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Logarithme

En mathématiques, un logarithme est la fonction réciproque d'une exponentiation,


c'est-à-dire que le logarithme de base b d'un nombre réel strictement positif est la
puissance à laquelle il faut élever la base b pour obtenir ce nombre.

Exemple :

Le logarithme en base 10 de 1000 est 3 car 103 = 10×10×10 = 1000.

Dans ce cas, le plus simple, le logarithme est le nombre entier qui compte les répétitions
de la base multipliée par elle-même. Dans cette opération, multiplier un nombre par la
base équivaut à ajouter 1 à son logarithme. L'exponentiation généralise cette opération Tracés des courbes des fonctions
de multiplication par soi-même à des puissances intermédiaires entre les entiers, qu'on logarithmes en base 2, e et 10.
exprime en nombres réels.

Exemple :

Le logarithme en base 10 de la racine de 10, notée , est 0,5 car

, donc

Le logarithme de base b du nombre x se note log b x. Si la base est évidente d'après le contexte, ou si elle n'a pas d'importance,
on peut écrire simplement log x. Par définition, .

John Napier a développé les logarithmes au début du xviie siècle. L'utilité du logarithme pour le calcul vient du fait que la
fonction logarithme transforme un produit en somme : . Pendant trois siècles, la table de
logarithmes et la règle à calcul, fondée sur une échelle logarithmique, ont servi pour le calcul, jusqu'à leur remplacement, à la
fin du xxe siècle, par des calculatrices.

Le logarithme permet en outre de présenter sous une forme concise des relations entre nombres d'ordre de grandeur très
différents.

Trois fonctions logarithmes sont d'usage courant :

le logarithme népérien (ou naturel) dont la base est le nombre e, est fondamental en analyse mathématique
car il est la primitive de la fonction s’annulant en 1 et la fonction réciproque de la fonction
exponentielle ; il est souvent noté ln sauf en informatique ou en théorie des nombres où log sans autre
précision signifie en général logarithme népérien ;
le logarithme décimal, dont la base est 10, reste le plus communément utilisé pour les calculs dans le
domaine technologique ainsi qu'en chimie pour le calcul de pH ;
le logarithme binaire, dont la base est 2, est utile en informatique théorique et pour certains calculs
appliqués.

Le logarithme complexe généralise la notion de logarithme aux nombres complexes.

Motivation
Une échelle logarithmique permet de représenter sur un même graphique des nombres dont l'ordre de grandeur est très différent.
Les sciences appliquées les utilisent fréquemment dans les formules, comme celles qui évaluent la complexité des algorithmes
ou des fractales et celles qui dénombrent les nombres premiers. Ils décrivent les intervalles musicaux et selon le modèle de
Weber-Fechner s'appliquent généralement en psychophysique.

Tout logarithme transforme


un produit en somme :

un quotient en différence :

une puissance en produit :

Historique
Vers la fin du xvie siècle, le développement de l'astronomie et de la navigation maritime d'une part et les calculs bancaires
1
d'intérêts composés d'autre part , poussent les mathématiciens à chercher des méthodes de simplification de calculs et en
particulier le remplacement des multiplications par des sommes.
2
Utilisant les tables trigonométriques, les mathématiciens Paul Wittich et Christophe Clavius (dans son traité de Astrolabio )
établissent des correspondances entre produit ou quotient d'une part et somme, différence et division par deux d'autre part, pour
3 4
des nombres de 0 à 1 à l'aide de relations trigonométriques , méthode dite de prostaphérèse .

Quelques années plus tard Simon Stévin, intendant général de l'armée hollandaise, met au point des tables de calculs d'intérêts
composés. Jost Bürgi poursuit ce travail et publie en 1620, dans son Aritmetische und geometrische Progress-tabulen, une table
de correspondance entre n et 1,0001 n. À une somme dans la première colonne correspond ainsi un produit dans la seconde
5
colonne .

En 1614, John Napier (ou Neper) publie son traité Mirifici Logarithmorum Canonis Descriptio. Il ne songe pas qu’il est en
train de créer de nouvelles fonctions, mais seulement des tables de correspondance (logos = rapport, relation, arithmeticos
= nombre) entre deux séries de valeurs telles qu'à un produit dans une colonne correspond une somme dans une autre. La
6
notation Log comme abréviation de logarithme apparaît en 1616 dans une traduction anglaise de l'œuvre de Neper . En 1619,
paraît son œuvre posthume Mirifici Logarithmorum Canonis Constructio, où il explique comment construire une table de
logarithmes.

Le mathématicien anglais Henry Briggs poursuit ce travail et publie en 1624 ses tables de logarithmes décimaux (Arithmetica
logarithmica) à 14 chiffres des nombres compris entre 1 et 20 000 et entre 90 000 et 100 000. Il indique les méthodes d’emploi
des tables pour calculer des sinus ou les angles à partir de leur tangente… La même année, Johannes Kepler publie Chilias
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logarithmorum construites en utilisant un procédé géométrique . Ezechiel de Decker et Adriaan Vlacq complètent la table de
5
Briggs en 1627

En 1647, Grégoire de Saint-Vincent, travaillant sur la quadrature de l’hyperbole, définit la fonction primitive de la fonction
s’annulant en 1. Huygens remarquera en 1661 que cette fonction se trouve être une fonction logarithme particulière : le
8
logarithme naturel .

La correspondance entre les fonctions exponentielle et logarithme n’apparaît qu'après le travail de Leibniz sur la notion de
fonction, en 1697.

Propriétés des fonctions logarithmes


Dans cette section, nous donnons des propriétés d'une fonction logarithme, quelle que soit sa base b .

Propriétés algébriques

Les fonctions logarithme sont par définition les morphismes continus non constamment nuls de vers .

Pour tout réel b strictement positif et différent de 1, le logarithme de base b : log b est la fonction continue définie sur
vérifiant l'équation fonctionnelle :

pour tous x et y réels strictement positifs,

et

Cette définition permet de déduire rapidement les propriétés suivantes :


pour tout entier naturel n , puis pour tout entier relatif n
pour tout rationnel r.

Comme tout réel strictement positif x est la limite d'une suite dont le terme général est de la forme b rn, où (rn) est une suite de
rationnels convergeant vers un réel , on détermine log b(x) comme étant la limite de rn.

Changement de base

Deux fonctions logarithmes ne diffèrent que d’une constante multiplicative : pour tous réels strictement positifs a et b différents
de 1 et pour tout réel x > 0 ,

Toutes les fonctions logarithmes peuvent donc s’exprimer à l’aide d’une seule, par exemple la fonction logarithme népérien :
pour tout réel strictement positif b différent de 1 et pour tout réel x > 0 ,

Dérivée

La fonction log b est dérivable sur de dérivée :

qui a même signe que ln(b).

Donc la fonction log b est strictement monotone, croissante quand b est supérieur à 1, décroissante dans le cas contraire.

Nombre de chiffres avant la virgule

Si b est un entier supérieur ou égal à 2 et x > 0 , la représentation propre de x en base b possède n chiffres avant la virgule si et
seulement si , soit . Le nombre de chiffres n est donc égal à .

Et lorsque x tend vers l'infini, on a donc .

Fonction réciproque (antilogarithme)

9
La fonction est la bijection réciproque de la fonction exponentielle de base b , parfois appelée antilogarithme
de base b :

Autrement dit, les deux façons possibles de combiner (ou composer) les logarithmes et l’élévation à des puissances redonnent le
nombre original :

pour tout réel x, prendre la puissance x-ième de b , puis le logarithme en base b de cette puissance, redonne
x:
;
inversement, pour tout réel y strictement positif, prendre d'abord le logarithme en base b , puis élever b à sa
puissance, redonne y :
Les fonctions réciproques sont étroitement liées aux fonctions originales. Leurs
graphes, qui se correspondent lorsqu’on échange les coordonnées x et y (ou par
réflexion par rapport à la diagonale x = y), sont montrés à droite dans le cas où b est un
réel strictement supérieur à 1 : un point (u, t = b u) sur le graphe (rouge) de la fonction
antilogarithme x ↦ b x fournit un point (t, u = log b(t)) sur le graphe (bleu) du
logarithme et vice versa. Comme b > 1 , la fonction log b est croissante et quand x tend
vers +∞ , log b(x) tend vers +∞ , tandis que lorsque x approche zéro, log b(x) tend
vers –∞ . Dans le cas où le réel b est strictement compris entre 0 et 1, la fonction log b
est décroissante et ces limites sont interverties.

En matière de calcul, l'antilog ramène des logarithmes aux valeurs. Soit à évaluer une
formule F combinant multiplications, divisions et exponentiations, et soit f la formule
définissant le logarithme de F en combinant sommes, différences et produits des
(logarithmes) des données. La valeur de F peut s'obtenir comme l'antilog de la valeur Représentation dans le cas b > 1.
de f, ce qui conclut le calcul. On peut ainsi remplacer l'évaluation Le graphe de la fonction
logarithmique logb (x) (bleu) est
par obtenu en reflétant celui de la
fonction bx (rouge) par rapport à la
diagonale x = y.
.

Fonctions logarithme courantes

Logarithme népérien

Le logarithme népérien, ou logarithme naturel, est la fonction logarithme dont la dérivée est la fonction inverse définie de

dans : .

10
La fonction de Neper est par convention notée « ln » ou « log », notation couramment utilisée en théorie
11
des nombres et en informatique .
12
La base de la fonction logarithme népérien, notée e, est appelée nombre de Néper ou nombre
13, 14
d'Euler .

Une valeur approchée est :

Logarithme décimal
15
C’est le logarithme le plus pratique dans les calculs numériques manuels, il est noté log ou log 10. La norme ISO 80000-2
indique que log10 devrait être noté lg, mais cette notation est rarement utilisée.

On le retrouve dans la création des échelles logarithmiques, les repères semi-logarithmiques ou log-log, dans la règle à calcul,
dans le calcul du pH, dans l’unité du décibel.

Il précise à quelle puissance il faut élever 10 pour retrouver le nombre de départ : l'image d'un nombre par log est l'entier relatif
auquel il faut élever 10 pour obtenir l'antécédent. Par exemple :

En base 10 :
La valeur du logarithme d’autres nombres que des puissances de 10 demande un calcul approché. Le calcul de log(2) par
exemple peut se faire à la main, en remarquant que 210 ≈ 1000 donc 10 log 10(2) ≈ 3 donc log 10(2) ≈ 0,3 .

Pour tout réel strictement positif b différent de 1 et pour tout réel x > 0 ,

Logarithme binaire
16
La norme ISO 80 000 recommande de noter lb le logarithme en base 2 .

Le logarithme binaire, d'usage spécialisé dans le calcul des intervalles musicaux à partir d'un rapport de fréquences, pour
obtenir des octaves, des demi-tons ou des cents, a trouvé beaucoup plus d'application en informatique. Les ordinateurs
travaillant en système binaire, le calcul d'un logarithme en base 2 se fait par l'algorithme le plus précis et le plus efficace.

Un nombre x codé en virgule flottante binaire se décompose en une mantisse m, comprise entre 1 (inclus) et 2 (exclu) et un
exposant p, indiquant la puissance de 2 qui multiplie la mantisse pour obtenir le nombre. L'exposant est la partie entière du
logarithme binaire, tandis que le logarithme binaire de la mantisse est compris entre 0 (inclus) et 1 (exclu).

Ce qui ramène le calcul à celui du logarithme binaire d'un nombre entre 1 (inclus) et 2 (exclu). Si on multiplie ce nombre par
lui-même, et que le résultat dépasse 2, c'est que le nombre est supérieur à √ 2 : le chiffre suivant, après la virgule, est un 1, dans
le cas contraire, c'est un 0. On continue par itération jusqu'à la précision souhaitée.

Les deux logarithmes précédents se déduisent de celui-ci par :

Cologarithme
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Le cologarithme d'un nombre est l'opposé du logarithme de ce nombre et le logarithme de son inverse :
.

Généralisations
Le logarithme complexe est la fonction réciproque de l'exponentielle complexe et généralise ainsi la notion de logarithme aux
nombres complexes. Le logarithme discret généralise les logarithmes aux groupes cycliques et a des applications en
cryptographie à clé publique.

Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Logarithm (h
ttps://en.wikipedia.org/wiki/Logarithm?oldid=408909865) » (voir la liste des auteurs (https://en.wikipedia.org/wiki/Logari
thm?action=history)).

1. Jean-Pierre Friedelmeyer, L'invention des logarithmes par Neper et le calcul des logarithmes décimaux par
Briggs (https://lewebpedagogique.com/h4mathsts1/files/2013/12/105_122_AM61-4-1.pdf).
2. (en) Encyclopedia Britannica, « John Napier (https://www.1902encyclopedia.com/N/NAP/john-napier.html) »,
note 2.
3. (en) Julian Havil (préf. Freeman Dyson), Gamma : Exploring Euler's Constant (lire en ligne (https://books.googl
e.com/books?id=lQX6Oy_SuOgC&pg=PA1)), chap. 1 (« The Logarithme Cradle »), p. 1-2.
4. (en) Brian Borchers, « Prosthaphaeresis », Journal of the Oughtred Society, vol. 14, no 2,‎2005, p. 3-4 (lire en
ligne (https://infohost.nmt.edu/~borchers/prost.pdf)).
5. Petite encyclopédie de mathématiques, Didier, 1980, p. 72.
6. « Origine et histoire des symboles mathématiques (https://www.math93.com/index.php/histoire-des-maths/les-s
ymboles-menu/97-histoire-des-mathematiques/symboles-mathematiques/325-fonctions-les-notations) », sur
math93.com.
7. « Chilias Logarithmorum (https://www.e-rara.ch/zut/wihibe/content/titleinfo/1405839) », sur e-rara.ch.
8. Emmanuel Ferrand, Laurent Koelblen, Matthieu Romagny, « Un peu d’histoire (https://perso.univ-rennes1.fr/ma
tthieu.romagny/capes_0809/histoire.pdf) », 17 septembre 2008
9. (en) James Stewart (en), Single Variable Calculus : Early Transcendentals, Thomson Brooks/Cole, 2012,
7e éd. (lire en ligne (https://books.google.com/books?id=h4Auk70bJogC&pg=PA58)), section 1.6.
10. La norme AFNOR NF X 02-1 01, de 1961, recommande la notation ln (Tables numériques de J. Laborde,
1976, p. VI).
11. Langages C, Java, Javascript, etc.
12. D. Guinin et B. Joppin, Mathématiques MPSI: Exercices, Bréal, 2003 (lire en ligne (https://books.google.com/b
ooks?id=iePuAqUjGoQC&pg=PA33)), p. 33.
13. O. Ferrier, Maths pour économistes : L'Analyse en économie, vol. 1, De Boeck Université, 2006
(ISBN 978-2-8041-4354-1), p. 275.
14. Ne pas confondre avec divers autres « nombres d'Euler ».
15. ISO 80000-2:2009 (http://www.iso.org/iso/fr/iso_catalogue/catalogue_tc/catalogue_detail.htm?csnumber=3188
7). Organisation internationale de normalisation. Consulté le 19 janvier 2012.
16. Organisation internationale de normalisation, « ISO 80000-2:2019 (https://www.iso.org/fr/standard/64973.htm
l) » (consulté le 16 septembre 2012).
17. Alain Bouvier, Michel George et François Le Lionnais, Dictionnaire des mathématiques, Presses universitaires
de France, 2001 (1re éd. 1979), p. 159.

Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Les logarithmes (https://commons.wikime
dia.org/wiki/Category:Logarithm?uselang
=fr), sur Wikimedia Commons

logarithme, sur le Wiktionnaire


Logarithme, sur Wikiversity
Photographie/Mathématiques (sections
"Découverte des logarithmes" et "Que
fait-on avec les logarithmes ?"),
sur Wikibooks

Articles connexes
Logarithme complexe Fonction holomorphe Acoustique musicale :
Fonction polylogarithme Loi de Benford intervalles sonores et
logarithmes

Applications pratiques
Règle à calcul Échelle logarithmique Table de logarithmes

Liens externes

Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes : Britannica (https://www.britannica.com/sci


ence/logarithm) · Store norske leksikon (https://snl.no/logaritme)
Notices d'autorité : BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11941516p)
(données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb11941516p)) · LCCN (http://id.loc.gov/authorities/sh85078091) ·
GND (http://d-nb.info/gnd/4168047-9) · Japon (http://id.ndl.go.jp/auth/ndlna/00572566) ·
Espagne (http://catalogo.bne.es/uhtbin/authoritybrowse.cgi?action=display&authority_id=XX527539) ·
Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_code=UID&request=987007533701405171)
Simone Trompler, Histoire des logarithmes (https://sonocreatica.org.ve/wp-content/uploads/2018/03/Histoire
_Logarithme.pdf), publié en ligne en 2002 par l’Université libre de Bruxelles

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