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UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO

B.P.4745

KINSHASA II

NOTES HISTOIRE DE REVELATION

Licence 1

C.T. Moïse GBEMA Mbanze

Année Académique 2023-2024


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0. INTRODUCTION

Deux théories s'affrontent pour expliquer l'origine de l'Univers : l'Evolutionnisme (Spéculation) et le


Créationnisme (Révélation).

1° L'Evolutionnisme ou la Spéculation : Théorie très populaire. Elle suppose, devine, invente des théories et pense
que l'univers serait le résultat du ''Grand Boum'', le ''Big Bang''. De la fusion aléatoire de plus petits éléments
chimiques (atomes, molécules) seraient nés des organismes simples (unicellulaires) qui à leur tour ont donné par
combinaison, évolution et mutation naissance aux organismes supérieurs complexes (pluricellulaires). Et suivant
cette théorie, l'homme serait le produit de l'évolution des primates (singes, chimpanzés).

2° Le Créationnisme ou la Révélation : Théorie qui affirme en contredisant le premier que l'univers n'est pas le fruit
du hasard ni le résultat du ''Grand Boum'' mais bien le fruit d'une création. Il existe par la volonté d'un Etre Supérieur
appelé génériquement Dieu.

WERNHER van Braun déclare à propos : « Je trouve assez difficile de comprendre un scientifique qui ne reconnait
pas la présence d’une rationalité supérieure derrière l’existence de l’univers comme c’est difficile de comprendre
un théologien qui nierait l’avancement de la science ».

La Bible est pleine de références reconnaissant YHWH comme auteur de l'univers (Gn 1.1; Néh 9.6; Ps 102.26; Jn
1.1-3; Ac 14.15; 1Co 8.6; Ap 4.11).

Charly DUKE, un astronaute américain de la mission Apollo 16, jusqu'alors farouche défenseur de l'évolutionnisme,
se référant à ses expériences de voyage spatial donne raison à la Bible pour confirmer la création de l'univers par
Dieu :

a) Plusieurs années avant la découverte des systèmes solaires, la Bible a affirmé que l'univers flotte dans le vide
sans être soutenu par un support sinon la puissance de son créateur (Job 26.7).

b) La Bible affirme la forme circulaire de la planète Terre avant par sa découverte par les scientifiques (Esaïe
40.22).

c) La Bible affirme qu'on ne peut pas compter le nombre d'étoiles à une période où le télescope n'existait pas
encore. Et aujourd'hui même le télescope le plus puissant ne sait pas donner le nombre exact des astres (Gen
15.5;32.12).

d) La Bible déclare ce que l'eau occupe sur la Terre une grande étendue par rapport au sol ferme. Ce dernier ne
forme qu'une petite île dans un grand océan d'eau (Psaume 24.2).

Charly DUKE, en lisant ces vérités bibliques, se posa une question qui retient notre attention : ''Qui a appris aux
écrivains de la Bible toutes ces réalités longtemps avant leur découverte par les scientifiques?'' Il répondra : ''Il n'y
a que le Créateur de ces réalités qui les connaissant (Ps 147.4) pour les avoir créées, les a révélées aux auteurs
inspirés de la Bible.''

Il sied de préciser qu'en dehors de toutes ces preuves matérielles bibliques, la Foi constitue l’élément le
plus important dans la théorie de la création de l'univers par Dieu (Heb 11.3).

Dieu est donc le ''Grand Boum'', le ''Big Bang'' de la création. Il est la source de toute chose. Il a donc existé avant
d'appeler à l'existence l'Univers (Ps 90.2).
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Quatre théories expliquent la fin de l’Univers : Rien après la mort, la Réincarnation, le Purgatoire et la Vie
éternelle.

1° Rien après la mort : Cette théorie affirme que toute vie s’arrête à la mort. La mort est donc la fin de toutes
choses. La conséquence est qu’il faut profiter sérieusement de la vie. « Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse,
livre ton cœur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche selon les regards de tes yeux. » (Ec 12.1a).

Cette théorie nie l’existence de Dieu et permet à l’homme de mener une vie pour laquelle il n’a de compte à rendre
à personne.

2° Réincarnation : Cette théorie fait croire que l’homme passe par plusieurs étapes de naissance de différentes
espèces avant d’atteindre l’état parfait. Ainsi, l’homme n’a pas besoin d’un sauveur vu que la nature lui permet de
se bonifier jusqu’à la perfection.

Après la mort, l’homme peut revenir sous forme d’un animal ou d’une plante et la durée de la réincarnation dépend
de la quantité des péchés commis. Voilà pourquoi il est interdit, selon cette pensée, d’aider quelqu’un qui souffre
de peur de rallonger sa durée sur terre.

3° Purgatoire : Cette théorie est une croyance qui pense qu’il y a un lieu tampon entre le Paradis et l’Enfer où des
personnes normalement destinées à l’enfer attendent qu’une messe de requiem soit organisée en leur faveur par
les vivants afin de les faire entrer au paradis. Cette pensée est dangereuse car elle encourage une vie sans Dieu
ainsi que la vente des indulgences.

4° Vie éternelle : Cette théorie déclare que la vie ne s’arrête pas à la mort. Elle affirme qu’après la mort, il y aura
une autre vie qui est éternelle mais avec deux directions : la félicité éternelle avec Dieu dans le Paradis et la
damnation éternelle avec Satan en Enfer. Cette théorie croit que l’homme créé par Dieu est appelé à rendre compte
de ce qu’il aura fait du souffle que Dieu lui a donné. Mais aussi, la vie après la mort est déterminée par la vie avant
la mort.

Ne passeront l’éternité avec Dieu que ceux qui, de leur vivant, ont adoré Dieu par la qualité de leurs vies. Et
passeront l’éternité avec Satan ceux qui l’ont servi de leur vivant. « Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse,
livre ton cœur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche selon les regards de tes yeux ; mais sache que
pour tout cela Dieu t’appellera en jugement » (Ec 12.1).

1. BUT ET OBJECTIFS

a) But

Personne ne doute aujourd’hui du fait qu’aucune science ne se suffit à elle-même. C’est dans ce cadre que se
justifie avant tout l’importance du cours d’Histoire de Révélation dans le programme de formation des futurs cadres
dans tous les domaines à l’Université Protestante au Congo.

L’Université Protestante au Congo, comme une institution chrétienne, croit fermement que le monde et tout ce qu’il
renferme est une création de YHWH. Et en tant que tel, Dieu est la source première de tout ce qui existe.

Les différentes sciences conçues par l’homme grâce à l’intelligence venant de Dieu, ont Dieu comme origine
d’autant plus que l’homme ne fait que découvrir ce que Dieu a créé.

L’Université Protestante au Congo tient à former non seulement l’intellect mais aussi et surtout la conscience
suivant l’adage qui dit : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Ceci pour permettre à l’homme de
réaliser la volonté de Dieu en vivant en harmonie avec son Créateur et en retour de mener une existence paisible.
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b) Objectifs

L’importance de ce cours se justifie aussi du fait même des objectifs qu’il vise. En effet, contrairement aux autres
disciplines scientifiques, l’Histoire de Révélation vise le cœur, la conscience de l’homme, et l’incite à avoir la gloire
de YHWH comme raison d’être de son existence dans toutes ses entreprises et la finalité de sa vie.

L'objet de ce cours est de rappeler aux étudiants formés et en formation que leur filière de formation dans l'existence
humaine n'est pas une invention de l'homme, mais plutôt une émanation divine.

L'U.P.C tient ainsi à donner à ses étudiants la vision divine de leur formation parmi les humains afin de les sortir
de toute structure qui les aliène, les avilit et les déshumanise.

Elle veut former une élite composée des personnes capables de gérer une entité déterminée en toute conscience,
honnêteté et surtout dans la crainte de Dieu.

A l’instar du conseil de Jéthro à son beau-fils Moïse, l’UPC veut former dans différents domaines de la vie nationale
« des hommes capables, craignant Dieu, des hommes intègres, ennemis de la cupidité » (Ex 18.20) afin qu’ils
soient établis sur les autres pour créer la joie car la Bible déclare que « Quand les justes deviennent nombreux, le
peuple se réjouit, mais quand les méchants dominent, le peuple gémit » (Pr. 29:2).

Ce cours :

- est un retour dans le passé pour comprendre la raison d’être de la création et spécialement de l’homme à partir
de ses racines, mais en même temps un recours par un tri judicieux pour retenir, après contextualisation et
adaptation aux réalités qui sont nôtres, ce qui peut nous être bénéfique. C'est une actualisation constante de la
Révélation en l'interprétant en fonction du présent.
- est à la fois une remise en question, une interpellation, une conscientisation et une responsabilisation des
étudiants face à leur mission, celle de servir la société de manière à laisser des traces de ceux dont le passage
dans la société a été un bénéfice et non un déficit pour celle-ci.
- s'inscrit dans le cadre de la fécondation mutuelle, de l'interdépendance et de la complémentarité des cultures qui
doivent caractériser toutes les sociétés du monde.

Pour ce faire, l'étudiant formé à l’U.P.C doit :


− Savoir que Dieu a tout créé pour sa propre gloire. Tout doit donc donner honneur et gloire à Dieu.
− Reconnaitre que le souffle qui l’anime lui vient de Dieu devant qui il devra un jour rendre compte de comment
et pour quelle fin il a utilisé ce souffle de Dieu sur cette terre.
− Etre défenseur des valeurs bibliques en rapport avec la responsabilité de la gestion de l’Univers lui assignée
par Dieu.
− Considérer l’homme comme fin de toute chose et non comme moyen pour atteindre ses objectifs.

Ainsi, les principes d’Histoire de Révélation peuvent aider l’homme à vivre en réalisant le pourquoi de son existence
sur terre tel que voulu par Dieu.

Si la révélation vient s'inscrire dans l'histoire de l'humanité en général et de l'U.P.C en particulier, c'est
qu'elle est avant tout de caractère éthique et moral.

Elle tient à imprimer la manifestation de la volonté divine dans des attitudes, des pratiques, des lois, des
coutumes, des rites ; elle instaure moins une connaissance proprement dite qu'une voie (halacha), un
enseignement pratique, un comportement distinct et traditionnel.
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2. ETATS DES LIEUX

Il est de toute importance que chaque société qui se veut dynamique et prospère puisse de temps à temps s'arrêter
pour s'auto-évaluer. Interroger son passé pour en tirer des leçons permet de vivre le présent avec optimisme et
envisager le futur avec sérénité.

La connaissance de son point de départ, de sa position actuelle et de sa destination finale constitue pour toute
communauté responsable un atout, un garde-fou lui permettant de ne pas se perdre ou alors retrouver le droit
chemin. Cela lui permet de réaliser les objectifs qu'elle s'est assignés dans les différents domaines de sa vie.

L'adaptation aux réalités changeantes du monde est une autre clé de réussite pour la société. Ainsi, ne pas
s’accommoder aux exigences nouvelles s'imposant à elle, c'est signer son arrêt de mort.

Vivre à vase clos, c'est un suicide certain car lorsque les forces agissantes autour d'un système vivant à vase clos
sont plus importantes et fortes que celles dudit système, ce dernier est appelé à disparaître.

C’est le cas du communisme comme système socio-politico-économique qui est supplanté par l’économie sociale
du marché.

Au moment où le pays s’est inscrit dans la voie de la reconstruction, nous voulons rendre attentifs les étudiants,
futurs cadres du pays sur la responsabilité qui est la leur en vue de l'édification de la nation congolaise, que le
chantier le plus important duquel dépendent tous les autres, c’est l’Homme. Vouloir tout moderniser sans toucher
l’homme intérieur de chaque citoyen est un coup d’épée dans l’eau.

C’est ce qui justifie la présence de deux défis à relever, notamment :

1° L’inadéquation entre la présence majoritaire des chrétiens censés appliquer la Bible dans tous les domaines de
leur vie et la présence d’antivaleurs lesquelles marchent à contre-courant des principes bibliques en rapport avec
la vie de l'homme.

La Bible déclare : « Quand les justes sont nombreux, le peuple se réjouit ; Quand les méchants dominent le peuple
gémit » (Pr 29.2). Or en RDC, le peuple gémit. Donc, ce sont des méchants qui dominent en RDC. Or en RDC, ce
sont des chrétiens qui sont majoritaires. Donc, la majorité des chrétiens congolais est méchante. Or le chrétien
n’est pas méchant. Donc, la majorité congolaise n’est pas chrétienne.

2° Le "paradoxe congolais" :

* Un pays aux immenses potentialités naturelles, avec une population intelligente mais hélas parmi les plus pauvres
dans le monde.

* La non satisfaction des besoins fondamentaux de la population et le bafouement des droits fondamentaux du
citoyen en général et du congolais en particulier, sur son propre sol en plus,

* La non conversion sur place des richesses naturelles en richesses effectives, la non transformation des matières
premières brutes en produits finis prêts pour la consommation,

* La non répartition équitable et équilibrée de ses richesses sur tout l'ensemble de la population conformément aux
lois en la matière. Au 3è millénaire, la R.D.C. continue d’être un contraste où une infime minorité de la population
contrôle une grande partie de la richesse nationale.
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Ce phénomène crée ainsi un déséquilibre au niveau de la structure sociale de la population. La justice sociale
distributive continue à être un des parents pauvres de la société congolaise, pleine hélas des richesses naturelles,
des hommes rompus, des vertébrés en la matière ; des institutions adéquates ; des textes appropriés.

Ainsi, la débâcle de la vie en RDC n'est pas à mettre sur le dos de l'ignorance ou de manque d'animateurs
congolais compétents dans différents domaines de la vie nationale ou au manque des ressources naturelles, mais
dans la corruption de l’homme congolais, le cerveau moteur de toute réussite nationale. Ce n’est ni l'ignorance
ni la compétence qui font défaut, mais l'éthique.

CHAPITRE I. APPROCHE CONCEPTUELLE

1. Histoire : « Les hommes font l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font » (Karl Marx).

Le vocable ‘’Histoire’’ veut dire entre autres :

- La ‘’science de la connaissance du passé’’. Elle est l'étude du passé dit-on. Et en tant que tel, elle se réfère à des
documents : fossiles, monuments, chroniques, mémoires (sources orales).

Comme science du passé, le but de l’Histoire est de chercher, d’explorer pour prouver si un événement relaté s’est
réellement produit dans le temps et dans l’espace. Par conséquent, un événement n’est historique que s’il est
authentique, c’est-à-dire ayant laissé des traces de son existence.

- La ‘’relation d’actions, d’événements, d’aventures réelles ou inventées’’, dans le but de leur donner un sens. Ainsi,
un fait est raconté non pour attester son authenticité mais pour expliquer son impact dans la société.

L'homme étant appelé non à subir son histoire, mais à en être l'auteur; l'histoire en tant que science n'est pas à
connaître pour l'histoire. On n’étudie donc pas l'histoire pour l'histoire.

Le passé connu doit nous mettre en mouvement dans le présent pour le futur « car un peuple sans histoire est
semblable à un corps sans âme ».

On ne peut donc pas vouloir écrire ou changer le cours de l’histoire d’un peuple en oubliant ou en faussant son
passé.

L’histoire comme recul dans le temps est importante parce que :

− Elle aide à comprendre comment la vie a été gérée dans le passé. Les mêmes causes produisant les mêmes
effets, le passé peut nous proposer déjà des solutions aux problèmes qui se posent aujourd’hui.
− Elle permet que le présent soit géré avec beaucoup de responsabilité et de maîtrise car ‘’un homme averti en
vaut deux dit-on’’.
− Elle permet de devancer les événements et non être dominés par eux.

L’Histoire est par conséquent, ce regard objectif jeté sur le passé pour que le passif et l'actif y dégagés soient
utilisés à bon escient dans le présent par des perspectives nouvelles motivées par le caractère mouvant de
l'environnement.
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La correction du passif et l’amélioration de l'actif du passé dans le présent doivent servir de socle, de tremplin pour
scruter les horizons lointains en connaissance de cause dans un esprit permanent de remise en question et
d'adaptation continuelle selon l'évolution et le besoin du milieu.

2. Révélation

Etymologiquement, révélation vient du latin "revelare", du grec "apokaluptein, apokalupsis" et de l'hébreu "galah"
qui signifient : "ôter l'enveloppe, le voile", "dévoiler" découvrir, enlever une couverture ".

Il est important de signaler que ce vocable est plus usité dans le langage religieux. Notre réflexion de même portera
plus sur l’influence que ce mot a sur la vie des peuples dans le domaine religieux.

2.1. Attitudes fondamentales et caractéristiques générales des principales religions du monde

Le propre d’une religion étant de relier l’homme à ce qui le dépasse, les adeptes de n’importe quelle croyance au
monde adoptent des attitudes et caractéristiques tributaires de l’environnement socio-culturel, géographique et
historique dans lequel ils se trouvent.

Les études faites par les sociologues et les historiens des religions révèlent trois attitudes de foi fondamentales :

a) Attitude de « Convocation »

La première de ces attitudes est celle dite de ’convocation’. On y regroupe toutes les religions qui font intervenir
majoritairement la croyance en la possibilité de convoquer les dieux par la force, pour résoudre les problèmes
posés par une rupture de cohérence dans le système de fonctionnement du monde auquel se réfèrent les croyants.

Par un recours à la magie ou à d’autres formes de prestidigitation, l’homme cherche à s’accaparer des forces de
la nature auxquelles il accorde une âme. C’est l’attitude des religions dites « animistes » en Afrique, en Amérique,
en Australie et même en Asie.

Les personnages clefs dans cet univers sont le guérisseur, le médium, le devin, le chaman, le prêtre, le sorcier ou
la sorcière. Certains chercheurs estiment qu’il y a quelques deux cents millions d’hommes aujourd’hui à travers le
monde qui font encore partie de ces religions de convocation. Ceci ne veut pourtant pas dire que les croyants des
autres religions n’ont jamais recours à la magie.

b) Attitude d’ « Invocation »

La deuxième attitude est celle dite d’’invocation’. On y regroupe toutes les religions où le croyant fait intervenir la
possibilité d’atteindre le bonheur par une ascèse et une purification de tout ce qui l’enferme dans le fini. Le croyant,
dans cette attitude, cherche des voies de libération, de transmigration et de délivrance mystiques.

C’est l’attitude inverse de la magie. Au lieu de tenter d’accaparer son dieu, le croyant tente au contraire de se
purifier de tout ce qui, dans le désir, enfermerait l’homme sur lui-même. On veut même en arriver à vaincre tout
désir, et donc toute souffrance, pour se fondre en un dieu que l’on refuse de nommer car ce serait encore le
ramener à soi.

Cette attitude de purification mystique peut parfois demander plusieurs vies pour atteindre la perfection.
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Il y a dans cette attitude, le « refus du monde, la réalité étant essentiellement spirituelle, et libération de l’âme du
cycle interminable de naissances et renaissances auquel elle est assujettie dans ce monde ».

C’est l’attitude des religions orientales d’origine indienne : l’hindouisme, le bouddhisme et leurs ramifications. Elles
sont appelées religions d’invocation ou mystiques parce qu’elles mettent l’accent sur une recherche de Dieu par
l’homme, dans le cheminement intérieur de l’esprit humain.

c) Attitude d’ « Evocation »

La troisième attitude est celle dite d’’évocation’. On y regroupe les religions où le croyant fait intervenir la croyance
en un Dieu qui intervient dans l’histoire et appelle l’homme à un partage de responsabilité qui le fait quitter en partie
ses cohérences naturelles pour entrer dans une familiarité nouvelle avec Lui. Cette attitude consiste à évoquer les
souvenirs d’un dieu qui s’est révélé aux hommes en se faisant leur partenaire, leur compagnon du chemin de vie.
Les croyants gardent en mémoire les hauts faits historiques de ce dieu qui manifeste extérieurement sa volonté
par la parole du Prophète.

C’est l’attitude des religions d’origine sémitique, judaïsme, christianisme et islam où la figure du prophète
charismatique est centrale, non pas comme référence absolue, mais comme instrument par lequel Dieu révèle sa
volonté.

La révélation se fait dans l’histoire de ce monde et dans l’acceptation de la matière comme essentiellement bonne.
Le monde est bon mais pécheur. Il faut chercher sa rédemption et sa transformation.

Il convient de noter que ces trois attitudes, en apparence opposées, se trouvent à l’état latent dans toutes les
religions. Il y a dans le christianisme qui est une religion d’origine sémitique, des attitudes populaires magiques
relevant de la convocation, et chez certains sujets mystiques, des attitudes relevant de l’invocation bien réelles
alors que le christianisme est une religion dont l’attitude dominante est l’évocation.

Il existe ainsi une nette différence entre les religions de la Bible (Judaïsme et Christianisme) et les autres religions
du monde du point de vue révélation.

Pour la Bible, YHWH vient vers l'homme et lui parle alors que pour les autres, l'homme va à la recherche de la
divinité et l'appelle. Les deux mouvements sont verticaux avec la flèche dirigée vers le bas pour la Bible et vers le
haut pour les autres religions.

D'un côté, l'homme par ses efforts cherche à rencontrer la divinité pour la mettre au courant de sa situation ; le
divin est alors transcendant.

De l'autre côté, le divin par amour vient à la rescousse de l'homme. Ainsi, tout en restant transcendant, il est aussi
immanent.

Aussi, la connaissance de YHWH et sur YHWH vient de YHWH Lui-même, alors que la connaissance des autres
divinités vient des hommes " illuminés ", fondateurs légendaires ou mythiques des religions : Bouddha, Zoroastre,
Mahomet, Confucius, etc.

Par Histoire de Révélation, il faut comprendre toutes les initiatives (socio-politiques, économico-juridiques,
écologico-religieuses) prises par YHWH au sein de la vie, en faveur et en défaveur du peuple élu d’Israël et de
l’humanité entière par la suite.
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La révélation dans la Bible se base sur la croyance que YHWH est par essence invisible et caché, insaisissable,
et inaccessible, avec une intelligence insondable, ayant des pensées et des chemins inscrutables. Aussi pour le
connaître et le comprendre, il doit se laisser trouver, se révéler à l'homme. En conséquence, dans l'A.T, on ne parle
pas d'un fondateur comme dans d'autres religions. Ce n'est pas donc à l'homme de provoquer, forcer, exiger la
révélation divine, mais c'est à YHWH d'en prendre l'initiative. Ainsi, la révélation prend les allures d'une violation,
d'une intrusion, d'une irruption de YHWH dans la vie de l'homme.

Les récits d'apparitions divines (théophanies) à ses élus montrent que la révélation est inattendue (Gn
1.7;17.1;1.1;6.;3.1;1Sam3.31;1R 3).

YHWH se révèle donc à qui il veut, quand il veut, où il veut et comme il veut. D'où son interdiction formelle de la
fabrication des idoles (Ex .2O.4) est une preuve que toute tentative humaine visant à le rendre visible et saisissable
n'est qu’un coup d'épée dans l'eau, vouée à l'échec.

La révélation de YHWH à un homme (Abraham) puis à un peuple (Israël) et finalement à l’humanité doit être
comprise comme un don immérité qui est donné par Dieu (Gen.12.1-3 ; Dt 4.32-34 ; Jean 3.16 ). Elle suppose donc
l'élection, le choix, la grâce.

Il s'ensuit alors une alliance de consécration de l'homme pour Dieu et de la prise en charge de l'homme par Dieu
et cela dans tous les aspects de sa vie. Ainsi, pour bénéficier de son assistance, YHWH exige qu'on vive selon ses
principes différemment des autres et qu'on Le serve.

Dans la Bible, particulièrement l'Ancien Testament, révélation veut dire entre autres :

1. Se faire voir, Apparaître

Par essence, YHWH est invisible et on ne peut pas le voir (Dt 33.10). C'est au travers des théophanies
(Manifestations de Dieu) que YHWH se fait voir et apparaît. Une théophanie ne doit pas être comprise comme une
découverte de Dieu dans sa totalité car il reste invisible.

Les théophanies sous-entendent d'une part que YHWH veut être honoré par des sacrifices dans un lieu précis,
d'où la naissance du terme ‘’sanctuaire’’ (Ex 20.24): Abraham à Sichem (Gn 12.7); Isaac à Beer-Scheba (Gn 26.24)
; Moïse dans le désert (Ex 3.2).

Et d'autre part, il ne s'agit pas d'un lieu localisable. YHWH apparaît; parle et remonte (Gn 35.9-15) et l’apparition
de YHWH est toujours accompagnée d'une triple promesse : Relation, Terre et Progéniture ou Postérité. La
révélation a toujours ainsi un caractère salvifique.

L'anthropomorphisme nous aide à comprendre la théophanie, car Dieu se présente sous l'apparence d'une
personne ; il se promène dans Eden. Il parle aux hommes : Adam & Eve, Caïn, Noé. Il s'afflige, il édicte des lois,
etc. Aussi pour que l'homme reconnaisse la présence immédiate de YHWH, Celui-ci doit se manifester dans sa
création.

2. Se faire connaître

YHWH se révèle aussi pour décliner son identité. Il ne veut pas que l'homme reste sur une connaissance évasive
de son être. Aussi en se faisant voir, il dit qui il est : Sa grandeur, Sa puissance.

Moïse est le pont de départ de la révélation comme " connaissance " de celui qui se révèle (Ex 6.3). Il se nomme
" Je suis " devant Moïse qui veut savoir un peu plus sur la personne qui lui confie la mission de libérer les Hébreux
en Egypte.
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Il y a une progression dans cette révélation par rapport aux patriarches.

La connaissance de, sur et par YHWH est d'abord destinée au peuple élu, peuple d'alliance, à savoir Israël avant
de s’étendre sur le peuple élu en Jésus-Christ, non issu d’un ancêtre commun, mais d’une même foi.

Et cette connaissance ne doit pas être seulement cognitive; mais pratique. Voilà pourquoi déclarations et faits
doivent marcher ensemble : " Connaître pour mieux servir, Servir parce que connaissant mieux’’.

Cette connaissance a un sens beaucoup plus expérimental qu'intellectuel. Connaître pour les hébreux, c'est d'une
manière pratique, c'est savoir par expérience. C'est vivre dans un contact familier, intime avec quelqu’un. C'est se
soucier de quelqu'un ou de quelque chose.

Nous avons donc à faire à un peuple dont l'histoire est créée et se trouve sous la houlette d'un Dieu appelé YHWH
qui se fait connaître à lui comme l’unique et véritable Dieu qui intervient pour le compte d'un démuni, une bande
d'esclaves sans défenseur.

Et YHWH se fait la voix des sans voix en plaidant leur cause auprès de Pharaon. Il se fait connaître aussi en juge
parce qu'ayant trouvé anormale la rétention de ce peuple hors de son territoire et cela contre son gré, entraînant
ainsi son avilissement et sa déshumanisation.

Aussi son verdict pour ce peuple martyrisé est sans appel : LIBERTE. Et bien que le dirigeant pour sa
sédentarisation au pays où coulent le lait et le miel, YHWH exige qu'Israël parte avec toutes ses richesses au prix
d'un dur travail en Egypte. Il se présente ainsi en Bienfaiteur et en Libérateur de force en usant de la violence (10
plaies) comme "Ultima ratio". Il acquitte l'innocent (Israël) et punit le coupable (Egypte).

Donc en lui seul, Dieu incarne tout pour Israël : Manager, Législateur, Avocat, Juge-Libérateur.

C'est pour cette raison que l'histoire d'Israël avec Moïse commence par la révélation du nom de Dieu, se poursuit
par ses hauts faits (Exode, Alliance) opérés en faveur d'Israël et se termine dans sa phase première par sa
sédentarisation en terre promise.

Ensuite nous avons à faire à chaque humain dont l'histoire est créée et se trouve sous la houlette d'un Dieu appelé
YHWH qui se fait connaître à lui comme l’unique et véritable Dieu qui intervient pour le compte d'un démuni, d’un
esclave du Diable et du péché au travers de son Fils Jésus-Christ.

3. Instruire, Informer et Former quelqu'un

L'homme qui est fini ne pouvant pas sonder ou pénétrer Dieu qui est infini, le dialogue devient impossible. Cette
difficulté ne peut être surmontée que lorsque l'infini se laisse découvrir. C'est pourquoi, pour faire entendre ou faire
voir quelque chose à un homme, YHWH doit découvrir son oreille ou ses yeux.

Pour éduquer, corriger, instruire, convaincre, enseigner, YHWH ouvre les oreilles ou les yeux de l'homme et cela
par plusieurs voies. Dans son sommeil (rêve, songe), son extase (vision, théophanie) ou par expériences joyeuses
ou malheureuses qu'il vit sur la terre (Job 33.16;10.15).

Si vision ou rêve, joie et peine sont donnés pour instruire, informer et former, ils demandent cependant, pour être
saisis par les concernés, à être interprétés.

Ces interprètes ou porte-paroles sont des intermédiaires entre la source de l'instruction et ceux qui sont concernés
par ledit message.
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Et dans l'Antiquité, de tels intermédiaires étaient en vogue chez les autres peuples. Mais la tradition biblique montre
que seuls sont accrédités à parler au nom de Dieu et à interpréter ses actions ceux qui se rattachent à Lui. Seul le
serviteur de YHWH, le prophète, se laisse ouvrir l'oreille et les yeux pour écouter et voir ce qui est sa volonté matin
après matin (Es.50.4s).

En découvrant les choses cachées, YHWH révèle ainsi ses secrets à ses serviteurs les prophètes (Jr.33.3;Am.3.7)
et cela touche tous les aspects de la vie nationale.

Nous disons que la révélation divine a été donnée à un peuple par YHWH pour l'instruire dans sa marche avec son
Créateur-Sauveur-Législateur-Juge, mais aussi avec lui-même. Et cela donne comme résultat : justice, harmonie,
paix, progrès et équité dans la société.

3. Formes de Révélation

Chercher à quantifier et à qualifier les moyens utilisés par YHWH pour se révéler à l'homme n'est que prétention
vaine et imprudente. Aucun moyen ne lui est interdit pour communiquer sa volonté. Et les moyens lus dans la Bible
ne délimitent pas la toute puissance de YHWH.

Les formes de révélation sont donc multiples et nous tenterons d'en donner quelques catégories:

1°. Apparition

Révéler veut aussi dire apparaître ou se faire voir. Par conséquent, l'apparition est une forme de révélation, mais
avec certaines variances:

a. Vision immédiate (Nb.12.6-8):

C'est une forme que YHWH utilise pour se révéler ne demandant ni intermédiaire ni interprète. Par un contact
inattendu par l'homme, YHWH fait irruption dans la vie de l'homme, lui impose sa volonté en réclamant sa
soumission. Il s'ensuit après une discussion, une attitude d'humilité, d'adoration et d'obéissance de l'homme vis-à-
vis de YHWH.

Et ce changement de vie fait de l'homme régénéré le révélateur de la volonté divine. Elle est souvent rencontrée
lors de la vocation (Moïse, Gédéon, Esaïe, Jérémie, Amos, etc) et la théophanie s'inscrit dans cette catégorie.

b. Vision indirecte:

Au travers d'un événement (songe, rêve) ou d'un homme, YHWH apporte une révélation. Mais pour une meilleure
et totale compréhension, il faut que cette révélation soit interprétée en dehors du fait déjà qu'il y a un intermédiaire
par qui le message passe.

Tel fut le cas de tous les prophètes ordinaires. Les songes ou rêves mettent l'homme en contact avec le monde
divin en annonçant l'avenir et révélant les choses cachées (Gn.20.3;28.10;37.5;1R.3.4ss).

c. Gloire de Dieu (Kabod):

Elle est le signe visible de la présence de YHWH qui par essence est invisible. Elle peut se traduire par une nuée
(Ex.16.10;24.16), un feu dévorant (Ex.24.17), un éclair de lumière (Ez.1.28).
11

2°. Parole de Dieu

Elle est le moyen par excellence de communication des vérités divines envers l'homme. Elle est source de
bénédiction ou de malédiction selon qu'on s'y conforme ou non. YHWH a commencé par un discours direct à son
peuple élu d'Israël, avant de le faire par le truchement des intermédiaires dont Moïse était un hors-pair (Ex.20.18;
Nb.12.15-19;34.10).

Ces intermédiaires étaient souvent du domaine prophétique. Mais de fois, YHWH se servait d'un homme hors du
cadre prophétique pour réaliser son plan dans sa création (Jg.6.11s; 1Sm.3.1).

La parole de Dieu a dès le début une fonction sociale. Différentes formules se sont succédées pour exprimer
l'inspiration divine des intermédiaires connus par YHWH. Avant les prophètes, la formule était :"Et YHWH dit ". A
partir des prophètes, il y a un langage caractéristique :"Et la parole de YHWH fut adressée à...". Ainsi, cette Parole
arrive de l'extérieur et prend possession du prophète. Cette nouvelle formule se traduit aussi par : " La parole de
YHWH advint à moi".

Le prophète est le porte-parole, le messager de YHWH. Il est mandaté pour dire et faire tout ce qui lui est transmis
par sa source d'inspiration. C'est ainsi que le message prophétique est identique avec ce que la bouche de YHWH
dit. Le prophète est pour cela appelé "ma bouche" par YHWH (Jr.15.19).

Mais même si le prophète s'identifie avec Dieu, il ne perd pas pour autant sa propre identité. Certes YHWH le
contraint à interpréter fidèlement ses intentions sous peine de rater sa mission d'être sa bouche; néanmoins, le
prophète est loin d'un messager qui n'a pas de part personnelle au message qu'il délivre. Il est confronté avec la
parole de Dieu, il doit s'y engager personnellement.

Le contenu de son message doit correspondre à sa conviction la plus intime. Ainsi donc, bien que la parole à
transmettre lui arrive de l'extérieur, il la fait jaillir des profondeurs de son être.

Le prophète est appelé à traduire le message de Dieu en sa propre langue, le parler divin en celui humain. Dans
ce processus, l'âme du prophète, son tempérament, son état social, ses penchants politiques, son éducation civile
et sa formation religieuse jouent un rôle déterminant.

3°. Evénements historiques

Les différentes interventions de YHWH dans la vie d'Israël sont un moyen efficace utilisé par Lui pour se révéler à
son peuple.

Toute une histoire nouvelle est née partant du choix d'Abraham, l'esclavage en Egypte, l'Exode, l'installation en
terre promise, l'exil babylonien jusqu'à la dispersion des Juifs dans le monde (diaspora).Il y a eu tout le long de son
parcours des événements historiques qui doivent être racontés aux générations futures.

Et ces événements ont donné naissance à trois credo : 1° Petit Credo (Dt.24.5-9)

2° Catéchèse domestique (Dt.4.20-40) 3° Grand Credo (Jos.24.2-13.

Ces événements historiques étaient la main puissante de YHWH agissant en faveur (Exode) ou en défaveur (Exil)
d'Israël. Mais ils ont joué un rôle très déterminant dans la révélation de Dieu.

4°. Création

Convaincu par le fait que YHWH est le Créateur de toute chose, Israël est appelé à découvrir Dieu au travers de
sa création. Il y a une communication orale de la création à l'homme :
12

« Les cieux racontent, proclament, donnent connaissance. Les cieux et le firmament proclament de Dieu, sans
discours et sans mots, et sans que leur voix s'entende, leur langage atteint le bout du monde » (Ps.19.2-5).

Lorsque l'homme attend une révélation de Dieu, Dieu le renvoie à la création. Elle est l'unique révélation que Dieu
peut offrir à l'homme.

Elle enseigne tout ce que l'homme doit savoir et ce qu'il est capable de connaître sur Dieu. "Le soleil est parole
muette, les Saintes Ecritures, une parole articulée; le soleil demeure à l'extérieur du cœur humain, l'Ecriture pénètre
dans son intérieur; la révélation du soleil s'adresse au monde entier, celle de l'Ecriture est le privilège d'Israël".

Mais soulignons que dans l'histoire, la révélation franchit le domaine d'Israël en prenant en compte les païens car
ils sont également des êtres créés à l'image de Dieu. Donc, les païens ont eu aussi à connaître Dieu par ses
interventions historiques (Ex.7.5,17;8.6,18;9.14;Ez.25.5,7,11).

4. Conception moderne de la Révélation

1° Selon B. DUPUY, la révélation « a été comprise de façon classique comme la communication d'une vérité par
un auteur inspiré de Dieu, dont le message a été confirmé par des signes. Elle a été ainsi interprétée dans la
catégorie de la parole et du discours.»

2° La réflexion contemporaine procède à partir de la bible à un renouvellement de cette définition de B.DUPUY en


reconnaissant que :

- La révélation ne se donne pas comme une somme d'énoncés livrés par un intermédiaire, mais comme un acte
de Dieu;

- Elle inclut d'autres manifestations que la parole : il y a des faits porteurs de révélation; le passage de Dieu se
manifeste comme une trace au sein d'un peuple et s'inscrit dans une histoire;

- Elle est moins expression de parole qu'événement : elle se résume dans un face à face où le nom de Dieu est
évoqué plutôt qu'invoqué, car le nom de Dieu est imprononçable.

Ainsi reprise, la notion de révélation inclut à la fois un sens précis, propre à la révélation judéo-chrétienne, et un
sens large, dans lequel peuvent s'inscrire d'autres conceptions de la révélation.

Dans la Bible, " le fait de la révélation est exprimé principalement par le verbe galah; et le terme giloui désigne le
"dévoilement" de ce qui était caché, l'exil" de ce qui résidait d'abord chez soi et en soi et le "déploiement" de ce qui
était initialement enveloppé sur soi".

3° La tradition juive, de son côté, parlera d'un dévoilement (ou exil) de la présence : gilouï Shekinah. La révélation
n'est donc pas d'abord présence de Dieu, mais sortie de Dieu hors de soi dans le monde. Cependant en s'exilant
dans la création, Dieu ne lui est pas demeuré étranger. Il a voulu s'y faire entendre, s'y faire voir, s'y faire "connaître"
ou plutôt rencontrer un peuple qui l'accueille.

Cette rencontre de l'homme et de Dieu reste une et inexprimable, bien qu'elle soit donnée à tout un peuple et
qu'elle s'étale dans le temps : elle se manifeste "de multiples façons" sans qu'aucun événement ne puisse jamais
l'épuiser dans sa totalité.

4° Pour sa part, P. VALLOTTON dans La Bible, son autorité, son contenu et sa valeur, définit la révélation comme
"les lumières que Dieu nous donne sur Lui-même et nos relations avec Lui."
13

5° La Bible Annotée parle de la révélation comme "l'acte par lequel Dieu fait connaître à l'homme ses pensées
envers lui."

6° Beaucoup de religions prétendent être fondées sur quelques révélations, écrit G.SIEGWALT. Ce terme est ainsi
formel; il reçoit sa qualification par son auteur et par son contenu.

Dans la tradition judéo-chrétienne poursuit-il, " la révélation est celle de Dieu à Israël (Ancien Testament) et en
Jésus-Christ (Nouveau Testament).Son contenu est la rédemption ou le salut.

Dans l'Ancien Testament, il consiste dans l'alliance de Dieu avec son peuple; elle s'exprime centralement dans la
loi; dans le Nouveau Testament, le salut est lié à la personne et à l’oeuvre, centralement à la mort et à la résurrection
de Jésus confessé comme le Christ (Messie)."

7° L.M. MORFAUX définit ce terme comme étant "un substantif, dérivant du latin "revelario", de "revelare" qui
signifie "écarter le voile (velum) "," dévoiler, revoiler ". En théologie, ajoute-t-il, elle est une manifestation d'une
vérité que Dieu opère par illumination surnaturelle de l'intelligence humaine.

Cette notion de révélation n'est pas neutre dans l'histoire des religions, elle est toujours liée à d'autres notions
importantes qui sont partie intégrante de la foi d'un peuple, d'un individu.

8° C'est ainsi que A. DARTIGNES écrit : « Si Dieu se révèle dans l'histoire, ce n'est pas pour donner une information
"neutre" sur son essence, mais parce qu'il manifeste au monde son amour en le délivrant du mal. La notion de
révélation doit donc être précisée en lien avec celle du salut ou de rédemption qui implique une confrontation avec
la question du mal.»

Or le mystère de Dieu se dévoile, sur la croix, non comme expliquant le mal mais comme en révélant, sur la chair
du crucifié, une ampleur qui l'atteint lui-même en atteignant l'homme.

La croix donne ainsi à méditer l'idée d'un Dieu qui n'est aucune des puissances du monde, mais la puissance qui
dans sa faiblesse même triomphe de la mort.

Il définit la révélation comme une connaissance sur Dieu (son existence, sa volonté, son action et surtout sa nature
secrète) apportée par les communications, les directives, et l'enseignement des personnes spécialement choisies
pour cela; cette connaissance est le fondement de toute religion.

De ce qui précède, nous pouvons conclure que la révélation est définie et est comprise en fonction d'autres facteurs
qui corroborent en vue de sa réalisation. Nous citerons par exemple l'histoire, le temps, l'amour de Dieu, la
délivrance ou le salut de l'homme, la question du mal la personne et l’œuvre de Jésus, la parole de Dieu.

Dieu s'est révélé et se révèle de plusieurs manières dans l'histoire des hommes pour un but précis, celui de se
faire connaître à l'homme afin de le sauver.

C'est pourquoi le prophète Osée écrit :" Mon peuple périt par manque de connaissance"(Os.4.6).

Et l'apôtre Paul de renchérir :" Comment Le serviront-ils si on ne leur en parle?"(Rm.10.15). Il est donc impérieux
à l'homme de connaître Dieu pour mieux Le servir.

9° Pour Y. FEENSTRA, révélation vient de :

- " Apokaluptein " qui veut dire dévoiler. " Ce terme parle d'un voile qui nous empêchait de connaître Dieu. Par la
révélation, ce voile est levé."

Et ce terme grec traduit le mot hébreu " galah" qui a le sens de "découvrir ou d'enlever une couverture".
14

- " Deiknunai" qui signifie montrer. "Ce qui suggère que grâce à la révélation, il nous est donné de voir certaines
choses devant nos yeux".

- " Gnorizein" qui signifie connaître. "Le mot insiste au fait que la révélation donne une certaine connaissance".

- " Phaneroun". Il s'agit "de ce qui vient à son épanouissement, d'une richesse qui jusqu'ici n'était pas soupçonnée
et qui maintenant est mise à la lumière, tout en étant déjà là auparavant".

Dans la révélation divine, il n'y a pas que les paroles, mais aussi et surtout les actes de Dieu :" il ne s'agit pas
seulement de ce que Dieu parle, mais aussi et avant tout de ce qu’il agit. C'est à cet ensemble des actes de Dieu
et de sa parole que nous devons faire attention. Les deux vont de paire. C'est dans les deux ensemble que Dieu
vient à notre rencontre, qu'il se révèle à l'homme".

Ainsi, Y. FEENSTRA définit ce concept comme étant " la divine initiative, l'acte divin, par lequel, au lieu de se tenir
à distance, Dieu a voulu être le nôtre.

CHAPITRE II. DIEU (YHWH) ET LA CREATION

« Alors nous devons être en mesure de participer à la discussion de la question sur le pourquoi de notre existence et
celle de l’univers. Si nous trouvons la réponse à cette question, ça sera l’ultime triomphe de la raison humaine. Car alors
nous connaitrons les pensées de Dieu » Stephen Hawking.

A. DIEU

Ce que l'homme peut connaître de ce Dieu et de sa création vient de Dieu lui-même. Il est donc le révélateur de sa
révélation. Aussi tout homme qui parle de lui doit être inspiré par lui :

« Amos répondit à Amatsia : - Je ne suis pas un prophète de métier et je ne fais pas partie d’une confrérie de prophètes.
Je gagne ma vie en gardant des bœufs et en incisant les fruits des sycomores. Mais l’Eternel m’a pris de derrière le
troupeau et il m’a dit : « Va prophétiser à Israël, mon peuple.» (Am 7.14-15).

La Bible nous apprend que l’Univers a un Créateur appelé Dieu et que tout a été créé par Lui. Genèse 1 commence par :
« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». Le même chapitre reprend plusieurs fois : « Et Dieu dit que ceci
soit et cela fut ».

Pour le christianisme, la Bible est le livre de la révélation de Dieu. Elle est considérée comme ''Manuel de l'utilisateur'',
''Vademecum du gestionnaire'', ''notice du fabricant''. Elle permet à l'homme de cerner la volonté du Créateur dans le but
final de s'y conformer : « Les auteurs et rédacteurs des livres bibliques ont une conviction commune : leur identité et leur
histoire en tant qu'individu et membre d'un peuple ne peuvent se comprendre que par rapport à Dieu. Ils témoignent des
manifestations et des appels de Dieu et relatent les réactions des hommes face à la présence de Dieu dans leur vie
(interrogations, plaintes, louange, actions de grâce, adoration) ».

Pour se faire connaître et faire connaître sa volonté, Dieu s’est révélé à l’homme, la seule créature jugée digne d’être son
représentant dans l’univers. Aussi pour connaitre Dieu, il faut se référer à ce que Dieu lui-même dit de Lui dans sa Parole.

La Bible reconnue par les protestants a 66 livres répartis en deux parties : l’Ancien et le Nouveau Testaments. L’Ancien
Testament a 39 livres et le Nouveau en a 27.
15

Notre étude portera sur la Bible qui a deux parties : l’Ancien Testament ou la Bible hébraïque et le Nouveau
Testament.

Pour les juifs ou hébreux, l’Ancien Testament a trois parties (TANAK): Torah (Loi) ; Nebiim (Prophètes) et Ketubim
(Ecrits).

*Torah : Genèse, Exode, Lévitique, Nombre, Deutéronome.

*Nebiim : Josué, Juges, 1&2 Samuel, 1&2 Rois, Esaïe, Jérémie, Ezéchiel, Osée, Joel, Amos, Abdias, Jonas,
Michée, Nahoum, Habaquq, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie.

*Ketubim : Psaumes, Job, Proverbes, Ruth, Cantique des Cantiques, Qohéleth ou Ecclésiaste, Lamentations,
Esther, Daniel, Esdras, Néhémie, 1&2 Chroniques.

Par contre sa version grecque présente quatre parties : Pentateuque (Loi) ; Livres historiques (une partie des
Prophètes et certains Ecrits) ; Hagiographes ou livres poétiques (Ecrits) et les Prophètes (2è partie des
Prophètes y compris Daniel) :

- Pentateuque : Genèse, Exode, Lévitique, Nombre, Deutéronome.

- Livres historiques : Josué, Juges, 1&2 Samuel, 1&2 Rois, Ruth, Esther, Esdras, Néhémie, 1&2 Chroniques.

- Hagiographes ou Livres Poétiques : Job, Psaumes, Proverbes, Qohéleth ou Ecclésiaste, Cantique des
Cantiques.

- Prophètes : Esaïe, Jérémie, Lamentations, Ezéchiel, Daniel, Osée, Joel, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahoum,
Habaquq, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie.

Le Nouveau Testament est subdivisé en :

- Evangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) : Vie et Ministère de Jésus-Christ


- Actes des Apôtres : Naissance et expansion de l’Eglise
- Epîtres (Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens, 1 et 2
Timothée, Tite, Philémon, Hébreux, Jacques, 1 et 2 Pierre, 1, 2 et 3 Jean, Jude) : Vie de l’Eglise
- Apocalypse : Evénements de la fin des temps.

Caractéristiques de DIEU

Ralph SHALLIS a dit : « On ne peut pas prétendre servir Dieu sans Le connaitre et on ne peut pas prétendre connaitre
Dieu sans Le servir ». Voici en effet quelques caractéristiques de Dieu :

1° CREATEUR : Il est la source première de tout ce qui existe. Tout a été créé par Lui. L’univers tout entier tire son
origine en Lui. « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre » (Gn1.1). « C’est à toi qu’appartiennent les cieux et
la terre, c’est toi qui as fondé le monde et ce qu’il renferme » (Ps 89.12).

2° UNIQUE : En dehors de Lui, il n’y a que des idoles. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras
pas d’image taillée…Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point » (Ex 20.3-5).
16

3° ETERNEL : Il n’a ni commencement ni fin. Ses jours sont sans limite. « Il n’y a jamais eu de temps, de moment, passé
ou futur, où Dieu n’ait existé. Il n’est pas limité par l’espace et le temps, comme l’homme…et il est donc décrit comme
étant ‘je suis’» (Ex 3.14). « Avant que les montagnes fussent nées, et que tu eusses créé la terre et le monde, d’éternité
en éternité tu es Dieu » (Ps 90.2). « Je dis : Mon Dieu, ne m’enlève pas au milieu de mes jours, toi dont les années durent
éternellement…Mais toi, tu restes le même et tes années ne finiront point » (Ps 102.25,28).

4° OMNIPRESENT : Il est partout au même moment. Il n’y a pas un seul instant où Il est absent. Rien ne se fait à son
absence ou derrière son dos. Il observe tout ce que nous faisons. « Ne suis-je un Dieu que de près dit l’Eternel, et ne
suis-je pas aussi un Dieu de loin? Quelqu’un se tiendra-t-il dans un lieu caché sans que je le voie? Dit l’Eternel. Ne
remplis-je pas, moi, les cieux et la terre (Jér 23.23-24)

5° OMNIPOTENT : Il est Tout-Puissant et peut tout. Rien n’est au-delà de sa puissance. Il a les moyens de sa politique.
Il a le pouvoir d’appeler à l’existence ce qui n’existait pas ex nihilo. « Notre Seigneur est grand, puissant par sa force, son
intelligence n’a pas de limite » (Ps 147.5). « Job répondit à l’Eternel et dit : Je reconnais que tu peux tout, et que rien ne
s’oppose à tes pensées ».Jb 42.1-2.

6° OMNISCIENT : Il connait tout et aucune science n’est au-delà de sa connaissance. « Eternel !tu me sondes et tu me
connais. Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée. Tu sais quand je marche et
quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n’est pas sur ma langue, que déjà, Ô Eternel ! tu la
connais entièrement…Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée. Elle est trop élevée pour que je puisse
la saisir » (Ps 139.1-6). « Notre Seigneur est grand, puissant par sa force, son intelligence n’a pas de limite » (Ps 147.5).

7° SAINT : Il est sans péché et n’aime pas ou ne peut pas se réjouir du péché. Le péché est le contraire de ce qu’Il est
et de sa volonté. « Car je suis l’Eternel, votre Dieu ; vous vous sanctifierez, et vous serez saints, car je suis saint » (Lv
11.44). « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, et tu ne peux pas regarder l’iniquité » (Ha 1.13).

8° JUSTE : Il est le défenseur de l’ordre moral de l’univers. « L’Eternel règne à jamais, Il a dressé son trône pour le
jugement ; Il juge le monde avec justice, Il juge les peuples avec droiture » (Ps 9.8-9). Il déclare : « Lorsque des hommes,
ayant entre eux une querelle, se présenteront en justice pour être jugés, on absoudra l’innocent, et l’on condamnera le
coupable » (Dt 25.1). Il manifeste sa désapprobation contre toute forme de méchanceté comme l’idolâtrie (1R14.9,15,22),
l’incrédulité (Ps 78.21-22) et contre les injustices que l’on fait subir aux autres (Es 10.1-4 ; Am 2.6-7).

9° AMOUR : Son amour envers l’homme ne consiste pas en déclarations ou intentions d’amour mais dans des actes
concrets qui le prouvent. « Qui est l’homme, pour que tu te souviennes de lui ? Et le fils de l’homme, pour que tu prennes
garde à lui? Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, et tu l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la
domination sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds » (Ps 8.5-7). « Car tu es bon, Seigneur, tu
pardonnes, tu es plein d’amour » (Ps86.5). « Ce que je désire, est-ce le méchant meure? Dit le Seigneur, l’Eternel. N’est-
ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive? (Ez 18.23). « Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, ses compassions
ne sont pas à leur terme ; elles se renouvellent chaque matin » (Lam 3.22-23).

10° IMMUABLE : Il ne change pas. En lui il n’y a ni changement ni ombre de variation. Il n’est pas versatile et ne dépend
pas du temps, des circonstances et des personnes. Il est constant, solide et ferme. Il n’est jamais incohérent, il ne croît
pas et ne développe pas. Il est fidèle à ses promesses pour les réaliser. « Je le jure par moi-même, parole de l’Eternel! »
Gn 22.16. «Il a donné des lois, et il ne les violera point.» (Ps 148.6b). « J’annonce dès le commencement ce qui doit
arriver, et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli. Je dis : ‘mes arrêts subsisteront, et j’exécuterai toute ma
volonté’…Je l’ai dit, et je le réaliserai ; je l’ai conçu, et je l’exécuterai » (Es 46.10,11b). « Car je suis l’Eternel, je ne change
pas» Mal 3.6.

Savoir ces quelques caractéristiques sur Dieu doit avoir pour conséquence dans la vie de l’homme de vivre et d’agir en
conséquence mais aussi chercher à être l’image et la ressemblance de Dieu.
17

B. LA CREATION

Si tout bien que l’homme utilise a un fabriquant ou un constructeur (habits, voitures, portable,…), de la même manière
aussi l’univers en tant qu’un bien est le chef d’œuvre de YHWH. La Bible nous renseigne que la création est double :

Il y a le monde spirituel (Anges) et le monde physique ou visible. Le monde spirituel a précédé le monde physique.

Ainsi la création est constituée des toutes les créatures décrites dans Psaume 148 : anges, soleil, lune, étoiles, monstres
marins, abîmes, eaux, feu, grêle, neige, brouillards, vents, montagnes, collines, arbres, animaux, oiseaux, poissons,
hommes.

1. L’UNIVERS

Dieu a créé l’univers suivant un ordre chronologique de vie de tous les règnes : Minéral, Végétal, Animal et Humain. Le
1er récit de la création en Gn 1 nous donne l’ordre suivant très intelligemment conçu, suivi et respecté par Dieu :

- 1er jour : Lumière (jour) et ténèbres (nuit)

- 2è jour : * Voûte céleste ou ciel qui sépare les eaux d’en haut de celles d’en bas.

* Mers et terre

- 3è jour : verdure, herbe et arbre fruitier portant en eux leur semence

- 4è jour : Luminaires (Soleil, Lune, Etoiles) dans la voûte céleste pour séparer le jour et la nuit, des signes pour marquer
les époques, les jours et les années

- 5è jour : Animaux marins, Oiseaux

- 6è jour : *Animaux terrestres et *Homme

- 7è jour : Repos

Commentaires :

Sans les sels minéraux, les végétaux ne vivent pas car ils secrètent leur sève à partir de leurs racines qui se servent des
sels minéraux. Et sans les végétaux, les animaux ne peuvent survivre. C’est grâce aux végétaux que les animaux
respirent.

Les végétaux facilitent la respiration par la photosynthèse grâce à la chlorophylle qui fixe les rayons solaires en libérant
l’oxygène la journée et le gaz carbonique (CO2) la nuit. Les végétaux constituent la plus grande alimentation pour les
animaux. Quand il y a absence des herbes vertes, la mort est garantie pour les herbivores. Sans les minéraux, les
végétaux et les animaux, les humains meurent. Sans l’homme, tous les autres règnes meurent aussi.

2. L’HOMME

L’existence de l’homme s’inscrit non dans sa propre volonté mais dans celle de son Créateur. En tant que tel,
l’homme n’existe pas par lui-même, il est le produit ou le fruit de la volonté de Dieu (Gen. 1:26).
Le fait d’être créé par Dieu est une preuve de son amour envers la création :
18

①Les preuves de l’amour de Dieu pour l’homme

1° L’homme est la dernière créature à être créée. Toutes les autres créatures ont été donc créées pour favoriser
l’arrivée de l’homme afin que celui-ci ne manque de rien de tout ce qui lui était nécessaire (Gen 1 :3-25, 29 ; 2 :15-
20 ; 9 :3). Avoir été créé le dernier, veut dire que tout a été fait pour l’homme et non l’homme pour le reste.

2° L’homme est l’unique créature à avoir reçu la grâce d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gen
1 :26,27 ; 9 :6). La Bible révèle que toutes les autres créatures ont été créées par la Parole de Dieu (Gen 1 :3, 6,
9, 11, 14, 20, 24).
Mais pour l’homme, Dieu conçut un plan en façonnant une statue sur base de l’argile dans laquelle il souffla son
souffle de vie et l’homme devint une âme vivante (Gen 2 :7). L’homme a donc en lui une partie de la divinité (Gen
3 :22). Raison pour laquelle il participe à l’Eternité. Ayant un début, il n’a plus de fin.

3° L’homme a été mandaté par Dieu pour qu’il soit son lieutenant ou son gérant dans la création. Raison pour
laquelle Dieu l’a ordonné de dominer, de dompter, d’assujettir toutes les autres créatures en lui donnant tous les
moyens pour réaliser sa mission (Gen 1 :28).
Un penseur a déclaré : « L’homme parait avoir l’unique habilité de voir au-delà du présent, dans le futur. Il est plus
expert à ceci lorsqu’il invente et crée les articles qui changent le cours de la société.»
4° L’homme a été prévenu par Dieu de ce qui devait être sa vie pour qu’aucun malheur ne lui arrive (Gen 2 :16-
17 ; 3 :1-3).
L’homme savait donc ce qui lui adviendrait en désobéissant à l’ordre de ne point manger le fruit de l’arbre de la
connaissance du bien et du mal (Gen 2 :17 ; 3 :3). Lorsqu’on n’aime pas quelqu’un on ne le prévient pas de
l’existence d’un quelconque danger qui le guette.

5° Si Adam et Eve ont été créés directement par Dieu, tous leurs descendants sont les produits de l’union de
l’homme et de la femme (Gen 4 :1). La science (la Biologie) nous apprend que pour qu’il y ait conception d’enfant,
il faut la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde.
Si la femme libère un ovule par mois, l’homme libère des milliers des spermatozoïdes par éjaculation parmi lesquels
un seul, le plus rapide, arrive à féconder l’ovule. Un ovule fécondé se prémunie contre une autre fécondation en
produisant une enveloppe empêchant aux spermatozoïdes tardifs à le féconder de nouveau.

Si la science parle du hasard sur la rapidité des spermatozoïdes vers l’ovule, nous pensons que la conception de
chaque enfant est une preuve de l’amour divin à son égard. Le jour où chacun de nous fut conçu dans le sein de
sa mère, il y avait des milliers de possibilités pour qu’un autre enfant différent de nous vienne au monde d’autant
plus que chaque spermatozoïde est porteur d’un code génétique unique qui nous différencie les uns des autres.
Quand la science parle d’une naissance aléatoire, Dieu nous rassure que notre naissance a été voulue par Lui.
Ainsi, l’homme n’est pas le fruit du hasard, mais la manifestation même de la volonté divine (Jér 1 :5, Gal 1 :15, Es
49 :1).
6° Devant le péché, l’homme est différemment traité par rapport au Diable. Pour avoir voulu s’égaler à Dieu (Es
14 :13-14), le Diable non seulement a été chassé de la présence divine définitivement (Ez 28 :16,17, Es 14 :15, Ap
12 :7-13), mais un lieu de tourment éternel appelé enfer lui a été créé par Dieu pour qu’il y passe son éternité (Mat
25 :41, Ap 20 :10).
Par contre pour l’homme quand bien même il a été chassé du jardin d’Eden (Gen 3 :22-24), une promesse lui a
été faite, d’une part, que sa descendance écrasera la tête du Diable (Gen 3 :15) et d’autre part qu’il aura la
rémission de ses péchés à condition de se repentir (Ez 18 :21-23,27 et 28 ; 31 et 32 ; 33 :11,14-16,19).

Pourquoi le même privilège de se repentir n-a-t-il pas été accordé à Lucifer ?

Humainement parlant, Dieu s’est montré injuste envers le Diable et ses anges en appliquant le principe de 2 poids
2 mesures. « Cette injustice divine » contre le Diable mais en faveur de l’homme prouve à suffisance combien
l’homme est un bien-aimé de Dieu.
Pour le seul péché d’orgueil, Satan fut condamné sans possibilité d’interjeter appel. Mais pour plusieurs péchés de
l’homme, la possibilité lui est donnée de réclamer la clémence divine par la repentance (Es 1 :18-19, Ps 103 :8-14,
Jér 3 :12-14).
19

c) La réponse de l’homme à l’amour de Dieu

Généralement, lorsqu’un homme bénéficie d’un bienfait, son bienfaiteur attend de lui la reconnaissance, action de
grâce, remerciement. Dieu de même pour tous les bienfaits à l’égard de l’homme attendait de celui-ci la gratitude
(Ps 50 :14, Jér 33 :11).
Mais grande a été la déception de Dieu à la suite lui réservée par l’homme. Après avoir écouté les
recommandations de Dieu, l’homme a préféré d’une manière volontaire désobéir à Dieu pour obéir au Diable (Gen
3 :4-6).

La liberté lui accordée par Dieu a été utilisée non pour son émancipation mais pour son asservissement, son
avilissement, son aliénation, sa déshumanisation (Gen 3 :16-24).
La reconnaissance de l’homme envers Dieu se résume dans l’ « INGRATITUDE » et se manifeste dans « LE
PECHE, LA REBELION, LA REVOLTE, L’INCONSCIENCE, L’INDIFFERENCE » de l’homme face à la sollicitude
de Dieu à son égard. Et cette attitude de l’homme devant Dieu eut pour effet son regret d’avoir créé l’homme (Gen
6 :3, 5-7, Es 1 :2,3, Jér 2 :5).

Contrairement aux autres inventeurs qui à la fin d’un chef d’œuvre peuvent prendre de distance pour l’admiration
et se sentir comblés de joie de bonheur et de gloire, Dieu est triste. Ce qui devait faire sa fierté crée son déshonneur,
sa honte, sa colère, son repentir : « L’Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que
toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. L’Eternel se repentit d’avoir fait
l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur » (Gn 6.5-6).

Dieu trouve les animaux beaucoup plus reconnaissants, conscients et attentionnés vis-à-vis de leurs maîtres que
l’homme par rapport à son Créateur. « Cieux, écoutez! Terre, prête l’oreille! Car l’Eternel parle. J’ai nourri et élevé
des enfants, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son possesseur et l’âne la crèche de son maître
: Israël ne connaît rien, mon peuple n’a point d’intelligence» (Es 1 :3).

Dieu pose à chacun de nous ces deux questions fondamentales : 1) Connais-tu le but de ta création?
2) Vis-tu le but de ta création?

Lorsqu’un objet créé ne répond plus au but de sa création, il devient inutile. De même l’homme qui ne donne pas
gloire à Dieu par son vécu quotidien n’a pas de valeur, n’est pas utile pour son Créateur. Bien que vivant, il est
considéré mort par Dieu.

d) Conséquence de l’ingratitude de l’homme

La méconnaissance des bienfaits de Dieu à l’égard de l’homme a eu pour effet l’entrée du « PECHE » dans
l’humanité. La présence du péché dans l’homme entraina son expulsion de la présence divine (Gen 3 :22-24) ;
parce que Dieu ne peut jamais cohabiter avec le péché (Hab 1 :13, Es 59 :1).
La désobéissance de l’homme le priva de la présence de la gloire de Dieu pour laquelle il fut créé (Rom 3 :23).
Ainsi Dieu le maudit (Gen 3 :16-21). Et cette malédiction divine fut le départ de sa descente aux enfers.
Ainsi le malheur de l’homme n’est pas à chercher auprès de Dieu, ni du Diable et des démons, moins encore
auprès des sorciers, des occultistes… mais dans sa rébellion à l’égard de Dieu. La malédiction divine dans la vie
de l’homme ne laisse que désolation, déchirement et mort (Ps 50 :22).

L’homme ainsi maudit, est contraint de faire face sans soutien divin aux puissances nuisibles de l’univers, contre
lesquelles il ne peut opposer aucune résistance ni les vaincre.
A chaque fois que l’homme refuse de faire ce que Dieu lui demande, il pèche devant Dieu et s’expose à la
malédiction (Dt 28 :15-18, Jos 24 :20).

Le péché est donc :

a) La transgression : une violation délibérée de la loi, de la ligne de démarcation divine entre le bien et le
mal (Ps 51 :3, Hb 10 :26, 2Pie 2 :20-22, Rom 1 :32 ; 2 :23, 1Jn 3 :4, 2Pie 2 :16).
20

b) L’iniquité : un acte mauvais en soi qu’il soit expressément interdit ou non (Rom 1 :21-23 ; 26-31, Es 5 :18,
50 :1, Ps 94 :20, Prov 6 :18, Es 10 :1, Hab 2 :9, Deut 25 :16).
c) La faute : un abandon du droit chemin (Rom 1 :18, Lév 7 :18 ; 17 :16, 2Sam 6 :7, Esd 10 :11, Job 13 :26 ;
34 :37).
d) L’égarement : un échec dans la tentative d’atteindre le but de Dieu (Am 2 :4, 2Tim 3 :13, Tit 3 :3, 2Pie
2 :15, 1Tim 1 :6, Rom 3 :11).
e) L’offense : une intrusion de la volonté propre à l’homme dans un domaine appartenant à la volonté divine
(Rom 5 :15-20, Jér 33 :8, Néh 1 :7 ; 4 :5, Jg 11 :27, Gen 20 :9, 2Sam 19 :19).
f) La licence : une situation d’anarchie d’ordre spirituel (1Tim 1 :9-10).
g) L’incrédulité : une insulte à la véracité de Dieu (Marc 6 :6 ; 16 :14, Hb 3 :12,19, Mat 17 :17, Marc 9 :19,
Luc 9 :41, Jn 20 :27, 2Cor 4 :4, Tit 1 :15, Ap 21 :8, Jd 1 :5, 1Pie 2 :7 ; 3 :20).

Le péché est donc entré dans le monde par le 1er couple humain Adam & Eve (Rom 5 :12, 1Cor 15 :21). Il est
devenu et demeure universel (Rom 3 :23), entrainant la peine de mort physique et spirituelle de tous ceux qui s’y
soumettent (Gen 2 :17 ; 3 :19, Ez 18 :4-20, Rom 6 :23). Il est ainsi incurable hors la mort expiatoire de Jésus (Ac
4 :12, Hb 9 :26).

Son entrée dans l’humanité conduisit Dieu à mettre sur pied la plus grande entreprise que l’humanité n’a jamais
connue à savoir, le salut de l’homme (l’économie du salut) : Le choix d’Israël et la venue de Jésus-Christ.

Pour vivre selon Dieu, les Israélites devaient respecter scrupuleusement toutes les lois. Et Dieu connaissant leur
incapacité de tout respecter va instaurer les SACRIFICES pour le PARDON des péchés. 5 animaux étaient agréés
pour le sacrifice : - Le taureau ou le bœuf ; - Le bélier, la brebis ou l’agneau ; - Le bouc ou la chèvre ; - La tourterelle ;
- Le pigeon.
L’acceptation des tourterelles et de pigeons était due à la présence des pauvres incapables de se procurer bœuf,
brebis ou chèvre (Lév 5 :7 ; 12 :8).
Le sang de ces animaux était l’élément essentiel à la vue duquel le pécheur obtenait le pardon de ses péchés ou
forfaits (Lév 17 :11).

Parmi ces sacrifices, nous pouvons citer :

1° Sacrifice d’expiation (Lév 4 :6/17-21) ;


2° Sacrifice de culpabilité (Lev 5 ; 7 :1-7).

Le non respect des lois et le manque des sacrifices d’expiation et de culpabilité déclenchent la colère de Dieu qui
se traduit par différentes peines: maladie, déchéance, stérilité, déportation, paralysie, mort.

CHAPITRE III. L’ADORATION ET LA LOUANGE

L’utilité de chaque objet créé ou inventé ne peut être donnée que par son fabriquant. C’est ainsi par exemple : le
stylo pour écrire ; la montre pour indiquer l’heure ; le téléphone pour communiquer…
De même Dieu qui est l’Auteur de la création connaît et nous révèle le pourquoi de celle-ci :
Prov 16 : 4 déclare que « Dieu a tout créé pour un but ». Es.43.7 d’ajouter : « Tous ceux qui s’appellent de mon
nom, et que j’ai créés pour ma gloire, que j’ai formés et que j’ai faits ».
Ps 86.9 dit : « Toutes les nations que tu as faites viendront se prosterner devant ta face, et rendre gloire à ton
nom ».
Si tout a été créé par Dieu mais surtout pour Lui, Dieu a raison de réclamer la gloire (Esaïe 43 :7) et la louange (Ps
150 :6) de la part de ses créatures. L’univers tout entier est appelé à se considérer comme l’instrument de plaisir
de Dieu dans toutes ses manifestations.
Manifester la gloire de Dieu (Adoration), dire ses hauts faits (Louange) tel est le but de la création de l’univers. Ce
dernier doit chercher à tout prix à plaire à son Créateur en ne faisant que sa volonté.
21

a) L’Adoration : Elle ne doit pas être comprise comme une attitude, une position, un moment du culte, une prière,
un chant, une sensation de la présence de Dieu (chair de poule, cheveux dressés), joie, larmes, etc, mais une VIE.
Il ne faut pas qu’il y ait inadéquation entre ce que la bouche déclare ou le corps exprime et ce que nous vivons. En
tout lieu et en tout temps, la vie menée doit donner honneur et gloire à Dieu. Ce n’est pas ce que nous faisons pour
Dieu qui compte, mais ce que nous sommes devant lui.
La Bible dit : « Dieu prend plaisir à la vérité qui vient du fond du cœur » (Ps 51.7).

Dieu qui exige l’adoration sonde les cœurs et connait les intentions de chaque humain. Il sait déterminer la qualité
du culte que nous Lui rendons et qu’il attend de nous. Et face à l’hypocrisie humaine, Il déclare : « Quand ce peuple
s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres ; mais son cœur est éloigné de moi, et la crainte qu’il a
de moi n’est qu’un précepte de tradition humaine » (Es. 29.13).
« Je hais, je méprise vos fêtes, je ne puis sentir vos assemblées. Quand vous me présentez des holocaustes et
des offrandes, je n’y prends aucun plaisir ; et les veaux engraissés que vous sacrifiez en actions de grâces, je ne
les regarde pas. Eloigne de moi le bruit de tes cantiques ; je n’écoute pas le son de tes luths» (Am.5.21-23).

Si toutes les créatures glorifient Dieu, l’homme est appelé à mieux le faire en sa qualité du sommet des créatures.

Si des créatures inférieures réalisent ce pourquoi elles étaient créées, combien plus grande ne doit pas être la
gloire que l’homme doit par son vécu quotidien en tout lieu et en tout temps donner à Dieu comme signe de sa
gratitude (soumission).
Il revient donc à l’homme de toujours chercher à savoir en demandant à Dieu quelle doit être sa vie, pour que celle-
ci soit, non pas ce qu’il veut, mais la volonté de son Créateur.

b) Louange : Elle consiste à être reconnaissant envers Dieu à cause de ses actes d’amour, ses hauts et bienfaits
en notre faveur (souffle de vie, intelligence, travail, nourriture, habillement, protection, guérison, délivrance,
mariage, progéniture, prospérité, salut, vie éternelle, etc). Elle est une manière d’attribuer à Dieu tous les mérites
de ce que nous sommes, de ce que nous avons et de ce qui nous arrive. Elle a pour synonyme la gratitude, action
de grâce, remerciement.
La plus grande louange de l’homme envers Dieu est de l’aimer en guise de son amour envers lui. «Tu aimeras
l’Eternel ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Dt 6.5).
La louange envers Dieu doit aussi se traduire par des attitudes telles que :
• Paroles : « Mon âme, bénis l’Eternel et n’oublie aucun de ses bienfaits » (Ps 103.2).
• Chants et danses : « Alors Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique à l’Eternel…Marie, la
prophétesse, sœur d’Aaron, prit à sa main un tambourin, et toutes les femmes vinrent après elle, avec
des tambourins et en dansant» (Ex.15.1,20). « Louez Dieu avec le tambourin et avec la danse » (Ps
150.4).
• Offrandes : « Rendez à l’Eternel gloire pour son nom! Apportez des offrandes et venez devant l’Eternel
avec des saints ornements » (1 Chr 16.29).

Il sied de préciser que l’adoration et la louange ne sont pas le seul apanage de l’homme. La création dans son ensemble
est appelé à adorer et louer le Créateur. Le Psaume 150 : 6 dit à propos : « Que tout ce qui respire loue l’Eternel ».
Il y a donc ici une coopération entre l’homme et la nature.

Et le 2è récit de la création (Gn2.4ss) vient renforcer l’interdépendance entre l’homme et la nature. L’homme est tiré de
la poussière, d’où son nom Adam tiré d’adama = terre. En plus, il reçoit « dans les narines le souffle de vie » et devient
un être vivant.

L’expression «être vivant » se retrouve à propos des animaux dans les versets 20 et 24 de Genèse 1. Nous pouvons
donc adhérer à une écologie qui parle de relations entre les vivants. Dieu est relationnel et tout est en relation dans Sa
Création. D’ailleurs, après le déluge, Dieu conclut une alliance avec les hommes et tous les êtres vivants qui sont avec
eux.

L’homme a aussi la responsabilité comme gérant du patrimoine divin. Le mieux-être de tout l’univers est considéré tâche
prioritaire de Dieu en Eden (Gn2.15).
22

« Cultiver ou travailler » signifie aussi en hébreu "servir, être au service de", un terme du registre cultuel. On peut
rapprocher cette mission « au service de notre jardin » avec le « se servir sans règle du / et dans le jardin» de notre
terre actuellement.

Et « garder » a le sens de préserver, protéger, ce dont les termes dont la langue anglaise « garden » garde la
trace ! Garder peut aussi se prendre dans le sens de « se garder » de faire n’importe quoi du jardin de la création qui
nous a été remis. C’est aussi un appel à se garder personnellement pour être dans le « bon » de notre Créateur c'est-à-
dire dans la conformité à son plan.

Dans sa souveraineté, Dieu a créé l'homme pour être responsable sur toutes les autres créatures. L’ordre lui a été donné
de dominer sur toutes les autres créatures hormis son semblable humain :

« Puis Dieu dit: ‘ Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance! Qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les
oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son
image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit et leur dit : ‘Reproduisez-vous, devenez
nombreux, remplissez la terre et soumettez-la! Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout
animal qui se déplace sur la terre! » (Gn 1.26-28).

Selon la Bible, l’homme est tripartite : corps, esprit et âme (1Co 5.23). Mais MAKANZU Mavumilusa dans « Quand Dieu
te gêne », ajoute une 4è composante à l’homme, « le cosmos, l’univers, ou l’environnement ».

Et un chercheur a dit : « L’homme n’est pas externe à la création, il en fait partie intégrante ». Voilà pourquoi, la chute de
l’homme a plongé toute la création dans la désolation : L’Eternel Dieu dit à l’homme : « Le sol sera maudit à cause de
toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie… » (Gn 3,17). Prov. 16.4a déclare : « Dieu
a tout créé pour un but… ».Or tout ce que Dieu a créé l’a été pour sa gloire. La création toute entière et ce qu’elle contient
existe donc pour la gloire de Dieu ; d’où sa valeur (Ps 148).

Détruire la création, c’est diminuer le nombre des créatures appelées et disposées à adorer et louer Dieu. On ne
peut pas prétendre être enfants de Dieu et détruire les autres créatures qui doivent honorer Dieu. « Celui qui ruine
son père et qui met en fuite sa mère est un fils qui fait honte et qui fait rougir » (Prov. 19.26).

On ne détruit que ce qui n’est pas bon. Or après avoir tout créé, Dieu vit que cela était bon, voire très bon. Comment un
homme peut-il déclarer mauvais ce que Dieu déclare être bon et oser le détruire? Ce que Dieu a béni, nul n’a le pouvoir
de maudire (Nb 22.12) ; mais comment l’homme peut se permettre de maudire ce que Dieu a béni?

La bonne gestion de l’univers, sa protection par l’homme est une autre manière d’adorer et de louer Dieu.

CHAPITRE IV. LA SOCIALISATION OU LE VIVRE EN COMMUN

Non seulement la nature est bourrée des richesses à exploiter, mais l’homme, le gérant de Dieu, est doté des
capacités intellectuelles pouvant, une fois mises en marche, lui permettre de transformer la nature en sa faveur.
« Dieu les bénit, et leur dit : soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les
poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » (Gen 1.28). « L’Eternel Dieu
prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Eden pour le cultiver et pour le garder » (Gen. 2.15).
23

a) Socialisation

La première responsabilité que Dieu donne à l’homme est : « soyez féconds, multipliez, remplissez la terre» (Gn
1.28a). Cette responsabilité se remarque dans le fait que la présence d’Adam parmi les autres créatures ne lui a
pas procuré la joie car il n’y trouva point un semblable à lui. Et Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul,
je vais lui faire une aide qui sera son semblable» (Gn 1.18).

Il ressort de cette déclaration que la raison première de la création d’Eve soit la cassure de la solitude d’Adam. La
présence d’Eve à côté d’Adam fait naitre en eux l’amour l’un envers l’autre.

Dans la société, on trouve 4 types d’amour :

- EROS ou Sensuel : C’est l’amour qui nait par l’attirance sexuelle de l’homme vers la femme et vice-versa. Ce
type d’amour est sélectif car il est prohibé entre les membres d’une même famille ainsi que des parents par alliance.
Les rapports sexuels sont permis. Exemple : Amour entre mari et femme.

- STORGÊ : C’est l’amour entre les membres d’une même famille. Il n’y a pas de choix de lien d’amour car il est
imposé par le fait d’être d’une même lignée. Les rapports sexuels y sont prohibés.

Exemple : Amour entre parents et enfants ou entre enfants d’une même famille.

- PHILIA : C’est l’amour entre amis non issus d’une même lignée familiale. Ce type d’amour exige un choix, un tri
selon les critères propres à chacun de ceux qu’il désire avoir comme amis.

Exemple : Amitié entre David et Jonathan (1Sm18.3).

- AGAPÊ : C’est l’amour divin qui consiste à aimer le prochain comme Dieu aime les humains sans intérêts égoïstes
et sans discrimination de race, de religion, d’idéologie, etc. Il consiste à chercher le bonheur de l’autre car humain
comme nous. L’humain n’est pas utilisé par l’autre comme moyen pour atteindre ses buts mais il est considéré
comme but ultime de toute entreprise de l’homme.

Les raisons du mariage sont donc :

1. Socialisation de l’homme :

L’homme est un être foncièrement social. Il trouve sécurité et confort qu’en compagnie de ses semblables. Voilà
pourquoi Adam n’était pas heureux quand il était seul au milieu d’autres créatures. C’est ce qui a poussé Dieu à
dire qu’ « il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui ».

En effet, toute personne dans ce monde n'existe valablement qu'en relation avec l'autre, que celui-ci soit Dieu, une
personne ou l'environnement naturel. Cette relation est médiatisée par :
1. Le corps au moyen duquel on éprouve la réalité première du monde des choses et des personnes ;
2. Le travail sous toutes ses formes, par lequel on produit quelque chose qu'on puisse l'échanger avec les autres ;
3. Le langage, qui permet la communication personnelle.
C'est en fait de ces trois modalités de relation que naissent trois besoins fondamentaux suivants et utiles à chaque
être humain :

1. Assurer la sécurité dans tout contact avec les autres.


Etant donné qu'il y a toujours menace de la violence dans toute rencontre avec l'autre, la sécurité apparaît à la fois
comme condition et comme résultat de ce qui est le contraire de la violence, à savoir, l'amitié ou l'amour.
24

Dans chaque rencontre avec les autres, l'expérience montre qu'on peut s'attendre soit à une menace de perdre
ses intérêts soit à une promesse de gratification. Il y a donc nécessité pour l'individu de se protéger, tout en ne
s'isolant pas jusqu'à se priver de toute relation. Car seul, l'homme ne peut se garantir aucun équilibre.
Il a besoin de la société (du groupe familial à l'Etat, en passant par toute sorte de corporation et d'associations)
pour s'assurer d'une protection suffisante dans le domaine physique (contre le meurtre, le viol, l'agression...),
économique, médical, voire même affectif et psychologique ;
2. Assurer la réciprocité dans les échanges avec les autres.
Ici, on tient à éviter que les biens de tous ne soient pas accaparés par quelques- uns au détriment des autres. La
réciprocité évite de susciter la convoitise, elle encourage plutôt la justice et devient une source d'enrichissement
mutuel, il faut alors la protéger contre tout ce qui la menace par des règles morales appropriées ;
3. Assurer l'identité de la personne dans sa communication avec les autres.
Tout être humain a besoin d'être reconnu comme quelqu'un de spécifique, et ce sont les autres qui lui donnent
cette reconnaissance par rapport à son rôle social, à ses compétences, à la confiance qu'on lui fait et à l'amour
dont il est objet. Mais le moment majeur de cette reconnaissance est sans doute celui où l'on s'attend nommé par
quelqu'un qui vous aime.
C'est même la visée essentielle de la morale chrétienne qui stipule comme loi du Christ : « aimez- vous les uns et
les autres... comme je vous ai aimé ! (Jn 13, 34 ; I Cor. 13, 1-13 ; Lc 10,29-37 ; 15, 11-32).
Voici le tableau qui résume la fonction régulatrice et ses visées fondamentales

Fonction de la régulation de la morale


Fondé sur le caractère essentiellement rationnel de l'existence humaine (relation de l'altérité). L'être humain est
en relation avec autrui par la médiation de son : Corps, travail et langage.
Afin d'obtenir d'autrui : Rencontre, échange et communication.
Mais les menaces de : Violence, convoitise et mépris obligent à formuler des règles de morale qui protègent les
besoins fondamentaux de : Sécurité, réciprocité et identité.
Avec l'espoir de faire prévaloir dans les relations personnelles et sociales : Respect, justice et reconnaissance.
La fonction de régulation vise à éviter les menaces et à favoriser la réalisation des promesses. C'est le sens de
règles morales que les hommes se donnent pour que soit rendue possible la vie en commun

La vie en communauté apprend à l’homme ses droits et devoirs vis-à-vis de lui-même et de la communauté. Tout
en étant unique, il est appelé à vivre avec les autres qui ont des intérêts qui peuvent converger ou diverger avec
les siens. Il apprend ainsi à s’affirmer mais aussi à se fondre pour défendre sa présence, son existence et celle de
la communauté. L’homme est appelé à vivre en communauté avec les autres en cherchant son bonheur et celui
des autres. « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme ».

Cette raison combat la tendance de considérer l’autre comme un sur-homme et/ou un sous-homme mais comme
un humain. Cela empêche de faire de soi-même ou de l’autre un dieu ou un esclave.

Il ressort de cette raison qu’on ne peut épouser que quelqu’un qu’on aime et avec qui on est prêt à passer des
moments d’intimité et de liberté.
25

Il est donc conseillé de n’épouser que quelqu’un qu’on connaît mais surtout qu’on aime non pas à cause de ce qu’il
a mais de ce qu’il est.

2. Satisfaction de l’appétit sexuel : « Et les deux deviendront une seule chair ». Il ressort clairement de cette pensée
que le sexe ne peut être utilisé que dans un cadre bien précis appelé mariage. En dehors de ce cadre, toute
utilisation du sexe devient un usage contre nature c’est-à-dire, ne rencontre pas le pourquoi de son existence. Les
déviations du genre fornication, impudicité, adultère se trouvent ici prévenues.

3. La Procréation : « Soyez féconds, multipliez-vous et remplissez la terre ». L’homme est appelé avec sa
partenaire féminin à perpétuer l’espèce humaine.

Il sied de préciser que le manque de procréation n’est pas une raison suffisante pour annuler le mariage si les deux
autres raisons sont présentes.

Le mariage est une institution qui a trois conditions pour le réaliser : « L’homme quittera son père et sa mère,
s’attachera à sa femme et les deux deviendront une seule chaire.»

1. Quitter : Ne peut se marier que la personne indépendante sur le plan psychologique (mature) et matérielle. Elle
doit être capable de prendre seule des décisions et savoir s’assumer.

2. S’attacher : Accepter de perdre une partie de soi-même pour que l’autre partie du conjoint vienne se greffer.
L’égocentrisme est à bannir ici car en se mariant, on opte pour la recherche du bonheur de son conjoint et non de
son propre bonheur. Il faut épouser la personne pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle a ou ce qu’elle peut nous
donner. On ne peut pas avoir meilleur ami que son conjoint. Le conjoint doit être la personne en qui on a et on fait
totalement confiance.

3. Devenir une seule chaire : La consommation de mariage passe obligatoirement par le sexe. Et quand on se
marie, on s’engage à n’avoir des rapports sexuels qu’avec son conjoint. L’infidélité conjugale est une trahison du
conjoint fautif et une preuve de manque d’amour envers son conjoint.

CHAPITRE V. LE TRAVAIL

Les récits de la création (Gen.1-2) montrent le souci du Créateur pour le bien-être de l'homme. Ainsi, YHWH
commence par doter l'homme d'une nature riche en éléments diversifiés pouvant lui permettre de mener une vie
décente. Raison pour laquelle, Dieu investit aussi l'homme de son pouvoir de créateur pour qu'il continue son
œuvre sur la terre en qualité de co-créateur. Non seulement la nature est bourrée des richesses à exploiter, mais
l'homme, le gérant de Dieu, est doté des capacités intellectuelles pouvant, une fois mises en marche, lui permettre
de transformer la nature en sa faveur.
« Dieu les bénit, et leur dit : soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les
poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » (Gen.1.28).
L’Eternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder » (Gen. 2.15).
La gestion de la nature fait partie de responsabilités que Dieu confie à l'homme dans ces récits de la création. Cette
dernière est donc la parole révélée du Souverain Maître à un sujet responsable. L'homme y est placé comme
gérant pour le compte du seul Maître du monde. Ainsi, savoir travailler et gérer est une responsabilité de la
révélation divine. Et par cette responsabilité donnée à l'homme, l'Omniscient veut exclure dans le chef de sa
créature préférée la paresse, la fainéantise ou le « croiser les bras ».
26

La nature n'étant pas un produit fini, mais plutôt une matière première brute, elle est appelée à subir des
transformations pour le bien exclusif de l'homme sans pour autant qu'elle soit endommagée. Car sa destruction
entraîne inévitablement la détérioration de la vie sur terre. L'homme, dans sa recherche de transformation ou du
recyclage de la nature est contraint de respecter les principes de l'Ecologie s'il ne veut pas que la nature lui soit
rebelle. La transformation ou recyclage implique donc le travail.

C'est ainsi que dans Proverbes 6.6-11, YHWH donne une leçon pratique au paresseux :
Toi paresseux, vas vers la fourmi. Observe son comportement et tires-en une leçon de sagesse. La fourmi n'a ni
surveillant, ni contre maître, ni patron. Pourtant, elle amasse de la nourriture pendant l'été, au temps de la récolte,
elle fait des provisions. Et toi paresseux combien de temps resteras-tu couché? Quand cesseras-tu de dormir? Tu
veux prendre un peu de sommeil et t'assoupir un petit moment, tu restes un peu étendu en croisant les bras?
Pendant ce temps, la pauvreté te surprendra comme un rôdeur, et la misère comme un pillard.
Il ressort de cette période que la fourmi soit le symbole du travail et de prévoyance, donc de gestion dans beaucoup
de cultures. Et le manager ou le gestionnaire est appelé à être travailleur, prévoyant, planificateur, entrepreneur,
etc. Et chercher à contourner cette responsabilité, c'est vouloir tomber dans un trou béant de la paresse, de la
fainéantise, de la loi du moindre effort, etc. entraînant des conséquences fâcheuses tant pour l'individu que pour
la communauté (pauvreté, dépendance, parasitisme qui sont des fléaux pour l'homme).
Le travail pour le Créateur est donc la seule voie par excellence pour vivre dans l'abondance et la prospérité : « La
fortune est pour le riche une ville forte ; la ruine des misérables, c'est leur pauvreté » (Prov.10.23).
C'est ainsi que Dieu n'accorde sa bénédiction qu'aux travailleurs qui deviennent riches par conséquent, alors que
les paresseux en sont privés et sont pauvres : « Je bénirai les fruits de ton travail » (Dt.7.13)
« C'est la bénédiction de l'Eternel qui enrichit » (Prov.10.22)
L'insistance divine sur le travail de l'homme est encore renforcée par le capital temps que Dieu alloue au travail.
En effet, il demande à l'homme d'utiliser 85% du temps mis à sa disposition pour le travail. « Tu travailleras six
jours, et tu feras tout ton ouvrage » (Ex. 20.9).

La valeur éthique du travail

Le travail tient une grande place dans la vie de l’homme. Nous devons donc ici faire appel à la Bible pour discerner
ce qu’elle nous dit du travail et de notre comportement en tant que personne qui travaille.

Trois remarques s’imposent :

1° Une éthique du travail s’adresse d’abord à chacun en particulier, l’invitant à réfléchir sur son comportement et
à discerner plus sûrement quelle est la volonté de Dieu pour lui-même en tant que travailleur.

2° Les commandements de Dieu balisent le chemin, mais ne le dessinent pas dans les moindres détails. Ils donnent
la direction à suivre (aimer), précisent ce qu’aimer veut dire (servir, accueillir, pardonner, etc.) et ce qui s’oppose à
l’amour (mensonge, violence...).
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Ainsi la réflexion éthique ne peut se contenter de poser des grands principes. Elle doit affronter la réalité avec ses
ambiguïtés, ses conflits, ses choix difficiles et montrer comment appliquer aux situations particulières les principes
de vie révélés par la Parole de Dieu.

3° Une réflexion éthique sur le travail ne peut se limiter à une morale individuelle. Elle s’interroge aussi sur la
dimension sociale de l’existence humaine, l’organisation de la vie en société et les mécanismes socio-
économiques. Les hommes ne peuvent vivre ensemble dans la paix que si les rapports sociaux sont soumis à
des lois, à des règles de vie commune dont la raison d’être est de mettre fin au mal et d’encourager le bien.

Le travail dans la Bible

Il n’existe pas dans la Bible d’exposé suivi, nous fournissant une théologie ou une éthique du travail élaboré. Les
textes qui en parlent sont souvent très variés et appartiennent à différents genres littéraires (récits, lois, conseils
de sagesse …). Cependant, il est possible de dessiner à partir des repères que donne la bible les grandes lignes
d’une conception cohérente du travail.

Deux perspectives dominent la conception biblique du travail :


- Le travail, considéré comme une bonne chose, est un don de Dieu pour le bien et la joie de l’homme ;
- Le travail, considéré comme un fardeau, est une source des souffrances.
Ces deux perspectives sont déjà présentes dans les trois premiers chapitres de la Genèse : Si les deux premiers
chapitres nous présentent le travail comme un mandat de Dieu confié à l’homme à la création, le troisième nous le
présente comme quelque chose de pénible à laquelle est attachée une condamnation suite à la chute.

Le Travail, un don de Dieu

Comme don de Dieu, le travail peut revêtir un double aspect :

1° Le travail, comme mandat divin

L’être humain tel que l’a voulu le Créateur est appelé à être actif et non oisif. Il a reçu de Dieu la mission de dominer
la terre, de l’assujettir (Gn.1.28) en la transformant par son savoir-faire, son intelligence et son industrie.

Placé par Dieu dans le jardin d’Eden, selon Gn.2, « pour le garder et le cultiver », l’homme est le jardinier de Dieu,
l’employé de Dieu, son associé ou si l’on veut bien le gérant de toute la création. Il met en œuvre pour la réalisation
de cette tâche son intelligence, sa force et les ressources de son intelligence.

Donnant à son activité un sens créatif, l’homme n’est pas seulement un être de nature, mais aussi de culture. La
capacité de l’homme de dominer la terre et de la cultiver est un élément de l’ « image de Dieu » en laquelle il a été
créé (Gn.1.26). L’activité de l’homme reflète et imite donc celle du Dieu Créateur, elle fait de l’homme comme un
miroir de Dieu.

C’est ainsi que le Décalogue, ressortissant cette réalité, met en parallèle les six jours de la création avec la semaine
de travail des humains et le repos de Dieu avec le sabbat accordé aux hommes (Ex.20.7-11).

L’homme a donc reçu de Dieu, un mandat celui de travailler à la continuation, à l’accomplissement de la création
de Dieu.
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2° Le travail, comme œuvre à accomplir

Puisque Dieu fait de l’homme son intendant, il est normal qu’il lui recommande de travailler : « tu travailleras six
jours et tu feras tout ton ouvrage. »

Toutefois, notons que le sens du travail est faire le bien, rechercher ce qui est utile aux autres, accomplir une œuvre
utile à soi-même, à la communauté.

C’est ainsi que la Bible condamne la paresse et enseigne aux hommes qu’il est de leur intérêt de travailler : la
paresse conduit à la misère et l’oisiveté ne nourrit pas son homme (Cf Prov.).

Dieu invite l’homme à travailler pour assurer sa subsistance. Dieu a souci du bien-être de sa créature, lequel ne se
limite pas seulement aux nécessités de la vie physique. Le travail contribue à développer la vie sociale, les relations
avec autrui, puisque par son travail l’homme participe à une œuvre commune ; il est lié aux autres dans une
interdépendance qui lui rappelle qu’il ne peut vivre seul, qu’il ne peut se suffire à lui-même. Lorsqu’il en est ainsi,
l’homme peut se réjouir de son travail, y trouver une certaine fierté, celle d’accomplir une œuvre.

Car, c’est en faisant de son activité une œuvre, en la subordonnant à un projet utile, qui a une valeur non seulement
à ses propres yeux, mais aussi à ceux de Dieu et des autres humains, que l’homme est un reflet de Dieu par son
travail, qu’il peut s ‘en réjouir et y trouver un sens.

Le Travail, une source de souffrance

Le travail de l’homme ne se fait pas toujours dans la joie et la liberté, il peut aussi être vécu dans la peine, la
contrainte, la frustration ; et c’est là, la conséquence du péché humain qui est venu fausser l’ordre de la création
(Gn.3.17-19).

Notons ici que le travail n’est pas devenu une malédiction en soi, mais plutôt les conditions dans lesquelles il
s’exercera désormais : il s’accompagnera de la peine. La malédiction est ainsi donc attachée aux conditions du
travail, qui n’est pas devenu une chose mauvaise, mais une chose pénible.

Cette réalité de la peine du travail est évoquée dans les Ecritures par cette expression « à la sueur de ton visage
» et elle est aussi bien rappelée par le mot français « travail » qui dérive du bas-latin tripalium qui désignait un
instrument de torture.

Ainsi, la terre, que l’homme était chargé d’assujettir, résiste à ses efforts, lui devient hostile, l’activité de l’homme
s’accompagne de souffrance et pour se procurer sa nourriture et les biens nécessaires à sa vie, l’homme doit
fournir des efforts, se fatiguer souvent jusqu’à la douleur.

Notons aussi que, l’obligation de travailler, d’accepter des tâches fatigantes, déplaisantes ou mal payées est un
autre côté de la peine du travail.

La vanité du travail

S’il est vrai que la peine du travail est inégalement repartie et que certains privilégiés étaient et sont encore libres
de réaliser une œuvre sans en subir la peine, surtout à notre époque des machines et de l’énergie domestiquée, il
est aussi vrai que l’ouvre de l’homme est menacée par la vanité. En effet, même quand elle est réussie, l’œuvre
humaine est source de frustrations, d’insatisfactions (Ec.1.14).
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Cette vanité tient essentiellement au fait que l’homme qui réalise une œuvre, considère qu’il travaille pour lui-
même, ne compte que pour lui-même, comme si sa vie ne dépendait que de lui-même et de son travail et non de
Dieu de qui il a reçu mandat. Il prétend ainsi par son travail suffire à lui-même.

Et pourtant les écritures déclarent : « J’ai vu que toute peine et que tout succès d’une œuvre n’est que jalousie de
l’homme à l’égard de son prochain » (Eccl.4.4).

La bénédiction par le travail

Par son travail, l’homme est créateur de richesses et ces dernières ne sont pas seulement matérielles, mais
concernent aussi toutes sortes des services qui rendent la vie humaine plus facile, plus riche : l’éducation, le
commerce, la communication, la médecine…

Ces bénédictions qui ne suppriment pas la peine du travail, permettent de donner un sens à l’activité de l’homme,
d’y voir une œuvre à accomplir et non une simple nécessité, et par conséquent, d’être motivé pour travailler
consciencieusement.

Ainsi, malgré la peine qui est attachée au travail de l’homme, le travailleur peut avoir le sentiment de réaliser une
œuvre ; et quatre facteurs contribuent à cela :

1° Gagner son pain

Le travail est de fois considéré comme synonyme de gagne pain, car il permet à l’homme de se procurer de quoi
vivre faire vivre les siens. Il est juste et normal que celui qui travaille reçoive en contre partie de quoi maintenir et
enrichir son existence. « L’ouvrier mérite son salaire » dit les Ecritures. Il y a donc une satisfaction légitime à assurer
sa propre subsistance par son travail, à ne pas vivre aux dépens des autres en mendiant son pain, et aussi un
espoir d’acquérir des biens qui rendent l’existence plus agréable, plus sûre et plus facile.

Chercher à gagner sa vie est donc une motivation honorable pour le travailleur. Toutefois, cela ne peut pas être la
seule raison de travailler.

2° Exprimer et enrichir sa personnalité

L’homme exprime sa personnalité et sa richesse en accomplissant le mandat qui lui a été confié par Dieu. Par ceci,
il s’accomplit lui-même et enrichit sa personnalité en mettant en valeurs ses dons. C’est pour l’homme un honneur
que Dieu ait fait de lui son associé dans la gestion de la Création.

Différemment des autres créatures, Dieu invite l’homme à faire preuve de son habileté, de créativité, à maîtriser
les techniques et produire des œuvres d’art. En travaillant, l’homme prend sa vraie place dans la création, il
s’affronte à la matière et aux lois de la nature qu’il met au service de ses projets tout en les respectant.

Le travail non seulement enrichit et contribue à l’estime de soi, mais constitue aussi une source de fierté. Cela se
vérifie dans le fait que celui qui est privé de la possibilité de travailler s’en trouve appauvri et en souffre. Ainsi
chercher à trouver dans son travail une source d’épanouissement par son travail est donc aussi une motivation
légitime de travail.

3° Servir

Le service est le mot clé de la conception biblique du travail, qui lui donne sa valeur et son sens. En tant que service
des hommes et de Dieu, le travail garde sa valeur, même quand il est accompli dans des conditions pénibles et
inintéressantes.
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La conscience de rendre service à son prochain donne un sens à toute tâche laborieuse aussi humble soit-elle. Et
cette valeur de service enlève au travail tout mépris puisqu’il est par là même, une expression de l’amour du
prochain.

Parce qu’il est un service, le travail le plus humble, le moins considéré ou payé, devient une œuvre de choix qui
veut beaucoup d’amour.

Cette conception du « travail-service » transparaît dans le mot français « métier », qui vient du latin ministerium, «
service ». Tout métier est donc un ministère, un service. Aussi servir son prochain, c’est aussi servir Dieu.

4° Glorifier Dieu

Par son travail, l’homme remplit le mandat que Dieu lui a confié, celui de cultiver et de garder le «jardin» terrestre.
Lorsqu’il agit en bon administrateur des biens de Dieu, par un travail bien fait au service de son prochain, l’homme
répond à l’attente de Dieu, le réjouit et le glorifie.

Par son travail, en effet, l’homme voit une occasion de rendre grâces à Dieu, de le bénir, de le glorifier, de mettre
en valeur les grâces et dons qu’il a reçus de lui. C’est donc avec raison que nous pouvons conclure avec les
Ecritures : « Quoique vous fassiez en parole ou en œuvres, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant
grâces par lui à Dieu le Père ».

Les relations dans le travail


Le travail est un endroit ou un milieu où il y a une grande possibilité de contacts et d'échanges, un milieu de relations
; car on travaille rarement seul, mais avec d'autres et pour d'autres. Cependant, les relations professionnelles ne
sont malheureusement pas toujours agréables et enrichissantes. Elles sont, aussi et bien souvent, sources des
tensions et des conflits.
Le monde du travail est celui des relations de collaboration et de camaraderie d'une part et des relations
hiérarchiques d'autre part. La qualité de ces relations mérite qu'on s'en préoccupe, qu'on s'attache à l'améliorer au
lieu de la laisser se développer de façon incontrôlée.
Le problème de relations est donc un aspect essentiel de l'éthique du travail et ce que nous voulons considérer ici.

1° Relation de collaboration
La collaboration dans le travail peut être source de joies lorsque l'attente est bonne ou de peines lorsqu'elle est
mauvaise. L'ambiance sur le lieu du travail, qui dépend en grande partie des relations établies entre travailleurs, a
une grande importance.
Il n'existe pas cependant de recette miracle, les situations, les conditions de travail et les personnalités étant
extrêmement diverses.
Notons toutefois qu'il y a des attitudes qui favorisent les bonnes relations et d'autres qui le détruisent. Il importe
donc de discerner et de développer ce qui contribue à créer un climat de confiance et de paix, propice à des bonnes
relations. En effet, il est nécessaire de comprendre et d'accepter que la recherche de la paix, de la bonne entente
soit un objectif prioritaire pour lequel il est juste et normal de faire des efforts et des concessions.
Il vaut donc la peine de veiller à ce que des attitudes telles que la zizanie, la jalousie, l'esprit de rivalité, l'orgueil ne
viennent troubler les bonnes relations dans un milieu du travail. S'il est vrai que bien de fois l'hypocrisie et la
partialité détruisent la confiance et la bonne attente et que des injustices créent de l'amertume de telle sorte que la
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bonne entente ne soit pas possible ; il est aussi vrai que ces choses peuvent être surmontées si l'on veut continuer
à vivre en paix et promouvoir l'harmonie dans le lieu du travail.
Cependant, il est malheureux de constater que dans certaines entreprises, l'esprit de compétition et de rivalité est
encouragé dans le but de favoriser la production, alors que cela ne peut conduire qu'au développement d'une
attitude d'égoïsme, d'une attitude de jalousie. Car chacun s'occupera de ses propres affaires, sans se soucier de
celles des autres ; seuls compteront son avancement, son prestige, sa renommée sans se demander si l'on est un
fardeau ou un soutien, sans considérer sa responsabilité à l'égard des autres ; chacun restera ainsi sur la défensive
devant les autres, se méfiant et se gardant de tout ce qui pourrait le placer en position d'infériorité.
C'est ainsi que toutes ces choses qui ne peuvent favoriser l'esprit d'équipe, de collaboration harmonieuse doive
être bannie de nos milieux de travail, afin que nous puissions créer un climat de confiance et de paix, de bonne
entente et de collaboration harmonieuse, propice à des bonnes relations.
Aussi, tout celui qui voudrait travailler à côté de l'autre dans un tel climat de paix, devra-t-il :
* S'efforcer à être un bon équipier, un bon collègue sur lequel les autres peuvent compter et qui fait preuve de
solidarité à leur égard.
* S'efforcer à faire sa part de travail correctement, sans laisser le plus pénible aux autres, sans qu'il soit nécessaire
que quelqu'un d'autre corrige ou complète son travail.
* Etre prêt à donner un coup de main aux autres, à conseiller et à aider le débutant ou celui qui est en difficulté.
* Veiller à ne pas ralentir l'équipe par négligence, par paresse ou par mauvaise volonté.
* Eviter de chercher à briller aux dépens des autres afin de ne pas briser la solidarité avec ses compagnons de
travail.
* Garder le souci d'autrui et de la nécessaire bonne entente.
En bref, pour que subsiste une bonne relation de collaboration dans le travail, il importe que soit développé l'amour
et ses dérivés, comme la paix, la douceur, la patience, la bienveillance, la fidélité, la maîtrise de soi, fruit de l'Esprit,
qui permet une vie harmonieuse entre les hommes et contre lesquels ni la loi, ni le bon sens ne peuvent s'élever.
Les problèmes ne surgissant que là où il y a des hommes, chacun s'efforcera aussi à être celui qui pardonne et
favorise la réconciliation, en sachant que l'édification et le maintien de la paix et de la bonne entente, ainsi que
l'acceptation des autres avec leurs travers devraient être des objectifs dans le lieu du travail.

2° Relations hiérarchiques
La plupart des professions sont organisées selon une structure hiérarchique. Il en découle que certains sont
appelés, du fait de leurs responsabilités, à exercer une autorité, un pouvoir de décision et de contrôle sur les autres,
qui doivent, eux, se soumettre.
L'autorité est donc d'une nécessité importante dans une communauté humaine, car l'absence d'autorité ne peut
qu'affaiblir toute société et faire obstacle à la réalisation des projets communs. Lorsque l'autorité n'est plus
respectée, tout le monde en souffre, aussi quand elle est mal exercée ou quand ceux qui la détiennent en abusent
ou en font usage non pour le bien commun mais pour des intérêts égoïstes.
Ainsi l'autorité, bien qu'elle soit nécessaire, peut bien aussi être cause des difficultés et des souffrances, et ce,
particulièrement dans les relations du travail.
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Deux visions sont à considérer ici, lorsque nous abordons ce problème des relations hiérarchiques : celle de
l'employeur, du patron, du cadre, du dirigeant, d'une part et celle de l'employé, du travailleur, du subordonné, de
l'ouvrier de l'autre.
Du point de vue du premier, les employés ne donnent pas à leur travail toute l'attention et les efforts qu'il faudrait.
Ils ont tendance à paresser. Du point de vue du second, le premier fait partie d'un monstre qui a pour nom «
direction », « autorité », « ordre » et qui n'a pour rôle que de dire : « il faut travailler plus, mieux, plus vite, ce n'est
pas encore au point » et encore « non, vous ne méritez pas d'augmentation de salaire, nous ne pouvons vous en
donner plus ...»
Il apparaît donc de ces différents points de vue que les relations hiérarchiques dans le travail sont souvent sources
de tensions et des conflits. Conscient de ce fait, il est tout à fait normal que certaines normes soient établies en
vue de garantir des bonnes relations.
Paul parle de la vie sociale de son époque et du rôle que chacun était amené à jouer dans le travail. Evoquant les
relations hiérarchiques, il s'adresse aussi bien aux supérieurs et aux subordonnés (Eph.6.5-9, Col. 3.22-4.1).
Il est vrai que le contexte historique d'antan est différent du nôtre et qu'il s'agissait là des relations entre maîtres et
esclaves, toutefois les principes bibliques définis dans ces textes sont assez instructifs pour promouvoir un climat
des bonnes relations hiérarchiques.
Il vaudrait donc que ces relations soient bâties sur un contrat bien défini et sur la soumission et le respect.

3° Une relation contractuelle


La relation entre employeur et employé devrait toujours être envisagée sous la forme d'un contrat, qui les engage
l'un à l'égard de l'autre dans la réciprocité. Cependant, chacun ayant besoin de l'autre, doit se considérer comme
un partenaire et se reconnaître responsable devant lui. Le contrat définit les droits et devoirs de chacun en assurant
une réciprocité entre les contractants.

4° L'obéissance, la soumission et le respect


L'obéissance au travail équivaut à accomplir la tâche confiée par un travail bien fait, sans négligence, sans perte
de temps. C'est chercher à se montrer digne de confiance. Dans sa lettre à Tite, Paul exhorte les esclaves à ne
pas « être contredisants » ; c'est-à-dire de manifester à leurs maîtres du respect et de la déférence. Toutefois, cette
obéissance n'équivaut pas à un écrasement de la personne de l'employé ou au fait que ce dernier ne peut pas du
tout réagir même si l'ordre reçu paraît injuste ou impropre.
L'employé a droit de poser des questions, de donner son avis sans contestation et sans révolte. Donc l'obéissance
que peut exiger un supérieur a des limites. Le supérieur doit respecter la conscience de ses subordonnés et leur
donner des ordres justes, dans le cas contraire, il s'agira d'un abus de pouvoir qui au lieu de favoriser des bonnes
relations, impliquerait plutôt le recours au mensonge, à l'injustice, à la violence, voire même à la perte de l'emploi.
Ainsi le chrétien doit toujours avoir pour règle de conduite : « obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » et garder à
l'esprit que l'obéissance à Dieu consiste à « faire du bien ». Dans le milieu du travail, le bien consiste en particulier
à faire son travail, à accomplir sa tâche en recherchant la bonne entente et la réconciliation.
Notons que tout comme les subordonnés, ceux qui exercent l'autorité sont aussi tenus à la soumission et dans ce
cas, celle-ci se traduit par le service et le respect.
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En principe, c'est à celui ou à celle qui fait preuve de compétence particulière, nécessaire au bon fonctionnement
de l'entreprise, qu'est normalement accordée une position d'autorité. Il convient donc de voir dans cette position
un service à rendre et non une domination à imposer ou un privilège à défendre. C'est la compétence qui justifie
l'autorité et en fait un service, à condition qu'elle s'accompagne du respect pour les subordonnés et ce dernier se
compose essentiellement du souci de justice et de l'abstention des menaces.
Il est vrai que la tentation d'abuser du pouvoir que donne une position de responsabilité est grande, cependant
retenons que l'abus du pouvoir est contraire à l'esprit de service, d'où à l'épanouissement du travail.
Par contre, lorsque l'autorité est bien exercée, elle fait de ceux qui ont à obéir des hommes et des femmes
responsables et non des simples exécutants. Les relations sont alors meilleures et le travail une joie.

CHAPITRE VI. L'ETHIQUE SOCIALE DANS L'ECONOMIE BIBLIQUE

L'Ethique biblique économique relève surtout de la responsabilité des prophètes commis par Dieu pour
communiquer à Israël sa conception sur la pratique et la finalité économiques. Les prophètes n'ont pas conçu un
programme économique qu'on qualifierait d'économie libérale ou planifiée. Néanmoins, parmi leurs oracles, on
relève le souci de recherche d'une économie au service de tout l'homme et de tout homme. Ils introduisent ainsi la
question éthique dans le domaine économique.
Et paraphrasant W.C GRAHAM qui s'y est penché, EPSZTEIN écrit :
Les prophètes se montrent ennemis non seulement de tout ce qui porte atteinte aux valeurs morales, mais ce qui
affaiblit l'économie. Mais comme le déséquilibre, la crise économique et sociale que dénoncent les prophètes se
traduit par une répartition beaucoup trop grande importance attribuée à la richesse matérielle. Sans vouloir freiner
l'activité économique même; ils demandent à ce qu'elles soient soumises à un certain contrôle. Les termes, tels
que bonté, honneur, confiance, fidélité, décence, justice, traduiraient dans la bouche des prophètes, (selon
GRAHAM), leurs efforts visant à maintenir les mobiles du gain, la poursuite des intérêts personnels, dans les cadres
d'une certaine discipline morale.
Pour la Bible, la non observance de ces mesures économiques conduit à la catastrophe économique (Mic. 6.14-
15) et partant, à la ruine de la société entière (Mic. 6.16).
La croissance économique entraînant la consommation altruistique, c'est-à-dire l'action sociale de l'Etat envers les
pauvres, les prophètes ne pouvaient pas privilégier l'attention due aux pauvres au détriment de cette croissance
ou devenir des farouches défenseurs de la justice sociale comme seule vertu suprême.
Cette réaction prophétique est le résultat du contraste observé au sein de la société pendant les deux périodes de
la prospérité de l'économie israélite. Sous Salomon au 10e siècle, cette prospérité eut pour effet, les inégalités
sociales et économiques criantes. Et la conséquence ultime et fâcheuse fut la division du royaume en deux (1
R.12). De même sous Jéroboam au 8e siècle, la prospérité d'Israël entraîna des déséquilibres sociaux et
économiques graves avec comme conséquence la fin du Royaume du Nord par l'invasion assyrienne (722).
L'Ethique biblique économique n'exige pas l'action altruistique de l'Etat qui se traduirait en dons et en actions
caritatives. Elle veut plutôt :
1° un état de droit où l'égalité des chances et l'honnêteté sont les valeurs fondamentales,
2° la distribution de la justice sociale qui doit relever du devoir du roi et non de sa magnanimité,
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3° le partage du revenu national aux citoyens d'un état ne doit pas relever de la volonté (bonté) d'un chef au pouvoir
mais plutôt de ses attributions, de son devoir et des droits des citoyens (Os. 5.1; Mic. 3.1; 6.8).
Les prophètes apparaissent comme un alternatif du pouvoir politique. Ils en sont le garde-fou. Tirant leur origine
d'une source qu'est Dieu, ils sont donc indépendants. Leur contact avec Dieu fait qu'ils soient gardiens des valeurs
nobles pour l'équilibre de la société.
Et à défaut de réaliser leur projet de société équitable et stable, cette dernière se désintégrera au profit de l'ennemi.
Raison pour laquelle, ils tirent la sonnette d'alarme (Ez.3.16-21;Am.3.6-7).
Leurs analyses socio-politiques et économico-religieuses représentent un projet de société théo-et
anthropocentrique. Le social apparaît comme la préoccupation dominante dans ce projet de société. Aucun effort
n'est épargné pour que tout israélite ait la vie digne devant Dieu et parmi ses semblables sur la terre que d'aucun
considère comme don de Dieu à tous. BUIS en tire le principe d'égalité de droit en ces termes : « Dans ce peuple,
tous sont égaux en droit. Les promesses faites en Israël comme à une personne unique, valent pour tous ses
membres : tous ont un droit égal à en profiter. Dans un peuple libéré de la servitude, il ne saurait y avoir ni privilège
ni classe.
Aussi, la production était conçue selon Pr.30.8. La société était appelée à travailler de manière à ce que les deux
principes fondant l'éthique socio-économique en Israël soient respectés à savoir :
- Qu'il n'y ait ni riche ni pauvre ;
- La satisfaction des besoins fondamentaux de l'homme (travail, nourriture, logement, santé,
habillement).
Aussi, l'avoir n'est pas à considérer comme une fin en soi. Chaque homme a droit à une dignité inaliénable. C'est
pourquoi l'ouvrier mérite son salaire (Jér.22.13). D'où pas de gains perfides au dos des indigents (Jér.22.17;
Am.5.11). Tout homme qui travaille doit bénéficier des fruits de sa production (Am. 9.14). Les bornes des terrains
doivent être respectées (Es. 5.8; Os. 5.10; Mic. 2.1ss) afin que chacun vive librement sur sa parcelle sans que
personne ne le trouble. Les balances (poids et mesures) doivent être équitables (Am.8.5 ; Mic.6.10).
Relevons les efforts fournis pour traduire ce principe social à un programme de société.
- La bienveillance envers les faibles
Nombre de catégories sociales sont impliquées ici. Il s'agit de : veuve, orphelin, malheureux, pauvre, salarié et le
faible. Tous partagent une condition de dénouement total, du non-avoir qui prêtre même au non-être.
Ils sont les économiquement et sociologiquement faibles car sans défenses ni protection. La veuve et orphelin le
sont à la suite du décès du mari et du père. Les autres sont les produits du déséquilibre socio-économique orchestré
par les opérateurs économiques véreux en complicité avec les autorités politiques.
Une société solidaire, stable et équitable, structurée sur les bases de l'égalité des chances exclurait cette couche
sociale surtout si l'on s'en tient à l'axiome théologique selon lequel le Seigneur donne la terre à Israël comme un
TOUT pour son bonheur.
Deut.15.4 reconnaît cette évidence quand il reprend : «Toutefois, il n’y aura pas de pauvre chez toi, tellement le
Seigneur t'aura comblé de bénédictions dans le pays qu'il donne en héritage pour en prendre possession».
Mais l'expérience relève autre chose. La pauvreté parmi les membres d'une nation doit être assumée comme un
fait social après l'échec de toutes les mesures antérieures visant à la radier.
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De l'idéal, le Deutéronome peut passer à une mesure réaliste : «Et puisqu'il ne cessera pas d'y avoir des pauvres
au milieu du pays : Tu ouvriras ta main à ton frère, au pauvre et à l'indigent dans ton pays» (Deut.15.11).

Nombre de dispositions ont été prises pour alléger leur fardeau dans 1 R.12.4 et les intégrer dans la cohésion
sociale afin qu'ils se sentent membres du peuple de Dieu dans sa terre. En d'autres termes : «Même si ce mal que
représente la pauvreté est inévitable, il faut tout pour essayer, sinon de le surmonter, du moins de le réduire au
maximum.»
Parmi ces dispositions qui visent à alléger la misère des faibles et à les intégrer dans le tissu social, nous pouvons
relever :
1° L'abandon (périodique) de la récolte
Cette pratique s'insère dans la tradition sabbatique où la récolte de la 7è année du repos, est destinée aux faibles
(Ex. 23.10-11) et à tous sans distinction de statut socio-économique (Lév.25.6). Il est question ici de l'abandon de
la récolte en faveur des faibles dans d'autres circonstances, notamment, en demandant au propriétaire de ne pas
glaner toutes les gerbes et tous les fruits de sa production afin que le faible y trouve aussi son compte (Deut. 24.19-
21). Cette mesure complète l'autorisation de manger dans le champ d'autrui sans emporter chez soi (Deut.23.24-
25).
Ces trois possibilités s'offrent au faible israélite comme une espérance de vie, une écoute existentielle de l'autre
qui accepte de partager avec lui son avoir, fruits de la terre.

2° La dîme triennale
Elle est la redevance d'un dixième sur les fruits de la terre, des troupeaux ou de toute autre source de revenu
(Deut.14.28-29; 26.12-14). Elle est destinée aux déshérités dont font partie les lévites. Elle contraint le riche au
partage de son revenu avec les faibles. Cette fois le partage ne tient pas compte de son vouloir mais c'est un devoir
sous forme d'impôt, une obligation sociale que l'on traduirait en termes de solidarité nationale. Il y a une différence
entre la dîme annuelle (Deut.14.22-27) et la dîme triennale (Deut.14.28-29).
- La première est apportée au sanctuaire central pour servir de témoignage à la bénédiction du Seigneur dont on
a été l'objet pendant les récoltes. Elle est une pratique connue du P.O.A. Elle était offerte aux propriétaires de la
terre (Dieu à travers les prêtres-lévites (Nb.18.20ss), Baal (dieu cananéen) et l'Etat (1 Sm.8) en signe d'allégeance
ou d'action de grâce.
- La seconde dîme triennale est entièrement destinée aux faibles. Pourtant les faibles ne sont pas propriétaires du
sol. Donc, Dieu en parrainant cette loi sociale, accepte de partager ses prérogatives avec les faibles. Exploités
politiquement, ils peuvent ainsi être réhabilités moralement et socialement.
C'est dans cet esprit qu'il convient de comprendre aussi leur invitation aux repas sacrés à l'occasion des trois fêtes
de pèlerinage : Pâque, Fête des semaines, Fête des tentes (Deut.16.1-17).

3° La protection de l'émigré
Ces faibles sont souvent des émigrés, donc des étrangers. Et dans cette catégorie nous distinguons :
- Le Réfugié : C'est l'étranger que les circonstances obligent à demander la protection d'une communauté autre
que la sienne. A ce titre, il a droit de résident temporaire, mais ne peut avoir la propriété foncière.
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Par conséquent, il bénéficie des droits sociaux. C'est le terme utilisé pour stigmatiser le fait qu'Israël soit étranger
sur cette terre qui appartient à Dieu (Lév.25.23) comme il l'était en Egypte ( Ex.22.20; 23.9; Lév.19.34; Dt. 23.8 ).
- L'étranger non-israélite : il est en situation passagère, il est un inconnu du pays. Il ne bénéficie pas des avantages
de la loi sociale et ne peut que se contenter de l'hospitalité légendaire orientale. Son traitement est moins bon par
rapport à l'émigré : Il est contrait à payer la dette (Deut.15.3) ou à rembourser avec intérêt (Deut.23.21). On peut
lui vendre une bête crevée (Deut.14.21), pourtant la bête serait donnée gratuitement à un émigré pour qu'il mange.
Il est privé de certains droits, surtout de gouvernance (Deut.17.15). Il est aussi écarté du repas pascal alors que
l’émigré y est accepté après circoncision au même titre que l'indigène de la terre.
- Le salarié : C'est une catégorie sociale inconnue au début pour la simple raison que le système social n'avait
pas encore fait beaucoup de victimes.
Il est assimilé aux malheureux et aux pauvres (Deut.24.14) dont le revenu ne lui permet pas de se faire des réserves
(Deut.24.15). La loi décrie la modicité du salaire, car il s'agit du revenu d'un journalier et en plus, étant son seul
moyen de subsistance, il a droit à la vie (Lév.19.13).

La voie par excellence pour s'enrichir, en dehors de l'héritage familial, est le travail. En tant que tel, tout
enrichissement hors ces circuits est malhonnête et appelé à être condamné. Aussi tout travail normalement doit
procurer bonheur ou payer celui qui le fait, c'est-à-dire l'aider à mieux vivre. D'où, ne pas travailler ou travailler sans
être bien payé ou encore le faire sans du tout être payé conduit inévitablement à la pauvreté.
Le travail a un double avantage de rendre indépendant (auto-prise en charge) vis-à-vis des autres celui qui l'exerce
mais aussi d'être utile ou prenant en charge ceux qui nous entourent et qui sont dans le besoin.
Nous pensons que le cantique « Le travail » du chantre congolais Kool MATOPE résume mieux la pensée de Dieu
sur le travail :
« Ce par quoi t'as la liberté, ce par quoi tu seras béni, car la manne ne peut plus tomber, c'est par ton travail que
Dieu va te bénir. Rester sans rien faire va d'asservir, prends bon courage, il n'y a pas de sot métier, car la paresse
est par Dieu punie, c'est par ton travail que ton pays va se développer.
Celui qui reçoit est esclave de celui qui donne. Tango bazokabela yo okomi mowumbu ya moto azokabela yo.
Nzambe akopambola yo nde na mosala ozosala. Soki osali te, kolia mpe te. Nzambe alakisi ndakisa ya liboso,
asalaki mosala mikolo motoba ; ndeko yo na ngai tomipesa ya solo na mosala nde Nkolo apamboli.»
Aussi si le travail répond aux exigences qui lui sont reconnues, il faut néanmoins prendre en compte certaines
considérations sociales sans lesquelles la pauvreté risque de ne pas être enrayée :
- Jouir et faire jouir sa famille de ses moyens en évitant une fausse modestie ;
- Vivre selon ses moyens : Ne pas vivre au-delà de ses avoirs ;
- Avoir une progéniture selon ses moyens ;
- Subvenir aux besoins des autres, leur venir en aide mais selon ses moyens sans prendre la place de Dieu.
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CHAPITRE VII. LE DROIT DANS L’ANCIEN TESTAMENT

1. Introduction
Il n'est pas aisé de parler d'une manière concise de la façon dont l'Ancien Testament traite la question du droit. Le
droit s'y trouve, mais d'une manière éparse. En parcourant l'Ancien Testament, on lit une langue, des idées et on
voit des images presque concrètes évoquant le droit ou la justice.
Déjà à la création, on voit YHWH donner des directives à l'homme sur sa façon de se comporter face à la nature
mise à sa disposition et face à son Créateur ainsi que son semblable :
Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les
poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre (Gen.1.28). L'Eternel Dieu
prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le garder.
L'Eternel donna cet ordre à l'homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas
de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras (Gen.2.15-17).
Et en lisant Gn 3, nous nous rendons compte que la désobéissance de l'homme à la loi divine va entraîner son
expulsion du jardin d'Eden. Dieu met ainsi en exécution la loi qu'il avait mise sur pied et qu'il a fait connaître à
l'homme.
Le scénario du déluge du temps de Noé dans Gen 7 prouve à suffisance qu'une loi était en vogue à l'époque même
si elle n'est pas explicitement évoquée ici.
C'est d'ailleurs sa violation qui oblige Dieu, son législateur, a rappelé à l'ordre tous les récalcitrants avant de les
frapper suite à leur désobéissance.
L'épisode de Sodome et Gomorrhe dans Gen 12 de même est à circonscrire dans ce cadre parce que Loth vivait
dans une société qui non seulement connaissait la loi mais délibérément avait choisi de l'ignorer dans son vécu
quotidien.
La discussion entre Abraham et les représentants de la loi venus pour châtier prouve que l'innocent devait être
acquitté et le coupable puni.
Aussi quand Abraham envoie le plus fidèle de ses serviteurs pour aller chercher une femme à son fils Isaac, on
pense qu'il réfère à une loi qui existait déjà dans le POA. Cette logique sera suivie plus tard par Jacob.
Et quand la nation Israélite est en phase de gestation, des instructions formelles lui sont données en rapport avec
la mise sur pied de l'appareil régulateur de la justice en son sein :
Dans toutes les villes que le Seigneur votre Dieu vous donnera, vous désignerez des juges et magistrats chargés
de rendre la justice avec impartialité parmi les membres de vos tribus. Ne faussez pas le cours de la justice. Dans
un jugement ne favorisez personne, et ne vous laissez pas corrompre par des cadeaux, car ils rendent aveugles
même les plus clairvoyants et pervertissent les décisions des sujets. Vous vous efforcerez de rendre la justice de
façon objective (Deut. 16.18-20).

La loi dans l'Ancien Testament se trouve consignée dans les cinq premiers livres appelés, le « Pentateuque ».
Cette loi comprend des récits, des traditions narratives, des lois proprement dites, des traditions législatives qui ont
marqué les étapes de la constitution du peuple d'Israël et en ont assuré la structure.
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Dans le Pentateuque, c'est la période de droit « mythologie religieuse » où le législateur est le seul Dieu Créateur
qui réglemente, prescrit, interdit, permet, le tout assorti des sanctions ( Gen.2.16-17).
On parle aussi des «Cinq livres de Moïse», car selon la tradition, Moïse est la personne clé pour la libération et la
constitution d'Israël. Son œuvre se présente sous diverses formes qui peuvent être groupées sous ces quatre chefs
:
1° Auteur de l'unification et de l'organisation des tribus en une véritable nation
2° Intermédiaire d'une alliance entre Yahvé et Israël
3° Législateur
4° Réformateur religieux ou Prophète

Le trait le plus frappant de la législation israélite est son caractère religieux. Certes que cet aspect se retrouve
aussi dans d'autres codes du P.O.A, mais nulle part ne se trouve une telle compénétration du sacré et du profane.
La loi est édictée par Dieu. Elle règle les devoirs envers Dieu d'abord et du prochain après. Les prescriptions sont
motivées par des considérations religieuses.
Ainsi, par exemple, on a des règles morales dans le Décalogue et les lois culturelles dans le Lévitique. Mais ce qui
est significatif, c'est que soient mêlés dans un seul recueil les lois civiles et criminelles et des principes religieux et
que tout soit présenté comme la charte de l'alliance de YHWH.

2. Conception biblique (A.T.) de la Justice


De l'hébreu tsedaqah et du grec dikaiosune, la justice biblique n'est pas que la vertu qui consiste à rendre à chacun
ce qui lui appartient, mais elle est surtout la qualité qui fait qu'un pouvoir, un titre, un acte, un événement, un objet
sont conformes à ce que le droit, la coutume ou l'essence des êtres exigent.
Par exemple : Quand la pluie de l'automne tombe, c'est qu'elle répond à l'attente basée sur l'expérience des années
normales (Joël 2.23).
Les mesures et les poids sont justes quand conformes aux normes reconnues (Lév.19.36 ; Ez.45.10).
La justice en Israël a avec le temps 3 acteurs principaux à savoir : Dieu, le roi et le citoyen.
a. La justice divine
La Bible dit que le trône de Dieu est fondé sur la justice et l'équité (Ps.89.15; 97.2; Es.33.5).
Il s'enveloppe de la justice comme manteau. Et cette justice se mesure d'après le rapport entre les actes de Dieu
et les promesses faites aux hommes, les clauses de l'alliance et les prédictions des prophètes. Dieu n'est juste que
lorsqu'il est logique avec lui-même.
L'Eternel règne à jamais, Il a dressé son trône pour le jugement ; Il juge le monde avec justice, Il juge les peuples
avec droiture (Ps 9,8-9).
La justice de Dieu consiste encore à châtier tout transgresseur de sa loi (Ps.51.6). Mais aussi les victoires
remportées par Israël dans la guerre sainte sont considérées comme actes de la justice de Yahvé (Jg 5.11;
1Sm.12.7-15) parce que conformes aux promesses divines garantissant au peuple élu, la possession de la terre
promise. C'est dans cet angle que Dieu rend justice à David le roi légitime devant son fils Absalom le révolté
(2Sam.18.31).
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b. La justice royale
Elle est basée sur le même principe que celle de Dieu. Elle est le soutien du trône royal (Es.9.6; 16.5; Prov.16.12
; 20.28; 25.5; 29.14).
Généralement dans le POA, le roi était choisi tel par Dieu parce qu'il aime la justice (Ps.45.8). C'est ainsi qu'il lui
est demandé de régner en justice (Es.32.1), de faire droit et justice (2Sam.8.15; 1R10.9; Jér.22.3,15; 23.5; 33.15)
:
- Dieu t'a établi roi pour que tu fasses droit et justice. 1R. 10,9.
- David régna sur Israël, et il faisait droit et justice à tout son peuple. 2S.8,15.
- Ecoutez chefs et princes ; n'est-ce pas à vous à connaître la justice?
- Ecoutez chefs et princes ; vous qui avez en horreur la justice, et qui pervertissez tout ce qui est droit.
Mi.3.9.
- Enseignez la justice à la multitude. Dn 12,3.
« Faire droit et justice, juger selon la justice, jugements justes » ne signifient pas seulement que ‘’le roi ou ses
représentants prononcent sur les droits de chacun, de punir ou de récompenser’’, mais ils doivent veiller à ce que
les normes reconnues de la vie sociale, de la justice distributive et rétributive soient appliquées scrupuleusement,
en respectant tout particulièrement les droits des pauvres et des faibles (Ps.72.12s; Es.11.4)».

c. La justice citoyenne
Tout citoyen est obligé à observer le droit et pratiquer en tout temps la justice (Ps.106.3;Es.64.4;Ez.18.19). S'il doit
se présenter devant un juge pour un différend avec son prochain, on doit condamner le coupable et innocenter le
juste (Dt25.1; Ex.23.1; 2Sam.15.4).
- On t'a fait connaître ô homme ce qui est bien : c'est que tu pratiques la justice (Mi 6,8).
- Heureux ceux qui observent la loi et qui pratiquent la justice en tout temps (Ps 106,3).
Cette justice est aussi synonyme de la charité ou des bonnes œuvres envers l'autrui. C'est ainsi qu'à ceux qui
cherchent la justice, Dieu leur demande de « briser les chaînes injustices, de partager le pain avec l'affamé,
d'héberger les pauvres sans abri, de vêtir celui qui est nu (Es.58.6s; Ez.18.5-9 ;15.17).
C'est à juste titre que Job pouvait affirmer avoir revêtu la justice comme vêtement pour avoir délivré le pauvre en
détresse, soulagé l'orphelin, le mourant et la veuve, guidé l'aveugle et soutenu le boiteux (Jb.29.12-17; 22.5-9;
31.16-21).
3. Fonction de la loi dans l'Ancien Testament
La loi divine en Israël a joué un rôle très important, et elle a deux fonctions essentielles à savoir la fonction normative
et la fonction juditatoire.
a. Fonction normative :
Par cette fonction YHWH veut instruire, enseigner et conduire son peuple à travers la loi. Il veut que son
peuple arrive à une libération totale et effective. Tout en étant une loi éducative, elle ne met pas de côté des règles
à suivre. C'est une loi pédagogique qui est considérée comme le chemin du salut. Elle est empirique mais aussi
exigeante et minutieuse. C'est grâce à elle et ses innombrables restrictions que l'homme apprend à se consacrer
à son Créateur. Son rôle est d'amener le peuple au salut, et pour y parvenir, il lui faut trouver un guide éclairé pour
le conduire vers son aboutissement.
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La raison essentielle de la loi Mosaïque est de conduire et de préparer Israël à l'irruption et à l'établissement du
royaume de Dieu. Ainsi donc, la loi normative est au service du salut contrairement à la loi juditatoire.
b. Fonction juditatoire :
C'est une loi qui peut mener à la malédiction. Le salut devient jugement. La loi salvifique devient alors maléfique.
Celui qui s'y attache et l'observe est appelé à vivre et sera béni. Par contre la rupture avec cette loi fait d'elle une
loi accusatrice, asservissante et juditatoire.
La loi, chemin du salut exerce sa fonction maléfique contre un peuple qui rompt alliance avec Dieu. Par la
prédication, les prophètes devaient amener le peuple à la repentance.
C'est pourquoi la loi juditatoire n'avait qu'une mission temporelle. La loi en Israël était une loi de l'alliance, elle n'est
pas une loi séculière ni même une loi civile. D'ailleurs, Israël ne connaît pas la différence entre le séculier et le
religieux.
4. Les Etapes de la Promulgation de la Loi divine
La loi a d'abord été écrite dans la nature, puis dans la conscience de l'homme, ensuite, ses principes
fondamentaux ont été inscrits sur des tables de pierre.
Au temps marqué, Jésus est apparu, incarnation parfaite de la vérité, qu'il a illustrée par sa vie exempte de péché.
Plus tard, l'Ecriture est apparue, dans son intégralité, c'est-à-dire la version écrite la plus complète. Le dessein de
Dieu était que sa loi fût également écrite dans le cœur des hommes, afin que ses préceptes soient « lus » dans
leur vie extérieure.
* 1ère Promulgation : Loi écrite dans la nature (Ps 19.1)
* 2e Promulgation : Loi écrite dans la conscience (Rm 2.15)
* 3e Promulgation : Loi écrite sur les tables de pierre (Ex 24.12)
* 4e Promulgation : Christ, la Parole vivante (Jn 1.14)
* 5e Promulgation : Toutes les Ecritures (Rm 15.4)
* 6e Promulgation : Loi écrite dans le cœur (Hé 8.10)
* 7e Promulgation : Les chrétiens en tant que lettres vivantes (2 Co. 3.2-3)
5. L'Evolution de la justice selon différentes époques
Parce que les lois sont faites pour être appliquées, il est nécessaire de les adapter aux conditions changeantes du
milieu et du temps. Toute société légifère en tenant compte du passé dans le présent et pour le futur. Ainsi donc,
les lois et les institutions d'un peuple ne s'improvisent jamais.
Cela explique qu'on rencontre dans les lois qui vont être examinées, à la fois des éléments antiques et des formules
ou des dispositions témoignant de préoccupations nouvelles.
a) Epoque nomade : Elle s'étend de la sortie de l'Egypte jusqu'à l'installation
en terre promise (40 ans). Ici, c'est l'affirmation de l'autorité du père (chef de famille pater familiaris).Il règne en
maître absolu sur sa famille.
A cette époque, l'infraction n'était pas individuelle. C'est toute la famille qui était responsable d'un crime et devait
être châtiée : cas de Koré (Nb.16) et d'Akkan
(Jos.7).
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Lorsque les familles se constituèrent en clan, l'autorité judiciaire passa du père de famille à un groupe d'anciens
(représentants des chefs des familles).
Et lorsqu'un auteur de crime n'était pas connu, on faisait recours à l'usage du tirage au sort pour le déterminer (Jos.
7. 14-18). Il faut signaler l'influence déjà du système judiciaire de Madian qui était très développé par l'entremise
de Jéthro à Moïse.
a) Epoque sédentaire : la sédentarisation va de l'entrée en terre promise à l'institutionnalisation de la monarchie.
Cet établissement des Israélites en Canaan ne modifia pas tellement leur système judiciaire.
On continua à faire mention des Anciens qu'on appelle Juges dont certains furent célèbres par l'influence de leurs
activités dans leurs terroirs respectifs. C'est la période des Juges (Samuel, Samson, Jephté, Gédéon, etc).
c) Epoque de la royauté : l'avènement de la royauté est le fait non seulement du milieu ambiant (Canaan, Egypte),
mais aussi et surtout le souci du peuple d'avoir un appareil judiciaire national chapeauté par le roi, avoir une
conduite à tenir dans des guerres pour protéger le territoire (1 Sam 8.10).
Alors avec la royauté, la justice entre dans une phase nouvelle. Il y a établissement dans des villes des juges
professionnels, des officiers royaux, des magistrats, des greffiers, des huissiers (Deut.16.18). Les rois se réservent
ainsi des causes graves. Il faut signaler à côté des juges laïcs, la présence des prêtres, des sacrificateurs et des
scribes qui jouaient aussi un rôle des juges et magistrats tant pour des problèmes civils et criminels, que pour des
litiges religieux. Le Deutéronome constitua un magnifique manifeste (constitution).
Il y eut des réformes importantes sous Josias en 622 et sous Josaphat.
Pendant ce temps, les prophètes ont constitué la ligue de défense de droits de l'homme en dénonçant et
condamnant les abus des juges y compris le roi et surtout en donnant leur vrai portrait ( Am. 2.3 ; Michée 3.11;
Soph 3.3).
b) Epoque de l'Exil : L'exil joua un rôle clé dans le renforcement de l'autorité
de la loi qui était devenue lettre morte sous la domination étrangère.
A titre d'exemple durant la domination perse, c'est le gouverneur perse qui était juge supérieur. Mais pour toutes
les affaires religieuses, cela relevait de la compétence des prêtres autochtones.
Au retour de l'exil, il y a la constitution d'une communauté religieuse « le judaïsme » plutôt que politique. Et la Torah
devient le code de la loi réglementant ainsi la vie dans la société. Au début de la domination grecque ; est né le
corps gouvernemental juif le « Sanhédrin », une juridiction à forte connotation religieuse.
Il ressort donc que les guerres ont joué un rôle prépondérant dans la fécondation mutuelle des droit des puissances
dominatrices finissaient par s'intégrer dans la culture des pays dominés, le temps d'occupation aidant. C'est ainsi
que l'Egypte (18è S), l'Assyrie (8è S), la Babylonie (6è S), les Perses et Mèdes ( 5è S), la Grèce ( 4èS ), et Rome
( 3è S) eurent un impact dans l'évolution de la justice en Israël.

6. La Subdivision de la Torah
Elle est une compilation des recueils qui convergent et divergent entre eux. Elle comprend :
- Le Décalogue (Ex.20.1-17 ; Ex.34.10-26 ; Dt.5.6-18 ) : Ce sont les 10 paroles inscrites sur les tables du Sinaï. Il
édicte la loi fondamentale morale et religieuse de l'alliance. Il harmonise ou réglemente les rapports entre l'homme
et son Créateur d'une part dans les 4 premiers articles et d'autre part entre les hommes dans les 6 derniers articles.
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A. Rapports entre Dieu et l'homme


1. Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face.
2. Tu ne te feras pas de statues et tu ne te prosterneras pas devant elles.
3. Tu ne prendras pas le nom de l'Eternel ton Dieu en vain.
4. Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
B. Rapports entre les humains
5. Honore ton père et ta mère. 6. Tu ne commettras pas de meurtre.
7. Tu ne commettras pas d'adultère. 8. Tu ne commettras pas de vol.
9. Tu ne porteras pas de faux témoignage.
10. Tu ne convoiteras pas la maison, la femme, le serviteur, les biens de ton prochain.
Toute la loi, on le sait, se résume dans les deux commandements : « Tu aimeras Dieu et tu aimeras ton
prochain comme toi-même ».

Structure du Décalogue : Ex.20.2-17

Pas d'autres 1tr


dieux

Pas d'idoles 2ê

Respect 3ë du nom
de Dieu

Respect 4è du
Sabbat

DIEU

En nous adressant ainsi spécialement à l'autre, la loi est libératrice. Mais, pour maintenir vivante et active
cette liberté, l'appel de la loi se traduit en terme de commandement, et le plus célèbre de ces ensembles est le
décalogue- 10 libertés.
Le décalogue ou les dix paroles ou les dix libertés, a une structure complexe, dont en voici les principaux éléments
:
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1° Il est d'abord construit comme un diptyque - ce qu'on appelle les « deux tables » - ou se font face les
commandements concernant les relations avec Dieu et celles avec le prochain.
La première table comprend les commandements 1 à 4, et vise à faire respecter l'absoluité de Dieu ; la seconde
comprend les commandements 5 à 10, il exige le respect de la personne d'autrui.
Les deux exigences s'appuyant l'une sur l'autre - l'interdiction de se servir de Dieu (par exemple par des pratiques
magiques utilisant le nom divin ou par des représentations visibles le mettant « à la portée de la main » renforce et
fonde celle de considérer autrui, d'une façon ou d'une autre comme une chose à sa disposition.
Dans les deux cas, il s'agit de respecter le mystère de l'altérité.
2° Le premier et le dernier Commandements se répondent et se présentent comme les deux conditions
fondamentales pour mettre en échec le mal.
Le premier met en évidence le risque de sacralisation perverse qui menace toute personne ou toute communauté
humaine, et interdit toute possession de Dieu.
Le second (le dixième commandement) traduit ce désir de sacralisation par ce qu'il appelle « convoitise », c'est-à-
dire cette force qui pousse à vouloir ce que l'autre possède ou représente, et qui manque chez moi.
Dans l'un comme dans l'autre, le désir d'appropriation devient mauvais lorsqu'on s'imagine ne pouvoir se le réaliser
que par élimination réelle ou symbolique de l'autre comme l'idolâtrie est la forme perverse du désir de Dieu.
3° Comme nous venons de le voir, les racines du mal, selon la Loi, c'est l'idolâtrie et la convoitise. Le
bloc central des commandements 2 et 3, puis 6 à 9, va concrétiser les exigences éthiques qui peuvent éviter que
ces racines du mal ne se développent. Sous la forme négative, la loi décrit ici les diverses modalités par lesquelles
le désir pervers peut entraîner l'être humain au mal. Ce sont l'idolâtrie et l'utilisation de la religion à des fins
intéressées, d'une part, et de l'autre, le non respect de l'honneur, des biens, de la femme et finalement de la vie
d'autrui.
Ces commandements décrivent concrètement l'espace à l'intérieur duquel la liberté est possible. Cet espace n'est
autre que celui défini par la double interdiction de la sacralisation abusive et de la convoitise.
La loi affirme ainsi avec force que cet espace ne peut pas exister s'il n'est pas balisé par des bornes extérieures
que sont les commandements qui interdisent ce qui détruit le respect, à savoir le désir pervers de réduire à une
chose manipulable l'altérité d'autrui. Le 6ème Commandement « Tu ne tueras pas » pose la borne décisive de ce
respect, en montrant clairement que la vie de l'autre n'est jamais à ma disposition. Les autres commandements
montrent qu'on peut attenter à la vie d'autrui de façon plus subtile, par exemple en détruisant sont amour conjugal,
ou en s'emportant de ses biens, ou en faisant sa parole.
4° Les deux commandements centraux - 4ème et 5ème sont énoncés sous forme positive. Structurellement
et théologiquement, ils répondent aux 1er et 10ème commandements qui mettent en évidence la source du mal,
de ce qui pervertit le désir, alors que, eux, ils dirigent notre attention sur la source du bien, où le désir peut retrouver
sa vérité. Le 4ème Commandement parle du respect du sabbat et rappelle que l'œuvre humaine a pour finalité,
non l'exaltation de sa puissance dominatrice sur le monde, mais le repos du 7ème jour, ce jour où l'homme réapprend
que la vie lui est donnée; qu'avant de se faire par ses œuvres, il est fait par la grâce du Créateur.
Même idée dans le 5ème Commandement, le respect des parents. Le devoir « d'honorer père et mère » a pour
sens de nous exercer à connaître que nous ne sommes pas nos propres créateurs, mais le fruit du désir des autres.
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D'abord de cet homme et cette femme que sont nos parents, de la terre ensuite qui symbolisent tout ce qui nous
précède et nous forme en nous donnant une identité, un lieu, une histoire. De Dieu enfin, du désir de qui toutes
choses proviennent.
Ces deux commandements prescrivent une attitude intérieure de reconnaissance envers Dieu, qui donne à
l'homme le monde et la création pour sa jouissance, et envers les parents qui, en lui donnant la vie, insèrent leur
enfant dans une humanité concrète, où son identité trouve son assise et sa signification.
Voilà comment, selon l'A.T., la liberté est gardée et rendue possible par la loi.

- Le Code d'Alliance (Ex.20.22-23.33 ) : C'est le droit d'une société des sédentaires ( pasteurs, paysans, bêtes
de labour, travaux des champs, maisons, etc ). Il est question des règles, us et coutumes devant régir Israël. Il
emprunte les éléments du droit coutumier du P.O.A, ce qui explique ses parallèles précis avec les codes
mésopotamiens. C'est donc un recueil de droit coutumier quasiment profane bien que plaçant l'existence entière
des Israélites sous l'autorité exclusive de Dieu et cela par réaction contre la civilisation de Canaan. Il peut donc
être considéré comme un traité d'éthique sociale.
- Le Code Deutéronomique (Deut. 12.1-26.15) : Il forme la partie centrale de Deutéronome. Il est une reprise en
partie des lois du code de l'alliance mais qu'il adapte aux changements de la vie économique et sociale.
Il s'oppose au code de l'alliance sur un point important : Si celui-ci avait légitimé la multiplicité des sanctuaires, le
Deutéronome impose la loi de l'unicité du lieu du culte. Cette centralisation a entraîné des modifications importantes
au niveau des règles anciennes concernant les sacrifices, les dîmes et les fêtes. Il se spécialise sur la protection
des faibles, le rapport constant des lois de Dieu sur sa terre et son peuple.
- Le Code de Sainteté (Lv. 17-26) : Bien que le Lévitique n'a reçu sa forme définitive qu'après l'exil, il contient des
éléments forts anciens. Il groupe des éléments divers dont certains remontent à l'époque nomade, d'autres sont
pré-exiliques et d'autres post-exiliques. En dehors de la partie qui lui a donné le nom (Lv. 17-26 ), il est composé
de la loi de purification ( Lv. 11-15 ) ou règles de pureté et des lois sacrificielles (Lév.1-7).

7. Caractéristiques des codes de Torah.


- Ils ont en général un caractère négatif : Ils écartent constamment ce qui pourrait empêcher le peuple de
demeurer dans l'alliance. Ceci est contraire à l'éthique de l'antiquité qui n'avait ni commandement ni interdictions
mais, des règles de vie pratiques afin de façonner une existence heureuse et réussie. On parle des vertus : courage,
réflexion, sagesse, piété, etc. si l'éthique antique est idéaliste, celle de l'A.T est réaliste. La vie d'Israël doit être
sanctification jusque dans les détails les plus intimes et les cachés. C'est pourquoi ils écartent ce qui pourrait se
trouver du chemin, ils éliminent ce qui pourrait faire obstacle.
- Ils sont une clause de propagande s'orientant vers l'universalité et la mission.
D'où il faut prendre garde au caractère prosélytique des commandements. Ils doivent agir sur le monde ambiant
comme force d'enrôlement et non seulement pour se remémorer les œuvres de YHWH.
La Torah doit servir Israël à devenir un peuple de témoins révélant au monde le caractère visible et concret de la
sainteté et de la vérité ( Es 43.10 ; 44.8 ; 45.4 ) . Le Torah a ainsi pour but de montrer le chemin aux autres peuples.
Les Israélites disaient avec fierté pour exprimer la supériorité de leurs lois : Quelle est la grande nation dont les
lois et coutumes soient justes que toute cette loi? (Dt. 4.8).
45

C'est là des traits essentiels de l'influence que la religion d'Israël exerce sur les autres peuples jusqu'à nous en
R.D.C.
C'est pour cette raison que certains principes de la Torah se trouvent dans le code civil d'autres nations de
l'antiquité et, en vertu de leur caractère universel, sont encore d’usage aujourd'hui.
- Ils ont un caractère en partie apodictique, en partie casuistique ou conditionnelle. Les formules apodictiques
sont d'authentiques produits du droit Israélite alors que les commandements conditionnels ont leur origine dans la
tradition législative du P.O.A. Le nom de YHWH n'y est généralement pas mentionné. On a donc de bonnes raisons
de dire qu'il faut chercher les origines du droit hors d'Israël et cela à une époque où la religion et le droit étaient
déjà beaucoup plus séparés que ce n'était encore le cas en Israël.
Des lois à formulation Casuistique sont celles dans lesquelles un « Si » où un « supposé que » introduisent un cas
d'espèce suivi de sa solution (Ex.22.17, 25). Alors que des lois à formulation apodictique sont celles portant des
commandements ou des interdictions à la seconde personne du futur (Tu, Vous).
- Exemple : Tu ne laisseras pas vivre quelqu'un qui se livre à la sorcellerie.
Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain.
La formulation casuistique sert surtout pour le droit profane tandis que la formulation apodictique sert pour le droit
cultuel. Le droit profane biblique est un emprunt de la législation cananéenne que les Israélites auraient trouvée en
s'installant, tandis que le droit apodictique serait le propre d'Israël.
Mais même si l'originalité d'Israël est contestée, tout n'est pas négatif dans le profane. Ce sont les traités imposés
par les rois hittites à leurs vassaux pour réglementer la société des hommes. Ils contiennent à la fois des clauses
introduites par « Si » et des clauses impératives.
Les peines
* La peine capitale est imposable pour les crimes ci-après :
- L'homicide volontaire (Ex.21.12 ; Nb.35.16-21 ; Lc 24.17) pour lequel aucune compensation pécuniaire n'était
jamais admise ( Nb. 35.31 ; Deut. 19.11-12 ).
- Le rapt d'un homme pour l'esclave ( Ex. 21.26 ; Deut. 24.7 ).
- Les fautes graves contre Dieu : idolâtrie ( Ex. 22.19 ; Luc 20.1-5 ; Deut.13.2-19 ; 17.2-7 ) ; blasphème ( Lév.
24.15-16 ) ; profanation du sabbat ( Ex. 31.14-15 ; Nb.
15.32-36 ) ; sorcellerie ( Ex. 22.17 ; Luc 20.27 ; 1 Sam. 28.3-9 ) ; prostitution d'une fille de prêtre ( Lév.21.22 ).
- De graves fautes contre les parents (Ex. 21.15, 17 ; Luc 20.8 ; Deut.21.18-21 ).
- L'abus des rapports sexuels : adultère ( Lév. 20.10 ; Deut. 22.22 ), la fornication, différentes formes d'incestes (
Lév. 20.11-17 ) ; sodomie ( Lév. 20.13 ) ; bestialité ( Lév. 20.15-16 ).
La peine capitale à la différence des autres lois orientales était limitée dans le cas où elle portait atteinte à la pureté
du culte et à la sainteté de la vie. L'exécution de la peine se passait de la manière que le meurtrier était livré au
vengeur du sang, qui employait n'importe quel moyen pour le tuer. Ce vengeur devait être un proche parent de la
victime.

* La lapidation était prévue pour :


- Idolâtrie ( Dt. 13.10-13 ; 17, - 7 ) - Blasphème ( Lc 24.14, 23) ; - La femme qui avait caché qu'elle n'était plus
vierge au moment de son mariage ( Dt. 22.21 ) ; - La fiancée coupable et son complice ( Dt. 22.24 ) ;
46

- Le fils rebelle ( Dt. 21.21 ) ; - La profanation du sabbat ( Nb. 15.35-36 ) ; - La transgression de l'anathème et le
lèse-majesté ( Jos. 7.25 et 1 R. 21.10 ).
* La mise à mort par crucifixion est un supplice de l'Ancien testament mais cela est attesté chez les perses,
sporadiquement chez les grecs, fréquent chez les romains. La première mention en Palestine vient de chez Flavius
Josèphe à propos de la persécution d'Antiochus Epiphane.
* La peine de feu était pour : - La prostitution d'une fille de prêtre ( Lv. 21.9 ) ; -Inceste d'un homme qui prend pour
femme la mère et la fille ( Lv. 20.14 ). - L'adultère d'une femme ( Gn. 38.24 ). Tout cela se passait hors de la ville (
1 R. 21.10, 13 ; Luc 24.14 ; Nb. 15.3b ). Ce sont les témoins à charge qui lapidait les premiers et le peuple continuait
jusqu'à la mort du condamné.
* L'exposition aux coups suppliciés était une manière d'aggraver la peine. Le supplicié était suspendu au bois,
mais devait être détaché avant la nuit (Dt.21.22-23 ; Jos. 8.29 ; 10.27). Ce n'est pas une pendaison mais une
marque d'infamie et un exemple (2 Sm.4.12).
* La peine de fouet était appliquée à l'homme qui diffamait sa femme (Lv.21.9) et au fils indocile (Dt.21.18). On lit
la même chose dans 1 R. 21.11, 14 et Prov. 19.18. Le juge pouvait faire donner au coupable étendu à terre devant
lui jusqu'à 40 coups de fouet (Dt.25.1-3; Jer.20.20).
* La mutilation corporelle, conséquence de la loi du talion et fréquente dans le code d'Hammourabi et les lois
assyriennes, n'est applicable dans le droit israélite que dans le cas particulier de Deut.25.11-12, où c'est un talion
symbolique.
* Les peines pécuniaires ne sont pas à parler au sens d'amendes payées à l'Etat ou à la communauté. L'argent
versé au prêtre pour la sanctification d'un délit ou d'un péché (2 R.12.17) n'a pas le caractère d'amende et relevait
des institutions religieuses.
Mais l'offense faite à un individu dans ses biens ou droits était réparée équitablement et cette compensation avait
un aspect pénal car elle était élevée par rapport au dommage causé. Ainsi par exemple, l'homme qui diffamait sa
femme, payait au père de celle-ci cent pièces d'argent ; ce qui est supérieur à ce qu'il avait versé pour l'épouse
(Deut.22.19).
Le séducteur dédommageait le père de la victime (Ex. 22.4) et l'homme qui avait fait brouter par ses bêtes le champ
ou la vigne d'autrui, remboursait sur base de la meilleure récolte (Ex. 21.4).
Le responsable du feu propagé qui détruisait la moisson de son voisin, compensait pour ce que le feu avait détruit
(Ex. 22.5). La mort d'un animal dans une citerne ouverte oblige le propriétaire de la citerne de payer le prix de
l'animal à son propriétaire (Ex. 21.34). Le voleur d'une bête abattue compensait au quintuple pour le gros bétail
(Ex. 21.27 ; 2 Sam.12. 16).
* L'emprisonnement n'avait apparu qu'après l'exil (Esd.7.26).Toutefois, il y avait des prisons où l'on gardait
préventivement les accusés jusqu'au jugement (Lv.24.12 ; Nb.15.34) et l'on enfermait les suspects par une mesure
de police parfois arbitraire (1 R. 22.27 ; Jér.37.15-18).
La mise au carcan ou aux ceps était une rigueur supplémentaire (2Chr. 16.10 ; Jér.20.2 ; 29.26).
Les voleurs qui ne pouvaient pas restituer étaient vendus comme esclaves (Ex.22.2), et le débiteur insolvable se
livrait ou livrait les siens en servitude pour éteindre sa dette (Lv.25.39s ; Dt.15.2s).
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* Le Droit au travers des versets bibliques


1° Justice dans l'équité
- Mais tu jugeras ton prochain selon la justice. Lv 19,15
- Heureux ceux qui observent la loi et qui pratiquent la justice en tout temps. Ps 106,3.
- Mais tu jugeras ton prochain selon la justice. Lv 19,15.
- Ecoutez vos frères et jugez selon la justice les différends de chacun avec son frère ou avec l'étranger (Dt 1,16s).
- Tu établiras des juges et des magistrats dans toutes les villes que l'Eternel ton Dieu te donne, selon les tribus ;
et ils jugeront le peuple avec justice. Tu ne porteras atteinte à aucun droit, tu n'auras point égard à l'apparence des
personnes, et tu ne recevras point de présent, car le présent aveuglent les yeux des sages et corrompent les
paroles des justes (Dt 16,18-19).
- Lorsque les hommes ayant entre eux une querelle, se présenteront en justice pour être jugés, si le coupable
mérite d'être battu, le juge le fera étendre par terre et frapper en sa présence un nombre de coups proportionné à
la gravité de sa faute. Il ne lui fera pas donné plus de 40 coups, de peur que, si l'on continue à le frapper en allant
au-delà, ton frère ne fut avili à tes yeux (Dt 25,2-3).

2° Justice et corruption
- Les fils de Samuel se livraient à la cupidité, recevaient les présents et violaient la justice. 1S.8,3.
- David régna sur Israël et il faisait droit et justice à tout son peuple. 2S.8,15.
- Dieu t'a établi roi pour que tu fasses droit et justice.1R. 10,9.
- J'ai violé la justice et je n'ai pas été puni. Jb 33,27.
- Mieux vaut peu avec la justice que de grands revenus avec injustice. Prov.16,8.
- Le méchant accepte en secret des présents pour pervertir les voies de la justice. Prov.17,23.
- Il n'est pas bon de condamner le juste à une amende ni de frapper le noble à cause de la droiture. Prov.17,26.
- Malheur à ceux qui prononcent des ordonnances iniques et à ceux qui transcrivent des arrêts injustes pour
refuser justice aux pauvres et ravir leur droit au malheureux de mon peuple, pour faire des veuves leur proie et des
orphelins leur butin. Es.10,1-2.
- Aussi la loi n'a point de vue, la justice n'a pas de force car le méchant triomphe du juste et l'on rend des jugements
iniques. Ha 1,4.
- Un roi affermit un pays par la justice, mais celui qui reçoit des présents le ruine. Pr 29,4.
- Celui qui marche dans la justice et qui parle selon la droiture et qui méprise un gain acquis par extorsion, qui
secoue la main pour ne pas accepter le présent, qui ferme l'oreille pour ne pas entendre les propos sanguinaires
et qui se bande les yeux pour ne pas voir le mal. Es 33,15.

3° Besoin permanent de la justice


- Car la justice de ma cause sera reconnue. Jb 19.28.
- On t'a fait connaître ô homme ce qui est bien : c'est que tu pratiques la justice. Mi 6,8.
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- Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l'opprimé, faites droit à l'orphelin, défendez la veuve. Es
1,17.
- Rends-moi justice ô Eternel selon mon droit et mon innocence. Ps 7,9.
- Pour rendre justice à l'orphelin et à l'opprimé. Ps 10,18.
- Heureux ceux qui observent la loi et qui pratiquent la justice en tout temps. Ps 106,3.
- Celui qui dit la vérité proclame la justice et le faux témoin proclame la tromperie. Pr 12,17.
- C'est une joie pour le juste de pratiquer la justice. Pr 21,15.
- Celui qui poursuit la justice et la bonté trouve la vie, la justice et la gloire. Pr 1,21.
- La justice élève une nation. Pr 14,34.
4° La Justice et le dirigeant
- Les rois ont horreur de faire le mal, car c'est par la justice que le trône s'affermit. Pr 16,12.
- Un roi affermit le pays par la justice mais celui qui reçoit le présent le ruine. Pr 29,4.
- Assez, prince d'Israël, cessez la violence et les rapines, pratiquez la droiture et la justice, délivrez mon peuple
de vos exactions. Ez 45,9.
- Ôte le méchant devant le roi et son trône s'affermira par la justice. Pr 25,25.
5° La Violation des droits humains
- J'ai encore vu sous le soleil qu'au lieu établi pour juge, r il y a de la méchanceté et au lieu établi pour la justice,
il y a de la méchanceté. Ec 3,16.
- J'ai considéré ensuite toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil et voici les opprimés sont dans les
larmes et personne qui les console. Ec.4,24.
- Si l'on fait grâce au méchant, il n'apprend pas la justice. Il se livre au mal au pays de la droiture. Si tu vois dans
une province le pauvre opprimé et la violation du droit et de la justice ne t'en étonne point : car un homme est placé
sous la surveillance d'un autre plus élevé, et au-dessus d'eux, il en est de plus élevé encore. Ec. 5,7.
- Quand on foule aux pieds tous les habitants du pays, quand on viole la justice humaine devant Dieu, quand on
fait tort à autrui dans sa cause, Dieu ne le voit-il pas (Lam 3,34-36).
- O vous qui changez le droit en absinthe et qui foulez à terre la justice. Am 5,7.

CHAPITRE VIII. LA MORALE ET L'ETHIQUE

1. Définition du concept Morale et sa fonction principale

Venant du latin « mos », qui signifie « mœurs », la morale signifie « l'ensemble des comportements tels qu'ils sont
vécus par des individus dans une société donnée, ainsi que les prescriptions qui déterminent ces comportements.
En effet, l'homme peut faire le bien ou faire le mal volontairement ou involontairement. Toute activité humaine,
toute relation de l'être humain avec lui-même, avec autrui, avec son environnement, peut produire des résultats
positifs ou négatifs ou créer du bonheur ou du malheur.
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Cela fait qu'en principe, toute vie humaine, personnelle et sociale va devoir s'efforcer d'éviter le plus possible le
malheur et à l'inverse, elle recherche tout ce qui peut lui procurer le bonheur.
La morale est l'expression de ce devoir. Sa tâche consiste à donner des règles de comportement qui permettent
d'éviter le plus possible le malheur et de favoriser au mieux la poursuite du bonheur. Sans aller jusqu'à, par
exemple, éviter la mort ni donner le salut, la tâche de la morale, bien que modeste consiste à fournir des règles du
jeu que les êtres humains sont appelés à jouer ensemble pour sauvegarder et même garantir les intérêts des uns
et des autres.
La fonction essentielle de la morale s'appelle donc la régulation, dont le but est de s'opposer à au moins trois fléaux
ci-après :
a. L'amoralisme : qui refuse tout principe normatif pour ne voir dans
l'existence qu'une série d'occasions dont il convient de tirer le plus grand profit
possible, c'est donc de l'anarchie.
b. Le cynisme : où l'individu ne tient compte que de la seule loi qu'on se donne
soi-même. C'est le domaine des conflits de pouvoirs, où se trouve justifié le droit du
plus fort, lequel aboutit à la fameuse « loi de jungle », qui rend la vie impossible, et
dont il convient de s'en débarrasser le plus vite possible ;
c. L’égoïsme : où l'individu ne prend à compte que ses propres intérêts ;
Toutes ces trois attitudes ont pour point commun de ne prendre en compte que l'intérêt individuel, sans se
préoccuper un seul instant de la responsabilité que l'on a envers les autres hommes ou même envers la société
en général. Ces attitudes rendent ainsi impossible toute vie sociale, et même toute vie personnelle, si non sous le
mode de la méfiance, de la peur et de la guerre des uns contre les autres.
Précisons encore que tous les hommes sans exception ont besoin de règles pour vivre, c'est-à-dire que personne
au monde ne méprise la fonction de régulation de la morale.
Car les règles que la société se donne doivent tenir compte des besoins fondamentaux de l'être humain, lesquels
besoins sont déterminés par les caractères essentiellement relationnels de l'existence humaine.

3. Définition du concept éthique et sa fonction essentielle


Etymologiquement, le mot « Ethique » voulait dire habitation, étable ou du latin «mos» = mœurs. L'éthique est le
terme qui désigne la réflexion sur la légitimité de la morale et des prescriptions qui lui sont liées. Ou en d'autres
mots, « la science qui traite des manières d'agir de l'homme, des constantes et des lois qui guident son activité (K.
BARTH).
Et pour nous repérer, la morale a pour tâche de fournir des normes, des règles destinées à favoriser la
vie commune, à la rendre possible voire même fructueuse pour l'avantage de tous.
Mais l'expérience montre que ces règles ne jouent pas toujours ce rôle positif. Elles peuvent au contraire être
ressenties par moment comme un carcan, limitant la liberté et imposant un conformisme frôlant l'hypocrisie. Au lieu
d'être « bonne », une telle morale est plutôt mauvaise. Que faire alors pour en promouvoir une bonne ?
Une mauvaise morale est celle qui ne répond pas aux besoins fondamentaux de sécurité, de réciprocité et
d'identité, tel que nous venons de le mentionner, et cela parce qu'obnubilée par les menaces qui peuvent corrompre
le jeu social et rendre la vie insupportable.
50

Ceci pousse la société à mettre l'accent sur l'aspect défensif, négatif de ces prescriptions, avec comme
conséquence la dénonciation et le combat sans merci de tout ce qui nourrit la violence, la convoitise ou le mépris.
Le résultat de tout cela c'est le renforcement du contrôle social et la chasse à tout celui qui menace l'ordre établi.
La sécurité s'exprime alors par l'exclusion, la réciprocité s'entoure de tout un rempart de prescriptions légales et
l'identité devient affirmation agressive et méfiante. C'est ainsi que la morale peut devenir répressive, et ne plus
laisser de place à la liberté ou à la créativité.
La morale, pour le dire encore, est mauvaise quand elle oublie les potentialités positives qui sont attachées à la
structure relationnelle de l'existence humaine, à savoir le respect dans le domaine de relation sociale et politique,
la justice dans celui des relations économiques (au sens le plus large) et la connaissance dans celui des relations
personnelles.
Quand donc la morale se contente uniquement de réguler le jeu social en prenant pour critère la défense des
intérêts à court terme de la société, elle risque de générer un moralisme autoritaire et craintif.
Ceci veut dire qu'on ne peut pas réduire la morale à une fonction simplement utilitaire sans courir le risque de la
pervertir. C'est ainsi que la morale a une autre fonction que celle de répondre aux besoins de la société. La morale
sert aussi pour interroger la société sur la valeur de ce qu'elle vit, sur le bien-fondé de ses règles et de ses normes.
Cette fonction s'appelle donc la fonction de légitimation de la morale. Lorsque l'interrogation morale joue ce rôle
distinct de celui de régulateur, nous la désignons par le terme Ethique. Il s'agit ici de réflexion sur ce qui peut
justifier une action, par la prise en compte de tous les éléments qui entrent en jeu pour parvenir à une décision
juste.
Pour expliciter cela, disons que la réflexion éthique naît au moment où l'être humain prend conscience personnelle
que les autres ne sont pas là uniquement pour satisfaire ou menacer ses besoins, mais qu'ils existent comme des
êtres spécifiques, ayant les mêmes besoins et les mêmes droits à satisfaire que lui.
C’est ce que Albert SCHWATZER appelle le vouloir vivre de chacun. Ou même plus encore, on peut considérer
que les autres peuvent être l'objet même d'une attention particulière qui engage une responsabilité à leur égard :
« Que personne ne cherche son propre intérêt, mais pensez chacun à celui des autres » (Php 2,4).
Bien sûr, autrui intrigue, interpelle, dérange, fascine..., mais il ne peut jamais, sinon par violence, convoitise ou
mépris, être considéré comme un objet ou un instrument au seul service de mon intérêt.
De ce qui précède, une action quelconque peut être déclarée illégitime moralement quand elle opère cette réduction
d'autrui au rang d'objet ou d'instrument.
Une action morale est éthiquement mauvaise quand elle opère cette réduction d'autrui au rang d'objet ou
d'instrument ; elle l'est aussi quand elle ne réalise pas au moins quelque chose des promesses attachées à la
structure relationnelle de l'existence humaine. La racine d'un échec si fréquent de la morale est le refus de la
prise au sérieux d'autrui comme personne.
L'éthique a ainsi pour fonction de rappeler que, quelques soient les intentions et la qualité des règles morales,
sociales ou religieuses, celles-ci ne peuvent s'exercer avec justesse, c'est-à-dire réaliser ce qu'elles visent, que si
l'exigence absolue du respect de l'altérité d'autrui est respectée par chacun.
Pour bien opérer, l'éthique pose la question suivante : Au nom de quoi agissez-vous ? Si la réponse fait
apparaître que la seule légitimation est celle relative à la défense d'intérêts particuliers ou même collectifs à court
terme, l'action morale proposée sera déclarée illégitime éthiquement parlant, même si moralement elle est légale.
51

Sera en revanche légitime, toute action qui, dans sa motivation comme dans sa visée prend autrui en
considération, non comme une chose, mais comme une personne.
La responsabilité envers autrui comme personne est le principe fondamental qui légitime l'action morale.
L'éthique, enfin, s'efforce d'honorer les exigences ci-après :
1° Le Respect : La morale vise ici à la fois les intérêts de chacun et une attention positive que chacun doit avoir
de sa personne. Il ne s'agit pas ainsi d'un respect négatif, proche de l'indifférence vis-à-vis des autres ou de
lui-même. Car respecter- de sa racine latine spec = regard (der), c'est regarder autrui, donc prendre attention
à sa situation réelle, donc le contraire de l'indifférence. Compris dans ce sens, le respect exige la solidarité, ce
sentiment profond d'appartenir à une commune humanité avec les autres, et où chacun est lié à l'autre.
2° La Justice : Ce qui est moralement juste, ce n'est pas transférer la responsabilité de l'exigence de justice, soit
à l'Etat, soit à quelques personnes seulement, mais d'assurer à chacun l'accès à une protection (de l'Etat, de
l'Eglise ou de la famille). La notion de justice risque de se rétrécir s'il manque un engagement personnel des gens
concernés, ou si aucun mécanisme ne permet l'échange et la réciprocité. La vraie justice ne peut pas se contenter
d'assurer l'égalité des termes de cet échange et de cette réciprocité du genre : ce que je reçois devant être de la
même valeur que ce que je donne !
Elle doit au contraire permettre au gain, disons d'humanité, pour les partenaires en cause. Nous ne pouvons
qu'évoquer à titre d'exemple le marchandage tel qu'il se pratique dans les marchés africains, où l'on voit tout le
bonheur de la discussion et le jeu subtile qui règle les relations entre les parties en présence :« Napesi prix na
ngai, pesa ya yo! »
3° La Reconnaissance : il faut ici éviter de réduire cette reconnaissance à son seul aspect social où l'on ne tient
compte que des rôles sociaux de chacun. La reconnaissance que tout homme espère recevoir des autres ne saurait
donc s'arrêter au seul rôle social que l'on joue, mais qu'au-delà du personnage, la personne est reconnue dans
son unité en tant qu'être humain. Les rôles sociaux sont interchangeables, tandis que la personne est unique et
irremplaçable.
Ceci se comprend mieux dans l'amour, où l'on sait que «être aimé», c'est être reconnu pour ce qu'on est, et
non pas pour ce qu'on fait ou ce qu'on représente. Et aimer, c'est établir l'autre dans sa vérité, celle de son
nom qui le fait émerger de l'anonymat et qui le fait exister comme personne.

Le tableau représentant la fonction de légitimation de l'éthique


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Les valeurs morales expriment le sens de la promesse attachée à la régulation morale lorsqu'elle prend en compte
l'altérité. Les valeurs éthiques traduisent l'exigence éthique comme telles, elles exercent en même temps une
fonction critique sur la pratique morale.

4. L'obligation morale (ce qu'elle est et d'où elle vient)


A) Différentes raisons secondaires qui justifient la morale.

A la question de savoir pourquoi faut-il avoir de la morale dans la société, deux réponses suivantes viennent
presque automatiquement :

1°. Il y a de la morale à cause de la nécessité d'éviter tout ce qui peut rendre la vie impossible. Il convient de dire
tout de suite qu'avec sa perspective sociologique et empirique, cette réponse est insuffisante. On ne peut pas se
contenter de dire qu'il nous faut de la morale parce qu'il faut de l'ordre, quand on sait que l'ordre peut parfois justifier
les pires immoralités et d'autres injustices si l'on réduit la morale à une simple nécessite (ex : un régime dictatorial
en politique).
2°. L'autre manière de justifier l'obligation morale est de dire : je dois accepter des règles morales pour permettre
à ma relation avec autrui de m'apporter tout le bénéfice que je sais pouvoir en attendre (ex : la sécurité de ma
personne et de mes biens).
Cette autre vision de l'obligation morale n'est pas fausse, mais elle est aussi largement insuffisante.
3° Le geste éthique par excellence doit viser au-delà des intérêts personnels : il est la capacité de faire du bien à
quelqu'un sans rien en attendre en retour, ou plus encore, de rendre le bien pour le mal (Cfr. Luc 6, 27-36).
L'exigence éthique peut aller jusqu'au sacrifice de ses intérêts, voire de sa personne; elle peut obtenir de certains
une vraie abnégation de soi et un vrai altruisme (Cfr. Luc 10, 25-37, Le bon Samaritain). C'est donc ailleurs qu'il
faudra chercher l'origine profonde de l'obligation morale.
B. Raison fondamentale de la morale
Un commencement de réponse nous est fourni par le constat, qui nous vient de la Psychanalyse, et selon lequel
l'être humain est construit comme un être de besoin et de désir.
a) Besoin : est compris comme ce qui est de l'ordre des nécessités
organiques. Il est une force constructive qui s'empare de ce qu'exige sa satisfaction et ne s'apaise lui-même qu'en
détruisant ce qu'il assimile (ex : la faim, qui surgit consciemment, et qui ne disparaît qu'avec la consommation de
la nourriture ou de la soif, qui ne disparaît qu'avec le boire.).
Pour être apaisé, le besoin exerce de la violence autour de lui, à défaut de quoi cette violence se retourne sur
l'homme lui-même (ex : le besoin sexuel, que l'on peut satisfaire moyennant une certaine violence normale, mais
dépassée certaines limites, la violence devient anormale. C’est le cas d'un sadique : le sadisme compris comme
une forme de manifestation de la pulsion sexuelle qui vise à faire subir à autrui une douleur physique ou, à tout le
moins, une domination ou une humiliation ou le cas de masochisme, qui est la recherche de la douleur physique
ou, plus généralement, de la souffrance, dans le but de se satisfaire).
Toute vie ne se gagne qu'au prix de la mort (mors tua, vita mea) : C'est ta mort qui me fait vivre ! C'est-à-dire la
conviction de n'assurer sa vie propre qu'en donnant la mort à l'autre.
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C'est une dure loi de la nécessité, dont chacun peut un jour ou l'autre en être victime. C'est pourquoi il faut que
dans les relations de l'homme avec ses semblables, les autres hommes d'abord, mais aussi les animaux, la nature
en général, des règles précises et impératives, opposables à tous, soient édictées pour maintenir cette loi de la
nécessité dans des limites supportables pour la vie commune.

b) Désir : selon la Psychanalyse, le désir est inconscient, et procède d'un


manque. Chez l'homme, « le besoin n'est jamais besoin », il porte toujours la marque du désir. Celui-ci cherche
autre chose qu'une chose dont le besoin pourrait
s'emparer. Il veut l'autre « pour ce qu'il est et que je ne suis pas ». On cherche donc ce qu'il y a en l'autre
d'irréductible à la mainmise de mon besoin.
Le meilleur exemple, c'est celui que l'on trouve dans la relation entre une mère et son enfant.
Au début, la mère n'est pour l'enfant que «l'objet primordial» dont la seule présence est le signe de rassasiement
de toute tension et de toute douleur ressentie par l'enfant, mais elle ne disparaît jamais entièrement dans la
plénitude du rassasiement. En la consommant, l'enfant ne la tue pas.
Déjà se noue le processus qui sera vécu, dans la sexualité normale, sur un autre mode : la consommation de l'acte
révèle l'Autre dans sa persistance.
On fait alors l'apprentissage d'une vérité : c'est parce que l'Autre me manque radicalement que je peux avoir
le désir qu'il existe comme autre que moi, et moi comme autre que lui. Par ailleurs, l'être humain est aussi un
être de désir, qui ne peut vivre que si autrui vit aussi. Le désir suppose donc la reconnaissance de l'obligation
absolue de vouloir que les autres aussi vivent.
Car si le besoin dit : «mors tua, vita mea» (c'est ta mort qui me fait vivre), le désir, lui, ne peut que dire «vita tua,
vita mea» (pour que je vive, il faut que tu vives).
Le désir pourra même aller jusqu'à reconnaître que «vita tua, mors mea» (pour que tu vives, je suis prêt à mourir)
Cfr. Jn. 12, 24.

Il ressort de ce précède que le désir ne peut être comblé, sinon à se réduire au besoin. Plus le désir est vif et plus
il appelle au renoncement de toute mainmise sur autrui.
Dire à une femme ou à un homme : « je t'aime », c'est lui avouer avant tout le besoin qu'on a d'elle ou de lui et qui
pousse impulsivement vers elle ou vers lui, d'un côté, et de l'autre, c'est lui exprimer en même temps son désir
d'elle ou de lui, c'est-à-dire de sa présence infiniment précieuse et irréductible à toute emprise de sa part.
L'être humain vit ainsi dans la dualité de visée, qui fait tout le problème éthique. Comme être de besoin, l'homme
tend à tout ramener à lui, pour en faire sa chose, disponible, indifférente. C'est le malheur dont peut vivre, par
exemple un couple lorsque le plus fort chosifie le plus faible, en ne la considérant que comme une chose qui lui
permet de satisfaire ses besoins en ne la considérant que comme une chose qui lui permet de satisfaire ses besoins
sexuels, alimentaires, vestimentaires...
L'obligation morale authentique prend donc au sérieux l'exigence de la responsabilité, qui est de répondre d'autrui,
quoi qu'il en coûte.
C'est ce que Jésus dira en d'autres termes : « il n'y a pas plus grand amour que donner sa vie pour ceux qu'on
aime » (Jn. 15, 13), une parole qui est l'expression ultime du sens éthique du désir.
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L'obligation morale veut que, parce que nous sommes cet être de besoin et de désir, nous devons à la fois veiller
à ne pas nous laisser fasciner seulement par l'immédiateté des satisfactions besogneuses, et consentir également
aux risques de la relation auxquels le désir avec la satisfaction de nos besoin. Il nous faut pour cela être doté d'une
conscience morale.

5. La Conscience morale
Pour qu'il y ait action morale, il faut qu'il y ait entre autres, délibération et décision. Le sujet doit ainsi être capable
de réflexion, de volonté et de critique. Bref, une conscience morale.
C'est ainsi qu'une fois acquise, la conscience de soi est inséparable de la conscience d'autrui en ce sens qu'elle
est liée à la communication et au langage, ou l'on a la possibilité de se dire et de convaincre.
Cette conscience de soi devient conscience morale quand elle doit se déterminer, sur la valeur des règles qui lui
sont proposées, voire imposées par la famille, l'école, la société.
Ex : l'enfant qui cesse de se soulager dans ses habits ou par terre, parce que contraint par les injonctions de son
entourage. Il acquiert d'abord une habitude, mais c'est peu de temps après seulement qu'il saura pourquoi il est
obligé de respecter cette règle que lui impose la société.
La conscience morale et ce qu'elle réalise dans l'homme : Que fait alors la conscience morale en nous ?
a) La conscience morale nous apprend à nous soumettre aux lois de la société, pour ne pas être exclu de toute
relation avec autrui ou avec Dieu (même sans aller à la prison de Makala) (cfr. Jean 15, 1- 7).
b) La conscience morale permet de formuler des jugements de valeur sur tout ce que la société nous propose, et
opérer ainsi des choix.
c) La conscience morale nous aide à faire des renoncements conscients pour emprunter le langage de la
Psychanalyse et éviter ainsi ce qu'on appelle le retour du refoulé car vivre, c'est choisir. En chacun de nous se
passe une lutte entre le moi idéal (ce que je voudrais ou désire tellement être) et l'idéal du moi (ce que je devrais
être, ce qu'on attend de moi).
D'où il faut renoncer consciemment à certaines choses qui peuvent provoquer le déplaisir, ou causer notre échec,
et surtout pour privilégier ce qui peut nous anoblir.
Bref, la conscience morale permet de mesurer l'enjeu pratique et théorique d'une situation inhabituelle, en
répondant de manière libre et responsable à la question : Que dois-je faire? Que devons-nous faire?

L'éducation de la conscience morale


Il n'y a aucun doute sur la nécessité d'éduquer la conscience morale. La finalité d'une telle éducation est de
permettre à la conscience de tout un chacun de prendre une juste mesure de la valeur des règles proposées et de
leurs limites face à l'exigence éthique proprement dite.
Il s'agira en fait d'initier l'homme dès son enfance aux règles morales nécessaires à la vie commune, en montrant
certes la nécessité, mais aussi ce qui en est de promettant.
L'enfant doit être initié très tôt à la liberté et à la responsabilité pour ainsi se prendre petit à petit en charge.
Il doit apprendre que les règles que la société ou même l'église lui propose sont bonnes pour autant, et pourtant
seulement qu'elles cherchent à développer dans la relation interhumaine, la solidarité.
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CHAPITRE IX. LES DROITS HUMAINS A LA LUMIERE DE LA BIBLE

En effet pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les peuples et les hommes de toutes les races, de toutes
les cultures et de toutes les croyances se sont engagés à promouvoir et à respecter les droits fondamentaux de
toute personne humaine. Par là même, ils ont reconnu que tout homme quel qu'il soit a des droits inaliénables qui
doivent être respectés par tous.
Cette déclaration est tellement importante qu'on peut dire que ce jour-là est née l'humanité. Et cette déclaration
rencontre l'assentiment de Dieu hormis le point sur la liberté de croyance. Mais cela prouve aussi la liberté que
Dieu donne à l'homme (libre arbitre) car voulant une soumission volontaire et non imposée.
La déclaration des droits de l'homme s'adresse aussi à la conscience de chaque homme. Elle nous montre ce que
le minimum requis pour qu'une vie puisse être considérée humaine. C'est donc un appel aux hommes du monde
entier pour leur signaler ce à quoi ils doivent aspirer et ce qu'ils doivent défendre et exiger des autres. Il s'agit donc
d'un idéal commun à atteindre pour tous les hommes et pour tous les peuples.
Dans le préambule de la déclaration, l'Assemblée Générale proclame ce droit comme, « l'idéal commun à atteindre
par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société ayant cette
déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement de l'éducation, de développer le respect de ces
droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance
et l'application universelle et effective. »
Malheureusement, si en théorie les nations du monde se sont engagées à respecter les droits fondamentaux de la
personne humaine, la réalité concrète que nous vivons est toute autre. Partout on continue à bafouer et à mépriser
les droits fondamentaux des personnes, partout les hommes et les peuples sont exploités et opprimés. Il suffit
d'ouvrir les yeux, de parcourir les pages d'un journal, de regarder autour de soi, pour constater quelle est l'ampleur
effrayante de l'injustice dans notre monde.
Malgré la charte de la déclaration universelle de droits humains, notre monde continue d'être inhumain.
En RDC, les droits les plus fondamentaux de la personne sont trop souvent ignorés et méprisés et nous sommes
indifférents à la dégradation de notre vie sociale. C'est un fait incontestable que notre vie sociale est marquée par
le mépris et l'exploitation de l'homme par l'homme.
Au courant des dernières années, la vie est devenue très difficile pour la plupart des congolais. Ils sont devenus
plus pauvres vivant dans l'insécurité ; pour beaucoup c'est un problème de survie.

Il y a 60 ans que la RDC est indépendante. L'indépendance inspira de grands espoirs pour le développement
politique, économique, social et culturel des congolais. Mais hélas, la situation actuelle est loin d'être celle rêvée
lors de l'accession à l'indépendance car instable et la violence est très répandue.
La Bible a une grande responsabilité à l'égard de l'injustice. La libération de tout l'homme et de tout homme qu’elle
prône n'est donc pas seulement d'ordre spirituel et intérieur, elle a un impact direct sur la vie concrète, individuelle
et collective de l'humanité.
L'appel est lancé ici à tous les hommes de bonne volonté qui conscients de la dignité de l'homme veulent contribuer
à la création d'une société plus juste et d'un monde plus humain.
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A vivre dans une société inhumaine, on finit par devenir inhumain. Nous sommes tous responsables de la société
et de l'histoire. C'est notre tâche d'hommes.

Commentaires bibliques sur la DUDH du 10 décembre 1948


Art. 1er : Gal.5.1 ; Act.7.26.
Tous les hommes, doués d'une âme raisonnable et créés à l'image de Dieu, ont même nature et même origine ;
tous, rachetés par le Christ, jouissent d'une même vocation et d'une même destinée divine. Il faut donc, et toujours
d'avantage reconnaître leur égalité fondamentale...au surplus, en dépit de légitime différence entre les hommes,
l'égale dignité des personnes exige que l'on parvienne à des conditions de vie justes et plus humaines. En effet,
les inégalités économiques et sociales excessives entre les membres ou entre les personnes d'une même famille
humaine font scandale et constituent un obstacle à la justice sociale, à l'équité, à la dignité de la personne humaine
ainsi qu'à la paix sociale et internationale.
Si nous gardons la foi en l'homme et si nous redécouvrons que notre capacité d'aimer vient de Dieu lui-même,
nous ne pouvons plus rester passifs devant cette dégradation du sens de notre dignité.
Si nous avons été créés à l'image de Dieu nous sentons tous, même inconsciemment que le mépris de notre dignité
atteint ce qu'il y a de plus profond en nous : la dignité de Dieu lui-même.
Les droits de l'homme sont fondés sur la dignité reconnue de tous les êtres humains sur leur égalité et leur fraternité.
Le devoir de respecter ses droits est un devoir de caractère universel. La promotion de ces droits est un facteur de
la paix ; leur violation est une cause de tension et de trouble un niveau interne ainsi qu'international.
Un citoyen qui se voue à la construction de son pays doit être libre. C'est sa liberté qui lui donne la force de son
dévouement à la collectivité. Il doit être respecté dans sa liberté.
Art. 2 : Dt 27.19 ; Gal.3.28
Certes tous les hommes ne sont pas égaux quant à leur capacité physique, qui est variée par rapport à leurs forces
intellectuelles et morales qui sont diverses.
Mais toute forme de discrimination touchant aux droits fondamentaux de la personne qu'elle soit raciale ou
culturelle, c'est à dire fondée sur la race, le sexe, la couleur de la peau, la condition sociale, la langue ou la religion,
doit être dépassée et éliminée, comme contraire au dessein de Dieu (Ps 29,2).
Pour dépasser la discrimination sous toutes ses formes, nous devons éviter de créer ou d'entretenir tout ce qui
permet de manipuler l'homme, de le rabaisser au niveau d'un instrument de profit ou de plaisir. Nous devons lutter
contre tout ce qui oppose riches et pauvres, ou encore favorise les privilégiés au dépens des autres.
C'est pourquoi, nous condamnons énergiquement la corruption, le tribalisme, le régionalisme, la monopolisation
du commerce, l'usure, le laisser aller dans le service, la polygynie institutionnalisée, et les coutumes qui
défavorisent la veuve.
Mais reconnaissons encore bien d'autres formes de cet égoïsme : Il y a d'abord le racisme et le clanisme. Le
racisme caché en nous, nous remplit souvent de préjugés contre ceux d'une autre race ou culture et nous empêche
de nous ouvrir vraiment ou d'aimer de tout cœur celui qui nous est étranger. Le racisme c'est donc l'attitude de
l'homme qui méprise ou opprime un autre être humain ou autre groupe d'êtres humains, parce qu'ils sont d'une
autre race et d'une autre couleur.
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Il en va de même pour le régionalisme, le tribalisme et le clanisme, qui voit les intérêts de sa région, tribu ou clan
avant tout et seulement après le bien commun. Et cela un peu partout : dans l'embauche des ouvriers ou
l'occupation des postes de commande, dans l'entraide ou les simples relations humaines, dans les palabres à
trancher, etc.Chacun est d'accord qu'il s'agit là d'une des plaies les plus écœurantes de notre nation.
Aucun congolais ne peut, en matière d'éducation et d'accès aux fonctions publiques, faire l'objet d'une mesure
discriminatoire, qu'elle résulte d'une loi (acte venant de pouvoir législatif) ou d'un règlement (acte de l'exécutif) en
raison de sa religion, de son appartenance ethnique, de son sexe, de son lieu de naissance ou de sa résidence.
Art. 3 (Ex 20, 13, Mt 5,21-22)
Il s'agit de construire un monde où tout homme, sans exception de race, de religion, de nationalité, puisse vivre
une vie pleinement humaine, affranchie des servitudes qui lui viennent des hommes et d'une nature insuffisamment
maîtrisée; un monde où la liberté ne soit un vain mot.
Notre société a perdu le sens de l'homme et du bien commun, le sens de la justice et du travail honnête, le sens
de la vérité et du respect de la parole donnée. L'homme congolais a perdu le sens du respect de la vie humaine.
Nous avons tous une même aspiration fondamentale : quitter la misère qui nous accable, avoir un emploi stable,
manger à notre faim, bénéficier de bons soins médicaux, n'être exploiter par personne, vivre des situations qui
n'offensent pas notre dignité humaine, faire étudier les enfants et leur assurer une bonne éducation.
Dans la tradition africaine la femme était hautement respectée, la virginité des fiancés était considérée comme un
honneur pour le clan. La vie était sacrée, l'avortement, cette autre plaie de notre société actuelle, n'avait pas droit
d'existence.
Ceux qui commettent ces abus sont donc totalement contre l'authenticité et trahissent leur engagement envers le
peuple congolais, tout aussi bien, si pas plus que ceux qui détournent les deniers publics.
Art.4 Is.61,1; Gl,5.1; Is 58.6; Lc 4.4-7; Phm16
Tout ce qui est offense à la dignité de l'homme, comme les conditions de la vie sous-humanité, les
emprisonnements arbitraires, les déportations, l'esclavage, le commerce de femmes et de jeunes ;ou encore les
conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard
pour leur personnalité libre et responsable :toutes ces pratiques et d'autres analogues sont, en vérité infâmes tandis
qu'elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui les subissent, et
insultent gravement à l'honneur du Créateur.
Ce qui me peine, c'est que ceux que nous exploitons sont nos propres frères et des êtres humains comme nous.
Pire encore, si nous nous sommes enrichis au dépend de leur souffrance et de leur vie, nous avons encore
l'effronterie de les éclabousser de notre luxe, par un train de vie effréné. Ne suffit-il pas de les acculer à la misère,
que nous voulions encore les humilier dans leur cœur? Entendons ce cri de protestation et de détresse dans le
silence de leur cœur : « Je suis un homme ».
Les communautés politiques économiquement développées, dans leur action multiforme d'assistance aux pays
moins favorisés, sont tenues de reconnaître et de respecter les valeurs morales et les particularités ethniques de
ceux-ci et de s'interdire à leur égard le moindre calcul de domination.
L'organisation internationale doit respecter la liberté. Ce principe interdit aux nations toute ingérence dans les
affaires internes des autres comme toute action oppressive à leur égard.
Art.5 : Prov.3.31-32 ;14.31 Lc 3.14
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Tout ce qui constitue une violation de l'intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique
ou morale, les contraintes psychologiques ; tout ce qui est offense à la dignité de l'homme, comme les conditions
de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l'esclavage. Toutes ces pratiques et
d'autres analogues sont en vérité infâmes. La loi divine même n'admet pas que l'aveu soit forcé ou extorqué. Il doit
être spontané ou volontaire. Parce que si l'inculpé avoue sous tortures des crimes qu'il n'a pas commis, qui portera
la responsabilité d'une telle bévue, sinon la personne qui l'a contraint à pareil aveu mensonger.

Art.6 : Nb 15.16; Lév.19.34; Dt 10.18-19; Jér.22.3; Mi 6.8; Mt 7.12; Lc 6.31


La base de toute société humaine est le principe que tout être est une personne douée d'intelligence et du libre
arbitre. Il est donc sujet des droits et devoirs des uns envers les autres. Il faut par conséquent que partout grandisse
la conscience de l'éminente dignité de la personne humaine, supérieure à toutes choses et dont les droits et devoirs
sont universels, inaliénables et inviolables. Il faut donc rendre accessible à l'homme tout ce dont il a besoin pour
mener une vie vraiment humaine.

Art.7 : Dt 10.17-18 ;16.19 ;Prov.21.3 ;Is 11.3-5 ; Jn 7.21 ; Ac 10.34-35


Selon l'ordre juridique de Dieu, l'homme a un droit inaliénable de garantie de sécurité juridique et une sphère
concrète de droits défendue contre tout empiétement arbitraire. La protection juridique efficace et égale des droits
fondamentaux du citoyen est plus qu'exigée et ce conforme aux normes objectives de la justice. Pourquoi alors
ceux qui ont une quelconque parcelle d'autorité en abusent en exploitant ceux qui leurs sont soumis ? Pourquoi
dans nos tribunaux on ne peut obtenir son droit qu'en payant grassement les juges ?

Art.8 : Dt 1.16-17 ; 18.15-18 ; Prov 29.12,14 ; Ex.18.21-26


Toute société est appelée pour son bon fonctionnement à rédiger un texte des droits fondamentaux pour protéger
les membres de sa communauté à travers une organisation juridique et politique solide. On établit en termes de
droits et de devoirs, quels sont les rapports entre les citoyens et les pouvoirs publics ; et on assigne à l'autorité le
rôle primordial de reconnaître et de respecter les droits et les devoirs des citoyens, d'en assurer la conciliation
réciproque, la défense et le développement par un système social acceptable pour l'épanouissement de l'individu.
Ainsi nous pouvons affirmer que la société renferme certaine conditionnalité pour le développement de l'être
humain.
Les institutions de notre pays ne sont plus à même de remplir efficacement leur mission première de protéger et
de défendre les droits des personnes et des biens, d'assurer l'ordre dans la société et de procurer le bien commun.
L'individu ne peut plus que recourir à la corruption active pour défendre ses droits.

Art 9 : Dt 16.18, 20 ; Am.5, 24


L'arrestation ne peut obéir au caprice, mais doit respecter les normes juridiques. Il n'est pas admissible qu'un
homme le plus irréprochable puisse être arrêté arbitrairement et disparaître sans plus dans la prison. Envoyer
quelqu'un dans un camp de concentration et l'y maintenir sans aucun procès régulier, c'est se moquer du droit.
Certains gouvernements restreignent à l'excès la sphère de liberté à laquelle chaque citoyen a droit et dont il a
besoin pour vivre en homme ; ces régimes vont parfois jusqu'à contester le droit même à la liberté, quand ils ne
les suppriment pas tout à fait.
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Une telle spoliation constitue sans aucun doute un renversement de l'ordre social, puisque la raison d'être des
pouvoirs publics est de réaliser le bien commun, dont un élément fondamental consiste à reconnaître le juste
domaine de la liberté et d'en protéger les droits.
Les souffrances qui découlent de cette situation, aujourd'hui en Afrique, ont abouti à des milliers des morts, sans
parler de détention et des situations pénibles des réfugiés. C'est notre conviction que la volonté de Dieu sur les
églises en Afrique est que non seulement elles s'opposent à toutes formes d'oppression ou de souffrance, mais
encore qu'elles se gardent de toute alliance directe ou indirecte avec les forces d'oppression.

Art.10 : Lv 19.15-16 ; 1Tim 5.26


L'action punitive se base non sur l'arbitraire et la passion mais sur les règles juridiques claires et fermes. Cela
signifie d'abord qu'il y a une action judiciaire. et que par réaction contre un délit, on ne passe pas outre au procès
pour mettre la justice devant le fait accompli.
La soif d'argent transforme les hommes en assassins. Pourquoi dans nos tribunaux, les personnes n'obtiennent
leur droit qu'en payant grassement le juge ? Pourquoi des prisonniers vivent-ils oubliés en prison ? Ils n'ont
personne qui puisse payer le juge qui a leur dossier en mains. Pourquoi dans nos bureaux de l'administration
comme des services publics oblige-t-on les gens à revenir jour après jour pour pouvoir obtenir leur dû ?
S'ils ne paient pas le commis, ils ne seront pas servis. Il y a égoïsme dans la pratique assez généralisée de la
corruption dans différents domaines : au tribunal, dans des écoles et aux bureaux d'engagements des
travailleurs...!! y a enfin la vengeance et le règlement de comptes que nous pouvons également retrouver sous
différentes formes parmi nous et qui crient si fort au ciel.

Art. 11 : Dt 19, 16 R 19
S'il se présente contre un homme un faux témoin pour l'accuser de révolte, les deux hommes qui auront ainsi une
contestation devant le Seigneur se tiendront devant les prêtes et les juges qui seront en fonction se jour-là. Les
juges feront des recherches approfondies ; ils découvriront que le témoin est un témoin menteur : il a accusé son
frère de façon mensongère. Vous le traiterez comme il avait l'intention de traiter son frère. Tu ôteras le mal du
milieu de toi.
Parmi les garanties de l'action judiciaire on compte aussi la possibilité pour l'accusé de se défendre réellement, et
non seulement pour la forme. Il doit lui être permis, ainsi qu'à son défenseur, de soumettre au tribunal tout ce qui
parle en sa faveur, il est inadmissible que la défense ne puisse avancer que ce qui agrée au tribunal et à une justice
partiale.
Les églises doivent avoir accès aux prisons, aux camps de concertations et d'autres lieux de détention afin d'obtenir
information complète et exacte sur le traitement donné aux prisonniers et sur les conditions de détention, elles
doivent défendre des droits détenus, dans un rapport régulier avec leur famille et leur avocat.
Nous constatons que de plus en plus la violence et la guerre acquièrent droit de cité en Afrique.
C'est pourquoi l'épiscopat du Congo...élève la voix contre la recrudescence de la violence sous toutes ses formes
dans notre continent, notamment la vague croissante d'arrestations arbitraires et de tortures, d'attentats,
d'assassinats et de guerres fratricides.
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Art 12. : Ex 20, 16 R 17 ; Lév.19.11 ;Dt 5.20 ;Es 32.18 ;Pr 12.17 ;Si 29, 21 - 22
Tous ceux qui exercent une influence sur les communautés et les groupes sociaux doivent s'appliquer efficacement
à promouvoir le mariage la famille. Que le pouvoir civil considère comme un devoir sacré de reconnaître leur
véritable nature, de les protéger et de les faire progresser, de défendre la moralité publique et de défendre la
prospérité des foyer. Il faut garantir le droit de procréation des parents et le droit d'élever leurs enfants au sein de
la famille. Il faut toujours rappeler ce principe : « la présence de l'Etat n'a pas pour but de réduire de plus en plus
la sphère de liberté de l'initiative personnelle des particuliers, tout au contraire elle a pour objet d'assurer à ce
champ d'action la plus vaste ampleur possible, grâce à la protection effective, pour tous et pour chacun, des droits
essentiels de la personne humaine.
Et il faut retenir parmi ceux-ci le droit qui appartient à chaque personne humaine d'être et demeurer normalement
première responsable de son entretien et de celui de sa famille (Jean XXIII).
La promiscuité rend difficile le minimum d'intimité et l'unité des foyers. C'est ainsi que des jeunes désertent des
maisons pour se retrouver dans des rues avec des amis souvent indésirables.

Art.13 : Héb.11.8
La liberté de mouvement et d'installation est garantie à tout citoyen tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de son pays.
Mais les Etats pour ce qui est de l'émigration doivent créer une confiance mutuelle entre eux pour que l'échange
de leurs populations ne les déstabilise pas.

Art.14 : Ex. 22.20; 23.9; Lév.19.33-34; Nb 35.11; Dt 10.18


Tout réfugié ou immigrant est une personne qui doit garder sa dignité et être traité comme tel partout où il se trouve.
Mais ce droit ne peut être abusivement utilisé par celui qui le détient pour vivre contre les principes de droit
mondialement reconnus.

Art.15 : Gen10.31; Dt 32.8; Ac.17.24-26; 22.28


Individus, familles, groupements divers, tous ceux qui constituent la communauté civile, ont conscience de leur
impuissance à réaliser seuls une vie pleinement humaine et perçoivent la nécessité d'une communauté plus vaste,
à l'intérieur de laquelle tous conjuguent quotidiennement leur force en vue d'une réalisation toujours plus parfaite
du bien commun. C'est pourquoi ils forment une communauté politique selon des types institutionnels variés. Celle-
ci existe donc pour le bien commun : elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification, et c'est de lui qu'elle
tire l'origine de son droit propre.
Quant au bien commun, il comprend l'ensemble des conditions de vie sociale, qui permettent aux hommes, aux
familles et aux groupements de s'accomplir plus complètement, et plus facilement.
A ce propos, nous devons déclarer de la façon la plus explicite que toute politique tendant à contrarier la vitalité et
l'expansion des minorités constitue une faute grave contre la justice, plus grave quand ces manœuvres visent à
les faire disparaître.
Par contre, rien de plus conforme à la justice que l'action menée par les pouvoirs publics pour améliorer les
conditions de vie des minorités ethniques, notamment en ce qui concerne le langage, leur culture, leurs coutumes,
leurs ressources et leurs entreprises économiques.
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La liberté fondée sur l'autorité de la personne est faite des droits et des devoirs, également associés dans le respect
de tous. Qui ne voit dans l'épanouissement de cette liberté le fondement même de toute société humaine ? Il n'est
de développement autonome possible, au niveau des personnes et des peuples, que dans un vouloir efficace de
justice pour tous et un respect positif de la liberté chacun, en dehors de tout abus de pouvoir.

Art 16 : He13,4
La famille est une cellule vivante de la société et de l'Eglise. Elle constitue une institution fondamentale ayant des
droits inaliénables et imprescriptibles que toute société doit protéger et garantir.
Tout homme a droit à la liberté dans le choix dans son état de vie. Il a par conséquent le droit de fonder un foyer,
où l'époux et l'épouse interviennent à égalité de droits et devoirs. La famille, fondée sur le mariage librement
contracté, un et indissoluble, est et doit être tenue comme la cellule première et naturelle de la société.
De là, l'obligation de mesures d'ordre économique, social, culturelle et moral de nature à consolider la stabilité et
à lui faciliter l'accomplissement du rôle qui lui incombe. Mais l'homme n'est lui-même que dans son milieu social,
où la famille joue un rôle primordial. Celui-ci a pu être excessif, selon les temps et les lieux..., lorsqu'il s'est exercé
au détriment des libertés fondamentales de la personne.
La santé de la personne et de la société tant humaine que chrétienne est étroitement liée à la prospérité de la
communauté conjugale et familiale. Aussi les chrétiens, en union avec tous ce qui font grand cas de cette
communauté, se réjouissent-ils sincèrement des soutiens divers qui font grandir aujourd'hui parmi les hommes
l'estime de cette communauté d'amour et le respect de la vie qui aide les époux et les parents dans leur éminente
mission.
La famille doit être considérée comme la cellule mère de la nation. L'ordre familial doit être encouragé par une
politique concertée, comprenant notamment des avantages sociaux, des avantages fiscaux et une politique
d'habitat... Une assistance spéciale doit être donnée aux jeunes mères de familles.

Art. 17 : Ex 20, 17; Deut. 5, 21


Le droit de propriété, même des biens de production, a valeur permanente, pour cette raison précise qu'il est un
droit naturel. Il constitue un moyen idoine pour l'affirmation de la personne et l'exercice de la responsabilité en tous
domaines ; qui est élément de stabilité sereine pour la famille, l'expansion pacifique est ordonnée dans l'existence
commune.
Au droit de propriété est intrinsèquement rattachée une fonction sociale...Certes, le droit de propriété des biens est
un droit naturel ; cependant, selon l'ordre objectif établi par Dieu, le droit de propriété doit être délimité de manière
à ne pas mettre obstacle à l'imprescriptible exigence que les biens crées par Dieu pour tous les hommes, soient
équitablement à la disposition de tous, selon les principes de la justice et de la charité.
Ce renversement des critères de moralité a entraîné, parmi les maux que nous déplorons, l'émoussent des
consciences, l'asservissement de la personne humaine, celle-ci ayant cessé d'être la fin de l'action politique et
sociale, l'inégalité de la répartition du patrimoine national, d'où le défaitisme et l'absentéisme, la corruption et la
concussion.
Les biens de l'Etat sont volés ou détournés sans scrupule et cela, à tous les niveaux.Les véhicules, les moyens de
production sont employés à des fins personnelles. Ainsi un corbillard est fait pour transporter non du charbon, mais
des morts, Une ambulance est faite pour transporter des malades et non du poisson.
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On se dit : « C'est le bien de l'Etat ». Mais ces biens ne sont-ils pas le fruit du travail de tous, pour être au service
de tous ? Ne devons-nous plus répondre de rien, devant personne, pour oser sans scrupule nous servir ainsi des
biens qui appartiennent à toute la communauté nationale ?

Art. 18 : Ac.23.11
Tout être humain a droit à la liberté dans la recherche de la vérité dans l'expression et la diffusion de la pensée,
les exigences de l'ordre moral et du bien commun étant sauvegardées ; il a droit également à une information
objective. Chacun a le droit d'honorer Dieu suivant la justice règle de la conscience et de professer dans la vie
privée et publique.
Le principe de la laïcité de l'Etat ne pose pas en lui-même aucun problème à l'Eglise s'il est entendu et pratiqué au
sens de la constitution, ou il signifie que l'Etat ne privilégie aucune religion, qu'il n'y a aucune religion ou forme
religieuse qui soit imposée à tous les citoyens en tant que religion d'état. Bien plus en raison de sa laïcité, l'Etat
doit respecter et protéger les convictions religieuses de tous les citoyens.
Dans la république, il n'y a pas de religion d'Etat. Toute personne a le droit de manifester sa religion ou ses
convictions, seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques,
l'accomplissement des rites et l'état de vie religieuse sous réserve de l'ordre public et des bonnes mœurs.

Art. 19 : Jn 8, 32
Aussi bien trouvait-on inhérent à la société humaine le droit à l'information sur les sujets qui intéressent les
hommes, soit en tant qu'individus, soit en tant que membres d'une société, selon la situation de chacun. Cependant
le bon exercice de ce droit requiert que la communication soit, quant à l'objet, toujours véridique et dans le respect
des exigences de la justice et de la charité complète ; qu’elle soit, quant au mode, honnête et convenable, c'est-à-
dire que, dans l'acquisition et dans la diffusion des nouvelles, elle observe absolument les lois morales, les droits
et la dignité de l'homme.
Pour faire contrepoids à une technocratie grandissante il faut inventer des formes de démocratie modernes, non
seulement en donnant à chaque hommes la possibilité de s'informer et de s'exprimer, librement mais en l'engageant
dans une responsabilité commune.
L'homme Congolais doit être délivré non seulement des oppressions matérielles, mais aussi des oppressions
politiques et spirituelles, traditionnelles ou récentes...

Art. 20 : Es. 43.9


Du fait que l'être humain est ordonné à la vie en société découle le droit de réunion et d'association, celui de donner
aux groupements les structures qui paraissent mieux servir leurs buts, le droit d'y assumer librement certaines
responsabilités en vue d'atteindre ces mêmes buts.
Il est requis que les hommes investis d'autorité publique soient animés par une saine conception du bien commun.
Celui-ci comporte l'ensemble des conditions sociales qui permettent et favorisent dans les hommes le
développement intégral de leur personnalité. Nous estimons, en outre, nécessaire que les corps intermédiaires et
les initiatives sociales diverses par lesquelles surtout s'exprime et se réalise la socialisation, jouissent d'une
autonomie efficace devant les pouvoirs publics, qu'ils poursuivent leur intérêt spécifique en rapport de collaboration
loyale entre eux et de subordination aux exigences du bien commun.
63

Art. 21 : 1Sm 8. 7
A la dignité de la personne humaine est attaché le droit de prendre une part active à la vie public et de concourir
personnellement au bien commun. Cette faculté d'intervention ouvre aux êtres humains de nouvelles et vastes
possibilités de servir à rendre.
L'homme comme tel, bien loin d'être l'objet et un élément passif de la vie sociale, en est et doit en être, en rester
le sujet, le fondement et la fin. Les défenseurs d'une parcelle d'autorité se rappelleront que l'autorité est un service.
Ils se soucieront, assurant aux individus et aux corps intermédiaires leur champ d'activité et leurs responsabilités
propres qui les conduisent à concourir à la réalisation de ce bien commun.
Il faut qu'il ait dans notre pays une véritable démocratie où le peuple a la possibilité de s'exprimer librement et de
sanctionner ses chefs en jugeant leur gestion.

Art. 22 : Es. 32. 16-17


Nous estimons que la politique sociale devrait avoir pour l'objet d'offrir aux citoyens un régime d'assurance qui ne
présente pas de différences trop notables suivant le secteur économique où ils s'emploient. Les régimes
d'assurances ou de sécurité social peuvent contribuer efficacement à une distribution du revenu global de la
communauté nationale en conformité avec les normes de justice et d'équité : On peut ainsi voir en eux un moyen
de réduire les déséquilibres de niveaux de vie entre les diverses catégories des citoyens.
Il est indispensable que les pouvoirs publics se préoccupe de favoriser l'aménagement social parallèlement au
progrès économique. Ils s'appliqueront à organiser des systèmes d'assurances pour les cas d'événements
malheureux et d'accroissement de charges familiales de sorte qu'aucun être humain ne vienne à manquer des
ressources indispensables pour mener une vie décente.
Dans le domaine des mutualités de travailleurs un nouveau départ doit être pris; tout ce qui concerne les soins de
santé, l'aide aux familles, aux veuves et orphelins, aux handicapés physiques, aux vieillards, bref à cet immense
secteur social, doit être pris en main par des mutualités organisées et gérées par les travailleurs eux-mêmes.

Art. 23 : Deut. 24.14-15 ; Lc10.7


Les pouvoirs publics auront soin que les ouvriers en état de travailler trouvent un emploi proportionné à leurs
capacités ; que chacun d'eux reçoive le salaire conforme à la justice et à l'équité ; que les travailleurs puissent se
sentir responsables dans les entreprises ; qu'on puisse contribuer conformément des corps intermédiaires qui
ajoutent à l'aisance et à la fécondité des rapports sociaux.
Au sujet du travail, nous rappelons qu'il est en même temps un devoir et un droit de chaque être humain. C'est, en
conséquence, aux hommes en premier lieu qu'il revient de régler leurs rapports mutuels de travail... Nous estimons
de notre devoir d'affirmer une fois de plus que la rétribution du travail ne peut être ni entièrement abandonnée en
justice et équité.
Cela exige que soit accordée aux travailleurs une rémunération qui leur permette avec un niveau de vie vraiment
humain, de faire face avec dignité à leurs responsabilités familiales.
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Art. 24 : Ex 23.12
C'est aussi un droit et même un besoin pour l'homme, de cesser par moment le dur travail quotidien pour reposer
ses membres fatigués, pour procurer à ses sens une honnête détente, pour fomenter dans la famille une union
plus grande.
Les hommes ont aujourd'hui approfondi et grandement étendu la connaissance de lois de la nature ; ils ont créé
des instruments pour accaparer ses forces ; ils ont produit et continu à produire des œuvres gigantesques et
spectaculaires. Cependant dans leur volonté de dominer et transformer le monde extérieur, ils risquent de se
négliger et de s'affaiblir eux-mêmes.
La religion, la morale et l'hygiène sont d'accord sur nécessite d'un repos régulier, que depuis des siècles l'église
traduit par la sanctification du dimanche. L'église considère les loisirs comme un des moyens mis à la disposition
de tous pour acquérir une culture intégrale. Bien employés, les loisirs contribuent à une détente saine de l'esprit et
du corps: ils établissent des relations fraternelles entre les hommes.
Mais malheureusement nous constatons que certaines habitudes culturelles ne remplissent pas cette fonction de
loisirs. Au contraire, elles ont des effets néfastes aussi bien au plan physique que psychique et social. Elles créent
une mentalité telle que bien de valeurs se trouvent ravalées.
La libération de l'homme suppose l'utilisation rationnelle de ses loisirs .l'amélioration des conditions maternels
d'existence, aussi bien que l'augmentation de l'éducation générale, permettra utilisation de loisir dans des buts
culturels.

Art. 25 : Deut. 27.19; Mt. 23.23


De nos jours, surtout, nous avons l'impérieux devoir de nous faire le prochain de n'importe quel homme et, s'il se
présente à nous, de le servir activement : qu'il s'agissent de ce vieillard abandonné de tous, ou de ce travailleur
étranger, méprisé sans raison, ou de cet exilé, ou de cet enfant né d'une union illégitime qui supporte injustement
le poids d'une faute qu'il n'a pas commise, ou de cet affamé qui interpelle notre conscience.
La soif d'argent transforme les hommes en assassin. Combien de pauvres chômeurs sont condamnés à la misère
avec leurs foyers parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer celui qui engage. Combien d'enfants ou d'adultes
meurent sans soins, parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer l'infirmier qui doit les soigner. Pourquoi n'y a-t-il
plus de médicaments dans les hôpitaux, alors qu'on en trouve sur le marché?
Pour nos anciens, la vie, toute la vie était sacrée. Elle ne pouvait s'épanouir dans l'union spirituelle avec nos frères,
avec nos morts, avec toute la nature. Seuls les sorciers étaient bannis de la communion avec les autres hommes.
La fécondité de la vie n'était pas seulement physique mais plutôt une fécondité de tout l'homme qui par son
intelligence, sa force, son travail, se mettait au service de la vie pour le développement de toute la communauté
humaine dont il est issu. De cette fécondité de la vie découle le respect de l'ancien, de la femme, de l'enfant, du
guérisseur.

Art. 26 : Deut. 4.5-6 ; Pr 1.7


La nature revendique aussi le droit d'accéder aux biens de la culture et, par conséquent d'acquérir une instruction
de base ainsi qu'une formation technico-professionnelle correspondant au degré de développement de la
communauté politique à laquelle il appartient.
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Il faut faire en sorte que le mérite de chacun lui permette d'accéder au degré supérieur de l'instruction et d'arriver,
dans la société, à des postes et à des responsabilités aussi adaptés que possible à ses talents et à sa compétence.
L'église s'est toujours donné à la formation de l'intelligence, de la volonté et de la conscience morale et
professionnelle de l'homme, afin que l'homme sauvegarde l'intégrité de sa personnalité.

Art. 27 : Si 17. 1-7


Il faut tout faire pour que chacun prenne conscience et du droit et du devoir qu'il a de se cultiver, non moins que
de l'obligation qui lui incombe d'aider les autres à la faire. Il existe en effet, ici ou là, des conditions de vie et de
travail qui contrarient les efforts des hommes vers la culture et qui en détruisent chez eux le goût. Ceci vaut à un
titre spécial pour les agriculteurs et les ouvriers.
Aussi, ce sera le devoir de tous de reconnaître la participation spécifique et nécessaire des femmes à la vie
culturelle et de la promouvoir.
Riche ou pauvre, chaque pays possède une civilisation reçue des ancêtres : Institutions exigées pour la vie terrestre
et manifestations supérieures - artistiques, intellectuelles et religieuses de la vie de l'esprit. Lorsque celle-ci
possède de vraies valeurs humaines, il y aura grave erreur de les sacrifier à celle-là.
Un peuple qui y consentirait perdrait parla le meilleur de lui-même. Il sacrifierait pour vivre, ses raisons de vivre.
L'enseignement du Christ vaut aussi pour le peuple : «Que servirait à l'homme de gagner l'univers si il vient à
perdre son âme?»

Art. 28 : Mi 4.3 ; Mt 5.9


Il est donc clair que nous devons tendre à préparer de toutes nos forces ce moment où de l'assentiment général
des nations, toute guerre pourra être absolument interdite. Ce qui, assurément, requiert l'institution d'une autorité
publique universelle, reconnue par tous, qui jouisse d'une puissance efficace, susceptible d'assurer à tous la
sécurité, le respect de la justice et la garantie de Droit.
Pour bâtir la paix, la toute première condition est l'élimination des causes de discorde entre les hommes : elles
nourrissent les guerres, à commencer par les injustices. Nombre de celles-ci proviennent d'excessives inégalités
d'ordre économique, ainsi que du retard à y apporter des remèdes nécessaires.
Le fait que des millions d'êtres humains vivent dans des conditions infra-humaines n'est pas dû aux insuffisances
de la déclaration universelle de droits de l'homme. Il vient de ce que les nations sont plus assoiffées de puissance
que de justice ; que certains hommes ont cherché à augmenter leur propre jouissance des biens de ce monde sans
se soucier de promouvoir l'égalité entre les membres de la famille humaine. Nous devons aussi reconnaître que
les chrétiens auraient pu faire davantage pour exercer leurs droits et accomplir leurs devoirs de lutter contre
l'injustice, pour préparer de cette façon le changement de quelques situations actuelles.
Nous ne voulons d'aucune intervention étrangère qui favorise la répartition de notre continent entre les différentes
puissances connues. Que des puissances étrangères ne nous poussent plus à nous entretuer sous le fallacieux
prétexte de nous aider à recouvrer la liberté ou de nous protéger contre une autre puissance.
Ce n'est point la puissance des armes qui résoudra le problème, mais bien la réconciliation de tout un peuple.
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Art. 29 : Mat 12.Lév 19.18 ;Ez 18.5-10 ; Rom 13.8-10


A toutes les victimes silencieuses de l'injustice, nous prêtons notre voix pour protester et supplier. Mais il ne suffit
pas de dénoncer, souvent d'ailleurs trop tard et de façon inefficace : il faut aussi analyser les causes profondes de
ces situations et s'engager résolument à les affronter et à les résoudre correctement.
Nous connaissons que nous sommes tous solidaires et responsables d'une situation qui nous empêche de
répondre à notre aspiration fondamentale. Tous, jeunes et vieux, nous nous sommes rendue solidaires et
responsables de l'immoralité publique que nous désignons sous de vocables multiples et variés : exploitation du
pauvre; soif exagérée des biens matériels au mépris même de la dignité humaine ; manque du sens du devoir et
d'honnêteté.
Cette immoralité atteint toutes les dimensions de notre vie : vie privée, vie sociale à tous les niveaux ; vie familiale,
vie professionnelle : vie publique.
L'intérêt de chacun est dans la collaboration aux intérêts de tous. C'est pourquoi, ayons à cœur d'unir les bonnes
volontés pour travailler ensemble, mais aussi pour lutter ensemble contre la décomposition morale de notre société.
Il ne suffit pas de se plaindre pour rejeter la faute sur les autres : nous portons tous notre part de responsabilité.
Cela requiert donc qu'à chaque niveau de responsabilité, dans chaque bureau, dans chaque service, dans chaque
atelier les bonnes volontés s'unissent pour mener ensemble des actions libératrices contre toute forme d'abus de
pouvoir, d'injustice ou d'exploitation. Mais il faut surtout travailler positivement pour l'amélioration de l'efficacité et
la productivité au service du pays.

Art. 30 : 1Cor 1.1-10; 10.23-24 ; Mat 12.25; 20.28; Ph2.4-7


Il serait vraiment déplorable pour l'humanité qu'une proclamation aussi solennelle se réduise à une vaine
reconnaissance de valeurs ou à un principe doctrinal abstrait, sans recevoir une application concrète et toujours
plus cohérente dans le monde contemporain.
Les détenteurs d'une parcelle d'autorité se rappelleront que l'autorité est un service. Ils se soucieront ainsi du bien
commun...Leur pouvoir étant le lien naturel et nécessaire pour assurer la cohésion du corps social.
Notre société est comme une grande maison que nous construisons ensemble pour toute la famille, pour nos
enfants et nos petits-enfants. Nous construisons tous ensemble parce que nous sommes frères. Chacun porte la
part de responsabilité de son travail, mais est aussi responsable de l'ensemble.

CHAPITRE X. LA RESTAURATION DU CONGOLAIS DANS SA DIGNITE HUMAINE

Le souci du congolais de renouveler la classe politique par des élections à tous les niveaux est une preuve de sa
lassitude sur la situation qui est sienne aujourd'hui. Ainsi, son attentisme qualifié à tort ou à raison de lâcheté par
certains semble déterminer la confiance qu'il a sur l'amélioration de sa condition de vie après qu'il se sera choisi
des hommes et des femmes à tous les niveaux pour présider à la destinée de son pays.
Aussi, la situation de la République Démocratique du Congo (R.D.C) après les élections doit répondre aux attentes,
aux exigences de sa population longtemps restée dans des structures aliénantes, avilissantes et déshumanisantes.
67

La paix totale en R.D.C dépend donc non des élections elles-mêmes, mais de l'évolution générale de la vie qui
prévaudra après les élections.
Le Congolais fait partie du patrimoine humain international, c'est-à-dire qu'il a été voulu et créé homme par Dieu.
Et en tant que tel, tout effort individuel, national et international doit porter sur la maintenance et l'amélioration du
statut humain lui reconnu par Le Créateur.
Dans sa souveraineté, Dieu a créé l'homme pour dominer sur toutes les autres créatures n'ayant pas son image et
sa ressemblance. Mais dans sa vie en communauté avec ses semblables, il est appelé non à dominer, mais à
participer, à collaborer, à coopérer pour l'édification d'une société stable, dynamique et humaine, surtout que sa
vie et celle de son groupe d'appartenance en dépendent.
En effet comme être social, l'homme vit en relation avec les autres, il s'organise en société familiale, tribale,
nationale et internationale. Dès lors, il est évident qu'il y ait interaction active entre l'individu et le groupe et l'on
conçoit aisément que les intérêts personnels soient en harmonie et /ou en conflit avec ceux collectifs. C'est ainsi
que dès sa naissance, le groupe sent le besoin de s'organiser en vue d'une bonne harmonie. Il est ainsi appelé à
encourager les actions qui renforcent l'unité et la bonne marche du groupe, mais aussi à lutter contre les actes
antisociaux pouvant menacer sa cohésion et sa survie.
JEAN PAUL II dit à propos que « les fondements d'un bon gouvernement doivent être établis sur la saine base de
lois qui protègent les droits et définissent les devoirs des citoyens.»1
C'est avec raison aussi que J. DES GRAVIERS renchérit l'idée en disant :
« l'Etat a pour fin d'assurer le bien commun de ses membres, en leur garantissant la jouissance pacifique de leurs
droits et en leur procurant les moyens de réaliser leur bonheur terrestre. Il peut, à cet effet, exiger de ses membres
un certain nombre des prestations et des sacrifices en vue du maintien de la société et de l'obtention du bien
commun ».2
Sinon le non-respect des lois édictées et acceptées par toute la société crée un malaise, une insécurité, une
injustice, bref un manque général de paix. A ce sujet, JEAN PAUL II déclare ceci : « Et cela parce que quand les
droits humains sont ignorés ou méprisés, quand la poursuite d'intérêts particuliers prévaut injustement sur le bien
commun, alors sont inévitablement semés les germes de l'instabilité, de la rébellion et de la violence ».
Il continue sa réflexion en ces termes : « Des telles injustices politiques provoquent des tensions qui dégénèrent
souvent en conflits armés et en guerres civiles, avec de graves conséquences, comme des famines, des épidémies,
des destructions, sans oublier les massacres et la tragédie scandaleuse des réfugiés». 3
D'où la nécessité d'un arbitrage, d'un paramètre ou d'un critère d'arbitrage en vue d'un règlement pacifique des
différends. Aussi, ces conflits interindividuels et intersociaux constituent une constance de la vie en société et
soulèvent naturellement la question de leur règlement.
C'est cette dynamique de règlement des conflits qui a donné naissance au Droit entendu comme un ensemble des
préceptes autorisant ou interdisant certains comportements moyennant la contrainte publique.
En créant l'homme à son image et à sa ressemblance, Dieu l'a mis dans un conditionnement tel qu'il pourra
continuer à garder sa dignité d'homme. Il lui a garanti un travail par lequel il devait continuer l'œuvre du Créateur

Jean Paul II, Ecclesia in africa, Kinshasa, Médiaspaul, 1995,p.120


J. Des Graviers, Le droit canonique, Paris, PUF, 1967,p.8.
Jean Paul II, Op. Cit. , pp.120-121
68

et mériter le titre du co-créateur (Gen.1.26-2.15), un habitat (jardin d'Eden), la nourriture (Gen.1.29 ; 9.3), etc. Bref,
il voulait que l'aune de sa création mène une vie décente.
La satisfaction des besoins fondamentaux de l'homme fait que ce dernier mène une vie paisible. Il ressort donc
que le statut humain ne peut être reconnu qu'à un homme qui vit dans un état où le minimum vital lui est garanti,
où ses droits vitaux lui sont reconnus entre autres : Alimentation, Santé, Education, Habitat et Environnement, etc.
C'est dans cette logique que JEAN PAUL II encourage l'homme à garder sa dignité en déclarant : «Parce qu'il a
cette dignité humaine incomparable, l'homme ne peut vivre dans des conditions de vie sociale, économique,
culturelle et politique infra-humaines».4
Car lorsque les besoins fondamentaux de l'homme ne sont pas satisfaits, l'espèce humaine vit dans une
perspective d'extinction ou de disparition.
Mais il s'avère qu'au fil du temps, l'homme a changé son attitude vis-à-vis de son prochain jusqu'à le réduire au
rang inférieur d'autres créatures en foulant aux pieds ses droits, le rabaissant ainsi au rang d'un sous-homme,
presque d'un esclave.
Aussi, la situation générale du congolais sur son propre sol n'est pas loin de celle d'un esclave. La population vit
un paradoxe en ce sens que vivant dans un pays aux immenses potentialités naturelles, elle se retrouve parmi les
populations les plus pauvres du monde.
Une infime minorité des citoyens se distribue la majorité des richesses du pays, laissant ainsi à la majorité de la
population des miettes à se partager.
Comment justifier il y a sous peu l'admission d'un si riche pays à l'initiative des Pays Pauvres Très Endettés
(P.P.T.E.)?
La R.D.C est semblable à cet homme de la parabole du bon samaritain de Luc 10.30-37 : Quittant Jérusalem pour
Jéricho, il est tombé entre les mains des brigands qui le dépouillèrent de ses biens, le battirent et s'en allèrent le
laissant à demi mort.
Beaucoup de congolais sont étendus sur le bord de la route : affamés, malades, blessés, analphabètes,
marginalisés, etc. Ils ont grandement besoin de Bons Samaritains qui leur viennent en aide. Les problèmes qui
affligent le pays sont légions :
- une pauvreté extrême et toujours grandissante - un gaspillage tragique des ressources naturelles disponibles -
l'instabilité politique et le désordre social -l'urbanisation : trop de gens quittent les villages pour les villes - le manque
d'emplois -la dette internationale - le commerce des armes - le problème des réfugiés et des personnes déplacées
- l'accroissement des populations - les familles dépossédées et menacées - le fléau du sida - le tribalisme et les
conflits ethniques - le désir désordonné pour les biens matériels.5
Cette situation du pays est proche de la désolante description faite par Esaïe le prophète sur Israël :
« Où frapper encore, si vous persévérez dans la trahison? Toute la tête est mal-en-point, tout le cœur est malade,
de la plante des pieds à la tête, il ne reste rien de sain. Ce n'est que blessures, contusions, plaies ouvertes, qui ne
sont pas pansées ni bandées, ni soignées avec l'huile. Votre pays est une désolation, vos villes sont la proie du
feu, votre sol, sous vos yeux des étrangers le ravagent, c'est la désolation comme une dévastation d'étrangers »
(Is. 1.5-7).

Ibid., p.78
Marchons ensemble vers l'an 2000, Kinshasa, Médiapaul, 1996, pp.10-11.
69

Pour bien étoffer notre réflexion, nous analyserons quelques éléments constitutifs mondialement reconnus du
minimum vital à garantir au congolais: Travail, Temps, Santé, Education, Alimentation, Habitat et Environnement.
Et parce qu'il s'agit de la situation du pays, est-elle conforme à la moyenne internationale reconnue à l'homme? Il
y a-t-il adéquation entre les potentialités du pays et la réalité de ses habitants?
Est-ce conforme à la volonté de Dieu? Que faire alors?
1. Le Travail
Face à une opinion trop largement répandue qui veut que l'Etat nous doive tout sans que nous lui devions rien en
retour, si non d'essayer de tirer le maximum de lui, en ne lui consentant que le minimum, il faut rappeler l'importance
de cette responsabilité personnelle face à la collectivité. C'est une marque concrète de l'exigence éthique de la
solidarité au plan national.
JEAN PAUL II aussi déclare à ce sujet : « Le travail humain est une clé et probablement la clé de toute question
sociale, c'est une solution progressive qui cherche à rendre la vie humaine plus qu'humaine. »6
Il pense aussi que « Le travail est un instrument de libération où le travailleur devient en quelque sorte un libérateur
d'abord pour lui-même, ensuite pour sa famille et enfin pour son pays ».7
Ainsi, les hommes sont appelés dans le travail à se suffire, à récréer leur propre existence pour leur propre
promotion humaine en travaillant durement et non plus tout attendre d'ailleurs.
Aussi l'homme est appelé à mettre sa confiance au travail de ses propres mains et cela consciemment.8
A la lumière de Pr.10.4-5, celui qui ne se fait pas des provisions pendant la récolte est un fainéant. Donc, lorsqu'on
n'arrive pas à satisfaire ses besoins vitaux, on est paresseux (Pr.13.4).
Quid du Travail en RDC?
La logique du Travail tient-elle en RDC quand plus de la moitié de la population a comme épargne ou provision la
dette? Lorsque ceux qui travaillent le font non pour garantir leur avenir même pas leur présent mais pour payer
une partie de leurs dettes passées afin de s'endetter encore?
Le travail est donc appelé à ennoblir, à humaniser celui qui le fait car l'ouvrier mérite salaire. Pourquoi alors la non-
satisfaction des besoins vitaux des congolais ; est-ce le fruit de leur paresse ou d'un travail ingrat ?
Il est d'une constatation que le travail en RDC est une denrée rare avec un taux de 94% de chômage de la
population active et la majorité de ceux qui travaillent ont un traitement salarial qui ne leur permet pas de nouer les
deux bouts du mois. Aussi le fonctionnaire congolais s'apitoie sur son sort en déclarant : « Lorsque Dieu voit notre
travail, Il se réjouit, mais quand Il regarde notre salaire, Il se retourne et pleure amèrement ». Et l'apôtre JACQUES
prenant partie du travailleur s'adresse à l'employeur congolais en ces termes : « Et même, vous gardez pour vous
le salaire des ouvriers qui font la récolte dans vos champs. Alors ils se plaignent, et les cris de ces ouvriers arrivent
aux oreilles de Dieu, le Seigneur tout-puissant » (Jac.5.4).
Et face à sa misère, le génie inventif a fait trouver au travailleur congolais l'explication du « SIDA » comme étant
un « Salaire Insignifiant mais Difficilement Acquis ». Ils sont ainsi découragés et ne se donnent plus à fond faisant

Jean Paul II, «le travail humain », in Lettre Encyclique Laborem. Présentation et commentaire de R.
BEECKMANS, Kinshasa, Saint Paul Afrique, (s.d.), p.20.
Ibid.
KWASI Ugira, Exégèse de l'Ancien Testament, cours dispensé en G3 Théologie à l'ISTK/ 1990-1991.Inédit.
70

croire qu'ils étaient des paresseux. Mais comment expliquer leur excellente prestation dans des entreprises à
bonne rémunération comme les organismes des Nations Unies (PNUD, UNICEF, FAO, MONUSCO) pour ne citer
que ceux-là ?
Un autre élément à épingler et non le moindre est le conditionnement du travail. En RDC, le cadre ne permet pas
au travailleur de donner le meilleur de lui-même. Dans beaucoup de bureaux, il y a manque ou insuffisance des
locaux, des tables et des chaises, des machines et fournitures de bureau. Le fonctionnaire congolais n'est-il pas
obligé dans ces conditions de faire sa carrière pour l'intérêt de la société mais à ses propres frais?
Alors que cela est contraire à la pensée de Dieu transmise par PAUL, l'apôtre qui pense qu'un travailleur à l'instar
du militaire ne peut pas rendre service à la nation à ses propres frais (1Cor.9.7).
C'est à ce juste titre que JEAN PAUL II constate en effet que « ...les conditions de travail dégradantes qui réduisent
les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable :
toutes ces pratiques et d'autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu'elles corrompent la civilisation, elles
déshonorent ceux qui s'y livrent plus encore que ceux qui subissent, et elles insultent gravement à l'honneur du
Créateur ».9
La culture de la paix en RDC passe par une triple opération qui consiste d'abord à créer d'emplois pour résoudre
le problème de chômage afin de sécuriser la population ; ensuite à leur donner un cadre viable pouvant les motiver
à donner le meilleur rendement d'eux-mêmes et enfin à mieux les rémunérer. « L'ouvrier mérite son salaire » doit
être compris comme un traitement salarial permettant au bénéficiaire de s'acquitter de ses besoins fondamentaux.
« Le salaire doit suffire à faire vivre l'ouvrier et sa famille. Si le travailleur, contraint par la nécessité ou poussé par
la crainte d'un mal plus grand, accepte des conditions très dures, que d'ailleurs il ne peut refuser parce qu'elles lui
sont imposées par le patron ou par celui qui fait l'offre du travail, il subit une violence contre laquelle la justice
proteste »10 dit JEAN PAUL II.
Il renchérit encore en disant :
En tout système, indépendamment des rapports fondamentaux qui existent entre le capital et le travail, le salaire,
c'est-à-dire la rémunération du travail, demeure la voie par laquelle la très grande majorité des hommes peut
accéder concrètement aux biens qui sont destinés à l'usage commun, qu'il s'agisse des biens naturels ou des biens
qui sont le fruit de la production. Les uns et les autres deviennent accessibles aux travailleurs grâce au salaire qu'il
reçoit comme rémunération de son travail. Il découle de là que le juste salaire devient en chaque cas la vérification
concrète de la justice de tout le système socio-économique et en tout cas de son juste fonctionnement. Ce n'en est
pas l'unique vérification, mais celle-ci est particulièrement importante et elle en est, en un certain sens, la
vérification clé.11

2. Le Temps
1°. Définition : Le temps peut-être défini comme :
* Une grandeur caractérisant à la fois la durée des phénomènes et les instants successifs à leur déroulement ;
* Une durée limitée considérée par rapport à l'usage qu'on en fait. Ex : le temps de dormir, d'étudier ;
* Un système des relations séquentielles composées du passé, du présent et du futur (Weber) ;

Jean Paul II, Evangelium vitae, Kinshasa, Médiaspaul, 1995, p.6.


0
Jean Paul II, Centesimus annus, Montréal,Editions Paulines, 1991, p.18.
1
Jean Paul II, Le travail humain, Kinshasa, Médiaspaul, 1998, p.65.
71

* Un moment favorable, occasion (Kaïros) opportunité. En Grec deux


expressions désignent les temps. Il s'agit :
* Du Kronos : La durée la plus étendue et qui se divise en moments particuliers ou saisons ;
* Du Kaïros : le moment favorable, le temps propice, l'opportunité pour faire ou réaliser quelque chose. Ex : quand
nous disons c'est mon temps...
2°. Quelques caractéristiques du temps
- Le temps a un caractère limité. Ps.90.10
Le temps de vie d'un homme est limité. Même le temps historique est limité : jours, mois, années, siècle,.
Ex : La réunion de ce soir est limitée par le temps ;
- Le temps a un caractère fuyant, particulièrement fragile. Ps.90.9. « nos années s'achèvent comme un
murmure...cela passe vite et nous nous envolons ».
- Le temps est un facteur d'opportunité : Il y a des choses que nous ne recourons que dans le temps. Eccl. 9.11 ;
- Le temps est un facteur de changement : Certaines choses ne changent qu’avec le temps ;
- Le temps est une arme de destruction ou de construction : Abuser du temps est un suicide ;
- Le temps est un instrument d'instruction : L'apprentissage est fonction du temps.
3°. L'importance de la connaissance du temps
Aristote disait : « le temps nous circonscrit, nous enveloppe et nous domine sans que l'âme ait la puissance
de l'engendrer ».
Si nous ne sommes pas maître du temps, ni ne pouvons l'engendrer, nous pouvons du moins la connaître et
l'organiser ou l'utiliser. Pourquoi connaître le temps?
La connaissance du temps est très importante dans tous les aspects de la vie :
- Luc 19.41-44 la connaissance du temps nous apporte la paix et, nous fait éviter les tourments. Celui qui ne
connaît pas le temps est à la merci des événements, des circonstances et même des autres ;
- La connaissance du temps nous rend fidèle et prudent, car elle nous permet de tout faire au moment favorable
et convenable. Luc 12.41-43 ;
La connaissance du temps peut faire que nous devenions maîtres des autres. Celui qui connaît le temps gouverne
les autres, il devient élevé parce qu'il devient une information. Et celui qui détient une information devient supérieur
: - Cas de Joseph -Cas de Daniel - Cas deTintin : Eclipse solaire
- Celui qui connaît les temps connaît les buts de chaque chose et agit avec conséquence. Ne pas connaître le
temps conduit à la confusion.
4°. Comment utiliser son temps
Deux conceptions sont sur le marché quant à l’utilisation du temps : la conception linéaire et la conception
cyclique. La première enseigne que le temps perdu ne revient plus alors que la seconde pense qu’on peut
toujours récupérer le temps perdu.
Trois choses importantes à savoir :
- Temps est une ressource périssable. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde qui passe doit être bien
géré, car le temps passé ne revient plus. « Le temps perdu ne reviendra jamais ».
A tous, Dieu a donné le même nombre d'heures, la différence dépend de la manière dont nous le gérons.
72

Les gagnants sont ceux qui savent gérer et rentabiliser leur temps.
- Il faut apprendre à faire les choses à temps (Eccl.3.1).
Il y a un temps pour toute chose. Toute chose ne peut pas être faite n'importe quand.
- Le temps doit être bien géré.
Sachez bien ordonner votre temps. Ayez votre montre à gauche et votre agenda à droite.
La différence dans la vie et le travail de beaucoup de gens est fonction de l'usage du temps.
Bien gérer son temps = Tirer profit de son temps, c'est-à-dire maximiser tous les instants et il faut pour cela de la
discipline. Quand vous avez établi ces trois principes, vous pouvez organiser votre temps :
- en suivant un programme et en établissant les priorités ;
- en donnant, ou accordant plus de temps aux choses les plus importantes ;
- en cherchant à exceller, à vous perfectionner dans les choses que vous pouvez faire dans la vie.
3. La Santé
La réhabilitation du congolais dans son statut d'homme passe par l'acquisition d'un système sanitaire
adéquat. En R.D.C le personnel ne fait pas défaut, mais le matériel et le traitement réservés aux patients restent à
désirer.
Sinon comment expliquer le fait que les médecins congolais, formés au Congo puissent être consommables en
Afrique Australe ? Il y a trois à quatre décennies, les malades sud-africains venaient se faire soigner en R.D.C.
Aujourd'hui, c'est le mouvement contraire.
Nos hôpitaux sont devenus des mouroirs, dépourvus de tout ce qui est nécessaire pour assurer les premiers soins
indispensables pour le maintien de la vie.
Le corps médical paupérisé se rabat sur la pauvre population pour se faire de l'argent, ignorant ou faisant fi à
dessein du serment d'Hippocrate qu'il a prêté. C'est ainsi que sa première préoccupation n'est plus le salut des
vies humaines, mais l'enrichissement personnel sur le dos des malades. Aussi, la mort s'ensuit en cascade lorsque
les malades ne peuvent pas payer d'abord et se faire soigner ensuite.
Les pharmacies des nos hôpitaux manquent des produits de première nécessité, condamnant ainsi les malades à
une mort gratuite le temps d'aller chercher les produits dans des officines pharmaceutiques extérieures.
Et même les produits censés donner la vie sont vendus dans un conditionnement qui les empêche à remplir leur
mission.

La conséquence logique de ce drame sanitaire est que le Congolais justifie le manque de sa guérison dans l'effet
maléfique du monde des ténèbres (Satan et démons) et non dans un système médical totalement délabré qui, au
lieu de transmettre la vie, distribue la mort.
Les maladies éradiquées pendant la colonisation refont surface à une vitesse vertigineuse sans trouver une
structure appropriée pour les combattre. La pandémie du SIDA est loin d'être maîtrisée.
La trithérapie presque gratuite sous d'autres cieux permettant aux malades du Sida de continuer à vivre est un luxe
pour nous. Ce désespoir plonge des familles dans un désarroi qualifié à tort ou à raison de punition divine ou d'effet
maléfique de la sorcellerie.
73

Le développement de la culture de la paix dans ce domaine passe par :


- La mise sur pied d'une structure adéquate d'accueil des malades (personnel qualifié, bâtiments, équipements,
médicaments, etc).
- Une bonne politique salariale de prise en charge du personnel soignant lui permettant ainsi de travailler
consciencieusement.
- L'imposition dans tous les services hospitaliers du principe « le salut de la vie d'abord et l'exigence de l'argent
ensuite » sachant que la vie humaine est sacrée et par conséquent n'a pas de prix. Et ce dans le but de faire
comprendre au personnel de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, aumôniers, administrateurs, bénévoles) sa
vocation de protéger et servir la vie afin de la prolonger.
C'est à ce juste titre que JEAN PAUL II met ces professionnels de la santé devant leur responsabilité en disant : «
leurs professions en font des gardiens et des serviteurs de la vie humaine. »12
4. L'Education
Le développement et l'avenir d'une nation dépendent en grande partie d'une part des institutions mises sur pieds
pour sa gestion et d'autre part, des animateurs de ces institutions. L'étude de ces institutions et la formation de ces
animateurs relèvent du rôle du ministère de l'Education. Là-dessus, nous partageons le point de vue des évêques
lorsqu'ils déclarent :
«L'éducation de la jeunesse et des adultes est l'un des premiers domaines dans lequel doit se concrétiser la volonté
politique de réussir l'œuvre immense du développement national. Le facteur humain est déterminant. En effet, sans
la compétence et la conversion du peuple et de ses dirigeants, aucun développement n'est possible»13
En RDC malheureusement, la situation de l'éducation est plus que chaotique. Non seulement le nombre d'écoles
est insuffisant, mais leur répartition sur l'ensemble du territoire national est très déséquilibrée.
Il y a une forte concentration dans des centres urbains alors que les milieux ruraux fortement peuplés souffrent
d'un déficit criant en écoles condamnant ainsi une grande partie de la population, surtout la jeunesse à oublier
s'instruire. L'analphabétisme a atteint un seuil intolérable.
La situation de l'éducation devient pire avec la paupérisation des parents obligés de prendre en charge la scolarité
de leur progéniture (privatisation du système éducatif). Le budget alloué au secteur est tellement insignifiant que
le ministère en charge de l'Education est un parent pauvre, dépourvu des moyens de sa politique.
Le manque des moyens contraint certains parents à hypothéquer la formation de leurs enfants en les inscrivant
dans des écoles ne formant pas bien mais coûtant moins chères. D'autres par contre sont obligés de faire scolariser
certains enfants au détriment des autres, surtout des filles. Celles-ci sont appelées au mariage comme si cette
entreprise n'avait pas besoin des femmes instruites. Il s'instaure ainsi contre la volonté des parents et des enfants
le système de « délestage », par manque des moyens financiers.
La dévalorisation de la fonction d'enseignants, la modicité de leur salaire à tous les niveaux (primaire, secondaire,
universitaire) entraînent leur exode ou leur désertion massive.

Jean Paul II, Op. Cit.(cf.n°1), p. 132.


C.E.Z., Le chrétien et le développement de la nation, Kinshasa, Editions du Secrétariat Général de la
C.E.Z.,1988, p.44.
74

Ce noble métier d'une importance capitale n'est pas prise en compte hélas au pays et ce, sans calculer les risques
qui en découlent tels que la baisse du niveau scolaire, la corruption et les dégâts de tous genres que cela a créé,
continue à créer et pourra encore créer.
Les enseignants sont à l'instar d'autres fonctionnaires (médecins, militaires, juges et magistrats, etc) des laissés
pour compte, les rébus de la société. Ils sont traités par leur pays comme Paul, l'apôtre qui pouvait déclarer :
« Ils nous traitent comme des inconnus, et pourtant, on nous connaît très bien. Ils nous considèrent comme des
mourants, et pourtant nous sommes bien vivants. Ils nous punissent sans nous tuer. Ils nous rendent tristes, et
pourtant nous sommes joyeux. Ils croient que nous sommes pauvres, pourtant nous rendons les autres riches »
(2Cor.6.9-10).
L'enseignement est assuré aujourd'hui par des kamikazes; des mercenaires qui, attendant mieux ailleurs, passent
leur temps sans y mettre leurs cœurs.
«Cette situation fausse complètement notre système scolaire et met la population utilisatrice de nos diplômes en
très grave danger : chacun imagine les dégâts que peut causer un faux enseignant à l'école, un faux médecin à
l'Hôpital et un faux ingénieur aux travaux publics »14
Est-il prudent de la part de la RDC de pouvoir laisser un tel secteur de la vie entre des mains inexpertes quand
bien même volontaires ? En quoi un tel comportement serait différent du fait d'envoyer aux fronts des individus non
exercés au maniement des armes ?
Peut-on remettre une seringue à un néophyte en piqûre et s'attendre à un bon résultat ? Nous pensons que cela
relève de la trahison pour ne pas dire du suicide.
La mauvaise politique éducative ou son absence empêche à la société de bénéficier des talents déposés en chacun
de nous par le Créateur. Ces talents qui n'attendent que d'être réveillés par ceux et celles qui en ont la vocation et
la formation nécessaire pour servir et être utiles à la société.
Les conditions de travail des animateurs et des bénéficiaires du système éducatif diminuent et parfois annulent
tous leurs efforts pour donner le meilleur rendement d'eux-mêmes malgré toute leur détermination ainsi que leur
bonne volonté. Sinon comment encore comprendre que les enseignants congolais, surtout ceux du niveau
supérieur soient prisés à l'étranger ?
Et que dire des étudiants qui sont déclarés médiocres ici, lorsqu'ils excellent là où les conditions de vie et d'étude
sont humaines ?
La non - consommation par la société de ceux qui terminent les études démotive d'autres qui préfèrent prendre
des raccourcis payants (commerce, affaires, voyage, mariage pour les filles, etc). Pour eux, les études deviennent
une perte inutile de temps.
Les évêques catholiques du pays pouvaient dire avec raison qu'« aujourd'hui le problème grave qui se pose au
sujet de l'école n'est pas seulement celui de la qualité et de la finalité de l'école zaïroise, mais davantage celui de
la création des emplois après la sortie de celle-ci par une volonté politique caractérisée. »15
Un rapport fait dans ce domaine en RDC justifie cet échec en ces termes : « La formation intellectuelle insuffisante
est due, d'une part, au faible accès à l'école, elle-même causée par l'ignorance de droits à l'Education, le non-
paiement de frais scolaires et une faible qualité de l'enseignement et au faible nombre d'écoles et, d'autre part, au

C.E.Z., Op. Cit., p.22.


Ibid., p.21.
75

grand nombre d'abandons provoqués par les échecs scolaires, l'insécurité sur les routes et le retrait d'enfants
surtout les filles, vouées au mariage précoce et aux activités génératrices de revenus pour la famille».16

La paix éducationnelle passe par :


- Une reconsidération de l'importance en vue de la valorisation (en hommes, infrastructures, équipements,
programme, etc) de ce secteur vital de la vie nationale.
- Le caractère obligatoire et gratuit de l'enseignement pour toute personne à l'âge scolaire.
- La prise en charge des enseignants par l'Etat qui est censé garantir et sécuriser le système éducatif en vue d'un
résultat escompté suivant les objectifs qu'il s'assigne.
- Combattre toute pratique pouvant diminuer le niveau de l'enseignement entre autres : corruption, médiocrité dans
le recrutement des enseignants, etc.
- Permettre matériellement et financièrement aux parents de supporter les études de leurs enfants au niveau
supérieur.
- L'adaptation du programme d'enseignement aux réalités du milieu. La production des personnes directement
consommables par la société sans passer encore obligatoirement par un recyclage.
Nous concluons avec B. KABATU-SUILA qu'aussi longtemps que nous ne donnerons pas de l'importance qu'il faut
au secteur de l'éducation, le développement ne viendra pas.
Nous devons être exigeants avec les programmes et les questions de l'éducation nationale ; la réussite se trouve
au bout des efforts ».17

5. L'Alimentation
Les critères mondialement reconnus pour une alimentation saine insistent sur la qualité et la quantité de
ce que l'homme est appelé à consommer pour vivre.
La malnutrition ainsi que la sous-alimentation sont donc des insuffisances qu'il faut chercher à éradiquer ou à
diminuer sensiblement.
Mais pour la RDC, ce qui devait être considéré comme anomalie est devenu vécu quotidien. L'alimentation est un
de secteurs où le Congolais a perdu sa dignité d'homme qu'il faut lui restituer et ce rapidement.
Tous les efforts fournis, toutes les énergies dépensées par le congolais ont la nourriture pour finalité, et c'est à
peine que cela répond à ce besoin fondamental de la vie humaine.
La qualité de ce qui doit être consommé importe peu. Ce qui est visé plus, c'est la quantité, l'essentiel étant que le
ventre soit plein entre deux repas pour ne pas déranger.
Les calories requises pour un humain et recommandées par les institutions spécialisées en alimentation telles que
la FAO et l'OMS, l'équilibre alimentaire entre les glucides, les protides et les lipides entrant dans la constitution du
corps humain ne peuvent être pris en compte faute des moyens suffisants pour y faire face.

Ministère du Plan, Analyse de la Situation des Enfants et des Femmes ( ASEF ), Kinshasa, Unicef, 2003,p.89.
17
B. KABATU-SUILA , L'instabilité institutionnelle. Frein au développement, Kinshasa, Ka-IMMO, 2004 ,
p.163.
76

Le secteur agricole qui a dans ses attributions la sécurité alimentaire est un des parents pauvres en RDC. La
production agricole en RDC peut être considérée comme une cueillette. L'agriculture congolaise est don de la
fertilité naturelle du sol et non la maîtrise des techniques agricoles par l'homme.
Pour preuve, en ce 3è millénaire, les paysans continuent à utiliser des techniques rudimentaires.
Alors que sous d'autres cieux, les agriculteurs font usage des tracteurs, des semences améliorées, des engrais,
des moissonneuses-batteuses, etc ; l'agriculteur congolais se contente des machettes, des houes, des bêches,
des semences naturelles, etc.
Ces techniques archaïques font que le cultivateur congolais déploie beaucoup d'énergies physiques et perd
beaucoup de son temps pour une production à peine consommable localement et difficile à être évacuée vers les
centres de consommation. Aussi, le cumul des produits de plusieurs saisons agricoles fait décourager les
producteurs qui décident de quitter la campagne pour venir s'installer dans des centres urbains.
La pêche est encore artisanale avec des pirogues, des hameçons et des filets. La conséquence est que nos
poissons meurent de vieillesse dans l'eau pendant que la population meure de faim. Il s'ensuit donc l'importation
des produits agricoles de première nécessité (riz, sachet, aiguille, poissons synchards, etc) dont la production
locale peut suffire pour couvrir tous leurs besoins dans le pays, il suffit d'améliorer les conditions de travail des
producteurs et les moyens d'évacuation vers les centres de consommation.

6. Habitat et Environnement (Devoir de l'homme envers son environnement).

Selon la Bible, l'homme est tripartite : corps, esprit et âme (1Co 5.23). Mais MAKANZU Mavumilusa dans « Quand
Dieu te gêne », ajoute une 4è composante à l'homme, c'est le cosmos, l'univers, la création ou l'environnement. Et
un chercheur a dit : « L'homme n'est pas externe à la création, il en fait partie intégrante ».
Voilà pourquoi, la chute de l'homme a plongé toute la création dans la désolation :
L'Eternel Dieu dit à l'homme : « Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta
nourriture tous les jours de ta vie...» (Gn 3 : 17).

Aussi elle est dans l'attente de l'avènement du Fils de l'homme pour retrouver son éclat d'antan terni par le péché
de l'homme : « Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été
soumise à la vanité [au pouvoir de la fragilité]... avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la
corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu'à ce jour, la
création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement » (Rm 8 : 19-22).

Il s'agit naturellement du vaste domaine de l'écologie et des devoirs qu'impose à l'être humain son lien vital avec
son environnement naturel. Ce devoir nous incite à respecter l'air, l'eau, la terre, les espèces végétales et
animales... de façon à laisser à nos descendants une terre habitable et un environnement beau et agréable à voir.

La nature n'étant pas un produit fini, mais plutôt une matière première brute, elle est appelée à subir des
transformations pour le bien exclusif de l'homme sans pour autant qu'elle soit endommagée. Car sa destruction
entraîne inévitablement la détérioration de la vie sur terre. L'homme, dans sa recherche de transformation ou du
recyclage de la nature est contraint de respecter les principes de l'Ecologie s'il ne veut pas que la nature lui soit
rebelle.
77

Il faut toujours se poser la question de savoir quelle terre laisserons-nous à nos descendants et quelle
descendance laisserons-nous à la terre ?
C'est un autre des secteurs clés de la vie de l'homme. En effet, il est la 4è composante de la vie humaine à côté
du corps, de l'âme et de l'esprit. De la même manière qu'on exige un esprit saint dans un corps sain, une vie
humaine ne peut réellement l'être que lorsqu'elle vit dans un milieu décent. La création tardive de l'homme prouve
à suffisance que sa vie dépend de l'univers et de sa biodiversité. D'où tout l'intérêt qu'il faut accorder à l'étude de
l'environnement de l'homme (écologie).

L'écologie étant «la science de l'ensemble des rapports de l'organisme avec le monde extérieur ambiant, avec les
conditions organiques et inorganiques de l'existence ; ce qu'on a appelé l'économie de la nature, les relations
mutuelles de tous les organismes vivant en un seul et même lieu, leur adaptation au milieu qui les environne, leur
transformation par la lutte pour vivre».
A cela, il faut ajouter la responsabilité lui confiée par Dieu pour garder cet univers en sa faveur. Aussi nous savons
le rôle des mondes végétal et animal dans la vie de l'homme notamment la respiration, la nourriture, la
pharmacopée, l'habillement, le logement, etc. Nous ne pouvons pas oublier l'apport de la voûte céleste nous
protégeant contre les rayons ultraviolets par sa couche d'ozone.
Celle-ci produit aussi l'oxygène et permet de filtrer les rayons solaires empêchant ainsi le réchauffement de la terre
par effet de serre et la fusion des glaces polaires pouvant entraîner l'inondation sur toute la terre.
A cela il faut ajouter la lumière et les étoiles qui interviennent dans la régulation des saisons, la croissance des
êtres vivants, l'éclairage du jour et de la nuit. L'eau à elle seule constitue l'élément essentiel de la vie sans laquelle
elle est en danger de mort (déshydratation, sécheresse).
En RDC, nous vivons dans une indifférence alarmante devant la détérioration du cadre de la vie. Aussi, la vue du
biotope du congolais ne prouve aucunement la qualité humaine réservée à sa vie. Sa vie est menacée de toutes
parts :
- L'air respiré est pollué par les gaz d'échappement des véhicules hors course sous d'autres cieux où le contrôle
technique est de rigueur, l'exiguïté de l'espace vital, la fumée des usines, des cigarettes, etc.
- L'eau est polluée par toutes sortes des déchets naturels et artificiels et par conséquent impropre à la
consommation. Nos cours d'eau sont à la fois considérés comme poubelles et comme lieux d'inhumation, sans se
rendre compte des dangers de leur intoxication que nous courons.
- L'exploitation anarchique de nos forêts par l'agriculture sur brûlis, les feux de brousse, l'absence de politique de
reboisement entraînant la déforestation, des perturbations sur la pluviométrie, la photosynthèse, la désertification,
la baisse de certains cours d'eaux.
- L'insalubrité est manifeste se caractérisant par une mauvaise gestion des déchets ménagers, mauvais drainage
des eaux usées et celles de pluie entraînant des érosions et le débordement de certains lits de rivières, la vente
des denrées alimentaires sans respect des normes hygiéniques, l'absence des espaces verts, des poubelles
écologiques, etc.
- L'indécence de la vie humaine. La saleté va des toilettes jusque sur la place publique entraînant l'enlaidissement
des paysages. Les maisons servent à loger une multitude de parents sans respect à l'intimité de la vie. Les villes
congolaises sont plus des bidonvilles construites sans respect des normes urbanistiques.
78

Les évêques catholiques peuvent constater avec regret qu'«aujourd'hui, le souci des architectes et des urbanistes
semble se limiter à la superficie à bâtir, accordant moins d'intérêt aux problèmes d'évacuation des immondices,
des espaces devant servir de trottoir ou de jardins publics. Les rues conçues pour la circulation des véhicules
deviennent des lieux de promenade, de célébration de grands moments de la vie, de recréation ou même des
terrains de sport pour les enfants ».18
La situation actuelle exige d'entreprendre diverses activités concernant l'assainissement du milieu.
Il vaut beaucoup d'autant plus que les ressources naturelles même abondantes ne sont jamais inépuisables. Leur
gaspillage et leur mauvaise utilisation peuvent gâcher nos vies et celles des générations futures. Le terme
assainissement est compris par l'OMS comme étant l'ensemble des activités visant l'amélioration de toutes les
conditions qui, dans le milieu physique de la vie humaine, influent ou sont susceptibles d'influer défavorablement
sur le développement, la santé et la longévité, notamment :
- La gestion des déchets domestiques par la collecte, l'évacuation, le traitement et l'élimination des déchets
solides, liquides et des excréta, y compris leur recyclage.
- Le drainage des marais, des eaux de pluie et de toutes les eaux stagnantes susceptibles de constituer des gîtes
pour les vecteurs des maladies et des agents de nuisances.
- La lutte contre les vecteurs des maladies et des agents de nuisances tels que moustiques, rats, mouches,
mollusques, cafards, etc.
- Le contrôle de la potabilité de l'eau de boisson, de la qualité des autres boissons et des denrées alimentaires.
- Le contrôle des conditions d'hygiène de l'habitat et de l'habitation (cadre de vie).
- L'éducation pour la santé et l'incitation de la population à la prise en charge de son propre développement
sanitaire et écologique pour l'application des mesures d'assainissement de base.
- La lutte contre la pollution sous toutes ses formes (sol, air, eau, acoustique, etc. ).

Tout comme la destruction est un processus rapide par rapport à la construction, la détérioration de l'espace vital
du congolais a connu une accélération très rapide. Sa réhabilitation demandera beaucoup de temps ; mais cela
vaut la peine si le congolais après les élections tient à récupérer son rang d'homme longtemps perdu. L'effort doit
être fourni pour la mise sur pied d'une nouvelle politique de réorientation éthique des systèmes de protection et de
consommation.
Car nous pensons comme WASWANDI Kakule que : « Le système social qui permet à l'homme de vivre
décemment aujourd'hui, et surtout de garantir à tous les membres une vie libre et juste, est tellement complexe
que personne ne peut le concevoir sans assurer à l'être humain un environnement sain, c'est-à-dire sans y intégrer
une éthique écologique valable pour son développement intégral ».19

C.E.Z. , Op. Cit., p. 18.


KAKULE Waswandi, « Ethique écologique chrétienne et promotion africaine de l'environnement », in Quelle
Eglisepour l'Afrique du troisième millénaire ?, Kinshasa, F.C.K., 1991, p.73.
79

7. Changement de mentalité ou Renouvellement de l'intelligence


Le monde a été créé par Dieu et pour Dieu. Pr 16.4 dit: Tout a été créé par Dieu pour un but.. ..et le but pour lequel
Dieu a tout créé, c'est sa propre gloire.
Mais dès le début, Adam et Eve ont préféré adorer la créature que le Créateur (Rm 1.21). Ils ont ainsi corrompu
leur intelligence en se laissant influencer par une autre source que Dieu. Ils ont perdu leur liberté pour se faire
esclaves d'un nouveau maitre tyran (Es.14.17,Jn 10.10).
L'humanité toute entière, étant issue d'Adam et Eve, est porteuse de ce virus qu'est le péché. David dit : « Je suis
né dans le péché et ma mère m'a conçu dans l'iniquité » (Ps 51.7).
La race humaine s'est corrompue par le péché. Le groupe Sango Malamu chante: « Nzambe yo mokonzi na mikonzi
na mokili oyo mobimba, osalaki bato na lolenge na yo mpo bazala na boyokani na yo. Kasi bato baboyi na bango
bolamu mpo ete masumu ekoteli bango. Otindaki Yesu na mokili oyo mpo na kopesa kimia mpe bomoyi, kasi bato
baboyi na bango lobiko balingi kaka misala ya molili. »
La nature humaine déchue défraie les chroniques de la vie. Il suffit de se voir soi-même pendant nos pires moments
en pensées, en paroles, en omissions et en actes. A cela, il faut ajouter les nouvelles que nous avons de par le
monde : injustice, enrichissement illicite, meurtre, homosexualité, pédophilie, guerre, viol, avortement,
détournement, tricherie, corruption, génocide, terrorisme, exploitation de l'homme, etc.
Depuis l'entrée du péché dans l'humanité, le monde va de mal en pis. La courbe ne connaitra pas une nouvelle
trajectoire ascendante vers le paradis perdu. L'augmentation des humains va ensemble avec celle du mal (Gn 7).
Voilà pourquoi Dieu se demande la raison d'être de ce comportement d'ingratitude (Es 1.2-4) et de rébellion (Jr
2.5-8).
La réaction normale de Dieu serait de se venger, de nous exterminer, de nous ridiculiser comme chacun de nous
le fait si souvent quand l'occasion s'offre a nous. Mais en lieu et place de se venger, de nous punir car nous le
méritons, Dieu nous chérit, Il a pitié de nous. Il sait à quel maitre impitoyable nous nous sommes soumis. Il se
rappelle qu'il nous a créés à son image et a sa ressemblance.
En lieu et place de nous abandonner sur la voie qu'on a choisie, Il nous rappelle à Lui car Il sait qu'en dehors de
Lui, il n'y a pas la vie (Ps 73.26-27).
Et pour cela, Il nous supplie même : «...Revenez, revenez de votre mauvaise voie; et pourquoi mouriez-vous,
maison d'Israël? » (Ez 33.11).
A cause de cette bonté outre mesure, certains pensent même qu'il n'est pas capable de mettre en exécution ses
menaces.

Et pourtant Pierre dit : « Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns
le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à
la repentance » (2Pi 3.9).

Malgré ce tableau sombre de la vie des humains, leur ingratitude et sabotage, Dieu continue à nous faire confiance
et espère qu'il pourra trouver des hommes qui peuvent Le reconnaitre dans ce qu'Il est réellement et Lui donner
l'honneur et la gloire qui Lui sont dus (Ml 1.6). Voilà la raison du choix d'Abraham et par ricochet d'Israël (un peuple
qui reçoit une triple promesse de relation-terre-progéniture afin de lui être consacré entièrement).
80

Une des raisons avancées par Moise et Aaron devant Pharaon pour les laisser aller au désert, c'était pour rendre
culte ou adorer Dieu (Ex 5.1,3). Dieu qui est la sagesse et la source de la sagesse est à la recherche des stupides
qui veulent devenir sages comme Lui. Voilà pourquoi la sagesse est à la recherche de qui veut l'acquérir.
Or, on ne peut pas vouloir de la sagesse en dehors de sa source. Vouloir devenir sage, c'est vouloir avoir Dieu
dans sa vie.
Un homme sage selon Dieu, est un homme qui se laisse conduire par Dieu dans tous les aspects de sa vie.
L'homme n'a pas la puissance de changer sa vie. Remarquons qu'en l'homme, il y a la possibilité de tout changer
sauf lui-même.
Les progrès de la technologie en disent long. L'homme a réussi à tout changer sauf lui-même. Il se préoccupe à
tout rendre beau autour de lui sans lui. Le programme des 5 chantiers de la RDC est éloquent là-dessus. On a pris
en compte tous les aspects sauf l'homme qui est l'artisan principal de la réussite de ces 5 chantiers. Une preuve
que l'homme se soucie peu de son amélioration intérieure. Ce silence de l'homme pour son changement étonne
Dieu.
Voilà pourquoi dans Rm 12.2, on nous dit : « Ne vous coulez pas simplement dans le moule de tout le monde. Ne
conformez pas votre vie aux principes qui régissent le siècle présent ; ne copiez pas les modes et les habitudes du
jour. Laissez-vous plutôt entièrement transformer par le renouvellement de votre mentalité. Adoptez une attitude
intérieure différente. Donnez à vos pensées une nouvelle orientation afin de pouvoir discerner ce que Dieu veut de
vous. Ainsi, vous serez capables de reconnaître ce qui est bon à ses yeux, ce qui lui plaît et qui vous conduit à une
réelle maturité ».
Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre
pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.
Nous savons tous que tout acte commence par la pensée. Ceux qui inventent les choses, commencent par les
imaginer avant de les matérialiser. Tout changement de vie ou de direction doit commencer par la pensée.
Nous héritons de nos parents une vaine manière de vivre, inspirée par le maitre de ce monde qui est Satan. Le
renouvellement de la pensée, intelligence, habitude passe par un formatage du système infecté par le virus de la
corruption. Ainsi, toutes les données corrompues disparaissent pour qu'un nouveau système soit mis en place.
La bible nous donne la définition du système que Dieu veut installer en ceux qui trouvent que leur système est
infesté des virus qui risquent de les tuer : Jacques 3:17: « Au contraire, la sagesse qui vient d'en haut est en
premier lieu pure (de tout mal); de plus, elle aime la paix, elle est courtoise et douce, elle ne connaît pas les
préventions et l'esprit de parti, elle agit sans duplicité, ni feinte. Elle est sans façons et sans fard. Elle se montre
compréhensive et conciliante, elle est ouverte à la discussion et capable de céder, pleine de bonté et de
compassion ; elle produit beaucoup de bonnes actions. »
Dieu tient à installer en nous un système qui nous rendra capable de réaliser ce qui est dit dans Phl 4:8 : « Au
reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui
est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées.
« Enfin, frères, nourrissez vos pensées de tout ce qui est vrai, noble, juste, pur, digne d'amour ou d'approbation,
de tout ce qui mérite respect et louange. »
81

L'opération consiste à nous couper de la souche qui nous nous nourrissait de sa sève et permettait à ce que nous
produisions des fruits non consommables afin de nous greffer sur une souche naturelle capable de nous permettre
grâce à sa sève de donner des fruits consommables (Rm11.17,24).
Exemple de Jonas dans le bateau pour Tarsis et à Ninive avec sa prédication de repentance.
Le sacrifice que Dieu nous demande, c'est un Cœur repentant. Reconnaitre que la voie sur laquelle on se trouve
est mauvaise, chercher le bon chemin et une fois qu'on l'a trouvé, y demeurer jusqu'à la mort.
Dieu cherche un nouveau peuple qui lui sera fidèle et qui lui permettra de bomber sa torse devant Satan comme
du temps de Job.
Pour cela, il cherche des personnes qui lui seront volontairement totalement soumises. Pas des gens qui viennent
à lui à cause de ce qu'il a mais à cause de ce qu'il est.
En Jn 6, Christ demande qu'on le cherche non pour la nourriture qui périt mais pour la vie éternelle.
Pierre lui dira plus tard : «A qui irions-nous, tu es les paroles de la vie éternelle ». Comme pour lui dire, même si
nous ne recevons rien de toi pour nos besoins de ce monde, ce qui est impossible, mais nous nous accrochons à
toi parce que tu es la vie éternelle.
Ps 49.8-9 déclare à propos : « Ils ne peuvent se racheter l'un l'autre, Ni donner à Dieu le prix du rachat. Le rachat
de leur âme est cher, Et n'aura jamais lieu »
Les 3 amis de Daniel ont dit : Si le Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise où brûle un feu ardent,
ainsi que de tes mains, ô roi, qu'il nous délivre ! Mais même s'il ne le fait pas, sache bien, ô roi, que nous n'adorerons
pas tes dieux et que nous ne nous prosternerons pas devant la statue d'or que tu as fait ériger (Dn3.17-18).
Voilà le type d'homme dont Dieu a besoin. Des gens capables de dire à Dieu par la qualité de leur vie que c'est Lui
le Créateur, le Maitre, le Seigneur et le Sauveur.
Dans 1Co 10.31: « Soit donc que vous mangiez, ou que vous buviez, ou que vous fassiez quelque autre chose,
faites tout pour la gloire de Dieu »
Dieu peut-il compter sur toi pour que les prémices de son royaume soient vécues sur cette terre des ténèbres afin
de donner goût aux païens de dégoûter le monde pour aimer le royaume de Dieu en étant une source de
bénédiction et non de malédiction pour leurs prochains et leur pays?

La connaissance de Dieu n'est pas empirique ou théorique, elle est pratique : Jc1.19; Esd 7.10. Connaitre Dieu,
c'est mettre en pratique ses commandements.
Le sage selon Dieu est :
1. Celui qui reconnait sa stupidité, la regrette et s'engage sur la voie de la repentance.
2. Celui qui sait que de lui-même, il ne peut devenir meilleur. Et pour ressembler à Dieu, il faut que Dieu lui-même
imprime en lui sa marque ou son caractère. Et cela n'est possible que par l'acceptation de Jésus comme Sauveur
et Seigneur.
Avec comme conséquence, la transformation de notre vie, devenue caverne des voleurs, en une habitation du
Saint-Esprit; la transformation de nos pensées corrompues, en des pensées renouvelées par l'inspiration du Saint-
Esprit : « Si nous sommes en Christ, nous devenons une nouvelle créature, voici les choses anciennes sont
passées et toute chose est devenue nouvelle » (2Co 5.17).
82

3. Celui qui ne se repent pas de l'engagement pris avec Dieu peu importe les circonstances de la vie. Car la
repentance selon le Saint-Esprit est une repentance dont on ne se repent jamais (Ecc.5.1-5).
4. Celui qui se laisse dorénavant conduire par la sagesse de Dieu qui est sa parole (Ps 119.9,11).
Le changement de mentalité amènera le congolais à savoir que pour sortir du bourbier déshumanisant dans lequel
la RDC s'est vautré, des efforts sont à fournir à tous les niveaux, tant du côté des gouvernants que les gouvernés.

Nous estimons que le nationalisme sous l'angle biblique n'est rien d'autre que le vécu quotidien en tout lieu et tout
temps de la Parole de Dieu ; la mise en pratique dans tous les secteurs de la vie. La recherche de la gloire de Dieu
dans tout ce que nous sommes, avons et faisons.
La recherche permanente du mieux-être de soi-même, de l'autre, de la société doit devenir la raison d'être de notre
présence sur terre. Ainsi, l'altruisme va rester la preuve irréfutable de notre amour envers Dieu.
La Bible a des arguments à faire prévaloir lesquels sont à la portée des congolais, notamment :
- Veiller et protéger la vie de l'autre en se faisant gardiens les uns des autres. Que faisons-nous des nos
compatriotes et de la RDC? Les traitons-nous comme Caïn l'a fait avec son frère Abel ou nous veillons sur eux
comme Dieu l'a voulu pour Caïn et Abel? (Gn 4.6-12).
- A l'instar de Néhémie :
* Avoir le souci de construire la RDC, notre héritage pour qu’il « soit plus beau qu’avant »(Néh 1-4)
* S'insurger contre l'exploitation de l'homme par l'homme (Néh 5)
* Consentir des sacrifices en faveur du pays quand la situation socio-économique est en crise en refusant
l'enrichissement illicite mais aussi en se privant de certains droits légaux (Néh 5.14-18)
- A l'exemple de Jérémie :
Prier et rechercher le bonheur de la RDC car le bonheur de chaque congolais dépend du bonheur du pays. Eviter
de demander dans la prière une chose et faire dans la pratique le contraire de ce qu'on a demandé dans la prière
(Jér 29.7).
Que chaque congolais se comporte comme ce bon samaritain de Luc 10.30-37. Cet homme tombé entre les mains
des brigands n'eut de vie sauve que grâce à la générosité et surtout au sacrifice de ce Samaritain qui lui était
inconnu. Non seulement il fut ralenti dans son voyage, il déboursa de son argent en signant un chèque en blanc
pour le salut de cet inconnu qu'il considéra comme son semblable et le traita comme tel.
C'est à ce prix que la phrase « nous assurerons ta grandeur » de notre hymne national cessera d'être un slogan
creux pour devenir une réalité.

CHAPITRE XI. LE MENTORAT

« Celui qui marche avec les sages devient sage; celui qui fréquente les gens stupides s’en trouve mal ».
(Prov.13.20)

Tout ce que nous savons vient des expériences personnelles à hauteur de 15% et des autres personnes et des
Mentors à hauteur de 85%.
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Il y a 2 manières d’apprendre pour devenir sage dans la vie : par expérience personnelle (essais-erreurs) ou auprès
d’un sage qui a une expérience personnelle à partager (Ecclésiaste) ou qui a acquiert de la connaissance pour
appliquer dans sa vie et transmettre aux générations futures. On l’appelle Mentor.

Avoir un mentor, c’est un signe d’humilité qui précède la gloire et de confiance sans laquelle la vie en communauté
est invivable.

Les Maximes nous sont données pour :

− Connaitre sagesse et instruction


− Comprendre les paroles de l’intelligence
− Recevoir leçons de bon sens, de justice, d’équité et de droiture
− Donner aux ignorants (humbles) le discernement
− Donner aux jeunes de la connaissance et réflexion (matières à réflexion)
− Augmenter le savoir du sage et faire acquérir à l’intelligent l’habilité
− Prolonger la durée de la vie et augmenter sa paix
− Acquérir la grâce et une raison saine de Dieu et des hommes
− Faire acquérir un bénéfice plus que l’or et l’argent, les perles et tous les objets de prix car dans sa droite, il
y a longue vie et dans sa gauche, richesse et gloire

Un mentor est :

− un guide, un conseiller avisé, un personnage à qui on se confie ou on confie quelqu’un pour être éduqué.
− un enseignant de la sagesse

Un Mentor ne s’impose pas. Il se fait découvrir par celui qui veut devenir son protégé. Celui qui fréquente les sages
doit finir par se laisser influencer par eux pour devenir sage et celui qui fréquente les insensés risque de se laisser
influencer par eux pour devenir stupide.

Ps 1.1-2: Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s’arrête pas sur la voie des
pécheurs, Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs, 2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel,
Et qui la médite jour et nuit !

Chacun a un effort à fournir pour découvrir autour de lui des gens qui ont réussi dans un domaine de la vie et en
faire leurs modèles ou instructeurs.

Des gens qui peuvent affecter positivement leur existence et donner une nouvelle direction, dimension avec pour
finalité de faire passer de la pauvreté-prospérité, moins-plus, division-multiplication, perte-gain, souffrance-
bonheur, détérioration-restauration.

Cela permet de :

− les encourager sur leurs voies,


− les aider à garder le cap sachant qu’ils sont entourés d’une si grande nuée des témoins (Hb12.1) et n’ont
pas droit à l’erreur,
− transmettre leurs richesses aux générations futures pour que celles-ci ne peinent pas comme eux à
découvrir certaines vérités. Leurs erreurs vont aider leurs talonneurs à les éviter et leurs succès profiteront
aux générations futures (la roue qu’ils ont inventée sera utilisée) : “Ce n’est pas, en effet, aux enfants à
amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants”(2Co 12.14).
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Heb 13.7: “Souvenez-vous de vos anciens conducteurs qui étaient les premiers à vous annoncer la Parole de Dieu.
Pensez à leur façon de vivre et de mourir, et prenez-les pour modèles de votre foi.”

Les suiveurs de Jésus étaient des gens ordinaires, les gens du peuple qui voyaient quelque chose d’inhabituel et
d’extraordinaire en Jésus.

Certains quittèrent la sécurité de leur gagne-pain pour être avec Jésus. Parmi ceux qui Le suivaient, Jésus choisit
un petit groupe spécial de 12 personnes.

Ce groupe fut connu comme étant ses disciples et durant presque 3 ans, ils cheminèrent avec Lui et furent
enseignés par Lui. Ils commencèrent à voir le monde avec sa vision.

Ils abandonnèrent leur vision du monde au profit de celle de Jésus car ayant une haute portée que la leur. Christ
leur a amené une nouvelle révélation du Royaume de Dieu qu’ils n’avaient pas. Une haute portée spirituelle des
commandements : «Il vous a été dit…mais moi je vous dis…». (Mat.5). Pierre reconnait qu’ils avaient tout
abandonné pour suivre Christ.

Mike Murdock nous donne des éléments motivant le Mentorat dans la vie des humains :

Il y a plusieurs types d’apprentis:

1. Passifs : ne tirent profit que quand cela les arrange ou quand leurs recettes n’ont pas produit les résultats
escomptés. Ils attendent que le Mentor réussisse pour eux.

2. Parasites : cherchent plus le crédit, le bénéfice que la correction. Ils utilisent le nom et influence du Mentor
auprès des autres pour certains avantages (Guehazi auprès du Général syrien).

Le Mentor doit leur rapporter (réputation) et non la connaissance (préparation).

3. Prodigues: font des va-et-vient dans la relation. Ils se retirent quand ils sont corrigés et vont chez un autre qui
ne les connait pas encore assez. Abandonnent le Mentor quand il affronte des difficultés personnelles (perte de
crédibilité, fausse accusation, persécution). Ne reviennent que quand là où ils sont partis devient invivable (fils
prodigue Lc 15).

4. Productifs : ont un cœur des serviteurs. Ne décident pas sans l’avis ou les conseils, les réactions du Mentor
considéré comme un cadeau de Dieu :

- Fait tout pour être avec son maître; adapte son programme pour investir du temps en sa présence (Ru 1.6; Gal
1.17-18)

- Suit les conseils du maître (Dt 17.12-13)

- Révèle ses secrets, rêves, espérances à son maître : Elisée à Elie, Ruth à Naomi

Se rendre vulnérable crée un lien inaltérable entre le maître et son disciple

- Discute librement de ses erreurs et peines avec le maître (1Sm 19.18)

- Sème avec joie des semences d’appréciation du Maître (Reine de Saba et Salomon: 1R10.2,3,10).

- Finit par recevoir le manteau de son maître qu’il a servi (2R2.14;Jos 1.5)

- Se refugie auprès du maître lors des attaques (1Sm19.18)


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Il faut savoir rechercher, discerner, respecter les réponses que Dieu dépose dans son Mentor pour en tirer
profit.

Mike Murdock nous donne 12 éléments pour un bon Mentor de notre vie :

1. Clé de succès : Pr 4.7


2. Transmet la sagesse au travers des relations humaines : Pr 13.20;Dt 34.9²
3. Garantit des promotions : Pr 4.8-9
4. Déterminant pour notre prospérité : Pr 8.18
5. Peut paralyser des ennemis qui se lèvent contre nous : Lc21.15
6. Fait en sorte que les personnes influentes vous écoutent : Dt 34.9
7. Vous oblige à rechercher sa présence : Il se moque de ce que vous savez car c’est vous qui avez besoin
de sa connaissance. C’était à Elisée de chercher Elie et non l’inverse (2R2.9-14). Le désir d’apprendre
pousse à aller chercher le mentor.
8. Se préoccupe de votre réussite que de votre affection. Il n’a pas besoin que vous l’estimiez mais de corriger
les erreurs de votre vie.
9. Pas forcément notre meilleur ami :
- L’ami nous aime tel que nous sommes, le Mentor nous aime trop et ne peut nous laisser tel que nous sommes.
Il tient à nous changer dans le bon.
- L’ami est à l’aise avec notre passé, le Mentor l’est avec notre futur.
- L’ami ignore nos faiblesses, le Mentor les retire.
- L’ami vous applaudit, le Mentor entraine
- L’ami admire ce que vous faites, le Mentor voit ce que vous devez changer
10. Discerne ce que vous êtes incapable de voir, les faiblesses avant qu’elles vous écrasent : sait voir tes
ennemis avant toi, ressent d’avance la souffrance d’un problème que tu veux créer.
11. Ennemi de tes ennemis : Lc22.31-32 (Jésus qui a défendu ses disciples devant la menace de Satan de les
cribler). Il combat tout ce qui peut priver son protégé de la pleine réussite de sa vie.
12. Peut faire de son protégé un être exceptionnel : Pierre était un pêcheur des poissons devenu un prédicateur.

Nous devons investir le temps nécessaire à côté des Mentors pour affecter des faveurs notre vie. Leurs influences
dans notre vie nous épargnent des chagrins.

Tout individu est interdit de mourir sans léguer sa connaissance aux générations futures. Chacun de nous doit
avoir un ou des disciples en qui on doit s’investir pour se perpétuer dans le futur. Le vrai succès doit produire un
successeur. Il faut découvrir ceux qui peuvent perpétuer votre succès et l’influence de votre vie une fois connectés
à vous (Moïse et Josué, Elie et Elisée).

Le transfert de sagesse (passage à témoin) est une richesse sur laquelle il faut veiller. Tout succès sans successeur
est un échec.

Quand un Mentor se désengage ou qu’un disciple se retire, il y a brisement du cœur. Mais retenons :

- On ne peut obliger quelqu’un à nous encadrer ou à être encadré par nous


- Il y a toujours une raison de rupture pourvu qu’on en soit tenu informer
- On ne peut répondre qu’aux questions posées; le non dit relève du mystère. Pas de réponses aux questions
non posées. Au Mentor on pose des questions et au Disciple, on donne des réponses.
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- On ne peut pas aider quelqu’un qui considère que vous n’avez pas la qualification requise pour lui apporter
un plus dans sa vie
- Le Disciple n’est pas toujours le confident de son mentor
- Le Disciple s’en va quand ses buts sont supérieurs à ceux du Mentor ou que ce dernier exprime ses
déceptions le concernant
- La loi de répétition est nécessaire dans le processus de l’apprentissage. A force de répéter, on maitrise. A
fatiguer d’écouter, on commence à bien saisir la leçon.
- Quand le conseil du Mentor est rejeté, le Disciple est corrigé par d’expériences douloureuses.

Est Insensé celui qui :

1. Méprise la sagesse, instruction, correction d’un mentor éprouvé (Prov 1.7)


2. Essaie de détruire la réputation d’un champion de valeur en mentant pour le discréditer 10.18
3. Refuse de s’éloigner du mal, même en étant puni 13.19
4. Ne prends pas au sérieux les dangers du péché 14.9
5. Révèle des confidences qui devaient rester secrètes 14.33
6. Fils qui dédaigne la sagesse de son père 15.5
7. Fils qui ne respecte pas la mère qui l’a mis au monde 15.20
8. Ne change pas de conduite même après en avoir supporté les conséquences douloureuses 17.10
9. Juge toute recherche de la sagesse comme un gaspillage d’efforts 17.16
10. Ne cesse d’exprimer sa rancœur contre Dieu 19.3
11. Refuse toute tentative de paix 20.3
12. Dépense plus que ce qu’il gagne pour sa famille 21.20
13. Se fabrique ses propres articles de foi en dehors de la Bible 28.26
14. Refuse de régler ses dettes Eccl.5.4-5
15. Prend pour but de sa vie de gagner de l’argent que de chercher Dieu Lc 12.20-21
16. Veut posséder ce qu’il n’a pas encore gagné 1R 21.7-16
17. Reste silencieux et déviant difficile à être détecté 17.28
18. Se trouve au cœur d’une dispute ou contestation 18.6-7
19. Détruit tous ceux qui s’attachent à lui 13.20
20. Ne montre aucun désir d’apprendre 14.7
21. Menteur. Dissimule la haine 10.18. Un menteur anéantit toute envie de lui faire confiance, gâche une
amitié fidele.
22. Ne peut changer qu’en étant corrigé dans son enfance 22.15
23. Aucun conseil ne le change 23.9
24. Ne peut pas être désigné comme leader sur les autres 24.7
25. N’est gardé à sa place que par la menace constante de la douleur 26.3
26. Finit par détruire la confiance qu’on met en lui 26.6
27. Ne change pas même quand il utilise la sagesse des autres 26.7
28. Devient une menace mortelle quand on lui confie une position d’honneur et de pouvoir 26.8
29. Finit toujours par goutter aux conséquences de ses attitudes et sa rébellion 26.10
30. Répète les mêmes erreurs 26.10
31. Se sert de sa colère pour menace de créer des problèmes aux autres 27.3
32. Est dangereux quand on l’expose plus qu’un animal sauvage que l’on dérange 17.12
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33. Aucune mesure de sagesse ni de conseil ne réussira à créer avec un insensé une relation paisible 29.9
34. Raconte à tout le monde ce qu’il sait et ressent 29.11
35. Parle trop et est connu pour ses débordements des paroles Eccl 10.14;5.2
36. N’accepte jamais avoir tort Eccl.5.1
37. Fait passer la vie entière de ses parents dans le chagrin 17.21,25
38. Est athée Ps 14.1;53.1
39. N’en apprend jamais assez par ce qu’il observe ou expérimente pour se décider à changer 17.24
40. Fait éviter toute conversation avec lui. Fait salir toute association avec lui 26.4
41. Se plait à offenser ceux qui l’entourent et veut que les autres partagent sa douleur : il n’oublie pas une
offense mais soulève une armée de protestaires contre qui l’a offensé
42. Refuse d’admettre ses erreurs même quand ce qu’il souffre en est la conséquence directe
43. Refuse de rechercher les conseils même de champions de la foi qui lui sont accessibles

Selon le livre des Proverbes, Est SAGE celui qui:

1. A de la retenue et se détourne du mal. 2. A des lèvres savantes. 3. A des paroles qui guérissent.
4. A des pensées qui ne sont qu’équité. 5. A égard à la réprimande.
6. A l’activité comme précieux trésor. 7. A pitié des misérables. 8. A pitié du pauvre
9. Cherche son charme dans la bonté. 10. A une main diligente qui lui permet de dominer/
11. Aime en couvrant les fautes. 12. Aime la correction/
13. Aime ses amis en tout temps et sait se montrer en frère dans le malheur/
14. Amasse peu à peu sa richesse. 15. Bâtit sa maison. 16. Cherche des conseils/
17. Cherche la fortune pour assurer son lendemain. 18. Corrige son fils. 19. Donne libéralement
20. Cherche la sagesse comme l’argent et la poursuit comme un trésor/
21. Désire le bien et s’enrichit. 22. Ecoute l’instruction et l’enseignement de ses parents/
23. Ecoute les conseils des autres. 24. Elève et réjouit la communauté par sa présence/
25. Est estimé à cause de sa sagesse. 26. Est humble. 27. Est lent à la colère/
28. Est un homme fidèle. 29. Fidèle messager. 30. Parle avec sagesse/
31. Fais signer des décharges et exige des gages quand il est en affaire avec le prochain/
32. Fait le pauvre alors qu’il a des grands biens.
33. Garde son âme en gardant ce qui est commandé/
34. Hait le mal, l’arrogance, l’orgueil, la voie du mal, la bouche perverse/
35. Honore Dieu avec ses biens et les prémices de tout son revenu/
36. Humble/ Cherche toujours à acquérir la sagesse/
37. Met sa gloire à oublier les offenses. 38. Met un couteau à son gorge devant la nourriture/
39. Montre à son ami la bonne voie. 40. N’aime pas le sommeil de peur d’être pauvre/
41. N’entre pas dans le champ de l’orphelin et de la veuve. 42. N’envie pas l’homme violent/
43. Ne déplace pas la borne ancienne.
44. Ne dort pas sans accomplir la promesse faite à autrui/
45. Ne fait pas faire de va-et-vient à un ami quand il a de quoi satisfaire sa demande/
46. Ne juge pas sans avoir entendu les deux versions des faits/
47. Ne méprise pas la correction de Dieu et ne s’effraie pas de ses châtiments/
48. Ne refuse pas un bienfait à celui qui y a droit quand il en a le pouvoir/
49. Ne se tourne pas vers la prostituée/Discerne, réfléchit/
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50. Paroles distinguées. 51. Pauvre mais intègre. 52. Pratique la justice et l’équité/
53. Préfère le pain sec dans la paix que de la viande dans des querelles/
54. Reconnait et craint l’autorité de Dieu qui est le début de la sagesse dans sa vie en Le reconnaissant dans
toutes ses voies/
55. Refuse de payer la dette contractée par un autre. 56. Regarde où il met ses pieds/
57. Refuse de s’associer aux malfaiteurs pour nuire et piller des paisibles gens. 58. Réjouit ses parents/
59. Reprend, instruit et donne au sage et reçoit en retour : amour, plus de sagesse et de connaissance/
60. S’éloigne de l’insensé. 61. S’inscrit dans l’école du rendez-vous du donner et du recevoir/
62. Sait accomplir un désir. 63. Sait conseiller. 64. Sait couvrir une faute par amour/
65. Sait faire des cadeaux. 66. Sait recevoir de la réprimande. 67. Vit dans la bonté et la fidélité/
68. Sait que la richesse augmente le nombre d’amis et la pauvreté fait fuir le dernier ami
69. Sait que la vie et la mort sont au pouvoir de sa langue et en tire profit/
70. Sait que sa femme intelligente, sage est un Bonheur, une grâce venant de Dieu/ 71. Sait retenir ses paroles et
a un esprit calme.
72. Sait sa stupidité et cherche la sagesse. 73. Se cache devant le mal.
74. Se retire d’une querelle avant que la dispute ne s’anime.
75. Se souvient de la correction. 76. Travaille sans que personne ne le pousse
77. Son esprit sait le soutenir dans les malheurs : Sait s’encourager dans les moments difficiles/ 78. Trouve sa
gloire en s’abstenant des querelles.
79. Un parent qui est la gloire de ses enfants/
80. Veille plus sur sa réputation que ses richesses. 81. Vit selon ses moyens/
82. Vend le blé au peuple en refusant de créer la pénurie sur le marché/

DIEU, le Vrai Mentor

L’homme est appelé à acquérir la sagesse dans le but de devenir sage mais aussi de transmettre la sagesse aux
générations futures. Il y a pas meilleur mentor pour lui que Dieu comme Créateur de toute chose et Sage ainsi que
l’incarnation de la sagesse. Il est donc le modèle et l’Instructeur par excellence car tout ce qu’Il fait réussit. Et Dieu
a mis à notre disposition sa Parole pour qu’elle nous serve de boussole dans la recherche de la sagesse. La Bible
de déclarer au sujet de la sagesse : « Car la sagesse vaut mieux que les perles, elle a plus de valeur que tous les
objets de prix. » (Pr 8.11) « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel ; et la science des saints,
c’est l’intelligence.» (Pr 9.10).

Ps 19.8-12 nous donne toute la valeur éducative de la Parole de Dieu en ces termes : « La loi de l’Eternel est
parfaite, elle restaure l’âme. Le témoignage de l’Eternel est véritable, il rend sage l’ignorant. Les ordonnances de
l’Eternel sont droites, elles réjouissent le cœur. Les commandements de l’Eternel sont purs, ils éclairent les yeux.
La crainte de l’Eternel est pure, elle subsiste à toujours. Les jugements de l’Eternel sont vrais, ils sont tous
justes. Ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup d’or fin. Ils sont plus doux que le miel, que celui qui coule des
rayons. Ton serviteur aussi en reçoit instruction. Pour qui les observe, la récompense est grande.»

Ps 1.1-2 et 119.1-déclare heureux l’homme qui met en pratique les prescrits de la Parole de Dieu : «Heureux
l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne
s’assied pas en compagnie des moqueurs, mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel et qui la médite jour
et nuit.»
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C’est avec raison qu’Il dit à Josué appelé à succéder à Moïse : « Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta
bouche ; médite-le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui est écrit ; car c’est alors que tu auras du
succès dans tes entreprises, c’est alors que tu réussiras.» (Jos.1.8).

Il nous est donc demandé comme disciples de Dieu de faire comme Esdras : « Car Esdras avait appliqué son cœur
à étudier et à mettre en pratique la loi de l’Eternel, et à enseigner au milieu d’Israël les lois et les ordonnances »
(Esd 7.10).

Trois choses à faire dans cet ordre strict :

1. Etudier la Parole de Dieu pour la connaître

2. Mettre en pratique ce que nous connaissons de la Parole de Dieu

3. Enseigner à d’autres ce que nous connaissons et appliquons déjà dans notre vie.

La Parole de Dieu étant un miroir, elle nous reflète notre vie image ou visage pour que nous nous conformions à
la volonté de Celui à qui nous rendons compte. Ps 119.9,11 dit : « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son
sentier? En se dirigeant d’après ta parole…Je serre ta parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi.»

Comment méditer la Bible selon la méthode de la Ligue pour la Lecture de la Bible :

1. Prier : Demander à Dieu de vous aider à comprendre sa Parole. « Ouvre mes yeux pour que je contemple les
merveilles de ta loi » (Ps 119.18).

2. Lire et méditer une portion de la Bible : Lire la portion choisie au moins 3 fois pour la comprendre afin de réfléchir
sur le texte lu en répondant aux questions ci-après :

- De qui ou de quoi parle ce texte?

- Que m’apprend le texte sur Dieu le Père, Jésus ou le Saint-Esprit?

- Y a-t-il un exemple à suivre ou à ne pas suivre?

- Y a-t-il un ordre auquel obéir?

- Y a-t-il une promesse ou un avertissement?

- Quelle vérité Dieu me révèle-t-il?

- Y a-t-il d’autres passages bibliques qui m’aident à comprendre ce que j’ai lu?

Il faut aussi se demander chaque jour :

- Quel verset m’interpelle le plus? Choisir les versets qui vous parlent le plus, les copier dans un carnet, y penser
au courant de la journée, les mémoriser et les partager avec les autres.

- Pour la prière, y a-t-il quelque chose que Dieu montre pour laquelle il faut se repentir, croire et obéir, Le remercier
et Le louer ou Lui formuler une demande?

3. Prière : Cette étape consiste à transformer en prière tout ce que vous avez médité pour que la Parole de Dieu
cesse d’être une lettre morte pour que votre vie soit le reflet de cette Parole.

4. Obéir : C’est mettre dans la vie pratique ce que Dieu vous a dit dans sa Parole.
90

CONCLUSION GENERALE

Si la révélation est dévoilement de ce qui était caché, toute initiation à la vie peu importe les moyens utilisés
(théories ou pratiques) fait objet de cette révélation. Ainsi, l'initiation d'un étudiant, néophyte au départ, peut être
qualifiée d'un dévoilement du mystère scientifique. Les enseignants sont donc ces moyens ou instruments humains
de communication chargés par la société à qui Dieu a donné par leur intelligence des connaissances. Et grâce à
cette révélation, le néophyte, à la fin de sa formation, devient détenteur du mystère qu'il ignorait au départ bien qu'il
a toujours existé.
Aussi chaque génération a besoin des hommes et des femmes inspirés, c'est-à-dire, des personnes qui reçoivent
des révélations dans tous les domaines de la vie, chacune dans sa spécialité pour lui permettre de faire face à la
vie ou de l'affronter avec maîtrise, courage et détermination.
Ces illuminés ou visionnaires inspirés, reçoivent ainsi des idées ou conçoivent des théories, lesquelles mises en
pratique, logistique aidant, entraînent toute la communauté sur la voie du progrès.
Tout homme est appelé ainsi à laisser les traces de son passage sur la terre en se rendant utile à sa société.

Devoir de l'homme envers Dieu


La bible déclare que « l'Eternel a tout créé pour un but ». Et le but pour lequel Dieu a tout créé, c'est sa propre
gloire (Pr 16.4 ; Ps 86.9). L'ordre est ainsi donné à toute créature de louer Dieu (Ps 150). L'homme est donc appelé
à s'inscrire dans ce schéma tracé par le Créateur en se considérant comme un instrument de plaisir de Dieu.
Chacun devrait se demander en tout lieu et en tout temps si ce qu'il est, ce qu'il a et ce qu'il fait donne honneur et
gloire à Dieu.

La Foi est l'élément moteur qui nous lie à Dieu. La foi est le repère, la norme de la vie. C'est se demander d'où on
vient et où on va. Et pour avoir la foi, il faut :

- Apprendre sur Dieu : On ne peut pas prétendre servir Dieu sans Le connaitre et on ne peut pas prétendre
connaitre Dieu sans Le servir.

- Prière : Vivre en intimité avec Dieu afin d'utiliser sa puissance face aux réalités de ce monde.

- Pratique des vertus : l'amour, la justice, la vérité dans la société car on ne peut aimer Dieu qu'au travers des
humains.

L'homme a le devoir de reconnaissance, d'appartenance et de soumission envers Dieu s'il veut être bénéficiaire
de ses faveurs.
Aussi, l'appartenance à Dieu n'est pas uniquement une affaire de déclarations mais surtout d'actions. L'homme
n'est pas, ni ne croit à ce qu'il dit mais il est et croit ce qu'il fait.
Dieu pouvait ainsi dire pour Israël que « ce peuple m'honore des lèvres, son cœur est loin de moi ». Le roi David
de même a déclaré : « Dieu prend plaisir à la vérité qui vient du fond de cœur ». Ps 51.8.
Il est important de savoir que la volonté ultime de Dieu est de passer l'éternité avec les hommes dans son paradis
où il n'y aura ni guerres, ni faim, ni soif, ni injustice, ni nudité, ni labeur. Tout sera joie ineffable et paix, justice et
équité, etc.
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La vie ne s'arrête donc pas à la mort. Après la mort, il y a une autre vie dont l'issue dépend de la vie qu'on a
mené sur terre en public comme en privé.
Mais seuls ceux qui auront fait sa volonté sur terre de leur vivant auront part à cette félicité éternelle. Ne pourront
continuer à glorifier Dieu dans l'au-delà que ceux qui l'ont fait sur la terre.
Aussi des considérations ou philosophies cherchant à ternir cette image sont à bannir à l'instar de la
réincarnation, le purgatoire et la théorie de l'arrêt de la vie à la mort.
Ecclésiaste déclare :
« Jeune homme réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton cœur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans
les voies de ton cœur et selon les regards de tes yeux ; mais sache que pour tout cela Dieu t'appellera en jugement
» (Ec.12.1).
« Ecoutons la fin du discours : Crains Dieu et observe ses commandements. C'est là ce que doit faire tout homme.
Car Dieu amènera toute œuvre en jugement au sujet de ce qui est caché, soit bien, soit mal » (Ec.12.15-16).
Que la situation préoccupante générale du pays nous inspire et pousse chacun à travailler de mieux en mieux pour
la construction d'un état en ayant Dieu comme guide et la Bible comme boussole.

QUE DIEU NOUS ASSISTE ET NOUS BENISSE TOUS.

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