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Blockchain, après la bulle, l’heure de vérité

2.2 La monnaie sur la blockchain : crypto-monnaies, stablecoins – Libra.

Tout au long de l'histoire, à de nombreuses périodes coexistaient différents moyens de paiement,


à côté des espèces, des cartes de crédits, des systèmes de payement sur internet, les crypto-
monnaies commencent à devenir un moyen de paiement accepté par de nombreuses parties. À
mesure que les projets deviendront plus efficaces et plus performants, l'utilisation de ces crypto-
monnaies augmentera. Chaque jour, nous entendons parler de plus en plus de l'intention de
plusieurs États de créer des e-monnaies nationales basées sur la technologie blockchain.
Les crypto-monnaies, comme Bitcoin par exemple, ont apparu comme une alternative au système
bancaire traditionnel, au milieu de l'une des pires crises financières depuis des décennies.
Cependant, les crypto-monnaies viennent en complément et visent à révolutionner le système de
transfert de fonds classique, pas à le remplacer. Selon l’étude « Imagine 2030» 1 (Imaginé 2030) de
l'analyste et stratégiste Jim Reid de la Deutsche Bank, la demande de devises alternatives
augmentera régulièrement jusqu'en 2030, les monnaies numériques remplaçant finalement le cash,
une théorie qui semble se confirmer à la lumière des récents événements mondiaux.
Le graphique ci-dessous montre le taux d'adoption des portefeuilles blockchain par rapport au
taux d'adoption de l'Internet. Au moins pour l'instant, les courbes sont similaires après ajustement
pour l'échelle. Si les tendances actuelles se poursuivent, il pourrait être deux cent millions
d'utilisateurs de portefeuilles blockchain d'ici 2030.

Graphique : Les ratios d’adoption des crypto-monnaie et de l’internent


Nombre d’utilisateurs d’Internet
Nombre d’utilisateurs des portefeuilles blockchain

N° d’utilisateurs des portefeuilles blockchain (en


Prévisions d’utilisateurs des portefeuilles blockchain
Nombre d’utilisateurs d’Internet (en
millions)

millions)

Nombre d’utilisateurs d’Internet (en millions)

Source: J. Reid «Konzept – Imagine 2030 » Deutsche Bank research (2019)

Alors que les monnaies virtuelles font leur entrée dans le mainstream (phénomène de masse et
d’actualité), à la fois comme outil de refuge, comme investissement à moyen et long terme et
comme moyen de paiement, l'importance des crypto-monnaies augmente proportionnellement.

1
J. Reid «Konzept – Imagine 2030 » Deutsche Bank research (2019)
D’après le bulletin informatif de la Banque de France 2 de juillet-août 2020, plus de 5 700 de crypto-
actifs ont été récences dans le monde avec une valorisation estimative de 240 milliards de dollars.
Cependant, l'absence de réglementation pour ce marché a suscité de grandes inquiétudes parmi
les autorités, et dans de nombreux pays, le commerce des crypto-monnaies a été complètement
interdit, même s'il pourrait représenter un énorme potentiel pour leurs économies.
Les crypto-monnaies se révèlent utiles dans les économies émergentes et développées, qui
envisagent également la possibilité de lancer les monnaies numériques des banques centrales. Pour
les économies émergentes des pays en développement, le principal avantage de l'utilisation des
crypto-monnaies serait la possibilité de transférer les fonds entre les personnes qui ne détiennent
pas des comptes bancaires. En ce qui concerne les économies développées, les crypto-monnaies
peuvent offrir une alternative au cash, car sa fréquence d'utilisation est en diminution constante.
Concernant la réglementation des crypto-actifs, par exemple le Japon est connu pour avoir des
réglementations de crypto-monnaie les plus progressistes au monde, puis la Suède, l'Italie, la France
sont également des États qui voient des opportunités de croissance dans la blockchain. D’après
plusieurs opinions, des opportunités de croissance de la crypto-monnaie se trouvent dans deux
catégories de pays :
- les pays amis de la crypto-monnaie: comme la Suisse, l'Estonie, la Lituanie, le Royaume-Uni,
l'Allemagne et,
- les pays où les transactions avec les crypto-monnaies sont devenues récemment illégales 3
comme l’Inde, le Qatar, l’Indonésie etc. Malgré ça, l'appétit pour la crypto-monnaie se manifeste et
se développe dans des pays comme dans ces pays.
Les crypto-monnaies ont des perspectives de développement importantes dans l’Afrique
continentale où des nombreuses personnes n’ont pas encore accès à un compte bancaire et aux
services financiers. Elles présentent des opportunités pour des pays ouverts à la nouveauté, qui
comprennent l'évolution des finances et qui ne sont pas satisfaits du statut de spectateur mais
veulent être des acteurs impliqués.

2.2.1 Qu'est-ce qu'un crypto-actif?


Dans la littérature il n'existe pas une définition universelle pour ce type d’actif, en pratique
plusieurs termes sont utilisés, tels que : «crypto-actif», «crypto-token», «crypto-monnaie» ou
«monnaie virtuelle». Selon le groupe de travail sur les crypto-actifs de la BCE un crypto-actif a été
défini comme «un nouveau type d'actif enregistré sous forme numérique et activé par l'utilisation
d'une cryptographie, qui n'est pas et ne représentent pas une créance financière ou une
responsabilité de toute entité identifiable» 4. L'émergence des crypto-actifs a été facilitée par la
technologie du grand livre distribué (DLT). Une particularité qui les caractérise est l'absence d’une
base sous-jacente, ce qui les rend très volatils et spéculatifs.
Nombreuses sont les projets privées dans le monde basés sur la technologie blockchain, avec le
but de proposer de nouveaux moyens d’échange sur la base de crypto-actifs. D’après leurs créateurs
et promoteurs les crypto-actifs doivent permettre faciliter et accélérer les transactions entre
différentes parties. L’une des premières crypto-monnaies et des plus connues à l’heure actuelle est le
Bitcoin, qui faisait son apparition il y a 12 ans, actuellement un ensemble de plusieurs milliers de
2
Publications de la Banque de France « Monnaies digitales : du mythe aux projets innovants » bulletin
informatif de la Banque de France (n° 230/1, juillet-août 2020)
3
« Les pays dans lesquels le Bitcoin est interdit ou légal » : https://fr.cryptonews.com/guides/countries-in-
which-bitcoin-is-banned-or-legal.htm
4
Banque Centrale Européenne « Crypto-assets, trends and implications » (juin 2019)
crypto-actifs sont proposés sur le marché. Compte tenu de leurs risques, vu la forte volatilité
(énoncée dans la Partie 1.3 « Limites à travers la volatilité »), le risque opérationnel et de sécurité,
ces crypto-actifs n’ont pas fait preuves pour l’instant d’être une alternative fiable et satisfaisante aux
moyens de paiement traditionnels.
La capitalisation boursière des crypto-actifs a considérablement diminué après son pic historique
de 650 milliards d'euros en janvier 2018, puis une correction brutale qui a suivi, a réduit la
capitalisation boursière des crypto-actifs à 96 milliards d'euros en janvier 2019 :

Graphique : Capitalisation boursière totale des crypto-actifs


Capitalisation de marché des crypto-actifs (échèle à gauche)
Prix de Bitcoin (échèle à droite)

Source : Banque Centrale Européenne « Crypto-assets, trends and implications » (juin 2019)

Depuis son lancement en 2008, le Bitcoin continue à dominer les crypto-monnaies en termes de
capitalisation, en nombre d'utilisateurs et en termes de popularité. Bien que le bitcoin a perdu du
terrain vis-à-vis d'autres crypto-actifs au cours des dernières années face à une concurrence
croissante, sa part de marché a repris et au début de 2019 elle était d’environ de 54%.

Graphique : Pondérations de la capitalisation boursière totale des crypto-actifs


Source : Banque Centrale Européenne « Crypto-assets, trends and implications » (juin 2019)

Pour remédier les faiblesses et les difficultés rencontrées dans l’utilisation des crypto-actifs de
première génération comme Bitcoin, Ethereum, Ripple etc. (particulièrement liées à leur volatilité),
une nouvelle génération des crypto-actifs « stablecoins » a été lancée récemment (le Libra de
Facebook, le projet Coin de JP Morgan ou l’Utility Settlement Coin d’UBS). Les stablecoins qui
présentent des similitudes au crypto-actifs font leur différentions en promettent une valorisation
stable lié à un sous-jacent donné, en pratique le plus souvent fournie par une monnaie légale (le
dollar américain dans la plupart des cas), mais cette promesse de stabilité n’est pas encore
pleinement tenue.

2.2.2 Les stablecoins, promesse d’une crypto-monnaie stable.


L’apparition en 2014 d’une nouvelle génération de crypto-monnaie les « stablecoins » a été
motivé par la volonté de proposer des crypto-monnaies avec une valeur stable, faiblement volatiles
et qui pourrons être utilisés par un public plus large, comparés aux crypto-monnaie de type Bitcoin
ou Ether qui sont des produits très spéculatifs acceptés par des investisseurs avec une aversion au
risque élevée. Les stablecoins se proposent à combiner la transparence, la sécurité et la
confidentialité d'un actif numérique d’une côté, avec la stabilité et la confiance d'une monnaie
traditionnelle de l’autre.
D’après Christian Pfister5 et Anastasia Melachrinos6 les stablecoins peuvent être définies comme
des crypto-actifs qui visent à maintenir un prix stable par rapport à leur sous-jacent.7
Il existe quatre grandes catégories des stablecoins en dépendance leur sous-jacent :
- stablecoins sous-jacent une monnaie légale, parfois sur panier de devises (USD, EUR) ;
- stablecoins liés à des produits des matières premières (or, pétrole, etc.) ;

5
Professeur à Paris1 Panthéon Sorbonne et Sciences Po. Président du groupe de travail de la Banque de France
sur les monnaies digitales.
6
Analyste de recherche chez Kaiko (le principal fournisseur de données sur le marché de la crypto-monnaie de
qualité institutionnelle).
7
C. Pfister et A. Melachrinos « Stablecoins: un nouveau monde courageux? » document de travail de Banque
de France (n° 757, mars 2020).
- stablecoins qui ont comme sous-jacent d’autres crypto-monnaies ;
- stablecoins sans sous-jacent.
Conformément au rapport sur les stablecoins, publié en 2019 par le groupe de pays G7 8, les
stablecoins sont catégorisés en deux groupes par rapport à leur destination d’utilisation :
- stablecoins de détail, qui peuvent être utilisés par tous les acteurs économiques dans le
commerce de détail ou pour l’usage général de la population et,
- stablecoins de gros, utilisés seulement par un ensemble limité d'acteurs, c'est-à-dire par des
institutions financières spécialisées ou des clients sélectionnés d'institutions financières.
Depuis leurs apparions plusieurs centaines des projets de stablecoins ont été lancé, avec plus ou
moins de succès, mais moins que 100 stablecoins ont connu leurs finalité, pour un montant total
d’environ 10 milliards d’euros (valorisation à juillet 2020)9.
Ci-dessous quelques exemples des projets, cités dans l’article de Yahoo finance 10, qui ont plus
réussi à aujourd’hui et qui sont les plus populaires:
- Tether (USDT) : capitalisation boursière de 3,57 milliards de livres sterling, Tether est le
stablecoin le plus important et le plus connu. Il a été créé pour être un moyen rapide et peu
coûteux de transfert de la valeur d'un échange à un autre. Il joue essentiellement le rôle d’un
pont entre les monnaies fiduciaires et les crypto-monnaies.
Tether est indexé au dollar américain et maintient un ratio de 1:1 en termes de valeur.
Toutefois, en 2018, plusieurs accusations de fraude ont impacté sa valeur, faisant passer son
prix de 1 dollar par token à 85 centimes. Il a été accusé aussi de manipulations des marchés et
d'émettre des millions de tokens sans qu'un processus d'audit approprié soit effectué. Malgré
cela, Tether a conservé la suprématie du marché des stablecoins.
- USD Coin (USDC) : créé pas le consortium CENTER, co-fondé par Coinbase et Circle (deux
géants américains des crypto-monnaies), USD Coin vise à être un stablecoin avec une élevée
transparence financière et opérationnelle. Il est indexé aussi sur le dollar américain avec un
rapport 1:1 et est disponible dans tous les principaux échanges cryptographiques. USDC est
un token qui fonctionne sur le réseau Ethereum, permettant ainsi de déplacer des dollars
n'importe où dans le monde en quelques minutes pour un coût très faible. Les réserves en
dollars américains pour l'USDC sont auditées chaque mois par le cabinet comptable Grant
Thornton.
- TrueUSD est connu comme l'une des stablescoins les plus fiables. Le premier audit
indépendant de TrueUSD, réalisé en mars 2018, a révélé qu'il était soutenu par près de 1,8
million de dollars en réserve. TrustToken, la plate-forme qui a créé le stablecoin, s'est associé
à des fiduciaires et des banques enregistrées pour stocker les fonds dans le but de soutenir les
tokens TrueUSD.

Malgré leurs avantagés, annoncés par leurs promoteurs, les stablecoins ont plusieurs lacunes qui
ont été énoncées dans la publication de Banque de France sur les stablecoins par A. Melachrinos et
C. Pfister11 :

8
Rapport du groupe de travail de G7 sur les stablecoins «Investigating the impact of global stablecoins » G7,
(octobre 2019).
9
Publications de la Banque de France « Monnaies digitales : du mythe aux projets innovants » bulletin
informatif de la Banque de France (n° 230/1, juillet-août 2020)
10
E. Perryman « A list of stablecoins you need to know about », Yahoo finance (2020), article disponible sur ce
lien : https://finance.yahoo.com/news/list-stablecoins-know-110001820.html
a) premièrement, leur stabilité n’est pas parfaite par rapport à leur sous-jacent : entre novembre
2019 et mai 2020, la volatilité médiane de Tether était de 2%, de 5% pour TrueUSD et 10% pour le
stablecoin Paxos Standard, tous étant liés au dollar, mais toutefois ils sont moins volatiles que les
crypto-monnaies classiques, comparé au Bitcoin, Ether et Ripple, avec une volatilité de 80% (voir
graphique ci-dessous). Pour les stablecoins, la volatilité n’est pas rémunérée (pas d’espérance de
rentabilité) et donc ils visent à maintenir une valeur fixe;
b) des commissions élevées pour utilisation : commissions de droits d’entrée, de sortie et de
garde, et de commissions sur les transactions;
c) les taux d’intérêt sont actuellement défavorables (par exemple des taux directeurs négatifs sur
l’euro et le yen) pour permettre le lancement des projets avec sous-jacent des devises. Dans le cas où
les taux d’intérêt vont revenir aux niveaux proches de ceux d’avant la crise financière de 2008, il
serait difficile d’attirer des investisseurs sur les stablecoins sans leur proposer une rémunération
supplémentaire. Donc, le marché des stablecoins reste marginal dans sa configuration actuelle;
d) la gestion des stablecoins reste très opaque, liée notamment au fait que les sous-jacents sur
lesquels les stablecoins sont adossés sont le plus souvent détenues en dehors de la blockchain (donc
pas de visibilité sur le registre distribué, DLT).

Graphique : Volatilité annualisée comparée des stablecoins et autres actifs (période de


novembre 2019 à mai 2020)

Source : Kaiko, Saint-Louis FED et calculs Kaiko.

Pour une adoption des stablecoins par le grand publique, il faut que cette nouvelle génération de
crypto-actifs soit aussi accueillie et autorisée par les régulateurs (gouvernements et banques
centrales). A l’étape actuelle de leur développement, une acceptation générale des stablecoins est
contrainte par différents risques qui impliquent leur utilisation en masse. Dans ce sens par le groupe
de pays G7, a été effectuée une investigation sur l’impact de l’utilisation globale de stablecoins. 12
Plusieurs risques et défis identifiés par le groupe de travail sont à relever avant une l’utilisation
globale de stablecoins, dont risques d’ordre juridique, risques réglementaires et de surveillance :
- Sécurité juridique
- Bonne gouvernance, y compris les règles d’investissement du mécanisme de stabilité
- Blanchiment d’argent, financement du terrorisme et autres formes de financement illicite

11
C. Pfister et A. Melachrinos « Stablecoins: un nouveau monde courageux? » document de travail de Banque
de France (n° 757, mars 2020).
12
Rapport du groupe de travail de G7 sur les stablecoins «Investigating the impact of global stablecoins » G7,
(octobre 2019).
- Sécurité, efficacité et intégrité des systèmes de paiement
- Cybersécurité et résilience opérationnelle
- Intégrité du marché
- Confidentialité, protection et portabilité des données
- Protection des consommateurs / investisseurs
- Conformité fiscale
De plus, les stablecoins qui pourront atteindre une taille d’échelle globale (comme par exemple
l’intention de Libra) pourraient poser des défis et des risques considérables aux gouvernements et
banques centrales, dans leur rôle de régulateurs et superviseurs, notamment sur:
- la politique monétaire
- la stabilité financière
- le système monétaire international
- la concurrence saine
Les avantages potentiels de l’utilisation de stablecoins ne peuvent être réalisés que si ces défis et
risques importants seront éliminés.

2.2.3 L’essence du projet Libra.


A l’heure actuelle, l’un des plus prometteur stablecoin est Libra, créée en juin 2019 par un
consortium de vingt-huit grandes entreprises, conduit par Facebook (géant de réseau social). Le
lancement de ce projet ambitieux a constitué une des initiatives la plus médiatisée dans le domaine
des paiements de détail. Les problématiques qui se sont proposé à résoudre les créateurs de Libra
sont :
- réduire le manque d’accès aux services financiers à une grande partie de la population du
globe (d’après le livre blanc de lancement de Libra, environ 1,7 milliard d’adultes dans le
monde restent en dehors du système financier, sans accès à une banque traditionnelle) ;
- réduire les coûts des services financiers, afin de permettre à la population plus défavorisé
d’avoir accès aux services financiers modernes.
La mission de la monnaie Libra, annoncée par les membres de l’association « Libra » (basée en
Suisse pour gérer la monnaie Libra) est : « de développer une devise et une infrastructure financière
mondiales simples, au service de milliards de personnes »13
Les membres du projet Libra ont misé sur le fait de proposer une crypto-monnaie stable
(faiblement volatile) et fiable, qui sera en harmonisation avec la réglementation, les politiques
monétaires et les politiques macro-prudentielles. D’après le livre blanc de Libra, les systèmes de
blockchain existants n'ont pas été encore adoptés par le grand public. L'utilisation des crypto-
monnaies existantes a été entravée par leur volatilité et leur manque d'évolutivité, qui, jusqu'à
présent, ont fait de mauvaises réserves de valeur. Certains projets visaient également à perturber le
système existant et à contourner la réglementation au lieu d'innover sur les fronts de conformité et
de réglementation pour améliorer l'efficacité de la lutte contre le blanchiment d'argent.
Initialement la sortie de Libra était prévue pour le début 2020, puis à cause des réticences des
régulateurs (plusieurs opinions politiques ont été lancées en ce sens, par exemple la FED américaine
considère Libra comme une menace directe à la souveraineté monétaire des Etats Unis), la sotie a
été reportée pour le deuxième semestre 2020. L’Association Libra a déroulé un processus de
coopération avec les autorités monétaires, comme suite en avril 2020 a été publiée la deuxième

13
Livre blanc des membres de l'association Libra « An Introduction to Libra » (2019)
version du Livre Blanc de Libra V.2.0. Vu les réticences des régulateurs sur le projet Libra, la date de
sortie de la monnaie pourra être encore une fois repoussée.

Les défis à relever par Libra afin de devenir un succès.


Le projet Libra (aussi comme les autres initiatives de crypto-monnaie privées) soulevé plusieurs
questions de la part des autorités monétaires souveraines et des experts du domaine. Résoudre les
problèmes posés par les régulateurs, pourrait permettre à Libra de devenir un projet de succès, mais
à l’étape actuelle les questions restent ouvertes.
Dans le cadre de la conférence juridique de la BCE de 2 septembre 2019, Yves Mersch, membre
du directoire de la BCE, dans son discours14, a énoncé trois questions importantes à ce sujet :
- Premièrement, en quoi Libra diffère-t-elle des autres monnaies privées et de l'argent public?
Libra, à l’exception de certains aspects, ne présente pas des différences importantes comparé aux
autres crypto-monnaies privées. Comme les crypto-monnaies, Libra sera émise via la technologie
blockchain et comme la monnaie électronique, Libra sera distribuée aux utilisateurs finaux par voie
électronique en échange de fonds libellés en monnaies fiduciaires.
D’après Yves Mersch il existe des différences notables extrêmement préoccupantes. L’écosystème
de Libra n’est pas seulement complexe, il ressemble en fait à un cartel. Les pièces Libra seront émises
par l'Association Libra - un groupe d'acteurs mondiaux dans les domaines des paiements, de la
technologie, du commerce électronique et des télécommunications. L'Association Libra contrôlera la
blockchain Libra (Libra est conçue sur la blockchain "fermée", qui nécessite une validation d'accès au
protocole, contrairement par exemple au Bitcoin, qui est sur une blockchain ouverte à tous) et
collectera l'équivalent en argent numérique des revenus sur Libra. L’association Libra prendra des
décisions sur la gouvernance du réseau Libra et sur la réserve Libra, qui consistera en un panier de
dépôts bancaires et de titres gouvernementaux à court terme soutenant la monnaie Libra. Les
services de paiement basés sur Libra seront gérés via un portefeuille électronique - Calibra, qui est
détenu entièrement par Facebook. Enfin, la monnaie Libra sera distribuée exclusivement via un
réseau de revendeurs agréés, dans ce sens centralisant le contrôle de l'accès public à Libra. Avec une
telle configuration, il est difficile de discerner les promesses fondamentales de décentralisation et de
désintermédiation normalement associées aux crypto-monnaies des autres monnaies numériques
simples. Au contraire, de la même manière que l'argent public, Libra sera en résultat très centralisée,
Facebook et ses partenaires agissant en tant qu'émetteurs quasi-souverains de devises.
La question qui se pose lié à la centralisation de Libra est : si l'argent public est également
centralisé, pourquoi Libra devrait-elle être différente?
« Ce que les partisans de Libra et d'autres monnaies privées oublient commodément, c'est que,
en raison de sa nature de bien public, l'argent a traditionnellement été une expression de la
souveraineté de l'État. Ce n'est pas un hasard si, tout au long de l'histoire, des acteurs souverains ont
soutenu toutes les monnaies crédibles et durables», affirme Mr. Mersch dans son discours.
Selon le haut officiel de la BCE, en matière de monnaie, la centralisation n'est une vertu que dans
le bon environnement institutionnel, qui est celui d'une entité souveraine et d'une autorité centrale
d'émission. En revanche, les conglomérats de personnes morales, ne sont responsables que devant
leurs actionnaires. Ils ont un accès privilégié aux données privées qu'ils peuvent monétiser de
manière abusive et ils ont un contrôle total sur le réseau de distribution de devises. Ils peuvent

14
Yves Mersch« Money and private currencies: reflections on Libra » conférence juridique de la BCE, Francfort-
sur-le-Main, septembre 2019, disponible sur ce lien :
https://www.ecb.europa.eu/press/key/date/2019/html/ecb.sp190902~aedded9219.en.html
difficilement être considérés comme des dépositaires de la confiance du public ou des émetteurs
légitimes de «monnaie».
Malgré ses aspirations de devenir une devise mondiale, Libra n'a pas les qualités de prêteur
mondial de dernier recours. Dans le cas d’une situation de crise de liquidité, qui sera prêt à le
soutenir? Libra n’a pas non plus l’équivalent d’un système de garantie des dépôts pour protéger les
intérêts de ses détenteurs pendant une crise. De plus, la responsabilité limitée des membres de
l'Association Libra soulève de sérieuses questions quant à leur détermination à satisfaire les
revendications des détenteurs de Libra avec leur pleine confiance et crédit, comme le font les
banques centrales avec l'argent public. Enfin, le fait que Libra soit adossée à un panier d'actifs libellés
en monnaie souveraine semble aller à l'encontre de l'objectif même de son émission en tant que
monnaie privée. Pourquoi miser sur un proxy quand on peut faire confiance à l’article authentique?
Et comment le volume potentiel des transactions de paiement réglées en Libra affectera-t-il les
agrégats monétaires de ses devises sous-jacentes, leurs objectifs et cibles intermédiaires?
- Deuxièmement, quels défis juridiques et réglementaires cela pose-t-il?
Les monnaies numériques privées soulèvent inévitablement des questions juridiques et
réglementaires donc Libra ne fait pas exception. Plusieurs défis sont à révélés dans ce sens, dans son
discours, Yves Mersch, a analysé les trois les plus pertinents.
Le premier défi concerne la nature juridique fondamentale de Libra. Comment traiter Libra,
comme de la monnaie électronique, comme un instrument financier ou comme une monnaie
virtuelle ? Libra ne semble pas être qualifiée de monnaie électronique, car elle n'incarne pas une
réclamation de ses détenteurs contre l'Association Libra. Si Libra devait être traitée comme une
valeur mobilière ou un type d'instrument financier différent, l’Association Libra et toute autre entité
engagée dans la fourniture de services d'investissement par l’intermédiation de la monnaie Libra
relèveraient du champ d'application de la directive concernant les marchés d'instruments financiers
(MiFID II). Dernièrement, si Libra devait être qualifiée de monnaie virtuelle, alors, en vertu de la
quatrième directive anti-blanchiment de l’UE n°2015/849 du Parlement Européen et du Conseil du 20
mai 2015, Calibra (portefeuille électronique et gérant des services de paiement basé sur Libra) et ses
revendeurs agréés seraient soumis aux obligations de la directive en matière de lutte contre le
blanchiment d'argent et de financement du terrorisme, ainsi qu'à son obligation d'enregistrement.
Compte tenu des différentes implications réglementaires de la caractérisation juridique de Libra, une
intervention réglementaire est essentielle, soit pour confirmer la classification de Libra dans l'un des
cadres juridiques et réglementaires existants, soit pour créer un régime dédié ajusté à ses
spécificités.
Un deuxième défi règlementaire est de garantir que les autorités de régulation et de surveillance
de l'UE et des États membres puissent affirmer leur compétence sur Libra et son réseau. Mais
comment cela peut-il être fait lorsque les entités derrière Libra sont situées en dehors de l'UE? Une
solution consisterait à exiger la garde nationale d'une part des fonds de réserve Libra équivalente au
montant de la monnaie Libra en circulation dans un État membre donné de l'UE. Mais il peut y avoir
aussi d'autres moyens d'assurer un contrôle public efficace sur Libra et son réseau, et ceux-ci doivent
être explorés.
Le troisième défi qui a été évoqué par Mr. Mersch est la nécessité d'une coopération et d'une
coordination transfrontalières. Vu que Libra sera utilisée à travers les frontières, c'est une question
d'intérêt international. Sa nature globale exigerait également une réponse globale de régulation et
de supervision pour éviter l'arbitrage réglementaire, assurer la cohérence des résultats et garantir
l'efficacité des réponses des politiques publiques à Libra. D’après lui, il y a des signes encourageants,
vu que la communauté mondiale travaille déjà ensemble pour atténuer les risques de Libra. Le G7 et
le Comité des paiements et des infrastructures de marché ont évalué Libra, en mettant l'accent sur
son utilisation potentielle dans le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Des travaux
supplémentaires sont attendus de la part du G20, du Conseil de stabilité financière et d'autres
instances ayant un intérêt dans la stabilité du système monétaire et financier mondial.
- Et troisièmement, à la lumière de son mandat, quelle position une banque centrale comme la BCE
devrait-elle prendre à l'égard de Libra?
Les fonctions de la BCE comprennent la gestion de la politique monétaire unique et la promotion
du bon fonctionnement des systèmes de paiement. Dans le contexte de la politique monétaire, la
BCE s’intéresse de près aux innovations de marché qui pourraient affecter directement ou
indirectement le contrôle de l’Eurosystème sur l’euro ou confier une partie de sa politique monétaire
à des tiers. En fonction du niveau d'acceptation de Libra et du référencement de l'euro dans son
panier de réserves, elle pourrait réduire le contrôle de la BCE sur l'euro, compromettre le mécanisme
de transmission de la politique monétaire en affectant la position de liquidité des banques de la zone
euro et compromettre le rôle international de la monnaie unique, par exemple en réduisant la
demande.

Les crypto-monnaies, puis leur seconde génération – les stablescoins, ont bouleversé le paysage
de solutions et systèmes de payement existants. Toutefois, les crypto-monnaies et leurs dérivés ne
constituent pas encore une solution alternative viable et complète qui pourrait remplacer les
systèmes de paiement classiques. L’utilisation des crypto-actifs par le grand publique reste encore
marginale. Par ordre de grandeur la valorisation des crypto-monnaies était d’environ de 240 milliards
de dollars en fin juillet 2020, ce qui est nettement inférieur à la masse monétaire des pays du G7, à
titre indicatif : 15 000 milliards de dollars et 13 000 milliards d’euros. Néanmoins, les banques
centrales suivent de près l’évolution et le développement des crypto-monnaies. Ayant comme rôle la
surveillance de l’inflation, la stabilité financière et le bon fonctionnement des systèmes de paiement,
les banques centrales ne peuvent pas laisser les choses évoluer sans être impliquées dans
l’avancement des crypto-actifs, vu les risques spécifiques associés à leur usage, identifiés par le
groupe de pays G7, en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, de
protection des consommateurs et des investisseurs, de politique monétaire, de stabilité financière,
de concurrence et de souveraineté monétaire.

2.3 E-Monnaie nationale, vers une crypto-monnaie de banque centrale


Les dernières innovations numérique dans le secteur financière, particulièrement la montée en
puissance de la monnaie digitale (e-Monnaie), ont mis en évidence les faiblisses et les lacunes des
monnaies existantes et de leurs système de paiement. En outre, l'émergence des crypto-actifs et de
stablecoins privées, tels comme Bitcoin en 2008 et Libra en 2019, a suscité un débat intense autour
du rôle et de l'autorité des banques centrales. Certains spéculent même sur un changement de
paradigme financier à venir dans le monde. Les autorités monétaires affirment que la confiance de la
société dans l’argent et la stabilité globale du système financier tiennent de la compétence de la
banque centrale. Cependant, les banquiers centraux reconnaissent la nécessité de suivre les
dernières innovations du secteur privé. Alors qu'un certain nombre de banques centrales ont
travaillé sur des recherches et des projets d’expérimentation sur la monnaie digitale de la banque
centrale (MDBC) hors des yeux du public depuis au moins 2015, les développements récents dans
l'industrie des actifs numériques ont multiplié l'intérêt et accéléré la fréquence des travaux publics.
Une enquête réalisée en 2019 par la Banque des règlements internationaux (BRI) a révélé que près
de 80% des banques centrales interrogées étaient engagées dans des efforts de recherche complets
des MDBC et à différents niveaux d'expérimentation, contre environ 60% en 2017.
Selon la BRI, les banques centrales du groupe de pays G10 15 étudient les développements de la
monnaie électronique et les questions politiques connexes depuis la fin de 1995. Bien que le concept
de monnaie électronique ne soit pas nouveau, l’ampleur et la portée sont maintenant sans
précédent, en grande partie grâce à la prévalence des appareils mobiles dans le monde. Plus
récemment, l'émergence de crypto-actifs et de stablecoins privées a déclenché de nouvelles
spéculations selon lesquelles le rôle de la banque centrale de surveillance et de la gestion de l'argent
pourrait subir des changements fondamentaux.
La monnaie électronique (e-Monnaie), d’après la Banque Centrale Européenne, est définie au
sens large comme une réserve électronique de valeur monétaire sur un dispositif technique qui peut
être largement utilisée pour effectuer des paiements à des entités autres que l'émetteur de monnaie
électronique. L'appareil agit comme un instrument au porteur prépayé qui n'implique pas
nécessairement des comptes bancaires dans les transactions16.
Les produits de monnaie électronique peuvent être matériels (hardware) ou logiciels (software),
selon la technologie utilisée pour stocker la valeur monétaire.
- Produits basés sur hardware : le pouvoir d'achat réside dans un appareil physique personnel, tel
qu'une carte à puce, avec des fonctions de sécurité matérielles. Les valeurs monétaires sont
généralement transférées au moyen de lecteurs de périphériques qui n'ont pas besoin d'une
connectivité réseau en temps réel à un serveur distant.
- Produits sur la base de software : utilisent des logiciels spécialisés qui fonctionnent sur des
appareils personnels courants tels que des ordinateurs personnels, les tablettes ou les smartphones.
Des schémas combinant à la fois des fonctionnalités matérielles et logicielles existent également.
Les statistiques de la BCE sur la monnaie électronique ne font pas de distinction entre la monnaie
électronique matérielle et la monnaie électronique logicielle.
La directive 2009/110 / CE du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 relative à
l'accès, à la poursuite et à la surveillance prudentielle de l'activité des établissements de monnaie
électronique a établi une nouvelle base juridique pour l'émission de monnaie électronique dans

15
Rapport BRI « GROUP OF TEN - Saving, Investment and real interest rates », 1995, le rapport est disponible
sur ce lien: https://www.bis.org/publ/gten_h.pdf
16
Banque Centrale Européenne « Electronic Money », article disponible sur ce lien :
https://www.ecb.europa.eu/stats/money_credit_banking/electronic_money/html/index.en.html
l'Union européenne. Cette directive définit un «établissement de monnaie électronique» comme une
personne morale qui a obtenu l'autorisation d'émettre de la monnaie électronique. En outre, la
directive précise que, «monnaie électronique» signifie «la valeur monétaire stockée
électroniquement, y compris magnétiquement, telle qu'elle est représentée par une créance sur
l'émetteur qui est émise à la réception des fonds aux fins d'effectuer des opérations de paiement et
qui est acceptée par une personne physique ou morale autre que l'émetteur de monnaie
électronique». Les établissements de crédit, ainsi que d'autres institutions financières et non
financières, peuvent émettre de la monnaie électronique.

Dans la figure ci-dessous, est présentée une classification de la monnaie électronique, on voie
que la MDBC constitue une catégorie à part, ne s’agissant ni de monnaies scripturale, ni de crypto-
actifs.

Figure : La classification de la monnaie électronique

Source : Rapport annuel de la Banque de France (2019), p. 47


Selon la définition de la Banque Centrale Européenne, la monnaie digitale de la banque centrale
(MDBC) est : « une forme numérique de monnaie fiduciaire émise par l'État accessible au public et
ayant un cours légal ».17
La définition donnée par la Banque d’ Angleterre : «Une MDBC serait une forme électronique de
monnaie de banque centrale qui pourrait être utilisée par les ménages et les entreprises pour
effectuer des paiements. La principale différence entre les réserves (qui sont électroniques et celles
émises par la banque centrale depuis des décennies) est qu'elles sont universellement acceptées par
tous les ménages. Et contrairement aux billets de banque, il serait entièrement numérique.» 18
Le Fonds Monétaire International considère la MDBC comme une forme numérique de monnaie
fiduciaire existante émise par la banque centrale qui pourrait avoir cours légal. 19
En fonction des combinaisons de fonctionnalités de MDCB, les chercheurs définissent les schémas
suivants d'utilisation de cette devise:
- MDBC comme équivalent numérique en espèces
- MDBC pour les règlements interbancaires
- MDBC comme instrument de politique monétaire
- MDBC comme équivalent d'un compte ouvert à la banque centrale.
Pour mettre en œuvre la MDBC, les banques centrales envisagent d'utiliser la technologie du
grand livre distribué (DLT) ou des bases de données conventionnelles.
Aujourd'hui, les banques centrales étudient activement les risques inhérents aux MDBC. Les
risques suivants nécessitent une attention particulière: risque technologique, risque de
cybersécurité, risque de mise en œuvre de la politique monétaire, risque de compromettre la
stabilité financière, risque de réputation de la banque centrale.
Une MDBC serait un actif numérique émis et détruit par la seule banque centrale, s’échangeant
au pair avec les billets et les réserves, disponible en permanence comme les billets et la monnaie
électronique, et à la différence des réserves actuellement, elle devrait pouvoir être utilisée en mode
24/7, et dans des transactions de pair-à-pair et circulant sur des supports numériques au moins en
partie différents de ceux utilisés de nos jours.
D’une manière générale, l’introduction d’une MDBC ne se justifierait que si les bénéfices sociaux
attendus sont supérieurs aux coûts. Le motif essentiel d’émission d’une MDBC serait d’offrir un
instrument de paiement parfaitement liquide et sûr, adapté à l’évolution technologique. Dans le
cadre de l’Eurosystème (seul habilité à émettre une MDBC dans la zone euro) une solution
européenne doit être proposée, indépendante d’acteurs privés ou étrangers, afin d’assurer la pleine
souveraineté de l’UE dans le domaine transactionnel.
Une MDBC, comme les stablecoins, pourrait prendre deux formes:
- Monnaie digitale de banque centrale de détail : largement accessible est disponible au public
pour les transactions de détail ;
- Monnaie digitale de banque centrale de gros : réservée aux transactions commerciales,
destinée aux institutions financières.
Une MDBC de détail permettrait principalement de réduire les coûts sociaux des paiements de
détail tout en garantissant l’accès à une monnaie de banque centrale pour tous, sous une forme
dématérialisée complémentaire de la monnaie fiduciaire.
17
Banque Centrale Européenne «Crypto-monnaies et jetons » mise à jour ECB FXCG (septembre 2018)
18
Document de discussion de la Banque d’Angleterre « Central Bank Digital Currency Opportunities, challenges
and design » (mars 2020)
19
Notes de discussion « Casting Light on Central Bank Digital Currencies » Fond Monétaire International
(novembre 2018)
S’agissant d’une MDBC de gros, il deviendrait ainsi possible d’effectuer des transactions de bout
en bout, y compris le règlement final, en actifs « tokenisés » sur la blockchain.
Ci-dessous est présenté le schéma d’intégration avec le principe de fonctionnement de la MDBC
de détail et de gros.

Figure : Schéma d’intégration de monnaies digitales de détail et de gros

Source : C. Pfister « La Monnaie Digitale de Banque Centrale » (janvier 2020)

1) émission des unités de MDBC sous forme tokenisée aux participants (contre débit RTGS 20 ou
dépôt de collatéral) ;
2) chargement de comptes individuels en unités de MDBC de détail contre paiement auprès du
participant, conditionné par la détention d’unités de MDBC de gros par le participant ;
3) circulation via des transactions de détail : débits / crédits en compte répercutés ;
4) transferts d’unités de MDBC tokenisées dans la blockchain entre participants ;
5) rachat des unités de MDBC de détail par le participant ;
6) remboursement des unités de MDBC tokenisées auprès de la Banque Centrale.

2.3.1 Les avantages de l’émission d’une Monnaie Digitale de Banque Centrale

20
Un RTGS (Real Time Gross System) est un système de règlement brut en temps réel dans lequel le règlement
des opérations intervient de manière continue, transaction par transaction. Dans un système RTGS, les
règlements sont effectués, entre institutions financières, sans aucune compensation en monnaie de banque
centrale. Les paiements sont irrévocables et inconditionnels.
Un certain nombre d'avantages possibles assez divers suite à l’émission de la MDBC ont été mis
en avant dans différentes études récentes, nous considérons pertinentes les motivations énoncées
dans le rapport21 de KPMG et The Block Research par les analystes de recherche Ryan Todd et Mike
Rogers :
- La MDBC pourrait améliorer la concurrence dans le système de paiement.
Face à la concurrence croissante des big-tech, des prestataires de services de paiement, des
nouvelles formes de monnaie numérique (comme les stablecoins) et de la monnaie digitale privée, la
MDBC pourrait contribuer à l’amélioration de la compétitivité des paiements en améliorant
l’efficacité et la résilience dans un contexte de concentration croissante entre les mains d’un nombre
limité de grandes entreprises.
- La MDBC pourrait élargir les outils de politique monétaire et budgétaire.
La MDBC pourrait améliorer la transmission de la politique monétaire et briser la "limite
inférieure zéro" des taux directeurs dans la mesure où les liquidités devenaient coûteuses. Si l'accès
était largement distribué, les banques centrales pourraient explorer des outils politiques tels que
«l’hélicoptère monétaire» ou potentiellement améliorer la capacité de décaisser des mesures de
relance budgétaire. La possibilité d'exploiter des données de flux de paiement plus granulaires dans
une économie pourrait améliorer l'intégrité des données macroéconomiques.
- La MDBC pourrait soutenir la digitalisation financière et améliorer l'inclusion financière.
Une MDBC pourrait offrir l'accès aux paiements numériques à un coût minimal ou nul grâce à un
nouveau moyen de paiement numérique polyvalent et accessible. Dans les économies où l'utilisation
du cash par rapport au PIB diminue, cela pourrait également contribuer au maintien la fonction de la
Banque Centrale de fournir de l'argent dans une économie purement numérique.
- La MDBC pourrait améliorer l'utilisation mondiale d'une monnaie locale.
Dans les régions qui tentent de réduire la dépendance à la dollarisation, la MDBC pourrait fournir
un outil pour améliorer la compétitivité de la monnaie locale comme moyen de paiement.
- La MDBC pourrait être utilisée pour les applications de paiement de gros, connues sous le nom
de MDBC de gros.
Les banques centrales examinent si la MDBC de gros pourrait réduire les risques de règlement,
fournir une disponibilité 24h/24 et 7j/7, élargir l'interopérabilité avec d'autres systèmes de
règlement, réduire les coûts des paiements transfrontaliers, etc.

2.3.2 Les évènements clés de la Monnaie Digitale de la Banque Centrale.

L’idée de création d’une monnaie digitale n’est pas nouvelle, les premiers travaux sur des projets
dans ce sens ont commencés il y plus de 25 ans. Avec l’avancement technologique cette monnayé
électronique a été pensée sous différentes formes, l’objectif étant toujours de créée une moyens
fiable, sécurisé et commode pour effectuer les transactions. Avec l’arrivé de la technologie
blockchain, les idées et les travaux sur le monnaie digitale ont pris de l’intensité. Les principaux
évènements chronologiques22 qui ont précédé les avancements récents sur le sujet de la création de
la MDBC sont23 :

21
R. Todd et M. Rogers « A Global Look at Central Bank Digital Currencies», étude de The Block Research,
KPMG, Blockset BRD (août 2020)
22
Pour une liste complète des sources et des liens vers ces événements, voir l'annexe « Chronologie des
évènements clés de la MDBC »
23
R. Todd et M. Rogers « A Global Look at Central Bank Digital Currencies», étude de The Block Research,
KPMG, Blockset BRD (août 2020)
1994 : Une filiale de la Banque de La Finlande lance l'Avant carte, un "porte-monnaie électronique"
lié à une carte qui pourrait être rechargé avec de l'argent.
1995 : La BRI publie un rapport sur les "Implications des Banques Centrales pour le développement
de la monnaie électronique" faisant état de la prolifération de la monnaie électronique.
1999 : Milton Friedman24 prévoit un e-cash fiable qui assure l'anonymat se développera sur internet,
similaire à celui du cash classique.
2007 : M-Pesa, un service d'envoi de monnaie électronique mobile, est lancé au Kenya. En 2 ans, il
est utilisé par plus de la moitié de la population du Kenya.
2008 - Satoshi Nakamoto25 publie le Livre blanc sur Bitcoin
2012 : La BCE publie le rapport "Virtual Currency Schemes", déclarant que les actifs numériques
relèvent de la responsabilité de la BCE
2014 : La Banque centrale de l'Équateur lance «Dinero Electronico», ce qui en fait le premier pays à
déployer de l'argent numérique.
2015 : La Banque populaire de Chine lance une recherche sur le paiement électronique en monnaie
numérique ;
La Banque d'Angleterre publie un programme de recherche qui considère la possibilité
d'émettre des espèces sous forme numérique, Février 2015 ;
Ethereum, une plateforme open-source de contrats intelligents est lancée juillet 2015.
2016 : La Banque du Canada, Paiements Canada et R3 lancent le projet Jasper pour étudier l'impact
de la DLT (registre distribué) sur les paiements et le règlement interbancaire - mars 2016.
La Banque nationale d'Ukraine annonce l'e-hryvnia ;
La Banque du Japon et la BCE lancent le projet Stella pour étudier l'utilisation de la DLT sur les
infrastructures du marché financier - décembre 2016 ;
Plus de 90 banques centrales assistent à un événement à Washington DC pour discuter de
plans et d'idées pour la MDBC ;
La Banque d'Angleterre publie le premier article publié publiquement par une banque centrale
utilisant le terme MDBC et discutant des implications macroéconomiques - juillet 2016.
2017 : Le projet suédois de la Riksbank, e-krona, commence en mars 2017 ;
L'Autorité monétaire de Singapour (MAS) et l'Association des banques de Singapour (ABS)
annoncent un consortium explorant la technologie blockchain pour des paiements
interbancaires plus efficaces ;
La Banque centrale d'Uruguay lance le projet pilote E-Peso - novembre 2017.
2018 : Riksbank lance le 2éme rapport du projet e-krona - octobre 2018 ;
La Banque nationale d'Ukraine lance la vente au détail pilote d'e-Hryvnia, MDCB - Février 2018.
2019 : La BRI publie une enquête de la banque centrale selon laquelle environ 70% des investisseurs
sont «engagés» dans les travaux des MDBC, janvier 2019 ;
Le livre blanc Facebook Libra v1 est publié en juin 2019 ;
La Banque nationale du Cambodge lance le projet pilote «Bakong Project» juillet 2019 ;

24
Milton Friedman, économiste américain (31 juillet 1912 - 16 novembre 2006), considéré comme l'un des
économistes les plus influents du XXe siècle. Il obtient le prix dit Nobel d'économie en 1976 pour ses travaux
sur « l'analyse de la consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la complexité des politiques de
stabilisation », il a été un ardent défenseur du libéralisme. Il a travaillé sur des domaines de recherche aussi
bien théorique qu'appliquée, il fut à l'origine du courant monétariste ainsi que le fondateur de l'École de
Chicago. Il est également un commentateur politique et essayiste à succès. Source Wikipédia
25
Satoshi Nakamoto est le pseudonyme utilisé par la ou les personnes qui ont développé le bitcoin. Source
Wikipedia
Un haut responsable de la banque centrale chinoise annonce que le pays "déploiera bientôt"
sa MDBC "DC/EP" (pour digital currency, electronic payment), août 2019 ;
Les responsables du FMI disent que la « MDBC synthétique » avec un partenariat public / privé
est une meilleure option pour les MDBC, septembre 2019 ;
L'Autorité monétaire de Hong Kong et la Banque de Thaïlande achèvent le projet Inthanon -
LionRock POC pour les cas d'utilisation de gros Dec 2019 ;
La Banque centrale des Bahamas publie le livre blanc «Project Sand Dollar» et commence le
projet pilote à Exuma en décembre 2019 ;
2020 : Le Forum économique mondial publie une boîte à outils sur les politiques des MDBC pour
aider les banques centrales à décider si la MDBC leur convient, Jan 2020 ;
La Banque nationale du Cambodge annonce son intention de lancer Bakong, une plateforme
de paiement interbancaire, janvier 2020 ;
La Banque du Canada déclare qu'elle élaborera des plans d'urgence pour les MDBC, mais ne
voit "aucun argument convaincant" à émettre pour le moment, février 2020 ;
Des chercheurs de la Banque du Canada affirment que la technologie de protection de la vie
privée à l'épreuve des connaissances nulles est encore trop immature pour être utilisée par les
MDBC, Juin 2020 ;
Une nouvelle enquête de la BRI sur les banques centrales révèle que 80% des banques
centrales «explorent» la MDBC, Jan 2020 ;
Banque d'Angleterre s'associe à Bank of Cananda, Bank of Japan, BCE, Riksbank et la Banque
suisse pour explorer les MDBC, janvier 2020 ;
Le Digital Dollar Project est annoncé pour accélérer la conversation publique de la FED
explorant une MDBC, Jan 2020 ;
La BCE annonce son travail sur les MDBC de détail dans le cadre d'un groupe de travail
d'enquête, mai 2020 ;
La banque centrale chinoise confirme qu'elle a testé « DC/EP » en interne dans 4 villes, avril
2020 ;
Libra lance un livre blanc v2 et laisse espérer qu'à mesure que les MDBC se développent,
celles-ci pourraient s'intégrer directement au réseau Libra, avril 2020 ;
La Réserve fédérale américaine (FED) s'associe à des chercheurs de l’Institut de technologie du
Massachusetts (MIT) pour créer et tester une monnaie numérique, août 2020.

2.3.3 Les expérimentations sur des projets d’une Monnaie Digitale de Banque Centrale

L’arrivé des stablescoins et des projets de monnaie digitale globale telle comme Libra d’un côté et
la diminution d’utilisation d’espèces dans certains pays développés (par exemple en Suède) ont
incité les gouvernements et les banques centrales à penser sur le fait de pouvoir proposer aux
citoyens une solution alternative aux moyens et systèmes de payements classiques, capable de
rivaliser avec les initiatives de crypto-monnaies privées . Des travaux sur la création d’une MDBC ont
été commencés par plusieurs banques centrales. Pour certains pays, comme la Chine, la création
d’une MDBC est devenue une priorité, une sorte de compétition pour avoir un avantage
d’avancement et de compétitivité dans ce domaine, pour ne pas être dominée par d’autres pays, voir
par des structures privées.

Les expérimentations menées par la Banque de France


En décembre 2019, en réponse à des initiatives privées comme celle de Facebook, la Banque de
France avait annoncé vouloir créer à terme un «euro digital». Son mécanisme d'émission et de
transfert pourrait reposer sur la technologie blockchain, sur laquelle s'appuient déjà des monnaies
virtuelles comme le Bitcoin.
L'émergence d'une monnaie électronique de banque centrale permettrait aussi au niveau
européen de «disposer d'un puissant levier d'affirmation de notre souveraineté face aux initiatives
privées du type Libra»26, avait énoncé en décembre 2019 François Villeroy de Galhau, gouverneur de
la Banque de France.
Le 4 décembre 2019, le gouverneur annonce le lancement des projets d’expérimentations de
MDBC en partenariat avec des acteurs privés de l’industrie d’innovation. Ces expérimentations ont
pour objectif de tester la faisabilité d’intégration de la MDBC dans des procédures d’échange et de
règlement des crypto-actifs financiers. Dans ce sens un appel à candidature 27 a été lancé en fin mars
2020, avec date limite le 15 mai 2020. Huit candidats sur un maximum de dix ont été retenus 28 par la
Banque de France : Accenture, Euroclear, HSBC, Iznes (start-up blockchain), LiquidShare (projet
blockchain cocréé par plusieurs acteurs financiers et institutionnels), ProsperUS (start-up blockchain),
Seba Bank (crypto-banque suisse) et Société Générale avec sa filiale Forge. Selon le communiqué de
Banque de France, les expérimentations proposées par les candidats retenus permettront :
- d’explorer de nouvelles modalités d’échange d’instruments financiers contre monnaie de
banque centrale ;
- de tester le règlement en monnaie digitale de banque centrale afin d’améliorer les conditions
d’exécution des paiements transfrontières ;
- de revisiter les modalités de mise à disposition de la monnaie de banque centrale.
Dans ce contexte, le 20 mai 2020, la Banque de France a annoncé dans un communiqué, d’avoir
réussi son premier test d'utilisation de «monnaie digitale de banque centrale» via la blockchain, cette
expérimentation visant à améliorer les règlements interbancaires et à terme à lancer un «euro
digital». L'opération menée a permis de «régler une émission de titres financiers numériques
effectuée par Société Générale-Forge»29, est-il précisé.
Cette action contribuera aux réflexions menées au sein de l’Eurosystème, dont l’étude d’un
éventuel « e-euro » évoqué par Christine Lagarde devant le Parlement européen.
L’objectif de ces expérimentations réalisées par la Banque de France est de mesurer les possibles
impacts d’une MDBC sur les infrastructures de marché, sur la politique monétaire et la stabilité
financière, ainsi que sur la réglementation, sans négliger les éventuels impacts indésirables suite à
l’émission de la MDBC. Le rôle des Banques Centrales est de veiller à la préservation de la confiance,

26
Discours du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau « Monnaie digitale de banque
centrale et paiements innovants » (décembre 2019), article disponible sur ce lien :
https://www.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/2019.12.04_conference_acpr_v5.pdf
27
Dossier d’appel à Candidature « Expérimentation de MDBC avec la Banque de France » Banque de France (27
mars 2020), disponible sur ce lien :
https://www.banque-france.fr/sites/default/files/media/2020/03/27/200327-experimentations-mdbc-appel-a-
candidature.pdf
28
Liste des candidatures retenues pour les expérimentations de MDBC, Banque de France (20 juillet 2020),
disponible sur : https://www.banque-france.fr/communique-de-presse/liste-des-candidatures-retenues-pour-
les-experimentations-de-monnaie-digitale-de-banque-centrale
29
Communiqué de presse de la Banque de France « Avancement de la démarche d’expérimentations de MDBC
lancée par la Banque de France » (20 mai 2020), disponible sur :
https://www.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/experimentation_mdbc_mai_2020.pdf
essentielle à l’innovation. In fine, toute décision de création de MDBC relèvera de l’Eurosystème
(C.Pfister 2020)30.
Les travaux de la Banque de France s’inscrivent dans la tendance d’expérimentations des
nouvelles technologies de type DLT menées par des banques centrales dans le monde entier depuis
plusieurs années. Ici on peut citer :
- le projet Stella entre la BCE et la Banque du Japon qui concerne l’étude des utilisations possibles
de la DLT dans le domaine des infrastructures de marchés financiers ;
- les projets Ubin et Jasper respectivement menés par la Monetary Authority of Singapore (MAS)
et la Banque du Canada, qui s’intéressent plus particulièrement à son potentiel pour les
paiements de montant élevé.
Dans le but d’accélérer ses expérimentations dans le domaine des technologies financières
innovantes, dans un communiqué de presse de 30 juin 2020 31, la Banque de France annonce d’être
partie prenante, avec l’Eurosytème, du Hub d’innovation de la Banque des Règlements
Internationaux (BRI).
Après le prix de « la banque centrale la plus innovante au monde » remporté par la Banque de
France en 2019 à Singapour, cette décision de la BRI confirme la reconnaissance de la forte capacité
d'innovation de la banque centrale française à travers son centre d’open innovation "Le Lab" ouvert
depuis 2017, est précisé dans le communiqué.
"Le Lab" a expérimenté plus de 35 sujets depuis son ouverture, dont par exemple l'IA et la
blockchain. Certaines expérimentations offrent maintenant de nouvelles capacités, utilisables au
quotidien, pour la Banque de France ou son écosystème. On peut citer par exemple le projet MADRE
qui fournit des identifiants de créanciers SEPA aux banques commerciales via un réseau privé de
Blockchain. D'autres travaux du Lab aident la Banque de France à être plus proactive via des études
concrètes comme les expérimentations de MDBC.

Le projet e-krona en Suède


La banque centrale de Suède - la Riksbank, a annoncé en 2017 le lancement du projet pilote de e-
krona. La nouvelle e-krona étant créée sur la technologie blockchaine. Le projet pilote se déroulera
jusqu'à fin février 2021. Mais il pourrait y avoir plus de tests. D’après Gabriel Söderberg (senior
économiste et chercheur chez Riksbank) la décision d'émettre ou non une monnaie numérique
souveraine devra impliquer le public suédois : «Cette décision est trop importante pour une banque
centrale seule, du moins dans le contexte suédois», a-t-il déclaré.
La digitalisation de systèmes de paiement dans les dernières décennies a eu un fort impact sur les
préférences de la population suédoise en terme d’utilisation du cash. La Suède est confrontée à une
tendance décroissante constante pour la demande d’espèces, caractérisée par :
- Une baisse de la circulation fiduciaire, avec une diminution de plus de 50 % entre 2008 et 2018
(cf. au graphique ci-dessous);
- Une réduction de l’acceptation des espèces par les commerçants : en 2018, plus de 50 % des
consommateurs se sont retrouvés face à un commerçant n’acceptant pas les paiements en espèces
(contre 30 % en 2014) et 50 % des commerçants envisageaient de ne plus les accepter d’ici 2025
(C.Pfister 2020).

30
C. Pfister « La Monnaie Digitale de Banque Centrale » publications de Banque de France (janvier 2020)
31
Communiqué de Banque de France (30 juin 2020), article disponible sur ce lien : https://www.banque-
france.fr/communique-de-presse/la-banque-de-france-partie-prenante-avec-leurosysteme-du-hub-
dinnovation-de-la-bri-pour-accelerer-la
Graphique : pourcentage de personnes qui ont utilisé le cash pour leurs achat le plus récent

Source: Riksbank «The payment market is being digitalized» (2019)

En même temps Riksbank annonce une substitution rapide de l’utilisation du cash par des
solutions électroniques. Dans ces conditions, les recherches de la Riksbank sur une éventuelle MDBC
ont le but d’assurer le maintien de l’accès du public à la monnaie de banque centrale dans une
optique d’une gestion maitrisée du risque de contrepartie. Selon l’étude « La Monnaie Digitale de
Banque Centrale » de Christian PFISTER cette démarche doit en même temps tenir compte de
certains critères opposés :
- D’un côté, le marché des paiements montre un bon niveau d’efficience et de résilience, qui est
en évolution accélérée. Le niveau de la confiance d’utilisateurs dans les systèmes actuels est élevé,
donc il n’y pas une demande accentuée pour de solutions de paiement additionnelles ;
- De l’autre, la disparition du cash prive la population à sa fonction de réserve de valeur. Dans le
cas d’une éventuelle crise bancaire, financière ou économique, aucun substitut universellement
accessible n’existe à l’heure actuelle et ne serait en mesure d’assurer la préservation des avoirs des
citoyens.
Les principaux attributs techniques de la future e-Krona énoncés dans le « Projet e-krona de la
Riksbank - Rapport 2 »32 ont été sintérisés par Christian PFISTER dans son étude «La Monnaie Digitale
de Banque Centrale»33, ils sont envisagés de la forme suivante :
- Un fonctionnement en mode «value-based» assimilable à une monnaie électronique émise par
la banque centrale ;
- Une distribution au public assurée au travers d’intermédiaires opérant en qualité de prestataires
de services de paiement;
- Une émission auprès des intermédiaires qui serait assurée dans des conditions équivalentes à
celles de la délivrance ou du retrait d’espèces;
- Une fonctionnalité réservée aux transactions de détail, qui n’a pas vocation à se substituer au
système de paiement de montant élevé RIX opéré par la Riksbank ;
- L’absence d’intérêts créditeurs, au moins dans un premier temps, ou d’accès à des découverts
sur les comptes tenus en e-krona ;
- Des conditions d’accès équivalentes à celles des services de paiement classiques ;
32
Sveriges Riksbank « The Riksbank’s e-krona project – Report 2 » (octobre 2018)
33
C. Pfister « La Monnaie Digitale de Banque Centrale » publications de Banque de France (janvier 2020)
- Possibilité de transactions offline, à l’instar du fonctionnement des systèmes de paiement par
carte, sous condition de plafonds stricts afin d’éviter tout risque d’opérations massives (blanchiment,
risque de crédit).
Compte tenu de ces caractéristiques, le projet e-krona devrait conduire au développement d’une
plateforme de gestion centralisée exerçant les fonctions d’émission et de tenue de compte des
unités de monnaie digitale, interfacée en interne et en externe avec les différentes fonctions et
acteurs impliqués.

Figure : L'architecture conceptuelle de la structure d’interface d'e-Krona:

Source: Sveriges Riksbank «The Riksbank’s e-krona project – Report 2» (octobre 2018)

Le renminbi numérique de la Banque Centrale Chinoise


La Banque populaire de Chine a commencé les recherches sur la crypto-monnaie à partir de 2014
sur un projet appelé «DC/EP» (Digital Currency / Electronic Payment, en français monnaie numérique
/paiement électronique). En août 2019 la Banque Centrale Chinoise (People’s Bank of China, PBoC) a
annoncé déjà le lancement de la monnaie numérique chinoise, nommé DCEP. Le catalyseur de ce
lancement imminent peut être considéré aussi l’annonce de Facebook en juin 2019 du lancement de
son projet Libra.
L’objectif de la nouvelle MDBC chinoise affiché par la PBoC est de proposer une alternative aux
espèces pour les paiements de détail. Les motivations pour la création d’un renminbi (RMB)
numérique, annoncées par le gouvernement Chinois sont :
- La réduction des coûts d’émission et de gestion comparée à la monnaie fiduciaire
- Le renforcement de la sécurité des transactions ;
- L’amélioration de suivi des flux financiers en temps réel et un renforcement de la lutte contre
la fraude ;
- Une hausse de l’efficacité des outils de politique monétaire, en particulier l’indicateur de
circulation de la base monétaire;
- Une stabilisation du système financier, par comparaison avec l’usage des crypto-actifs, volatils
et plus risqué;
- Un soutien à l’internationalisation du RMB, devançant d’autres banques centrales, tout en
contrôlant la circulation.
En outre, la PBoC souhaite proposer une alternative aux solutions de paiement proposées par les
grandes entreprises chinoises Alipay et Wechat Pay.
L’émission de la DCEP serait effectuée par la PBoC, sur la base de la technologie blockchain. La
distribution en détail de DCEP sera confiée aux banques commerciales d’une part et pour les
solutions de paiement offertes par les géants du web chinois d’autre part. Dans ce but, sept
institutions ont été désignées pour assurer le lancement du DCEP, parmi des banques commerciales
et d’autres institutions financières : Alipay (détenue par le géant de l’e-commerce Alibaba),
WeChatpay (détenue par la messagerie Tencent), Industrial and Commercial Bank of China, Bank of
China, Agricultural Bank of China, China Construction Bank et Union Pay. L’accessibilité à la DCEP sera
assurée aux particuliers et aux entreprises via une application mobile.
Selon les recherches de C. Pfister 34, en pratique, que les banques commerciales et les autres
institutions financières seront habilitées à avoir un accès direct à la DCEP et avoir la capacité
d’ouverture et de la gestion de portefeuilles de DCEP auprès du public.
D’après les informations disponibles à ce stade, la DCEP pourrait être, plutôt qu’une véritable
MDBC, une monnaie électronique commerciale gagée à 100% par des dépôts des banques
commerciales auprès de la PBoC.

La Réserve fédérale américaine (FED) s'associe à des chercheurs de l’Institut de technologie du


Massachusetts (MIT) pour créer et tester une monnaie numérique.
Le 13 août 2020 dans un communiqué de presse 35, Lael Brainard membre du Conseil des
gouverneurs de la Réserve fédérale américaine (FED), annonce que la FED s'associe à des chercheurs
de l’Institut de technologie du Massachusetts (Massachusetts Institute of Technology - MIT) pour
créer et tester une monnaie numérique.
La FED vise à mieux comprendre les monnaies numériques à travers ce programme, a déclaré
Brainard lors d'une conférence. L'autorité monétaire explorera également le potentiel d'offrir un
équivalent numérique du dollar américain.
Le programme marque une avancée majeure pour l'intérêt de la FED pour les monnaies
numériques, dans un contexte où la Chine a progressé rapidement sur sa version de MDCB. Brainard
a souligné que la Fed n'est pas encore en mesure d'émettre de l'argent numérique, car "un processus
politique important" est nécessaire pour même envisager l'émission d'une monnaie numérique de
banque centrale. La recherche portera sur une pièce «hypothétique» orientée vers les usages de la
banque centrale.
Néanmoins, la banque s'est engagée à comprendre ces nouvelles monnaies et leurs implications
dans le monde. «Compte tenu du rôle important du dollar, il est essentiel que la Réserve Fédérale
reste à la frontière de la recherche et du développement de politiques concernant les MDBC», a
déclaré le gouverneur de la Fed.
Un dollar numérique présente d'avantages et de risques. La numérisation des paiements
gouvernementaux accélérerait l'impact de la politique monétaire et les paiements pour des

34
C. Pfister « La Monnaie Digitale de Banque Centrale » publications de Banque de France (janvier 2020)
35
L. Brainard « An Update on Digital Currencies » communiqué de presse de la Réserve fédérale des États-Unis
(13 août 2020), disponible sur le lien :
https://www.federalreserve.gov/newsevents/speech/files/brainard20200813a.pdf
programmes tels que l'assurance chômage, la sécurité sociale. Les experts suggèrent également
qu'un dollar numérique aiderait à prévenir l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent.

Figure : Carte de tous les pays avec des formes d'engagement sur les MDBC

Source: R. Todd et M. Rogers « A Global Look at Central Bank Digital Currencies», étude de The Block
Research, KPMG, Blockset BRD (août 2020)

2.3.4 L’impact possible pour la zone euro suite à l’émission de la MDBC

L’adoption par des Banques Centrales d’une MDBC pourrait produire plusieurs impacts
favorables, d’autres moins, avec des conséquences macroéconomiques, monétaires et financières.
Parmi les avantages suite à l’implémentation de la MDBC on peut citer une réduction des coûts de
transaction sur le marché de paiements, qui pourra être assurée par l’efficacité de l’avancement
technologique et par une concurrence plus rude entre les acteurs de marché. Un lancement d’une
MDBC suffisamment tôt dans la zone euro, pourrait créée un avantage d’attractivité et une hausse
d’importance de l’euro au niveau international. L’émission de la MDBC pourrait permettre à
améliorer la transmission de la politique monétaire, dont pourrait contribuer à la stabilisation du
cycle économique, mais en revanche elle pourrait aussi être à l’origine de nouvelles faiblesses pour le
secteur financier (Pfister 2020).

Les éventuelles conséquences macroéconomiques


Selon les économistes de la Banque d’Angleterre J John Barrdear et Michael Kumhof 36, l’émission
d’une MDBC de détail portant intérêt (pour un scenario où la MDBC serait émise comme un nouvel
instrument de politique monétaire et circulerait comme une monnaie parallèle), qui pourrait être
36
J. Barrdear et M. Kumhof « The Macroeconomics of Central Bank Issued Digital Currencies » document de
travail de Banque d’Angleterre (n° 605, 18 juillet 2016)
substituable aux dépôts bancaires comme moyen d’échange, permettrait une hausse de la
production via une réduction du taux d’intérêt réel, une baisse des coûts de transactions et une
hausse de seigneuriage, permettant de réduire les distorsions fiscales. D’après leurs estimations, une
émission de MDBC pour 30% du PIB, par rapport aux obligations d’Etat, conduirait à une hausse
permanente du PIB à hauteur de 3%, obtenus grâce à la réduction des taux d'intérêt réels, des
distorsions fiscales et de la baisse des coûts de transaction monétaires. Par ailleurs, l’adoption d’une
règle contra-cyclique pour la fixation du taux d’intérêt permettrait d’améliorer la transmission de la
politique monétaire et de mieux stabiliser le cycle économique.
L’émission d’une MDBC de gros va inciter le développement des transactions avec des crypto-
actifs, qui permettrons en suite de réaliser des économies de trésorerie, favoriser l’innovation et
augmenter la productivité du système financière, (Pfister 2020).

Les possibles conséquences pour la politique monétaire


Selon le rapport sur les travaux de la Banque de France sur la monnaie digitale de banque
centrale37, l’émission d’une MDBC pourrait affecter l’objectif, la mise en œuvre et la transmission de
la politique monétaire.
- L’objectif de la politique monétaire et la relation entre monnaie et inflation.
L’émission d’une MDBC de gros ou de détail pourrait créer un choc de productivité dans le
système financier qui se transmettrait à l’ensemble de l’économie avec un impact déflationniste.
Dans un milieu de taux d’intérêt fortement bas et d’un niveau d’inflation réduit les gains de
productivité pourraient affecter la capacité de la politique monétaire à atteindre son objectif de
stabilité des prix. Si une émission de la MDBC de détail favorisait la hausse des transactions à
distance, ça pourrait aussi conduire à une augmentation de demande des biens et services exerçant
en ce sens une pression à la hausse sur les prix. Au final, l’impact de l’émission d’une MDBC sur le
taux d’inflation dépendrait de la variante de MDBC choisie et serait difficile de prévoir l’effet si les
deux variantes, MDBC de détail et MDBC de gros, seront adoptées en même temps.
Une émission de la MDBC de détail devrait impacter les agrégats monétaires, donc un ajustement
des agrégats monétaires sera nécessaire à réaliser, afin de l’introduite dans l’agrégat le plus étroit,
dans la catégorie de la monnaie fiduciaire. Dans le cas où l’émission de la MDBC de détail permettrait
aux acteurs non financiers de faire des économies de liquidités, une perturbation plus significative
pourrait se produire dans la relation entre la monnaie et l’activité. Dans tout cas, l’implémentation
d’une MDBC de détail pourrait créer des fluctuations dans la vitesse de circulation de la monnaie qui
pourrait entrainer une réduction temporaire de l’utilité des agrégats monétaires, plus
particulièrement les plus étroits.
- La mise en œuvre de la politique monétaire
Une MDBC, comme toute autre monnaie de banque centrale, est caractérisée par d’être émise et
détruite par la banque centrale émettrice, elle devrait être échangée à parité avec les autres formes
de monnaie centrale (billet et réserves), de manière à ne pas s’opposer à la fongibilité de la base
monétaire.
L’émission d’une MDBC de gros ou de détail pourrait permettre l’accès à des nouveaux
intervenants auprès de à la banque centrale. Des nouveaux acteurs, provenant du fintech pourraient
montrer l’intérêt de se lancer sur le marché des paiements en tirant profit des possibilités proposées
par la blockchain. Dans ce contexte, pour faciliter leur activité, ils pourraient envisager d’avoir accès
au bilan de la banque centrale, plus particulièrement un accès éventuel à des facilités de crédit.
37
C. Pfister « La Monnaie Digitale de Banque Centrale » publications de Banque de France (janvier 2020)
- La transmission de la politique monétaire
Dans le cas d’une MDBC de gros, les impacts liés à la transmission de la politique monétaires sont
estimés à être mineurs et ne nécessiteront pas l’implémentation des instruments et procédures
nouveaux. Par contre, les conséquences de la MDBC de détails seront plus significatives sur la
transmission de la politique monétaire, et dépendront en grande partie de la politique de
rémunération retenue.

L’impact sur la présence internationale de la monnaie


L’émission dans la zone euro d’une MDBC suffisamment tôt, afin de gagner d'avancement par
rapport aux autres projets de MDBC de banques centrales, permettrait à l’euro de renforcer son rôle
et son positionnement à l’international. Aujourd’hui, l’euro est la deuxième monnaie mondiale, après
le dollar, la plus utilisée dans le système monétaire international. D’après C. Pfister 38 l’incidence sur
rôle international d’une MDBC en euro dépendrait premièrement du type de MDBC et de la légèreté
d’avoir accès à cette monnaie. Dans le cas si l’émission d’une MDBC de gros favorisait le
développement d’un écosystème digital en euros, qui permettrait en suite d’obtenir des réductions
des coûts d’utilisation et une hausse d’attractivité, cela pourrait renforcer le rôle international de
l’euro. L’avantage du dollar aujourd’hui est que sa domination est fondée sur son réseau mondial
important, avec des coûts d’opérations très compétitives par rapport aux autres écosystèmes
financiers.
Dans ce contexte, la suite logique des choses nous fait conclure que le premier grand pays qui
sera capable d’émettre de la MDBC, va bénéficier d’un avantage de « premier sur le marché », qui va
satisfaire la demande pour ce type de monnaie. Au contraire, un positionnement en rôle de
spectateur pourrait signifier une acceptation tacite pour que des initiatives privées (comme JPM Coin
par exemple) prennent le lead pour proposer une monnaie digitale de qualité et au passage conforté
voire renforcer la domination du dollar.

2.3.5 Institutions financières privées à travers le monde qui ont expérimenté la blockchain
La bockchain a suscité l’intérêt des plusieurs acteurs privés à travers le monde. Plusieurs sont ceux
qui ont démarré et implémenté des différents projets bases sur la technologie blockchain. Dans le
monde de la finance, ces projets ont connu différentes directions de développement, de
l’optimisation des procès opérationnels à des tentatives d’émissions des crypto-actifs propres. Ci-
dessous sont présentées brièvement les expériences sur la blockchain de quelques acteurs de taille
mondiale du domaine financière39 :

38
C. Pfister « La Monnaie Digitale de Banque Centrale » publications de Banque de France (janvier 2020)
39
Matt SCHIFRIN « Blockchain 50 » publication Forbes (avril 2019)
- Société Générale, Paris, France : Société Générale persiste dans la blockchain Ethereum et
les security tokens. La Société Générale est la première banque à participer dans les projets
d’expérimentations de la Banque de France sur la MDBC (Monnaie Digitale de la Banque Centrale).
Au préalable, sa startup interne Forge avait émis des security tokens enregistrés sur la blockchain
Ethereum pour un montant de 40 millions d’euros. Jusqu’à présent, le secteur de la finance a
privilégié la blockchain privée, comme il a longtemps exploité exclusivement le cloud privé. Depuis,
les banques s’aventurent dans le cloud public, mais aussi la blockchain publique. C’est le cas de la
Société Générale au travers d’une émission d’obligations pour un montant de 40 millions d’euros.
Cette émission présente quelques différences notables avec une opération traditionnelle. Elle a en
effet donné lieu à la création de security tokens, enregistrés sur une blockchain publique, à savoir
Ethereum. Des tokens enregistrés sur la blockchain publique et payés en MDBC. La qualité du nouvel
actif digital reste identique ses tokens ont été notés Aaa/AAA par les agences de notation Moody’s et
Fitch.
La Société Générale n’en est pas cependant à ses premiers pas dans la blockchain, et plus
particulièrement dans sa déclinaison privée. Elle intervient notamment en tant qu’investisseur et
utilisateur des plateformes de trade finance « we.trade » et « komgo ».40
- BNP Paribas tente de déplacer ses lettres de crédit du papier sur un grand livre distribué
sécurisé basé sur blockchain. En novembre 2018, Paribas a travaillé avec HSBC Singapour pour
terminer la première transaction de lettre de crédit entièrement numérisé.
BNP Paribas Asset Management a réalisé en 2017 sa première transaction de souscription dans un
fonds avec l’aide de la technologie blockchain, la transaction couvrait l’intégralité du processus, de
l’instruction de l’ordre à l’exécution de l’opération. Cette réalisation marque une étape importante
pour la distribution de fonds, et pour l’industrie de la gestion collective en globalité.
- En novembre 2018, BBVA, la deuxième plus grande banque d’Espagne a annoncé son premier
prêt syndiqué sur la technologie blockchain, 170 millions de dollars accordés pour Red Eléctrica
Corporación, (opérateur espagnol de réseau électrique).
Pour un marché de près de 5 trillions de dollars de prêts syndiqués dans le monde chaque année,
la transparence, la sécurité et l'efficacité de la blockchain pourraient faire une grande différence.
- CITIGROUP, New York, Etats-Unis : La banque a investi dans plusieurs startups (Digital Asset
Holdings, Axoni, SETL, Cobalt DL, R3 et Symbiont) développant des blockchains et registres distribués
pour des applications telles comme règlement de titres, swaps de dérivés de crédit et les paiements
d'assurance. En 2018, Citi s'est associée avec Barclays et fournisseur d'infrastructure logicielle CLS
pour lancer LedgerConnect, une boutique d'applications où les entreprises peuvent acheter des
outils blockchain.
- FIDELITY, Boston, Etats-Unis : Le géant gérant des fonds, avec une histoire de 73 ans, a
commencé à extraire des bitcoins en 2015 afin d'en apprendre davantage sur les actifs numériques.
En 2019, il a lancé un service de conservation pour les investisseurs institutionnels qui souhaitent
stocker des bitcoins en toute sécurité. Il s'agit également de créer une plate-forme de négociation
qui permet d'acheter un grand bloc de crypto-monnaie en exécutant des ordres sur plusieurs
bourses. Une centaine d'employés de Fidelity se consacrent désormais aux actifs numériques. Ayant
initialement manqué l'explosion des ETF, Fidelity sera à l'avant-garde si les crypto-actifs se
généralisent.

40
Christophe Auffray, journaliste spécialiste de la transformation numérique, « Société Générale persiste dans
la blockchain Ethereum et les security tokens » (juin 2020), article disponible sur ce lien :
https://cryptonaute.fr/societe-generale-persiste-dans-la-blockchain-ethereum-et-les-security-tokens/
- JPMORGAN CHASE, New York, Etats-Unis : une des plus grandes banque américaine est l’un
des créateurs de Quorum, une version restreinte de la Blockchain Ethereum conçue spécialement
pour les entreprises qui cherchent à déplacer les tâches effectuées par des intermédiaires de back-
office vers le registre distribué. Il a récemment annoncé JPM Coin, un projet de démarrage visant à
permettre les paiements d'institution à institution en temps réel.
- SIGNATURE BANK, New York, Etats-Unis : Signature a été la première banque assurée par la
FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) à développer une plateforme de paiement numérique
basée sur la blockchain. SignetTM permet aux clients commerciaux de la banque d’envoyer des
paiements gratuits et sécurisés à d’autres clients commerciaux de la banque à tout moment de la
journée, sans limite de transaction, en aussi peu que cinq secondes. Il utilise un jeton, le sceau,
soutenu par des dollars américains. American PowerNet, un client de Signature Bank, a récemment
choisi SignetTM pour effectuer des paiements en temps réel aux fournisseurs d'énergie renouvelable.
- MASTERCARD, New York, Etats-Unis : Le géant des cartes de crédit a déposé 80 brevets liés à
la Blockchain. Seize ont été accordés, dont un pour lier des crypto-monnaies à des comptes bancaires
traditionnels et un autre pour accroître la confidentialité des Blockchains. Mastercard commente
rarement ses ambitions en matière de Blockchain, mais elle a récemment annoncé qu'elle travaillait
avec Amazon et Accenture pour construire des chaînes d'approvisionnement plus transparentes où,
par exemple, quelqu'un achetant une paire de jeans pourrait voir où ils ont été fabriqués et faire
basculer le créateur à travers les rails de paiement de Mastercard. Plus important encore, si
Mastercard peut lier son énorme réseau de paiements à haut débit aux paiements basés sur la
Blockchain, elle peut ouvrir un nouveau flux de revenus et résoudre un problème qui affecte la
plupart des technologies Blockchain: les temps de traitement sont encore lents.
- NASDAQ, New York, Etats-Unis : Les registres distribués pourraient théoriquement éliminer
le besoin d'échanges centralisés, mais le Nasdaq a couvert ses paris en se plongeant dans la nouvelle
industrie. Par exemple, il a vendu son logiciel de surveillance du marché à sept bourses
cryptographiques et un produit de vote électronique Blockchain au dépositaire central de titres sud-
africain. Le Nasdaq a également réuni huit entreprises suédoises pour développer une Blockchain
afin de remplacer le processus de négociation papier actuel sur le marché suédois des fonds
communs de placement.
- ING, Amsterdam, Pays-Bas : Le géant bancaire néerlandais a lancé huit projets pilotes depuis
la création de son équipe dédiée à la Blockchain en 2016. En janvier 2018, ING et le Credit Suisse ont
exécuté le premier swap de titres en euros légalement exécutoire en utilisant la Blockchain. La
banque a également investi dans plusieurs entreprises de Blockchain, dont Komgo, qui prévoit
d'utiliser la Blockchain Ethereum pour rationaliser un large éventail de transactions.
- SANTANDER, Madrid, Espagne : Le géant bancaire espagnol a autorisé ses investisseurs à
voter lors de son assemblée annuelle via la Blockchain. En 2018, Santander a lancé l'application
mobile One Pay FX, un service de change utilisant RippleNet 41, qui permet aux particuliers de
transférer de l'argent à d'autres personnes dans un pays étranger en moins d'une journée.
- UBS, Zurich, Suisse : Le projet le plus ambitieux de la banque suisse à ce jour est l’Utilitaire
Settlement Coin (USC), qui permettrait aux banques centrales d’utiliser des espèces numériques au
lieu de leurs propres devises pour transférer de l’argent entre elles. C'est un jeu audacieux: si les

41
Ripple est un système de règlement brut en temps réel (RBTR), un marché des changes et un réseau d'envois
de fonds par la société Ripple. Aussi appelé le Ripple Transaction Protocol (RTXP) ou protocole Ripple1, il est
construit sur un protocole internet distribué et open source, un registre de consensus et une monnaie native
appelée XRP (ripples).
banques centrales commencent à utiliser la cryptographie pour de gros transferts entre elles, cela
pourrait les rendre plus disposés à transférer leurs propres devises nationales sur une Blockchain. Les
partenaires d’UBS au sein de l’USC sont les banques BNY Mellon, Deutsche Bank et Santander.

Annexe :

Chronologie des évènements clés de la MDBC


Octobre 2008
Satoshi Nakamoto publie un livre blanc sur Bitcoin: https://bitcoin.org/bitcoin.pdf

Octobre 2012
La BCE publie son rapport «Virtual Currency Schemes», déclarant que les actifs numériques relèvent de la responsabilité des
banques centrales: https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/other/virtualcurrencyschemes201210en.pdf

2014
23 janvier 2014
Vitalik Buterin publie le livre blanc Ethereum : https://bitcointalk.org/index.php?topic=428589.0
Septembre 2014
La BIS forme le CPMI (Comité des paiements et des infrastructures de marché) : https://www.bis.org/cpmi/charter.pdf
19 octobre 2014
JP Koning rédige un article sur le blog «Fedcoin» : http://jpkoning.blogspot.com/2014/10/fedcoin.html
Décembre 2014
La Banque centrale de l'Équateur lance le programme «Dinero Electrónico» : https://www.bce.fin.ec/index.php/boletines-
de-prensa-archivo/item/769-produbanco-grupo-prom%C3%A9rica-suscribe-acuerdo-para-sumar-1197-puntos-de-servicio-
financiero-al-sistema-de-dinero-electr%C3%B3nico

2015
La PBOC lance une recherche sur la monnaie numérique / paiement électronique (DC / EP) :
https://www.theblockcrypto.com/daily/63120/everything-you-need-to-know-about-chinas-central-bank-digital-currency
Février 2015
Banque d’Angleterre publie «One Bank Research Agenda» :
https://www.bankofengland.co.uk/-/media/boe/files/research/one-bank-research-agenda---summary.pdf?
la=en&hash=B2C820FBF6A960C4A625C2DAB5B5B6CE4FEDF120
26 mai 2015
George Danezis et Sarah Meiklejohn publient un livre blanc sur RSCoin : https://arxiv.org/abs/1505.06895v1
18 septembre 2015
Andrew Haldane, de Banque d’Angleterre, livre "Jusqu'où pouvez-vous aller?" discours :
https://www.bankofengland.co.uk/speech/2015/how-low-can-you-can-go
Novembre 2015
BIS CMPI publie un rapport sur les «devises numériques» : https://www.bis.org/cpmi/publ/d137.pdf

2016
Mars 2016
La Banque du Canada, Paiements Canada et R3 lancent l'initiative de recherche «Projet Jasper» :
https://www.payments.ca/industry-info/our-research/project-jasper
1er au 3 juin 2016
Plus de 90 banques centrales participent à l'événement «Finance in Flux: The Technological Transformation of the Financial
Sector» à DC : https://www.worldbank.org/en/events/2016/06/01/16th-annual-international-conference-on-policy-
challenges-for-the-financial-sector
18 juillet 2016
La Banque d’Angleterre publie le document de travail «La macroéconomie des monnaies numériques émises par la banque
centrale» : https://www.bankofengland.co.uk/working-paper/2016/the-macroeconomics-of-central-bank-issued-digital-
currencies
15 novembre 2016
R3 et JP Koning publient «Fedcoin: une crypto-monnaie émise par la banque centrale» :
https://www.r3.com/wp-content/uploads/2018/04/Fedcoin_Central_Bank_R3.pdf
16 novembre 2016
L'Autorité monétaire de Singapour (MAS) lance le «Projet Ubin» :
https://www.mas.gov.sg/news/media-releases/2016/mas-experimenting-with-blockchain-technology
11 novembre 2016
La Hong Kong Monetary Authority (HKMA) publie un «Livre blanc sur la technologie du grand livre distribué» :
https://www.hkma.gov.hk/media/eng/doc/key-functions/finanical-infrastructure/
Whitepaper_On_Distributed_Ledger_Technology.pdf
22 novembre 2016
La Banque du Canada publie le document «Les monnaies numériques des banques centrales: un cadre pour évaluer
pourquoi et comment» : https://www.bankofcanada.ca/wp-content/uploads/2016/11/sdp2016-22.pdf
6 décembre 2016
Yves Mersch de la BCE prononce le discours «Technologie du grand livre distribué: rôle et pertinence de la BCE» à Berlin :
https://www.ecb.europa.eu/press/key/date/2016/html/sp161206.en.html

2017
Mars 2017
Début du projet suédois de la Riksbank « e-krona »
31 août 2017
Rapport de positionnement «Recherche technique du grand livre distribué à la Banque centrale du Brésil» :
https://www.bcb.gov.br/content/publicacoes/outras_pub_alfa/Distributed_ledger_technical_research_in_Central_Bank_of
_Brazil.pdf
17 septembre 2017
La BIS publie les «crypto-monnaies de la banque centrale» dans sa revue trimestrielle :
https://www.bis.org/publ/qtrpdf/r_qt1709f.htm
20 septembre 2017
La Riksbank suédoise publie «Projet E-krona, rapport 1» : https://www.riksbank.se/en-gb/payments--cash/e-krona/e-krona-
reports/e-krona-project-report-1/
5 octobre 2017
L'Autorité monétaire de Singapour (MAS) et l'Association des banques de Singapour (ABS) annoncent un consortium
explorant le RTGS : https://www.mas.gov.sg/news/media-releases/2017/mas-and-abs-lead-consortium-to-harness-
blockchain-technology
3 novembre 2017
Le président de la Banque centrale d'Uruguay, Mario Bergara, lance le projet pilote E-Peso : https://www.inswitch.com/e-
peso-uruguay/
https://www.inswitch.com/e-peso-uruguay/
La Danmarks Nationalbank publie le rapport «La monnaie numérique de la banque centrale au Danemark?» :
https://www.nationalbanken.dk/en/publications/Documents/2017/12/Analysis%20-%20Central%20bank%20digital
%20currency%20in%20Denmark.pdf

2018
25 mai 2018
La Banque d’Angleterre publie un document de travail sur les monnaies numériques de la banque centrale :
https://www.bankofengland.co.uk/-/media/boe/files/working-paper/2018/central-bank-digital-currencies-design-
principles-and-balance-sheet-implications
18 mai 2018
Le groupe de travail de la Norges Bank achève la phase initiale de l'étude sur les MDBC :
https://www.norges-bank.no/en/news-events/news-publications/Reports/Norges-Bank-Papers/2018/norges-bank-papers-
12018/
Juillet 2018
La Banque centrale du Brésil publie le document de travail «La monnaie à l'ère numérique» :
https://www.bcb.gov.br/htms/public/inovtec/Currency-in-the-Digital-Era.pdf
Septembre 2018
La Banque centrale d'Islande publie «Rafkróna?» intérimaire rapport :
https://www.cb.is/library/Skraarsafn---EN/Reports/Special_Publication_12.pdf
26 octobre 2018
La Riksbank suédoise publie «Projet E-krona, rapport 2» : https://www.riksbank.se/en-gb/payments--cash/e-krona/e-krona-
reports/e-krona-project-report-2/
Novembre 2018
L’équipe CBDC de la Banque d’Israël publie ses conclusions :
https://www.boi.org.il/en/NewsAndPublications/PressReleases/Documents/Digital%20currency.pdf

2019
1er janvier 2019
La Banque de Lituanie lance un sandbox blockchain service de plateforme, LBChain : https://www.lb.lt/en/news/the-bank-
of-lithuania-to-launch-blockchain-sandbox-platform-service
8 janvier 2019
BIS publie «Agir avec prudence - une enquête sur papier «monnaie numérique de la banque centrale» :
https://www.bis.org/publ/bppdf/bispap101.htm
21 février 2019
La Banque centrale des Caraïbes orientales (ECCB) et Bitt Inc. (Bitt) signent un contrat avec un pilote de MDBC :
https://www.eccb-centralbank.org/news/view/eccb-to-issue-worldas-first-blockchain-based-digital-currency
1er mars 2019
La Banque centrale des Bahamas choisit NZIA Limited comme partenaire technologique pour «Project Sand Dollar» :
https://www.centralbankbahamas.com/news?cmd=view&id=16540
7 juin 2019
La Banque nationale d'Ukraine publie un rapport analytique sur le projet pilote E-hryvnia :
https://bank.gov.ua/admin_uploads/article/Analytical%20Report%20on%20E-hryvnia.pdf?v=4
18 juin 2019
Publication du livre blanc Libra V1 de Facebook : https://libra.org/en-US/blog/the-path-forward/
21 juin 2019
La France crée un groupe de travail du G7 pour étudier Libra : https://www.reuters.com/article/us-facebook-crypto-
france/france-creating-g7-cryptocurrency-taskforce-says-central-banker-idUSKCN1TM0SO
27 juin 2019
Un groupe de travail de la Norges Bank publie les conclusions de la phase deux de l'étude de la MDBC :
https://www.norges-bank.no/en/news-events/news-publications/Reports/Norges-Bank-Papers/2019/memo-219-cbdc/
2 juillet 2019
Les démocrates de la commission appellent sur Facebook à mettre fin aux plans de crypto-monnaie :
https://financialservices.house.gov/news/documentsingle.aspx?DocumentID=404009
17 juillet 2019
David Marcus Directeur de Calibra, Facebook témoigne devant le Congrès :
https://financialservices.house.gov/uploadedfiles/hhrg-116-ba00-wstate-marcusd-20190717.pdf
29 juillet 2019
La Banque nationale du Cambodge lance le projet pilote «Bakong Project» :
https://www.centralbanking.com/fintech/4344341/cambodia-launches-blockchain-powered-payment-system
23 août 2019
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, présente «Les défis croissants de la politique monétaire dans le
système monétaire et financier international actuel» au Symposium de Jackson Hole :
https://www.bankofengland.co.uk/speech/2019/mark-carney-speech-at-jackson-hole-economic-symposium-wyoming
Août 2019
La Banque centrale de Lituanie publie les devises numériques et la banque centrale: un sentiment de déjà vu :
https://www.lb.lt/uploads/publications/docs/22608_3457e6b4dcd5faa511ce6aa75a30d93c.pdf
18 octobre 2019
BRI publie un document intitulé «Investigating the impact of global stablecoins» du Groupe de travail du G7 sur les
Stablecoins : https://www.bis.org/cpmi/publ/d187.pdf
23 octobre 2019
Mark Zuckerberg de Facebook témoigne sur la Libra devant le Congrès :
https://financialservices.house.gov/uploadedfiles/hhrg-116-ba00-wstate-zuckerbergm-20191023-u1.pdf
5 décembre 2019
La BCE rédige une note «L'innovation et son impact sur le paysage européen des paiements de masse» :
https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/other/ecb.other191204~f6a84c14a7.en.pdf
12 décembre 2019
BRI publie un rapport sur les jetons numériques en gros : https://www.bis.org/press/p191212a.htm
17 décembre 2019
La BCE publie le document intitulé «Explorer l'anonymat dans les monnaies numériques des banques centrales» :
https://www.ecb.europa.eu/paym/intro/publications/pdf/ecb.mipinfocus191217.en.pdf
24 décembre 2019
La Banque centrale des Bahamas publie le livre blanc «Project Sand Dollar» et lance une phase pilote à Exuma :
https://cdn.centralbankbahamas.com/download/022598600.pdf
31 décembre 2019
Conclusions du rapport du Conseil fédéral suisse sur la cryptofranc (e-franc) :
https://www.efd.admin.ch/efd/en/home/dokumentation/nsb-news_list.msg-id-77527.html
Décembre 2019
La Banque centrale de Lituanie publie le document «MDBC - dans un tourbillon de discussion» :
https://www.lb.lt/uploads/publications/docs/23938_45070151bf4a3d1041e870e3fce8a0d1.pdf

2020
1er janvier 2020
La BCE publie le document de travail «La MDBC à plusieurs niveaux et le système financier» :
https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/scpwps/ecb.wp2351~c8c18bbd60.en.pdf
16 janvier 2020
J. Christopher («Chris») Giancarlo, ancien président de la CFTC lance le projet Digital Dollar :
https://www.digitaldollarproject.org/press-release
22 janvier 2020
L'Autorité monétaire de Hong Kong (HKMA) et la Banque de Thaïlande (BOT) publient le rapport Inthanon LionRock :
https://www.hkma.gov.hk/media/eng/doc/key-functions/financial-infrastructure/Report_on_Project_Inthanon-
LionRock.pdf
23 janvier 2020
La BRI met à jour le document «Arrivée imminente - une suite de l'enquête sur la monnaie numérique de la banque
centrale» : https://www.bis.org/publ/bppdf/bispap107.htm
Mars 2020
La BRI publie le rapport «La technologie de la monnaie numérique des banques centrales de détail» :
https://www.bis.org/publ/qtrpdf/r_qt2003j.htm
16 avril 2020
La Libra Association publie le livre blanc v2.0: https: https://libra.org/en-US/white-paper/
13 août 2020
La Réserve fédérale américaine (FED) s'associe à des chercheurs de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) pour
créer et tester une monnaie numérique :
https://www.federalreserve.gov/newsevents/speech/files/brainard20200813a.pdf
Source: Ryan Todd et Mike Rogers (The Block Research , KPMG, Blockset BRD) « A Global Look at Central Bank Digital
Currencies», août 2020 : https://www.tbstat.com/wp/uploads/2020/08/KPMG-CBDC-Report.FINAL_.v.1.02.pdf

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