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LE PREDATOME

« Car le Prédateur ne se soucis guère du jugement de l’homme, car il a connu, par les voix du Maître, un traitement
pire que celui du diable décrit par le plus fidèle des évangélistes, et, car son esprit a accepté de se soumettre jusqu’au
caprice le plus bénin de son seigneur, le Prédateur est un adversaire unique et redoutable envers quiconque se
dresserait face à lui… »

Telles sont les premières paroles que l’homme, esclave enchaîné et désemparé face au destin, aura l’immense
satisfaction d’entendre de la bouche d’un fidèle représentant de la toute puissance. L’homme, prit du désir embrasé de
s’élever par delà les siens, saura mettre genoux à terre face à son Seigneur, qui, d’une clémence sans nom, lui éclairera
le chemin tortueux de la rédemption. Les serviteurs du Maître accueilleront ce nouvel esclave avec la passion la plus
perfide qui soit, offrant généreusement leur traitement désobligeant envers l’être qui n’était qu’un homme, et qui
saura, avec une servitude démesurée, vivre à leur côté telle une vermine insignifiante ; tel un rejeton infâme à l’intérêt
bien plus ridicule que porte un homme à son misérable chien. Car l’esprit se doit de mourir dans l’atrocité afin de
renaître plus fort, le nouveau serviteur du Maître n’aura d’autre choix que de laisser la subtile vilénie prédatrice
s’emparer de son âme au fil du temps.

« Car les marques de la haine sauront briser le souvenir de l’amour,


Car le sang de l’adversaire saura remplacer les larmes de joie,
Car l’obscur sadisme saura balayer l’humiliation de l’esprit souillé,
Car l’obéissance aveugle saura anéantir les rêves inespérés d’antan. »

Là où le Prédateur sait, nul homme ne pourra avoir l’infime prétention de comprendre. Parce qu’une once d’humanité
rend aveugle l’égaré qui cherche en vain la face cachée de l’obscurité et rend inefficace la tentative de l’homme qui
garde en lui la faiblesse de l’espoir face au destin. Seule la bête sanguinaire connaît le chemin de l’élévation, puisque
son Seigneur aura eu l’immense bonté de lui murmurer la voie à arpenter. Ainsi le sacrifice et l’adoration sauront
quémander la volonté du Maître, qui laissera son bon vouloir décider du sort du serviteur. L’esclave fidèle ne se
permettant pas d’avoir la prétention d’être en capacité de juger s’il est digne de recevoir sur lui le regard de son
Seigneur, il fera preuve d’une interminable patience au cœur de l’abime au nom de Santi. Que soit châtié par l’horreur
celui qui aura osé lever la tête face à l’intransigeance et la soumission, car c’est dans la servitude la plus totale que
l’esprit se libère enfin de ses chaînes. Dès lors, l’être misérable qui aura été choisi pourra jouir de sa passion pour la
haine, pour le sang et la souffrance, infligeant les sentences dévastatrices sur les hommes pour la gloire de son Maître.
Un nouveau Prédateur naîtra alors des entrailles de son ennemi, déterminé à agir selon l’éternel commandement de sa
terrifiante hiérarchie. Les pas de ce nouveau guerrier souilleront les corps ensanglantés des égarés insouciants qui
auront maintenu leur regard en direction de la bienfaisance, ainsi, il aura l’indéniable plaisir de rassasier l’insatiable
appétit de sa sombre Seigneurie. La volonté de l’homme aura été anéantie par l’obéissance aveugle de l’infaillible
Prédateur, la joie que l’homme exprime par ses larmes aura été remplacée du sang versé par l’arme Prédatrice,
l’amour qui gît dans le cœur des faibles aura été brisé par la haine bestiale du Prédateur, et, l’esprit humilié de
l’homme souillé par l’ambassadeur de la destruction aura été balayé par les actes obscurs du Prédateur sadique.
Comme la peste se repent de la souffrance des ses victimes incurables, le Prédateur, guidé par la noirceur du Fléau,
lui-même guidé par la colère de Santi, se nourrit de la peur et du désespoir des êtres inférieurs, telle la botte titanesque
qui s’écrase sur l’insecte insignifiant.

« Car le Prédateur est le bras du Maître, il agira au nom de Santi !


Car le Prédateur est la botte du Maître, il écrasera les adversaires de Santi !
Car le Prédateur est la voix du Maître, il répandra la volonté de Santi !
Car le Prédateur est le cœur du Maître, il fera couler le sang pour Santi !
Car le Prédateur est l’esclave du Maître, il idolâtrera le nom de Santi ! »

L’impartialité du Seigneur immortel n’a d’égale que sa générosité envers le Prédateur ayant fait serment d’allégeance
face au Maître une nuit sans lune, et reconnu par les siens comme l’implacable guerrier sanguinaire qu’il est devenu.
Désormais plié à l’indiscutable projet du Maître, tel le pion élu parmi les chiens, le Prédateur aura pour seule
conscience sa soif d’enrichir le trône de son Seigneur des crânes brisés de l’homme bon, des membres déchiquetés de
l’homme faible. Car il a atteint l’inespéré en reniant toute forme de bonheur en lui, car il a percé les secrets du chemin
qui mène à la domination de l’être inférieur, car il est un Prédateur ! Créature ignoblement dévastatrice aux
apparences humaines afin de tromper l’inconscient, il est l’outil de destruction de son Bienfaiteur. Inflexible,
incorruptible, infatigable et déterminé, il ne laisse paraître aucune faille lorsqu’il terrasse ses rivaux, infligeant la
terreur, la souffrance, puis la mort. Une arme aussi puissante que sournoise, capable de violer l’esprit de l’homme de
ses néfastes paroles avant d’extraire le cœur de la cage thoracique de l’âme égarée par ses griffes bestiales. L’infini
noirceur sait se nourrir de l’immonde bonté qui habite le cœur des faibles, elle purifie par la haine les songes des âmes
désemparés, réduisant à néant les exécrables pensées positives qui envahissent la volonté des égarés.

« Ô Mangeur d’enfants, chacun de mes pas tu guides,


J’avale en ton nom ce verre pilé,
Ô Sinistre Maître, ton pouvoir n’a d’égale que ta bénéfique cruauté,
J’ingère en ton nom ce rat décomposé,
Ô Lugubre Puissance, les hommes craignent les dieux et les dieux te craignent,
J’enfonce en ton nom dans ma cuisse ce clou rouillé,
Ô Bouche Sanglante, mon corps et mon esprit sont tiens,
J’arrache en ton nom mes ongles écorchés,
Ô Sombre Vénéré, pardonne mes actes de bonté,
Je tranche en ton nom cette main qui a aidé. »

Aussi certain que l’homme est en tout point inférieur à la perfidie divine, la clémence est un symbole de faiblesse.
D’aucune manière l’animal serviteur ne prendra la peine d’épargner son ennemi, conscient que cet acte dégradant de
compassion marquerait pour l’éternité son corps du signe de la honte, dénonçant ainsi à ses frères son incapacité à
servir le Seigneur du tourment. Que se dérobe le sol sous les pas lourds du méprisable, emportant dans les abysses
celui aura perdu le mérite de ramper devant la mort, car c’est le geste imprudent de l’empathie qui rappelle à l’esclave
égaré qu’il fut autrefois un être de chair. Parce que par delà la brume dissimulatrice se cache le visage du savoir, seule
l’âme dévouée ayant reçu la preuve de la puissance du Maître en s’accablant de l’apprentissage qui lui incombe pourra
prétendre accéder à la connaissance. Car si l’ignorant est béni, celui qui sait aura alors la force d’imposer sa volonté
sur l’homme qui reste dans le doute. Que nul ose faire la tentative de cerner les pensées du Maître sans avoir accepté
auparavant de sombrer dans la plus venimeuse des folies, sans avoir accepté d’en subir les plus abjectes conséquences.
Comme l’ombre efface les traces de la vie, le Prédateur efface toute trace de vie, sous les instructions de son Seigneur.
Il sera donc indubitable d’entendre les pas inquiétants de la Bête dans son dos lorsque l’individu pathétique aura eu
l’audace de s’éloigner du sentier ténébreux, décevant celui qui aura prit la peine de forger son âme de guerrier.

*Car contrairement à l’anus de l’esclave, les voies du Maître, elles, sont impénétrables.

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