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Chapitre 1
1.1 N-fonction
Définition 1.1.1. Soit a une fonction réelle définie sur [0, + ∞] vérifiant les propriétés suivantes :
1. a(0) = 0, lim a(t) = +∞ ;
t→+∞
2. a(t) > 0 si t > 0 ;
3. a est croissante ;
4. a est continue à droite.
2
1.2. FONCTION COMPLÉMENTAIRE CHAPITRE 1. LES ESPACES D’ORLICZ
La fonction à est appelée fonction complémentaire ou conjuguée de A et on dit que (A, Ã)
est un couple de N -Fonctions.
Théorème 1.2.2. Soit (A, Ã) un couple de N-Fonctions. Alors, ∀ s, t ∈ [0, ∞[, on a
st ≤ A(s) + Ã(t).
A2 (t)
∀λ > 0, lim = 0.
t→∞ A1 (λt)
Exemple 1.2.1. 1. Soient 1 < p < ∞, ε > 0, A1 (t) = tp (| log(t)| + 1) et A2 (t) = tp+ε . Alors
A1 ≺ A2 .
2. Pour toute N-Fonction A, les deux fonctions A1 (t) = A(kt), k > 0, et A sont équivalentes.
3. Soient 1 < p < ∞ et ε > 0. Alors tp ≺≺ tp (| log(t)| + 1) ≺≺ tp+ε .
1.3 La condition-∆2
Une N-Fonction A satisfait la condition-∆2 (resp : ∆2,0 ) s’il existe k > 0 et T ≥ 0 (resp :
T = 0) tels que,
A(2t) ≤ kA(t), ∀t ≥ T (resp : ∀t ≥ 0).
Exemple 1.3.1. La fonction A(t) = ctp , c > 0, p > 1, satisfait la condition ∆2 : On peut prendre
T = 0 et k = 2p .
K A (Ω) ⊂ L1 (Ω).
A(t)
lim = +∞,
t→∞ t
A(t)
donc il existe k > 0 tel que pour |t| > k, t
> 1. Soit Ωk = {x ∈ Ω; |u(x)| > k}, alors
A(|u(x)|)
> 1, c’est-à-dire |u(x)| < A(|u(x)|), ∀x ∈ Ωk .
|u(x)|
Ainsi,
Z Z Z Z
|u(x)| dx = |u(x)| dx+ |u(x)| dx ≤ A(|u(x)|) dx+k mes(Ω\Ωk ) ≤ ρ(u, A)+k mes(Ω) < ∞.
Ω Ωk Ω\Ωk Ωk
D’où u ∈ L1 (Ω).
Dans le théorème suivant, on peut considérer l’espace de Lebesgue L1 (Ω) comme la réunion
de toutes les classes d’Orlicz KA(Ω) où A varie dans l’ensemble des N-Fonctions.
Théorème 1.4.2. Soit u ∈ L1 (Ω). On suppose que mes(Ω) < ∞. Alors il existe une N-Fonction A
telle que u ∈ K A (Ω).
La série ∞ 1
P
n=1 nmes(Ωn ) est convergente, car u ∈ L (Ω) et mes(Ω) < ∞. De plus, il existe une
suite croissante (αn ) telle que αn > 1, lim αn = ∞, et
∞
X
αn nmes(Ωn ) < ∞.
n=1
On définit (
t si t ∈ [0, 1[
a(t) =
αn si t ∈ [n, n + 1[, n ∈ N.
Rt
La fonction A(t) = 0
a(s) ds est une N-Fonction et A(n) ≤ nαn , n ∈ N. Alors
Z ∞ Z
X
A(|u(x)|) dx = A(|u(x)|) dx
Ω n=1 Ωn
X∞
≤ A(n)mes(Ωn )
n=1
∞
X
≤ nαn mes(Ωn ) < ∞.
n=1
D’où u ∈ K A (Ω).
On a
Z
ρ(u, A) = A(u(x)) dx
Ω
Z
n 1 1
= (e 2 − 1)χ , dx
Ω 2n 2n − 1
X n 1 1
= (e 2 − 1)mes ,
n 2n−1
n≥1
2
X 1 n
= n
(e 2 − 1)
n≥1
2
X √ n X 1
= e − .
n≥1 n≥1
2n
√ n √ n
P 1 e P e
On a la série n≥1 2n converge et 2
< 1, donc n≥1 2
< ∞, ρ(u, A) < ∞, et u ∈
K A (Ω).
st ≤ A(s) + Ã(t).
d’ou Z
|u(x)v(x)| dx ≤ ρ(u; A) + ρ(v; Ã).
Ω
K A1 (Ω) ⊂ K A2 (Ω)
Condition nécessaire.
On suppose que A2 (u) ≤ aA1 (u) ∀u ≥ T. n’est pas satisfaite, alors il existe une suite (un )
strictement croissante telle que
A1 (u1 )mes(Ω)
mes(Ωn ) = , n = 1, 2, . . .
2n A1 (un )
(
un si x ∈ Ωn
On considère la fonction suivante u(x) =
/ ∞
S
0 si x ∈ n=1 Ωn .
On a
Z X∞ Z
A1 (u(x)) dx = A1 (u(x)) dx
Ω n=1 Ωn
X∞
= A1 (un )mes(Ωn )
n=1
X∞
= A1 (u1 )mes(Ω)2n < +∞,
n=1
d’où u ∈ K A1 .
/ K A2 , en effet
Montrons que u ∈
Z ∞ Z
X
A2 (u(x)) dx = A2 (u(x)) dx
Ω n=1 Ωn
X∞
= A2 (un )mes(Ωn )
n=1
X∞
≥ A1 (u1 )mes(Ω) = +∞,
n=1
Théorème 1.4.5. 1. Si mes(Ω) < ∞, alors K A (Ω) est un espace vectoriel si et seulement si
A satisfait ∆2 .
2. Si mes(Ω) = +∞ et A vérifiant ∆2 ,0, alors K A (Ω) est un espace vectoriel.
Donc u + v ∈ K A .
— Supposons mes(Ω) < ∞ et A vérifiant ∆2 . Soient u ∈ K A (Ω) et γ ≥ 0, il existe n ∈ N tel
que γ ≤ 2n , on a
A(|γ|t) ≤ A(2n t) ≤ k n A(t), ∀t ≥ T,
donc
Z Z Z
n n
A(|γ|u(x)|) dx ≤ k A(|u(x)|) dx + k A(|u(x)|) dx
Ω {x,|u(x)|≤T } {x,|u(x)|>T }
Z
n n
≤ k A(T )mes(Ω) + k A(|u(x)|) dx < ∞.
Ω
γu ∈ K A (Ω).
— Supposons mes(Ω) = ∞ et A satisfait ∆2 ,0, on a
A(|γ|t) ≤ A(2n t) ≤ k n A(t), ∀t ≥ 0,
donc Z Z
n
A(|γ|u(x)|) dx ≤ k A(|u(x)|) dx < ∞,
Ω Ω
et γu ∈ K A (Ω).
— On suppose que K A (Ω) est un espace vectoriel et mes(Ω) < +∞. Soit u ∈ KA(Ω), 2u ∈
K A (Ω). Alors K A (Ω) ⊂ K A1 (Ω), avec A1 (t) = A(2t). D’après la proposition 1.4.4, il existe
T > 0, a > 0 tels que
A1 (t) = A(2t) ≤ aA(t), ∀t ≥ T,
c’est-à-dire, A satisfait la condition ∆2 .
qui est appelée la norme d’Orlicz. L’ensemble LA (Ω) de toutes les fonctions mesurables u telles
que ∥u∥A < ∞ est appelé l’espace d’Orlicz.
( )
LA (Ω) = u : Ω → R, mesurable ∥u∥A < +∞
Nous allons à présent établir une relation directe entre la classe d’Orlicz et l’espace d’Orlicz.
Proposition 1.5.1. Soit A une N-Fonction. Alors
K A (Ω) ⊆ LA (Ω)
et
∥u∥A ≤ ρ(u; A) + 1
Démonstration. Soit u ∈ K A (Ω) et v ∈ K Ã (Ω) tel que ρ(v; Ã) ≤ 1, d’après l’inégalité de Young,
on a Z
|u(x)v(x)| dx ≤ ρ(u; A) + ρ(v; Ã) ≤ ρ(u; A) + 1.
Ω
On peut définir une autre norme équivalente à la norme d’Orlicz, appelée la norme de Luxem-
burg.
Définition 1.5.2. Soient A une N -Fonction et u une fonction mesurable définie sur Ω. On définit
∥u∥(A) = inf{λ > 0 : ρ(λu; A) ≤ 1}
appelée la norme de Luxemburg de u
La norme d’Orlicz est équivalente à la norme de Luxemburg. Plus précisément,
∥u∥(A) ≤ ∥u∥A ≤ 2∥u∥(A) .
Théorème 1.5.3. L’ensemble (LA (Ω), ∥ · ∥A ) est un espace vectoriel normé.
Démonstration. Soit u, ω ∈ LA(Ω) (c’est-à-dire ∥u∥A < ∞, ∥ω∥Ã < ∞).
1. Pour tout λ ∈ R, on a
Z
∥λu∥A = sup |λu(x)v(x)| dx
ρ(v;Ã)≤1, Ω
v∈K Ã (Ω)
Z
= |λ| sup |u(x)v(x)| dx
ρ(v;Ã)≤1, Ω
v∈K Ã (Ω)
= |λ|∥u∥A < ∞,
c’est-à-dire λu ∈ LA (Ω).
2.
Z
∥u + ω∥A = sup |u(x) + ω(x)||v(x)| dx
ρ(v;Ã)≤1 Ω
Z Z
≤ sup |u(x)v(x)| dx + sup |ω(x)v(x)| dx
ρ(v;Ã)≤1 Ω ρ(v;Ã)≤1 Ω
Inégalité de Holder
Théorème 1.5.4. Soient A une N-Fonction et u ∈ LA (Ω) tel que ∥u∥A ̸= 0. Alors
|u(x)|
Z
A dx ≤ 1.
Ω ∥u∥A
Théorème 1.5.5. Si A satisfait la condition ∆2 (avec A ∈ ∆2 ,0 si mes(Ω) = +∞), alors
K A (Ω) = LA (Ω).
Démonstration. On sait que K A (Ω) ⊂ LA (Ω).
u
Soit u ∈ LA (Ω), ∥u∥A ̸= 0. D’après le théorème 1.5.4, ω = ∥u∥ A
∈ K A (Ω). Comme K A (Ω) est un
espace vectoriel, alors ω · ∥u∥A = u ∈ K A (Ω). Ainsi, K A (Ω) ⊃ LA (Ω).
Dans l’environnement des espaces de Lebesgue, l’inégalité de Hölder classique est sous cette
forme Z
|u(x)v(x)| dx ≤ ∥u∥p · ∥v∥q
Ω
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avec p, q ∈ [1, +∞[ et p
+ q
= 1. Le théorème suivant fournit une inégalité analogue pour les
espaces d’Orlicz.
Théorème 1.5.6. Soit (A, Ã) un couple de N-Fonction, si u ∈ LA (Ω) et v ∈ Ã(Ω), alors
Z
|u(t)v(t)| dt ≤ ∥u∥A · ∥v∥Ã .
Ω
Nous allons maintenant introduire un autre type de convergence dans les espaces d’Orlicz.
Définition 1.6.1. Soient A une N-Fonction et (un )n∈N une suite de LA (Ω). On dit que (un ) converge
en module vers u si
Z
lim ρ(un − u; A) = lim A(|un (x) − u(x)|) dx = 0.
n→∞ n→∞ Ω
G
— la convergence dans L implique toujours la convergence en module.
— Si A ∈ ∆2 Alors la convergence en norme est equivalente à la convergence en module.