rim Bowls and Their Implications for Change and
Economic Organization in the Later Fourth Millennium B. C. », Journal of Near Eastern
Studies, 37, no 4, 1978, p. 291-292.
30. UVB 2, fig. 16-17 ; GENOUILLAC, Henri de, Fouilles de Telloh, vol. 1 : Époques
présargoniques, Paris, Paul Geuthner, 1934, p. 64 ; M 46, p. 151 et pl. 89 ; DELOUGAZ, P. et
KANTOR, Helene J., « New Evidence for the Prehistoric and Protoliterate Culture
Development of Khuzestan », The Memorial Volume of the Vth International Congress of
Iranian Art and Archeology, vol. 1, Téhéran, 1972, p. 27 ; FINET, André, « Bilan provisoire
des fouilles belges du Tell Kannas », Annual of the American Schools of Oriental Research,
44, 1979, p. 93.
CHAPITRE 7
1. Méthodes de comptage
Raymond Wilder fait partie de ces historiens des mathématiques qui
considèrent que notre façon de compter résulte d’un long processus
d’évolution 2. À la suite de Bertrand Russell, selon lequel « il a fallu
une éternité pour que l’on découvre qu’un couple de faisans et une paire
de chaussures 3 étaient deux instances du nombre 2 » 4, Wilder, parmi
d’autres, avance l’hypothèse que le comptage abstrait fut précédé par
d’autres méthodes plus archaïques 5.
1. ge = « un »
2. dah = « deux »
3. PEŠ = « trois »
4. PEŠ-ge = « trois + un »
5. PEŠ-bala-gi4 = « trois passé un »
6. PEŠ-bala-gi4-gi4 = « trois passé un un »
7. PEŠ-PEŠ-gi4 = « trois trois un ».
1. be = « un »
2. be-be = « un un »
3. PEŠ = « trois »
4. PEŠ-be = « trois un »
5. PEŠ-be-be = « trois un un »
6. PEŠ-PEŠ = « trois trois »
7. PEŠ-PEŠ-be = « trois trois un »
12 PEŠ-PEŠ-PEŠ-PEŠ = « trois trois trois trois »
3.2.1. Cardinalité
Bien que la notion d’ensemble semble avoir été acquise, compter avec
des jetons ne relève aucunement du comptage abstrait. Il n’existe pas de
jeton qui représente des nombres abstraits comme 1, 2, 3, etc. et soit
applicable à une large gamme de biens.
Le système des jetons, qui a coïncidé avec le développement de
l’agriculture, le stockage de marchandises et une économie de type
redistributif, indique que ces innovations ont suscité le besoin de compter
au-delà de trois. La multiplicité des jetons montre que même s’ils
maîtrisaient la notion d’ensembles, ou de cardinalité, les premiers
agriculteurs continuaient à compter de manière concrète. En d’autres
termes, ils ne concevaient pas les nombres indépendamment des mesures
de céréales ou des animaux et n’auraient pas utilisé les premiers sans
référence aux seconds. Le système des jetons confirme donc les données
linguistiques selon lesquelles le comptage concret a précédé le comptage
abstrait au Proche-Orient au cours de la préhistoire.
Le comptage concret permet de comprendre ce qui fait vraiment
la singularité du système des jetons, à savoir leur multiplicité.
Les tentatives visant à assigner des valeurs numériques à certains jetons
n’ont pas résisté à l’épreuve de la réalité. Partant de l’hypothèse que
le système des jetons s’appuyait sur notre propre système de comptage
abstrait, Alain Le Brun et François Vallat ont proposé les traductions
suivantes : cylindre = 1, sphères = 10, disque = 100, cône = 60, 600 ou 1 000,
cône perforé = 300, et sphère perforée = 36 000 25. Mais cette interprétation
ne donne aucune explication pour les quelque 400 sous-types de jetons
complexes restants.
À la suite de Le Brun et Vallat, Stephen J. Lieberman avance l’idée que
les jetons simples représentent des nombres tandis que les jetons
complexes sont « de petits objets en argile d’usage inconnu » 26. Comme on
l’a vu au chapitre 1, l’idée que jetons simples et complexes ne font pas
partie du même dispositif de calcul ne concorde pas avec les faits car on
trouve les deux types de jetons sur les mêmes sites, aux mêmes niveaux et
au sein des mêmes trésors. Des enveloppes à Uruk et à Habuba Kabira
renfermaient des jetons complexes (ovoïdes incisés) (fig. 12 et 16) ;
pourquoi aurait-on enfermé des jetons complexes dans des enveloppes si
ce n’est parce qu’ils servaient de jetons de comptabilité ?
L’hypothèse de Pierre Amiet ne tient pas davantage. Il voit dans
les lignes et les points gravés à la surface des jetons des notations
numériques 27, or rien ne prouve par exemple qu’un jeton ovoïde marqué
de six points signifie « six jarres d’huile » (type 6 : 22). En effet,
les enveloppes d’Uruk et de Habuba Kabira mentionnées plus haut
montrent clairement que le nombre de jarres d’huile était indiqué par
la multiplication de jetons ovoïdes selon une correspondance terme à
terme et non par l’intermédiaire de marques. Les signes imprimés
le confirment : la tablette de Suse par exemple porte la quadruple
empreinte d’un jeton triangulaire incisé d’une unique ligne (type 8 : 11 ;
fig. 22). Si l’interprétation d’Amiet était juste, la notation aurait la forme
d’un triangle gravé de quatre lignes. Le fait que le triangle (et non
les marques) soit répété quatre fois indique que les marques renvoient à
la nature du produit et non à sa quantité.
3.3. L’ÉCRITURE
2. Structure politique
Aux deux étapes du système des jetons, simples puis complexes,
correspondent deux phases de l’évolution de la structure sociale : tandis
que les jetons simples servent à la mise en commun des ressources dans
les premières communautés agricoles et supposent une société
hiérarchisée, les jetons complexes jouent un rôle essentiel dans
la perception des diverses contributions destinées à subvenir aux besoins
des premières cités-États mésopotamiennes et sont l’indice de la naissance
de l’État en Mésopotamie méridionale. Par ailleurs, la répartition
géographique des jetons complexes dans les centres administratifs
stratégiques dresse la carte des zones sous administration
mésopotamienne et nous renseigne sur son organisation.
3. Mathématiques
L’apport le plus significatif des jetons concerne le domaine du
comptage. La multiplicité des formes de jetons destinés à
la comptabilisation des denrées témoigne de l’existence d’une forme
archaïque de comptage dite « comptage concret ». La chronologie
des jetons, retracée ci-dessous, révèle une évolution progressive du
comptage concret vers le comptage abstrait :
Vers 8000-3500 avant J.-C. : des jetons aux formes multiples sont l’indice
d’un système de comptage concret où chaque catégorie de denrée
requiert l’utilisation d’un type de jeton spécifique, par exemple
des jetons ovoïdes pour les jarres d’huile et des cônes pour la mesure
des céréales. Les nombres sont indiqués selon une correspondance
terme à terme : trois jetons ovoïdes = trois jarres d’huile.
Vers 3100 avant J.-C. (Uruk IVa) : invention des chiffres. Article compté
et nombre sont dissociés. Chaque notion est exprimée par un signe
spécifique et les denrées comptées sont indiquées par des pictogrammes
incisés. Ces pictogrammes ne sont plus répétés autant de fois qu’il y a
d’objets à compter : le nombre d’unités est indiqué par des chiffres
correspondant à 1, 10, 60 et 360. Ce sont les premiers symboles
exprimant des nombres de façon abstraite, c’est-à-dire indépendamment
de l’article compté. Les premiers chiffres sont les signes imprimés
auparavant utilisés pour désigner des quantités de céréales ou
d’animaux et qui, dès lors, revêtent une nouvelle signification abstraite.
Vers 3500-3100 avant J.-C. (à partir d’Uruk VI-V) : les tablettes portant
l’empreinte de marques ayant la forme des jetons remplacent
les enveloppes.
Nous avons vu que, dès lors que le concept de « nombres » fut dissocié
de celui de « produits comptés », les pictogrammes cessèrent d’être
cantonnés à l’expression du nombre de denrées à l’unité. Avec l’invention
des chiffres, la pictographie n’était plus réservée à la comptabilité, elle
pouvait s’appliquer à d’autres activités humaines. À partir de là, l’écriture
pouvait devenir phonétique et évoluer vers l’outil polyvalent qu’elle est
aujourd’hui, un outil propre à conserver et à transmettre n’importe quelle
idée. L’invention des nombres abstraits fut le point de départ
des mathématiques ; c’est aussi celui de l’écriture.
Les jetons sont des jetons ordinaires que l’on utilisait pour la gestion
des denrées ou d’autres marchandises de la vie courante, mais ils ont joué
un rôle majeur dans les sociétés qui les ont adoptés. On les utilisait pour
la gestion des denrées – ils ont eu des effets sur l’économie ; ils étaient
instruments de pouvoir – ils ont suscité de nouvelles formes de société ;
on les utilisait pour manier des données – ils ont transformé un mode de
pensée. Mais surtout, les jetons formaient un dispositif de comptage
et d’enregistrement qui fut un point de bascule pour les mathématiques et
pour la communication.
LES OBJETS
Croquis et photographies
Point :
Ligne incisée :
Motif peint :
Glossaire
UVB = Julius Jordan, Vorläufiger Bericht über die von der deutschen
Forschungsgemeinschaft in Uruk-Warka unternommenen Ausgrabungen,
Abhandlungen der preussischen Akademie der Wissenschaften, Phil.-hist. Klasse,
Berlin, vol. 2, 1931 ; vol. 3, 1932.
= Heinrich J. Lenzen, Vorläufiger Bericht über die von dem deutschen
archäologischen Institut und der deutschen Orientgesellschaft aus Mitteln der
deutschen Forschungsgemeinschaft unternommenen Ausgrabungen in Uruk-
Warka, Berlin, vol. 15, 1959 ; vol. 17, 1961 ; vol. 21, 1965 ; vol. 22, 1966 ;
vol. 23, 1967 ; vol. 24, 1968 ; vol. 25, 1974.
= Jürgen Schmidt, Vorläufiger Bericht über die von dem deutschen
archäologischen Institut aus Mitteln der deutschen Forschungsgemeinschaft
unternommenen Ausgrabungen in Uruk-Warka, Berlin, vol. 31 et 32, 1983.
Chiera, E. 1938. They Wrote on Clay : The Babylonian Tablets Speak Today,
Chicago.
Englund, R. K. 1998a. « Texts from the Late Uruk Period », in J. Bauer, R.K.
Englund & M. Krebernik (eds.), Mesopotamien : Späturuk-Zeit und
Frühdynastische Zeit, Orbis Biblicus et Orientalis 160/1, Fribourg,
Göttingen.
Englund, R.K., 1998b. « Review of D. Schmandt-Besserat, How Writing
Came About », Written Language and Literacy 1, p. 257-61.
Englund, R.K., 1993. « The origins of script. Review of Before Writing by
Denise Schmandt-Besserat », Science 260 (5114), p. 1670-71.
Glassner, J.-J., 2009. « Essai pour une définition des écritures », L’Homme
no 192, Ecritures et language, p. 7-22.
Overmann, K., Wynn T. & Coolidge F.L., 2011. « The prehistory of number
concept », Behavioural Sciences 34, p. 142-144.
Pedersén, O. 1998. Archives and Libraries in the Ancient Near East 1500–300 B.C.,
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Streck M. 1916. Assurbanipal und die Letzten Assyrichen Könige bis zum
umtergange Niniveh’s. II. Teil : Texte. Die Inscriften Assurbanipals und der
Letzten Assyrichen Könige, Leipzig.
Abnati : 32-33
Abu es-Soof, Behnam : 61-62, 64
Abusch, Tsvi : 31
Adam : 22
administration
associée aux jetons : 28-29, 32-33, 75, 157, 250
des temples : 75, 151, 211
développement : 28
et jetons complexes : 75, 155, 157, 180, 211
administration des temples : 75, 151, 211
agriculture : 22, 27-28, 59, 61, 136, 140, 146-150, 170, 179-
180, 237
Alexander, S. M. : 72, 98, 100
Ali Kosh : 55
Amiet, Pierre : 33-35, 76, 100, 154, 157, 171, 214, 233-234
Amuq : 48
analyse thermique différentielle : 43, 72
animaux
comptage : 13, 31-32, 103-104, 120, 122, 134, 138, 147,
168, 170, 173-175, 180-181, 230, 233, 257
domestication : 19, 59, 121, 179-180
en tant que symboles du Paléolithique supérieur et du
Mésolithique appliqués, marques sous forme de : 133
Arabie saoudite : 72-73, 218
architecture monumentale : 21-22, 54, 56, 60, 62, 155-156, 159,
252
argile comme matériau de fabrication des jetons : 29, 39, 42, 80,
125, 136-137, 140
Arpachiyah : 48, 61-64
Ascher, Marcia et Robert : 151
assemblages : 13, 15-16, 29, 40, 43-45, 48-49, 58, 60, 68, 72,
76, 79-80, 86, 101, 106, 132, 136, 150, 159
Astle, Thomas : 22
Aurenche, Olivier : 59, 150
Barger, Thomas C. : 73
Barth, Fredrik : 146
Barton, George A. : 24
Bar-Yossef, Ofer : 132
bâtons de comptage : 133-138, 140-141, 145-146, 149, 159, 161,
164, 176
voir aussi comptage
bâtons de comptage du Paléolithique : 16, 133-135, 138-140, 143-
145, 149, 167
Beale, Thomas : 158
Beigaben : voir offrandes funéraires
Belaiew, N.-T. : 214
Beldibi : 132-133
Belfer-Cohen, Anna : 132
Berger, Rainer : 59
Bérose : 22, 232
Bible : 22
biconique : 40-41, 44, 68, 79, 96, 202, 211
Biersack, Aletta : 163
Blumentopf : 90
Boas, Franz : 163
Boese, Johannes : 73
Bökönyi, Sandor : 59
Bondoux, G. : 214
bord biseauté, écuelles à : 60-61, 75-76, 90, 158-159
Bostanci, Enver Y. : 133
boustrophédon : 95-96
Braidwood, Robert J. : 30, 49, 54, 59, 135, 147
Brandes, Mark A. : 124, 156
Broman, Vivian L. : 30-31, 49
Bruner, Jerome S. : 130
bulles
comparées aux enveloppes : 65, 69, 71, 158-159
définition : 68-69, 211
et administration : 34, 157
et cordons de jetons : 68-69, 71, 148, 211
marques imprimées sur : 69
provenant de Habuba Kabira : 58, 60, 69
provenant de Suse : 57, 69-70, 107
Burstein, Stanley Mayer : 22
Ea : 22
Eanna
administration du temple : 75, 90, 156, 159
architecture monumentale dans : 56, 156, 159
ensembles de jetons trouvés sur le site : 55-56, 58, 61, 153,
155
enveloppes provenant d’ : 153
et levée du tribut : 159
nombre de jetons provenant d’ : 55-56, 58, 61, 74, 153, 155
tablettes à encoches provenant d’ : 90, 153, 231
voir aussi Uruk
Earle, Timothy K. : 146
économie : 16, 28, 123, 145, 148-150, 156, 159, 168, 180
économie redistributive : 150-154, 156, 159, 170, 232, 248
écriture
et comptage : 14-15, 17, 20, 26-29, 34-35, 143, 152, 161,
171, 173, 176
importance : 19, 142-143, 151-152, 154, 237
invention : 14, 16-17, 20-22, 26, 34, 67, 87, 140-141, 143-
144, 175, 183, 219, 221-222, 227, 234, 245, 247, 251
jetons, précurseurs : 15, 20, 27-28, 34-35, 123, 235, 241,
246
marques imprimées sur enveloppes et tablettes : 16, 28, 34, 88,
106-107, 110, 116-117, 123-125, 171, 182, 233-234, 246, 253, 256,
259
phonétique : 19, 24, 26, 143, 175-177, 182, 219, 221, 244-
245, 260
premiers chiffres : 172-173
récits mythiques sur les origines : 20-27, 176, 179, 217, 221-
222, 232, 243, 247
tablettes à encoches dans l’évolution de : 15, 25, 91, 96, 105-
107, 123-125, 148, 231, 240
théorie des pictogrammes : 24-28, 224-227
Edwards, Phillip C. : 132
Edzard, Dietz O. : 22
Élam : 20, 120, 159
El-Wailly, Faisal : 61-62, 64
En : 60-61, 153, 156, 159
Englund, Robert K. : 97-102, 104-105, 118, 123, 166, 229, 231,
237-238, 240-241, 247, 254, 256
Enki : 21-22
Enmerkar et le seigneur d’Aratta : 20-21, 221
ensembles de jetons : 58, 65, 67-68, 71, 76, 80, 84, 150, 168-
170, 182
entreposage des jetons : voir enveloppes
enveloppes
analyse thermique différentielle : 72
chronologie : 16, 74, 88, 235
comparées aux bulles : 65, 69, 71, 158-159
composition : 33, 71, 233
contexte : 16, 75-76, 88-89
définition : 211
dimension : 71, 235
en tant qu’objets : 69, 71, 89, 124
et administration : 28, 33, 75-76, 157-159, 234
et comptage : 181
et tablettes : 34, 171
état de conservation : 76
fabrication : 65, 71
inconvénients, en tant que dispositif de stockage : 28, 80
jetons enclos à l’intérieur : 16, 33, 69, 79-81, 83-84, 97, 142,
148, 153, 168
microscopie électronique à balayage : 72
nombre : 72-73, 82
nombre de jetons enclos à l’intérieur : 76, 79, 122, 142, 153
perforées : 117
portant des marques : 28, 34, 80, 82-85, 87-88, 91, 97-107,
110, 123-125, 171, 181-182, 233, 240, 242, 250
portant des sceaux imprimés : 13, 69, 80-81, 124, 211
provenant de Suse : 33-34, 71-72, 74-76, 80, 82-84, 89, 98,
102, 120-121, 124, 139, 168, 233, 235, 250
provenant d’Habuba Kabira : 58, 69, 72, 74-76, 80, 82, 84-85,
90, 104, 110, 148, 168, 171, 250
provenant d’Uruk : 34, 69, 71-72, 75-76, 90, 110, 124, 148,
153, 168, 171-172, 235, 250, 256
radiographie : 76-77, 80, 84
rapport avec les tablettes à encoches : 15, 60, 75, 89-91, 104,
123-125, 172
répartition géographique : 16, 72, 74
Ericson, Jonathan E. : 146
État
et jetons : 28, 155-156, 180
fabrication
des enveloppes : 65, 71
des jetons : 15-16, 30, 39-43, 64, 122, 136-137, 147, 187
Falkenstein, Adam : 14, 25-26, 88, 97, 117, 123, 213, 227, 229,
231
Farber, Gertrude : 21
Farukhabad : 72, 74, 76, 250
Fiandra, Enrika : 158
Finet, André : 60, 159
fiscalité : 156-157
Flegg, Graham : 162
formes diverses
nombre : 82, 137-138, 166, 238
sous-types : 28, 39-40, 79, 82, 101, 106, 110, 136, 187
Frankfort, Henri : 88, 98, 100
Friberg, Jöran : 97-105, 118-120, 123, 166, 171-172, 174, 229,
237, 239
Fried, Morton H. : 149
Habuba Kabira
bulles provenant de : 58, 60, 69, 75
ensembles de jetons provenant de : 58, 76, 168
industrie : 148
jetons complexes provenant de : 54, 60, 68, 71, 75, 171
jetons perforés provenant de : 68-69, 71
structures renfermant des jetons : 58, 75
tablettes à encoches provenant de : 58, 75, 89-90, 101, 257
type de site : 72, 80, 89, 159, 170, 231, 250
Hajji Firuz : 56, 61-62
Hakemi, Ali : 72
Hall, H. R. : 49
Hamblin, Dora Jane : 27
Hassuna : 45, 48-49
Haussoulier : 214
Hayonim : 132, 134
hémisphères : 30-31, 40, 101, 190
Henry, Donald O. : 132
Hockett, C. F. : 141
Hole, Frank : 54-55
Hooke, S. H. : 22
Hours, Francis : 132
Howe, Bruce : 54, 135
hyperboloïdes : 210
Jackson, Donald : 20
Jacobsen, Thorkild : 31
Jarmo : 30-31, 44-45, 49, 54
Jasim, Sabah Abouh : 45, 56, 58
Jebel Aruda : 26, 89-90, 98, 100, 103-104, 172, 231, 257
Jéquier, G. : 214
jetons
à la période de Djemdet Nasr : 48, 152
à la période d’Uruk : 153, 158, 176
absence de documents : 27, 48
absence de jetons exprimant des nombres abstraits : 170, 238
Amiet à propos des : 33-35, 171
associés à divers types de sites : 16, 42, 53-55, 60-61, 250
au IIIe millénaire avant J.-C. : 35, 97, 116-117, 119, 121, 150-151,
153-154, 236
au IVe millénaire avant J.-C : 16, 28, 35
au VIIIe millénaire avant J.-C. : 35, 40, 59, 107, 121
chaînon entre comptage et écriture : 16-17, 27-28, 34, 140, 145,
161
comme offrandes funéraires : 61-62, 64, 150
contenants renfermant des : 32, 59
cordons : 67-69, 71, 80, 84, 86, 110, 117, 148, 152, 211
définition : 41-42, 149
dimensions : 86, 142-143, 236-237, 246, 257
émergence de l’écriture à partir des : 249
en tant que support d’information : 17, 30, 49, 84, 125, 136-138,
140-143, 179, 182, 250
en tant que symboles : 28, 65, 86, 129, 144, 150, 169
enclos dans des enveloppes : 33, 35, 67, 69, 71, 79-82, 110, 117,
148, 152, 171, 182
ensembles : 58, 65, 67-68, 71, 76, 80, 84, 150, 168-170, 182
entreposage : 56, 58, 65
et administration des temples : 56-57, 75-76, 157, 211
et agriculture : 28, 59, 61, 65, 146-150, 170, 176, 180
et cardinalité : 167-168, 170
et communication : 16-17, 86, 129, 140, 180, 182-183
et comptabilité : 29, 32, 34, 49, 55, 58-59, 139-140, 142, 146-
147, 149-150, 159, 168, 171, 176, 180-181, 211, 233, 235-236,
241-242, 250
et correspondance terme à terme : 29, 135, 140-141, 164, 167-168,
171, 181
et économie : 16-17, 28, 145-146, 150, 154, 159, 168, 176, 180,
183
et économie d’État : 28, 156
et économie redistributive : 151-154, 156, 159, 170
et État : 28, 155-156, 159, 176, 180
et fiscalité : 156-157
et industrie : 147-148, 176, 180
et mathématiques : 17, 34, 180-181, 183
et organisation sociale : 145, 149-151, 153, 180, 220
et spécificité des objets : 136, 143, 167, 169
études portant sur : 11, 29-30, 44, 49
évolution : 13, 15-17, 39, 41, 123, 140, 148, 158, 180-181, 219
fabrication : 29-30, 39-40, 42, 64, 136-137, 187
importance : 30, 34, 65, 67, 107
inconvénients : 28, 80, 106, 142
marquant un tournant dans la communication et le stockage des
données : 143, 157
matériaux utilisés pour leur fabrication : 39, 42, 137
nombre d’un site à l’autre : 44-45, 49, 54, 60-61, 68
nombre par site : 44-45, 48-49, 54, 56, 60-61, 170
nombre par type : 49, 64, 76, 79, 84, 122, 181, 233, 241-242
nombre réel de : 169, 257
nombre répertorié : 48
objets associés : 59-61
origine : 48, 86
origine du terme : 29, 167
perforés : 67-69, 71, 110, 116-117, 235
portant des marques : 40-42, 44, 80, 82, 84, 86, 103, 107, 116-
117, 122, 158, 171, 233
précurseurs de l’écriture : 20, 27-28, 34, 88, 235
prototypes des pictogrammes : 42, 105, 107
prototypes des signes incisés/imprimés : 107
remplacement par des signes : 28, 125
répartition géographique : 68, 180
répartition sur les sites : 15-16, 45, 48-50, 54-55, 60-62, 64, 147
signification des signes imprimés et jetons correspondants : 97, 106,
117
structures abritant des : 16, 53, 55-56, 58
travaux des archéologues sur : 30, 49, 217-218, 233, 237, 251
types et sous-types : 15, 17, 39-40, 64, 79-80, 82, 110, 122,
139, 147, 168, 187
voir aussi jetons complexes, jetons simples, enveloppes, types de jetons
spécifiques
jetons complexes
au IVe millénaire avant J.-C. : 42, 54, 60, 68, 107, 110, 122, 157,
211, 235
chronologie : 68, 155, 235
dans des enveloppes : 42, 60, 69, 79-80, 110, 116, 148, 171
définition : 41, 54, 65, 122, 145, 156-157, 170, 180
et administration : 155, 157
et comptabilité : 50, 122, 145, 155, 159, 171, 180, 236, 241,
246
et industrie : 147-148, 180
et levée du tribut : 156, 159
évolution des jetons : 16, 39-41, 107, 110, 148, 155, 180
fabrication : 16, 39, 42, 65, 122
marques sur : 16, 40-42, 69, 107, 110, 116-117, 122, 158
jetons de forme humaine : 41, 136, 251
jetons en forme d’animaux
dans des enveloppes : 79
en tant que jetons complexes : 29, 40, 71, 79
en tant que jetons simples : 29, 40, 79
fabrication : 40, 42, 136, 138
marques sur enveloppes indiquant : 69, 82
nombre : 44, 168, 233
pictogramme correspondant : 122, 138, 141, 148, 172, 181
sous-types : 40-41, 79-80, 82
jetons en plâtre : 42
jetons peints : 41, 60
jetons perforés : 67-69, 71, 110, 116-117, 235
jetons représentant des fruits : 41
jetons représentant des outils : 41, 158
jetons représentant des récipients
comme offrandes funéraires : 62, 64
en tant que jetons simples : 29, 40-41, 64, 79, 211
fabrication des : 42
nombre : 41, 44, 56, 64, 251-252
séries comportant des : 122, 124
sous-types : 40, 79
jetons représentant du mobilier : 41, 158
jetons simples
avec jetons complexes sur un même cordon : 67, 71, 84, 117,
148
chronologie : 68, 76
dans des enveloppes : 42, 69, 71, 79-80, 116, 121
définition : 41, 120, 122, 145, 170, 180
et agriculture : 28, 61, 65, 146, 148, 176, 180
et comptabilité : 50, 121-122, 140, 145, 148, 159, 174, 180,
234, 236, 241
et structure sociale : 28, 155, 180
évolution des jetons : 16, 28, 39, 41, 148, 180, 234
fabrication : 16, 39, 42, 122
portant des marques : 16, 28, 42, 80, 116, 122, 182, 233
provenant de Seh Gabi : 41
type de sites associés : 16, 42, 54, 170, 250
utilisations : 28-29, 31, 40-42, 65, 122, 159, 175, 180, 250
Jiita : 132, 134
Jordan, Julius : 30, 214
Kantor, Helene J. : 60, 68, 72, 74, 76, 88, 98, 100, 102-105,
159
Kebara : 131, 134
Khafaje : 26, 88, 98, 100, 154
Kingery, W. David : 12, 72
Komoròczy, Géza : 20
Kramer, Edna E. : 162
Kramer, Samuel Noah : 21-22, 237
Ksar Alil : 132-134
Nabu : 22
Ninive : 34, 88, 90, 100, 222
Nissen, Hans J. : 60, 97, 99-102, 104-105, 118, 123, 148, 166,
215, 229, 252
nombre
en tant que jetons simples : 41-42, 48, 122, 170, 174, 176,
182, 234, 241, 246
sous-types : 41, 65, 79, 82, 101, 122, 139, 168
nombres
définition : 65, 122-123, 150, 161-164, 169, 172, 174, 181-
182, 238, 258
voir aussi comptage
nombres concrets, définition : 162-164, 172, 181, 238
noms de nombres : 162-163, 166, 168, 174
nouveaux types
avec jetons simples sur un même cordon : 110, 117, 148
et fiscalité : 157
et structure sociale : 219
prototypes des pictogrammes : 42, 105, 107, 110
provenant de Suse : 33, 69, 75-76, 82, 91, 124, 171, 235,
243
sites associés : 16, 42, 53-54, 69
utilisations : 136, 147, 176
Nuzi : 31-33, 232-233, 235, 242
paraboloïdes
dans des enveloppes : 71, 79
en tant que jetons complexes : 41, 49, 71, 79
marques sur enveloppes indiquant la présence de : 71, 79
nombre : 44, 79, 202
portant des marques : 40-41
provenant d’Obeid : 44, 48-49
séries de jetons comportant des : 40, 211
sous-types : 40-41
Parrot, André : 89, 155, 217
Perrot, Jean : 132
Pettinato, S. A. : 33
Peyrony, Denis : 133
Pézard, G. : 214
Pézard, M. : 214
pfannenstiel : 57
Pfister, R. : 214
Phillips, Mona Spangler : 84
Picchioni, S. A. : 33
pictogrammes
définition : 25, 153, 244
et comptage : 26-27, 29, 122, 136, 140, 172, 174-176, 181-182,
230
et nombres : 28, 122-123, 172, 174-176, 181-182, 199, 227, 230
et tablettes à encoches : 25, 27, 91, 105, 123, 125, 143, 148,
175, 230
jetons prototypes des : 42, 107, 110, 116
premiers témoignages de l’existence : 24-25, 105, 107, 226-228
signification des signes et des jetons correspondants : 28, 97, 105,
107, 117
pictogrammes divers : 25-26, 28, 105, 122, 153
pictogrammes indiquant des unités de travail ou de service : 116,
138
pictogrammes représentant des denrées alimentaires : 122, 143,
148, 176, 181-182, 241
voir aussi agriculture ; mesure de grain
pictogrammes représentant des vêtements ou des tissus : 14, 122
poids et mesures : 29, 157-158, 166, 238, 241, 245, 256-257, 259
Pottier, E. : 214
Powell, Marvin A. Jr. : 20, 119, 158, 165-166, 236-237, 241
Prickett, Maria : 56, 58
Proche-Orient
définition : 212
voir aussi sites spécifiques
Protsch, Rainer : 59
Qafzeh : 131
quadrilatères : 40-42, 44, 79, 138, 198, 211
Safar, Fuad : 48
Sahuri, Shucri : 73
Samarkand, grotte de : 30, 54
Sampson, Geoffrey : 20
sceaux
cachets : 124, 235, 250-252
et administration : 13, 33, 58, 75-76, 91, 124, 152, 157,
159, 250-252, 254
et assemblages associés : 60, 159
et économie redistributive : 153
sceau-cylindres : 58, 61, 65, 80-81, 124, 157-159, 235, 247-
248, 250-251, 254
sur bulles : 68-69, 159, 211
sur enveloppes : 60, 80-81, 124-125, 159
sur tablettes à encoches : 60, 75, 125
Scheil, Vincent : 214
Schmandt-Besserat, Denise : 12, 14, 35, 72, 90, 98, 100, 104,
110, 116, 136, 213, 217-219, 221, 234-243, 246-247, 249-250, 254,
256-257, 260
Schmidt, Jürgen : 215
Seh Gabi : 41, 55, 57
sépultures : 16, 61-65, 131, 150
voir aussi offrandes funéraires
séries de jetons : 41, 46
Shackley, M. : 143
Shahdad : 72, 250
Shanidar : 131
Sharafabad : 54, 250
Sialk : 88, 90, 98, 100
signes comme sous-catégorie de symboles : 130
signes imprimés : 20, 25, 28-29, 34, 86-88, 91, 96-107, 110,
116-117, 120-121, 123-124, 148, 171-175, 181
signes incisés : 25, 75, 90, 92, 94, 97, 105, 107, 117, 122,
125, 172, 181, 230
signes sur tablettes : 28, 80, 88, 91, 95-97, 101, 103-104, 107,
121, 124, 137, 148, 233
comparés aux marques sur enveloppes : 34, 87, 96-97, 104,
123-124, 171
définitions : 80, 91, 106
disposition : 106, 124-125
évolution des jetons : 88, 97, 106-107, 117
fonction : 87, 95, 125, 137
imprimés : 25-26, 28, 34, 87-88, 91, 96-97, 103, 105, 123,
148, 171
incisées : 90, 94, 97, 101, 105, 230
jetons prototypes des signes imprimés : 29, 106
nombres : 122-123, 172
signification : 25, 87, 96-97, 117, 123, 130, 212
technique d’impression : 96
types identifiés : 95, 106, 229
Sigrist, Marcel : 33, 59
sites
de Syrie : 54, 60-61, 68, 72, 75, 85, 89, 147, 159, 212,
217, 250
de Turquie : 11, 15, 68, 132, 212, 218, 250, 252
d’Irak : 15, 20, 31-32, 43, 48, 54, 57, 60, 68, 70, 72-73,
93, 115, 132, 154-155, 157, 173, 212, 218, 232
iraniens : 54, 72
palestiniens : 68, 212
voir aussi sites spécifiques
Smith, Cyril S. : 12, 39, 138
Smith, David E. : 162, 174
Smith, Philip E. L. : 54, 56, 147
sociétés
égalitaires : 149-150, 176
hiérarchisées : 28, 53, 149-150, 155, 176, 180
Solecki, Ralph S. : 131
Solecki, Rose L. : 132
Soutzo, M.-C. : 214
sphères
dans des enveloppes : 13, 79-80, 100-101, 103, 106, 116, 118,
139, 168, 235
en tant que jetons complexes : 40, 42, 64-65, 79, 107, 157
en tant qu’offrandes funéraires : 63, 150
et comptabilité : 29, 31, 34, 136-139, 169-170, 174, 211,
235, 250
hémisphères et trois-quarts de sphères : 30, 40, 64
marques sur enveloppes indiquant la présence de : 80, 84, 100-
101, 103, 106
provenant de Hassuna : 44-45, 48
Starr, Richard F. S. : 31-33
Strommenger, Eva : 60, 68-69, 73-74, 89-90, 100-101, 104
structure politique : voir organisation sociale
structures abritant des jetons : 16, 28, 53, 55-56, 58
superficie agraire : 99, 101-102, 119-120
Sürenhagen, Dietrich : 72, 74, 89, 104, 148
Suse
bulles provenant de : 34, 57, 68-71, 75, 107, 159, 168
comptes d’animaux : 103, 120-121, 233
enveloppes provenant de : 33-34, 69, 71-72, 74-76, 80, 82-84,
89, 98-100, 102-104, 120, 124, 139, 159, 233, 235, 246, 250
jetons complexes provenant de : 44, 54, 60, 68, 246
jetons perforés provenant de : 68, 71, 82
jetons portant des marques en forme de point provenant de : 44,
76, 82, 98
jetons provenant de : 35, 49, 57, 71, 80, 82-84, 171
nombre de jetons provenant de : 44, 49, 82, 84
répartition des jetons : 55, 57, 68, 71, 75, 82
signes incisés provenant de : 82, 90, 94, 105, 107
structures abritant des jetons : 57
tablettes à encoches provenant de : 88-91, 93-94, 257
type de site : 54
symboles
caractère éphémère : 130
définition : 130
Néolithique : 30, 129, 135, 139-140, 143
Paléolithique inférieur et moyen : 131, 139, 143-144
Paléolithique supérieur et Mésolithique : 132-133, 135, 137-140,
143-144
Système des jetons comme : 86, 122, 129, 137-138, 140, 142,
144
utilisations : 130-131, 133, 136, 176
symboles mésolithiques : 132, 137
symboles néolithiques : 129, 135-136
symboles paléolithiques : 129, 131-132, 137, 144
systèmes de numération ternaire : 13, 23, 164-165
Szarzynska, Krystyna : 117
Unvala : 214
Uruk
chiffres provenant d’ : 172, 181
comptes d’animaux : 31, 120, 173, 181
ensembles de jetons provenant d’ : 76, 168
enveloppes provenant d’ : 34, 69, 71-72, 75-76, 90, 110, 124,
153, 168, 171-172, 235, 250, 256
hégémonie : 152-153, 252
industrie : 148
jetons complexes provenant d’ : 54, 69, 148, 155, 171, 246
jetons perforés provenant d’ : 60, 68-69, 71
jetons portant des marques en forme de point provenant d’ : 231
jetons provenant d’ : 30, 43-44, 49, 56-58, 153, 246
nombre de jetons provenant d’ : 55, 58, 117, 153
organisation de la société : 152, 252
pictogrammes provenant d’ : 25, 123, 153, 172, 176, 181
répartition des jetons : 55
signes de nombres provenant d’ : 166, 172, 176, 181, 236,
239, 241, 246
structures abritant des jetons : 56
système d’écriture découvert à : 21-22, 25, 27, 91, 176, 182,
223, 227-229, 231, 236-237, 239, 245, 247, 254, 256
tablettes à encoches provenant d’ : 25, 27, 34, 58, 75, 88, 90-
91, 123, 148, 153, 172, 182, 222, 257
tablettes archaïques : 25, 55, 222, 231, 239, 245, 256
type de site : 25, 72, 170, 250
voir aussi Eanna
Wahida, Ghanim : 56
Warburton, William : 24, 29, 224, 228
Weiss, Harvey : 88, 90-91, 95, 98, 100-101
Weitemeyer, Mogens : 116
Whitcomb, Donald S. : 88, 102
White, Leslie A. : 161
Wilder, Raymond L. : 145, 162
Wilkins, Jogn : 22
Wright, Gary : 146
Wright, Henry T. : 55, 72, 74, 76
Young, T. Cuyler Jr. : 56, 88, 90-93, 95, 98, 100-101, 175
zéro : 172
Ziggourat d’Anu : 55, 90-91
Cette édition électronique du livre
La Genèse de l'écriture
de Denise Schmandt-Besserat
a été réalisée le 13 mai 2022
par Nord Compo.
Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage
(ISBN : 978-2-251-45293-7).