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Éditeur
Claude Martin
Référence électronique
Layachi Gouaidia, Omar Guefaifia, Abderahmane Boudoukha, Mohamed LaidHemila et Claude Martin,
« Évaluation de la salinité des eaux souterraines utilisées en irrigation et risques de dégradation des
sols : exemple de la plaine de Meskiana (Nord-Est Algérien) », Physio-Géo [En ligne], Volume 6 | 2012,
mis en ligne le 04 septembre 2012, consulté le 01 février 2017. URL : http://physio-
geo.revues.org/2632 ; DOI : 10.4000/physio-geo.2632
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Modification 4.0 International.
Physio-Géo - Géographie Physique et Environnement, 2012, volume VI 141
RÉSUMÉ : Dans la plaine de Meskiana (Nord-Est de l'Algérie), sous un climat semi-aride, le recours
à l'irrigation est inévitable pour la plupart des cultures. Les eaux souterraines sont donc de plus en plus
sollicitées.
Une étude hydrochimique a été réalisée ; elle a porté sur les éléments majeurs des eaux de la nappe
phréatique. Quatre campagnes de prélèvements ont été menées, sur une période de deux ans
(2007-2008). Les 39 puits contrôlés sont répartis sur l'ensemble de la plaine.
Les analyses révèlent une grande diversité des compositions chimiques, les échantillons se répartissant
entre quatre faciès : bicarbonaté calcique, chloruré calcique, chloruré sodique et sulfaté calcique. Les
données ont permis l'établissement de cartes d'aptitude des eaux à l'irrigation. La minéralisation des
eaux, qui est généralement élevée, fait peser un risque de salinisation des sols.
MOTS-CLÉS : irrigation, salinisation, hydrochimie, Meskiana, Algérie.
ABSTRACT: In the plain of Meskiana (North-East of Algeria), under a semi-arid climate, the use of
irrigation is inevitable for most crops. Groundwater is therefore being increasingly used.
A hydrochemical study was carried out; she has focused on the major elements in the water of the
aquifer. Four sampling campaigns were realized over two years (2007-2008). The 39 wells that were
analyzed are distributed throughout the plain.
The analyses reveal a large diversity of chemical compositions, the samples being divided between
four facies: calcium bicarbonate, calcium chloride, sodium chloride and calcium sulfate. The data
allowed the mapping of suitable water for irrigation. Water mineralization, which is generally high,
carries a risk of soil salinization.
KEY-WORDS: irrigation, salinization, hydrochemistry, Meskiana, Algeria.
I - INTRODUCTION
L'irrigation avec des eaux riches en sels peut entraîner la fixation de sodium par le
complexe adsorbant du sol, donc un processus de salinisation, avec ses conséquences
éventuelles pour les propriétés du sol : tendance à la dispersion des argiles, à la dégradation
de la structure, à la perte de perméabilité et à l'asphyxie des plantes. L'intensité du processus
de salinisation dépend des caractéristiques du sol, de la qualité des eaux utilisées, des
conditions de leur emploi et en particulier de l'efficacité du système de drainage. Cependant
142
ces pratiques d'irrigation accroissent le risque de salinisation, au point que plus de 20 % des
sols irrigués sont affectés par un problème de salinité en Algérie (A. DOUAOUI et
T. HARTANI, 2007 ; S. BOUHLASSA et al., 2008 ; A.E.K. ROUABHIA et L. DJABRI, 2010).
La plaine de Meskiana se caractérise par son climat semi-aride très sévère, avec une forte
évapotranspiration, et une salinisation des sols qui commence à prendre de l'ampleur. La
sécheresse qui perdure depuis plus de deux décennies, combinée à l'absence de possibilité
de pompage dans l'oued Meskiana, a obligé les agriculteurs à utiliser les eaux souterraines
comme unique source d'irrigation.
La qualité des eaux souterraines a déjà fait l'objet de six campagnes d'analyses dans les
années 2002-2004. La valorisation de ces investigations est restée à l'état de littérature grise
(L. GOUAIDIA, 2008), mais le travail est accessible sur internet. En 2007, constatant la
sécheresse de l'année 2006-07 (voir infra), deux nouvelles campagnes ont été réalisées. Les
observations ont été prolongées en 2007-08, année également très sèche.
Une précédente publication (L. GOUAIDIA et al., 2011) a porté sur la vulnérabilité des
eaux à la pollution. Le présent article, quant à lui, traite de la qualité des eaux souterraines
pour l'irrigation et des risques éventuels de dégradation des sols. Il s'appuie essentiellement
sur les analyses effectuées au cours des dernières campagnes, mais sans négliger le rappel des
résultats antérieurs.
II
II--MATÉRIEL
MATÉRIELET
ETMÉTHODES
MÉTHODES
La plaine de Meskiana s'étend sur une superficie de 1700 km2 dans le Nord-Est de
l'Algérie, à mi-chemin entre la Mer Méditerranée et le Sahara (Fig. 1). Appartenant au haut
bassin de l'oued Mellègue, elle constitue l'une des dépressions qui échancrent les hauts
plateaux, dont les altitudes sont parfois élevées.
La topographie de la plaine est très douce. Les pentes, qui peuvent atteindre 6° (3,3 %)
près des bordures, sont inférieures à 2° (1,1 %) en son cœur.
Sur le plan hydrogéologique, la surface piézométrique observée en juillet 2008 (Fig. 4), à
partir des mesures sur 57 puits, confirme que l'axe de drainage principal des eaux souterraines
coïncide globalement avec le parcours le l'oued Meskiana, l'évacuation des eaux de la nappe
se faisant du sud-ouest vers le nord-est, en relation avec la topographie. La variation de
l'espacement des courbes piézométriques est due essentiellement à l'hétérogénéité de la
lithologie de l'aquifère.
Les agglomérations de Bellala, Dalâa, Meskiana, Rehia et Zebar comptent au total plus
de 48000 habitants d'après le recensement de 2004. Durant les dernières années, le secteur a
144
Coordonnées LAMBERT
Précipitations Températures
700 18
600 16
y = 0,0611x + 14,39 14
500
r2 = 0,609 12
P (mm)
400
T °C
10
300 8
6
200
4
100 2
0 0
1970-71
1972-73
1974-75
1976-77
1978-79
1980-81
1982-83
1984-85
1986-87
1988-89
1990-91
1992-93
1994-95
1996-97
1998-99
2000-01
2002-03
2004-05
2006-07
Figure 3 - Précipitations et températures moyennes annuelles à la station de Meskiana
de septembre 1970 à août 2008.
2 ) Échantillonnage et analyses
Les campagnes ont été effectuées en mars et en juillet. Les eaux ont été systématiquement
prélevées à mi-distance entre le fond du puits et la surface de l'eau.
Le pH et la conductivité ont été mesurés sur le terrain à l'aide d'un appareil WTW Multi
340i. Les cations et les anions ont été analysés au laboratoire de Constantine de l'Agence
Nationale des Ressources Hydrauliques (ANRH). Les ions chlorures et sulfates ont été dosés
par chromatographie en phase liquide, les ions bicarbonates, le calcium et le magnésium par
volumétrie, le sodium et le potassium par photométrie de flamme.
Lors des campagnes du début des années 2000, les analyses avaient été confiées au
Centre d'Études et de Recherches Appliquées au Développement (CERAD) à Tébessa. Les
méthodes étaient alors différentes pour la plupart des éléments : volumétrie pour HCO3- et Cl-,
néphélométrie pour SO42- (spectrophotocolorimètre HAH DR2000), absorption atomique pour
les cations basiques.
Pour évaluer la qualité des eaux souterraines de la nappe de Meskiana en vue d'un usage
agricole, nous avons utilisé le diagramme de PIPER, pour la détermination des faciès
chimiques, et les diagrammes de L.V. WILCOX (1948) et L.A. RICHARDS (1954 – diagramme
de "Riverside"), pour appréhender le risque de salinisation et de sodisation des sols.
Les analyses physico-chimiques des eaux de la nappe de Meskiana (Tab. I) ont permis
d'acquérir un certain nombre de paramètres habituellement utilisés pour l'estimation de la
qualité des eaux d'irrigation : la salinité (traduite par la conductivité électrique), le RSC
(Residual Sodium Carbonate), le % Na+ (pourcentage du sodium par rapport à la somme des
cations basiques, les concentrations étant exprimées en méq/l), le SAR (Sodium Adsorption
Ratio ou indice d'adsorption du sodium, aussi appelé "pouvoir alcalinisant") et la
concentration des chlorures. Ces paramètres sont reportés dans le tableau II.
Les conductivités les plus élevées avoisinent 5000 µS/cm, ce qui traduit une forte salinité
(Fig. 5), due à la lithologie bien sûr, mais aussi à des conditions climatiques très arides.
Ces dernières induisent une forte évapotranspiration qui concentre la solution du sol
(C. CHEVERRY et M. ROBERT, 1998). La valeur moyenne de la conductivité est de l'ordre de
148
2620 µS/cm ; les eaux souterraines de la nappe de Meskiana sont donc, pour l'arrosage, de
qualité "acceptable" à "médiocre", à l'exception de quelques points d'eau où elles se révèlent
de meilleure qualité (conductivité inférieure à 400 µS/cm).
149
Une part importante des chlorures provient de la percolation à travers les terrains salés
(R. BREMOND et C. PERREDON, 1979). De nombreux puits (31,2 %) se caractérisent par des
teneurs largement supérieures à 10 méq/l, soit le seuil maximum admissible pour les plantes
(R.S. AYERS et D.W. WESTCOT, 1985).
http://www.lha.univ-avignon.fr/LHA-
Logiciels.htm
100
Le faciès bicarbonaté calcique (12 % des cas), localisé à l'amont, a son origine dans les
formations carbonatées bordant la nappe. Le faciès chloruré-calcique est très représenté (48 %
des cas) et s'étend largement dans la plaine. Il résulte de la présence des formations
150
Pour les 39 puits analysés en 2007 et 2008, cinq seulement ont connu des changements de
faciès sur les 10 séries de prélèvements réalisées depuis 2002. Pour les 34 autres puits, les
valeurs moyennes établies pour chaque faciès hydrochimique montrent des variations d'une
campagne à l'autre, mais pas d'évolution particulièrement nette en réponse à la sécheresse des
années 2006-07 et 2007-08 (Tableau III).
151
Tableau III - Moyennes, par type de faciès chimique et par campagne de prélèvements,
des pH, des conductivités (µS/cm) et des teneurs en éléments dissous (mg/l) des eaux de
puits de la plaine de Meskania ayant toujours présenté le même faciès chimique.
Eaux bicarbonatées calciques (4 puits)
Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet
2002 2002 2003 2003 2004 2004 2007 2007 2008 2008
pH 8,6 8,6 8,7 8,6 8,6 8,7 8,7 8,6 8,5 8,5
Cond. 916 904 935 920 969 988 910 969 908 895
HCO3- 211 221 241 228 247 245 239 237 213 216
Cl- 63,0 73,3 58,5 70,8 61,5 71,5 56,5 78,8 61,5 63,3
SO42- 122 130 118 136 122 136 120 144 122 123
Ca2+ 94,8 126 101 93,5 106 99,3 99,8 96,8 92,8 105
Mg2+ 18,5 21,5 27,8 23,1 29,8 25,8 27,3 23,5 17,8 19,8
Na+ 46,8 54,8 37,5 47,3 41,3 48,3 36,8 50,5 44,5 49,8
K+ 8,3 8,5 8,0 10, 0 8,5 10,0 8,0 10,3 9,0 8,8
Eaux chlorurées calciques (17 puits)
Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet
2002 2002 2003 2003 2004 2004 2007 2007 2008 2008
pH 8,4 8,4 8,4 8,5 8,4 8,6 8,4 8,50 8,4 8,5
Cond. 2649 2664 2389 2498 2427 2474 2382 2599 2633 2646
HCO3- 150 147 166 154 174 157 164 154 149 140
Cl- 445 451 381 404 370 398 375 409 440 445
SO42- 476 483 441 463 417 458 436 499 471 473
Ca2+ 292 302 256 277 262 269 252 281 288 296
Mg2+ 25,2 26,0 34,5 29,4 34,8 30,1 33,7 30,9 24,2 24,4
Na+ 271 280 228 245 233 246 225 250 268 264
K+ 13,7 14,2 12,3 13,9 13,1 13,7 12,1 14,1 13,3 13,6
Eaux chlorurées sodiques (7 puits)
Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet
2002 2002 2003 2003 2004 2004 2007 2007 2008 2008
pH 8,4 8,4 8,4 8,4 8,4 8,5 8,4 8,41 8,4 8,4
Cond. 3324 3351 3186 3311 3240 3271 3144 3327 3149 3336
HCO3- 145 142 190 175 194 178 185 172 137 140
Cl- 791 799 754 776 764 770 747 781 787 788
SO42- 494 503 459 475 467 473 455 483 484 491
Ca2+ 268 271 209 226 216 225 202 236 258 265
Mg2+ 26,9 26,7 41,3 35,1 41,1 35,3 38,1 35,3 23,1 24,7
Na+ 398 412 358 405 367 381 350 412 391 399
K+ 15,6 15,9 15,3 15,1 15,1 14,7 14,6 15,4 13,0 15,3
Eaux sulfatées calciques (6 puits)
Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet Mars Juillet
2002 2002 2003 2003 2004 2004 2007 2007 2008 2008
pH 7,7 7,61 7,9 8,1 7,9 8,1 7,8 8,1 7,7 7,6
Cond. 3033 3045 2964 3126 3003 3065 2937 3137 3020 3031
HCO3- 161 156 191 181 189 189 185 179 157 152
Cl- 453 463 436 464 442 450 428 470 447 455
SO42- 668 676 633 666 637 652 623 675 658 669
Ca2+ 392 402 364 395 371 389 356 403 388 392
Mg2+ 20,8 19,2 29,8 25,1 31,5 25,3 27,8 24,2 20,5 17,8
Na+ 242 252 217 241 230 232 209 247 238 242
K+ 13,2 13,7 11,8 13,7 11,8 13,2 11,3 14,2 13,0 12,8
152
À titre d'illustration, la figure 8 indique les conductivités mesurées depuis 2002 dans les
eaux de quatre puits représentant chacun l'un des faciès hydrochimiques du secteur.
Faciès 2, 3, 4 (µS/cm)
1000 3600
Faciès 1 (µS/cm)
950 3400
900 3200
850 3000
800 2800
750 2600
700 2400
650 2200
600 2000
0
Mars 20021
Juillet 20022
Mars 20033
Juillet 20034
Mars 20045
Juillet 20046
Mars 20077
Juillet 20078
Mars 20089
10
11
Juillet 2008
Figure 8 - Conductivités mesurées de mars 2002 à juillet 2008 dans les eaux des puits
1 (faciès 1 : bicarbonaté-calcique), 32 (faciès 2 : chloruré-calcique),
18 (faciès 3 : chloruré-sodique) et 50 (faciès 4 : sulfaté-calcique).
Lorsque les ions Na+ sont très abondants à l'état dissous dans les sols, ils peuvent
remplacer les ions Ca2+ dans le complexe absorbant (échange de bases). La combinaison de la
conductivité électrique et du SAR (Sodium Absorption Ratio – voir supra, tableau I) permet
de discerner ce risque : le risque est d'autant plus grand que la conductivité et le SAR sont
élevés.
Après avoir reporté tous les points d'eau sur le diagramme de RICHARDS (Fig. 9), les
classes suivantes sont mises en évidence (Tab. IV) :
- La classe C2S1 caractérise des eaux d'assez bonne qualité, pouvant être utilisées sans
contrôle particulier pour l'irrigation de plantes moyennement tolérantes aux sels. On la
rencontre tout en amont de la plaine (toujours moins de 8 % des puits analysés).
- Les classes C3S1, C3S2 (de 30 à 41 % des puits) désignent des eaux médiocres, utilisables
seulement pour l'irrigation de cultures tolérantes aux sels, sur des sols bien drainés ou de
bonne perméabilité, avec une salinité qui doit être contrôlée. La classe C3S1 caractérise les
puits situés au nord de la ville de Meskiana (jusqu'à 36,5 % des puits). La classe C3S2 est
peu représentée (toujours moins de 5 % des puits).
- Les classes C4S1 et C4S2 (toujours plus de 51 % des puits) indiquent des eaux de mauvaise
qualité, fortement minéralisées, qui ne peuvent convenir qu'à des espèces bien tolérantes aux
sels et sur des sols bien drainés et lessivés. La majorité des puits appartenant à la classe
153
Tableau IV - Répartition des puits de la plaine de Meskiana (en % des 39 puits) selon le
diagramme de RICHARDS.
Classes Qualité Mars 2007 Juillet 2007 Mars 2008 Juillet 2008
C2S1 Bonne 6,7 7,7 4,5 7,5
C3S1 27,9 28,2 31,2 36,5
Médiocre 32,6 30,8 33,8 41,0
C3S2 4,7 2,6 2,6 4,5
C4S1 32,7 17,9 30,5 31,2
Mauvaise 60,6 61,5 61,9 51,5
C4S2 28,0 43,6 31,4 20,3
C4S1 se situent entre Zebar et Meskiana. La classe C4S2 est d'une sodicité supérieure à
celle de la classe précédente. On la rencontre dans la région de Zebar et au nord-est de la
plaine de Meskiana.
Les plantes supportant mal les sols saturés en sodium, la qualité des eaux des puits a aussi
154
été appréciée à l'aide du diagramme de WILCOX, qui fait intervenir la conductivité électrique
et le % Na+ (Fig. 10) :
% Na+
Conductivité (µS/cm)
Tableau V - Répartition des puits de la plaine de Meskiana (en % des 39 puits) selon le
diagramme de WILCOX.
Mars 2007 Juillet 2007 Mars 2008 Juillet 2008
Bonne 8,5 10,3 9,2 10,7
Médiocre 29,3 29,0 30,4 31,8
Mauvaise 62,2 60,9 60,4 57,5
Par cette approche, il apparaît que 12 % des puits étudiés appartiennent à la classe
RSC > 0 ("voie saline neutre"). Ce sont elles qui présentent le risque le plus élevé de dégra-
dation des propriétés physiques des sols par sodisation (lorsque le sodium devient l'élément
majoritaire dans le complexe adsorbant).
En prenant également en considération les ions sulfates, la classe RSC < 0 se scinde en
deux :
- Certains ont un RSC' > 0 (26,5 % de l'ensemble des puits), ce qui traduit un risque de
sodisation des sols.
- Mais dans la plupart des cas, le RSC' reste négatif. Le risque de sodisation est alors très
faible (M.E. SUMMER, 1993 ; S. MARLET et J.O. JOB, 2006).
Les classes de qualité des eaux définies par les diagrammes de RICHARDS et de WILCOX
ont été cartographiées pour la campagne de juillet 2008. Ces cartes ont été établies à l'aide des
logiciels MapInfo et Surfer 8, à partir des compositions chimiques disponibles et en tenant
compte de la relation mise en évidence entre la lithologie et la minéralisation des eaux.
Trois classes sont représentées sur chacune des deux cartes (Fig. 11 et 12) :
- "Bonne" : localisée dans la région de Dalâa, dans la partie amont de la nappe, elle corres-
pond aux eaux de minéralisation relativement faible, issues des formations carbonatées des
bordures.
- "Médiocre" : elle concerne des eaux moyennement minéralisées, avec un risque de
salinisation moyen et d'alcalisation faible.
- "Mauvaise" : cette classe caractérise les eaux de forte minéralisation, présentant un risque de
salinisation des sols important, mais à alcalisation moyenne ; on la rencontre dans la partie
aval de la plaine.
156
Tableau VII - Mailles correspondant aux différentes classes définies par les méthodes de
RICHARDS et de WILCOX pour les eaux prélevées en juillet 2008.
RICHARDS WILCOX Mailles communes
Nombre de Nombre de
% % Nombre %
mailles mailles
Classe "bonne" 435 7,5 621 10,7 421 7,25
Classe "médiocre" 2378 41,0 1844 31,8 1690 28,54
Classe "mauvaise" 2987 51,5 3335 57,5 2689 46,36
Total 5800 100 5800 100 4814 82,15
(51,5 % des cas). Elle est suivie de la classe "admissible" (41 %) et de la classe "bonne",
laquelle est peu représentée (7,5 %).
La classification de WILCOX donne des résultats très proches. La classe "médiocre" est
dominante (58,7 %), devant la classe "admissible" (30,8 %) et loin devant la classe "bonne"
(10,5 %).
La comparaison des deux cartes maille par maille (chaque pixel correspond à un carré de
500 m de côté) montre que, toutes classes confondues, le total des mailles communes s'élève à
4814, ce qui correspond à 82,9 % de la superficie globale.
Le coefficient de KAPPA (K) a été calculé à l'aide du logiciel SPSS, version 13.0. Les
valeurs sont positives et donc fiables (J.R. LANDIS et G.G. KOCH, 1977). L'accord entre les
deux approches est bon (valeurs de 0,83).
158
IV - CONCLUSION
Dans ce travail, nous avons évalué la qualité des eaux souterraines utilisées en irrigation
dans la plaine de Meskiana. Cette question revêt une grande importance du fait des problèmes
que connaît la région, en raison de la sécheresse, de la non-disponibilité d'eaux superficielles
et de la forte demande résultant des activités agricoles.
L'évaluation de la qualité des eaux par des méthodes classiques a révélé une salinité
moyenne à élevée, notamment au centre et au nord de la plaine. Elle reste toutefois modérée
pour la plupart des puits situés dans la partie amont de la nappe phréatique, qui peuvent donc
être utilisés pour l'irrigation.
Selon la valeur moyenne du SAR (qui reste inférieure à 5 méq/l), les eaux souterraines
présentent un faible danger d'alcalinisation et pourraient donc être utilisées en irrigation. Le
SAR et le % Na ont des distributions spatiales semblables.
Trois types d'eau ont été reconnus par les méthodes de RICHARDS et de WILCOX.
L'utilisation de certaines d'entre elles pourrait avoir un effet négatif sur l'évolution des sols,
notamment au nord de la plaine.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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