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L’INFIRMIER EN SANTE AU TRAVAIL, UN ROLE DANS

L’ACCOMPAGNEMENT EN ADDICTOLOGIE

L’infirmier en santé au travail, un rôle dans l’accompagnement en


addictologie
The occupational health nurse, a role in the accompaniment in
addictology

Jean-Sébastien CLAUDE
Infirmier en Santé au Travail – Service de Santé au Travail
Institut Pasteur Paris

Version du 24 février 2022 0


L’INFIRMIER EN SANTE AU TRAVAIL, UN ROLE DANS
L’ACCOMPAGNEMENT EN ADDICTOLOGIE

TABLE DES MATIERES


Table des matières ................................................................................................................1
Abstract .................................................................................................................................3
Préambule .............................................................................................................................4
I. Contexte global .........................................................................................................4
A. Données épidémiologiques ...................................................................................4
B. Principales évolutions réglementaires ...................................................................4
C. Stratégies nationales .............................................................................................5
II. Contexte spécifique ..................................................................................................5
III. Etude préliminaire .....................................................................................................6
IV. Objectifs ....................................................................................................................6
Méthodologie .........................................................................................................................7
I. Critères d’inclusion et d’exclusion .............................................................................8
II. Exploitation des données ..........................................................................................8
Description de la population ..................................................................................................9
I. Données anthropologiques .......................................................................................9
II. Données socio-professionnelles ...............................................................................9
III. Données de consommation ......................................................................................9
Résultats..............................................................................................................................10
I. Premier entretien .................................................................................................... 10
II. Entretien des 6 mois ............................................................................................... 11
III. Entretien des 12 mois ............................................................................................. 13
IV. Synthèse ................................................................................................................. 15
Discussion ...........................................................................................................................16
I. Divers biais ............................................................................................................. 16
A. Biais de sélection ................................................................................................16
B. Biais d’investigation .............................................................................................16
C. Biais d’interprétation ............................................................................................16
II. L’intérêt de l’infirmier en santé au travail ................................................................. 17
III. Addiction au tabac et co-consommation ................................................................. 18
IV. Conclusion .............................................................................................................. 19

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Annexes...............................................................................................................................20
I. Annexe 1 : Recommandation sevrage tabagique ................................................... 20
II. Annexe 2 : Test de Fagerström............................................................................... 21
III. Annexe 3 : Test de Lagrue et Légeron .................................................................... 22
IV. Annexe 4 : Test CAST ............................................................................................ 23
V. Annexe 5 : Trame entretien motivationnel .............................................................. 20
VI. Annexe 6 : Tableau récapitulatif des participants.................................................... 21
Bibliographie ........................................................................................................................24

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ABSTRACT
A l’occasion d’une analyse de l’absentéisme au sein d’une entreprise de sous-traitance
automobile, une campagne d’aide au sevrage tabagique est réalisée à l’initiative de l’infirmier
en santé au travail. Elle s’accompagne d’une étude de suivi de cohorte -sur 102 salariés-
pour illustrer le rôle de l’infirmier en santé au travail et mettre en évidence d’éventuels freins
au sevrage. Le suivi s’est déroulé sur une période de 13 mois au cours des quels un rendez-
vous mensuel est organisé. Durant ces rendez-vous, plusieurs questionnaires sont effectués
et un entretien motivationnel est proposé. Les résultats montrent qu’un accompagnement au
long terme, réalisé par un infirmier en santé au travail formé à l’accompagnement au sevrage
10 tabagique, multiplie par 7 la proportion de personnes sevrées par rapport à un sevrage
effectué sans accompagnement. Il est montré également que la consommation conjointe de
tabac et cannabis est un frein très important dans le sevrage tabagique. La réforme de la
santé au travail permettra éventuellement de mettre en avant dans la formation des infirmiers
en santé au travail l’intérêt de la prévention des addictions.
Mots clés : infirmier ; santé au travail ; entretien motivationnel ; tabac ; cannabis

On the occasion of an analysis of absenteeism within an automobile subcontracting


company, a smoking cessation assistance campaign is carried out at the initiative of the
occupational health nurse. It is accompanied by a cohort follow-up study - on 102 employees
20 - to illustrate the role of the nurse in occupational health and to highlight any obstacles to
weaning. The follow-up took place over a period of 13 months during which a monthly meeting
is organized. During these meetings, several questionnaires are carried out and a
motivational interview is offered. The results show that long-term support, provided by an
occupational health nurse trained in smoking cessation support, multiplies by 7 the proportion
of people weaned compared to weaning performed without support. It is also shown that the
joint consumption of tobacco and cannabis is a very important brake in smoking cessation.
The occupational health reform will eventually make it possible to highlight the importance of
preventing addictions in the training of occupational health nurses.
Key words: nurse; health work; motivational interview; tobacco; cannabis

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30 PREAMBULE
I. Contexte global
A. Données épidémiologiques
Les données issues du Baromètre santé Institut National de Promotion et d’Eduction à la
Santé INPES 2014 fait apparaître des résultats encourageants sur la consommation de
tabac.
Le nombre de fumeurs réguliers baisse, passant de 29,1% en 2010 à 28,2% en 2014,
notamment chez les femmes (24,3% versus 26% en 2010). La population d’ex-fumeur a
augmenté, passant de 29,2% en 2010 à 31% en 2014. Les tentatives de sevrage sont plus
nombreuses (29% ont fait une tentative dans l’année, versus 25,2% en 2010), avec une plus
40 grande part d’hommes volontaires à l’arrêt.
Cependant, la prévalence tabagique reste globalement plus élevée en France que dans de
nombreux autres pays occidentaux, avec 34% de fumeurs chez les 15-75 ans. En ce qui
concerne l’expérimentation du tabac, elle est plus répandue puisqu’elle concerne 80 % des
15-75 ans en 2014 contre 75% en 2010I.
Dans les années 1950, les effets nocifs de la consommation tabagique, dont les effets
cancérigènes ont été mis en évidence.
Aujourd’hui, le tabagisme reste la première cause de décès évitable dans le monde devant
les accidents de circulation et les pathologies environnementales.
Depuis le début des années 1990, de nombreuses compagnes d’information et de promotion
50 de la santé ont été développées progressivement, associées à d’autres modifications
sociétales : l’interdiction du tabagisme dans les lieux publiques, l’évolution du prix du tabac
(3,20€ en 2000 à 9,30€ fin 2019 pour la classe de cigarettes la plus vendue).
B. Principales évolutions réglementaires
Les grandes évolutions réglementaires ont principalement été menées dans le sens de la
dissuasion de consommer du tabac, sans mettre en avant l’accompagnement au sevrage.
1. Loi de modernisation du système de santé
Cette loi date du 26 janvier 2016, elle instaure l’obligation pour les industriels du tabac de
mettre en place des paquets sans les logos et en mettant en avant des photos et messages
de sensibilisation aux risques issus de la consommation de tabac.
60 2. Décret sur l'interdiction de fumer dans les lieux collectifs
Le décret du 15 novembre 2006 fixe les conditions d’application de l’interdiction de fumer
dans les lieux affectés à un usage collectif. Il est entré en vigueur le 1er février 2007, sauf
dans les débits permanents de boissons à consommer sur place, casinos, cercles de jeu,
débits de tabac, discothèques, hôtels et restaurants, pour lesquels l'interdiction est entrée en
vigueur le 2 janvier 2008. Il redéfinit les normes s'appliquant aux lieux qui peuvent être
expressément réservés aux fumeurs. Ces lieux, appelés couramment fumoirs, doivent être
fermés et ventilés spécifiquement, sans possibilité d'y délivrer de prestations.
3. Loi Evin
La loi Évin, est aujourd’hui la loi la plus connue en termes de réglementation sur le tabac et
70 l’alcool. Elle date du 10 janvier 1991, elle modifie en profondeur la norme sociale en matière
de tabagisme et provoque une diminution de la consommation.
Elle renforce considérablement le dispositif législatif :
• en favorisant la hausse du prix des cigarettes ;

I (GUINARD, et al., 2015)


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• en posant le principe de l’interdiction de fumer dans les locaux à usage collectif sauf
dans les emplacements expressément réservés aux fumeurs ;
• en interdisant toute publicité directe ou indirecte en faveur du tabac et des produits
dérivés ;
• en interdisant toute distribution gratuite ;
• en interdisant toute opération de parrainage liée au tabac ;
80 • en régulant la vente ;
• en autorisant, sous certaines conditions, les associations impliquées dans la prévention
du tabagisme à se constituer partie civile devant les tribunaux.
C. Stratégies nationales
En complément de l’évolution réglementaire, plusieurs stratégies nationales ont inclus, dans
leurs objectifs, la diminution du tabagisme en France.
1. Plan Santé Travail N°3
Le plan santé travail s’organise autour de 3 axes et 10 objectifs. La prévention liée à
l’addiction répond à l’objectif n°6 de ce plan qui induit la transversalité santé au travail – santé
publique.
90 2. Plan national de santé publique 2018-2022
Il vise à répondre aux grands défis que rencontre notre système de santé ; notamment la
prise en charge des maladies chroniques et leurs conséquences.
Pour cela il s’articule autour de quatre axes complémentaires dont :
 Prévention : Mettre en place une politique de promotion de la santé, incluant la
prévention, dans tous les milieux et tout au long de la vie ;
3. Plan cancer 2014-2019
Initié en janvier 2014, le troisième Plan cancer s’est achevé fin 2019, avec près de 90 % des
objectifs fixés remplis. Il s’articule autour de deux grands axes. Le premier axe : « Réduire
les inégalités et les pertes de chance, une priorité du plan cancer » inclus l’objectif de
100 réduction du tabagisme.
II. Contexte spécifique
Dans le cadre de mon poste d’infirmier en service de santé au travail au sein d’une entreprise
sous-traitant automobile dans les Ardennes, j’ai réalisé une étude sur une popualation de
102 personnes sur une période de 13 mois.
Dans les accords d’entreprise, un des critères présent dans le calcul de l’intéressement est
l’absentéisme. Ce critère bénéficie d’une pondération variable suivant les années, en fonction
des Négociations Annuel Obligatoire NAO. Cet accord fait suite à une volonté commune des
partenaires sociaux et de la direction d’améliorer la qualité de vie au travail.
Notre étude a été mise en place suite à la sollicitation de la direction de l’entreprise afin de
110 réduire l’absentéisme en période hivernale.
Une étude préalable a concerné le personnel ayant eue des arrêts maladies pendant la
période hivernale afin de rechercher les potentielles causes de leur absentéisme. Elle a été
réalisée sur la base de questionnaires remis aux salariés ayant eu un arrêt de plus de 10
jours calandaires consécutifs entre le 1er octobre et le 31 mars ou plus de 20 jours calendaires
cumulés.
Par ailleur les partenaires sociaux allertaient le service de santé sur une grande
consommation de tabac au sein de l’entreprise entraînant des gênes vis à vis de certains
sallariés, notamment la présence de tabagisme passif.

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De ce fait il est choisi d’effectuer une campagne de sensibilisation et d’accompagnement au


120 sevrage du tabac qui a commencé avec la campagne « Mois sans tabac » 2018. Le suivi des
salariés a été prolongé sur une période de 13 mois jusqu’à la fin de la campagne « Mois sans
tabac » 2019 dans le but d’améliorer les conditions de travail des personnels non fumeurs et
d’aider les fumeurs a arrêter de fumer.
III. Etude préliminaire
L’étude préliminaire est basée sur la consultation des Dossiers Médicaux en Santé au Travail
DMST des salariés en Contrat à Durée Déterminée CDD et Contrat à Durée Indéterminée
CDI ainsi que sur le questionnement direct des personnels intérimaires présents dans
l’entreprise.
Le choix, d’une durée d’absence en arrêt maladie de 10 jours calendaires consécutifs entre
130 le 1er octobre et le 31 mars ou plus de 20 jours calendaires cumulés, a permis de sélectionner
la population qui représente potentiellement la majeure partie de l’absentéisme en période
hivernale.
Cette première phase a permis de sélectionner une population de 138 personnes. Sur ces
138 personnes, 115 ont bénéficié d’une visite de reprise, 12 ont bénéficié d’une visite à la
demande de l’employeur (en lien avec la mutation du salarié sur un poste de cariste) et 11
ont bénéficié d’une visite périodique.
Lors de chaque visite médicale (reprise, périodique ou à la demande) l’anamnèse est mise à
jour. Lors de cette mise à jour les antécédents médicaux et chirurgicaux sont questionnés et
les consommations potentiellement addictives sont abordées (tabac, alcool, drogues, écran).
140 En croisant les données recueillies sur les 138 personnes vues en visite, 98 ont des
antécédents respiratoires notables (asthme [n=45], infection respiratoire récurrente [n=31],
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive BPCO [n=12], restriction respiratoire [n=9],
cancer pulmonaire [n=1]).
Sur ces 138 personnes, 77 sont fumeurs dont 59 ont au moins un antécédent respiratoire
notable soit 42,76%.
Le lien entre la consommation de tabac et l’apparition de problème respiratoire a déjà été
montré dans de nombreuses études. Cette étude préliminaire montre une surreprésentation
des fumeurs
IV. Objectifs
150 La littérature actuelle met en évidence l’impact positif d’un suivi au long-cour dans la réussite
du sevrage tabagique, et il est encore plus important quand celui-ci est réalisé au plus proche
du lieu de vie des personnes. De ce fait l’étude vise à questionner l’intérêt pour l’infirmier en
santé au travail de se positionner dans cette démarche.
L’objectif général de cette étude est de comparer les résultats issus d’un suivi d’une cohorte
lors du sevrage tabagique ayant bénéficié d’un suivi par un infirmier en santé au travail, avec
les résultats dans la population générale.
Les objectifs secondaires sont de mettre en évidence la présence potentielle de frein dans le
sevrage tabagique, notamment la consommation associée de cannabis ainsi que le rythme
de travail.

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160 METHODOLOGIE
Le suivi se base sur les recommandationsII de la Haute Autorité de Santé HAS sur une
période de 13 mois allant de novembre 2018 à novembre 2019 inclus. Lors du premier
entretien (novembre 2018), les salariés ont répondu aux trois questionnaires suivants :
 Le test de FagerströmIII, ce test est réalisé par les participants de manière semestrielle,
uniquement pour les salariés qui fument encore.
 Le test Lagrue et LégeronIV, ce test est réalisé par le salarié de manière mensuelle,
uniquement pour les salariés qui fument encore.
 Le questionnaire CASTV. Ce test est réalisé de manière bimestrielle, uniquement pour
les salariés qui consomment encore du cannabis.
170 A chaque rendez-vous les résultats sont rendus aux salariés et ils peuvent bénéficier d’un
entretien motivationnelVI, d’une durée de 30 à 45 minutes. Lors des rendez-vous du 6ème et
du 12ème mois, l’entretien permet d’échanger sur l’évolution de la consommation et sur
l’évolution des résultats aux tests.
A la fin de chaque rendez-vous, une prescription de substitut nicotinique est proposé en
fonction des besoins et du ressenti des salariés. Le choix du substitut nicotinique se fait selon
les critères suivants :
 nombre de cigarettes fumées par jour
 durée entre le lever et la première cigarette
Tableau 1 : Matrice décisionnelle choix substitut nicotinique
Fume <10 / jour 11 – 20 / jour 21 – 30 / jour > 30 / jour
Moins de 5’ Patch moyen Patch grand Patch grand / moyen Patch grand / moyen
après le lever + + + +
Formes orales Formes orales Formes orales Formes orales
Moins de 30’ Patch moyen Patch grand / moyen Patch grand Patch grand / moyen
après le lever + + + +
Formes orales Formes orales Formes orales Formes orales
Entre 30’ et Patch moyen Patch grand / moyen Patch grand Patch grand
60’ après le + + + +
lever Formes orales Formes orales Formes orales Formes orales
Plus de 60’ Rien Patch moyen Patch grand Patch grand
après le lever ou + + +
Formes orales Formes orales Formes orales Formes orales
180 Le choix de prescriptions mensuelles de substitut nicotinique a été établi afin d’assurer le
suivi régulier du salarié et de lui donner la possibilité d’adapter rapidement le substitut en
fonction de son ressenti.
Le fait d’accepter ou non l’entretien motivationnel n’entraîne aucune conséquence sur
l’inclusion ou l’exclusion dans l’étude.

IIAnnexe 1 : Recommandation sevrage tabagique


IIIAnnexe 2 : Test de Fagerström
IV Annexe 3 : Test de Lagrue et Légeron
V Annexe 4 : Test CAST
VI Annexe 5 : Trame entretien motivationnel

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I. Critères d’inclusion et d’exclusion


L’inclusion des salariés dans l’étude s’est effectuée sur le respect des critères suivants :
 Être présent sur le site pendant la période de l’étude ;
 Accepter de passer de manière mensuelle au service de santé au travail.
Les salariés n’ayant pas participé à tous les rendez-vous ont été automatiquement exclus de
190 l’étude.
II. Exploitation des données
Les données recueillies lors des entretiens permettent d’effectuer une analyse quantitative
de type statistique, et une analyse qualitative concernant les domaines évoqués dans les
entretiens motivationnels.
La comparaison avec des données issues d’autres études est effectuée concernant l’analyse
statistique sur le sevrage et la réduction de consommation de tabac.

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DESCRIPTION DE LA POPULATION
Les 102 personnes sélectionnéesVII, l’ont été sur la base du volontariat à l’issu de l’enquête
préliminaire, et souhaitaient réduire ou arrêter leur consommation de tabac.
200 Plusieurs éléments de classement peuvent être pris en compte.
I. Données anthropologiques
La répartition en fonction du sexe est comme suit :
 94 hommes
 98 femmes
La répartition d’âge est comme suit :
 38 salariés âgés de 18 à 35 ans inclus
 28 salariés âgés de 36 à 49 ans inclus
 36 salariés âgés de 50 ans et plus
II. Données socio-professionnelles
210 La répartition en fonction des catégories socio-professionnelles est comme suit :
 60 ouvriers
 23 employés
 12 professions intermédiaires
 17 cadres
La répartition en fonction du rythme de travail est comme suit :
 87 salariés en travail posté en 3x8
 15 salariés en travail en horaire de jour
La répartition en fonction des contrats de travail est comme suit :
 60 salariés en CDD / Intérim
220  42 salariés en CDI / Contrat à Durée Indéterminée Intermittent CDII
III. Données de consommation
La répartition en fonction du type de consommation est la suivante :
 86 personnes consomment uniquement du tabac
 16 personnes consomment du tabac et du cannabis
La répartition en fonction du nombre de cigarettes fumées par jour :
 13 personnes fument entre 1 et 5 cigarettes par jour
 11 personnes fument entre 6 et 10 cigarettes par jour
 45 personnes fument entre 11 et 15 cigarettes par jour
 27 personnes fument entre 16 et 20 cigarettes par jour
230  16 personnes fument plus de 21 cigarettes par jour

VII Annexe 6 : Tableau récapitulatif des participants


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RESULTATS
I. Premier entretien
Le premier entretien a donné lieu au total à 102 Tests Fagerström, 102 tests Lagrue et
Légeron et 16 tests CAST.
L’ensemble de personnes participantes à l’étude ont accepté de répondre aux questionnaires
sans difficulté. L’entretien motivationnel est proposé à l’ensemble des salariés. Il est accepté
par 79 salariés et il commence en expliquant au salarié les résultats de ces tests.
Le résultat moyen au test de Fagerström est de 6,67 avec un écart-type de 1,4. Sur les
mêmes personnes, le test de Lagrue et Légeron à une moyenne de 13,96 avec un écart-type
240 de 4,2.
Figure 1a : Répartition des résultats Fagerström à T0

60 0 salarié à un niveau de
dépendance très faible
Nombre de personne

50
4 salariés ont un niveau de
40 dépendance faible
30 20 salariés ont un niveau de
dépendance moyen
20
52 salariés ont un niveau de
10
dépendance élevé
0
Arrêt Très Faible moyen Elevé Très
250 26 salariés ont un niveau de
faible élevé dépendance très élevé
Niveau de dépendance

Figure 1b : Répartition des résultats Lagrue et Légeron à T0


0 salarié a un niveau de motivation
0% 0%
insuffisante
49 salariés ont un niveau de
motivation moyenne
Insuffisante 53 salariés ont un niveau de forte
48% Moyenne motivation
52% Suffisante
Arrêt

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260 Figure 1c : Répartition des résultats CAST à T0

12 6 salariés ont une consommation


avec un faible risque de
10 dépendance.
Nombre de personne

8 10 salariés ont une


consommation avec un risque
6 élevé de dépendance.
4

0
Arrêt Risque faible Risque élevé
Niveau de risque de dépendance

La population choisie a donc une addiction moyenne au tabac avec un vaste niveau de
270 motivation pour arrêter de fumer.
Lors des entretiens motivationnels, il ressort trois thématiques principales incitant les salariés
à vouloir arrêter de fumer :
 l’argent (63 récurrences) [prix du tabac + intéressement en lien avec absentéisme]
 la santé (19 récurrences)
 la qualité de vie (10 récurrences)
Les principaux freins à l’arrêt du tabac sont :
 les interactions sociales (38 récurrences)
 l’arrêt de co-consommation (35 récurrences) [cannabis / alcool]
II. Entretien des 6 mois
280 L’entretien des 6 mois a donné lieu au total à 80 Tests Fagerström, 80 tests Lagrue et
Légeron et 16 tests CAST.
L’ensemble de personnes participantes à l’étude ont accepté de répondre aux questionnaires
sans difficulté. L’entretien motivationnel est choisi par 87 salariés, dont 20 salariés
demandent l’entretien à chaque rendez-vous.
A ce stade de l’étude, 40 salariés ont déjà tenté d’arrêter au moins 1 fois. 23 salariés ont
repris leur consommation de tabac.
Le résultat moyen au test de Fagerström est de 6,65 avec un écart-type de 1,3. Sur les
mêmes personnes, le test de Lagrue et Légeron à une moyenne de 12,97 avec un écart-type
de 4,2.

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290 Figure 2a : Répartition des résultats Fagerström à 6 mois

35 22 salariés ont arrêtés


30 0 salarié a un niveau de
Nombre de personne

25
dépendance nul
20 5 salariés ont un niveau de
dépendance faible
15
14 salariés ont un niveau de
10
dépendance moyen
5
31 salariés ont un niveau de
0
dépendance élevé
Arrêt Très Faible moyen Elevé Très
faible élevé
300 30 salariés ont un niveau de
Niveau de dépendance dépendance très élevé

Figure 2b : Répartition des résultats Lagrue et Légeron à 6 mois


2 salariés ont un niveau de
motivation insuffisante
4%
31 salariés ont un niveau de
22% motivation moyenne
Insuffisante 25 salariés ont un niveau de forte
36% Moyenne motivation
Suffisante
310
Arrêt

38%

Figure 2c : Répartition des résultats CAST à 6 mois

14 0 salarié a arrêté.
12 4 salariés ont une consommation
Nombre de personne

avec un faible risque de


10
dépendance.
8
12 salariés ont une
6 consommation avec un risque
4
élevé de dépendance.

0
Arrêt Risque faible Risque élevé
Niveau de risque de dépendance

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320 Lors des entretiens motivationnels, les trois thématiques principales citées lors du premier
entretien comme motivation pour arrêter sont toujours présentes et une thématique est
apparue :
 l’argent (60 récurrences) [prix du tabac + intéressement en lien avec absentéisme]
 la santé (24 récurrences)
 la qualité de vie (16 récurrences)
 le suivi facile (14 récurrences)
Les principaux freins à l’arrêt du tabac citées lors du premier entretien sont toujours présents :
 les interactions sociales (32 récurrences)
 l’arrêt de co-consommation (31 récurrences) [cannabis / alcool]
330 III. Entretien des 12 mois
Le dernier entretien a donné au total à 67 Tests Fagerström, 67 tests Lagrue et Légeron et
16 tests CAST.
L’ensemble des personnes participantes à l’étude ont accepté de répondre aux
questionnaires sans difficulté. L’entretien motivationnel est choisi par 78 salariés, dont 18
salariés demandent l’entretien à chaque rendez-vous.
A ce stade de l’étude, 66 salariés ont tenté d’arrêter au moins 1 fois. 26 salariés ont repris
leur consommation de tabac.
Le résultat moyen au test de Fagerström est de 5,76 avec un écart-type de 1,0. Sur les
mêmes personnes, le test de Lagrue et Légeron a une moyenne de 12,50 avec un écart-type
340 de 4,9.
Figure 3a : Répartition des résultats Fagerström à 12 mois

50 35 salariés ont arrêtés


45 1 salarié a un niveau de
Nombre de personne

40
dépendance nul
35
30 4 salariés ont un niveau de
25 dépendance faible
20
15 18 salariés ont un niveau de
10 dépendance moyen
5 44 salariés ont un niveau de
0
Arrêt Très Faible moyen Elevé
350
Très
dépendance élevé
faible élevé 0 salarié a un niveau de
Niveau de dépendance dépendance très élevé

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Figure 3b : Répartition des résultats Lagrue et Légeron à 12 mois


5 salariés ont un niveau de
motivation insuffisante
8%
23 salariés ont un niveau de
motivation moyenne
34%
25% 16 salariés ont un niveau de forte
motivation
360

33%

Insuffisante Moyenne Suffisante Arrêt

Figure 3c : Répartition des résultats CAST à 12 mois

14 0 salarié a arrêté.
12 4 salariés ont une consommation
Nombre de personne

avec un faible risque de


10
dépendance.
8
12 salariés ont une
6 consommation avec un risque
élevé de dépendance.
4

2
370

0
Arrêt Risque faible Risque élevé
Niveau de risque de dépendance

Lors des entretiens motivationnels, les quatre thématiques principales citées lors de
l’entretien des 6 mois comme motivation pour arrêter sont toujours présentes :
 l’argent (50 récurrences) [prix du tabac + intéressement en lien avec absentéisme] ;
 la santé (34 récurrences) ;
 la qualité de vie (33 récurrences) ;
 le suivi facile (22 récurrences).
Les principaux freins à l’arrêt du tabac citées lors du premier sont toujours présents :
 les interactions sociales (22 récurrences) ;
380  l’arrêt de co-consommation (21 récurrences) [cannabis / alcool].

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IV. Synthèse
A la fin de l’étude, la consommation de tabac des participants a été comparée entre T0 et
l’entretien du 12ème mois :
 35 personnes ont complètement arrêté de fumer à la fin de l’étude ; 32 hommes et 3
femmes.
 21 personnes ont arrêté de fumer pendant plus de 1 mois ; 20 hommes et 1 femme.
 03 personnes ont arrêté de fumer pendant moins de 1 mois ; 3 hommes.
 23 personnes ont diminué leur consommation de tabac sans avoir arrêté ; 22 hommes
390 et 1 femme.
 20 personnes n’ont pas diminué leur consommation de tabac ; 17 hommes et 3
femmes.
Cette répartition montre que 59 personnes ont tenté au moins une fois, d’arrêter de fumer au
cours de l’étude. Dont 24 ont repris leur consommation avant la fin de l’étude.
Le phénomène de craving a été observé chez 44 salariés soit 75% des personnes ayant
essayé d’arrêter au moins une fois.
Etant données que l’accompagnement au long court est un enjeu dans l’accompagnement
au sevrage. Il est important de voir que pendant les entretiens motivationnels, il est mis en
évidence la facilité de l’accompagnement pour 22 personnes soit presque 21,6% des
400 salariés. Cela peut s’expliquer par la proxémie entre le salarié et l’infirmier en santé au travail.
Le rythme en travail posté est surreprésenté dans la population étudiée (85,29% contre
59,77% de l’ensemble des salariés). Cependant c’est sur catégorie de salarié que l’on
observe la meilleure réponse au suivi (82,76% de changement de comportement dont
34,48% d’arrêt total).
La co-consommation tabac – alcool n’a pas été investiguée malgré le recueil des propos des
salariés. Ce choix est fait afin d’obtenir plus d’adhésion. L’alcool restant un sujet sensible et
peu abordé dans l’entreprise.

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DISCUSSION
I. Divers biais
410 A. Biais de sélection
Parmi les salariés contactés, certains n’ont pas souhaité participer à l’enquête. Les motifs
avancés étaient : un échec précédent au sevrage avec reprise d’un tabagisme après l’arrêt
du suivi, le manque de disponibilité pour se prêter à l’enquête, l’absence de suivi avec une
seule consultation.
Mon statut d’enquêteur appartenant à la même société que l’enquêté a pu provoquer une
réticence de l’enquêté à exprimer librement son ressenti sur sa consommation et son envie
d’arrêter. Malgré le rappel de l’anonymat, une dizaine de refus de participation à l’étude a été
exprimée en lien avec la gestion des données et les conséquences « possibles » pour les
salariés.
420 B. Biais d’investigation
L’absence de groupe témoin, oblige l’enquêteur à utiliser des données publiées et donc
n’ayant pas la même période d’étude. De ce fait le contexte sociétal et la prise de conscience
collective peuvent impacter la comparaison.
C. Biais d’interprétation
L’enquête ainsi que sa phase de préparation, ont été établies par une seule personne, le
raisonnement utilisé n’a pu être critiqué et donc peut entraîner une vision non contradictoire.
L’analyse a été effectuée par un seul enquêteur, avec des questionnaires reconnus par les
professionnels de santé travaillant en addictologie.
Cependant les résultats obtenus ont été soumis à un groupe de relecture afin de valider ceux-
430 ci.

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II. L’intérêt de l’infirmier en santé au travail


Les résultats obtenus montrent que 80% des salariés ont effectué des changements de leur
consommation tabagique :
- 34% ont totalement arrêté de fumer ;
- 24% des salariés ont arrêté de fumer au moins pendant une semaine. Ils ont tous
repris, mais en diminuant leur consommation ;
- 22% des salariés ont réduit leur consommation sans arrêt.
L’évaluation de la consommation de tabac en fin d’étude montre que 46% des salariés ont
réduit leur consommation.
440 L’ensemble des salariés consommant du cannabis n’ont pas diminué leur consommation de
tabac ainsi que cinq autres personnes refumant que du tabac.
Si on compare les taux d’arrêts définitifs de l’étude (34%) avec celui des études reprises dans
le documentVIII de la HAS (3 à 5%). Cette étude comparative montre donc un facteur de
réussite au sevrage de 7.
Ce taux est comparable à celui obtenue par un suivi extrahospitalier en addictologie.
Figure 4 : Evolution de la consommation de tabac à 12 mois

Arret total
21%
34% Arret avec reprise à plus 1
mois
22% Arret avec reprise a moins 1
mois
3%
20% Diminution consomation

Sans diminution

Figure 5 : Evolution des résultats du test Fagerström au cours des 12 mois

16
14
12
10
8
6
4
2
0
T0 T 6 mois T 1 an

MIN MAX MOY

VIII (Haute Autorité de Santé, 2014)


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450 Comme le montre la figure 5, il n’y a pas d’évolution notable sur les six premiers mois en
termes de niveau d’addiction au tabac. Ce niveau baisse uniquement après six mois de suivi.
Il est donc important de pouvoir proposer un suivi sur une longue période afin d’augmenter
les chances de réussite du sevrage.
De plus, lors des entretiens motivationnels réalisés tout au long de l’étude, il ressort
nettement comme motivation à l’arrêt la facilité du suivi. Ce levier est à mettre en corrélation
avec la proxémie entre le salarié et l’infirmier en santé au travail qui est un acteur de proximité
du monde de la santé dans l’entreprise. Le lien de confiance nécessaire pour le suivi est donc
plus facilement atteignable pour le binôme accompagnant – accompagné et permet donc une
meilleure adhésion du salarié dans la démarche engagée.
460 C’est pour cela que l’apport du suivi d’un infirmier en santé au travail est donc comparable à
celui d’un suivi dans un service d’addictologie pour ce qui est de l’accompagnement au
sevrage tabagique. L’avantage d’un suivi par un professionnel de service de santé au travail
réside dans une meilleure adhésion du salarié comme le décrit le docteur Christophe POIREL
dans sa thèseIX en médecine générale pour le suivi en extrahospitalier.
La formation d’infirmière en santé au travail gagnerait à préparer les futurs praticiens à la
prise en charge des problématiques d’addiction.
III. Addiction au tabac et co-consommation
L’objectif secondaire de l’étude comparative est de montrer l’impact de la co-consommation
tabac-cannabis dans la prise en charge du sevrage tabagique. Pour cela deux groupes
470 d’étude ont été réalisés. Le premier groupe est composé de salariés, consommateurs de
tabac uniquement, et le second de consommateurs de tabac et de cannabis.
Figure 6 : Comparaison des résultats de sevrage au bout de 12 mois

Répartition des résultats de sevrage


40
35
Nombre de salarié

30
25
20 Tabac
15
Tabac/Cannabis
10
5
0
Arrêt Total Arrêt supérieur à Arrêt inférieur à Diminution Inchangé
1 semaine 1 semaine

Malgré le nombre de salariés concernés, l’étude comparative montre que dans des
conditions identiques d’accompagnement au sevrage tabagique, les personnes qui
consomment conjointement tabac et cannabis ne réduisent pas leur consommation de tabac.
L’explication principale est le fait de ne pas vouloir réduire leur consommation de cannabis.
Bien qu’un accompagnement spécialisé au sevrage du cannabis ait été proposé à chaque
salarié, aucun d’entre eux n’a souhaité réduire ou arrêter cette consommation.
Cette problématique montre que la présence des addictologues dans les services de santé
480 au travail pourrait être envisagée pour améliorer la prise en charge des addictions avant
qu’elles n’entraînent des conséquences importantes sur la santé et l’activité des salariés.

IX (POIREL, 2018)
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IV. Conclusion
Suite à la création de la visite d’information et de prévention pouvant être réalisée par les
infirmiers en santé au travail, son rôle en terme de prévention et de dépistage est donc majoré
et nécessite une professionnalisation avec un diplôme réglementé comportant dans sa
formation divers aspect dont la recherche d’addiction lors des visites et les notions en
entretien motivationnel.
La relation de proxémie entre les salariés et l’infirmier-ère en santé au travail permet la mise
en place d’une relation de confiance rapide et donc une facilité d’échange lors des entretiens
490 motivationnels, ce contexte étant favorable à un changement d’habitude du salarié sur sa
consommation de tabac.
L’intérêt de développer le travail en réseau (service de santé au travail vers les centres de
soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie ou l’hôpital et inversement)
apparait également.
La prochaine réforme de la santé au travail peut être la possibilité pour les infirmiers en santé
au travail de se voir accorder une formation réglementé dans laquelle sera évoquée la
prévention des addictions.

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DECLARATION D’INTERET
500
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt, de quelque nature que ce soit dans le cadre de
la réalisation de cet article.

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ANNEXES
I. Annexe 1 : Recommandation sevrage tabagique

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II. Annexe 2 : Test de FagerströmX


1. Le matin, combien de temps après vous être réveillé fumez-vous votre première
cigarette ?
☐ Dans les 5 premières minutes ........................................... 3 pts
☐ 6 à 30 minutes ................................................................... 2 pts
☐ 31 à 60 minutes ................................................................. 1 pts
☐ Plus de 60 minutes ............................................................ 0 pts

2. Trouvez-vous qu’il est difficile de s’abstenir de fumer dans les endroits où c’est interdit
(par exemple cinéma, bibliothèque) ?
☐ Oui ..................................................................................... 1 pts
☐ Non .................................................................................... 0 pts

3. A quelle cigarette renonceriez-vous le plus difficilement ?


☐ A la première du matin ....................................................... 1 pts
☐ A une autre ........................................................................ 0 pts

4. Combien de cigarettes fumez-vous par jour, en moyenne ?


☐ Moins de 10 cigarettes ...................................................... 0 pts
☐ 11 à 20 cigarettes .............................................................. 1 pts
☐ 21 à 30 cigarettes .............................................................. 2 pts
☐ Plus de 30 cigarettes ......................................................... 3 pts

5. Fumez-vous à intervalle plus rapproché durant les premières heures de la matinée


que durant le reste de la journée ?
☐ Oui ..................................................................................... 1 pts
☐ Non .................................................................................... 0 pts

6. Fumez-vous lorsque vous êtes malades au point de rester dans le lit toute la journée ?
☐ Oui ..................................................................................... 1 pts
☐ Non .................................................................................... 0 pts

Interprétation du niveau de dépendance :


- Très faible => score entre 0 et 2 inclus
- Faible => score 3 ou 4
- Moyen => score 5
- Forte => score 6 ou 7
- Très forte => score entre 8 et 10 inclus

X (Heatherton TF, 1991)


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III. Annexe 3 : Test de Lagrue et LégeronXI


1. Pensez-vous que dans 6 mois ?
☐ Vous fumerez toujours ...................................................... 0 pts
☐ Vous aurez diminué un peu votre consommation ............. 2 pts
☐ Vous aurez diminué beaucoup votre consommation ......... 4 pts
☐ Vous aurez arrêté de fumer ............................................... 8 pts

2. Avez-vous actuellement envie d’arrêter ?


☐ Pas du tout......................................................................... 0 pts
☐ Un peu............................................................................... 1 pts
☐ Beaucoup .......................................................................... 2 pts
☐ Enormément ...................................................................... 3 pts

3. Pensez-vous que dans 4 semaines ?


☐ Vous fumerez toujours autant ............................................ 0 pts
☐ Vous aurez diminué un peu votre consommation .............. 2 pts
☐ Vous aurez diminué beaucoup votre consommation ......... 4 pts
☐ Vous aurez arrêté de fumer ............................................... 8 pts

4. Vous arrive-t-il de ne pas être content de fumer ?


☐ Jamais ............................................................................... 0 pts
☐ Quelquefois ....................................................................... 1 pts
☐ Souvent ............................................................................. 2 pts
☐ Toujours ............................................................................ 3 pts

Interprétation du niveau de motivation :


- Insuffisante => score entre 0 et 6 inclus
- Moyenne => score entre 7 et 13 inclus
- Suffisante => score supérieur à 14

XI (AUBIN, LAGRUE, & LEGERON, 2004)


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IV. Annexe 4 : Test CASTXII


1. Avez-vous fumé du cannabis avant 4. Des amis ou de la famille vous ont-
midi ? ils dit que vous devriez réduire votre
☐ Jamais ............................ 0 pts consommation de cannabis ?
☐ Rarement ....................... 1 pts ☐ Jamais ............................ 0 pts
☐ De temps en temps ........ 2 pts ☐ Rarement ........................ 1 pts
☐ Assez souvent ................ 3 pts ☐ De temps en temps ......... 2 pts
☐ Très souvent .................. 4 pts ☐ Assez souvent................. 3 pts
☐ Très souvent ................... 4 pts

2. Avez-vous fumé du cannabis 5. Avez-vous essayé de réduire ou


lorsque vous étiez seul ? d’arrêter votre consommation de
☐ Jamais ............................ 0 pts cannabis ?
☐ Rarement ........................ 1 pts ☐ Jamais ............................ 0 pts
☐ De temps en temps......... 2 pts ☐ Rarement ........................ 1 pts
☐ Assez souvent ................ 3 pts ☐ De temps en temps ......... 2 pts
☐ Très souvent ................... 4 pts ☐ Assez souvent................. 3 pts
☐ Très souvent ................... 4 pts

3. Avez-vous des problèmes de 6. Avez-vous eu des problèmes à


mémoire quand vous fumiez du cause de votre consommation de
cannabis ? cannabis ?
☐ Jamais ............................ 0 pts ☐ Jamais ............................ 0 pts
☐ Rarement ........................ 1 pts ☐ Rarement ........................ 1 pts
☐ De temps en temps......... 2 pts ☐ De temps en temps ......... 2 pts
☐ Assez souvent ................ 3 pts ☐ Assez souvent................. 3 pts
☐ Très souvent ................... 4 pts ☐ Très souvent ................... 4 pts

Interprétation du niveau de risque de dépendance :


- Absence => score entre 0 et 2 inclus
- Faible => score entre 3 et 6 inclus
- Elevé => score supérieur ou égale à 7

XII (LEGLEYE, KARILA, BECK, & REYNAUD, 2007)


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V. Annexe 5 : Trame entretien motivationnel


Afin de permettre une reproduction expérimentale, j’ai utilisé une trame pour réaliser mes
entretiens motivationnels.
L’entretien est semi-directif et se compose uniquement de questions ouvertes pour réorienter
le discours du salarié et le recentrer sur le cheminement de la trame.
La trame est organisée comme suit :
 Retour sur expérience
Au cours du temps, le salarié peut exprimer librement son ressenti sur son vécu par rapport
à sa consommation. Les réussites sont mises en valeurs, et les revers ne sont pas pointés
comme des échecs mais comme des passages amenant le salarié à mieux se connaître vis
à vis de sa consommation.
 Restitution des résultats des tests du jour
Les résultats sont restitués en expliquant le barème d’évaluation propre au test. Cela permet
de confronter le salarié à une réalité objectivable sur sa relation au tabac et au cannabis.
 Attente du salarié
A la suite de la restitution, il est demandé au salarié d’exprimer ses attentes, que ce soit à
court, moyen ou long terme. Cette étape est essentielle afin de mettre en avant la nécessité
d’arrêter de fumer.
 Aspect bloquant
Si le salarié continue de fumer à ce jour, il est important de l’amener à réfléchir sur les
éléments, qui selon lui, sont bloquants dans l’arrêt de sa consommation.
 Objectif pour le prochain rendez-vous
L’objectif est énoncé par le salarié. Il doit être établi de manière SMART :
- Spécifique
- Mesurable
- Atteignable
- Réaliste
- Temporel

Version du 24 février 2022 20


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VI. Annexe 6 : Tableau récapitulatif des participants


CODE CSP Rythme T // TC Sexe Age Contrat
S-38-01 O 3x8 T H 49 CDD
S-38-02 O 3x8 T H 18 CDD
S-38-03 O 3x8 TC H 53 CDD
S-38-04 O 3x8 T H 20 CDD
S-38-05 O 3x8 T H 22 CDD
S-38-06 O 3x8 T H 40 CDI
S-38-07 O 3x8 T H 50 CDI
S-38-08 O 3x8 T H 55 CDD
S-38-09 O 3x8 T H 38 CDD
S-38-10 O 3x8 T H 33 CDD
S-38-11 O 3x8 T H 26 CDD
S-38-12 O 3x8 T H 34 CDD
S-38-13 O 3x8 T F 52 CDD
S-38-14 O 3x8 TC H 48 CDD
S-38-15 O 3x8 T H 28 CDD
S-38-16 O 3x8 T H 22 CDD
S-38-17 O 3x8 T H 50 CDD
S-38-18 O 3x8 T H 26 CDD
S-38-19 O 3x8 T H 50 CDD
S-38-20 O 3x8 T H 30 CDD
S-38-21 O 3x8 T H 31 CDD
S-38-22 O 3x8 T H 19 CDD
S-38-23 O 3x8 T H 55 CDD
S-38-24 O 3x8 T H 29 CDD
S-38-25 O 3x8 T H 46 CDD
S-38-26 O 3x8 T F 36 CDD
S-38-27 O 3x8 TC H 53 CDD
S-38-28 O 3x8 T H 33 CDD
S-38-29 O 3x8 T H 54 CDD
S-38-30 O 3x8 T H 31 CDD
S-38-31 O 3x8 T H 39 CDD
S-38-32 O 3x8 T H 27 CDD
S-38-33 O 3x8 T H 19 CDD
S-38-34 O 3x8 T H 53 CDD
S-38-35 O 3x8 T H 40 CDD
S-38-36 O 3x8 TC H 40 CDD
S-38-37 O 3x8 T H 41 CDD
S-38-38 O 3x8 T H 45 CDD
S-38-39 O 3x8 T F 41 CDD

Version du 24 février 2022 21


L’INFIRMIER EN SANTE AU TRAVAIL, UN ROLE DANS
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CODE CSP Rythme T // TC Sexe Age Contrat


S-38-40 O 3x8 T H 43 CDD
S-38-41 O 3x8 T H 42 CDD
S-38-42 O 3x8 T H 37 CDD
S-38-43 O 3x8 T H 20 CDD
S-38-44 O 3x8 T H 35 CDD
S-38-45 O 3x8 T H 36 CDD
S-38-46 O 3x8 T H 52 CDD
S-38-47 O 3x8 T H 43 CDD
S-38-48 O 3x8 T H 51 CDD
S-38-49 O 3x8 T H 33 CDD
S-38-50 O 3x8 T H 47 CDD
S-38-51 O 3x8 T H 51 CDI
S-38-52 O 3x8 T F 34 CDI
S-38-53 O 3x8 T H 53 CDI
S-38-54 O 3x8 T H 55 CDI
S-38-55 O 3x8 TC H 30 CDI
S-38-56 O 3x8 TC H 56 CDI
S-38-57 O 3x8 T H 29 CDD
S-38-58 O 3x8 T H 56 CDD
S-38-59 O 3x8 T H 26 CDI
S-38-60 O 3x8 TC H 54 CDI
S-38-61 PI 3x8 TC H 55 CDD
S-38-62 PI 3x8 T H 51 CDD
S-38-63 PI 3x8 T H 29 CDI
S-38-64 PI 3x8 TC H 40 CDI
S-38-65 PI 3x8 T F 44 CDI
S-38-66 E 3x8 T H 53 CDD
S-38-67 E 3x8 T H 50 CDD
S-38-68 E 3x8 T H 27 CDD
S-38-69 E 3x8 T H 19 CDD
S-38-70 E 3x8 TC H 20 CDD
S-38-71 E 3x8 T H 53 CDD
S-38-72 E 3x8 T H 26 CDD
S-38-73 E 3x8 TC H 39 CDD
S-38-74 E 3x8 T H 57 CDI
S-38-75 E 3x8 T H 54 CDI
S-38-76 E 3x8 T H 28 CDI
S-38-77 E 3x8 T H 51 CDI
S-38-78 E 3x8 T F 51 CDI
S-38-79 E 3x8 T H 52 CDI

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CODE CSP Rythme T // TC Sexe Age Contrat


S-38-80 E 3x8 T H 53 CDI
S-38-81 E 3x8 TC H 27 CDI
S-38-82 E 3x8 T H 52 CDI
S-38-83 E 3x8 T H 55 CDI
S-38-84 E 3x8 T H 52 CDI
S-38-85 E 3x8 T H 51 CDI
S-38-86 E 3x8 T H 28 CDI
S-38-87 E 3x8 T H 54 CDI
S-JR-01 E JOUR T H 28 CDI
S-JR-02 PI JOUR T H 27 CDI
S-JR-03 PI JOUR T H 36 CDI
S-JR-04 PI JOUR TC F 31 CDI
S-JR-05 PI JOUR TC H 27 CDI
S-JR-06 PI JOUR TC H 50 CDI
S-JR-07 PI JOUR T H 28 CDI
S-JR-08 PI JOUR T H 39 CDI
S-JR-09 C JOUR T H 39 CDI
S-JR-10 C JOUR T H 41 CDI
S-JR-11 C JOUR T H 41 CDI
S-JR-12 C JOUR TC H 44 CDI
S-JR-13 C JOUR T H 51 CDI
S-JR-14 C JOUR T H 37 CDI
S-JR-15 C JOUR T F 35 CDI

O : ouvriers // E : employés // PI : professions intermédiaires // C : cadres


T : tabac // TC : tabac et cannabis
H : homme // F : femme
CDI : comprend les contrats à durée indéterminé et les contrats à durée indéterminé
intermittent
CDD : comprend les intérimaires et les contrats à durée déterminé

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BIBLIOGRAPHIE
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GUINARD, R., BECK, F., WILQUIN, J.-L., ANDLER, R., NGUYEN-TNANH, V., RICHARD,
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Lorraine. Récupéré sur hal université lorraine: https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01932259

Version du 24 février 2022 24

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