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Procédure pénale : Les actions publiques et civiles

La distinction entre action publique et action civile


Lorsqu’une infraction est commise elle peut faire naitre 2 types d’actions que sont :
o L’action publique : la commission d’une infraction donne naissance à cette action qui sera
exercée par le Ministère public. Elle tend à l’application des sanctions prévues par la loi et est
permise conformément à l’article 1er du Titre préliminaire du Code de procédure pénale.
o L’action civile : celle-ci peut être intentée lorsque l’infraction commise crée un dommage.
Elle est intentée par la victime du dommage ou ses ayants droits et vise la réparation du
dommage subi conformément aux article 3 et 4 du Titre préliminaire du Code de procédure
pénale. Notons également que cette action peut être intentée tant devant les juridictions
civiles que devant les juridictions pénales.
Ces actions créent cependant quelques interférences entre elles et ce, de par le fait qu’elles ne sont pas
totalement indépendantes l’une de l’autre. Ainsi, l’action civile entre en interférence avec l’action
publique puisqu’elle permet à la victime de porter son action devant la juridiction pénale saisie de
l’action publique et que celle-ci a également la possibilité de mettre en mouvement l’action publique.
En ce qui concerne l’action publique, elle entre en interférence avec l’action civile en ce que le
criminel tient le civil en état et que le juge civil est donc tenu au jugement rendu par le juge pénal :
cela reste toutefois nuancé.

L’action publique
Les sujets de l’action publique
Parmi les sujets pouvant mettre l’action publique en mouvement, dit sujets actifs, on retrouve
notamment le Ministère public qui bénéficie du quasi-monopole des poursuites. Toutefois, on ne
retrouve pas que lui puisqu’il est possible que les poursuites soient mises en mouvement par certaines
administrations publiques, leur pouvoir sont toutefois limités à certains domaines déterminés par la loi.
Le dernier sujet actif n’est autre que la victime puisque celle-ci peut, en cas d’inertie du Ministère,
mettre l’action en mouvement en se constituant partie civile entre les mains du juge d’instruction ou en
faisant une citation directe devant la juridiction de jugement.
L’action publique est exercée contre l’auteur de l’infraction, qu’il s’agisse d’une personne physique ou
morale, puisqu’il est le seul à pouvoir être condamné par application du principe de personnalité des
peines. Toutefois, il est possible que la personne civilement responsable de l’auteur de l’infraction soit
amenée à supporter les frais de l’action publique. De même, il arrive parfois que le juge soit autorisé,
par la loi, à prononcer une sanction, une mesure ou une condamnation à charge d’un tiers, dit partie
intervenant volontairement et ce, conformément à l’article 5ter du Titre préliminaire du Code de
procédure pénale. Ce tiers devra cependant être admis à comparaitre ou appeler à se défendre de cette
décision.

L’exercice de l’action publique


La décision de poursuivre
De manière générale, le Parquet peut poursuivre d’office les infractions et il ne doit donc pas attendre
qu’une plainte soit déposée ou qu’il ait reçu une autorisation pour mettre en mouvement l’action
publique. Toutefois, cette décision de poursuivre ne sera prise qu’après un examen de la légalité et de
l’opportunité des poursuites : l’examen de la légalité consiste à chercher le bien-fondé de l’action
publique ainsi que sa recevabilité et ce n’est qu’au terme de celui-ci que le Procureur du Roi juge de
l’opportunité des poursuites. Notons également que l’opportunité des poursuites rencontre quelques
obstacles tels que :
o Le respect des directives générales de politique criminelle.
o Le droit d’injonction positive du Procureur général et du Ministre de la Justice.
o La mise en mouvement de l’action par la victime elle-même.
Une fois que le Ministère décide de poursuivre, il doit mettre l’action publique en mouvement. Celle-
ci est alors mise en mouvement par un réquisitoire aux fins d’instruire adressé au juge d’instruction
conformément aux articles 53 et 54 du Code d’instruction criminelle ou par une saisine de la
juridiction de jugement. Dans ce dernier cas, la saisine peut se faire par convention de reconnaissance
préalable de culpabilité, par citation directe, par convocation par procès-verbal ou par comparution
immédiate. Lorsque le Ministère a intenté l’action, elle appartient au pouvoir judiciaire et il n’en a
donc plus la maitrise : il ne peut donc plus classer sans suite mais il peut toutefois proposer une
transaction pénale, une procédure de médiation et mesures ou une reconnaissance de culpabilité.
Les obstacles à l’exercice de l’action publique
Les obstacles à l’exercice de l’action publique sont des circonstances, de fait ou de droit, qui
empêchent provisoirement ou conditionne l’exercice de l’action. Ils peuvent intervenir dès le début de
la procédure ou au cours de celle-ci. Ces obstacles sont les suivants :
o La nécessité d’une plainte préalable de la personne lésée prévue à l’article 2 du Titre
préliminaire du Code de procédure pénale et qui porte sur certaines infractions.
o La dénonciation préalable de l’autorité qui est notamment prévue dans des cas de compétence
extraterritoriale.
o Les questions préjudicielles qui pourraient être posées à la Cour de Cassation ou la CJUE
conformément à l’article 15 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale.
o Les immunités que sont l’immunité du Roi, l’immunité des membres du gouvernement,
l’immunité des parlementaires et les immunités diplomatiques, consulaires et internationales.
En ce qui concerne l’immunité du Roi, elle est prévue à l’article 88 de la Constitution et elle
lui permet de bénéficier d’une immunité totale de juridiction et d’exécution.
L’immunité des membres des gouvernements
Les Ministres des gouvernements fédéral, communautaires et régionaux sont tenus irresponsables pour
les opinions qu’ils émettent dans le cadre de l’exercice de leur fonction. Cette immunité absolue
repose sur le principe de la liberté d’expression et est prévue aux articles 101 et 124 de la Constitution.
Cependant, en ce qui concerne la poursuite des infractions commises en dehors ou dans le cadre de
leurs fonctions, et pour lesquels ils sont jugés pendant leur mandat, ils ne bénéficient que d’une
immunité relative prévue aux articles 103 et 125 de la Constitution. En effet, dans ce cadre, le
Procureur général intente les poursuites devant la Cour d’appel, seule cour compétente, et si une
instruction se révélait nécessaire, elle serait forcément menée par un conseiller à la Cour d’appel et
non par un juge d’instruction. Notons également qu’en ce qui concerne les mesures de contraintes qui
devraient être prises à l’égard des Ministres, celles-ci doivent être autorisées à la majorité par un
collège de 3 conseillers à la Cour d’appel. Il en est de même pour l’arrestation, la détention préventive,
le règlement de procédure ou la citation directe qui nécessitent, hors les cas de flagrant délit,
l’autorisation de l’assemblée parlementaire.
L’immunités des membres des Parlements
Les parlementaires bénéficient d’une immunité absolue pour les votes et opinions émis dans le cadre
de leurs fonctions et ce, conformément aux articles 58 et 120 de la Constitution.
En ce qui concerne les poursuites intentées contre ces derniers pendant la durée des sessions
parlementaires, elles sont soumises au régime particulier de l’immunité relative prévue à l’article 59 de
la Constitution. Ainsi, les poursuites sont réservées au Parquet mais le parlementaire peut toutefois
demander à la Chambre de suspendre les poursuites : la décision de cette dernière se rendant à la
majorité des 2/3. Notons également que l’autorisation de l’assemblée parlementaire compétente est
exigée dans le cadre de l’arrestation judiciaire, la détention préventive et la saisine de la juridiction
d’instruction sauf dans les cas de flagrant délit. Il est également nécessaire que le président de la
Chambre soit présent pour ce qui est des perquisition et des saisies ordonnées par le Premier président
à la Cour d’appel.
En ce qui concerne le demande de suspension des poursuites, on avait pu voir celle-ci être faite dans le
cadre de l’affaire Wesphael.
Les promesses relatives à l’action publique
On notera que depuis 2018, il a été inséré dans le Code d’instruction criminelle plusieurs articles
(216/1 et suivants) réglementant la Loi repentis : celle-ci permet aux personnes poursuivies ou
condamnées pénalement de collaborer avec la justice en dénonçant d’autres délinquant afin de
bénéficier d’avantages de nature pénale. Le recours au repentis n’est toutefois possible que s’il remplit
les 3 conditions suivantes :
o Les nécessités de l’enquête l’exigent.
o Les autres moyens ne suffisent pas à la manifestation de la vérité.
o La mesure concerne des infractions listées à l’article 90ter, §§ 2 à 4 du Code d’instruction
criminelle.

Les causes d’irrecevabilité de l’action publique


L’irrecevabilité de l’action publique est la sanction de circonstances empêchant la poursuite de la
procédure pénale. Elle connait beaucoup de causes différentes dont, notamment, des fondements
légaux et jurisprudentiels mais également d’autres causes plus spécifiques. Parmi les causes
d’irrecevabilité, on retrouve notamment
o L’atteinte irrémédiable au droit à un procès équitable prévue par l’article 6 de la CEDH et qui
existe notamment dans le cadre d’une enquête gravement déloyale, d’une violation irréparable
des droits de la défenses, …
o La provocation policière prévue par l’article 30 du Titre préliminaire du Code de procédure
pénale et qui consiste en une interdiction de provoquer les infractions. En effet, la police est
instituée pour lutter contre la délinquance et non pour la créer. Toutefois, il n’y pas de
provocation policière si l’infiltration policière est licite, si la résolution criminelle existait
avant l’intervention de la police et que la police s’est bornée à créer l’occasion en laissant à
tout moment la possibilité de mettre fin à l’exécution du dessein criminelle ou encore si la
police a placé un ordinateur visible dans un véhicule puisque, dans ce dernier cas de figure, la
police ne ferait que reproduire sans aucun excès une scène banale de la vie quotidienne.
L’extinction de l’action publique
L’action publique connait plusieurs causes d’extinction.
Le décès
Le décès de la personne physique ou la dissolution de la personne morale qui est prévu à l’article 20
du Titre préliminaire du Code de procédure pénale. Ce principe repose sur la personnalité des peines
interdisant la poursuite et la condamnation des héritiers de l’inculpé, sur le plan pénal, en place et lieu
de l’auteur de l’infraction.
La prescription
Notion et caractères
La prescription est une cause d’extinction de l’action publique liée à l’écoulement du temps. Elle est
prévue par les articles 21 à 29 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale et repose sur les
besoins de tranquillité publique et de risque d’erreur judiciaire. Celle-ci est d’ordre public et est, en
général, applicable à toutes les infractions sous réserves de 2 exceptions que sont les infractions contre
le droit international et certaines infractions sexuelles sur mineurs.
Délai, point de départ du délai et calcul du délai
Les délais de la prescriptions sont prévus aux articles 21 et 21bis du Titre préliminaire du Code de
procédure pénale et sont, comme les lois de procédure pénale, d’application immédiate pour les
infractions commises avant leur entrée en vigueur et non encore jugées définitivement ou prescrites.
De nombreux délais ont ainsi été modifiés au fil des années : c’est notamment le cas des délits et des
crimes correctionnalisés dont la prescription a été étendue, dès 1993, à un délai de 5 ans.
En ce qui concerne le point de départ du délai, la règle générale prévue à l’article 23 du Titre
préliminaire du Code de procédure pénale prévoit que le délai commence à courir au jour de
l’infraction. Toutefois, cette règle trouve des difficultés d’application tels que :
o Pour les infraction continues dont le délai de prescription commence à courir au jour où l’acte
délictueux prend fin.
o Pour les infractions d’habitude dont le délai commence à courir au jour du dernier fait.
o Pour les infractions collectives dont le délai commence à courir au jour du dernier fait
procédant de la même intention délictueuse.
o Pour le concours matériel d’infractions dont le point de départ du délai s’apprécie de manière
différente pour chaque infraction.
o Pour certaines infractions dont le point de départ du délai est parfois retardé par des lois
particulières.
Pour ce qui est du calcul du délai, on estime que le jour où l’infraction a été commise est compté dans
le délai de prescription et le calcul est donc effectué de quantième à veille de quantième : le délai de
prescription ne s’appréciant de manière définitive qu’au jour du jugement.
L’interruption du délai
L’interruption du délai de prescription est prévue par l’article 22 du Titre préliminaire du Code de
procédure pénale et agi comme une sorte de bouton replay. Pour que le délai soit interrompu, il faut
que les actes visant sont interruption soient des actes d’instruction ou de poursuite accompli dans le
délai originaire. Ainsi, les actes accomplis par l’inculpé ou le prévenu ne sont pas des actes interruptifs
puisque pour qu’un acte soit considéré comme interruptif, il doit remplir 4 conditions :
o Être un acte d’instruction ou de poursuite : les actes d’instruction sont des actes émanant d’une
autorité qualifiée à cet effet et ont pour objet de recueillir des preuves ou de mettre la cause en
état d’être jugée alors que les actes de poursuites sont des actes émanant d’une autorité
qualifiée à cet effet et tendant à l’introduction ou à l’exercice de l’action publique.
o Être accompli par une autorité qualifiée.
o Être régulier.
o Être accompli dans un délai originaire de prescription : cette règle n’est cependant pas
applicables aux prescription de moins de 6 mois puisque, conformément à l’article 25 du Titre
préliminaire du Code de procédure pénale, dans ce cas, les actes interruptifs peuvent
également être posés pendant le nouveau délai à condition, toutefois, que la prolongation ne
dépasse pas les 1 an.
Ainsi, comme nous l’avons déjà dit, l’interruption fait l’effet d’un bouton replay entrainant le
commencement d’un nouveau délai d’égale durée, délai commençant à courir au jour où l’acte
interruptif est posé. Notons encore que l’interruption court pour toutes les parties au procès.

La suspension du délai
La suspension du délai de prescription est prévue par l’article 24 du Titre préliminaire du Code de
procédure pénale et agi comme une sorte de bouton pause. Ainsi, elle a pour effet de suspendre,
lorsque la loi le prévoit ou lorsqu’il existe un obstacle légal à l’introduction ou à l’exercice de l’action
publique, le délai de prescription qui est en cours. Elle consiste donc en une période calculée en jour et
pendant laquelle la prescription ne court pas.
Il existe de nombreuses causes légales prévue par l’article 24 du Titre préliminaire que sont :
o Pendant le traitement d’une exception d’incompétence, d’irrecevabilité ou de nullité soulevée
devant la juridiction de jugement, qu’elle ait été soulevée par l’inculpé, la partie civile ou la
personne civilement responsable. L’action ne sera toutefois pas suspendue si l’exception est
fondée ou que la décision sur l’exception est jointe au fond.
o Si l’inculpé demande à ce que des devoirs d’instruction complémentaires soient accomplis au
moment du règlement de procédure devant la Chambre du Conseil.
o Pendant le traitement d’une opposition formée par le prévenu si celle-ci est déclarée
irrecevable ou non-avenue. Dans ce cas, la suspension court de l’action d’opposition jusqu’à la
décision la constatant irrecevable ou non-avenue.
D’autres causes sont également prévue par les lois particulières et consistent en :
o Une proposition de transaction pénale ou de procédure de médiation et mesures.
o Une suspension du prononcé de condamnation.
o Une action en cessation en matière de protection de l’environnement ou de discrimination.
o Une demande d’autorisation en cas de poursuites à charge d’un Ministre.
o Un renvoi préjudiciel à la Cour constitutionnelle ou à la CJUE.
o Une demande de renvoi pour changement de langue.
o Une suspension dans le cadre de la lutte contre la propagation du COVID-19.
D’autres causes sont également reconnues par la jurisprudence telles que le délai extraordinaire
d’opposition, l’instance en Cassation, la procédure en règlement de juges, l’inviolabilité parlementaire,

Les effets du délai
Le délai de prescription a pour effet d’éteindre l’action publique à l’égard de tous les auteurs,
coauteurs et complices mais n’empêche toutefois l’action civile.
La chose jugée
La chose jugée aussi, dite règle du ‘non bis in idem’, pose le fait que nul ne peut être poursuivi une 2e
fois pour des faits ayant déjà donné lieu à un jugement définitif : cette règle est d’ordre public. Pour
trouver à s’appliquer, la chose jugée doit remplir quelques conditions portant sur :
o L’identité de personnes
o L’identité de faits
o Une décision du juge pénal coulée en force de chose jugée et statuant au fond sur les
poursuites.
Notons que ce principe est uniquement applicable en Belgique et ne concerne, en règle générale, pas
les décisions étrangères sauf s’il elles touchent à la compétence extraterritoriale des juridictions belges
ou à la compétence territoriale des juridictions belges.
La transaction pénale
La transaction pénale trouve son fondement dans l’article 216bis du Code d’instruction criminelle et
est une procédure par laquelle le Ministère propose à l’auteur présumé d’une infraction d’éteindre
l’action publique moyennant le paiement d’une somme d’argent. Elle est facultative et unilatérale et le
Ministère n’est donc pas obligé de la proposer même si elle permet de faire l’économie d’un procès
pénal.
Celle-ci doit également respecter un certain nombres de conditions que sont :
o Le fait ne doit pas paraitre de nature à devoir être puni d’un emprisonnement correctionnel
principal de plus de 2 ans ou d’une peine plus lourde telle que la confiscation. Cela s’apprécie
après l’application des circonstances atténuantes et elle est donc possible pour des infractions
dont la peine ne dépasserait pas 15 à 20 ans de réclusion.
o Le fait ne comporte pas d’atteinte grave à l’intégrité physique.
o La somme d’argent ne peut pas être supérieure au maximum de l’amende prescrite par la loi et
doit être proportionnelle à la gravité de l’infraction.
o Le dommage résultant de l’infraction doit être réparé, le paiement étant une preuve
irréfragable de la faute civile dans le chef de l’auteur.
Il est également important de savoir que dans le cadre d’infractions fiscales ou sociales ayant permis
d’éluder l’impôt ou les cotisations sociales, 2 conditions viennent s’ajouter. Ainsi, il faut l’accord de
l’administration fiscale ou sociale et le paiement du montant des impôts ou des cotisations éludés doit
être fait préalablement.
Cette transaction pénale est possible à tous les stades de la procédure tant qu’un jugement ou un arrêt
définitif n’a pas été rendu par les juridictions pénales : elle permet donc d’éviter le sentiment que l’on
peut acheter l’effacement d’une condamnation pénale. Notons également que si le contrevenant refuse
l’offre ou ne paie pas la somme mentionnée dans les conditions fixées, le Ministère peut décider de
rouvrir des poursuites si le dossier était à l’information. Toutefois, si l’affaire était en cours
d’instruction ou en phase de jugement, la procédure se poursuit.
Il est également important de savoir qu’en matière de roulage, la transaction pénale immédiate est
permise et ce, conformément à l’article 65 de la loi de mars 1968 relative à la police de la circulation
routière. Ce système a également été étendue suite à la crise sanitaire.
La procédure de médiation et mesures
Depuis 2018, on ne parle plus de procédure pénale mais bien de procédure de médiation et mesure et
celle-ci est prévue par l’article 216ter du Code d’instruction criminelle. Elle vise l’extinction de
l’action publique moyennant l’exécution de mesures et le respect de conditions et est une procédure
par laquelle le Ministère propose à l’auteur présumé d’une infraction d’éteindre l’action publique
moyennant le respect d’une ou plusieurs conditions ou mesures. Elle est facultative et unilatérale et le
Ministère n’est donc pas obligé de la proposer même si elle permet d’éviter la lourdeur d’un procès
pénal.
Toutefois, pour être applicable, elle doit remplir les conditions suivantes :
o Le fait ne doit pas paraitre de nature à devoir être puni d’un emprisonnement correctionnel
principal de plus de 2 ans ou d’une peine plus lourde telle que la confiscation. Cela s’apprécie
après l’application des circonstances atténuantes et elle est donc possible pour les infractions
dont la peine ne dépasserait pas 15 à 20 ans de réclusion.
o L’auteur présumé doit s’engager à payer les frais d’analyse ou d’expertise et doit abandonner
les objets passibles de confiscation.
o L’auteur présumé doit marquer son accord sur l’application de la procédure et accepter les
mesures et conditions.
Il existe 5 types de mesures et conditions qui peuvent, si c’est nécessaire, être cumulée. Parmi celles
qui concernent la victime, on retrouve notamment la reconnaissance par le suspect de sa responsabilité
civile et l’indemnisation ou la réparation de la fraction non contestée du dommage : cette mesure est
toujours obligatoire. Il est également possible d’effectuer une médiation entre le suspect et la victime
en ce qui concerne l’indemnisation ou la réparation et ses modalités.
Parmi les mesures et conditions qui concernent l’auteur présumé, il est possible d’envisager un
traitement médical ou une autre thérapie adéquate, d’envisager un travail d’intérêt général de 120h
maximum ou encore une formation de 120h maximum.
Si le suspect est d’accord, alors le Parquet transmet la décision aux maisons de justice afin que celles-
ci exercent le suivi. Notons que la médiation est possible à tous les stades de la procédure tant
qu’aucun jugement ou arrêt définitif n’a été rendu par les juridictions pénales. Dans le cas d’un échec
de la médiation, le Ministère peut décider de rouvrir des poursuites si le dossier était à l’information.
En revanche, si l’affaire était en cours d’instruction ou en phase de jugement, la procédure se poursuit.
L’amnistie
L’amnistie est une loi interdisant l’exercice des poursuites pénales et effaçant les condamnations déjà
prononcées pour un type d’infractions déterminé. Elle est surtout utilisée dans les enjeux entre
pays puisqu’elle permet de mettre un point d’arrêt dans les conflits et de poser des accords de paix.
L’abrogation de la loi pénale
La loi pénale n’est, en principe, abrogée que par l’effet d’une disposition légale nouvelle mais cela
n’empêche pas que l’abrogation soit implicite. Ce principe est prévu à l’article 2 du Code pénal.
Les sanctions administratives
Les sanctions administratives visent les infractions dites mixtes : ces infractions sont prévues par
certaines lois et peuvent être sanctionnées administrativement ou pénalement. Dans ce cas, la voie
administrative est subsidiaire à la voie pénale et le Ministère doit donc faire part de sa position à
l’administration avant que celle-ci n’impose une sanction administrative.
L’un des exemples le plus flagrant est celui de la loi de juin 2013 sur les sanctions administratives
communales. Cette loi laisse la possibilité aux communes de sanctionner administrativement certaines
infractions à leurs règlements ou ordonnances mais aussi à certaines infractions au Code pénal que le
Ministère n’entend pas poursuivre. Ce cas a notamment pu être observé dans le cadre des infractions
COVID-19 entre le 7 avril et le 30 juin.
La transaction émanant de certaines administrations publiques
La loi permet, dans certaines matières, à certaines administrations publiques de proposer des
transactions ayant un effet extinctif de l’action publique. C’est notamment le cas dans des matières
telles que :
o Les douanes et les accises
o L’urbanisme et l’aménagement de territoire
o La santé publique
o La réglementation économique
o Les pratiques de commerce
Le désistement de la partie civile dans les délits sur plainte
Comme dans tout procès, la partie civile peut se désister de son action et y renoncer. Cependant, dans
le cas des délits sur plainte, cela entraine l’extinction de l’action publique lorsqu’aucun acte de
poursuite n’a encore été posé : c’est notamment le cas des infractions telles que la calomnie et la
diffamation.

L’action civile
Les sujets de l’action civile
En ce qui concerne les sujets actifs de l’action civile, l’article 3 du Titre préliminaire du Code de
procédure pénale prévoit que l’action en réparation du dommage causé par une infraction appartient à
ceux qui ont souffert de ce dommage. Ainsi, celle-ci appartient tant à la victime, qu’elle soit une
personne physique ou morale, qu’à ses héritiers, ses créanciers et les tiers subrogés dans les droits de
cette victime. On note également que, dans certains cas, l’intérêt à agir est aussi reconnu à certains
groupements.
L’action civile est exercée contre l’auteur de l’infraction, ses héritiers ou le civilement responsable et
ce, en vertu de l’article 1384 du Code civil. Notons également que l’intervention, volontaire ou non,
d’un tiers est possible mais n’est recevable que si elle est prévue par la loi ou que la loi autorise le juge
répressif à prononcer une condamnation ou une mesure à charge d’un tiers qui devra être admis à
comparaitre ou devra y être appelé.
Les droits de la victime et l’exercice de l’action civile
Les droits de la victime
Conformément à l’article 3bis du Titre préliminaire du Code de procédure pénale, les victimes
d’infractions et leurs proches doivent être traités de façon correcte et consciencieuse et ce, en leur
fournissant les informations nécessaires en ce qui concerne l’aide aux victimes mise en place par les
maison de justice, les modalités de constitution de partie civile et de déclaration de personne lésée. Il
est également important de noter que la victime bénéficie de la possibilité de se constituer partie civile
ou personne lésée mais que dans tels cas, cela nécessite de remplir quelques modalités.
Le statut de personne lésée
Le statut de personne lésée est créé lors de la réforme du petit Franchimont et consiste en une figure
intermédiaire entre le statut de simple plaignant et celui de partie civile. Ainsi, conformément à 5bis
du Titre préliminaire du Code de procédure pénale, il est possible pour une victime d’obtenir le statut
de personne lésée en faisant une déclaration à compléter en personne ou via à un avocat, déclaration
faite par le biais d’un formulaire reçu par la police, le secrétariat du Parquet compétent ou encore par
le service d’accueil des victimes.
Un tel statut lui donne alors les droits suivants :
o Le droit d’être assistée ou représentée par un avocat.
o Le droit de faire joindre au dossier tout document qu’elle estime utile.
o Le droit d’être informée du classement sans suite et de son motif, de la mise en instruction
ainsi que des actes de fixation devant les juridictions d’instruction et de jugement.
o Le droit de demander à consulter le dossier et d’en obtenir une copie.
La partie civile
Si la victime d’une infraction veut réclamer devant le juge pénal la réparation de son dommage, elle
doit se constituer partie civile devant le juge d’instruction, les juridictions d’instruction ou encore
devant les juridictions de jugement.
En ce constituant partie civile, la victime devient partie au procès pénale et dispose de nombreux droits
identiques à ceux de l’inculpé ou du prévenu. On peut se constituer partie civile de 2 manières :
o Par action : la partie civile met en mouvement l’action publique de 2 manières différentes. En
effet, elle peut décider de se constituer partie civile entre les mains du juge d’instruction et ce,
en adressant une plainte avec constitution de partie civile ou elle peut s’adresser directement
au tribunal correctionnel ou de police sauf s’il s’agit de crimes, de délit de presse et de délits
politiques. Toutefois, en utilisant cette méthode pour se constituer partie civile, la victime
risque des frais ainsi que la condamnation à l’indemnité de procédure.
o Par intervention : ce procédé est le plus courant et le moins couteux et il permet à la personne
lésée d’intervenir dans une action déjà intentée par le Ministère en s’y constituant partie civile.
Elle est possible à tous les stades du procès pénal et devant toutes les juridictions jusqu’à
clôture des débats devant le juge du fond statuant en premier ressort, la victime ne pouvant pas
se constituer partie civile pour la première fois en degré d’appel. Notons également que la
victime peut se constituer partie civile après le procès.
La médiation réparatrice
La loi de juin 2005 a permis de recourir à la médiation pour tout type d’infraction et à tous les stades
de la procédure pénale traditionnelle. Ainsi, conformément à l’article 3ter du Titre préliminaire du
Code de procédure pénale, toute personne qui a un intérêt direct dans le cadre d’une procédure
judiciaire peur recourir, parallèlement au procès pénal, à la médiation.
Cette optique de justice réparatrice nécessite d’être mentionné par le juge dans le jugement et il peut
d’ailleurs en tenir compte pour fixer une peine : l’acceptation de la médiation par l’auteur de
l’infraction a d’ailleurs un poids important au niveau de l’exécution de la peine privative de liberté.
L’exercice de l’action civile
Conformément à l’article 4 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale, la victime peut porter
l’action civile devant les juridictions civiles ou devant les juridictions pénales : elle ne peut pas choisir
les 2 mais son choix n’est toutefois pas irrévocable.
L’action devant les juridictions civiles
Si l’action civile est exercée devant les juridictions civiles, on a tendance à dire que le criminel tient le
civil en état et l’exercice de l’action civile est donc suspendu tant qu’il n’y a pas eu de prononcé
définitif en ce qui concerne l’action publique. Toutefois cela n’est pas nécessaire s’il n’existe pas de
risque de contradiction entre la décision du juge pénal et celle du juge civil.
On notera également que l’autorité de la chose jugée au répressif est relative sur le procès civil et le
juge civil ne peut donc pas remettre en cause ce qui a été jugé définitivement sous réserve, toutefois,
du respect du principe contradictoire.
L’action devant les juridictions répressives
Si l’action civile a été intentée devant les juridictions répressives, elle n’a pu l’être que parce qu’elle a
été portée devant le même juge et en même temps que l’action pénale. Toutefois, ce n’est pas parce la
cause n’est pas en état ou qu’il n’y a pas de partie civile que la victime ne pourra pas obtenir
réparation puisque le juge doit réserver d’office les intérêts civils : cela permet à la victime de faire
revenir l’affaire sur requête, sans frais, devant le juge pénal afin qu’il statue sur les intérêts civils.
De même, on sait que l’action civile est, dans ce cas, accessoire, le dommage doit donc trouver son
origine dans la commission de l’infraction et l’action publique doit être valablement portée devant les
juridictions répressives : il n’est donc pas possible pour le juge pénale de connaitre de l’action civile si
l’action publique est éteinte, que la prévention est non établie ou que la juridiction se déclare
incompétente pour connaitre de l’action publique.
Les frais de l’action publique
Conformément à l’article 162 du Code d’instruction criminelle, la partie civile qui succombera pourra
être condamnée à tout ou partie des frais exposés par l’État et par le prévenu en cas de citation directe
ou lorsqu’une instruction a été ouverte suite à la constitution de partie civile. Les frais de l’action
publique ne sont cependant pas à confondre avec l’indemnité de procédure qui, elle, concerne le
montant que la partie succombant paie à l’autre partie afin d’intervenir dans ses frais d’avocat.
L’aide financière
Il n’a pas été rare, au cours des années, de voir que les victimes d’infractions n’étaient pas indemnisées
parce que l’auteur de celles-ci restait inconnu ou se révélait insolvable. C’est ainsi que le législateur
décide, par la loi d’août 1985, de créer le Fonds spécial pour l’aide aux victimes d’actes intentionnels
de violences et aux sauveteurs occasionnels. Ce fonds est alimenté par un contribution de 200€
prononcée par le juge à charge de chaque condamné criminel ou correctionnel permettant ainsi aux
personnes qui ont subi un préjudice physique ou psychique important, résultant directement d’un acte
intentionnel de violence commis en Belgique, de demander de l’aide à ce fonds en déposant une
requête auprès d’une commission.
L’indemnité de procédure
L’indemnité de procédure est une intervention forfaitaire dans les frais et les honoraires de l’avocat de
la partie adverse. Ainsi, tout jugement de condamnation rendu contre le prévenu et les personnes
civilement responsables de l’infraction les condamnera à l’indemnité de procédure envers la partie
civile. Cependant, il est possible que la partie civile soit condamnée, en cas de non-lieu prononcé suite
à la mise en mouvement de l’action publique par cette dernière, à cette indemnité envers l’inculpé et
ce, conformément à l’article 128 du Code d’instruction criminelle.

L’extinction de l’action civile


L’action civile peut s’éteindre par divers moyens que sont :
o Le désistement prévu par l’article 821 du Code judiciaire.
o La transaction
o La prescription qui, selon l’article 26 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale, suit
les règles de prescription applicables à la procédure civile. Notons cependant que l’action
civile ne pourra pas se prescrire avant l’action publique.
o La chose jugée portant sur l’action civile et empêchant ainsi une nouvelle action civile
conformément aux articles 23 à 28 du Code judiciaire.

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