Avec le réchauffement climatique, les zones libérées ou autrefois à l’abri du paludisme
risquent d’être re-infectées ou infectées. Par conséquent, prévoir de façon précise
la dynamique de transmission du paludisme est nécessaire. Un modèle mathématique permettra de simuler quantitativement ces situations, de tester diverses hypothèses. Il aidera également à optimiser le choix d’une stratégie de contrôle ou d’éradication. La modélisation mathématique du paludisme a commencé depuis 1911 avec le modèle de Ross [67], par la suite, d’importantes extensions ont été apportées par MacDonald [52]. L’un des plus grands progrès de la modélisation du paludisme est l’inclusion de l’immunité acquise proposée par Dietz, Molineaux et Thomas [24]. Puis viennent les travaux sur l’immunité acquise développés par Aron [8] et Bailey [12]. Quelques travaux ont également inclus des effets environnementaux [47, 76, 77], la diffusion de la résistance aux médicaments [11, 41, 60], l’évolution de l’immunité [42], le traitement et l’impact des stratégies de vaccination [20], ainsi que le délai de la période d’incubation [68]. Ngwa et Shu [59] et Ngwa [58] ont proposé un modèle compartimental pour étudier la propagation du paludisme en utilisant des équations différentielles ordinaires (ODE) avec un groupe de sensible- Exposed-Infectious-Recovered-Susceptible (SEIRS) pour les humains et un groupe de Susceptible-Exposed-Infectious (SEI) pour les moustiques. La particularité de ce modèle réside dans le fait que les individus dans la classe R "recovered" supposés être à l’abri de la maladie (ne souffrent pas de maladie grave et ne peuvent pas mourir de la maladie) ont un niveau bas de parasites dans leur organisme et sont légèrement infectieux pour les moustiques sensibles. Au delà d’une certaine période, ces individus retournent à la classe sensible. Les moustiques sensibles s’infectent à travers un contact avec un humain infectieux ou un humain dans la classe Recovered avec une certaine probabilité. Les moustiques et les humains quittent la population à travers une mortalité naturelle à densité dépendante. Cela a permis au modèle de tenir compte de la variabilité démographique des deux populations (humaine et moustiques) qui est un facteur très important dans la dynamique de transmission du paludisme sur une grande échelle de temps.