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Chapitre 6
Chapitre 6
Sommaire
6.1 MODES DE CONVERGENCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
6.1.1 Convergence simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
6.1.2 Convergence uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
6.1.3 Convergence normale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
6.1.4 Convergence absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
101
Dans tout ce chapitre, K désigne le corps R ou C, F un K-e.v.n de dimension finie, X un
ensemble non vide quelconque, (fn )n∈N , (gn )n∈N deux suites d’applications de X vers F , et f
et g deux applications de X vers F .
Définition. 6.1.1:
On dit que la suite d’applications (fn ) converge simplement vers f sur X, et on écrit
c.s
fn −→ f, si pour tout x ∈ X on a lim fn (x) = f (x). On dit dans ce cas que f
n→+∞
est limite simple de fn .
Solution. Il est clair que fn (0) = 0 pour tout n ∈ N∗ , donc fn (0) −→ 0. Pour x ∈ R∗ , on a
n→+∞
1
< |x| à partir d’un certain rang, donc lim fn (x) = lim x1 = x1 . Comme conclusion, la
n n→+∞ n→+∞
suite (fn )n≥1 converge simplement vers f définie par :
f: R −→ R
1
x
si x ̸= 0
x 7−→ f (x) =
0 si x = 0
Définition. 6.1.2:
P
On dit que la série d’applications fn converge simplement sur X, si la suite de ses
n≥0
sommes partielles, (Sn )n≥0 , converge simplement. Sa limite simple se note dans ce cas
+∞
P
f= fn .
n=0
102
xn converge simplement sur ] − 1, 1[ vers la
P
Exemples 6.1.2. 1. La série de fonctions
n≥0
1
fonction .
1−x
P 1
2. La série de fonctions x
converge simplement sur ]1, +∞[. Sa fonction limite s’appelle
n≥1 n
la fonction zéta de Riemann et se note ζ.
Propriétés 6.1.1. 1. la limite simple d’une suite de fonctions convergente simplement est
unique.
2. Linéarité de la limite simple.
Si (fn ) et (gn ) convergent simplement vers f et g respectivement, alors (α.fn + β.gn )
converge simplement vers α.f + β.g pour tous α, β ∈ K.
3. Si (fn ) converge simplement vers f , alors (fn ) converge simplement vers f sur toute partie
non vide de X.
P
4. Si la série fn converge simplement, alors
n≥0
Définition. 6.1.3:
c.u
On dit que (fn )n converge uniformément vers f , et on écrit fn −→ f si :
P P
Propriétés 6.1.2. 1. Si fn ( resp : fn ) c.u vers f , alors fn ( resp : fn ) c.s vers f.
n≥0 n≥0
2. la limite uniforme d’une suite de fonctions uniformément convergente est unique.
3. Linéarité de la limite uniforme.
Si (fn ) et (gn ) convergent uniformément vers f et g respectivement alors (α.fn + β.gn )
converge uniformément vers α.f + β.g pour tous α, β ∈ K,
4. Si (fn ) converge uniformément vers f , alors (fn ) converge uniformément vers f sur Y ,
pour toute partie non vide Y de X.
P
5. Si fn converge uniformément sur X alors (fn ) converge uniformément vers 0.
n≥0
P
6. fn converge uniformément, si et seulement si elle converge simplement et la suite (Rn )
n≥0
converge uniformément vers la fonction nulle.
103
Remarques 6.1.1. 1. La convergence simple n’entraine pas la convergence uniforme (Voir
Exemple 6.1.3. 1).
P x
2. La réciproque de la propriété 5 n’est pas vraie ; , la série de fonctions est divergente
n≥1 n
x
pour tout x ∈ R∗ , cependant, la suite de fonctions converge uniformément sur [−1, 1]
n
vers la fonction nulle.
3. Pour chercher la limite uniforme d’une suite d’applications, on commence d’abord par
chercher sa limite simple, puis on vérifie s’il s’agit bien d’une limite uniforme.
Proposition. 6.1.1:
ii) la suite (∥fn − f ∥∞ )n≥p converge vers 0.
Preuve : évident.
Exemples 6.1.3. 1. Considérons la suite de fonctions définies sur R+ par : fn (x) = nα xe−nx ,
où α est un paramétre réel. Il est clair qu’elle converge simplement vers la fonction nulle.
D’autre part, l’étude de la fonction fn , avec n ∈ N∗ , montre que son tableau de variations
est
1
x 0 +∞
n
fn′ + 0 −
nα−1
fn e
0 0
nα−1
Ainsi, ∥fn ∥∞ = , et par conséquent la convergence est uniforme si et seulement si
e
α < 1.
P n
2. Considérons la série de fonctions x . On sait qu’elle converge simplement sur ] − 1, 1[.
n≥0
+∞ xn
xk =
P
D’autre part, pour tout n ∈ N et tout x ∈] − 1, 1[ on a Rn (x) = . Comme
k=n 1−x
lim Rn (x) = +∞ alors Rn n’est pas bornée pour tout n ∈ N. La série ne converge pas
x→1−
donc uniformément sur ] − 1, 1[.
Proposition. 6.1.2:
fn c.u vers f si et seulement s’il existe une suite réelle positive (ε)n≥0 telle que ∥fn −
f ∥∞ ≤ εn à partir d’un certain rang n0 , et lim εn = 0.
104
1 + nx + x2
Exemples 6.1.4. 1. La suite de fonctions fn définies sur ]0, +∞[ par fn (x) =
n+x
converge simplement vers la fonction f définie sur ]0, +∞[ par f (x) = x. De plus,
1 1
∀x > 0, |fn (x) − f (x)| = ≤ −→ 0.
n+x n n→+∞
Cette convergence est donc uniforme.
P n
2. On sait que la série de fonctions x converge simplement et non uniformément sur
n≥0
] − 1, 1[. Montrons qu’elle converge uniformément sur tout intervalle de la forme [−a, a],
où −1 < a < 1. En effet,
+∞
X xn an
∀x ∈ [−a, a], xk = ≤ −→ 0,
1−x 1 − a n→+∞
k=n
d’où le résultat.
P xe−nx
3. Considérons la série de fonctions sur [0, +∞[.
n≥2 ln n
P −nx
Si x = 0, alors fn (0) = 0. Si x > 0, alors fn (x) = ◦ n12 et la série
e est
P n→+∞
convergente. Donc, fn converge simplement. Pour la convergence uniforme, remarquons
xe−tx
d’abord que pour tous n ∈ N∗ \ {1} et t ∈ [n, n + 1] on a fn+1 (x) ≤ , puis
Z n+1 −tx ln t
xe
fn+1 (x) ≤ dt, ainsi :
n ln t
+∞
Z +∞ −tx
P xe
0≤ fk (x) ≤ dt
k=n+1 n ln t
Z +∞
1
≤ xe−tx dt
ln(n) n
−nx
e
ln(n) ; si x ̸= 0
=
0 si x = 0
1
≤ −→ 0
ln(n) n→+∞
P
C/C : fn converge uniformément sur [0, +∞[.
Proposition. 6.1.3:
S’il existe une suite (xn )n≥0 à termes dans X telle que la suite (fn (xn ) − f (xn )) ne
tend pas vers 0, alors fn ne converge pas uniformément vers f .
x
Exemples 6.1.5. 1. Considérons la suite de fonctions fn définies sur R par fn (x) = sin .
n
nπ
Elle converge simplement vers la fonction nulle, mais, si on prend xn = , alors fn (xn ) =
2
1 ↛ 0. Donc, la convergence n’est pas uniforme
2. Considérons la suite de fonctions fn définies sur [0, 1[ par fn (x) = xn . Elle converge
1
simplement vers la fonction nulle, mais, si on prend xn = 1 − pour n ∈ N∗ , alors
n
n 1
n ln 1−
1 n = e−1+o(1) −→ 1 ̸= 0.
fn (xn ) = 1 − =e
n e
105
Ainsi, la convergence n’est pas uniforme.
Exercice 6.1.2. étudier la convergence uniforme de la suite de fonctions fn définies sur R par :
fn : R −→ R
n 1
nx
si |x| ≤ n
x 7−→
1
1
x si |x| > n
Définition. 6.1.4:
P
On dit que la série de fonctions fn converge normalement sur X, si :
n≥0
Proposition. 6.1.4:
P
fn converge normalement si et seulement s’ils existent p0 ∈ N, et une série nu-
n≥0 P
mérique à termes positifs et convergente, un , telle que ∥fn ∥∞ ≤ un à partir d’un
n≥p0
certain rang.
Preuve : Évident.
−nx
Exemple 6.1.2. Posons fP n (x) = xe pour tout x ∈ [a, b], où 0 < a < b. OnPa ∀x ∈
−nx −na −na
[a, b], xe ≤ be et be est une série géométrique qui converge. Donc xe−nx
n≥0 n≥0
converge normalement sur [a, b].
Proposition. 6.1.5:
P
Si la série fn converge normalement, alors elle converge uniformément.
n≥0
106
P
Preuve : Supposons que la série fn converge normalement. Pour tout x ∈ X fixé, puisque
n≥0
P
∥fn (x)∥F ≤ ∥fn ∥∞ , alors la série fn (x) converge absolument, et par la suite elle converge. Ceci montre
n≥0
P
la convergence simple de fn . Pour la convergence uniforme, elle est due à la relation :
n≥0
+∞ +∞ +∞
X X X
∀x ∈ X, ∥ fk (x)∥ ≤ ∥fk (x)∥ ≤ ∥fk ∥∞ −→ 0.
n→+∞
k=n k=n k=n
P (−1)n xn
Remarque 6.1.2. La réciproque est fausse ; par exemple, la série de fonctions
n≥0 n
converge uniformément et non normalement sur [0, 1].
Définition. 6.1.5:
P
On dit que la série de fonctions fn converge absolument sur X si pour tout x ∈ X,
P n≥0
la série ∥fn (x)∥ est convergente.
n≥0
Proposition. 6.1.6:
xn converge absolu-
P
Remarque 6.1.3. Les réciproques sont fausses ; la série de fonctions
n≥0
ment sur [0, 1[, mais cette convergence n’est pas normale (elle n’est méme pas uniforme). Aussi,
P (−1)n x
la série converge simplement sur [0, 1], mais cette convergence n’est pas absolue.
n≥0 n
Convergence uniforme
Convergence absolu
107
6.2. | PROPRIÉTÉS DE L’APPLICATION LIMITE
On suppose dans cette partie que X est une partie d’un e.v.n, E et on considère un point
a ∈ X, qui peut peut prendre l’une des valeurs ±∞ dans le cas où X est un partie non bornée
de R.
Théorème. 6.2.1: Permutation des limites
Si (fn )n∈N converge uniformément vers f sur X et, pour tout n ∈ N, fn admet une
limite ln ∈ F au point a alors :
1. (ln )n∈N converge vers une limite l ∈ F et,
2. lim f (x) = l ; c’est à dire : lim ( lim fn (x)) = lim ( lim fn (x)).
x→a x→a n→+∞ n→+∞ x→a
En particulier, si toutes les fonctions fn sont continues en a (resp : sur X), alors la
fonction limite f est continue en a (resp : sur X).
Preuve : On fera la preuve seulement dans cas où a ∈ E, mais elle s’adapte bien dans le cas a = ±∞.
Soit ε > 0. Il existe N ∈ N∗ tel que
ε
∀n ≥ N, ∀x ∈ X, ∥fn (x) − f (x)∥ <
5
De ce fait, en écrivant cette inégalité pour n ≥ N et m ≥ N et en les sommant, tenant compte de l’inégalité
triangulaire, on trouve
2ε
∀m, n ≥ N, ∀x ∈ X, ∥fn (x) − fm (x)∥ <
5
2ε 2ε
En faisant tende x vers a on obtient ∥ln − lm ∥ < . En particulier, ∥ln ∥ ≤ ∥lN ∥ + pour n ≥ N , ce qui
5 5
implique que la suite (ln ) est bornée et donc admet une suite extraite lφ(n) qui converge vers un l ∈ F .
2ε
Mais, en faisant tendre m vers +∞ dans l’inégalité ∥ln − lφ(m) ∥ < pour n ≥ N et m ≥ N on obtient
5
2ε
∥ln − l∥ ≤ , ce qui prouve que (ln ) converge vers l.
5
Fixons maintenant un n ≥ N . Il existe α > 0 tel que pour tout x ∈ X vérifiant ∥x − a∥ < α on a
2ε
∥fn (x) − ln ∥ < puis :
5
ε 2ε 2ε
∥f (x) − l∥ ≤ ∥f (x) − fn (x)∥ + ∥fn (x) − ln ∥ + ∥ln − l∥ < + + =ε
5 5 5
Ainsi lim f (x) = l
x→a
Corollaire. 6.2.1:
P
Si la série de fonctions fn converge uniformément sur X et, pour tout n ∈ N, fn
n≥0
admet une limite ln ∈ F , alors :
P
1. la série ln converge vers une limite l ∈ F et,
n≥0
+∞
P +∞
P +∞
P +∞
P
2. lim fn (x) = ln . Autrement dit : lim fn (x) = lim fn (x).
x→a n=0 n=0 x→a n=0 n=0 x→a
En particulier, si fn est continue en un point a ∈ X ( resp : sur X ), pour tout n ∈ N,
+∞
P
alors la somme fn est continue en a (resp : sur X).
n=0
108
Remarque 6.2.1. Ce résultat s’applique souvent pour montrer qu’une certaine convergence
n’est pas uniforme.
n
Exemples 6.2.1. 1. Considérons la suite de fonctions fn : x 7→ avec x > 0. Elle
x+n
converge simplement vers la fonction f définie par f (x) = 1 pour tout x > 0, mais
n n
lim lim = 0 et lim lim = 1. Ainsi, la convergence n’est pas uni-
n→+∞ x→+∞ x + n x→+∞ n→+∞ x + n
forme.
nx
2. La suite de fonctions x 7→ converge simplement vers la fonction f définie par
x+n
nx
f (x) = x sur ]0, +∞[. Comme lim = n et lim n = +∞, alors, la convergence
x→+∞ x + n n→+∞
n’est pas uniforme.
3. La suite de fonctions fn définies sur [0, 1] par fn (x) = xn converge simplement vers f
avec
0 si x ̸= 1
f (x) =
1 si x = 1
Il s’agit d’une suite de fonctions continue sur [0, 1] qui converge simplement vers une
fonction discontinue. Encore une fois, la convergence n’est pas uniforme.
4. On reprend la méme suite de fonctions fn , mais cette fois elles sont définies sur [0, 1[. Elle
converge simplement vers θ ; la fonction nulle. Il est clair que
Proposition. 6.2.1:
P
Si fn est continue sur X pour tout n ∈ N, et (fn )n∈N (resp fn ) c.u sur tout compact
de X, alors sa limite est continue sur X.
Preuve : Soit (an )n≥0 une suite à termes dans X qui converge vers un a ∈ X. On peut montrer
que l’ensemble K = {a} ∪ {an : n ∈ N} est compact. Posons gn et g les restrictions de fn et f à K.
Alors (gn ) converge uniformément vers g sur K, et les gn sont continues sur K, et par conséquent g est
continue sur K. Ainsi lim f (an ) = f (a), et la caractérisation séquentielle de la continuité montre que f
n→+∞
est bien continue sur X.
109
est alors normale, et à priori uniforme, sur tout segment de ]0, +∞[, et par conséquent la somme
+∞
P 1 −nx2
e 1+x est continue sur ]0, +∞[.
n=1 n
Proposition. 6.2.2:
exp : A → A
a 7→ exp(a)
est continue.
Preuve : Soit K un compact de A. Alors K est bornée et, en posant s = sup ∥x∥, pour tout x ∈ K
x∈K
xn sn P sn xn
on a ≤ et la série est convergente. Donc, la série converge normalement, et par la
n! n! n! n!
xn
suite uniformément, sur K. Sachant que les fonctions x 7→ sont continues sur A, on en déduit que la
n!
fonction exponentielle est continue sur A.
Proposition. 6.2.3:
f : B (0, 1) → A
a 7 → (1 − a)−1
est continue.
Dans cette partie, on suppose que X est un intervalle non trivial de R qu’on notera I.
Proposition. 6.2.4:
Si fn est continue sur I pourZ tout n ∈ N, et Zfn −→ f uniformément sur tout segment
x x
de I, alors, pour tout a ∈ I, fn (t)dt −→ f (t)dt uniformément sur tout segment
a a
de I. Z b Z b
En particulier, pour tous a, b ∈ I : fn (t)dt −→ f (t)dt
a a
Preuve : Soit [c, d] un segment de I. Sans perdre de généralité, on peut supposer que a ∈ [c, d].
110
Dans ce cas, en notant ∥fn − f ∥∞ = sup ∥fn (x) − f (x)∥ on a :
x∈[c,d]
Z x Z x Z x
fn (t)dt − f (t)dt = (fn (t) − f (t)) dt
a a a
Z d
≤ ∥(fn (t) − f (t))∥ dt
c
Z d
≤ ∥fn − f ∥∞ dt
c
≤ (d − c) ∥fn − f ∥∞ −→ 0
n→+∞
D’où le résultat.
Z 1
t
Exercice 6.2.1. Soit f : [0, 1] −→ F une fonction continue. Calculer lim f ( )dt.
n→+∞ 0 n
Solution. Soit ε > 0. La continuité de f assure l’existence d’un α > 0 tel que
Remarque 6.2.3. La condition de la convergence uniforme dans la proposition 6.2.2 est né-
cessaire. Si on suppose que la convergence est simple, alors le résultat n’est plus valable comme
le montre l’exemple suivant :
Exemple 6.2.2. Considérons les fonctions fn définies sur [0, 1] par
3 1
0 si x ∈ [0, 1 − n ] ∪ [1 − n , 1]
2
fn (x) = n si x = 1 − n
affine sur [1 − n3 , 1 − n2 ] et sur [1 − n2 , 1 − n1 ]
n•
• • • • •
0 1− 3
1− 1 1
n n
2
1− n
Z 1
(fn ) converge simplement vers la fonction nulle. Remarquons fn (t)dt est l’aire de la partie
0
de R2 située entre l’axe (Ox), l’axe (Oy), la droite d’équation y = 1 et la courbe de fn , donc
Z 1
celle d’un triangle. Ainsi fn (t)dt = 1
0
111
Proposition. 6.2.5:
On suppose que
1. fn est continue sur I pour tout n ∈ N, et
P
2. fn converge uniformément sur tout segment de I
n≥0
Alors, pour tous a, b ∈ I on a :
+∞
P b
Z Z b X
1. fn (t)dt converge vers ( fn (t))dt
n≥0 a a n=0
Z x Z +∞
x X
P
2. la série de fonctions fn (t)dt converge vers ( fn (t))dt uniformément
n≥0 a a n=0
Z +∞
x X XZ x
sur tout segment de I. Donc, ( fn (t))dt = fn (t)dt
a n=0 n≥0 a
1
xn converge vers
P
Exemples 6.2.2. 1. uniformément sur tout segment de ] − 1, 1[,
n≥0 1−x
P xn
donc converge vers − ln(1 − x) uniformément sur tout segment de ] − 1, 1[. En
n≥1 n
particulier,
+∞ n
X x
∀x ∈] − 1, 1[, ln(1 − x) = − .
n=1
n
P xn
De passage, remarquons aussi que la série de fonctions converge uniformément sur
n≥1 n
+∞
P xn P (−1)n+1
+∞
[−1, 0[, ce qui permet d’écrire : ln 2 = lim ln(1 − x) = − lim =
x→−1 n=1 x→−1 n n=1 n
+∞
P (−1) xn 2n+1
2. Un raisonnement analogue montre que : ∀x ∈] − 1, 1[, arctan(x) =
n=1 2n + 1
Proposition. 6.2.6:
Si :
1. fn est de classe C 1 sur I pour tout n ∈ N,
2. (fn ) converge simplement vers f ,
3. (fn′ ) converge vers une fonction g ∈ F (I, K) uniformément sur tout segment de I
alors :
1. f est de classe C 1 sur I,
2. f ′ = g et
3. (fn ) converge vers f uniformément sur tout segment de I.
Preuve :Z Comme (fn′ ) converge vers g uniformément sur tout segment de I, alors, la suite de
x
fonctions x 7→ fn′ (t)dt = fn (x) − fn (a) converge uniformément sur tout segment de I vers la fonction
a Z x
G définie par G(x) = gn (t)dt, où a est un point quelconque de I. Et sachant que fn (a) converge f (a),
a
112
alors fn converge vers la fonction G + f (a) uniformément sur tout segment de I. Ceci entraine aussi que
f = f (a) + G puis f ′ = g.
Remarque 6.2.4. La C.U de fn vers f n’implique pas que f est dérivable, sur I. Méme si
c’est le cas, fn′ ne converge pas forcement, et si elle converge, elle ne converge pas toujours vers
f ′.
1
1 2
Exemples 6.2.3. 1. La suite de fonctions fn définie par fn (x) = x2 + 2 converge
n
1
uniformément vers la fonction |x| ; car |x| ≤ fn (x) ≤ |x| + . Toutes le fonctions fn sont
n
dérivables sur R, mais la fonction limite ne l’est pas.
xn
2. Posons fn (x) = √ pour tout x ∈ [0, 1] et n ∈ N∗ . La suite (fn ) converge uniformément
n √
vers la fonction nulles, cependant, la suite des dérivée, nxn−1 , ne converge pas.
xn
3. Pour fn (x) = , où x ∈ [0, 1], la suite (fn ) converge uniformément vers la fonction nulles,
n
mais la suite des dérivée, xn−1 , converge simplement vers une fonction non identiquement
nulle.
Corollaire. 6.2.2:
Si :
1. fn est de classe C k sur I pour tout n ∈ N , où k ∈ N∗ ,
(i)
2. Pour tout i ∈ [ 0, k − 1]], la suite fn converge simplement vers une fonction gi ,
et
(k)
3. La suite fn converge vers une fonction gk uniformément sur tout segment de
I
alors :
(i)
1. g0 est de classe C k sur I et g0 = gi pour tout i ∈ [ 0, k]]
(i) (i)
2. Pour tout i ∈ [ 0, k]] fn −→ g0 uniformément sur tout segment de I.
Remarque 6.2.5. L’application de ces résultats dans le cas d’une série de fonctions est plus
importante. En effet, elle permet l’étude d’une fonction définie sous forme d’une série : Classe,
monotonie, convexité, limites au bornes ...
Proposition. 6.2.7:
Si
1. fn est de classe C 1 sur I pour tout n ∈ N ,
P
2. fn converge simplement,
n≥0
Plus généralement ;
113
Proposition. 6.2.8:
Si :
1. fn est de classe C k sur I pour tout n ∈ N , où k ∈ N∗
P (i)
2. fn converge simplement pour tout i ∈ [ 0, k − 1]],
n≥0
P (k)
3. fn converge uniformément
n≥0
+∞ +∞ +∞
(i)
fn est de classe C k sur I, et fn )(i) pour tout i ∈ [ 1, k]].
P P P
alors, fn = (
n=1 n=1 n=1
+∞
P 1
Exemple 6.2.3. Considérons la fonction la fonction ζ de Riemann, définie par ζ(x) = .
n=1 nx
P 1
Pour tout x ∈ R, la série x
converge si et seulement si x > 1. Ainsi, le domaine de
n≥1 n
1
définition de ζ est D =]1, +∞[. D’autre part, toutes les fonctions fn : x 7→ x sont de classes
n
C ∞ et
1
∀x > 1, ∀n ∈ N∗ , ∀k ∈ N, fn(k) (x) = (−1)k lnk (n) .
nx
lnk n
(k) 1
Ainsi, pour tout a > 1 et tout x ≥ a on a fn (x) ≤ = o , où γ ∈]1, a[. Comme
na n→+∞ nγ
P 1 P (k)
la série est convergente, alors fn (x) converge normalement puis uniformément sur
nγ
[a, +∞[. Ceci étant pour tout a > 1, on en déduit que ζ est de classe C ∞ sur ]1, +∞[ et :
∞
X 1
∀x > 1, ∀k ∈ N, ζ (k) (x) = (−1)k lnk (n)
n=1
nx
∞
X 1
ζ ′ (x) = − ln(n) <0
n=1
nx
et
∞
X 1
ζ ′′ (x) = ln2 (n) >0
n=1
nx
114
1•
•
0 1
Proposition. 6.2.9:
Si E est une algébre normée alors pour tout a ∈ E l’application définie sur R par t 7→ eta
est de classe C 1 sur R et
′
∀t ∈ R, eta = a × eta = eta × a
+∞
an
Preuve : En effet, ∀t ∈ R, eta = . Il s’agit d’une série de fonctions de classes C ∞ sur R,
tn
P
n=0 n!
qui converge, ainsi que la des dérivée, uniformément sur tout segment de R. Il suffit d’appliquer le théoréme
de dérivation terme à terme pour conclure.
Théorème. 6.3.1:
Toute application f : [a, b] 7→ K continue sur un segment [a, b] de R, est limite uniforme
d’une suite d’applications polynômiales.
Exercice 6.3.1. Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur un segment [a, b] de R telle que
Z b
tn f (t)dt = 0 pour tout n ∈ N. Montrer que f est identiquement nulle.
a
115
Solution. Soit (Pn ) une suite de fonction polynomiales qui converge uniformément vers f
sur [a, b]. Alors, pour tout n ∈ N on a :
f Pn − f 2 ∞
≤ ∥Pn − f ∥∞ × ∥f ∥∞ −→ 0
n→+∞
Z b Z b
CU
Ainsi, f Pn −→ f 2 , et par la suite Pn (t)f (t)dt −→ f 2 (t)dt. Or, à partir des
a n→+∞ a
Z b Z b
hypothéses, Pn (t)f (t)dt = 0 pour tout n ∈ N, ce qui donne f 2 (t)dt = 0. Et puisque f 2
a a
est continue et positive sur [a, b] alors f 2 = 0 et finalement f est identiquement nulle.
6.3. | Problémes
116