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Préface

Ces notes rendent compte d'un cours qui a eu lieu à l'Université de Paris
VII durant le dernier trimestre de 1979. Mon propos était d'exposer quelques-
uns des liens qui ont été découverts entre la courbure d'une variété rieman-
nienne V et son comportement global. Ici, le mot "global" ne s'applique pas
seulement à la topologie de V, mais aussi à une famille d'invariants métriques
des variétés riemanniennes et des applications entre ces variétés. Les invariants
métriques les plus simples de V sont, par exemple, son volume et son diamètre ;
un invariant important pour une application de V! dans V2 est sa dilatation. En
fait, de tels invariants métriques apparaissent aussi dans un contexte purement
topologique, et ils fournissent un lien important entre des données infinitésima-
les sur V (qui s'expriment en général par une hypothèse sur la courbure), et la
topologie de V.
Par exemple, le théorème de Bonnet, aujourd'hui classique, donne une
majoration du diamètre d'une variété V à courbure positive, dont on peut
déduire la finitude du groupe fondamental de V.
Pour une étude topologique plus approfondie des variétés riemanniennes,
il faut des invariants métriques plus perfectionnés que le diamètre ou le volume ;
j'ai tenté de présenter un traitement systématique de ces invariants, mais mon
exposé est loin d'être aussi exhaustif que je ne l'espérais.
MM. J. Lafontaine et P. Pansu ont mené à bien la tâche presque insur-
montable de transformer en un texte mathématique rigoureux le chaos de mes
cours parsemés d'énoncés imprécis et de démonstrations incomplètes ; je les en
remercie, ainsi que Monsieur Berger sans l'assistance et les encouragements de
qui cet ouvrage n'aurait jamais vu le jour. Je remercie aussi les Editions Cedic
pour la liberté qu'elles ont accordée aux auteurs au moment des corrections.

Mikhael Gromov
Paris, juin 1980
SOMMAIRE

CHAPITRE 1 : STRUCTURES DE LONGUEUR,


ESPACES DE LONGUEUR 1
A. Structures de longueur 1
B. Espaces de longueur 4
C. Exemples d'espace de longueur 7
D. Isométries par arcs 9

CHAPITRE2 : DEGRE ET DILATATION 11


A. Rappels : degré des applications entre variétés orientées 11
B. Dilatation dans les sphères canoniques, propriétés élémentaires . . . 12
C. Quelques résultats généraux 16
D. Dilatation des applications à valeurs dans une sphère 18

CHAPITRE 3 : STRUCTURES METRIQUES 35


A. Distance de Lipschitz 35
B. Distance de Hausdorff 35
C. Premiers exemples de convergence au sens de Hausdorff 38
D. Cas non compact, distances pointées 39
E. Distance de Hausdorff-Lipschitz 42

CHAPITRE 4 : LOEWNER RETROUVE 47


A. D'abord un peu d'histoire (dimension 2) 47
B. Ensuite, formulation de quelques problèmes en dimension > 3 . . . . 48
C. Enfin des théorèmes 50
D. Utilisation de la théorie géométrique de l'intégration 59

CHAPITRE 5 : VARIETES A COURBURE DE RICCI MINOREE 63


A. Précompacité 63
B. Croissance du groupe fondamental 68
C. Premier nombre de Betti 72
D. Petits lacets 75
CHAPITRE 6 : INEGALITES ISOPERIMETRIQUES
ET MOYENNABILITE 83
A. Applications quasirégulières 83
B. Dimension isopérimétrique d'une variété 83
C. Calculs de dimension isopérimétrique 88
D. Généralisations 94

CHAPITRE 7 : THEORIE DE MORSE,


THEORIE DES MODELES MINIMAUX 101
A. Application de la théorie de Morse à l'espace des lacets
d'une variété riemannienne 101
B. Dilatation des applications d'une variété dans une variété
simplement connexe 105

CHAPITRE 8 : PINCEMENT DE LA COURBURE


SECTIONNELLE 109
A. Pourquoi pincer la courbure sectionnelle ? 109
B. Conséquences métriques du pincement 110
C- Limites de variétés pincées 125
D. Groupes nilpotents 137

APPENDICE : PARTIES "QUASICONVEXES" DE R* 143

BIBLIOGRAPHIE GENERALE 148

INDEX 151
Chapitre I

S T R U C T U R E S D E L O N G U E U R :
E S P A C E S D E L O N G U E U R

INTRODUCTION

En géométrie riemannienne, du point de vue classique, on part d'une


variété C°° X, et on étudie les sections g définies positives et C°° du fibre
S2T*X. Mais pour l'introduction des notions fondamentales de dérivée cova-
riante et de courbure (cf. [GKM] ou [M], ch. 2), on utilise la différentiabilité de
g et non sa positivité, comme en témoigne la géométrie lorentzienne en relati-
vité générale.
Par contre, l'introduction des notions de longueur des courbes de (X,g) et
de distance géodésique associées à g (cf. mêmes références) utilise uniquement
le fait que g donne naissance à une famille continue de normes sur les espaces
TXX. Nous allons étudier pour elles-mêmes ces notions de longueur et de dis-
tance associée.

A. STRUCTURES DE L O N G U E U R

1.1. Définition : Etant donnés deux espaces métriques X et Y et une application


f de X dans Y, on appelle dilatation de f le nombre (éventuellement infini)

dilf = sup d(fW.ffe))


xl,xz<EX;xl*x2 d(X!,X2)
On appelle dilatation locale de f en x le nombre
dilxf = lim dil(f|B(x,6))
s-o
On dit que f est courte si dif f < 1 .
Si f est une application lipschitzienne d'un intervalle [a,b] dans X, la
fonction t — diltf est mesurable et bornée.

1.2. Définition : On appelle longueur d'une telle application le nombre


b
f(f) = / diltf dt

Si maintenant f est seulement continue, on peut définir f(f) comme la borne


n
supérieure des sommes D d(f(ti),f(ti + ])) pour toutes les subdivisions
i=0
a = t 0 < t i ... < t n + ! = b de [a,b].

1
Si <p est un homéomorphisme d'un intervalle fermé F sur I=[a,b], on a
î{îo<p) = î{ï) , du fait que <p est strictement monotone (invariance par change-
ment de paramètre).
Les deux définitions sont équivalentes quand f est absolument continue
(cf. [Ri], p. 106). Cela nous autorise à définir ?(f) comme l'intégrale de la dilata-
tion quand f est Lipschitzienne, puis à poser £(fo<p) = i(f) pour tout homéo-
morphisme <p de 1' sur I. Plus généralement

1.3. Définition : On appelle structure de longueur sur un ensemble X la donnée


pour tout intervalle fermé borné I d'une famille C (I) d'applications de I dans X
et d'une application $ de C = U C (I) dans R satisfaisant aux propriétés suivantes :
a) Positivité : on at(£)>Q pour toute ïdeÇ,,et2{ï) = 0 si et seulement si f
est constante (on suppose bien sûr que les fonctions constantes sont dans C ) ;
b) Restriction, juxtaposition : si I c J, la restriction aide tout élément de
C(l)estdanse(ï);si fG e([a,b])ef g € C([b,c]), et si f(b)^g(b), lafonction
h obtenue en juxtaposant f et g est dans ([a,c]), et i>(h) = i(f) + l(g) ;
c) Invariance par changement de paramètre : si <p est un homéomorphisme
de I sur J et si f £ C(J), alors' f o ^ e C(I) et ë(î) = l(fo<p) ;
d) Continuité : pour tout I = [a,b], l'application t-*£(f | [a?t]) est continue.
Grâce à a), b) et c), on définit sur X une pseudo-distance d?, dite distance
de longueur, en posant
d f (x,y) = inf tf(f), f £ C avec f(x) = x et f(b) = y}
et une topologie associée à cette distance.
Il pourra être commode de poser ^f)= + oo quand f:I—X n'est pas dans
C(I).

1.4. Exemples
a) Un espace métrique (X,d) a une structure de longueur canonique : on
prend pour C toutes les applications continues d'intervalles dans X, et pour 1
la longueur définie en 1.2. On appelle / structure de longueur métrique de
(X,d). Mais il n'y a en général aucune raison pour que d £ = d , et les topologies
définies par d et df peuvent même être distinctes, cf. b).
b) Si (X,d) est un cônes/appuyant sur la courbe de von Koch muni de la
métrique induite par celle de R3, seules les courbes portées par les génératrices
ont une longueur finie ; la topologie de (X,d) est strictement moins fine que
celle de (X,d^) (cf. [Ri] p. 117). D'ailleurs, comme on a toujours d < d ^ , les

2
deux métriques donnent la même topologie si et seulement si pour tout x de X
et pour tout S >0, il existe un d-voisinage U(x) dont tout point est relié à x par
une courbe de longueur inférieure à 8.
c) Si X est une variété, toute structure riemannienne ou finslerienne sur X
définit naturellement une structure de longueur : on procède comme dans 1.2.
en remarquant que quand f est différentiable la dilatation locale est la norme
de la dérivée.

d) Structure de longueur induite : Si X est


muni d'une structure de longueur et si <p est une
application d'un ensemble Y dans X, on obtient
une structure de longueur sur Y en posant, pour
toute f : I — Y ,
Mf) = M^of)
e) A tout sous-fibré E du fibre tangent à
d'une variété riemannienne (V,g) on associe une
structure de longueur : la longueur d'une
courbe c sera sa longueur riemannienne si c
est absolument continue et si son vecteur tangent
est presque toujours dans E, et sinon elle sera infinie. Si E est intégrable, la
topologie définie par d^ n'est autre que la topologie feuilletée. Le cas non inté-
grable présente un grand intérêt.

Un exemple typique est celui du groupe de Heisenberg H 3 des matrices de


/l X 2 \
la forme 0 1 y , muni d'une métrique invariante à gauche. Si C est son
\ 0 0 1/
centre (isomorphe à R), on a une fibration riemannienne (cf. [B-G-MJ, ch. 1) de
H 3 sur H 3 /C = R2 euclidien, et on prend pour E le fibre horizontal (i.e. normal
aux fibres) de cette fibration.

1.5. Si X est muni d'une structure de longueur t, soit Ha structure de longueur


définie à partir de la métrique dg. Le critère suivant, qui n'est qu'une version
axiomatique de propriétés classiques de la longueur des courbes d'un espace
métrique, permet de retomber sur ses pieds.

1.6. Proposition : Si pour tout intervalle I la fonction t est semi-continue infé-


rieurement sur C (I) muni de la topologie compacte-ouverte, alors i=L
Preuve. D'après 3. d), £(f|[a,t]) est uniformément continue sur I = [a,b].
Pour tout 8 >0, il existe un r\ > 0 tel que si | t - t ' | <rj on a dKf(t),f(t'))<8 .
Soit a = t 0 < t 1 . . . < t n + i = b une subdivision de I de pas inférieur à y. II
existe pour tout i entre 0 et n une fonction g; de C ([t^tj + i]), prenant les
mêmes valeurs que f aux extrémités, et telle que
«Cgi) < dKf(tj),f(ti+i)) + e/n

3
En juxtaposant les gj , on obtient une courbe hg telle que

*(h6) = è i(g-) < E d f (f(ti),f(ti+i)) + S < W + S


i=0 i=0
et que pour tout t de I on ait df (h£(t),f(t)) < 3£ .
D'après l'hypothèse de semi-continuité, on a
£(f) < lim inf f(hE) < T(f) ,
et l'inégalité opposée est une conséquence immédiate de la définition de S .
Remarque. Si t est la structure de longueur métrique associée à une distance
d , le même argument montre que i-Tt en utilisant la semi-continuité de la
longueur par rapport à d (cf. 1.2. et [Cq], p. 137). Autrement dit, en poursui-
vant la suite de constructions
(X,d) espace structure de O^Aè nouvelle métrique
métrique * longueur métrique — • associée à la
sur X structure de longueur
on retrouve la même structure de longueur. Nous insistons encore par contre
sur le fait qu'en général d ^ d^.

B. E S P A C E S D E L O N G U E U R

1.7. Définition : Un espace métrique (X,d) est un espace de longueur si la dis-


tance de deux points quelconques est toujours égale à la borne inférieure des
longueurs des courbes qui les joignent {autrement dit si d = d$ . -;
Exemples : Pour la métrique induite par la métrique euclidienne, R2 moins un
point est un espace de longueur, mais R2 moins un segment ne l'est pas.

La sphère S n n'est pas un espace de longueur pour la métrique induite par


celle de R n + 1 , mais en est un pour la métrique géodésique d'après la proposi-
tion 1.6.
Les espaces de longueur ont une caractérisation métrique particulièrement
simple.

1.8. Théorème : Pour un espace métrique (X,d), les propriétés suivantes sont
équivalentes.
i) Quels que soient x et y dans X et £ > 0 , il existe un z tel que
sup(d(x,z),d(y,z» < 1/2 d(x,y) + £ .

4
ii) Quels que soient x et y dans X , et r t e? r 2 strictement positifs tels
que rj + r2 < d(x,y) , on a
d(B(x, ri ), B(y,r2)) < d(x,y) - t t - t 9 .
Tout espace de longueur satisfait à ces propriétés.
Inversement, si (X,d) est complet et satisfait à l'une d'elles, c'est un espace de
longueur.
Démonstration
Soit (X,d) un espace métrique complet satisfaisant à la condition i). Une
suite (8^) de nombres positifs étant donnée, on a un point z 1/2 tel que
sup(d(x,z 1/2 ),d(y,z 1/2 ) < <5/2 + S1ô/2 , puis des points z 1/4 et z 3/4 tels que les
distances d(x,z1/4), d(z 1/4 ,z 1/2 ), d(z1/2,z3/4) et d(z3/4,y) soient toutes inférieures à
1/2 (S/2 + S! S/2) + S2 (5/2 + 8 t Ô/2) , etc.
Si la suite (8 k) est choisie telle que £ 8k < + °° , on construit ainsi une
application f des rationnels dyadiques de [0,1] dans X telle que
d(f(p/2 n ), f(p + l/2 n )) < l / 2 n fi ( l + £ k ) .
k= i
Si (X,d) est complet, cette application se prolonge à [0,1] tout entier ; le produit
11(1 + Sk) pouvant être choisi arbitrairement proche de 1, on construit ainsi des
courbes de longueur arbitrairement proche de ô = d(x,y) , ce qui prouve la der-
nière partie. Que i)=>ii) se voit de la même façon, en utilisant les "courbes
dyadiques" construites ci-dessus. Que ii)=*i) et qu'un espace de longueur
satisfait aux propriétés i) et ii) est trivial. •
Les espaces de longueur jouissent d'un certain nombre des propriétés géo-
métriques des espaces riemanniens.
1.8bis. Propriété : Si (X,d) est un espace de longueur, et si f est une applica-
tion de X dans un espace métrique Y, alors sa dilatation est la borne supérieure
de sa dilatation locale, i.e., dil f= sup dilxf. Noter que, si X et Y sont des
x6X
variétés riemanniennes, si f est différentiable en x et df(x) est sa différen-
tielle : TXX—Tf(x)Y, alors dil x f= |df(x)|| .

1.9. Définition : On appelle géodésique minimisante d'un espace de longueur


(X, d) toute courbe f : I — X telle que d(f(t),f(t ')) = \ t -1' \, quels que soient t
et t' dans I; géodésique toute courbe f: I — Xdont la restriction à tout inter-
valle assez petit est une géodésique minimisante.
On a alors un théorème analogue au théorème de Hopf-Rinow (cf. [Ml]
p. 62).
1.10. Théorème : Si (X,d) est un espace de longueur complet et localement
compact, alors
i) les boules fermées sont compactes, ou, ce qui revient au même, toute
partie fermée bornée est compacte.
ii) on peut toujours joindre deux points arbitraires par une géodésique
minimisante.
Avant de démontrer ce théorème, remarquons que si (X,d) est un espace
métrique complet localement compact et non compact, il y a beaucoup de bou-
les fermées non compactes pour la métrique d ' = inf(l, d) .

1.11. Compacité des boules fermées


Remarquons d'abord que si a est dans X , la boule fermée B(a,r) est
par hypothèse compacte si r est assez petit. Nous allons d'abord montrer que
si B(a,r) est compacte pour tout r d'un intervalle [0, p[, alors B(a,p) est elle
aussi compacte.
Soit (xn) une suite de points de cette boule. On peut supposer que d(a,x n )
tend vers p : dans le cas contraire, il existe une boule B(a,r), où r < p, contenant
une infinité de x n , d'où une valeur d'adhérence. Soit (8 p ) une suite de réels
positifs tendant vers zéro. En appliquant la propriété ii) du théorème 1.8., on
voit que pour tout p il existe un entier n(p) tel que pour tout n supérieur à
n(p) on ait un point yg tel que
yg G B(a, p - 2 £ p ) et d(x n , yg) < S p
Pour chaque p , la suite (yg) vit dans un compact : par le procédé diagonal ou
parce que tout produit de compacts est compact, il existe une suite d'entiers (nk)
telle que la sous-suite (yg ) converge pour tout p . La suite (xn ), qui est limite
uniforme des suites (yg ), est une suite de Cauchy, convergente puisque (X,d)
est complet.
D'après ce qui précède, la borne supérieure des r tels que B(a,r) soit com-
pacte est infinie : si elle était égale à p. < + <x> , on pourrait trouver un p' > p
tel que B(a,p') soit compacte, en utilisant un recouvrement fini de la sphère
S(a,p) par des boules compactes.

1.12. Existence d'une géodésique minimisante joignant deux points arbitraires


On étudie d'abord le cas où X est compact,
Lemme : Si (X,d) est un espace de longueur compact, et si a et b sont deux
points de X, il existe une courbe de longueur d(a,b) joignant a et b .
Preuve. Il suffit de considérer des courbes f : [0,1] — X telles que le paramé-
trage soit proportionnel à la longueur. D'après la définition 1.7. des espaces de
longueur, il existe pour tout entier n une telle courbe fn .joignant a et b , et
de longueur inférieure à d(a,b) + 1/n . L'ensemble des fn est alors équicon-
tinu, et d'après le théorème d'Ascoli, il existe une sous-suite fnn uniformément
k
convergente. Si f est la courbe limite, la longueur étant semi-continue inférieu-
rement on a
£(f) < lim inf t(î„ ) = d(a,b) .
"k
Dans le cas d'un espace de longueur complet et localement compact, mais
non compact, il suffit de remarquer que les courbes fn qui interviennent
ci-dessus ont leur image contenue dans la boule compacte B(a, 2d(a,b)) .

6
1.13. Remarques :
a) Dans le cas des variétés riemanniennes, cette démonstration tient les
promesses de l'introduction : ne faire intervenir que la structure de longueur.
b) L'argument d'équicontinuité du lemme 12 ci-dessus montre aussi que
dans un espace de longueur compact, toute classe d'homotopie libre contient
une courbe minimisant ta longueur dans cette classe, et que ces courbes minimi-
santes sont des géodésiques. De plus, si X est une variété, pour tout réel k , il
n'y a qu'un nombre fini de classes d'homotopie dont les géodésiques minimi-
santes soient de longueur inférieure à k (il suffit d'utiliser encore le théorème
d'Ascoli et le fait que les classes d'homotopie sont des parties ouvertes de
C°(S1,X) cf. [Di] p. 188). Ces résultats sont encore vrais si on considère l'homo-
topie à point base x et les lacets géodésiques basés en x (donc non nécessaire-
ment lisses en x ) et joueront un rôle clé, notamment au chapitre 5.

C. E X E M P L E S D ' E S P A C E S D E L O N G U E U R

1.14. Les variétés riemanniennes à bord et parties de Rn à bord lisse. Soit X


une telle partie, et f l'application identique de X muni de la métrique induite
par celle de R n dans X muni de sa distance de longueur. Il est facile de voir que
si le bord de X est lisse, dilxf = 1 en tout point x , et que dilf = 1 si et seu-
lement si X est convexe (cf. [Al]). On a aussi les propriétés suivantes :

a) Soit X un compact de R n . Si dil f < — , X est simplement connexe.

Raisonnons par l'absurde. Supposons TT^X) # 0 ; soit a une classe


d'homotopie non triviale, dans laquelle on trouve des courbes de longueur
minimale ; soit c une telle courbe, dont l'existence est garantie par la remar-
que 1.13.b) ; notons Y l'image de c et g l'identité de Y muni de la métri-
que induite par celle de R n dans Y muni de sa métrique de longueur. Mon-
trons que dil g = dil f/Y .
Soient yx,y0 deux points de Y ; choisissons une paramétrisation de la
courbe c par l'abscisse curviligne : s -• c(s) , [0,ë\ -> Y de sorte que
c(0) = y0 = c(£), y t = c(d) pour un d G [0,f] tel que d < V-d ; alors C[0jd]
est le chemin le plus court joignant y0 à ya
dans X ; en effet, s'il existait un chemin stric-
tement plus court c ' , les deux lacets obtenus
en mettant bout à bout c ' et les deux parties
de c délimitées par les paramètres 0 et d
sont strictement plus courts que c ; or leur
produit est homotope à c , donc l'un des deux
n'est pas homotope à 0 dans X , ce qui con-
tredit la minimalité de c ; comme le chemin
c
[0,d] e s t t r a cé dans Y , on conclut que d est
la distance de y 0 à y! pour les métriques de
longueur de X et de Y , et que
dil dil
(yo,yOS = (y D , yi ) f •

7
On a donc dil g < \ . Notons r(s) - d(c(s),c(s + -|-)) dans R n , qui
vérifie l'inégalité : r(s) > . Notons u(s) = (c(s + ~~) - c(s))/r(s) . Le
lacet u est dérivable presque partout et tracé sur la sphère unité de R n , et
u(s + ~) = - u ( s ) , donc la longueur de u est au moins égale à 2TT ; or
Ai
|| ^ ||2 < (4 - # ) V r ( s ) 2 < 4/r(s) 2 < ( ^ f £ ) 2 , d'où long (u) ^ 4 dig g < 2TT
as as i
qui est la contradiction désirée.
Remarque : Si dil d = -y , et si X n'est pas simplement connexe, X contient
un cercle.
b) Si dil f < TT/2 V2 , X est contractile.
Voir l'Appendice pour la démonstration.

1.15. Tout schéma simplicial K , en prenant sur sa réalisation géométrique | K |


(cf. [Sp]) la structure de longueur induite par la métrique euclidienne.

1.16. Les espaces quotients r \ V , où V est une variété riemannienne et Y


un groupe fermé d'îsometries opérant proprement sur V . Si Y est discret, la
longueur d'un chemin de r \ V sera celle d'un de ses relèvements dans V .
Dans le cas général, soit ti—*f(t) un chemin de r \ V et pour chaque t soit
u —>ft(u) un relèvement de f au voisinage de f(t) qui soit perpendiculaire en
ft(t) à l'orbite de ft(t) sous Faction de F . Alors (c'est une conséquence du
théorème des voisinages tubulaires), |f t '(t)| ne dépend pas du choix du relève-
ment, et on pose £(f) = ( |f t '(t)| dt .
L'intérêt de cette définition est de s'appliquer au cas où, l'action de F
n'étant pas libre, l'espace r \ V n'est pas une variété. On rencontrera de tels
exemples au chapitre 3 et surtout au chapitre 8.

1.17. Tout revêtement d'un espace de longueur est un espace de longueur. Cette
propriété sera constamment utilisée dans la suite de ce cours.
1.18. Métrique de Carnot-Caratheodory associée à un sous-fibré E du fibre tan-
gent à une variété riemannienne V.
On peut montrer que la structure de longueur associée à un sous-fibré
(cf. 1.4.d)) absolument non intégrable— par exemple celle du groupe de
Heisenberg — provient d'une distance sur V, qui redonne la topologie usuelle,
mais dont les propriétés métriques (dimension de Hausdorff, etc..) sont évi-
demment très différentes.

1.19. Les espaces de longueur peuvent être le cadre naturel d'une théorie géo-
métrique des espaces à courbure négative ou nulle. On dira que X (supposé
localement compact et complet) est à courbure négative si, quelles que soient les
géodésiques y e t 7 ' de X, l'application de R2 dans R donnée par
(t,t') —+ d(7(t), 7 ' ( t ' ) ) est localement convexe. Les rédacteurs espèrent que
d'autres reprendront le flambeau pour développer ce point de vue. Voir aussi
[Bu], chapitre 5.

D. ISOMÉTRIES PAR ARCS

1.20. Les propriétés d'être une isométrie ou une isométrie locale sont trop for-
tes pour donner une notion intéressante de morphisme d'espaces de longueur.
Par exemple une variété riemannienne de dimension q localement isométrique
à R q est plate. Une autre notion naturelle est donnée par la

1.21. Définition : si X et Y sont des espaces de longueur, on appelle isomé-


trie par arcs une application f de X dans Y telle que pour toute courbe c :
I-XdeX,onait f ( f o c ) = f(c).
Exemples :
1°) Toute courbe fermée C1 par morceaux admet une isométrie par arcs
dans R .
2°) Toute variété plate de dimension n < 5 admet une isométrie par arcs
linéaire par morceaux dans R n (voir [Zg]). La question est ouverte pour n > 5 .
3°) Une propriété intuitive comme la non-existence d'isométries par arcs
de X dans Y quand dim X > dim Y , triviale dans le cas C 1 , l'est moins
dans le cas général. Il faut utiliser un théorème fin de Rademacher (cf. [FI]
3.1.6) suivant lequel toute application lipschitzienne est différentiable presque
partout.

Terminons ce chapitre par les énoncés de quelques résultats obtenus par les
méthodes de Nash et Kuiper.

1.22. Si X et Y sont deux variétés riemanniennes telles que dim Y > dimX ,
il existe une isométrie par arcs de X dans Y .
Bien entendu, elle ne sera pas C 1 en général !

1.23. Un problème d'approximation.


Une application (lipschitzienne) f0 de X dans Y étant donnée ainsi
qu'un S > 0 , existe-t-il une isométrie par arcs fE telle que
d(f0, fE) - sup d(f0(x), f8(x)) < S ?
xGX
Il est évidemment nécessaire que dil f0 < 1 .

1.24. Définition : Une application f entre espaces de longueur est dite courte
si dil f < 1, strictement courte si dil f < i .

1.25. Théorème : (cf. [G4]). Si X et Y sont des variétés riemanniennes telles


que dim Y < dim X, et si f est une application strictement courte de X
dans Y, la réponse à la question 1.23. est affirmative.

9
1.26. Dans certains cas, les résultats ci-dessus restent valables lorsque
dimX = dimY . Par exemple, il existe une isométrie par arcs de la sphère S2
canonique dans le plan euclidien (voir [G4]).

Un autre problème sera étudié dans le chapitre suivant, celui de l'existence


d'une application courte homotope à une application donnée.

10
Chapitre 2

D E G R É E T D I L A T A T I O N

A. RAPPELS : DEGRÉ DES APPLICATIONS


ENTRE VARIÉTÉS ORIENTÉES

Dans toute cette partie, M et N sont des variétés de classe C°° con-
nexes orientées, de même dimension n , M est compacte sans bord.

2.1. Proposition : Soit f : M-*N une application lisse ; alors il existe des
valeurs régulières de f, i.e., des y€.N tels que, pour tout xEf1(y) , la dif-
férentielle de f en x soit de rang n . Pour un tel y, l'ensemble f~ l(y) est
fini ; posons o(x) = l si df(x) préserve l'orientation, o(x)=—l sinon ; alors
le nombre deg(f,y) = E o(x) ne dépend pas de la valeur régulière y.

(voir [Mlj ou [B-G], ch. 7).

2.2. Définition : On appelle degré de f , et on note deg(f) , la valeur commune


des deg(f,y) , y valeur régulière de f.

2.3. Proposition : Si f et g : M—N sont lisses et homotopes, alors


degf = deg g (voir [Ml]).

2.4. Définition : Si f : M^N est continue, on définit le degré de f comme la


valeur commune du degré des applications lisses homotopes à f.

2.5. Remarque : Si l'application continue f: A/— N n'atteint pas la valeur y ,


alors degf = 0 . En effet, si g est lisse et suffisamment proche de f , g est
homotope à f et ne prend pas la valeur y , donc y est une valeur régulière de
g , d'où deg f - deg g = deg(g,y) = 0 .

2.6. Proposition : L'intégration des n-formes définit un isomorphisme :


IPfM^R) — R ; la condition j Mœ = 1 détermine une classe unique
u>M £ IPfMtR), et, si N est compacte, on obtient aussi une classe
ccN G H"(NtR) ; si f:M^N est continue, alors f* uN est proportionnelle à
uM, et le rapport est précisément le degré de f défini en 2.4. (voir [Go],
page 212).

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2.7. Remarque : Si M et N sont des variétés riemanniennes compactes orien-
tées, leur forme volume est une forme différentielle de degré n , elle vaut, sur
chaque espace tangent T m M , la valeur commune des déterminants relatifs aux
bases orthonormées directes de T m M , et le volume de M est son intégrale :
vol(M) = | v M . S i f : M - N est lisse, alors deg f = (1/vol N) f f*vN ;
pour chaque point m E M , la n-forme alternée f*vN(m) est proportionnelle à
v M (m) , et le rapport s'appelle le jacobien de f au point m , noté J(f,m) .
Si f est une difféomorphisme d'une partie A de M sur une partie B de N ,
alors, d'après la formule de changement de variables,
PVN =
[A I AJ(f'm) VM =
I BVN = VOl(B)
'
c'est pourquoi nous nous permettrons souvent de noter f*vN = vol f(A) ,
même quand f n'est pas un difféomorphisme. Avec 'cette notation, on a
deg(f) = vol f(M) / vol N .
En général, la classe d'homotopie d'une application de M dans N n'est
pas entièrement déterminée par son degré. Par exemple, l'application
S ^ S 1 — S ^ S 1 , (x,y) -* (l,y) n'est pas surjective, donc de degré nul, mais
n'est pas pour autant homotope à 0 . C'est cependant le cas si N est une
sphère (voir [Mil page 51) :

2.8. Théorème : (H.Hopf) Si M est une variété compacte connexe et orientée


de dimension n , alors deux applications : M — Sn sont homotopes si et seule-
ment si elles ont même degré.

B. DILA TA TION DANS LES SPHÈRES CANONIQUES,


PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES

Etant donnés deux espaces de longueurs V et W, que peut-on dire de


l'espace des applications de V dans W de dilatation inférieure ou égale à un
nombre D donné ? En particulier, existe-t-il une telle application dans chaque
classe d'homotopie ? C'est une grande question, qui remplira ce chapitre ainsi
que le chapitre 7 ; quand D est petit, on peut s'attendre à n 'obtenir que peu de
classes d'homotopie ; par exemple, si W et V sont deux sphères munies de
leur métrique canonique, celle de la sphère unité d'un espace euclidien, on a la

2.9. Proposition : 5/ une application f : Sn — S" a une dilatation strictement


inférieure à 2 , alors le degré de f est 1, 0 ou — 1 (cf. [0], et pour d'autres
résultats sur les sphères, [He]).
Si f n'est pas surjective, alors le degré de f est nul, d'après la remarque
2.5. ; nous supposerons désormais que f est surjective, et nous allons cons-
truire un inverse homotopique de f . Posons 8 = 2 - dil f > 0 , et remarquons

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que, si B est une boule de rayon 8 dans S n , l'image réciproque f 1
(B) est
contenue dans un hémisphère ouvert.

En effet, appelons y le centre de B , y' le point de S n diamétralement


opposée y , x ' un point de f _ 1 ( y ' ) ; s i z £ f - 1 ( B ) , alors
d(x',z) > ( 1 / 2 - 8 ) d(y',f(z)) > ( 7 r - 8 ) / ( 2 - 8 ) 2* TT/2
ce qui prouve que f ~ ^B) est contenu dans la demi-sphère ouverte opposée
à x' .
Le simplexe géodésique formé par trois points de f~ *(B) est alors bien
défini. Etant donné une triangulation de S n dont chaque simplexe est géodési-
que et contenu dans une boule de rayon 8 , on choisit, pour chaque sommet
v , un point g(v) de f - 1 (y) . Il reste à prolongerN°g en une application conti-
nue : S n — S n . Sur un triangle de sommets v,, v2, v 3 , on choisit pour g
l'unique application linéaire dont l'image est le simplexe géodésique de som-
mets g(vx) , g(v2) , g(v3) . Montrons que gof est homotope à id , ce qui achè-
vera la démonstration. Si x G S n , s o i t T un triangle qui contient f(x) , H une
hémisphère ouverte qui contient f _ 1 (T) ; par définition, tous les sommets de
g(T) sont dans f - 1 ( T ) c H , et, comme g est linéaire et H est convexe,
g(T) c H donc gof(x) G H ; ce qui prouve que d(x,gof(x)) < TT ; ceci est vrai
pour tout x de S n , donc, par un argument standard, gof est homotope à id.

2.10. Remarque : L'hypothèse dil f < 2 ne peut être élargie en < 2 ; par
exemple, il existe une application f : S3 — S3 , de dilatation 2 , et de degré 4 .
En effet, notons z = (re'^pe'*') , r 2 + p 2 = 1 , un point de S 3 ; posons
f(z) = (re 2,e ,pe 2ll 0 ; f est composée des deux applications z — (re2l6,pe1(fi)
et z — (rei0,pe2i<p) , qui, comme suspensions de l'application z — z2 , S 1 — S 1 ,
ont chacune un degré 2 , donc f est de degré 4 . On a de plus dz 2 = dr2 +
r 2 d0 2 + d p 2 + p 2 d<p2 , d(f(z)) 2 = dr 2 + 4r 2 d0 2 + d p 2 + 4 p 2 d*?2 < 4dz 2 ,
d'où, en tout point z , dilzf < 2 . Or, S 3 étant un espace de longueur, on
conclut grâce à la remarque 1.8bis que dil f < 2 , et donc dil f = 2 , par la
proposition 2.9.
En général, une application f : S n -» S n de dilatation donnée ne peut
avoir un degré arbitraire. En effet :

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2.11. Proposition :
a) tà f:Sn-*S", alors \degf\ < (dilf)" ,
b) pour chaque n , il existe une constante cn , 0 < cn < 1 et il existe des
applications f : Sn — S" de degré arbitrairement grand vérifiant
\degf\ > cn(dilf)n . Autrement dit :
0 < c„ < lim sup •eg£ < l .
degf-œ (dilf)"
Montrons d'abord a) dans le cas où f : S n — S n est de classe C 1 . Soit
o) une forme volume normalisée de S n , i.e. , / _ m — 1 .
J sn
Alors deg f = / n f*co (voir [Go] page 219 ou les rappels), et
| deg f | < / n I f*co f < ( sup f dfx f ) n / n 6} < (dil f) n . Dans le cas général, si
Js x€S n J s
dil f < + oo , il existe pour tout 8 > 0 une application fg : S n — S n de
classe C 1 (obtenue par convolution, par exemple) telle que, pour tout x £ S n ,
d(f(x), f£(x)) < 8 et dil fg < dil f + 8 ; pour 8 < ir , f esthomotopeà fg,
d'où deg f = deg fg < (dil f g ) n < (dil f + 8) n ; comme ceci est vrai pour
tout 8 , on conclut deg f < (dil f) n .
b) Construisons d'abord une application f0 de la boule de dim n dans S n ,
de degré 1 en chaque point. Choisissons un point p de S n , et notons Bn(r) la
boule de rayon r, de centre 0 dans l'espace tangent à S n en p ; on prend pour
f0 : Bn(7r) — S n la restriction de l'application exponentielle. En concentrant sur
la boule de rayon r, on obtient une application f0(r) : Bn(r) — S n de dilatation
— , envoyant dBn(r) sur p ', point diamétralement opposé à p , de degré 1 en
r
chaque point. v
L. \ '•
Rappelons que, même si on ne peut pas
recouvrir presque tout S n par de petites bou-
les de même rayon, on peut au moins atteindre
un "tatix'de remplissage" c^ > 0 . Autre-
ment dit, si S(r) est une réunion de boules de
rayon r disjointes en nombre maximum
N(r) , on a
lim " « S E » = C ' n ;
r - 0 Vol(Sn)
3.1 or ^
N(r)= voKS(r)) , vol(S°)
vol(BSn(r)) r " * u vol(Bn)r"
On construit une application fr : S n — S n en posant fr = f0(r) sur chaque
petite boule de S(r), et fr = p ' sur le reste ; alors deg fr = N(r) tend vers
l'infini, quand r tend vers 0 dil fr = — , d'où deg fr — c n (dil f r ) n avec

7TnVOl(Bn)

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Remarque : Le résultat précédent est asymptotique. Il donne un lien entre
degré et dilatation quand le degré est grand, et il sera amélioré dans le Théorème
2.18. La question de l'existence d'applications de degré donné et de petite dila-
tation est sans doute compliquée. :;v
Soit T n un tore plat, £ la plus" petite longueur d'une courbe fermée non
homotope à 0 dans T n (donc est le rayon d'injectivité de T n ).

2.12. Proposition : Il existe f: T" — Sn canonique, de dilatation 1, et de degré


non nul si et seulement si l > 2ir .
Supposons t > 2ir . Soit x G T n ; l'application exponentielle est un dif-
féomorphisme de la boule B T x T n (0. -y) = B sur un ouvert B ' de T n , de
dilatation 1 ainsi que son inverse (c'est une isométrie locale)

r
Composons exp. - l' •: B ' — B , unehomothétie B—BTx T (0,x) , une isométrie :
B x (0,TT)
,T„Sr .T„S! n
B P (0,TT) , et exp : B P (0,-TT) - S . On obtient une applica-
n
tion f : B ' — S de degré 1, de dilatation =£• , qui vérifie lim f (y) = p ' .
* y-3B'
n n
On peut donc prolonger f à T en posant f ( T \ B ' ) = p ' ; alors deg f - 1
et dil f = 2E < 1 .
Réciproquement, supposons 2 < 2-K . Soit f : T n — S n une application
de dilatation 1 . Nous montrons que f est homotope à 0 . Comme T n est
plat, on peut supposer que T n - T n _ 1 x S1 où chaque t x S 1 est une
courbe de longueur t < 2-K ; soit f0 l'application : T n — S n donnée par
f0(t,s) = f(t,l) ; comme la courbe S1 — S n , s — f(t,s) a une longueur
< - 2 T , d(f(t,s),f(t,l)) < Tr pour tous (t,s) G T n , soit d(f,f0) < TT ; donc f
est homotope à f0 , qui n'est pas surjective, et a par conséquent un degré nul,
par la remarque 2.5.

15
C. Q U E L Q U E S R E S U L T A T S GENERAUX

2.13. Problème : Plus généralement, à quelle condition sur la métrique de T n


existe-t-il des applications T n — Sn de degré d et de dilatation 1 ? On peut
poser la question de manière un peu différente : pour une métrique donnée sur
T n , pour combien de valeurs de d existe-t-il des applications T n — S11 de
degré d et de dilatation inférieure à D ? Etant donnés deux espaces de lon-
gueur précompacts V et W pointés en v et w , nous noterons # (D) le
nombre de classes d'homotopie de (V,v) dans (W,w) qui contiennent une
application de dilatation < D .
Nous utiliserons la notation [(V,v),(W,w)] pour l'ensemble des classes
d'équivalences d'applications continues de V dans W , pour la relation
d'homotopie relative à v et w .

2.14. Définition : Soit X un espace de longueur précompact. Pour S > 0,


on appelle £-capacité de X, et on note Cap g (X) le nombre minimum de
boules de rayon S nécessaires à recouvrir X , autrement dit, le nombre mini-
mum de points d'un Z-réseau de X. On appelle S-réseau de X une partie
N telle que, pour tout xGX, d(x,N) < 8 .
Cette définition nous permet d'énoncer la proposition très générale :

2.15. Proposition : Soient (X,x0 ) et (Y,Y„) deux espaces de longueur pointés,


précompacts ; on suppose Y suffisamment régulier pour que deux applications
à valeurs dans Y uniformément proches soient homotopes (c'est le cas si Y est
une variété, ou un polyèdre fini au sens de [Sp]) ; alors il existe deux constantes
c et c' telles que # (D) < cCaP(—~±—/x^ oùc et c' ne dépendent que de Y.
c"D
Par hypothèse, il existe un 8 > 0 ne dépendant pas de X tel que deux appli-
cations f0) fi : X — Y avec d^fx^f^x)) < ô pour tout x de X soient néces-
sairement homotopes. Soit R Y un — réseau de Y, soit £ = — , et soit R x un
4 4D
£-réseau de X . Si f : X — Y vérifie dil f < D, alors f envoie une boule de
rayon S de X dans une boule de rayon —.
4
Montrons d'abord que #(D) est fini. Soit f : X — Y avec dil f < D ;
soit f l'application : R x — P(R Y ), x - (y£R Y /d(y,f(x)) < —] ; supposons
4
A A

que g : X — Y , dil g < D , vérifie : f(x) 0 g(x) i= <f> pour tout x de X ;


alors VxGR x , 3 y e R Y tel que d(y,f(x)) < -|- et d(y,g(x)) < - | ; si
z6B x (x,S) , d(f(z),f(x)) < - | et d(g(z),g(x)) < -|- , d'où d(f(z),g(z» < Ô ;

16
comme les B x (x,£) , x € R x recouvrent X A , on déduit que f est homotope à
g ; on vient de montrer en particulier que f = g => f homotope à g , ce qui
prouve que # (D) < (card P(R Y )) card R x .
Plus précisément, pour chaque classe d'homotopie a , choisissons un
représentant fa ; pour chaque x € R x , choisissons un y6f a (x) , qu'on note
â(x) ; à est une application : R x - R Y . Si à = /3 , alors fa(x) D f^x) # tf>
V x £ R x d'où fa est homotope à f^ , soit a = fi ; donc a ••••~'G est injec-
tive, et # (D) < (card R Y ) c a r d R X . En choisissant le réseau R x ayant ie
minimum de points Cap g (X) , on trouve #(D) < c C a P ( ^ — ) ^ , où
A c'D
c = card R y , c' = -r .
2.16. Corollaire : Si X est une variété riemannienne compacte de dimension
n , la proposition 2.15 fournit la majoration ff(DJ<c^c'D'1 .
En effet, la question est locale, or chaque point de X admet un voisinage
presque isométrique à une boule euclidienne, pour (laquelle on connaît
l'estimation Cap,. ~ este £ ~ n ; une boule de rayon S a un volume égal à

voi B(0,1) £ n ; si N boules de rayon £ recouvrent la boule de rayon 1 ,


B(0,1) , nécessairement N s* vol B(0,l)/vol B(0,£) = £ ~ n . Inversement, il
est aisé de construire un ensemble de petites boules recouvrant la grande : on
place les centres aux points dont toutes les coordonnées sont multiples de
2£/ôn ; le nombre de boules est de l'ordre de vol B(0,1) 8 ~ n .

Ex. 1 : Soit X un cercle standard, Y le bouquet de deux cercles stan-


dards ; alors #(D) = 4 . 3 0 " 1 . En
effet, [(SSpMSixSSp)] est le ^ ""^Po s* ^ O,
groupe libre à deux générateurs a! et
a2. On obtient un mot de longueur k
dans ce groupe à partir d'un mot x
de longueur k - 1 en attachant une
des lettres a 1 ,a 2 ,a 1 ~ 1 ,a 2 ^ 1 , dis-
tincte de la dernière lettre de x ; il y
a donc 3 choix à chaque étape, sauf
à la première, donc il y a 4 . 3 k ~ I mots de longueur < k . Or la plus petite
dilatation d'une application : X — Y représentée par un mot de longueur k
est exactement k . D La proposition donne la majoration 3 8 D car ô = ir ,
CapgtS1) = ~ , et on peut prendre pour R y le réseau à trois points indiqué
sur la figure.
Ex. 2 : Soit X = S2 standard, soit Y le bouquet d'une sphère S2 et
d'un tore plat S ^ S 1 ; alors 2°- 0003D2 ^ #(D) ^ 4**02 .
Ex. 3 : Soit X = S2 standard, soit Y le bouquet d'une sphère S2 et
d'un cercle S 1 ; alors (0,9D)°- 15D ^ #(D) ^ D D .

17
D. DILATATION DES APPLICATIONS A VALEUR DANS
UNE SPHÈRE

2.18. L'objet de cette partie est de démontrer le théorème suivant :


Théorème : Soit (V,Vf) une variété riemanniennepointée compacte orientable,
de dimension n , soit (Sn,p) la sphère de dimension n munie d'une métrique
riemannienne g quelconque.

Rappelons que (voir 2.13), pour D > 0 , on note #(D) le nombre de classes
d'homotopie dans l(V,vs),(Sn,p)] qui admettent un représentant de dilatation
inférieure à D . Alors il existe une constante c ne dépendant que de la métri-
que g sur Sn , telle que # (D) ^ cff D n vol(V) .

2.19. Définition : Soit (X,XQ} un espace de longueur, soit Bn la boule stan-


dard (de rayon 1) de R" . On considère un élément a de 7rn(X,x0) comme
une classe d'homotopie d'applications : (Bn,dBn) — (X,x^ , et on définit
fi a f = (inf dil f)n vol{Bn) .

Si (V,VQ} est une variété riemannienne compacte pointée, on définit de la


même façon une fonction a — j | a | , [(V,v0),(X,x0)] — R + .
f a I = vol(V)(i n f dilf) n •

2.20. Remarque 1 : Si n = l,si aEir^X^) ,alors j | a | est la plus petite lon-


gueur d'une courbe représentant a , et est donc une norme sur le groupe
TTi(X,X0) .

En effet, quitte à effectuer un changement de paramètre (i.e. remplacer un


représentant f de a par f0h , où h est un homéomorphisme de B 1 = [—1,1] iso-
tope à l'identité), on peut supposer que la dilatation locale de f est constante,
et égale à l/21ong(f) : cette opération diminue la dilatation sans changer la
classe d'homotopie de f , ce qui prouve la première assertion.

L'ensemble 7rn(X,x0) possède une structure de groupe, définie par "juxta-


position" des applications définies sur les boules, qui vérifie :

2.21. Pour T , ô £ 7rn(X,x0) , | y ô | 1 / n < | 7 | 1 / n + | ô | 1 / n .


En effet, fixons des réels a > |j-y| et b > | ô | . Alors les classes 7 et Ô peu-
vent être représentées par des applications courtes f et g définies sur des

18
boules de rayon a ) / n et b 1 / n et
envoyant le bord sur x0. En plaçant
ces boules côte à côte dans une boule
de rayon c 1 / n = a I / n + b 1 / n et en
prolongeant f et g à la grande
boule par la valeur x0, nous obte-
nons une application courte définie
sur une boule rayon c 1 / n et représen-
tant yô ce qui prouve que
J'yôf > c . Pour n = l , nous con-
cluons que | f est une seminorme
sur iri(X,x0) ; si X est un espace de
longueur localement compact et
complet, chaque classe d'homotopie
a67r 1 (X,x 0 ) admet un lacet mini-
misant (proposition 1.12), c'est-à-dire dont la longueur est égale à | a | . Il
s'ensuit que, si a^O ,J\\<x\\ ^ 0 , donc |j j est une norme. Si X admet un
revêtement universel X , la structure de longueur induite par la projection
p : X—X fait de X un espace de longueur localement compact et complet, et
les automorphismes du revêtement (voir [Go]) sont des isométries. Si x0 est un
point d é j à fibre en x0 , et aE7ri(X,x 0 ), a induit un automorphisme, et
I a f =d(X 0 ,a.x 0 ). En revanche, si n ^ 2 , il n'y a pas de raison pour que J |
soit une semi-norme sur 7rn(X,x0).

Remarque 2 : Fixons un point p de S n . On peut considérer B n comme la


boule unité de l'espace tangent à S n en p . On a alors une application expo-
nentielle définie sur l'espace tangent. Notons s l'application (Bn,dBn) — (Sn,p)
donnée par x — s(x) = exp irx . Par composition avec s , chaque classe de
[(Sn,p),(X,Xfl)] fournit un élément de 7rn(X,x0) , et, inversement, chaque élé-
ment de 7rn(X,x0) se factorise par s en un élément de [(Sn,p),(X,x0)j , d'où
une nouvelle fonction, notée | | ' , sur 7rn(X,x0) . Ces deux fonctions sont
en fait liées par les inégalités : (volBn) \a\' < (vol Sn) \a\ < itn(volBn) \a\'.
Soit a£7rn(X,Xo) et f un représentant de a , f ' : (S n , p) — (X,x0) soit
f = f'os : (Bn,dBn) - (X,x0) ; alors dil f < (dil f') (dil s) < TT dil f' , d'où
||al = vol B n (içf dil f)n *; wn l a i ' ^ ^ .
f ea vol S n
Inversement, soit g un représentant de a , g : (B n , 9Bn) — (X,x0) soit g ' :
(S n ,p) — (X,x0) Tapplication définie par g ' = g 0 s - 1 et g'(p) = x0 .
n n
Alors f a I ' = vol S (inf dil g") pour les g" homotopes à g ' relativement
à p . Nous construisons une homotopie t — gt' ; notons rv ,
v € 3 B n , 0 < r < l , un point de B n ; soit <p : B n - B n l'application :

si 0 < r < - i - , <p(rv) = (sin-ïrr)v

si - y < r < l , <p(rv) = v

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on pose, pour x = s(rv) G S n - p , gt'(x) = g(trv + ( l - t ) ^ ( r v ) ) et gt'(p) = x0 ;
gi est un représentant de a , et gi n_ = ëo'Po^"1 •
'O p
1
Remarquons que gi(x) i= x0 seulement si x = s(rv) avec r < -y , et dans ce
cas : dil x %[ < (dil p(rv) g) (dilx ^ 0 s""1) , or, si x - s(rv) et y = ^(rv) ,
dx2 = x 2 dr 2 + (sin x r) 2 dv2 et dy2 = (x cos x r) 2 dr z 4- (sin x r) 2 dv2 < dx2 ,
c'est-à-dire : dil x <p0 s - 1 < 1 , et donc dil g[ < dil g , et on conclut que
|«|'<|«|ïelS
volBn

2.22. Proposition :
i) Si aE.-Kn(X,x^ , la suite - i ^ - i admet toujours une limite, quand l'en-
tier p tend vers + co . Nous la noterons \\a\\lim .
ii) Choisissons une orientation pour la variété riemannienne compacte V
et la sphère Sn ; le degré deg : [(V,v^,(Sn,p)] — Z est alors bien défini, et,
d'après le théorème de H. Hopf {voir 2.8), c'est une bijeclion ; notons p — a.%
\0CQ\
la bijection réciproque, alors la suite —•„••
p
admet une limite quand p tend
vers + co .

Dans cette démonstration, nous utiliserons la notation B(w) pour la boule


de volume ce dans R n . Si a £ x n ( X , x 0 ) , a définit une classe d'homotopie
d'applications : (B(OJ), dB(co)) — (X,x0) pour chaque w , et ||o:[ = inf (w/a
admet un représentant de dilatation inférieure à 1 : (B(OJ), dB(w)) — (X,x0)j .

L'idée de la démonstration est, étant données des classes o ^ , . . . , ^ de "volu-


mes" fletj,..., Ict k | , de recouvrir une boule de volume peu supérieur à
k
E flttjl par des boules de volume |[cxj|| , et, en juxtaposant des représentants
i=1
k k
des «j , d'obtenir un représentant de i :II
=1
c^ , et de prouver ainsi que | II
i=1
ajjj
k
est proche de E | a ; | .
i= 1

La première partie de la démonstration consistera donc à recouvrir une


grande boule avec des petites boules de volumes donnés.

Lemme : Soit cn le volume de la boule de rayon 1 dansR", et\^l-2~~n~]cn.


Soient co} > ... > ù)k des réels positifs tels que o- > 100w:+1 . Il existe un
cube KCRn et une réunion S de boules de volumes dans {o)7,...,u^] tels que
voi(K-S) < \kvol(K) .

20
Soit K le n-cube circonscrit.à 6(0^)
dans R n ; alors ut = 2 ~ n c n vol
^~\ K

K2 le n-cube circonscrit à B(co2) dans Rn ; / Bf^)


vol(K2) ^2 1 , l'ensemble
comme vol(K) œj 100
C , réunion de translatés de K2 , représenté
sur la figure, recouvre presque tout
K - 6(0^) , plus précisément
vol(C) > ± vol(K-B( U l )) .

On place une boule fyM dans chaque petit cube, vol(U B:M) = 2~nc„vol(C)

d'où vol(U BJ(OJ2)) > 2~n~l c n voUK-BtcOi)) , autrement dit,

VOI(K-B(ÙÏ,) - U BJ(Û)2)) < Xvol(K-B( W l )) < X2 vol(K) . D

2.23. Lemme : Soitunesuite (<^j)j>i de réels positif s telle que w,- > 100<x>j_j .
Montrons que, pour tout 8 > 0 , pour o> assez grand, il existe dans Bfw) une
réunion S de boules dont les volumes sont pris dans la suite w- telle que
vol(B(a>) - S) < S vol(Bfa)) .

Il existe un entier k tel que \ k < | S ; D'après le lemme, il existe une


réunion S K de boules dans un cube K de côté a , les volumes des boules
étant dans (wk,...,a)1J , telle que vol(K-S) < ™ £ vol(K) . D'autre part,

21
notons R le rayon de B(OJ) ; il existe une réunion P de translatés de K con-
tenue dans B(w) , qui recouvre complètement la boule B ' de rayon R - aVn~
(voir figure). Alors

m p B

voKB(aj)-P) < vol(B(o>)-B') = Rn-(R-aVn)" _ Q .


VOl(B(w)) "" « Rn W- + 00 '
il existe donc un w0 tel que, pour o)>œ0 , VO1(B(OJ)-P) < -^- S w . Soit S la
réunion de toutes les collections de boules SK + V attachées aux translatés K + v
de K contenus dans P ; alors vol(P-S) < y £vol(P) et vol(B(co)-S) < £o>. •

2.24. Démonstration de l'assertion i) de 2.22. Elle repose sur la propriété pure-


ment analytique suivante :
Si ( a ) est une suite de nombres positifs vérifiant, pour tous i , j , œ1 + -. *s c^ + a: ,
a
alors la suite (—£) est convergente (voir son utilisation en rapport avec le
P
rayon spectral dans [Di], tome 2, ch.15, n°2). Lorsque n = l , on a, d'après
2.21., | a p + ctjj *? ||a p | -i- ||a q |j , et la démonstration est terminée. Si
lim inf l£Ll = 0 , l'inégalité 2.21. suffit encore. Soit a€7r n (X,x 0 ) , et
p— + <x P

22
v = îim inf -^—^ ; fixons un v' > v ; ilfaut montrer que, pour p assez
p - + co P
grand, | a p j | < p / . Par hypothèse, il existe une suite p- -~ + oo telle que
11 pj il
lim " * = v ; on peut supposer que pour tout j , j|o:PJ | < v ' pf , et donc

se donner un ÙJ-} , \\a J|| < «j < v' Pj , et un fj : (B(WJ),3B(Û)J)) — (X,x0)


représentant a -> , dil fj < 1 . Si la suite Wj est bornée, alors on ne peut pas
utiliser le lemme 2.23, mais le raisonnement plus grossier de la proposition 2.11
est suffisant. En effet, étant donné une fonction f0 : (B n , <3Bn) — (S n , p) repré-
sentant un élément /3 de x n (S n , p) , on a su construire un représentant fr de
/3 N « tel que N(r)(dil f,)" 11 > C(dil f 0 ) - n ; comme N(r) peut en fait prendre
toute valeur entière, nous généralisons la proposition 2.11 en énonçant : il existe
une constante C ne dépendant que de n telle que, pour tout /3G7rn(X,x0) ,
pour tout q £ N , JILlfc8$
LJLIl < c ||/3 |j . D'autre part, pour un entier p , écrivons
p = qpj + r où Os=r<pj , posons j3 = a p j , et appliquons l'inégalité 2.21 à
T
y = aqPj et ô = a :

il pi 1/n |aqp=|| 1/n || r || 1/n / i pi | \ 1 / n /ll„,rn\1/n


+ l^JL <: - 11- . +
Pj+r/q

P I rvpi II 1 n
U
Pour tout 8 > 0 , il existe un j tel que VJ.. ..J II < (^- g) ; il existe alors un p 0
Pj 2
tel que, pour p > p 0 , et pour tout r , 0 < r < p ; , 1^-1 < (^-
v £) ; d'où, pour
p 2
\aP\ < 8 n , ce qui prouve que lim
p > p 0 , J—sL 1H_i = 0.
p p - + c» p

Si la suite oij n'est pas bornée, quitte à extraire une sous-suite, on peut
supposer que pour tout j : ojj>100ojj_ 1 . Fixons un S > 0 . D'après 2.23, il
existe un oi0 tel que, pour tout Ù)>CÛ0 , il existe une réunion de boules S dans
B(oi) , le volume d'une boule de S étant l'un des «j , et vol(B(co) - S) < U ;
on note Bk(wj) une telle boule, l < k < m : . On définit une application
f : (B{aj);dB(aO) -* (X,xQ) en posant, pour l < k < m j , f/B ^ — fj , et
f(B(co)-S) = x0 ; comme B(o>) est un espace de longueur, dil f < 1 , f est
un représentant de E m p= , ce qui prouve que | E m.: p : | *; a> .
j j
Or vol(S) = E mj wj et vol(B(w) - S) < £ voI(B(u)) , d'où E nij OÏJ > (1 - 8)o> ;

autrement dit, ai < 1/1 - S E rm ai: < y VI - 8 E m= p: , ce qui est l'inégalité

cherchée pour l'entier p(oi) = E m: p= . Quand ai décrit les réels supérieurs à


w0 , l'entier p(w) décrit-il les entiers supérieurs à (v'/l — 8)oi0 ? Pas tout à fait,
car nous savons seulement que (1 - Z)u>/v ' «s p(w) s? w/p , et p(oi) peut faire

23
dessautsde O Î / C - ( 1 - S ) W / C ' < ( P ' / P G - S ) - l)p(w) ; remarquons que, dans
les réunions de boules S construites au lerame 2.23, les petites boules occupent
une place non négligeable, i.e., pour une constante fi>Q , on a toujours
mx w1 > fi £ m; w; , d'où iri] p] > (i p(w) ; pour i> assez proche de v ' , et S

assez petit, nous avons (v '/v{\ - S) - 1) <n , et les nombres p ' de la forme
km] + L ni; p: , 0 < k < m j , remplissent un éventuel saut de p(w) ; en oubliant
i
rc^-k boules de volume wj dans S , nous construisons un représentant court
de a p ' sur la boule B(u) , ce qui prouve que, pour ceux de ces nombres qui
sont supérieurs à (p V I - £ ) « „ , | | a p ' | < ( v V l - E ) p ' . Nous avons donc
prouvé l'assertion i) de 2.22 pour presque tous les entiers, on termine avec
l'inégalité 2.21 .

2.25. Démonstration de l'assertion ii) de 2.22. Pour une variété compacte orien-
tée V , il y a un analogue du lemme 2.23. Notons V(w) la variété homothéti-
que de V de volume w . Nous recouvrons presque tout V par de petites bou-
les, qui sont donc presque euclidiennes, qui, dans V(w) , ont des volumes parmi
les Wj , comme en 2.24. Employant la notation de l'énoncé 2.22, nous construi-
sons un représentant de a 0 p > P ~ ^ m j " j > Qui e s t courte : V(w) — X = S11 , et
nous concluons, comme en 2.24, que lim sup -l^fi-JL est majoré par la
p - + co p
norme limite v du générateur d'orientation de [(Bn,ôBn),(Sn,p)] = 7rn(Sn,p) .
Pour obtenir l'inégalité inverse, il faut montrer que ces applications concentrées
sur de petites boules réalisent asymptotiquement le minimum de dilatation dans
leur classe d'homotopie. Nous avons besoin pour cela de la

2.26. Proposition : Soit W une variété riemannienne compacte et n-connexe,


soit P un polyèdre de dimension n ; pour tout entier p , il existe un nombre
tn(p) et un d0(p) tels que, pour tout d > d0(p) , et pour toute application
f : P — W de dilatation d, il existe une homotopie de f à une application
constante, définie sur P x [0, tn(p)] et de dilatation inférieure à (1 + l/p) d.

Il est utile de garder en vue le cas


n = l : l'application f est un lacet enroulé
serré autour d'une bobine W , qui fait un
nombre d assez grand de tours. Chacune
des d boucles peut être dégagée de la
bobine, à condition qu'on s'autorise à mul-
tiplier sa longueur par K , un nombre qui
ne dépend que de W . Nous ne pouvons O
pas dégager toutes les boucles simultané-
ment, car cette opération multiplierait la

24
dilatation par K qui est trop grand, mais
si nous allongeons le lacet d'une longueur
équivalente à K boucles (ce qui ne multi-
plie la dilatation que par 1+K/d) nous
pouvons retirer les boucles l'une après
l'autre. L'opération est longue : de l'ordre
de d ; si nous nous autorisons une marge
de ï-f-l/p sur la dilatation, et que d est
grand par rapport à p : d = kpK , nous
divisons le lacet en k parties égales sur les-
quelles nous exécutons la déformation pré-
cédente, qui prend le temps pK , et multi-
plie la dilatation par 1+K/pK = 1 + 1/p,
deux nombres qui ne dépendent plus de d .

2.27. Scolie : Soit A un simplexe de dimension n muni d'une métrique située


à distance (au sens de Lipschitz, cf. 3. L) inférieure à Ldu simplexe standard (de
diamètre indifférent) ; il existe une constante K, ne dépendant que de L et de
la variété W, telle que toute application f : A — W admette une homotopie à
une constante, définie sur Ax[0,I] et de dilatation inférieure à K dil(f) .
Cette question ne dépend pas d'un changement d'échelle, donc nous pou-
vons supposer que le simplexe A se trouve à distance bornée du bord du cube
[0,l] n ; il existe donc une application <p = A — [0,l] n telle que dil <p,
dil <p~] *£ e L ; on considère désormais f0 = fo^"" 1 : [0,1]° — W , nous
allons trianguler W , déformer f0 en une application simpliciale fi , qui
envoie tout [0,l] n sur le n-squelette T de W , puis composer avec une défor-
mation de W qui envoie T sur un point. 11 s'agit donc de contrôler la dilata-
tion dans une approximation simpliciale. Soit ô un nombre de Lebesgue relatif
au recouvrement U = [st(v)/v sommet de la triangulation T de W) (voir
[Sp] page 114) ; alors Ô/dil f0 est un nombre de Lebesgue relatif au recouvre-
ment f _ 1 (U) . Découpons [0,l] n en petits cubes de côté 2 " k , en choisissant
le plus petit entier k tel que chaque petit cube et ses voisins soient contenus
dans une boule de rayon ô/dil f0 (2"""k est au moins égal à <5/6dil f0) , alors si
v est un sommet du petit cube, il existe un sommet v ' de T tel que f0 envoie
tous les cubes contenant v dans stv' ; nous posons ft(y) = v ' , et nous pro-
longeons fj à [0,1 ] n par linéarité ; la dilatation de fj est égale à sa dilatation
sur l'ensemble des sommets de cubes, soit 2 _ k s ( T ) , o ù s(T) est la plus grande
longueur d'une arête de T . Nous posons aussi ft = (1 -t)f 0 + tfi , ce qui a
un sens car les images d'un point par f0 et f^ sont toujours dans un même
simplexe de T ; alors dil ft < dil f^ et, pour tout x G [ 0 , l ] n ,
d(f t (x),f t ,(x))/(t-t') < d(f0(x),f!(x)) < 2 k s(T). Soit enfin D t une déforma-
tion de W , D! envoyant le n-squelette de T sur un point p , de dilatation
d(T) (comme application W x [0,1] — W). Nous posons H(.,t) = D t o ft o <p ,
c'est une homotopie de f à une constante, de dilatation au plus
eL(2ks(T) + 2ks(T))d(T) ^ (6e2Ls(T)d(T)/Ô) dil f . D

25
2.28. Désormais nous remplaçons toute application f : P — W de dilatation
d par l'application courte qu'elle définit sur l'homothétique dP .Pour l'entier
p et le n o m b r e K f o u r n i par la s c o l i e , n o u s n o t o n s
t = 3(l+pK 2 + ... + p n K 2 n ) et i(P) la plus petite distance entre deux sim-
plexes disjoints de dimension complémentaire de P . Nous démontrons par
récurrence l'énoncé suivant : pour tout p , il existe i n tel que, si i(P) > i n ,
toute application courte f : P — W admet une homotopie H à une constante
w0 , définie sur P x [0,tj , de dilatation inférieure à (1+ 1/p) .
Supposons cet énoncé vrai pour n - 1 , et donnons-nous un polyèdre P de
dimension n tel que i(P) > i^jtpK) 2 1 1 ; alors il existe une subdivision de P
en simplexes A 0 tels que dist L (A 0 , simplexe standard dilaté de (pK)2n) < L
(comme dans la scolie). Nous subdivisons de nouveau les A 0 en 2(pK)n sim-
plexes Ai , et chaque A : en K11 simplexes A 2 , de façon que chaque A 2 soit
presque standard, et qu'il existe, pour chaque A Z C A 1 C A 0 , un difféomor-
phisme Di (issu d'une déformation D t . 0 ^ t * s l ) tel que D ^ A J = A 2 ,
dil D 1 / A *: 1/K , et, pour tout t , dil D t s= 1 H-1 /2p (pour n = 1 , une telle
déformation est représentée ci-contre).

D'après l'hypothèse de récurrence, il


existe une homotopie de la restriction de f
au (n-l)-squelette (de la subdivision en
Aa) S définie sur S x [0,tn _ j] et de dilata-
tion inférieure à 1 + l/4p ; comme ifA^
est très grand par rapport à t n _ 1 , cette
homotopie peut être convertie en un prolongement de f à P x [ 0 , t n _ | ] de
dilatation encore majorée par 1 + l/2p (voir figure).

W 7 7 7 Ï Ï
\ \ \ \ \ \ V \
5 P S
Maintenant, nous avons f(S, t n _ j) = w0 ; nous allons décrire un prolon-
gement de f à A a x [ 0 , t n _ ! + 3] tel que f(A 2 , t n _ ! + 3) = w0 et
f(x,t n _ 1 + 3) = f(x, t j ^ j ) si x £ A 0 - A 2 et de dilatation inférieure à 1 + 1/p ;
en fait, nous effectuons simultanément ce prolongement sur chaque simplexe
A 0 (ayant choisi un A z dans chacun), de façon à obtenir un prolongement à
P x E C t ^ . j + S] ;

26
1) nous effectuons la déformation D t , Le., nous posons f{x, t n _ j +t) =
f(Dt(x), t n _ j ) ; par construction de D t , dil f *£ l + l/2p + l/2p , et
dilf/A 2 x!t n _ 1 + i} ^ 1 / K :

2) comme f(dA2, t n „ 1 ) = w0 , f(dA ls t I1 _ ] + 1) = w0 et le prolongement


de f à A Ï x [t îl _ 1 + l, t n _ ! H- 2j fourni par la scolie (avec dil f < K.l/K = 1
et f(A ls tn__j + 2) = w0) est compatible avec le prolongement trivial de f à
( A Q - A J ) x [t n _j + 1, t n _ ] +2] , et nous obtenons un prolongement sur A 0
tout entier ;
3) nous effectuons la déformation D t à l'envers, i.e., nous posons
f(x,t n _ 1 +2 + t) = f(D 1 _ t (x),t n _ 1 +2),alors dilf < 1 + 1/K, f(A 2 ,t n _i+3) = w0
et f(x,tn_1 + 3) = f(x,tn_{) pour x G A 0 - A z .
Pour finir nous effectuons successivement cette opération pour chaque
zi 2 C A 0 , ce qui fournit un prolongement de f à P x [0,t n _ 1 + 3(pnK2n)]
avec f(P,t n ) = w0 . •

2.29. Fin de la démonstration de la proposition 2.22. Nous appliquons la pro-


position 2.26 (ou plutôt, l'énoncé donné au début de 2.28.) à une sphère
3Bn(R) de rayon R grand et une application courte f : Bn(R) — S n : nous
pouvons convertir l'homotopie définie sur dBn(R) x [0,t n _ 1 ] en un prolonge-
ment de f à la couronne Bn(R + t n _ j)-B n (R) avec ^ " ( R + t n . j ) ) = le
point p ES11 , et la dilatation inférieure à 1 4- 1/p . Dans la variété V , suppo-
sons donnée une réunion S de petites (presque euclidiennes) boules telle que
vol(V-S) < £ vol(V) . Fixons un u> assez grand, et une application courte
f: V(a>) — Sn minimisant presque la dilatation dans sa classe d'homotopie,

posons k = 1 + — + t n _i(p)/ n \/a>. Nous considérons, pour chaque boule B:


P
de S , que Bj(u) est contenue dans Bj(kw) C V(kw) ; alors f est définie et pres-
que courte : S(OJ) — S n , et nous construisons deux prolongements g et h de f à
V(kaj).
1) Il existe un prolongement g de f|B-(w) à Bj(kaj) de dilatation infé-
rieure à k , et tel que g(9Bj(kco)) = p ; on prolonge g à V(kaj) par la cons-
tante p ; g est "concentrée sur de petites boules".
2) On pose h = f sur V(kto) - S(kw) , et h = f aussi sur S(w) ; il reste à
prolonger h radialement sur chaque couronne Bj(kw) - Bj(w) .
Alors h est homotope à f , donc deg f = deg h , or g = h
sur S(«) V(kw) , d'où jdeg f - deg g| < 1/vol S n f (h*-g*)v n
-, I/\/YV ^ Qf w * V(kw)-S(w)
^ ^KvoHV(Ko)j b{u)) ^ 2 k ( k - l + e)w/vol S n , autrement dit, deg f/deg g
vol S n
peut être rendu arbitrairement proche de 1 quand OJ tend vers + ex ; comme
g est une application construite à l'aide d'une réunion de boules arbitraires,
nous savons que (dil g) n /deg g est proche de v , quand deg g est grand, et
ceci achève la démonstration de la proposition 2.22. •

27
2.30. Démonstration du théorème 2.18. Rappelons que _#(D) = card {classes
d'homotopie d'applications V — S n ayant un représentant de dilatation
inférieure à D) = card jpEZ/af : V - S n avec deg f = p et dil f < D)
= inf # { p E Z / | a g | < vol(V)D n ) ; il est aisé de voir, comme
D>D
A a g | 'v p | a 0 | l i m , que

card { p G N / K I *s vol(V)Dnj -v D n vol(V)/||a 0 lilim

soit #(D) 'v vol(V)c D n , où c - 1/Kfllim + l/lao" 1 ! 1 * 111


D— + co
ne dépend pas de V . D
2.31. Problème : Quelle est la valeur de cette constante c ? L'expression don-
née en 2.30 montre que c g > 0 , et la proposition 2.11 montre que c < 1 . En
particulier, dans quels cas a-t-on c g = 1 ?
Exempte : Si V, W sont des tores plats de même dimension et de même
volume, il existe une suite d'applications fk : F— W telle que degfk — + oo
k
et (dilfkf/degfk - 1. ~ +™

En effet, écrivons V = R n /A et W = R n /A ' pour deux réseaux A et


A' de l'espace euclidien R n . Par hypothèse, ces réseaux ont même volume,
c'est-à-dire, si (&•) , (f:) sont des bases de A et A' , si L est Pendomor-
phisme de R n envoyant ei sur fi , alors det L = l . Notons x- la j-ième
composante de es dans la base (fj) ; il résulte de la compacité de RnV Z ^ q u e ,
pour tout £ > 0 , il existe un entier p tel que Vi,j , d(px-^,Z) < £ , autrement
dit, si nous notons m^ l'entier le plus proche de pXjj et fj' = E mjkfk , alors
K
flfj' - pejfl < VnS ; on en déduit aisément que, si L ' est Tendomorphisme
envoyant es sur f{ , alors |dil(l/pL') - 1| < Vn£ et | ( d e t ( l / p L ' ) 1 / n - 1|
< Vn£~ . L'endomorphisme L ' , qui envoie A dans A' , induit une applica-
tion V : V — W dont le degré est l'indice du sous-groupe L(A) dans A' ,
d'où
d e g f = vol(L'(A))/vol(A') = detL'vol(A)/vol(A') - d e t L ' < p n ( l + VnS) n ,
alors que dil t = dil L ' > p(l - Vn£) ; nous pouvons donc rendre le rapport
(dil T) n /deg V arbitrairement proche de 1 .
2.32. On en a fait la réciproque suivante : Théorème : Soient V et W deux
variétés riemanniennes compactes de même dimension n et de même volume.
S'il existe une suite d'applications fk: V-~W telle que degfk — + oo et
(dilfk)n/degfk - î, alors V et W sont plates. k
~ + aj

Nous pouvons supposer que les fk sont lisses ; comme deg fk -* + oo ,


d k = dil fk tend aussi vers + oo .Notons J(fk,v) lejacobiende fk en v € V ,
et calculons l'intégrale j v ( \ B ( x r ) J(fk,y)dy) = S i(x , y )/ d(x , y )< r! J(fk,y)dy dx =
J v J(fk' x ) v ° l B ( x ' r ) ^ x - e n particulier, pour r = l/d k ,

28
j v vol fk(V) OJ d£n
vol f k (B(x,l/d k )) dx = J v J(fk,x) vol B(x,l/d k ) dx
^
k — + ce
où ÛJ est le volume de la boule unité B de R n . Par hypothèse, deg fk -
(vol fk(V)/vol W) 'v d£ , et nous concluons que, si hk(v) = w - 1 vol fk
k—+ co
(B(v,l/d k )) , alors j v hk(v) dv — vol V , alors que hk(v) < l + 8 k , où
* k- 4- oo
Posons A(k,8) = (vEV/h k {v) < 1-8} . Alors f v h k - J A (k,8) h k +
Jv-A(k,s) h k < ( l - e ) v o l A ( k . e ) + (1 + £k) vol ( V - A ( M ) ) , d'où
fî vol A(k,S) < vol(V)(l + £k) - j v h k -* 0 , donc vol(C) = 0 , où
k— + co
C = U U n A(k,S) ; or vEC « 3 S, 3 m € N tel que, Vk>m , h k (v)
£>OmÉNk>m
< 1 - 8 , par conséquent, pour presque tout point v E V , lim sup h k (v) > 1 .
k- + co
Fixons un tel point v , et composons les applications fk : B v (v, l/d k ) = Bdkv(v, 1)
avec l'exponentielle, de la boule unité B de R n sur Bdkv(v, 1) ; nous obtenons des
applications g k : B—W telles que lim sup dil g k < 1 < lim sup co ~] vol gk(B) .
k—h oo k— + oo
Nous sommes donc ramenés au cas où V est une boule plate. En fait, en rempla-
çant l/d k par R/d k , on voit que les g k sont définies sur B(0,R) c R n pour k
assez grand ; d'après le théorème d'Ascoli, nous pouvons supposer que les g k
convergent uniformément sur tout compact vers une application courte g défi-
nie sur R n tout entier. Un calcul analogue à celui effectué ci-dessus, où nous
remplaçons h k par h k = w " l vol gk(B(x,r)) montre que, pour presque tout x G R n ,
lim sup vol gk(B(x,r))/ùjrn - 1 pour tout rEQ (*).
k— + 03
Montrons que les g k sont presque des isométries (locales). Fixons deux
points x et y tels que <5 = d(x,y) soit rationnel et que les points x, y et
x H~ v
z = L vérifient la propriété de volume (*) ; notons ôk = d(gk(x),gk(y)) alors
vol g k B(z,ô)^vol g k (B(z,<5)-B(x,-U)-B(y,-iô)) + vol gk((B(x,— ô)UB(y,-b))
2 2 2 2
«S (dil g k )M^-2(i-ô)n)+vol(B(g k (x),-i-(dil gk)ô)UB((gk(y),i-«5 dil gk)))
£•  Âà
Notons, pour 0 < t < l . s(t) = infï(l/wr n ) vol (B(w,r)nB(w',r))/w, w ' G W j
et d(w,w') = 2rt et 0 < r < l ] ; alors s(t)>0 pour t < l : en effet, si t < l ,
l'intersection B(w,r) H B(w', r)
contient la boule de rayon r
2
centrée au point de la géodésique
minimisante joignant w à w '
situé à égale distance de w et
w ' , donc son volume est au
/ i - t \n
moins égal à c ( W ) | ^ — r ) , où

29
c(W) ne dépend pas de r , pourvu que celui-ci soit inférieur au rayon d'injecti-
vité de W ; on a donc s(t)>cste(l - t ) n ; nous pouvons écrire
vol(B(w,r)nB(w',!•)) = vol B(w,r) + vol B(w',r)-vol(B(w,r)nB(w',r))
^2(l+b(r))^rn-s(t)o)rn
pour tous w, w ' G W tels que d(w,w') = 2tr , où
b(r) = sup f(l/corn)volB(w,r)/w£WJ - 1 , b ( r ) - 0 ;
r-0
d'où l'inégalité vol gk (B(z,ô)) <«(-!• dil g k )" (2n + 2b(ô)-s(5£/a(dil gk)) ;

or, quand k tend vers + oo, ô^ tend vers d' =d(g(x),g(y)) , dil g k tend vers 1
et, pour une sous-suite g k ' convenable, vol g k 'B(z,ô) tend vers œôn, ce qui
fournit, par passage à la limite : s (5 '/S) =s2b(ô) ; cette inégalité, que nous avons
obtenue pour presque tous x , y E R n , est vraie partout, par continuité. En
particulier, g est injective sur toute partie de R n de diamètre inférieur à une
constante ô0 (définie par l'égalité b(ôQ) = — ) , donc est un homéomorphisme
4
local (par invariance du domaine) ; on peut définir une application réciproque
g - 1 au voisinage de tout point w de l'image de g , or l'inégalité
cste(l - ô '/ô)n <s(ô Vô) < 2b(ô)
_1
entraîne que dil w g = 1 ; l'application g est donc une isométrie locale, donc
elle commute avec les exponentielles, envoie petite boule sur petite boule, donc
g est un revêtement riemannien. En particulier, W est plate.
Il reste à montrer que V est aussi plate : relevons chaque application
fk : V—W en une application fk du revêtement universel V de V dans Rn ;
fk a la propriété suivante : si A(k,e) = {vEV/vol f k B(v,r)<(l-e) djjur11} ,
alors vol A(k,e)-*0 ; cette propriété passe au revêtement universel : pour faire
k— + co ^
disparaître les d k , posons e k : V-~R n , e|c(v) = (l/dic)f|{;(v) , et nous pouvons
énoncer : pour tout r 6 Q , et presque tout v € V , lim sup vol ekB v (v,r) = a>rn ,
k—+ co
alors que les e^ sont courtes. Un raisonnement analogue à celui fait pour les g k
(à ceci près que les boules non euclidiennes se trouvent au départ et non à l'arri-
vée) conduit à la conclusion qu'une limite uniforme des e^ est une isométrie
locale, donc une isométrie de V sur R n . •

2.33. Corollaire : La constante c g du théorème 2.18 est toujours strictement


inférieure à 1.
Dans le même ordre d'idées, introduisons un nouvel invariant métrique
d'une variété orientée V compacte, de dimension n :

2.34. Définition : Si f est une application lisse et courte de R n dans V, le degré


asymptotique de f est la limite supérieure, quand R tend vers + oo, des
nombres (l/wR n ) ] B(R) f * V V > où B(R) est la boule de centre 0 et de rayon R
et a> est le volume de ta boule unité.

30
Remarque : Ce nombre d(f) ne dépend pas du choix de l'origine 0 dans R n , car
si x, y € R a , lim R~n vol(B(x,R)-B(y,R)UB(y,R)-B(x,R)) = 0 ; il

n'en serait pas de même dans l'espace hyperbolique, car boules et sphères
hyperboliques croissent à la même vitesse (voir au chapitre 6).

2.35. Proposition : S'il existe une suite fk d'applications lisses et courtes de R n


dans V telles que d(fk) — 1 , alors V est plate.
k— + oo
Nous utilisons de nouveau l'identité
JB(R)VOlfk(B(x,r))dx = î Kx , y) / xGB (R)etd(x,y)<rf J ( f k - y ) d y d x =
ÎB(R + r) -Kfk'X) vol(B(x,r)nB(R)) dx =
wrI1
ÎB(R) fk% + 1 B(R)-B(R-r) J ( f k' x ) vol(B(x,r)-B(R)) dx -
ÎB(R + r)-B(R) J ( f k- x ) vol(B(x s r)nB(R» dx
d'où nous tirons l'inégalité, où A(k,r,R,e) - jxEB(R)/vol fkB(x,r)*s(l-e)o)rn},
e vol A(k,r,R,e)/coRn ^ 1 - (1/wRn) { B(R) fkvV + (R + r/R) n - (R - r/R) 11
= ô k (R)+h(r,R).

Par hypothèse, lim ôk(R) - 1 - d(fk) pour tout k ; fixons un ô > 0 et un


R- + oo
P
entier p ; alors, pour Rs*R 0 , 2 h(i,R)<ô , et, pour chaque k , il existe

R k > R 0 tel que p(<5k(Rk) - 1 + d(fk)) < ô ; par hypothèse, d(fk)—1 , et nous
k— + Oo
P
déduisons (vol £ A(k,i,Rk,€))/wR£ tend vers 0 quand k tend vers + °° :
i=i
il existe donc une suite de points x k , telle que, pour nchaque entier q ,
lim volfk' (B(x k ',q))/wq =l .
k— + oo
Posant gk(x) = f k (x+x k ),g k : R n —V est courte, et
lim volg k B(q)/wq n = 1,
k— + oo
donc nous sommes ramenés à la situation du théorème 2.32. Profitons-en pour
donner une autre démonstration au moins lorsque n = 2 : comme en 2.32, on
peut supposer que les g k convergent vers une application courte g : Rn —V
uniformément sur les boules B(q), et on démontre que, pour tout r rationnel,
et pour presque tout point x E R n , lim sup vol g k (B(x,r))/ajr n =l. Nous en
k—+ oo
déduisons que, pour toute boule B, dg(B) C g(dB) : en effet, soit w 6 V un point
situé à distance d de g(B), ou plutôt, tel que pour tout d ' > d ,
vol(B(w,d')ng(B))>0 ; alors vol(Brig- ] B(w,d'))>0 , donc nous pouvons
choisir un x d ' tel que
d(g(xd'),w) < d ' et lim sup vol g k (B(x d ',r))/wr n =l ,
k— + oo
r = d(x d /,3B) ; comme g(B(x d /,r)) est disjoint de B(w,d) (à un ensemble

31
négligeable près), lim sup vol g k B(x d /,r) *s lim sup vol(B(g k (x d ,),r)-B(w,d)}
k-— + oo k — + oo
=S vol(B(g(x d -),r)-B(w,r)) qui est inférieur à 1 si r > d ' - d et r est petit; il
s'ensuit que r tend vers 0 quand d ' tend vers d , donc que d(g(dB),w) est
inférieure ou égale à d , et nous concluons que essdg(B) c g(dB) , où
essdg(B) - {v€V/Vr>0 , vol(B(v,r) n g(B)) > 0} .
Soit, pour t > 0 , x E R n un point tel que lim sup vol g k B(x,r)/wr n = 1 ,
k- 4- oo
ë\(* + y) = ( l / O e x p g ^ - ^ g ^ x + ty))
alors g k : R11 — R n , lim sup dil g\ = 1
k - + co t - 0
et lim sup vol g k (B(x,r))/wr n = 1
k—H on r—0
Ici n = 2 , d'où CO = TT. Notons £(k,r) 2 = 1 - vol g k B(x,r)/7rr 2 . De
ess 3gî. B(x,r)cg k (3B(x,r)), on tire (long ess dgj, B(x,r))2 - 4-n- aire gR B(x,r)
< 4x'r 2 £(k,r) z . Nous utilisons l'inégalité isopérimétrique de Bonnesen ([Os]
page 1199, inégalité 4.7) :
Pour une courbe C, de longueur L, enfermant une aire A, les rayons Q e t R d u
plus grand cercle inscrit dans C et du plus petit cercle circonscrit à C vérifiant :
7r 2 (R- e ) z < L 2 - 4xA.
Nous obtenons, pour la courbe essdglk B(x,r), R - Q <2r£(k,r) ; il s'ensuit que,
lorsque k tend vers l'infini, dilxgk, dilj-gk1 tendent vers 1, et donc que g est
une isométrie locale. •
La proposition 2.35 justifie que nous attirions l'attention du lecteur sur le
degré asymptotique.

2.36. Définition : Nous noterons c(V) la borne supérieure des degrés des
applications courtes de R" dans V.

2.37. Remarque : c(V) ne change pas lorsque la métrique de V est multipliée


par une constante. S'il existe une application C-quasirégulière et courte de R n
dans V (voir définition 6.1) alors c(V) > 1/C , c'est évident. La réciproque
est-elle vraie ? Nous donnerons au chapitre 6 une condition sur le revêtement
universel de V qui assure qu'il n'existe pas d'application quasirégulière de R n
dans V ; parallèlement, cette condition assure aussi la non-existence d'applica-
tions courtes de R n dans V , de degré asymptotique non nul :

2.38. Proposition : Si la courbure sectionnelle de V est majorée par une cons-


tante strictement négative (voir 8.6), alors c(V) = 0 .
Fixons une application lisse et courte f de R11 dans V .
L'application f se relève au revêtement universel V de V : dans celui-ci,
deux points sont reliés par une unique géodésique, ce qui permet de définir le
cône sur une hypersurface H issu d'un point O : en particulier, le cône sur

32
f(3B(R)) est une application g : B(R) — V , et l'hypothèse sur la courbure sec-
tionnelle k < - A 2 permet d'affirmer, grâce à 8.12, que
vol g(B(R)) < ( l / ( n - 1) A th(d» vol g(3B(R)) < ( l / ( n - 1) A thdinwR"- 1 ,
car g(dB(R)) = f(ôB(R)) et f est courte (ici, d désigne la distance de O à
g(3B(R)) ). Toujours à cause de l'unicité de la géodésique joignant deux points,
il existe une homotopie de f/g(R) à g qui vaut f sur dB(R) ,
donc
L R ï f * v v = Î WR ,8* V V =
volg(B(R)) = 0(R n " 3 ) , donc d(f) = 0 . D

NB{R)

2.39. Remarque: La proposition 2.38. reste vraie si on suppose seulement que


la courbure sectionnelle de V est négative ou nulle, que V est compacte et non
plate, car on peut appliquer l'inégalité isopérimétrique d'Avez 6.27 à un
domaine avec multiplicités.

2.40. Conjecture: La proposition 2.38. est vraie pour une variété compacte V
ayant le type d'homotopie de K ( T , 1 ) , où le groupe x n'admet pas de sous-
groupe abélien d'indice fini.

33
Chapitre 3

S T R U C T U R E S M E T R I Q U E S

A. DISTANCE DE LIPSCHITZ

3.î. Définition : Soient X et Y deux espaces métriques. On appelle distance


de Lipschitz de X à Y , et on note d L (X,Y) , la borne inférieure des nombres
|logdilf| + l l o g d i l f - 1 )
quand f parcourt l'ensemble des homéomorphismes lipschitziens de X
dans Y .
Suivant les conventions habituelles, on pose d L (X,Y) = + oo quand il
n'existe pas de tels homéomorphismes. Il est clair que d L est symétrique, véri-
fie l'inégalité triangulaire, et que d L (X,Y) = 0 quand X et Y sont isométri-
ques. On a réciproquement la

3.2. Proposition : Deux espaces métriques compacts X et Y tels que


d L (X,Y) = 0 sont isométriques.
Preuve. Pour tout entier n > 0 , il existe un homéomorphisme lipschitzien
fn de X sur Y tel que 1 - 1/n < dil fn < 1 + 1/n . De la suite (fn) , qui est
équicontinue, on extrait une sous-suite uniformément convergente, et l'applica-
tion limite est une isométrie. •
Exemple. Si X est une surface compacte de genre g > 1 , on obtient ainsi
une métrique sur l'espace des modules (de Riemann) de X , vu comme l'espace
des métriques riemanniennes à courbure - 1 quotienté par le groupe des dif-
féomorphismes de X .

B. D I S T A N C E D E H A U S D O R F F

3.3. Nous allons maintenant définir une distance entre espaces métriques qui ne
seront pas forcément homéomorphes, en partant de la notion classique de dis-
tance de Hausdorff (cf. [B41 ou [Ri], §7). Rappelons que si A et B sont deux
parties d'un espace métrique Z, celle-ci est par définition
dg(A,B) = inf {£>0 , UE(A) D B et Ug(B) D A)
où on a désigné par US(A) l'ensemble {z, d(z,A) < 8} . Il est classique, et
facile à vérifier, que d^- est une distance sur les parties compactes de Z .

3.4. Définition : On appelle distance de Hausdorff de deux espaces métriques


X et Y , et on note d H (X,Y) la borne inférieure des nombres
dg(f(X),g(Y))
pour tous les espaces métriques Z , et tous les plongements isométriques f
(resp. g) de X (resp. Y) dans Z .

35
Remarques.
a) Si X et Y sont compacts, on a d H (X,Y)< + oo . Il suffit pour le voir
de plonger X et Y dans leur ensemble somme, muni de la métrique induisant
sur X et Y les métriques initiales et telle que d(x,y) = sup(diam X, diam Y)
si x € X et y E Y .
b) Deux espaces métriques de diamètre fini peuvent avoir une distance
nulle sans être isométriques, comme par exemple [0,1] et Q H [0,1] .
c) Même pour des parties de W très simples, cette distance n'est pas don-
née par un plongement euclidien. Ainsi, si A = {ax, a2, a3) est un triangle
équilatéral de côté 1 et B un point, d H (A,B) = — alors que pour tous
plongements dans un R n euclidien,
d*f (f(A), g(B)) > - L .

Grosso-modo, la convergence d'une suite (X^ d'espaces métriques pour la dis-


tance de Hausdorff revient à la convergence pour la distance de Lipschitz des
8-réseaux des X; (cf. 2.14) vers ceux de l'espace limite. Plus précisément

3.5. Proposition :
a) Si une suite (XJ d'espaces métriques converge vers X pour la métri-
que de Hausdorff , pour tout &>0 et pour tout &'>&,tout &'-réseau de X
de pas strictement positif est limite pour la distance de Lipschitz d'une suite Nj,
où Nj est un Z-réseau de Xi.

b) Réciproquement, si sup(diam(Xj), diam(X)) < + oo et si pour tout


S > 0 , il existe un E-réseau de X qui est limite pour la distance de Lipschitz
d'une suite de ^-réseaux TV} de X-(, alors Xt — X .
Preuve, a) Il existe une suite ^ tendant vers zéro et des plongements iso-
métriques fj et gi de X et Xj respectivement dans un espace métrique Zs
tels que
dgtfiCX^giOq)) < Vi.
Si ( x p ) p G P est un S-réseau de X , comme U fe^Xj)) D f^X) , il existe des
points x p tels que
d Zi (fi(x p ), gi (x p )) < v. ,
et comme de plus U (f;(X)) D g^Xj) les ( x p ) p e p forment un 8 + 2^-réseau
de Xi . On a de plus
|dX(xp,xp,)-dX'(xp,xp-)| <2i,i,

ce qui montre que ( x p ) p e p - ( x p ) p G P puisque ( x p ) p G P a un pas strictement


positif.

36
b) Soit ( x p ) p £ P un £ -réseau de X et ( y p ) p e P C X ; une suite de
6-réseaux convergeant vers celui-ci pour la distance de Lipschitz. Sur l'ensemble
somme X U Xi , nous allons mettre — c'est l'idée de la remarque 4a) — une
métrique qui induit les métriques données sur Xi et X en posant, pour x
dans X et y dans X;
d(x,y) = inf d (x,x ) + d^fr* y) + £
P v
pGP
Pour montrer que d est une distance, les inégalités non triviales à vérifier sont
du type :
d(x,x') ^ d(x,y) + d(y,x') , pour x et x ' dans X , y dans Xs .
On écrit d(x,x') >e d(x,x p ) + d(x p ,x q ) + d(x q ,x') et on remarque que
d{xp,xq) *s (1 +^)d(y p ,y q ) , où Vi - 0 .
Pour i assez grand, on a alors
d(x,x')<d(x,x p ) + d(yj,,y^) + d(x q ,x') + S
< (d(x,xp) + d(yp,y)) + (d(y,yq) + d(x q ,x')) + S
d'où l'inégalité cherchée. Il est clair alors que dans X U X; muni de cette dis-
tance, d H (X,Xj) < 2 fi. D
Une conséquence importante de 3.5.a) est la

3.6. Proposilion : Deux espaces métriques compacts X et Y tels que


d H (X,Y) = 0 sont isométriques.
Preuve. Pour tout entier n et pour tout 1/n-réseau N 1 / n de Y , il existe
une suite N 2 / n de 2/n-réseaux de X tels que Nf/n ~ N 1 / n . Pour tout
£ > 0 . il existe un entier L et une application fn de N î / n dans N 2 /" telle
que fn et f^* soient de dilatation inférieure à 1 + £ .
En choisissant les N 1 / n croissants, on peut construire par le procédé diagonal
un homéomorphisme g de Y dans X ayant la même propriété, et on est
ramené à la proposition 2.

3.7. Proposition : Si les X n sont compacts et si X n -i X alors X n — X .


Preuve. C'est une conséquence immédiate de celle de 3.5.b).
La réciproque est bien entendu fausse,
même si X et les X n sont homéomor-
phes. Il suffit de prendre pour X n la réu-
nion de 2 n demi-cercles de rayon 2 ~ n
centrés sur une même droite et tangents
avec la métrique induite par celle de R 2 .
On ne peut s'attendre à une stabilité des propriétés topologiques par con-
vergence de Hausdorff ; par contre, certaines propriétés métriques sont stables.
Plus précisément

37
3.8. Proposition : Si X est un espace métrique complet qui est limite pour la
convergence de Hausdorff d'une suite d'espaces de longueur, X est un espace
de longueur.
Preuve. Il suffit d'appliquer le théorème 1.8 en rermarquant que la pro-
priété 1.8.i) d'existence de presque milieux est stable par convergence de
Hausdorff.

C. P R E M I E R S E X E M P L E S D E C O N V E R G E N C E
DE HAUSDORFF

3.9. Soit X un espace métrique de distance d , et XX , pour un réel positif X ,


l'espace (X, Xd) . Si diam(X) < + oo , alors XX tend vers un point quand X
tend vers 0 .
Si Y n est une suite d'espaces métriques, et si diam(Yn) tend vers 0 , alors
pour tout espace X, lim ( X x X n ) = X. Plus généralement, si W est
n— oo
l'espace total d'une fibration riemannienne (cf. [B-G-M]) dont la base et la fibre
sont compactes, par des changements d'échelle sur les fibres, on peut construire
une famille de métriques gt sur W telle que lim (W,g.) = V .
t-o
Cela s'applique par exemple aux fibrations de Hopf de S 2n + ] sur CP n et de
S4n + 3 s u r H p n .

3.10. Convergence de Hausdorff et dimension. Les exemples qui précèdent,


assez frustes, pourraient faire croire que la dimension est au moins semi-
continue supérieurement pour la convergence de Hausdorff. Il n'en est rien,
comme le montre l'exemple d'une suite de quadrillages de plus en plus fins d'un
carré, qui d'après 3.5. converge vers le carré muni de la norme
1 (x,y)|| - |x| + |y|
On peut assurer que la dimension de X = lim H X n n'est pas supérieure à celle
des X n en faisant sur les X n des hypothèses de convexité (si les X^ sont des
parties d'un espace euclidien, la vérification est élémentaire), ou en supposant
que les X n sont des variétés riemanniennes dont la courbure est uniformément
bornée (c'est l'objet du chapitre 8).

1
-

(
1 i

3.11. Les exemples de suites de variétés riemanniennes tendant vers une variété
de dimension plus petite vus dans 3.9. ne sont pas très intéressants car la cour-
bure tend vers l'infini.

38
Mais cette situation se rencontre aussi pour des variétés à courbure section-
nelle bornée.
a) Sphères de Berger (cf. [C-E], p. 70)
Ce sont des espaces homogènes riemanniens G/H où G = SU(2) x U(l) est
muni de la métrique bi-invariante donnant à chaque facteur le diamètre 2, et
H = U(Î) est "entravers" : si X, Y, Z sont les générateurs usuels de l'algèbre de
Lie SU(2) et T celui de U(1) = R, l'algèbre de Lie //est engendrée par aX + bT ,
où a2 + b 2 = l , avec a, b > 0 . Notons S£ l'espace homogène ainsi obtenu, qui
est difféomorphe à S3 (un difféomorphisme est donné par p [ SU(2) x {1} , si p
est l'application de passage au quotient) si b ^ O .
Un calcul facile fait dans [C-E] montre que S^ est à courbure positive bor-
née par 4, et que t-*exp(t(-bX + aT)) est une géodésique périodique de lon-
gueur 2-ïrb . Il en résulte (l'argumentation détaillée, laissée au lecteur, nécessite-
rait l'introduction des coordonnées canoniques sur G associées à la base Y, Z,
— bX + aT, aX + bT de G) que l'espace S£ tend vers la sphère canonique S2
quand b tend vers zéro.
b) Variétés plates
En termes de distance de Hausdorff, le théorème de compacité de Mahler
(cf. [Ca], p. 137) dit que l'adhérence de l'ensemble des tores plats Tn = R n /A
est formée de tous les tores plats de dimension inférieure ou égale à n ; la limite
d'une suite T]1 = R n /A i sera de même dimension si et seulement si les nombres
c(Ai) = inf (|X|, XEA|-{0}î (en langage riemannien, c(A;) est le double du
rayon d'injectivité de T") ont une borne inférieure strictement positive.
Si on prend maintenant l'adhérence des variétés plates de dimensions n ,
on obtient certains quotients R k < r l / r où Y est un groupe discret d'isométries
de Rk pouvant avoir des points fixes. Ces phénomènes apparaissent déjà pour
n=2 .
De plus, tout espace de longueur singulier de la forme R k / F est limite
d'une suite de variétés plates de dimension n(F). Il suffit pour le voir de cons-
truire, ce qui est élémentaire, une extension de Y par un réseau qui opère sans
points fixes dans un R n , puis de faire tendre vers zéro les longueurs des généra-
teurs de ce réseau.
Ces exemples font pressentir que pour assurer qu'une suite de variétés rie-
manniennes converge vers une variété de même dimension, une hypothèse rai-
sonnable est la minoration uniforme des rayons d'injectivité. Nous verrons au
chapitre 8 des résultats de ce type,' et des précisions sur les singularités que peut
présenter l'espace limite au cas où la suite des rayons d'injectivité tend vers
zéro.
D. CAS NON COMPACT : DISTANCES POINTEES

3.12. Pour les espaces non compacts, il sera commode de travailler dans la caté-
gorie des espaces à point base. On définit alors les distances de Lipschitz et de
Hausdorff de deux espaces métriques à point base comme en 3.1. ou en 3.3.,

39
mais en considérant les homéomorphismes lipschitziens pointés et les plonge-
ments isométriques pointés dans des espaces pointés.
Les liens entre convergence pointée et convergence sont illustrés par la

3.13. Proposition : Soient (X n ,a n ) et (X,a) des espaces de longueur localement


compacts et complets. Pour que lim H (X n ,a ri ) = (X ) a), il faut et suffit que la
suite de boules fermées B(a n ,r) converge vers B(a,r) au sens de Hausdorff, et
cela uniformément par rapport à r .
Preuve. "Non-sens abstrait" (avec Zorn à la clef). Cette proposition ne sera pas
utilisée dans la suite. •
Ces hypothèses sont en effet déraisonnablement fortes, puisqu'elles ne per-
mettent même pas la convergence de la sphère Sn(r) vers R n quand r tend vers
l'infini. Pour les espaces de longueur localement compacts et complets, nous
utiliserons la

3.14. Définition : On dit que (X n ,a n ) tend vers (X,a) au sens de Hausdorff


(resp. Lipschitz) si pour tout r positif, B(a n ,r + Sn) tend vers B(a,r) au sens
de Hausdorff (resp. Lipschitz) pour une suite £ n tendant vers 0 ..
Pour un espace pointé (X,a), étudier XX (cf. 9) pour X grand revient à
regarder à la loupe au voisinage de a . Par exemple

3.15. Proposition : Soit V une variété riemanmenne de métrique g . Pour


tout v de V , on a lim X(V,v)-(T v V,v) , l'espace tangent TVV étant
X-oL
muni de la métrique euclidienne g(v) .
Preuve. C'est élémentaire si la variété est de classe C 2 , grâce à l'application
exponentielle. Pour r > 0 donné, les boules Bg(v,r/X)d de V et B| (v) (v,r/X)
de TVV peuvent être rendues assez arbitrairement proches pour la distance de
Lipschitz si on choisit X assez grand. Cela reste vrai après multiplication de cha-
que métrique par X. Mais alors le premier espace n'est autre que Bxg(v,r) , et le
second est isométrique à B| (v) (v,r) . Dans le cas de la distance de Hausdorff, il
suffit d'appliquer 3.7. •
Remarque. On peut alors définir les variétés riemanniennes comme étant des
espaces de longueur localement compacts et satisfaisant à la conclusion de la
proposition 3.15.
Il est évidemment bien plus intéressant de faire tendre X vers zéro :
l'espace limite, s'il existe, dépendra des propriétés globales de l'espace de départ
(cf. [P]). Une remarque triviale, mais fondamentale, est que pour toute distance
d sur R n provenant d'une norme, lim (R n ,0)=(R n ,0) , C'est en fait un cas par-
ticulier de la

3.16. Proposition : Soit V un espace de longueur compact, dont le groupe fon-


damental est isomorphe à Z", soit V son revêtement universel, muni de la struc-
ture de longueur naturelle, et v un point de V. Alors la suite d'espaces homothé-

40
tiques 2~ k (V,v) converge pour la distance de Hausdorff vers (R n ,0) muni de la
métrique induite par une norme non nécessairement euclidienne.
Cette norme | | est obtenue de la manière suivante : d'après la proposi-
tion 2.11., il existe une norme limite, notée fl ||lini sur le groupe TT^V^Q), qui a
la propriété : si q € Z , | q a | | l i m = \q\ ||a|| lim ; au moyen d'un isomorphisme,
cette norme se transporte sur le sous-groupe Z11 de R n , et se prolonge par homo-
généité à Q n , puis par continuité à Rn.
Preuve. Choisissons un isomorphisme ip : Z n ~ r = xa(V,v0) et notons «!,... ,a n
l'image de la base canonique de Z11. Notons de la même façon un élément de V
et la transformation du revêtement qui lui correspond. Fixons e >0, et un entier
k0 tel que,

2-k«( E longcq + diamtV)) <S


i=i
et que le sous-groupe 2~koZn soit un S-réseaude (Rn,|| fl). Soit N = 2~ k oZn,
et, pour ks*k 0 ,

ipv : N - V , x = 2-k 0 (x 1) ...,xi 1 ) - Il ( ^ " ^ . v ;


i=l '
soit N k - ^ k ( K ) ; alors N k et un 6-réseau de 2 " k V ; en effet, si a^T ,

d(«v,N k )v = d(vfû£-»Nk)v < d(v, n ^ - ^ [ x ^ c - k i - x j ) ^


i= l ' V
^ 2 k ~ k ° ( i ; longo-), d'où, si xEV ,
i=l
d(x,N k ) v < d(x,?v)v + d(rv,N k )^ < diam(V) + 2 k " k °( £ long a{) < 2kS
i=1
soit d(x^Nk) _ k ~ < S . Vérifions enfin que, si x , y £ N , d(^ k (x),^ k (y)) _ k ~

tend vers ||y-x|| quand k tend vers + oo ; soit x = 2 °x' , y = 2 °y'

d(^ k (x),^ k (y)) 2 _ k ^ - 2" k d(v,( . n <i'- y i') 2 k " k °.v)v

- 2-k°||ïï af^yM|Hm= |]x-y| ,

autrement dit, dil^ ,y?k — 1 , d'où, comme NOB R (0,r) est fini,

dnVk - 1 et d i l ^ r C nntvr^1 ' CQ q u i p r 0 U V e Q U e l e S r e s t r i c t i o n s


k k
|NnB(0,r) |M]cnBtv,rJ
des N k aux boules de rayon r tendent vers NDB(0,r) pour la distance de
Lipschitz, et donc que 2~ k V tend vers (R n } fl fl) . •
Remarquons qu'on ne peut espérer en général une convergence pour la dis-
tance de Lipschitz, car V peut ne pas être homéomorphe à R n , même si
dim V = n. Par exemple, sachant que tout groupe de présentation finie est le

41
TT1 d'une variété compacte de dimension au moins 4 (cf. [My] p. 246), on
obtient pour n>6 des variétés compactes de dimension n dont le TT1 est Z n
et qui ne sont pas des tores.

3.17. Il est clair que si X = lim XV , alors X est isométrique à XX pour tout

X^O. L'exemple le plus simple après R n d'espace de longueur satisfaisant à


cette propriété est le groupe de Heisenberg H 3 muni de la métrique de Carnot
(cf. 1.18).
Si a, b, c sont des générateurs de son algèbre de L i e X 3 tels que
[a,c] = [b,c] = 0 et [a,b] = c et fx le relevé dans le groupe de l'homomor-
phisme défini par
(a,b,c) - (Xa, Xb, X2c) ,
on vérifie que pour x et y dans H 3 et X>0 , d(fx(x),fx(y)) = Xd(x,y) .
On a un bon candidat espace-limite et la

3.18. Proposition : Soit g la métrique riemannienne invariante à gauche telle


que {a,b,c} soit orthonormé. Quand X tend vers 0 , la métrique Xg tend
vers la métrique de Carnot définie par g et le champ de plans invariant à gau-
che associé à {a,bj .
Preuve. Le principe est le même que dans 3.15., en utilisant le fait que si les

g est donnée par du2 + dv2 + (dw - udv)2 . •


1
0
0
( u
1
0
w\
v , la métrique
1/

E. DISTANCE D E H A U S D O R F F L I P S C H I T Z

La convergence au sens de Lipschitz, et même le simple fait pour deux


espaces métriques d'avoir une distance de Lipschitz finie entraîne qu'ils sont
homéomorphes. C'est trop restrictif. Nous avons donc, d'un côté, la distance
de Hausdorff, qui n'est pas en général finie quand les espaces sont non bornés,
vraiment trop étroite à l'infini, comme nous l'avons déjà remarqué en 3.13, et
d'un autre côté, la distance de Lipschitz, qui peut être rendue infinie à cause
d'une petite singularité à distance finie. C'est pourquoi, pour contourner les
petites singularités, nous avons besoin d'une distance qui combine les deux.

3.19, Définition : Soient X et Y des espaces métriques, leur distance de


Hausdorff-Lipschitz, notée dist HL (X,Y) , est la borne inférieure des nombres
dist H (X,X!) + dist L (X 1( Y!) + distH(Y!,Y) où Xj et Y t sont deux espaces
métriques quelconques.
Avant de donner quelques propriétés de cette distance, nous décrivons
deux manières de définir une distance sur un groupe discret de type fini.

42
3.20. Définition : Soit F un groupe discret, de type fini, et fy] un système
générateur fini de F . Nous posons, pour a EF, || a J| ai = la plus petite lon-
gueur d'un mot en les yi et leurs inverses représentant a . La fonction
| | a l g : T —M+ est une norme sur F , c'est-à-dire qu'elle vérifie les proprié-
tés suivantes :
i) I a I = 0 « a = 1 .
ii) ||t«-h/3 || < | a | + |/31 .
iii) I a ~ * I = I a j .
M?ws l'appelons norme algébrique associée au système générateur fy) .
C'est la plus grande norme qui prend des valeurs < 1 sur les -y; .

3.21. Définition : Soit V une variété riemannienne compacte, V son revête-


ment universel. Le groupe fondamental F de V agit par isométries sur V.
Nous définissons la norme géométrique attachée au point v de V par
| a | éo = d(v",av)y pour un point v quelconque au-dessus de v . C'est la plus
petite longueur d'un lacet en v représentant a .

3.22. Proposition : Le groupe fondamental d'une variété riemannienne com-


pacte est discret et de type fini, plus précisément, il est engendré pour tout
vEV par un nombre fini de classes représentables par des lacets basés en v de
longueur inférieure ou égale à 2 diam(V) . Toutes les normes a) associées à
divers systèmes générateurs finis b) attachées à divers points de V sont équiva-
lentes entre elles.
Choisissons, pour chaque classe d'homotopie a du groupe fondamental
r de V , un représentant a de a , lacet basé en vGV . Fixons S > 0 . Divi-
sons chaque lacet a en parties de longueur inférieure à S , et relions chacun
des points x ainsi obtenus à v par un arc minimisant cx . Alors a est homo-
tope au produit des lacets ^ a / ^ ^ c " / 1 basés en v , où (x,x') décrit les pai-
res de points consécutifs sur a . Nous avons donc trouvé un système de généra-
teurs de F représentables par des lacets de longueur inférieure à
2 diam(V) + £ . Or l'ensemble des longueurs des géodésiques minimisantes est
discret (cf. 1.13.) ; donc, pour S assez petit, l'intervalle ]2 diam(V),
2 diam(V) + 8 [ ne contient aucune longueur de lacet géodésique minimisant en
v , et, par conséquent, chacune des courbes que nous avons construites est
homotope à une courbe de longueur inférieure ou égale à 2 diam(V) .

-43
Commençons par montrer que les normes algébriques associées à deux
systèmes générateurs finis G 1 et G2 sont équivalentes. Notons | f1 et
1 | 2 ces normes, et posons S 1 = s u p J l a l V a E G 1 } ; alors 1/S11| | 2 est une
norme sur F qui prend des valeurs inférieures à 1 sur G 1 , donc
1/S1 f f2 ^ I f1 .
Etant donné un point v de V , choisissons un système générateur G de
T contenant tous les éléments a de T tels que |a| g éo ^ 3 diam(V) = 3d
pour la norme attachée au point v . De nouveau, la norme l/3d f \\g^.0
prend des valeurs inférieures à 1 sur les générateurs G , donc est majorée par
la norme algébrique || | a ] g associée à G . Inversement, donnons-nous un
élément a de F , et une géodésique minimisante c de v à av dans V ,
paramétrée normalement. Alors les points v"=c(0), c(d), c(2d),...,c(kd) (où
k = [-7-
d l l a L&icijJ ) sont. .espacés
. de d . Pour chaque i ^ k , il existe un élément
a\ de F tel que dtt'c(id-),«iv") ^ d ; alors d(oijv',Q:i+1v') ^ 3d, d'où

a l a
i \ + 1G G

et k-2 1
Mal* ^ Ila liais + S
-,. K
„«., «i+lïalg
« 1 + 1 naig +' K - 1« llalg
ii"k-1" naig ^ - k- - a\iigeo •
, ii«
Nous concluons d | | a l g «s || || géo ^ 3d | |alg . D

c((k-1)d) c(kd)

Toute norme sur un groupe induit une distance par la formule


d(a,j3) = Ict""1^! = |/3 _ 1 a|| ; la propriété ci-dessus se traduit par : tous les
espaces métriques ( r , | | a i g ) ou ( r , | jg,s0) sont à une distance de
Lipschitz finie les uns des autres.

3.23. Proposition : Si deux variétés V1 et V2 ont même groupe fondamental,


alors dist HL (V 1 ,V 2 ) < + °° . Si deux groupes r x et F 2 agissent sur une
même variété V et sont cocompacts dans V (i.e. les quotients \/Ti sont
compacts), alors dist H L (r 1 ,r 2 ) < + 00 .
Cela résulte du fait que, dans les deux cas, dist H (V, F v) < + <x . D
Exemple : Les groupes fondamentaux des variétés hyperboliques compactes de
dim n sont tous à dist HL finie les uns des autres.

44
Exemple : Si V est le revêtement universel d'une variété compacte V dont le
groupe fondamental est isomorphe au groupe d'Heisenberg discret
t1 m n \
| 0 1 p , avec m,n,p entiers] , alors dist HL (V,H3)< + °° * où H 3 est le
\ 0 0 1/
groupe d'Heisenberg continu.

3.24. Définition : Deux groupes de type finiront géométriquement équivalents


s'ils sont groupes fondamentaux de deux variétés compactes \ 1 et V2 telles
que dist HL (V 1 ,V 2 ) < + °° .
Remarque : En fait, il ne revient pas au même de dire distL(r 1 ,r 2 ) < + <» .
En effet, dans la condition distHL,(Vi,V2) < + oo , une orbite T^1 se décal-
que en un fini-réseau de V2 , d'où l'on tire une quasi-isométrie de r : sur une
partie cobornée de T2 , i.e., un fini-réseau de T2, et nous avons prouvé la

3.25. Proposition : Tl et T2 sont géométriquement équivalents # il existe


une partie cobornée A de T2 telle que d i s t ^ r ^ A ) < + oo .

3.26. Définition : Deux groupes Fx et T2 sont commensmables s'il existe des


sous-groupes Hx et H2 d'indice fini dans Tx et T2 tels que H1 soit isomor-
phe à H2 .
Nous voilà équipés de plusieurs relations d'équivalence entre groupes de
type fini. Le problème type qui se pose en géométrie est, une opération de grou-
pes sur des variétés semblables (équivalence géométrique) étant donnée, de
savoir en déduire une propriété algébrique, par exemple la commensurabilité.
On appelle "congruence problem" la question : deux sous-groupes discrets
co-compacts d'un groupe de Lie sont-ils commensurables ? Dans cette situation
particulière, il est clair, surtout si le groupe de Lie est simplement connexe, que
les deux sous-groupes discrets sont équivalents géométriquement. Le problème
peut a r e considérable :
Tous les groupes fondamentaux des variétés hyperboliques compactes de
dimension n sont équivalents géométriquement, quelles relations algébriques
ont-ils entre eux ?
On peut aussi se poser le problème inverse : deux groupes géométriquement
équivalents peuvent-ils toujours être réalisés comme sous-groupes discrets
co-compacts d'un même groupe localement compact ?

45
n
A . D ' A B O R D U N P E U D ' H I S T O I R E ( D I M E N S I O N 2)

En 1949 Loewner démontrait le :

4.1. Théorème (non publié, voir [Pu] et des démonstrations dans [Bl], [B6J ou
[B3Jp. 258) : Soit (T2, g) un tore de dimension 2 muni d'une structure rieman-
nienne g et soient v(g) son volume et l(g) la borne inférieure de la longueur
des courbes fermées de T2 non homotopes à zéro. Alors on a toujours
v(g) > (43/2) l2(g) . En outre, si v(g) = (*JT /2) l2(g) , te tore (7*,g) est
nécessairement le tore plat équilatéral (c'est-à-dire celui défini par R2/ A où A
est le réseau de R2 engendré par les deux vecteurs (0,1) et (1/2,-J~3/2)) .
La méthode de Loewner consistait d'abord, grâce au théorème fondamen-
tal de la représentation conforme, à écrire g = f g0 où f est une fonction sur
T 2 et g0 plate. Comme g0 est plate, elle admet un groupe d'isométries transi-
tif G ; une moyenne habile de f par l'action de G a pour effet de diminuer le
volume et d'augmenter 1 . Comme le résultat de cette moyenne est une fonction
constante puisque G est transitif, on est donc ramené au cas des tores plats,
pour lesquels le résultat est plaisant et élémentaire.
Dans [Pu], P.M. Pu remarquait que la méthode de Loewner s'appliquait
sans modification aux variétés riemanmennes (RP 2 , g) (où RP 2 est le plan
projectif réel) et obtenait donc la

4.2. Proposition : ([Bl] ou [B6], p. 303) : Pour toute (RP2,g) , si v(g) désigne
toujours le volume et l(g) la borne inférieure de la longueur des courbes fer-
mées non homotopes à zéro de R P 2 , on a toujours v(g) > (2/TT) P(g) . Si en
outre v(g) = (2/TT) l2(g) , alors (RP2,g) est nécessairement le plan projectif
standard (RP2, can) .

4.3. Pour la bouteille de Klein on obtient le même résultat, pour la constante 1,


et l'égalité caractérise la bouteille de Klein plate carrée (cf. [B], p. 37). Le cas
des surfaces de genre plus grand que 1 ne peut plus être traité par cette
méthode ; par la méthode des formes harmoniques et indépendamment, Accola
et Blatter (voir [Ac], [Bl]) obtenaient le :

4.4. Théorème : Pour tout y>l il existe une constante C(y)>0 telle que
v(g) > C(y) P(g) pour toute variété riemannienne (M,g) où M est une sur-
face orientable de genre y •

47
4.5. On remarque que :
1. Contrairement au cas 7 = 1 , il n'y a pas de résultat pour le cas de l'éga-
lité : en effet, la constante C(y) tend vers 0 quand 7 tend vers + co, alors que
2. Exercice : En appliquant le lemme de Besicovitch 4.28bis à la variété
obtenue en découpant la surface (M,g), orientable de genre 7, suivant la plus
petite courbe fermée non homologue à zéro, démontrer que :
v(g) > -1- l2(g) •

3. Conjecture : A-t-on v(g)>C'(y) lz(g) avec C ( 7 ) - * + <»?


'•y— + 00
4. Il n'y a pas, à notre connaissance, de résultat pour le cas 7 > i non
orientable ; cette dernière question ne devrait pas être trop difficile.

4.6. Pour en terminer avec la dimension 2, J.J. Hebda vient de démontrer la :

4.1. Proposition : Soit (T2,g) un tore riemannien ; on définit llt 12 comme


suit: l! = l(g) comme en 4. J. ; puis 12 comme égal à la borne inférieure de la
longueur des courbes de (T2,g) dont la classe d'homotopie n'est pas un multi-
ple entier de la classe représentée par une courbe de longueur égale à \1 . Alors
v(g) > j-h V411-1Î;
l'égalité caractérise les tores plats isocèles, c'est-à-dire définis par un réseau
dont une base dans R2 est, à un scalaire près, de la forme [(1,0), I—,yj] avec

B. ENSUITE, F O R M U L A T I O N DE QUELQUES P R O B L È M E S
EN DIMENSION > 3

4.8. Pour ce qui suit on pourra au besoin consulter l'ensemble de [Bl] et [B2].
Venons-en maintenant au cas des dimensions supérieures ou égales à 3. Dans
[Pu! Pu remarquait bien que la méthode Loewner s'applique aux structures rie-
manniennes conformes à une structure riemannienne homogène ; malheureuse-
ment en dimension >3 , l'ensemble des classes de structures riemanniennes
conformes est de dimension infinie et donc une inégalité à la Loewner pour seu-
lement une classe conforme est d'un intérêt limité.

4.9. Remarquons ensuite que si l'on appelle toujours v(g) le volume et l(g) la
borne inférieure de la longueur des courbes fermées non homotopes à zéro
d'une variété riemannienne (M,g) de dimension n , il est vain d'espérer l'exis-
tence d'une constante C(M)>0 telle que v(g) > C(M) ln(g) pour toute

48
variété M non simplement connexe. Par exemple, si N est simplement con-
nexe, le rapport v(g)/ln(g) peut être rendu aussi petit que l'on veut sur la
variété produit M = S*XN (prendre des métriques produits pour le voir).

Pour espérer que C(M) soit positif, il faut, on le sent, que, comme dans le
cas de T2 , ou RP 2 , l'homologie de dimension 1 de M engendre au sens
anneau, toute la topologie de M, ou à tout le moins la classe fondamentale de
M. Les variétés candidates sont T n et RP n . D'où les :

4.10. Question : Existe-t-il une constante Cj(n) > 0 telle que v(g) s* C(n)ln(g)
pour toute g sur 771 ? Si oui, l'égalité est-elle caractéristiques des tores plats
pour lesquels ce rapport est minimum ? (pour les réseaux correspondants, dits
critiques et non toujours uniques, voir [Ca], p. 141 et [Lk], p. 133). Même ques-
tion (cf. 4.7) avec v(g) > C(n)lx(g) ... ln(g) .

4.11. Question : Même question, avec CJn) pour RP" . Et pour Végalité iso-
métrie avec le projectif standard (RPn, can) .

4.12. On peut ensuite se poser la généralisation suivante de la question 4.8.


Désignons par KP n le projectif de k-dfmension n sur le corps K égal à C si
k = 2, H si k = 4 et Ca sik = 8 (alors nécessairement n = 2). La dimension
réelle est alors kn . Pour une structure riemannienne g sur KP n notons tou-
jours v(g) le volume et m(g) la borne inférieure du volume des sous-variétés
de dimension k de KP n qui sont homologues à la droite projective KP 1
plongée canoniquement dans KP n .

4.13. Question : Existe-t-il une constante C(n,k)>0 telle que


v(g)>C(n,k) mn(g) pour toute g sur KPn ? Cas de l'égalité.
Soit enfin M - M 1 x M 2 un produit de deux variétés compactes. Pour une
structure riemannienne g sur Mxx M 2 , notons nij(g)(i=i,2) la borne infé-
rieure du volume des sous-variétés de dimension ni = dim M; et homologue à
M,.

4.14. Question : Sous quelles conditions existe-t-il une constante C(M1,M2)


telle que
v(g) > C(Ml,Mz) mx(g) m2(g) pour toute g sur MxxM2 ? Cas de l'égalité.
Remarquer que, si M t = M2 = S1 (cf. 4.7.), ou, plus généralement, si Mj
est un tore, il faut, pour avoir une réponse positive, une définition plus subtile
des nii(g) .
Dans la section suivante nous allons donner une réponse à une partie de ces
questions, mais seulement dans le cas plus faible de l'homologie stable. Le cas
"absolu" fournit une classe intéressante de problèmes ouverts.

49
C. E N F I N D E S T H E O R E M E S

4.15. Normes sur les groupes d'homologie d'une variété riemannienne. Rappe-
lons qu'une chaîne singulière lipschitzienne entière (resp. réelle) de dimension p
est une expression somme formelle a = E XJCJ , où les Xj sont des entiers rela-
i
tifs (resp. des réels) et les ci des applications lipschitziennes du simplexe stan-
dard de dimension p dans V , variété riemannienne ; la masse d'une chaîne
lipschitzienne de dimension 1 est le nombre M(a) = £ | Xi | long^) . ïl est
i
clair que M(a) = supl f wl pour les formes différentielles oy de degré 1,
!a
telles que sup jco(v)] *=i , où | » | est la norme euclidienne sur T*V .
vev
Pour définir en dimension supérieure à 1 une norme sur les chaînes qui ait
la même propriété d'additivité et soit duale d'une norme du type norme sup sur
les p-formes, on procède comme suit (cf. [L] page 51 et [FI]).
Etant donné un espace vectoriel euclidien E, dont la norme, ainsi que ses exten-
sions naturelles aux puissances extérieures ApE , est notée | • | , on définit sur
APE la norme masse par )e|| = inffE j e j / e = E et où ej est
i i
décomposable} , et, sur A p E* , la cornasse, par \\(p\\* = sup (|^(e)| / e € A p E
et |ejj < lj . La cornasse d'une forme différentielle co de degré p est, par
définition
4.16. M*(w) = sup(|w(v) I * / v € V ) , et la masse d'une chaîne la norme duale.

4.17. M(a) = supî| j w| / « forme différentielle, et M*(u) < 1] .


On a bien alors M(E XJCJ) - E jXj vol(C|) . Par exemple, dans CP 2 muni de
i i
sa métrique canonique, la cornasse de la forme de Kàhler o vaut 1, alors que
|a)(v)| = sj2 , et co réalise comme il est naturel de l'exiger la masse d'une
droite projective CP 1 .
On munit H (V,Z) et H p (V,R) des normes quotient associées en posant,
pour une classe réelle ou entière, | a | = inf ÎM(a) / aEcx) . On a bien une
norme d'après [FI] 5.1.6. ou [F-Fj 9.6., complétés par [F2] §3 dans le cas réel.
Soit a une classe entière, et aR la classe réelle qu'elle détermine. Comme
a c ctR , on a |a|| > | | a R | , et le théorème suivant montre que la norme
a — | a R | sur H (V,Z) joue le même rôle que la norme limite sur les
groupes d'homotopie introduite en 2.22.

4.18. Théorème (cf. [F2], §5) : Pour toute classe a dans H p (V,Z), on a
lim (1/m) ||mo: I = |j OTR |.
m—I- co
Remarque : Il existe des exemples où ||a | > | a R | , et même
(1/m) I ma I > | a R | pour tout m .
Ce phénomène a été mis en évidence par F. Almgren (cf. [F2], page 397), pour

50
une 1-classe d'une variété orientable de dimension 3. On trouvera dans [L]
l'exemple frappant de certaines classes de tores plats, et une étude systématique
des normes \\a\\ et |O:RJ| . Notons cependant que, pour toute classe de codimen-
sion 1 d'une variété orientable, \\a\\ = |CKR| (voir [F2], page 394 et 4.33).

4.19. Définition : La norme a — ||an| sur H p (V,Z) s'appelle norme stable ; une
classe entière a est dite stable si il existe un entier m tel que
(1/m) Ima I = !«&(•

Remarque : Dans la mesure où nous n'obtiendrons pas toujours les meilleures


inégalités, l'introduction de la masse et de la cornasse n'est pas vraiment néces-
saire : les normes définies de façon analogue à partir de la norme euclidienne
sur TjfV leur sont équivalentes ; néanmoins, masse et cornasse aident à mieux
voir que, de toute façon, pour p >2, la norme quotient sur H p (V,R) n'est pas en
général euclidienne, même si V est S z x S 2 ou un tore plat (cf. [F2]).

4.20. Homomorphisme d'Hurewicz. En dimension 1, l'homomorphisme


d'Hurewicz (voir [H-W] page 148) est aisé à visualiser : soit 2 : S 1 ^ V un lacet
basé en un point vGV ; les diverses façons de trianguler S 1 permettent d'asso-
cier à £une chaîne de dimension 1 à coefficients entiers, dont la masse est exac-
tement la longueur de l ; en outre, la classe d'homologie de cette chaîne ne
dépend que de la classe d'homotopie de t : on obtient ainsi l'homomorphisme
d'Hurewicz h : T T ^ V ^ - H ^ Z ) .

4.20bis. Lemme : Comparaison de la norme géométrique sur ^(V/v) et de la


norme sur H^VjZ) : il existe une constante K(V) telle que, pour tout point v
de Y et toute classe d'homologie a ^ H[(V,Z), lalH^inftlYlJAyExjtVjV)
eth(y) = a}<\\a\\u1 + K(V).
Montrons d'abord que, si c est un représentant de a de masse minimum,
p
alors c= E XjC; où XjEZ,les c; sont des géodésiques fermées en nombre
i=l
p borné indépendamment de a .
p
Il est clair que, comme c est un cycle, on peut l'écrire L \[C-y où les
i=i
Ci sont des courbes fermées ; comme c minimise la masse, chacune minimise
la longueur parmi les courbes proches, donc est une géodésique périodique ;
fixons un £ suffisamment petit pour que les boules de rayon £ dans V soient
presque standard. Alors le volume d'un voisinage tubulaire Ne(c;) est à peu
près longueur(q)xvolume d'une boule de rayon £ en dimension n - 1
(n = dimV) ; si L est la plus petite longueur d'une courbe non homologue à 0
dans V, on a donc vol N ^ q ^ L e 1 1 - 1 vol B n _ 1 . Si p était supérieur à
vol(V)/LS n _ 1 vol B n _ 1 , alors deux voisinages tubulaires Ng(Cj) et N£(Cj) ne
seraient pas disjoints, c'est-à-dire, dans une boule de rayon 2£, donc presque

51
euclidienne, passeraient une branche de q et une branche de Cj , et on pour-
rait remplacer le cycle Cj ± Cj par un cycle homologue strictement plus court ;
on a donc p ^ K ^ V ) .

Choisissons maintenant un lacet t homologue à 0 et £-dense dans V ; soit


K2 sa longueur ; pour chaque composante q , on construit un lacet yj en v
homologuée XjCj en reliant v à î par un chemin de longueur inférieure à S ,
en suivant i1 jusqu'à un point situé à distance inférieure à S de q , puis un che-
min de longueur inférieure à S jusqu'à q , puis q parcouru X; fois, puis
retour en sens inverse ; le lacet y\ a une longueur au plus égale à
p
| Xi | long(q) + 2K2 + 4S ; on pose 7 = îl y\ ; alors 1I(Y) = a et
i=l
||71 Tl <longfy) < I a I H i + Kj(2K2 + 4e), d'où l'inégalité
inf{j|7| Xi /h(7) = a j < l a l t ^ + KCV) ; l'inégalité opposée étant évidente. D

4.21. Variété de Jacobi : Désormais, nous supposerons que le groupe H^V.Z)


est sans torsion ; on peut alors le considérer comme un réseau dans l'espace vec-
toriel HiOV.R) muni de la norme stable. Nous utilisons la dualité, notée < , > ,
entre les espaces vectoriels HHV.R) et HjCV^R) .
Soit alors E un espace vectoriel de 1-formes fermées représentant la coho-
mologie H^V.R) . (Dans [Li], E est l'espace des formes harmoniques, mais
nous voulons partir d'un point de vue purement différentiel). On peut alors
identifier E* à H^V^R) . Si v est un point donné de V, on définit une applica-
tion Fde l'ensemble C v des chemins de V d'origine v dans E par
<F(c), a> - / a

{pour c dans C v et a dans E).


Si c et c ' ont même extrémité x , on a
la— i a = I a = l a
Jc J c' J c-c' _/ 7
où 7 est la classe d'homologie de c - c ' ; l'ensemble des formes linéaires sur
E données par a— \ a s'identifie par bidualité à H^V.Z) .
|7

52
Ainsi, si on identifie les chemins de C v ayant même extrémité, l'application
f passe au quotient en une application f de V dans le tore H ^ V ^ V H ^ V j Z ) .
A priori, f dépend des choix de v et E : un changement du système de repré-
sentants E de H^VjR) revient à remplacer f par une application qui lui est
homotope.
Le tore T = H 1 (V,R)/H 1 (V,Z) s'appelle la variété de Jacobi de V, et f ,
définie à une homotopie près, l'application de Jacobi. Si V est munie d'une
métrique riemannienne, on munit T de la métrique finslérienne invariante à
gauche induite par j R]| .
L'objet de la prochaine section est d'approcher géométriquement la variété
de Jacobi de V, qui a été construite de façon plutôt analytique.

4.22. Proposition : Soit V une variété riemannienne compacte telle que


H^VjZ) soit un groupe abélien libre ZQ . L'homomorphisme d'Hurewicz
h : iri(V,v) — H t (V,Z) = ZQ détermine une suite de sous-groupes distingués
I \ = h ~ HkZft) , et les revêtements galoisiens Vk associés : Vk est le quotient rie-
mannien du revêtement universel V par l'action de I \ (le groupe d'automor-
phismes de V k est isomorphe à -K^y,y)/Y-^ = (Z/kZ)Q) . Alors la suite d'espaces
de longueur 2~ k V 2 converge vers la variété de Jacobi T pour la distance de
Hausdorff.
Le raisonnement est analogue à celui de 3.16. Notons m = 2 k . Le réseau
— H^V.Z) contient H^V.Z) , donc il passe au quotient en un réseau N m de

T ; si d' est le diamètre de T, alors distH(N m ,T) < —d ' . L'homorphisme


L'homorphisme h :r = x1(V,v) — H1(VJZ) induit
h m : Aut(V«9 - r / r m - H 1 ( V , Z ) / m H 1 ( V ! Z ) ;
si nous fixons un point v m de V m , la fibre du revêtement V m — V contenant
v ra est l'orbite de v m sous Aut(V m ), donc h m induit une bijection (pm de
cette fibre sur N m : pour v'=a\m , on pose <pm(v') — —h m (°0 • Pour un
p = 2r*=2k = m , on a l'inclusion N p c N m , et on pose MP1 = ^ - 1 ( N p ) ; c'est
l'orbite de v m sous F — / p donc c'est un d —-réseau de V m (ici, d est le

diamètre de V), autrement dit, dist H —V m , —MP I < — .


\m m ml p
Il reste à montrer que <pm est presque une isométrie de — Mgj sur N p .
Soient x, y £ N p ; calculons
d('P m 1 (x),^ 1 (y))i/ m vm -™d(v m ,hm 1 (m(y-x)).v m )vm ,

or px, pyEHiCV.Z) , donc il existe un /3GT tel que h(/3) = p ( y - x ) , et


h(/3m/P) = m ( y - x ) ; c'est pourquoi, si nous notons a l'élément de Aut(V™)
induit par /3m/P , on a hm 1 (m(y--x)) = a . Comme la métrique de V m est la

53
métrique quotient de V par le groupe d'isométries F m , on peut écrire
d
(v m > T V J I = inf{^^--^/Terj = 1 inf(|7^p|/Ter,
m
u e HiCV^) et h(-y) = mu} qu'on écrit — mff|y|| / y E T X (V,V) et
M7) = m ( y - x ) + m u m | pour le u m E H ^ Z ) pour lequel l'inf est atteint.
Nous pouvons utiliser le lemme 4.21 : dans un sens,
d v
( m> « v m ) i v m > -~ «m(y-x) + m u m | H i ( V , Z ) = ± m ( p ( y - x ) ) | H i / m H i ,
m
qui, d'après le théorème 4.18, tend vers | (y — x) R || T quand m tend vers
l'infini; dans l'autre sens, d(v m , av m ) j < — (K(V) + | m ( y - x 4- u m ) | )
m
qui tend aussi vers d(x,y) T , ce qui prouve que, pour chaque p,
dist L (N p , — Mjy tend vers 0 quand m tend vers l'infini, donc que
m
lim dist H (J- V , T) = 0 . D
m— oo m
4.23. Introduisons le revêtement abélien V° de V : c'est le quotient de V par
l'action du sous-groupe dérivé [ r , r ] de F = xjp^v) , son groupe d'auto-
morphisme est r / j r r j ; nous le munissons de la métrique quotient, de façon
que, si yEV , d(v0, YV0)VO = inî {d(y,y'yv)^/y ' E[T,T]} ; or, d'après le théo-
rème d'Hurewicz {[Hu] page 148), le noyau de h est exactement [r,F] , d'où
d(v0, 7v0)v« = i n f { | 7 ' | / T ' ^ r et h( T ') = h(y)} > |h(7)| Hl (v,Z) • L ' a PP l s -
cation de Jacobi f se relève en une application f° : V° — Hi(V,R) , qui a la
propriété métrique suivante :

4.24. Lemme: f° est "courte à l'infini", i.,e.,


lim sup dil (x , f° < 1 .
d(x,y)-a>
Il s'agit d'une propriété asymptotique de V° , donc il suffit de la vérifier
pour deux points de r v 0 , ou même de T k v 0 , pour k assez grand.
Or, si x = 7 k v 0 et y = ôkv0 , alors
d(x,y) = d(v 0 ,( 7 k ô- k )v 0 ) v o > |k(h(7) - h(ô))| H i ( V i Z ) ;
pour les z£Hi(V,Z) , il s'agit donc de comparer | k z | et k | z R | .Soit P un
domaine fondamental (fini) pour l'action de kHj sur H x ; tout zEHx peut
s'écrire z = z0 + kza + ... + k p z p , avec Z;GP ; alors

|kz|| >. |kP + 1 z p | - P


E Iki + 1Zi| ;

il existe un tQ tel que, pour tout i > 4 et tout y € P , ( l - 8 ) j | y R | ^ \\fy\/g


«; ( l + £ ) | y R | . P o u r k > f 0 , o n a d o n c

||kz|| > ( l - S ) k P ^ 1 ||z p R | - (1+8) (Il ki + 1 ||z i R |)

P-1 -
> | z nK„ | k ? + i ( l - £ - ( l + S ) M ( S k J -P))
P " i=o

54
> |Zp R | k P + 1 ( l - £ - ( l + S ) M / k - l )
où M = s u p î | y R j | / | y ' B | pour y, y ' E P et y ^ y ' J .

Demême, | k z R | *= E f k ' - ^ z j *= | z p R | k? + 1 ( M / k - ! + 1) .

II existe donc un k0 > ê0 tel que, pour k > k0 et pour tout z 6 F^PV^Z),
!|kz|| < ( l - 2 £ ) k || ZR [| , ce qui prouve que f°|r k v 0 a une dilatation inférieure à
(1-2S)-1. D

4.25. Définition : Soit W une variété munie d'une distance d non nécessaire-
ment riemannienne. Définissons le volume de W comme sup(vol(W,g) :g est
une métrique riemannienne sur W dont la fonction distance dg est plus petite
que d \ .
Dans le cas où W = T, la distance d est invariante par translation, donc il
suffit de considérer le sup sur les métriques riemanniennes invariantes par trans-
lation, c'est-à-dire les métriques issues d'une norme euclidienne sur Hj(V,R).
Le sup est alors atteint car la fonction | |—vol(T, | ||) est continue sur
l'espace des normes euclidiennes sur H^V^R).

4.26. Remarque : cette notion de volume diffère en général du volume de W


pour la mesure de Hausdorff n-dimensionnelle, par exemple, et donc aussi des
autres définitions raisonnables du volume (voir [FI], chap 2, sec 10).

4.27. Théorème : Sous les mêmes hypothèses pour V, et si dimV = n et


d e g f ^ O , vol(V)>vol(T).
Remarque : L'hypothèse deg f ^ 0 signifie que la classe fondamentale de V
est un produit de n classes de degré un, condition qui ne fait pas intervenir la
métrique de V, mais seulement sa topologie.
La démonstration du théorème 4.27 est copiée sur celle du lemme suivant
(qui ne sera pas utilisé, mais qui vaut la peine d'être mentionné pour son intérêt
propre) :

4.28. Lemme: (fBeJ) Soit K un cube riemannien; notons (Fj,Gj), 1 ^si^n, les
n
paires de faces opposées, et di la distance entre Fi et Gj. Alors vol(K) > lï d| .
i=l
Pour x e K , posons f;(x) = d(x, Fj) et f = (f1( ..., fn) : K - Rn ;

notons K r = n 104,1 C R n , et montrons que f(K) D K' .


i=l
Par hypothèse, K est un cube, c'est-à-dire qu'il existe un homéomorphisme
h : K—K' tel que h/dK : dK-~K' envoie face sur face; autrement dit, si y;
est la i-ième coordonnée dans R n , yi o h(Fj) = 0 et yi o htGj) = dl . Or
y; o f(Fi) = 0 et yj o f ^ ) = fj(Gj) > cL ; en posant ft(x) = (1 -t)f(x) + th(x) ,
nous construisons donc une homotopie de f/dK à h/dK à valeurs dans
R n - K ' . Supposons qu'il existe un y 6 K ' - f ( K ) , nous venons de montrer

55
qu'alors î/dK est homotope à h/dK dans R n - y , donc est un générateur de
[ 3 K , R n - y ] ; o r f/3K se prolonge en f : K - R n - y , c'est-à-dire, f/3K est
homotope à 0 dans R n - y , contradiction.
Pour terminer la démonstration, nous approchons f par des applications
lisses. Il est clair que chaque fonction fj : K-~(R,can) est courte; pour tout
S > 0 , il existe une application fi& déclasse C00 telle que dCf^fj e ) ^ S/n et
dil fj e «s 1 + £ .Un raisonnement analogue à celui fait ci-dessus pour f mon-
n
tre que fs = (fl £,--.,fn s ) atteint tous les points de K' f = n ]E,dj + £[ ;
i=i
si ÙJ0 est la forme volume de (R n , can.) , alors w0 = dyj A ... A dy n , d'où
# n n ^
fs œ0 = A fs dyj = A df j £ ; nous en déduisons que |f£ w 0 | < (1 4-£)n ,
i=l i= l '
d'où
vol(K) > (1+ £)-"J K |f*oj 0 | v g > ( l + £ ) " n I J K ^ ^ O I

> (l+£)"n | j w0| > ( l + £ ) - n n (dj-2£) , pour tout 8 . D


f (K) i=]
4.28.bis. Remarque: Il existe une autre version du lemme de Besicovitch, qui
s'applique aux variétés orientables (M,g) dont le bord a deux composantes
dMi et 3MZ : si d est la distance d(9M 1 ,âM 2 ) , si a est la borne inférieure
des masses (cf. 4.17.) des cycles homologues à dM^ , alors vol(g) > ad .
4,29.Démonstration du théorème 4.27. Fixons une norme euclidienne |. | e sur
H^V.R) inférieure à | R | . Alors f° : V - t H ^ R ) ; |. ||e) est "courte à l'infini"
d'après 4.24. Choisissons un parallélépipède rectangle K0 de l'espace euclidien
E = (HjCV.R); |.|ç) et notons (F^Gj) les paires de faces opposées,
dj = d(F°,G°) pour la distance euclidienne | . | e , e t Kj l'homothétique kK0,
où k est un entier. Soit K = f^CK,) , Fj = î°-\kFf) , G; = f^ftG?) .
Si £ > 0 , p o u r k assez grand on a d(Fj, Gj) > (1 + fi)"1 kd; . Posons, pour
xGK , gj(x) = d(x,Fj) et g = ( g i , - , g n ) : K - R n euclidien, et
K' = n 10,0 + s ) - 1 kdj[C R n .

Modulo une isométrie : E—Rn envoyant K0 sur ( l + S ) n K ' , nous considérons


que f° prend ses valeurs dans R n , et f°(9K)PiK' = <£ . Comme dans le lemme
ci-dessus, il s'avère que fV^K est homotope à g/<3K dans R n - K ' ; or f a
un degré non nul, et, par conséquent, f° prend essentiellement toute valeur
dans K ' . d o n c fVflK n'est pas homotope à 0 dans R n - y pour y 6 K ' , i l e n
est de même pour g , soit g(K) 3 K' , et, comme g : K—BP est courte,

vol(K) > vol(g(K)) > ( l + S ) - n n kdj - ( l + £ ) - n v o l ( K 0 dans E .


i=l
Choisissons une base de H^V.Z) ; le parallélépipède P (non nécessaire-
ment rectangle pour | . | e ) qu'elle détermine est un domaine fondamental de
l'action de H^VjZ) , donc vol(T,||.| e ) = vol(P) . Si k est assez grand, le
parallélépipède rectangle K1 = kK0 contient un nombre N de translatés de P ,
et est contenu dans une réunion de N(l + £) translatés de P . Comme f° est

56
bijective sur les fibres, Q = f°"1(P) est un domaine fondamental pour l'action
de Aut(V) , d'où :
voUF^Ki)) *= N(l + £) vol(V)
volCKO > Nvol(P) = Nvol(T,[|.|| e )
et enfin
vol(V) > (N(l+£))-ivol{K) > X ( l + e ) - n - i voKKi) > (1 + E ) - n - i vol(P)

ce qui permet de conclure : vol(V) ;>vol(T, |. ||e) pour toute norme euclidienne
sur Hi(V,R) inférieure à fl R | , soit vol(V)>vol(T, j| R||). •

4.30. Notre objectif est maintenant de démontrer le


Théorème : Soit V une variété orientable compacte de dimension n , telle que
Hj(V,Z) = Z n et que la classe fondamentale de cohomologie soit un produit de
1-classes. Alors pour toute métrique riemannienne g sur V ,
si eR(g) = inf l\\aB\\, û G H ^ Z J - f O J ] , on a (?R(g))"^n^ n\ vol(V,g) -
Au vu de la proposition 4.27., il suffit démontrer que le tore T admet une
courbe fermée non triviale dont la longueur satisfait à l'inégalité du théorème.
Dans le cas où T n est un tore plat euclidien, cela résulte du

4.31. Théorème (Minkowski) : Soit E un espace euclidien de dimension n ,


soit A un réseau de E ; notons m la mesure de Lebesgue de E et appelons
volume du réseau A la mesure du parallélépipède construit sur une base de A
(qui coïncide avec le volume riemannien du tore E/A), soit S une partie com-
pacte, convexe, symétrique par rapport à l'origine, de E . Si m(S)?-2nvol(A) ,
S contient un point de A distinct de 0 (voir [Sa] page 67).
En effet, soit E = H!(V,R) , A = Hi(V,Z) , soit î la plus petite longueur
d'une courbe non triviale de T n = E/A ; c'est aussi la plus petite distance de 0 à
un point de A distinct de 0 donc, pour tout t<t , la boule de rayon r ne
rencontre A qu'en 0 , or cette boule S vérifie les hypothèses du théorème de
Minkowski, donc m(S)<2nvol(A) , soit P1 < _ ^ _ vol(T) .
vol(Bn)
En général, H^V.R) n'est pas euclidien. Soit |.fe une norme eucli-
dienne sur Hj(V,R) inférieure à | R || , donnant à T un volume maximum,
E l'espace euclidien (Hi(V,R), ||. || e ), et A^H^V^Z) . Dans ces conditions,
vol(A) est le volume du tore non-euclidien T , par définition. Si î et la plus
petite longueur d'une courbe fermée non triviale de T , en appliquant le théo-
rème de Minkowski à E , A et S = r S 1 ( o ù r < l , et Sj est la boule unité de
I R|| , on conclut comme ci-dessus :

m(S1)voI(T) '
Il ne reste plus, pour achever la démonstration, qu'à estimer la mesure de
Si . D

57
4.32. Lemmes : Soit E un espace euclidien de dimension n , Sl une partie
compacte, convexe, symétrique par rapport à l'origine de E . Alors l'ellipsoïde
de mesure minimale contenant Sj vérifie m(S 2 )^vol(B n )nn /2 (n!)2-n m(Si) .
Choisissons un point s^ de Sj situé à distance maximum de 0, soit dx ,
puis un point s2 de Si situé à distance maximum de la droite déterminée par 0
et Si , soit d2 , puis un point s3 , situé à distance maximum du plan déterminé
par 0, sx et s2 , soit d 3 e t c . . En orthonormalisant le repère Gs^Ss ..., on
obtient un système de coordonnées (x l5 ...,x n ) ; par construction, la fonction
|xjj est la distance au (i-l)-plan Osj...SÏ_i , donc jxj| *sdj sur Sx , et S!
est contenu dans le parallélépipède P={|xi|s£dj} lui-même contenu dans
l'ellipsoïde

S2 = £ -%- ^ 1 , de mesure vol<Bn)nn/2 n d; .


i=i ndj i=l
D'autre part, Si contient l'enveloppe convexe des points ÎSj.-Sj} dont
nous calculons la mesure : Sj contient le segment [ — s^sj , de longueur 2d t ,
donc le parallélogramme enveloppe convexe de {sls — s1,sz, - s 2 ) , d'aire
2di —2 - 2âi<X2 > donc le polyèdre enveloppe convexe de [s l J ~s 1 > S2,-s 2 ,s 3 ,-s 3 ],

démesure 2 d i — ^ 2 - e t c . , par conséquent m(Sj)> ~ fl d; , et donc


2 3 n! i=i
m(S 2 )^vol(Bn) n 1 / 2 n n ! 2 " " m(S,) . D

Remarque : Ce résultat généralise le théorème de Loewner 4.1. En effet,


pour une surface orientable, les normes j|»| et |»i-kim sur le groupe fonda-
mental coïncident, ceci à cause du

4.33. Lemrae : Si, sur une surface orientable, une courbe a est de longueur
minimum dans sa classe d'homotopie, il en est de même pour les itérés aP .
En effet, le relèvement 5 de a dans le revêtement universel sera une géo-
désique infinie dans les deux sens, partageant ce revêtement en deux régions. Un
lacet (3 , d'origine sur a et de longueur minimum dans une classe multiple de

58
celle de a , aura un relèvement (3 qui, ne pouvant recouper a sans être rac-
courcissable, sera d'un seul côté de a . Mais alors il aura, puisque l'on est en
dimension 2, au moins un point de self-intersection, ce qui permettrait de le rac-
courcir. Finalement donc a=0 . D

D. UTILISATION DE LA THÉORIE GÉOMÉTRIQUE


DE L'INTÉGRATION

4.34. Une norme duale sur les groupes de cohomologie. Si on représente les
classes de cohomologie par des formes différentielles LU , on définit, en procé-
dant comme en 4.15., une norme sur la cohomologie en posant, pour v dans
HP(V,R)
\T}\ = inf (M*(u), ÙI-ETI} .

En effet, dfiP - 1 est fermé dans S2p , ce qui se voit en caractérisant les formes
exactes comme étant d'intégrale nulle sur les cycles.
Bien que la dualité des normes M et M* ait lieu au niveau chaînes-formes et
non au niveau cycles-formes fermées, les normes quotient sur H p (V,R) et
HP(V,R) sont encore duales. Autrement dit

4.35. Proposition : Pour toute classe a de H p (V,R) , on a


\a\ = sup [\ri(a)\ , \a\ *£l} (cf. aussi [F2], 4.10) .
Preuve. Le fait que sup{|îj(o:)j , | « | *£l}=s£ jjajj résulte de l'inégalité
\i](a)\ «slwfl [ a | qui est elle-même conséquence de la même inégalité pour les
formes OJ représentant ij et les cycles c représentant a .
Pour montrer l'inégalité inverse, considérons un tel cycle c0 et la forme
linéaire L sur B p e Rc0 (B p désignant l'espace des bords de dimension p )
définie par L(Bp) = 0 et L(c 0 )=||a| . L'espace B p étant M-fermé dans
l'espace des chaînes (puisqu'une chaîne c est un bord si et seulement si
jcw = 0 pour toute forme C 03 fermée), L est continue sur B p © R c 0 , d e
norme inférieure à 1, et se prolonge d'après Hahn-Banach en une forme linéaire
sur l'espace des chaînes, que nous noterons encore L , telle que | L | «=1 .
Ainsi, L est une co-chaîne M-continue et cofermée, puisque nulle sur B p :
d'après [W], pp. 157 et 261, elle peut être représentée par une forme différen-
tielle mesurable et bornée w , et d'après (4.16) et (4.17) on a |L|j =M*(OJ) . Si
i] est la classe de w , qu'on peut définir en prenant des régularisées C 00 , on a
ï/(a)= | a | et fl^f *£ 1 . •
On déduit de cette dualité des inégalités isopérimétriques "stables" du type
de celles de 4.C., dont la suivante, qui est une réponse partielle à la question
4.13.

59
4.36. Théorème : Pour toute métrique riemannienne g sur CP" , un généra-
teur a de H 2 (CP n ,Z) vérifie l'inégalité
| a R | n *= n! v(g) .
Preuve. Soit rç un générateur de H z (CP n ,Z). Alors ^ est un générateur de
H 2n (CP n ,Z) , et pour toute 2-forme QJ représentant i) ,
1 = Icpn^ 11 ^ n! M*(w)n v(g)
d'où on déduit 1 *sn! \-q j | n v(g) . Mais d'après 4.34 (il s'agit ici de dualité entre
H z (CP n ,Z) et H 2 (CP n ,Z) , qui sont de dimension 1 !), | a | = l / f l ? ; | .

4.37. Remarques : On a bien entendu des inégalités analogues pour HP n et


CaP 2 (cf. [B], ch. 3) : la démonstration précédente utilise simplement le fait
qu'on a une variété V de dimension an telle que H a (V,Z) = Z et que la puis-
sance n-ième d'un générateur de H a (V,Z) est un générateur de H an (V,Z).

Le cas de CP n est particulièrement plaisant grâce à la réduction des


2-formes alternées et à l'inégalité de Wirtinger qui en résulte (cf. [FI], p. 40).
Ainsi, on a dans l'inégalité 4.36 la constante n! parce qu'on a pris la puissance
n-ième d'une forme, et non (2n)!/2 n qui est la meilleure constante pour la
cornasse d'un produit de n 2-formes quelconques (cf. [FI] ch. 1, ou [W]
ch. 1).
Pour les mêmes raisons, cette inégalité est optimale : si CP n est muni
d'une métrique kàhlérienne, les normes j| fl et | R|| sur H 2 (CP n ,Z) coïn-
cident et les invariants géométriques m(g) et (cf. 4.13) v(g) sont ceux de la
métrique standard.
Bien entendu, sur RP n , où l'homologie entière est de torsion, l'homologie
réelle est nulle et cette méthode ne donne rien. Elle est par contre particulière-
ment bien adaptée aux variétés produit.

4.38. Théorème. // existe une constante C(m,n) > 0 telle que toute métrique g
sur S m x S n ( m ^ n) vérifie, les classes a et fi étant celles des espaces facteurs :
v
(g)^C(m,n) |O:R! | / 3 R | . Pour tous m et n , il existe une constante
D(m,n) > 0 telle que toute métrique g sur V = S n x ... x S" (n facteurs) vérifie
v(g)>D(m,n)A où l'on a posé
A - inf {|a R | : a 6 H ( V ; Z ) \ 0 j .
Remarque. Pour m - 1 , on retrouve le théorème 4.30 lorsque V = T n .
Preuve. La première partie se démontre comme 4.36. Pour la seconde, on pro-
cède comme suit. L'espace vectoriel réel H m (V;R) = E est de dimension n ;
dedans H m (V;Z)=A est un réseau. On munit E delanorme | . | introduiteen
4.17 et on appelle K le convexe symétrique que définit cette norme, à savoir
K = (x € E : ! x | *£ 1} . On munit E* = H m (V; ) de la norme |j. {* introduite en
4.15, le convexe associé est noté K* = {fGE* : ||f||*^l} et on pose
A*-Ffm(V;Z).

60
par définition même H m (V;Z)=A* est le réseau dual de A , c'est-à-dire que
A* = ffGE* : (f|x)GZVx£A} .
La dualité de 4.35, pour les normes j|. | et | -1 * , entraîne que les convexes
K , K* sont réciproques (ou polaires).

4.39. Lemme : Pour A = inf(|x| : x 6 A \ 0 } , on a toujours : il existe une base


(ti)i = i,..,n de A* telle que
n - 4r(n-l)(n-2)
n |ti|* A" *s (n!)2 -A. 2
i=l 2
Preuve du lemme. C'est la conjonction de trois résultats classiques de géométrie
des nombres, à savoir
(i) vol(K) vol(K*) > (n!)"2 4" ;
(ii) il existe une base iXù\=\,.,,n. de A* telle que
n , \{n-\)(n-2)
2
n ||ti|*vol(K*) ^ 2* A
i=i 2
(iii) vol(K) A^ ^ 2* .
Puisque E, E* ne sont pas précisés, on peut supposer que E = E* = R n et
que A = A* = Zfl . On trouvera alors dans [Lk] : (i), page 106 en 14.2, puis (ii),
page 59 en 10.2 et enfin (iii), page 33 en 5.1. Noter que les volumes sont pour la
mesure de Lebesgue, puis disparaissent quand on fait le produit des trois inégali-
tés !
Fin de la preuve de 4.38. On choisira des formes différentielles OJ, extérieures de
degré n telles que |cq| = | t j | * ( i - l,...,n) .Et comme en 4.36, on aura :
n
1 = i v ùi1 A ... A ix>n ^ fi | a>i I v(g) . D

61
Nous ne considérons dans ce chapitre que des espaces de longueur complets
et localement compacts pointés, et la structure d'espace métrique sur l'ensemble
de ces espaces induite par la distance de Hausdorff ; ou plutôt, la structure uni-
forme sur cet ensemble définie par la famille des distances de Hausdorff sur les
boules de rayon R .

5.1. Définition : Une famille (X^X;) d'espaces de longueur pointés est précom-
pacte si, pour chaque R > 0 , la famille B ^Xj.R) est précompacte pour la dis-
tance de Hausdorff.
Observation : Pour chaque £ > 0 et chaque R > 0 , notons N(£,R,X) le
nombre maximum de boules de rayon 8 disjointes qu'on peut faire tenir dans
la boule de rayon R centrée en x de X . Alors la fonction X—N(£,R,X) est
presque continue : en effet, si dist H (B x (x,R), BY(y,R)) < ô et N(£,R,X) = N ,
il existe N points x ^ . . . ^ dans B x (x,R) tels que i ^ j => d(xi5Xj) > 2£ . Ce
4S-réseau se décalque sur Y en un réseau y i de BY(y,R) tel que i # j =>
d(yj,yj)>2£-2ô , par conséquent, N(S-Ô,R,Y) > N et inversement,
N(£-Ô,R,X) > N(8,R,Y) .
En particulier, sur une famille précompacte d'espaces de longueur, les
fonctions N(8,R,,) sont bornées.

5.2. Proposition : Une famille (XJ,XJ) d'espaces de longueur pointés est pré-
compacte si et seulement si chaque fonction N(£,R,.) est bornée sur (Xj) .
Elle est alors relativement compacte, i.e., toute suite dans X; admet une sous-
suite convergeant au sens de Hausdorff vers un espace de longueur complet
localement compact.
Fixons un £ >0 et un R > 0 , et notons N = sup N(S,R,Xj) . Par hypo-
thèse, N est fini, et il faut en déduire l'existence d'un nombre fini d'indices
i t ,...,i p tels que, pour tout i , il existe j tel que

dist H (B Xi (x s ,R), B ^(x^R)) < este S .


Il suffit de considérer chaque sous-famille N f E . R ^ ) = n pour l < n < N ,
donc nous supposerons que N(£,R,X:) = N pour tout i . Dans chaque boule
i5R) le remplissage maximal est réalisé par les boules de rayon £ centrées
sur les points d'un réseau R; , qui est un 2S-réseau ; en effet, s'il existait un

63
point y de B '(xj>R) situé à une distance supérieure à 2e de chacun des
points de R ; , la boule B(y,S) serait disjointe des boules B(x,S) , xërRj , et le
réseau Rj ne serait pas maximal. Choisissons une bijection fi : {l,...,Nj — R { .
Elle induit une distance d ; sur jl,...,N} . Cette fonction d{ : [1,.,N]
•+
ne prend que des valeurs entre 28 et 2R sur le sous-ensemble A des couples
2 !
d'entiers distincts, qui a y N -N.- éléments. Comme l'espace métrique
[2£,2R1 N 2 _ N est précompact pour la métrique produit, il existe des indices
[]_,...,ip en nombre fini tels que, pour tout i , il existe j tel que
d:(m,q) i ,c .c
sup dj(m,q)--d: (m,q) < 82 , et alors sup -d, ' , < ^ ~
A J A i.(m,q) 1-E
c'est-à-dire dist^Rj.,^) < log 1 ± £ , d'où dist^R^Rj) > Rlog I ± £
J i G j . 1—o
X- X'
etenfin dist H (B 1(xi,R),B ^ . ( R ) ) < (2R + 4)S environ, ce qui prouve la pré-
J
compacité.
Pour obtenir la compacité, nous supposons maintenant que la famille Xj
est une suite d'espaces de longueur de rayon R , et le raisonnement commence
comme ci-dessus : nous fixons un g > 0 , extrayons une sous-suite telle que
N(£,R,Xj) = N , construisons les 28-réseaux R; , nous en déduisons des fonc-
tions dj sur A = [(m,q)/m,q < N et m ^ q } , nous extrayons une sous-suite
dj, convergeant vers une distance sur {1,...,N} . En vue d'utiliser un procédé
diagonal, nous notons Zj = Xi et R\ = Rj , et remarquons que R\ est un
28-réseau de Zi , à distance (Lipschitz) inférieure à 8/2 d'une distance dt
sur fl,...,NJ , où Nj = card Rj . Notons maintenant Yj = Xj.-U e (Rj.) ,
Sj l'ensemble des centres d'un système maximal de boules de rayon S/2 dis-
jointes relativement à X dans Yj . Il est aisé de vérifier, en utilisant le fait que
les X; sont des espaces de longueur, que Rj. U Sj est un 8-réseau de Xj. , et
que les boules de rayon S/2 centrées sur Rj. U S: sont disjointes. Il s'ensuit
que cardRj.+cardS: est borné, donc constant = N 2 pour une sous-suite X n .
Nous choisissons, pour chaque p , une bijection fl,...N 2 ] — R n ' US p prolon-
geant celle déjà choisie : {1,...^}—R n ; elle induit une distance dn sur
fl,...N 2 ), et nous extrayons une sous-suite X n ' telle que dn> converge ; comme
la restriction de d n ' à {1,...Ni} converge, la distance limite d 2 prolonge dx ; nous
posons Z 2 = X n ^ , R2 = Rno > R I = R-2 ^ S 0 , n<5 choisi de façon que
dist{d 2 ,d n ^<8/4.
Le procédé ci-dessus fournit une suite Z^ extraite de Xj, une suite N^
d'entiers, une distance d sur N, des réseaux croissants Rj^ de Z k où R^ est un
£/2i- 2 -réseau de Z k î à distance (Lipschitz) de {l,...,Nj} inférieure à £/2j.
Comme {l,...Nk) est un £/2'- 3 -réseau de (N,d), nous concluons que Z^ tend
vers (N,d) pour la distance de Hausdorff (critère 3.5). Enfin, le complété N de
(N,d) est aussi limite des Z^, et, par le théorème 1.8., un espace de longueur
localement compact.

64
Pour une famille (Xj,Xj) d'espaces pointés vérifiant les hypothèses de la
proposition, on peut, par le procédé diagonal, extraire une sous-suite ij telle
V-
que toutes les boules B 'J (x;., R) convergent, ce qui prouve la compacité pour
la convergence pointée 3.14. D

5.3. Théorème : Les variétés riemanniennes pointées de dimension n satisfai-


sant à l'inégalité Ricci(g)> - ( n - l ) r g , où g est la métrique et r un réel, for-
ment une partie précompacte pour la distance de Hausdorff pointée.
En effet, l'inégalité de Bishop permet de majorer le nombre de petites bou-
les dans une grande boule (voir [Bi] page 253) : si Vr désigne l'espace simple-
ment connexe à courbure constante dont la courbure de Ricci est égale à
- ( n - l)rg, l'inégalité de Bishop s'énonce : si v € V , xEV r , si U c V est une par-
tie de V difféomorphe par expv à un ouvert de TVV, nous pouvons définir un
difféomorphisme f de U sur un ouvert de Vr en composant exp"1, une isomé-
trie de TVV sur TV rx , et expx : TV rx —V r . Alors le jacobien J de f-1 décroît
quand on s'éloigne de v le long d'une géodésique. On en déduit d'abord le :

5.3.bis Lemme : Soit V une variété riemannienne de dimension n et vérifiant


Ricci(g)^ - (n— l)rg, où g est la métrique et r un réel. Soient v un point de
V et deux réels R,R' avec R < R ' . Alors on a toujours
vol(BV(v,R)) ^ vol(BVr(x,R)) _ J0R ( s h ^ t ^ - i d t
voI(B v (v,R')) vol(B v r(x,R')) R' (shVrfp-Mt
J0
Un des intérêts de ce lemme est qu'il est valable même quand R ou/et R '
sont plus grands que le rayon d'injectivité en v . Pour le démontrer, soit U le
complémentaire du cut-locus de v , soit A (resp.A') la partie de Vr qui est
l'image par f de Uf1BV(v,R) (resp. U n B ^ v , R ' ) ) .
t J

J
^R +
Pour la mesure canonique d/i de Vr :

vol(B v (v,R) = f Jdfi , vol(BVr(x,R)) = BVr ( x ,R)^ '


vol(B v (v,R') = j \ ,Jd^ , vol(B v r(x,R'))
Bvr(x,R')^

65
Ecrivons plutôt :

vol(BV(v,R')) = jBvr(x_R)Jd, , vol(BV(v,R') = J B V ^ R . , ^

en prolongeant tout simplement J en J par zéro partout ! Cette fonction J res-


tera décroissante le long des géodésiques comme J l'était.
Plaçons-nous en coordonnées polaires de centre x , soient (u,t) G S x R+ où
S = SxVr est la sphère des vecteurs unité tangente à Vr en x . On a dfi = da x dv
où a est 'la mesure canonique de S et dv une mesure sur R+ , en fait
dK-tVFJi-ntshVrt) 11 - 1 -
On a donc :

vol(B v (v,R)) - J ( | * Î(u,t)di0dff ,

vol(Bvr(x,R)) = ( f dff)(Vr) 1=ï | * (shVrt)"-^ ,

vol(B v (v,R')) = JL( |R J(u,t)d^)da,


b *o
r r R'
vol(Bvr(x,R)) - ( I dffXVrî1-11 | (shVrt)11-^ ,
Mais la décroissance de J(u,t) en t , pour tout u fixé, entraîne
R
J(u,t)dp L R ' î(u,t)dp
.'o
Jo R d
" lo R ' dv
d'où le lemme. •

Fin de la démonstration de 5.3.


Si v ' E V et d(v,v')<R , alors B(v',2R)DB(v,R) et donc
volBV( v ',S) > ^ n (S,R ( r)"volBV(v',2R) > ^n(£,R,r)~volBV(v,R)
et enfin N(£,R,V)<^ n (S,R,r) où

*>n(£,R,r) = j Q R (shVrt)"-idt / J o E (shVH)n-idt


ne dépend que de (£,R,r;n) . D

5.4. Remarque : la signification de ce théorème est que la restriction


Ricci(g) > - (n - l)rg
ne laisse qu'un nombre fini de géoméifries possibles au sens suivant : pour tout
S >0, on peut choisir un nombre fini d'espaces modèles Xj tels qu'une boule de
rayon R d'une variété ressemble à la boule de rayon R de l'un des X[ pour ce qui
concerne les relations de distances entre points à £ près.
Si on considère des variétés satisfaisant de plus à la condition
diam(V,g) *zd , on aura un ensemble de variétés précompact pour la distance
de Hausdorff ordinaire, et ce résultat de finitude pour les variétés elles-même.

66
On peut interpréter ainsi certains résultats sur les variétés à courbure de Ricci
minorée et diamètre borné, cf. 5.21 et [G8]. Cela signifie-t-il qu'il n'y a qu'un
nombre fini de topologies possibles ? Nous irons plus loin dans cette direction à
la fin de ce chapitre et au chapitre 8.

5.5. Contre-exemples : Les variétés de dimension n , à courbure de Ricci mino-


rée, forment une partie relativement compacte mais non compacte, autrement
dit, une suite de telles variétés peut converger vers un espace de longueur qui
n'est plus une variété de dimension n ; par exemple, soit (e1>e2) une base ortho-
normée d'un plan euclidien, A e le réseau engendré par les vecteurs ex et £e2 ,
Tg le tore plat quotient du plan par Ag . Alors Ricci(Tg) = 0, et la famille T 8
converge vers le cercle Rej/Ze! , de dimension inférieure. ~
Même sans que la dimension ne change, des singularités peuvent apparaître
dans l'espace limite : des surfaces C s , cônes tronqués dans R3, munis de la
structure de longueur induite, convergent vers le cône, qui n'est pas une variété
riemannienne.
Plus sera dit sur ces deux phénomènes au chapitre 8.

Mentionnons d'autres applications de la proposition 5.2.

5.6. Proposition : Si XetY sont deux espaces de longueur dont la distance de


Hausdorff-Lipschitz est finie, et si la famille {XX/X > 0} est précompacte, alors
la famille rxYA>0} est aussi précompacte.
Par hypothèse, il existe deux espaces de longueur Xx et Yx tels que
d i s t H t X ^ ) = a < + co , distLfX^Yj) = b < + °o , distnCY^Y) = c < + oo
Le réseau M ' d e s centres d'un système maximal déboules de rayon £ dis-
jointes dans BY(y,R) se décalque dans Y 1( puis dans X t et enfin dans X en un

67
réseau M, et les boules centrées sur M, de rayon £{ sont disjointes dans Bx(x,R1')
où £x' = e - b ( £ ~ X c ) - \ a e t R>; = eb(R + Xc) + Xa , d'où l'on déduit
N(£,R,Y)<N{G1',R1',X), et donc, comme les boules de XX sont X fois plus peti-
tes que celles de X, N(8,R,XY)<N(£x,R\,XX), le deuxième terme est borné (en
X) par hypothèse, donc les N(S,R,XY) sont bornés. •
Application : Soit V une variété compacte dont le groupe fondamental est iso-
morphe au groupe d'Heisenberg discret, Y son revêtement universel, X le
groupe d'Heisenberg continu muni de sa métrique "de Carnot" (voir 1.1). Suite
à la remarque 2.23, distniXX.Y) est fini. Les espaces XX sont tous identiques,
donc forment une famille précompacte, donc il en est de même pour les homo-
thétiques de Y. Il existe une sous-suite Xn-*0 telle que la suite XnY converge au
sens de Hausdorff vers un espace de longueur complet et localement compact.

5.7. Problème : inversement, si V est une variété riemannienne compacte, et s'il


existe une suite Xn—0, telle que la suite XnV converge au sens de Hausdorff,
peut-onjléduire que le groupe fondamental de V est nilpotent ? La réponse est
oui si XV converge quand X tend vers 0 (voir [G5]).

5.8. Exercice : si V est un groupe discret de type fini à croissance polynomiale,


alors la famille [£IY£ >0] est précompacte.
Dans [G6], le lecteur trouvera la démonstration de cette intéressante pro-
position et ses conséquences fracassantes.

B. C R O I S S A N C E D U G R O U P E F O N D A M E N T A L

Dans cette partie, T est un groupe discret muni d'un système fini de généra-
teurs 7i,...,7 p , B(R) est la boule de rayon R pour la norme algébrique associée
à ce système (c'est l'ensemble des éléments de T qui s'écrivent comme un mot de
longueur inférieure à R dans le système -yî) et N(R) est le nombre d'éléments
dans B(R).
5.9. Définition : On dit que le groupe F a une croissance polynomiale s'il existe
un réel p tel que N(R) < RP pour R assez grand. T a une croissance exponen-
tielle s'il existe un c > 0 tel que N(R)s*e cR pour R assez grand.

5.10. Proposition : Le type de croissance est un invariant de l'équivalence géo-


métrique.
Pour un réseau M d'un espace métrique X pointé en x , notons N(M,R) le
nombre de points de M dans la boule de centre x , de rayon R. Soient r x , T 2
deux groupes géométriquement équivalents. Il existe deux variétés compactes
V\ et V2 de groupe fondamental I \ et V2 , et des espaces métriques Xj et X2
tels que
distnCV^Xj) = p ! < + oo , dist^X^Xa) = b < + oo , distH(X2, V^ - p z < + co
Ces espaces sont pointés en v l5 x l5 x2, v"2 . Soit M ] ,M 2 les réseaux T^T^ •

68
Si dj est le diamètre de V^ alors Mi est un d r réseau de Vx. Comme les normes
algébriques et géométriques sur r : sont équivalentes (voir proposition 3.22),
pour une constante a , N(M 1 ,R)<N 1 (aR) ( = le N(R) de r \ ) . Par le procédé
usuel, nous associons à chaque point de M x un point de X a de façon à obtenir un
(dj + 2 p^-réseau M{ de Xi , tel que N(M 1 ',R)<N 1 (aR+P i). Il existe un
homéomorphisme de X t sur X2 de dilatation inférieure à e b ; l'image de M{ et
un e b (di + 2 p ^-réseau M2' de X 2 tel que N(M 2 ',R)^N 1 (e b (aR + P J . Comme
distH(X 2 ,V 2 )^ p 2 , on décalque le réseau M 2 en un (eb(di + 2 Pi) + 2 p 2 )-
réseau M2" de V2 tel que N(M 2 ",R)^N 1 (e b (aR+ p j + P2) .

Nous disposons maintenant de deux réseaux M2 et M2" de V2, et nous


devons montrer que leurs densités respectives sont comparables. Notons
ô = e b (d 1 + 2 Pi)+ 2 P2 . Remarquons que le nombre d'éléments de M 2 dans une
boule de centre quelconque et de rayon ô est borné (par un réel K) parce que T 2
opère par isométries. Pour c h a q u e x G M ^ M 2 n B v 2 ( v 2 , R ) nous choisissons un
y = f(x)€M 2 " R + ô tel que d(x,y)=eô , ce qui est possible parce que M2" est un
ô-réseau ; alors chaque fibre de l'application f : M^ — M2"R + ô a au plus K
points, ce qui entraîne que
N2(R) = c a r d M £ « K N(M2",R + Ô) «s KN!(e b (aR+ Pi)+ p 2 ) (*)

Cas polynomial : notons


pi - inf(p6R / Ni(R) ^ RP pour R assez grand}
' T i a une croissance polynomiale" signifie que Pi est fini, or il découle de l'iné-
galité (*) qu'alors, pour tout p > P i , N 2 (R)^R p pour R assez grand, et donc
que p 2 =£pi ; bien entendu, par symétrie, nous concluons Pi = p 2 sont finis simul-
tanément .

Cas exponentiel : de l'inégalité (*), on déduit :


Ni(R) * 1 - N 2 ( e - b ( ^ ^ A - - P l ) - P2)
K a
Si T 2 a une croissance exponentielle, il existe un c > 0 tel que, pour R assez
grand, N z (R)^e c R , ce qui entraîne, pour tout c ' < c et R assez grand,
Ni(R)^exp( -££ R) donc F^ a une croissance exponentielle. •
a

La démonstration conduit à la conclusion que


lim inf l 0 « N ' R '
R - + co log R
est un invariant de l'équivalence géométrique, ce qui donne un sens à l'expres-
sion croissance polynomiale de degré p . En revanche,
l0
ton inf «NW
R - + Q3 R
ne l'est pas, ce qui justifie la

69
5.11. Définition : L'entropie du système générateur fy} est hf-y^ =
lim inf °- •••-•- •••-- , et l'entropie du groupe F est la borne inférieure des
R- + OJ R
entropies des systèmes générateurs de Y .
5.12. Remarque : Si h ( r ) est strictement positif, alors F est à croissance
exponentielle, mais, à première vue, la réciproque n'a pas de raison d'être vraie.
Néanmoins, nous ne connaissons pas de contre-exemple.

5.13. Exemple : Si F est un groupe libre à k générateurs, h(F) = log(2k-l)


En effet, si Yj,...,y k sont des générateurs indépendants, alors N(R) est
exactement le nombre de mots de longueur inférieure à R . Or, pour faire un
mot de longueur R , il faut choisir l'une des 2k lettres yi ou yfl comme
première lettre, puis choisir parmi ( 2 k - 1) lettres pour la suivante etc., d'où
N(R) = N ( R - 1 ) + 2 k ( 2 k - l ) R - 1 - 2 k ^ 2 ( 2 k ~ 1 ) R et h
Î7iï = log ( 2 k - 1 ) .
Si fii,...,^ est un autre système générateur, nous extrayons k générateurs
indépendants pi ,...,/3; ; la longueur minimale d'une expression d'un élément
1 k
de T en fonction de /3i ,...,/3; et plus grande que pour Pi,...,P1 , nous con-
cluons h{/3jj > l o g ( 2 k - l ) . •
5.14. Conjecture : Si F est un groupe discret à k générateurs et p relations,
h(T) > l o g ( 2 ( k - p ) - l ) .
On a pu résoudre cette question dans quelques cas, chaque fois en exhibant
des sous-groupes libres. Si p-l , la conjecture résulte du "Freiheit theorem"
de Magnus (voir [L-S]). Stallings ([SI]) a démontré que, si p = £ k - 2 , et s'il
existe un entier q tel que H 4 (I\ Z/qZ) - F/^^ © Z/qZ soit de rang
k - p , alors la conjecture est vraie. Enfin, on a, en général,
h(T) > C s t e l o g ( 2 ( k - p ) - l ) .
Pour le revêtement universel d'une variété riemannienne compacte, nous
allons relier la croissance des boules à la croissance du groupe fondamental.

5.15. Définition : L'entropie d'une variété riemannienne compacte V est le


nombre lim inf log(vol B v f r R » = h ( V ) .
R - + co R
Remarque : Ce nombre ne dépend pas du point v" choisi dans V .
En effet, si v , v ' G V , B^(v\R) c B%",R + Ô) où ô = d(v^v') , d'où, pour
Iogvol
tout O h ( V , v ) , pour R assez grand, ^(vf'R) *s c + 4 et donc
R R
h(V,v') ^ c et enfin h(V,v') ^ h(V,v) . •
Remarque : Il est démontré dans [Ma] que l'entropie topologique du flot géodé-
sique dans le fibre unitaire de la variété V est minorée par h ^ ^ V ) ) , c'est ce
qui justifie l'emploi du terme "entropie" pour désigner cet invariant d'un
groupe, et le nombre lié au volume des boules.

70
5.16. Théorème : Si V est une variété riemannienne compacte de diamètre d ,
alors h(V) ^ 2d hfirJV)) . (Cf. [M3])
Il existe un G > 0 tel que toute courbe fermée de V de longueur inférieure
à 2e soit homotope à 0. Alors tout élément de r = TT^V) a une norme géo-
métrique supérieure à 6 , (ou est l'unité), ce qui entraîne que les boules
BV(YV', A/) de rayon ~ centrées sur les points d'une orbite TV sont dis-
jointes. Soit T le volume commun de ces petites boules; le nombre N'(R)
d'éléments de Yv situés dans la boule de centre v et de rayon R est alors
majoré par — vol(B v (v,R)) , et par conséquent,
T
h(V)= liminf torivriffrlQ) „ l i m i n f log N'(R) .
R— + ce R R_ + co K
or nous avons démontré (proposition 3.22) l'inégalité: | | g é o ^ K || 9 | a l g où
e

K est la plus grande norme géométrique d'un générateur, qui peut être infé-
rieure à 2d pour un système générateur bien choisi. Nous déduisons
N(R) = card { 7 e r / | y | a l g ^ R} ^ N'(2dR)
Iog
et donc h(T) ^ 2d lim inf ^j2d R )

R— + co 2dR
c'est-à-dire h(T) < 2d h(V) . D
5.17. Application: Supposons que la variété riemannienne compacte (V,g)
vérifie Ricci(g) > - ( n - l ) r g pour une constante r > 0 . Alors, d'après l'iné-
galité de Bishop (Voir 5.3) les boules dans V croissent moins vite que dans
l'espace hyperbolique simplement connexe qui vérifie l'égalité Ricci =
- ( n - l)r , c'est-à-dire:

vol(Bv(v",R)) ^ este i ^ ^ ) dt ^ este e ^ et donc h(V) ^ VF


J« ^
A l'aide du théorème, nous concluons que l'entropie du groupe fondamental de
/r
V est nécessairement inférieure à ^ j . En particulier, si Ti(V) est libre, il a au
V—
r
ÂXX
jjiua i/^yuA^ — + 1) générateurs.
Rappelons à ce propos que, si l'hypothèse Ricci(g) > - ( n - l ) r g permet
de majorer la croissance des boules, elle fournit parfois une minoration
(cf. [Y2]):

5.18. Proposition : Si V est une variété riemannienne complète non compacte,


à courbure de Ricci positive ou nulle, alors, pour tout a<l, il existe un ca>0
tel que vol(Bv(v,R)) > caRa .
vnl R^fv R^ Rn
VU1 P v ;
Pourtout v € V ettout R,R' , d'après 5.3 bis on a volB(v,R')^ ' < R,n
Choisissons un point v de V ; alors, pour tout t > 0 , il existe un point x de

71
V situé exactement à la distance t de v ; en effet, comme V est un espace de
longueur complet localement compact, non compact, V n'est pas borné
(d'après le théorème de Hopf-Rinow 1.10); donc il existe un point y de V tel
que d(v,y) > t , et si y est un arc reliant v à y , la fonction continue
s — d(v,?(s)) prend la valeur t .

Etant donné a < l > soit b6]l,-—[; posons r{ = 2 b \ R- = E 2r; et choisis-


« j=o J
sons un point Xj à distance rj + R ^ j de v ; par construction, les boules
i
B(X|, rj) sont disjointes et U B(x:, r:) C B(Xj, r; + R,_i) •
j=o
i
Si nous notons ^ = S vol B(x:,r:) alors TS «s vol B ^ r j + R ^ j ) et
j=o
T; , R; "I" R; i -,11 . ft ,, R; i - — n, — 1
—_J_ s; ( _i izii ) , soit T{ > (1 - (1 + - ! ^ ± ) ) Tj_ ! .
T —7 r r
i i -1 i i
Remarquons que, Vi, R i _ 1 = 2 S 2bJ ^ 2 L 2^ + l *s 2 S 2k
j= 0 J=0 osk-q^'^ + i
< 2.2b i " 1 +2 et donc ?Lil - 0. De plus, R j . j = 2 r i _ 1 + R i _ 2 d'où

R;_i ^ 2rj__j . Il s'ensuit que, pour i assez grand, 1 - (1 + —l~ )

> 3n ^ r 1 d'où _ I i - > 3J-


n r
J i - , or r
-^- = ( ^ t l ) 1 / b , et, comme
i n-i i-i i-i fi
1/b > a , pour i assez grnd, ~- (-l±J-) > (.J-+i)a ( d'où
jn r^ q
7 r
i i+1 > r ; . ] r f a , et enfin T{ > este (ri + ] ) a .
i
Comme BK^-S-R^j) D U B(XJ,IJ) , il vient vol BCv.Rj) > este rf+1
>cste'Rp +] pour i assez grand, car Ri ^ 2r; .

Pour conclure, si R est assez grand, il existe un i tel que R | ï ? R < R i + 1 alors
vol B(v,R) > vol Btv,^) > este Rj% ! > este RQ . •

C . P R E M I E R N O M B R E D E BETTI

Dans la partie B, nous avons trouvé une majoration du nombre de généra-


teurs d'un groupe fondamental, quand celui-ci est libre. Nous allons généraliser
ce résultat, en affinant la méthode de la section 5.17 et en tirer une majoration
du premier nombre de Betti, en fonction du diamètre et de la courbure de Ricci.

5.19. Lemme : Soit X un espace de longueur compact, de diamètre d,


admettant un revêtement universel X . Alors, pour tout point x de X et tout
&>0, il existe un revêtement fini X'^X et un système générateur y1}...,yk

72
du groupe d'automorphismes de X' , tels que
d(x,ypc) < 2d+S et dfypc, yjx) > 8 si i*j .
Considérons les familles fy} d'éléments de TT^X) vérifiant les propriétés
i) ||7j |j g é o ^ 2d + £ et ii) si i ^ j , jfTiTj— 2 ligéo > £ > u e n e x i s t e Oa famille (1),
par exemple), donc nous pouvons choisir une famille comportant le nombre
maximum p d'éléments, et noter V le sous-groupe distingué de TTI(X)
qu'elle engendre ; à ce groupe est associé un revêtement galoisien X ' , quotient
de X par l'action de r ' , dont le groupe d'automorphismes est isomorphe à
7Ti(X)/ r ' .Notons x ' la projection de x dans X " et supposons qu'il existe
un z ' Ë X ' tel que d(x',z') > d + e . Si z" est un point de la fibre au dessus de
z ' , il existe un a € TT^X) tel que d(z,az) < d , et alors d(z ' ,ax ') < d , ce qui
entraîne que S < d(x',a:x') < 2d + £ et donc i) il existe un yôGV tel
que d(y0'x,o:x) < 2d + 8, i.e., |7o M «lgéo < 2 d + S , et ii) pour tout y' ET' ,
d(y'y£C,ax) > 8 , i.e., | 7 / " 1 7 o ~ l a l g é o > £ ; le système 7i»-"»7kO'o~ 1 a
vérifie encore les propriétés i) et ii) , ce qui contredit la maximalité des y-y .
Nous concluons que tout point de X ' est à une distance de x ' inférieure à
d + £ , donc que X ' est compact de diamètre inférieur à 2d + 28 .En particu-
lier, T ' est d'indice fini dans TT^X) . D

5.20. Corollaire : D'après le théorème d'Hurewicz (voir [Sp] page 148) le


groupe quotient de xx(X) par son groupe dérivé est isomorphe à Hj(X,Z) ; en
particulier, si des éléments 7^...,7 de TT^X) engendrent un sous-groupe dis-
tingué d'indice fini de TTxfX) , leurs images dans H^X^R) engendrent H^XjR)
tout entier ; autrement dit, bt = d i m H ^ X ^ ) < p . Or la propriété i) du sys-
tème yi signifie que les boules Bx(7ix',-^-S) sont disjointes, et la propriété ii)
Z.
qu'elles sont toutes contenues dans Bx(x^ 2d + ^-8) . Si X est une variété
Ad
riemannienne vérifiant l'inégalité Ricci(g) s* - ( n - l)rg , l'inégalité du lemme
5.3 bïs fournit
vol B(x,2d + 3/28) ' 5d
bi < p *s ' — ^n * (sWrt^-Mt/ (shVrT) n ^ 1 dt(8 =
0 0
J
vol B(x,^-S)

fonction de n,r,d seulement. CI


5.21. Théorème : II existe une fonction <p(n,r,d) à valeurs entières telle que,
pour toute variété riemannienne (V,g) de diamètre d, de dimension n , de
courbure de Ricci minorée par -(n- l)rg , le premier nombre de Betti de V
vérifie l'inégalité bx ^ <p(n,r,d) .En outre, quand rd2 est assez petit, <p vaut
n .
Le corollaire précédent montre que la fonction v»(n,r,d) = sup bx (V,R)
où V est une variété riemannienne de dimension n, diamètre ^ d, Ricci
> - ( n - l)r , est finie ; il reste à montrer la seconde assertion.

73
D'après,le cas S = 0 du lemme 5.19, il existe p éléments de x^V) et un
point x de V tels que || 7j| g éo *= 2d et que le sous-groupe T ' engendré par les
7S soit d'indice fini dans x^V). Notons h l'homomorphisme naturel de x^V)
dans H^V.R) ; alors h(T ') engendre l'espace vectoriel H^V,!?).
Nous extrayons d'abord un sous-groupe r " de V ' dont l'image par h
engendre toujours H l s et dont tous les éléments ont une norme supérieure ou
égale à d. Nous commençons par extraire une base de la famille génératrice hfy)
de Hj, que nous notons h(7i), ..., h(7 k ), et par nous restreindre au sous-groupe
de T ' engendré par 71,...,7k* Remarquons que seulement un nombre fini d'élé-
ments de F ' ont une norme inférieure à d. Si 7 et toutes ses puissances ont une
norme inférieure à d, alors 7 est d'ordre fini, d'où 11(7) = 0 et donc 7 = 1, car
h est injective par construction de la famille yx,...,7k . Par conséquent, il existe
une puissance de 7 de norme supérieure à d , d'où un entier rn tel que
d < I 7 m | j g é o < 2d ; choisissons un générateur 7j tel que 11(7) ait une compo-
sante n c j non nulle dans la base h(7 1 ),...,h(7 k ) et changeons 7j en 7j' = ym dans
le système générateur ; le nouveau groupe ne contient plus 7 (sinon une combi-
naison linéaire non triviale des k - 1 vecteurs 71 sauf y-} serait nulle). Au bout
d'un nombre fini de telles opérations, nous obtenons le groupe cherché : il est
abélien libre à b ! générateurs de norme inférieure à 2d, et tous les éléments ont
une norme géométrique supérieure ou égale à d. _
Le nombre de points de l'orbite Y "x" dans la boule B V ( x,2pd) est au
bl
h
1
moins égal au nombre de points ( X ^ e Z tels que S \\\ ^ p, c'est-à-dire
(1/2) (27r) bl / bi , environ. Or, par construction, les boules B V (7X,l/2d) sont
disjointes dans B ( x,2pd), et leur nombre est au plus égal à

volB(x,l/2d)
qui tend vers (4p) n quand rd z tend vers 0, ce qui entraîne b ^ n ; plus préci-
sément, supposons b j > n ; si c est un réel < 1 , il existe un p 0 tel que le

nombre de points de T"x dans B(x,2p0d) soit s* — - et


bj!
P o J _ n > 4 n b î ! c 3 ~ 2 n 2 1 _ b l ; il existe un S > 0 tel que, pour |t| ^ S ,
c «; (sht/t) *£ 1/c . Alors, pour rd2 ^ S 2 /4p 0 2 , le rapport des intégrales est
inférieurà c 2 ~ 2n (4p 0 ) n , ce qui entraîne p 0 b l " n < 4 n b x ! c3~2n2]~bi .contra-
diction. Remarquons enfin que la borne S n telle que rd 2 ^ En =*• bt =£ n
décroît exponentiellement avec n . •
Exemple : Le tore de dimension n vérifie bj = n et admet des métriques avec
Ricci = 0 , à savoir toutes les plates.

5.22. Remarque : De [Gl], on peut tirer ce résultat précis : si le diamètre et la


courbure sectionnelle de V sont assez proches de 0, et si b x = n , alors un revê-
tement fini de V a le type d'homotopie d'un tore.

74
Conjecture: Si dVr~ est assez petit, et si b1 = n (ou même b : > n - 1
seulement), alors V est homéomorphe à un tore.
Dans l'énoncé 5.21., on peut remplacer le corps R par un corps de carac-
téristique 0 , mais certainement pas par un corps de caractéristique positive.
Ceci laisse à penser que la méthode analytique de Bochner peut permettre
d'atteindre le même résultat.
Bochner introduit, pour chaque k = l,...,n , une forme quadratique Rk
sur la puissance extérieure AkTV , telle que Rj coïncide avec la courbure de
Ricci ; il démontre que (voir [B-Y]), si R k est partout positive, alors
b k - dim H k (V,R) ^ n ! / ( n - k ) ! k ! .
Pour une variété riemannienne telle que Rk > - rkg*k^ , où g ^ désigne
la k-ième puissance extérieure de la métrique g , la formule de Bochner ramène
le problème à minorer les valeurs propres du laplacien (sur les fonctions). Il
résulte alors de [GS] que, pour tout k ,
b k ^ (d^/Fk)n cin + d^r + n ! / ( n - k ) ! k ! .
Pour d'autres résultats utilisant la formule de Bochner, voir [Gaj.

D. PETITS LACETS

Il est apparu au long de la partie A de ce chapitre que les variétés rieman-


niennes à diamètre majoré et courbure de Ricci minorée se rassemblent en un
nombre fini de paquets de variétés ayant des propriétés géométriques proches,
et nous avions promis alors des résultats de finitude pour la topologie de ces
variétés. C'est l'objet de cette partie D.

5.23. Définition : Soit c une constante strictement positive. Nous noterons


S c la famille des groupes de type fini F satisfaisant aux propriétés suivantes :
1) T est sans torsion.
2) Tout yGT est contenu dans un sous-groupe cyclique maximal Z uni-
que, et Z' & F .
3) Si y et ô engendrent un sous-groupe non cyclique de V , ce sous-
groupe est de croissance exponentielle d'entropie c par rapport au système
générateur {y,ô} (voir définition 5.8).
Remarque : D'après 2) et 3), un élément de S c n'a pas de centre. Si c*ïlog3 ,
la classe S c contient les groupes libres non cycliques et les groupes fondamen-
taux des variétés à courbure négative (voir chap. 6, Remarque 6.10.2 et 6.12).
Cette définition nous permet de donner une nouvelle version du Lemme de
Margulis (comparer à [Gl] page 240, et voir la remarque 8.50).

5.24. Théorème : Soit (V,g) une variété riemannienne compacte telle que
Ricci(g)> - ( n - l)rg. Si le groupe ir^Y) est dans la famille g c , il existe un point
v € V tel que, pour tout yGir^V), on ait d(v,7v)> S- .

75
La démonstration repose sur les deux lemmes suivants :

5.25. Lemme : Soit V un groupe satisfaisant aux propriétés 1 et 2 de la défini-


tion ci-dessus 5.23. Alors tout élément deT a au plus une racine carrée.
La démonstration est élémentaire. •

5.26. Lemme : Soit X une variété compacte et connexe. Soit r mir| ( x ) le sous-
groupe de TTifX.x) engendré par les éléments dont la distance à l'élément neutre
est minimum (pour la norme géométrique de 3.20 ; autrement dit, r m i n ( x ) est
engendré par les lacets géodésiques basés en x non homotopes à zéro et de lon-
gueur minimum.
Si x a satisfait aux propriétés 1 et 2, et si pour tout x le groupe r m i n ( x ) est
cyclique, alors pour tout x ce groupe est contenu dans le centre de x ^ X ^ ) .
Preuve. Comme on a pour toute courbe u joignant deux points x et y
et pour tout y de irjfXjX)
| l u - ' y u l y - | y | x j ^ 21ong(u)

l'ensemble discret et fermé (cf. 1.13) des longueurs des lacets géodésiques de
base x non homotopes à zéro varie continûment avec x ; et si x et y sont
assez proches, et joints par une géodésique minimisante u , il existe un y de
^(X.x), provenant d'une géodésique fermée minimisante en x , tel que u~*yu
provienne d'une géodésique fermée minimisante en y . Autrement dit,
min
u -irmin(x) u nr (y)^{e) , donc u_1Zxu = Zy pour les sous-groupes cycliques
maximaux Z et Zy correspondant aux générateurs de r m i n ( x ) et r™în(y).
x

Soit maintenant un élément è de ^(X.x), qu'on représente par un lacet


géodésique basé en x . En appliquant ce qui précède de proche en proche aux
points d'une subdivision suffisamment fine de ce lacet, on voit que ô_1Zxô = Z x .
Si a est un générateur de Z x , ô^aô aussi, donc ô~1aà = ct±1, le groupe étant
sans torsion. Mais si Ô-1aÔ = af\ alors ô^aôa et ô2~(aô)2 contrairement au
lemme précédent. L'automorphisme intérieur y-~ô~V> laisse donc Zx invariant
point par point. •
Démonstration du théorème : Du fait que ir1 n'a pas de centre, le lemme 5.26
nous assure l'existence d'un point a de V et de deux éléments y et 8 de
7Ti(V,a), représentés par des lacets géodésiques basés en a de longueur mini-
mum e et engendrant un groupe non cyclique T.
Comme ces lacets ont même longueur, nous allons pouvoir évaluer simple-
ment, dans le revêtement universel (V,â) de (V,a), le nombre N(p) de points de
B(â,pe)nr.â.
Il y en a au moins autant que d'éléments de F qui peuvent s'écrire comme
des mots en y , Ô et leurs inverses qui soient de longueur inférieure ou égale à
p : d'après la propriété 3 de vlt on a N(p)>e c P.
Il y en a au plus vol(B(à,pe))/vol(B(â~,e), et l'hypothèse sur la courbure de
Ricci nous permet d'appliquer l'inégalité de R. Bishop (cf. 5.3.bis.)

76

J
vol(BV(a,pe)/vol(BV(a,e))< I ** (shvît) n - i dt / f j (shVrt>-* , rapport
des volumes des boules de rayons pe et e dans l'espace hyperbolique dont la
courbure de Ricci satisfait à Ricci(g) = - (n - î)rg. Quand p tend vers + <x, ce
rapport est de l'ordre de exp(Vrpë). Tout cela donne, pour p grand, des inéga-
lités du type ecP<N(p)<f(n,r,É)eVïpe qui ne sont possibles que si e est supé-
rieur à c/VF. •

5.26.his Remarque : Grâce à [G6], on peut remplacer la condition 3) de la défi-


nition 5.23. par :
3') r n'admet aucun sous-groupe isomorphe à Z ô Z . La conclusion du
théorème 5.24. devient : dfyVyv);* - ^ , pour une constante universelle c n .

5.27. Corolîaire : La classe y e ne contient qu'un nombre fini de groupes iso-


morphes au groupe fondamental d'une variété riemannienne de dimension n ,
de diamètre inférieur à d , et satisfaisant à Ricci(g) 5= - (n - l)rg, pour n,r,d,
fixés.
Ce corollaire découle du théorème précédent et de l'amélioration de la pro-
position 3.22.

5.28. Proposition : Soit V une variété riemannienne de diamètre d . Alors,


pour tout point vEV, le groupe TT^V) admet un système fini de générateurs y\
tels que |yj|| g éo<2d et toutes les relations entre les yx sont de la forme
YiTjYk1 = 1 •
Comme dans la démonstration de la proposition 3.22, nous choisissons un
système générateur fini a\ de TT^V) et nous représentons chaque classe aj par un
lacet a{ d'origine v . Il existe u n e > 0 t e l que l'intervalle J2,2 + e[ne contiennent
aucune norme géométrique (relativement au point 7 de V) d'éléments de ^ ( V ) ,
,T , longueur(aj) . „ ,.
et un entier N tel que <e pour tout î . Relions chaque point
N
aj(k/N), 0 < k < N à v par toutes les géodésiques minimisantes possibles, que
nous notons g(i,k,j), j E J ensemble d'indices qui peut être très grand. Posons,
par définition, que 7(i,k,j,j') est la classe d'homotopie du lacet
g(i,kj)g(i,k,j 'Y1, et y(i,k,j,j ') est la classe d'homotopie du lacet
g(i,k,j) aj / [k/Nik + i/M] g(i,j + l,j T 1 -
Par construction, | T || géo < 2d + e donc <2d par le choix de e .
n-l
Nous pouvons écrire, pour tout i , aj = II 7(i,kJkJk + i) pour toute
K. = U
suite jk donc la famille 7,7 engendre -JTI(V). Les relations qui peuvent exister
entre les 7,7 , sont d'abord celles qui résultent de plusieurs écritures possibles

77
de a\ , c'est-à-dire, différents choix de la suite k—jk . On se ramène aisément au
cas où deux suites j ^ et j& ne diffèrent que par le h-ième terme ; alors la relation

n-l n-1
n 7(i,kjkjk+i) = n 7(i,kjk,jk+i)
k=0 k=0
se ramène à

-y(i,h- l,j h _iJ h >y(i,h > j h ,j h + 1 ) = 7''(i»h-lJh-lJh)7 / (î»hJhJh + l)

qui se réduit aux deux identités

et 7(i,h-l,j h -i,j h )7(i-h,JhJh) = ydM~ l J h - i J h ) -


D'autres relations proviennent des relations entre les a\ .

Soit II a J = 1 une telle relation ; le lacet

e, fois e2 fois
a
^i-ai» i2-ai, -aip

est divisé en segments de longueur inférieure à e , et les deux écritures


p N-l
n n y(ii,k,jlÂ+l) et 1

78
p
de la classe î l afl sont justiciables du traitement ci-dessus. Nous avons
1-1
donc prouvé que le groupe x^V) admet une présentation avec des générateurs
de norme inférieure à 2d et des relations sous la forme YiYjYk1 = 1. •

5.29. Démonstration du corollaire 5.27 : Supposons que TS g c soit isomor-


phe au groupe fondamental d'une variété V de diamètre inférieur à d et telle
que Ricci(g)> - ( n - l)rg. Il existe un point v de V tel que |.| g éo n e prenne pas
de valeurs inférieures à c/Vr~sur T — {1 j . Si YI,---,Y P est le système générateur
de F fourni par la proposition, les boules BV(YJÎT, •• ) sont disjointes dans
2-vr
B v (v,2d4- —— ), donc leur nombre est majoré par une fonction ^(n,r,d). Les
2vr
relations entre les y\ sont les yfyfY'i ~ 1 où le triplet (i,j,k) décrit une partie Rp
de jl,...,p} 3 . Comme le groupe T est déterminé à isomorphisme près par le
nombre p et la partie Rp , le nombre de groupes possibles est au plus
iA(n,r,d)2^,r,d)3 .G

Remarque. Il est naturel de se demander, dans la conclusion de la-proposition


5.28, si l'on peut remplacer "<2" par " < 2 " . La réponse est qu'on peut tou-
jours le faire, à la seule exception du projectif réel, éventuellement muni de sa
métrique canonique. Plus précisément :

5.30. Proposition : En un point quelconque x donné de (V,g) de diamètre 1,


on peut toujours, dans la proposition 5.28, choisir les générateurs yi représen-
tables par des lacets en x tous de longueur <2 , sauf dans le cas suivant : V
est difféomorphe à RP n et toutes les géodésiques issues de x sont simples,
périodiques et de plus petite période égale à 2. Si en outre (V,g) ^ (RP n ,can),
alors il existe toujours au moins un x de V et des générateurs yi de iri(V)
représentables par des lacets en x tous de longueur < 2 .

Démonstration. La deuxième assertion découle de suite de la première et


du corollaire D.2, page 236, de [BS].
Soit maintenant xGV et un lacet y en x non homotope à 0, de lon-
gueur égale à 2 et de longueur minimum dans sa classe d'homotopie. On peut
d'abord supposer que y(l) est à distance 1 de x ; sinon en effet il existerait
un segment ô joignant x à y(l) , de longueur strictement inférieure à 1, et y
pourrait être représenté par le produit de y,0 n U ô et de yrj 2n U Ô , tous
deux de longueur strictement inférieure à 2. De même, il n'existe pas de segment
ô de x à y(l) , autre que Ym,i] e t 7[2,i] ! c a r e n e ^ e t alors y pourrait être
représenté par le produit de Y[0 IJ U Ô et de y ^ 2i U ô ; ces deux derniers
lacets sont de longueur exactement égale à 2, mais comme ils présentent en y(l)
un angle différent de w , ils peuvent être raccourcis par homotopie.

79
Kp] ÏEi]

De l'affirmation précédente et de ce que dist(x, 7(1)) = 1 = diam(V) , on


déduit que la géodésique 7 est périodique, c'est-à-dire que l'angle en x de
Y ' ( 0 ) avec 7'(2) est nul. Sinon, en effet, en appliquant le lemme 6.2 de [C-E],
page 106, aux points p = 7(l) , q = x et au vecteur v = 7 ' ( 2 ) - 7'(0) de
TXV , on obtiendrait un segment 5 de x à 7(1) distinct de Y[0 ^ et de
T[2,i] •

Montrons maintenant, par propagation, que toutes les géodésiques issues


de x sont de même nature que 7 . Pour ce faire, remarquons d'abord que 7(1)
n'est pas conjugué de x sur Y[o i] > ni sur 7[2,1] , car sinon il y aurait des cour-
bes voisines de 7 et de longueur strictement plus petite.

80
Choisissons maintenant en 7(1) une hypersurface H transverse à 7 ; elle
sera donc rencontrée, en un temps voisin de 1, par toutes les géodésiques issues
de x et suffisamment voisines de 7[ 0 JJ ou de 7 ^ j] • Donc, pour tout point
h de H , suffisamment voisin de 7(1) , il existe un segment ô voisin de
T[o,i] ' d'origine x et d'extrémité h , et un segment ô' voisin de 7 [ 2 1 ] d'ori-
gine x et d'extrémité h . L a réunion ô U Ô' est un lacet d'origine x , homo-
tope à 7 et de longueur inférieure ou égale à 2 parce que diam(V) < 1 . Par
hypothèse sur 7 , c'est donc que ô U ô ' est un lacet géodésique en x .
Ainsi toutes les géodésiques, suffisamment voisines de 7 , possèdent les
propriétés initiales de 7 et sont donc des géodésiques fermées simples, périodi-
ques et de plus petite période égale à 2. Ces propriétés étant stables par ferme-
ture, on en déduit l'assertion du théorème par ouvert-fermé, car le fibre unitaire
en x est connexe.
Que V soit maintenant difféomorphe à RP n résulte de la dernière asser-
tion du théorème 5.23 de [BS], pages 186-187.

81
Chapitre 6

N É G A L I T É S I S O P É R I M É T R I Q U E S
E T M O Y E N N A B I L I T É

A. APPLICATIONS QUASIREGULIERES

6.1. Définition : Soient (V,g) et (W,h) deux variétés riemanniennes orientées.


Nous dirons qu'une application f : V ^ W est quasireguliere si elle est locale-
ment lipschitzienne, différentiable presque partout, et si sa différentielle df(x)
et son jacobien J(x) satisfont en presque tout point xGV , l'inégalité
0 < || df(x) I n < c J(x) , où c est une constante.
Remarque 1 : Nous avons ajouté l'hypothèse "f localement lipschitzienne"
pour simplifier. Certains spécialistes (voir [M-R-V], définition 2.20.) utilisent
une définition plus générale : f est seulement supposée être ACL n , ils en dédui-
sent que f est différentiable presque partout et que son jacobien est strictement
positif presque partout (voir [M-R-Vl théorème 8.2.).
Une application quasireguliere est dite quasi-conforme si c'est de plus un
homéomorphisme. (Cf. [Br] pour une étude de synthèse).

6.2. Exemples : Les isométries et quasi-isométries sont quasirégulières. Les


applications holomorphes de C dans une surface de Riemann sont quasirégu-
lières, dès qu'elles sont non constantes. Si on perturbe une application quasire-
guliere sur un compact, l'application obtenue, pourvu qu'elle préserve l'orien-
tation, est encore quasireguliere. C'est pourquoi la variété de départ V sera tou-
jours non compacte dans la suite.

6.3. Remarque 2 : Notons p la fonction mesurable localement bornée :


V—R + définie par x — |df(x)| ; le tenseur mesurable pg définit une struc-
ture de longueur sur V (on peut en effet calculer la longueur de beaucoup de
chemins par la formule long(7) ^ J p(7(t))Vg(y '(t),Y '(t))dt). Pour cette struc-
ture de longueur, l'application f : V—(W,h) est quasi-isométrique. Une appli-
cation quasireguliere se factorise donc en un "homéomorphisme conforme" et
une application quasi-isométrique par arcs dont le jacobien est > 0 presque par-
tout, à ceci près : l'espace intermédiaire a une métrique définie seulement pres-
que partout.

B. D I M E N S I O N I S O P E R I M E T R I Q U E D ' U N E V A R I E T E

6.4. Définition : Soit (V,g) une variété riemannienne, et I : R + ^R + une fonc-


tion croissante. On dit que V vérifie /'inégalité isopérimétrique donnée par la
fonction I s'il existe des constantes K et K' telles que, pour tout compact à

83
bord D de V , vol(D) < KI(K'vol(9D)) . En particulier, on dit que V a une
dimension isopérimétrique supérieure à m si elle vérifie l'inégalité isopérimé-
trique donnée par la fonction t — t m / m _ 1 . La dimension isopérimétrique de
(V,g) est donc la borne supérieure des réels m > 0 tels que
sup ( v o l _ p ) m - 1 < + °° •
{.vj-C d()}"~
Noter que les variétés de volume fini ont une dimension isopérimétrique
nulle, et qu'une dimension isopérimétrique n'est jamais comprise entre 0 et 1
strictement.
Il sera essentiel pour la suite de ne pas supposer nécessairement V
complète.

6.5. Exemple : a) La dimension isopérimétrique de R est égale à 1 ; on montre


aisément que la dimension isopérimétrique d'un produit riemannien est la
somme des dimensions des espaces facteurs ; il s'ensuit que la dimension isopé-
rimétrique de R n est égale à n .
b) En fait, l'inégalité isopérimétrique classique (vol D) n _ 1 ss(vol dD) n /n n w n
est plus difficile à obtenir, car elle est optimale (voir [Os]).
c) Si V est une boule ouverte de rayon r dans R n , on a évidemment
vol D mrn~ hoï dD , pour tout compact à bord. L'espace hyperbolique possède
la même propriété.

6.6. Proposition : Si A est un domaine à bord de H", on a vol A < (î/n - l)voldA.

Preuve. On choisit un point à l'infini de H n . Soit C le cône formé des segments


géodésiques joignant ce point aux points de A, et C la base de ce cône. On a
C D A et C ' C BA , et on va montrer que vol C ^ 1/n - 1 vol C ' . Dans le
modèle du demi-espace supérieur x n > 0 de R n muni de la métrique EdxJ/x^

84
le cône C est l'ensemble des points situés au-dessus d'un point de C ', et il existe
une fonction f définie sur un domaine D d e R n _ 1 telle que
C - {xn > f C x , , . . . , ^ . , ) }
Son graphe est C ', et on a

volC= C l/x^dx1...dxn - r l / ( n - l ) f n ^ 1 d x I . . . d x n _ 1
Je JD
v o l C = /" [1 + (a 1 f) 2 +...(a i l _ 1 f) 2 ] 1 / 2 f 3 * n dx 1 ...dx n _ I
JD
f 1 - n dx 1 ...dx î l _ I = ( n - l ) v o I C D

6.7. Remarque : S.T. Yau a montré que plus généralement si (V,g) est simple-
ment connexe et de courbure sectionnelle inférieure à - a 2 (a>0), pour tout
domaine D de V on a vol D < l / ( n - 1) a voiaD (cf. [Y2], p. 498 et 8.12)
Exercice : Retrouver dans la note d'A. Avez [Av] (1970) la démonstration de
cette propriété.
Ces exemples nous conduisent, suivant D. Sullivan [Su3], à poser la

6.8. Définition : On dit que (V,g) est ouverte à l'infini s'il existe une constante
C telle que vol D <C voldDpour tout domaine D de V.
Cette propriété est a priori plus forte que celle d'avoir une dimension isopé-
rimétrique infinie : on pourrait avoir pour tout a une meilleure constante C(a)
telle que vol D < C(a) (vol D ) a / a _ 1 avec lim C(a) = + oo. Nous
a h co
ignorons toutefois s'il existe de telles variétés.
Les comportements similaires du disque euclidien et du plan hyperbolique
suggèrent que la dimension isopérimétriqué pourrait être un invariant
conforme. C'est à moitié vrai grâce au

6.9. Lemme d'Ahlfors (cf. [Ah] p. 186 et [Os], p. 1223) : Soit (V,g) une
variété riemannienne complète de dimension n . On suppose qu'il existe un

point a de V tel que j (vol dB(a,r))~i/n~'i- d r = + oo . Alors la dimen-

sion isopérimétrique de toute métrique conforme à g est inférieure ou égale à n .


Preuve. La métrique fg étant donnée, il faut montrer qu'il existe pour tout
<5 > 0 une suite de domaines Vi tels que
.lim v o l f g D i / ( v o l f g 3 D i ) n / n - 1 - 6 = + oo .

Nous allons voir qu'on peut prendre pour les Di des boules B(a,r|) pour la
métrique g .

85
Posons X(r) = volfR B(a,r), Y(r) = (volfg d B(a,r)),n/n -1 et
A(r) - (volg d B t ^ r ) ) - 1 7 1 1 - 1 - Comme

X(r) = I| P/2vg = J ( | F/2vg)ds,


J B(a,r) j 0 J 3B(a,s)
on a d'après l'inégalité de Hôlder d'exposants n / n - 1 et n appliquée à
p - i / 2 et i

X(r) > | ( | f(n-D/2 V g ) n/n-l A(s) ds A(s) Y(s) ds

Montrons que pour tout <5>0 , lim X(r)/Y(r) Î-Ô _ + CO .


Dans le cas contraire, pour un a > 0 on aurait pour r grand une majoration

du type X 1 + Œ(r) < CY(r) , d'où en posant Z(r) = A(s)Y(s)ds les inéga-

lités Z'(r) - A(r)Y(r) > C~l Z I + a ( r ) A(r) . Donc


- ( Z - a ) ' ( r ) = a Z ' W Z - ' - t ) > C " 1 A(r) ,

et en intégrant cela donne C - 1 A(r)dr < Z " a ( R ) - Z"«(oo) contrai-

rement à l'hypothèse. •
Pour donner toute sa force au lemme d'Ahlfors, il ne reste plus qu'à
prouver la

6.10. Proposition : S'il existe une application quasi isométrique par arcs dont le
jacobien est presque partout strictement positif de V dans W compacte,jilois
la dimension isoperimetrique de V est supérieure ou égale à celle de W , le
revêtement universel de W , celui-ci étant supposé non compact.

HA) F(A)\5

86
Soit m un réel strictement plus petit que la dimension isopérimétrique de
W . Alors, pour tout compact à bord B de W , vol(B) < cste(vol B ) m / m ~ * .
Si f est quasi isométrique par arcs : V — W , si A est un compact à bord de
V , l'ensemble f(A) n'est pas toujours un compact à bord de W , mais comme
f a un jacobien positif presque partout, le seul phénomène qui puisse se pro-
duire est un "recoupement" (voir figure). Il est possible, par une isométrie i
de W (qui en a suffisamment, car W est compacte, et W ne l'est pas) d'expé-
dier la self-intersection S un peu plus loin, d'appliquer l'inégalité isopé-
rimétrique à f(A)-S U i(S) et de conclure : vol(f(A)) < cstefvol^aA)))1117111-1.
Comme pour presque tout xGV ,

||df(x) I < c , il vient vol(f(dA» < c d i m V voltfA)


| df(x) - ! fl < c " 1 , il vient vol(f(A)) > c - d i m V vol(A)
et V vérifie donc l'inégalité isopérimétrique vol(A) < este '(vol(dA)) m / m ~ 1 ;
nous concluons : V a une dimension isopérimétrique plus grande que m . D
La conséquence fondamentale qui sera exploitée au cours de ce chapitre
est le

6.11. Corollaire : Soient (V1( gj) et (Vj, g2) deux variétés riemanniennes, la
première de dimension n et satisfaisant aux hypothèses du lemme d'Ahlfors,
la deuxième de dimension isopérimétrique strictement supérieure à n . Alors il
n'existe pas d'application quasi-régulière de (V lt gj) dans (V2, g2) •
Preuve. Sinon d'après la proposition 6.10 et la remarque 6.3, les variétés
(Vi.pgi) — pour une fonction p — et (Vz,g2) satisferaient à des inégalités iso-
périmétriques de même exposant.

6.12. Exemples : Les hypothèses précédentes sont satisfaites si (V1( g : ) est


l'espace euclidien ou une variété complète de volume fini, et si (V2, g2) est
ouverte à l'infini.

En particulier, en prenant pour W1 le plan complexe et pour V2 le disque


unité, on retrouve le théorème de Liouville : "toute fonction entière holomor-
phe sur C et bornée est constante". En fait, on en obtient une version plus
générale, quasi-conforme et pas seulement conforme, et de démonstration plus
élémentaire, puisqu'elle n'utilise aucune notion d'analyse complexe.

De même, anticipant sur la suite du chapitre, consacrée à des calculs de


dimensions isopérimétriques, on obtient en prenant V = R2 et
2
V2 = S - {a,b,cj , a,b,c distincts, une version quasi-conforme du célèbre
théorème de Picard (cf. [Ru], p. 324) : "toute fonction holomorphe sur C qui
omet deux valeurs est constante". Et cette version est généralisable à la dimen-
sion supérieure, en prenant Vx = R3 et Vz = S3 - N , où N est un nœud
non trivial.

87
C. C A L C U L S D E D I M E N S I O N ISOPÉRIMÉTRIQUE

6.13. Nous allons montrer dans cette section que, si V2 est le revêtement uni-
versel d'une variété riemannienne V compacte, l'existence d'une inégalité iso-
périmétrique pour V2 ne dépend que de la structure du groupe fondamental de
V . Nous devons donc introduire la notion d'inégalité isopérimétrique dans un
groupe discret de type fini.

6.14. Soit Y un groupe de type fini, 7j,...,7 p un système fini de générateurs


de Y ; notons \ \ la norme algébrique associée à ce système (voir 3.20).
Pour une partie A de T , appelons "bord de A" l'ensemble
dA = {x E A/3 y ^ A tel que | y x - ] | < 1} .
Si I : R + — R + est une fonction croissante, nous dirons que Y vérifie l'iné-
galité isopérimétrique donnée par I s'il existe deux constantes K et K' telles
que, pour toute partie finie A de T , card(A) *; K I ( K ' carddA) .En parti-
culier, Y a une dimension isopérimétrique supérieure à m si Y vérifie l'iné-
galité isopérimétrique donnée par la fonction I : t — t m / m ~~J .
Le groupe Y est dit moyennable s'il ne vérifie pas l'inégalité isopérimétrique
donnée par la fonction t — t . Autrement dit, un groupe non-moyennable est
l'analogue d'une variété ouverte à l'infini (voir [Gr]).

6.15. Remarque 1 : La notion de bord d'une partie dépend du système de géné-


rateurs choisi, mais le nombre d'éléments du bord est au pire multiplié par une
constante quand le système de générateurs change ; il s'ensuit que la notion
d'inégalité isopérimétrique et les notions annexes ne dépendent pas du système
de générateurs, pourvu qu'il reste fini.

6.16. Remarque 2 : Un groupe non-moyennable est nécessairement à crois-


sance exponentielle. En effet, si B(R) = ( x € r / | x | <RJ, il existe par hypothèse
une constante c telle que card B(R) = N(R)<c card 3B(R) or
3B(R)C B ( R ) - B ( R - 1 ) , d'où N ( R ) » - ^ - N ( R - 1) , soit N(R)>-£-,-*.
c—1 c—1
La réciproque n'est pas vraie en général : les groupes résolubles sans sous-
groupes nilpotents d'indice fini sont moyennables et à croissance exponentielle.
Voir [Wo 1], th. 4.8.
Le lemme très général qui suit est le meilleur moyen de montrer qu'un
groupe est non-moyennable :

6.17. Lemme : Soit Y un groupe de type fini, muni de la norme algébrique asso-
ciée à un système de générateurs fini. Supposons qu'il existe une application
f : T — T telle que, pour tout xEY, i) \ f(x)x- ' || < 1 et ii) f - !(x) a au moins
deux éléments. Alors Y est non-moyennable.
Remarque : Le même énoncé est vrai si l'on remplace la constante 1 dans i)
par une constante K quelconque (prendre {x/\\x\\<K) comme nouveau système
générateur).

88
Etant donnée une partie finie A de F, notons A ' = A - 3 A . Si x £ F - A
et f(x)GA,aiors f ( x ) e d A , c a r | f(x)x - ] | < 1 , donc f ( x ) £ A ' .Autrement
dit, f - ^ A ' J C A ; or, d'après ii), card f - ^ A ' ) ^ card(A') , soit
card(A')< — card(A) , et donc card(A)<2 card(dA) . D
2

6.18. Corollaire : Un groupe libre à au moins deux générateurs est non-


moyennable.
En effet, l'application f qui efface la dernière lettre de chaque mot
convient. D
Remarque : Un sur-groupe d'un groupe non-moyennable est lui-même
non-moyennable.

6.19. Théorème : Soit V une variété riemannienne compacte, alors le revête-


ment universel de V et son groupe fondamental vérifient la même inégalité iso-
périmétrique.
Schéma de preuve : Notons V le revêtement universel de V, A un domaine
fondamental pour l'action de F = ir^V) sur V. Supposons que Y vérifie l'iné-
galité isopérimétrique donnée par une fonction I :K+—R + ; nous remarquons
d'abord (lemme 1) que l'inégalité isopérimétrique donnée par I pour les domai-
nes de la forme U 7A s'en déduit immédiatement, et qu'inversement, une
inégalité vérifiée par V est aussi vérifiée par Y. Si maintenant A est une sous-
variété à bord quelconque de V, les lemmes 2 et 3 permettent de comparer, pour
chaque 7 E T , A f ^ A et d(AC\yA), et par là, de comparer A et dA à une réu-
nion de translatés de A.

6.20. Lemme 0 : 7/ existe des domaines fondamentaux réguliers.


Etant donnée une triangulation lisse de V, il est possible de choisir des relè-
vements disjoints de chaque simplexe de dimension maximum, ce qui fournit un
domaine fondamental A non connexe (cela n'a pas d'importance). Les notions
de volume pour A et son bord ont un sens. D

6.21. Lemme 1 : Si V vérifie une inégalité isopérimétrique, il en est de même


pour T. Inversement, si Y vérifie l'inégalité donnée par la fonction l, les parties
de Y de la forme A = U yA vérifient vol(A)<K I(K'vol(dA)) pour deux
7GB
constantes K et K' .
Construisons d'abord un bon système générateur de I \ à savoir
S = fyGT- {1} / 7A et A ont une ( n - l)-face en commun] .
Remarquons que S' = {yEY-{l}/yAC\A^4>} engendre T. En effet, comme
r opère proprement sur V, pour tout réel xGV, {76F / B(x,l)r\yA^<f)} est
fini, donc
r = inf (d(x, 7 A) / y€Y / x ^ 7 A j > 0 ,

89
et B(x,—r) ne rencontre y A que si x € y A , c'est-à-dire, y A D A =£ <f>, soit y G S ' ;
1
il s'ensuit que B(x, — r ) c S ' A , et, si G ' est le groupe engendré par S', que
G ' A contient son — r-voisinage, donc est ouvert et fermé, donc G' A = V , car
ù
V est connexe, et donc que G ' = r ; il suffit de montrer que le sous-groupe G
engendré par S contient S '. Soit y G S ' e t x G A n 7A ; il existe des points xx G A
et x 2 € y A très proches de x ; si c est un chemin reliant x^ et x2, on peut suppo-
ser, par tr ans ver salit é, que c ne rencontre aucune face de codimension 2 de
translatés de A. Alors c passe successivement à travers des translatés
A ^ A ^ . - . y k A ^ A , en passant dans une ( n - l)-face commune à A et y t A ,
une (n-l)-face commune à yjA et y 2 A , e t c . . ce qui entraîne que yj, 7 2 yl 1 ,..,
y y ^ G S , et donc q u e y G G .
Soit A = U yA . Il est aisé de vérifier que,

pour y€33 , [yA et dA ont une (n— l)-face en commun}


# [(37') I T ' I = ! et y ' y A C A ]
» {yGdB} ;
Notons K"1 = min {vol(ADyA) / 7 6 s } . Dans ces conditions :
vol(3A) < vol(dA) card (yGB / yA et dA ont une face commune] =
vol(dA) card(3B) ;
vol(dA) > K"1 card [ y € B / 7A et dA ont une ( n - l)-face commune) =
K-1 card(dB) ;
vol(A) = vol(A) card(B)
en conclusion :
si cardB < I(cardaB), alors vol(A) < vol(A) I(Kvol(3A))
si vol(A) < I(voiaA), alors card(B) < — * — I(vol(9A) card(aB)).D
vol(A)
Soit B n la boule standard de R n , V t et V2 deux ouverts disjoints (non
nécessairement connexes) de B n dont la frontière commune est une hypersur-
face H, et tels que B n - V j U V z U H . Nous supposerons VO1(V,L) < vol(V2).

6.22. Lemme 2 : voUVj) < 2n + ivol(H).


Construisons une partie W de V! et un point v de V2 tels que

90
i) vol(W) > ~ voKVi)
Ai
ii) si w £ W, si dv(w) est la distance entre v et la dernière intersection du
segment [v,wl et de H, alors dv(w) s= — d(v,w).
2
Notons
U = { ( v , w ) e v 2 x y 1 / dv(w) / d(v,w) > — }

T - {(w.v^eVjX V 3 / d w (v) / d(v,w) > — }


4-
et i : VzXVî-ViXV;,, (v,w)-(w,v)

Remarquons que dv(w) + dw(v) > d(v,w) , d'où : (dv(w) < — d(v,w)j

entraîne jdw(v) > — d(v,w)j, c'est-à-dire

U^ C {(v,w) e V2 X V! / d w (v) / d(v,w) > — ) et i(U<=) c T ;

Nous concluons :
vol(U) + vol(T) > vol(U) + vol(i(U<9) = vol(U) + vol(U<0 = volCV 2 xV,) ,
et l'un des deux volumes est > — voUVjX V2) .
6-

Supposons que vol(U)>— volCV^xVj); comme vol(U) = voiogdv,

(vol(U v )- — vol(V!))dv est positive, où


v2 2
uv = ( w e v , / d v ( w ) > 1-}

donc la fonction sous le signe | n'est pas toujours strictement négative ;


autrement dit, il existe un v € V 2 tel que vol(Uv) > volCVj) et nous prenons
2
W = U v . Il s'agit désormais de majorer le volume de W en fonction du volume
de H. Notons dfl l'élément de volume sur la sphère de centre v , de rayon 1. En
coordonnées sphériques de centre v , à la distance r de v , l'élément de
volume de B n est rn~~ ^drdfi . Presque tout rayon coupe H transversalement en
un nombre fini de points r j , . . . , ^ . Notons I; la partie du rayon située dans W,
entre r; et r; + i . L'élément de volume de W situé dans le cône dQ est
k r
dW ='dG E rn-]dr ;
i=i J k

91
or, d'après ii), sur W, r ^ 2 d v , et, pour un point de L_, d v = ri, donc
k f k
dW ^ dfi £ (2r i )»~ 1 J
dr ^ 2n L i f - 1 dïî < 2"ds ,
i=l J i i=i
l'élément de volume de H situé dans le cône dïï.
Nous concluons : vol(W) «= 2" vol(H) et volCV,) < 2n+*vol(H).

Dans le cas où vol(T) > — vol(V z x VO , le même raisonnement conduit à


vol(V2) < 2 n + 1 vol(H) ce qui fournit également le résultat cherché. •

6.23. Lemme 3 : Posons djV = â V ^ H . Alors v o l ^ V ) < n2n + 2 V0 l(H).


Pour xGdjV, notons r(x) la distance à l'origine du premier point de H sur
le rayon issu de x . Notons a l'angle entre le rayon et la normale à H en ce
point. Avec ces notations :
j-n— 1
vol(H) > dfi > r^-ldC,
5iV COS QL d{V
r i l_rii
or vol(Vj) > ( I sn-MsJdïî dfi
3iV n
d'où
nvoICV^^voKôjV)- L y n d ï ^ v o U a ^ - v o l C H ) ; comme vol(V1)<2n + lVol(H)

d'après le lemme 2, il vient v o l ^ V ) < (n2«+ ] 4- l)vol(H) et donc :


v o l ^ V ) < n2n + 2 V0 l(H). •

6.24. Fin de la démonstration du théorème 6.19. Remarquons que le domaine


fondamental A construit au lemme 0 est la réunion disjointe d'un nombre fini
de simplexes A^-.-.Ap ; chacun d'entre eux est l'image d'une boule par un
hémomorphisme quasiisométrique, donc les lemmes 2 et 3 sont vrais pour cha-
que A| avec des constantes c2 et c3.

92
Etant donné une sous-variété à bord A de V, notons A ' la réunion des
translatés des A, qui sont contenus au moins à moitié dans A, c'est-à-dire,

A ' = .U U j 7 Ai / voltTAiOA) > i - vol(Aj)} ;


1= 1 7&1 2

A et 3A se partagent entre V - A ' et A ' en A 1 ,A 2 et 3XA,32A ; de même, 3A' se


partage entre A et V - A en dxA' et d2A', qui vérifient :
v o l ^ A ' ) < caVolOjA) et vol(d 2 A') < c3(vol(ô2A)
d'où
vol(dA') < c3vol(3A)
voKAO < c2vol(axA) < c2vol(aA) et vol(A2) < vol(A')-
Si r vérifie l'inégalité isopérimétrique donnée par la fonction I, d'après le lemme
1 : vol(A') < KI(K'vol(3A'))> et donc, comme vol(A) < vol(A') + c2voI(5A) ,
vol(A) < KI(K'c3vol(A)) + c 2 vol(aA)<K"I(K'"vol(3A))
dès que I croît au moins linéairement, ce qui est le cas nécessairement quand I
est une fonction puissance, par exemple. •
Exemples :
6.25. Le groupe Z n a une dimension isopérimétrique égale à n , car il est le
groupe fondamental d'une variété riemannienne compacte (un tore plat) dont le
revêtement universel, l'espace euclidien R n a la dimension isopérimétrique n .

6.26. Le groupe fondamental d'une variété hyperbolique compacte est non-


moyennable, car le revêtement universel, l'espace hyperbolique H n , est ouvert à
l'infini. Il en est de même pour le groupe fondamental d'une variété compacte à
courbure sectionnelle négative ou nulle, non plate, comme il ressort de la note
d'A. Avez [Av].
D'autre part, si V est une variété simplement connexe, à courbure sec-
tionnelle négative ou nulle, et à courbure de Ricci vérifiant Ricci(g)=^ - £ g ,
pour un S > 0 , alors V est ouverte à l'infini.

93
6.27. Conjecture : En fait, "courbure sectionnelle négative ou nulle et courbure
scalaire strictement négative" serait suffisant.

6.28. Avec seulement l'hypothèse "courbure sectionnelle négative ou nulle",


D. Hoffrnan et J. Spruck ont pu montrer que la dimension isopérimétrique de
V est supérieure à n (voir [Os] page 1214, et [H-S]).
Conjecture : Sous ces hypothèses, on a la même inégalité, et la même constante
que pour l'espace euclidien ; la conjecture est connue pour les produits de sur-
faces et de variétés à courbure constante.

6.29. Conjecture : Un groupe discret, de type fini, résoluble, et dont la dimen-


sion isopérimétrique est finie, admet un sous-groupe nilpotent d'indice fini.
Cette conjecture est rendue plausible par la propriété suivante : si G est un
groupe de Lie simplement connexe, si K est un sous-groupe compact maximal,
alors G et X = G/K ont une dimension isopérimétrique supérieure à la
dimension de la variété X (pour une métrique invariante à gauche).

6.30. Remarque : Pour les homéomorphismes locaux, il existe des résultats plus
précis, obtenus à l'aide des outils de l'analyse.
Théorème : (Zoric, voir [Zo] ou [L-B]). Soient Y-L et V2 deux variétés rie-
manniennes de même dimension supérieure à 3 ; supposons que le groupe fon-
damental de Vi soit 7?-, e£ que V2 soit simplement connexe. S'il existe un
homéomorphisme localï : Vx—Y2quasirégulier, alors f est nécessairement un
homéomorphisme de Vx sur un ouvert de V2 dont le complémentaire est de
dimension 0.
Théorème : La même conclusion est vraie si Vx est une variété rieman-
nienne qui vérifie l'hypothèse du lemme d'Ahlfors 6.9.

6.31. Corollaire: Dans le cas où V! = Rn , comme un homéomorphisme con-


serve les bouts (voir [Bo]) et que R n n'en a qu'un seul, nécessairement
V2 - f(Vj) a au plus un point. Par conséquent, si V2 est une variété simple-
ment connexe distincte de R n et S n , il n'y a aucun homéomorphisme local
quasi régulier de R n dans Vz -

D. GENERALISATIONS

6.32. Nous sommes maintenant tentés de définir des applications quasi réguliè-
res entre variétés de dimensions différentes.
Il existe une notion d'inégalité isopérimétrique pour la dimension q dans
une variété riemannienne de dimension n > q : étant donné une fonction crois-
sante I : R+—R+, la variété V vérifie l'inégalité isopérimétrique pour la dimen-
sion q <dimV donnée par la fonction / s i , pour toute variété à bord S de dimen-
sion q , pour toute application f : 3S —V, il existe un prolongement de f à S
tel que vol(f(S» ^ KI{K'vol(f(dS))) pour deux constantes K et K ' .

94
Par exemple, si, pour toute courbe c de longueur i dans V, il existe un
prolongement de c d'aire inférieure à csteO^P - 1 ), alors V a une dimension
isopériméîrique pour la dimension 2 supérieure à p .

6.33. Proposition : L'espace euclidien a une dimension isopériméîrique pour la


dimension 2 égale à 2, l'espace hyperbolique, à + <x .
Soit une courbe c de longueur i dans R n , O un point de c , le cône k
sur c d'origine O est un prolongement de c : S1 —Rn à
B2 = {reit / O s s r ^ l , 0^t^27r) ,
donné par re* - K(re'0 = K(r,t) = 0 + r(Oc(t)). L'aire de K est
2TT
I^A^Idr dt |Oc(t)|| |jc'(t)|| rdr
dr dt

c'(t)| dt

L'espace euclidien vérifie donc l'inégalité vol(K) 1 vol(c)2 .

Etant donnée une courbe c de longueur î dans H n , choisissons un point


O de H n éloigné de c ; si de est un élément de longueur sur c , il détermine
un élément d'aire dA sur le cône K de sommet O s'appuyant sur c .

Appliquons dA sur un plan hyperbolique H 2 , et accolons à dA N triangles


isométriques, de façon à recouvrir approximativement un domaine D de H 2 ,
dont le bord dD est constitué de N petits segments isométriques à dt .
D'après l'inégalité isopérimétrique de H 2 (proposition 5.4) aire(D) < lon-
g u e u r ^ ) , c'est-à-dire NdA < Nd£, et nous concluons :
aire(K) = dA < f dt = i . D
Jc
6.33.bis. Si Vn est simplement connexe, et a une courbure sectionnelle néga-
tive ou nulle, alors la dimension isopérimétrique de V pour la dimension
p < n = dim V supérieure à n (voir [H-S]).

95
Un raisonnement analogue à celui du théorème 6.19 permet de fabriquer
une notion d'inégalité isopérimétrique pour la dimension q pour un groupe de
type fini, et de démontrer la

6.34, Proposition : Si V est une variété riemannienne compacte de dimension


plus grande que q , alors son groupe fondamental et son revêtement universel
vérifient les mêmes inégalités isopériométriques pour la dimension q .
Corollaire : Le revêtement universel d'une variété compacte dont le groupe
fondamental est isomorphe à celui d'une variété hyperbolique a une dimension
isopérimétrique pour la dimension 2 infinie.
Cette notion d'inégalité isopérimétrique pour la dimension p donne aussi
des résultats de non-existence d'applications :

6.35. Théorème : Soit W une variété kâhlerienne compacte telle que TT2(W) = 0
et le groupe fondamental de W est suffisamment grand (c'est-à-dire, TT^W) a
une dimension isopérimétrique en dimension 2 strictement supérieure à 2).
Alors il n'existe pas d'application holomorphe non constante de C dans W.
Notons w la forme de Kàhler de W. Pour un compact à bord A de C, et une
application de classe C 1 f : A—W , l'intégrale ÎAJjf*£| où £ est le champ de
2-vecteurs constant — A — sur C, est, par définition, l'aire de f(A) ; avec ces
dz dz
notations,
ÎA f*w = ÎA<^f(x> f*£f(x)>dx

or, d'après l'inégalité de Wirtinger,


<«f(x). f*£f(x)> < — |f*ê|

(voir [FI], page 40) avec égalité si et seulement si le 2-vecteur simple f*£ s'écrit
vAiv , pour un vecteur tangent v . Il s'ensuit que aire (f(A))>2| | A f * u | .
Comme x2(W) = 0 , tous les prolongements f d'une courbe c : 3A— W sont
homotopes, la valeur de l'intégrale j A f*« ne dépend que de c , donc, si f 0 est
l'un d'eux, l'aire de f est nécessairement supérieure à | f A f*wl = I SA fowl >
cette valeur étant atteinte exactement pour les prolongements f holomorphes.
Etant donnée une application holomorphe non constante f : C—W , notons
p la fonction |df j . D'après le lemme d'Ahlfors 6.9, (C, pgeuci.) a une
dimension isopérimétrique inférieure à 2 : pour tout m > 2 , il existe une suite
Ai de compacts à bord dans C tels que

volpg (Ai) - + oo et volpg (A;) (vol pg (d A-)) - m/m - 1 _ + «> #


1— + <x> 1— + ce
Comme f est holomorphe,
vol(f(Aj)) = vol pg (Ai) et vol(f(5Ai)) = vol pg (dA{)
et f est le prolongement de f|8A. à Ai d'aire minimum ; nous concluons que
W a une dimension isopérimétrique pour la dimension 2 inférieure à m . •

96
Le théorème qui précède indique la bonne voie vers une définition d'appli-
cations quasi-régulières d'une variété dans une variété de dimension plus grande :
la propriété de minimum des applications holomorphes entre variétés kàhle-
riennes devrait être remplacée par une propriété de quasi-minimum.

6.36. Définition : Soit V0 une variété à bord compacte. Une application


f : V0—W est dite C-quasi-minimale si, pour toute application g : V0-~ W
telle que f | a v = g j 3 V et que les chaînes f(V0) et g(Vo) soient homologues
dans W,ona voï(f(V°0))^C vol(g(V0)) .
Si V est une variété quelconque, l'application f : V0—W est dite quasi-
minimale s'il existe une constante C telle que la restriction de f à toute sous-
variété à bord compacte de V soit C-quasi-minimale.

6.37. Exemple : Si f : V—W est quasi-régulière (V et W ont même dimension)


alors le graphe Gf : V — V x W , x — (x,f(x)) est quasi-minimal.
Soient pr ls pr2 les projections sur les facteurs du produit V x W, Ù)1 et coz
des formes volumes sur V et W, et o> =prfaj 1 + prfoJ2 . C'est une forme fermée
sur V x W qui vérifie une inégalité :
|<aï,X 1 A..-AX n >| ^ |pri*(X1A...AXn)| + I p ^ X A - A X , , ) ! < 2|X 1 A...AX n |,
pour tout n-vecteur simple X x A...AX n sur V x W .

En particulier, si g : V0— V x W , et si £ désigne le n-vecteur sur V dual de


ojj, de façon que <QJ 1 , £ > - 1 , alors

volfe(Vo))=îv 0 |g*É(x)|dx>i- J v J < » > g * É ( x ) > | d x > - L | j ^ g ^ l =

y I îg(v 0 ) û, l =
l y ÎGf(V0H

dès que les chaînes g(V0) et Gf(V0) sont homologues, car w est fermée. Cette
intégrale vaut — j y (1 + J(f,x))dx .
2 °
Ecrivons f = v1A...Avn . Alors
| G f , ê | = |(v 1 + df.v1)A...A(vn + df.vn)|j

*ç un polynôme de degré n en |df ||, donc il existe des constantes A et B telles


que |Gf # £| < A + B |df|n , soit vol(Gf(V0)) ^ Avol(V0) + Bj v Jdf(x)||ndx .
Si f est C-quasi-réguliêre, alors, pour C =sup(2A,2CB) ,

vol(Gf(V0)) ^ C'/i-vol(V 0 ) + i - Sv0 J(f,x) d x U C vol(g(V0)) ,

donc Gf est C'-quasi-minimale. D

6.38. Cependant, la définition métrique des applications quasi-régulières (voir


[M-R-V], théorème 4.13) suggère une autre généralisation.

97
Appelons distorsion d'un plongement de sphères de centre b le rapport
sup jd(b,s)/s€S) / inf {d(b,s)/s€S} . Alors une application f est quasi-
régulière si elle envoie, pour presque tout
point x les petites sphères de centre x sur ...- "~~~ ~~~^\
des sphères de centre f(x) de distorsion bornée. 5
Pour des variétés de dimensions différentes,
cette définition a toujours un sens. Peut-être
serait-elle mieux adaptée aux cas où la dimen-
sion diminue. De toutes façons, elle a l'avan-
tage de garder un sens pour un espace métri-
que quelconque.

le : Soit fi un ouvert pseudoconvexe de C2. Dans chaque espace


tangent Tx5fi, le lieu des vecteurs dont le produit par i = v r - T est encore dans
Txâfi est un 2-plan. On obtient ainsi un champ de 2-plans, en général non-
intégrable, sur dfi, auquel on peut associer une métrique "de Carnot" (voir
1.18. et 3.17.).

Si fi est la boule B4, cette métrique sur S3 = 9B4 est conformément équiva-
lente à la métrique introduite en 3.17. sur le groupe de Heisenberg.
En effet, munissons B 4 de sa
métrique de Bergman (voir [We])
alors B4 est isométrique au plan
hyperbolique complexe
H^(U(l)xU(2))\U(l,2);
plus précisément, U(l,2) est le
groupe des matrices ou endomor-
phismes de C 3 qui préservent la
forme Hermitienne
q(x) = - |x x | 2 -h | x z | 2 + |x 3 | z ,
donc U(l,2) opère sur l'ensemble
H = (xGCVq(x)=-li,
donc sur la projection
p(H) - B4 c C2 c CP 2 .

L'action de U(l,2) préserve aussi


dB4 = p((q = 0)) et le champ de 2-plans sur dB4 défini ci-dessus. Montrons que le
fixateur d'un point de dB4 contient un sous-groupe isomorphe au groupe
d'Heisenberg. Notons J la matrice de la forme quadratique q , soit

j =
l'algèbre de Lie u(l,2) associé à U(l,2) est l'ensemble des matrices 3 x 3 M tel-
les que M*J+ JM = 0 ; une telle matrice s'écrit
/ ir a b \
M = 1 a is -"cl
Vb c it /
où a, b, cGC et r, s, t € R . Choisissons un point m de la sphère, par exem-
ple m = p(v) où v = (l,l,0)GC 3 . Le fixateur Fde m est le sous-groupe de Lie
F = (g£U(l,2)/gv est colinéaire à vj , donc son algèbre de Lie est
f = {M€u(l,2)/Mv est colinéaire à vj = (MGufl,2)/b= - c , r = s et a £iR} ;

/u 0 A / 0 0 - i \ / i —i 0 \
notons X = 0 0 1 , Y = 0 0 -i L Z = i -i 0
\1 -1 0] ' \ i -i 0 j \ 0 0 0J
alors [X,Z] = [Y,Z] = 0 et [X,Y] — Z , donc l'espace vectoriel réel engendré
par X, Y et Z est une sous-algèbre de Lie n de f isomorphe à celle du groupe
de Heisenberg. Nous en déduisons un homomorphisme <p du groupe de Hei-
senberg N dans U(l,2) , dont la différentielle à l'origine envoie le plan ortho-
gonal au centre sur le plan X, Y , qui est une droite complexe de u(l,2) ;
l'application j : N — dB4 , n — ^(n)(m ') , pour un point m ' de dB 4 , envoie
donc l'un sur l'autre les champs de plans définis sur N et sur <3B4 ; il reste à
vérifier que j est un homéomorphisme sur dB4— {m) , ce qui est aisé, et qu'il
est conforme, ce qui résulte de la formule |j*(aX + /3Y)[2 = 3(a 2 + /32) à
l'origine et du fait que N agit par homographies, qui sont des transformations
conformes de CP 2 . •

6..40. Remarque : Comme toutes les structures de contact en dimension 3 sont


localement isomorphes, pour tout ouvert pseudo-connexe O de C2 , la métri-
que de Carnot-Carathéodory sur 3Ï2 est localement quasi isométrique à celle
de S3 .

6.41. Question: Sous quelles conditions sur U existe-t-il un homéomorphisme


local quasi conforme du groupe de Heisenberg sur dQ , tous deux munis de leur
métrique de Carnot-Carathéodory?

99
Chapitre 7

A. APPLICATION DE LA THÉORIE DE MORSE A L'ESPACE


DES LACETS D'UNE VARIÉTÉ RIEMANNIENNE

7.1. Au chapitre 6, nous avons introduit la notion d'inégalité isopérimétrique


pour la dimension 2 (6.32) : c'est le plus grand nombre p tel que chaque
courbe simple de longueur 2 soit bordée par un disque d'aire au plus égale à
C jp/p- ! . Cette définition n'a de sens que pour une variété non compacte, et
nous avons montré que, pour le revêtement universel d'une variété compacte
V , la dimension isopérimétrique pour la dimension 2 ne dépendait que du
groupe TT^V) .
On peut se demander si, étant donné un lacet de longueur î , il est possible
de le déformer en un point sans augmenter sa longueur, ou en augmentant sa
longueur d'au plus f(2) , la fonction f devenant alors un invariant de la géo-
métrie de la variété (simplement connexe). La situation est bien différente :
pour le revêtement universel d'une variété de courbure négative ou nulle, on
peut prendre f(Q — 2 ; ces variétés, bien que cocompactes à des groupes très
différents, sont les plus simples possibles du point de vue de l'invariant f ; en
revanche, nous verrons que, pour un revêtement universel où le groupe fonda-
mental est très compliqué, où on ne peut pas résoudre le problème des mots,
alors la fonction f n'est pas calculable. Entre ces deux extrêmes, il n'est pas
clair qu'on puisse dire quelque chose sur l'invariant f , dans le cas non com-
pact. Cependant, pour une variété V compacte, l'invariant f garde un sens,
comme le montre la figure de 2.26, et nous avons déjà des résultats sur lui : la
scholie 2.27 montre que f(2) < CÇV)2, et la proposition 2.26 que î(2)/2 - 1 .

Il est plus intéressant de comparer, non seulement les composantes connexes de


l'espace X^ des lacets de longueur inférieure à î , mais toute la topologie des
espaces X^.

7.2. Introduisons quelques notations. Nous désignerons par X (resp Y)


l'espace des chemins C°° par morceaux reliant W à W dans la variété rie-
manienne compacte W (resp l'espace des courbes fermées C 00 par morceaux
sans point base dans W) tous deux munis de la topologie de la convergence uni-
forme des dérivées de tous ordres, de façon que la fonction longueur L soit
continue. Nous noterons X t (resp Yt) = L_1([0,t]) le sous-espace des chemins
(resp courbes) de longueur inférieure ou égale à t . Enfin, nous notons dm(t)
le plus grand entier d tel que, pour tout i , 0 < i < d , l'homomorphisme
induit par l'inclusion Xtc>X (resp Ytc^Y) en homologie soit surjectif.

101
7.3. Théorème : Si W est une variété riemanienne compacte et simplement
connexe, il existe, pour l'espace X des chemins et l'espace Y des courbes fer-
mées sans point base, des constantes c et C telles que et < dm(t) < Ct .
Nous faisons une démonstration commune pour les espaces X et Y ,
omettant les omniprésents "resp". Remarquons que, comme il s'agit de défor-
mer des classes d'homologie à valeurs dans X , nous pouvons remplacer X
par un rétracte, à condition que cette rétraction diminue légèrement les lon-
gueurs. Comme dans [M2] page 88, nous nous ramenons d'abord à l'espace des
chemins géodésiques par morceaux. Puis nous choisissons une triangulation de
W dont les simplexes de dimension maximum sont totalement convexes.
Pour un chemin x géodésique par
morceaux, et un simplexe s de
dimension maximum de la triangula-
tion, x ne rencontre le bord de s
qu'en un nombre fini de points,
donc on peut définir le point i où x
entre dans s , et le point o où x
sort de s . En déformant chaque
partie [i,o] de x en un segment géo-
désique, et ceci sur chaque simplexe
de dimension maximum, nous obte-
nons une rétraction par déformation
R de X sur le sous-espace X ' des
chemins qui sont géodésiques sur
chaque simplexe. Un point x d e X '
étant entièrement déterminé par le
nombre fini des points où x sort
d'un simplexe de dimension maximum pour entrer dans un autre, nous obte-
nons une triangulation de X ' : étant donnée une suite s ] ( ...,s k de simplexes
de W tels que deux termes consécutifs s i ( s i + 1 soient contenus dans un même
simplexe de W , l'ensemble des chemins de X ' dont les sommets consécutifs
se trouvent dans s^.-.jSjc forme un simplexe de dimension dim s x + ... + dimst
de X ' .

Soit r > 0 assez petit pour que chaque boule de rayon r de W soit tota-
lement géodésique ; alors la rétraction de Milnor transforme un chemin x de
longueur t en une géodésique brisée en t/r points environ ; il existe une cons-
tante S telle que toute géodésique de longueur r rencontre au plus S sim-
plexes de la triangulation de W , donc l'image de x par la rétraction R
rencontre l'intérieur d'au plus tS/r simplexes, ce qui prouve que R(x) est
dans le ntS/r-squelette de la triangulation de X ' ; en particulier, on a
H;{Xt) - 0 pour i > ntS/r . Or il est connu (voir [Kn], [Sul], page 46) que
l'espace X (ainsi que Y) a des groupes d'homologie non nuls Hj(X) pour les
i = qa + b d'une suite arithmétique ; il s'ensuit que l'homomorphisme
H^X,.) — Hj(X) n'est pas surjectif pour le plus petit terme de la suite arithmé-
tique supérieur à tnS/r , à savoir i = tnS/r + q au plus, donc dm(t) < C t ,
pour une constante C ne dépendant que de W .

102
Inversement, nous ne pouvons pas affirmer qu'il existe une constante K
telle que le i~squelette de X ' soit contenu dans X ^ : en effet, soit d le plus
grand diamètre d'un simpjexe de W , alors tout point x du simplexe s de X '
s!,...,s k a une longueur inférieure à
k k
E d < d E dim Sj + L d < d(dim s) + d card {i/dim Sj = 0} ;
i= 1 i=1 dira SJ = 0
à cause de la présence de morceaux contenus dans le 1-squelette de W , cette
longueur n'est pas contrôlée par dim s . Pour contourner cette difficulté, nous
introduisons une déformation D : W —W homotope à l'identité, envoyant
tout le 1-squelette sur le point w ; comme W est simplement connexe, une
telle déformation existe, et, comme W est compacte, sa dilatation D est finie.
Par composition, D induit une déformation D ' : X ' — X ; si x G X ' est dans
une cellule s de dimension k définie par une suite Si,...,s p , chaque morceau
de x correspondant à deux simplexes Sj, s-l + i de dimension 0 disparaît dans
D'x , d'où
L(D ' x) < Dd card [i/dim s; + dim s, +1 > 1 ) < —dD dim s,
2
donc D'x e x ,
TdkD
Comme R:X. -X' et D ' : X'k (le k-squelette de X ' ) - X i
v M
4-dkD ' ^-dkD
2 2
sont homotopes à l'identité, les homomorphismes
R„ : H*(X ! ) i H*(X') et DJ : H + ( X ' k ) - I U X j )
-— ÛKU. -—-QK
composés : H ^ X ' k ) —H*(X') fournissent exactement l'homomorphisme
induit par l'inclusion j£ : X ' ^ C ^ X ' ; or, si t>— dkD , si j est l'inclusion
X t Q . X , j o D ' = D ' , donc j^.oD^ = D^ et R ^ o j ^ o D ^ j ^ ; d'autre part, si
i < k , j ^ est un isomorphisme : Hj(X' k ) — Hj(X') , donc j * est surjectif de
Hj(Xt) sur Hj(X) ; comme ceci est vrai pour tout i<k^(2/dD)t , nous con-
cluons que dm(t) > (2/dD)t , quels que soient les coefficients utilisés pour
l'homologie. D

7.4. Corollaire : Pour deux points x et y génériques dans W , le nombre


d'arcs géodésiques joignant x à y de longueur inférieure à t est au moins
égal (compte tenu des indices) à

E bi(X) .
i=l
La même inégalité est vraie pour les géodésiques périodiques, à condition que la
métrique de W soit "bumpy" au sens de [Ab], condition qui est générique.
La condition de "bumpy" de [Ab] garantit que toutes les orbites critiques
de la fonction énergie sont non-dégénérées. Alors, la théorie de Morse (cf. [Kl],

103
page 63) montre que Yt a le type d'homotopie d'un CW complexe qui a
autant de cellules de dimension p qu'il y a de géodésiques périodiques d'indice
p et de longueur inférieure à t , donc il y a au moins (indice compris)
+ <x>
b
i?l ^t)
géodésiques périodiques de longueur inférieure à t , o r d'après le théorème
7.3., bjtY^^bitY) pour i < c t , d'où l'inégalité de l'énoncé. D

7.5. Remarque : On peut construire, en effectuant des sommes connexes, des


variétés simplement connexes et compactes W pour lesquelles b n (X) croît
exponentiellement en fonction de n ; pour ces variétés, le nombre de lacets géo-
désiques en un point géométriquement distincts croît donc exponentiellement
avec la longueur, pour toute métrique riemannienne.

7.6. Remarque : Typiquement, la condition de métrique "bumpy" nécessaire


au corollaire 7.4. n'est pas vérifiée par les espaces homogènes : dès qu'il y a une
géodésique périodique, il y en a une famille continue. Pour les variétés rieman-
niennes dont toutes les géodésiques sont périodiques, voir [Bs],

7.7. Exercice : Le lecteur pourra retrouver, à l'aide du théorème 7.3., le résultat


suivant de D. Kan (voir [Ka]) : si on se donne une variété compacte simplement
connexe W par une triangulation, on peut calculer effectivement les groupes
d'homotopie de W ; en particulier, ceux-ci sont de type fini.

7.8. Remarque : Le théorème 7.3. se généralise immédiatement au cas d'une


variété compacte dont le groupe fondamental est fini, par passage au revête-
ment universel. Mais nous pouvons voir déjà des restrictions à sa généralisa-
tion : supposons que le résultat du théorème 7.3. soit vrai pour une variété W ,
alors le problème des mots dans le groupe fondamental ir^W^) peut être
résolu effectivement ; en effet, réalisons un mot donné par un lacet £ de lon-
gueur t dans la variété W , supposée donnée par une triangulation ; alors il
suffit d'examiner les lacets de W de longueur inférieure à Ct pour décider si i
est homotope à 0 ou non, en fait, il suffit d'examiner la liste des lacets composés
de C 't arêtes de la triangulation et les relations de contiguïté entre ces lacets
(voir [Sp], chapitre 3, sec. 6) ce qui représente un nombre fini d'opérations à
effectuer. C'est pourquoi, pour le revêtement universel d'une variété dont le
groupe fondamental est suffisamment compliqué pour que le problème des
mots ne puisse pas y être résolu, il ne saurait y avoir de fonction calculable f
telle que tout lacet de longueur t puisse être déformé en un point en passant
par des lacets dont la longueur reste inférieure à f(t) .

7.9. Le corollaire 7.4. prouve l'existence de géodésiques périodiques sur une


variété simplement connexe, compacte, générique ; pour d'autres cas où on sait
montrer l'existence de géodésiques périodiques, voir [G-M], [Kl], [S-V]. Pour
une variété complète non compacte et simplement connexe, existe-t-il au moins
un lacet géodésique ? La réponse est oui dès que la variété n'est pas contractile,

104
par la théorie de Lyusternik-Fet (voir [Kl], appendice, et [L-F]). Sinon, la
variété n'a pas de topologie du tout, et tout peut arriver. Une façon de faire
intervenir quand même de la topologie est de considérer des métriques prove-
nant de quotients compacts. Par exemple, il est naturel de se demander si une
métrique sur R n provenant d'une métrique sur le tore et qui n'a pas de lacets
géodésiques n'est pas nécessairement plate. La réponse est non d'après l'exem-
ple suivant dû à Y. Colin de Verdière : le tore de dimension 2 plongé comme
surface de révolution dans R3 n'a pas de lacets géodésiques homotopes à 0. En
effet, un tel lacet t, s'il n'est pas un méridien, rencontre transversalement les
méridiens, car ceux-ci sont tous géodésiques ; par continuité, £ rencontre tous
les méridiens orientés dans le même sens, donc le nombre d'intersections du
cycle défini par i et du cycle des méridiens est strictement positif ou négatif, et £
n'est pas homotope à 0. G

B. D I L A T A T I O N D E S A P P L I C A T I O N S D ' U N E V A R I E T E
SIMPLEMENT CONNEXE DANS UNE AUTRE

Le théorème 2.18 admet la généralisation suivante.

7.10. Théorème : Soient YetW deux variétés riemanniennes compactes simple-


ment connexes. Alors si V a le type d'homotopie rationnel d'une sphère, la
croissance de # (D) (nombre de classes d'homotopie d'applications de V dans W
contenant une application de dilatation inférieure à D) est polynomiale. Plus
précisément, # (D) <C.D«(V-W) où a(V, W) ne dépend que du type d'homotopie
rationnelle de V et W.
Remarques, a) Les exemples de 2.17 montrent que la simple connexité (en
fait la finitude du xj) de W est essentielle.
b) Bien entendu, la constante C (sur laquelle on aimerait savoir plus)
dépend, elle, de la géométrie de V et W.

105
Nous démontrerons le théorème en plusieurs étapes. Remarquons d'abord
qu'il suffit de considérer des applications C 00 , toute application lipschitzienne
étant d'après [D] p. 181 homotope à une application C 03 de dilatation arbitrai-
rement proche.

7.1Î. Le cas où V = S3 et W = S2 donne le fil directeur. La classe d'homotopie [f]


de f : S3—S2 étant déterminée par l'invariant de Hopf h(f), il suffit de contrôler
celui-ci en fonction de la dilatation.

7.12. Lemme : 7/ existe une constante C > 0 telle que pour toute f, on ait
h(f)<C(dilf) 4 .
Preuve. On reprend le calcul de h(f) en termes de formes différentielles, tel qu'il
est exposé dans [Go] p.221 par exemple : soit w une forme volume de S2, nor-
malisée par la condition u> = 1. Son image réciproque f*a> est une 2-forme
3
sur S qui est fermée, donc exacte. Si f*a) = da on démontre que
h(f)= J s ,f*«A«
ne dépend que de [f] et est entier.
Si comme dans 2.11 on munit l'espace Ï2(S") des formes différentielles de la
norme sup, on a
|f*o)| < C(dilf) 2 || oo || ,
et l'inégalité cherchée est la conséquence d'un lemme de Poincaré à croissance
formulé comme suit.

7.13. Lemme. // existe une constante C (ne dépendant que de la métrique sur
S") telle que pour toute forme fermée de ÏÎ^S11) ( 0 < i < n ) , il existe une forme a
cfefii-i(S n ) telle que
da = w et |a f < Cfwf
Preuve. Pour une forme w définie sur un ouvert de R n étoile par rapport
à 0, la primitive donnée par
a(xU = J 0 w(x)(tx,£)dt
satisfait bien à une telle majoration. Partant de cette remarque, on reprend la
démonstration du fait que Hi(S n ,R) = 0 ( 0 < i < n ) , telle qu'elle est faite dans
[B-Gl p.194 par exemple (c'est-à-dire au moyen des formes différentielles), en
contrôlant les normes à chaque étape. D
7.14. Quelques résultats de la théorie de Chen-Sullivan
(cf. [F-G-M] et [Su2]). D'après 7.11, l'application f-h(f) définit une
forme linéaire sur x3(S2) qui s'exprime au moyen de formes différentielles sur
S2 . Plus généralement, si V est une variété simplement connexe, l'espace vec-
toriel gradué Hom(7r*(V),Q) est isomorphe à MS2(V)/Mfl(V).MîHV) > o u
Mfî(V) est le modèle minimal de l'algèbre différentielle graduée SÎ(V) , des
formes différentielles sur V que l'on définit ainsi :

106
7.15. Si A est une algèbre différentielle commutative-graduée (cf. [Le], p. 18 ou
[F-G-M], ch. 12, ou se dire simplement qu'on a en vue fi(V)) telle que H°(A) = R
et H 1 (A) = 0, on démontre (ibidem) qu'il existe une algèbre différentielle
commutative-graduée M, unique à un isomorphisme près, telle que
i) M est une algèbre libre, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'autres relations que
l'associativité et la relation de commutation a.b = ( - l)deg(a)deg(b)b.a .
ii) dM n est contenu dans la sous-algèbre engendrée par les Mk tels que k < n
(bien entendu on a désigné par M^ l'ensemble des éléments de degré k ).
iii) Il existe un morphisme p : M-*A d'algèbres différentielles graduées
qui induit un isomorphisme en cohomologie.

7.16. Exemples : Le modèle minimal de fiS2n est la R-algèbre libre R{a,bj


engendrée par deux éléments a et b tels que
deg(a) = 2n , deg(b) = 4 n - l , da = 0 , db = a2
L'élément a donne le H 2 n , et l'adjonction d'un générateur b de degré
4 n - 1 tue la cohomologie que les puissances de a donneraient sinon.
Par contre, le modèle minimal de fi(S2n + 1 ) est tout simplement R{cj avec
deg(c) = 2n + 1 puisqu'alors pour des raisons de parité c2 = 0. (cf.[Le], ch. 5)

7.17. Modèles minimaux et invariant de Hopf. Dans ces conditions, pour une
application C°° f de S3 dans S2 on a un diagramme homotopiquement commu-
tatif (cf. [Le], p. 19)
F*
MS2 > M$3

S2S2 — • fiS3
Pour des raisons de degré, f*b est proportionnel à c et on montre (exer-
cice, ou [F-G-M] p . 210) que f*b = h(f)c.

7.18. Démonstration du théorème 7.9 dans le cas où V = S n . Il s'agit d'étendre


les considérations géométriques et algébriques qui précèdent à une variété sim-
plement connexe quelconque. Le modèle minimal de fi(W) se construit de pro-
che en proche (cf. [Su] p . 38, [Le] p. 29 et [F-G-M] ch. 12 pour plus de détails).
Une algèbre différentielle M n satisfaisant 7.15. i) et ii), et un morphisme
M n —fi(W) induisant un isomorphisme de H P M " sur HP(W,R) si p < n , et une
surjection pour p = n + 1 étant donnés, on obtient une nouvelle algèbre M n + 1
ayant les mêmes propriétés jusqu'au cran n + 1 en adjoignant à M n des généra-
teurs de degré n + 1 de façon à tuer la cohomologie en trop dans H n + ] M n .

Puis il faut obtenir une représentation intégrale des formes R-linéaires sur
7rn(W) . Un représentant f : Sn—W d'un élément de 7rn(W) étant donné, on
part d'un système de représentants COJ de la cohomologie de de Rham de W
en degré inférieur ou égal à n , et on considère les formes images réciproques

107
a) Pour une forme œ[ de degré n , ce* donne une forme linéaire sur

^nCW) ; on obtient ainsi celles qui se factorisent par l'homomorphisme de


Hurewicz (cf. 4.20 et [H-U], page 148) en formes sur H n (W,Z).
b) Si deg(wj) <n, la forme OJ* est exacte ; on écrit ajj* = deq, et on considère
toutes les combinaisons linéaires £cjja>iAaj qui donnent des formes fermées —
qui sont, d'après ce qui précède, les images par p de générateurs du modèle
minimal de fi(W). On intègre sur S n celles qui sont de degré n ; les autres sont
exactes, de la forme do^ , et on recommence avec les combinaisons
Ec'i k coi A o ^ •
Au bout d'un nombre fini d'étapes (parce que H 1 (W,R) = 0), on obtient ainsi
des formes de degré n qu'on intègre, et on démontre (cf. [F-G-M], ch. 12 et
[Su] , § 1 1 ) que toutes les formes linéaires L sur 7rnW s'obtiennent ainsi. Il suffit
maintenant de remarquer que d'après le lemme 7.12 on a L(f)^c(dil f)r> où r
dépend essentiellement du degré des formes intervenant et du nombre d'étapes
nécessaires. D
N.B. Un examen plus attentif donne pour r la borne 2(n - l)rg(7rn(W))
(cf. [G4J).

7.19. Indications sur le passage an cas général. Il est possible de généraliser le


théorème 7.10 à une variété V quelconque ; en effet, on peut tirer de la théorie
des modèles minimaux un renseignement plus précis sur les groupes d'homoto-
pie "il existe des entiers r et s tels que le nombre maximum d'applications de
dilatation d de V dans W qui ne peuvent pas être reliées deux à deux par une
homotopie de dilatation inférieure à ds croît au plus comme dr " ; ce lemme se
généralise aux variétés triangulées générales par le procédé par récurrence tradi-
tionnel en théorie de l'homotopie.

108
chapitre 8

D E L A C O U R B U R E S E C T I O N N E L L E

A. POURQUOI PINCER LA COURBURE SECTIONNELLE ?

8.1. Soit V une variété lisse ; se donner une structure riemannienne sur V
revient à fixer, pour chaque point x de V, un germe de difféomorphisme fx
d'un voisinage de x sur un voisinage de 0 dans R n , un germe de métrique rie-
mannienne gx au voisinage de 0, et décider que fx est une isométrie. La condi-
tion de changement de cartes se traduit par le fait que gx est envoyée sur gy par
le germe de difféomorphisme fyof~* . Il est donc naturel de s'intéresser aux
familles de variétés riemanniennes qui correspondent à une classe de germes de
métriques, cette classe étant nécessairement invariante par le groupe des germes
de difféomorphismes de R n .

8.2. Exemple : Fixons un germe de métrique g et considérons la classe engen-


drée par g : la famille qui lui correspond est celle des variétés localement isomé-
triques à une variété donnée.

8.3. Théorème (Singer, voir [Si]) : Une telle variété, si elle est complète et sim-
plement connexe, est nécessairement homogène, i.e., le groupe d'isométries glo-
bales est transitif.

8.4. Conjecture : La démonstration de ce théorème ne fonctionne que pour une


variété de classe très élevée ; le théorème reste-t-il vrai pour un espace de lon-
gueur localement compact, complet et simplement connexe ?

8.5. Exemple : Fixons un tenseur "de courbure" R sur R n , i.e., un tenseur en 4


variables x,y,z,t symétrique par rapport aux paires, alterné en xAy et zAt e t c . .
(voir [Ku]), et considérons la classe des germes de métriques dont le tenseur de
courbure à l'origine est dans l'orbite de R sous l'action de O(n) : la famille obte-
nue est celle des variétés dont le tenseur de courbure est constant, au sens où,
pour tous points v,w£V, il existe une isométrie i de TVV sur TWV telle que
i*Rw = R v . (Ne pas confondre avec l'expression "courbure constante", qui
signifie que le tenseur R est de la forme R(X,Y)Z = K ( < Y , Z > X - < X , Z > Y ) ,
ni avec l'hypothèse "courbure parallèle" ou DR = 0, plus forte, qui caractérise
les espaces symétriques (voir [Hn])). Les variétés de cette famille ne sont pas
toutes homogènes, il existe même des variétés non isométriques ayant même
tenseur de courbure (voir [F-K-M]).

8.6. On obtient des familles plus vastes de variétés en imposant une restriction
au tenseur de courbure, c'est-à-dire, en astreignant le tenseur à se trouver dans
une partie convexe, nécessairement invariante par l'action de 0(n), de l'espace

109
des tenseurs de courbure sur R n ; cependant, les orbites de 0{n) ne sont pas
faciles à imaginer géométriquement, et il n'est pas possible de justifier ainsi le
choix de certains convexes particuliers. Un tenseur de courbure peut être consi-
déré comme une forme bilinéaire symétrique, sur A2Rn , donc est déterminé par
ses valeurs sur les couples (oj,aj), et il est raisonnable de se limiter à des restric-
tions ne portant que sur des 2-vecteurs décomposés : on introduit la courbure
sectionnelle d'un 2-plan orienté P, valeur commune de <R(X,Y)Y,X> pour
toutes les bases orthonormées directes (X,Y) de P, que nous noterons K(P) ;
l'hypothèse K*sK0 signifie que, pour tout 2-plan orienté P, K(P)^K 0 , autre-
ment dit, que pour tous vecteurs X, Y, <R(X,Y)Y,X> ^ K 0 | X A Y | 2 ; l'hypo-
thèse de A2-pincement |K| *; A2 signifie que, pour tout X, Y,
| <R(X,Y)Y,X>| < A 2 |XAY|j 2 .

JB. C O N S E Q U E N C E S M E T R I Q U E S D U P I N C E M E N T

8.7. Rappelons quelques propriétés des hyper sur faces. Soit H un bout d'hyper-
surface d'une variété riemannienne V : si X,Y sont des champs de vecteurs défi-
nis au voisinage de H et tangents à H, alors leur crochet [X,Y] est encore tan-
gent à H, d'où, si N est normal à H, < D X Y - D Y X , N > = <[X,Y],N> = 0.
La forme bilinéaire symétrique II(X, Y) = < D X Y , N > obtenue sur l'espace
tangent s'appelle la deuxième forme fondamentale de H ; on peut choisir un
champ normal unitaire N à H ; ce champ se prolonge à un voisinage de H : de
chaque point h G H, on transporte N parallèlement le long de la géodesique
issue de h et de tangente N(h) à l'origine ; le champ obtenu s'intègre locale-
ment en un flot ft, donné par la formule ft(h) = exphtN(h) sur H ; les images
H t = ft(H) sont des bouts d'hypersurfaces parallèles à H, en ce sens que si h E H,
alors le point de H t le plus proche de h est exactement ft(h) et d(h,ft(h)) = t,
ceci pour t assez petit, et inversement, l'application f~*t est exactement la pro-
jection orthogonale de H t sur H. Notons II t la deuxième forme fondamentale
de H t . Etant donné un champ de vecteurs X sur H, nous prolongeons X à un
voisinage de H au moyen du flot ft : la formule est, pour v = exphtN(h),
X(v) = df t (h).X(h), de façon que, pour tout t petit, f^X = X, d'où [ X , N H 0 .
Par construction, X est tangent à H t : en effet, D \ N = D N X, et, comme
< N , N > = 1, < D x N , N > = 0 d ' o ù < D N X , N > =0, soit
< X , N > = constante = 0.
En fait, X est envoyé sur lui-même par les projections orthogonales des H t sur
H, il permet de donner une interprétation géométrique de la deuxième forme
fondamentale :

8.8. Proposition : Si la deuxième forme fondamentale de H est définie positive,


alors la projection orthogonale de H t sur H est courte pour t < 0 assez petit. De
plus, H est convexe, en ce sens que si un petit arc de géodesique a ses extrémités
dans H, il se trouve tout entier du même côté de H que H t , t >0.

110
Par continuité, si II est définie positive, II t
reste positive pour t assez petit. La projection
orthogonale de H t sur H est f_t. Si YETf^Hj
et si f_tî|îY = X, ce X se prolonge comme ci-
dessus, et X(fth) = Y. Considérons X comme
un champ de vecteurs X s le long de la géodési-
que exphsN(h) alors

_d
— IXB - 2<D N X S ,X S >
ds = 2<D X N S ,X S >
- -2IIS(XS,XS)^0,
donc s—||A x tS | est adécroissante.
ccroissante, d'où
| X | | < | Y | s i t < 0 , | X | > | Y | si t > 0 . Soit c
un arc de géodésique joignant deux points h
et h ' de H, qu'on peut supposer minimisant.
L'ensemble des réels t tels que c(t) € H est un-ouvert réunion d'intervalles
]a,b[ tels que c(a), c(b) £ H ; chaque arc c([a,b]) est d'un seul côté de H, et,
comme sa projection orthogonale est plus longue que C/[3ib] , cet arc se trouve
du côté où la projection orthogonale n'est pas courte. D

Cet énoncé a l'inconvénient de ne donner de renseignements qu'à proxi-


mité de H ; l'introduction de la courbure va permettre de contrôler la variation
de la seconde forme fondamentale, ce que nous faisons sous la forme d'un théo-
rème de comparaison :

8.9. Théorème : Soient V e / V deux variétés riemanniennes, H e / H ' des bouts


d'hypersurfaces dans V et V , t—n(t), n'(t) des normales à H et H'. On sup-
pose que, pour chaque t , t ' et chaque plan P, P ' contenu dans Tn(t)V,
T n '(t ')V ' to courbure sectionnelle de P est supérieure ou égale à la courbure sec-
tionnelle deF' ; alors, si H ' est plus convexe que H, i.e., pour tous X, X' uni-
taires tangents à H, H ' en n(0), n'(0), II n (o)(X',X'), alors il en est de même
pour t < 0 tant que n(t) n'est pas un point focal de H, c'est-à-dire, tant que ft est
une immersion...

Calculons -^- II t (X,Y), où nous considérons Y,X comme des champs de


vecteurs le long de n(t) :
A nt(X,Y) = A <N,DXY> = <N,DNDXY>
dt dt
= <R(N,X)Y,N> + < D X D N Y , N > + < D [ X i N ] Y , N >
= <R(N,X)Y,N> + < D X D Y N , N >
= <R(N,X)Y,N> - < D X N , D Y N > (*) ,
car, de < D Y N , N > =0, on tire
<DXDYN,N> + <DYN,DXN> = 0 .
Pour une forme bilinéaire b , nous notons
s(b) = sup (b(X,X) / I X | = 1} et i(b) = inf{b(X,X) / ||X| = 1] .

111
Fixons un t < 0 , alors le nombre s(ÏIt) est atteint pour un vecteur Z G T n(t )H : ce
vecteur se prolonge au voisinage de H, avec Z t = Z, et alors
(l/s)(II t + s (Z t + Sl Z t + s )-IIt(Zt,Z t ))<(l/s)(s(II t + 5 ) | Z t + s | 2 - s ( I I l ) | Z t I 2 ) >
d'où
A II u (Z ( Z)| u = t *s - f (s(IIu) | | Z u | | 2 ) | u = t
du - du
= - f s ( I I u ) | u s t + s(IIt) - f BZ u |»| u = t
du du
= -£- s(II u )| u = t + 2s(II t ) 2 .
du
Notons P le plan dans T n ( t )H t engendré par N et Z : alors
<R(N,Z)Z,N> - |jD z N| 2 = K(P) - II t (Z,Z) 2 = K(P) - s(IIt)2

car, comme l'opérateur D N est symétrique, Z est un vecteur propre de D^ pour


la valeur propre s(IIt) .
En comparant les deux termes de l'équation (*), il vient
-£- s ( I I u ) | u = I - s(IIt)2 > K(P).
du

Un raisonnement analogue fournit

^ i ( I ï u ) | u = t - i(Ht)2 < K ( P ) .

pour un plan tangent à n(t). Notons s(u) = s(II u ), s'(u) = s(II^) e t c . . Par hypo-
thèse, K(P)>K(P') ; d'où l'inéquation différentielle — - s 2 s * - ^ - i ' 2
;
du du
ru
posant a(u) = (s+i')(v)dv, il vient
A( e a(u)( s _i')( u )) = ea(u) ( ^ - A l - s 2 + i' 2 ) > 0
du du du

donc la fonction u—e a < u )(s-i')(u) est croissante. Si on suppose que


s(II 0 )-i(II o ')<O , c'est-à-dire, pour tout X G T H , X ' € T H ' unitaires,
I I ( X , X ) < i r ( X ' , X ' ) alors il en est de même pour t < 0 tant que a(t)< + » ,
en particulier si H t reste une sous-variété plongée. •

8.10. Corollaire : Soit V une variété riemannienne dont la courbure est majorée
par - A2, et H une hypersurface de V. Définissons les rayons de courbure prin-
cipaux deH en h comme les inverses des valeurs propres de l'opérateur T>n ;si
tous les rayons de courbure principaux de H sont positifs, inférieurs à
AShAr/(ChAr - 1) , alors la dilatation de la projection orthogonale sur H, à dis-
tance d de H (du côté des t <0), est au moins égale à celle de la projection
orthogonale sur une sphère de rayon R en courbure constante —A2, à distance
d de la sphère, soit ShAr/ShA(r + d).

112
En effet, l'inégalité s(IIt)^i(II t ) s'intègre en | X ' | | 2 > |X|| 2 , et la sphère de
rayon R dans un plan de courbure - A 2 a le rayon de courbure et la dilatation
donnés dans l'énoncé. •

K<Ç_A2 K^-f\l

8.11. Remarque : on a, bien entendu, des énoncés analogues en remplaçant


sphère par horosphère, bord de voisinage tubulaire d'hyperplan géodésique et
hyperplan géodésique, ce qui fournit toute la gamme des rayons de courbure
positifs.

8.12. Exercice : déduire du corollaire 8.10 la notion d'horosphère dans une


variété à courbure majorée par - A z , le lien avec les points à l'infini, la pro-
priété d'Anosov du flot géodésique, entre autres. Nous donnons ici la démons-
tration de l'inégalité isopérimétrique annoncée en 6.7 :
Si la courbure sectionnelle est partout inférieure à -A2 dans la variété V,
alors, pour toute sous-variété à bord compacte A, vol(A) < — vol(3A).
(n - 1)A
Nous pouvons supposer V simplement connexe : si S est une petite sphère
disjointe de A, alors on peut prolonger le champ de vecteurs N normal à S et
rentrant dans S par transport parallèle le long des normales et construire le flot
ft ; comme la sphère de même rayon en courbure constante - A 2 n'a pas de
points focaux, il en est de même dans V d'après le théorème 8.9 et le flot ft peut
être prolongé indéfiniment ; l'application s,t—ft(s), de S x R+ dans V est un dif-
féomorphisme local qui se prolonge en un difféomorphisme local de R n dans V,
qui envoie les droites passant par l'origine de R n sur les géodésiques de V pas-
sant par le centre S ; un argument standard ([C-E] page 36) montre que c'est un
revêtement, donc un difféomorphisme. Le champ N est donc défini partout
sur V. Montrons que sa divergence est, à distance d de S , inférieure à
- ( n - l ) A t h d . Soit vGV , v £ f t ( S ) , e t ds un petit morceau de ft(S) autour
de v ; il délimite un petit tube de champ

T= u ff-i(ds).
t<t'<t + dt
D'après la formule d'Ostrogradski, on a
J divN = i <N,n>

113
où n est la normale sortant de T ; il vient
divvN vol(T) ~ 1 div N
= vol(fdt(ds)) - vol(ds)
or nous savons majorer vol fdt(ds) : si
S = S(x,r) alors ft(S) = S ( x , r - t ) , et fdt(ds)
est la projection de ds sur la sphère de
rayon r-t-dt ; d'après 8.10, cette projec-
tion a une dilatation inférieure à
shA(r-t-dt)/shA(r-t) =
l-Ath(r-t)dt ;
donc
vol fdt(ds) - vol(ds)
^vol(ds)((l - Ath(r-t)dt)n- J - 1)
«svol(ds)(dt)A(n-l)th(r-t) ;
comme vol(T)~vol(ds)dt, nous con-
cluons que
divvN«-(n-l)th(r-t)A.
Si A est une sous-variété à bord de V
située à distance au moins égale à d de S,
alors
vol(9A)> <-N,n> = -divN>vol(A)(n-l)Ath(d).
J dA JA
Comme on peut choisir la sphère S arbitrairement éloignée de A, nous con-
cluons que vol(dA)>(n- l)Avol(A). D

8.13. Corollaire : (Rauch) Soient Y et Y' deux variétés vérifiant les hypothèses
du théorème 8.9, soitv&Y, v ' £ V , soient t^ g(t), g'(t) des geodésiques issues
de v, v ' , soient J et J ' des champs de Jacobi le long de g et g' tels que
|J(0)| = | J ' ( 0 ) | ,
<J, >lt=o = < y, > t=o
dt dt
dJ dg . |
= <
dt
dJ' dg'
< > t=o
dt dt
- 0.
Alors, IJ '(t) j 3= I J(t) J tant que J(t) ne s'annule pas. (voir [C-E] page 29).
Choisissons un bout d'hypersurface H passant par v et normal à g en
v , et choisissons pour vecteur normal N ^ - | t = 0 ; effectuons le même
dt
choix dans V en ayant soin que H ' soit plus convexe que H. Dans V, on a un

114
flot ft défini au moins aussi loin que le flot ^'correspondant sur V . Fixons un
vecteur J(0) normal à g en v ; J(0) est la tangente à l'origine à une courbe
s —c(s) de H ; posons c(t,s) = ft(c(s)) : les courbes t^f t (c(s)) sont des géodési-
ques, donc c(t,s) est une variation en géodésiques, donc sa dérivée
A c(t,s)| s = 0 = dft(v).J(0) = J
ds
est un champ de Jacobi, or ce champ est exactement le prolongement de J intro-
duit en 8.7, donc nous pouvons lui appliquer les résultats de 8.8 et 8.9 : en
employant les mêmes notations, — | J | 2 = -2II t (J(t),J(t)), d'où
dt
\ ~- ( I I J T - «JP) < s ( i i t ' ) | j ' ( t ) | 2 - i ( i i t ) | J ( t ) P < i(ii t XI|JtT- |J(t)| 2 )

car, d'après 8.9, s(IIt) ^1(11^ tant que

s(II t )+i(II t ')|dt < +oo

Nous posons encore a(t) = j - i(IIs')ds alors

A e a ( t ) ( | J ' ( t ) | 2 - | J ( t ) | 2 ) *s 0 ,
dt
donc, | J ' ( t ) | > | J ( t ) | pour t ^ O tant que a(t) est fini, en particulier, tant que
n(t) ne passe par aucun point focal de H (i.e., point où H t n'est plus une sous-
variété plongée). Il reste à voir que notre construction J(0) — J(t) = ft*J(0) four-
nit tous les champs de Jacobi tels que
<J(0),N> = < — (0),N> = 0,

autrement dit, que pour tous J0, K£T g (o)V avec < J 0 , N > = < K , N > = 0, il
existe une hypersurface H telle que, si J(t) = ft J0, alors — | t = o = K. Choisis-
* dt
sons une courbe s—c(s) tangente à J0 à l'origine, dont l'accélération initiale soit
DjJ = — < K , J 0 > N ; choisissons une base orthogonale E 1 = N, E 2 = J0>
E3 E n de Tg(o)V, et transportons-la parallèlement le long de c ; nous don-
nons H comme une nappe paramétrée
(s,t 3 ,...,tn)-exp c ( S )(t 3 (E3-skjEi) + ... + t „ ( E n - s k ^ ) ) , où
K = £ kjEi(0)
i=l
Alors N se prolonge en un champ normal unitaire pour H ; par construction, les
Ei-skiEi, 3 < i < n , sont tangents à H, d'où <N,Ei> = s k j < N , E i > , et donc
< D j N , E i > | s ^ 0 = k i < N , E 1 > | s ^ 0 = k j p o u r i ^ 3 , et
< D j N , E 2 > | s = o = < D j N , J > | s = 0 = - < D j J , J > | s = < K , J 0 > = k2 ,
<DjN,EI>js =0 = A <N,N>|S = 0 = 0 = klf
ds

115
donc D j N ^ K , d'où, comme [ N , J ] = 0 pour le prolongement ft^J0,
D N J = DjN = K. •
Il résulte du corollaire 8.13 que l'application e qu'on peut construire
entre une petite boule autour de chaque point v 6 V et une boule de même rayon
dans un espace de courbure constante A à l'aide d'exponentielles, est courte si
K < A dans V; plus précisément, on a l'élégant critère suivant :

8.14. Proposition : La variété V est à courbure sectionnelle Ks;A (resp K>A)


si et seulement si, pour chaque point x £ V et x>§ assez petit, il existe un
homéomorphisme court d'une boule de rayon r de l'espace de courbure cons-
tante A sur la boule de centre x et de rayon r dans V. Cette application est
alors unique, elle est donnée par les applications exponentielles.

Montrons d'abord l'unicité. Soit un homéomorphisme f court de la boule


B ' de rayon r en courbure constante sur la boule B de centre x et de rayon r ;
comme f(3B') = dB , l'image du centre x ' de B ' est un point de B qui se
trouve à distance au plus r de tout point du bord. Il n'y a qu'un seul point tel :
le centre x de B, donc f(x')=x . L'image du point g(t) sur la geodésique
d'origine x ' , situé à distance t de x' se trouve à une distance de x au plus
égale à t , et à une distance de f(g(r)) au plus égale à r — t , or, si r est assez
petit, un seul point de B a ces propriétés, ce point est sur la geodésique joignant
x à f(g(r)) ; il s'ensuit que f envoie geodésique de vitesse 1 issue de x' sur
geodésique de vitesse 1 issue de x . En composant f avec l'exponentielle de
l'espace standard en x ' et l'inverse de l'exponentielle de V en x , nous obte-
nons une application i : T'—T entre les espaces tangents, qui envoie rayon
sur rayon ; une telle application est entièrement déterminée par sa restriction à
une sphère S(t) de rayon t . Toutes les applications i/s'(t) ont même dilata-
tion ; or
dil exp xV s'(t) - Q l et dil e x p ^ - ^ 1

donc dili/s'(t) doit être presque inférieur à 1 quand t tend vers 0 ; ceci prouve
que i/s' est courte pour toute sphère. Il reste à montrer que i est une isomé-
trie : supposons qu'il existe des points x et y de S' tels que
d(i(x),i(y» < d(x,y) ;

alors, si x ' est le point diamétralement opposé à x ,


d(i(x),i(x')) < d(i(x),i(y)) + d(i(y),i(x')) < diam(S') - d(i(x),i(x)') ;

mais, si z ^ x ' , d(i(z),i(x))5£d(z,x)<d(i(x),i(x)') donc le point i(x)' diamé-


tralement opposé à i(x) n'est pas atteint, ce qui contredit le fait que i est un
homéomorphisme. En conclusion, l'application f est la composée des applica-
tions exponentielles et d'une isométrie entre les espaces tangents, ce qui est
l'unicité annoncée. Comme une telle application est courte si et seulement si la
courbure à l'arrivée est supérieure à la courbure au départ, la proposition est
démontrée. D

116
8.14.bis : Nous aurons besoin d'estimations explicites pour les quantités figu-
rant dans le corollaire 8.13. et la proposition 8.14. : si jKj <A 2 dans la variété
V , alors pour toute géodésique g(s) et tout champ de Jacobi J(s) le long de g
tel que
J<0) = 0 , < H , 3S > | s = 0 = 0 , on a || J(s)| <(sh As/A) j| ^ (0)|

pour tout point v E V , l'exponentielle est un difféomorphisme local sur la


boule de rayon — de TVV, et, pour u 6 T v V de norme 1,
A
dil su expv < shAs/As dil exp su exp^r1 «= As/sinAs .

8.15. Définition : Soit V une variété riemannienne. Une fonction f : V x V—R


est convexe si, pour tout couple de géodésiques gl5 g2 : R—V , la fonction
f(êi>g2) es* convexe sur R2. La fonction f est localement convexe si sa restric-
tion à toute boule suffisamment petite l'est.

8.16. Proposition : Si V a une courburesectionnelle négative ou nulle, alors ta


fonction distance est localement convexe.
Soit B une boule telle que, si x, y € B , il existe un unique arc minimisant
c(x,y) joignant x et y dans B (condition qui est vérifiée par les petites boules,
voir [C-El, page 103), soient g ls g2 deux arcs de géodésiques dans B. Il faut
montrer que la fonction
f(s,t) = d( gl (s), g2(t)) - L(c( gl (s), gz(t))) ,
qui est définie sur un ouvert de R2, est convexe. Pour cela, il suffit de montrer
que, pour tous a, T € 8 ,

ds2 ds3t di2


or, ce nombre est la dérivée seconde de la longueur de l'arc c u = c(g1(ou),gz(Tu)).
D'après la formule de la variation seconde (voir [C-E] page 10), en notant
T = dcu(t) y = dcu .
dt du

d2L(°u) = [<DVV,T>]J- I 1|DTV|2-<R(V,T)TîV>-(T<V,T>)2dt


du2 -°
= f0' |(D T V)AT|| 2 - <R(V,T)T,V>dt > 0

dgl(qu)
car, V(0,u)= , V(l,u) = d g 2 < T u ) d'où, comme g, et g2 sontgéodé-
du du
siques, D v V = 0 en t = 0,l ; d'autre part, T < V , T > = < D T V , T > car c u
est une géodésique, d'où
||D T V| 2 - ( < D T V , T > ) 2 - |(D T V)AT|j 2 . •

117
8.Î7. ï'rop^ïHoïi : 5/ V est de plus simplement connexe et complète, alors la
fonction distance est convexe.
En effet, étant donné v E V et deux géodésiques gi et g2 issues de v ,
supposons que gi(s)=g 2 (t) , pour un s et un t assez petits ; alors la fonction
u-"d(g1(su),g2(tu)) est convexe : [0,1] — R + , et vaut 0 en 0 et en 1, donc est
nulle identiquement. En fait, on a plus : l'application exponentielle, TpV—V ,
est localement injective ; en effet, supposons que exp p a = exp p b . Si a et b
sont assez proches, alors, pour tout t £ [ 0 , l ] , exp p ta et exp p tb se trouvent
dans une même boule où d est convexe, et la fonction t —d(exp p ta,exp p tb)
est convexe, donc constante égale à 0. Si on munit T p V de la distance
d'(a,b) = sup fd(exppta, exp p tb) / 0 < t < l } ,
l'espace métrique obtenu est complet, et l'application exponentielle est une iso-
métrie locale, donc un revêtement ([C-E] page 35). Comme V est simplement
connexe, nous concluons que exp est un homéomorphisme, i.e., par deux
points passe une géodésique unique. Le raisonnement de la proposition précé-
dente peut donc s'appliquer globalement. D

8.18. Remarque : Cette propriété de convexité, qui passe à la limite Hausdorff,


peut être prise comme définition des espaces métriques à "courbure négative" ;
voir d'autres définitions, intermédiaires dans leur généralité, dans [Bu], ch. 5.

8.19. Lemme : Soit (V,g) une variété riemannienne dont la courbure section-
nelle vérifie K<A 2 ; alors l'exponentielle en vGV est un difféomorphlsme
local défini sur la boule de rayon — dans TVV . Munissons la boule ouverte
A
B de rayon — dans TVV de la métrique induite g"=exp*g ; alors par deux
2A
points de (B,g) passe une et une seule géodésique ; en particulier, toutes les
géodésiques de B sont minimisantes, et, pour chaque point v ' de B , l'expo-
nentielle en v ' est injective sur son domaine de définition ; on peut donc dire
que la variété riemannienne (non complète) (B,g) a un "rayon d'injectivité"
égal à x/A .
La première assertion résulte du corollaire 8.13 ; en particulier, la métrique
g est bien définie sur la boule B . Notons r la fonction distance à l'origine 0
dans (B,g) . Par construction, elle coïncide avec la norme euclidienne de TVV ,
donc elle est lisse et sans points critiques sur B \ (0) .

a) Montrons qu'aucune sphère dB(0,a) ne contient de segment géodésique


non trivial.
Nous utilisons le théorème de comparaison 8.9 : comme K <A 2 , la sphère
dB(0,a) est plus convexe qu'une sphère de même rayon dans (l/A)(S n ,can) ,
l'espace de courbure constante A2 ; comme a < — , la deuxième forme fonda-

mentale de 3B(0,a) est définie positive. Si t—Y(t) est une géodésique conte-

118
nue dans OB(0,a) , son vecteur tangent y'(t) peut se prolonger en un champ
de vecteurs X tangent à la sphère ; on a alors, pour chaque t , DxX = 0 en
7(t) , d'où II(t)(X,X) = 0 , ce qui entraîne que X(y(t))=y'(t) = 0 .

b) Deux points de (B,g) sont toujours reliés par au moins une géodésique
minimisante.
Nous utilisons les théorèmes de comparaison 8.9 et 8.8. : par construction
de g , la projection orthogonale sur dB(0,a) est bien définie et lisse sur
B \ B(0,a), et elle est donnée par le flot des normales à ôB(0,a) ; comme toutes
les deuxièmes formes fondamentales des surfaces parallèles (les sphères) sont
définies positives, cette projection p est courte, strictement courte sur
B\B(0,a).
Soient x, yGB et a-sup(r(x),r(y)) ; il existe une suite de courbes c^
reliant x à y dans B telles que lim long(c n )^d(x,y) ; remplaçons, sur
n— + co
chaque intervalle ]s,t[ où r(c n (u))>a et r(cn(s)) = r(cn(t)) = a , l'arc c n par
pocn ; nous obtenons des arcs rectifiables c„ de x à y contenus dans B(0,a)
tels que long(c„)<long(c n ) — d(x,y) ; une valeur d'adhérence des c^ est
n— + oo
une courbe minimisante reliant x à y et contenue dans B(0,a) . Comme
(B,g) est une variété riemannienne, cette courbe est nécessairement une géodé-
sique lisse.
c) Pour toute géodésique y(t), la fonction ti—*-r(y(t)) n'a pas de maxi-
mum local.
Supposons que r(y(t)) atteigne un maximum local en t0 . Nous savons
que y est minimisante au moins sur un intervalle ] t 0 - S , t 0 + £[ . D'autre part,
Y(]t 0 -£»t 0 + £[) n'est pas contenu dans la sphère dB(0,r(y(t0))) , donc il existe
des t t , t2 tels que a = r(ti) = r(tz) soit inférieur à r(t0) , et
t0-£<t1<t0<t2<t0 + £ .
L'arc poy(t) , t€[t 1 ,t 2 ] , est strictement plus court que yflt^tj) , ce qui con-
tredit la propriété de minimum ; nous concluons que, si x, y sont dans une
boule B(0,a) , alors toute géodésique reliant x à y est contenue dans cette
boule.

d) En déplaçant deux points de B , on peut transporter toute géodésique


de longueur inférieure à — qui les relie ; plus précisément, étant données deux
A
courbes x(s) et y(s) et une géodésique y(0) de longueur inférieure à x/A
reliant x(0) à y(0) , il existe une géodésique y (s) reliant x(s) à y(s) , et
dépendant continûment de s , ceci tant que long(y(s)) reste inférieure à ir/A .
Si x 0 6 B , si u 0 6T Xo B et si la géodésique t>—> expXotu0 est définie pour
t G [0,1] , il en est de même pour (x,u) dans un voisinage de (x0,u0) , parce que
B est une variété riemannienne ouverte et que les géodésiques sont définies par
une équation différentielle ordinaire. Si, de plus, | u 0 | < — , l'application
A

119
u i—> expXou est de rang maximum en u 0 , donc on peut, grâce au théorème des
fonctions implicites, résoudre localement l'équation expxu = y en u — u(x,y) .
En particulier, si x(s) , y(s) , 7(0)(t) = expX(0)tu(0) sont donnés, la géodésique
y(s) = :t i—*- expx(s)tu(s) , est une fonction continue bien définie de s pour s
assez petit, i.e., s£[0,£[ .
D'après c), si a > sup {r(x(s)),r(y(s))j , alors toutes les géodésiques 7(s)
sont contenues dans B(0,a) ; il s'ensuit qu'il existe une valeur d'adhérence
y(£) lorsque s tend vers £ , i.e., une sous-suite sn-~S telle que 7(sn) con-
verge uniformément vers 7(8) . Cette limite est aussi une géodésique (la pro-
priété de minimum sur de petits intervalles passe à la limite) ; on peut supposer
que u(sn) converge aussi vers une limite u(£) ; alors nécessairement
7(8)(t) = exp x(E) tu(£) .

Supposons que lim sup|u(s)|| < — ; alors | [ u ( £ ) | < ™ , et on peut


s-s A A
résoudre l'équation expxu = y en u = u(x,y) au voisinage de (x(£),y(8),u(£)) ;
ceci prouve que u(£) , obtenu comme valeur d'adhérence, est en fait égal à
lim u(s) , et qu'on peut définir 7(s) au-delà de £ .

e) Soit x, y, e B , reliés par deux géodésiques distinctes yx et y2 .Nousallons


rapprocher x et y de 0 , en transportant yx et y2 • H s'agit seulement de
voir qu'on peut le faire sans augmenter la longueur de y1 et y 2 .

Nous utilisons la formule de la variation première (voir [C-E], p . 10) : si


7(s)(t) est une famille de géodésiques, alors
long 7(s)4- long 7 (s)= < p- (s,l), ^ < s , l ) > - < ^ (s,0), ^ (s,0)> .
ds ds dt

Le premier pas consiste à amener x et


y à une même distance de 0 . Si
r
(y)> r ( x ) > les fonctions t —r;(t) sont
croissantes au voisinage de 1, car elles
n'admettent pas de maximum local. En
particulier, la dérivée — ryj(t) 11 = 1 > 0 .
dt
Si U est le gradient de la fonction r en
y , on a donc <^{1),U>>0.
dt
Posons y(s) = e x p y - s U , notons 7;(s) la géodésique transportée; alors
l o n g e s ) A l o n g e s ) = < _^L( S ) 1),-U(y(s)) > < 0 tant que r(y(s))>r(x).
Nous concluons que le transport est possible jusqu'au moment où ry(s) = r(x) ,
et que la longueur des. 7; diminue au cours du transport.

120
Le deuxième pas consiste à observer que, si r(y) = r(x) , on a toujours
— i"Ti(t)lt=i^° » — r7i(t)j t ^o^° > car les géodésiques yj ne peuvent pas
dt dt
être contenues dans dB(0,r(x)) .
Nous posons x(s) = exp x - sU(x) , y(s) = exp y -sU(y) , nous transportons
les géodésiques yj(s) , et leur longueur décroît ; le transport est donc possible
jusqu'à ce que x(s)=y(s) = 0 . Par la propriété de difféomorphisme local, les
géodésiques y^s) , y2(s) restent distinctes, donc, au terme du transport, nous
obtenons au moins un lacet géodésique non trivial en 0 ; contradiction, nous
concluons que par deux points de B passe au plus une géodésique de longueur
inférieure à -TT/A .
f) Fin de la démonstration:
Si y est une géodésique d'origine x et de longueur > TT/A , elle se trouve
à une distance de x toujours inférieure à un d < — ; si d <t < — , il existe
A A
une géodésique minimisante y' de x à y(t) = y ; comme la longueur de 7
entre x et y est t , y et y' sont nécessairement distinctes, et le fait que
chacune ait une longueur inférieure à 7r/A contredit e). Nous concluons
qu'une géodésique de B a toujours une longueur inférieure à 7r/A . •

8.20. Corollaire : Si on note l(v) = — min {—, plus petite longueur d'un lacet
2 A
géodésique basé en v|, alors la fonction t est 1-lipschitzienne.
En effet, l'exponentielle en v est une isométrie de la boule de rayon f(v) de
TVV munie de la métrique expv*g sur la boule de même rayon dans V ; d'après
le lemme 8.19., l'application exponentielle en v' G B ' est un difféomorphisme:
expv'!(B') - B'
or exp~.*(B') contient au moins la boule de rayon f(v)-d(v,v') , donc, par
composition, exp v - est un difféomorphisme de la boule de rayon ë(y) - d(v,v ')
de T V 'V sur la boule de même rayon dans V , donc f(v')s^(y)-d(v,v'). •

8.21. Remarque : Lorsque £(v)<—, fty) est égal au rayon d'injectivité en v ,


A
i.e., le plus grand réel r tel que expv soit un difféomorphisme de B TV (0,r)
sur B v (v,r) ; le corollaire indique que, si ce rayon n'est pas très petit en v , il
n'est pas très petit non plus au voisinage. En fait, on peut contrôler ce rayon :

8.22. Proposition : Il existe une fonction universelle ^n,A(e»d) telle que, si V


est une variété riemannienne à courbure sectionnelle pincée jK| <A 2 , et si
v, v ' 6 V , f ( v > ^ n i A ( H d ( v , v ' ) ) .

Montrons-le d'abord dans le cas où d(v,v') < — . Nous munissons la


2A

121
boule B ' de rayon — dans le tangent de la métrique g = exp*g . L'application
A
f : B'—V , x —expv(x) est alors une isométrie locale, et le point v de V a
plusieurs images réciproques xk dans la boule B de rayon — ; nous numérotons

certains de ces points de la façon sui-


vante : x0 = 0 ; soit 8 la longueur du
plus petit lacet géodésique d'origine
v , supposée inférieure à — (de
2A
façon que 8 = £(v)) on relève ce lacet 2
dans B ' ; il existe un seul relèvement
d'origine 0, et nous appelons x t
l'extrémité de ce relèvement ; il existe
un seul relèvement de £ d'origine Xj ,
et nous appelons x2 son extrémité.
On peut associer aux divers relève-
ments x k de v une "transformation
de revêtement" : notons
t k = (df(x k ))~i,
et posons, pour x E B ,
<pk(x) = expXk (tk(x)) ;
ce qui a un sens car t k est une isométrie TVV C B—TX](B ; alors foy?k = f :
en effet, t — fo^k(tx) est une géodésique issue de v , et son vecteur tangent à
l'origine est df(x k ). -=- expXk (t t k (x))j t=; o = x > donc son extrémité est néces-
sairement f(x). Il s'ensuit en particulier que (pk est une isométrie locale et con-
serve les volumes. Par définition du eut locus de V relatif à v, il existe un voisi-
nage ouvert U de 0 6 TVV tel que f = expv soit un difféomorphisme de U sur
un ouvert de V, dont le complémentaire, le eut locus, est de mesure nulle. En
particulier,
vol(UnB) p - volB v (v, - ^ ) .
ë
2A
Montrons que B ' contient toutes les images de U H B par les <pk ; si x € U fl B et
x k E B , alors
d'où d(0,*>k(x))B< < l|xk|| 4- llx II ^ — , donc ^ ( x ) ë B ' . D'autre part, les
A
d'où d(0,^ k (x)) B , HXk| + Jjx|| < — , donc <pk(x)EB'. D'autre part, les
A
<pk(U) sont disjoints : en effet, si x, x ' GU et (pk(x) = <^y(x'), alors
f(x) = f°^ k (x) = fo^ k ,(x') = f(x') , d'où x = x ' ,
par définition de U ; de plus, les géodésiques t — <pk (tx) et t — <pk> (tx) sont
deux relèvements d'origine <pk(x) de la géodésique t — f(tx) de V ; comme f est
un difféomorphisme local, il s'ensuit que ces chemins coïncident, donc que

122
x k = x k .. Par conséquent, le volume de B ' est au moins égal au volume de U
multiplié par le nombre de points x k dans B ; comme l'arc géodésique joignant
x
k à x k+i e s t u n relèvement du lacet géodésique l de longueur f(v), on a
d(0,xk) < |k[ £(v),
donc au moins ~ £(v) points x k ; d'où l'inégalité :
A
r/A (shAt) n - l
£(V)V0,(B I)< A V)
volBV^2i)< V '' ^ A
J'
Si v ' € V et d(v,v') + i(v') <; X , alors B v (v,^/2A) D B v ( v ' , *(v')) ; or
TL(v') . A n_!
cette dernière boule a un volume au moins égala sumi dt, d'après

le théorème de Giinther (voir 8.14 bis). Nous en déduisons l'inégalité


M(v)>cn(A?(y'))n, où c n = ( A ) 1 1 " 2 e -(n-i)7r/2 _
7T
Si maintenant v ' est un point quelconque de V, il existe une chaîne
v = v 0 , V j , . . . ^ = v' telle que d(V|,v i+î ) = — avec

k ^ — d(v,v') + l ; si nous posons r(x) = inf{£(x), IT/4AÎ , alors pour chaque


i , Ar(vi + 1 ) > cn(Ar(Vi))n( d'où Ar(vi + 1 ) > cln+a+ +n
' (Ar(v)) ni+ et enfin
r(v0 >(7T/2A) exp-(n< 4A/,r)d(v ' v ') +1 _ 1 ) ( T / 2 + l o g x /2)(Ar(v))
n(4A/V)d(v v
' 1+
\D
Après avoir estimé la variation du rayon d'injectivité en fonction de la
courbure sectionnelle, nous majorons la variation de la fonction distance :
8.23. Lemme : Pour chaque point x de V, la fonction distance f'(y) == d(x,y) est
lisse dans Bv(x,^(x)), et, pour chaque point y de cette boule, on a
[Hessyf I < i/-(A,d(x,y)), ou tf(d,A) = (A sh2Ad / 2sin2Ad).
Rappelons que le hessien est le 2-tenseur symétrique défini par Hess
f(X,Y) = X.(Y.f) - (D x Y).f (où l'on a prolongé deux vecteurs tangentsXet Y
en champs de vecteurs). Par symétrie, il suffit de majorer Hessyf (X,X), et nous
choisissons un champ de vecteurs X qui prolonge le vecteur X(y) comme suit :
comme d = d(x,y) < l (x), il existe une seule géodésique minimisante t~~c(t,s)
reliant x à expysX(y) (pour s assez petit), et nous prenons pour X un prolonge-
ment de la dérivée -— ' '-^ de la variation géodésique c ; alors i) D X X = 0 en
ds
y ii) le long de t-~c(t,0), X est un champ de Jacobi ; en particulier, si nous notons
T = -1 c (t,0), le champ X vérifie l'équation D T D T X = R(X,T)T (voir
[C-E], page 15). Nous utilisons la formule de la variation seconde ([C-E],
page 20). ^
X.X.f=-^LXc)=[<D x X,T>$+ {|D r Xp-«D T X,T>) z -<RpC,T)T,X>îdt
2
ds Jo

123
d'où (*) X.X.f - | [|D T XAT| 2 - K(P)||XAT| 2 jdt
où P est le plan X,T.
Remarquons que, de < D T D T X , T > = <R(X,T)T,T> - 0 , il vient
< D T X , T > = a = este et < X , T > = at + <X(0), T(0)> = at ;
nous posons X° = X - atT, de façon que < X ° , T > = < D T X ° , T > *= 0, et
l'équation (*) est vraie avec des exposants ° : l'intérêt de l'opération est qu'à X°
nous pouvons appliquer la majoration 8.13 : ||X°| < B shAt/A où
B = I D T X°(0) I. Or l'équation de Jacobi permet de majorer D T X° : en effet,
- ^ |D Tl X°|j
dt
= <D T D T X° , D T XV||D T X°|| >
- < R ( X 0 , T ) , D T X 0 / | [ D T X ° | > < A 2 | X ° A T | ||(D T XV|jD T X° |)AT|
= A 2 ||X°|j<BAshAt
d'où |D T X°|j < |D T X°(0)| + B(chAt - 1) = BchAt.
Nous obtenons enfin l'inégalité

|X.X.f | < [(B chAt)2 + A2(B shAt/A)2} dt = B2 sh2Ad/2A.

Il ne reste plus qu'à relier B = | D T X°(0) fl à j X(d) || , or on a


X°(d) = d expx(dT(0)).DTX°(0)d
d'où |D T X°(0)|| < 4~ l x ° ( d ) l d i I y e x p x _ 1 < (A/sinAd) ||X{y)|| , et enfin
d
jHessyf (X,X)| < (A sh2Ad / 2sin2Ad) |X|| 2 . D

8.24. Corollaire : SoitVune variété à courbure sectionnelle pincée (K| < A2. Il
existe un £ > 0 ne dépendant que de A et du rayon d'injectivité de V, tel que, si
N est un Z-réseau de V, et si v , v ' 6 V avec, pour toutxGN,d(x,v) = d(x,v r ),
alors v = v ' .
Soit r - 1/2 inf {ê(\), ^(v')ï- Par hypothèse, B(v,r) H N = B(v',r) n N,
donc (B(v',r)-B(v,r))nN = </>, ce qui entraîne que cet ensemble ne contient
aucune boule de rayon £ ; (le nombre £ sera déterminé au cours de la démons-
tration) notons d = d(v,v ') ; le point v " situé sur la géodésique issue de v pas-
sant par v ', à la distance r + d/2 de v ' (et donc | r - d/21 de v ', car les boules
B(v,2r) et B(v ' ,2r) sont totalement convexes) est précisément dans
B(v ' ,r) - B(v,r), donc B(v ", £) t B(v ' ,r) - B(v,r) et enfin d/2 < £ . Choisissons
un point x de N dans B(v",8), et montrons que le vecteur U tangent en v ' a la
géodésique minimisante joignant x à v ' fait un angle petit avec le vecteur T tan-
gent au segment [v,v'j. En effet, si d' = d(v',x),

T V j

124
( r - i d ) T - d r U = cKexp-Uv^.exp-Ux)) < (dil exp-^dCv^x) «s A d ' £
2 v v v sinAd'
par le lemme 8.14 bis, d'où

(r- i-d)<T,U>

= <(r- — d)T-d'U,U> + <d'U,U> > ~ d ' s A +d' ,


2 sinAd'

or, d' ^ r - — d - S , soit

<T,U> > ( 1 - e / r - i-d)(l-AS/sinA(r- \ d - £ ) ) est proche de 1 .

D'autre part, la fonction distance à x a un point critique sur le segment ]v,v ' [,
d'après le théorème de Rolle : en ce point critique v0, la géodésique minimisante
vers x est orthogonale au segment, c'est-à-dire : < T , U > = 0 , car U est le gra-
dient de cette fonction f ; remarquons que

Hessf(T,T) = T.T.f-(D T T).f = T. < T , U > - < D T T , U > = < T , D T U > ,


d'où
V
<T,U>V' = T . < T , U > d t ^ V(d(w,v),A)d(v0,v') < 2tf(r,A)S ,
qui est petit quand S est petit, donc les deux inégalités trouvées pour < T , U >
ne sont compatibles que pour £ supérieur à un S(r,A), de l'ordre de 2r/i^(r,A).

Comme 8(r,A)<r , l'emploi deslemmes 8.14 et 8.23 dans cette démonstra-


tion était licite. D

C. L I M I T E S D E V A R I É T É S P I N C E E S

8.25. Théorème : Sur l'ensemble des variétés riemanniennes à courbure pincée


jK| <A Z , de diamètre borné par D, de rayon d'injectivité minoré par S, les
structures uniformes de la convergence au sens de Hausdorff ou au sens de
Lipschitz coïncident. En particulier, pour de telles variétés, si une suite Vj con-
verge vers V, alors Vj est homéomorphe à V, pour i assez grand.

Soit V une telle variété. Nous allons construire un plongement (non-


isométrique) de V dans un espace vectoriel de grande dimension. Remarquons
que, si v € V , et si N est un réseau suffisamment dense dans V, il existe n
points x ^ . . . ^ de N tels que l'application x—(d(x,x 1 ),...,d(x,x n ))soit undifféo-

125
morphisme au voisinage de v ; en
effet, pour x G V, notons dx la fonction
distance à x ; d'après le lemme 8.19, si
r > 0 est inférieur à f(x) et à £(v), et si
d(x,v)<r, les exponentielles en v et
en x sont des difféomorphismes sur
B(v,r), donc les fonctions dv et dx sont
lisses sur cette boule. 11 est connu que,
si x = expvd(x,v)u, alors le gradient de
dv en x est — exp v tu| t = d(x,v) ; in-
versement, le gradient de dx en v est
- u . Si Xj,...x n GB(v,r), l'application exp re^
(d Xi ,...,d Xn ) est donc de rang maximum
en v si et s e u l e m e n t si
Xi = expvd(x,Xi)u; où les Ui sont linéaire-
ment indépendants. On peut, par
exemple, fixer une base orthonormée ei
de TVV et astreindre les uj à vérifier
(2
<e\,Ui> > — . Nous les astreindrons à vérifier <ei,Ui> a , pour un
2 z
n
a > 0 , car alors l'application linéaire l : TVV—R , h — ( < U i , h > , . . . , < u n , h > )
vérifie dil \~x<a. . Désormais, nous supposerons que r est inférieur au rayon
d'injectivité de V et nous noterons N un réseau de V de pas inférieur à
Ar2(l - ( V 2 / 2 - o:)2)1/2/sinAr (de façon que, pour v G V et Ci donnés, il existe un
Xi = exp v tiUi£N tel que d(Xi,exp v rei)^Ar 2 (l-(V2/2-a) 2 ) 1 / 2 /sînAr , d'où
Slrei-tjUiP^r^l-K^-a)2) et <q,Ui> > ^ ~a et a u s r
( >A)
donné par le corollaire 8.24). Nous choisissons une fonction de classe C°°
h : R+—R+ , strictement décroissante sur [0,r[ et nulle sur [r,+ oo[,
et nous posons, pour xGV, f(x) = (h(d(x 1 ,x),...,h(d(x N ,x))) où les Xi sont les
points de N.
Les valeurs de f au voisinage de x E V ne font intervenir que les distances
de x aux points de NHB(x,r), fonctions qui sont lisses, donc f est lisse.
f est une immersion, car, pour tout point x , les distances à n points bien
choisis de N forment déjà une application de rang n .
f est injective, en vertu du corollaire 8.24. Comme V est compacte, ceci
suffit à conclure que f est un plongement.
Nous cherchons à étendre ce plongement en un voisinage tubulaire ; il
s'agit de voir si, pour un choix d'un repère mobile x-*(a 1 (x),...,aN„ n (x)) du
sous-espace normal à f(V), l'application
N-n
F : f(V)xB(0,ô) - R N , S
(x,t I ,...,t N _ n ) - x + ,E t^x)
i=l
N N
est un difféomorphisme sur un ouvert de R . Si m Ë R est un point critique de

126
F, alors m = c(0) + n(0) où c(s) est une courbe dans f(V) et
N-n
n(s) = L ti(s)ai(c(s))
1=1
est un vecteur normal à f(V) en c(s), et c'(0)+n'(0) = 0 ; de la condition
< n ( s ) , c ' ( s ) > = 0 , nous tirons <n(0),c"(0)> + <n'(0),c'(0)> = 0, d'où
<n(0),c"(0),> - -c'(G) 2 ; écrivons c(s) = f(g(s)), et oublions, le temps d'un
calcul, la fonction h : d'après le lemme 8.23, nous savons majorer chaque com-
posante

Ci"(0) = J î d(x if g(s))| sas0 > |ci"(0)| < ^(Ci(0),A)g'(0)2 < ^(r,A)g'(0) 2 ,

d'où <n(0),c"(0)> < ^(r,A)||n(0)jg'(0) 2 et enfin


d(m,f(V» - In(0)I > ^(r ( A)-'c'(0) 2 /g'(0) 2 > ^ A r ^ i l ^ f - 1 ) - 1 ;
par le choix du pas du réseau N, nous savons qu'il existe n indices tels que la
différentielle 2 de la projection f sur les composantes correspondantes vérifie
dil r 1 < a , donc dilc(o)f_1<ct et enfin d(m,f(V))^(ai/'(r,A))" 1 ; si nous nous res-
treignons à la boule de rayon 5 = (ai/'(r,A))_1 dans R N _ n , alors F est un difféo-
morphisme local. Ceci est suffisant pour notre propos : nous voulons projeter
f(V) le long des normales sur une autre variété, qui coupera éventuellement une
normale en deux points, mais nous saurons choisir le bon. Malheureusement, ce
5 devient très petit par rapport au diamètre de f(V) quand N est grand : nous
contournons cet inconvénient comme suit : un 8-réseau dans V a un nombre N de
points de l'ordre de 8 n ; étant donné x € V ,
nous pouvons rassembler les points de
N fl B(x,r) en paquets de n points en position
"orthonormée" par rapport à x ; chaque
paquet donne alors une contribution de a
dans dil f-1 , et nous pouvons donner la majo-
ration dil c (o)f'" 1 <cste(n/N) ( soit
<5 = cste(r,A)N.
Soit V ' une autre variété riemannienne de
courbure pincée, diamètre inférieur à D et
rayon d'injectivité r . Si la distance de Haus-
dorff distn(V,V ') = a est petite, nous pouvons
choisir des réseaux N et N ' dans V et V de
pas assez petit pour que la construction ci-
dessus soit possible, et tels que
l-a< ^ P < 1
d(xi,xj)
Alors N
d(f(x k ),f (xQ) < ( . E i a2d(Xj,xk)2)I/2 < aND ,

et comme, dil f, dil f ' < N , le nombre de points, on a en général


d(x,x k )<a => d(f(x),f'( X] ;))<aN(D + l) ,
d'où d(f(x),f'(V'))<aN(D+l) , donc, si a est assez petit, f(V)CU ô (f (V))-

127
Le voisinage tabulaire définit une projection orthogonale lisse sur f'(V '), d'où
une application lisse g : V-—V ; g est injective et de rang maximum car
f ( V ) cU5(f(V)) (voir figure) ; dire que g C v ^ g ^ ) , c'est dire qu'en les points
f(Vi) et f(v2) des normales à f(V) se coupent au point f'g(vj) ce qui contre-
dit le fait que le voisinage tubulaire F est un difféomorphisme local et qu'on a
bien choisi la projection de f'gtv^ sur f(V) ; dire que g n'est pas de rang maxi-
mum en v , c'est dire que f'g(v) est un point focal de f(V), ce qui n'est pas pos-
sible non plus. Par compacité, nous concluons que g est un difféomorphisme.

Nous avons besoin d'un résultat plus pré-


cis, à savoir que dilvg est proche de 1. Soit c^s)
une courbe dans f(V), c2(s) sa projection sur
f ( V ) ; alors d(c 1 (s),c 2 (s))<csteaN, c{(s), c2'(s)
sont bornés, donc on peut en déduire une
majoration || Ci(s) — c^s) || <csteaN ; les diffé-
rentielles de f et f sont données par la dis-
tribution des points du réseau : pour v E V ,
df(v).h = (<exp"i(xi),h>) xieN nB(v,r)
et dilvf est de l'ordre de N ; comme df (g(v))
est donné par la même formule à a près, nous concluons que dilvg et dilg(v)g_1
sont proches de 1, ce qui prouve que distj_(V,V') tend vers 0 quand a tend
vers 0. D

8.26. Remarque : La démonstration du théorème 8.25, avec quelques modifica-


tions de détail, est toujours valable pour des boules de variétés complètes : plus
précisément, si V et V sont complètes à courbure pincée, si
dist H (B v (v,D),B v '(V,D))<a
et si le rayon d'injectivité de V en chaque point de B v (v,D) est supérieur à 8 (et
idem pour V ) , alors
distL(Bv(v,D-a),Bv/(v',D-a))<X(a) ,
avec X(a) -~ 0.
a—0

8.27. Introduisons une classe de variétés riemanniennes qui contient les variétés
à courbure pincée : appelons VA la classe des variétés riemanniennes de dimen-
sion n , de classe C1»1 (c'est-à-dire, sur laquelle existe une notion d'applications

128
différentiables de différentielle lipschitzienne), où le tenseur métrique est con-
tinu, mais la fonction distance est de classe C 1 - 1 , sa dérivée étant lipschitzienne
de rapport A .
D'après le lemme 8.23, les variétés de classe C 00 , de courbure sectionnelle
pincée jK| <A 2 sont dans la classe V^(A) ; on voit aisément, en régularisant le
tenseur de métrique, que toute variété de VA est limite pour la distance de Lips-
chitz de variétés déclasse C°° ; la notion de variété C1-1 fournit le cadre adéquat
pour des théorèmes de compacité :

8.28. Théorème : L'espace des variétés riemanniennespointées (V,v) où V € VA


et le rayon d'injeclivité de V en v est supérieur ou égal à £ est compact pour
la distance de Hausdorff ou la distance de Lipschitz (comparer à [Cy], [Ca]
page 134, [Ch]). Autrement dit, si la courbure est bornée et le rayon d'injecli-
vité au point base ne tend pas vers 0, une limite Hausdorff de variétés de dimen-
sion n est encore une variété de dimension n .
Soit (VJ,VJ) une suite de variétés satisfaisant aux hypothèses du théorème.
Par densité, nous pouvons supposer les V[ de classe C°°, à courbure pincée.
D'après le théorème 5.3, une sous-suite converge vers un espace métrique (X,x)
pour la distance de Hausdorff (comprendre, avec nos conventions, que chaque
boule Bvi(Vi,D) converge vers B x (x,D)). D'après le théorème 8.25, la suite
(Vj,Vj) est aussi de Cauchy pour la distance de Lipschitz, donc elle converge
(Lipschitz) vers un espace métrique de X ' qui ne peut être que X, donc
distL(BVi(Vi,D),BX(x,D)) tend vers 0 ,
ce que nous interprétons : pour d < £ , Bvi(vi,D) est la boule B = B(0,D)C Rn ,
munie d'une métrique riemannienne g' et d'une fonction distance d\ B x (x,D)
est isométrique à B munie d'une distance d , et d s /d converge uniformément
vers 1 sur B x B .
En particulier, chaque fonction d^ : y—di(x,y) converge uniformément sur
B ; ces fonctions sont lisses, nous pouvons considérer leurs dérivées secondes
comme des fonctions uniformément bornées de B dans S2 (Rn*) grâce au lemme
8.23, donc leurs différentielles sont équicontinues de B dans Rn* ; si nous pre-
nons la précaution de choisir les coordonnées normales comme isométries
B-*BYi(vj,D), les différentielles coïncident au centre de B ; le théorème d'Ascoli
permet d'extraire une sous-suite uniformément convergente, ce qui prouve que
la fonction dx est de classe C1-1 sur B. Des n-uplets bien choisis (d x ,...,d Xn ) cons-
tituent des cartes pour une structure de variété de classe C1*1 sur X, compatible
avec la métrique de X. La même méthode permet de construire une forme qua-
dratique g(x) en chaque point x de B : remarquons que, si vGR n ,
gi( x ).v= ||d dj,(x).v|z
donc la différentielle d g'(x).v est bornée par une quantité ne dépendant que de
la courbure, ceci pour chaque v GR n , donc la différentielle d gî(x) : B — S2(Rn*)
est uniformément bornée ; le théorème d'Ascoli permet de nouveau d'extraire
une suite uniformément convergente, la limite g est un tenseur de classe C 0 , et,
comme les d^ convergent C1-1, nous avons g(x).v= j|d d x (x).v| 2 , ce qui prouve
que (B,d), et donc X, est une variété riemannienne. D

129
8.29. Remarque : Ce théorème prouve qu'il n'y a qu'un nombre fini de struc-
tures de variétés possibles pour les variétés riemannienne à courbure | K | < A2 ,
rayon d'injectivité >&, diamètre < D ; de même, il n'y a qu'une infinité dénom-
brable de topologies possibles pour la boule de rayon D d'une variété rieman-
nienne ; cependant, d'après Thurston (voir [Th], chap. 5 & 6) il y a une infinité
non dénombrable de variétés hyperboliques de dimension 3 de volume fini non
homéomorphes : toutes les complications proviennent des bouts où le rayon
d'injectivité tend vers 0.

8.30. En revanche, pour des variétés dont le rayon d'injectivité tend vers 0, la
dimension de l'espace limite est strictement plus petite :

Théorème : Soit (Vj,v;) une suite de variétés riemanniennes pointées. On sup-


pose les Vj complètes, que leur courbure sectionnelle est pincée | K | < A 2 , et
que le rayon d'injectivité de V; au point v^ tend vers 0 quand i — + oo .
Alors, si (Vj,Vi) converge vers (X,x) au sens de Hausdorff, chaque point de
X a un voisinage isométrique à un quotient G \ B , où B est une boule rie-
mannienne et G un pseudogroupe d'isométries de B , de dimension au moins
égale à un.

8.31, Exemple : Soit D une droite de l'espace euclidien de dimension trois, et


soit G(t,a) le groupe engendré par le vissage d'angle a, d'axe D, et de pas t .

Si t * 0, le quotient V(t,a) = G(t,a) \ R3


est une variété plate, qu'on pointe en
0 € D . Alors le rayon d'injectivité de
2nt
V(t,a) en 0 est —t .
2
Quand t tend vers 0, un domaine
fondamental pour G(t, — est une
V n
part de gâteau d'angle constant, et
d'épaisseur de plus en plus petite, donc
la suite V( t, — ) tend vers une
surface, le cône plat d'angle au sommet
— . En revanche, un domaine fonda-
n
mental pour G(t2,t) est une aiguille à
section carrée qui devient de plus en
plus fine, donc la suite V(tz,t) converge
vers une demi-droite. Dans le premier !
cas, le cône est le quotient GjXR 3 où
Gî = R x Z / n Z ; dans le second cas, la demi-droite est le quotient G 2 \ R 3 où
G^RxS1 .

130
8.32. Exemple : Soit V un espace homogène, V = T \ V de volume fini. Alors
le rayon J?(v) tend vers 0 quand v tend vers l'infini. Soit Vj une suite de points
de V tendant vers l'infini ; la suite de variétés pointées (V,V[) admet des valeurs
d'adhérence pour la distance de Hausdorff, d'après le_ théorème 5 3 . On peut
interpréter autrement cette convergence : soit v0£_V , et VjEV un point
au-dessus de Vj ; choisissons une isométrie gi de V envoyant v0 sur vj ;
alors gi induit une isométrie de la variété pointée
(Vi,v0) = gf i r g i \ (V,v~0) sur r \ (V,vj) .
La suite (Vi,v0) a donc des valeurs d'adhérence ; on peut extraire un groupe
d'isométries G limite des g f ' P g i , de façon que la suite (Vf,v0) converge vers
G \ (V,v0) ; comme le rayon d'injectivité de Vj en v0 tend vers 0, le groupe G est
continu.

8.33. Démonstration du théorème 8.30 :


1) Construction d'un pseudogroupe G, d'isométries de (B,dj)
Si y GX , il existe une sous-suite Vj et des points Vj€EVj tels que la suite
(BvJ(Vj, j - ),Vj) converge vers (B*<y, j - ),y)

pour la distance de Hausdorff. Alors le rayon d'injectivité de Vj en Vj tend vers


0, d'après le lemme 8.22. Nous identifions tous les espaces tangents Tv.Vj à
un même espace vectoriel E ; la boule B ' de rayon — dans E hérite donc d'une
A
famille de métriques dj , image réciproque de la métrique de Vj par l'expo-
nentielle. D'après le lemme 8.19, les (B',dj) n'ont pas de lacet géodésique, donc
nous pouvons appliquer le théorème 8.28 et supposer que les dj convergent
uniformément vers une distance d œ sur B ' , qui fait de B ' une variété
riemannienne. Lors de la proposition 8.22., nous avons introduit des applica-
tions ^Jk : B —B' , qui sont des sortes de transformations de revêtement
associées à l'application exponentielle
fi •• B - B V J ( V J , X ).

131
A ce titre, ce sont des isométries locales pour dj , mais, comme B et
¥^(B) = B J(xk, ~ ) sont des boules convexes pour dj, ces applications sont en
fait des isométries.

En 8.22, nous n'avions considéré que les tp}k relatifs au relèvement d'un seul
lacet, mais il existe une telle isométrie ^Jpour chaque image réciproque de Vj par
fj dansB = B(0,x/2A).
Appelons Gj l'ensemble de ces applications. C'est un pseudogroupe, c'est-
à-dire, si
<p\, 4 ^ G j et dj(0!V5i(0)) + dj(0,4(0))<7r/2A , alors *4 <- ^ G G j ;
o =
en effet, fj°v'i ^2 f j ^ 1 = f , donc <p2><Pi envoie 0 sur un point de f'Kvj) et
envoie la geodésique issue de 0 de tangente u sur la geodésique issue de ce
point xj. de tangente t^(u), donc c'est exactement v>k \ ce raisonnement prouve
aussi que Gj est fermé. Remarquons aussi que Gj est transitif sur les fibres ; en
effet, si t , t ' £ B , et fj(t) = fj(t'), la geodésique minimisante s —expVj(su) joi-
gnant Vj à fj(t) admet un relèvement d'extrémité t ' dans B ' ; l'origine de ce che-
min est un Xk £ f~j(vj) , le vecteur tangent à l'origine est t^(u) donc ce relève-
ment est la geodésique s—expxkt{;(su) , et t ' = ^ ( t ) . •

8.34. Il s'ensuit que la boule de rayon x/2A dans Vj, de centre Vj, est exacte-
ment le quotient Gj \ B , car, pour tous z , tGB, d(fj(z),fj(t)) = dj(z,Gjt) ; en
effet, une inégalité est triviale, car fj, isométrie locale, est courte ; pour l'autre :
si d(fj(z),fj(t)) = d, il existe une geodésique de longueur d joignant_fj(z) à fj(t)
dans B V (VJ,7T/2A), qui admet un relèvement d'origine z dans B ; comme
l'extrémité t ' eGjt, d(z,Gjt)^d(z,t')^d = d(fj(z),fj(t)). D

8.35. Construction du pseudogroupe d'isométries G.


Pour j assez grand , distL((B,dj),(B,dœ)) < 1, donc tous les Gj sont conte-
nus dans Z = {applications de B dans B ' de dilatation (pour dco) inférieure à 2j.
D'après Ascoli, Z, muni de la distance de la convergence uniforme, est compact.

132
Il est classique (voir [Be 4], vol. 2, p. 127) que l'ensemble des fermés de Z, est
compact pour la distance de Hausdorff (usuelle) ; nous pouvons donc supposer
que la suite (Gj) est convergente vers GC Z ; alors G est constitué d'isométries
pour doo, car tout g £ G est limite d'une suite ^>J£Gj, d'où dil g^lim dil ^i= 1
et dil g_1 = lim dil(^J) -I = 1 . Or G est un germe de groupe, car si g 1 , g 2 E G e t j
est assez grand, il existe ^ | et ^ J 2 £Gj proches de g t et g 2 ; si
d(0,g1(0)) + d(0,g 2 (0))<x/2A , les <pî vérifient presque la même égalité, donc
gig2 est proche de ^ ^ £ Gj ; l'isométrie gl0g2 est donc de plus en plus proche
de Gj, quand j — 4- co, donc g 1 °g 2 £G . D

8.36. L'espace limite B x (y,x/2A) est exactement le quotient G \ B. Par hypo-


thèse, les boules Bvi(vj_,x/2A) convergent vers Bx(x,7r/2A), il reste à montrer
que les quotients Gj \ B convergent vers G \ B pour la distance de Hausdorff ;
pour cela, fixons un S >0, et un £-réseau N de (B,dco) ; ses images dans G \ B et
Gj \ B sont aussi des £-réseaux, et si nous notons fj et f les surjections sur les
quotients, alors pour tous z , t £ B , d(fj(z),fj(t))Gj\B = d(z,Gjt) est proche de
d(z,Gt) = d(f(z),f(t))o\B c a r Gj et G sont proches pour la distance de Haus-
dorff ; si on choisit N de façon qu'il se projette injectivement dans les deux
quotients, l'application fjof-1 induit une bijection de f(N) sur fj(N) dont la dila-
tation tend vers 1 quand j tend vers + » , idem pour l'inverse, donc
distH(Gj\B,G\B)-0. D

8.37. Or G n'est pas totalement discontinu, G admet des sous-groupes à un


paramètre. En effet, le fait que le rayon d'injectivité en Vj tend vers 0 signifie
qu'il existe <piGGj telque ^>i(0)^0et d(0,^>J(0)) — 0 ; mais la fibre f"j(vj) est finie
dans B, car fj est un difféomorphisme local, donc les itérés (yi)P(O) finissent par
sortir de B ; nous savons même que dj((v-J)P(0),(^J)P + '(0)) ne dépend pas de p ,
parce que spi est une isométrie, et tend donc vers 0 quand j — + oo. Nous tradui-
sons cette propriété par : si Hj C Gj est la famille des itérés de <pj qui sont dans
Gj.etsi HP = (0P/vk*sp, 0 k £ H j j alors d H (Hj > HP)j_ + 00 - 0 ; une sous-suite
Hj converge vers une partie H de G ; alors H p , converge vers H p : en effet, si
g £ H P , alors g = hP, où h £ H , et il existe 0j£Hj tel que d(h,0j)<2 d H (H,Hj),
d'oùd(h,0j)<2p d H (H,Hj) ; inversement, si 6EHP, 6=yv où y £ H j , et il existe
g G H t e l q u e d ( 7 , g ) ^ 2 d H (Hj,H) , d'où
d(6,gP) «; 2pd H (H,H:)soitd H (HP,HP)<2pd H (H,H;) 0, et nous concluons
n J *i J ri Jj_._f_oo
que H ^ H p pour tout p £ Z ; pour un g £ H , nous pouvons donc choisir g t € H
tel que g\ = g, puis g2 tel que %\ = gx e t c . . ce procédé fournit une application
h : D—H, où D est un voisinage de 0 dans le groupe des nombres dyadiques. Il
faut montrer que Fhomomorphisme local h : q 2 — (g ) se prolonge en un
homomorphisme continu d'un voisinage de 0 dans R dans H ; il suffit de voir
que h est continu en 0, car c'est un homomorphisme ; soit qj2 Pi une suite de
nombres dyadiques tendant vers 0, nous allons montrer que chaque valeur
d'adhérence h de la suite h(q i 2~ p î) = gp! admet un point fixe ; pour chaque
n £ N , on a q^ P i < 2 ~ n pour i assez grand, c'est-à-dire, (gpî)k = h}< e H pour

133
tout k < 2 n . Appelons B k = B(y k ,r k ) la plus petite boule contenant les hf(0),
pour 0 < £ < k .

8.38. Lemme : si K est un compact de B, il


existe une unique plus petite boule de B ' con-
tenant K, et son centre est un invariant métri-
que de K. L'unicité équivaut au fait que
l'intersection de deux boules de même rayon
r est contenue dans une boule de rayon infé-
rieur à r , ce qui résulte de la stricte convexité
des boules (voir figure). Nous aurons en fait
besoin d'un résultat quantitatif : si B(y,r) est
la plus petite boule contenant K, et si B(y ',r ')
contient aussi K, avec r ' proche de r , alors
d(y,y') *= ( r ' - r ) environ. Ceci est vrai
dans l'espace euclidien, et nos boules sont pro-
ches (Lipschitz) des boules euclidiennes. •

Par construction, la suite r k est croissante, et, pour k ^ 2 _ n , 0 ^ r k ^ ~~ ;

il s'ensuit qu'il existe un indice k tel que |r^ + 1 — r k j ^ ~- 2 _ n ; les boules


Làl\.
B
k 3 k + i et h _ 1 Bk + i contiennent les hf(0) pour Ï<X, donc, d'après le lemme,
d(y k ,h- i(yk +1)) ^ 2*/2 en viron, et d(y k ,y k +1) s£ 2^2, soit d(yk + x,h - l(yk + 0) ^ 2n/2
environ.
Si h est une valeur d'adhérence de la suite hit h = lim hj, on peut encore
extraire une sous-suite pour laquelle la suite des presque-points fixes y k + j con-
verge vers y € B , et y est un point fixe de h ; remarquons que H , limite de
germes de groupes abéliens (cycliques en fait) est abélien, donc les h ; commu-
tent, et toutes leurs limites commutent entre elles : pour une valeur d'adhérence
h , nous venons de montrer que le lieu des points fixes fix(h) est non vide ; si h '
est ime autre valeur d'adhérence, alors fix(h) est stable par h ', il en est de même
de la plus petite boule qui le contient, et de son centre y ; or fix(h) est convexe
(au sens de la géométrie de (B, d ^ ) ) , donc yGfix(h), ce qui prouve que
fix(h) H fix(h ') est non vide. Nous concluons qu'il existe un point fixe y com-
mun à toutes les valeurs d'adhérence. Quotientons H par le stabilisateur H y de
y : l'application h composée avec la surjection H-~H/H y est un homomor-
phisme de D dans H / H y continu à l'origine, donc uniformément continu dans
un voisinage de 0, donc il se prolonge à un voisinage de 0 dans R ; deux cas se
présentent : le sous-groupe H y est un groupe de Lie, comme sous-groupe fermé
du groupe des isométries d'une sphère de centre y ; s'il est de dimension 1 au
moins, il admet des groupes à un paramètre, donc c'est fini ; sinon, c'est un
groupe fini, donc H—H/H y est un revêtement, et h se relève à H en un
germe de groupe à un paramètre. •

134
des points z 1; ...,z pJ ... situés sur l'orbite de z par h et à distance 28,..., 2p£,..
de z, car h est continu ; comme h va jusqu'à la frontière de B, ces points sont
en nombre au moins 'égal à d/2S ; pour tout p, il existe n_EN, avec
d(z p ,n p )<8 ; comme d(z p ,z q )>2£, les points n p sont distincts, ce qui prouve
que car(NnU £ (Gz))>d/2£ ; comme les voisinages Ug(Gz), z G N " sont dis-
joints, nous concluons que card N>d/2£card N " = d/2S card(N'flf(K)), et
donc que # f ( K ) (3£)<(2S/d)# B (8), pour tout £ > 0 , autrement dit, dim
f(K)*=n-l.
Deuxième cas : Une orbite h(R)x
reste dans un compact de B. Alors
l'adhérence de cette orbite est un
compact stable par h ; le centre F
de la plus petite boule de B ' conte-
nant ce compact est donc un point
fixe de h dans B. Pour un point de
G \ B éloigné de f(F), un raisonne-
ment analogue au premier cas montre
que la dimension d'un voisinage est
n — 1. Reste à étudier un tout petit
voisinage de F ; alors h opère sur les
petites sphères de centre F, c'est un
groupe à un paramètre du groupe de
Lie des isométries de S, donc l'action
est de classe C 1 , 1 , et on peut faire un
dessin peu différent de celui de la
situation (un groupe à 1 paramètre de
SO(n)) \ R n où le quotient est effecti-
vement de dimension n - 1. •

8.40. Corollaire : Nous avons vu (théorème 5.24) que si V est une variété com-
pacte vérifiant ricci(g) > - (n - l)rg, et dont le groupe fondamental x est dans la
classe g c {Définition 5.23), alors il existe un point vGV tel que tout lacet non
homotope à 0 basé en v ait une longueur au moins égale à cA/r. Si de plus V a
une courbure sectionnelle pincée |k| <A a , et si V a le type d'homotopie de
K(-7r, 1), alors il existe un point v E V tel que tout lacet géodésique, homotope à 0
ou non, ait une longueur au moins égale à £(n,c,A). L'ensemble de ces variétés,
à diamètre borné, est donc compact pour la distance de Lipschitz.
Raisonnons par l'absurde : si le corollaire est faux, il existe une suite de
variétés compactes \ i telle que inf (longueur de lacet géodésique en v/vEV;}
tende vers 0 ; en particulier, si Vj est le point fourni par le théorème 5.15, le
rayon d'injectivité de Vj en V; tend vers 0. D'après le théorème 5.3., nous pou-
vons supposer que la suite (V^v^ converge vers un espace métrique X, et,
d'après le corollaire 8.39, la dimension de Hausdorff de X est au plus égale à
n - 1. Il existe donc des recouvrements ouverts de X arbitrairement fins, tels que
n-f 1 ouverts aient une intersection vide (voir [ H - W ] , th. VII 2& VI), enparti-

135
8.39. Corollaire : 5/ X est limite d'une suite de variétés complètes pointées de
dim n de courbure pincée et dont le rayon d'injectivité au point base tend vers
0, la dimension de Hausdorff de X est au plus égale à n - 1, ainsi que sa dimen-
sion topologique, par conséquent (voir [H-W], chap. 7).
On dit que A a une dimension (de Hausdorff) inférieure à n si, quand on
note # B(£) le nombre minimum de boules de rayon S nécessaire pour recouvrir
la partie bornée B de A (i.e., le nombre minimum de points d'un £-réseau de B)
i.e., I'£-capacité de B, alors £ n # B (£) est borné quand £ tend vers 0. Il suffit,
pour montrer que dimX<n , de montrer que X est recouvert par des ouverts
bornés de dimension inférieure à n . Il est aisé de vérifier (par des considéra-
tions de volume) que les variétés riemanniennes ont une dimension égale à leur
dimension en tant que variété. Notre espace limite X est, d'après le théorème
8.30, recouvert par des boules de la forme G \ B, où B est une boule rieman-
nienne et G est un pseudo-groupe d'isométries de B dans une boule un peu plus
grande, admettant un sous-groupe à un paramètre h : R—G. Soit N un
£-réseau de B dont le nombre de points est # B(£) ; son image f(N) dans G \ B
est un S-réseau de G \ B, dont nous extrayons un 3S-réseau N ' : nous choisis-
sons un XjGf(N), puis un x 2 Ef(N) - B(x!,28), puis un
x 3 E f(N) - B(X!,2£) - B(x2,2£)
et ainsi de suite jusqu'à épuisement de f(N). Si z £ G \ B , il existe un t€f(N) tel
que d(z,t)<£, alors, ou bien t E N ' , d'où d(z,N')<£ ou bien t est dans l'une
des B(xi}2&), d'oùd(z,Xj)<3£, donc N ' est un 3£-réseau de G \ B . Nous allons
maintenant montrer que l'inégalité card N < £ ~ ] card N ' est vraie à une cons-
tante près, au moins dans un voisinage (indépendant de £) de chaque point de
G\B.

Premier cas : Supposons que toutes les orbites du groupe à 1 paramètre h


0
sortent de tout compact de B. Si x € B , choisissons un voisinage compact K de
x dans B, et notons d = d(K,Fr(B)) ; choisissons dans KO N un représentant de
chaque point de N'flf(K) ces points forment un ensemble N " tel que
f _1 (N'nf(K)) = U Gz. Pour chaque Z Ë N " , nous pouvons choisir
zGN"

/ /\
/ / 2 3&
' / A

136
culier il existe un recouvrement U plus fin qu'un recouvrement par des boules
de rayon c/2Vr. A un tel recouvrement est associé un polyèdre de dimension
n - 1, son nerf (voir [Sp], page 152), dont les sommets sont les ( n - l)-up1ets
d'ouverts qui ont une intersection non vide. Choisissons un point x dans cha-
cune de ces intersections : nous obtenons un c/4Vr-réseau de X ; pour i assez
grand, nous pouvons décalquer ce réseau en un c/3Vr-réseau N ' de Vj ; fixons
une triangulation de Yi ; nous choisissons pour chaque sommet v de cette
triangulation un point x' du réseau N ' tel que d(v,x')<c/3Vr, et nous posons
f(v) = x, point envoyé sur x ' dans le décalque ; l'application sim-
pliciale f se prolonge en f : V;—P par linéarité. Inversement, choisissons
une image réciproque g(x) = f ~ *(x) pour chaque point x £ N , sommet de P, et,
pour chaque arête [x,y] de P, choisissons pour g([x,y]) un arc de géodésique ; si
x,y,z sont les sommets d'une 2-face F, les points x,y,z de N
se trouvent dans un même ouvert du recouvrement U, donc d(x,y)<c/4Vr,
d(x,z) <c/4Vr, donc g(x), g(y), g(z) se trouvent dans une même boule de rayon
c/2Vr, et, par le théorème 5.24 (et un analogue du lemme 8.22, car le lacet g(F)
n'est pas basé en v;) le lacet g(dF) est homotope à 0 ; l'application g se pro-
longe donc au 2-squelette de P ; or Vi est K(TT,\), nous pouvons prolonger g à
P tout entier. Remarquons que gof est proche de id Vi , au moins sur le
1-squelette, ce qui entraîne que gof est homotope à id Vi ; en effet, il s'agit de
construire un prolongement de gof et id à VjX [0,1], comme ci-dessus, nous pro-
longeons au 1-squelette par arcs géodésiques, au 2-squelette grâce au théorème
5.15, à tout par la propriété de K(7r,l) ; il ne reste plus qu'à observer que le cycle
[Vj] générateur de H n (V|,Z) n'est pas homologue à 0, alors que le fait que dim
P ^ n - 1 entraîne que [V^ =gof*[Vi] =g*(f*[Vi]) est homologue à 0, contra-
diction. n

8.41. Remarque : Toute variété compacte qui admet une métrique à courbure
strictement négative vérifie les hypothèses topologiques du corollaire 8.40.

8.42. Remarque : Nous avons vu que la dimension de Hausdorff peut diminuer


quand on prend la limite (pour la distance de Hausdorff) de variétés à courbure
sectionnelle pincée. Cette dimension peut-elle baisser jusqu'à 0 ? Autrement
dit, existe-t-il des variétés à courbure pincée |K| =^AZ, de diamètre arbitraire-
ment petit ? Oui, les tores plats, bien sûr, mais il y en a d'autres : le groupe
d'Heisenberg H admet des sous-groupes discrets Gj tels que le quotient Gj \ H
soit une variété de diamètre arbitrairement petit (voir [B-K], chap. 7) (pour une
métrique invariante à gauche sur H) ; dans ce cas, l'espace limite s'écrit, d'après
le théorème 8.30, X = G \ H où G est le groupe H tout entier. C'est un
groupe de Lie nilpotent. Cette propriété est sans doute vraie en général, ce qui
motive les considérations qui suivent :

D. GROUPES NILPOTENTS

8.43. Soit L un groupe de Lie connexe, muni d'une métrique riemannienne ou


finslerienne invariante à gauche d : il est licite de noter, pour x 6 L ,

137
|x| =d(l,x), de façon que d(x,y)= |xy"11 . Une propriété essentielle des grou-
pes de Lie est la propriété des "petits commutateurs" : il existe des constantes
8 et C telles que, si x , y € L , et | x | , jy| <£ , alors |[x,y]| < C j x | |y| .

Il est aisé de la vérifier lorsque L est plongé dans un groupe de matrices :


alors x = l + a , y = l + b sont des matrices, [x,y] = ( l + a ) ( l + b)(l + a)"1(l + b)""1
posons z = l + a + b + b a et e - a b - b a , alors [x,y] = (z + e)z -1 = 1 + ez_1, d'où
||[x,y]| < || e || I z"11 ~ C | a b - b a | < C ' | a | ||b| pour une norme | | sur les
matrices, et pour a , b assez petits ; on obtient une inégalité analogue pour la
métrique de L, car deux métriques invariantes sur L sont équivalentes. Dans le
cas général, on peut déduire la propriété des petits commutateurs d'une estima-
tion dans la formule de Campbell-Hausdorff. Une première conséquence de
cette propriété est le

8.44. Théorème : (Zassenhaus) Soit L un groupe de Lie muni d'une norme


invariante à gauche. Il existe un b > 0 tel que, si T est un sous-groupe discret de
L engendré par des éléments de norme inférieure à 5, alors V est nïlpotent (voir
[Za]).

Ici, h est l'inverse du C de la propriété des petits commutateurs, supposé


inférieur au 8 . Comme Y est discret, seul un nombre fini d'éléments de F a une
norme inférieure à ô ; notons y1 le plus petit élément distinct de 1 de T, puis
aussi T1 le sous-groupe qu'il engendre, puis nous définissons par récurrence yj
comme le plus petit élément de T - Tj _ \, et T; le sous-groupe engendré par yj et
V] _ i .Au bout d'un temps fini, nous aurons épuisé la boule de rayon ô de T ,
autrement dit, T = r k . Montrons que [ r ^ r j c r ^ ! : le sous-groupe V[ est
engendré par les yj, 1 ^ j =si, or si |y | <<5,
C
IEYJ'TJI < IYJI I T I < ITJI ;

comme yj est le plus petit élément de r - T j _ i , il s'ensuit que


[yi,y]er]_lcri_l ;

la formule générale [a,bc]^[a,b][b,[a,c]3[a,c] montre que [y,y ']GTi_i dès que


y est un produit de générateurs de r,, en fait, pour tout yEF\ ; en faisant
varier y' depuis les produits d'éléments de rnB(l,<5) jusqu'à tout T, on
obtient [Fi,r] CTi_ i. Nous déduisons que chaque commutateur de p éléments
de T setrouvedans r \ _ p ; en particulier, les commutateurs itérés k fois sont
nuls, donc T est nilpotent. D

On peut même obtenir, avec un ô plus petit, un résultat plus fort : il existe
un sous-groupe connexe et nilpotent de L qui contient V. Avec le fait qu'un
groupe connexe, nilpotent et compact est nécessairement abélien, on peut
déduire le théorème classique suivant :

138
8.45. Théorème : (C. Jordan, voir [Jo].) Pour tout groupe de Lie connexe L„ /'/
existe un entier r{L) tel que tout sous-groupe fini de L admette un sous-groupe
abélien d'indice au plus égal à r(L).
Nous avons vu en 8.34 que, dans une variété à courbure pincée par A, les
boules de rayon x/2A ne sont pas toujours géométriquement simples, c'est-à-
dire totalement convexes, mais qu'on peut toujours les décrire comme quotient
d'une boule géométriquement simple par un pseudogroupe d'isométries. Des
renseignements sur ce pseudogroupe permettraient de se faire une idée de la
géométrie locale de V, comme pour les variétés hyperboliques :

8.46. En courbure négative, il n'y a pas de lacets géodésiques non homotopes à


0 donc, quand on écrit BV(v,7r/2A) - G \ B, le pseudogroupe G est en fait un
sous-groupe véritable de Isom(V). Si la courbure est constante, alors V = H n , et
nous pouvons appliquer le théorème de Zassenhaus au groupe Isom(H n ).
Remarquons que, à un petit lacet en vGV, ne correspond pas nécessairement
une petite isométrie de V = H n ; cependant, c'est presque vrai :

8.47. Proposition : // existe un entier N(ô) tel que, pour tout v G H n , pour tout
groupe discret Y d'isométries engendré par des y tels que d(v,yv) <<5, le sous-
groupe T ô de T engendré par les isometries de norme inférieure à ô dans
Isom(H n ) soit d'indice au plus égal à N(<5) dans T.

Recouvrons la couronne K = (xGH n / d(x,v)£ll - 5 , 1 + <5[J par N boules


Bj de rayon ~ b ; fixons n points V!,...,vn à distance 1 de v , formant un
"repère orthonormé" ; il existe une norme j |v sur Isom(H n ) telle que Vg,
a|gjv «£ sup d(vi,gvj) *s b|g|v
i
et toutes ces normes vérifient la propriété des petits commutateurs avec la même
constante C. Les petits éléments de Isom(H n ) pour cette norme sont donc ceux
qui déplacent peu les V{. Etant donné un sous-groupe discret déplaçant peu v,
fixons, chaque fois qu'il en existe, un élément 7^,...,; de T tel que

pour tout j . Si y£T, alors pour tout j , il existe un ij tel que y(vj)GBjj, et
alors sup d f r v j o v . ^ v j ) «s Ô,

donc , y£7i 111 ..,i n r5 , ce qui prouve que ( r : r ô ) ^ N N . •

Lorsque ô est le nombre fourni par le théorème de Zassenhaus, nous pou-


vons conclure que, pour toute variété hyperbolique V et tout point v de V, la
boule de rayon ô rond v est isométrique à un quotient G \ B, où B est une
boule de rayon ô de H n , et G un sous-groupe discret de Jsom(H n ) qui admet un
sous-groupe nilpotent d'indice fini, c'est-à-dire à une boule de rayon Ô de

139
G \ H 3 . Ceci fournit, en dimension 3, la décomposition de J^rgensen-Margulis
(cf. [Th] chap. 6 ou [G 5]) : les sous-groupes "presque nilpotents" de lsom(H 3 )
sont tous abéliens, et de trois types :
— les sous-groupes discrets T du fixateur d'une horosphère (qui est
Isom(R2)) c'est-à-dire des réseaux Z © Z ; la variété quotient T \ H 3 s'appelle un
cusp, et dépend, à isométrie près, de deux paramètres réels ; il y a aussi des
sous-groupes cycliques ; la variété Y \ H 3 est alors un revêtement infini cyclique
d'un cusp.

— les sous-groupes engendrés par une isométrie qui fixe une géodésique ;
la variété quotient s'appelle un tube, et ne dépend que d'un paramètre, la lon-
gueur de son unique géodésique périodique.

Nous venons donc de donner une liste de modèles possibles (à isométrie


près) pour une boule de rayon ô d'une variété hyperbolique de dimension 3.
Bien entendu, lorsque la courbure n'est pas supposée constante, on ne peut
pas faire la liste à isométrie près des boules possibles, mais il reste un espoir de
détailler la topologie des boules.

Si on tolère un peu de courbure positive, la situation est compliquée par


l'apparition de lacets géodésiques homotopes à 0, mais dans [Gl], on parvient à
une description, à un revêtement fini près malheureusement, des variétés dont
la courbure est très proche de zéro : elles sont difféomorphes à des infranilva-
riétés.

8.48. Nous nous contenterons, plus modestement, de montrer que dans nos
limites de variétés pincées à rayon d'injectivité tendant vers 0 (théorème 8.30),
les boules de rayon ô (ne dépendant que de la borne sur la courbure) sont des
quotients de boules géométriquement simples par des pseudogroupes nilpotents
d'isométries. Rappelons dans ce but quelques résultats de [Gl]. Dans le pseudo-
groupe Gj des lacets géodésiques en VjEVj, variété à courbure pincée |K| <A 2 ,
l'holonomie affine induit un "presque homomorphisme" à valeurs dans
Isom(R n ), d'où l'on déduit la propriété des petits commutateurs :

8.49. ([B-K], corollaire 2.4.4) : Pour une norme \\. \\ fixée sur Isom(R n ), et si
m désigne l'holonomie affine, les conditions
long(a) + long(b) *£ TT/3A et j m(a) |, | m(b) | «; 0,49
entraînent que |m([a,b])| =^0,995 min {|m(a)|,|m(b)|} ;et par l'argument du
théorème de Zassenhaus, et de la proposition 8.47, le Lemme de Margulis :

8.50. // existe des constantes ô(n,A) et N(n,A) telles que le sous-pseudogroupe


engendré par les lacets de longueur inférieure à Ô(n,A) admette un sous-
pseudogroupe nilpotent G{ d'indice au plus égal à N(n,A) ; en fait, le degré de

140
nilpotence de G/ (i.e., le plus petit entier d tel que tous les commutateurs
d-uples, s'ils sont définis, sont nuls) est aussi uniformément borné : en effet,
par construction, le degré de nilpotence de G/est le nombre d'éléments d'une
base courte, qui est majoré par 2(3+2ch-?r/6) n/2 ([B-K] 2.5.6). Nous pouvons
maintenant conclure :

8.51. Proposition : Si les variétés pincées (Vj,Vj) convergent pour la distance de


Hausdorff vers un espace métrique (X,x) alors un revêtement fini de
Bx(x,7i72A) est un quotient G \ B où B est une boule riemannienne totalement
convexe, G est un pseudogroupe d'isométries de B, et G est nilpotent c'est-à-
dire, il existe un entier d tel que, si g 1> ...,g ( i£G 0 , et si le commutateur
[gi>[g2>[g3>---]]] est défini, alors il vaut 1.

Le groupe G a été obtenu en 8.35 comme limite au sens de la métrique de


Hausdorff sur les parties de Z = (quasiisométries de (B,do,)J, des pseudo-
groupes Gj. Quitte à extraire une sous-suite, on peut supposer que les Gj' con-
vergent vers une partie fermée G' de G. Alors G ' est un sous-pseudogroupe nil-
potent de G. Le fait que G/est d'indice au plus égal à N dans Gj se traduit par :
parmi N + 1 points distincts de Gj, il y en a deux qui sont dans la même classe
modulo Gj' , propriété qui passe à la limite, donc G' est d'indice au plus N
dans G. Alors G ' \ B est le revêtement fini de Bx(x,7r/2A) annoncé. D

8.52. Remarque : La caractéristique d'Euler d'une variété fibrée dont la fibre


est une nilvariété est nulle (voir [Se]), or, dans une suite convergente
(Vi,Vi) — (X,x) avec rayon d'injectivité tendant vers 0, on peut construire avec
des réseaux une application : Vj—X qui est presque une fibration. Ainsi, on
peut démontrer qu'il existe une constante i?(n,A) telle que, pour toute variété
V à courbure sectionnelle pincée |K| ^A 2 , et dont le rayon d'injectivité en
chaque point est inférieur à 17(n,A) , nécessairement xO0 = 0 .
Conjecture : Sous les mêmes hypothèses, tous les nombres de Pontriaguine de V
sont nuls (cf. [Ch]).

8.53. Remarque : Nous avons énoncé un théorème de finitude pour les variétés
compactes à courbure et diamètre borné : plus précisément, pour la fonction
F : V —(sup k(P))1/2diam(V) sur l'espace des variétés riemanniennes dont le
vÉV,P
rayon d'injectivité est > £ en au moins un point, l'ensemble F_1([0,t]) est com-
pact pour les distances de Hausdorff ou de Lipschitz, et ne contient qu'un nom-
bre fini de variétés non difféomorphes. Il serait satisfaisant pour l'esprit de
savoir si la fonctionnelle V— (sup k(P)) n/2 voî(V) a la même propriété.
p
Exemple : Sur l'espace des métriques sur S2, la fonction (sup k(P))vol = F prend
sa valeur minimum pour la sphère canonique (inégalité de Giinther) c'est-à-
dire 4 T .

141
Tant que F reste inférieur à Bir, on trouve des sphères à peu près rondes.
Pour 8-7r*=F^127r, apparaissent des haltères, avec deux régions où le rayon
d'injectivité est grand, et une branche où il est petit.
Pour F > 127T, il peut y avoir des haltères multiples.

142
Appendice

par P. PANSU

A . l . Définition : Une partie X de Rn est dite C-quasiconvexe si, pour tous


points x,y de X, il existe un arc joignant x à y dans X de longueur au plus
égale à C A y - x I.

A.2. Remarque : nous avons vu en 1.14 que les parties 1-quasiconvexes sont
exactement les convexes, et qu'une partie ir/2-quasiconvexe est nécessairement
simplement connexe.
Considérons, sur le polyèdre régulier à n + 1 sommets, inscrit dans la
sphère unité de R n , deux sommets contigus a et b ; notons a leur distance
pour la métrique de la sphère : a est l'angle entre les vecteurs a et b , il est
donné par la condition cosa;= - 1/n ; notons aussi r le rapport de l'angle a
et de la longueur de l'arête ab , autrement dit, T = a/2sin 4r <* •

A.3. Proposition : Soit X une partie compacte et C-quasiconvexe de R n avec


C < T . Considérons R n comme le complémentaire d'un point dans S n ; si X est
exactement le support d'une mesure positive finie, alors S n - X est difféomor-
phe à une boule.
La preuve consiste à appliquer la théorie de Morse à une version lisse de la
fonction distance à X. Etant donné une mesure finie p dont le support est
exactement X, nous construisons une fonction lisse, convexe et décroissante f :
Rî—Rï, telle que l'intégrale D(x)= f(|x-z||)d/i(z) soit finie exactement
pour les points x n'appartenant pas à X. La condition de quasiconvexité
assure alors que la fonction lisse D sur R n - X n'a pas de point critique.

A.4. Lemme : Pour toute mesure positive finie \i sur R n dont le support est
exactement X, et pour tout r > 0 , le nombre s(r) = supfyt(X) / ^,B(x,r) / x € X }
est fini.
Rappelons que le support d'une mesure positive n est défini par la condi-
tion : R n — suppOt) est la réunion de tous les ouverts de R n de ^-mesure nulle.
Fixons une mesure positive finie n dont le support est exactement X ;
alors, pour tout r > 0 et tout x E X , /iB(x,r)>0. Montrons que, pour chaque
r > 0 , jiB(x,r)55£(r)>0pour x G X : sinon, il existerait une suite XiêEX telle que
jtB(Xi,r) — 0 ; quitte à extraire une sous-suite, nous pouvons supposer que xi con-
verge vers x G X et que pour tout i , /iB(xj,r)<2 _ i ; alors

B(x,r) C O U° B(Xi,r) ,
m>0 i = m

143
d'où, pour tout m ,

/iB(x,r) < . E i,r) < 2-m + i ,

et enfin, /iB(x,r)-0, ce qui est impossible. D

A.5. Lemme : Pour tout a > 0 et tout \ > 1 , il existe une fonction f : ]0,a]—R+
//55e e? strictement décroissante qui majore s , e? ûfo/?/ /a dérivée f ' es/ c / w -
sante et vérifie - f ' ( r ) > 2 V n s ( ( X - l ) r ) ( - f'(Xr)) j?ow r<a/X.

Construisons d'abord une fonction sx continue et affine par morceaux


ayant les propriétés voulues : Sj est affine sur chaque intervalle [X"" k_î a,X~ k a] ,
de pente p k ; nous posons s1(a) = s(a/X) et P! = (X/(X-l)a)(s(X_1a)-s(X~za)) ,
puis nous définissons p k par récurrence :
-Pk = sup
{-Pk-i,-Pk-i2VnXs((X-l)X-k a ), - ( \ k + V(X- l)a)(s(X-k-ïa)-s(X- k a))î ;
par construction, p k < 0 donc S! est décroissante, p k < p k _ i donc Si est crois-
sante, et s 1 (X- k a)>s(X" k - 1 a) donc pour tout rG[X- k ~ I a,X~ k a] )
Si(r) > S!(X-ka) > s(X- k " 1 a) > s(r) ;
enfin, pour rG]X^ - a,X" k a] ,
k 1

-s((r) - - p k > - P k _i2VnXs({X-l)X-' k a) > (-si(\r))2^n\s((\-l)r).


Il ne reste plus qu'à prendre une
convolution
f(r) = 3 J Si(r + tM2t/r)dt /N

où <p est lisse, vaut 1 sur [ - 2 / 3 , - 1/3],


V?
est nulle en dehors de ] - 1,0[ ; alors f
est lisse, et -1 ~l/3 -1/3 O
f(r) > Sl (r) s* s(r) ;

comme s / , ^f ' est négative et croissante, et on a


-f'(r) = 3 l-&i(T + t)<p(2t/r)dt > 6VnX |-s;(Xr + Xt)s((X- l)(r + t)V(2t/r)dt

- 6Vn . - sflXr + t)s((X - l)(r +t/\)M2t/Xr)dt > 6Vns(X - l)r) I - stfXr + t)^(2t/Xr)dt

= 2Vns((X-l)r)(-f'(Xr))
c a r t < 0 => s((X-l)(r + t/X)>s((X-l)r). D

Dans la suite, nous choisirons a = diam(X)(\/X - 1), et nous prolongerons


f en une fonction lisse et strictement décroissante sur R t

144
A.6. Lemme : La fonction D(x) = I f( f z - x | )d/t(Z) est finie exactement sur
Rn-X.
Par hypothèse, p est finie, et, s i x ^ X , la fonction z~*f(||z-x||) est majo-
rée par f{d(x,X))< + oo, donc D(x) est fini. Inversement, si x E X , alors, pour
<a
tout r > 0 ,
D(X) >
J B(x,r) S ( | | z " x | | ) d / l ( z ) >
J B(x r)s(r)dj*(z) = s(rVB(x,r) > MX)
donc l'intégrale ne peut pas être finie. D

A.7. Lemme : Supposons de plus X C-quasiconvexe, avec C<T. Il existe un


X > 1 tel que, pour tout x 6 R n - X, la distance de x à l'enveloppe convexe de
XOB(x,Xd(x,X)) soit au moins égale à
( - + X2( - 12 - i - ))1/Zd(x,X) .
n n n
Soit x £ R n - X . Montrons d'abord quesi X est assez proche de 1, x n'est
pas dans l'enveloppe convexe de XDB(x,Xd) où d = d(x,X) : s'il l'était, on
pourrait écrire

£ ti(Zi-x) = 0 ,
i=o
n
où tj>0 , £ tj=l et Z|6X , ||zj-x|| E[d,Xd] . Alors, pour tout j ,
i=o
n
£ t j < Z j - x , Z j - x > = 0 autrement dit, £ t i < Z i - x , Z j - x > / t j f z j - x f 2 = - 1 ;
j=0 i^j
choisissons l'indice j pour lequel le nombre tjjjzj-x| est le plus grand ; il

existe un i i= j tel que t; < z; — x,Z; — x > /t;flz; — x | 2 < — — , et alors le cosinus
J JM j M n

de l'angle /3 entre zj - x et Zj — x est au plus égal à - — . Tout chemin reliant Zj


à Zj dans X a une longueur au moins égale à j3d , alors que || z\ - ZJ fl est au plus
égal à 2Xd sin — (3 ; la condition de C-quasiconvexité entraîne que /3/2Xsin —/3

< C < a/2 sin -y a , d'où, comme /3>a , X ^ C 2 sin -y a/a . Si nous fixons

X<C 2 sin — a/a , alors, pour tout xfeX , x est distinct de sa projection
orthogonale x ' sur l'enveloppe convexe de XnB(x,Xd) ; en particulier, x '
est sur la frontière de l'enveloppe convexe, donc on peut écrire
n n
x ' = £ t| zt , avec £ td = 1 .
i=1 i=l

145
Sachant que, pour tous i.j , < z i ~ x , Z J - X > / | Z J - X | | Z j - x | > , nous
calculons

| | x ' ~ x | 2 = £ tfIIZj — xI z + E t i t j < z i - x , z j - x > >


i=l / i*j

£ tfd2 + E U.J ( - -^-X


n
2 2
d)
i=l i*j

= d2 [( £ tf) (1 + J-X2) - -i- ( X) t;)^ 2 ] s* - 1 + X2 ( ^ - J-) d2 ,


i= 1 n n j =i n n n
2
car la fonction (t j , ..., t n ) — t\ + ... + t atteint son minimum au point
t, = ... = t n = i-.n

A.8. Lemme : Si X est C-quasiconvexe, avec C<r , alors la fonction D du


lemme 3 est lisse et sans point critique sur Rn - X. ,
Comme la mesure fi est finie, et que les fonctions z — f ( | z - x | ) et
z — -=— f ( | z - x | ) sont uniformément bornées au voisinage de tout point de
dzP
R n — X ,lafonction D est déclasse C°° . Le gradient de D en un point xGX
est grad x D - j ( f ' ( | z - x | | ) / | z - x | ) ( x - z ) d/i<z) . Posons d = d(x,X) et
fixons un X satisfaisant à la condition du lemme 4 :

le point g = x + y / ( f ' ( | z - x | ) / | z - x | ) ( x - z ) djt(z)


J B(x,Xd) OÙ I = f - f ' ( | z - x | ) / | z - x | d/i(z)
J B(x,Xd)
est le centre de gravité de XOB(x,Xd) muni de la densité
( - f '( f z - x I )/1 z - x I ) /i , donc se trouve dans l'enveloppe convexe de
XflB(x,Xd) , d'où, par le lemme 4,

| x - g |>(i. + X»(Ji-i))"*d.

D'autre part, -y- grad x D - ( x - g ) = le reste de l'intégrale, or

(f'(|z-x|)/|z-x||)(x-z)d^(z) | < - f ' ( X d ) dfi(z)


Rn-B(x,Xd) ^ Rn-^B
«s -li(X) f'(Xd) , alors que I - f - f ' ( | z - x | ) / | | z - x | | d^(z) >
J B(x,Xd)
~ /tB(x,Xd) , et nous obtenons

|-j-grad x D - ( x - g ) | ^ d^(X)ff(Xd)/f'(dVB(x,Xd) ;
I
or il existe un z € X tel que | j z - x | = d ; alors B(z,(X-l)d) C B(x,Xd) ,

146
d'où fi(X)/(iB(xt\d) < ix(X)//xB(z,(\- l)d) < s((X- l)d) , ce qui fournit l'iné-
galité | ( l / I ) g r a d x D - ( x - g ) | < | x - g | pour d<a/X = diam(X)/X-l , et
X assez proche de 1 ; pour d>diam(X)/X~ 1 , B(x,Xd)DX, donc
(l/I)grad x D = x - g ; dans les deux cas, nous ^Jonchions que grad x D ^ 0 . D

A.9. Démonstration de la proposition : La fonction f a été construite explici-


tement sur [0,a] , mais, jusqu'à présent, nous avons eu besoin du seul fait que,
sur [a,+ oo[ , f était lisse et strictement décroissante. Nous pouvons donc
supposer que, pour r assez grand, f(r) = -~ .Alors D tend vers 0 à l'infini.
Pour vérifier que le prolongement naturel de D à S n est lisse, il suffit de
composer D avec l'inversion x — .. x „ , , qui est une carte de R n sur
Ilx I
n
S \ {0} . Nous pouvons supposer que 0 est le centre de gravité de X pour la
mesure ft ; on vérifie aisément que, si DQ est la fonction D associée à l'en-
semble {0} muni de la mesure de Dirac de masse /i(X) , alors
D(I#Û> = D 0 (^) + 0(|X|P),
il I I li
ce qui prouve que D est 3 fois différentiable en 0 , de même gradient et
Y
hessien que D 0 ; or D0(.. .,z) = | X | 2 donc D 0 (et D) admettent en oo un
Il I
point critique non dégénéré d'indice n . La théorie de Morse (cf. [M2]) permet
de conclure que S n - X est difféomorphe à une boule.

A.10. Remarque : On peut construire ce difféomorphisme <p : B n — S n — X de


façon équivariante, i.e., il existe un homomorphisme h : I som(X) — I som B n
tel que, pour toute isometrie fixant X , i0<p = <p$i(ï) . En effet, le groupe de
Lie compact Isom(X) admet un point fixe (i dans le compact convexe des
mesures de support X , de masse 1, à savoir /i = f gVodg pour une
mesure de Haar dg sur Isom(X) . J isom(X)

A.11. Corollaire : Sous les hypothèses de la proposition, et si X est déplus un


rétracte absolu de voisinage, et a le type d'homotopie d'un CW-complexe, alors
X est contractile.
En effet, il résulte de la théorie de la dualité d'Alexander ([Spl chap.7) que
X a une cohomologie triviale, et donc est contractile.

147
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150
F
Ahlfors 6.9 fibration de Hopf 3.9
Ascoli 1.13,8.28 forme - différentielle 7.14
Avez 5.166.7 - volume 2.7

G
Betti 5.12,7.4 géodésique 1.9
Bishop 5.3
- minimisante 1.9
- périodique 7.2
groupe - fondamental 3.22 ,5.24
canonique (métrique) 2.9 - libre 6.18 ,5.13
capacité (8-) 2.14, 8.39 - de Lie 8.44
Carnot-Carathéodory 1.18 - nilpotent 8.44
cocompact 3.23 - moyennable 6.14 ,6.26
cornasse 4.17 - résoluble 6.16
commensurable 3.26
compacité 1.10,5.2, 8.28 H
conforme 6.3 Hausdorff (dimension de) 8.39
courbure - pincée 8.6 (distance de) 3.4
- de Ricci 5.3, 5.23 Hausdor f f-Lip schitz
- sectionnelle 8.6 (distance de) 3.19
court 1.1 Heisenberg (groupe de) 3.18
croissance - polynomiale 5.10 homogène (espace) 8.3
- exponentielle 5.10 homotopie rationnelle 7.14
cusp 8.4 Hopf (fibration de) 3.9
(invariant de) 7.11
D Hurewicz
(homomorphisme de) 4.20 7.18
degré 2.1
deuxième forme fondamentale 8.7 I
diamètre 5.3, 8.51
dilatation injectivité (rayon d') 2.12 8.40
1.1
dimension - de Hausdorff 8.39 invariant de Hopf 7.11
- isopérimétrique 6.4 isométrie par arcs 1.21
- isopérimétrique isopérimétrique
pour ladim. q 6.32 (dimension) 6.4 6.14
distance - de Hausdorff 3.4 (inégalité) 6.4 6.14
- de Hausdorff -
Lipschitz 3.19
- de Lipschitz 3.1 Jacobi (champ de) 8.13
(équation de) 8.23
E
(variété de) 4.21
entropie 5.15 jacobien 2.7
L Poincaré (lemme de) 7.13
7.4,8.19 polyèdre 1.15
lacet géodésique
2.22 précompacité 5.1
limite (norme)
Liouville 6.12 projectif (espace) 4.2,5.30
Lipschitz (distance de) 3.1,8.25 pseudogroupe 8.30
lipschitzien 1.2
Loewner 4.1 Q
longueur (espace de) 1.7
(structure de) 1.3 quasiconvexe App.
quasiisométrie par arcs 6.3
M quasiminimum 6.36
quasirégulière 6.1
Mahler (théorème quotient (métrique) 8.30
de compacité de 3.11,8.28 (structure
Margulis (lemme de) 5.24,8.50 de longueur) 1.16
masse 4.16 ;
métrique - canonique 2.9 R
(structure de longueur) 1.4
réseau (-) 2.14
- quotient 1.16,8.30 Ricci (courbure de) 5.3
Minkowski 4.31
modèle minimal 7.14
S
moyennable 6.14,6.26
• simplexe 2.27, 7.3
N sphère de Berger 3.11
stable (norme) 4.19
nilpotent (groupe) 8.44
Sullivan 7.14
norme - algébrique 3.20
- géométrique 3.21 T
- limite 2.22
- stable 4.19 triangulation 2.28,7.3
tube 8.47
O ,
ouvert à l'infini 6.8 V
variété - de Jacobi 4.21
P - kâhlerienne 6.35
volume 2.7, 5.15,8.51
Picard 6.12
pincement 3.11,8.6
W
plate (tore) 2.12,4.31
(variété) 1.21,3.11 Wirtinger 6.35

Imprimerie VAUDREY - LYON


N° d'édition 21186
Dépôt légal 4e trimestre 1981

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