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VOYAGE
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VOYAGE
AU BRÉSIL,
DANS LES ANNÉES 1815, 1816 ET 1817,
PAR S. A. S. MAXIMILIEN,
PRINCE DE WIED-NEUWIED;
/
TRADUIT DE L'ALLEMAND
PAR J. B. B. EYRIES .
• OVVRAGE ENRICHI n'vli SUPEI\BE ATLAS, COntPOSÉ DE 41 PLANCHB:S
0:.1\AVÉ ES EN TAILLE-DOUCE, ET DE Tl\OIS CARn:s. .
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N.D.S•-Petropolis
Pensionnat
PA.RIS,
ARTHUS BERTRAND, LIBRAIRE"'
RUE HAUTEFEUILLE , N° 23.
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TABLE DES CHAPITRES
DU TOME TROISIEME".'
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' Pages.
CHAPITRE XV.
'X.ix. \
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t JJ:I APITRE'
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TABLE DES CHAPITR.ES. iij
Pages.
APPENDICE I.
O bservations sur quclques · accidens causés par la
morsure des serpens au Brésil.
11.
I
Notice sur la manicrc d'entreprenclre, dans Ie Brésil,
eles voyagcs relat i f.~ 1t l'h istoire naturelle. 285
III.
VOCABULAIRE BOTOCOUDY. 3! r
DE LA LANGUE DES BOTOCOUDYS. 329
VOCABULAIRE MACHACALI. 339
- PATACHO. 34x
- MALALl. 344
- MACONI. 348
- DES CAMACANS CIVILISÉS DE BELJ.IWNTE,
NOMMÊS MENIENGS PAR LES PORTUGAIS. 35~
- DES CAMACANS OU MONGOYOS DE LA éAPI-
T AINERIE DE BAHIA. 355
NOTICE SUB LA PETITE CA.RTE JOINTE A LA
RELATION . 36r
CORRECTIONS ET ADDITIONS. 365
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VOYAGE
'AU BRÉSIL..
CHAPITRE XV.
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AU BRÉSIL. 3
hameçon~ à l'eau , lorsqu'ils aperçurent un ser-
pent àlanage qui dévorait une grosse grenouille; .
on le tua d'un coup de fusil : c'était une belle
espece de çouleuvnf. De larges bandes trans-
versales jaune pâle et brun rougeâtre alternent
successiv"ement tout le long de sem corps. Au..,.
cun des Brésiliens qui m' accompagnaient ne
connaissait ce reptile ( 1 ).
Le 7 on ouvrit un sentier avec la serpe ,
pour pouvoir passer le torrent à côté du pont.
Je pris les devans, et je trouvai dans la forêt,
encore mouillée pár la rosée abondante, plu-
sieurs inambous de l'espece du macuca ou ma-
cucara ( tinamus brasiliensis, Lat'ham ) , et
du chororào ( tinamus ;ar.iegatus) : ils s'in-
volerent avec grand bruit dans le plus épais
du bois, ou je n' en pus tuer aucun. No~s aper-
çumes sous de vieiHes souches un morceau de
terre, qu' un tatou geant
, . amasse,e en creu-
ava1t
sant son trou. Ce singuii~r animal, qui est
tres-grand et tn~s-fort, ayant coutume de fouil-
ler la terre entre les raoin·es les plus ,grosses
N qus crmgmmes A Ar
a' un
second pont; hem:eusement il se trouva plus
solide, et ~os ani~aux chargés pureÍlt y passer
sans encombre. Nous arrivâmes ensuite sur les
bords du Rio-Salgado, d' ou nous n' eumes plus
qu'upe ·demi-legoa à parcourir póur attei]1drc '
notre campement : cette petit~ ',riviere, la1·ge en
I ce~ endroit de quarante ' à ci1~quante pas , se
jette à peu de distance dans l'Ilheos ou Rio-da-
Cachoe1ra , ~lle est de même re~plie de quar-
tiers de roc&.ers : ses eaux étaien~ fm·,t ba:sses ;
nous l ' avo~s passee ·· f , sur l·a
, a' gue, , et grnp-pes
rive opposée nous avo;ns aussitôt á'lllumé notre
feu. \ . l
, .Li'Ous avwns un pe
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e 01sn·, ne>;us\ nous
n~1~nes à chasser. ü,n · t~~-plusit urs ~inges rniri-
la:s ( 1), quelques rnacudas, un· rnutum (2), et
des capuei:ros (3). Tout ce gibier fut aussitôt
(l) A teles.
(2) Cmx alector.
(.~) Perdix cuianensis ..
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AU BRÉSIL. 5
dépouillé, placé sur des grils faits avec eles hâ-
tons, et houcané.
On poussa une reconnaissance dans la soli- .
tude qui nous entourait: c' était une.forêt épaisse
et 11011 interrompue: Snr la rive orientale de la
riviere on trouva encore eles traces de la plan-
tation étahlie, il y a deux ans, par le capitam
Filisbertq Gomes-da-Silva lorsque l'on travaillailf
à la route. Des huissons couvraient déjà l'em-
placement qui avait été cultivé ~ on, ne l<:; re-
connaissait qu'à l'ahsel.1ce eles grancls ~rbres, 'et
aux cahanes en a·rgile qui avaient clans ce temps-
là servi aux ouvriers d' église et d'hahitation.
N os h etes cl e somme n J y trouverent
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pas meme
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AU BB.É$f L.
dans les forêts de l'Amérique méridionale des
arbres immenses par leur dimensions en hau-
teur et en grosseur, qui présentent un aspect
singulier dans l'endroit otl ils sorteni de te rr~ .
A quatre €t c·nq ·pieds du sol, et souvent plus
haut, sortent des jets qui s'allongent de plus en
plus, et finissent par former des appendices
comprimés comme des ~planc esqui s'énfon-
cent obliquement dans la terre et y devien-
. nent les grosses . racines de ces arbres. Le mis-
sionn air~ Quandt a aussi trouvé ces arbres sin-
gulier:s à Surinam. 11 dit que les Indiens frap-
pent avec leurs haches sur ces racines quand ils
cherchent les· personn<:s qui se sont perdues
dans les forêts ( 1 ).
Les oiseaux qui dans ces solitudes profondes
animent les fo r êts sont prinGipalement les dif-
férentes especes de pie, le picucule ( dendroco-
laptes ) plusieurs especes de moucherolles ou
gobe-mouches, des fourmillers ( myotlzera) et
. I . d . ( .
L a von u JUO tznamus noctzv.,{t-gzt~ , nomme
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sabele dans ce pays, s'éiait e nouv.eau fait
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AU :BRÉSIL. 9
·entendre . à nos' oreilles apros' un assez long
intervalle. En effet cetoiseau, qui se trouve par~
tout depuis Rio-de-Janeiro jusqu'auBelmonte,
paralt ne pas fréquenter le voisinage de Ía côte ,
maritime depuis ce fleuve jusqu'à llheos. '
Nous1rous trouvionssnr lai~outedeMinas, àla
hauteur de la partie du Rio-dos-llheos nommée ·
Porto-da-Canoa parce que l'on a remontejus-
que là en pirogue. La forêt dans laquelle nous
nous trouvions dans la soirée est de l'espece
que l'on nomme dans ce pays catinga . A me-
sure que l'on s'éloigne des plaines hasses e~
humides de . la côte maritime , le sol s' éleve '
insensiblement eli devient graduellemént plus
sec, les arbres sont moins hauts. Les mêmes
sortes CJUÍ dans les forêts vastes, humides et touf-._
fues de la côte, s' élancent à une hauteur con-
sidérable, restent ici'beaucoup plns basses. Ces
forêts seches ofli·ent aussi une quantité cl'arbres
d' e~peces particulieres. L e sol y est tapissé de
toufies .épaisses de bromelia, doiit l~s feuilles
armées de piquans sortt tres-incommudes pour
les c,hasseurs brésiliens qui voÍ1t toujours pieds
nus; le capin de sabelé, joli graminée dont les
,feuilles délicatement pinnées fournissent une
bonne nourriture aux mulets, n'est pas moins
10 ·VOYAGE
commtm ; malheureusement nous ne 1'-avons
pas trouvé en fleurs ( 1 ). Il couvre entihement
de ses tou:ffes d' un beau vert1'ancien cbemin et
les autres clairieres.
I
La route du _çatinga était incommod-e et em-
barrassée par toutes sortes de plantes: des so-
lanu~n tn~s-hauts et de dive~ses especes intéres-
. santes, plusieurs mimo.sa et le cançançao (j a-
tropha ur_ens) nous incommodaient beaucoup _
par leurs piqúans, et semblaient même vouloir
n ous dépouiller de nos vêtemens : nous étions
tous plus ou moins ênsangla~tés. Pour comble
'd'infortune nous rencontrions souvent des nids
d e marimbondos qui rendaient notre état en-
core plus pitoyable : l'espece qui est d'un noir
brun ' nou.s ~ attaqua surtout avec ta~t de furie
dans un certain endroit, que tous J~s animaux
s' emporterent,
' et que l es l wmmes,
"' p ques' 'aIa ·
fois parcinq ou six de ces insectes, firerlt encore
entendre des plainte~ lo1~g-temp'sapres. L·~~igure
et l es mams. gonfi' · ees , 1'~s gen0ux
\ d'ec. 1res,
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( J) Cette h erbe a d ~ s tiges hautes f.'un pied et d'e mi, ses
feui!les sont délicatement pinnées, ses stipules étroites,
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p resque linéaires . Je n'ai vu ni la fie\1-r \ :'ii la'Xg·raine: ses
Hmffes sern!es forment un tres-beau gazou. ~·
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I
AU BRÉSIL;
nous pa'rcourions par une chaleur accablante
ces bois e:x.trêmement touffus. V ers le soir UD!
nouvel inconvénie;nt se pt·ésenta pour nos ani-
maux :. eles rav~nes profoncles coupaient le ter-'
rain alternativement avec des hauteurs cÓnsi-·
dérables; on apercevait eles vallées sombres,
d'un aspect sauvage, ou régnait une fraicheur
perpétuelle : le long eles torrens limpides qui
se précipitaient par- dessus les rochers , crois-
saient eles fleurs magnifiques que l'homme n'est
jamais venu admirer dans ces lieux écartés ; les
pas solitairesduPatachos chasseur, du tapir, ou
du jaguar, interrompent seuls le sileiTce de ces
déserts inhabités. La chaleur avait dessécbé les
ruisseaux clans plusieurs vallées; il fallut clone,
malgré la lassitude de nos animaux , parcou-
rir encore une'. grande distance pour arriver à
1111 endroit ou nous aurions de l'eau pres de
notre camp. Enfin nous avons trouvé un clair
ruisseáu qui s'échappa:it à travers une forêt "--
sombre : on lui a donné ainsi qtl'~t .la vallée le
nom de Joaquim-dos-Santos, parcc qu'à l'é-
poque de l'établissement de la route un homme
de ce nom y avait construit une hutte pour
vendre eles provisions au.x travailleurs. Nou~
avons campé le long du ruisseau, et l'on a aus-
VOYAGE •
sitôt apprêté trois mirikis qui avaient été tués
dans la journée. La plante à·belle flenr rouge
qui se rapproche des bign\mia dont j'ai parlé'
dans ma relation du Belmonte. (1), ainsi qu'une
~autr:e à fleur orangé foncé, ornaient notré eamp;
des feuilles de palmier no.us ont servi à bâtir
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une cabane lé~ere pour nous préservér de la
rosée.
Pour nous remettre un peu de la longue mar~
che de la vei1le; nous n'avons, le g, parcquru
que trois legoas. Nous avons tràuvé dans les bois
une quantité de plantes ·intéressantes et d e
1fleurs magnifiques dont nous ::ivons enrichi nos
herbiers. Les troncs des arbres 1 étaient ·entré-
lacésde taquara à petites feuilles'qui formaientdes
tou~es épaisses. ~ue!ques pe,t~ts torrens .avaib~t .
encore une eau hmp1de et frmcbe : ~~e b1gnoma
à fleur écarlate fleurissait snr lerirs ives. Les
éminences et les vallées se succédaie~t cünti-
, nueUement. Sur led hahteurs les forêts, ~taient
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des flltmgas; dans Ies ' enfonee ens elles of-
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fira1e1i1t ,e ncore es arbres· tres-h .uts; eur, .fra1~
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( 1) • M.le professeur Schraé!er1a reconnu ce b~e belle plante
11
pour fn genre nouveau ele la famiÍÍ e des Bign Ó'nes; mais le
frpit lu i a man~ué pour le détérmincr oomp,ete~1 ent. ' '
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.AU BRÉSIL.
Gheur .fait d'autant plus . de pl;l.isir, t{Ue sur les
collines le te.r rain est sec et échaqffé.
· Nos.chasseurs tu,e rent, sur le ~ord d'un ruis~
seau,daps unevalléeombragéede grands arbres,
plus~eu11s singes, entre autr.es le singe à poitri.ne
jàune .que nous a,v~ons déja vu sur le Rio-Bel-
monte: on reconnut, enl'examinant, qu'il avait
déjà été percé, depuis peu de temps, d'une fle-
che . de sauvage. . ' .
On' arrive dans ce' canton sur les1 b~rds du
carrego 'de Piabanha, gui ~st regardé COI'nme le
point extrême des e.xcl!:rsioris ,que les Patach0s
de la côte :foiit dans' l'intér{eur. '
.. · L e tenitoire des Indieiis Mongoyos ou €:a..:
macans.Commence_à ce carrego e~ s'étend dans .
le sertam. ·
Depuis cet endroit nous avons . trouyé fré- r
-quemment sur le eôté dé l'écorcq des arbr.es
excpysé au, nord le., plus grand .p apillon du Br.é:-
sil (phalcena agrippina) (1) qui a jusqu'à neuf
p,ouces et,de~ni de largeur (mesure ,de Franrie) :
il est çl'un ·gris blanchâ~re sale, av:ec ·quelque~
taêhe.snoires; il reste;, pendantla chaleur·du jour,
VOYAGE
collé contre les arbres, et ne quitte cette posi-
tion qu'à la fra1cheur du. soir. Il fallait pour le
prendre s'en appro.clier avec la plus grande
précaution;.s:;ependant il s' envolait souvent. En-
fin j~ m'avisai d'un moyen plus sur; le jeune
Botocoudy Quêck s'avança tout doucement et
lui tira une fleclie à poinú~ obtuse : le papillon,
étourdi tomba aussitôt à terre ; Quêclt. avait
acquis un grand degré de dexté,r;ité dans cette
espece de chasse. • ·
Etànt parvenus à une cha~ne de montagnes .
(serra) sur lesquelles croissaient beaucoup de
· barrigudos et d~autres gros arbres, nous en
avons trouvé plusieurs renveesés dans le che-
"
min. Il fallut donc se frayer une route à tra-
vers la forêt; OJ?ératÍO:rl qui rlOUS pr~lf. beaucoup
.\
detemps. Dans les catingas, nous avo~s souvent
observé . des tiges cólossales de cao't;us tetra-
' . I
gones et pentagones : pous ~n avons v\1 entre
autres un qui s'élevait jusqtt'â cinquaÍ:tte et ·
soixante pieds, é:\U milieu des arh11es à feuili\s, ét'
qm• aivalt • .J d e a·1a~etre.
. denx p1eas \ ,, \-..v
. TV autrés ~es-.
peceí1;de Ge s~gulier végétal parviennent aussi à
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des ' c,:lnnenswns pr0 d'Igieuses
. dq.ns ~c~s regwns
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équatoriales : par exemple; le cactus b r'asiliensis
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AU BRÊSIL 15
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AU BRii:SIL.
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;!'O VOYAGE_
tombent prompte_m~nt malades, ceüx -c1 ne
pouvant pas supporter l'humidité. Des troupés
entieres dt: vo_yagçurs ont ,pl:)nlu la vie de
cette maniere, en peu de temps, dans ces forêts
épaisses et bumides.
Enfin le jour parut :J et, que.l bonheur ! le so-:
leil dissipa les nuages' et rendit le courage à
toute nqtre troupe. file en avait besoin, car il
faijut_charger sur' nos mulets, affaiblis par le
1:nanque de nourriture , 1iotre bagage mouillé
et rendu
, plus lomd par l'humielité, puis con-
tinuer notre inarche pénible à travers les mon-
1 tagnes et lés vallées. ,Nous rétions si ava~cés
que nous aurions pu atteinclre en un·j0ur le
point auquel on passe pour la derniere fois. le
Rio-da-Cachoeira. Toutefois, pour ne pas trop
exiger ele 1:\0s mulets pesamment J, argés , nous
avons, partagé . notre journée en cle.u ~narches.
Le premiei! joàr, qui était le I() j~nvier, la
roúte était pass;blei~ent: dégagée d~ foúes
hroussailles; mais eles rplantes Basses, années ele
piquans, le jatropha urens, ' et surtoút une
espece de houx, de mê1J que des buissons ele
mimosa
.
et res mariinbond0s
I
' nous
\
incommo-
derent cme~lement. Les denúers.na us tourmen-
terent cependant moins que nous n,e devions
\ . ~
.AU BitÉSIL. 2-I
)
AU BRÉSIL.
enterré,
I
car la. peur eles revenans .
est enc0re
tres-forte chez lui: Da:qs ces' qas-l~ i1 núnanque
jamai~ de marm.ot~r qnelques prie;·es sut~ le cha-
pelet; mais quan d ,il' est 'ré uni à' ~' autres ·, il a
plus dt< courage, parce qu'íl croi~ que l'espri:t
sera effrayé du pqmbre. -
Laplace. que j'ava~s choisie pres de la croix
pour y plac~r nótre cam.p avait déjà été prise i
par un singe (l ), f{ui, en naus voyant,. se sauva
en faisant eles gambades. Nous trwuvâmes d'au.-:-
tres créatures viva~tes d.ans ce lieu: c'étaient
.d~ux petits colibris (2) qui n'avaient pas en€Ot'e
de plumes ; ils étaient clans un nid, : fixé al!l
f~uillage tendre d'un jeune arbre et construit en
coton rougeâtre jaune. Nous primes les p~tits
sons notre protection. l
.
(1) Cehus :r:antltostemos.
(z) 1'roc/zilus ater. Voyez mon second . volume."
I l,
'\
VOYAGE
y en attache d'autres en travers, et on couvre
le tout de maniere qu'il en résulte un abri pen:-
ché obliquement. Si ces feuilles manquent ,
comme dans la plupart eles enclroits ou passe
notre route, par exemple à San-João-de-Deos,
on détache de grandes plaque_s el'écm·ce ~'ar
bre e_t on en couvre la hutte : ceDe du pao
d'arco est la plus empioyée clans ces occasions.
Le 11 janvier les chasseurs qlú, avaient passé
lq imit pres da mulet mort arriverent, et me
raconterent qu'ils avaient inutilement essayé
de tuer un roi eles vautours et l'avaient tou-
<...
jours manqué ; · alors nous avons élécampé. La
· tr~pa '1e tarda pas à atteindre au Ribeúo-da-
Cajaseira, pui? au Ribeirão-das-Minhocas. Nous
avons trouvé sur ses bords, P?ur la1 ~remiere
fois, li'! beau corbeau à barbe bleue \ cor{ms
oyanopogon) (1),- que l'on appeUe gen.g-geng
dans lG sertam ele Bahia. Nous avons t~é plu-
sieurs de ces oíseaux ', car ils-ne sont pa ~ fa-
rouche~ : leur plumage est simplement noir et ·
blanc ; on les reconna!t à u.ne ta~he bleue à
~ôté dLf dessous du bec ; le 'àommet de ·la- tête
est orné d'une petite toutfe de plumes.
' ' \
(1) L'~caM. Azara, tom IIJ, p. 15~.
\
AU BHÉSIL .
Nous avons aussi tu~ dans cet endroit, pour
la premiere fois , le salmi ~oir ( sahztim preto)
dont j'ai déjà faít mention. Je fus tres-content
d'a~oir ce joli animal qui est une espece nouvelle,
et qui .se distingue par eles couleurs ü·es-tran-
chées (J.). Ces sahuis vivent en petites troupes
de qnatre à _douze individus , et courent sur
les cimes eles arbres. lls sont tres-nombreux
dans ies grandes forêts de ces cantons; mais il
para h qu'ils ne se répandent pas sur un espace
étenelu, car je ne les .ai pas trouvés dans el'au-
tres enelroits. Si l'on ,s'approche ele 1'arbre snr
lequel 'ils sont posés, ils pri:mnent I'alarme, se
cachent derriere les grosses branches, regardent
avec cnriosité en avançant la tête , et cherchent
à s'échapper. On les tue aisément, néanmoins
ils sont trop petiis pour qu' on les mange. On fai.t
quelquefois daiJ.S !e sertam eles honnets ele leur
peau, mais généralement on n'en tire aucun
\
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AU BRÉSIL. 2']
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AU BRÉSIL.
nécessaire d'en aller chercher à un village de
Camacans situé dans la forêt, et que notre jeune
Inclien de cette nation connaissait. José Caetano
.otfrir de l'y accompagne':: , po,u~· prendre le
ma!s dont nÓus avions besoin, et inême, s'il était
possible , pour nous ame~~r c1es Indiens qui
nous suivraiedt et · nops aicleraient dans nos
chasses .
. L'aldéa des Camacans étant éloignée d'une
journée et demie de rout~' il fallait se résig~ler
~ passer quatre à cinq jours dans ce,àésert sóli-
taire . . Je fis' accompagner Caetano et le jeune
Camacim par Manoel ~ mon mulâtre , homme
robuste et hardi; tous trois bien armés, munis
de poudre et'de plomb ainsi que des vivres né-
oessaires : ils partirent le 12 janvier de granel
matin.
Nous sentions le besoin pressant d'avoir de
la.viande fraiche pour pouvoir en manger alter-
nativement avec le poissolil, dont l'v.sage trop
contÍJ1U donne la fievre. Pendant qu'l}ll~ pa'r tie
de mes gens jetaient l'hameçon, les autres par--
couraient les forêts v~isines' : ils y tuerent ur1e
· gr~nde quaritité de sahuis noirs et de gris ( 1) ; i '
~~----------------------_.--~-------
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(1) qr.llithri.-r: melanochiJ·.
AU BRÉSIL.
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AU BRÉSit..
L·em;s ofeilles· et leurs Ievres n'éta;ient pas défi-
gurées. QU.elques.:uns lilissent leur chevelure
.crohre si longU.e, qu~el~e leu:r descend jusqu'aux
hanches ·et leur donne 'u n air farouche; d'au...
tres au contraíre la coupent en rond "~ la nu-'-
que :, cette mode est cependant peu cmumü.ne.
Leurs ares et leurs fleches êtaient façonnés
avec beaucoup de délicatesse: Je. çlonnerai par
ia suíte· de plns amples déta~ls sur ce peuple.
Vn des· deux· Camacans qui vinrent à ~otre
camp avait tué à coups de fleches un fancon
blanc dans ~oi1 nid, !).U haut d'un arb~e tâ~s
êlevé , c;: t à une .<;listance à .laquelle nos 1neil..,-
leurs fusils ne toucheilt pas toujours le but. 'L e
plaisir que j'éprQuvai en obtenant ce bel oiseau
fut d'autant plus g1'a~d que ) nous l'avions
aperçu plusieurs fois plan::tnt au haut des airs
sans avoi1· jamais pu nous le procurer. Dans la
suíte de Dion. voyage il ne s'est plus offert à ma
vue (1).
Nos deux sauvages regarderent fixement' les
·étrangers sa.ns profére:c un ·seul mot, et s' assi-
rent aupres du feu. Quand ils se furent un peu
36 VOYAGE"
reposés, je les 7n-vpyai à la chasse. Leur hábileté ~
cet exercice:, Í)OUr ainsi dire i:anée chez eu-x:, est
vraiment extra~rdinaire; ils revinrent le soir
1
avec deuxgrossinges (1) etuajacupemba. Tous
ces aÍlimaux avaient la poitrine tran'spercée
par la vig<;rureuse fleche des: Oamacans . .
~ "' - \, • I
(1) P. 106.
(
38 VOYAGE (
' (1)
r
M. Schrader, p.rofesseur
.
à Gcettingen,·a1,\·noJ;mp.é celtç
r
\
.-
ÁU BRÉSIL.
du Catolé dans un lieu ou i1-- ne croissait
·que eles broussailles. Quelques années aupa·ra_:
~- vant le capitam mor Antonio Dies de Miran da
' y avait fait établir une plantation par scs ne_:
gres , ensui:te elle avait été abandonnée, et
l'e~placement était de 1!-ouveau un .désert: Une
grande cabane en ;terr e · et .converte d' écorce
d'arbres, qui avait se'rvi de logement aux nc-
gres, était en tres-mauvais état ct remplie de
· fourmis , de chiques et de lézards ( 1) qui
avaie1it quatorze pouces ele longueur et même
dav.antage; malgré son 1uauvais état, elle nous
fournit un abri passable contre la pluie et le
soleil ; c'est pourq_uoi' malgt'é ses incOimno-
dités , nous nous y ·abandonnâmes au sommeil
apres.à voir f~it un repas frugal avec une c.er-
taine quantité-. ..de piabanhas, de guara'ib~s
et cl'autres poi~sons , pê~hés dans la pe tit~
riviere. ,J •
On compte .d e Catolé à; Beruga , premier
endroit o:U l'on. rencontre 'des halQ?.tations hu-
maines, à peu pres deux journées de route. Je
résolus d;y envoyer a l'avance_ queJq~lC~-U~lS de
mes gens avec les mulets qui ne por taient rien,
' -
. "'
AU BRÉSIL.
ce~ endroit; l'anabates erytrophtalmus (1) J
le leuc;p htalmus' ratricapillus (2) à fr~nt
d'un beau noir, ]e macrourus (5), etc. Ils bâ.:.
. tissent, ~vec de petites branches -seches qui s' en-
t.recroisent les tines les autres, un nid pendant,
-" '
sont noires à leur exlrémité, rousses 'nans !e rest~ de leur
'
1oiTgueur, et l. es ruyaux
' sont d' un rougea.\fre p 1us VI. f :
deosus du_ cou un peu plus ela ir; les tuyau ~ sout jaune
. I
roussàtre clair, tont le de ant du l!OTps es t bruu rougeâtre
co~pé ~e ba;n.des jaune r~'ussâtre ~ bas .~u d os e, plumes
.(lu dessus de la q ueue rouge roussàtre \ le premier à raies
plus claires .
tt ) Tanagra silens , L.
( ~ 1) Ce~ oiseau parait appartenir au , nou v1ean genre op~- .
1 ' I
tio1:yftcltos de l\1. Temminck. Je , !ui doune le uom
I .
spéçifique de turdinuB, parce qu'il a des tratt.S de la grive
\
I
AU BRÉSIL. 45
-·· L e courlis vert ( 1) habite aussi par couples les
bords des· ,ruisseaux solitaires qui traversent ces
forêts: il se tient sur les vieilles souches aumilieu
de ·l'eau, et fait entendrc sa voix forte dont le -11
\ \
/ ~ \
AtJ BRÉSit. 47
mes pas un seul éclair. Ce~ 'f~éqU.entes plnies
d'orage avaient graduellement gonflé ]a rivíere
à un tel point que les poissons deviní·ent tres~ '
rares ;l 'humidité rendit aussila chasse plus diffi-
cile. Nous éprouvâmes souvendadisette, etnous
furries réduits à apaiser notre faim ~vec de vieilie
vian~le saJée extrêmementcoriace. Nous éprou-
. . . . ,
vwns une viVe compasswn pour nos p<:!uvres
bêtes .de ·sonnrÍe, car elles 'trouvaient à peine
dans lés forêts asséz de folil.frage po'ur soutenir /
lenr 'vie , et se tenaient ordinairement autour
de.nos caba]:ld:'c~mme pour ~o~s demand~r de
la noúrriture. L t:}j>esoin devenait toujour:s plus
pres~ant~ mais l:a~cien proverbe, suivant lequel
plus' gr;md est le ' besoin ~ plus Ie secours est
proche, fut enco.r:e vérifié dans cette occasion.
Des- guaribas (;!.) s'étaient approchés de notre
demeure ; i1s se mirent soudainement à hur-
,ler de to.utes leurs forces. Aussitôt nous nous
levons de dessus ,nos siégys, et nous saisis~ons
nos arme,s. A~·· bo:ut d,e ~quelques heures nous
avions tué un ass·ez grand nombre, de, ces gros
singes pour sutfire 'à plusiem;s repas : sur cés
/
VOYAGE
tour ·: nous r cspirâmes un peu plus libreinent·
dans cet e .droit ; .car , quoiqu~ nous fussions
environn~s de forêts siJmbres tres-hautes , nous
apereevions cependant des cintea de montagnes
et nous nous regardions déjà comme délivrés
de la som:Ore captivité "des éternelles forêts pri-
mitives; mais il restait encore un espace fati-:-
gant dont ü· fallait sutmonter les difficultés~
La route était en plusieurs -e ndroits embarrassée
de roseaux taquaras qui, avec leurs branches
et le.urs feuilles finement découpées, avaient, en
se mêlant da?-s les buissons, lormé des especes
de pelotons; le roseau taquarassu dont j'ai déjà
patlé quelquefois s'éle:vait aussi en plusieurs en-
1. .
ab pndamment A,
1
l'ap.tre. -, · ~
· ·:Oé :pethes tr.o\~pes de gros;;:ID:ees vert jaune
\.
'\
'\
/
AU BRESIL. 53
à gorge noire ( 1) animaient c e hallier de grands
roseaux. La route passait ensuite par qes hau-
teurs qui sont convertes de catingas et dont
le sol est pierreux ; quoique la montée en soit
douce, le terrain s'éleve toujours insensihlement.
La plupart eles carregas que naus rencontriohs
étaient à sec; on voy<}it dans leurs lits des tas
• ,tr I ~ '
( 1) Loxia canademis.
(2) Je u'ai pas pu ohserver la fructillcation de cette
helle plante; ainsi je ne puis la déterrn iner positiv~ment.,
- mais je , cr ois q,u e c•est uu ruellia.
54 1'0YAGÊ
fréqué:rniÍlênt dans ·Ie chemin, à lhésute (plori
.
s'avance ·dans les hauteurs du sertam.
Une demie-legoa plus ]oin, nos oreilles fu-
rent soudainement frappées du cri d'un . coq;-
compagnon cónstant de l'homme, même dans
ces solitudes ecartées. Naus sorton~ de l'obscu-
·rité de la fotêt , et devant nous s' étend un
champ de mai:s et de manioc: L'::~zur du ciel se
rnontrait de nouveau à 'nousClans un espace con~
sidérable; au-delà des forêts naus apercevions
des cimes d~ 1nontagnes bleuâtres, dont l'as-
pect ét~it pour naus extraordináire et plein de
I charmes.
cyous nous trouvions sur le Beruga, petite
rivif re qui se jette à· peu -de distance ·dans le
Rio--Pardo. Trais familles de gens â.e couleur y
ont formé les premieres
.
un ·établissement
1
dans
c e sertali;l , à l'époque ou 1'on voula1~ y fond.er
une a~déa pour l commodité des voyageurs '
"lorsfiUe l"ón ouvrit la·u ute. Ces colon! Gmt déjâ
des plantations considérables ,' et sont \encor~
occ1,1pes à abattre du bois pour les agra:ndir. On
peut juger de la fertilité âe ce terrain par la
hau~eur et la force des tiges de mais , ~·ainsi que
par son _pro.duit ahondant. Le g-r ain n' était pas
enC<)re mur ; les IDananes plantées en g;and
~
AU BRÊSIL. 5-5
, nombre n'avaient pas non plus atteint leur point
de perfection : ainsi nous ne píllnes nous pro-
curer d'aptres provi~ions que de la farinha.
Trois petites maisons en terré et . couvel'te&
0'écorces rem.plies de carapatos ( aearus ), com~
posent jusqn'à présent l'aldea de Beruga. Quel. . .
ques Mongoyos ou Camacans , qui tr~vaillen.r
eomme journaliers , se S011lt établis avec leurs
femmes et le~rs enfans dans une petite·cabane
peu Jloígnée_ : ils étaient à p~u pres nus, et
avaient peint plusieurs parties de leur corps en
·rouge et en noir avec du rocou et du genipa;
ils portaient autour du cou des colliers .de
graines grosses et rondes d'une espece .d e grà...:,
· minée. Le gouvernement a norrimé un muU~re
chef des 'Camacans : il réside dans cet enQ..roitJ
les aldéas ou r~ncharias _de ces Indiens sont
sous ses ordres ; illes rassemble lo:rªqu'il s' agit
d'une expédition cqntre les tribqs de sa-llvag~§
ennemies, pf-r exemple les Botocoudys. Ü:tJ. çlit
que çlans ces - occasions ils .se sQnt. Í,Fes-.bie,:q
:rn:ontrés.
A yant passé vingt-deux jours à voyager au
milieu des forêts antiques, depuis. notre départ
de San-Pedro jusqu'à notre arrivée à Beruga,
sans voir uné seule habitation humaine , nous
•'
56 VOYAGE
éprouvions naturellerpent le. plus vif désír de
pouvoir dormir 2:!. f.abri de la pluie et de la rosée
sous un toit. Nous ne nous inquiét<imes ·clone
pas h~aucoup des, tourmens .q ue nous avions à
redouter des c~rapatos et eles moustiques qui
fourmill~ient dans ces misérahies demeures ,. et
nous y passâme~ le 28 à nous y reposer. Nou&
púmes nous y' procurer eles haricots noirs et
de la farinha ; ce n'étaieüt .p as des mets tres-
recherchés , mais des geps .qui ont souffert la
diseue pendam quelcpf~ temps sont habitués à.
la frugalité. Nos mulets et nos chevaux se re-
poserent.; ils' ne pureiJ.t trol].ve;r; de bons pâtu-
lrages, car tons les tcrrains dépouillés de forêts
I •
·étaient convl':rtis · en plantations :· c'est pour-
quo~, penclant la nuit; ces animaux ~'échappe-
, rent souvent p our alie r dans le.s ch~pn~s de ma!s.
· Mes gens 'employerent le ·jour <:16 repos à
chas~er et à pêclier; ils !!C pol'terél(t jusque
sur l~s bords du Rw-Pardo, et eí.1 rappo tereht
beaucoup de poissons! Le conquistador, au-
jourd'hui colonel João Gbnsalv~s da Costa, ·a
d d . . \ .. ' \ .. ,,
esce n n en pu·o~ue cette n vici'e Jnsqu a s~n
embouchure .à Palipe. Je p~rlerai J?lus tard de
cette expédition. ~
L~s {()~·ê u;; q·tai environnent ~ tous cô~és le.:o
.,
"
AU BRÊSIJ_...
pla:htations de : Bemga fournissent, ;.cmhme
celles . de Catolé, surtout au~ ámatetirs. d'oi-
seaux, 1.1U:e occupalion agréable et utile, car on
e:titend de tous côlés de singulieres voix d'habi-
tans des airs. On y observe plusieurs especes de
tangaras(tanagras), de gros-becs (loxia) (1), et
de manakins ( pipra ). Les ~reilles sont. frap-
pées de la voÍx perçante des perroquets, qui
se rassemblent dans les champs de mais, d.u sif-
,:flement doux ; mais aigre , du toucan à gorge
jaune (2), du cri à deux tons de l'avassari (5);
et du siffiement répéte du courouco11 (4 ) ...
Tout en jouiss<ínt à Beruga d'un repos bien
riécessaire' je réfléchissais que mon . voyag~ à
travers les forêts primitives n' ~tait ·: pas .ter-
miné; nous avions encore à parcourir pendant
~eux jours ces sol~tudes ombragées avant ~ d'ar
river à Barra-da-Vared~, ou l' on entre dans lés
pat~ies dú sertam de la capitainerie de Bahia ,
'
'.
,. I• l
(I) Tanag,:a silens; t. Guianemis; t . Magna; t. Erasi-
lia; t. BrasÜiensis; t. Cayennensis; ct heaucou ll d':iutrcs.
Lo.d agros.s a; 1, Canadensis .
(2 ) Rarnp!tastos dicolorp,s.
(3~ Ff:.amphastos Aracari.
(4) Twgon.
68 VOYAGE
oú le pays est ouvert ou au moins entrece>upé
de forêts et d'e plaines ou de pâturages.
Je partis de Bevu'ga le 29 , et je suivis la
route qui ' à l'extrémité des plantations' s'en-
fonce tout de suite dans la forêt ne>n interrom-
pue; mais les arbres sont inédiocrement hat;Lts :
c'est un catinga ; elle .est encore passablement
toutfue et fermée , toutefois le chemin est moins
impraticable parce qu'il est plus fr-équenté.
Un Camacan avait tué, peu de temps aupa-
ravant, un jag~ar à_coup de fleche. J'en trou..--
vai .le squelette snr ie bord du chemin. On
rece>rmaissait au crP.ne que 1'~nimal' à l'rpoqne
I . . .
de s~ mort , changemt de dents : son squelette
aurait par cohséquent €té un mor<?eau tres-ín-
, I . pcmr un oab'met d' osteo
terespant ' l Og-Ie
. , SI. p l u:-
sieurs os n' eussent pas .déjà été enleViéS par des
bête~ oarnassieres. \
Q pand nous fu~es ar.r-ivés au Jiboya , :çuis...-
seau qui se j ette dans 1le Rio-Pardo à Reu de
distapce , nous étions_1s~ pres .de ce d~rnier
fleuv~ que nous eriten~ions)e br :t de ses eau~.
Le Jiboya coule sur un lih de gnanite si· 1isse
et si pblique, qu' on est q~H é <}'y f~ire passer,
ave c des précautions extrên1e!) , . les chevaux
et les inillets ferrés ' de crainte qu'ils 'ne tom-:
\\'~ ··'.
..
AU BRÉSIL.
n
hent-, ·y avait à la rive opposée une maison
ouve~rte, ~nais cou.verte en ·é corce, et tout au:-•
pres m1 coral ou pare ;pour les troupeaux de
-bes!tia~1X que fon espérait de. voir _,passer par .c€t
endroit lorsque la' ronte fút étaiblie.
Nous entrâmes alors dans la vallée du Rio~
Pardo , 1et. nous su{vh,nes sa rive se.ptei'1trionale
à. travers la forêt. A droite s' élevait un ·e&i.é
-de la vaUée eou.vert d'arbres ., qNi diminua-ient
de hauteur à mesure que' le terrain montait '
de sorte qu'au soname>t ils ne formaient plus
qtl.'un catimga. Les eaux du Ri0-Pardo, troubles
et de -eouleu.r grise, se précipiülie.nt en écu....,
mant à tmavers des débris de vochers. Nous
pomv.ions quelquefois apercevoir 1ihremepd'azur
-du cíel , ·et Jes hautes ·montagnes boisées qnai
-nous envíronnaient. Cette solitude a un cai·aG-
tere Ír•:nposa~t et terrib1e. 8e~Il silence n~.étai.t.
:interr:orp.pu que par 'le fracas_·de la riviére, Joi'S~
qu'il s'y mêlà le cri singulier d'une voiée lilO'Q1!..-
hreuse 1de gaviãos à eou r<il:tage ( 1) , qui .é tait
;répété da!!s la v-allée sauyage par un ,éclw tres-
f0rt. Nos chasseurs ne pouvaÍelílt pas espérer
cl' atteindre ~es oiseaux à I'élévatíon à lac1ue_lle
( 1) F a/co TlUdicollis .
.6o . V.O.YAGE
-ils se trouvaiént . .Un autre spectacle ~tttira leur
" • attentión. : une grande troupe de mirikis ( 1)
. santa de brimche e:q hranche -au- dessus de
nous ; on ex~mina ces singes pendant un cer-
tain temps , et · I'on en tua trois. Les limites
qu'on leur assigne ici se trouvent dans le voisi-
nage : ce sont les bords du Corrego-do-Mundo-
Novo, car·ils paraissent préférer les hautes fo-
rêts eles plaines aux pays élevé et secs cot-i.verls
de forêts basses.
Quêck a"iait pris plusieurs phalenes (2) d'une
belle espece, tres-commune dans ce canton.
I
Dans un endroit oi:L la route s'éloigne d'une
lcentrine de pas de la riviere, nos geps qui con-
. nais~ aient le pays pous, firent ~ntrer brusc.[Ue-
. menr. dans un /sentier à peine visible·, qui tra-
ve~s~it eles brouss~illes. touffues et .\desce~dait
;vers les bords du R1~-Parclo. Nous y.\trouvames·
· dem,: ?angars·cou , erts cl' éco~ce cl'arb. e; quoi.,.
··qu'il\' fussent un peú r 1uinés , ils nous promet- -
taient un abri suffisant contr~ l51 plui et la
rosée : 'o n' alluma aussitô : du ·eu ' et on fit
I
IIT. ~
66 VOYAGE
· t out de suíte no~e curiosité. De jolis pigeong
à queue_ allongée cunéiforrme (1) . se prome:...
paie:nt par
couples· su:r le sól verdoyan~; le vira-
~osia, lorir>t d'un no ir hrillant, s'abattáit .p ar
trot~pes sur les buissons. On voyait s'envoler de
dessus l'herbe le tarin bleu d'acier (2) etle pins0n
à ventre rouge (3) . .De nombreux tr0u.peaux: -de
bceufs paiss.a ient dans ces pâturages sauvages.
. I
·Nous passâ:rnes . à GÔté de deux chétives ca-
" hanes fJ_Ue des hommes de' couleur· 0nt cons-
I
{1) Columha squaTNmosa. Histoirelnaturelle despigeons ,
- }
par l\'l. Temminck > pl. ·sg. La figure est tres-bonn e.
t;~) Flingilla nitens , L.
· {3) F1üzgilla p!:tea'ta\ .Mâle, lobgueur ci nq pbuces six ligues; ·
I : ' -
_e nvergure,des:aiJle_!!, s·e pt poucel! sept lignes. -Pluníage entie-
rement gds cend.ré > un peu teint de brunil.tre sur les
parties supérieures; :poitrine • ventre, crou~ion et déssous
. .. \ -
de la queue blanchâtres, plu~ foncis' sur les c&tés ; meu~
1 -
1
ton et gosier blanchâ tres; dessous du cou et
• .
1\a
ll de la poi-
t'rb~e gris cendré p.âle ~ ail s et que~e gr.is brun\ tre f~ncé;
sorpmét dela tête touvert de lumesétroltes, long~es, a ·peu
pr\:s d'uu aemi-pouce' a'Un rouge écarlate ardent' qui
os'll!~naeílt un -peu par-dessus l'e derri:/:re ' ~la tête et 'fo,rment
. ~me tou:ffe; elles sont ·eutourées\clile chaque c&té par une raie
, no.,ire qui dan~ réiat de rtlpllS .cache Ull pen les plume•
_;ro 1~es . .
\~
AU BRÉSIL.
truites dans cet endroit' et no-us arriy~mes à la '
helle fazenda de M. le capitam Ferreira Cam- ~ .. ":,~·/ ~
pos, qui est le propriétaire de la plup,art de ces
.....
..
'!..
,,
68 VOYAGE
. ' .
""-"""""'lNV!r.~"'-""'~""""'~""""""""'""'-"lN'llt.IINlN!lNV\:IIV\I\Il.'\1\1\1~
CHAPITRE XVI.
I'
~ , a fait abattre des b~t~ et .fonclé eles _r~anta
twml cla~s lesquelles Il nltiVe le 1nam6~ , le
maJ~ , le cot0n , Je riz, caJé et. tou~es les
d ·ir
· · <:!~tr~~ pro uct~$l).J,'l~ \: u pay~~ On \p1ante
· d · peu cl e
.. ..
sucrl;)
. i·
t et
la pé'iite quanúté que l'on réc!)lte est
~ ...
-ptesfiUe toute employée en eau-de-,vie. On voit
\
'\ \ "
'il\
AU BRÉSIL . . 6g
encore à côté de>.ces:·plantations eles espac_'ts
considé'rables incmltes,
.... .
.couverts
'
de. ,hautes,her.-
··'
'\\
11
\
AU BRÉSIL. ') 1
soQt ob1igés de l'y faire passer et de l'y rassem~
~ bler. Leur habillement se compose de sept
pieces (:r) : le ckapeo·est un petit chapeau ro·l\1~
·ave,c un p~rd éliiOi:t, CfÜl s'ela.11git et s'allonge
par derr.iêre po~\lr former une aile qui abáte le
cou ; le giha@ ou córset, qui est ouvert par de-
vant, et sons.léqu:el est le guarda pei"to, se :po111l€
. .
d evan:t Ia pmtrme : e ' est un. l arge
" morceau d éj1
çuir qui descend. j!Usqu'a:a has-"entre ; les.per-
neiras ou culo:ttes, au-elessous desquelles sont
les bottles. inunies. d'éperons. Un vêtemen.t de
ce genre dure long-temps , est fi·ais, léger , et
. défend des épines et d-es, hraiílches pointt~es.
Le vaqueiro, monté sur -un bon cheval J.í>Otirvu
d'une· granc!.e selle rembou:m~.e , tient à la
main une loiDgue perehe· elont l'extrémité est
pourv11e. €i' mie point~ ele fer é1noussée, av;ec la,
quelle il écarte Ol_l apat les breufs fu.rieux ;
souvent il ,a aussi tJn laeet (laço) pour prendr,e
les animaux faroueheª. Chaque fazenda à bé=.- _
tail a lilll p.ena:Qre suffisant de ces .gens : ce
SOnt toujoHrS eles negfeS , des mwâtres , des
72 . VOYAGE -
blancs, et quelquefois des ·Indiens. Ils sont gé-
néral<drient bons chasseurs ·, et •exe~cés à ponr~
s.uivre et àcmnhattre, avec.de grosohieJils dressés
à cette tâche·, les jaguars et. les .ahrre~ aliimáu~ ,
du même genre, qui! ordinairemepC'·chóisisseiÍt
leur' demeure dans le ~ yoisinage · des grands·
t-roupeaux de· bé1ail. Le propriétúre de la 'fá-
zenda envoie; suiwant les besoins., ses vaque'iros
·dans les ,différentes divisions de sori.. dqmaine
ou sont les animaux ; ordinaiteHlentt il étab:l.it
en ccmséquence plusiem~s fazendas à bétail, ou
quçlquéS-uns.de ces . vaqueiros Habitent sêparés
de-l'univers entier; et .m(menL~ne véritanle 'vie .
1de.' solitair.es. . , · • · •.
1 1
1 Il y a encore à. la Barra-da-V a:r.eda que~ que!>
I
convient; M. Ferre!ra\ est trap bol'l pÓur les
en ep1pêcher. lls se cJuyrent de qúelqu ,s vê-
tcmens :i surtout de çhemises·, e ·leurs femm.es
portent des tabliers de bandelettes de·éoton ..La
plupart avaient été baptisês : q~elques- uns
avaíent ane croix rouge peinte en r9,cou sur lf
front ; leurs f~m~es avaient ~s d.emi-cercy
~
I " '
AU BRÉSIL.
noirs peints entre les seins' et d'autres raies de
la même couleur ·sur le corps et sur le visage.
lls prépat·ent !a cou!leur rouge en longs mor-
ceaux qui ressemblent aux tablettes d'encre de
·la Chine, et-les font en comprimant la mem-
~rane ,rouge du noyau. du rocou .
. Je.trouvai parmi ces Indiens un vieillard qui
avait les chev~ux gris, mais ]e corps -fort et
r.obuste ; il comprenait la .langue des Portl}-
gqis et vivait avec eux. Il avait jadis tué un de
ses compatriotes ~ui avait servi les Portugais,
lorsque ceux-ci cherchaient les Camacans dans
~es forêts; c'était à ' l'époque ou les premiers,
animés par un zele déplorable à contrainclre par
le fer et le feu les sauvages àembrasser le chris-
tianisme et à se faire:baptiser , envoyaient clans
les forêts des détachemens armés. Une de ces
troupes, conduite par un sauvage déserteul", s'a-
.vança dans ce canton; les Camacans s'enfui-
rent de tous l€s côtés : mais le vieillard dont je
iVÍens de parler, qui se. trouvait parrni ·eux, suivit
.'p.e,n dapt plusieurs jours à quelque distance , et
sans êt.re aperçu·, les Portugais lorsqú'ils re-
~ournaient chez .eux, et saisit l'occasion favo-
rable pour percer .d'une fleche l'Indien perfide.
Çe Tell brésilien fixa ensuit~ . avec plusieurs
VOYA:GE
fleches le corps du trá$tre, à la.tenre. AujeHil!refh:ui:
enço;·e: il .s'ene>rgueiJ,J}t de e,et1le prouesse . ..
, . M: Ferreira Çamp.os m'avait áccueilli de la
maniere _la p1us amíqale aMec üa.a ·nom1tease
·tropa et no11s avàit généreasenlelílt · df;>nné des
•provisions, dnla1t, rafmnclnssement, d une ra-
• • • A • ' ''·
'/. ~ ~,
\ '
AU BB.ÉSlL.
On ne tue Ies hreufs que rarement et ponr la
consommation du ménage; mais on envoie de
nombreux troupeaux de breufs , .ou boiadas,
pour les yendre à Bahia , ~ous la condt~ite de
quelques vac.[Ue'iros qui vo;nt 8 cheval. Un f{)rt
breufse vend ici jusqu'à 7000 reis (45f. 76c.);
à Bahia ilest pll}s cher. Les propriétaires voi-
sins font leur envoi en commun.
Je passai quelque temps dans ~et endroit,
taht pour m'instruire del'éducation desbestiaux
dans ces cantons que pour connaltre l'histoire
naturelle ~e ces régions élevées., qui ~ beau-
cmlp d' égards ressemble à celle de ]'intérieur
de Minas-Geriíes. Je trouvai parmi les mam-
miferes 1e moco; espece de cavia non encore
décrite ( 1), p~~it animal de la grosseur d'un la-
pin, qui habite clans les clébris de rochers eles
wontagne.s du Rio-Pardo, dans les environs Ju.
Belmonte, le long du Rio-San-Franó,sco, e~
dans des lieux semblables. Un Camacan que
j'avais envoyé à la chasse m'apporta quatre de
~es mocos clont la chair est bonne à manger.
•
'
I
' .
'
\ . ,,
\'
\
'
•
.
( 1) Lo.-r:ia torrida, L., lineola ou crispa_, qui n'a p'as de
.
I
tllniiJes fris ées sous ]e.ventre; le gros-bec bleu-de-ciel d'Azara·
(2) Fringilla niten: ; F. Pileata, le chingolo.
(5) E mberiz a brasiliensis. Pyr~hula mjsia. Yieillot.
. ' \
·~
..
AU BRÉSIL. 77 <
'
~
VOYAGE
.-
AU IIRÉSIL. · 79
. <-1' . •,
:roseaax d·es Inarais , w. aatres sont entler_e -
ment nus parce que l'on y a brulé les ar~res .
.afin que le - sol prod.uish ~e l'herbe · pour le
hétail. Ces emplqcemeris ne tardent pas à être
revêtus cle hautes fgugeres ( pteris éaudata )
dont le feuillage, disposé horizontalemént, 'offre
un aspect singulier. En sortant de la forêt, on
arrive à de helles prairies verdoyantes , dont'
la c0uleur, malgré la sécheresse ~e la saisbn,
était aussi fra1ohe que celle des prairies
d'Europe. Les sombres forêts _·q ui entou..:-
rent cette verdure gaie en rehaussent agréable-
ment l'effet ·; une troupe ,.de jmne:b.s paissaie~t
au milieu de ces prairies avec leurs poulains.qui
'prirent la fuite à l'_aspec~ inattendu de notr~.
tropa.
On voyait sur les 1isieres 'du bois des arbres
-de vingt à' trente pieds, dont fes fleurs i~di
quaient qu'ils appartenaient à la syngénésie. Les
espaces boisés alternaient avec les prãiries , au
fond desquelles s' étendaient de peti.ts " lacs.
Parmi les nouveaux objets qüi attirerent notré
attention eh cet endroit, je citerai les 'cactNs :
de tons les ·cÔtés _ils s'élevaient . isolément ,
quelquefois à une graH.de hauteur'; leur tige
anguleuse et épineuse est ligne-q~e à ~a partie
8o .VOYAGE'
inférieu.re; on y recoJ1na1tencore les.vestiges des
angles qui les distingu~nt dans leur jeLlne ~ge , ..
et on reconnatt plus distinctement les années de
leur croissance à leurs-branches étalées comme
des girandoles ·: dans ce . momeht elles étaient'
surclíargées de fruits, arrondis. ·Ce cactus p~
• I
rah êtr~ hexagone ou octogone : il ·porte de· -
tres-grandes fleurs blanches à l'extrémité snpé- ,
rieure de ses rameaux. ·Ses fruits ·sont ·dévorés
avideme:nt par upe· espece de perroquet nm~
encore décrite : c'est la perruche à ventre oran-,
I, •
AU ·BRÉSIL .
\
AU BRÉSlL. 83
et qui sont remarquables par leur heÚe couleur
de rose.
Tous ces oiseaux, extrêmement farouches,
s'envolent à la premiere vue de l'hon;une, puis
vont se poser de nou"Veau dans les herbages,
au milieu des breufs et des chevaux ; ils n'ont
r~en à y craindre ; le vaquei:ro , sans ce~se Em
mouvement sur son cheval, les dê range sou-
vent, mais ilne leur tire ' jamais de coups de
fusil. lls vivent familierement avec les qua-
drup~des qui paissent , et cherchent à leurs
côtés à tirer leur nourriture eles prairies et des
marais ; ils ne fuient que l'homme, qui , dans
toU:te la nature, se montre comme le tyran 'le
plus cruel pour trouhler leur paix et leur
harmome. . ' - '
·En avanç~nt alternativement entre le~ prai-
ries et des touffes de bois, on trouve }g pays
toujours plus olivert et plus uni. Les vastes pâ-
turages du plateau élevé sur lequel nous voya-
gioD:s en ce ,moment étaient échauffés . par le
soleil dll · midi , dont les rayous , réfléchis
par des pierres nombrenses, étaient d'au-
tant plus ardens. V ers le soir nous atteignimes
Anjicos , vieille maisqn en ruine qui avait été
bâtie dans les bois à peu de distance_ d'un lac.
··.
84 VÓYAGE
Le ~apita~ F errei:ra, propriétaire de c~ pA.th:..
rage, y avait demeuré autrefois.
c~ canton' est connu comme le dernier
. . '
~'
ou.
le· \
. 1\ ·~~
\\
. . i
(1 ) C;·otaluS"loriflingii et C. aumanensis. Voyez Zo~logie.
ou An,atomie compatée, tom. II, p. 1 ,~
'\
',.
·A U B.R ÉSIL. 85
·. 1/
tioh ·= on examina Ia róute e1ue le troupeau
. ! ' \
'-·
86 VOYAGE
En quittant Anjicos je parcot'lrus quatre legoas
avant d'att~indre Varechi, fázenda de bétail qui
appartient à M. F;.erre1ra. On rencontra d'abord
ele vastes pâtur~ges 'unis; leur surface était en:-
treçoupée de buissons, et dans ce moment cou-
yerte d'une herbe haute desséchée. L'reily cher-
·c hait vainement up point agréable sur leq~ef il
put S(t repo~er avec plaisir: :Oes arbrisseaux gris
· . et ve_"rt .foncé, et qes cactüs isolés s'élevant de
tous côtés eü girandoles, ne contribuaient nulle-
ment pa'I' leur aspect ·roi ele à dopner au paysage
un air animé. Nous parcouri01\ts eles prairies i~
m~nses qui n'avaiynt ele bornes que l'horizon, et
daps lesquelles . paissaien~ .les ·chevaux et les
· ba,eüfs, tourmentés au milieu du jour par eles,
e·ssaims inhnmbrables de mouches à,.. aiguill~ms
( mutucas ) ; ou ·bien nous travei'SII!ms des bois
.' ' ét def pIames
pe}i. .e'1eve.S, . . cou~erles
· . 'i,une h·e' rb e
\~·
cor-rte et de bea'\lCoup de p1erres. Nous aper-
çurues pour la premier~ fois "cl·ans ces ~aines le
piq eles champs '{I) qJi1 n'habite que le~~haúte~
cha1nes de l'intérieur du ~résil, ,et occupe pres-
qule toute la largeur ele J'Amériqu méridionale;
' l . '\
. '\
· (\) Picus çampestris, le charpentic;r. des champs. V oyage
·.~ ~ '
d'A!zara, tom. lV, p. g. ·~ \ \ '
, I
i\
AU BRÉSIL,
c'est Azara qui.l'a ·d écrit Ie · premier parmi les
oiseaux du Paraguay. li se nourrit principale-. .
ment determites-et·de tourmis, qui sontextrême-
1nent nombreuses dans ces plaines. On y ren-
contre, clans les ·forêts et dans les pâtürages, de
grands terti·es coniques el'argile jaune qui ont
souvent cinq à six pieds de haut et qui sont l'ou-
vrage eles termites. Dans les terrains ouverts ou
campus, leur forme est ordinairement ·un peu
plus aplatie ( 1 ). Des nids semhlables, de forme
arrondie, et ele couleur brune nài1:e, sont sus-
pendas aux grosses branches des arbres, etchaque
tige ele cactus ensuppo~·te un o,u plnsieurs. L e pie
eles champs se pose sur ces nids e~ les· frappe de
a
son bec : il est tres-utile ce canton en détrui _-
sant les insectes nuisibles , qui en Brésil sont les
- plus grands fléaux de l'agriculture. Penda~ que
ces insectes destructeurs établi.ssent leu.r galerie·
sur la terre et au -dessous de s1:1 surface ; pendant
que du fond de la terre ils les condu~sent jusque
sur 'les parois eles ha~tations hurnaiaes, ils sont
dans ces lieux poursuivis par eles ennemis llOm-
breux. Les .tamanoirs ( 1 ), les pies, les'myothercs
go. VOYAGE -
le v~tement de cüir qui est indispensable pour
ceux-c1.
La situation de Vareda au milieu de vastes
prairies unies , entourées de collines à pente
douce, et convertes de catingas, et ou en quel~ ·
ques endroits s'étendent les étangs fréquentés
par les jabirus, les touyouyous, les curicacas ~
et la spatule rose, n' esr pas désagréable; mais
ordinairement les vents y sont tres-incommodes .
.Dans toutes les plaines du sertam, plus on s'ap-
proche des 'ca~pos geraes de Minas, de Goyas
et de Pernambouc, plus I' a.i r est purifie fré- "
quemment par 1es vents, parI conser1uent,, d'es
qufon a passé-Barr-a:..da-Vareda, il n~y regne plus
de fievre, et le voyageur, accoutumé' à la cha- ··
leljlr, trouve que les vêtemens légers qui jusqu'à
pr~sent lui ont suffi ne le garantissent pas assez
d~ la fra:lcheur le matin et le sair, et.\même pen- ·
dai1lt .le jour ne sdnt pas assez chauds Aussi des
notre arrivée ~i V~reda avons-nous ~essenti des
' A
SJl:p.pt~mes
i , mais qm• d'1sp~rurent
de catarrue I •
.-
(r) Azara, P:oyage,'tom.IV;p . 55!.
(2) Caprimutgus diurnus 1 ois_eau court et gros avec une
grosse tête; longueur de la femelle, dix pou'ces deux ligues;
envergure des ailes, deux pieds trois pouces ; i ris bt·uu de
café; parties supérieures agréablemt;nt m élangées de gris bruu ,
de jaunâtre roux et de bruu noir ; ~randes taches bruunoir
à larges bordures janue roux, et parsemées de petits points
de même coulet!r sur la tête; plum,es ~capulaire.s tachée~
de m ême; les taches foucées out un eu.tourage jauue roux :
raie jauue clair presque iusensible al_t-dessus de l'reil;
menton jaune pâle, rayé transversalemeut de gris bruu ,
large tache transversale blanche sur la gorge; cinq pre-
miares plumes des remiges bt'un no ir, avec une baucle tra~s
versale b!anche sur leur milieu ; queue matbrée de bruu
no ir et de jaune ela ir avec neuf et jusqu'à dix bà ndes . vans-
versales tàcbetées de brun noif'; dessous du cou e L haut de
la poitrine agréablemeut marbré; toutes les antres parties
inférieures blanches avec des ligues transversal es gris hrutl
pâle ; mí!ieu du ventre·, blauc nou tacheté.
gz VOYAGE
plus]eurs plantes intéressantes. Up granel nom-
'J)l~e'd'oiseaux chantans anima1ent de nouveau les
halliers, entre autres le sofré ( 1), espece de loriot
qué.nous n'avionspas encoreaperçu, au p;lumag~
.o rangê vif, mêlé de noir: le chant de ces oiseaux
est extrê:i:nement agréahle par la diversité et le
changement eles tons. ,Perchés en granel n~mbré
sur un arbre . dont le feuillage était touffu, Üs
offraient, .par le contraste ele leur coUleur av;ec
le vert, un coup cl' reil magnifigue.
Lá senhora Simoa, propriétaire cl'une fazenda
. à Tamburil, village çlans un ca~ton montagneux
1
ou nous arrivâmes le soir, nou's clonna l'hospi-
talité dans sa p1aison, située tres-~gréablement
dansI une forêt
.
boisée sur le Riacho-da-Ressaque.
On nous y regarda avec beaucoup, de curiosité,
' .' -, ~ .
paree qu on nous assura qu on n avaitras encore
vu d' Anglais ; mais nous ne manquâmes de rien,
I ' I 1)
et or nous logea avec quelques voyageurs bré-
silieps clans une gt ancle chambre ou nous sus-
. \ L
· pendtmes nos han'l.acs. <Qliland ia nuit cqmf'ença
tous les commensaux _de la mais~n se rassem-
blev.fnt, suivant l'usage de ce pays} pour chanter
lés litanies; car dans ces fazendas 0~1 habita~ions
J.
(1 ~ Oriolus Jamacaii, L.
,,
~
AU BRÉSIL g3
. .
solitáires il y ~ .ordina~r~ment une chambre ou
se trouve une caisse ou une armoire c1ui ren-
1
ferme quelque~ images de saints; les l~abitans
s'agenouillent devant"ces images pour faire l~urs
dévotions. Je n'ai ,pas entendu parle~ ici ·de
prêtres crui vont ele côté et d' autre avec tUl autel,
comme Koster en a trouvé dans le sertam de
. Séara (1 ).
Pour aller de Tamburil aux frontieres de
Minas-Geraes, on traverse un pays âpre, uni-
formément couvert de catingas, un peu monta-
gneux, ct entrecoupé de ravines. On suit le
cours du Riacho-de-R~ssaque en remontant par
une route qui est d' abord tres-agréable, ornée
d' arbrisseaux croissant à 1'ombre, et habités par
de jolis colibris. Le ruisseau fait plusieurs cas-
cades, et répand une frakheur. qui nous parut
délicieuse; car la \.chaleur était considérable· et
le chemin 'en partie tres-pénibl~ . pour nos bêtes
de somme. Là varié;té eles fle'ur;; qui nous en-
touraie:O:t comP.ensait, amplem~r:i.t l~s petites
fa~igues du voyage. Parmi les heaux végétaux
que je reneontrai je me bornerai à citer de
VOYAG:E:
superbescasses, çlont les grandes t0~1ffes de fleUrS
_ orangées répandaient une odeur balsamique(1)-;
de~ grenadiUes à fleurs violettes et rouges, mais
inodores, et une plante grimpante à fleurs d'un
rouge foncé (2), qui en s; entrelaçant dans le
sommet des arbrisseaux au-dessu,s de nos têtes
formait une 1 allée couverte. L~s huissons d~
mimosa afeuillage délicatement et finement dé- •
coupé étaient tres-incommodes dans les sentiers
en parti~ impraticables, en couvrant di leurs
branches·épineuses l'argile jaune ou rouge qu.i
fQrme ici la surface du sol et qui était dcsséchée
par le soleil. 1 - •
( 2) , Mus pyrromuws.
·'' ' R at d es calmgas:
. \ ' I .
~~1eue lres- ougue;
· gross~ur d'un lérot'; corps gris bruqiÚre sal~,·, à peu pres de
la couleur du hamster; région v~isine d~ nez, ·grandes
oreill,es peu' velues, et cuisses, d~n,s le votsihage de la queue;
roug~ brun. · . \\ \ \
.
'
Ab ERÊSít.. 91
tl;honimes de couleur cultivent 1,:ni tei·ra~n situ~
· stu' ul.1e hauteur en pente douce, Et éntoutée de
carascos ; ils élevent aussi eles bestiaux. Les buis.;.
sons morts qui borneht l'horizon de tou's les
côtés domaent à ce CàJrtÕn 1;1'11 aspe~t d'une .
uniformité extrê:inement triste; lin ,agavé et
quelques orangers tépandent seulement un peu
de gahé aupres des caba:nes des habitans. Dan s
cette contrée cl'un a~pect hrorne
on ne voit
qu'un, tn~s"'petit nombre, d'anim:iux; le vir;;..:.
boste ( 1), au plmnage. violet no ir brillant êt à
gorge rouge, vivifiait seul ~I; quelque sorte les "
forêts de buissons desséchés. On nous fh l~ge~·
dans une des cabanes : elle était infestée pár
les marimbondos : ils s'occupàierrt ~. construire
leHrs·nids dans notre cbambre, p€rsonne n'était ·
en s~reté contre- leur aiguillon. Nos nmlets··
mêrne' qui paissáient à peu de distànee/ prirent r
(: 1) Tan~g1:a bonariensis.- .
in ..
!
\'
VOYAGE
'
en vergure des aile's , neuf pouoes huitl'i;gnes: il i!~ssemble assez
I
- ~
I I·
AtJ BRESIL. 99
fuets ies pius hauts des buissons ; oh irouve
surtout ici beaucoup d' especes de moucherolles;
et les especes les plus grosses qui ont d ~ l'affi-
nité avec eux, que Buffon a nommées hécardes
et tyrans, et Azará suiriti. Les bécardes y
sont plus t'ares que dans les provintes plus
hasses (1).
Le terrain s'abaissé de plus ên -plus jusqu'à
llha, et les arbrisseaux diminuent aussi de hau~
teur dans la même proportion; jusqu'à ce que
I'on arrive à la vu.e des campos geraes, qui
se présentent comme ur~ monde nouveau. Des
plaines immenses entierement dénuées de fo...::.
rêts ; ou bien des collines à pentes douces qui
se prolongent en chames , et qui sont convertes
I
,.,
../ti, .••
..
...
V9YAGE
et les steppes de l'ancien .monde en sont en..
core plus dissemblahles. Ces càmpos geraes ne
sont :pas p;:trfaitement ~nis ; leur surface offre
alternativement des hauteurs en pente douce.
et des plateaux, .aussi leur aspect ~st-il uni-
forme et inanimé'' su,rtout dans la saison seche,
Cependant ils ne I sont pas aussi nus que les
llanos et les. pampas' et moins encore que les
steppe; de l'artcien monde, ear partout ils sont
tapissés ,d'herhe qui soqv;ent s'é.leve assez hê_lut;,
de petits arbrisseatlX couvrent ordinairement
les pentes et quelquefois des plateaux eatiers;
~ :par .conséquent les :rayons du 1soleil n'y pro-
1
duisl:mt pas des effets aussi viorehs que dans les
llan~~s , et l'on n'y éprQuve 'pas non plus les
vents secs et étoutfans ni les 'to-urbillons de
1
·•
AU BRÉSIL.
/
..
VOY.AGE
VO:YAGE
des fazendas isolées et situées à. de gTan·d_es dis-
tances l~s unes des âl1l.tres; on y cultive le mais
et d'ál1l.~res végétaux ; mais l'éd,ncation du bé-
- tail fo~me toujours la branche principale d'in-
dustrie, q~oique le nombre des _bête·s à carnes
de ces .cant~ns "ne soit nullement comparable à
~elui qHi .se 1irouve dans les llanos ( 1 ). L~s V'a-
ohes ne do:nnen~ qu~ pel\1. de lait à cause de la'
sécheresse des pât:urages ., de SQ)rte que :nous
avio:ns beaucoup de peine.à nbus rrocurer pour
de fargent cett:e boisson· si ~gréable · pour un
AHemá:nd. On-éleve i.€i! un Wiind n linnbre ·d e.
;1 chevau11., et les ha'l\útans ne s0:f:tentde ehez eux
qu'à cheval: :i1 est tres-raFe de voir _quelqu'uR
1
'' ' \ \\ ~-
( 1) Humboldt'. 17o!)'age au noupeau contlnw~t, tom. li,
chap 1 xvn. '. ' :~,
~' '
' il \
·~· '"'
-'
AU 1HlÉSIL.
d.ans le sertam que ' les peaux passées de cette
maniere sont tn3s-souples, mais oi1 prétend
qu' elles ne se soutiennent pas plus_d'un an, et po:u r
les rendre plus dlirables , on les frl9tte d' abo.vd
;~.veG du suif, 'et ensuite avec de la cervelle.
, Le commerce de Minas avec Bahia se fait
ici par difierentes routes. De grandes tropas· de
~oixante à qL~;atre-vingts mulets et même plus
wont et viennent sans cesse pour transporter
les marchandises , su1'tout le sel dont on man- ,
que· elans Minas. Qn (lécharge les mulets à
v alo pour subir· la visite, puis on suit orelinai-
. rement la route le Jol!g eln Rio-Gavião. La vu.e
d' une ele ces·tropas est [ntéressante. Sept mulets
- composent UI! lCJt qu'unhomme.conduit, charge
· et soigne. Le premiet âne de la tropa a uh har- .
nois batiolé et garni de nombreux grelots. Le
mattr·e de la tropa est en avant à cheval ayec
qlielques-uns de ses assnciés ou de ses 'aides;
tous ·sont arnités ele l01ilgHes épées .e t v.êtu.s de ·
bottes de cuir brl!l!nqui montent tres-haut. Leur
tête est converte d'mi chapeau ele {elil:tre g,ris
blàrrc . Ces tropas inter:rompeht quelquefQis
la triste unifonr.tirté de ces cam.pos.
On rencontre peu de créa'tqres humÇ~ines el~ms
cette région; en revanche ~a . grande qtlan~ité de
ro8 VúYAGE
. bêtes sauvages et de végétaux fait bien vite ou-
blier ses grossiers habitans. La nature de, ces.
campos gera~s differe tant de ~elle de Ja I~é
gion inférieure de la côte maritimr, que le .Í1atu-;.
r"alist~ y trouve ~ s~o~cuper lon&-t~mps qúand ·
il y emploie le loisir n~cessaire. Plusieurs oh- ·
jets curieux étant épars ne se rencontraient
qu'áccidenteHement;
.
ainsi on ne peut les Írou- .
ver que peli à peu : quant _aux vaqueiros; hmnmes
agrestes' indolens et uniquement occu pés du
·~oin de leurs 'bestiaux', on ne peut attendre
I ' '
aucune mde de leur part. Ce n est qu a;.vec peme
• . I ;
1
qu'pn parvie~t en ~e,s payant bien à les fai~e
all~r à la chasse. Eloignés de toute, r>rétention ·au. .
r
tiwe d'hommes instruits ils regardent l'étude de
1
o
VOYAGE ;. I
des vallées; on les chasse l'u.n i'autrê avec'tie&et
chiens, ej: 011 'e n tire le mêú:1e parti qué de!§
autres especes. On raconte que le grand ·ce11f,
. mais je n'ai pas été té.tnbin du fait, lorsqu'il a
été blessé, se pr~eipite sur les chasseurs ; c' est
ce que font souvent aussi les cerfs d'Europe ·
qnand ils sont en nít. Cependant ' on n'aecoiJcle
pas ici aux animanx; du Brésille degré d'intel-
ligence qui est attribué aux ee'rfs d'Eutope dans
un ouvrage publié récemment (I) ; on prétend
·que lorsqu'ils sont blessés ils saven:t trou;vér de~
herhes sa]utaires et les mette:nt sur leurs bles--
1; sures. Il est difficile .que nos. thasseurs d' Alie:_
m~tgne aient jamai~ ~bserv& . ·une i1gelligenêe si
mo~rquée ou ·un instinct si judi!i!ieux chez les
bê tes fauves .
1
~ - . I • ',, \
\ \ I
' ' AU ;BRÉSIL: I 1"1
•
l:i! VOYAGB
selle!), c;est pourqu~i la f~rp.elle es~beáúcbüp
_plus cpmmune. 'Cette espece para h se disting.u€i'
dÚ mycetes - belzebul surtout par la différenc~.
de couleur des deux sexes, çar chez toutes dé'ux
là fem,elle ·est d'un ncàr brun. Ces singes, ne vi-
vant que dans les catingas, ne peuvent pas être
considérés proprement .c mmnê animam;; des,
campos. En revanche ces p'laines ouvertes ré-:-
elament à bon droit le grand tamanoir ( l) o~
tmnandt~a bandeira, cavallo qes B~ésiliens, que.
ron y rencontre fréquemmertt. La grande quaiJ::-
tité denids de t~rmites, tellementrépanduspar-
tout en terLFes aplatis dans -le \, ~ampo qu'ils ne
, I
sont éloignés les uns des autres que · de dix à
vingt pas , offre une nourriture ãbondante _à
cet1 animal; il creuse avec ses ongles lon.gs ec
recourbés un trou dans ces nids; les petite~
ch ouettes s' en serv;ent ensmte . po ·1 y _d..epose:t;:
1
'
' I
lêurs ceufs. 1 \
'I
( 1) My rmecophaga jub ata , I ..
(~) Rltea americana .
•
'-
AtJ BRÉSIL: u3
qui est l'autruche de Í'Ámériqü~, est ti:es-com-
mun dans les campos getaes,, ou on le chasse
rarément. Une femelle,ayeç quatorze petits qui
étaient é elos depuis· síx mqis ' vivait tranquil-
lement dans le voisinage de V alo. Pers~:m~e ·
· ne l'inquiétait: il ' fallait que des Eutopéens
avides arrivassent polir troubler son repos et
attenterà sâvie. Cetoiseau, étant défiant et tres-
fin, évente la présence .des chasseurúnême tres-
éloignés; il fàtrt · donc use r de bea ucoúp de
préeauticin pours'~nempat·er. Ala courseil fat~
gue un cheval parce qu'il s'enfuitnon en suivant '
une ligne droite ; ma~s en faisant de nombreux
détours. Quand le nandu, avec sesquatorze pe~ \
tits qui avaient atteint' plu'S de la moitié de leur
grosseur, se 'montra pour la premiere fois~ apres
que · nous l'avions vainement attendu depuis
plusiéurs jours ' trais de wes 'ch~sseurs se ini..:.
rent at~ssitôt en embuscade et on póursu~vit les
nandus de leur côté ; mais les oiseaux fur~nt '
aussi fins qu:eux et ne se laisserent p1:1s trom..:
per. Le hasa:rd amena dans cet instant, un v,a-
que'iro à cheval et bien armé qui résol~J t 'aus-
sitôt d' attraper les nandus ; il commença par
suivre lentement la troupe, puis courut au grand
galo.p , et par diverses attaques il réussit à tuer
• ' ! \.
· UI. 8
'VQYAGJ);
...
un de§ petits t:;ll ~ilt1ti3rnt avec pl~o~nptÍt'qde à h~
çle sçm cqev<Ü·.· Up coup bie.n dirigé aveG çlu
gros p.lon~.b, abat\it le plus gro~ de çe& oiseat;t!Ç.
No'f!S re~10uvelâmes fréquemm~mt CliJttl~ esp.ec~
' de cha,sse, et -qn dç ~nes chass~unh vers I~qu.el_
OP.. avait faitallertrqis nªqçlus,, ep. tva u.n vieq11;:
c' é~"!it l-1P.e fGil!ell~ ; ç]Je !l!v~j.t quatr:e pieds ánq
po.~ces de longlJ.e-qr d~plli~ ]~ p'o~nte du bec iu&<-
·qu.,,~ ]', çxtreJAI~(j;
. ' . , d e l,a <J,uev.e~
. e li sept pH~
. ds d' e~. .
vergare; el~e pesai1 GÍJlq:t~aqte~si'lf l~vres ~t qe-
~ie. J~ trouvai cla11~ ~;!).· e~tomac. de petits.coç'o~
e.t d' ~utres fr~vts. tr-es-çl,lJ.rs, 1 e t t:o.utes sortes
11
(!.'~~rb~s, des re~te,s de ,ser;p,ens~ d,e sa,vtere1les, 1#-
g'a;u tres: insgctçs. La. cha.ix dq, llllJ.P.du a 1lcl). fq...,.
n~et u);l pçu d,és;;tgré~l~ , ~' tl,e" 1\e, i;im11g1e pl\s ~
6~ dit qu' elle engra:issç pç~uco-qp les cb.ie.us~
Qnt emplqie çl,~n~ . çe~ G:a;:Q\.9ns s.~ :g, at1. passé.e. ~t
1
teiyte .en.noi~ à .faiÇ,~ q~s ~vê,tres ~r· ~~~.q?ell~s·
on vmt . ep.c9r~ Pf. phç_e. dQs ~lUI;Ile ·• Qll fa?tt
de:r bourses ave,<; 1 lª)q:pgqe'l Beaq. d .' co;Q<; les
. re1~s coupés par ' lG rniJ.l,e~, s,erye~t d,e ~.. ~}llS· qy
de pttes, et ~ep .plm;g_ers, d, eyen a1l~·· . _
-ke ç~rÍG!U~ ( ~),, ~Jl~t:<t c(?,eap. ,e_~..-~romp,t ~ ·~~
=-~ . I
.\
\
(r) On en trouve la mei!Íeure 1gure ifuns le tom. Xrii'.
des Annales du muséum d'histoire ,"eaturelle de Paris i c.e-
pendant elle n 'est pas extrêmement fidele.
I \
(il) Gypogeranus Q.fricanus..
I ~ '
AlJ BP..ÉSIL. ll7
longues et helles plumes qu'il redress~ à la IlJ.Çl-
niere du hérond'Europe_, sonbec est d'un roljge
de carmin. Ses ailes SQnt conrtes et faibles, mais
ses longues jambes sont d' autant mieux appro-
priées à la CQ~rse. Sa chair, dont le goút res-
semble à celle de la poule, est tres-recherchée;
mais ce n' cst pas ce c1uilnifait faire la chasse. Mes
I '
cbassenrs, c1ui poursuivaient cet oiseau avec une
ardeur particuliere , en trouv~rent à la fin de
février un nid sur un petit arbre .du campo. ll
était en petites branches d'arbres, et enduit en
terre. ll coritenait deux petits. V oulant pren-'-
dre le pere et la roere ' les chass~urs . se cache-
~ent dans I~ voisinage de l'arbre; mais les oi-
seaux défians ne se laisser~nt pas tr.omper.
Les campos du Brésil intérienr ont beau-
coup a'autres bea'ux qiseaux, entre autres le
granel toucan (1) , une grande quantité d'oi-
.seaux mouches , di verses especes ele tangaras,
et plusieurs ~utres encore ·inconnus eles natu-
ralistes , par exemple le piam piam ( 2 ), l'oiseau
~ ~) Ral!lpi'l(Lstqs to.co, L.
(2) Coruus cyan.oleucus. Longuen.r, treize pouces cinq
l.ignes; envergure des ailes, viugt-deux }Jouces quatre ligues.
Sur le fron.t, tou:ffe . de plumes étroi tes , longues d ~ n ~ uf
li~nes et de mie 1 recourbées llU arri ere 1 et ·bieu d.ist\nctes de
·-
VOYAGE
1nouéhe eoPBl~ (1), l'oiseau mo·uche à collier
129 VOYAGE
çhouette du campo(l) qui place,s.on nid à tmTe '
Çlans les cabanes des termites.. Le grand toucan,
dontles mineiros ~mploientsouvent le bec x;ouge
~t colossal pour se faire des poires à pol,ldre ,, ,
se trouve principalement dans les endroits. ou
il y a des plant[t~~ns. d;e goyávier~ .voisines des.
:Ql~isons ;. m9is il est ~re~ qifficilv à a,ttra.p<;r. ·
Je trouvai à Valo un sous.,-officier qui était
u» peu instruit et qui me donna beauooup de
~.
I
I·,
AU BRÉSI~. 1-2r
~ .
détails sur sa patrie. ·ll était un des de'u~
soldats qui avaient accompagné M. Mawe dan s
son, voyageJ à Tejuco. Bórné uniquement à sa
société, je passai 'h uit jours à.Valo par un ténps
.rude et désagréable, mais bientôt le ciel s' éclair-
cit, le thérmometre monta beauco~p f et la cha...·
leur dev}nt tr~s -forte. A midi le •t hermometre
' ,de RéaU:mur au soleil s'élevait ·en qúelques mi-
nutes à 3o degrés et demi, et à l'ombré, dans
une maison ouverte et exposée ' au vent , il se
· tenait à ·w de-grés. La chaleur ,était. d'autant
plqs accablante , q1:1e par l'-absence tqtale de
forêts et d' ar.bre~ on restait toute la journée sans
;mcun abri ·.au delrors contre les . rayons du
$dleil. En pe!u de jours l'herbe et les plantes
1 devinrent comme brúlées, et les. mt1lets furent
' .
au dépom;vu pour se nom:rir. Lesnandus, qui'par
le mauvais temps s'é_taien,t r; rement montrés ;
part~rent fréqueJ!lment. J'obtins ·ainsi uíi troi-
sieme individu de CeS gros ' OÍseat'lX. Il étàit sÍ
lolll:d qu'uH -hóqune ne pouvait pas ·le . porter,
On passa une j~urn,ée entiere à r accom:tnoder
po"~J.r .s~rvir de nourritU:re à. tout mon monde~
Nos excursions de botani<Jlile nous fournirent
aussi u'n butin -assez considérable. Nous trou-
-y~mes :plqsieurs :plantes nouvelles, entre atltres
r
VOYAG:t
de jõlis mimosa tres -. bas , orp.és -de tout~
fçs de fleurs blanches et roses, et _. un autre ·à
flears écarlates. Mais je .fas trompé dans Ihoii
esgérance de rencontrer le seul des arbres du '
Br~sil ·qiii ressemble au sapin d'Eurepe, l'3:rà-u~
caúa, que ron rencontre dans Mina~-Geraes
ei dans d'autres parties élevées de l'intérietH·
du p~ys (1). Les arbrisseaux fleuri& du Can:i·po
étaient remplis. d'une quantité inriombrahle
de colibris et cl'oiseaux mouches. On a Ctl:'i
que ces jolis oiseaux ne se nourriss~ient <'j1le
du ' -miei eles fleurs ,· mais on a t·rouvé diafus
\\
,.
tres-rliverse. La partie ,qui est d~c·rite dans l ~
relation d~ .~on voyage Femporte ·sur les 1}~
tres pour les av.antages du climat et clu sol .
. · Elle peut généralelll€nt .pa~ser po.:ur f~rtile ,
car dans 1~ ·plupart d.es provinces la ehaleur et
l'humj_clité- sont réunies en prop1Drtion convena·
' ble. Jies pay~ h~ut~ souffreni ·:Seuls du man-
q!le d' eau dans la saison sêche , mais le& fort~s
rosees compensem JUSqu a un cert.alll pomt cette.
f • • ,, J •• ..
\
I ~-
. /
AU BRÉSIL.
/
, VOYAGE.
et janvier cru e regrte'la p1us grande .chaleur. A ti
reste, .ces _saisons di:fferent suivant les ·di.versel'
provim:es , et suivartt ffdelles so:uit plus septe~
trionales ma pllis JlH~tidionales : on a vu danS"
certaines années la pluie tombet à péine pe:ri~
dant six, seN'laines de suite , quelquef0is il 'pleutr
beaucoup ~lus Iong- temps : .tcrutefois 'O:n se
trqmpe ·beauc<Jtlp en ~·s'imagiúant qu~ du~an~.
tput ce t~mps ]a pluie tombe tous les joms sálil&>
diséontin.uer.
ÜJ,á a gé_n éralement en Entope lime idée asse~
inexacte de ces pays'·lointains~ 10n peut surtt>ut
f I en rejeter la faute sur certains voyageurs ;,CJl:ll
I. • I I I·
1\ ~ . J~
\
\
.';~
\\
Aú :SRÊSIL. t21
dont on veut retraoer l'image ? On applique à
l',~~semble éles traits :qu~ ne conviennent qu~à
ses diverses par.ties. Comn~ent peut-:..on, pav
exemple, supposer 'que toutes les parties d\1;11
pays aussi g~ancl que le Brésil se ressemblent;
puisque chaque province ofli'e quelque particu-
larité ,g istincti ve ? C' est ainsi qu' on trouve dans
plus d'un livre q~'au ·Brésil qn rencontre par-
tout eles fougeres arborescentes; en g:énéral on
exagere ~rop la beauté clu pays ; 011 parle de
siJ?-ges qui ..caépiettent et' qui ricanne11t; d'oi~
. seat}:1i: chantan~ qui bab~ll~nt; d'orangers qui
croissent dans les' f0rêts; d'agavés qui polilssent
s:~,1r les arbres.; dé toutes sortes ' de prop:iétés
a)lsurdes qn1 di~tmglilien1J les serpems·; oír faii
des tahle~u~ exagérés eles forêts : e:n' effet il eSit
ral'e de r€ncontrer r:énr.lis t0us.les ohj:ets ~gréa""
' blé ~t i~1.téressams de la maniere que l'itnag:ihe'- i
. h~a,\l-· /
\
VOYAr7E
'""""~~""""~lNW""'"'~""""'~{,..~'\I""'"lNW '
i ~ t.
C.HAPITRE XVlt. ~
., '
Ji. ·
AU BRESIL. •'
I. .
·•.
VOYAGE
Lanature, anitl1ée, toujours .b elle, toujours ac-
~tive et variée offre ici un contraste frappant avec
la grande masse des habitans qui sont aussi gros-
siers etaussi igBorans que lebétaüauqueljls don-
nentleurs soins assidus, ét qui est l'uníque objet
de leurs pensées. On peut effectivementqualifier
les vaquei:v~s d' lzommes de c uir, car de la tê te
aux pieds ils en sont r"evêtus. Leur chapeau rond
de cnir leu r ' sert en cas de besoin d' assiette et
de gobelet; leur vêtement, que ·souvent ils ne
quittent p~s pendant"'long t~mps, ga~antit leLir
·c orps des a•rbrisseaux épineu~ qui .re1úplissent
ies sólitudes ou ils sont oblig~s de passer u~e
I
grf\nde partie de leur e:iistence IDOJ!Otone pour
gar;cler :let bétail et le prendre de la maniere
q:uf j'ai ~déerite plus haut : elle met tre~
-quyn1ment 1eur vie en danger. lllco urentl).10ins·
1
d e' pen , "l a' s' emparer cles cl1evamx:. : on ras-
semble leurs "'t ro 1pes et on les pou~se dans le
co1,I·al. eleve
• ' pres
\ I de la faze p.da et en, '
·~ure de
"' '
- ·.
AU BRÉSIL •
. s'avanfe au milieu de I'espace et fait courir les
chevam; en ·cercle autour de lui; le lacet est'
«l . \
une ongue C@UlTOie pourvue a une extrem1te
f • ,
AU BRÉSIL.
troupes d;ennemis ; máis ori h e les ·ci:mnah pais
dans le sertam.
Si ~es occupations des vaqu~'iros sont p'énibié~
et fatigantes' ils passent en revanche le resté dê
leur te;n1:>s dans l'oisiveté en gardant leurs t'rbu:
paux; ils dorment ou ~e reposknt toui:e Ià
journJe,. ·Martger et dor:m:ir sont let{rs uniques ·
di$tractions. Leu r nourriture est su:bstan tielle;
ils vivént de lait que l'on emi)loie soit pour la
consommation des hommes et desanimaux, soit
pour la Jabr:lcation eles fromages, .e t que l'on
ne vend jamais ; ils mangent aussi de . la fa-
rinha et de la viande seche. Voici ~omme on
prépare cette viand~; on ne sale pas la chair du
breuf, on la couf>~. enpeúts morceauxquel'onfait ' ·~
~
\·
\
"
AU BRÉSIL.
sécgeresses coútinues peuvent seules lui causer
du tort. Au reste les profits de I'éducation de~
bestiaux pourraient être bien plus Ímpórtans
da1~s ce pays, si les habítans ne tenaient pas
obstinément à leurs anci~nnes habitudes-, s'ils
s'occupaien t d' amélío~·ations ou s'ils cherchaien t
à connahre celles qui ont été introduites dans
d'autres pays dep~is long-temps.
C'esí un coup d'~il Íntéressánt que célui de\
ces p~turages immenses couverts de breufs et
de chevaux entre lesqu,els se promenent tran-
quillement toutes ' sorJes de gros oiseaux. Les
taureaux, pleins du sentiment de leur force ,
exercent leur domination sur les tro~1peaux .
Chacu'n a son terrain qu'il défend en mugissant
la têtebaissée, et frappant la terre du pied ap-
pelle au combat son voisin qui est son rivaL
Qu~lquefois ces fiers animaux se rencontrent, se ,·
battent pendam des'-'h eures entierrs; le vaíncu
cede le champ au vainqueur. Le bétail dlil ser7
tam est de grosseur , inédiocre , charriu·et ro-
buste; les taureaux ont les cornes plus grosses
que ceu~ d'Europe et le flocon du bout de la
queue extrêmement touffu; leur, couleur est
bmn nqir ou gris jaunâtre sale. On éleve aussi
YOYAGE
dans le sertam eles cochons qui dorl;nent úne
grande quantité , de lard.
Une eles principales occupationsdesvaque'iros
est de protéger les troup~aux contre les bête~
féroces. On connalt dans Ges solitudes trais gros
animaux de l'espece clu chat qui attaquent les:.
breufs et les ehevaux; ce sotit le jaguar ou ja~
guareté (onça pintada), le jaguar noir (tigre)
et le cougouar ( onça çuçuaranna) ( 1 ). L e pre-
mier et le dernier,sont les plus communs ; ,il . y
a deux variétés du. premie r, ·comme chez ,la
P anthere et le léopard de l'antien
• \l
monde. La
J peau de l'une a de même des taches plus nom-
breÍis~s et plus. petites ; j'ai eu la. pea1,1 ele ,cha-
cunf de tes vaáétés, sans av0ir'vu les animaux .
.
vivans. t
\
AU BRÉSIL. l3g
pensent que ie jaguar noir n'est qu'une variété
de l'once, il doit nécessairement appartenir à
la petite variété tachetée ou au canguassu du
sertam de Bahia ; car sur son pelage, d'un noir
foncé, on distingue des tachl's petites et nom-
breuses qüi sont encore plt,1s noires. J'ai vu de
grandes peaux d'un brun fo"ncé qui avaient de
petites taches arrQndies et pleines·; on me dit
qu'elles appartenaient à l'espece du jaguar noir :
ce qui me donne l1eu de pense; que ce gros chat
est d'une espece différente du jagpar tacheté.
Le cougouar, jaguar rouge, ou guazouara
d'Azara , est le moins dangereux· de ces ani-
maux, quoiqu'il atteigne à une grandeur con-
sidérable; il n'attaque que le jenne b~tail; tan-
dis que le jaguar tacheté ainsi quele jaguar noir
tuentlebreufle plus lourd et peuvent l'emport~r ~
dans leur gueule ~une tres-grande clistance. -Sou-
vent ils en égorgent plusieurs dans une nuit, leur
sucent le sang, et en dévorenVla chair plus tard.
On a l'habitude d' entretenir sur une fazenda
de bons chiens pour alJe r à la chasse de ces ani-:
maiu dangere·u x; on suit leurs traces san-
glantes qoancl , rassasiés de carnage·, ils se
sont enfoncés dans un hallier épineux ou rem-
pli de bromélia pour s'y reposer. Des que le
VOYAGE
jaguar aperçoit les chiens, il cherche à grimpe r
sur un arhre penché oblic1uement, alors on lui
tire des coups de fusil pour le faire tomber de
cette retraite peu sure ; mais la chasse n'est
pas toujours si facile ; les gros jagi.lars 'ne cé-
dent pas :ti pwmptement ·]a place aux chiens ;
souvent ils en tuent un ou éfeux , les emportent
et les dévorent. Il y avait dans le sertam, à peu
de distance de V alo, un gros jaguar tres-fa-
meux, qui ne fuyai~ jamais devant les chiens ..
Trais vaque'iros étant un jour allés dans la fo-
rêt pour chercher lçur bétail,l leurs chiens dé-
/ couvrirent en rôdant de côté et d'autre les tra-
ees Iencare fra1c
i•h es du 'Jaguar, et se muent.
. a'1e
poursuivre. Les vaqueiros manquaientde fusils,
armésseulement de leurs longues perches sem-
,. b1'ables ·a des lances, ils délibérere 1 s'il serait
rais~ nnable de pro fiter d'une occasion bien r are;
ils prirent ,ce~ part~ et marcherent ha~diment à ·
I'antmal qui se tenait debout ç\up. air Ihenaçant
au milieu des chiens egorgés. Le jaguat\ atta-
qua aussitôt, et blessa les uns apres les autres
les tro!s chasseurs; mais ils l frapp1erent à coups
r edoublés avec leurs perches, et lui donnerent
plusieurs coups de couteau. Un d'eux, moins cou-
rageux·, chercha à faire retrahe awes avoir été
\
AU BRÊSIL.
blessé. Le plus brave était déjà étendu à terre
sous les griffes de l'animal, alors le peureux re-
prit courage, l'animal fut attaqué ave.c une ardem'
nouvelle, et ~tué à force . de coups de perche .
.Les hommes, grievement blessés, eurent beau-
coup de peine le soir à regagner leqrs clemeures.
Jls ~ndiquerent le lieu" ou ils avaient si brave-
m~l1t cornbattu; OU y afia, et i' Ol!l y trouva le
jaguar étendu dans son sang et entouré de plu~
sieurs chiens morts. Cette aventure, générale-.
!llent connue cl~n~ cette partie clu set·tam , et
q~i m'a été racôntée par plusieurs l~ersonÍH!S di-
gnes de foi, pvouve q11e l'on avait tort d'accu-
ser de htcheté le jaguar ele l' Amér.iqne-méridio-
nale. Dâns les prerniers temps de la découverte,
oií les bêtes féroces étaient plus nombreuses
dams les cantons habi~és, on a. eu partout tles
ex~mples d'hommes attagués et égorgés par. les
jaguars, quoique ces sortes cl'a~cidens y fus-
sent beaucoup plus rares que ceux que l',on
raconte comme arrivés clans l'!nde et en Afr~
que. Plusieurs a.uteurs J pat· exe~nple le ·jésuite
Eckart ·( 1 ). ont rapp0rté des faits semblab~es.
.
'
•.
VOYAGE
Indépendamment des gmsses espece; '( du
genre chJlt·· CfUe je viens. de nommer, on en
trouve dan~ 1e sertam de;" Bahi~ plusieurs pe-
tites qui sont' d& même atré\ib~ement tachetées.
' J e nommerai entre antres ]e mbaràoay;t ( 1) ' ~~
.gato murisco . nmmné en, 'beau_cotlp d' endroits
hyra:ra (2;}, u:n autre à.pelage rc;uge :non tacheté
yraisem.kilablememt l'eyra ' d'Azaxa,, et eJttfin Q.n
quatri<hne d'une espeqe notJ.veUe auquel, à cause
'; ?e. sa longpe queue , j'ai' dom1é le mom de .fc.lis
ntacnoura (3) ..
'
La chasse des d•iffére-ns an~~nâux bons à man-
. .
~
."
AU BRESIL ;
invariablen1ent_ de la farinha, eles haricots noirs
et de la yianqe de l;;reuf seche.
Le genre de vie u1!-iforme qui attache le va-
que'iro à ses bestiaux, avec .lesquels il prend
sa çroissance et vit sans interruption , fait de
ces hommes des êtres grossiers, ignorans, in-
différens à tout ce qui leur e~t étranger , qui ne
se livr:ent à aucurie réflexi\)n sur ell\x-mêmes, et
n'ont aucun{! idée du res~e du 1;110J1de qui les
entourt;. Les écoles, les établisse~ens d'inst.rnc-
tion pour le peuple sont de~ chese's entiere-
ment inconnues dap:> ce pé:!ys , et I'on n'a pas
· plus pou,rvu à la ~ultJ.lJ,'e spir\tuelle de ces hommes
qu'à I~ conservation de Ieur existence par lesse-
cours . d~. la médecine. ll re~te epcore infini-
Ipent à effeçtuer ~t ~ · dési_r;er pceur ce vaste
royamn,.e faipleu,'l~pt:peupl~ : san~deuteun gou-
vernement ~ctif et porté à fair.eJ l~ '!?iep, cl~ ses ! •
AU BRÊSIL.
pous savions lire , écrire et faiee nos prieres ;
si nous étions chrétieús , quelle langue' nous
parlions : ils ne nous laisserent de repos que
lorsque nous leur eúmes ·donné eles preuves de
nótre habileté en divers g~n:ues . La promptitudc
avec laquelle nous écri:vions, nos livres à estam-
pes , les couleurs ef les dessins, de même que
nos fusils à deux coups qué nous leur montr~ .....
mes , tous ces objets exCiterent chez eux un
granel étonnement ~; ils finirent par avouer que
notre position étáit bien préférable à la leur ,
paroe que nous étions en état de connahre le
monde; puis ils observerent aussitôt d'une voix
unanime qu'il y avait clans le monde eles hommes
singuliers qui ne 1:e.cloutaicnt pas de s'exposer
aux fatigues et aux périls de si longs voyages ,
pour trouver dans les pays lointains de petits
insectes que dans ces contrées on maudit, et
ele petites plantes qui ne sont recherchées que
par les vacl1es.
Je restai un jour à Porcos pour m'y procurer
une couple de beaux jabirus ou touyouyous;
mais quoique ces oiseaux se tinssent constamment
sur les bords d'un lac voisin , nous ne pumes
en tuer un seul, c ar' ils sont tres-défians et
tres-fins. Au reste j'eus la preuve que ces grands
Ill, 10
•
VOYAGE
oiseaux 'vivent attssi de proie, eri ayant vu U;n
qui poursuivaitau vol avec une ardeur singu-
.lie.re un oiseau aqu'atique. ~
J' a~rivai~en une joun?ée tres-comte à Arrayal
da Co~quista, chef-lieu·dece comárca. J~ ren-
contrai sur ma route des camons intéressans qu.i
étaient coHverts Ele tres-belles
' . forêts. De beaux
àrl;lres, de jolis arbrisseaux fleuris ornaient le
chemin de leurs :fle~rs extrêmement variéesj
quelqttes-unes exhálaient une odeur de jasmin
tres - agréable; Les édifices des cupim sont
répandus dans tOlilte l'éteru;l pe de ]a forêt. Qu:el-
1/ ques prairies ~·nto U!rées par IJes bois· interrom-
}Jai.ent agréablement l':uniformité de ces masses
· c'l 'arbres. Leur verdure vive, le;belles grarüi-
r .
fées et les plantes arunclinacées qui les com-
rosent, et q~i fix~I11i l'áltention du ·~~taniste :J
nous rappela1ei1t la frakheur ele . prames de la
iIzone tempereel:
, , - b' 1 -
Uil . auti·e o )Ct 11ie retraça en-
ic ore plus viveinen,t les tableaux antp.rilles et
f h armans d-es fiorer\ • d l .
f
,.
s . e ma patne ;,, eta~t un
cerf qui paissait au Ihilieu ~s herb'es hautes.
'
Accoutumes ' a' cl'ec1arer
1
a' l''·
1 tant Ia guerre a '
toute~ sortes d'animaux, mes c'1asseurs couverts
,'i;:o: par les 'buissons s'ava~cere.qtJ p0ur le surpre~-
<d.re ,; em lui tira des cou~s de f\t;tsil ; il prit la
' \'-.. •I
\
AU B..B.ÉSIL.
; '
fuite ; les c1Iiens le poursuivirent inútilement.
Il devint sans doute la proie d' u~ habitant de
Porcos qui avait é~é _témoin d,e n~tre ch~sse.
J e tvouvai su.r ane vieille so.u.che la b.elle coa-
, '
leuvre verte non 1}\dsible cple I'on no~me ici:
cobra f!erde j il :pe faut ·cependant pas Ia ç:on-
fondre ave c 1'esp'ece nuisible que l'on désigne
par le mê1ne poro dans d'aut:res endr9its.
" 'Le c~.pitam mor Antonio Dies de Miranda ,
commandant de ce comarca ~onsidér<);ble , était
à Arrqyal; il me reçut ~e la .maniere la .pias
l}ospitaliere et me logea dans sa IDflÍson q~i pour
le mom~nt n'était pa~ . habitée. · ·
Arrayal da Conquista, chef-lieq ~e ce co-
marca , .est à peu pres aussi important. qu'une
villa de la côte. On y co~pte une quaranta.in,e
,de maisons basses, et une égJise que l'qn ~tait
en t_r~in de );>âtir. Les habitans .sont pauvres;
c'es~ pourquoi les ricP,es propriétaires <}es envi;-
rons, la famille du colc;mel João Gons;ilyez ·da
Costa, celle du capitam mor ~irarda,et qu.eJ:-
ques autres Olilt entr,éprÍs ~~ COllS~fUCtÍqn ' d.e
l'égJise a leurs fr~is~ Indépendamment d.,e~ I:eso..
sources que la culture eles champs :fou,ruit
aux habitans pour ~ubsister, la vente d.u ~:otq:n
et le passage des troupeaux de bq:!ufs qui yo11t
. '
V,OYAGE
à Bahialeur procurem en'core des moyens. d'ex.is-
tence; les boi::tdas qui viennent du Rio-San-
Francisco passent aussi par ce Iieu ; quelquefois
on y voit arjiver dans une seinaine plusde mille
bceufs qui se ~ rendent. à la capita~e. Le bétail
maigrit ordinairement pendant la longue route
- qu'il ·a ·eu à parcourir jusqu'à Arrayal; on
l'y laisse .reposer pendant quelque te1~ps, ·et'on
l'envoie dans les pâtu!ages· pou.r s'y refaire.
·. Une · grànde partie eles habitans d'Arrayal
consiste en ouvriers et en jeunes gens oisifs
qui occasionnent beaucoup de désordres; puis~
' pas d é po1·1ee en Ice 1·Ieu.. La r.xamean•
, ' qu'il n' e.x1ste . '
1
ti~e et un penchant in;modéré pon~ les boissons
fortes sont les traits distinctifs du caractere
dE,! ces " hommes; il en résulte des disputes et
d~rs exces fréqnens qui font d'étester ce lieu
mal famé par les personnes les plq~ sages ét les
plus considéréest; elles vivent dans leurs fazen-
'
das eparses de coter <(t c1'~u1re. N ousI• avons ete
A r r'
I
'
ÂU BRÊSIL.
(
I
./
/
i
I5o VOYAGE
I
,,,
AU BRÉSiL.
lieux occupés par la tribu·des .Cariri ou Kiriri.
1I s'empara du terrain, et fo:m€la -l'Art'ayal qu'on
désigna par le nom de Conquista. Enfin, apt•es
.a~ ir conélu ,ul'l aFI'angement av.ec ces sauvages ei
avoir commençé .à·forme r SOJ;l étahlissement, ·il
' n~q1arqua que ses soldats diminuaient , de i ou r
en jour ; ~ tini~ par apprend..r~ ,que les. Indie:es
les attirai€nt isolément df.n& les forêts so-qs un
prét~xte quelc.o nque , et les IJlet~aie.çt à mort.
Un soldat, qu'un .Ca~nac~n avaif ain~i cgndu~t
~ssez loin dans les bois pour c,rpire qu'il pou~
rait ";en,ir à .bou.t 9.~ Juj , fut a~sez fort J?OUr
tuer l'Indien d'un . ~oup ,de ço,ut~au, e.t de
retour à l' Arrayal révéla ,a~ cOim).land}lnt !,a
conduite perfid~ ?es é~~ac~}:fs,. Celui-ci, ap~e~
avoir ordon~& à so~ monde de te,nir les ari:nes
prêtes' inv~ta tous ies sauvages à une ,. fê te' . ~t
tandis ·que sans aueune ~éfi~n e ils se Üvt:ai~nt 1
de
·, à la joie , on ies'_ e~tour~ , tous l~s côtés ;
et OD en ~ua la plus g~ande partie. Depuis ' les
sauvages s'eilfond)rent dava:ntage dàns les bois·,
et l'Arrayal obtintle repos et la si~'reté. L'ac-
croissement' de la pópulation resserre toujours
ces sauvages de plus eh plus ; ils vi've'rit encore
rétmis dans de petites r;mcharios ou alcleas.,
en partie à -pei:p.e com'lu,es_··dans ~ les grandes
VOYAGE
forêts qui s' éte11de11t depuis \e Rio-Pa;·do, ]e
long du Rio-dos-Ilheos, juscp/au Fio:'das-Cori-
\
tas. Ils ne vo11t pas tout-'à-fait jusqu'à.la côte· de
I • .
1~ n~er, car eles hordes ele Patachos isolés eri·ent·
el~puis ce póint à peu·. pres jusqu'à là de-rniere
·ele ces rivieres. L'aldea'" eles Camacans ·Ia plus
vois~ne ele~ établissemens portugais cultive elu
mais, elu Goton ~t eles bananes : ~epe11dant'
ees hommes sont' encore elans un état com- ,
p~et ele 'grossiereté; la plupart vont tout Ú.us ;
e"'t lcur principale · occupation est la chass~.
Le gouvernement -a pla.cé pan~~ces villages des
'I di:reftel!lrs portúgai~ (pour ' civ~liser les ~au
\rages; mais ç~ .moyen op~re bien- lentement
et peu efficac~me11t, les elirecteurs étant eux-
inêiJ,leS eles hon:1mes i11cultes, souvent eles sol-
dats ou d~s matelots , et peu propres,lpar consé- .
o
que1;1t à gagner la 1confiance. Les pauvres In-
elieJ:\S sont tyrannisés ; traités comm~\ eles es-
' . il} l . 1 . '
c 1.a~'fs, , ,envoyes ppur t ~va e, aux c lennns et
I
I ~ '
abattre du bo~s, ex1;édiés pour ,p,oqer eles mes-
sagf!s tr,e, s-1om,
. em;o"I''e~ po r, ser.\ Ir. contre 1es
,';rapouyas- ennemis; et cl'un autre c,ôté 011 ne les
pa~e p,as, ou bi~n 011 ne IeJ.r donne presque rien;
/ ~'1 n''est donc pas su ' ..rprenant q.u',etant. tOUJOUrs
. ·
. \ ~
AU 13RÉSIL. I 53
extrêrúement enclins à la liberté, ils soient tres-
mal disposés pour leurs oppresseurs.
Ayant vu, dans·mon voyage à travers Ies fo-
rêts vierges , eles· êaínacans ~xtr'êmement sau-
va@es' j' avais le 'clésir d.e visite r un' village de .
ces indiens qui est situé dans les forêts antiqu~s
de la Serra-do-Mondo-Novo , .et qui porte· le
nom de Jiboya. Le sent!er qui y mene est sau:..
vage_ et' inégal, entrecoupé sans interruption
de hauteurs médiocres et de petites vallées. Au
commencement de ce~te route le pays est eu-
core un peuhabité, I~. campagne est dégagée'
de bois et
cultivée ; mais hientôt 011 s' enfónce
dans les forêts qui fornient une solitude com-
plete. On y trouve, surtout sur leurs bo'i·ds exté-
rieurs, eles halliers touffus de roseaux taquõ;l-
rassu ·ou.no~s avons rencoritré pour la premieré
fois la pie-griecb.e. no ire et blanche ( 1 ). Un peu
• o (( I .
)
I
AU 'BRÉSIL. t55
que sont bâties les petites cabanes. des Indiens
qui Gommenc<mtà plier sous la volÓnté de leurto
oppresseurs, et à ado_pter leuts mreurs et ' leurs
usages. Ces maisons. étaient .environnées d'un
bocage touffu _de b;naniers , derriere lesquels
les arbres gigantesques de la forêt, serrés les
UNS contre 'les autres, s~élevant'comme . ies oo-
'
i
-
lonnes d'un portique;et éntrelacés d'une multi--
tude de p1ant€s diverses, form€mt un mu.r. Du
fond de ces bois sombres on ente.ndatit fréquem-,-
ment sortir la voix agréable du pomba mar-
gosa, p,igeon ( 1) dont j'ai déjà parlé. ··
Les cahanes des lndiens sont' 'Construites en
bois et en terre, et convertes en éoarce d'arbres.
Leurs habitans sont les uns :un peu .babillés,
lf,!s autres encare e~tier€mentnus; ils cultivent
du ma·is, des banaJ].es, un peu de coton , et
..
I
t58 VOYAGE
-
·· ~t une Gouleur noirâtre, et même à.l'exceptíon
de deux vieillards ils ne saven1; p~us leur lan-
gue. Les exemples de leur langage, que je ci- .
terai par la 1suite, ne peuvent pas, par la même
raison? être regardés comme ceux' de leu r idiome
vér~table ; les différences qui se trouveront
entre cet idiome et celui eles vrais Cam~cans
ne devront pas induire ei1 erreur sur ce point ·
les philosophes qni s'occupent de l'étude des
langues, p~1isque l'expérience démontré .que
parmi les peuples indigenes de l'Amérique la
séparation de tribus, de fatyilles et de bordes
a souvent influé sur le langage, de ~orte que
lj
l'd1n trouve eles diversités et eles variations de
ditlecte chez les différentes branclies d'une na-
tiqn qui cl'ailleurs se ressemhlent compléte-·
mrnt. On trouvera aussi clans 'le,_ vocabulaire
,; d<:js Meniat).s plusieurs-expressions qu'ils ont em-
pPuntéês eles pe1\lples dont ils S~ITt veisÍns. .
Les CamacanS étaie11t autrefois
1
hn peuple
influiet, aQnÍ de la ~~~,erté , \b'e11iqtleU'Xt ,~qui clé-
fe,1dit pie<\, à pied s~R ter ri oire contre les
P9rtugai~. Des cléfaites considerables les co'n-
..
tn11gmrent en f'm '
a' r ncer ~
s en1~ navantage dans
1
.
AU BRÉSIL. 159
distinctifs de leur caractere ne sont pas effacés;
ils sont toujours animés par l'amour de leur
pays et de la libérté; il est diffi.cile de les em-
mener loin du lieu ou ils sont nés; ils ne vien-
nent qu'ave'c répugnance éhez les Européens
dans les cantons cultivés, et préferent , comme
tous les sauvages, de retourner dans leurs fo-
rêts sombres. Rendus circonspects et défians
.par des exemples fréquens de mesures tyranni-
ques prises par les blancs , ils cacherent leurs
pelits enfans et leurs jeu.nes·gens dans les bois
lorsque nous leur rendimes visite. Ils se sont
habitués peu à peu. à des dem.eures · fixes, "aux
cabanes en bois , même à celles qui sorit
construite's en terre et convertes de pla-
ques d'écorce. I1s ne se çouchent pas dans des
hamacs comme les peuples de la Lingoa~ Géral
qui habitent le long .de la côte maritirrie ; ils
se font da11s leurs cabane's d7s lits ou carnas :
c e sont des perches posées sur quatre pieux;
ils les couvrent d' écorce battue ( estopa ).Les
enfans couchent ordinairement à terre avec les
• I
chiens.
Ces Camacans semblent à plusieurs égards
se rapprocher des Goaytacasés. lls fabriquen'
des pots ave c de I'argile grise, et ont en géné-
· VOYAGE
ral plus d'industrie que l~s peupl~s de la côte
orientale. N'ayant pas d'animaux domesti-
ques ( 1 ), ils savent par le:q.r adresse à la chasse
!se procurev la nourriture animale dont ils ont
bes()in; mais ils connaissent aussi fort ' bien
les avantageSrque leur garanti~ la culture des
plaB.tes utiles; ils cultivent aupre.s de leu~s ca-
banes des bananes , du mais ou du mani~c
dont ils mangent la racin~ rôtie , ·e t des pata-
tes. Ils récoltent aussi u~e petit~ q.uantité de
€Oton, et en font des cordons tres-artistement
façonn.és. Les femmes surtout l ~avent tord~e les
t/ tils ave c beaucoup de délicatesse et tresser de
j~lts cordo~s à quatre brins ; elles les emploient
à toutes -sortes d'usages) et surtout pour leurs
vêtemens
I
et pour leur ·narure;
r; ,
les
'
hommes en
or91ent leurs armes. Le couyhi 011 , tahii&r des
femmes, la prineipale partie-- de le,: r habille-
ment , consiste 1 en une cordelette qui est ·
f0r1née arti~ten~_eht 4e corflons minc~s; aux
' . , s0nt deux gros
extremlles " ' ds , et uJJ'autres
n~lfi.
. 1\ I \ ~'
~--,.~~--~----------------~------~----
(1) Les Camacans n'ont pas d'autre a· imal domestique
que les chiens qui lenr víenuen des Et ropéens, ce qui ·
prouve qu'aucun :reuple indigene Ide 1' Amérique n~a 1 élé
:raomad~ . Voyez à ce sujet le Yojage d~: M. de j-Iumholdt,
toni. li, p. 160.
f '·
•
AU BRÊSIL.:
) . .
c01·dons pendent en tn3s-grand nombre pour
forme r un ' tanlier ; l<;:)s fe;mm~s s'
attachen,t
"
cette cordelette autour des hanches ; cesr ta~
bliers com:pose:q;t ~eur unique v€temen,t quand
elles meJ.ie),:lt: Ul1€J vie. enc?re Ull_ pep, sau-
vage; auparavant elle~ nele CQ:tlnaissaient ~ême
pas; elles allaient ep,ti.er~ment nuet> , e,t ensuite
elJes se nouer~nt aut.olil!r'' çl.es hancqe~ ~q :rnor-,
,
ceau. d ' ece>rce d' arb\re~ o: n ne. peut Po/~' .adm.
. I-
rer assez 1'art av<;)<? l~quel cés peuples grossiçrs
savent fáçonner les cordpns de G,e.~ tabJiers;
pour l~s embellir qª:yal]!tag~ , iJ~ ~es teign~l}t pa~r
, i11tervaJle~ en rouge hrun .
aveç
.
1'~corç,e qe ca-
)
que
J
AtJ BRÊSIL~
si minces, si déliées ., et tra~aillées avec tant de
d e'licatesse, qu' on ne peut s' empec • h e r dH
- etre
surpris que-<iles ouvrag€s semblables aient pu sor-
..
tir de mains si grossieres , aidées ele si mauvais
outils. Ces·fleches sont de bois de. brauna, ou
bien de bresillet, extrêmement lisse& ', palies et
luisantes , et ornées-de touffes ele cotou teintes
en rouge mêlées à d'autres qui sont blanches.
Ils façonnent ele la même man~ere de longs
r
bâtons lisses' que jadi_s 011 voyait quelquefqis
entre les mains de. lelil.rs chefs. Dans les occa-
' sions ·solennelles, notamment clans leuvs ·.d an- .
ses, leurs chefs ont sur la tête un bonnet de
plumes de perroquets, qui est tres~artis~ement
fait : ils l'ui donnent le nom de charo. Ils ·atta-
chent chaque·plume-en particulier à un réseau
de fil de 'cotou; le bonnet est ainsi sqrmonté
d'une .grosse touffe ele .pl'umes qui entourent la
tête comme une couronne. <?n prend à cet
effet les plumes de la queué clu juru.(I), ou de
quelque autre espece de perrbquet, et du mi-
. lieu desquelles s' élevent ordinairenient une paire
de grandes plumes de la queue de l'arara. La
touffe de plumes est verte et roug~ , et fait un
)
.
(r) Psittacus pulflerulen!ÜJ.
r
..
. V.OYA:GE
' . '
.
,
AU BRtSIL.
po.~'lirfjluoi ils examin'~fel]l.t avec beatiooup d'at~'
ten!IJÍ<J>n e.t :aveé un air de Pessentirnen.t l·e jeune
B.ot~oo>:udy Qu.êck qui .était a:vec nlC>i. Ün dit
au: resme qm'i"ls ;sont praves, -e-t ·Ol'lt 'S0t.went fa:it
pris0wnier.s ph1si:eurs de ces harhaPes.
Les ·Camacans accueill nt u·e5-bien 1es étran-;
·ger.l •q ui 'Vierment 1es voir amicaiement; le
capi11:am mor João da Sylva Santos étant arrivé
.
dans ' uné Ele ileurs alcl.éas ' y fut reou avec so-
. ' ·L·eur ·eu~
l enntte. L 'll ' ·en rouge
. ·b'at'b· OU!l'-'IC
f ·s''etatt . I
' I a t.el!e, 'l es pteels
A . (_;) "et ·l es avant-lvras;
L A-
sa tele etmt
' •
•
'
VOYAGE
delles 1ires-ingénieusement; ils en font de longs
cordons , qu'ils réunissent ·ensuite en paquets
allongés et appliquent à I'extérieur de grandes
fe1-~ilfes. Le.s Camacans vendent encore .d~ miei,
qu'ils recueillent en grande quantité dans les
forêts . : cette substance est un des mets qu'ils
~iment 1e plus ; ils. ·sónt d' aill~urs tres.,.peu êlé-
licats pour leur nourriture. Je trouvai dans leurs
huttes âes p~eds de tapir en putréfaction com-
plete, et que pourtaílt ils mangeaient comme un
morceau tres-friand; en revanche ils ne . toucheni .
pas à,la chair du tatou nqir (tat~\u rverdadeiro),
que les Européens recherchent beaucoup.
I
, De même que chez la plupart de~ pe1:1ples,sau~
vages., les hommes t,raiteht leurs ·femmes ·avec
une certáine rudesse; cep.endant ils neles bat~
' . \ '
..
•
.f{U BRÉSIL.
I
~nes,
.
de cercles formés de demi-lunes concen- .
triques au-de&~us du sein , de ligues .sur le
...
\
'·'
)
..
;;r68 yOYAGE
visage, etc. Queigü.eS-uiis orment leur tête de
leurs bm:.mets de plumes, ·et se .fichent des plu-
mes bariÓlées daFis 'les ·oreilÍes. L'un d'éúx tient
·à lá 1ha[n :un instriilment fait de sabots de ta-!
pir, attachés en ·cl:eux -paqu<2ts à d:es éordóns ;
il.s le non1rnent ;herenehedieta-~· i1 'se·r t à rnat.....
-quer la mesure., et r.encl m.J. son tl'es-fort qua.J.'}d
'il est a:gité. Us ·se servent aussi quelquefGis d'un
plus petit inst:,rument dçnit le nom est lj;ek'kiekh:
il consiste en 'une calebasse Greusé avec '!in
man~he de bois ; eHe ~·e11fetme quélqaes petits
''
cailhrax ; et quancl OI<l la ·r~mue elJ~ fait aussi:
li ~;
I . > 1. •
I l\ .
, ., . • . I
~
t iJ P:ojez.B'aiírerre, Relation dq'la Guiane, etSoutlbey,
. History oj Bra,.zM, tom. I, pag. 6 ~5 : Je n'lti pas trouvé
' ' \,
. .
chez 1 !s Camacans 1es gre1ots de pieds donq!)lusiêurs peup'les
,\ '
<\u Br?si-1 et de la Guiane se servent da ns le 1rs danses.
.
• < ' ' f \1
\ \\
' ' -~
AU BB.ÉSIL.
. , Ies autres ;I wus repetc:ot
uns dernere , '
'
avec peu
de ínoclulation ho"i, hoi', ifté, hé, hê , et l'un
d'el!lx accompagne ~e cri clu .b rait de son. in-
strum.ent, qui est alt~rnativemep.t ..plus fo·r t et
pi{as dbux ~ sa fantaisie. Les femm:~s en ce mo-
ment se mettent de 'la patlie; elles se tiennent
.d:eux à doox, en s' appliquant·r éciproquement la
main garurcdre .sur le dós; puis hommes et fern-
mes tournent alte·rnativement sans di:scont-inuer
au ibruit de cette charmante musique , autour
du vase qui contien:tla liqu:éit.r eh€áe. Ils dan- ·
·s ent ailíl.si au müieu du ,jou<r dans.da saison. la
plas chaade de l'a~n'lé-e ,'·de sor'te que la sueur '.
leur ruissele tollt le 1ong du corps.~ Par inter-
valles on puise dans le vase avec l.fn coui , etJ
l'on boit iJ.'e caoui. Les .fennnes accompagnent le
chan~ avêc €les sons à ·demi-voix qui n' ont au-
c®.'Jile espete de modt1lation,. et marchent en
mênie temps ie haut ,dt;t corps et la tête pefi-
chés. rCes sauvages dansent. ainsi toute la nuit
safis se fatigue'!·., j;m.squ'à ce que le vase soit vide.
Ce'Mie danse paralt av,air quelque res~emblance ..
'avec ·ceNe des Goroados de Minas-Geraes (1 ).
Quelquefbis les-- danseurs se partagent ,e n
/
170 VOYAGE
deux handes qui figurent l'tme vis-a-vis de
I'autre,, de sorte qu'une ligng recule toujot1rs
devant l'autr.e. Souvent dans ces occasions so-
lennelles, quand la nuit a ,eté e1pployée 3 dan-
ser, elle est suivie d~un autn; jeu. Les jeunes
gens, pour faire para de de leurs forces, cO'urent ·,
y
à la forêt, coupent un gros morceau cylin-
drique d'une branche de barrigudo qui est tre -
lourd tant qu'il y reste ·du sue , et .enfoncent
dans chaque division un bâton afin de pouvoir
la saisir plus aisément. Le plus . robuste <le la
bande prend c~ morceau de bois, 'Ie pose sur
son épaule, et ainsi chargé co uh chez lui. Tous
I
les ~utres le suivent et cherchent à lui enlever
.son farde,ilU; cette lutte dure itt~qu'à ce qu'ils
soient arrivés à l'endroit ou sont rassemblées les
J • 1- •
bell1~s qm leur. dom.1.ent .des marq~es de leur
. app~·obation. Quelquefois le morce u de bois
est s,i lourd·, que l un ou l'autre des dhampions
est blessé. AussitM qu\ls·sont parvenus au liut,
ils ont coutnme, quoi~ue J.)a\ gJ1és · de s~eur ,
de ~e précipiter dans le fleuve J.llOUr se rafra1--:
chir; mais on prétend que e pro •édé expéditif
est [réquemment suivi d'a 1 cidens graves, et
que plusieúrs sauvages e'n sont morts.
Quand un Camacan to~nhe. ,r:ó.al~de , 'on le
I
/
AU B'RÉSIL. l'Jl
VOYAGE
que1qucfois etendu long-temps sans être en-
terré. On dit qu'ils rega.r dent les âmes des rnorts
oo1'lllme l~urs divinités, leur adressent des prie-
res , et leur :a:ttribuent les 'orages. lls ·croient
aussi que les âmes des morts, lorsqu'eHes n\mt
pas été bie.:t:t -tt:aitées pendànt leur vie, revien-
nent sous la forme de jaguars pour leur faire
du mal; voilà pourquoi ·ils mettent dans le
tombeau , au.pres du cadavre , un couri , un pa-
neUa o-q pot de terre pour cuire Jes alimens ,
un pen de caoui , .ainsi qille des arks et des
fleches. Tous ces objets so t placés sous le
'' mo f , ensuite i<ls re,1nplissent la fosse .de terre , ·
pui~ alhtment du feu par-dessus.
~'ajouterai à ce petit nombre de détai!l.s sur les
Camacans, tribu tres-remarquable, quelques
trairts que j'ai tirés de la Corografia'frasilica,
ouvrage peu connu en Europe. Les Mongoyoz,
dit l'alll!telill' de ce1 livre ·qui patait 11'avoir pas
con,n u le :aom de Cam\ cans liNe ce peuple se
donne a' l· m . mem~ , -avec
A • 1 1~LesqueIs on ·coRe'l nt un
trair de pai_x eu 18~6, ét ient -r 'un-is, dans une
denn-douzame de villages J;lel!l peuples dans l e
voisinl\ge et au norddu,Rio PaLipe(Rio -Pardo).
Ch~que famille vit isolément dans sa cabane ;
ils 9ttiti:vent différentes sortes de Ratates , des
•
·AU BRÉSIL.
coutges ·, eles ignames, des inelons .ci' eau, et
d' excelleitt manioc doux oa a!P>i ; iJ.s reÇueil-
. lent a111ssi beaucoup de miel. Ils enlevent tout
· ensemble les aheilles et la e,i re , et nettQ!)'ent
cette ma~se avec u,:t~e espece de van ; i1s met- ~~
1
te:at la CÍre et les abeilJes d:al',S une e:ertaine
quantité·d' eau, et o:Ptieililnent-ainsi uNe; boisson
enivra:nte qui les m.e t de b(')Ene hlll\llel;lr et
même les l'end quelqaefois fuFi(i!ux. Il:S pré-
parent aussi 1:1ne a'l!ltre boisson spiritueuse avee
eles· patates e!l des racines de maniC>.e bR0yées.
sur - les~:p~eH~s ils v.ersent de l'eatl et qllli Iae· tar-
dent pas à feyrne]tter.
A la Rftissa,.Rce·d'un enfaE.t, le 'Pere -lilíi:Í d0mre
Hn: no1;n ~ SaJl;}S autre cérémonie. Ils pieure1ijt
_1es, moJ·ts , et l!.ls entervent nus en les- plaçél!J.11t
!>? sur leur. séa.lílt (1 };. ils chanteJJllt et da.nsent au son
d'a:n i~s.tJ,?nme;tJ;t qu[ est a.]!:ssi si1n:pJe CJ!Ue. pelil so-
_1n ore et comsiste. en un e0Jrdón minc.e :ll.enda sar
un a:re· (2):. L es femmes porteJJllt eles :fra.Jilges
:1
· AU BRESIL.
CHAPiTRE XVIII .
'
PouR alie r d'.Arrayai da C0Nquista, à travers
le Sertam de Bahia, à la capitale de la capitai-
nerie, on peut choisir entré plusieurs routes. Le
grand chemin·de Minas-Nov:;ts et de Minas-
, Geraes à cette ville passe par Villa de Cayte, vil1a
do Rio das Contas ei Villa cla Cachoeira ·de
Paraguaçu. Un autre se rapproche davantage
de farrayal oit je me trouvais, et suit le cours
du Rio-Gaviao. On y arrive ·de l'arrayal en
deux jours, mais il occasiõnn.e un détour. La
route que les boiadas des environs de Con-
quista ont coutume ~e prendr~ pour 'gagner la
l .
capitale est la plus courte; ce ft;tt aussi celle
que je choisis; parce que peu .de voyageurs la
fréquentent, eti d'autant plus que des voleurs
avaient attaqué quelques ti·o.pas le long de
Gaviao.
· La route suivie par: les boiadas, .qui est as~ez
bÓnne dans la saisoU: seche' jU:sq?'à la 'fazenda
de Tamburil, été faite par le colonel João Gon-
' çalvez da Costa,-àses'frais, et jusqu'à présenúl
n'a, po1:1r cette. e1hreprise non plus qae p{mr
plusie~1rs autres également utiles et aUXlJUelles·
il a consacré ape partie de sa f~rtqne, reçu au-
'i curte m . d emmte . , d u gouvernement.
\
Quand on quitte I'ayrayal, on _entre dans
un <'I(anton b. 01se,
• ' des,ert,
' e'}eve,
' <&n' ·des. comnes
1~ •
. I
..
AU BRÉSIL.
"'
..
'l .,
\~ '\\
·\
AU BRÉSIL. 79 1
\1
AU BRÉSIL. 181
..
VOYAGE
voyageu:r est fréqqemmenf exposé à des acci-
dens de ce genre dans ces déserts, et perd sou-
vent par l'indocilité des mulets, par la négli-
gence des tropeiros, ou par les pluies, le fruit
de recherches assidues et de courses longues
et pénibles.
Ayant quitté la forêt, j' entrai dans un· ean- .
ton ou ,des co1lines hautes et doucement arron-
dies étoient convertes de brqussailles ,' ou bien
de vastes touffes de samambaya qui est une
espeçe dé fougere (p_tl!ris eaudata ). Elle cou-
vre ça' et I'a d''liDIDenses sur1aces
I J:>. cle terram,
.
lj
arflinairement l€s endroits nus dans les forêts,
p.bféiion\ ene peu cor.nmun .da.ns cette parti"e du
B~·ésil, et probablement dans toils les páys
cqauds, ·car sous ce climat les ~Jantes d'míe
mpme espece croissent plus rarewent rappr,o -
c~ées- Ies ' unes des autres el; réunies ensemble
9Ufe ~aJaS les _z~pei\tem~érées et f~oides ('1).
Ün1 dlt que les 1eunes pousslils de cetfe fougere
- \ ~
I
AU-BRÉSIL. 183
/ \
i
I
I'
AU BRÉSIL. 185
\
\
-
tS6 VOYAGE
'/
\ -
\\' \
\
AJJ BRÉSIL.
Bartrâm l' a déjà observé, ne peut devenir
~angereur que ·lorsqu'on , s'est trop approché
, de lu! sans I' apercevoir et qüe par là on I' a
irrité et mis dans la nécessité de se ' défencl.re.
Parn~i les diverses especes de ces reptiles il est
difficile d'en trouver une qui soit d'un naturel
plus par~sseux que le serpent À sonnettes;
Da:udi:r;t I'a tres-bien décrit ;. il atteint à une lot!!-
guéur de cinq à nêuf pieds, et à une grosseur
proportionnée; sa couleur est tres- simple~ elle
est d'un gris bruii ,r>mêlée seulement de taches
l0sangées plus claires et 1plus,foncées.
Au point du jour la tropa itait chargée et
dela errmouvement. N ous traversames une vaste
,., A
I
AU' BR:f..:SIL. 18 '
~9
1'Amérique:
. ~néridionale, et ils reinplaG:ent à·
' .
cet égard les moustic1ues eles cantons;, boi~és et
humid~s. quelques-uns . atteignent à une gros-
sem· a:ssez considér:able, et occasionnent sou-
- r ~
vent des plaies dangereuses qu~nd elles·ne sont
pas traitées avec la prudence requise; ces ahimal-
cu.ks engendrent même eles maladies cutané~s
chez les hommes ma..lpropres. Au Paraguay cet
itisecte se nomme ~inolzuca (1), et à la Guiane
française tique (2 ). .
Nous v~mes sur les branches eles arbres des
' • I
·'
/
. VOYA.GE
l ~%
AU BRÉSIL. I
.I
I ,
AlJ BRI!:SIL,
''
VOYAGE
montrent toci)ours b<:;.aucoup de courage dans
Íes combats.
Quand il comm.ença son établissement dans
)
ces solitudes, les for~ts étaiem n:implies de bêtes
féroces. Dans Ie premier mois il tua vingt-quatre
jaguars, et'les autres mois un cert;in nombre
qui allait toujours en diminuant; de sorte
qu' enfin ü· put essayer d'y créer un coral pour
le bétail sauv~ge, ee qui eut d'abord été abso'"-
lument inexécutable à cause de ces animaux
dévastateurs. Ensuite il ouvrit dans les forêts
plusieurs- routes; celle qui1mene par Tamburil
I· aux frontieres de Minas-Geraes est I~ plus con-
I ~idérable. Elle lui a coúté beauc~úp de temps,
\\
AU ' BRÉSIL.
AU BRÉSIL. 201
.
1
..
AU BRÉSIL. 20~
'
y trouvait une espece de jacu (penelope ) que
l'on ne rencontre pas plus au sud ni plu~ pres
de la c·Ôte. Quoique je n'aie pas vu cet o;seau,
la description qu'on m'en a faite me donne lieu
de présumer que c'est le penelope cristata de
Linné.
Naus étant, pendant le crépuscule ' ·.appro_.
chés de nos mulets qui paissaient, naus avons
. vu voltiger autour d' eux une grande quantité de
gnosses chauves-souris qui faisaient beaucoup
de bruit en agitant leurs ailes. Nous 'ne púmes
à notre grand regret rien entreprendre contre ces
ennemis menaçans, parce que l' obscurité empê-
chait deleur tirer des coups de fusil. Naus con-
cevions de vives inquiémdes pom nos pauvres
animaux; elles n' étaient que trop fondées, car
au retour du jour naus trouvâmes que tous ·ré-
pandaient beaucoup de sang; bientôt naus r~
connúmes qu·e quelques-uns en avaient tant
perdu qu'ils ne pourraient pas Iious servir pen..!.
dant cet_te journée. Ce vampire (phyllostomus)
fait avec ses dents un grand trou dans la
peau lles animau"-;, ouyre la vein.e et suce le
sang, qui continue à couler encore long-"temps
apres qu'il s'en est gorgé. Koster raconte que
dans quelques cantons on suspend sur l'animal
-·
VOYA.GE
\ .
' '
'.
•
/' .
.AIU ··BR!ÉlSIL. '
/ )
-
. {1) ee serpent venirneu;J!l appartient au geJn:e cophias
/
établi par Merrem: c'est une espece non eucore décrite que "
j ~ nomme c.ophias holo.ferileus à cau~s~ de sou bel éclat"' ve-
louté. Par sa forme et sa .couleur il ressemble beaucoup ~u
j/1raracca (copltias atro:t:) avec leque! ou Ie onfond commu·
némeut au-Brésil; mais en Ie cousidérant attentivement on
rr marque des diffé,reuces. Tête plate et tres-saillayte à la
1\aissance des mâclHlires, ce qui !'ui donue resque l'appa-
rence d'un fer qe "flech~ ; ces .é1e,ux partie~ s.a lllan tes sout
~larquées d'une raie 'long~ udinal~ claire sur u,n, fond plus
I , \' '\
foncé; ces raies naissent au-dessus des yeux. Pa.rtie snpé-
1 '
r jeure•du corps d'uu brun c fé fone qui chatoie comme
de beau velours, et marquée ·d~ taches plns ela ire.& de forme
allongée·, rangées sur plusi~urs •Jignes sur le dos"'~vec leurs
p,ointes opposées·; lo'llguenr ,. vingt-deux po.uces six ligues ,
· y compris troís po~1ces cinq ligues et demie pour'l_a queue;
quarante-six paires de plaques caudaleg,.
t
1,;.
•
(1j AnsichtenrferNatur,p. 277· Tableau:r: de La Nature,
t. li. p. l€>5 . ::.'f, ":
... ..
...
-~
·.
VOYAGE
eent tellement cette route par les temps hur
mides, que les.animaux courept le risque de s'y
... '•, casser les j-ªmbes; ·de plus , le~ montagfies qui
sont tres-eséarpées apportent 'aussi de grands
obsta eles à leur -marche, surtout lorsque Ie ter-
rain gras et argileux est mouillé et deviént glis-
~ant . Une de ces montagnes fut extrêmement
péni:ble à esealader; il faut une heure entiere
pouT parvenir à son somm.et. J'y vis des barri-
gudo .dont le tronc était monstrueux. Leurs
g~andes fleurs à cinq pétales bl anchâtr~s et al-
longés eouvraient
•
la terre M
\1
mt à l'entour. Uy
•• a·plusieu.rs, especes de ces bombax qui se dis-
tinguent pror'nptement à la forme de leurs feuilles;
lqs unes les ont lobées, celle dont je viens de
prrier les a entieres.
Je vis sur _l'écorce des arbres eaucoup de
1~zai·ds. C'est une espece dont la \~elle couleur
verte est chatoyap.te; ils n' étaient pas farouches,
.. mais ils gonflaient la poche de leur C0'\1 aassitôt
. I ' '
qu'on s'approchait d\eux. Cette própd~ té le~r
a valu le nom de papo ento ~ue les Portuga~s
l~ur ont donné (I). \
• ''A.
.• f'·
. ~
AU BRÉSIL. 209
..
A:U BRÉSIL. 21[
leúr àpprenaii a
parler po:ur les vendre à
Bahia.
Il faisait dair de Íu.ne, le tenips . ~tait tres~
beau; j'·e n profi.tai p0ur envoyer mes gens à la.
~hasse des gremouilles fe.rreiros qui remplis-
. saient les mar ais voisins. llS iarmerent d'un
tison ardent, puis revinrent .avec plusieurs de
ces animaux. Le ferreiro est une espece <le
raine nouvelle, qui ...n'a pas encere -été dé,
truite ( 1). Il n~est pas tres-gro,s ; la fon:e de sa
voix en. parait d' autant: plus ·étonnante. " ·Ün
~ "' " \'
\
212 VOY.AGÉ
'' .
AU BRESIL. :u3
\
~. \
AU BRÉSIL. 2'17
\,
I
'\'\
AU BRÉSIL.
'\
\
.AU BllÉSIL.
en lem~ dis'ant : « Voilà pour toi, coqui~ d' An- ; '
glais. >> On frappait les clíeva:ux; on ne savait
de €p.i.oi s' aviser pour n.ous tourmenter. '
Le·soir nous arrivâmes par un d ·temin dé-
• " ' ·· I '
... J
226 . VOYAGE
vti,dg1
1: A
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1~~- P.Qrte~
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fúr~nt ~
(~rm.ie~
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Sll!t:
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-n@~u,s
~~fuserp,.~~t~:t il fai§:;tit F!lJit l€!r~Çf:!ii.Jw 11ou:? c~n:-
9t~i~i .9-qn§ ce,~te . pr~spn; c:tr àutrel~~p.t la, po:;-
P.;tl}aç~ BOHl' .âlJJa~t~ peP,t;,-~tre jg. Ç, df!s pi~rrQs ,
- ~e- ~;nút~fn I11Qf s~eff~~ça. $1' a!U \lrs·.cle,qil;n,i-
nqe!: 1e dés_~gFément .d~ nQtnt pb.s.\ú~:m autant
qJ.l~ ~~s. , ip.§~rJI~ ~Ql'J.§ ·1~ lui. p.eJ]ne.t.t~iei1t, atten-
t~qp .P9'!Wl'ÀaÇP!leJi~ j~ llui a$Ir_·ss.e ~1:'.\.CQF~ vdlon~i€:rs
I' ~~pre!!;ipn E}~ ma · epNJ.·. ~&a~1~~:·' D~& .qu' OJ
· J1pli!s.~~!il't appr!=rr.isibBV ';; Çl~. ~fÚS _e_t d' e.au. daus' ·
IJJ~!P~ '{IO!J.V,~U~ I?~i~on -1\, en, ~nua les. p!D.rtes ;
~f:$ ~-QQats fir~m la g~rde ., autoUiJ,' de ,la maison .
l ,Jn;sepl demes . g~ns euda permission de sortir
splils lil.onrie escorte ptmr aHerc . ~~.Ji).e;ter l ~s vi;vres
/ '\
AU B:B.ÉSIL. 22'V
.
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A U BRÉSIL. 229
ó '
23o · VOYAGE
.'
AU BRÉSIL.
lems opérations., On dit mêú1e qu•11s ont porté
leurs plaintes jusqu'à Rio de Janeiro, et qu' elles
n'y ont pas été accueillies.
V ers minuit nous Iaissâmes tomber l' ancr~
devànt Villa de Jag6aripe. Au point du jour
nous jouânes du coup d'reil de cette•petite ville,
agréablement située à la rive inéridionale du
fleuve sur une·pointe de terre que forme son
con.fl'uent avec le Caypa; le pr~mier reçoit ele
plus le Cupioba, le Tej1;1.ca, le Mara<:ujipí'nho,
l' Aldea et Ie lVIucujo.
Jag:oaripe est le chef-lieu d'un com'a rca;
c' est là c1ue elevt·ait résieler le capitam mor, ,qui.
fait sa demeure à NazaretlÍ. Cette viUa est ~sse'z
considérable , cependant mal peuplée, peu ani-
mée et bienmoins commerçante que Nazareth:
elle expédie ele la pote'rie à B;ahia. On y voitune
grande église et pres la rive -du fleuve la Carl'iara
da casa, ·qui est la plus vaste que' j 'aie rencontréc
~lans mon v~yage. ·
Aú point clu jout· nous par~tmes, et au hout
d'une Iég:oa nous . pa:rV!n:mcs à 1' er~1hónchurc clu
fleuve en vue ele la grande lle cl'ft'aparica, ou
Taparica, qui est située dans)e goffe du la baie ele
Tous les Saints, et n' est séparée du continent,
à sa 'côte ·occidentale, c1ue par un canal étroit.
VOYAGE
Les na vires qui viennent du ·J ~g0aripe pren-
nent ·cette ronte, qui ·est' tres-súre pour, aller
à Bahia; ils navigu~nt entre l'lle et -la ter·re_
fen~e, ; ,m,ais de mêm.e: que dans tout c e voyage
par eau il faút faire attentio~ aux heures des
marées. •
. ~otre voy_age -te long de l'lle Tapar{qa
fut ~res-agréable et favorisé par un vent fra~s.
On ape1:c~;vait pres du fleuye , ,de même que
dans _Ie lointain, .eles ,coteaux .verdoyans, des
collines pittoresq~es, des forêts de cocotiers, de
joliesf.azendq.s: L.~ surface du,1fleuve était animée
par des parque~ et des pirogJies de pêcheurs qui
a~aient. des voiles .d'une blancheur éclataH.te .
.. ' • h
I
AU BRÉSIL .
.I
AU BRÉSIL. 235
'
( 1) Arte de grammatica da lingua brasilica da naçam
.
f( iriri, composta pela_P. Luis Vim:encia Mariani da cam-
236 VOYAGE
causent à l'État ~plus de ·dépense. qu?ils·· ne Iui
ren.d ent de services.
Les premiers écrivains qm ont parlé du
Brésil nous ont donné beaucoup de détails sur
· l'histoire _du Reconcav~, ou de la baie de Tmas
, les Saints. Elle fut surtout fameuse par les
guerres· des _Portugais avec diverses· nations
sauvage&. Ce ne fnt qu'apres des etforts COJ?.ti_:
nués pendant, une longue suíte d' années, avec
de grands dangers et par des sa~rifices imiom-
, brables, -qu'ils réussirent à détruire chez ces
·-". \ )
· AUI 'BRÉSIL.
' .
AU BRÉSIL.
·J
.
AU BRÉSIL.
un~ bourse .
dont 0n es~ ve~:leva..hle~ au~ conílt6' dos
\
I
\\\~,
I \\
I
AU BRÉSIL.
Arc(i)s, l' arsenal et les chantiers. Dans ce. 1no-
'1nent on y aéhevaii urie frégate. Les bâtimens
que I' on construit à Bahia sont tres-renommés,
les forêts d.u Brésil étant re;nplies de bofs ex-
cellens pour la marine. .
Le commerce de Bàhia est tres-act:_if; cêtte
•
ville sert d' entrepôt aux productions du Sertam
qu' elle expédie dans les diverses parties dl!
monde; on y trouve des navires de toutes les
nations. Des paquebots eRtretienrreD:t une com~
munication constante avec le Portugal et Bio
de·Janei.r0; car ces bàtime:ns, qui sont tres-fins_ ·
voiliêrs, effectue:nt la traversée dans un temps
tres-court. Les hai>üa:ns des côtes v0isines
amenent tC>US' }es Jí>roduits de }eurs pla1J!tatÍO:i1J'S '
dans cette capitale , et les y éGhangent contr'e
des :fllarchandises' de diff~rens pays. Ce négoee
continuei et tres-animé a pi'bmptelnént fait de
Bahia une vi~e importante ; elle I'emportera de
be~ucorip sur Rio de Janeiro. On: peut s'e faire
Ullé idée de la rapidité des progres de Cétte
~·44
compten.dre' nÍ les ·negr·es nÍ les lpdiens (I).
Aüjourd'hui la populaLion de Bahia s'éleve à
pl~s de- wo,ooo c1mes . .
L'in,térieur de cette grande ville ri.' offve pas
o.n coup d' reil agréable ; on n' y remarque ni
propreté , ni ordre ; ni gout; l' architecture est
. m.assiv~ Les jésuites· faisoient venir . d'Europe
les pie~~es toutes taillées pnur leur' église 'etleur
couvent: Les maisons ne sont pas toutes bâties
.dans un goút uniforme : les únes sont hautes,
assez semblables à- celles d'Elllrope et omées d~
úakorts; ' le~ aiJ.tre~ sont basses, et assez chéti ves;
mais toutés ont des fenêtres ~trées. Dmant la
1/
sai~on 'seche, la chaleur .e st ins~pportable,
prircipalement dans la ville b~sse, et tou.tes
sortes d'ode111rs désagréabU~s la rendent
. I
eflcore
.
pl~s incommode. 'Une foule toujours én . mou~
.'Vel1t1ent et formée principalenil ent cf~onirnes de
c eo~leur a~gl!tlente cet"in<Jonvénient.J?es negres .
.réu,nis au nombd:~ d~ dou~~ , ving ' et plus , ·
I
pottr·porter des choses ll:res~pesantes, nr. ·rehent
~
en ·.pnal).t
. ou' en c11antan
,, , afid \ %
1
n ' ·e conser er un
pas égal :· tout~s les matchafldik s sont trans- .
poiJtées. ele cette 1naniere'\du pdrt à la ville; .,
. . I ~
. ~.
~\
\,
'
\'
AU BRÉSIL;
CHAPI'Í.llE XIX.
\ ' '
RETOUR EN EUHOPE.
'\
- ~ % •.
\~ ~-\\ .
\
'
\\
·- . \
. \ \\
~ \\
'
AU BRÉSIL.
ápproches de la nuit, le vent .fratchissait de.
nouveau.
Le 17_ le vent f11t tres-fort, on douhla le
cap Saint-Augustin. Le même jour on avait
laissé en arriere Pernambouc, ce qui fit g~and
plaisiv à-tout le monde, parce que I' on avait
crqint d' être arrêté pãr eles vaissea"ux de guerre .
portugais qui ci~oisaient devant ·cette ville; et
qui auraielit pu nous mettre une seconde fois
eil- réquisition. Le vent étant devenu un peü
moins favorable, on. fut obligé de se diriger sur
l':tle Fernando de No;onha. :ijous éprouvâmes
de violemtes ra-ffales et de forts grains de pluie,
conséqu~nces ordinaires du voisinag~ d~ terre. '
On vit dans ces par ages beaucoup cl' oiseaux de
mer, et des ti-Cmpes nombreuses de poissons
volans.
Le 20 nous avioBs p~ssé Fernando de N;o-''
ronha. Le. vent fut de nouveau favoraible et le
temps serein. Enfin un beau c.l air de lune ajou-
tait à l'agrément de n'otr.e navigation. Je re···:
grettai be~ucoup de n' avoir pas vu · cette lle.
On dit qu' elle ·a trois legoas de long. On y en- .·
voie une garnison de Pernambouc; elle ·~ert de : ,
lieu de bannissement a~ des criminels condamnés
e~ Portugal à' ceúe peine. Les hab~~anf> ct~l- ·
VOYACE,
"
1
~ '
\\ \~\~"
.1\U BRÉSit.;
VOYAG-E
. )
I
Au---:BB.ÊSIL.
Naus pouvions attribuer ee temps désagréa..::
ble et ·variable au .Voisinage des lles• Açores.
Naus vtmes plusieurs bâtimens qui 'luttaient
aussi contve Ja tourrnente. Naus observâmes que '·
la température de la pluie était~ plus chaude que
celle du vent; le thermometre exposé à son
souffie ne se tenait c1u'à 15 degrés, tandis que
lorsqu'on I' en garaJ1tissait il s'élevait à 16; il
resta aú même point jusque dans la nuit.
A midi naus naus trouv<imes à l'entrée du
can~l CIUÍ sé pare F ayal ele Flores. N ous pensions
\
d' ~pn~s notre calcul être au norcl de la premiere
.qé ces-lles; ·lorsqueie s'oir, les Iiuages épais qui
.
couvra1ent I.a surface
' de 1a mer s''etant un peu
· écm~tés, no~s a·perçumes, à un~ distance de cinq
l~go!'ls., uh. haut promontoire de file Cl'"e Fayal.
On •distinguait en avant de 'eette ·côte rocail-
l<mse et escarpée une peti,t.~ tl~ de r0Ghe qui fit
reconnáhre que c'étaitle cap "no.~l:né Punta
das Capelltn!zas .
Le capitaine Bétihenc0urt dirigea alors sa ro'Ute
un peu plus au nord, 'et s'éloigna de l'lle' qui
était sa patrie et qu'il n'~vait pas revue depuis
·plusieqi·s années. J'auraiseu, jel'avou·e, bien du
plaisir à connahre Fayal; mais i! fallut se résigner .
à n'y pas descendre. ·
_)
I
Nous naviguions ·avec un vent bon frais. Vers
minuit on aperçut tout à coup une goelette
que l'on reconnut pour un corsaire améric-ein.
L' alarme fut générille; o:n vira prml?-pteJnent ele
bord, et comme on semblait être emlormi à
hord de la. goelette, nous e-lunes le bonheur
d' échapper encore à ce daNger. An point du
jour .on avait entiim~ment perdu de vue ce bâ...:
timent.
Le 24 le tel!nps fut sombre et orageux ; la
mer tres-grosse venait sans cesse fi-apper aveG
violence '
contre le M.timent
-
c1ui
\1
filaithuitnreuds.
11 Bientôt
I
n0us fúmesi
aru nord
•
de l'lle Graciosa.
Nous v~mes pl].1siei:trs navires; nousJes évitâmes
tons avec un soin extrê:nJ.e, 'c ar un granel
no mbre de corsaires crQisent 1ordinairement
1
'
no us avwns eprouvee. ' · L a mer etall
' . d' un gns
.
plornhé, les lames en se brisant la couvraie:nt
d' mae écume blanche. L k vent qui soufflait grand
frais nous était favorable ; 'la pluie t:ombait sans
/
:1
1\
A U Bli.ÉS1L.
' .
VOYAGE
}Jortait vin~t .canons, s' était .défendu brave-
ment.'
Jqyeux de voir s' éclaircir d'une maniere aussi
favorable un fait.quinous avait donné tant d'in-
quiétudes ,. la, Carlota remit toutes ses voiles
dehors; lct . Con8taricia en fit autant,, et apres
av~ir hissé son . canot à bord, elle nous passa'
sous .le vent avec. la vitesse d'une fleche én nous
souhaitant un bon voyage. NousTúmes bientôt
sépa~és , ear les deux bâtimens eouraient l'uu
à l'est, l'autre au s1;1.d. Le te~ps, par grains et
par raffales, que les Portugªi& nomment agoa-
~eíro, nous servait à souhait; en quelques heures
no ps.elime~>perdu de vue la Constancia. Le len-
1
rio~. ' \· , · ~
..,<\. deux heures ap:residi Ie cri de cc ter r e ·!
terre ! )) se fit enténdre du haut\ du grand mat
et ~1ous remplit d'allégresse. Bientôt nous aper-
cill:nes
~ '
dans un lointain brumeux . le cap . da
Roca sur la côte de Portugal;) sa pointe se mon~
AU BRESIL: 265
~l d
tralt
•
a' nos yeux comme une ue o1,1cement ar-
roridie; la côte n~ tarda pas à •se développer
plus distinctement à nos regards , malgré les
nuages qui obscurcissaient un peu la beauté de
la perspective. Des bâtimens de différentes na-
tions paraissaient au loin; plusieurs bateaux
pêcheurs s'étant approchés, on leur fit enten-
dre en hissant un pavillon que nous désirions
un pil0te. Yera·le soir unmuleta, bateau pêcheur
d'une construction singuliere, ayant le pavillon
eles pilotes, nou;5 accosta. 11 nous apportait une
§Tande quandté d' excellent poisson, et amenait
un pilote de Cascaes qui monta tóut de suite à
bord. Le jour était trop avancé pour que l'on
pút entrer dans le Tage; on louvoya jusqu'au
lendemain. matin., -
Le I crjuillet au point du jour nolis étions tous
sur le pont, pou.r saluer les côtes d'Europe.'
Par malheur le , temps n' était pas assez beau
pour ·c1ue nous pussións hién distinguer Ia' terre.
Notre route se dirigéait vers l'embouchure clu
Tage, formée au norcl pat; le Cabo ela Roca, au
sudpar le cap cl'~spichel; ce·dernier, qui s'a-
vance ·beaucoup en mer, est ~oins élc:;vé ·que
l'autre. La mer avait la même çouleur d'un vert
clair qu e lc long eles côtes du Brésil. A g heures
266 VOYAGE
la Carlo~a passa la barre; la me r y' brisé ave c;
viol~nce à droite et à gauche sur des ro_chers .
Des muletas, des hareiros et cl'autres ,bateaux
pêcheurs de forme bizarre et des navires espa-
·gnols se croisaient dans tousles sens et faisaient
-route avec nous.
Sur ces entrefaites le brouillard s' était,dissipé.
Nuns apercevions les deux rives du fleuve qui
s'élevaie:nt en pentes doUC€S; elles étaient
convertes de villages, de maisons de cam-
pagne, d' églises-. Wialgré sa largeur on distin-
guait la couleur blanche des maisons, et les
11 champs déjà dépouillés de moissons. Nous
Iaissâmes· à droite le fort de Torre de Bujio, et
à {;auche 1e fort Saint-J~1lien. Le Tage se ré-
trécissait U-\1 peu plus. Nous passâmes devant
\ -dGUX frégates françaises qui étaie J.t m.ouillées et.
qu'une bombarde portugaise visita) .
Vers midi la Carlota laissa tomber l'ancre à
la rive septentfioi1ale du T~ge, deva~ Belem ,
c1ui
.
fait le co~nmenc\\ '\ ment \.l1e
\>L,
la ville de
\
Lis-•
bopne. L es maisons c ·ntinueut ensuite sans.
int 1erruption jusqu'; cette capitaT~. L' apres-mid~
no r s SU]A
I I .. d \ , o1l ne put qmt-
)llllCS a VlSlte ~ sante;
.
ter le bâliment qu'apres que tous les passe-ports
eur~nt été rig.OlllPensementcx'am~és . Deux vais-.
/
AU BRÉSIL.
I \
AU BR.ÉSIL. 27 {.
éclairées pendant la nuit : fes gí·ands chemins
nc sont pas bien entretenus ; la poste aux
lettres pour Madrid ne va qu'à cheval: il n'y
a pas de gardes qui pendant l.a nuit veilfent à
Ja sureté des rtleS; mais actuelJement 011 ren-
COntre partout aes' postes militaires, surtout
depuis le soulevement qU.i a eu lieu assez ré-
cemment.
Cette capitale d'un pays méridional frappe
par plusieurs parlicularités un habitant du not'd
de l'Europe. L'eau qu'am(me des mont<~gnes
de Cintra, éloignées de. quatre legoas, un bel
aquéduc en pierres de taille, est portée dans
toute la ville par des homi:nes qui la vendent
en petits barüs. Ces porteurs d' eau, qui appar-
tiennent à la classe du peuple la plus grossiere;
sont en bandes nombreuses à toutes les _fon-
taines. Tous les matins au point du jour on
promene dans les rues eles vaches et des che-
vres avec une sonnette au cou; on les trait
devant les pm~tes des personnes c{ui veuient
acheter du lait. On rencontre dans les rues
une foule de jardiniers, de paysans, de meu-
niers, qui conduisent des troupes de. nrulets et
d'ânes chargés de fruits, d'herbes ' potageres,
de légumes, de farine , etc. , qu'ils vendent à
VOYAGE
tout venant. On apporte surtout dans cette v~lle
une grande quantité de fruits.
L
On voit à Lisbonne. .
plusieurs grands jardins ou
de beaux arbres touffus attirendes promeneurs ..
Mais les Portugais sont aussi en arriere des
autres natiqns qans l'art des jar<ilins: On trouve
.encare vartout des ~rbres t;illés ~ dans ;l'ancie:Ú
gout franç.ais, et défigurés par lés formes bizar-
res et ridicules qu' on leur fait prendre. , Le
jardin de la reine est à Belem, parti e inférieure
de la, ville, tout,. aupres de Ja mé~agerie, au-
jourd'hui complétement vide: il consiste en un
hosquet composé de grands 'Arbres de diffé;en.:..
t~s especes, entre autres 4e peupliers argentés,
de lauriers, de caroubiers et d' au-tres, propres.
aux climats mér'idionaux; ils for nent des allées
' : j
1
AU BRÉSíL.
diocre, est à peu de distance de la ,promenacle
publique. On en construit à· B~lem un ::j.utre
nommé palatio da ajuda, mais il y a encore
beaucoup à faire pour le finir. Les etrangers
voient avec plus d'int~rêt le cabinet d'h~stoire
natuielle qui n'en ~st pa1; éloigné, · il e~t cwn-
tigu au jardl.n de botanl.que. On dl.t que le
premier ·était beaúcoup pliis riche ; cepe'ndant
il renferme encore beautoup de chosés cú-
1
274 : VOYAGE
. úBarg~ait des ~aturaliste~ de pàrcou~ir. les diffé:·
~·entes · proviilces du Brési:l, et de prép~rer !es_
objets remúqua'bles pol!u' le ml!lséum de 'Lis...,
bonne. Cependant il possede ençore plusieurs
mor~eaux tres-remarquables' entre autres U:né.
c0lle~tion d' atmes, cle :r,neubles et de parures
. ~ . / ' ~ 1'. '
en plmnes de différens peuples .du Br.ésil, sur-
top.t de ceax du Maragnop. : Íe~ .corileurs de
ce.s or:nemens sont ·magnifiques , p1,1isqu'ils.
so:ID.t fait~ de plumes d; araras' d' aranÍ~os; ele
toRcans, de guarubas et d' autres be~urx oiseaux. '
I l y a au.ss1· parmi· ' 1 , a·e €e caulpet
· · I es ratetes 1..·
~ '\
A U .:B<RE&IL.
\
VOYAGE
Tage; une foi? ·en me r~ nous p~rd~tilles de vl,ié ,
lé Portugal lé Jllêmé jour. Le lendemàin .lé
vent fra!chit, Ia mer {ut-tln peu agitée. Quel"-
ques passag!i)rseurent lemal de mer. :Malgré des.
. )
. ',\
~
-
•'
\\
,,
AU BR.ÉSIL.
. I
VO'YAGE
/
I
\Í '
I
t
APPENDieE I.
APPENDICE
I.
Q)Jservat!op.s sur quelques accidens causés p;J.r la morsme
dcs serpens au Brésil.
11.
I . 1
.finif par Ie~ .découvrir._ .
1
La mamere dont on ó~arge es mulets au
Brésil étant ingénieuse et sitnp!e, f<Rérite qu'on
en fassé mention. U n bon ·mulet\~orte huit
- , \ ~
~ \.~
'\ ~\
J~·pírENOICE ·n.
/
arrobes . . ou deux cenis livres, quelqueÍo'is . on
\
:1
I ' I '
: Quand le trope!ro.'veut ( harger, ~ prend le
cp!fre su.r ~~n ~~aule,et I'~~'tà~he au. h~t.; et a
so1n que I e<!J_mhbre de,Ja 'eha' ge smt b~en eta-
., __ 1 de c;naque
~~· t que ·I''a,\'' m. nal ne s01t
cote; áfi~l . pas
1' - A ,
/
1
gêné; si les cof.f.i:es n',on ~ pas cbacun un poids
·égal, OJ!l met' sur le-plus léger m:~autres ob~ets'
J)!Our l0 rendre plns loard.l,a charge bien posée
~ . \ '
APPENDICE II.
)
. 2:91
·\.. \
APP.ENDICE 11.
APPENDICE II.
paqueter ·h~s objet; d'histoire ·naturelle; il les
garantit même . de l'lnimidité. Le voyageur·
pôuvant toujours savoir d'avance, avec une es-
pece de certit1;1de, s'il doit passer dans~des oan-
tons ou il ne trnuvera pas cette substance si
nécessaire, il en met alors une provision suffi-
sante dans ses coffres vides.
Si 1' 011 ·veut recueillir. des mammift3res et
des oiseaux, on. envoie e11 avant ses chasseurs
bie11 munis de plomb de toutes les.dimensio11~,
et on leur do11ne ordre de ·tirer sans distinction
sur tóut ce qu'ilsvoient. On fait de petites jour-·
1t née1s, poúr a.r river de bo~ne heure à l'e11dro~t
ou ,l 'on a for~11é le dessein de s'arrêter, et avoir
le }emps· de . préparer les animaux que ,l'on a.
tuê . On .s'i11forme aussitôt quels !.~mt les meii-
leurs chasseurs du lieu, on les fa~ vehir, 011
' ( ·~· .
conclut u11 accord avec eux, on leur dónne de
lll P(oudre et du p,~omb que I'011 a eu la précau-
,t'ÍOf! d' apporter d'Eurdpe ; ca · bien qu~çlans les
graindes villes du Brési .ces ·rn:'mitions neàman-
quent pas ·et soient de B nne ~ualité.; I1 faut
1es-payer extremement c'he ; on ea
A ! ~ , ( •
trouve'aussi,
IA • \. ., ' ,. , • •
de rpeme qt1e de la grosse ,dragee, dansl mteneur
du pays, mais elles y soi;tlpauvaise~. On donn~
a t1.xl chf'lsséurs les inslructions :héce~ satr:es sur la
•
APPENDICE ]I.
1/
'.
APPENDICE li. 299
p
aisé d!e rencontrer un tonnelier habite. Le natu-
-' ' • •
. ·~
APPENDICE Il.
\ ~-
\*
~
APPENDICE H. ' 3o3
' l
3o5
r,
~onde n' égale l'Amériq~e. On ·a comp~é dans
Nouveau-1Vlonde quinze eenfs à deúx m.ille
l,ngages ~t idiomes différe.ns. Les rechêrches
APPENDICE III.
)
de Sevérin Vater sur ce point, dans le Mith'Ji-
daÍes( j; ), sont e;:trêm"emen,t précieuses. 11 pense
que leu~ nombre ~'éleve au plus à cinq cents,
et que celles de l' Amérique septentriqnale dif-
ferent de celles de la méridionale. Un long
séjour ' dans ces pays peut seul conduire à
'la .notion préeise de ees langu~s. Le voya-
geur qui ne v:oit ces peuplades qu' en passant,
1
n'a. l'occasion que d' être frappé de la pauvreté
de ·leurs idiome~, et de lem' affinité plus ou
líllOÍns grande entre eux. iene puis pa~· consé-
quent promettre dé fournir eles secours con- .
sidérables pour 'connaitrc' la :grammaire de cés
lai1gu~s; ·ét ·je doi~> m€ borner à elonne:r ·eles
·fragmens ele vÔcabu1-aires qui poprront néan-
:rn;oins servir à juger ele le.).1rs Fapports plus. ou
-m0i:ns grands e:ntre elles.· ,
La ·langue qui pa~a!t la plus éteNÇ.Ue dans
,,l' airrériqúe'-mérielionale Üt celle, des peuples
,Toupis ou la Lingoa Gé\·al, a iaquelle appartient
.áussi ce1le' des'Guarany~. Elle·est eoi:mue dep~is
Jong~terrips~ plusieurs éérivains en ayant parlé,
ét Jean de Léry ainsi ·que Marcgraf en 'ayant
publié ele~ ·exémples nom.breux: qui ·(servent·à
3o8 ,APPENDICE UI.
/
" \
VOCABULÁIRE BOTo'COUDY.
A.
FRANÇAIS. BOTOCOUDY-
Acheter. Com'pra. (M6t JlDip.-d.;Portiignls.)
Agouti: . Maniakenoung. '
Aiguiser.. . Ampe et.
Aile .. . ,Bacan-gnimaak,
1
Allufner. . 1 • · Noumprouck._
Amil ·Niangcorock.
Ana1an (espece de petroquet). llatarat.:cou'dji.
Anal!as. • . . , Manan. ' I
Anh,ima (oiseau) .. Ohi.
~
Appeler. . . . . Kilia-kilit.
Araif>uée. . . . . :Angcori.
i• · I
Arar1 (espece de perro"q uet) . • Hatarat.
Arbre.
• I Tchoo!l<;
Are. . . . .· .~ eem.
Argilt,). • . Naak.
Asseofr (s') . • N:rfP·
Avare. . . King.
- (tJ·ê8). • King-gi~aram .
Aveu?le (l'ceil es~)· Ketom-entja.gemeng.
~
A'P-PENlD1tCE .JI!l.
B.
Bâiller .. Mp~h~ck.
c.
Cabiai. . •Niimpon.
Cadavre. Couem.
Calebasse. Amiakn'on.
Canard musqué. Catapmou:rg. '
Canot. Pirogue. '
Tiongcat.
Capoue;e ( espece de 11érdrix). · Hiltarat.
Cela est bon. . . ' Ae-reha .
Ce!a n'est pas bon. Ton-tbn.
.\
Celai bout'. . Hê-mot-ou ae-mot.
Cé1 j fait maI. Hê-ingeroung.
Cen/lre. . T.iaco.
Cedi. , Po-çling. ·,
-(bois de). Kran-tiouem.
Cerveau, , M~niac~ . . ~.
Chajr. • , • Bacan-gnick. \
t, ' . . .
Char ter. • \I • ' (')ng-ong.
I
Chafogne. ÜUV<J-!D• · .·~
Nio-~~a.
1
Cha~ ;ser.
Cru. Tiip,
Cuisse. Mekn; djopo~k.
'i -·
D.
Danser. ~tack. )
Déc~rer. Noung-niop g.
Dég?utter. Magnan-knin
Dent. Kiibun. ~
-era~ aux). .- Eíiot.•in-ingero~mg.
Dér<,>her. Ming-kack.
\'
Des~ ous. Paouf n·
Dial,>le. i
Iantchong.
~
~
Doi~~t. Po.
- p,ouce. ~o-ê-racR.)
-ind~. P -iopou.
- 9u milieu: Po-coupa niem.
. 'i\ -
- annulaire "Po-coupa-courouck.
I
-crtit). Po-coudji on po-crtiuck.
. \
\
APPENDICE III.
Donncr. Oup.
Dormir. Koukjoun.
·Dos . . [, Houkniak .
Doux. Coui.
Droit. Tah-toh.
Dur .. Merong.
E.
Eau .. Magnan. ,
- chautle. .·' Magr~an· igitia •
Echanger. .Qup.
Eclair. Tarou~te~méran,
Ecoí:ce. Tchoon-cat.
É.cume. · K0rop.
"Enfant.. 'Coúroucli.-nín.
Engoulevent: ~Umpantip~n . .
Enfuir (s'): . Amack.
Entel'l'er un niort. Me,ra11,1.
En -avant marche. :(Y.[ouli!g'rnérong.
E~velopper. Nm~rat.
E paute. Coron.
Epine. .T açan.
Ess~yer. Noumaoun._,
Eteind1·e. ,I, •Noucou.
Eterhuer. Nakguing.
lxS APP:ENDICE III.:
Etoile. Niore-at.
Eveiller .! . Mêrat.
Excrément. Gniin-kou.
F;
Faible. Engeniock.
Faim. Tou.
Fat.igué. Nümpérong.
Femme. Iokounang.
F eu. I. Ghompeck.
- (appareil pour faire du). 'Nom-nam.
Feuille. liam.
Filie. Ioknang ou iokounang.
Flairer. Co ui.
I
Fleche. Ouagike.
i·
- barbelée. • Ouagikê-ni~erang.
- pour les petits oiseaux. 6uagikê-ba.Càn-n~umock.
- à pointe de roseau. Ouagike-com.
- (tirer une) •. Ouagike-~oung-griug.
- (tuer d'un coup de). Ouagike-nottta.
Flute. Tuyau. " Ou-ah.
Forêt. ' .
Fort. Force.
. '/. .
• J
\
F <,mille~< la terre. Naak-aourit.
·'I
Fouler. . . T ang\ .
F purmi .• P elick_~!ileck-ne ck.
F purmilier (grand). Couian.'
":"' (petit). , . Couian-coudji.
F ·ere.· Kgiparack.
APPENDICE III.
Frissonner. Aé-ra.
Froid. Ampourou .
Front. Can.
Fumée. ,) Tchoon-gikaka.
F usil. . Pou)lg>
- à deu:x: coups . Poung-ourouhou .
G.
Gaine pour couvrir sa nudité. Gio.ucan . .
~
Généreux. Kan.
Gen:ou. Nakerinjam.
Glousse (le h:occo ). .. Contchang-he-hing.
Grand . Gip~kiou.
' (
Gras de jambe. Maak-agnik .
• ,f} \<
I.
Iapou. ( oise~u) · lkeraioum o.u ~il!k~r.l!i:,o,um •.
-(Touffe deplurries jaunes ou Noucangean ou. iarekéioun- . 1
.J. '
' \l
Jacaré ( espece de CJi_ocodile). Acha
J acfntingua ( oÍseau ).· Po-coli~g.
Jagra~ . . . . . . Ko~para~k-gipakiorL
-l~olr .. ·Koupar~q}-him. ·
Jan1be . . , ~aak. i-
Jarretiere. ·Merouckr:Ügr\im:
Jau.ne. ,. ·Nniack. · .'1' ·
- 1i'ceuf. . Nnapk ou ~p.iàck.
Je ; 'moi .. . ,.;.:Kgi<Ík-ou-kigick\ .
Jol~ . . Ae,.~~ha.. \
.. \\ .'
Jolfe. ~ N,Jlm~ong. . .
L~ T ~n-ton.
\,
•
Lai'f:· ·.
Po-clmg-p.eri'ck . .
\ o \\
Laif- .
La!fcer une pierr.e. Caratoung-angc-gJJikg.
' \
/
APPENDICE III.
Limguc. Kjitiock.
Urge (il est). Ae-rack.
Laver. Kiioum.
Lécher. Noumcrang.
Léger. Mah.
Lent .. Negnock.
L.imaçon. Gnocouack.
'Loin. '. Amorong.
Long . . Oron.
Loucher. IUtom-ioiack.
Lourcl. Mokarang.
Lune. Tarou.
- (pleine) . .. Tarou-;gipa:k,iou. ,.
- ( croissant). Tarou-car;~pock-coudji.
- ( quartier). Tarou-carapock.
- (nouvelle). , Tarou-him.
M·.
Machacáli (peuple} 1\lavçmg.
Mâcher. . . Miah.
· Macouca ( oiseau ). . An,gcovock.
Maigre. Knian.
Mai"n .. Po.
Mais .. ladniroun.
r"
MaisQn· Kjiêm.
Mala de .. Maourt·maoún. ·
• I
o
Mangér. ~oung'co1lt.
Marcher. .. Moung.
Marier (se). Kjiem-ah.
Màringoui~. Peutang.
III. ,. .21
APPENDICE UI.-
·, \
Mau vais. Ton-ton.
Membre viril. Kíouck
Mentir. •' lapaouin.
Menton. Kngip-mah.
Mer. Magnau-ê-rack.
Mere. Kiopou .
Miei. Mah-ra.
Mince. Nu in.
Miriki (singe ). Keupo.
Monter. Grimper. Moukiop. ·
Mordre. ~orop.
Mou. Gneuiock. ·
Monette. Naak-naak.
Mourir. l{!ouem.
I
1/ Mounto~ng (~ise_au ). · Contcha11g.
Mu/)t. Ong-nouck:
\,
M~eau . Kigin-gnoren~-
N.
.,
Nag;er. Kiioum.
I I
Narine. Kigin-mah.
Ne~re. I· Engora.
'
Ne7;. . . K'igÍJ?.
-11ecourbé. . \. KigiJ7n'aug.
- ~roit. I\
. • \h -to
!('Igm-ta ' h,
Bacan.trem.
.\ o
Niq.
I\
Noir·. Him.
I
N01,ubril. Gnick-na-gniok.
~NoT1. Amnoup ou amnouck .
I
\
,,
APPENDICE III.
Noyau . . liam.
N'uée. Nuagc. Tarou-niom.
Nuit. 'fârou-t~-tou.
o.
OEil.. . Ketom.
- (ouvrir 11). Ketom-aman g.
OEuf. . . . Bacan-nirigcou.
Oiseaú (grand). Bacan-ê-rack.
- (petit). Bacan-coudji.
Ongle . . Po-crang-kenat.
Oreille . . · Kniaknon.
- (lobe de 1'). Nou-mê.
- (ti'OU de 1'). Kniaknot•mah.
Orteil. Po.
Ortie. Giakou-tack-tack.
Os. Kiiêck.
- (m,oelle des). K.iiêck-iotom.
- de la jambe. Ketom-io-iêck.
Oui . . . H e-é.
P.
Papillon. Klakou-kêck-kêck.
Paresseux. Camnouck.
Paresseux (animal) .. Ih o.
Parler. . ·. Ong.
. MÔung-magnan~mah .
1
Passer à gué.
APPENDICE III.
. r
Pat31cho ou Coutacho (peuple). Nampourouck ou naknpou-
rouck.
Patate. . Gnounana.
Paupiere. Kétem-kat.
.. Peau.
- blanche ..
Cat.
Cat-niom.
-brune. Cat-nprouck:
- no1re. ,· Cat-him.
Peau d'un animal. Bacan-,cat.
Pecari (animai) . . Courack.-nigmantiocou-niom.
Pêcher .. Impock-avouck.
Peindre. Barbouiller . Novoung.
Per e. Kgikan.
Petit .. Coll;dji ou pmack.".
li
Peu . . Amnoup.
Plc (oiseau). Aeng-aing.
1
P jgeon .. •Koouei±t. ·
P jed. . . Po.
- ; malade. · Maak-git ia"gikaram.
. \
- ,. (plante du ). P o-pmm. ~
P ierre. Rocher. Caratoung.
I
Pfm'en~. . I· Toum-ihâk óu tchoon-j eck.
P jquer . . Noungcoro. '
P!ein. ~ M~ .
Pleurer. _Se lamenter. ~ Pouc~.
Ptei:t1·s. -'.. . 1 • Ketom-magnan.
\~
Pfonger .. . . \ Moukarack ..•
Pfuie. . ~agnan-ipo.
P~ ume. , Gni-;maali.:(
Ppintu. Me1;êp.
Ppisson. Impock\ /
..
•
•,
Q.
Queuc d'un oiseau. Ioka.'
- d'un ,cluadrupMc: . Iiou·ck.
R.
, Racine. Kigita11g. ,
Rassasjer. Couang-gipakioll-gik.aram.
Remuer .. ~couroug.
RÜ'e .. Hâng.
Riviere. Tai:ack.
- ttes-haute. Tai:ack-ngimpouug.
...
\\'.
$•· -
...
• ·<'
APPENDICE III.
Riviere est prpfonde. . Tal ack-motgikaram.
- est tres-basse, . Ta!ack-motgika1·am •
:Jliz. , . . . lakpenim.
'Rose;m. Com.
Rõtir. O'p.
R o,~e. Tjongkran.
Rougir. Hê-rang.
~ngissernent du jaguar . . H;ou.
Rugit (le jagu ~r). . . Couparack-hê-hou.
s.
Sable. o'
. Gnoumiang.
.sac • • ,,
Tang•.
Saignée ( apres que l:e l!lalade a \\
lj
été1frappé ave c la pl.a ptc gia1cou
M1t a_ck) ·Kiakatong. --
Sale. . . Tou-ton • .
Salive. Qni-ma kpiot.
Sang. Comtjack.
Sarigue. Ntjountjot\.~
Sat1ter. Nah.ang. \
Sé9her •.
:~;~:::~. ~,.
. I
'
Sentier.
I
Chemin .•
1\
Se~pent. . . .. . . ~ Engearang. ·
..,.... (grand) cl'eau. . \\ Ketom~~niop .
., - - ,(le plus. grand)'de terre: Couong-cp~ong-gipakfou.
- (morsure de). ' • \ nca1·ang-corop. I
Si~1er.
s~~ge.
Ouab.
· Hierang.
~
I
ji;ÇJ~re, Conang-c~ ah .
I
AP11ENDICE III. '312.7
Srem. Kgi-couta.
Sair . . Tarou-te-motmg.
Soleil. I . Tarou-di-po.
- (lever (!U ). Tarou-te- ning.
-(à midi). Tarou-niep.
\
- ( couci}er du). Tarou-te-moung.
Sornmeil. Po-cling-coudji.
Souffief. Noup~aoun.
Soupir-er. Nohon.
Sourcil. '·- Kan-ka.
Sucer. Kiaka-êck.
Suer. Suem·. Coucang~eiou.
T.
Tabac à fumer. Gnin-riang.
Tapir. Hokhmeren,g.
'f atou. Kountchoun~ :
- (graml). Kountchoung-cocan.
'ferre. Pays. Naak. ·
Téte. *" Kérang-cat.
-(mal de). Kérang-ingêroung.
- (faire signe dela). Can-apmah.
Tirer. Nountchorot.
.'
·~,
- un coup de fusil. P oung-apoung,
Tondre . .
Tomber. Gnarack. • .
~onnerre. Ta1·ou-te-couong.
\ rchc .. Karantam:.
I
I
1•tue. ~ )_; . C~rotjock . '•.
\ ' .
-. Ouhoum .
~
APPENDICE IIL
Trace. Vestige. Po-niei)· •
Tranchant. , Merêp ..
- (le couteau est). Carack-e-gikarammerêp.
Tumeur. Bosse. . Gniong.
u.
Un . . Mokenam.
Urine. . Niim-kiang.
v.
Vaisseau e~ roseau pou'r l'eau . Kack-rock.
Variole .. ; Nnikhmang-kouék.
Vautour-ouroubou. Ampeou.
. \I .
Veine. Pomm".gmt.
1
1 Ventr Tarou-te-kouho~J.
- fo rt. ., Tarou-te-kouhou-pmimong.
1
. ,,
APPENDICE IH.
r
34 . APPENDICE III.
" .
APPENDICE III. 335
/
APPENDICE IU.
. 1 \
\'
\
\
~~
~I
~
\·
'
·z \ '
APPENDICE _lli;
VOCA:B-ULAIRE :MACHACALL
r
Arbre. • , .Abaai'.
Are . . . Tsayê. ,
I\.
Aller ( alloris ). . Niamamou,
Beau. Epal .
Bla11c (un). Creban .
Bois ... Ke.
Botocoudy. , . ,ldf!OI-\SSaÍn,
Bras. . . . Nipnql
·canot. Pi1:ogue. .Abas<;oi' •.
Chair. . ·. Tiptingin.
~
Chien. 'I'chouckchaouam . ,
Di cu. Toupa.
Doigt. Egnipketakam, ou nibcou·
Eau • . .. toung.
Counaam.
Bclair. Teinjanam .
Epine. ' . Minniam.
Femme. . AÚtiom, ou Etiatoun.
Feu .. Kecham. '
Frere. Idnoi'.
F u ~il. BibGOL )
34o APPENPJCE III.
Hache. Piim.
Herbe. Chioui.
Homme. " Idpin.
Jacaré. Maal.
1\;la,~n. A~nibk~ilip..
Maison •. Beêr,
Manger. Tigman.
Montagne. Agnina.
Nêgre. TapagnÓn.
Oeil•• .
~ Ideal.
O eu f. Niptim.
or~ '
Tagniba.
Pied. Idpata. ·
Poisson. Maam .'
. I I
Poitl:ine. Itkema'~ilm·
ifFouleC . ~Tsoucacacan .
Riviere .. . !taco!.
Sang. . . ldkt\ng,
Sinpe 1 Kechniong.
,, I
Tapir. Tcliaa. , \
Tato~. .r . Co!m. ~
Tonn,evre. Tê tina. ~
Vent~·e. Inion.
\.
Visagp.
APPENDICE III.
VOCABUÍ..AIRE 'PATACHO.·
Chanter. Sóuuíniàta.
Cheveu. Epotói'. · ·
Cheval.. Amachep . ,
Chien . . Kokê'.
Cochon. Cheum .
I
Corne. Niotchokap'tchol.
Cou .. ·' M à!.
I!;
Courir. Tópak aóuti:hi.'-
Court. Nionham-.k:etoin.
.
Couteau.
APPENDICE lU;
Amanal.
Cuisse. Tchakapk~ton..
Di eu. Niamissoum.
Doigt. Gnipketô.
Dormir. . So11mal mohon. ,
Enfant.. Tchaouaoum.
Ennemi. Se battre<. Nienai:kikepa.
Ei;>ine. Mihiam.
Fils .. Nioaactchoun.
Filie. Nactamanian . .
Fleche. Pohoi..
Foie .. A:klopkanai:~
Frêre. Éketanríol..
Froid. N ouptchaaptangmang.,
\\ ' .
Fusil. KehelüJui • . \
1/ Granf. Nioketoi:nê.
Gras .. ; Tomai:som.
Grenouille. , Maouâ.
I ·. \ ..._
Hachç. 1 Cacliou.. I
Hameçon. Koutiam.
Homr,ne. Nionnactü~. ·~
Jamb,e. . Patê. . \
Lit. _Miptchap.
Long. '· Miptei:.
Mai:s. .,1:Patchom.
Mala1e .. . ' • t~ktchoP,.e{am.
Mangrr .. . Qknikena~g.
Mani?c·, · C.~f-om. '
Mêre .. \ Ateu~ ,
Mont~ gne . Eugn~topn ê. . "f
:Mordre· • KaiU1gtchahi1"
. \
'· Al?PÊNDICE III. 343.
Mourir. •, Noltchoon.
Negre. T~meningna .
I '-
Nez. lnsicap.
Non . .. ' Tapetapocpai
Nuit. . Temeniei·petan.
OEil.. Angoua.
OEuf. Petetiêng.
Ongle. / . Nion-menán.
Oui. Ílan.
Paca. Tchapa.
Paresseux. Nok,tiokpetam. ~
/
344 -4-PPENDICE UI.
Un. Seul. Apetniêeam.
Ventre. E tê.
Viens. . Nanê.
Vieux. . ·-' Hitap.
ViÍlage (beauGoup de monde). Canau-patachi .:
Vomir. Tchaha.
VOCABULAIRE MALALL"
i net'. I Ali.ehegé •
ATbre. .. Me.
Are . . Soi:hé.
Barbe. Esekeu ..
I
Beau. Épol.
Béaucqup . . Akgnonak. ·~
Bceuf. . . Tapiet. .
f
:Bois . . . í. Me.
Botocoudy. . \. Epcoseck (g1~ande o ~ille).
l3ouch1~ - ., •
1~1etoco~ , ·.
Eras. . . Ni:em. \
C'estbpn. , É~o:i. '\ \
Ce n'e~t pas bon •• Ia1\mingbo~,
Chair. . 1qunie. .,
Chale~tr . Ei é.
Chantp- . · . Niamekae.
'\.,
/
APPENDIGE III.
Chat. . Iongaet.
Chemin. . . Paao.
Chemise. Aguohicke.
Cheveu. ' Aeu .
Chien . . . '. Voco.
Ciel. . • · Iainepêoi:mé. ·
Cochon. . .. · Iaoue~.
Corne. Manai:tke.
Cou.·. Aieroio.
Couteau. 1Iaak.
Cuisse. Ekemnen.
Dent. Aio.
Dessus. ··Ia-memaouen. ·
Dieu.' . ·.Amieto.
Doigt. Aniemko.
Donne. ~aposnom.
Dormir.. Nieirtâhono.
Eau . . · Keché.
Enfant. .• Ako .. ·
Epine. ·Mimiam. ·
Femme., · Aiente. ·
Feu .. · Ceuia.
Filie .. . Ekokalia.
Fils. . Hako,
Fleche. . Po'i.
Fo.urmillier. . Bakéé•
Froid. . Kapêgnomingming. ·
Front. .Haké.
Fusil. .Poo:
Rache. .Pé.
Haut. , :;· Amsettoi:.
346. APPENDICE III. .
Herbe. Achena. "
l'Iier. Hahem.
H oeco. Iahais.
· Homme. Atenpiep.
Jacaré. . Aé.
Jacutinga. Pigna.
Jaguar. lo .
Je. Moi. Peu .
Laid. ' (
Evouout·n.
Lait. . Poio •
Long. E ch cem.
Lune. . .. Aié. .
Main. . Aiimké.
M:l!s. Manaia. , 1
Maison. . Ieo . .
11
M:mger 1. P omamemneng.
Manioc .. Couniê.
Mere. . A~é . .
Mordre. .. . N~am.anoma .
\
Mourir. . Hepo.ho.
. Kepnê.
~·
Moustique.
Nêgre . . Tapagnon . .
Nez. i:. , Aseié.
Noir. .,,.. .. .Elheemtom.
Non. . A'tepomnock. ·
Nuit. .Apt m . . ~·
OEil. . Keto.
OEuf. Souckakakier.
Oiseau. J>oignan,
O r. .Toioa.. '
Oreille. . .: . Aiepco:
APPENDICE III. 347
Os. Akem.
Oui~ Hoó.
Pere. Tanatemon.
P.etit. Agna. ,
Pi~d . Apao.
Pierre. Haak.
Pluie. Chaab.
Plume. .) . Peué .
Poisson. Maop.
Poitrine. Aniokhe.
Poule. Soucaca.
Bacine. Mimimiaê.-
Bouge. Pocata. ·
Sable. · Natho. -
Sang. Akemje·,
Serpent. · I(,hekheein,
Singe. Kouchnio. ·
Soleil. . · Rapem.'
Tapir. . ~; Amajeu .
Tatou. . · Couib.
Terre. .! ' · Am.
- Tête . Akeu.
Tomber. · Orna.
Tonnerre · Scapé.
Un. ,((
Aposé.
Vent. · Acokhé.
Ventre · Aigno.
Viens. I o.
Visage . Tíeto!,
r . I
Vite Alo!hruriol.
APP-ENDICE III.
VOCABULAÍRE MACONI:·
Aller. Iamon.
Arbre. Abooi: . .
Are Paniaw.
Aujourd'hui . Ohnan.
llanane Atem ta..
llarbe. Aguedhurn.
'·
Beau, joli E;poi:nan .
Eeaucoup . . Agnquni!Ú;un.
Eouche lnicoi".
Breuf.
I
' M analtt. . \\\I.
Bois . . Cou.,
I
Bras . . Agnim .
Broche Mouchi.
Calebasre . . Counata.
\
C'est b~1n. EpÓL \
Chair.
Chalellll .
Tioungin.
Abcoi'can.
t
Chanten . . Niamoung!,.êtê.
Chat. \ Kpuma~ n.ang.
Chemin. . . ~ataan . .~.
Chemisq. . . ~~upickchai'.
Cheval Cmhato.
·' ! •
Cheveu End.·\en.
Chien. . Po~o .
Ciel .., . Beco!.
Cochon .. Tiaketin.
~
APPENDI~E llr'~_ ' 34g
Creur. .' . Inkikha.
C orne . E.cm~ :
Couteau. Patital.
Cuisse. . . lnca~jh~.
Dents. E tio i:.
Dessus . 1Pavipa~.
Dieu. , To'hpa.
Doigt. . . ApnÍJ'C.~ut?·
Donne Apo~én?Ih :
(
Dormh· NiampnJiloq.
Eau ·. . C?unaa~1,
Eclair. Agna!Ua':ll.
:Enfant ldcouto.
Epine. Bimniam.
Femme Ati.
F eu Coen.
F)let . Maplj.epê.
Filie . At inang.
Fi!s lncoí.Jto.
Fleche Paan.
F ounnillier. Potoignan.
'
•Froid. Khaam. (.
Front. lncui.
Fusil . Bibcoi:.
,Hache. Biim.
Hameçon. Cagn~gnam,
Hal.lt . Ecouptan.
Herbe. Cheui.
H oeco. Tchajijé.
Homme Icubt<,t n.
Jacaré Maai'. ;
,,
Agouti. Oncho.
Aller vi te. N'I.
Allons. Niamou.
Arbre. Hi.
Are. Houan.
l Aujourd'hui
I .
. ·lnou.
Banane .. Incron.
Barb~ . Ioghé.
Beau . lngoté.
Blanc ( un ). Pai.
Bois. Hinta .
Bouc~e . lniat ago.
Bras. Jgbia.
Ce n' ~st pas bon. Saou. \
Chair. Kiona.\\
\
Chalepr. nioungg· u.
Cbat. Ià tan.
ChemÍn Clla.
Chev11u. Iningé.
Chien. Jaké.
Cochon. Coui a . .
\\
.-
1
. r::)
Long. Incbé.
I 1.'
'Lune . k
Main. 'Inêrou .
Mais .. Kcho.
Maison. "Touvoua':
· Mange~. Ioucoúa .
III. 25
,. 354 APPENDICE III.
Manioc. Kaiou.
Mordrc . . lmbro.
Mort. Cha-ouia .
Mourir. louni.
Negre. . .· Coata .
·Nez, ~
lnchivo:
Noir. Couata.
Nuit.. Outa. -;;
OEil.. Imgouto. ·
O'E;uf. Sacré.
''
Oiseau. Sata.
Oreille. Incoga .
Ou i. In ou .
Petit. lntan.
Pluie: Si. ,,I.
I/ Plume , ..
( , Inghé.
p. I H a.
OISSlon ..
Poule. Sacha.
·Racif e. Kí,aii.
Rivi~re. Sin. I
·Sablf .
San1.. •
. '~, Ae.
lsg.
. ~ ."·.·\\
Sari?ue.. f. Canché. ~--
Sei. . .' }. ,·
1
• Chouki.
. \
Serllênt. , •' ' •• . ~· ,T 1.. \
Singe. Caoun.'
Solei!~ ~
" ·\~
Ch' ..
10!1 •
Tapir. • \Eré.
Tatpu. ,_ . Pâ.
1
··~
E.
\
f .. ...
I
Terre·
Têtf. Inro.
~\
y
\
I "
APP~NDICE IH. 355
'figelle . ( especc d'assiette ). ·· . . E.n an.
Un . . Veto . .
V:ent. Ioua.
Ventre. Ioundon .,
ViGllS. Ni.
Vicux. Choeo.
,/
. Ago~1ti. I;Iol}ioq . •
Air . . 4-rikhoro.
Aller. J\>):a11. •
Aller chercher. Ibanê.
Arara . T choka.
.J
....
Cochort Koua~hirokhda.
1
Cou / Ninkhedio.
Couch~r. Koi'noui'.
\
I
(
APP'ENÓICE IH.
Cougonor Iak.é-ko',tra .
Cour.ir .1 Niani.
Cquteau.
Croitre
.. I\ediaa~o.
l(na~ch~hané .
· Danser Eco\n .
Dents. pio.
,Dessus Hoekhoa.
' ' )
Doigt ( premier) l:p.hi.n d\o.
- ( Second) . Ndiakhhia .
. - ('I'roisiem.e ) N:diqenp.
- ( Quatrieme.) N:diqégra.
·nanne N:ekl;io.
D"onner Ad'kho.
Dormir H a'k.egnéhodqkJljw.
Eau . .. S.a.
Eclair . T~abokhko.
. Enfant Koi'nin. ·
Epine . Hohi é.
'Etoíle .. Heo. .(
Fenl.me Krokhediora .
Fcu . Diakhké .
Feuílle . E •·é.•
~ Filet. Honerakhi;ahka.
Filie . K iaKhk.rara .
Fils . ..( ' Kediêgrê.
Fleche H o ai'.
- à pointe de roseau (ta boca .) Knêniêouê .
- barbelée- (periaq ue )'. Hoahiê-hiê •.
- pour Ies pctits oisc.aux (viro ta ): Houagre.
.Fieur. Houanh inclo .
Forêt. D ok h odie.
'J
,,
358 .APPENDICE .III.
FÓurmillier ( grand) . Pera.
- (Petlt) Fedara.
Frêrc. Kiakhkoadan.
F~oid. Chahadio'in.
Front. •' o
A~e.
Fruit. Kerênê.
Fusil. Kiako.
Grand. Iro-oro.
H ache. Iakédokhko.
Hameçon. 1 Kedia·halé.
Ha~che Kadse.
Haricot Kegnê.
Haut. Hoi'nia.
Herbe. Kai'. ··!
jj(Ioco Chakhéda .
I
, · Hiiem tt.
Hom~e ...
Ile. .' Kahoi'.
Jacupc;mba Cháheiv
Jawtipga. Cbanenseu. I
Jaguar laké deré . I 11
~(Noir) Iaké-hia. ·
- ( Pf tit) Ko'uikhoua .
\
\,
Jambe "\ Takhketsé.
~e, m 1oi. . Ekhlth~\
Jeune. . \ p :enên 1\~ .
Joue . . D'ahia . -'\
Jour. A·ri. · '
.,~ .
.La ver , llakegnêMroakhka .
I
Langup :Qiakh~ré. . \
• Lumitl<,re. lk.hké.
~.
Lune. Hêclia .
\
'/ ~.
\
\
\
APPENDICE III . 35g
:ttlain. Ninkré.
Manger Nioukoua.
Mensonge Nekhionên.
Menton Nikhkaran.
M:ct- Sonhia.
Montague. Kere.
Mort. Endiene.
Mourir Endiênê.
Mulâtre. Kadiakhka. .,.,-;
. Nager. Sandeda .
Negre. Khohada.
Nez. Nihieko. J
Noir. Koakhéda.
Non. :_ Mochi.
Nuit. Houerakhk.a.
OEil .. Kedo.
Oiseau. Chaua.
Oreille. Nikhko.
Ou i. Koki.
Paca. Cavi.
-
Papillon. Chakréré.
Parler.' Chakréré. )
Pecari.
Peindre.
- Koua-hia ..
Indêrê.
Pere .. Keanda.
Petit. Krahad<l.
Pied. Ouadê.
Pierrc. Kea.
Pluie. Tsorakhka.
Poisson. Houa .
Poitrine. Kniokhéni.
36o APPENDICE m.·
Pont. Hondia.
Pouce. Nédé.
Racine. Kasé. -
Rine Hatchhoho.
Riviere. Kedokhhia.
Rouge. Cohira.
, Ruissea·u. Sanhoa .
Sable. Aedêengaranê.
Sang. Kedio.
Sei. ·. Echké.
S erpent corai! . Didéra.
-Iiboya. Kta-hiê.
_,J ararao.c a. Dha-hiê.
Singe. Caoun.
Sceur. Ikhedora~
Solei!. Hioscu ..
I
Souffieí. Chki.
Talon. Hoak. I.
Tapir. Herê.
Tatou. ,Pal'\ka-'hi~.
I
Ten·e. Sol. E.
Tête . flerp .
Tomber . Koghc rakhka.
Tonn erre. 1SankoJ·a:i.
Toussen. Cogher~.
, · 1 1 · ·
1 ·. : d ·
venta ,1 e nom sur · a carte e,, a en, et es1gne ~,
sur C€)lle d' Arrowsmiih par la dénominati01~·
cf Extrema: ·Ce point esnitssi indiqu~ sur 'ma
. carte ~ mais ·ArrÓwsmith s'étant trompé sur sa.
- . ·. . \ . .
-~-
APPENDICE IV. 363
..
position, il fimt aussi que sur lllfl
carte ellc soit
chr4ngée.
Le chemin ouvert par M. Filisberto da Sylya
à travers les forêts suit assez exactement là rive
droite de l'Ilheos ou Rio da Cacho.e'ira·: bientôt
cependant·il s'en éloigne et va joindre.le Rio-
Pardo, ce qlii indiqu~ naturellement un change-
ment ·de ·cours d~ cette derniere .r;iviere. On
m'avait promis, à Bahia une carte exacte et spé- .
ciale de cette r~ute; je ne I' ai pas encor~ re-
çue. Yai d'apres mori experience maPqu~ les
ruisseaux , les torrens, les rivieres, les monta-
gnes les plus remarquables, les lieU:x ou ·rwus
avons campé pendant la nuit, et tous les autres
.roints dignes d'attention ;- on pourra par con-
séquen~ sui~re tres-exactement le journal de ma
marche dans les forêts. Mon voyage de Vareda
à Bahia passe as~ez , pres eles bords .cl.u Rio dos
Tiheos et forme un a~gle ·Úes-aigu avec son
co~rs, puiscp~e la .clistance de Barra da V ~reda
à Arrayal da Conquista, ou la ligne qui coupe
tranvers;Jement les deux routes, n'est que de
deux journées de route.
• · Sur la route ele Bol.lf Jesus à Corta Mao, j' ai
oublié quelques petites riv~~res qui sont à ·peu
,• pres de la force du Jiqtú,~i'ça au clernier ele oes
364 _ APPENDICE IY..
CORRECTIONS ET ADDITIONS.
t
tement; il en est de même de la figtue de~Seba, tom. IV.
p. I. 3I. fig. 3. et4. . ·
g5. I. 1?. L e coco pe Guri ri, don t il est c1uesEiou dans cet
endroit et ailleui s, a été r:ommé Jlar .M. Nees vou
\
Esenheck _Allagop~era ;pumila, ct caractérise de la.ma-
1
APPENDICE IV.
die~, jaunes, entourées de nau•. Tel est le c:iracter€
constant de ce lézard que j'ai rencontré fi·équemment.
Les figures de Seba, pl. go. et 88, citées parM. Kuh1, si
~lles app;rtiennentà cet an~mal, sout inexactçs. Sloane
paraH avoir représent.é no.tre lézard .pl. .273. tig. 3.
• • ' I
'
vient clone desubstitucr, dans le ff~ssag~ de tf a relatioa
. . \
\
,,
'
APPENDICE
\
I'V.
ê oncé1;.Ôatit ce penoquet, le nom spécifique. d' cestivus
,;à eelui d'ochrocephalus. ,·
'P·.3g'I. 1: I·'Í-· La vipêre verte. ·Cophias i>iliheatus; ·espece fort
belle; Í:touvelle et non·encore déor~te. L'inclivitlu que je
jJOSsêde a ·vingt-deuil:' •poucés huit ligiles· de long, y
, , , I
compris' lf\ queue dont làloiigueur-est de trois pouces
trois ligues; ce qui fait un septieme à peu'prês de la
'' longueur de l'alii'm~I. Plaques a:bdominales ,. 210; pla-
ques ·eaudales ; 66 pair.es ·; forme' svelte; t~te cordifol'IDe
a::Vec <leux ~randes plaques ''br~nb:tres au~dessus _de
·' i'reil, couvertesd'ailieurs ; de uiême 'quele ·coqis, de
petites êcai1lcs 'étroites; Íülongé'és Jpointues , carinées·':
le long des plaques· al)domhialcs s' étcnd une ligue
d'écailles 'rhombo!dales e't plu;•_lirandes, qui sont pres-
que lisses, et n'offrent un petit C:fifoncement-qu'à leur
pai-tíc' sLrpérieure ; 'anus símple > couvert . d'une
plaque entierc, de~Í"CÍl'cul'ai;·ec; queue terminée par
_ une. pointe cornée; ·roúge :brun ·, ' longue d'unclignc.
Toutes l~s 'jJahies supérieui·es d'uri vert.ela ir .,. ble~âtre,
marquées de ·chacr,ue côté d'une 'ligue ja\.nie de paílle
;' r pâ:le, qui·est fermée pa•f la rangée des grande1s écailles
· d'abord dÚ ventt;C j Je long
'
d'u dos regnént d:e\i X rangée
~ '
o'.Y' ..-, .; · •muiza~ com;ne ce nom' ~st écl-it par u~e falité d'impres.
J• ,. ·.• síon'. C'est le carau cFAiara . ( J7oyages tom. IV. p. 223.)
· :'" • J e I e re ganrerais .conl'túe 1' ardecÍ s.çolopacea de
'Linné ou !c courliri ou courlan de Buffon , si I'on n e
'dorlnàit pas à cel~i~'ci un on gle dentelé au doigt du
milieu 1 o,ngle qui manque à mon oiseau du Brésíl.
- M. Lichtertstcin !'a 1-ei:Gnnu avcc rais.lhi pótn· le gua-
APPENDICE IV.
t•auna -de , ~arcgraf ( numenius giga!l' dw mus~e d'l!'
Berlin~ ) · ·::ljff'7·~~f~~·. ,
p, 111. 1. 23 . Hirendelle de mer à ..!J-ecj:a:une(sternaflavirostris) ..
Elle parait être le stema cayenn,ensis qui se trouve non-
seulement à la Guiane, mais aussi sur les côt'es du Bré-
sil. Je I' ai ohservée au sud jusqu'à Espírito-Santo,.
peut être va-t-elle pl?-.s loin. Elle habite le long des-
côtes mari~imes et sur les·lacs; et même plus au nord
dans l'lntérieur cfes grandes forêts, su: les ba:ncs de
sable des rivieres sou avec'sa voix forte elle ~st le pre-
nrier oíseaú quí saiue l'arri~ée du jour. Les vieux oi-
seaux onf le hec et les píed·s jaune_ citron ; chez les-
jeunes, ces derníeres partles sont nofrâtrcs.
t1g.l. 7·. Ungamha (sarigue). 11 est C{}lestion·dr didelphis:
canc1'iílorus ou marsupialis. · '
l:ll.l J.. I. pécarí ( dicotyles labiatus' Cuvíer )- an. a mis eri
doute.si les deux especes de pécari décrifes·par .Azara
étaient réellement distinctes ;· M. Liehtenstein a aussi
éleyé cette questiori dans ses échiÍol·cisseipens des des-
, eriptions de Maragraf. Les deu>Ct anim ,x cités par
Azara, le tagnicati et le taytetu, existel'!t bien dis-
tinctement; je lei vois cités dans tous les ou:vrages H!-
latffs l• l'Am.érique. Au Paraguay i•ls,portentles noms·
que leur donne Azara; d'ans la pa1:tie du Brésil oriental
\
que j'ai parcourue, les P~riugais )es nomment porco
1
\\
APPENDiCE iV . .
dans ia plus grap.de par_tie de l'Amérique méridionale;
suivant le témc:>ignage ·du missionnaire Eckart, ils-vi-
veht sur les bords du Maragnon, ou la plus petite
'espece s~ nomme cahucuma, etc. La plupart des rela-
tions d_e I'Amérique méridionale parlent de deux es-
pêces de p~caris : la corografia hrasilica en nomme
trois; mais ce livi·e ne fait pas autorité en histoíre
, naturelle, et l'on peut .aisément dans ces animaux
1
_ fr~ndre des différe'nces d' âge pour des différences
, spécifiques1
p. ~36; I,. 6. La chasse naus occupait tous les jours dans les_
env{·:ms du quartel. Quoique l'ile Cachocirinha soit
petite, nous y avons trouvé beaucoup .d'oiscaux. Les
·huisso.ns tout pres des bâtimens étaient fréquentés par
des .troupes nombreuses de pigeons pomb.a de Spelho,
colomba de Geoffroi et de Temninck) ; cette espece
mange les ·graines qui, o11t été semées .. li en est
de même du j.u ruti ( aolumha, jamaicensis) , du caça-
roba ( co_lumba rufina) , du rolla ( colu77Jbf1: minu,ta );, et
d'autl•es espeecs.,.de ces jolis oiseaux qui s'approchent
m.oins des·Iieux habltés. Le péga ( oriolus cayennensis}
faisait entenelre sa voix d'ànsles bois. Les arbres,frui-
tiers étaient surtout fréque~téi' par• une . quantité
d'iapous ( cassz;cus cr:istatus ) et ele guaches ( cassicus
hremorrhou~· ); l'iapoui ( pei·sicus cassinus) se juchait , '
sur les branches mortes les plus hautes des arbres eles
forê.ts~ poli: sécher au solei! ses plumes mouillées par la
rosée de la nuit. Des troupes innombrables de colibris
voltigeaient autour des fleurs eles omnge~·s et des pa-
payers, -notamment les trochilus so, auritus, fim:!l--
sineus, ate1·, viridissimus, et surtout le saphfrinus, de
..
APPENDICE I\1..
m'ême ~JIC beaucoup d'autres. nans Ies parties les plus
i:ha.tHÍes'dllSfe~·éts, oh entendait lê cri aes pen:oquets, tels
que 'l es psittacus seperus, gz~iannensis, ~rftlirogaster ,
I
'sqúarAosus, nienstruus, dufl'esniarius; et la P'etite perru-
, cb'e "~rte et bl~ue ( ~sitt;;_cus p.dsserínu~ de Linné) venait
'e n volt\es nornbreuscs 'jusque dans· ]e viíisinage des
rnaisons. Les buissons et les touffes. éphiss~s d.e roseaux:
.qirí e!lvh'onna,ient ··ri'! e 1
étàient ; ha'liiÍ é's' ·p~i· lle grand
batara cl'.Azara ( P'oyages tom. III. p. ·4 19) ! je n'ai pas
retrouvé cet oiseau ailleurs. Il vit.caahd ;d~i.'l.s les bo-
. · cáge;•les :plus touffus 'e t Ie8 pl11s·· óhlbràgés; qtiel~h~fd~
il s'a"ance pour se pevcher sur ·l.!ne bra~.é11e et faire
·éntendr~ sa voix singulihe.
1'· 144, 1. 7· Le driba: arbriss~au qui ressen\ bie' à l'osiet . C'est
l~ S'eúastiana ripan"a de Schraeler, L •c. p. 7 P3.
iM:l. 1} 16.-.Arbrisse·au àbouqu ets de 'flems ll'lanclies quiex-
~lent une odeur el'rei'lle't extrêrn~mcnt su~e. Ocotea
a,nt;ustifol ia. Sohrader, I. c. p. +; 1".'
. l ~ ' \-
Iúiq. •1. 'I ; .-l':.J•ne auti-e1J'larlte tlteS·j'oilrc qu'i paditi àvbir ele l'afii-
, ' ' • • L I
JJ,ité a·véc ~ e s s·caibieuses : schultesz~ capitátq. Schrader,
l ,.c. p. 708. . \
164. •I. •u ';' OnJs'ap'efçoi~ aisément qo''au lieu ·de )'e fis une
'•
>pjonienacle sdu áut ," il faut !ire au saut. ·La corogrqfia
:r~:~~i~a d~cr:ta:nsi cen~ ch~1te . .~\Ri~ ~e~~orl~ , e~
ai· :r uc\)-upa:nt 'la cha1ne 'eles lllO!)ts :A.ymores, s ouvre uu
G h ·pfissagc ·ent~e 1iléux mon tagn~ ele h~üteur ?négale, ct
'élpnt celle du norcV·nommée onte de San Bruno_ est
~~~· I .
d' ' 1~ p'IiJs · elevé~; Pd!~till se précipi'te " Miis"'f:un~. abl~e
·q·ui a .p lus de 6ent pi~els'de 'profon'd eur. La v~peuff[uê ··
P\·oe}uit .~ ·ejaillisscment çl~ •l'ehu occasionne .un
h uQgc continu él; le fracas s'~nte~d<quelquefeis à qua-
APPENDICE IV :
.tue Jeg0a~ !le &ista*e.' La ·~lern,iet·e partie de cette dcs- ·
criptluJl' m~ senib)e ün .peu' exãgérée.
.p. I 70 . .): I 1fLPetreÇl uolubili's . .Schrader' a·rio"mJn é·cette ·pla-n te
'1 ipetreq. denticulaia:, J1 '!C ! 'J>· 712. · i . · · · · \
',
3So . AP:PENDÍCE'. IV.
rencontrée et que je n'ai pas non 'plus 1·evue. ivema-
tanthus corticola. Schrader, l. c. p. 718:
L e piau , le piabanlza, le tra"ira, Ie piau est Ie salmo·
fi·idérici qui se trouve aussi à Surinam ; le p.i abanha
se reconnait à une tac·h e rouge carmin derri~re la na-
geoire pectorale , et le. trai:ra est probablement -le
tarcira do Rio de 1\farcgraf ( p. !57 ). Un accident
désagréable par leque! une partie de mes papiers fut
mouillée, m'a fait perdre beaucoup de descriptions
de poissons de·s l"ivieres du Brésil. Aiusi je ne.puis pas
déterminer ni décrire un grand nombre de ceux
dont je parle. Toutefois j' espere être en état à l'avenir
T. III. de remplir cette lacune.
p. 12. l. 3. P!'ànte lt fiem d'un roüge foncé , vo\sine-
des Bignonia. Neowedia speciosa. Schrad~r , l. c .
j p. 706.
32. I. 6. Un grand nombre de fougeres interessantes. J'ai
rapporté de mon voyage plu; de cent especes de fou-
geres ; M. Schrader cn a niconnu à pdu rê_s la moitié
pour entierem;nt nouvelles.
38. f· 22. Un pteris-inconnu. M. Schrader I'a D(!mmé pteris
1
paradoxa. Cette plante se distingue prinaipalement
parce que les feuilles stériles sont tantôt partagées eu
.
cmq l ob es In
. égaux , tantôt sag1~tees
1 '
en 1ano,
\\ e ; Ies
feuilles ·qui portent la fr~çiificati~n sónt au contraíre
pinnatifidcs à découpure \Iinéair.
(
e} ; les ·inférieures
\
.bifidcs ou trifidcs , les autres cntieres,
I
53. l. tg . Une jolic plante basse à fleurs tubulées et d'une
couleur d'orgnge tl'l':s - vive, synandra amoona ·, de
Schra(ler, . l. c. p. 715.
,' \
I
I
APPENDICE IV. 381
p. S7 . 1. ~I. Au li'eu de ta:zagra cuyemzemis, il faut !ire tll-
. na::,ara flcwa.
']6. I. derniere: Fleurs orange foncé, assez semblables à ce!les
du maronnier d'Inde. Cassia excelsa de Schrader,
l.c.p.717·
?8. I. 16•.Arbre d~ la famille des mauves à fleursécarlates .
Schouwia semiserrata de Schracler, I. c. p. ' 717.
Ibid. 1. 18. Plantes armenteuse de Ia diadelphie à fleurs
.
carmin clair. Clitoriacoccinea
. . de·Schrader, I. c. p . 717.
Bo. note. Psittacus cactorum. M. Kuhl a, par mégarde; dans
son Conspl!ctus. psittacorum, p .. 82, placé cet oiseau
-parmi les perroquets à queue courte , tandis qu'il a
une longue queue cunéiforme.
91. I. 4· Le criangu, nouvclle especc d'cn goulevent. C'est
le nacunda d'Azara. ~Voyages, t. q., p. 119.)
94· I. 1. Belles casses dont les touffes de fleurs orangées ré-
pandaient l'odeur la plus suave. Bactrylobium fin·u-
gineum. ~chrader , I. c. p. ']13. .
Ibid. I. 4· Plante grimpante à fleurs d'un rouge foncé ip'om::Ca
sidrefolia. Scht·ader, I. ·c. p. 719·
117 . l. derniere. Oiseau mo'uclte comu. Pendant que cette
dernierepartie d.e ma relation était sons presse, M;Tem-
ninck. a fait dessiner ce colibri dans son Nouv eau
Recuezl de planches coloriées d'oiseaux, et I' a nommé
trochilus bilophus. C'estmoi qui !ui ai donné un indí-
vidu de cette beiJe cspêce, qúe j'ai le-premiertrouvé
dans lcs Campos geraes. \
1 ~0. I. 1. Clwuette d~ Camp~. Moliua, dans sa description,
ne parle pas eles taches sombrcs qne j'ai rcmarquées
lllll Yentre des oiscaux çle cettc espcce, que j'ai
APPENDICE IV.
·trouvés ãu B1isi.J. ·Peut.:être a-t•il _oub!ié, tlans sa eles~
cription tres-succincte, ele faire mention tle ce caractere.
Il est certain que la chouette que j'ai! trouvé•e est J'u-
rucurea d'Azara.
FIN..
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