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Quelques expressions usuelles à examiner…

1. « Ne faites pas l’enfant ! »


2. « l’ambiance est bon enfant »
3. « C’est l’enfance de l’art »
4. « retomber en enfance »
5. « un enfant de la balle »
6. « garder sa part d’enfance »

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Citations pour accompagne l’étude du thème

Bible, L’Ecclésiaste (1, 4) : « Un âge s’en va, un autre vient, et la terre subsiste toujours. (…) Ce qui
a été, c’est ce qui sera, ce qui s’est fait, c’est ce qui sera : rien de nouveau sous le soleil ! »

P.-H. Tavoillot et E. Deschavanne, Philosophie des âges de la vie (2007) : « Le rite de passage est
donc la cérémonie publique d’une métamorphose individuelle indexée sur l’ordre suprême des
choses », résume Tavoillot (p. 86).

J.-P. Vernant et P. Vidal-Naquet, « Les origines de la philosophie », dans La Grèce ancienne. T. 1 :


Du mythe à la raison (1990) : « une loi de justice (dikè) inscrite dans la nature, une règle de
répartition (nomos) impliquant pour tous les éléments constitutifs du monde un ordre égalitaire. »

Hippocrate (Du régime, XXXIII, 1-2, édition et traduction P. Joly, Les Belles Lettres, 1967) : « Les
âges pris séparément ont les caractères suivants : l'enfant est un mélange d'éléments humides et
chauds, parce qu'il en est composé et s'est formé en eux. Car ce qui est très près de la naissance
est très humide et très chaud et se développe le plus ; de même ce qui touche encore à l'enfance.
Le jeune homme est un mélange d'éléments chauds et secs ; chauds parce que l'afflux du feu
triomphe de l’eau ; secs, parce que l'humidité de l'enfance est déjà consumée, en partie pour la
croissance du corps, en partie pour le mouvement du feu et en partie pour les exercices. L'homme
adulte, lorsque le corps s'arrête de grandir, est sec et froid, parce que l'afflux du chaud ne triomphe
plus, mais s'arrête, et que, cessant de grandir, le corps s'est refroidi. Il lui reste cependant la
sécheresse de l'âge précédent ; il n'a pas encore l'humidité que donne l'âge qui s'avance et l'afflux
de l'eau : c’est pourquoi il est dominé par les éléments secs. Les vieillards sont froids et humides,
parce qu'il y a retrait du feu et afflux de l'eau, éloignement des éléments secs et installation des
humides. »

Héraclite, Fragments, édition et traduction M. Conche (1986), fragment 16 : « Marmot qui n’a pas
la parole ! L’homme s’entend ainsi appeler par l’être divin, comme l’enfant par l’homme. »

Evangile selon Matthieu, 18, 1-6 : « En vérité, je vous le dis, si vous ne retournez pas à l’état des
enfants, vous ne pourrez entrer dans le Royaume des cieux. Celui-là donc qui se fera petit comme
cet enfant, voilà le plus grand dans le Royaume des cieux. »

Lettre de Saint-Paul aux Éphésiens, ch. 4, 21-24 : « Il vous faut, renonçant à votre existence
passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses ;
il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir
l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité. »

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Qu'est-ce que et comment grandir ? Qu'est-ce que et comment vieillir ? Ces deux questions
fondamentales ont donné lieu à des réponses - des sagesses, si l'on veut - d'une indéniable
puissance et d'une très grande beauté, dont il faut tenter de restituer, sans prétendre être ici ni
exhaustif ni même représentatif, la logique et les matrices, si l'on veut tenter de comprendre un
tant soit peu le désarroi contemporain sur la question des âges de la vie.
La solution des Anciens à notre dualité existentielle est remarquable : la novation se
trouve strictement encadrée et neutralisée dans les limites de la répétition. Peu importe encore
ici que celle-ci soit réactualisation d'une origine fondatrice, imitation d'un ordre du monde ou
soumission à un règne divin, elle dicte aux individus, en pleine certitude, la conduite à tenir en
toute occasion. Chaque âge y représente une étape pour ainsi dire déjà vécue, sur un chemin
parfaitement balisé. Ritualisation de tous les passages, symbolisation à tous les étages : chaque
expérience nouvelle se trouve ainsi ramenée à des matrices ancestrales et rituelles qui lui ôtent
toute espèce d'extraordinaire. Arrivé à une étape nouvelle de sa vie, l'individu se trouve pris en
main par la collectivité et accompagné par un discours efficace qui lui raconte la banalité de son
destin : « ta vie a déjà été vécue » ; « voici comment naître, comment grandir, vieillir et, finalement,
mourir ». Face à l'angoissant flux de l'inexorable, les âges sont comme des balises rassurantes,
scansions régulières d'une vie ordinaire. La puissance d'un tel dispositif, qui a accompagné
l'humanité dans la majeure partie de son histoire, est indéniable. Pas de questions ; que des
réponses. La sagesse des Anciens est claire : il faut faire son âge, s'y adapter, s'y installer, se
conformer à cette catégorie qui ne dépend en rien des individus ou des choix qu'ils peuvent
concevoir. Comme le dira plus tard Voltaire : « qui n'a pas l'esprit de son âge, de son âge a tous les
malheurs ».
(…) En dépit de ces réserves, ce qui permet d’unifier sous la même appellation générale de
« sagesse ancienne des âges » des discours et des pratiques sociales innombrables, situés dans des
contextes culturels d'une variété considérable, ce sont trois principaux traits caractéristiques. Les
âges y apparaissent comme les scansions naturelles, séparées et hiérarchisées de l'existence
humaine.
Les âges sont des catégories « naturelles », car ils sont directement reliés à un système
d'explication globale du monde. Chaque âge, quel que soit le découpage adopté, reflète et exprime
un ordre à la fois naturel et social : quatre âges, comme les saisons, les éléments, les âges du
monde ; sept, comme les jours de la semaine, les planètes du système solaire. Ce type
d'équivalence n'a rien de métaphorique ou d’allégorique, il indexe le cours de l'existence
singulière sur l’ordre de l'univers. C'est la raison pour laquelle, jusqu'à une période somme toute
récente, les références chiffrées en années sont rares et peu décisives pour désigner l'âge de
l'individu. Peu importe de savoir l'âge exact que l'on a, pourvu que l'on sache de quel âge on est.
Le nombre d'années compte moins que le statut et l'appartenance pour définir l'identité
individuelle.
D'où le fait aussi que la distinction des âges ne soit jamais contestée. Enfance, maturité,
vieillesse : les seuils ont une telle évidence qu'ils marquent à chaque fois une véritable
transformation de l'individu. Les étapes de la vie, jusqu'à la mort comprise, ne sont qu'une
succession de renaissances et de métamorphoses.
Cette succession, enfin, n'est pas aléatoire. Elle est conçue comme une trajectoire
ascendante, culminant dans la quête d’une maturité ultime, qui représente la plus grande
proximité possible pour une vie humaine avec la source suprême du sens. C'est à l'aune de cette
quête ultime que les grandes questions se trouvent résolues.

P.-H. Tavoillot et E. Deschavanne, Philosophie des âges de la vie (2007),


partie I, ch. 2 : « L’âge des anciens »

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Descartes, Principes de la philosophie, I, VIII : « Article 71. Que la première et principale cause de
nos erreurs sont les préjugés de notre enfance.
Article 72. Que la seconde est que nous ne pouvons oublier ces préjugés. »

Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, I, 1 (1798) : « Il faut remarquer que l’enfant qui
sait déjà parler assez correctement ne commence qu’assez tard (peut-être un an après) à dire Je ;
avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.) ; et il semble que
pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je ; à partir de ce jour, il ne
revient jamais à l’autre manière de parler. Auparavant il ne faisait que se sentir ; maintenant il se
pense. »

Kant, Réflexions sur l’éducation (1803), Introduction : « La bonne éducation est précisément la
source dont jaillit tout bien en ce monde. Les germes, qui sont en l’homme, doivent seulement être
toujours davantage développés. Car on ne trouve pas les principes qui conduisent au mal dans les
dispositions naturelles de l’homme. L’unique cause du mal c’est que la nature n’est pas soumise à
des règles. Il n’y a dans l’homme de germe que pour le bien. »

Platon, Théétète, 155d : « Je vois, mon ami, que Théodore n’a pas mal deviné le caractère de ton
esprit ; car c’est la vraie marque d’un philosophe que le sentiment d’étonnement que tu éprouves.
La philosophie, en effet, n’a pas d’autre origine ».

Didier Lett, professeur d'histoire médiévale à l'Université de Paris, dans l’émission « Le cours de
l’histoire » du 4 février 2020 sur le thème « Marmots médiévaux » :
« Je dirais que dans une société chrétienne, il y a de l'être humain à partir du moment où il y a
l'animation. À partir du moment où Dieu infuse l'âme. On pourrait dire que tous les parents du
Moyen Âge ne font qu'une partie de l'enfant, ils font le corps. Mais il y a l'âme, et l'âme c'est Dieu,
et donc il a infusion de l'âme. Si on reprend les théories aristotéliciennes qui sont adoptées à partir
du XIIIe siècle par l'Église et les théologiens, l'âme est infusée au bout de 40 jours chez le garçon
et 90 jours chez la fille, il y a un décalage de genres assez intéressant. Et à partir du moment où
l'âme est entrée dans le corps de l'enfant, on considère qu'il y a de l'enfant.
En ce qui concerne la différence entre les garçons et les filles, moi je dis toujours qu'on peut
résumer ça à : « garder les filles et éduquer les garçons ». C'est à peu près ça, le maître mot. C'est
à dire qu'effectivement « ex ducere » en latin, ça veut dire « conduire en dehors de » ça veut dire
vraiment celui qu'on fait passer d'une situation à une autre situation meilleure. En général,
éduquer, c'est le garçon. On lui donne une éducation, on lui apprend à lire, à écrire, etc. Les filles
peuvent aussi savoir lire et écrire. Mais l'important, c'est de les garder. Garder leur virginité
jusqu'au mariage, ça, c'est fondamental. Et puis les garder jusqu'à ce jusqu'à ce qu'elles changent
d'autorité, qu'elles passent de l'autorité paternelle à l'autorité maritale. Donc, ça fait quand même
une sacrée différence. Il n'empêche que certaines femmes, surtout dans les milieux royaux et
princiers, ont pu détenir un véritable pouvoir. Mais elles sont quand même très minoritaires,
évidemment, par rapport au poids de la société patriarcale qui impose une domination masculine
très forte. »

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P.-H. Tavoillot et E. Deschavanne, Philosophie des âges de la vie (2007) : « Fabriquer un adulte :
aucune tâche n’est plus banale ; aucune n’est plus difficile. Le problème est que la modernité nous
oblige à réfléchir et à détailler un processus qui jadis allait presque de soi. Les adultes se faisaient
sans y penser, par la seule force de l’imitation et de la reproduction. Cette évidence s’est effacée,
même si la puissance de l’imitation est loin d’avoir disparu. Rousseau, on l’a dit, fut le premier à
reconnaître que chaque âge est en réalité un problème à résoudre. Concernant la phase de
fabrication de l’adulte, on peut en repérer trois principaux. Comment protéger l’enfance ?
Comment assurer le passage de l’enfance à la jeunesse ? Comment aider à entrer dans la vie
adulte ? »
Ils font aussi remarquer que « l’enfant démocratique » est à la fois un égal et un alter ego. « Cette
ambivalence dans la manière de percevoir l’enfant démocratique est à la source de deux tendances
contradictoires de l’éducation contemporaine :
- Si l’on privilégie l’égalité, on fera de l’enfant une personne, c’est-à-dire un (quasi) adulte, doué
de raison, du sens des responsabilités et des réalités, voire d’esprit critique : exigence démesurée,
qui risque fort, comme disait Rousseau, de nous faire « oublier l’enfance dans l’enfant ».
- Si, à l’inverse, on insiste sur la différence, le danger est « d’enfermer l’enfant dans l’enfance »,
comme l’écrira plus tard Hannah Arendt, en le voyant comme un être à part dans un monde à part.
Le « merveilleux monde de l’enfance », rempli de rêves et d’imagination, de plaisirs et de jeux,
pourrait alors se révéler être une terrible prison. »

Hegel, Principes de la philosophie du droit (1820) : « La nécessité ou le besoin d’être élevé existe
chez les enfants comme le sentiment qui leur est propre de ne pas être satisfaits d’être ce qu’ils
sont. C’est le penchant qui les incite à appartenir au monde des grandes personnes qu’ils devinent
supérieur au leur, le désir de devenir grands. »

Alain, Propos sur l’éducation (1932), I : « L’enfant, dit cette Ombre [l’ombre de Hegel qui corrige
Montaigne], n’aime pas ses joies d’enfant autant que vous croyez. Dans sa vie immédiate, oui, il est
pleinement enfant, et content d’être enfant, mais pour vous, non pour lui. Par réflexion, il repousse
aussitôt son état d’enfant ; il veut faire l’homme ; et en cela il est plus sérieux que vous ; moins
enfant que vous, qui faites l’enfant. (…) J’aime mieux, dit l’Ombre, j’aime mieux dans l’enfant cette
honte d’homme, quand il voit que c’est l’heure de l’étude et qu’on veut encore le faire rire. Je veux
qu’il se sente bien ignorant, bien loin, bien au-dessous, bien petit garçon pour lui-même ; qu’il
s’aide de l’ordre humain ; qu’il se forme au respect, car on est grand par le respect et non pas petit.
Qu’il conçoive une grande ambition, une grande résolution, par une grande humilité. Qu’il se
discipline et qu’il se fasse ; toujours en effort, toujours en ascension. Apprendre difficilement les
choses faciles. Après cela bondir et crier, selon la nature animale. Progrès, dit l’Ombre, par
opposition et négations »

S. Zweig, Le monde d’hier (1943) : « ce qui serait aujourd’hui presque incompréhensible : la


jeunesse devenait une entrave dans toutes les carrières, et seul un âge avancé constituait un
avantage. Tandis que de nos jours, dans notre monde complètement changé, les quadragénaires
font tout pour ressembler aux hommes de trente ans, et les sexagénaires à ceux de quarante,
tandis que la juvénilité, l’énergie, l’activité et l confiance en soi favorisent et recommandent un
être, dans cet âge de la sécurité, quiconque voulait s’élever était obligé d’avoir recours à tous les
déguisements possibles pour paraître plus vieux qu’il ne l’était. Les journaux vantaient des
produits pour hâter la croissance de la barbe, de jeunes médecins de vingt-cinq ou trente ans qui
venaient de passer leur examen portaient des barbes majestueuses et chargeaient leur nez de
lunettes à montures d’or, même s’ils n’en avaient nul besoin, à seule fin de donner à leurs patients
l’impression qu’ils avaient de « l’expérience ». On s’imposait le port de la logue redingote noire,
une démarche grave et si possible un léger embonpoint afin d’incarner cette maturité si
souhaitable ; et qui avant de l’ambition s’efforçait de donner congé, au moins dans son apparence
extérieure, à cette jeunesse suspecte de légèreté. »

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Alexandre Lacroix, La Naissance d’un père : « Ce que les enfants apportent à l’adulte, c’est l’accès
au présent. Dans la vie quotidienne, nous sommes obnubilés par nos tâches et nos objectifs. Mais
si on veut jouer avec un enfant, on doit les mettre de côté. Car si l’on est distrait, l’enfant ne
s’amusera pas avec nous, il va s’ennuyer. Il faut être là, vraiment là, et ce n’est pas une quête
spirituelle. Et puis l’enfant nous réapprend à voir le monde, il nous fait redécouvrir le mystère des
objets qui nous entourent. Un oiseau, un avion, un tire-bouchon, une grosse cuillère en bois… Dans
les yeux d’un nouveau-né, ces objets qui nous entourent acquièrent un relief extraordinaire. Et, à
travers lui, on s’aperçoit qu’on ne les voyait plus soi-même. On ne redevient pas enfant quand on
devient parent, mais on retrouve une qualité d’attention qu’on tend à perdre en grandissant. »

Gaston Bachelard, Poétique de la rêverie, III, 1960 : « L’histoire de notre enfance n’est pas
psychiquement datée. Les dates, on les remet après coup ; elles viennent d’autrui, d’ailleurs, d’un
autre temps que le temps vécu. »

Matisse, à propos du fauvisme : « nous étions alors devant la nature comme des enfants »
J.-B. Corot : « Je prie tous les jours le bon Dieu qu’il me rende enfant, sans parti pris »
Baudelaire : le génie « n’est que l’enfance retrouvée à volonté »

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