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2020
PREFACE
La tuberculose constitue un problème majeur de santé publique au Congo.
L’apparition de bacilles tuberculeux résistants aux médicaments utilisés pour traiter la tuberculose
ne fait que compliquer les choses et constitue une menace pour l’efficacité de la lutte antituberculeuse.
En 2014 le 1er guide de prise en charge des cas Tuberculeux multi résistants avait été élaboré pour
contrer ce phénomène, une détection précoce à l’aide du GeneXpert, une prise en charge appropriée
de ces cas et l'adoption de stratégies visant à prévenir la propagation des bacilles résistants. Des
mesures spécifiques ont été prises dans le cadre du programme de lutte contre la tuberculose. Le
présent guide constitue la 3ème édition et fournit les directives actualisées à l'intention des médecins,
infirmiers et laborantins impliqués dans prise en charge de la tuberculose multi résistante (TB-MR).
Il remplace la version élaborée en 2017 et s’est enrichi de l’expérience pratique de ces trois dernières
années. Il s’appuie sur les recommandations de l’OMS de 2019.
Nous espérons qu’avec la validation du schéma court de 9 mois entièrement oral nos patients TB-
MR seront épargnés de multiples effets indésirables du régime utilisé précédemment qui associait
une phase injectable.
La Ministre de la sante, et de la
population, de la promotion de la femme
et de l’intégration de la femme
au développement
REMERCIEMENTS
La Direction du Programme Nationale de Lutte contre la Tuberculose, remercie les personnes et institutions
ayant participé activement à la révision et validation du guide de prise en charge de la tuberculose
pharmaco résistante.
SIGLES ET ACRONYMES
Introduction
La pharmacovigilance (aDSM : Active TB drug-safety monitoring and management) est définie par
l'OMS comme «la science et les activités relatives à la détection, à l'évaluation, à la compréhension
et à la prévention des effets indésirables ou à tout autre problème lié à un médicament ».
C'est une activité fondamentale de surveillance de la santé publique pour informer la gestion des
mesures de sécurité des patients dans les soins de santé.
Au fur et à mesure que les programmes commencent à incorporer les nouveaux médicaments dans
les schémas de traitement, l'OMS recommande qu'ils améliorent également leur capacité à
entreprendre la pharmacovigilance.
Elle est essentielle pour assurer la sécurité des patients et pour la mise à jour des normes de sécurité
des patients, des profils de sécurité du médicament et des directives de traitement de la tuberculose.
Le présent document reprend les lignes directrices décrivant une approche étape par étape pour une
mise en œuvre de la pharmacovigilance des médicaments antituberculeux.
Il se veut être une source de conseils pratiques pour les professionnels de la santé qui participent dans
la prise en charge des malades souffrant de la tuberculose.
1 Généralités
Pour améliorer la qualité des soins et la sécurité des médicaments, l’OMS a développé un programme
international de monitorage des médicaments (Centres d’expertise pour la surveillance et l’analyse
des effets indésirables des médicaments).
Chaque pays doit organiser une collecte systématique d'informations sur les effets indésirables graves
observés au cours de l’utilisation d'un médicament.
Les médicaments anti-TB existent depuis plusieurs décennies et les effets indésirables sont bien
connus mais restent très fréquents (utilisation simultanée et longue durée des traitements).
Les comorbidités aussi accentuent ces effets (interférences avec le métabolisme et chevauchement
des toxicités).
L’arrivée de nouveaux médicaments pour la TB augmente la probabilité d'effets indésirables, y
compris les plus rares.
D’où la nécessité de faire partie intégrante du PNLT.
La pharmacovigilance est une science qui a pour objet la détection, l'évaluation, la compréhension et
la prévention des effets indésirables de tous les médicaments et produits à usage humain. Elle permet
ainsi de :
● Détecter les effets indésirables liés aux médicaments (EIM)
E.I. majeurs (Grade 3 ou 4) avec atteinte des organes vitaux ou en cas de danger de mort :
- Identifier le médicament responsable
- Arrêter le médicament en question
- Si l’arrêt est définitif considérer le remplacement du médicament
⮚ Gastrite : IPP ex. Oméprazole, Ad et enfts > 25 Kg 1×20mg le matin (dose max 40 mg) ; Enfts
: 1×10mg jusqu’à 20mg pour les enfants dont le poids est ˂ 25kg
Pansement gastrique après le repas et à distance d'autres médicaments (espacer de 2 heures)
ex. Hydroxyde d'Al et Mg (Phosphalugel, Maalox)
Ad: 3×15ml per os, Enfts: 3×5ml per os
⮚ Diarrhée : SRO à volonté (1 sachet à diluer avec 1.5L d’eau plate) si déshydratation légère ou
modérée ; Ringer lactate en perfusion Ad : 1L pdt 2h et 1L pdt 6h puis SRO à volonté jusqu’à
rémission ; Enfts : 100ml / Kg en 2 prises (la moitié en 2h et l’autre moitié en 6 h) puis relai
per os avec le SRO à volonté ; Zinc : Enfts ˂ 6mois : 10mg per os ; Ad et enfts de > 6 mois
:20mg per os. Durée : 10 à 14 jours, Probiotique ex. Ultra levure Enfts de ˂ 6mois : 1 sachet,
Ad et Enfts de > 6 mois : 2 sachets
3.2.HEPATO-NEPHRO-TOXICITE
3.2.1 .Hépatotoxicité
ALAT et ASAT ≤5 fois la norme et pas d’ictère, continuer le traitement et soigner les symptômes
ALAT et ASAT > 5 fois la norme avec ou sans ictère (Bilirubine >3mg/dl), arrêter tous les
médicaments et évaluer les transaminases toutes les semaines ; si elles reviennent à 2 fois la norme,
réintroduire les médicaments les moins hépatotoxiques (Km, E, Mfx, Cfz), contrôler les
transaminases. Puis introduire les médicaments hépatotoxiques dans cet ordre « Pto/Eto, H et Z » et
observer l’évolution tous les 3 jours. Si pas d’amélioration, supprimer le médicament incriminé et les
remplacer par un autre sur avis du CCTM
3.2.2. Néphrotoxicité
- Surveiller la diurèse. En cas de bouffissure de la face, œdèmes des membres inférieurs, dysurie
→ référer d’urgence en néphrologie, suivi rigoureux de la créatinine (et de la kaliémie) chaque
1-2 semaines
- Hydratation adéquate
- Si Cl Cr <90ml/min : ISL 2-3 fois par semaine à 12-15mg/kg; E et Z 3 fois/semaine
- Si Cl Cr <60ml/min malgré la réduction de la dose : arrêter l’ISL et le remplacer par Bdq ou
Dlm chez les enfants ; E et Z 3 fois/semaine
3.3.1. Hypokaliémie :
- Supplémentation en K+ ; comprimés de chlorure de potassium à libération lente 1200-3600
mg/j en 2-3 doses (600 mg = 8 mEq)
- En cas d’hypokaliémie sévère (<2,8 mmol/l) : KCl IV 10 mEq/h (10 mEq de KCl augmente
la kaliémie de 0,1 mEq/l)
- Spironolactone 25mg/j dans les cas réfractaires
- Gluconate de magnésium 1000 mg 2 fois/j
3.3.2. Hypothyroïdie :
- Lévothyroxine 100-150mcg/j chez les adultes ; 75-100mcg/j chez les jeunes adultes ; 50mcg/j
chez les sujets âgés ; 25mcg en cas de maladie cardiovasculaire grave
- Ré-évaluer le TSH après 1-2 mois et ajuster la dose de lévothyroxine
3.5.1. Arthralgie
- AINS : ibuprofène 200 mg 3 fois/j
- Laisser reposer l’articulation
- Diminue généralement avec le temps et sans intervention
3.5.2. Tendinite
- Donner les AINS : ibuprofène 200 mg 3 fois/j
- Laisser reposer l’articulation (laisser reposer le malade: limiter les déplacements)
- Si inflammation importante et persistante, arrêter la FQ et la remplacer par Bdq
3.7.2. Dépression
- Evaluer les conditions psychologiques et socio-économiques
- Arrêter la Cs
- En cas de persistance de symptômes modérés ou sévères → Antidépressif (fluoxétine,
Amitriptyline ou homologues). Ne pas les associer avec Lzd (risque de syndrome
sérotoninergique). Donner Bupropion (si co-adminstration du Lzd)
- Remplacer Cs par Pto/Eto (ou PAS) si non précédemment utilisé dans un régime ayant échoué
- Si QTc <500ms, continuer Mfx ou Bdq ou Dlm ou Lfx et contrôler l’ECG une fois par semaine
- Si QTc ≥500ms, remplacer Mfx avec haute dose de Lfx et considérer l’arrêt de Bdq et/ou
Dmd, Sulfate de Mg 3g IV puis 6-12 g/24H en cas de torsade des pointes
- QTc ≥500ms, considérer l’arrêt temporaire de Bdq et/ou Dlm
- Surveillance régulière de l’ECG, K+, Mg2+ et Ca2+
Baisse de l’acuité auditive, surdité :
- Si détérioration de la perte auditive pendant la phase intensive (de degré 1 ou plus), remplacer
Am par Bdq ou Dlm chez les enfants de 3 à 6 ans ou Lzd si Dlm n’est pas disponible
- Si perte auditive déjà avant la mise en traitement de degré 1 ou plus : considérer l’utilisation
de Bdq, Dlm ou Lzd au lieu de Km, S et Am
La notification est la base de la Pharmacovigilance, en principe obligatoire surtout pour les effets
graves. La transmission dans les délais opportuns de la notification vers le niveau hiérarchique
(PNLT, CNPV)
4.3. Informations à collecter
- Les antécédents du patient
- Description de l’effet indésirable
- Date d’apparition de l’effet indésirable
- Prise en charge de l’effet indésirable (arrêt traitement, diminution dose ?)
- Evolution après arrêt du médicament
- Réintroduction du médicament présumé
- Diagnostics différentiels éliminés
- Nom de la spécialité du médicament
- Date de début du médicament
5. Conclusion
La sécurité du patient est la pierre angulaire de la qualité des soins. Administrer un traitement au
malade sans assurer le suivi et la prise en charge des effets indésirables est une faute professionnelle
(Prestataire, Gestionnaire).
D’où l’importance de la notification des EIM au CNPV en routine par les prestataires dans les
structures de soins, ...
Il faut également stimuler la Communauté à déclarer les EIM et les rapporter à la hiérarchie.
Avant de réduire la dose ou l’arrêter d’un médicament, il faut :
⮚ Bien réfléchir
⮚ Explorer d’autres options (traitement de la symptomatologie)
⮚ Consulter d’autres experts…
6. Références