UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

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Ecole Doctorale : Eau, Qualité et Usages de l'Eau (EDEQUE)

OPTION: HYDROLOGIE CONTINENTALE

THEME
Impacts de la variabilité climatique sur l’hydrologie des
bas-fonds en zone sahélienne : Cas des bas-fonds de
Diender (de Pout à Wangal «Keur Madiagne») dans la
région de Thiès, Sénégal.

Doctorant Directeurs de Thèse :

M. Alsane Sow Pr. Amadou Abdoul Sow

Dr. Honoré Dacosta

Introduction
Au début des années 1970, la communauté scientifique internationale a commencé à
s’interroger sur les conséquences possibles de la modification de la composition chimique de
l’atmosphère par les rejets de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Depuis, le niveau des
connaissances s’est considérablement accru. Les émissions croissantes de gaz à effet de serre
ont contribué à renforcer l’effet de serre naturel et à modifier le climat de la planète (rapport
de GIEC1, 2007). Dans le même temps, la compréhension des mécanismes physiques en jeu a
progressé et les scenarios des avenirs climatiques possibles ont été affinés.

Ces progrès ont permis dès lors de dépasser le simple stade du constat d’un
changement climatique et de s’intéresser à ses impacts, qui sont bien souvent locaux. Parmi
les différents impacts du changement climatique, ceux affectant le cycle de l’eau sont une des
préoccupations majeures pour les sociétés humaines. Les interrogations sont nombreuses,
diverses et distinctes suivant la zone d’intérêt : les périodes de sécheresse risquent-elles
d’augmenter ? Les crues se font-elles plus intenses et ou plus fréquentes ? Les ressources en
eau seront-elles toujours suffisantes dans l’avenir pour couvrir les besoins des activités
agricoles, touristiques ou de consommation ? Autant de question qui mettent en évidence la
vulnérabilité des sociétés humaines fassent aux modifications qui peuvent se produire sur le
cycle de l’eau. En outre, les problèmes liés à la ressource en eau sont déjà sévères dans de
nombreuses régions du globe alors que se profilent d’autres menaces importantes comme
l’augmentation de la pression démographique.

Dans la zone sahélienne, les changements climatiques sont surtout marqués par une
baisse drastique des précipitations. Ainsi, cette sécheresse a fragilisé les systèmes de
production basés sur les cultures sous pluie et pose aujourd’hui le problème de la satisfaction
des besoins alimentaires à la sécurité alimentaire. Pour faire face à ces difficultés accentuées
par la pression foncière sur les terres agricoles et assurer la sécurisation et l’accroissement de
la production agricole, les paysans se tournent vers les bas-fonds qui apparaissent comme des
zones où la pratique de l’agriculture est possible grâce à leur régime hydrodynamique
particulier2. En effet, les potentialités agro-écologiques et pédologiques des bas-fonds sont
propices au développement des cultures exigeantes en eau (arboriculture, rizicultures

1
Groupe Intergouvernemental sur l’évolution du Climat
2 : Disponibilité prolongée de l’eau à la surface ou dans le sol.

2
maraichage de saison sèche) grâce aux possibilités d’irrigation qu’ils offrent. Ils sont devenus
le grenier du maraîchage avec le développement de diverses spéculations (choux, poivron,
melon, oignon, pomme de terre, aubergine amère et douce, piment, haricot, gombo,
tomate…), (Sow, 2015).

Les bassins versants allant de Pout à Wangal objet de cette recherche, couvre une

superficie de 636 km². Il se situe entre la latitude 14°45’et 15°5’Nord et la longitude 16°35’et

17 l’Ouest. Les bassins versants se trouvent dans la région de Thiès. Ils s’insinuent entre le
cordon de dune littorale et le front de la cuesta de Thiès, le long des axes du réseau
hydrographique (Michel, P., 1972).

Carte 1 : Situation des bassins versants de Diender (Pout à Wangal)

3
 Les changements climatiques avec une variabilité pluviométrique depuis les années
1970 auront un impact sur les systèmes agro-écologiques des bas-fonds. Les conditions
biophysiques dans les bas-fonds connaissent des modifications importantes dont l’essentiel
est directement lié à la pluviométrie. La disponibilité et la maîtrise de l’eau constituent un
problème majeur et créent un blocage à la mise en valeur des bas-fonds. A cela s’ajoute la
mobilité des dunes côtières qui limite les écoulements pluviaux dans les bas-fonds et réduit
les superficies cultivables.

L’objectif de cette thèse est de faire une étude du fonctionnement hydrologique des
bas-fonds des bassins versants allant de Pout à Wangal et leur mise en valeur dans le contexte
de la péjoration pluviométrique. Le choix d’étudier ces bas-fonds, en particulier, repose sur
plusieurs points : d’abord ces dernières décennies sont marquées par une ruée de plusieurs
nouveaux acteurs vers les bas-fonds dans un contexte de compétition et de maximisation de
l’exploitation des ressources naturelles avec le maraichage aux dépens d’activités telles
l’élevage. Ensuite, ces bas-fonds peuvent être considérés comme représentatifs des bas-fonds
côtiers sahéliens, marqués par une très forte exploitation avec des impacts comme la
remontée du biseau salé, le tarissement de la nappe phréatique à certains endroits des bas-
fonds et l’inondation des zones cultivables pendant la saison des pluies. Ces bas-fonds qui
permettent la relance de l’économie rurale, sont marqués par une salinité des terres. Une
bonne partie des parcelles est inexploitée. Après quelques années d’exploitation, certaines
parcelles sont abandonnées, car elles ne sont plus cultivables à cause de l’excès de sel. Cette
salinité ne se limite pas au substrat, parce que les nappes phréatiques sont aussi contaminées.
La circulation des eaux souterraines serait-elle la cause de ce phénomène (Sarr, 2007).

Ces éléments indiquent que l’évolution de la ressource en eau pourrait devenir une
question essentielle au cours du 21e siècle pour les activités économiques (agriculture,
élevage) de la population (Vissin, 2008). Une solide connaissance des relations existantes
entre la variabilité du climat et celle de la ressource en eau est donc nécessaire si l’on veut
contribuer à une gestion durable de celle-ci.

Ce travail permet d’avoir une idée des impacts potentiels du changement climatique
sur l’évolution des ressources en eau des bas-fonds, compte tenu de l’importance de ces bas-
fonds de Diender où se pratique la plus grande partie du maraichage de la zone des niayes.

Objectifs spécifiques :

Le travail s’organisera autour des objectifs spécifiques suivants :

o Approfondir les connaissances sur la variabilité spatio-temporelle des

conditions climatiques (paramètres météorologiques et hydrologiques) et
étudier l’évolution récente de celle-ci dans le bassin versant. L’analyse des
relations entre l’évolution des conditions climatiques et des activités
anthropiques d’une part et celles des écoulements pluviaux, d’autre part,

4
 permettra d’apporter des éléments d’explication sur l’origine des changements
hydrologiques observés.
o Modéliser la variabilité des écoulements dans le bassin versant étudié en
fonction de la variabilité du climat et d’autres facteurs de contrôle (naturelles
et anthropique). Un modèle hydrologique renvoyant au pas de temps mensuel
sera appliqué et optimisé pour ces bassins versants. Cette outil s’avère utile car
il permettra notamment de tester et /ou valider les hypothèses pouvant
expliquer les changements hydrologiques observés.
o Evaluer l’impact des changements climatiques projetés pour la fin du 21e
siècle (2071-2100) sur la ressource en eau, puis analyser et enfin quantifier
l’impact de ce scenario climatique sur les écoulements pluviaux des bassins.

Hypothèses de recherche :

Cette étude qui va tenter d’aborder toutes ces préoccupations se fonde sur les
hypothèses suivantes:

o les conditions pluvio-évaporales déterminent la variation de l’écoulement ;

o la structure géologique et pédologique des bassins versants atténue ou
accentue l’impact des variations pluviométriques sur les variables
hydrologiques ;
o la variabilité hydropluviométrique à un effet sur les pratiques et stratégies
paysannes.
Définition des concepts :
Bassin versant :
Selon LOUP (1974), le bassin versant est la surface réceptrice des eaux qui
alimentent une nappe souterraine, un lac, une rivière ou un réseau complexe : on le définit par
sa morphométrie, ses caractères climatiques, sa géologie, sa végétation, ses sols.
REMENIERAS (1965) précise en rappelant que « le bassin versant en un point ou plus
précisément dans une section droite d’un cours d’eau, est défini comme la totalité de la surface
topographique drainée par ce cours d’eau et ses affluents à l’amont de ladite section ». Le
bassin versant sert ainsi de référence pour l’étude du bas-fond. JAMIN (1995) souligne que
« beaucoup de notions en rapport au bassin versant apparaissent : la notion de ruissellement,
d’écoulement hypodermique, d’infiltration, de nappes, d’écoulement de base, d’inféroflux ».
Mais les exigences de chaque notion en termes de compréhension de paramètres se heurtent au
déficit des outils ou à l’existence d’un seul outil de mesures de ces derniers. Ce qui entraine
une étude sectorielle par les différentes disciplines qui s’intéressent à l’étude des bas-fonds,
d’où la Multitude de définitions du bas-fond qui fonction du champ d’intérêt de chaque auteur.

Bas-fond :
La notion de bas-fond, de par sa complexité, est définie par plusieurs chercheurs de
disciplines diverses. KONATE (2000) a essayé de faire ressortir les différents champs suivant

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les différentes définitions des bas-fonds. Les éléments les plus cités dans ces définitions du
bas-fond sont d’ordre climatique, physiographique, hydrologique, géomorphologique,
topographique et morphométrique du milieu.
Selon ALBERGEL et al., (1993), le bas-fond se situe dans les fonds plats ou concaves
des vallons et axes d’écoulement déprimés, ne possédant pas de cours important bien marqué
et submergé pendant une partie de l’année par une nappe d’eau qui s’écoule.
RAUNET (1982) a fait une typologie des bas-fonds d’Afrique intertropicale
(Madagascar en particulier) en introduisant les facteurs climatiques. Quatre types de bas-fonds
sont décrits suivant le climat et la géomorphologie :
- Les bas-fonds du domaine soudano-sahélien, parmi les ceux qui font l’objet de notre
étude ;
- Les bas-fonds du domaine soudanien et soudano-guinéen qui intéressent le sud du
pays ;
- Les bas-fonds de l’Afrique de l’Est à gouttière centrale argileuse à genèse de
montmorillonite ;
- Les bas-fonds du domaine de l’Afrique humide.

Méthodologie de recherche:
Pour évaluer l’impact de la variabilité climatique sur l’hydrologique des bas-fonds
des bassins versants nous allons traiter trois grands types de données : météorologiques
(pluie, température, humidité relative, évapotranspiration potentielle, évapotranspiration
réelle), hydrologiques (écoulement,) et des états de surface (superficie des types d'occupation
du sol, NDVI).

Chaque types de données sera traité avec le ou les logiciel (s) le (s) plus indiqué (s)
afin de mieux ressortir les éléments qui vont servir de support à notre analyse suivant les
objectifs et les hypothèses de recherche fixés.

a) la délimitation des bassins versants, l’extraction du réseau hydrographique et la

cartographie ont été faites à l’aide d’Arc Gis. Pour les états de surfaces nous
utiliserons des images landsat que nous allons traiter avec ERDAS 2013. Les
Modèles Numériques de Terrain à trois Dimensions et la spatialisation de la
variabilité pluviométrique dans le bassin seront réalisés avec Surfer 8.0.

b) la mise en forme des données pluviométriques et climatiques, les calculs statistiques

et l’élaboration des graphiques et tableaux seront effectués sous Excel, Cropwat 8.0 et
Hydraccess.

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 c) La modélisation hydrologique que l’on appliquera pour l’évaluation de l’impact du
changement climatique sur les écoulements dans les bassins versants se résumera
comme suit : (i) proposition de scénarios de température et/ou de précipitations basés
sur les sorties de modèles climatiques ; (ii) modélisation des hydrosystèmes étudiés ;
(iii) analyse de la réponse de ces hydrosystèmes sous contraintes climatiques ; (iv)
conclusion sur la sensibilité de ces hydrosystèmes aux futures conditions climatiques.
L’exploitation des résultats de ces simulations permettra de déterminer comment les
écoulements dans les bas-fonds seront affectés par des modifications du climat à
moyen (horizons 2030-2060) et à long termes (horizon 2100).

Pour ce faire, en plus des stations limnométriques présentes dans le lac Tanma 3,
nous mettrons en place d’autres stations dans les bas-fonds du bassin versant de Wangal à
partir de cette année (2018) pour renforcer les outils de mesures de l’écoulement de l’eau.
Cela nous permettra d’avoir une longueur de chronique de quatre (4) ans d’ici 2022 pour un
calage optimal du modèle hydrologique choisi.

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3
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7
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