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Représentation d'état
En automatique, une représentation d'état permet de modéliser un système dynamique en
utilisant des variables d'état. Cette représentation, qui peut être linéaire ou non, continue ou
discrète, permet de déterminer l'état du système à n'importe quel instant futur si l'on connaît l'état
à l'instant initial et le comportement des variables exogènes qui influent sur le système. La
représentation d'état du système permet de connaître son comportement "interne" et pas
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seulement son comportement "externe" comme c'est le cas avec sa fonction de transfert . Pour un
bref historique de la représentation d'état, voir Histoire de l'automatique.
Variables d'état
Un système peut être entièrement décrit à l'aide d'un ensemble de variables. Les variables d'état
sont des grandeurs, qui le plus souvent ont une signification physique, et qui sont rassemblées
dans un vecteur x. La connaissance de toutes les variables d'état à un instant t quelconque ainsi
que de l'entrée sur un intervalle [t , t+T], où T est arbitraire, permet de connaître la valeur de
toutes les variables du système à l'instant . Le nombre de variables d'état, désigné par la
lettre n, est l'ordre du système.
Systèmes linéaires
Représentations
La représentation d'état de
ces systèmes, quand ils
sont à temps continu, Représentation d'état matricielle
s'écrit de la manière
2
suivante :
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Dans certains cas, la représentation d'état matricielle introduite en premier lieu sera la plus
commode ; dans d'autres, celle mettant en jeu des vecteurs et des applications linéaires, et appelée
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représentation d'état intrinsèque (elle est également dite géométrique ) sera plus
appropriée.
L'état du système est un résumé exhaustif du passé du système. En effet, connaissant l'état ,
et la commande sur l'intervalle fini , on peut exprimer l'état , grâce aux calculs
sur l'exponentielle d'une matrice :
Changement de base
On voit donc qu'il existe une infinité de représentations matricielles d'un système d'état. En
revanche, la représentation intrinsèque est unique.
Pôles et stabilité
Pôles
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Stabilité
Le système est asymptotiquement stable si, et seulement si ses pôles sont tous situés dans
le demi-plan gauche ouvert (c'est-à-dire ont tous une partie réelle strictement négative). Il
s'agit également de la condition nécessaire et suffisante pour que le système soit
exponentiellement stable.
Le système est stable (au sens de Lyapunov) si, et seulement si ses pôles sont tous dans le
demi-plan gauche fermé (c'est-à-dire ont tous une partie réelle négative ou nulle), ceux
situés sur l'axe imaginaire (s'il en existe) étant simples (c'est-à-dire d'ordre 1).
Propriétés structurelles
Commandabilité et stabilisabilité
Un système est dit commandable si pour tout intervalle de temps , et tous points
, avec , il existe une commande u appliquée sur , telle que
.
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où est commandable et où l'astérisque est une sous-matrice dont les éléments sont
quelconques. Les valeurs propres de sont les pôles (ou modes) non commandables du
système, également appelés ses zéros de découplage en entrée (z.d.e.). L'ordre de la
matrice est et celui de la matrice est .
Le système est dit stabilisable si ses pôles non commandables appartiennent tous au demi-plan
gauche ouvert. Un système commandable est donc stabilisable.
Un critère commode pour étudier la commandabilité et la stabilisabilité d'un système est le test
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de Popov-Belevich-Hautus (PBH) : le système est commandable (resp. stabilisable) si, et
seulement si le rang de la matrice est égal à n pour tout (resp. pour tout
dans le demi-plan droit fermé).
Les pôles non commandables sont également les valeurs de pour lesquelles le rang de la
matrice est , autrement dit ce sont les racines des facteurs invariants de cette
matrice. Soit p un pôle non commandable. Son ordre q est par définition le degré maximal des
diviseurs élémentaires de multiples du polynôme (c'est aussi l'ordre de
multiplicité de p en tant que racine du polynôme minimal de , soit encore l'ordre maximal des
blocs de Jordan de ayant pour valeur propre p.).
Cette dernière caractérisation montre (comme, plus haut, à propos des pôles du système) que les
conditions suivantes sont équivalentes :
Observabilité et détectabilité
Un système est dit observable si l'observation de ses entrées et sorties pendant un intervalle de
temps fini permet de déterminer l'état initial , et donc, par intégration de l'équation
d'état, de connaître à tout instant appartenant à l'intervalle . La condition nécessaire et
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suffisante d'observabilité ci-après est appelé le critère de Kalman pour l'observabilité . Le
système considéré est observable si et seulement si :
Cette matrice notée est communément appelée matrice d'observabilité et ses lignes se calculent
de façon itérative : . En termes intrinsèques, on définit le sous-espace non
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observable suivant
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et le système (ou, par abus de langage, (C , A), ou (C , A)) est donc observable si, et seulement si
(où 0 désigne le sous-espace vectoriel de réduit au seul élément nul). Quand ce n'est pas
le cas, soit la dimension de ( étant donc le rang de ), une base
où est observable.
Les valeurs propres de sont les pôles (ou modes) non observables du système, également
appelés des zéros de découplage en sortie (z.d.s.). L'ordre de la matrice est et
celui de la matrice est .
Le système est dit détectable si ses pôles non observables appartiennent tous au demi-plan
gauche ouvert. Un système observable est donc détectable.
est égal à n pour tout (resp. pour tout s dans le demi-plan droit fermé).
Les pôles non observables sont également les valeurs de pour lesquelles le rang de la
matrice ci-dessus est , autrement dit ce sont les racines des facteurs invariants de cette
matrice. L'ordre d'un pôle non observable se définit comme celui d'un pôle non commandable,
mutatis mutandis.
Décomposition de Kalman
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où
est commandable et
est observable. On vérifie sans difficulté que la matrice de transfert du système est
Modes cachés
Considérons de nouveau le système linéaire donné par la représentation d'état ci-dessus. Les
propriétés suivantes sont équivalentes:
Le système est dit minimal quand ces propriétés équivalentes sont satisfaites.
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Les éléments de (resp. ) s'appellent les modes cachés (resp. les zéros de
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découplage en entrée-sortie (z.d.e.s.)) . La dernière égalité s'écrit
tandis que la précédente s'écrit, en désignant par (resp. ) les pôles du système (resp.
ses pôles de transmission)
.
6, 4
On peut montrer que ces deux dernières relations sont intrinsèques .
Zéros
Zéros invariants
5
Considérons la matrice R(s), appelée matrice de Rosenbrock ou matrice-système
Les racines dans le plan complexe des facteurs invariants de R(s) (multiplicités prises en compte)
sont appelés les zéros invariants (z.i.) du système. Ce sont des objets intrinsèques qui sont
invariants par retour d'état, d'où leur nom.
Soit z un zéro invariant. Son ordre q se définit comme étant le degré maximal des diviseurs
élémentaires de R(s) multiples du polynôme .
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Les conditions suivantes sont équivalentes :
Zéros du système
5
Les zéros du système (z.s.) sont définis par la relation
où est l'ensemble des zéros de transmission (contrairement aux zéros invariants, ces
6, 4
derniers ne sont pas invariants par retour d'état). On montre que ,
la première (resp. la seconde) inclusion devenant une égalité dans le cas d'un système minimal
(resp. ayant une matrice de transfert carrée et régulière).
Dualité
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Les propriétés de commandabilité et d'observabilité sont duales, de même que les propriétés de
stabilisabilité et de détectabilité, dans le sens suivant : (C , A) est observable (resp. détectable) si,
et seulement si (tA , tC) est commandable (resp. stabilisable).
Comme il est dit ci-dessus, les parties non commandables et/ou non observables disparaissent
dans les représentations par fonction de transfert (c'est en cela que les pôles et zéros
correspondants sont des modes cachés). Voici un exemple illustratif.
Le rang de cette matrice est égal à 1. Puisque le système est d'ordre , il n'est pas commandable.
Néanmoins, les deux systèmes, bien que différents, ont la même fonction de transfert (avec la
variable de Laplace) :
Ce sont les simplifications des pôles non commandables par des zéros (de découplage en entrée)
qui fait que la représentation par fonction de transfert ne permet pas de refléter toutes les
propriétés structurelles du système.
Discrétisation
https://fr.wikipedia.org/wiki/Représentation_d%27état 8/15
20/02/2024 15:08 Représentation d'état — Wikipédia
avec
Pour que soit commandable (resp. observable) il faut que le soit, et si cette condition est
satisfaite, il suffit que, de plus, la matrice d'état de n'ait pas de valeurs propres , telles
que . On en déduit un théorème analogue au théorème de
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l'échantillonnage, mais s'appliquant aux systèmes .
Les valeurs propres de la matrices d'état sont les pôles du système . Une condition
nécessaire et suffisante pour que ce système soit asymptotiquement stable (ou, de manière
équivalente, exponentiellement stable) est que ces pôles aient tous un module strictement
inférieur à 1. Cette condition est satisfaite si, et seulement si est exponentiellement stable.
Les différentes sortes de pôles et de zéros d'un système linéaire stationnaire se définissent dans le
cas du temps discret d'une manière analogue, mutatis mutandis, à ce qui a été indiqué plus haut
pour les systèmes à temps continu.
Formalisme
Nous ne traiterons, très brièvement, que le cas des systèmes linéaires instationnaires à temps
continu. Un tel système a une équation d'état et une équation d'observation qui ont la même forme
qu'un système linéaire stationnaire, mais avec des matrices , , et qui appartiennent cette
fois à un anneau ou un corps différentiel . Un tel système admet également une fonction de
transfert. Cet anneau (supposé intègre et commutatif) ou ce corps (supposé commutatif) est muni
de la dérivation usuelle (deux exemples classiques sont ceux où et ).
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L'anneau , muni de cette règle, est un anneau d'Ore non commutatif, qui est simple et principal
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lorsque est un corps .
Commandabilité
La commandabilité d'un tel système se définit comme dans le cas stationnaire. Un critère de
9
commandabilité, analogue à celui de Kalman, a été donné par Silverman et Meadows lorsque
, l'anneau des fonctions analytiques réelles sur un intervalle ouvert non vide de la
droite réelle: soit
avec
Une condition nécessaire et suffisante pour que le système soit commandable est qu'il existe un
sous-ensemble discret de tel que le rang sur de soit égal à la dimension de l'espace
d'état pour tout .
Considérons par exemple le système dont les matrices d'état et de commande sont,
respectivement,
Observabilité et dualité
L'observabilité se définit comme dans le cas stationnaire. On obtient une condition nécessaire et
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suffisante d'observabilité en passant au système dual. Il est défini par les équations
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Un système linéaire coïncide donc avec son "bidual", et il est observable si, et seulement si son
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dual est commandable .
Stabilité
La stabilité d'un système linéaire instationnaire peut s'étudier par des méthodes purement
10
analytiques qui fournissent des conditions suffisantes ou nécessaires de stabilité exponentielle.
On peut aussi, par des méthodes issues de l’analyse algébrique et de l'algèbre différentielle (en)
(théorie de Picard-Vessiot (en)) définir les pôles d'un système instationnaire (sous certaines
conditions portant sur le corps différentiel auquel appartiennent les coefficients des matrices de ce
système) qui fournissent une condition nécessaire et suffisante de stabilité exponentielle analogue
8
à celle indiquée plus haut pour les systèmes linéaires stationnaires .
Commençons par les représentations classiques. Une représentation d'état d'un système non
linéaire est de la forme
La représentation d'état ci-dessus n'est pas unique, car elle n'est pas intrinsèque. En effet,
considérons le changement de variable où η est un difféomorphisme de dans l'ouvert
de
On obtient :
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20/02/2024 15:08 Représentation d'état — Wikipédia
Les deux équations obtenues après le changement de variable se mettent également sous
cette forme, car celui-ci n'est rien d'autre qu'un changement de carte. On a donc bien obtenu
l'unicité de la représentation.
Exemple du pendule
L'exemple classique de système non linéaire est un pendule libre (il n'y a pas d'entrées, le pendule
est livré à lui-même). L'équation différentielle régissant le pendule est la suivante :
où:
oùn:
Les points d'équilibre stationnaires d'un système sont définis par les points où . Dans ce cas,
les points qui satisfont ce critère pour le pendule sont :
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Commandabilité, observabilité
.
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Soit les distributions
où désigne l'espace vectoriel engendré par les vecteurs entre accolades. Il existe un
voisinage ouvert U de l'origine dans lequel le système est commandable si, et seulement si la
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distribution est de dimension n . Dans le cas où le système est linéaire, on retrouve le
critère de Kalman. On peut du reste préciser que l'ensemble des états appartenant à U accessibles
12
à partir de l'origine est .
Il existe une condition nécessaire et suffisante d'observabilité locale pour le système ci-dessus
12
lorsqu'il a une équation d'observation de la forme
.
14, 15
Les systèmes plats (au sens de la platitude différentielle (en)) sont des systèmes
commandables, et observables vus de la sortie plate.
Stabilité
https://fr.wikipedia.org/wiki/Représentation_d%27état 13/15
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La stabilité des systèmes non linéaires s'étudie grâce à des fonctions de Lyapunov. Des stabilités de
différents types existent: au sens de Lyapunov, asymptotique, exponentielle ; elles peuvent être
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locales ou globales, uniformes ou non, etc .
Notes et références
Notes
1. Kailath 1980
2. Kalman 1960, Kalman 1963
3. Wonham 1985
4. Bourlès 2010
5. Rosenbrock 1970
6. Bourlès et Fliess 1997
7. MacFarlane et Karkanias 1976
8. Bourlès et Marinescu 2011
9. Silverman et Meadows 1967
10. Rugh 1995
11. Spivak 1999
12. Isidori 1995
13. Slotine et Li 1991
14. Fliess, Lévine et Rouchon 1995
15. Sira Ramírez et Agrawal 2004
16. Hahn 1967
Références
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survey of the algebraic, geometric and complex-variable theory », Int. J. Control, vol. 24,
no 1,1976, p. 33-74
https://fr.wikipedia.org/wiki/Représentation_d%27état 14/15
20/02/2024 15:08 Représentation d'état — Wikipédia
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(ISBN 0-17-781002-5)
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éditions], vol. 1, 1999
(en) W. Murray Wonham, Linear multivariable control : a geometric approach, New
York/Berlin/Paris etc., Springer, 1985, 334 p. (ISBN 0-387-96071-6)
Voir aussi
Commande par retour d'état
Commande LQ
Observateur d'état
Régulateur PID
Commande prédictive
Stabilité de Lyapunov
https://fr.wikipedia.org/wiki/Représentation_d%27état 15/15