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THÈSE PRÉSENTÉE

POUR OBTENIR LE GRADE DE

DOCTEUR DE

L’UNIVERSITÉ DE BORDEAUX

ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES PHYSIQUES ET DE L’INGÉNIEUR

SPÉCIALITÉ : MÉCANIQUE

Par Tien Chinh MAI

EVALUATION NON DESTRUCTIVE DES MATERIAUX DE


CONSTRUCTION PAR TECHNIQUE
ELECTROMAGNETIQUE AUX FREQUENCES RADAR –
MODELISATION ET EXPERIMENTATION
EN LABORATOIRE

Soutenue le 10 Décembre 2015

Membres du jury :

M. BALAYSSAC Jean Paul Professeur, Université de Toulouse Président et Rapporteur


M. BRANCHERIAU Loïc Chercheur (HDR), CIRAD Montpellier Rapporteur
M. BREYSSE Denys Professeur, Université de Bordeaux Examinateur
M. TAKALI Mokhfi Maître de conférences, IUT d’Egletons Examinateur
M. BOS Frédéric Professeur, Université de Bordeaux Directeur de thèse
M. SBARTAÏ Zoubir Mehdi Maître de conférences, Université de Bordeaux Encadrant
M. DEMONTOUX François Maître de conférences (HDR), Université de Bordeaux Examinateur
REMERCIEMENTS

Cette étude a été réalisée au sein du département Génie Civil et Environnemental (GCE) de
l’Institut de Mécanique et d’Ingénierie (I2M) à l’Université de Bordeaux. Elle a été rendue
possible grâce au financement du Ministère de l'Éducation et de la Formation du Vietnam.

Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à monsieur le professeur Frédéric Bos, mon
directeur de thèse, pour son encadrement au cours de cette thèse. Je remercie vivement
monsieur Mehdi Sbartaï, mon codirecteur de thèse, pour m’avoir initié aux techniques non
destructives, notamment pour le radar. Il a bien encadré mes activités de recherche théoriques
et expérimentales. Il a également consacré beaucoup de temps pour organiser et mener des
réunions de travail, et pour corriger mon manuscrit.

Je tiens à remercier vivement monsieur François Demontoux, qui m’a donné l’occasion de
travailler sur les techniques de la sonde à effet de bout et de la cavité résonante.

Je tiens à remercier sincèrement monsieur Denys Breysse, professeur des universités et chef
de l’équipe I2M-GCE, qui m’a accueilli dans le laboratoire I2M-GCE. Il a consacré son temps
en participant à mon projet de recherche.

Je voudrais ensuite exprimer ma profonde reconnaissance aux membres du jury : le professeur


Jean-Paul Balayssac, le professeur Frédéric Bos, le professeur Denys Breysse, monsieur
François Demontoux, monsieur Loïc Brancheriau, monsieur Mokhfi Takali et monsieur
Mehdi Sbartaï, qui m’ont fait l’honneur d’accepter de constituer le jury de ma thèse.

Je remercie tous les doctorants et personnels que j’ai rencontré au sein de l’I2M-GCE.
L’ambiance sympathique qui règne au sein de ce laboratoire constitue indéniablement l’une
des clefs de l’aboutissement de ce travail.

Un grand merci à tous mes amis qui m’ont accompagné de près ou de loin. Je pense plus
particulièrement à Antoine, Ngoc Anh, Ngoc Tan, Caro, Duc Chinh, Ngoc Huyen, Hoai Nam,
Ngoc Tung, Dong Tien,… pour leur soutien et amitié inestimables.

Enfin je voudrais adresser toute ma gratitude à ma grande famille, et plus particulièrement à


mes parents et ma femme qui m’ont soutenu durant toutes mes longues années d’études.

Merci à tous !
Résumé
Les structures en béton armé ou en bois se dégradent sous des actions mécaniques et
climatiques. Les propriétés physiques et mécaniques de ces matériaux sont liées aux
conditions d'exposition et à leurs variations. L’évaluation non destructive de ces propriétés en
amont des dégradations est une nécessité pour les maîtres d'ouvrages afin de prédire la durée
de vie des structures dans un contexte de gestion durable du patrimoine bâti.
La présence d’eau dans les pores du béton est un facteur qui facilite la pénétration des agents
agressifs (dioxyde de carbone, chlorures, etc. responsables de l’initiation de pathologies
comme la corrosion des aciers). Pour le cas du matériau bois, les causes les plus fréquentes
des détériorations sont souvent d’origine biologiques (champignons et insectes). L’humidité
est également reconnue comme une des conditions les plus importantes pour le
développement de ces attaques. Il est donc nécessaire d’évaluer et de quantifier la variation
spatiale de l’humidité dans ces matériaux de construction pour limiter les actions de
réparation.
Le système radar (Ground Penetrating Radar, « GPR ») est un outil d’auscultation des
matériaux totalement non destructif, rapide, compact et sans contact. Cette technique est basée
sur la propagation des ondes électromagnétiques. Cette propagation est fortement liée à la
permittivité et la conductivité du matériau qui sont très sensibles aux variations de l’humidité.
L’objectif de cette thèse est double : d’une part, modéliser l’effet des variations de l’humidité
dans un matériau homogène, multi-couches ou avec gradient, et d’autre part, de quantifier
expérimentalement l’effet d’un gradient d’humidité sur le béton et celui de l’anisotropie sur le
bois. Pour cela, un modèle analytique a été développé en se basant sur la notion des lois de
mélange (ajustées sur des mesures expérimentales de la permittivité en prenant en compte
l’effet de la dispersion fréquentielle) et sur la propagation d’une onde plane. Une simulation
numérique a permis d’apprécier l’effet d’un gradient et d’un milieu anisotropique sur la
vitesse de propagation des ondes radar. La phase expérimentale a été effectuée sur un
matériau modèle homogène et isotrope comme le sable pour comparer les différentes
méthodes de mesure de la vitesse de l’onde directe. Une analyse fréquentielle de l’atténuation
a été également étudiée pour évaluer la dispersion de l’atténuation dans un milieu considéré
comme homogène. La deuxième partie de l’expérimentation a consisté à suivre par mesures
radar le séchage d’une dalle en béton instrumentée par capteurs d’humidité. Enfin, une
campagne expérimentale sur des échantillons en bois de deux essences (Pin et Epicéa) soumis
à des humidités variables entre 0 et 50% a été menée.
La phase de modélisation et de simulation a montré que la dispersion fréquentielle est
significative seulement dans le cas d’un béton humide à forte salinité et que l’anisotropie et le
gradient ont un effet significatif sur la propagation. La phase expérimentale a montré que dans
le cas d’un matériau homogène, la vitesse est indépendante de la distance émetteur-récepteur,
et qu’elle est variable dans le cas d’un béton soumis à un gradient d’humidité. Enfin, les
essais sur le bois montrent que la partie réelle de sa permittivité est croissante en fonction de
l’humidité. Le contraste de permittivité entre direction longitudinale et transversale
(tangentielle ou radiale) est négligeable à l’état sec du matériau et commence à être
significatif à partir de la saturation des fibres. Cela permet de privilégier la direction
longitudinale à la direction transversale pour évaluer l’humidité des structures en bois.

Mots clés : Contrôle non destructif, radar, GPR, onde électromagnétique, propagation,
béton, bois, onde directe, teneur en eau, amplitude, vitesse, atténuation, permittivité,
dispersion, technique WARR, technique FO, FDTD, modélisation, lois de mélange.
Abstract
The reinforced concrete or the timber structures are degraded under mechanical and climatic
actions. Physical and mechanical properties of these materials are linked to outdoor exposure
conditions and their variations. The early non-destructive evaluation of these properties before
the initiation of degradations is a need for masters of structures in order to predict the service
life of the structures in a context of sustainable management of the built heritage.
The presence of water in the pores of the concrete is a factor which facilitates the penetration
of aggressive agents (carbon dioxide, chlorides, etc. responsible of the initiation of
pathologies such as steel corrosion). In the case of wood material, the most common causes of
damage are often of biological origin (fungi and insects). Moisture is also recognized as one
of the most important conditions for the development of these attacks. It is therefore
necessary to evaluate and quantify the spatial variation of the humidity in the building
materials to limit repair actions.
The GPR system (Ground Penetrating Radar) is an auscultation tool of materials which is
completely non-destructive, fast, compact, and contactless. This technique is based on the
propagation of electromagnetic waves. This propagation is strongly linked to the permittivity
and the conductivity of the material that are highly sensitive to changes in humidity.
The objective of this thesis is twofold: first, modelling the effect of moisture variation in a
homogeneous material, multi-layers or with gradient, and secondly, to experimentally
quantify the effect of a moisture gradient on the concrete and the effect of the anisotropy (case
of wood material). An analytical model has been developed based on the concept of mixing
laws (Fitted on experimental measurements of the permittivity by taking into account the
effect of the frequency dispersion) and the propagation of a plane wave. A numerical
simulation was used to assess the effects of a gradient and the effect of an anisotropic medium
on the propagation velocity of the radar waves. The experimental phase was performed on a
homogeneous and isotropic model material such as sand to compare different measurement
methods of the velocity of the direct wave. A frequency analysis of the attenuation was also
examined to evaluate the dispersion of the attenuation in a considered homogeneous medium.
The second part of the experiment was to monitor, by radar measurements, the drying of a
concrete slab instrumented by humidity sensors. Finally, an experimental campaign on
samples of two species of wood (Pine and Spruce) with different moisture content between 0
and 50% was conducted.
The modelling and simulations phase has shown that the frequency dispersion is significant
only in the case of wet concrete with a high salinity content. The anisotropy and the gradient
have a significant effect on the spread. The experimental phase showed that in the case of a
homogeneous material, the speed is independent of the offset (distance between transmitter
and receiver), and it varies in the case of concrete with a moisture gradient. Finally, tests on
the timber indicate that the real part of its permittivity increases as a function of moisture. The
contrast between longitudinal and transverse direction (tangential or radial) is negligible in the
dry state of the material and begins to be very significant from the fiber saturation point. It
indicates that the longitudinal direction, instead of the transverse direction, is more convenient
to measure the moisture of wood structures.

Keywords : Non-destructive testing , radar, GPR , electromagnetic wave propagation ,


concrete, wood, direct wave, water content, amplitude, velocity, attenuation, permittivity,
dispersion , WARR, Fixed Offset, FDTD, modelling, mixing laws.

Unité de recherche
Institut de Mécanique et d’Ingénierie (I2M) – département GCE, Université de Bordeaux,
CNRS , INRA, 351 Cours de Libération, 33400 Talence
Liste des publications

Tien Chinh Maï, Stephen Razafindratsima, Zoubir Mehdi Sbartaï, François Demontoux,
Frédéric Bos. "Non Destructive Evaluation of Moisture Content of Wood Material at GPR
frequency". Construction and Building Materials, Volume 77, 15 February 2015.

Grimes M., Maï Tien.Chinh., Sbartaï Z.M., Waveforms estimation of Ground-Penetration


Radar for NDT of concrete structures. Near Surface Geophysics, Berlin, accepted, September
2015.

Maï T.C., Sbartaï Z.M., Bos F., Non-Destructive Evaluation of Wood Moisture Content Using
GPR Technique – Effect of Fiber Derection and Wood Type. International Symposium Non-
Destructive Testing in Civil Engineering (NDT-CE), Berlin, Allemagne, 15-17 septembre,
Poster, 2015.

Maï T.C, Sbartaï ZM, Razafindratsima S, Demontoux F, Bos F. Non Destructive Evaluation
of Timber Structures Using GPR technique. GPR 2014, 1-4 July 2014, Brussels, Belgium.

Maï T.C, Sbartaï ZM, Demontoux F, Bos F, Développement d’un outil d’évaluation non
destructive des bétons par ondes EM – Simulations numériques et expérimentations. Congrès
Diagnobéton, 18-20 Mars 2014, Toulouse.
Sommaire

SOMMAIRE .............................................................................................................................. 1
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 12
CHAPITRE 1 ETAT DE L’ART ............................................................................................... 14
I.1 La technique radar ....................................................................................................... 14
I.1.1 Principe, historique et applications ...................................................................... 14
I.1.2 Application à la caractérisation physique du milieu de propagation ................... 17
I.1.3 Onde directe et utilisation potentielle pour la caractérisation de matériau .......... 20
I.2 Définition des propriétés EM des matériaux ............................................................... 25
I.2.1 Milieu conducteur, courant de conduction ........................................................... 25
I.2.2 Milieu diélectrique, permittivité diélectrique, courant de déplacement ............... 25
I.2.3 Le phénomène de polarisation ............................................................................. 27
I.2.4 Milieu diélectrique à perte ................................................................................... 29
I.2.5 Phénomène de relaxation ..................................................................................... 30
I.2.6 Conductivité, densité totale de courant, conductivité effective complexe,
permittivité effective complexe .................................................................................... 30
I.2.7 Perméabilité magnétique ...................................................................................... 32
I.2.8 Propriétés EM du béton........................................................................................ 32
I.3 Notions de propagation des ondes électromagnétiques aux fréquences Radar ........... 38
I.3.1 Les équations de Maxwell .................................................................................... 39
I.3.2 Équation de propagation des ondes EM ............................................................... 40
I.3.3 Ondes électromagnétiques planes ........................................................................ 41
I.3.4 Propagation d’onde dans les milieux hétérogènes ............................................... 43
I.3.5 Réflexion et transmission des ondes EM ............................................................. 43
I.3.6 Émission d’une onde EM par une antenne couplée au matériau ......................... 44
I.3.7 Simulation de la propagation des ondes EM dans le béton .................................. 45
Conclusion......................................................................................................................... 50
CHAPITRE 2. MODÉLISATION DE LA PROPAGATION RADAR EN TRANSMISSION DIRECTE – EFFET
DES PROPRIÉTÉS DES BÉTONS, DE LA DISPERSION FRÉQUENTIELLE ET DES GRADIENTS DE

PERMITTIVITÉ ............................................................................................................................ 52

II.1 Préambule ................................................................................................................... 52


II.2 Modélisation analytique de la propagation en transmission directe ........................... 52
II.2.1 Schéma du programme de calcul du modèle ...................................................... 52

1
II.2.2 Ajustement d’un modèle de permittivité par mesures expérimentales ............... 53
II.2.3 Résultats du modèle analytique de la propagation d’onde en transmission directe
...................................................................................................................................... 57
II.2.4 Comparaison avec un modèle numérique sans prise en compte de la dispersion
(permittivité constante en fonction de la fréquence) .................................................... 61
II.2.5 Etude paramétrique – analyse de l’effet de la saturation et de la salinité sur le
signal radar ................................................................................................................... 62
II.2.6 Prise en compte de l’effet de la dispersion fréquentielle .................................... 64
II.3 Etude paramétrique – analyse de l’effet de la saturation et de la salinité sur les
paramètres du signal radar dans le domaine temporel et fréquentiel ....................................... 68
II.3.1 Domaine temporel : Atténuation et vitesse ......................................................... 68
II.3.2 Domaine fréquentiel : Amplitude, atténuation et fréquence centrale ................. 71
II.4 Modélisation et simulation 2D de la propagation des ondes radar dans le béton par
méthode numérique FDTD – Compréhension de l’effet de l’anisotropie et des gradients de
permittivité sur l’onde directe .................................................................................................. 77
II.4.1 Objectif ............................................................................................................... 77
II.4.2 Méthode FDTD-2D............................................................................................. 77
II.4.3 Modèles de calculs pour simuler la propagation dans un milieu homogène
isotrope ......................................................................................................................... 78
II.4.4 Propagation dans un milieu anisotrope (simulation de la propagation dans le
bois) .............................................................................................................................. 82
II.4.5. Propagation d’onde dans un milieu avec un gradient de permittivité................ 85
Conclusions ....................................................................................................................... 89
CHAPITRE 3 CAMPAGNE EXPÉRIMENTALE – EFFET DES GRADIENTS D’HUMIDITÉ SUR LA
MESURE RADAR ..................................................................................................................... 91

III.1 Objectifs .................................................................................................................... 91


III.2 Campagne expérimentale sur un matériau modèle de permittivité équivalente au
béton (le sable) ......................................................................................................................... 91
III.2.1 Détails expérimentaux ....................................................................................... 91
III.2.2 Résultats expérimentaux.................................................................................... 93
III.3 Campagne expérimentale sur le béton .................................................................... 102
III.3.1 Objectifs .......................................................................................................... 102
III.3.2 Plan expérimental ............................................................................................ 102
III.3.3 Mesure radar .................................................................................................... 105
III.3.4 Analyse des résultats expérimentaux............................................................... 106

2
Conclusions ..................................................................................................................... 117
CHAPITRE 4 APPLICATION DE LA TECHNIQUE RADAR À L’ÉVALUATION DE L’HUMIDITÉ DES
BOIS – ÉTUDE DE L’EFFET DE L’ESSENCE ET DE L’ORIENTATION DES FIBRES........................ 119

INTRODUCTION .................................................................................................................... 119


IV.1 Application de la technique RADAR à l’évalution de l’humidité du bois ............. 119
IV.1.2 Expérimentation .............................................................................................. 120
IV.1.3 Détermination de la vitesse de propagation des ondes radar dans le bois....... 125
IV.1.4 Résultats des mesures radar sur les échantillons en bois ................................ 130
IV.1.5 Evaluation de la permittivité par mesure de la vitesse de l’onde directe (en
surface) ....................................................................................................................... 138
IV.2 Étude comparative entre la technique RADAR (GPR) et la méthode micro-ondes par
faible perturbation WPM (Weak Pertubation Methode) ........................................................ 140
IV.2.1 Introduction ..................................................................................................... 140
IV.2.2 Expérimentation .............................................................................................. 141
IV.2.3 Résultats des mesures par cavité résonante ..................................................... 142
IV.2.4 Comparaison entre MFP (1,26 GHz) et méthode Radar (1,5 GHz) ................ 146
Conclusions ..................................................................................................................... 148
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES ......................................................................................... 150
RÉFÉRENCES ....................................................................................................................... 154
ANNEXES ............................................................................................................................ 162

3
Liste des figures

Figure I.1 Principe simplifié de l’auscultation d’un tablier de pont par radar 16

Figure I.2 Radiation de l’énergie par une antenne proche à l’interface air-matériau 20

Figure I.3 Les fronts d’ondes d’une source de radiation EM (Annan 1973) 21

Figure I.4 Polarisation électronique et macroscopique 26

Figure I.5 Les différents types de polarisation (Auriault 1983) 28

Figure I.6 : Représentation schématique des phénomènes de polarisation 29

Figure I.7 Influence de la saturation en eau sur la permittivité à 1 GHz (Robert 1996) 34

Figure I.8 Influence de la teneur en eau sur la constante diélectrique et la conductivité 34


de différents types de béton à 500 MHz (Soutsos et al 2001)

Figure I.9 Constante diélectrique, facteur de perte et conductivité d’un béton en fonction 35
de son état de saturation (Rhim et Büyüköztürk 1998)

Figure I.10 Effet du degré de saturation du béton sur la constante diélectrique et sur la 36
conductivité en fonction de la fréquence (Soutsos et al 2001)

Figure I.11 Constante diélectrique d’un béton saturé en fonction de sa teneur en sel et de 36
la fréquence (Robert 1998)

Figure I.12 Représentation schématique d’une onde EM se propageant dans le vide 39


(mode TEM)

Figure I.13 Réflexion et transmission d’onde EM plane polarisé  au plan d’incidence 44

Figure I.14 Diagramme de rayonnement d’un dipôle court placé sur un milieu 45
diélectrique de constante diélectrique égale à 4(~béton sec) et 12(~béton saturé),
(Millard et al 2002)

Figure I.15 Schéma de position des composantes du champ EM dans un cube i, j, k 48

Figure II.1 Schéma du programme de la simulation analytique de la propagation 53

Figure II.2 Analyseur de réseaux 54

Figure II.3 Sonde à effet de bout 54

Figure II.4 Permittivité en fonction de la fréquence (à gauche partie réelle, à droite 55


partie imaginaire)

Figure II.5 Permittivité en fonction de la fréquence (à gauche partie réelle, à droite 56


partie imaginaire) mesurée et calculée par modèle CRIM – Cole-Cole en prenant en
compte le volume de l’eau lié

Figure II.6 Permittivité mesurée et modélisée (CRIM , De Loor et Maxwell Garnett) 57

4
Figure II.7 Coefficient d’atténuation (à gauche) et coefficient de phase (à droite) en 58
fonction de la fréquence

Figure II.8 Vitesse de phase en fonction de la fréquence pour des humidités variables 58

Figure II.9 Comparaison des signaux dans le domaine temporel (à gauche) et fréquentiel 59
(à droite) dans le cas des permittivités évaluées par la mesure, par le modèle CRIM-
Debye, et par le modèle CRIM – Cole-Cole

Figure II.10 Simulation analytique de la propagation des ondes EM à plusieurs 60


distances, fréquence centrale 1,5 GHz

Figure II.11 Atténuation de l’amplitude du signal en fonction de la distance 60

Figure II.12 Comparaison de la courbe amplitude-distance entre simulation analytique 61


et numérique

Figure II.13 Effet de la distance et de la salinité sur les signaux par la simulation 63
analytique pour une saturation en eau égale à 30%

Figure II.14 Effet de la saturation et la salinité sur les signaux radar pour une distance 63
constante de 10cm

Figure II.15 Description des modèles de permittivité dépendants et indépendants de la 64


fréquence utilisés dans la simulation de la propagation du signal radar par la méthode
analytique

Figure II.16 Effet de la dispersion pour une saturation de 30% et une salinité de 10 g/l 65

Figure II.17 Effet de la dispersion pour une saturation de 70% et une salinité de 10 g/l 66

Figure II.18 Effet de la dispersion pour une saturation de 100% et une salinité de 10 g/l 66

Figure II.19 Effet de la dispersion pour une saturation de 70% et une salinité de 50 g/l 67

Figure II.20 Effet de la dispersion pour une saturation de 70% et une salinité de 100 g/l 67

Figure II.21 Comparaison de l’effet de la dispersion de pour une saturation de 70% et 68


une salinité de 100 g/l à la distance 10 et 20 cm

Figure II.22 Effet de la saturation sur l’atténuation pour des salinités variables 69

Figure II.23 Effet de la salinité sur l’atténuation pour des saturations variables 69

Figure II.24 Effet de la saturation sur la vitesse pour des salinités variables 70

Figure II.25 Relation entre vitesse et salinité pour des saturations variables 70

Figure II.26 Amplitude spectrale en fonction de la fréquence d’un béton de 14% de 72


porosité, 10g/l de salinité, 15cm de distance de propagation et pour des saturations
variables

Figure II.27 Amplitude spectrale en fonction de la fréquence d’un béton de 14% de 72


porosité, 50g/l de salinité, offste 15 cm et pour des saturations variables

5
Figure II.28 Variation de la fréquence centrale en fonction de la distance de propagation 73
d’un béton de 14% de porosité, 10g /l de salinité et des saturations variables

Figure II.29 Variation de la fréquence centrale en fonction de la distance de propagation 73


d’un béton de 14% de porosité, 50g /l de salinité et des saturations variables

Figure II.30 Atténuation en fonction de la fréquence pour des salinités variable à une 74
saturation de 20%

Figure II.31 Atténuation en fonction de la fréquence pour des salinités variable à une 75
saturation de 50%

Figure II.32 Atténuation en fonction de la fréquence pour des salinités variable à une 75
saturation de 100%

Figure II.33 Atténuation en fonction de la saturation aux fréquences variables (salinité = 76


10g/l à gauche et 30 g/l à droite)

Figure II.34 Pente de la courbe de dispersion de l’atténuation pour différentes 76


saturations

Figure II.35 Schéma de calcul du modèle numérique de propagation radar par méthode 78
FDTD implémentée sous GprMax2D

Figure II.36 Le modèle et les images instantanées du champ électrique normalisé dans 79
un demi-espace du modèle FDTD pour trois valeurs de la permittivité relative à l’instant
de 1,75ns.

Figure II.37 Apparition des fronts d’ondes au cours de la propagation à l’interface de 80


deux milieux (air/diélectrique)

Figure II.38 Technique WARR pour déterminer la vitesse de l’onde directe dans le 81
béton et dans l’air pour un béton ’r = 4

Figure II.39 Technique WARR pour déterminer la vitesse de l’onde directe dans le 81
béton et dans l’air pour un béton ’r = 6

Figure II.40 Vitesse de l’onde dans l’air et de l’onde directe par la méthode WARR 82

Figure II.41 Configuration de la simulation de la propagation dans un matériau 83


anisotrope (à gauche) et des deux polarisations du champ électrique (à droite)

Figure II.42 Signaux enregistrés à la distance de 20 cm et 30 cm avec la configuration 84


parallèle de l’antenne

Figure II.43 Signaux enregistrés à la distance de 20 cm et 30 cm avec la configuration 84


perpendiculaire de l’antenne

Figure II.44 Schémas des deux modèles de gradients simulés 85

Figure II.45 Signaux obtenus sur le béton avec gradient de permittivité par la technique 86
WARR (gradient 1, épaisseur du gradient = 10 cm)

6
Figure II.46 Image instantanée (snapshot) du champ électrique dans l’espace de 87
simulation (l’épaisseur du gradient est de 10cm) à l’instant de 1,75ns après le début de
la propagation

Figure II.47 Vitesse OD (à gauche) et constante diélectrique (à droite) en fonction de 88


l’épaisseur de la couche du gradient 1, fréquence de 1,5 GHz

Figure II.48 Vitesse OD (à gauche) et constante diélectrique (à droite) en fonction de 88


l’épaisseur de la couche du gradient 2, fréquence de 1,5 GHz

Figure II.49 Vitesse OD (à gauche) et constante diélectrique (à droite) en fonction de 89


l’épaisseur de la couche du gradient 2, fréquence de 2,6 GHz

Figure III.1 Mesure par une antenne dans l’air (à gauche) et sur le sable (à droite) 92

Figure III.2 Mesure par technique WARR dans l’air (à gauche) et sur le sable (à droite) 92

Figure III.3 Signaux enregistrés par la technique WARR sur l’échantillon 1 W=3,66% 93

Figure III.4 Vitesse de l’onde dans l’air et de l’onde directe par la méthode de 93
régression

Figure III.5 Comparaison de la vitesse déterminée par la technique WARR et FO pour 95


trois échantillons

Figure III.6 Vitesse de l’ORS mesurée par la méthode FO en fonction de teneur en eau 95
pour le sable homogène

Figure III.7 Amplitude de l'onde directe en fonction de la distance entre l’émetteur et le 96


récepteur

Figure III.8 Spectre du signal direct dans le sable à la distance 30 cm entre l’émetteur et 97
le récepteur pour trois humidités (3,66, 9,5 et 15,25%)

Figure III.9 Rapport de spectre pour différents offsets (20 à 32cm) en fonction de la 97
fréquence pour l’échantillon 1- W1=3,66%

Figure III.10 Rapport de spectre pour différents offsets (20 à 32cm) en fonction de la 98
fréquence pour l’échantillon 2- W2=9,50%

Figure III.11 Atténuation en fonction de la fréquence à la distance de 30cm pour des 99


humidités

Figure III.12 Atténuation en fonction de la teneur en eau massique pour des fréquences 99
variables

Figure III.13 Suivi de l’échantillon de sable humide en cours de séchage 100

Figure III.14 Comparaison de la vitesse de l’onde directe mesurée par la méthode 101
WARR et FO (16 cm) au cours du séchage du sable

Figure III.15 Vitesse de l’onde directe mesurée par la méthode FO au cours du séchage 101
du sable (gradient variable)

7
Figure III.16 Vitesse de l’onde directe mesurée par la méthode FO en fonction de teneur 101
en eau pour le sable homogène

Figure III.17 Dispositif expérimental : dalle instrumentée, système de chauffage, et 103


mesure radar

Figure III.18 Variation de la masse en fonction du temps de séchage 104

Figure III.19 Variation du voltage de sortie des capteurs en fonction du temps de 104
séchage

Figure III.20 Signal enregistré par une antenne 1,5 GHz (à gauche) et 2,6 GHz (à droite) 105
sur le béton saturé

Figure III.21 Signaux enregistrés en WARR sur le béton avec un couple d’antennes 1,5 106
GHz à gauche et un couple d’antennes 2,6 GHz à droite.

Figure III.22 Variation de la masse et de la vitesse WARR en fonction du temps de 106


séchage

Figure III.23 Vitesse WARR en fonction de la masse au cours du séchage 107

Figure III.24 Vitesse de l’onde réfléchie en fonction du temps de séchage dans le cas 108
des mesures par une antenne

Figure III.25 Vitesse de l’onde réfléchie en fonction de la masse d’échantillon en cours 108
du séchage dans le cas des mesures par une antenne

Figure III.26 Amplitude en fonction du temps de séchage dans le cas de mesure par une 109
antenne

Figure III.27 Comparaison des vitesses déterminées par les techniques FO, WARR au 109
cours du séchage

Figure III.28 Relation de la vitesse de l’OD à la masse d’eau perdue au cours du 110
séchage - Comparaison des vitesses déterminées par les techniques FO, WARR

Figure III.29 Vitesse FO en fonction de l’offset pour des différentes masses en eau 111
évaporées

Figure III.30 Relation vitesse masse d’eau évaporée pour les techniques FO, WARR de 111
l’OD et réflexion (antenne 1.5 et 2.6 GHz)

Figure III.31 Amplitude de l’OD en fonction de la masse de l’échantillon au cours du 112


séchage pour des offsets variables

Figure III.32 Spectre du signal direct dans le béton (offset 17 cm) au cours du séchage 113

Figure III.33 Atténuation en fonction de la fréquence (offset 17 cm) pour des humidités 114
variables

Figure III.34 Atténuation en fonction de la masse de l’échantillon au cours du séchage 114


pour des fréquences variables

8
Figure III.35 Atténuation en fonction de la fréquence (offset 17 cm) pour des humidités 115
variables

Figure III.36 Amplitude en fonction de la distance pour la mesure et l’ajustement par le 117
modèle pour un béton saturé

Figure IV.1 Expérimentation en laboratoire 120

Figure IV.2 Les deux groupes d’échantillons étudiés 121

Figure IV.3 Schéma de la mesure radar, sens de propagation des ondes, et direction du 122
champ E perpendiculaire aux fibres (configuration 1)

Figure IV.4 Schéma de la mesure radar et direction du champ E (configuration 2, 5 et 6) 122

Figure IV.5 Le processus d’absorption de l’humidité des échantillons 123

Figure IV.6 La courbe d’absorption de l’humidité des échantillons 125

Figure IV.7 Le signal typique enregistré sur un échantillon en bois d’épicéa sur la 127
surface 1, dans la direction longitudinale, à l’humidité W7 = 35.94%

Figure IV.8 Les signaux enregistrés lors de la mesure sur la surface S1 ou S2 (l’onde 128
directe et l’onde réfléchie sont mélangées)

Figure IV.9 Les signaux enregistrés dans l’air aux distances différentes 128

Figure IV.10 L’effet du type de bois sur le signal radar mesuré à l’humidité W2=11.7% 130

Figure IV.11 L’effet de la direction du champ électrique par rapport aux fibres sur le 131
signal radar pour un échantillon d’épicéa E

Figure IV.12 Effet de l’humidité sur le signal radar pour le bois d’épicéa 131

Figure IV.13 Effet de l’humidité, de la direction du champ électrique par rapport aux 133
fibres sur la constante diélectrique pour l’épicéa (côté gauche) et le pin (côté droit)

Figure IV.14 Comparaison entre la constante diélectrique Épicéa mesurée par radar et 134
celle du sapin Douglas mesure par James et al dans les directions L, T, R

Figure IV.15 Effet de l’eau lié et l’eau libre sur la constante diélectrique de l’Epicéa et 135
le Pin

Figure IV.16 Effet de l’eau lié et l’eau libre sur la constante diélectrique pour le Pin 135

Figure IV.17 Effet de l’humidité, de la direction du champ électrique par rapport aux 136
fibres et du type de bois sur la partie réelle de la permittivité mesuré par GPR 1.5GHz

Figure IV.18 Masse d’eau (g) en fonction de la teneur en eau massique (%) 136

Figure IV.19 Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau volumique dans les 137
trois directions principales (a – Longitudinal, b – Transversal, c – Radial)

Figure IV.20 Mesure en bi-statique en configuration WARR sur un échantillon en bois à 138

9
1,5 GHz

Figure IV.21 Mesure de la vitesse de l’onde directe en WARR, représentation des 139
signaux en fonction de la distance émetteur-récepteur

Figure IV.22 Mesure de la constante diélectrique avec différentes méthodes (Onde 140
directe en FO et en WARR, onde réfléchie en FO) pour l’Epicéa et le Pin

Figure IV.23 Permittivité réelle 𝜺′𝒓 en fonction de la teneur en eau massique (a), 𝜺′′
𝒓 vs. 143
teneur en eau massique (b) pour l’Epicéa pour E orienté perpendiculairement et
parallèlement à la direction des fibres

Figure IV.24 Permittivité réelle 𝜺′𝒓 en fonction de la teneur en eau massique (a), 𝜺′′
𝒓 vs. 144
teneur en eau massique (b) pour le Pin pour E orienté perpendiculairement et
parallèlement à la direction des fibres

Figure IV.25 𝜺′𝒓 et 𝜺′′


𝒓 en fonction de la teneur en eau pour l’Epicéa et Pin pour E 145
orienté perpendiculairement aux fibres

Figure IV.26 𝜺′𝒓 et 𝜺′′𝒓 en fonction de la teneur en eau pour l’Epicéa et Pin pour E 146
orienté parallèlement aux fibres

Figure IV.27a Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour le 147
Pin dans le cas E orienté perpendiculairement aux directions des fibres-Comparaison
entre MFP (Pin 1, Pin 2, Pin 3-MFP) et radar (Pin-GPR)

Figure IV.27b Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour le 147
Pin dans le cas E orienté parallèlement aux directions des fibres – Comparaison entre
MFP (Pin 1, Pin 2, Pin 3-MFP) et radar (Pin-GPR)

Figure IV.28a Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour 148
l’Epicéa dans le cas E orienté perpendiculairement aux directions des fibres-
Comparaison entre MFP (Pin 1, Pin 2, Pin 3-MFP) et radar (Pin-GPR)

Figure IV.28b Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour 148
l’Epicéa dans le cas E orienté perpendiculairement et parallèlement aux directions des
fibres – Comparaison entre MFP (Pin 1, Pin 2, Pin 3-MFP) et radar (Pin-GPR)

10
Liste des tableaux

Tableau I.1 Formules obtenues dans le cadre de la théorie du milieu effectif, pour un 38
mélange à deux phases

Tableau II.1 Valeurs de alpha, R2 et vitesse calculées par modèle analytique et 62


numérique

Tableau II.2 Paramètres physiques et diélectriques du béton utilisés dans la simulation 62


analytique

Tableau II.3 Comparaison de la vitesse déterminée par les différentes techniques 82

Tableau II.4 Vitesses mesurées dans deux polarisations 83

Tableau III.1 Teneur en eau massique de trois échantillons 91

Tableau III.2 Vitesse et constante diélectrique déterminée par la technique WARR et 94


FO

Tableau III.3 Comparaison entre mesure et simulation de l’atténuation dans un béton 117

Tableau IV.1 Les paramètres géométriques et physiques des échantillons E1, P4 122

Tableau IV.2 Les paramètres géométriques et physiques des échantillons étudiés 123

Tableau IV.3 Les humidités suivies à la première étape 124

Tableau IV.4 Les humidités suivies à la deuxième étape 124

Tableau IV.5 Les résultats de la vitesse mesurée dans l’air 129

Tableau IV.6 Constante diélectrique mesurée aux humidités étudiées pour l’épicéa 132

Tableau IV.7 Constante diélectrique mesurée aux humidités étudiées pour le pin 132

Tableau IV.8 Effet de l’humidité et de la direction des fibres sur les propriétés 133
diélectriques pour le bois du Sapin Douglas à la fréquence 8.53 GHz (Torgovnikov
1990)

Tableau IV.9 Constante diélectrique dans deux directions principales longitudinale et 135
transversale

11
Introduction

Le patrimoine national est vieillissant et nécessite de plus en plus des interventions de


maintenance et de réparation. Ce constat montre qu’il est urgent de mettre en place des
méthodologies d’évaluation des matériaux de construction de façon non destructive,
préventive et efficace. Ainsi, le but ici est d’évaluer des indicateurs de durée de vie ou de
performance afin de pouvoir déclencher des alarmes et optimiser ainsi le processus de
maintenance des structures. Nous nous intéressons dans cette thèse à deux types de matériaux
de construction, le premier est le béton (matériau le plus utilisé) et le bois dont son utilisation
est grandissante dans le domaine de l’éco-constructions pour le développement durable.
Concernant les indicateurs, nous traiterons ceux de la durée de vie et en particulier la teneur
eau catalyseur commun de la plupart des pathologies dans les matériaux de construction
comme le béton (corrosion, réaction alkali-granulats, gel-dégel, etc.) et le bois (attaque par
des champignons, des insectes, etc.). Une évaluation en amont de cet indicateur est donc
importante pour une meilleure préservation de notre patrimoine bâti.
Dans ce contexte, plusieurs méthodes non destructives ont été développées pour détecter ou
quantifier l’humidité. On peut citer la résistivité électrique ou l’humidimètre pour le béton, le
pin test pour le bois. La difficulté de l’utilisation de ces techniques est leur faible rendement.
En effet, la mesure est jusqu’à aujourd’hui ponctuel, avec contact, et non automatisé.
Cependant, depuis quelques années, des nouveaux systèmes de détection ont vus le jour
comme la technique Radar issue de la géophysique. Cette technique développée pour la
détection d’objets enfouis, a l’avantage d’ausculter de larges surfaces dans un temps
relativement réduit. Le système est léger, compacte et le capteur (composé d’antennes
dipolaires) peut se poser et se déplacer sur la surface du matériau sans nécessité un couplant.
Dans certains cas (auscultation des chaussées par exemple), il est possible d’effectuer des
mesures sans contact en utilisant des antennes de type cornet couplées à l’air.
L’utilisation du radar en génie civil est apparue dans les années 70 et depuis le développement
d’antennes de très hautes fréquences (avoisinant le 1 GHz) de nouvelles applications sur les
structures en béton ont été mises en œuvre sur des ponts dans les années 90. Ces applications
ont montrées des capacités intéressantes à la détection d’armatures et câbles de précontraintes
par exemple et les mesures d’épaisseurs comme les dalles et murs. Cependant, cette méthode
a montrée quelques limites notamment l’auscultation des fortes profondeurs dans un milieu de
forte propriétés diélectriques (cas par exemple des bétons humides ou présence de chlorures).
Cet inconvénient a permis de détourner l’application du radar vers la caractérisation des
milieux comme la détection de l’humidité et la salinité dans les sols et depuis 2000 des études
ont été menées sur l’application du radar à la caractérisation de l’humidité et des chlorures
dans les bétons. Pour le cas du matériau bois très peu d’études ont été recensé. On peut citer
quelques études australiennes sur la détection de défauts dans les ponts et italiennes sur la
détection des éléments dans des planchers en bois et enfin récemment espagnoles sur l’effet
de la direction des fibres.
La lecture bibliographique sur l’application du système radar à l’évaluation de l’humidité des
bétons a montré que:
La partie de l’énergie qui se propage en surface appelée onde directe permet une
caractérisation sans la nécessité d’un réflecteur ni l’accès à deux faces. Elle est donc très
intéressante pour les mesures in situ pour l’auscultation des tabliers de pont par exemple. La
vitesse de propagation et l’atténuation de cette onde directe sont sensibles à l’humidité et la
fréquence centrale du signal reçu est décalée vers les basses fréquences à cause de la forte
atténuation des hautes fréquences. Cependant, ces conclusions sont valables pour une
répartition homogène de l’humidité dans le matériau. Les mesures des vitesses sont

12
généralement effectuées par la méthode des offsets variables et très peu d’études ne traitent
les mesures par offset fixe utilisée en géophysique et qui permet un gain de temps important.
Enfin, la modélisation de l’effet de l’humidité sur les signaux a été très peu abordée bien que
des simulations ont montrées l’effet de la permittivité sur la vitesse et l’atténuation des
signaux radar. De plus ces simulations ne prennent pas en compte les gradients de propriétés.
Pour le cas du matériau bois, l’ensemble des études traitent de l’application de la méthode
micro-onde qui est généralement appliquée pour le tri des planches et ne permet pas une
application directe sur les structures en bois. L’application du radar à une fréquence de 1 à 3
GHz est récente et très peu d’études existent. Dans ce domaine, il a été montré que la
permittivité mesurée par radar est différente selon le sens des fibres. Cette étude mérite d’être
poursuivie et étendue pour des essences et humidités variables.
Les résultats de cette thèse sont issus d’études basées sur une large étude bibliographique sur
les propriétés diélectriques du béton et du bois, sur la propagation des signaux radar et sur
leur sensibilité à l’humidité. L’objectif de cette thèse est de montrer l’effet de l’humidité dans
le cas d’un gradient ou d’un matériau anisotropique comme le bois et de tenter de modéliser
ces effets. Le plan de cette thèse est présenté ci-après :
Le chapitre I est consacré à l’état de l’art, il décrit le principe physique et applications de la
technique radar. Les propriétés diélectriques sont définies ainsi que les méthodes de mesures
et de modélisation analytique. La méthode de simulation numérique de la propagation dans le
cas 1D et 2D est détaillée et quelques études sont présentées. A la fin de ce chapitre, une
conclusion présente les limites des études entreprises sur cette thématique.
Le chapitre 2 traite essentiellement de la modélisation de l’effet de l’humidité des bétons sur
la permittivité et les signaux radar. Tout d’abord, la relation entre permittivité et humidité est
modélisée par des lois analytiques dans les fréquences 0.1 à 3 GHz. Quelques mesures ont été
effectuées pour calibrer ce modèle. Ensuite, ce modèle a été utilisé comme entrée d’un
modèle analytique de propagation basé sur la solution de l’équation d’onde plane ainsi que
dans un modèle numérique en utilisant la méthode FDTD (Finite Difference Time Domain)
1D. L’extension du modèle numérique au cas 2D a permis d’étudier l’effet d’un gradient de
permittivité et celui d’un milieu à permittivité à couches dans les deux plans de polarisation
pour simuler les effets de l’orientation des fibres.
Dans le chapitre 3, des expériences ont été menées sur un matériau modèle homogène et
isotrope (sable) pour comparer les différentes méthodes de mesure de la vitesse de l’onde
directe. Une analyse fréquentielle de l’atténuation a été également effectuée pour étudier la
dispersion de l’atténuation dans un milieu considéré comme homogène. La deuxième partie
de ce chapitre a consisté à suivre par mesures radar le séchage d’une dalle en béton
instrumentée par capteurs d’humidité.
Le chapitre 4 est également un chapitre expérimental mais consacré au matériau bois. Dans ce
chapitre une campagne expérimentale a été menée sur des échantillons en bois de deux
essences et d’humidité variables entre 0 et 50%. Des mesures radar ont été effectuées en
réflexion et en transmission direct (onde direct). Une méthode de mesure de permittivité
(méthode à faible perturbation) a été également utilisée à une fréquence très proche de celle
de l’antenne utilisée dans cette étude pour évaluer l’efficacité du système radar.
Enfin, les conclusions issues de l’ensemble de ces études sont présentées à la fin de ce
document. Nous terminerons cette partie par quelques recommandations et des perspectives
sur l’utilisation du radar comme un outil d’évaluation non destructive des matériaux de
construction diélectriques comme le béton et le bois.

13
CHAPITRE 1 Etat de l’art

I.1 La technique radar

I.1.1 Principe, historique et applications

Le RADAR (Radio Detecting And Ranging) est un système basé sur la théorie de
l’électromagnétisme. Le système rayonne de l’énergie électromagnétique (EM) par une
antenne émettrice à une fréquence donnée (dans le domaine génie civil la fréquence
couramment utilisée est de 100 à 3000 MHz). Cette énergie se propage dans le milieu
ausculté et se réfléchit sur des interfaces présentant un contraste de permittivité. L’antenne
réceptrice reçoit continuellement les réflexions et les transmet au récepteur afin de les
analyser. Les signaux reçus par l’antenne réceptrice peuvent être:
-un signal direct issu de l’antenne émettrice généralement appelé « onde directe »
-le signal réfléchi sur l’interface présentant un contraste de permittivité (ex : entre l’air
et le milieu ausculté ; entre des couches du milieu ou des anomalies à l’intérieur du
milieu ausculté),
-le signal réfracté et les réflexions multiples (le temps d’arrivé est le plus long).
L’analyse du signal mesuré (ex : vitesse de propagation et atténuation des ondes) peut donner
des informations géométriques et/ou physiques sur le milieu de propagation comme la
position d’un défaut ou des armatures, la permittivité du milieu, etc.
Les premières applications du radar remontent à une centaine d’années. En effet, la première
utilisation d’un signal EM (Electromagnétique) pour la détection d’un objet en métal est
attribuée à Hülsmeyer en 1904. Mais, la première détection d’un objet enterré est apparue six
ans plus tard (1910) dans un brevet allemand de Leimbach et Löwy (Daniels 1996). En 1926,
Hülsenbeck est le premier à utiliser la technique à impulsion EM pour la détection des objets
enfouis (Horne 1993). En 1929, un système radar a été développé en Australie pour la mesure
des épaisseurs des glaciers (Olhoeft 1988). Durant la deuxième guerre mondiale, le radar a été
rapidement développé pour des applications militaires comme la détection des objets aériens.
L’utilisation du radar pour l’auscultation non destructive des matériaux est apparue en
géophysique dans les années 1950 pour la reconstitution des structures géophysiques du sous-
sol à partir des réflexions générées par la présence de contrastes diélectriques. Durant la
guerre du Vietnam, l’armée des Etats Unis a développé un système radar appelé ‘Combat
Radar’ pour localiser des mines, des tunnels et des bunkers (Loulizi 2001). Suite à cela, les
applications du radar se sont multipliées et ont permis le développement de nouveaux
systèmes d’acquisitions appelés GPR (Ground Penetrating Radar). Le GPR a été utilisé en
géophysique pour plusieurs applications comme la détection (objets enfouis, fractures dans le
sol, déchets enfouis, etc.) ainsi que la mesure des épaisseurs des glaciers, la profondeur des
lacs et rivières, etc.
Les applications du radar dans le domaine du génie civil ne sont apparues qu’à partir de 1974
(Clemena 1991). Ces applications consistent en la détection de cavités sous les dalles en béton
des pistes aéroportuaires. Pour l’auscultation des structures en béton, il a fallu procéder au
développement d’antennes à haute fréquence (limitant ainsi la longueur d’onde) capables
d’émettre des impulsions de très courte durée (de l’ordre de la nanoseconde). Ces

14
développements ont permis d’améliorer la résolution et de faciliter le traitement et
l’interprétation des résultats. Depuis les années 1980, le radar a été utilisé pour différentes
applications qui peuvent être classées en deux groupes :
 Caractérisation géométrique :
- détection des armatures, des gaines de précontrainte, des canalisations, des vides, des
fissures et des délaminations, etc. [Clemena 1983, Chen et al. 1994, Carter 1995,
Büyüköztürk et Rhim 1996, Maser 1996, Halabe et al. 1997, Rhim 2001, Scott et al.
2003, Maierhofer et al. 2003, Loulizi et al. 2002]
- estimation des épaisseurs des couches de roulement, des dalles en béton, de la
profondeur des armatures et des gaines de précontrainte, le diamètre des armatures,
etc. [Tillard 1991, Bungey et al 1993, Saarenko et Sculion 2000, Hugenschmidt 2002,
Annan 2003, Utsi et al. 2004]
 Caractérisation physique :
- évaluation des contrastes diélectriques dans les structures en vue de l’estimation des
teneurs en eau et en chlorures [Greaves et al. 1996, Van Overmeeren et al. 1997,
Berktold et al. 1998, Huisman et al. 2001, Laurens 2001, Klysz 2004, Sbartaï 2005,
Filali 2012, Kalogeropoulos 2012]
Trois types de radar existent:
Radar impulsionnel : il impulse un signal temporel caractérisé par un spectre de fréquence
centrale fc, de largeur de bande approximativement égale à fc. Les signaux reçus sont
enregistrés en fonction du temps. Une limite importante de ce radar est de détecter des
contrastes diélectriques d’éléments de petite dimension (de l'ordre du cm).
Radar à saut de fréquence : il est composé d'un analyseur de réseaux qui génère une
succession d’ondes monochromatiques de fréquences différentes sur une plage donnée (la
bande de fréquence pouvant varier de 10MHz à 20GHz). À chaque fréquence, une onde est
émise de l’antenne émettrice vers le milieu. L’analyseur enregistre la réponse du milieu via
l’antenne réceptrice. Le cycle se répète jusqu’à ce que toute la bande de fréquences ait été
balayée, avec un pas donné (défini par le nombre de points de fréquence et la largeur de
bande). Pour chaque cycle effectué, une “transformée de Fourier inverse” permet de
reconstituer le signal dans le domaine temporel. On obtient un “scan”, équivalent au signal
temporel obtenu avec les radars impulsionnels. Plus la bande de fréquence est large, et plus la
résolution temporelle est fine. Ce type de radar est utilisé, par exemple, pour mesurer
l’épaisseur de béton bitumineux mis en œuvre sur le tablier du viaduc de Millau
(Infrastructures Entretien et Exploitation - Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de
Rouen – CETE Normandie Centre 2009). La précision de la détection peut parvenir à l’ordre
du millimètre.
Radar FM-CW « Frequency Modulated-Continuous Wave » dont la spécificité est de produire
un signal dont le spectre varie dans le temps, et ainsi d’adapter de manière dynamique à la
résolution pour différents types de cibles à différentes profondeurs.
Cependant, en génie civil, le radar impulsionnel reste le plus utilisé du fait de sa simplicité
d’utilisation. Deux types d’antennes sont habituellement utilisés :
 Antenne couplée au matériau (utilisée dans le cadre de cette étude) ;
 Antenne couplée à l’air (Vivaldi ou cornet) ;
Le radar est composé d’une unité d’acquisition, d’une antenne émettrice et d’une antenne
réceptrice. Le principe de mesure consiste à émettre une impulsion EM de courte durée dans
la gamme des hyperfréquences (environ 100 à 3000 MHz) et à enregistrer un signal direct
ainsi qu’un ensemble de réflexions générées par toute interface présentant un contraste

15
diélectrique. Ces interfaces peuvent être « air-couche de roulement », « couche de roulement-
béton », « béton-acier », « béton-air ».
La méthode d’auscultation consiste à réaliser des profils radar sur la structure. L’antenne est
soit couplée à l’air, soit couplée au matériau. Le système radar est capable de réaliser des
acquisitions selon un pas spatial défini par l’opérateur. La vitesse d’auscultation dépend du
nombre de scans (acquisitions) par mètre. En général, la vitesse utilisée pour l’auscultation
des ponts avec une antenne couplée au matériau est comprise entre 1 et 5 km/h en fonction de
la précision spatiale recherchée. Pour les antennes couplées à l’air, la vitesse est beaucoup
plus importante puisque l’antenne peut être accrochée à un véhicule.
La figure I.1 représente un schéma simplifié de l’auscultation radar sur un tablier de pont avec
une antenne couplée au matériau. Une partie de l’énergie rayonnée par l’antenne se propage
directement de l’émetteur vers le récepteur (onde directe, S1), et une seconde partie traverse
le matériau et se réfléchit sur les interfaces jusqu’à l’atténuation totale. Dans cet exemple, les
réflexions sont générées par l’interface « couche de roulement-béton » (S2), la première
interface « béton-armature » (S3), ainsi que la deuxième interface « béton-armature » (S4).
L’analyse du temps de parcours de ces signaux permet d’estimer l’épaisseur de la couche de
roulement, la profondeur des armatures et des fissures (si ces dernières existent). Cependant,
ces mesures nécessitent une approximation de la constante diélectrique pour estimer la vitesse
de propagation.

Antenne
E R Déplacement Amplitude du champ électrique

S1 Couche de
S1
S2 roulement
S2
S3
S3

S4 Armatures
S4

B-scan A-scan
Figure I.1 Principe simplifié de l’auscultation d’un tablier de pont par radar

L’acquisition d’un profil radar consiste à réaliser des mesures et à enregistrer des signaux
avec un pas défini. Le seuillage d’amplitude en niveaux de couleurs et la juxtaposition des
signaux enregistrés permet de construire une image temporelle en coupe verticale du milieu
ausculté, généralement appelée « coupe-temps ». La Figure I.1 illustre une coupe-temps
caractéristique enregistrée sur l’intrados d’un tablier de pont. La présence des armatures est
caractérisée par des signatures hyperboliques. Cette signature particulière est simplement due
au fait que le rayonnement de l’antenne étant multidirectionnel et la réflexion sur l’armature
commence à être perçue avant que l’antenne ne soit en position verticale au-dessus de celle-ci.

16
I.1.2 Application à la caractérisation physique du milieu de propagation

La caractérisation physique du milieu de propagation par la technique radar est basée sur les
relations entre les propriétés physiques et les propriétés EM du matériau. L’estimation de ces
propriétés par la technique radar est basée essentiellement sur la détermination de la vitesse et
de l’atténuation des ondes EM au cours de leur propagation dans le milieu, mais aussi sur
l’analyse des coefficients de réflexion de ces mêmes ondes à l’interface de deux milieux.
Généralement, la détermination de la vitesse de propagation dans le milieu est réalisée par
deux façons :
La première consiste à la configuration mono-statique (offset fixe de quelques centimètres,
l’émetteur et le récepteur dans le même boitier), et il faut connaître exactement le trajet et le
temps de propagation des ondes radar dans le matériau. Cela signifie qu’il faut connaître
exactement la géométrie du matériau ausculté. Cependant, il est difficile de remonter
directement au temps zéro (le temps de départ de l’impulsion EM), et donc au temps de
parcours de l’onde EM dans le matériau. Cependant, quelques calibrations dans des milieux
modèles peuvent permettre de s’affranchir de cette limitation et d’approximer le temps zéro.
La deuxième consiste à la configuration bi-statique de certains systèmes radar. En réalisant
plusieurs mesures radar pour des distances émetteur/récepteur différentes et connues, il est
possible d’évaluer la vitesse de propagation de l’onde directe émetteur/récepteur sans qu’il
soit nécessaire de connaître le temps zéro. Deux techniques se basent sur cette méthode qui
sont couramment utilisées en géophysique afin de déterminer la vitesse de propagation des
ondes dans les sols et récemment dans le béton [Berktold et al 1998, Van Overmeeren et al
1997, Huisman et al 2001, Garambois et al 2002, Tillard et Dubois 1995, Dérobert 2003,
Klysz 2004, Klysz et al 2007, Filali 2012] :
 WARR (Wide Angle Reflection and Refraction), l’émetteur est fixe et le récepteur est
progressivement éloigné de l’émetteur.
 PMC (Point Milieu Commun), l’émetteur et le récepteur sont éloignés simultanément
et symétriquement par rapport à un point fixe.
Une autre façon d’évaluer la vitesse est l’utilisation d’une distance fixe E-R (deux antennes
suffisamment éloignées pour séparer clairement les signaux) et de calculer le temps zéro (t0)
en faisant des mesures dans l’air (références). Cette technique a l’avantage d’être plus rapide
puisqu’elle ne nécessite la réalisation que d’un seul offset (Galagedara, 2003).
I.1.2.1 Caractérisation de la teneur en eau
a. Dans le domaine de la géophysique
L’utilisation des ondes radar pour la caractérisation des matériaux diélectriques a été
développée principalement dans le domaine de la géophysique pour l’estimation de la teneur
en eau des sols. Les méthodes se basent en général sur l’estimation de la constante
diélectrique avec le système GPR, pour ensuite convertir les mesures en teneur en eau
volumique au moyen, par exemple, de la relation empirique de Topp et al (Topp et al. 1980).
Topp et al ont utilisé en laboratoire des sondes TDR (1 MHz à 1 GHz) plongées dans le sol
pour la mesure de la constante diélectrique. Différents types de sol avec différentes textures
ont été testés et plusieurs paramètres ont été pris en compte : la teneur en eau, la concentration
en chlorures, la densité du sol, la texture du sol, le type de sol, et la température. Les résultats
de cette étude expérimentale montrent que la constante diélectrique est seulement influencée
par le volume d’eau contenue dans le sol. Enfin les auteurs arrivent à établir une relation
empirique (polynôme d’ordre 3) entre la constante diélectrique et le volume d’eau (relation
I.1).
𝐾𝑎 = 3,03 + 9,3𝜃 + 146𝜃 2 − 76,7𝜃 3 (𝐼. 1)

17
Ka représente la constante diélectrique et θ la teneur en eau volumique. Plusieurs chercheurs
sont parvenus à estimer la teneur en eau des sols en utilisant la combinaison du GPR et la
relation de Topp et al.
Par exemple, Van Overmeeren et al (Van Overmeeren et al 1997), Berktold et al. [Berktold et
al 1998, Garambois 2002] ont réalisé les mesures de la vitesse de propagation d’onde dans le
sol par technique GPR puis ils ont déterminé la constante diélectrique du matériau. A l’aide
de la relation de Topp la teneur en eau du sol est estimée. Avec la même approche, Huisman
et al (Huisman et al 2001) ont comparé les résultats de la technique GPR à la technique TDR
et à des mesures gravimétriques. Huisman a montré que la relation de Topp est également
valable pour la technique GPR après une calibration. Garambois et al (Garambois et al 2002)
ont quant à eux combinés les mesures de vitesse obtenues par la technique radar avec les
méthodes sismiques afin d’estimer les variations de teneur en eau verticale et latérale d’un
sol. La variabilité de l'humidité du sol a été évaluée par Galagedara (Galagedara 2003) en
utilisant l'onde directe en surface du sol. Il a montré que cette variabilité de l'humidité est
comparable à celle de mesures d'humidité du sol par la technique TDR. Dans le but d’estimer
la profondeur d’investigation de l’onde directe de GPR, Filali (Filali 2012) a réalisé des
modélisations et des expérimentations sur le sable avec des teneurs en eau contrôlées. La
variation de la profondeur couverte par ces ondes a montré que la variation de la teneur en eau
et son gradient ont des effets sur l’onde directe de surface se propageant dans le sable.
b. Dans le domaine du génie civil (application au béton)
L’eau dans les pores du béton est un facteur important qui facilite la pénétration des agents
agressifs (dioxyde de carbone, chlorures, sulfates, etc.). Elle est, de plus, un facteur aggravant
dans le développement de la plupart des pathologies (corrosion, réaction alcalis-granulats,
cycles de gel-dégel, lessivage des alcalins, etc.). Il est donc important de quantifier la
variation spatiale de l’humidité du béton au sein de la structure.
Jusqu’à présent, la plupart des recherches ont étudié l’effet de la teneur en eau sur les
propriétés EM du béton et sur les mesures radar. Cependant, très peu d’études se sont
penchées sur le problème inverse afin d’obtenir une caractérisation physique du béton. Halabe
et al ont étudié l’effet des propriétés du béton sur les mesures radar à l’aide d’une antenne
cornet (1 GHz). Ils ont ensuite développé une procédure d’inversion pour déterminer les
variations spatiales de teneur en eau, de teneur en chlorures et d’épaisseur d’enrobage (Halabe
et al. 1995). Cependant, ce modèle reste à être validé sur un nombre important d’essais en
laboratoire et in situ. Maser (Maser 1996) a utilisé la technique radar pour évaluer l’humidité
et la salinité du béton afin de diagnostiquer des structures en béton Laurens et al [Laurens et
al 2003] montrent qu’une loi de mélange, tel que le modèle CRIM (Complex Refractive Index
Model), est capable de bien représenter la corrélation entre la teneur en eau d’un béton et sa
constante diélectrique mesurée par radar. La dernière est obtenue par l’analyse du temps de
trajet de la réflexion sur le fond de dalles en laboratoire et ces réflexions sont enregistrées à
l’aide d’un radar à antennes couplées. Les auteurs ont aussi montrés que l’atténuation des
signaux radar est également en bonne concordance avec la modélisation du modèle de CRIM.
Matthiews et al [Matthiews et al 1998] ont mis en évidence les effets de la teneur en eau mais
aussi de la résistance en compression et de la taille des granulats sur la valeur de constante
diélectrique d’un béton. Dans cette étude, une antenne couplée de fréquence centrale de 1.2
GHz a été utilisée.
Plusieurs recherches ont montré l’intérêt d’utiliser l’onde directe pour la caractérisation
physique des bétons (humidité et salinité). Des résultats encourageants ont été publiés (par
exemple : Laurens et al 2002, Klysz et al 2004, Sbartaï et al 2005, Sbartaï et al 2009, Filali
2012, Nguyen 2014). Nous présenterons ces travaux en détail dans la rubrique I.1.3.

18
c. Dans le domaine du génie civil (application au bois)
Le bois est un biomatériau, qui est constitué de cellulose (jusqu'à 45%), de la lignine (25 à
30%) et hémicellulose (20-30%). Les causes les plus communes de la détérioration du bois
sont biologiques. Elles sont dues aux attaques d'organismes (champignons et insectes). La
teneur en humidité du bois est reconnue comme le paramètre le plus critique vis à vis du
développement de détériorations d’origine biologique. Par exemple, il est reconnu que la
valeur minimale de la teneur en humidité pour que les champignons se développent est
d'environ 17% et la valeur optimale varie entre le 30% et 70%. Ces valeurs dépendent du type
de champignon et du type de bois. L’évaluation non destructive de la teneur en humidité du
matériau en bois est donc essentielle pour la préservation des structures en bois.
Dans le domaine d'application de la technique radar pour l’évaluation du bois, Muller et al
(Muller et al 2003) ont rapporté que cette technique était bien adaptée pour l'inspection des
ponts en bois pour la détection des défauts de pourrissement. L'auteur a utilisé une antenne
dipôle couplée au sol de haute fréquence de l’ordre de 1,2 GHz. Les essais ont été réalisés sur
une poutre de pont après sa démolition. Les résultats montrent clairement les fissures et le
bois pourri sur des radargrammes. Ces observations sont essentiellement dues aux réflexions
de l'onde électromagnétique sur des défauts dues à la modification du contraste de permittivité
du matériau entre le bois endommagé et non endommagé. Dans le domaine de l’inspection
des structures (monuments historiques) en bois, Lualdi et al (Lualdi et al 2003) ont utilisé la
technique GPR pour détecter des poutres en bois et pour évaluer le type et la dimension des
connexions à la paroi portante par imagerie 3D. Ils ont également mis en œuvre quelques
campagnes GPR pour détecter des petites poutres de soutien dans un plancher en bois.
Les études présentées dans la littérature mettent en évidence l'avantage d'utiliser la technique
radar à haute fréquence (environ 1 GHz) pour la détection de défauts et l’évaluation de la
géométrie des structures en bois. Cependant, peu d’études existent concernant l'application du
radar pour l’évaluation de l’humidité des éléments en bois pour la préservation du patrimoine
en structure bois. Dans ce contexte, Sbartaï (Sbartaï et al 2010) a montré la sensibilité du
signal radar à l’humidité du bois. Cet auteur a comparé l’amplitude du signal radar mesuré sur
un échantillon à un état sec et à un état humide après immersion de l’échantillon dans l’eau.
Récemment, Martínez-Sala et al. (Martínez-Sala et al 2013) ont effectué des mesures radar sur
des échantillons en bois dans les différentes orientations des fibres. Ils ont montré une forte
sensibilité de la constante diélectrique à l’orientation des fibres.
Ces résultats bibliographiques montrent clairement le potentiel du radar dans l’évaluation non
destructive du bois. Cependant, la littérature reste pauvre à ce sujet et mérite d’être
développée pour une meilleure compréhension de l’interaction physique des ondes radar avec
un matériau anisotropique comme le bois et notamment l’étude de l’effet de l’humidité en
fonction de la direction des fibres et de l’essence du bois.
I.1.2.2 Caractérisation de la teneur en chlorures des bétons
Outre la teneur en eau, la teneur en chlorures du béton est également un facteur important, elle
intervient essentiellement dans le processus de corrosion des armatures et des câbles de
précontrainte. L’évaluation de la contamination du béton par les chlorures au moyen de la
technique GPR a également intéressée beaucoup d’équipes de recherche.
Depuis 1982, Ulriksen a étudié l’effet de la teneur en chlorures dans le béton sur les mesures
radar (Ulriksen 1982). Ensuite, Halabe et al (Halabe et al 1995) a mis également en évidence
la présence de chlorures dans les structures en béton armé par la technique GPR. Comme nous
l’avons évoqué, Maser a utilisé la technique radar pour évaluer la salinité du béton afin de
diagnostiquer des structures en béton (Maser 1996). Cependant, les études [Haddad et Al-
Qadi 1997, Robert 1998] montrent que l’influence de la contamination du béton par chlorures
est insignifiante pour les signaux radar dans les fréquences radar usuelles et elle devient

19
vraiment significative si des basses fréquences ont utilisées. En effet, la diminution de la
fréquence va augmenter la part de la polarisation interfaciale liée aux éléments dissous dans la
solution poreuse. Ce mécanisme augmente la permittivité diélectrique globale et il est donc
plus facile de détecter ces effets sur les signaux radar à basse fréquence.
Arai et al (Arai et al 2003) ont déterminé la constante diélectrique de plusieurs bétons de
différentes salinités pour estimer sa teneur en eau. Cela a permis d’étudier les effets de la
teneur en eau sur l’atténuation des ondes radar. Ils ont alors mis en évidence l’atténuation due
à la présence de chlorures. Dans cette étude, ils exploitent la réflexion des ondes radar d’une
antenne couplée à 1 GHz sur les armatures d’un corps d’épreuve.
Dans un contexte de surveillance de ponts corrodés, Kalogeropoulos et al ont présenté des
méthodes pour l'estimation des paramètres électromagnétiques qui représentent la teneur en
chlorure et sa distribution de gradient à l'intérieur d'une dalle en béton (Kalogeropoulos et al
2012). Un système de radar avec l’antenne cornet d’une fréquence centrale de 1,2 GHz a été
utilisé durant l’expérimentation. À l’aide d’un procédé développé, s’appuyant sur la
détermination du gradient de la conductivité, il est possible d’identifier la distribution des
chlorures générée à l'intérieur des échantillons au cours de l'expérience. Ces résultats ont été
comparés avec les distributions de gradient de chlorure mesurées par technique destructive à
la fin de l'expérience.

I.1.3 Onde directe et utilisation potentielle pour la caractérisation de matériau

I.1.3.1 Définition de l’onde directe ou onde radar de surface (ORS)


La propagation des ondes irradiées par une antenne proche d’une interface entre deux milieux
permet de générer des ORS. Annan en 1973, Wait 1995, Huissman 2001 ont étudié ce
phénomène pour des applications sol. Lorsqu’une source de radiation EM (antenne émettrice
de radar) est placée proche d’une interface entre deux milieux (figure I.2), elle rayonne, en
fonction de son diagramme de rayonnement, de l'énergie sous forme sphérique à la fois vers
le haut dans l'air, et vers le bas dans le matériau. L’énergie de radiation dans le matériau se
focalise principalement dans un cône vertical avec un angle d’ouverture 2c. Une partie
mineure de l’énergie est rayonnée à l’extérieur de ce cône. Le rayonnement suivant la surface
du matériau est minimale. Ainsi, les ondes radar de surface (ORS) sont définies comme la
partie des ondes de volume se propageant le long de la surface.

Figure I.2 Radiation de l’énergie par une antenne proche à l’interface air-matériau

Pendant le rayonnement d’énergie, plusieurs fronts d’ondes sont formés (figure I.3) :

20
– Le front d’ondes de l’air peut être approximé à une demi-sphère au-dessus de la surface. Il
est formé par la superposition des ondes émises directement en espace libre (à l’arrière de
l’antenne) et celles réfléchies par la surface du matériau. Ce front d’ondes se propage à la
vitesse de la lumière.
– Le front d’ondes de volume (lobe principal d’émission de l’antenne) peut être approximé à
une demi-sphère émise au-dessous de la surface (dans le matériau). Il s’étend à la vitesse des
ondes EM dans le matériau.
– Le front d’ondes latéral est en forme de cône dont la base s’étend à la vitesse de la lumière
dans l’air et le sommet s’étend à la vitesse des ondes EM dans le matériau à la direction de
l’angle critique.
– Le front d’ondes évanescentes est un cylindre dont la base est confinée par les ondes de
surface et a une amplitude qui diminue exponentiellement en fonction de la distance à
l’interface air-matériau (figure I .3). Ce front permet la détection des ondes de surface même
si le récepteur n’est pas collé au matériau [Filali 2014].

Figure I.3 Les fronts d’ondes d’une source de radiation EM (Annan 1973)

Les ondes radar de surface (ORS) ne sont uniquement constituées par des ondes se propageant
uniquement en surface car une onde EM quelconque est formée par un nombre infini d'ondes
de Fresnel (le principe de Fresnel) qui se propagent autour de la trajectoire de l’ORS (Hristov
2000). Durant la propagation dans le milieu, l’ORS subi des influences du volume proche de
la surface où les ondes de Fresnel se propagent. Cela signifie que l’ORS est toujours influencé
par une certaine couche sous la surface dont l'épaisseur peut être déterminée. La profondeur
de propagation de l’ORS qui dépend des paramètres du milieu de propagation et la fréquence
du signal transmis [Filali 2014].
L’étendue de la profondeur de propagation de ces ondes représente des potentialités
d’application pour l’auscultation en génie civil. Les ondes se propageant à cette profondeur
sont capables de nous informer sur l’état du béton d’enrobage. Ainsi d’exploiter ces ondes
pour les besoins du génie civil, il est nécessaire de bien évaluer leur profondeur
d’investigation possible ainsi que les paramètres affectant cette profondeur.
I.1.3.2 Intérêt de l’utilisation de l’onde directe ou onde radar de surface (ORS)
Les modifications des ondes radar se propageant dans un milieu fournissent des informations
importantes sur ses propriétés EM. Dans les recherches antérieures, la plupart des auteurs se
basent sur la réflexion des ondes radar pour l’estimation de la constante diélectrique et ainsi la
teneur en eau ou en chlorures. Cependant cette méthode nécessite la présence d’un réflecteur

21
et la connaissance de sa position (Huisman et al 2001). Cela conduit à des difficultés comme
l’impossibilité de déterminer exactement la position du réflecteur; la profondeur excessive du
réflecteur, le manque de contraste du réflecteur, ou la forte densité d’armature des structures.
L’ensemble de ces facteurs rend les ondes réfléchies difficilement détectables/identifiables.
L’intérêt principal de l’utilisation de l’onde directe est donc qu’elle permet la caractérisation
du milieu de propagation sans nécessiter la présence d’un réflecteur, la connaissance de sa
profondeur ou sans connaître le temps zéro de début de l’impulsion. En effet, cette onde se
propageant en surface directement entre l’émetteur et le récepteur n’est donc pas générée par
une réflexion. Ainsi, il est possible d’estimer la vitesse de propagation sans émettre des
hypothèses sur la profondeur des aciers par exemple ou l’épaisseur d’un élément d’une
structure.
Cependant, l’inconvénient de l’utilisation de cette onde est que jusqu’à présent, sa profondeur
d’investigation n’a pas été déterminée avec précision. Nous discuterons par la suite de ce
point important. D’autre part, il faut noter que cette onde a une énergie assez faible dans le
matériau ce qui peut compliquer les mesures dans le cas d’un milieu atténuant (ex : béton
saturé avec présence de chlorures) l’analyse des signaux.
I.1.3.3 Application des ORS à la caractérisation du matériau et évaluation de la profondeur
d’investigation
Du et Rummel (Du et Rummel, 1994) préconisent l’utilisation de l’onde directe émetteur-
récepteur. L’exploitation de cette onde radar permet de caractériser les paramètres influant sur
les propriétés EM du matériau tels que la présence d’eau ou de chlorures. Plusieurs
chercheurs ont alors pu estimer la constante diélectrique des sols en utilisant l’onde directe en
configuration bi-statique en utilisant deux antennes séparées [Van Overmeeren et al 1997,
Berktold et al 1998, Garambois et al, 2002, Huisman et al 2003]. Berktold et al 1998 a
indiqué qu’il est possible d’évaluer la variation de teneur en eau d’un sol sur des profondeurs
de l’ordre d’une demi-longueur d’onde à une longueur d’onde du signal transmis (/2 à ).
Van Overmeeren et al. qui donnent une estimation de la profondeur d’investigation de l’onde
directe pour le GPR en hydrologie (Van Overmeeren et al 1997) se base sur la notion de la
zone de Fresnel valable pour toute propagation d’ondes (Born et al 1999). La profondeur de
pénétration est estimée comme la moitié de la largeur de la première zone de Fresnel :

𝜆𝑑
ℎ𝑝 = √ (𝐼. 2)
2
où hp est la profondeur de pénétration
 est la longueur d’onde dans le matériau
d est la distance émetteur-récepteur.
Cela signifie que pour une antenne 1500 MHz dont la distance entre émetteur et récepteur est
de 20 cm, la profondeur de pénétration dans un béton de permittivité égale à 10 (béton saturé)
est égale à environ 8 cm et dans un béton de permittivité égale à 5 (béton sec) elle est égale à
environ 10 cm. L’effet de l’humidité est donc assez faible sur la profondeur de pénétration.
Nous pouvons noter aussi sur cette relation une dépendance à la distance entre l’émetteur et le
récepteur E-R. Une distance plus grande augmenterait la profondeur de pénétration. Cette
notion n’a pas encore été validée expérimentalement. Il est par contre à noter que cette
variation est faible dans les distances généralement utilisées pour l’auscultation du béton (15 à
20 cm) pour une antenne de 1,5 GHz. Par exemple pour un béton saturé avec une distance E-
R de 15, 20, et 25 cm, la profondeur est respectivement égale à 7 ; 8 et 9 cm. Pour un béton
sec (’ = 5), la profondeur est respectivement égale à 8 ; 9,5 et 10,5 cm. En conclusion, si
cette relation est valide, la profondeur d’investigation de l’onde directe est en moyenne entre

22
8 et 10 plus ou moins 1 cm pour un béton de permittivité variable de 5 à 10 et une distance E-
R variable de 15 à 25 cm. Le seul paramètre qui aurait un effet significatif est la fréquence de
génération de ces ondes. Une variation de la fréquence de 1 GHz à 4 GHz permettrait de
diminuer la profondeur de 10 cm à 5 cm, respectivement. Cette profondeur d’investigation est
intéressante pour les applications sur des structures en béton et une variation en fréquences
permettrait d’analyser des profondeurs variables et de caractériser ainsi des gradients
d’humidité ou de chlorures. Toutefois, cette valeur théorique de la profondeur de pénétration
(ou d’influence) de l’onde directe n’a pas été vérifiée expérimentalement, ce qui est
particulièrement nécessaire pour les milieux hétérogènes et complexes comme le béton.
En 2003 Galagedara et al. ont effectué une série d’essais sur une surface d’un sol. Selon ces
essais, en utilisant la méthode de distance fixe (FOM – Fixed Offset Method), lorsque la
distance émetteur-récepteur est de 1 m pour une antenne 450 MHz, la profondeur de
pénétration est inférieure à 20 cm (Galagedara 2003). Cependant, en utilisant la méthode
WARR, la profondeur de pénétration est plus grande (de l’ordre de 30 à 50 cm) pour la
fréquence de 450 MHz. Théoriquement (selon la relation I.2), cette profondeur doit être de
l’ordre de 33 cm pour 450 MHz ce qui est proche de celle de la mesure par WARR. Ces
observations ont été comparées avec la méthode TDR pour laquelle des sondes ont été placées
à différentes profondeurs dans le sol.
Galagedara a également réalisé des modélisations pour déterminer la profondeur
d’investigation de l'onde directe en surface. Dans cette étude, la profondeur d’investigation
des ORS a été évaluée par l’analyse de la vitesse de la propagation dans un modèle de sol de
plusieurs couches et à des fréquences différentes. La phase de modélisation a montré que la
profondeur d’investigation de l’ORS varie de 0,75 m à 0,12 m pour la bande de fréquence de
100 à 900 MHz, respectivement. La profondeur d'influence est donc proportionnelle à la
longueur d'onde. Ces résultats représentent une grande différence entre les essais ci-dessus et
la modélisation.
Concernant les applications sur le béton, Laurens (Laurens 2001) a réalisé des mesures radar
sur deux types de béton : un béton témoin (la salinité de la solution saturante est nulle) et un
béton très contaminé (la salinité de la solution saturante est de 80g/l de NaCl). Basée sur
l’évaluation de l’amplitude et de l’atténuation des ondes radar sur ces deux types, il a montré
qu’il y a un écart d’amplitude entre eux mais moins important par rapport aux effets de la
teneur en eau. Ensuite, Laurens et al. (Laurens et al 2002) ont étudié l’influence de l’humidité
relative du béton sur l’amplitude du signal radar. La mesure radar a été effectuée sur des
dalles au moyen d’une antenne commerciale de fréquence centrale de 1.5 GHz. L’évolution
du profil hygrométrique du béton au cours de l’essai a été également mesurée à l’aide de
capteurs spécifiques répartis sur l’épaisseur des dalles. Les auteurs rapportent que l’onde
directe se propageant le long de la surface du béton est très influencée par l’évolution de
l’humidité. Cependant, ces résultats concernent un type de béton et méritent d’être transposés
sur d’autres compositions de béton.
Klysz et al (Klysz et al 2004) ont utilisé l’analyse spectrale pour l’évaluation de l’effet de
l’humidité sur la vitesse de propagation de l’onde directe radar dans la gamme de fréquences
300 MHz à 1.2 GHz. La configuration des antennes était bi-statique (WARR). Les résultats
montrent que la vitesse de propagation de l’onde directe est très influencée par l’humidité du
béton et que la dispersion observée sur la vitesse de propagation de l’onde directe est
négligeable. Cette auteur rapporte que la profondeur de pénétration théorique de l'onde directe
dans le matériau est d'environ une longueur d'onde pour une durée d'impulsion de 1 ns de
radar. Dans la pratique, en raison d'un rapport signal-sur-bruit insuffisant du système, cette
valeur est sans doute moins importante (Klysz et al 2007).
Sbartaï (Sbartaï 2005) a utilisé la technologie radar pour l’évaluation quantitative des teneurs
en eau et en chlorures des bétons. Le problème a été abordé selon une approche statistique.

23
Une banque de données expérimentales qui associe de caractéristiques physiques de bétons et
des signaux directs de radar a été réalisée. Basée sur cette banque de données, un modèle
d’inversion neuronal de la mesure radar a été développé pour prédire les teneurs en eau et en
chlorures des bétons avec une précision acceptable. Sbartaï et al (Sbartaï et al 2005) ont mis
en évidence la capacité de l’onde directe pour l’évaluation non-destructive de la teneur en eau
et des chlorures en laboratoire et in situ. Sbartaï et al (Sbartaï et al 2009) ont analysé les
signaux directs radar d’une antenne 1,5 GHz dans le domaine fréquentiel en vue d’améliorer
l’évaluation de l’humidité des bétons de structures. Les signaux ont été enregistrés sur des
dalles en béton de différents taux de saturé et l’atténuation fréquentielle de chaque signal par
rapport à un signal de référence (onde directe enregistrée dans l’air) a été calculée. Un modèle
empirique basé sur les résultats expérimentaux reliant l’atténuation à la teneur en eau
volumique du béton a été ajusté. Enfin, une comparaison avec une analyse dans le domaine
temporel a été réalisée. Cette étude a montré que l’atténuation de l’onde de surface à hautes
fréquences est plus sensible aux variations de la teneur en eau des bétons que l’atténuation
dans le domaine temporel.
Nguyen a évalué la variabilité spatiale des propriétés des bétons en laboratoire et sur ouvrages
réels par la technique radar, ainsi que la combinaison de différentes techniques de CND (par
exemple : résistivité électrique, ultrason) (Nguyen 2014). Dans cette étude, une antenne
couplée de fréquence centrale de 2.6 GHz a été utilisée et seuls les signaux directs ont été
exploités. Il a été montré que dans certains cas le béton présente une corrélation spatiale de
ces propriétés électromagnétiques telle que la permittivité ce qui laisserait penser que la
répartition de l’humidité (paramètre très influent que la permittivité) présenterait également
une corrélation spatiale.
Filali a réalisé une étude assez complète sur les ondes radar de surface (Filali 2012). Son
travail se compose en une étude théorique de ces ondes, une nouvelle simulation numérique
de la réponse GPR en utilisant la méthode des éléments finis et une étude expérimentale afin
de valider les résultats obtenus par les simulations. Concernant les simulations pour
caractériser les ORS, l’auteur a utilisé des fréquences centrées à 300, 400, et 500 MHz. Les
ORS simulées sont visualisées dans un radargramme et leurs temps d’arrivée et leurs
amplitudes sont obtenues afin de déduire leur profondeur de propagation. En même temps,
une méthode de traitement de signal a été développée basée sur la dérivée de la phase
spectrale, pour l’analyse des ORS. Enfin, des essais en laboratoire ont été effectués sur le
sable, dont la teneur en eau était contrôlée, afin de déterminer la profondeur de propagation
des ORS. L’étude indique que les ondes radar de surface sont capables de couvrir toutes les
profondeurs visées par les tests non destructifs en génie civil. La valeur de la profondeur de
propagation se situe entre 10 cm et près de 30 cm. Cette profondeur dépend des paramètres du
matériau, de la fréquence du signal transmis et de la distance entre l’émetteur et le récepteur
(Filali, 2012).
Les études précédentes permettent de conclure qu’il est possible d’utiliser l’ORS en vue de
caractériser les propriétés du matériau étudié dans notre étude. La fréquence GPR choisie
dépendra de la profondeur d'investigation désirée. Cependant, les études antérieures
présentent une grande différence entre l’expérience et la théorie. De plus, les essais dans ces
études n’ont pas fourni une valeur précise de la profondeur de pénétration, qui ne donne
qu’une plage de 10 cm à quelques dizaines de cm. Enfin, les profondeurs d’investigation des
ORS pour des antennes couplées à des fréquences utilisables sur un ouvrage d’art ou un
bâtiment (1 GHz à 3 GHz) ne sont pas bien identifiées et aucune étude ne montre l’effet des
propriétés EM sur la profondeur d’investigation.

24
I.2 Définition des propriétés EM des matériaux

La réponse d’un matériau à une excitation EM extérieur dépend des propriétés EM du


matériau. Ces derniers concernent :
 La conductivité électrique,  [S/m]
 La permittivité diélectrique,  [F/m]
 La perméabilité magnétique,  [H/m]

I.2.1 Milieu conducteur, courant de conduction

⃗ est appliqué aux milieux contenant des charges libres (électrons


Lorsqu'un champ électrique E
dans les métaux, ions dans les électrolytes), il produit une force sur chacune des charges
suivant la relation :
𝐹 = 𝑞𝐸⃗ (𝐼. 3)
Sous l'influence de cette force, les charges libres se déplacent suivant la direction du champ
électrique. Ce mouvement se traduit à l'échelle macroscopique par l'apparition d'un courant
appelé courant de conduction à l’intérieur du matériau. Son intensité est proportionnelle à la
charge et à la vitesse des particules électriques mobiles sous l’action du champ électrique.
La loi d’Ohm locale (relation I.4) définit la conductivité électrique σ comme étant le facteur
de proportionnalité entre densité de courant de conduction et champ électrique. Dans les
milieux ne contenant pas de charges libres, il est alors impossible de créer un courant de
conduction et ces milieux sont considérés comme des isolants.
⃗⃗𝐽𝑐 = 𝜎𝐸⃗ (𝐼. 4)
⃗⃗𝐽𝑐 densité de courant de conduction [A/m²]

𝐸⃗ champ électrique [V/m]


Dans les matériaux poreux, par exemple le béton, nous devrons prendre en compte que la
conductivité de la phase solide est très petite par rapport à celle de la solution présent dans les
pores, et que l'air présente dans les pores du béton, est un isolant. Le phénomène dominant est
donc la conduction ionique ou électrolytique dans la solution présente dans les pores
(Monfore 1968). La conductivité de la solution, σs [S/m] dépend du nombre d'ions par unité
de volume n, de la charge q par porteur et de leur mobilité ν. Dans le cas où il n'y a qu'un seul
type d'ions, elle s’écrit (Gueguen et al 1992) :
𝜎𝑠 = 𝑛𝑞𝑣 (𝐼. 5)

I.2.2 Milieu diélectrique, permittivité diélectrique, courant de déplacement

I.2.2.1 Milieu diélectrique


Les milieux isolants (ou diélectriques) ne permettent pas le passage du courant de conduction.
Cependant, les milieux sont formés de charges positives et négatives liées à l'intérieur des
atomes et des molécules. Pour certaines molécules, par exemple l'eau, le centre de gravité des
charges positives et des charges négatives ne coïncide pas. Il fait apparaître un dipôle
électrique intrinsèque au milieu considéré, c’est le dipôle permanent. Des dipôles induits sont
par ailleurs créés au sein d'un diélectrique lors de l'application d'un champ électrique dont cela
développe une force entraînant un déplacement des charges liées positives et négatives
présentes dans les molécules. Ainsi les centres de gravité ne coïncident plus.

25
Un dipôle est formé de deux charges égales et de signes opposés. Il est caractérisé par son
moment dipolaire dont l'amplitude est le produit de la charge par la distance séparant ses
pôles. On note : p0 = q.a

où a est la longueur du dipôle [m]


q est la charge positive (ou la valeur absolue de la charge négative) [C]
Par nature, les dipôles induits sont alignés sur le champ électrique qui les crée. Si ce champ
est appliqué à un milieu comportant des dipôles permanents, ces derniers s'alignent suivant les
lignes de champ en raison de leur moment dipolaire (création d'un couple de forces). Cette
orientation des dipôles suivant une direction privilégiée entraîne la polarisation du milieu
soumis au champ électrique. La densité volumique totale de moments dipolaires, observée en
⃗ [C/m²].
tout point du milieu, définit le vecteur de polarisation électrique P

A l’échelle atomique

a
POLARISATION ELECTRONIQUE

Pas de champ extérieur : p0 = q.a = q.0 = 0 Présence d’un champ extérieur : p0 = q.a

A l’échelle macroscopique : le diélectrique aura un moment diélectrique 𝑃⃗


POLARISATION MACROSCOPIQUE

+s -s

Pas de polarisation car Polarisation en présence


pas de champ électrique du champ électrique

Figure I.4 Polarisation électronique et macroscopique

I.2.2.2 Permittivité diélectrique


L’équation de Maxwell-Gauss (relation I.7) qui donne le champ électrique en fonction de la
charge volumique totale ρT en électrostatique du vide devient, dans le cas d’un diélectrique:
𝑑𝑖𝑣(𝜀0 𝐸⃗ + 𝑃⃗) = 𝜌𝑙 (𝐼. 7)
ρl densité de charges libres [C/m3]

26
ε0 permittivité diélectrique du vide (ε0 = 8,854.10-12 [F/m])
⃗⃗ , traduisant l’effet du champ électrique sur la matière,
Le vecteur du déplacement électrique D
est alors défini par la relation :
⃗ = 𝜀0 𝐸⃗ + 𝑃⃗
𝐷 (𝐼. 8)
Dans le cas de diélectriques linéaires et isotropes, la polarisation est proportionnelle au champ
électrique par la relation :
𝑃⃗ = 𝜀0 𝜒𝐸⃗ (𝐼. 9)
χ : susceptibilité diélectrique du milieu considéré
Ce qui permet de définir le paramètre de permittivité diélectrique du milieu :
⃗ = 𝜀0 𝐸⃗ + 𝑃⃗ = 𝜀0 (1 + 𝜒)𝐸⃗ = 𝜀0 𝜀𝑟 𝐸⃗ = 𝜀𝐸⃗
𝐷 (𝐼. 10)
εr : permittivité diélectrique relative ou constante diélectrique du milieu de propagation
ε : permittivité diélectrique absolu du milieu de propagation [F/m]
I.2.2.3 Courant de déplacement
Suite à la loi de conservation de la charge de Faraday, on a l’équation :
𝜕𝜌𝑙
𝑑𝑖𝑣(𝐽⃗⃗𝑐 ) + =0 (𝐼. 11)
𝜕𝑡
Les relations I.7, I.10, I.11 permettent d’écrire la relation suivante :
𝜕𝐸⃗
𝑑𝑖𝑣 (𝐽⃗⃗𝑐 + 𝜀 ) = 𝑑𝑖𝑣(𝐽⃗⃗𝑐 + ⃗⃗⃗
𝐽𝑑 ) = 0 (𝐼. 12)
𝜕𝑡
⃗⃗⃗
𝐽𝑑 est la densité de courant de déplacement [A/m²]
𝜕𝐸⃗
⃗⃗⃗
𝐽𝑑 = 𝜀 (𝐼. 13)
𝜕𝑡
Si le champ électrique extérieur varie avec le temps, sinusoïdalement par exemple, une
oscillation des dipôles apparaît en raison de leur tendance à s'aligner sur le champ électrique.
Bien que ces oscillations se fassent sur place et qu'il n'y ait donc pas de réelle migration des
dipôles, ce mouvement local est assimilable à un courant alternatif appelé courant de
déplacement. Généralement, le courant de conduction est celui qui circule dans une résistance
pure alors que le courant de déplacement est celui qui circule au travers d'une capacité pure.

I.2.3 Le phénomène de polarisation

Selon la rubrique I.2.2.2, la permittivité du milieu est fonction de sa polarisation électrique. Il


est donc nécessaire de bien comprendre les mécanismes de polarisation diélectrique sous
l’action du champ électrique extérieur afin de comprendre la nature de la variation des
propriétés diélectriques du matériau lors de la réalisation des mesures radar sur le matériau.
La polarisation diélectrique est un phénomène physique dans un matériau diélectrique soumis
à un champ électrique. Elle est définie comme étant le déplacement des charges positives et
négatives conduisant le matériau au stockage de l’énergie. En fonction de la fréquence
d’excitation, nous pouvons recenser quatre phénomènes de polarisation représentés
schématiquement dans la figure I.5.

27
Figure I.5 Les différents types de polarisation (Auriault 1983)

a. Polarisation électronique (figure I.5a) : elle se produit dans les atomes et les ions. Sous
l’action d’un champ E le nuage d’électrons se déplace par rapport au noyau positif. La
polarisation se produit rapidement durant un bref moment (de l’ordre de 10-15 s). Ce type de
polarisation est surtout présent dans la gamme des ultra-violets entre 1014 et 1016 Hz.
b. Polarisation ionique (figure I.5b) : elle se produit avec les anions et les cations. Elle est due
au déplacement mutuel des ions formant ainsi une molécule asymétrique. Le temps requis
pour ce déplacement est de l’ordre de 10-12 à 10-13 s, soit la fréquence dans la gamme des
infra-rouge (1012-1014 Hz).
Les polarisations électronique et ionique ont beaucoup en commun. Dans les deux cas, il
s’agit de déplacement de charges (et non pas de rotation) dans la direction du champ
électrique.
c. Polarisation dipolaire ou polarisation d’orientation (figure I.5c) : elle est spécifique aux
diélectriques polaires, les dipôles s’orientent suivant la direction du champ électrique
appliqué. En l’absence de champ, les dipôles sont orientés aléatoirement, de telle façon que la
polarisation globale est pratiquement nulle. La polarisation d’orientation est influencée par
l’agitation thermique des molécules, la température a donc un effet sur ce type de polarisation.
Ce mécanisme de polarisation se produit dans la gamme des hautes fréquences, entre 108 -
1011 Hz qui comprend les fréquences radar.
La polarisation d’orientation peut exister seulement dans les gazs, les liquides et les matières
amorphes visqueuses. Dans les matières solides, les dipôles sont « figés » et ne peuvent être
orientés.
d. Polarisation interfaciale ou effet Maxwell-Wagner (figure I.5d) : Elle résulte des
déplacements de charges dans l'ensemble du matériau. Elle est due à l'accumulation des
charges aux interfaces entre deux milieux homogènes et elle a lieu à basse fréquence, en
dessous de 106 Hz. Les fréquences de relaxation de ce mécanisme s’étendent sur une large
gamme de fréquences parce qu’il existe beaucoup de porteurs de charges ayant les tailles
différentes, chaque type de charge ayant sa propre fréquence de relaxation.

28
Polarisation interfaciale

a)

Partie réelle (')


Polarisation dipolaire

Polarisation ionique

Polarisation electronique

2 9 12 15
0 10 10 10 10 Hz
Frequence
Partie imaginaire (")

b)

0 10
2
10
9 12
10
15
10 Hz
Frequence

Figure I.6 : Représentation schématique des phénomènes de polarisation

La figure I.6 présente la variation des parties réelle (ε′) et imaginaire (ε′′) de la permittivité
d’un diélectrique en fonction de la fréquence. Ce phénomène est appelé « dispersion ».
Les diélectriques contiennent différents porteurs de charges comme les ions et les
électrons qui peuvent être déplacés par un champ électrique.
Nous pouvons également observer que :
• Les phénomènes de polarisation provoquent des pertes traduites par une augmentation de
la partie imaginaire de la permittivité. Ces pertes sont maximales pour les fréquences de
relaxation associée aux différents types de polarisation.
• Une réduction par paliers de la partie réelle de la permittivité est observée avec
l’augmentation de la fréquence. Cela traduit une diminution de la capacité du matériau à
se polariser parce qu’il n’y a plus la contribution des mécanismes présentés à la
polarisation globale.

I.2.4 Milieu diélectrique à perte

Comme nous l’avons vu, sous l’action d’un champ électrique extérieur, les dipôles,
permanents ou induits, s'alignent suivant la direction du champ électrique. Cependant, cette
rotation des dipôles doit s'opposer à des forces de frottement, à des forces de rappel, ainsi qu'à
l'agitation des atomes et molécules due à la température ambiante. Ces forces s'opposent donc
à l'orientation des dipôles et cela conduit à une double conséquence, en particulier lorsque le
champ électrique appliqué est variable et de haute fréquence :
 Le travail développé pour déplacer les forces de frottement consomme de l'énergie
prélevée au champ électrique. Cette énergie se dissipe dans le matériau sous forme de
chaleur. Un diélectrique absorbant de l'énergie par ce mécanisme est qualifié de
diélectrique à pertes.
 L'orientation des dipôles se fait avec un certain retard. Ce retard est négligeable
lorsque le champ électrique varie lentement, les champs D ⃗⃗ et E
⃗ sont alors en phase.

29
Cependant, lorsque la fréquence augmente, le retard devient significatif et les champs
⃗D
⃗ et ⃗E ne sont plus en phase.
Afin d’exprimer ce déphasage, la permittivité définie précédemment est remplacée par une
grandeur complexe dont la partie imaginaire traduit les pertes énergétiques. Nous pouvons
alors noter que:
⃗ = 𝜀 ∗ 𝐸⃗
𝐷 (𝐼. 14)
Avec : 𝜀 ∗ = 𝜀 ′ − 𝑖𝜀 ′′

I.2.5 Phénomène de relaxation

Lorsque le matériau est soumis à une excitation extérieure, il existe un temps nécessaire pour
que les dipôles s’alignent suivant la direction du champ électrique. Lorsqu’on supprime
brusquement le champ électrique qui polarisait le matériau, un temps dit de relaxation noté ‘’
est nécessaire pour que le matériau revienne à son état initial (état de désordre moléculaire de
départ). À basse fréquence, le mouvement imposé aux molécules polarisées est lent et celles-
ci ont le temps de se synchroniser avec le champ électrique. Cependant, lorsque la fréquence
d’excitation augmente jusqu’à une fréquence critique, les pertes diélectriques passent par un
maximum. Cette fréquence critique appelée fréquence de résonance ou fréquence de
relaxation est égale à 2/. Dans une plage située entre les basses fréquences et la fréquence
de résonance, il existe un déphasage entre le champ et les dipôles. Cette plage est dite plage
de relaxation et le déphasage appelé angle de polarité . C’est dans cette plage de fréquence
que le matériau consomme l’énergie du champ électrique et la dissipe en chaleur.
En général, la fréquence de relaxation dépend de l’état physique du matériau et de la présence
d’autres matériaux. Plus la matière est condensée, structurée ou liée, plus la fréquence de
relaxation est basse.

I.2.6 Conductivité, densité totale de courant, conductivité effective complexe,


permittivité effective complexe

Plusieurs matériaux, par exemple le béton, étant un diélectrique non parfait ou un conducteur
non parfait, sont à la fois diélectriques et conducteurs: leur conductivité  n'est pas nulle.
Sous l’action du champ électrique extérieur variable, un courant de conduction ainsi qu'un
courant de déplacement vont être engendrés en même temps dans ce type de milieu. Il faut
donc ajouter des pertes ohmiques par effet Joule aux pertes diélectriques.
La densité de courant totale dans le milieu, 𝐽 est la somme des courants de déplacement, ⃗⃗⃗ 𝐽𝑑
⃗⃗
et de conduction, 𝐽𝑐 et s'exprime par la relation I.15 à partir des relations I.4, I.13 et I.14 :

𝜕𝐷 𝜕𝐸⃗
𝐽 = ⃗⃗𝐽𝑐 + ⃗⃗⃗
𝐽𝑑 = ⃗⃗𝐽𝑐 +
= 𝜎𝐸⃗ + 𝜀 ∗ (𝜔) (𝐼. 15)
𝜕𝑡 𝜕𝑡
Dans le cas d’un champ électrique harmonique 𝐸⃗ ̇ = ⃗⃗⃗⃗
𝐸0 . 𝑒 𝑖𝜔𝑡 , nous avons :

𝐽 = [𝜎 + 𝑖𝜔𝜀 ∗ (𝜔)]. 𝐸⃗ ̇ = 𝜎𝑒∗ (𝜔). 𝐸⃗ ̇ (𝐼. 16)


𝜎𝑒∗ : étant la conductivité effective complexe qui est définie comme suit :
𝜎𝑒∗ (𝜔) = 𝜎 + 𝑖𝜔[𝜀 ′ (𝜔) − 𝑖𝜀 ′′ (𝜔)] (𝐼. 17𝑎)
𝜎𝑒∗ (𝜔) = 𝜎 + 𝜔𝜀 ′′ (𝜔) + 𝑖𝜔𝜀 ′ (𝜔) (𝐼. 17𝑏)

30
𝜎𝑒∗ (𝜔) = 𝜎𝑒′ (𝜔) − 𝑖𝜎𝑒′′ (𝜔) (𝐼. 17𝑐)
Ainsi, les parties réelles et imaginaires de la conductivité complexe s'écrivent :
𝜎𝑒′ (𝜔) = 𝜎 + 𝜔𝜀 ′′ (𝜔) (𝐼. 18)
qui traduit l'ensemble des pertes dans le milieu (ohmique et diélectrique).
𝜎𝑒′′ (𝜔) = −𝜔𝜀 ′ (𝜔) (𝐼. 19)
qui traduit la polarisation du matériau, c'est à dire son aptitude à stocker de l'énergie sous
forme d'un champ électrique.
De la même manière la permittivité effective complexe est définie par :
𝜎
𝜀𝑒∗ (𝜔) = 𝜀 ∗ (𝜔) + = 𝜀𝑒′ (𝜔) − 𝑖𝜀𝑒′′ (𝜔) (𝐼. 20𝑎)
𝑖𝜔
𝜀𝑒′ (𝜔) = 𝜀 ′ (𝜔) (𝐼. 20𝑏)
𝜎
𝜀𝑒′′ (𝜔) = 𝜀 ′′ (𝜔) + (𝐼. 20𝑐)
𝜔
Les deux formalismes, décrits ci-dessus, sont équivalents. La relation entre la permittivité
effective complexe et la conductivité effective complexe est la suivante :
𝜎𝑒∗ (𝜔)
𝜀𝑒∗ (𝜔) = (𝐼. 21)
𝑖𝜔
Ainsi :

𝐽 = 𝜎𝑒∗ (𝜔). 𝐸⃗ ̇ = 𝑖𝜔𝜀𝑒∗ (𝜔). 𝐸⃗ ̇ (𝐼. 22)


La conductivité électrique effective complexe et la permittivité diélectrique effective
complexe dépendent de la fréquence. En fonction de la gamme de fréquences employée et des
phénomènes étudiés, l’un ou l’autre de ces paramètres sont utilisés : aux basses fréquences, il
est courant de parler en terme de conductivité électrique effective complexe (ou de résistivité
électrique effective complexe), alors qu’aux hautes fréquences, le terme de permittivité
diélectrique effective complexe est préféré.
Dans l'écriture complexe, on voit qu’il y a une permutation de rôle entre les pertes
diélectriques et la conductivité (relation I.17) ou entre les pertes par conductivité et la
permittivité (relation I.20) bien que la permittivité et la conductivité électrique soient deux
phénomènes physiques distincts. Il est donc impossible de discriminer les contributions
respectives des phénomènes de conduction et de polarisation dans un diélectrique non parfait
(ou conducteur non parfait). Ainsi, un matériau à faibles pertes, peut être considéré comme un
diélectrique ayant une permittivité effective complexe dont la partie imaginaire contient la
conductivité du matériau. Par contre, un matériau à forte pertes peut être considéré comme un
conducteur ayant une conductivité effective complexe dont la partie imaginaire traduit le
comportement diélectrique du matériau.
Dans le cas de l’application radar, le béton est généralement considéré comme un diélectrique
à faible pertes, par conséquent, dans toute la suite de ce document, nous considérerons la
permittivité relative complexe 𝜀𝑟∗ (𝜔) comme suit:
𝜀𝑒∗ (𝜔)
𝜀𝑟∗ (𝜔) = = 𝜀𝑟′ (𝜔) − 𝑖𝜀𝑟′′ (𝜔) (𝐼. 23)
𝜀0
où 𝜀𝑟′ (𝜔) et 𝜀𝑟′′ (𝜔) sont les parties réelle et imaginaire de 𝜀𝑟∗ (𝜔) et sont appelés
respectivement constante diélectrique et facteur de perte.

31
I.2.7 Perméabilité magnétique

Outre la permittivité diélectrique et conductivité diélectrique, la perméabilité magnétique est


l’un des trois paramètres à définir les propriétés électromagnétiques d’un matériau
diélectrique. De la même manière comme la permittivité diélectrique avec l’apparition d’un
moment magnétique par unité de volume, 𝑀 ⃗⃗ , à l’intérieur d’un matériau lorsque celui-ci est
soumis à un champ magnétique extérieure traduisant la polarisation magnétique du milieu.
Par définition on écrit :
1
⃗ =
𝐻 ⃗ −𝑀
𝐵 ⃗⃗ (𝐼. 24)
𝜇0

𝐻 vecteur excitation magnétique [A/m]

𝐵 champ magnétique [T]
𝜇0 perméabilité magnétique du vide [H/m] ; 𝜇0 = 4𝜋. 10−7
⃗⃗
𝑀 moment magnétique par unité de volume [A/m]
Dans le cas de milieux linéaires et isotropes, le moment magnétique est proportionnel au
vecteur d’excitation magnétique par la relation :
⃗⃗ = 𝜒𝑚 𝐻
𝑀 ⃗ (𝐼. 25)
𝜒𝑚 susceptibilité magnétique [sans dimension]
⃗ et 𝐻
Ce qui permet d’écrire la relation suivante de proportionnalité entre les champs 𝐵 ⃗
⃗ = 𝜇0 (1 + 𝜒𝑚 )𝐻
𝐵 ⃗ = 𝜇0 𝜇𝑟 𝐸⃗ = 𝜇𝐸⃗ (𝐼. 26)
𝜇𝑟 perméabilité magnétique relative du milieu de propagation [sans dimension]
𝜇 perméabilité magnétique du milieu de propagation [H/m]

I.2.8 Propriétés EM du béton

Le béton étant un matériau non magnétique, sa perméabilité est toujours égale à celle du vide
(𝜇0 ). Ainsi, la perméabilité magnétique reliant l’excitation et le champ magnétique est
négligée. Seules les propriétés diélectriques du béton seront examinées dans les études qui
suivent.
I.2.8.1 Comportement diélectrique de l’électrolyte
Le béton est considéré comme un matériau triphasé (phase solide, phase liquide et phase
gazeuse). Sa permittivité est donc influencée par plusieurs paramètres, y compris, la quantité
de solution dans les pores et sa teneur en ions libres. Il est donc nécessaire de résumer
quelques connaissances sur le comportement diélectrique de l’électrolyte.
Debye (Debye 1929) a décrit la permittivité diélectrique complexe d’un électrolyte avec des
ions dissous :
𝜀𝑠𝑡𝑎𝑡𝑠𝑤− 𝜀∞𝑠𝑤 𝜎(0)𝑠𝑤
𝜀𝑠𝑤 = 𝜀∞𝑠𝑤 + −𝑖 (𝐼. 27)
1 + 𝑖𝜔𝜏𝑠𝑤 𝜔𝜀0
En dissociant partie réelle et partie imaginaire on obtient:
𝜀𝑠𝑡𝑎𝑡𝑠𝑤 − 𝜀∞𝑠𝑤
𝜀′𝑠𝑤 = 𝜀∞𝑠𝑤 + (𝐼. 27𝑎)
1 + 𝜔 2 𝜏𝑠𝑤
2

32
𝜔𝜏𝑠𝑤 (𝜀𝑠𝑡𝑎𝑡𝑠𝑤 − 𝜀∞𝑠𝑤 ) 𝜎(0)𝑠𝑤
𝜀′′𝑠𝑤 = + (𝐼. 27𝑏)
1 + 𝜔 2 𝜏𝑠𝑤
2 𝜔𝜀0
𝜀′𝑠𝑤 - constante diélectrique de l’eau saline
𝜀′′𝑠𝑤 - facteur de perte de l’eau saline
 = 2f - fréquence angulaire ou pulsation de l’onde EM
𝜏𝑠𝑤 - temps de relaxation de l’eau
𝜀𝑠𝑡𝑎𝑡𝑠𝑤 – constante diélectrique statique de l’eau saline
𝜀∞𝑠𝑤 – constante diélectrique à fréquence élevée ou limite optique de 𝜀′𝑠𝑤
𝜎(0)𝑠𝑤 – conductivité de l’eau saline à fréquence nulle
𝜀0 – permittivité diélectrique du vide 𝜀0 = 8,854. 10−12 [𝐹/𝑚]
Les paramètres du modèle de Debye peuvent être calculés à partir des formules empiriques
tenant compte de la salinité de la solution et de sa température (Robert 1995)
Ce modèle explique l’effet de la fréquence, de la teneur en chlorures et de la température sur
la permittivité d’une solution saline. La permittivité de l’eau dépend donc de la fréquence
d’excitation et est affectée par la salinité de la solution. La fréquence de relaxation de l’eau
apparaît à des fréquences supérieures aux fréquences radar usuelles. Dans la gamme des
fréquences radar, l’effet de la dispersion est observé seulement sur la partie imaginaire de la
permittivité. Cependant, la salinité fait diminuer la partie réelle de la permittivité alors qu’elle
augmente la partie imaginaire. Nous pouvons alors supposer que la salinité aura un effet
significatif sur la vitesse et sur l’atténuation des ondes radar alors que la fréquence aura une
incidence seulement sur l’atténuation. La température quant à elle influe peu sur la
permittivité complexe de l’eau, dans la gamme de fréquences qui nous intéresse (0,2–3 GHz).
I.2.8.2 Permittivité diélectrique du béton et dispersion EM
a. Effets de la teneur en eau et en chlorures sur la permittivité diélectrique du béton
Dans la gamme usuelle des fréquences radar (quelques MHz à quelques GHz), deux types de
polarisations sont dominantes : la rotation des molécules polaires (molécule d’eau dans les
pores du béton) et l’accumulation des charges aux interfaces entre deux milieux (les pores et
la phase solide). Plusieurs recherches montrent que l’eau est un facteur principal contribuant à
la variation de la permittivité diélectrique du béton (Robert 1996, Haddad et Al-Qadi 1998,
Pokkuluri 1998, Soustos et al 2001). Une augmentation de la teneur en eau du béton conduit à
une augmentation de l’aptitude à polarisation et par conséquent, à une augmentation de la
constante diélectrique ε′r . En même temps, cette augmentation entraine un accroissement des
mécanismes de relaxation diélectrique et de conduction ionique, donc une augmentation du
facteur de pertes ε′′
r.

Haddad et Al-Qadi (Haddad et Al-Qadi 1998) et Pokkuluri (Pokkuluri 1998) montrent que
plus le temps de cure d’un béton saturé augmente et plus sa constante diélectrique et son
facteur de perte décroissent. Cela est expliqué par la consommation de l’eau par le ciment et
donc par une réduction de l’eau libre ainsi que par la diminution de la taille des pores avec le
temps de cure à cause de l’hydratation du ciment. Tout ce qui restreint le mouvement des
molécules d'eau, contribuera donc à diminuer la polarisation de l’eau ainsi que les
phénomènes de conduction ce qui diminuera la valeur de la permittivité diélectrique du béton.
En outre, ces études montrent également que la diminution du rapport eau sur ciment d’un
béton saturé conduit à la diminution de la valeur de la permittivité diélectrique.

33
Robert [Robert 1996] a mis en évidence l’effet la saturation du béton sur la constante
diélectrique et sur le facteur de perte à 1 GHz (la figure I.7). Soutsos et al (Soutsos et al 2001)
montrent le même comportement pour différents types de béton à 500 MHz (la figure I.8)

Figure I.7 Influence de la saturation en eau sur la permittivité à 1 GHz (Robert 1996)

Figure I.8 Influence de la teneur en eau sur la constante diélectrique et la conductivité de différents types
de béton à 500 MHz (Soutsos et al 2001)

Concernant l’effet des chlorures, Al-Qadi et Haddad (Al-Qadi et Haddad 1997) confirment
que l’effet des chlorures est uniquement détectable à basse fréquence. Pokkuluri (Pokkuluri
1998) a montré que les chlorures ont une influence significative sur le facteur de perte.
Haddad et Al-Qadi (Haddad et Al-Qadi 1998) affirment que l’effet des chlorures n’est pas
significatif sur la permittivité diélectrique du béton. Robert (Robert 1998) a montré que l’effet
des chlorures sur les propriétés EM du béton n’est significatif qu’autour de 50 MHz et que
cela n’est plus le cas à 1 GHz pour toutes les valeurs de la concentration en sel (figure I.11).
Cependant, ces conclusions sont tirées des résultats réalisés sur des bétons saturés ce qui
augmente la mobilité des chlorures libres et donc la conductivité du béton. Il est donc
nécessaire de réaliser des études sur les bétons non saturés pour savoir exactement les
influences des chlorures sur les valeurs de constante diélectrique et de facteur de perte aux
fréquences usuelles radar.

34
b. Dispersion EM du béton

La variation des parties réelle (ε′) et imaginaire (ε′′) de la permittivité d’un diélectrique en
fonction de la fréquence est appelée « dispersion » et ce milieu est dit dispersif. De
nombreuses recherches montrent que le caractère dispersif du béton dépend de sa teneur en
eau et de sa concentration en sel (Robert 1998), (Rhim et Büyüköztürk 1998), (Soutsos et al
2001).
En observant les figures I.9 et I.10, nous constatons qu’un béton sec n’est pas dispersif alors
qu’un béton humide est dispersif (la constante diélectrique varie de 15 à 11 lorsque la
fréquence varie de 100 MHz à 20 GHz pour les résultats de Rhim et Büyüköztürk et de 12 à 8
lorsque la fréquence varie de 100 MHz à 1 GHz pour les résultats de Soutsos et al. Les
résultats de Robert (Robert 1998) indiquent que pour un béton saturé avec une teneur en
chlorures nulle, à partir de 300 MHz et jusqu’à 1 GHz, la dispersion n’est plus observée
(figure I.11). En même temps, les résultats montrent que plus la concentration en sel est
importante, plus la dispersion observable est forte.

Figure I.9 Constante diélectrique, facteur de perte et conductivité d’un béton en fonction de son état de
saturation (Rhim et Büyüköztürk 1998)

35
Figure I.10 Effet du degré de saturation du béton sur la constante diélectrique et sur la conductivité en
fonction de la fréquence (Soutsos et al 2001)

Figure I.11 Constante diélectrique d’un béton saturé en fonction de sa teneur en sel et de la fréquence
(Robert 1998)

I.2.8.3 Modélisation de la permittivité du béton


Le béton est un matériau hétérogène. Habituellement, il est considéré comme un matériau
triphasé : phase solide (granulats, composés hydratés, ciment anhydre...), phase liquide
(solution saline dans les pores) et phase gazeuse (air, vapeur d’eau). Sa permittivité dépend
donc de celle des composants du béton.
a. Modélisation de la permittivité d’un électrolyte avec des ions dissous
La permittivité complexe de la phase liquide εsw est celle de l’eau saline (solution
interstitielle) dans les pores du béton. Elle dépend de la concentration en sel, de la fréquence
appliquée, de la température et de l’état physique. Cette permittivité peut être modélisée par le
modèle de Debye (Debye 1929) (voir relations I.27 , I.27a, I.27b dans la rubrique I.2.8.1).
Le modèle de Debye met en évidence la fréquence de relaxation de la molécule d'eau, c’est à
dire la fréquence générant un maximum de pertes diélectriques. Cette fréquence est égale à

36
l’inverse du temps de relaxation de la molécule d’eau. A cette fréquence, le mouvement des
molécules d’eau est en phase avec la variation du champ électrique.
b. Modélisation de la permittivité du béton
 Modèles volumiques de lois de mélanges
Une approche utilisée pour modéliser la permittivité diélectrique d’un milieu est de la relier à
la permittivité effective de chacun de ses composants, pondérée par la fraction volumique de
chaque composant. La matrice solide, le volume des pores et le degré de saturation sont les
paramètres d’entrée de base pour tous les modèles.
La dépendance fréquentielle n’est, quant à elle, pas prise en compte. Cependant, la
permittivité de la phase liquide est dépendante de la fréquence par la relation de Debye. De
plus, certaines hypothèses sur l’arrangement géométrique des différents composants du milieu
peuvent être pris en compte (forme des grains par exemple).
 Modèle « alpha »
Le modèle « alpha » (Lichtenecker 1926) représente la forme la plus générale des modèles
volumiques permettant d’exprimer la permittivité diélectrique relative du milieu 𝜀𝑟 en
fonction de celle de ses différents constituants 𝜀𝑟,𝑖 pondérée par leur fraction volumique Vi .
𝑁
𝛼
𝜀𝑟𝛼 = ∑ 𝑉𝑖 𝜀𝑟,𝑖 (𝐼. 28)
𝑖=1

L’exposant  est un facteur géométrique qui dépend de l’angle entre la direction des
différents composants et celle du champ électrique appliqué. Le coefficient  peut prendre des
valeurs comprises entre -1 (arrangement en série des constituants) et 1 (arrangement en
parallèle des constituants). Il est à noter que le coefficient alpha peut dépendre également de
la fréquence puisqu’il définit la relation entre la permittivité totale et celle des constituants qui
pour certains, comme la phase liquide, sont dépendants de la fréquence.
 Modèle CRIM
Le modèle de CRIM (Complexe Refractive Index Model) est un cas particulier du modèle
« alpha » pour lequel le coefficient  est constant et égal à ½. Dans le cas d’un béton
représenté par un milieu à trois phases, la formule CRIM s’écrit :
2
𝜀 = [(1 − 𝜙)√𝜀𝑠 + (1 − 𝑆𝑤 )𝜙√𝜀𝑎 + 𝜙𝑆𝑤 √𝜀𝑠𝑤 ] (𝐼. 28𝑎)
Où  la porosité du béton
 la teneur en eau volumique
Sw la saturation du béton
𝜀 la permittivité diélectrique relative complexe du béton
𝜀𝑠 la permittivité diélectrique relative de la phase solide (𝜀𝑠 = 5)
𝜀𝑎 la permittivité diélectrique de l’air (𝜀𝑎 = 1)
𝜀𝑠𝑤 la permittivité diélectrique relative de l’eau est calculée par le modèle Debye

 Théorie des milieux effectifs


Une grande partie des explications sur la théorie des milieux effectifs présentée ci-dessous est
issue de l’article de synthèse de Cosenza et al (Cosenza et al 2009), ainsi que de la thèse de
Comparon (Comparon 2005). Si les modèles volumiques représentent une première approche

37
physique de modélisation, depuis plusieurs décennies, d’autres modèles de type semi-
analytique ou numérique sont également développés. Les modèles semi-analytiques, et plus
particulièrement ceux utilisant les théories des milieux effectifs, représentent un bon
compromis. Ils sont basés sur les équations fondamentales de Maxwell et possèdent une
rapidité d’exécution intéressante. Contrairement aux méthodes numériques, les méthodes
analytiques ne considèrent qu’un volume élémentaire représentatif du milieu à modéliser.
L’ensemble de la géométrie du milieu n’a donc pas besoin d’être connu.
Le principe de base de la théorie des milieux effectifs est de considérer le milieu étudié
comme la somme d’une matrice et d’inclusions de forme connue (sphérique ou ellipsoïdale),
ayant des paramètres électriques  ou  fixes. La différence entre les modèles issus de cette
théorie est principalement liée à la manière dont les interactions entre les différents
constituants du milieu sont introduites.
Différents types d’approximations existent dans le cadre de la théorie des milieux effectifs :
approximation non auto-cohérente, approximation auto-cohérente, approximation auto-
cohérente différentielle, … Elles se distinguent les unes des autres par les hypothèses faites
sur la valeur de la permittivité diélectrique de la substance encaissante.
Pour simplifier le discours et les expressions, nous considèrerons le cas d’un milieu à deux
phases. Les différentes approches sont récapitulées dans le tableau I.1. Seul le raisonnement
employé pour le modèle DEM est développé ci-dessous car il intègre les autres approches en
prenant en compte les interactions électromagnétiques entre les grains du matériau.

Tableau I.1 Formules obtenues dans le cadre de la théorie du milieu effectif, pour un mélange à deux phases

Modèle Expression

𝜀 ∗ − 𝜀1 𝜀2 − 𝜀1
Approximation non-auto-cohérente ∗
=𝜙 (𝐼. 29𝑎)
𝜀 + 2𝜀1 𝜀2 + 2𝜀1

3𝜙(𝜀2 − 𝜀1 )/(𝜀2 + 2𝜀1 )


Maxwell et Garnett (1904) 𝜀𝑒∗ = 𝜀1 [1 + ] (𝐼. 29𝑏)
1 − 𝜙(𝜀2 − 𝜀1 )/(𝜀2 + 2𝜀1 )

Approximation auto-cohérente (EMA – 𝜀2 − 𝜀 ∗ 𝜀1 − 𝜀 ∗


𝜙 + (1 − 𝜙) =0 (𝐼. 29𝑐)
Effectif medium approximation) 𝜀2 + 2𝜀 ∗ 𝜀1 + 2𝜀 ∗

Approximation auto-cohérente différentielle 𝜀 ∗ − 𝜀2 𝜀1 𝑑


( )( ) = 1− 𝜙 (𝐼. 29𝑑)
(DEM – Différencial effective medium) 𝜀1 − 𝜀2 𝜀 ∗

𝜀1 − 𝜀 ∗ 𝜀2 𝑑
Modèle auto – similaire (Sen et al, 1981) ( )( ) = 𝜙 (𝐼. 29𝑒)
𝜀1 − 𝜀2 𝜀 ∗

I.3 Notions de propagation des ondes électromagnétiques aux fréquences Radar

Le radar est un système qui émet un rayonnement électromagnétique (EM). Une onde
électromagnétique comporte à la fois un champ électrique et un champ magnétique oscillant à
la même fréquence. La propagation des ondes EM se traduit par un mouvement d’énergie
dans un milieu suivant des lois physiques. Elle dépend de la relation entre le champ électrique
et le champ magnétique. Dans le cas de la propagation des ondes EM dans le vide, ces deux

38
champs sont perpendiculaires l’un par rapport à l’autre et se propagent selon une direction
orthogonale avec une vitesse de propagation égale à la célérité de la lumière (3.108 m.s-1).
(Figure I.12). Leurs amplitudes sont en rapport constant et leurs variations sont en phase.
Dans le cas d’une propagation dans un milieu autre que le vide, ces variations dépendent des
propriétés EM du milieu de propagation (permittivité, conductivité). Ces propriétés EM ont
été définies dans le paragraphe II.2.

Figure I.12 Représentation schématique d’une onde EM se propageant dans le vide (mode TEM)

Les ondes électromagnétiques sont de fréquences différentes et de longueurs d’onde diverses.


Sur le spectre électromagnétique, il n’y a cependant pas de frontière nette entre deux ondes de
fréquences voisines. Ondes radio, micro-ondes, rayons X, infrarouge, lumière, sont des ondes
EM. Chaque type d’ondes est caractérisé par une gamme de fréquence. Les ondes radar
occupent une gamme de fréquence entre 108 et 1012 Hz avec des longueurs d’onde de 3 m à
0.3 mm.

I.3.1 Les équations de Maxwell

Les équations de Maxwell, caractérisent les relations entre le champ électrique et le champ
magnétique. Elles sont complétées par les relations constitutives contenant les propriétés d'un
matériau. Ces relations sont la loi d’Ohm locale ⃗⃗𝐽𝑐 = 𝜎𝐸⃗ et dans le cas d'un milieu linéaire
⃗ = 𝜀. 𝐸⃗ et 𝐵
isotrope, les relations 𝐷 ⃗ = 𝜇. 𝐻

I.3.1.1 Dans le domaine temporel :
Équation de Maxwell 1 (Maxwell – Ampère)

𝜕𝐷
𝑟𝑜𝑡 ⃗ ) = ⃗⃗𝐽𝑐 +
⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (𝐻 = ⃗⃗𝐽𝑐 + ⃗⃗⃗
𝐽𝑑 (𝐼. 30)
𝜕𝑡
Equation de Maxwell 2 (Maxwell – Faraday)

𝜕𝐻
⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (𝐸⃗ ) = −𝜇
𝑟𝑜𝑡 (𝐼. 31)
𝜕𝑡
Équation de Maxwell 3 (Maxwell – Gauss pour le champ magnétique)
⃗)= 0
𝑑𝑖𝑣(𝐵 (𝐼. 32)
Équation de Maxwell 4 (Maxwell – Gauss pour le champ électrique)

39
⃗)= 𝜌
𝑑𝑖𝑣(𝐷 (𝐼. 33)
I.3.1.2 Dans le domaine fréquentiel (le domaine de Fourrier)
Sous la forme de complexe, les équations de Maxwell sont respectivement:
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 (𝐻 ⃗ ̇ ) = 𝜎𝐸⃗ ̇ + 𝑖𝜔𝜀 ∗ (𝜔). 𝐸⃗ ̇ (𝐼. 34)

⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (𝐸⃗ ̇ ) = −𝑖𝜔𝜇. 𝐻


𝑟𝑜𝑡 ⃗̇ (𝐼. 35)
⃗̇ ) = 0
𝜇. 𝑑𝑖𝑣 (𝐻 (𝐼. 36)

𝜀 ∗ (𝜔). 𝑑𝑖𝑣 (𝐸⃗ ̇ ) = 0 (𝐼. 37)

I.3.2 Équation de propagation des ondes EM

À partir des équations de Maxwell et des relations constitutives, nous pouvons déduire
l'équation de propagation vérifiée par le champ électrique (toujours dans le cas d'un milieu
homogène) comme suit:
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡(𝑟𝑜𝑡⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐸⃗ ) = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 (𝑑𝑖𝑣𝐸⃗ ) − ∆𝐸⃗ (𝐼. 38)
Le développement de la partie gauche de l’équation précédente peut s’écrire:

𝜕𝐻 ⃗)
⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐻
𝜕(𝑟𝑜𝑡 𝜕 2 𝐸⃗ 𝜕𝐽⃗⃗𝑐
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡(𝑟𝑜𝑡⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐸⃗ ) = −𝜇. ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 ( ) = −𝜇. = −𝜇. 𝜀. 2 − 𝜇
𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑡
La première partie du membre de droite de l’équation I.38 s’écrit :
𝜌
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ( 𝑙 )
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (𝑑𝑖𝑣𝐸⃗ ) = 𝑔𝑟𝑎𝑑
𝑔𝑟𝑎𝑑
𝜀
D'où l'équation d'onde pour le champ électrique :
𝜕 2 𝐸⃗ 𝜌 𝜕𝐽⃗⃗
∆𝐸⃗ − 𝜇. 𝜀. = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ( 𝑙 ) + 𝜇 𝑐
𝑔𝑟𝑎𝑑 (𝐼. 39)
𝜕𝑡 2 𝜀 𝜕𝑡
En l'absence de charges (l =0) et en utilisant la relation I.4, la relation I.39 devient :
𝜕𝐸⃗ 𝜕 2 𝐸⃗
∆𝐸⃗ − 𝜎. 𝜇 − 𝜇. 𝜀. 2 = 0 (𝐼. 40)
𝜕𝑡 𝜕𝑡

Un raisonnement similaire, à partir des équations de Maxwell, pour le champ magnétique 𝐵
conduit à l’équation de propagation suivante :
𝜕𝐻⃗ 𝜕2𝐻⃗
⃗ − 𝜎. 𝜇
∆𝐻 − 𝜇. 𝜀. 2 = 0 (𝐼. 41)
𝜕𝑡 𝜕𝑡
Dans le cas d’un champ électrique harmonique ( 𝐸⃗ = ⃗⃗⃗⃗
𝐸0 . 𝑒 𝑖𝜔𝑡 ) la relation I.40 s'écrit :
⃗ − 𝑖𝜔𝜎𝜇E
∆E ⃗ + 𝜔2 𝜀 ∗ 𝜇E
⃗ =0 (𝐼. 42𝑎)
⃗ − 𝛾 2 ⃗E = 0
∆E (𝐼. 42𝑏)
Où  est la constante de propagation complexe qui s’exprime selon la relation I.20 :
𝛾 = 𝛼 + 𝑖𝛽 = √𝑖𝜔𝜇(𝜎 + 𝑖𝜔𝜀 ∗ ) = √𝑖𝜔𝜇(𝑖𝜔𝜀𝑒∗ ) = √−𝜔 2 𝜇𝜀𝑒∗ (𝐼. 43)
où 𝛼 est le coefficient d’atténuation (m-1) et 𝛽 la coefficient de phase (rad/s).

40
I.3.3 Ondes électromagnétiques planes

I.3.3.1 Solution de l’équation de propagation d’onde plane


La fonction d’onde (ou la solution de l’équation d’onde) est la solution de l’équation de
propagation d’onde (relation I.42). Nous ne pouvons pas trouver toutes les solutions de cette
équation aux dérivées partielles. Nous la cherchons donc sous la forme la plus simple qui est
une onde plane progressive monochromatique (OPPM). C’est une onde dont son oscillation
en tout point est une oscillation harmonique. Cette oscillation est caractérisée par sa
fréquence, f reliée à sa période temporelle T et à sa pulsation ω (rad/s) ou par sa longueur
d’onde  (m) :
2𝜋
𝜔 = 2𝜋𝑓 = (𝐼. 44)
𝑇
𝑣
𝜆 = 𝑣𝑇 = (𝐼. 45)
𝑓
𝑣 est la vitesse de propagation de l’onde monochromatique
Résoudre l’équation I.42 conduit à la relation suivante:
⃗E = ⃗E𝑒 −𝛾𝑧 (𝐼. 46)
Comme la solution des équations de Maxwell est une OPPM de pulsation ω se propageant
suivant z, nous avons donc :
⃗E = ⃗E𝑒 −𝛾𝑧 = ⃗⃗⃗⃗
E0 𝑒 𝑖𝜔𝑡 𝑒 −𝛾𝑧 = ⃗⃗⃗⃗
E0 𝑒 𝑖𝜔𝑡 𝑒 −(𝛼+𝑖𝛽)𝑧 = ⃗⃗⃗⃗
E0 𝑒 −𝛼𝑧 𝑒 𝑖(𝜔𝑡−𝛽𝑧) (𝐼. 47)
I.3.3.2 Atténuation d’une OPPM
Dans les milieux diélectriques réels, la propagation d’onde EM subit plusieurs atténuations:
 L’atténuation géométrique due à :
la divergence du front d’onde sous la forme d'un faisceau conique. La densité
d'énergie réduite est donc proportionnelle à 1/r2, où r est la distance de propagation. Si
nous considérons un rayonnement sphérique parfait, cette atténuation est égale à
1/4πr2
 L’atténuation par absorption qui augmente avec la fréquence de l’onde et qui est liée
au facteur de perte ou à la conductivité.
 L’atténuation par diffusion causée par la présence d’inclusions de dimensions
comparables à la longueur d’onde.
 L’atténuation causée par le système de mesure (câbles, cartes électroniques, etc.).
La somme de toutes les atténuations ci-dessus constitue une atténuation globale des ondes
radar qui diminue le rapport d’amplitude du signal/bruit, et donc diminue la résolution
spatiale du système radar selon la profondeur de pénétration dans le matériau ausculté.
Comme nous l’avons vu, le radar enregistre toutes les réflexions générées par toute interface
présentant un contraste diélectrique mesurable. Ce contraste est suffisamment important pour
que la réflexion générée soit supérieure au bruit de la mesure et que cette réflexion puisse
ainsi être détectée par la technique radar. En effet, plus le contraste augmente, plus la
détection est efficace.
L’équation I.47 montre qu’une OPPM est atténuée suivant le terme 𝑒 −𝛼𝑧 en fonction de la
distance parcourue dans le milieu.
L’équation I.43 nous permet d’écrire le coefficient d’atténuation sous la forme de ci-dessous:

41
𝜇 (√𝜀𝑒′2 + 𝜀𝑒′′2 − 𝜀𝑒′ ) 𝜇𝜀0 𝜀𝑟′ 𝜀𝑟′′2 𝜔 𝜇𝑟 𝜀𝑟′ 𝜀𝑟′′2
𝛼 = 𝜔√ = 𝜔√ (√1 + ′2 − 1) = √ (√1 + ′2 − 1) (𝐼. 48)
2 2 𝜀𝑟 𝑐 2 𝜀𝑟

1
avec c la vitesse de propagation des ondes EM dans le vide : 𝑐 = ≈ 3. 108 (𝑚/𝑠)
√𝜇0 𝜀0

Cette relation indique que l’atténuation, 𝛼 est fonction de la pulsation et donc de la fréquence.
Plus la fréquence est élevée et plus l’absorption de l’onde due au milieu est importante ce qui
explique le fait que les ondes radar hautes fréquences utilisées pour l’auscultation des
structures (typiquement entre 1 et 2 GHz) s’atténuent très vites (environ moins de 50 cm de
profondeur d’investigation).
I.3.3.3 Profondeur de pénétration
L’inverse du coefficient d’atténuation, 𝛼 définit la profondeur de pénétration, hp, qui
représente la profondeur théorique pour laquelle l’amplitude du champ électromagnétique est
diminué de 1/e (e=2.718) en raison d’une absorption d’énergie par le milieu. On a alors :
1 𝑐√2 1
ℎ𝑝 = = (𝐼. 49)
𝛼 𝜔
√𝜇𝑟 (√𝜀𝑟′2 + 𝜀𝑟′′2 − 𝜀𝑟′ )

Si le milieu est un diélectrique non magnétique (𝜇 = 𝜇0 donc 𝜇𝑟 = 1) et de faible


conductivité comme le béton, les relations I.48 et I.49 sont simplifiées :

𝜔 𝜀𝑟′′ 𝜎𝑒′ 𝜇0
𝛼≈ 𝑜𝑢 𝛼 ≈ √ ′ (𝐼. 49𝑎)
2𝑐 √𝜀𝑟′ 2 𝜀𝑒

1 2 𝜀𝑒′
ℎ𝑝 = ≈ ′√ (𝐼. 49𝑏)
𝛼 𝜎𝑒 𝜇0

I.3.3.4 Vitesse d’une OPPM


 La vitesse de la propagation d’onde v est la vitesse de propagation du signal ou la
vitesse de propagation de l’énergie, elle est une grandeur physique, avec v ≤ c
 La vitesse de phase d’une OPPM, vp, est la vitesse de mouvement de la surface d’égale
phase (ou est la vitesse du point ayant la phase constante).
L’équation I.47 montre également que la vitesse d’une OPPM est aussi la vitesse de
déplacement du plan d’onde (ou la vitesse de la phase)
𝑑𝑧 𝜔
𝑣 = 𝑣𝑝 = ( ) = (𝐼. 50)
𝑑𝑡 𝜑=𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 𝛽
L’équation I.43 nous permet d’écrire le coefficient de phase sous la forme ci-dessous:

𝜇 (√𝜀𝑒′2 + 𝜀𝑒′′2 + 𝜀𝑒′ ) 𝜇𝜀0 𝜀𝑟′ 𝜀𝑟′′2 𝜔 𝜇𝑟 𝜀𝑟′ 𝜀𝑟′′2


𝛽 = 𝜔√ = 𝜔√ (√1 + ′2 + 1) = √ (√1 + ′2 + 1) (𝐼. 51)
2 2 𝜀𝑟 𝑐 2 𝜀𝑟

En intégrant l’équation I.51 dans l’équation I.50 nous obtenons la relation suivante :
𝜔 𝑐√2
𝑣 = 𝑣𝜑 = = (𝐼. 52)
𝛽
√𝜇𝑟 (√𝜀𝑟′2 + 𝜀𝑟′′2 + 𝜀𝑟′ )

42
Dans le cas d’un diélectrique non magnétique (𝜇 = 𝜇0 , donc 𝜇𝑟 = 1) et de faible
conductivité comme le béton, les relations I.51 et I.52 sont simplifiées :
𝜔
𝛽 ≈ 𝜔√𝜇0 𝜀𝑒′ 𝑜𝑢 𝛽 ≈ 𝜔√𝜇0 𝜀0 𝜀𝑟′ 𝑜𝑢 𝛽 ≈ √𝜀𝑟′ (𝐼. 53)
𝑐
𝜔 1 𝑐
𝑣 = 𝑣𝜑 = ≈ 𝑜𝑢 𝑣 = 𝑣𝜑 ≈ (𝐼. 54)
𝛽 √𝜇0 𝜀0 𝜀𝑟′ √𝜀𝑟′
La relation I.54 montre que la vitesse de propagation d’une OPPM dépend principalement de
la constante diélectrique du milieu pour un diélectrique à faibles pertes.
I.3.3.5 Vitesse de propagation d’une onde EM quelconque
Une onde EM quelconque peut être reconstituée à partir de plusieurs OPPM de différentes
fréquences. Pour cette onde nous pouvons définir la notion de la vitesse de groupe :
𝑑𝜔
𝑣𝑔 = (𝐼. 55)
𝑑𝛽
La vitesse de groupe correspond à la vitesse de propagation de l’énergie. Elle est toujours
inférieure ou égale à la vitesse de la lumière dans le vide.
Il est important de souligner que l’approximation de l’onde émise par l’antenne de radar avec
l’OPPM est valide à condition d’être suffisamment loin de la source (la distance de
Fraunhofer).

I.3.4 Propagation d’onde dans les milieux hétérogènes

Dans le paragraphe précédent, nous avons présenté la propagation d’onde dans des milieux
homogènes. Cependant, notre matériau d’étude, le béton, doit être considéré comme
hétérogène en raison de la présence des inclusions granulaires. Lorsque l’onde se propage
dans ce milieu, les inclusions sont susceptibles de diffracter l’énergie dans toutes les
directions. On parle alors de pertes par diffusion. La théorie de multi-diffusion (Issac,1991)
permet d’étudier l’effet de la taille des inclusions ainsi que de la longueur d’onde des signaux
EM sur ce phénomène.
Selon cette théorie, si la dimension des plus grosses inclusions, D, est très inférieure à la
longueur d’onde  du signal EM se propageant dans le milieu, les pertes par diffusion sont
négligeables. Pour assurer cela, la relation I.56 donne la limite de la dimension des plus
grosses inclusions par rapport à la longueur d’onde . Tant que cette relation est vérifiée, le
milieu est encore considéré comme homogène vis à vis de la propagation d’ondes EM.
𝜆
𝐷≤ (𝐼. 56)
2𝜋
Ainsi, plus la fréquence des ondes EM se propageant dans le milieu augmentent (ou plus la
longueur d’onde diminue), plus les pertes par diffusion augmentent. Cette effet de la
fréquence de l’onde sur l’importance des pertes se traduit par la dispersion de la permittivité
du milieu de propagation appelé dispersion par multi-diffusion.

I.3.5 Réflexion et transmission des ondes EM

Les ondes EM se propagent entre des milieux de caractéristiques EM différentes générant des
réflexions et des réfractions. Dans le cadre de cette étude, nous utilisons des antennes
couplées au matériau pour lesquelles le champ électrique se polarise perpendiculairement au

43
plan d’incidence (c’est une surface contenant la direction de propagation d’onde et la normale
de l’interface entre deux milieux). Une part de l’énergie est réfléchie. Cette dernière se traduit
par le coefficient de réflexion de l’interface. L’énergie qui n’est pas réfléchie continue à se
propager jusqu’à ce qu’elle rencontre une autre interface ou jusqu’à ce qu’elle soit absorbée
totalement dans le matériau. Cette art de l’énergie transmise au matériau se caractérise par le
coefficient de réfraction ou de transmission. Dans notre, le mode de propagation de l’onde est
le mode transverse électrique (TE). Ainsi, les coefficients de réflexion ‘R’ et de transmission
‘T’ sont représentés par les relations suivantes :
𝐸0𝑟 𝑍2 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 − 𝑍1 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑡
𝑅⊥ = = (𝐼. 58)
𝐸0𝑖 𝑍2 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 + 𝑍1 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑡
𝐸0𝑡 𝑍1 𝑍2 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖
𝑇⊥ = = (𝐼. 59)
𝐸0𝑖 𝑍2 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑖 + 𝑍1 𝑐𝑜𝑠𝛼𝑡
Avec Z1 et Z2 représentant respectivement les impédances EM des milieux 1 et 2.

𝜇1 𝜇2
𝑍1 = √ 𝑒𝑡 𝑍2 = √
𝜀1 𝜀2

 et  représenteant respectivement la perméabilité EM et la constante diélectrique du


matériau.

Figure I.13 Réflexion et transmission d’onde EM plane polarisé  au plan d’incidence

I.3.6 Émission d’une onde EM par une antenne couplée au matériau

 Couplage entre antenne et matériau

Lorsqu’une antenne radar est placée dans l'air, elle émet de l'énergie dans un domaine
angulaire spécifique. Cette caractéristique de l’antenne à propager l’énergie dans des
directions de propagation privilégiées (lobes) est représentée par son diagramme de
rayonnement. Cependant, la plupart des antennes GPR sont conçus pour fonctionner en
contact avec ou à proximité immédiate de la surface du béton. Lorsque l’antenne est mise en
contact avec le béton, le matériau absorbe l'énergie de l'antenne et cette dernière s’adapte au
milieu (effet de couplage). Le diagramme de rayonnement de l’antenne est alors modifié.
Plusieurs études ont été menées sur l’effet du couplage entre une antenne et un milieu
diélectrique homogène et pour différentes propriétés EM (Robert et Daniels 1997; Millard et

44
al. 1998; O¢guz et Gürel 2001; Millard et al. 2002; Radzevicius et al. 2003; Klysz 2004). La
plupart d’entre elles ont été effectuées sur une antenne à dipôle court couplée au matériau.
Millard et al. a présenté l’’effet de ce couplage sur le diagramme de rayonnement d’une
antenne à dipôle court dans le plan du champ magnétique (figure I.14) (Millard et al 2002).
Nous constatons que lorsque le dipôle est en contact ou à proximité d’un milieu diélectrique,
la majorité de l’énergie EM est transmise dans le milieu. L'antenne doit donc rester à un
dixième de la longueur d'onde de la surface du milieu pour obtenir les meilleures
performances. L'augmentation de l’écart entre l’antenne et la surface provoque une
augmentation de l’énergie réfléchie par la surface du milieu. De plus, plus la constante
diélectrique du matériau est importante et plus l’énergie EM est focalisée vers le matériau
(figure I.14).

Figure I.14 Diagramme de rayonnement d’un dipôle court placé sur un milieu diélectrique de constante
diélectrique égale à 4(~béton sec) et 12(~béton saturé), (Millard et al, 2002)

I.3.7 Simulation de la propagation des ondes EM dans le béton

I.3.7.1 Modélisation de la propagation pour la caractérisation physique du milieu


A la rubrique I.1.2, nous avons abordé les applications du radar à la caractérisation physique
du milieu de propagation par une approche statistique. Plus précisément, la détermination de
la teneur en eau et en chlorures des bétons par une procédure d’inversion des mesures radar.
Parallèlement, il existe une approche physique. Selon la rubrique I.2, la propagation des ondes
EM dans un milieu peut être décrite par l’équation de propagation des ondes EM. La solution
de l’équation de propagation dépend des paramètres diélectriques du milieu de propagation.
Ces paramètres régissent la vitesse et l’atténuation des ondes EM au cours de leur propagation
dans le milieu. Les modifications des ondes radar en cour de propagation dans un milieu
fournissent des informations importantes sur ses propriétés EM. Il est donc possible
d’inverser les modèles analytiques de la vitesse et de l’atténuation afin d’évaluer les
propriétés EM du milieu. L’étape suivante consistera à convertir ces propriétés EM en
caractéristiques physiques du milieu. Cette étape peut être réalisée en utilisant des modèles de
lois de mélanges diélectriques (modèles volumiques ou géométrique) pour modéliser les
effets des propriétés physiques du milieu sur sa permittivité (Halabe et al 1993; Tsui and
Matthews 1997; Matthews et al 1998; Robert 1998 ; Laurens et al 2003). Plusieurs auteurs se
sont intéressés à la modélisation de la propagation d’ondes dans les milieux pour la
caractérisation physique du milieu. Toutefois, l'introduction d'un modèle de matériau basé sur
des lois de mélanges diélectrique dans le problème de modélisation de la propagation pour la
caractérisation physique du milieu n’a pas encore été complètement étudiée.
45
Avant que le problème inverse soit effectué pour caractériser les propriétés physiques des
matériaux, le problème direct (c’est à dire la simulation de la propagation) est une question
très importante. Ces derniers sont décrits par un modèle dans lequel les effets des propriétés
du matériau sont pris en compte. Ainsi, pour le problème direct, il faut choisir un modèle qui
est capable de modéliser au mieux les comportements diélectriques du milieu de propagation
et d’effectuer des simulations grâce à la résolution de l’équation de propagation (ou le
système des équations de Maxwell). Dans ce chapitre, nous abordons deux approches pour
traiter ce problème. La première consiste à utiliser une méthode analytique basée sur la
solution de l’équation de propagation d’une onde plane et la deuxième est une résolution
numérique des équations de Maxwell.
I.3.7.2 Méthode analytique pour la modélisation des signaux GPR
La limite de ce type de modèle est la difficulté de modéliser analytiquement tous les
phénomènes de la physique. Cependant, les principaux avantages de cette méthode analytique
sont qu’elle fournit une meilleure compréhension de la physique du problème et que la vitesse
de calcul des valeurs du champ électrique est très rapide parce qu'ils peuvent être calculées
directement par des formules analytiques (contrairement à la méthode numérique, où il faut
faire plusieurs itérations et la simplification du problème pour obtenir un système d’équation
« simple » conduit à une domaine de validité limité).
a . Identification de la Fonction Transfert du matériau

Afin de modéliser la propagation d’un signal dans le béton, il est possible de calculer une
fonction transfert (FT) qui modélise le milieu de propagation en utilisant la solution
analytique d’une onde plane 1D (voir relation I.47). La FT représente l’atténuation d’une
onde plane dans un matériau au cours de la propagation (atténuation par absorption):
𝐻(𝜔) = 𝑒 −(𝛼+𝑖𝛽)𝑧 (𝐼. 64)
𝛼 est le coefficient d’atténuation (relation I.48) et 𝛽 est le coefficient de phase (relation I.51).
Ils dépendent de la partie réelle et imaginaire de la permittivité du matériau ainsi que la
fréquence.
z est la distance de propagation de l’onde dans le béton.
b. Simulation analytique de la propagation du signal RADAR

Le signal que l’on envoie dans le matériau (signal d’entrée) peut être modélisé par une onde
plane. En ayant la fonction de transfert du béton, nous pouvons calculer le signal de sorti
théorique J :
𝐽(𝑡) = 𝐼(𝑡) ∗ 𝐻(𝑡) (𝐼. 65)
où * représente le produit de convolution
Le calcul du produit de convolution est complexe sachant que H est défini en fréquentiel.
D’autre part, le produit de la convolution dans le domaine temporel est équivalent à la
multiplication dans le domaine fréquentiel, et vice-versa. Nous pouvons donc appliquer à
toute l’équation précédente une transformée de Fourier pour passer dans le domaine
fréquentiel. Nous obtenons alors l’équation suivante :
𝐽(𝜔) = 𝐼(𝜔). 𝐻(𝜔) (𝐼. 66)
Enfin, pour obtenir le signal de sortie dans le domaine temporel, il suffit d’utiliser une
transformée de Fourier inverse appliquée à l’expression précédente.
J(t) = FFT-1 (J(ω))

46
En se basant sur cette approche analytique, Shaari et al (Shaari et al 2004) ont modélisé la
propagation des ondes radar dans un béton avec différentes valeurs de permittivité
diélectrique mesurées expérimentalement. La fonction de transfert définie ci-dessus joue un
rôle de filtre passe-bas. Ce travail a permis de prédire l’atténuation et la déformation des
ondes radar en cours de la propagation.
Cette méthode a été principalement utilisée dans le domaine de la géophysique pour
caractériser la teneur en eau des sols. Le modèle empirique de Jonscher qui permet de
modéliser la dispersion de la permittivité a été couplé au modèle FT comme données d’entrée
de la permittivité (Bano 2004). Une application sur du béton a été effectuée par Ihamouten
(Ihamouten 2013) pour remonter à la permittivité du béton. L’avantage du modèle de
Jonscher est qu’il permet de bien modéliser la variation de la permittivité en fonction de la
fréquence. Cependant, les données d’entrée de ce modèle ne peuvent pas représenter les
propriétés du béton (saturation, salinité, porosité, etc.), car il est basé sur une loi d’un
polynôme degré 2 et qu’il est impossible, par conséquent, d’inverser ce type de modèles pour
remonter aux propriétés des bétons.
I.3.7.3 Méthode numérique pour un problème de GPR
 Méthode des différences finies dans le domaine temporel - FDTD

La méthode des différences finies dans le domaine temporel (en anglais : Finite Difference
Time Domain - FDTD) a été proposée par K. Yee (Yee 1966) et puis améliorée par d’autres
auteurs depuis le début des années 1970. La méthode FDTD est l'une des techniques les plus
couramment utilisées pour la simulation de la problématique électromagnétique. En effet, elle
est utilisée dans de nombreux domaines et en particulier dans la simulation de rayonnement
d’antennes (Roberts et Daniels 1977, Rejiba et Camerlynck 2002, Radzevicius 2003....).
Dans cette méthode, un schéma appelé « saute-mouton » (ou Leaf-Frog en anglais) a été
utilisé pour calculer alternativement dans le temps et dans l’espace les champs électrique et
magnétique. Pour utiliser la méthode FDTD, un domaine de calcul, qui est l’espace où la
simulation est réalisée, doit être défini. Cet espace est alors divisé en cellules élémentaires sur
lesquelles les équations de Maxwell seront résolues. Le matériau de chaque cellule doit être
défini avec ses paramètres constitutifs.
 Discrétisation spatiale et temporelle

Afin de résoudre un problème EM à l’aide de la méthode FDTD il faut discrétiser à la fois


dans le domaine temporel et spatial les équations de Maxwell en utilisant des approximations
de la différence centrale. La théorie de Yee consiste en l’allocation dans l’espace des
composants de champ électrique et magnétique et faire évoluer la procédure dans le temps.
Dans les coordonnées rectangulaires, deux équations I.30 et I.31 du système d’équations de
Maxwell sont écrits comme suit :
𝜕𝐸𝑥 1 𝜕𝐻𝑧 𝜕𝐻𝑦 𝜕𝐻𝑥 1 𝜕𝐸𝑦 𝜕𝐸𝑧
= ( − − 𝜎𝐸𝑥 ) (𝐼. 67) = ( − ) (𝐼. 70)
𝜕𝑡 𝜀 𝜕𝑦 𝜕𝑧 𝜕𝑡 𝜇 𝜕𝑧 𝜕𝑦
𝜕𝐸𝑦 1 𝜕𝐻𝑥 𝜕𝐻𝑧 𝜕𝐻𝑦 1 𝜕𝐸𝑧 𝜕𝐸𝑥
= ( − − 𝜎𝐸𝑦 ) (𝐼. 68) = ( − ) (𝐼. 71)
𝜕𝑡 𝜀 𝜕𝑧 𝜕𝑥 𝜕𝑡 𝜇 𝜕𝑥 𝜕𝑧
𝜕𝐸𝑧 1 𝜕𝐻𝑦 𝜕𝐻𝑥 𝜕𝐻𝑧 1 𝜕𝐸𝑥 𝜕𝐸𝑦
= ( − − 𝜎𝐸𝑧 ) (𝐼. 69) = ( − ) (𝐼. 72)
𝜕𝑡 𝜀 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑡 𝜇 𝜕𝑦 𝜕𝑥
K. Yee (1966) a proposé d’utiliser une différenciation centrée pour calculer les dérivées en
temps et en espace. La dérivée de la fonction f(x) au point x0 est calculée comme suit :

47
∆𝑥 ∆𝑥
𝜕𝑓(𝑥0 ) 𝜕𝑓 (𝑥0 + 2 ) − 𝜕𝑓(𝑥0 − 2 )
= + 𝑂(∆𝑥 2 ) (𝐼. 73)
𝜕𝑥 ∆𝑥
Où ∆𝑥 est le pas suivant la variable x et 𝑂(∆𝑥 2 ) est la précision à l’ordre 2 de la dérivée.
L’espace de calcul est mise dans un repère cartésien et subdivisée en parallélépipèdes
élémentaires de dimensions ∆𝑥, ∆𝑦, ∆𝑧. Chaque parallélépipède est localisé par trois indices
i, j, k et ses coordonnées sont (𝑖∆𝑥, 𝑗∆𝑦, 𝑘∆𝑧). Le schéma ci-dessous présente la disposition
des composantes du champ EM dans une cellule. Il est alors possible de trouver les indices de
chaque composante de champ :
Ex en i+1/2, j, k ; Hx en i, j+1/2, k+1/2
Ey en i, j+1/2, k ; Hy en i+1/2, j, k+1/2
Ez en i, j, k+1/2 ; Hz en i+1/2, j+1/2, k

Figure I.15 Schéma de position des composantes du champ EM dans un cube i, j, k

Pour formuler les équations relatives à la méthode FDTD, une discrétisation est appliquée au
sein de chaque cellule aux équations ci-dessus qui, par conséquent, deviennent :
𝑛 𝑛
𝑛+1/2 𝑛−1/2
𝐻𝑛𝑧 (𝑖,𝑗+1/2,𝑘) − 𝐻𝑧 (𝑖,𝑗−1⁄2,𝑘) 𝐻𝑛𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘+1/2) − 𝐻𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘−1⁄2)
𝐸𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘) = 𝐶𝐴(𝑖,𝑗,𝑘) 𝐸𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘) + 𝐶𝐵(𝑖,𝑗,𝑘) [( )−( )] (𝐼. 74)
∆𝑦 ∆𝑧
𝑛 𝑛
𝑛+1/2 𝑛−1/2
𝐻𝑛𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘+1/2) − 𝐻𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘−1⁄2) 𝐻𝑛𝑧 (𝑖+1/2,𝑗,𝑘) − 𝐻𝑧 (𝑖−1⁄2,𝑗,𝑘)
𝐸𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘) = 𝐶𝐴(𝑖,𝑗,𝑘) 𝐸𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘) + 𝐶𝐵(𝑖,𝑗,𝑘) [( )−( )] (𝐼. 75)
∆𝑧 ∆𝑥
𝑛 𝑛
𝑛+1/2 𝑛−1/2
𝐻𝑛𝑦 (𝑖+1/2,𝑗,𝑘) − 𝐻𝑦 (𝑖−1⁄2,𝑗,𝑘) 𝐻𝑛𝑥 (𝑖,𝑗+1/2,𝑘) − 𝐻𝑦 (𝑖,𝑗−1⁄2,𝑘)
𝐸𝑧 (𝑖,𝑗,𝑘) = 𝐶𝐴(𝑖,𝑗,𝑘) 𝐸𝑧 (𝑖,𝑗,𝑘) + 𝐶𝐵(𝑖,𝑗,𝑘) [( )−( )] (𝐼. 76)
∆𝑥 ∆𝑦
𝑛+1/2 𝑛+1/2 𝑛+1/2 𝑛+1/2
𝑛+1 𝑛
𝐸𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘+1) − 𝐸𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘) 𝐸𝑧 (𝑖,𝑗+1,𝑘) − 𝐸𝑧 (𝑖,𝑗,𝑘)
𝐻𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘) = 𝐻𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘) + 𝐶𝐶(𝑖,𝑗,𝑘) [( )−( )] (𝐼. 77)
∆𝑧 ∆𝑦
𝑛+1/2 𝑛+1/2 𝑛+1/2 𝑛+1/2
𝑛+1 𝑛
𝐸𝑧 (𝑖+1,𝑗,𝑘) − 𝐸𝑧 (𝑖,𝑗,𝑘) 𝐸𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘+1) − 𝐸𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘)
𝐻𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘) = 𝐻𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘) + 𝐶𝐶(𝑖,𝑗,𝑘) [( )−( )] (𝐼. 78)
∆𝑥 ∆𝑧
𝑛+1/2 𝑛+1/2 𝑛+1/2 𝑛+1/2
𝐸𝑥 (𝑖,𝑗+1,𝑘) − 𝐸𝑥 (𝑖,𝑗,𝑘) 𝐸𝑦 (𝑖+1,𝑗,𝑘) − 𝐸𝑦 (𝑖,𝑗,𝑘)
𝑛+1
𝐻𝑧 (𝑖,𝑗,𝑘) =
𝑛
𝐻𝑧 (𝑖,𝑗,𝑘) + 𝐶𝐶(𝑖,𝑗,𝑘) [( )−( )] (𝐼. 79)
∆𝑦 ∆𝑥

48
𝜎𝑖,𝑗,𝑘 ∆𝑡 ∆𝑡
1−
2𝜀𝑖,𝑗,𝑘 𝜀𝑖,𝑗,𝑘 ∆𝑡
𝐶𝐴(𝑖,𝑗,𝑘) = (𝐼. 80) ; 𝐶𝐵(𝑖,𝑗,𝑘) = (𝐼. 81) ; 𝐶𝐶(𝑖,𝑗,𝑘) = (𝐼. 82)
𝜎𝑖,𝑗,𝑘 ∆𝑡 𝜎𝑖,𝑗,𝑘 ∆𝑡 𝜇𝑖,𝑗,𝑘
1+ 1+
2𝜀𝑖,𝑗,𝑘 2𝜀𝑖,𝑗,𝑘

 La taille du maillage et le pas de temps


La dimension d’une cellule parallélépipédique (x, y, z) doit être choisie pour assurer une
représentation adéquate, une erreur acceptable... Afin de satisfaire à ces demandes, la plus
grande taille parmi trois dimensions x, y, z de cellule parallélépipédique, doit être choisie
de telle sorte qu’il y a au moins 10 cellules par longueur d'onde dans le matériau représenté
par la cellule. La condition de stabilité a été décrite par une formule des trois scientifiques
Courant, Friedrichs et Lewy. Cette formule est parfois appelée la condition de CFL.
1
∆𝑡 ≤ (𝐼. 83)
2 2 2
1 1 1
𝑐0 √( ) +( ) +( )
∆𝑥 ∆𝑦 ∆𝑧

𝑐0 : vitesse de la lumière
En général, la condition de stabilité peut être écrit simplement par :

∆𝑡 ≤ (𝐼. 84)
𝑐0 √𝑑
Avec d soit égal à 1, 2, ou 3 pour le problème correspondant respectivement à un, deux, ou
trois dimensions, et ∆ est la taille de la plus petite cellule. Pour le problème de propagation
dans une dimension :

∆𝑡 ≤ (𝐼. 85)
𝑐0
Cela signifie que, pour la condition de stabilité, la composante du champ ne peut pas se
propager au delà d'une taille de cellule en un pas de temps t. Un choix commun pour ∆𝑡
(pour le problème à un, deux, ou trois dimensions) est donné par :

∆𝑡 ≤ (𝐼. 86)
2𝑐0
En utilisant cette méthode de résolution des équations de Maxwell, plusieurs chercheurs ont
pu simuler le rayonnement d’antennes en espace libredans un matériau homogène et pour
différentes propriétés EM (Robert et Daniels 1997; Millard et al. 1998; O¢guz et Gürel 2001;
Millard et al. 2002; Radzevicius et al. 2003; Klysz 2004, Giannopoulos 2005). Par exemple,
Millard et al. montrent l’effet de la constante diélectrique d’un milieu homogène et semi-
infini sur le diagramme de rayonnement d’une antenne à dipôle court dans le plan du champ
magnétique (Millard et al. 2002) couplé à un matériau.
Dans la thèse de G. Klysz il a été présenté le rayonnement d’un dipôle placé sur un milieu de
constante diélectrique de 9 et de 80 (4 ns après impulsion de la source) (Klysz 2004). La
simulation est basée sur la résolution des équations de Maxwell selon un schéma aux
différences finies et en prenant en compte la géométrie de l’antenne (dimension des dipôles,
blindage et géométrie de la boite contenant les antennes). Klysz montre avec cette simulation
que plus la constante diélectrique du milieu est élevée et plus l’énergie EM est focalisée
(resserrement du lobe de rayonnement). Les ondes EM émises subissent une atténuation dite
géométrique qui dépend du matériau de couplage mais aussi des caractéristiques de l’antenne
utilisée.

49
Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons présenté le principe de fonctionnement du système radar et mis
en évidence les principales applications de la technique radar dans le domaine du génie civil :
 Caractérisation géométrique :
- détection et location des objets enfouis (sol, béton, bois) ou détection des
endommagements mécaniques d’une structure en béton et d’une chaussée.
- estimation des épaisseurs des couches, de la profondeur des armatures et des gaines de
précontrainte.
 Caractérisation physique :
- estimation des teneurs en eau et en chlorures.
- Evaluation de l’anisotropie du bois.
La caractérisation physique du milieu est une application innovante qui permettra d’améliorer
le diagnostic des structures. Cependant, jusqu’à présent, la plupart des recherches ont étudié
l’effet de la teneur en eau sur les propriétés EM du béton et sur les mesures radar. Très peu
d’études ont abordé le problème inverse dans le but de caractériser physiquement le béton.
En outre, l'étude a également souligné le potentiel de l’exploitation de l’onde radar directe ou
de surface (ORS) dans la caractérisation physique du béton. Les ondes radar de surface se
propagent directement de l’émetteur au récepteur, elles ne nécessitent pas la présence d’un
réflecteur ainsi que sa profondeur. La profondeur d’investigation de l’ORS est mal connue.
Cependant, la bibliographie souligne qu’elle dépend des paramètres physiques du matériau,
de la fréquence du signal transmis et même de la distance entre émetteur et récepteur. Malgré
tout, une grande difficulté d’évaluation expérimentale de la profondeur d’influence de l’ORS
demeure.
Nous avons également défini les propriétés EM du matériau diélectrique et son comportement
sous l'action du champ électrique externe. Les concepts de permittivité diélectrique effective
et de conductivité diélectrique effective ainsi que les mécanismes de polarisation et de
relaxation ont été particulièrement définis. Les études sur la permittivité des bétons montrent
que :
 La présence de l’eau augmente à la fois la constante diélectrique et le facteur de perte
du béton conduisant à diminuer la vitesse de propagation des ondes EM dans le béton
et à augmenter l’absorption de l’énergie des ondes EM dans le milieu. La présence
d’eau dans les pores du béton fait apparaître une dispersion des propriétés EM du
béton à basse fréquence.
 La présence de chlorures dans la solution interstitielle du béton conduit à
l’augmentation de la polarisation interfaciale et de la conductivité électrique donc à
une augmentation du facteur de perte et à l’atténuation des ondes radar. Cependant,
elle ne semble avoir d’effet significatif qu’à très basse fréquence alors que des
mesures de l’atténuation radar dans le béton avec une antenne couplée de 1.5 GHz a
montré une sensibilité aux chlorures même dans un béton non saturé.
Très peu d’études existent concernant la simulation de la propagation des ondes radar dans le
béton et notamment l’onde directe. Une modélisation analytique réalisée par Shaari montre
l’effet de l’atténuation et de la phase sur la déformation du signal radar. Cette étude ne prend
pas en compte l’effet de l’atténuation géométrique ni l’effet du couplage. De plus, les
paramètres d’entrée sont des permittivités mesurées et non pas modélisées. Il apparaît donc
important d’améliorer ce modèle dans un objectif d’inversion. Laurens a tout simplement
combiné le modèle de Debye et CRIM pour modéliser la permittivité et a calculé une
amplitude normalisée du signal direct par une fonction exponentielle de l’atténuation.

50
Cependant, les amplitudes expérimentales observées sont celles du signal direct dans le
matériau mélangées avec celles des ondes qui se propagent dans l’air et probablement aussi
avec celles des ondes réfléchies en surface du béton. Cette approche théorique est intéressante
et mériterait d’être approfondie. Une autre approche plus complète mais numérique présentée
par Klysz consiste à simuler la propagation par la méthode FDTD qui a été largement utilisée
en géophysique. L’originalité a consisté à modéliser la géométrie de l’antenne ce qui a permis
de modéliser de façon plus réaliste le signal directe radar. Cette approche a également montré
que, malgré cette simulation quasi-complète des phénomènes, l’effet du couplage (atténuation
géométrique) est assez fort pour ne pas être négligé ce qui complique une représentation
réaliste de la conductivité du matériau.
L’étude de l’inversion de la mesure radar a également été très peu abordée. Cette inversion a
été approchée de deux façons. La première est une approche statistique, c’est à dire que la
détermination de la teneur en eau et en chlorures des bétons se base sur un modèle d’inversion
des mesures radar après un processus d’apprentissage sur une base de données, ce qui été
présenté dans les travaux de Sbartaï par exemple. Toutefois, le modèle inverse est encore
limité par le nombre fini de mesures. Ce dernier doit encore être validé sur un nombre
important d’essais en laboratoire et in situ. La deuxième approche est une approche physique
qui se base sur la simulation de la propagation des ondes EM dans le milieu par des modèles
analytiques ou par une résolution numérique des équations de Maxwell. Après cette étape il
sera possible d’inverser les modèles afin de remonter aux propriétés EM du milieu. Cette
approche est mise en œuvre récemment en géophysique et a montré des résultats intéressants
sur la caractérisation des sols. Elle reste à être adaptée aux matériaux de constructions.
Enfin, les résultats bibliographiques montrent clairement le potentiel du radar pour
l’évaluation des structures en bois. Cependant la littérature reste pauvre à ce sujet et mérite
d’être développée pour une meilleure compréhension de l’interaction physique des ondes
radar avec un matériau anisotropique comme le bois. Il est par exemple intéressant d’étudier
l’effet de l’humidité en fonction de la direction des fibres et de l’essence du bois.
L’application de l’onde directe dans le bois est inexistante. Une telle analyse permettrait une
caractérisation du matériau sans la nécessité d’avoir accès à sa face opposée comme dans le
cas d’une poutre par exemple.

51
CHAPITRE 2. Modélisation de la propagation radar en transmission
directe – effet des propriétés des bétons, de la dispersion fréquentielle et des
gradients de permittivité

II.1 Préambule

Ce chapitre traite de la modélisation analytique de la propagation d’une onde radar en


transmission ainsi que de la simulation numérique 1D et 2D d’un milieu multicouches. La
modélisation analytique a pour objectif de développer un modèle simple permettant la prise
en compte de l’effet des indicateurs de durabilité des bétons comme la porosité, le taux de
saturation et la concentration en chlorures. Il prendra en compte également l’effet de la
dispersion électromagnétique par l’intégration d’un modèle analytique de permittivité.
L’objectif de la simulation numérique est d’une part de valider la justesse du modèle
analytique et d’autre part de permettre l’étude de l’effet d’un milieu ayant une anisotropie de
permittivité (matériau hétérogène).
Dans ce chapitre nous allons choisir un modèle de permittivité du béton qui est capable de
bien représenter la dépendance de cette propriété aux indicateurs de durabilité comme
l’humidité, la porosité et la salinité. Cette étape est développée en intégrant une fonction de
transfert issue de la solution des équations de Maxwell en 1D. Cette étape nécessite la
calibration d’un modèle de permittivité (ex : de type loi de mélange). La résolution de
l’équation se fait dans le domaine fréquentiel pour éviter un surcroît en temps de calcul dans
le cas de la résolution dans le domaine temporel. Ensuite, des simulations sont présentées
pour présenter l’effet de l’humidité et de la salinité sur la propagation du signal direct radar
dans le béton.
Enfin, des simulations numériques de la propagation en 2D dans un milieu hétérogène sont
présentées. Le milieu hétérogène représente une suite de couches de très faibles épaisseurs et
de permittivité différente en fonction de la profondeur du milieu de propagation. A l’aide de
ce milieu multicouches, nous souhaitons représenter le plus précisément possible un gradient
de permittivité issu par exemple d’un gradient d’humidité ou du bois plus ou moins saturées
en eau.

II.2 Modélisation analytique de la propagation en transmission directe

En utilisant les modèles des lois de mélanges présentées au chapitre précédent (ex : de type
CRIM combiné au modèle de Debye ou Cole-Cole), il est possible de simuler la variation des
propriétés électromagnétiques du matériau béton. Nous pouvons, par exemple, simuler la
permittivité du béton en fonction de ses propriétés physiques telles que la porosité, la
saturation en eau, la salinité et aussi des facteurs environnementaux comme la température.
Cette première étape permettra par la suite de générer un jeu de données de permittivités et de
les utiliser comme entrées dans un modèle de propagation d’onde.

II.2.1 Schéma du programme de calcul du modèle

Le modèle CRIM Cole - Cole présenté ci-après est ajusté sur des mesures expérimentales. Il
est par la suite intégré dans le calcul d’une fonction de transfert du matériau béton. Cette

52
fonction est par la suite utilisée pour estimer le signal de sortie après une multiplication par le
signal d’entrée (type Ricker voir Annexe 1) dans le domaine fréquentiel. Une transformée de
Fourier inverse est par la suite utilisée pour estimer le signal de sortie. Le détail du calcul est
présenté sur le schéma de la figure II.1.

Figure II.1 Schéma du programme de la simulation analytique de la propagation

II.2.2 Ajustement d’un modèle de permittivité par mesures expérimentales

II.2.2.1 Dispositifs
Pour une meilleure estimation de l’effet de la dispersion fréquentielle et pour étudier une large
bande de fréquences, la méthode de la sonde à effet de bout a été utilisée (Stuchly et al 1980,
Mosig et al 1981). Cette méthode est également appelée sonde à terminaison ouverte.
L’avantage de cette méthode est sa simplicité de mise en œuvre et la possibilité de mesurer la
permittivité sur une très large bande de fréquences. Son inconvénient est qu’elle est sensible à
l’état de surface du matériau testé (rugosité de surface) et ne permet pas de prendre en compte
les gradients de propriétés (profondeur d’investigation très faible < 1 cm). Le matériau doit
donc présenter une répartition homogène de la permittivité. L’objectif ici est d’obtenir des
courbes de dispersion ainsi que la relation entre permittivité et humidité de façon à calibrer un
modèle de loi de mélange de type CRIM ou De Loor. Les figures II.2 et II.3 représentent
respectivement une mesure en utilisant un analyseur de réseau vectoriel « ARV » (à gauche)

53
et une sonde à effet de bout (à droite). L’ARV permet d’effectuer des mesures dans une large
bande de fréquences entre 1 MHz et 10 GHz. Cependant, la mesure est également dépendante
de la bande passante de la sonde utilisée pour transmettre et recevoir l’onde
électromagnétique. Dans le cas de cette étude, la sonde utilisée (figure II.3) permet de faire
des mesures de 50 MHz jusqu’à 5 GHz. Cette bande de fréquence est largement suffisante
puisque la bande de fréquence d’une antenne radar est entre 0,3 et 3 GHz pour une antenne
d’une fréquence centrale de l’ordre de 1,5 GHz (cas de l’antenne utilisée dans cette thèse).
II.2.2.2 Mesures
Les mesures ont été effectuées, en collaboration avec le laboratoire IMS, sur trois dalles d’une
dimension de 21 x 28 x 7 cm conditionnées pour avoir une humidité homogène dans le
matériau égale à 0%, 50%, et 100% de saturation. Le béton est de classe 30 MPa dosé à 400
kg/m3. Le ciment est un CEM II 32,5 R et les granulats sont siliceux roulés 0-12,5 mm. Après
28 jours de cure, l’homogénéisation de l’humidité dans la dalle à 50% de saturation a consisté
à sécher la dalle jusqu’à atteindre la masse correspondante à 50% de saturation et ensuite à
l’envelopper par un film de papier aluminium adhésif et enfin mettre la dalle dans une étuve à
70C° pendant 1 mois. Cette procédure a été effectuée seulement pour la dalle saturée à 50%.
La dalle à 0%, a été séchée dans une étuve à 70C° jusqu’à stabilisation de la masse (environ 1
mois).
La mesure de la permittivité consistait à poser la sonde sur la surface lisse du matériau, à
effectuer un balayage fréquentiel (50 MHz à 5 GHz) et à mesurer le paramètre S11 en
amplitude et en phase. Le coefficient S11 correspond à un coefficient de réflexion sur la
surface du matériau. Il est à noter que la profondeur de pénétration de la sonde est faible et est
de l’ordre de 1 cm. Un calcul des permittivités réelles et imaginaires est effectué par la suite
(Demontoux et al 2008). Les détails sur la mesure et les calculs de la permittivité sont
présentés dans l’annexe 2. Pour prendre en compte la variabilité du matériau, au moins trois
mesures ont été effectuées sur chaque dalle.

Analyseur de réseaux

Sonde de mesure

Figure II.2 Analyseur de réseaux Figure II.3 Sonde à effet de bout

II.2.2.3 Résultats des mesures et modélisation de la permittivité


Les figures II.4 et II.5 présentent un exemple de résultats de la variation de la permittivité en
fréquence pour un béton saturé et une teneur volumique de l’ordre de 15% en volume (béton
saturé pour une porosité estimée par différence de masse à 15%). Ces figures montrent une
dispersion électromagnétique (effet de la fréquence de mesure) dans les faibles fréquences (<

54
0,2 GHz pour la partie réelle, et < 0,5 pour la partie imaginaire). En effet nous observons une
augmentation assez forte de la permittivité dans les très faibles fréquences. Cependant, dans la
gamme des fréquences GPR (0,3-3 GHz), cet effet est faible voire négligeable au-delà de 0,5
GHz pour la partie réelle et 1 GHz pour la partie imaginaire.
Notons également que l’effet de dispersion est négligeable dans le cas d’un béton sec. En
effet, la figure 5 montre que la permittivité réelle et imaginaire sont assez constantes en
fonction de la fréquence même s’il y a une très faible variation à des fréquences inférieurs à
0,5 GHz. Ces résultats sont en concordance avec la littérature (Rhim et Büyüköztürk 1998,
Soutsos et al 2001). Il est à noter également une oscillation à partir de 1 GHz dans la partie
réelle qui induit une dispersion statistique de l’ordre de plus ou moins 0,5, soit environ 5% en
relatif.

Figure II.4 Permittivité en fonction de la fréquence (à gauche partie réelle, à droite partie imaginaire)

La figure 5 présente l’ajustement d’un modèle de loi de mélange sur les mesures
expérimentales à 0%, 50%, et 100% de saturation. Le modèle utilisé est de type CRIM où la
permittivité de la phase liquide est calculée par le modèle de Debye modifié (Cole-Cole).
Notons que le modèle de Debye correspond seulement aux matériaux ayant une seule
fréquence de relaxation. Ainsi, lorsque nous rajoutons, par exemple, la phase de l’eau liée (la
fréquence de relaxation de l’eau liée est plus faible que celle de l’eau libre), il est important
d’utiliser le modèle Cole-Cole en introduisant une distribution des temps de relaxation
symétrique.
La prise en compte du volume de l’eau liée avec un modèle de type CRIM – Cole-Cole est
présentée sur la figure II.5. Les paramètres utilisés sont les suivants : Porosité = 15% ;
Saturation = 0% - 50% - 100% ; Salinité ajustée = 5 g/l ; ’_solide = 4 ,5 ; Volume de l’eau
liée Ve = 0,2 ; ’_eau liée = 3,5 (Sun Z. J. 2008) ; Coefficient de distribution des temps de
relaxation symétrique 1 = 0,1 ; Tous les coefficients de alpha du modèle CRIM sont égaux à
0,5.
L’utilisation d’un tel modèle permet d’améliorer l’ajustement de la partie imaginaire en basse
fréquence. Nous remarquons que dans la gamme radar 0.2-3 GHz l’ajustement est quasiment
parfait. En dessous de 200 MHz nous notons une légère différence. En effet le modèle
surestime la permittivité mais cela reste acceptable jusqu’à 0,1 GHz. Cette différence pourrait
être corrigée par la prise en compte de l’effet de la fréquence sur le paramètre alpha du
modèle CRIM. En effet, ce paramètre traduit l’ajustement de la relation entre permittivité
globale et celle des composants du béton (plus particulièrement celle de l’eau puisque c’est

55
elle qui influe le plus sur la permittivité globale). Par conséquent, ce paramètre permet en fait
d’ajuster la relation entre la permittivité du béton et celle de l’eau (la saturation des pores). Il
suffit donc de modifier ce paramètre en basse fréquence pour améliorer l’ajustement du
modèle. Cet ajustement n’a pas été présenté ici car nous considérons que le modèle présenté
est suffisant pour décrire la variation de la permittivité dans la gamme des fréquences qui
nous intéresse (0,3 à 3 GHz).

Figure II.5 Permittivité en fonction de la fréquence (à gauche partie réelle, à droite partie imaginaire)
mesurée et calculée par modèle CRIM – Cole-Cole en prenant en compte le volume de l’eau lié

Sur la figure II.6, la variation de la permittivité à la fréquence de 1,2 GHz est représentée en
fonction du degré de saturation (figure II.6a et II.6c) et en fonction de la teneur en eau
volumique (figure II.6b et II.6d). La partie réelle est représentée par les deux premières
figures et la partie imaginaire par les deux dernières. Sur ces quatre figures un comparatif
entre deux méthodes de mesure de la permittivité sont présentées (sonde à effet de bout
réalisées aux laboratoires I2M et IMS de l’Université de Bordeaux et des mesures issues de la
littérature effectuées par (Derobert et al 2009). La différence la plus importante entre les
matériaux testés dans les deux études est la porosité (15% pour nos mesures et 13,4% pour
celles de Dérobert et al). Les paramètres utilisés pour modéliser les résultats expérimentaux
de Dérobert et al sont les suivants : Porosité = 13,4% ; Saturation = 100% ; Salinité = 5 g/l ;
’_solide = 4,5 ; Volume de l’eau liée Ve = 0,15 ; ’_l’eau liée = 3,5 ; Coefficient de
distribution des temps de relaxation symétrique 1 = 0,5 ; Tous les coefficients alpha du
modèle CRIM sont égales à 0,5.
Les résultats expérimentaux montrent une augmentation de la permittivité en fonction du
degré de saturation avec une différence entre les mesures effectuées dans les deux études. Cet
écart est dû à la différence de porosité. Si nous représentons les permittivités en fonction de la
teneur en eau volumique (figure II.6b) cet écart est réduit et il est négligeable pour la partie
réelle. Une différence faible est notée pour la partie imaginaire due à la difficulté de mesurer
ce paramètre avec une bonne précision car il est fortement dépendant de la qualité de la
mesure de la phase.
Les relations entre permittivités et humidité ont été modélisées par la suite en utilisant deux
modèles analytiques à trois phases CRIM (Complex refractive index model) (Eq. I.28a), De
Loor (Eq. I.29a) et celui de Maxwell-Garnett (I.29b). Notons que ces trois modèles ont été
seulement ajustés sur nos mesures expérimentales. Les paramètres des modèles et notamment
la permittivité de la phase solide ont été ajustés sur les mesures expérimentales par
minimisation de l’erreur entre mesures et modèle. La permittivité de la phase liquide a été

56
calculée par le modèle de Cole-Cole pour une salinité de 5g/l. Les résultats montrent un bon
ajustement du modèle CRIM de la permittivité réelle et imaginaire. Cependant, le modèle De
Loor et celui de Maxwell-Garnett semblent sous-estimer la permittivité imaginaire. Pour la
suite des calculs, nous utiliserons seulement le modèle CRIM pour calculer les permittivités à
insérer dans le modèle analytique de propagation pour évaluer l’effet de la saturation et celui
de la salinité.

a) b)

c) d)
Figure II.6 Permittivité mesurée et modélisée (CRIM , De Loor et Maxwell Garnett)

II.2.3 Résultats du modèle analytique de la propagation d’onde en transmission directe

Le modèle de permittivité ajusté dans le paragraphe précédent a été utilisé par la suite pour
calculer la fonction de transfert en fonction des fréquences dans la bande 0,1 (MHz)– 4 GHz.
L’allure de ces fonctions est présentée sur la figure II.7 pour le coefficient d’atténuation () et
le coefficient de phase (). Nous observons une relation non linéaire pour l’atténuation et une
fonction linéaire pour la phase. Les propriétés du béton simulées sont : une porosité de 15%,
une saturation de 100%, une salinité de 5g/l et une température de 20°. La distance de
propagation est de 20 cm ce qui correspond généralement à l’offset utilisé pour les mesures en
configuration bi-statique pour l’auscultation des bétons.

57
Figure II.7 Coefficient d’atténuation (à gauche) et coefficient de phase (à droite) en fonction de la
fréquence

Figure II.8 Vitesse de phase en fonction de la fréquence pour des humidités variables

Le rapport entre la pulsation et le coefficient de phase permet de représenter la variation de la


vitesse de phase en fonction de la fréquence (figure II.8). Sur cette figure, qui représente la
vitesse de phase pour trois états de saturations 0%, 50%, et 100%, nous pouvons voir une
forte diminution de la vitesse car la partie réelle de la permittivité augmente avec
l’augmentation de la saturation. Nous observons également que la vitesse est indépendante de
la fréquence à des fréquences inférieures à 0,5 GHz. Une faible dispersion est observée pour
des fréquences inférieures à 0,2 GHz.
Une fois les coefficients d’atténuation et de phase calculés, ils sont utilisés pour calculer la
fonction de transfert. Cette dernière est par la suite multipliée par le spectre d’un pulse
temporel centré à 1,5 GHz (fréquence des antennes usuelles utilisées pour l’auscultation des
bétons). Le résultat de la multiplication en fréquentiel est par la suite converti en temporel par
une simple transformée de Fourier inverse. Le résultat de ce calcul est présenté sur la figure
II.9. À gauche nous présentons le signal temporel et à droite le spectre en fréquentiel. Les
trois courbes pour chaque figures représentent (1) l’utilisation de la permittivité complexe
mesurée, (2) l’utilisation de la permittivité modélisée par CRIM-Debye et (3) la permittivité
modélisée par CRIM-Cole-Cole.

58
Figure II.9 Comparaison des signaux dans le domaine temporel (à gauche) et fréquentiel (à droite) dans le
cas des permittivités évaluées par la mesure, par le modèle CRIM-Debye, et par le modèle CRIM – Cole-Cole

Le comparatif des trois modèles avec la mesure montre la validité des modèles proposés. Il est
à noter que le modèle Cole-Cole avec prise en compte de l’eau liée permet une légère
amélioration des résultats. Nous utiliserons donc par la suite ce modèle pour étudier l’effet
des propriétés des bétons. Il faut noter également que ce modèle ne prend pas en compte
l’atténuation géométrique mais seulement l’atténuation par absorption.
La figure II.10 illustre une simulation de la propagation dans le béton avec les paramètres
suivants ( = 14% ; Sr = 50% ; Sal = 10g/l) à plusieurs distances. Dans ce cas de
configuration, nous obtenons un coefficient d’atténuation  de 3.324 avec un très bon
coefficient de corrélation R2 = 0.9997 et une vitesse de propagation de 11.60 cm/ns qui
correspond à la permittivité estimée et introduite en entrée du modèle soit 6,8.
Le calcul de l’atténuation par le pic positif ou négatif montre une légère variation qui dépend
de la distance. Un calcul de la moyenne permet de réduire les incertitudes sur l’estimation de
l’atténuation comme nous pouvons l’observer sur la figure II.11.

59
y = 0.983e-3.324x
R² = 0.9994

Figure II.10 Simulation analytique de la propagation des ondes EM à plusieurs distances, fréquence
centrale 1,5 GHz

y = 0.983e-3.324x
R² = 0.9994

y = 0.982e-3.504x
R² = 0.9994

y = 0.982e-3.698x
R² = 0.9995

Figure II.11 Atténuation de l’amplitude du signal en fonction de la distance

60
II.2.4 Comparaison avec un modèle numérique sans prise en compte de la dispersion
(permittivité constante en fonction de la fréquence)

Une étude comparative avec une simulation numérique complète (résolution des équations de
Maxwell) a été menée pour valider le modèle analytique. Dans cette simulation nous avons
utilisé les mêmes paramètres d’entrée à savoir les valeurs de la permittivité en sortie du
modèle de CRIM-Cole-Cole. La résolution des équations est effectuée par la méthode FDTD
1D. Un détail du calcul est présenté dans l’annexe 1.
Le comparatif entre les deux simulations issues des deux modèles est présenté sur la figure
II.12 qui représente la variation de l’amplitude normalisée en fonction de la distance. Nous
observons une similitude entre les deux courbes d’atténuation des deux modèles. En effet, le
coefficient d’atténuation est égal à 3,324 et 3,234 soit un écart de seulement 2,7%. Les
résultats du coefficient de corrélation et de la vitesse de propagation calculés sont présentés
dans le tableau II.1 pour le modèle analytique et numérique ainsi que pour le calcul simplifié
de l’atténuation. Ces résultats valident donc le modèle analytique mis en œuvre pour simuler
la propagation d’une onde électromagnétique de type radar (GPR) en mode de transmission
directe.
Il faut souligner que la valeur du coefficient d’atténuation dans le domaine temporel est
calculée par la courbe d’atténuation de l’amplitude du signal à plusieurs distances. Dans le
domaine fréquentiel, cette valeur est en fonction de la fréquence pour la méthode analytique et
elle est indépendante de la fréquence pour la méthode numérique. Normalement les résultats
devraient être identiques. Cependant, à cause des erreurs numériques, une très légère
différence est notée.

y = 0.983e-3.324x
R² = 0.9994

y = e-3.234x
R² = 1

Figure II.12 Comparaison de la courbe amplitude-distance entre simulation analytique et numérique

61
Tableau II.1 Valeurs de alpha, R2 et vitesse calculées par modèle analytique et numérique

Coefficient Coefficient de corrélation Vitesse de la propagation


Méthode d’atténuation 2
R (cm/ns)

Numérique 3.234 1.0 11.45

Analytique 3.324 0.9994 11.60

Par relation
3.088 - -
simplifiée à f0

II.2.5 Etude paramétrique – analyse de l’effet de la saturation et de la salinité sur le


signal radar

Une fois le modèle analytique validé, nous avons mis en place un plan d’expérience pour
mettre en évidence les effets de l’humidité et de la salinité sur la propagation du signal direct
radar dans le béton.
Le tableau II.2 présente les paramètres physiques et les paramètres diélectriques
correspondants au béton qui sont utilisés dans les simulations analytiques avec une distance
de propagation considérée égale à 10 cm et 20 cm.

Tableau II.2 Paramètres physiques et diélectriques du béton utilisé dans la simulation analytique

Constante
Porosité Saturation Salinité Facteur de Conductivité
diélectrique -
(%) (%) (g/l) perte - ’’_fo effective - _fo
’_fo

10 5.7197 0.2833 0.0236

30 5.7317 0.6549 0.0547

30% 50 5.7820 0.9628 0.0803

70 5.8452 1.2187 0.1017

100 5.9425 1.5341 0.128


14%
10 7.9977 0.7795 0.065

30 7.9904 1.8128 0.1513

70% 50 8.0734 2.6808 0.2237

70 8.1891 3.4170 0.2851

100 8.3724 4.3459 0.3627

62
Figure II.13 Effet de la distance et de la salinité sur les signaux par la simulation analytique pour une
saturation en eau égale à 30%

Figure II.14 Effet de la saturation et la salinité sur les signaux radar pour une distance constante de 10cm

63
Sur la figure II.13 et II.14 nous constatons que l’humidité a une influence importante sur la
vitesse de propagation tandis que la salinité a une influence importante sur l’atténuation du
signal de l’amplitude. L’effet sur l’atténuation est singulièrement fort lorsque l’humidité est
grande. Plus la distance est grande, plus l’atténuation est élevée. Ces résultats sont en
concordance avec la littérature où Laurens (Laurens 2001 ; Laurens et al 2002) ainsi que
Sbartaï (Sbartaï et al 2005) ont montré des effets significatifs de la salinité sur l’atténuation du
signal de l’onde directe.

II.2.6 Prise en compte de l’effet de la dispersion fréquentielle

L’objectif ici est de comparer des signaux directs qui sont transmis dans le béton sous
l’influence de l’humidité et la salinité dans les deux cas suivants :
+ Modèle de la permittivité du béton en fonction de la fréquence
+ Modèle de la permittivité du béton constante indépendant de la fréquence. Cette
valeur est prise égale à la permittivité pour la fréquence centrale de l’antenne émettrice
(’_fo et ’’_fo).
Pour une meilleure compréhension, la figure II.15 illustre les deux cas.

Figure II.15 Description des modèles de permittivité dépendants et indépendants de la fréquence utilisés
dans la simulation de la propagation du signal radar par la méthode analytique

Les résultats de cette analyse sont présentés sur les figures II.16 à II.20. Les cinq figures
illustrent une comparaison entre le signal de sortie en utilisant un modèle f0 (indépendant de
la fréquence) et un signal de sortie qui prend en compte l’effet de la dispersion en utilisant le
modèle CRIM-Cole-Cole (ajustement présenté au premier paragraphe de ce chapitre). L’effet
de dispersion consiste à utiliser la courbe complète de la variation de la permittivité (réelle et
imaginaire) en fonction de la fréquence. Ainsi, pour chaque fréquence du signal radar, la
permittivité sera celle estimée à la même fréquence.

64
La figure II.16 montre que dans le cas d’une faible saturation et d’un faible taux de salinité,
l’effet de la dispersion est négligeable.
La figure II.17 montre que dans le cas d’une forte saturation (70% dans ce cas simulé) et une
faible salinité, l’effet de la dispersion est aussi négligeable bien que les deux signaux ne soient
pas complètement identiques.
La figure II.18 montre que dans le cas d’un béton saturé (100%) et d’une faible salinité, l’effet
de la dispersion est faible.
En revanche, si la salinité est augmentée dans le cas d’une forte saturation (70%), l’effet de la
dispersion n’est plus négligeable (figure II.19). Nous remarquons une distorsion qui consiste à
une diminution de la largeur du signal et un déséquilibre des amplitudes entre les pics positifs
et négatifs. Enfin, si nous augmentons encore la salinité à 100 g/l (figure II.20), la distorsion
augmente fortement et un retard du signal est à noter.
Si la distance de propagation est augmentée, une augmentation de l’effet de dispersion est
observée. En effet, sur la figure II.21, à 20 cm la partie négative du signal est complètement
atténuée (amplitude proche de zéro) et une très forte atténuation se produit pour la partie
positive du signal.

Figure II.16 Effet de la dispersion pour une saturation de 30% et une salinité de 10 g/l

65
Figure II.17 Effet de la dispersion pour une saturation de 70% et une salinité de 10 g/l

Figure II.18 Effet de la dispersion pour une saturation de 100% et une salinité de 10 g/l

66
Figure II.19 Effet de la dispersion pour une saturation de 70% et une salinité de 50 g/l

Figure II.20 Effet de la dispersion pour une saturation de 70% et une salinité de 100 g/l

67
Figure II.21 Comparaison de l’effet de la dispersion de pour une saturation de 70% et une salinité de
100 g/l à la distance 10 et 20 cm

II.3 Etude paramétrique – analyse de l’effet de la saturation et de la salinité sur


les paramètres du signal radar dans le domaine temporel et fréquentiel

II.3.1 Domaine temporel : Atténuation et vitesse

L’effet de la saturation et de la salinité sur l’atténuation est présenté sur les figures II.22 et
II.23 pour une porosité de 14% et une distance de propagation de 15 cm. La figure II.22
montre un comportement linéaire de l’atténuation en fonction de la saturation. Ce résultat est
en concordance avec les résultats expérimentaux de la littérature (Laurens 2001, Klysz 2004,
Sbartaï 2005).
L’effet de la salinité sur l’atténuation est très significatif mais avec un comportement qui n’est
pas linéaire. En effet, l’augmentation de la permittivité est tout d’abord très forte à faible
variation de salinité (0 à 50 g/l) ce qui provoque une augmentation rapide de l’atténuation.
Puis l’atténuation tend vers une variation plus lente et une stabilisation à très fort taux de
salinité. Ce résultat a été observé sur des dalles conditionnées en salinité et saturation
variables (Sbartaï 2005). Ce phénomène peut être expliqué par une saturation de la solution
saline ce qui limite donc l’effet de polarisation et l’augmentation de l’atténuation.

68
Figure II.22 Effet de la saturation sur l’atténuation pour des salinités variables

Figure II.23 Effet de la salinité sur l’atténuation pour des saturations variables

L’effet de la saturation et de la salinité sur la vitesse de propagation est présenté sur les
figures II.24 et II.25. L’effet de la saturation sur la vitesse est assez connu et plusieurs études
ont montré une décroissance de ce paramètre dû à l’augmentation de la constante diélectrique.
Cependant, l’effet de la salinité est très peu étudié. Sur la figure II.25, nous observons que la
salinité a un effet négligeable sur la vitesse à des taux inférieurs à 50 g/l. Au-delà de ce taux
de salinité, et dans le cas d’une forte saturation en eau (supérieure à 70%), nous remarquons

69
une faible décroissance de la vitesse de l’ordre de 0,3 soit moins de 4% entre une salinité de 0
et 90 g/l.

Figure II.24 Effet de la saturation sur la vitesse pour des salinités variables

Figure II.25 Relation entre vitesse et salinité pour des saturations variables

70
II.3.2 Domaine fréquentiel : Amplitude, atténuation et fréquence centrale

Le domaine fréquentiel est représenté par un spectre de fréquences représentant le module


d’une transformée de Fourier (FFT) du signal direct. Nous analyserons ici, l’allure du spectre,
la fréquence centrale et l’atténuation fréquentielle.
Les spectres calculés pour différentes saturations et différents taux de salinité sont présentés
sur les figures II.26 et II.27. Dans ces figures nous pouvons retenir les observations
suivantes :
- Une atténuation de l’amplitude des spectres due à l’accroissement des effets de
polarisation ;
- Un décalage des spectres vers les basses fréquences qui engendre une diminution
de la fréquence centrale. Cet effet est dû au fait que l’amplitude pour les hautes
fréquences s’atténue plus vite que pour les basses fréquences. Cela a été observé
expérimentalement dans la littérature. Ce phénomène sera évalué par le rapport des
spectres pour l’estimation de l’atténuation fréquentielle et sera présenté dans la
suite u document.
Pour une meilleure visualisation de la dépendance du spectre à la fréquence, nous présentons
ci-après la variation de la fréquence centrale ainsi que l’atténuation fréquentielle. Par
exemple, les figures II.28 et II.29 illustrent l’effet de la saturation et de la salinité sur la
fréquence centrale. La variation de f0 (fréquence centrale) est décroissante en fonction de la
distance. L’effet de la saturation accentue la diminution de f0. De plus cet effet est plus
marqué à forte distance. Nous pouvons aussi noter que la diminution de f0 pour une faible
distance de propagation (ex: 6 cm, cas d’un offset fixe d’une antenne GPR) est de l’ordre de
0,1 GHz entre 20% et 100% de saturation dans le cas d’un béton de porosité de 14% et une
salinité de 10g/l. Ce résultat est similaire à celui trouvé expérimentalement (une réduction de
f0 de 0,83 GHz à 0,725 GHz) pour une teneur en eau volumique égale à 14% (Laurens 2001,
Sbartaï 2005).
Dans le cas d’un béton avec une forte salinité (ex: 50 g/l sur la figure II.29), la réduction de f0
est plus importante. Nous pouvons noter par exemple que la réduction pour le cas de z = 20
cm est deux fois plus importante à 50 g/l qu’à 10 g/l. Cette forte diminution est causée par la
forte augmentation de la partie imaginaire de la permittivité à faibles fréquences.

71
Figure II.26 Amplitude spectrale en fonction de la fréquence d’un béton de 14% de porosité, 10g/l de
salinité, 15cm de distance de propagation et pour des saturations variables

Figure II.27 Amplitude spectrale en fonction de la fréquence d’un béton de 14% de porosité, 50g/l de
salinité, offste 15 cm et pour des saturations variables

72
Figure II.28 Variation de la fréquence centrale en fonction de la distance de propagation d’un béton de
14% de porosité, 10g /l de salinité et des saturations variables

Figure II.29 Variation de la fréquence centrale en fonction de la distance de propagation d’un béton de
14% de porosité, 50g /l de salinité et des saturations variables

Les figures II.30 à II.32 montrent l’atténuation en fonction de la fréquence pour des
saturations variables (20%, 50% et 100%) et plusieurs salinités (10 à 150 g/l). L’atténuation
fréquentielle est calculée avec le rapport de spectres par rapport à l’air pour un offset de 18
cm.
Les trois figures montrent un effet de dispersion de l’atténuation notamment pour l’effet des
chlorures. Cet effet de dispersion se traduit par une plus forte atténuation des hautes

73
fréquences par rapport aux basses fréquences. Nous pouvons remarquer une augmentation de
la pente des courbes ce qui traduit une plus forte dépendance à la fréquence.
L’effet de la dispersion de l’atténuation est moins marqué pour l’ensemble des saturations
(20%, 50% et 100%) à une salinité de 10 g/l par rapport à une salinité de 30 g/l (concentration
de la salinité de l’eau de mer) (figure II.33). Cependant, l’atténuation reste néanmoins non
négligeable puisque les pentes calculées dans la partie linéaire de la courbe augmentent de 1,6
dB/GHz pour une saturation à 20% à 3,9 dB/GHz pour un béton saturé à 50% et peut aller
jusqu’à 7,9 dB/GHz pour un béton complètement saturé (figure II.34). Ainsi, cette pente peut
augmenter de 500% entre un béton sec et un béton saturé. Cela montre l’intérêt d’utiliser les
hautes fréquences pour augmenter la sensibilité des ondes à l’humidité des bétons. Cette
analyse fréquentielle sera donc par la suite exploitée dans le chapitre III (mesures
expérimentales)

Figure II.30 Atténuation en fonction de la fréquence pour des salinités variable à une saturation de 20%

74
Figure II.31 Atténuation en fonction de la fréquence pour des salinités variable à une saturation de 50%

Figure II.32 Atténuation en fonction de la fréquence pour des salinités variable à une saturation de 100%

75
Figure II.33 Atténuation en fonction de la saturation aux fréquences variables (salinité est de 10g/l en
haut et 30 g/l en bas)

Figure II.34 Pente de la courbe de dispersion de l’atténuation pour différentes saturations

76
II.4 Modélisation et simulation 2D de la propagation des ondes radar dans le
béton par méthode numérique FDTD – Compréhension de l’effet de l’anisotropie
et des gradients de permittivité sur l’onde directe

II.4.1 Objectif

Cette partie du chapitre a pour objectifs d’une part de comparer les méthodes de mesure de la
vitesse de l’onde directe et d’autre part d’analyser l’influence des gradients de propriétés du
milieu diélectrique sur la propagation d’ondes EM. L’analyse de l’effet du gradient
permettrait également d’approximer la profondeur d’investigation de l’onde directe. Des
simulations de l’effet de l’anisotropie de permittivité seront également présentées.

II.4.2 Méthode FDTD-2D

En supposant qu'il n'y a pas de variation de la géométrie du problème et des champs


électromagnétiques dans plus d’une direction, le problème peut se réduire à un problème 2D.
La réduction de la dimension du problème permet l'utilisation d'équations réduites de
Maxwell ce qui simplifie considérablement la formulation et la mise en œuvre du modèle
(Balanis, 1989).
II.4.2.1 Mise en place des simulations numériques
Les hypothèses de la modélisation du problème GPR en 2D:
 Tous les milieux sont non-magnétiques ;
 L'antenne émettrice GPR est modélisée comme un dipôle Hertz de dimension
infiniment petite (considérée comme une source de courant ponctuelle) ;
 Les variations des paramètres constitutifs, dans la plupart des cas, sont supposées
indépendantes de la fréquence. Cette hypothèse simplifie le modèle dans le domaine
temporel. L’implémentation de la simulation a été effectuée sur l’outil libre de
simulation électromagnétique GprMax2D/3D (Giannapolous 2005). Le schéma de
calcul est présenté dans la figure ci-après.

77
Début

Détermination des dimensions du problème et des paramètres (’r , ..)

Calcul des coefficients du champ électromagnétique

Mise à jour des composantes du champ électrique

Données
sorties Application des conditions aux limites absorbantes

Mise à jour des composantes du champ magnétique


Analyse
Amplitude
Atténuation Oui Non
Vitesse .... Fin Dernière itération
.......

Figure II.35 Schéma de calcul du modèle numérique de propagation radar par méthode FDTD
implémentée sous GprMax2D

II.4.3 Modèles de calculs pour simuler la propagation dans un milieu homogène isotrope

II.4.3.1 Identification de l’apparition des ondes et influence de la permittivité sur la


propagation d’ondes EM

Pour identifier l’apparition des ondes durant la propagation d’ondes ainsi que pour étudier
l’influence des propriétés du milieu diélectrique sur la propagation d’ondes EM, nos avons
examiné la répartition spatiale du champ électrique émis par l'antenne émettrice du GPR dans
un modèle à un instant donné. Dans ce cas, une impulsion temporelle de type Ricker avec une
fréquence de 1,5 GHz a été générée numériquement par la source représentant l’antenne
émettrice (Annexe 1). L'instant de l'observation est choisi à 1,75 nano secondes et le milieu de
propagation est supposé sans pertes ( = 0). La partie réelle de la permittivité est variable
entre 4 (béton sec) et 9 (béton saturé).
Un modèle FDTD-2D, composé de 200x120 cellules a été utilisé pour simuler un espace
physique de 1mx0.6m. Cet espace a été divisé en deux moitiés, la moitié supérieure est pour
simuler l'espace libre (air) et la partie inférieure est pour simuler le milieu diélectrique (figure
II.36a). La condition limite ABC (Absorbing Boundary Conditions) a été utilisée pour
absorber les ondes radar aux extrémités du modèle (Giannapolous 2005). Les résultats des
simulations sont présentés sous la forme d'images d’une photographie instantanée du champ

78
électrique (en anglais : « snapshot ») pour illustrer la répartition spatiale des champs dans le
modèle lorsque le temps simulé atteint 1,75 nano secondes.
Les « snapshots » de la figure II.36 b, c, d sont obtenus lorsque la source se situe sur
l'interface entre l'air et le milieu. Les valeurs de la constante diélectrique pour les trois
« snapshots » sont respectivement de 4, 6 et 9.
0.3 m

L’air
Tx
0.3 m

Le milieu (r)

1.0 m
a) b) ’r = 4

c) ’r = 6 d) ’r = 9

Figure II.36 Le modèle et les images instantanées du champ électrique normalisé dans un demi-espace
du modèle FDTD pour trois valeurs de la permittivité relative à l’instant de 1,75ns.

Nous constatons clairement sur ces « snapshots » que les ondes se propagent dans l’espace de
simulation à la fois au-dessus et au-dessous de l’interface. La vitesse de propagation d’ondes
dans l’espace libre est plus rapide que celle dans le milieu. La longueur d’onde dans le milieu
est plus petite que celle dans l’air, et elle est de plus en plus rétractée lorsque la permittivité
relative du milieu augmente. Nous observons également que pendant le rayonnement
d’énergie de l’antenne émettrice, plusieurs fronts d’ondes sont formés comme il est
indiqué sur la figure II.37.
Étant donné que les ondes se propagent dans le demi-espace diélectrique à une longueur
d'onde plus courte que celles dans l'air, à proximité de l'interface, les phases des ondes
cylindriques ne correspondent pas avec les autres ondes. Pour compenser cela, les ondes
latérales sont générées dans chaque région (Chew, 1990; Annan, 1973). L'onde latérale dans
le demi-espace diélectrique est connue comme étant l’onde de tête.

79
Une autre observation importante sur ces images instantanées est qu’il n’y a pas de réflexions
ux limites del’espace de simulation. Cela montre la très bonne performance des conditions
limites « Higdon ABC » introduites aux frontières de l’espace de propagation.

Front d’ondes
de l’air

Front d’ondes
latéral

Front d’ondes
de volume

Figure II.37 Apparition des fronts d’ondes au cours de la propagation à l’interface de deux milieux
(air/diélectrique)

II.4.3.2 Détermination de la vitesse par la simulation avec la technique WARR et FO


Rappelons que la méthode WARR consiste à fixer l’émetteur et à déplacer le récepteur en
enregistrant le signal à chaque offset. La relation distance en fonction du temps permet
d’évaluer la vitesse du milieu. La méthode FO quant à elle consiste à mesurer la vitesse à
partir d’un offset fixe et d’une calibration du temps d’arrivée par rapport à celui de l’air
(vitesse connue). L’objectif ici est de comparer les deux méthodes. Nous avons simulé deux
milieux, un premier avec une constante diélectrique égale à 4 (bétons sec) et un autre avec une
constante diélectrique égale à 6 (béton humide). Les figures II.38 et II.39 montrent les
différents signaux enregistrés. Chaque figure représente l’ensemble des signaux enregistrés
pour des offsets variables de 16 cm à 40 cm. Nous pouvons aisément observer trois signaux
visibles pour l’ensemble des offsets. Le premier représente celui de l’onde directe dans l’air,
le deuxième est celui de l’onde directe dans le matériau et le troisième celui de la réflexion à
l’extrémité du milieu.

80
Figure II.38 Technique WARR pour déterminer la vitesse de l’onde directe dans le béton et dans l’air
pour un béton ’r = 4

Figure II.39 Technique WARR pour déterminer la vitesse de l’onde directe dans le béton et dans l’air
pour un béton ’r = 6

Pour chaque milieu simulé nous avons tracé la distance E-R (offset) en fonction du temps
d’arrivé du premier pic pour l’onde directe dans l’air et celle dans le matériau (figure II.40).
Nous observons un bon alignement des pics. Leur ajustement par des droites montre un
coefficient de détermination proche de 1. Les pentes de ces droites correspondent aux vitesses
de propagation dans les différents milieux. Ces vitesses ont été par la suite comparées avec
celles mesurées par la méthode FO pour un offset de 22 cm ainsi qu’avec la vitesse vraie

81
(celle introduite dans le modèle). Les résultats de la comparaison sont présentés dans le
tableau II.3. Ces résultats montrent que les vitesses mesurées par les deux techniques WARR
et FO sont très proches.
Les deux méthodes d’évaluation de la vitesse sont également assez proches de la vraie valeur
de la vitesse introduite en entrée du modèle. Cela confirme donc, dans le cas le plus favorable
(simulation sans erreur de mesures et dans un matériau homogène) que les deux méthodes de
calcul de la vitesse peuvent être utilisées pour estimer la vitesse et ainsi la constante
diélectrique (partie réelle) du milieu de propagation. Il est à noter que la méthode FO, qui a
l’avantage de nécessiter seulement un offset (donc plus rapide à mettre en œuvre sur site),
donne une évaluation réaliste de la constante diélectrique du matériau.

Figure II.40 Vitesse de l’onde dans l’air et de l’onde directe par la méthode WARR

Tableau II.3 Comparaison de la vitesse déterminée par les différentes techniques

’r = 4 ’r = 6

Type d’onde Directe_air Direct_béton Directe_air Direct_béton

Vitesse – WARR (cm/ns) 30,08 14,87 30,08 12,21

Vitesse – FO à 22 cm (cm/ns) - 14,78 - 12,01

Vitesse vraie (cm/ns) 30,00 15,00 30,00 12,25

II.4.4 Propagation dans un milieu anisotrope (simulation de la propagation dans le bois)

II.4.4.1 Modèle de la simulation d’un milieu anisotrope :


Pour simuler le bois, nous avons utilisé un modèle simplifié composé de plusieurs couches
fines, son épaisseur est de 2 mm avec une permittivité variable en alternant une couche ’r1 =
4, 1 = 0,01 (couche isolante) avec une couche ’r2 = 12 ; 2 = 0,02 (couche conductrice).
Nous répétons ces couches sur une épaisseur d’un échantillon de 15 cm. La constante
diélectrique effective moyenne est ainsi égale à 8. Le modèle total est présenté sur la figure

82
II.41 et la simulation est effectuée sous GprMax3D avec la technique WARR l’offset variable
de 14 cm à 40 cm avec un pas de 2 cm.
L’espace de simulation est de 0,5 x 0,5 x 0,45 m, il comporte trois milieux :
1- Air 0,5 x 0,5 x 0,15 ;
2- Couches fines de 2 mm, eps’ = 4 ;
3- Couche fine de 2 mm, eps’ = 12;
4- Une couche de fond ’r4 = 12 ; 4 = 0,1 ; dimensions 0,5 x 0,5 x 0,15 ;
L’espace de simulation a été discrétisé avec dx = dy = dz = 0,005 m ;
Pour simuler l’effet de l’anisotropie, nous avons effectué cette simulation avec deux
polarisations du champ électrique : une fois dans la polarisation en x du champ E pour simuler
une orientation parallèle et une deuxième configuration en polarisation y (figure II.41).

y
d4
d3
air
15

d2
d1
x x
1 = 4 ; =0,01 Perpendiculaire
2 = 12 ; =0,02 E R
15

x
Parallele
E R
2 = 12 ; =0,1
15

Figure II.41 Configuration de la simulation de la propagation dans un matériau anisotrope (à gauche) et


des deux polarisations du champ électrique (à droite)

II.4.4.1 Résultats de la simulation d’un milieu anisotrope :


Les résultats des simulations sont présentés sur les figures II.42 et II.43. Les deux figures
illustrent l’amplitude du champ électrique en fonction du temps de propagation pour deux
offsets seulement et deux polarisations (x sur la figure II.42 et y sur la figure II.43). Sur ces
figures nous observons clairement les trois signaux classiques : le signal direct dans l’air,
celui de l’onde direct dans le matériau, et celui de la réflexion sur le fond de l’échantillon.
Mise à part un changement de polarité qui est un résultat attendu et classiquement connu,
nous observons un léger décalage entre les signaux enregistrés avec une polarisation x et ceux
enregistrés avec une polarisation y. Ce décalage est estimé par le calcul de la vitesse de l’onde
directe et celle de la réflexion. Les résultats de ce calcul sont présentés sur le tableau II.4.

Tableau II.4 Vitesses mesurées dans deux polarisations

Orientation du champ E Perpendiculaire (y) Parallèle (x)

Type d’onde Réfléchie FO Directe WARR Réfléchie FO Directe WARR

Vitesse - (cm/ns) 11,04 11,56 10,37 12,20

83
Figure II.42 Signaux enregistrés à la distance de 20 cm et 30 cm avec la configuration parallèle de
l’antenne

Figure II.43 Signaux enregistrés à la distance de 20 cm et 30 cm avec la configuration perpendiculaire


de l’antenne

Le tableau II.4 montre que les vitesses mesurées sont différentes dans les deux polarisations.
Cette différence est de l’ordre de 0.67 cm/ns pour l’onde réfléchie et de 0.64 pour l’onde
directe. Il est également intéressant de noter que les deux ondes (directe et réfléchie) n’ont
pas le même comportement vis à vis de l’anisotropie. En effet, alors que la vitesse de la
réflexion est plus faible dans la polarisation parallèle, l’onde directe est plus forte. Cela peut
s’expliquer par la différence dans le sens de la propagation des deux ondes. En effet, la
direction de propagation de l’onde directe est parallèle aux couches alors que celle de l’onde
84
réfléchie est perpendiculaire aux couches. La différence entre les vitesses des deux ondes est
plus marquée en polarisation x (1.83 cm/ns) qu’en polarisation y (0.52 cm/ns). De plus cela
est visible également par comparaison des moyennes des vitesses dans les deux polarisations
de chaque onde puisque la vitesse de l’onde directe (11,9 cm/ns) est beaucoup plus forte que
celle de la réflexion (10,7 cm/ns).

II.4.5. Propagation d’onde dans un milieu avec un gradient de permittivité

II.4.5.1 Modèles de calculs pour la simulation d’un gradient


Cette étude a pour objectif la compréhension de l’effet des gradients de permittivité et
l’évaluation de la profondeur d’investigation de l’onde directe. Pour cela, des simulations 2D
ont été réalisées sur des modèles avec différents gradients de permittivité.
Deux modèles ont été simulés. Ils consistent à commencer les simulations à partir d’un
modèle homogène (de constante diélectrique de 5) et d’intégrer par pas constant des couches
de permittivité variable. Ces couches ont été introduites jusqu’à une profondeur de 20 cm.
L’épaisseur de la couche est de 2 mm et le pas de permittivité (constante diélectrique) est de
0,05 pour le gradient 1 et de 0,15 pour le gradient 2. La figure II.44 schématise les deux
gradients simulés. Il est à noter que l’augmentation de la permittivité en fonction de la
profondeur suit une loi linéaire pour une simplification des simulations. L’objectif ici n’est
pas de simuler exactement un gradient réel mais d’étudier l’effet d’un gradient sur la vitesse
de propagation de l’onde directe.

Gradient_1 1 = 5 - 5.25 1 = 5 - 5.5 1 = 5 - 8.75 1 = 5 - 10


5 couches 10 couches 75 couches 100 couches
1

15

20

2 = 5 2 = 5.25 2 = 5.5
40

39

38

2 = 8.75
25

2 = 10
20

Gradient_2 1 = 5 - 5.75 1 = 5 - 6.5 1 = 5 - 16.25 1 = 5 - 20


5 couches 10 couches 75 couches 100 couches
1

15

20

2 = 5 2 = 5.25 2 = 5.5
40

39

38

2 = 16.25
25

2 = 20
20

Figure II.44 Schémas des deux modèles de gradients simulés

85
II.4.5.2 Traitement des données
L’analyse des données a consisté à calculer la vitesse de propagation de l’onde directe en
configuration WARR. La vitesse est par la suite calculée à partir de la pente de la relation
linéaire entre offset et temps d’arrivée. Cette vitesse est calculée pour chaque configuration du
gradient simulé. Rappelons que d’un gradient simulé à un autre, l’épaisseur du gradient est
augmentée avec un pas de 1 cm. Ainsi pour chaque simulation, 20 gradients ont été étudiés.
L’épaisseur de chaque couche est de 2 mm soit 5 couches par tranche d’un cm. La permittivité
est augmentée respectivement avec un pas de 0,05 pour le gradient 1 et de 0,15 pour le
gradient 2.
La vitesse de l’onde directe est par la suite extraite de la droite d’offsets en fonction du temps
d’arrivée et est représentée en fonction de l’épaisseur de la couche du gradient.

Figure II.45 Signaux obtenus sur le béton avec gradient de permittivité par la technique WARR
(gradient 1, épaisseur du gradient = 10 cm)

La figure II.45 présente un exemple de signaux obtenus dans le cas d’un milieu avec gradient
de permittivité. Nous remarquons une forte atténuation des signaux. Cependant les signaux
restent exploitables pour évaluer la vitesse de propagation avec le signal direct puisque la
simulation de fines couches de gradient montre une absence de réflexions multiples sur les
interfaces entre les couches. En effet, la figure II.46 montre, sur un snapshot à 1,75ns de
propagation, une absence de réflexions multiples et des fronts d’ondes comparables à ceux
observés pendant la propagation dans un milieu homogène. Cela a été possible en réduisant
les épaisseurs des couches ainsi que le contraste de permittivité.

86
Figure II.46 Image instantanée (snapshot) du champ électrique dans l’espace de simulation (l’épaisseur
du gradient est de 10cm) à l’instant de 1,75ns après le début de la propagation

II.4.5.3 Résultats des simulations – exploitation de la vitesse du signal direct


Les résultats de simulations sont présentés sur les figures II.47 à II.49. Chaque courbe
représente la variation de la vitesse ainsi que la constante diélectrique en fonction de
l’épaisseur du gradient dans le cas d’un émetteur d’une fréquence centrale de 1.5 GHz (fig.
II.47 et II.48), et pour le cas d’un émetteur d’une fréquence centrale à 2,6 GHz (fig. II.49).
Dans le cas de la fréquence 1,5 GHz (fig.II.47 et II.48), les courbes des vitesses montrent une
décroissance de la vitesse et par conséquent une augmentation de la constante diélectrique en
fonction de l’épaisseur de la couche du gradient et cela jusqu’au gradient d’une épaisseur de
l’ordre de 10 cm pour le gradient 1 et 9 cm pour le gradient 2. Après cette épaisseur,
l’augmentation de la profondeur du gradient n’a aucun effet sur la variation de la vitesse et la
constante diélectrique mesurées par le signal de l’onde directe.
Dans le cas de la fréquence 2,6 GHz, il est important de dire tout d’abord que le pointage des
pics à des faibles épaisseurs (inférieures à 4 cm) de gradient a été très difficile. Ces relevés
n’ont donc pas été représentés sur les figures. Cependant, à partir de 4 cm et jusqu’à 8 cm
nous observons une diminution nette de la vitesse et une augmentation de la constante
diélectrique. Comme pour le cas de la fréquence à 1,5 GHz, les mesures sont stables à partir
d’une certaine épaisseur de la couche du gradient qui est de l’ordre de 8 cm.
Ces simulations montrent donc une stabilisation de la vitesse à partir d’une profondeur de
l’ordre de 8 à 10 cm qui pourrait donc correspondre à une éventuelle profondeur
d’investigation ou de sensibilité de cette onde. Cependant, ces simulations sont à prendre avec
précaution car la simulation effectuée ne prend pas en compte la géométrie de l’antenne
émettrice ni celle de l’antenne réceptrice. Néanmoins, les résultats sont cohérents avec les
hypothèses qui considèrent que la profondeur de sensibilité de l’onde directe est de l’ordre
d’une longueur d’onde (propageant dans le matériau) soit 10 cm pour une antenne de
fréquence 1,5 GHz et 5 cm pour une antenne à 2,6 GHz. Il est à noter une différence pour la
fréquence à 2,6 GHz puisque la profondeur estimée est 1,5 fois supérieure à sa longueur
d’onde. Cependant, si nous utilisons la relation approchée (I.2) décrite dans le chapitre I et
qui stipule que la profondeur est égale à la racine carrée du rapport entre une demie longueur
d’onde et la distance de propagation, nous nous apercevons que les résultats sont assez

87
proches des valeurs estimées par les simulations. En effet, pour une fréquence d’antenne à 1,5
GHz la profondeur calculée analytiquement est de 8,5 cm environ et de l’ordre de 7 cm pour
une antenne centrée à 2,6 GHz soit une différence en moyenne d’environ 1 cm par rapport aux
simulations numériques.
Il est important de noter également que l’effet de la permittivité effective (moyenne) de la
couche du gradient est assez faible puisque les simulations montrent des profondeurs de
sensibilité assez similaires entre les deux gradients bien que leurs permittivités soient
différentes. L’augmentation de la permittivité moyenne de la couche gradient entre le gradient
1 et 2 fait diminuer la profondeur de sensibilité de 10 cm à 9 cm soit seulement de 1 cm. Il
est à noter que la permittivité estimée par l’OD (6) est faible par rapport à la permittivité
effective de la couche (7 à 10). Il est donc possible que la propagation de cette onde soit plus
sensible à la permittivité de surface du matériau. Ces observations restent à valider sur des
mesures réelles bien qui seront toutefois difficile à mettre en place.

Figure II.47 Vitesse OD (à gauche) et constante diélectrique (à droite) en fonction de l’épaisseur de la


couche du gradient 1, fréquence de 1,5 GHz

Figure II.48 Vitesse OD (à gauche) et constante diélectrique (à droite) en fonction de l’épaisseur de la


couche du gradient 2, fréquence de 1,5 GHz

88
Figure II.49 Vitesse OD (à gauche) et constante diélectrique (à droite) en fonction de l’épaisseur de la
couche du gradient 2, fréquence de 2,6 GHz

Conclusions

1. Modélisation analytique de l’effet de l’humidité


La première partie de ce chapitre a montré qu’un modèle analytique simplifié basé sur
l’évaluation de la fonction de transfert (issue de la solution de l’équation d’onde plane) du
matériau permet de simuler la propagation d’un signal radar dans le béton. En combinant ce
modèle avec le modèle CRIM et Debye - Cole-Cole, il est possible de simuler l’effet de la
variation des indicateurs de durabilité sur le signal radar. Ce modèle a été également validé
par un modèle numérique de propagation 1D. Bien que ce modèle ne soit pas complet, après
une étude paramétrique, cette modélisation a permis de tirer les conclusions suivantes :
 Le modèle CRIM et Cole-Cole permettent de modéliser correctement la relation entre
permittivité et humidité. Pour la modélisation de la dispersion, une différence avec
l’expérimentation est significative pour des fréquences inférieures à 0,2 GHz. Cela a
été possible par l’ajustement du coefficient alpha du modèle Cole-Cole et la prise en
compte du volume de l’eau liée.
 La vitesse de propagation est plus sensible à la saturation qu’à la salinité ;
 L’atténuation est autant sensible à la saturation qu’à la salinité ;
 L’effet de la salinité sur l’atténuation est plus visible à forte saturation et à faible
variation de la salinité ;
 L’augmentation de la salinité et de la saturation induisent un décalage du spectre vers
les basses fréquences, la fréquence centrale est donc réduite.
 La dispersion en fréquence de l’atténuation a montré un effet significatif qui croit avec
l’augmentation de la saturation. Cela a permis de conclure que les hautes fréquences
sont plus sensibles à l’évaluation de l’humidité.

2. Simulation 2D de la propagation des ondes radar


2.1. Propagation dans un milieu homogène isotrope
Les résultats des simulations dans un milieu homogène et isotrope ont montré que la méthode
FO et WARR permettent de mesurer la vitesse de l’onde directe avec une bonne précision.
L’utilisation de la méthode FO est plus simple à mettre en œuvre et nécessite la mesure avec

89
seulement un offset d’une dimension supérieur à 16 cm pour éviter des problèmes de
chevauchement de signaux.
2.2. Propagation dans un milieu multicouche et effet de la direction de polarisation
(simulation de l’anisotropie)
Cette simulation de la propagation dans un milieu multicouches avec changement de la
polarisation du champ électrique a permis de conclure que le contraste entre couches simulées
présente une différence des vitesses entre une polarisation x et y. De plus, un milieu
multicouche a tendance à augmenter la vitesse de propagation de l’onde directe à cause du
sens de propagation différent par rapport à celui de l’onde réfléchie.
2.3. Effet d’un gradient de permittivité
La simulation numérique 2D avait pour objectif d’étudier l’effet d’un gradient de permittivité
sur la vitesse de propagation de l’onde directe. Pour ce faire, plusieurs gradients ont été
simulés avec des pentes variables en fonction de l’épaisseur du matériau. Cette étude a montré
que la vitesse de propagation de l’onde directe n’est pas constante mais variable en fonction
de l’épaisseur de la couche du gradient. L’augmentation de la couche du gradient induit une
diminution de la vitesse jusqu’à une épaisseur de l’ordre de 9 à 10 cm approximativement
pour une fréquence de 1,5 GHz et de l’ordre de 8 cm pour une fréquence à 2,6 GHz. Ces
résultats sont en accord avec la relation analytique basée sur la notion de la zone de Fresnel.

90
CHAPITRE 3 Campagne expérimentale – effet des gradients d’humidité
sur la mesure radar

III.1 Objectif
L’objectif de cette étude expérimentale est de comparer et valider les techniques de calcul de
la vitesse de l’onde directe dans un milieu homogène et un milieu avec gradient d’humidité.
Nous nous intéresserons également à l’évaluation des sensibilités de l’antenne 1.5 GHz par
rapport à l’antenne 2.6 GHz. L’effet du gradient sur les propriétés du signal direct sera
analysé dans le domaine temporel et fréquentiel.

III.2 Campagne expérimentale sur un matériau modèle de permittivité


équivalente au béton (le sable)

III.2.1 Détails expérimentaux

III.2.1.1 Préparation des échantillons


a. Sable homogène
Pour effectuer les mesures radar sur un matériau granulaire homogène en termes de répartition
de l’humidité dans le volume, le sable a été choisi pour sa simplicité de mise en œuvre. La
préparation du matériau a consisté simplement à mélanger un sable siliceux de granulométrie
0-5 mm dans un malaxeur avec des teneurs en eau massiques variables de façon à avoir des
constantes diélectriques équivalentes à celle des bétons (de 4 à 10). Le sable est par la suite
étalé dans un moule parallélépipède de dimensions 54 x 34 x 15 cm. Enfin, la surface de
l’échantillon est aplatie pour avoir une surface plane. Trois échantillons ont été préparés pour
atteindre trois constantes diélectriques (4, 7 et 10). Les teneurs en eau équivalentes sont
présentées dans le tableau III.1.

Tableau III.1 Teneur en eau massique de trois échantillons

Échantillon Échantillon 1 Échantillon 2 Échantillon 3

Teneur en eau massique - W(%) 3,66 9,5 15,25

b. Sable avec gradient


L’objectif ici est de suivre le séchage du sable avec la mesure radar pendant 1 mois et de
provoquer ainsi plusieurs gradients d’humidité entre la surface et le fond de l’échantillon. Les
extrémités latérales et inférieures de l’échantillon ont été rendues étanches pour que
l’évaporation se fasse seulement par la partie supérieure. L’échantillon a consisté à préparer
un mélange de sable humide homogène à une teneur en eau de 13% ce qui correspond à une
constante diélectrique de 9. Les mesures radar ont été effectuées à cet état d’humidité.

91
III.2.1.2 Équipements et mesures
Le matériel de mesure est composé d’un système radar SIR 3000 avec un dérivateur pour
pouvoir connecter deux antennes. Les antennes utilisées sont un couple d’antennes 1.5 GHz et
un couple d’antennes 2.6 GHz. Ainsi, il est possible d’effectuer des mesures :
- (1) En utilisant une antenne (une seule boite composée de deux dipôles Ex et Rx) à
offset fixe de l’ordre de 6 cm pour l’antenne de 1,5 GHz et 4 cm pour celle de 2,6
GHz. Il est important de noter que dans cette configuration, la mesure de la vitesse de
l’onde directe est imprécise puisque l’offset fixé par le constructeur ne permet pas de
séparer le signal dans l’air et celui dans le matériau. Par contre, l’analyse de
l’atténuation reste possible ainsi que la mesure de la vitesse en réflexion ;
- (2) En WARR ou en FO avec 2 antennes en augmentant les offsets entre 2 antennes.
En configuration (1), l’antenne (1,5 ou 2,6 GHz) est placée dans l’air pour une mesure de
référence. Ensuite, elle placée sur le matériau. Une centaine de signaux sont enregistrés dans
l’air et dans le matériau (figure III.1).
En configuration (2) la mesure consiste à placer les deux antennes dans l’air et à effectuer
quelques scans. Ensuite, les deux antennes sont placées sur le matériau, l’émetteur reste fixe
et le récepteur est déplacé par pas de 1 cm sur un profile linéaire (figure III.2).

R
E

Figure III.1 Mesure par une antenne dans l’air (à gauche) et sur le sable (à droite)

Direction de
déplacement R E

R E

Figure III.2 Mesure par technique WARR dans l’air (à gauche) et sur le sable (à droite)

92
III.2.2 Résultats expérimentaux

III.2.2.1 Sable homogène


a. Analyse des vitesses/constantes diélectriques
Pour la technique WARR, nous avons effectué les mesures avec des offsets de 16 cm à 40 cm.
Les signaux typiques sont présentés sur la figure III.3 où nous observons deux ondes (directe
dans le sable et la réflexion). Le premier scan (en bleu) représente la mesure dans l’air avant
de poser les antennes sur le matériau.
Nous avons par la suite extrait le temps d’apparition de l’ensemble des pics positifs de la
figure III.3 et représenter par la suite la relation entre distance émetteur - récepteur et temps
d’arrivée (figure III.4). La pente de cette droite correspond à la vitesse de propagation de
l’onde directe dans le matériau. Nous notons par exemple sur la figure III.4 que la vitesse
mesurée de l’OD dans les trois échantillons de sable est décroissante en fonction de
l’augmentation de la teneur en eau (de 15,8 à 10,4 cm/ns).

Figure III.3 Signaux enregistrés par la technique WARR sur l’échantillon 1 W=3,66%

Figure III.4 Vitesse de l’onde dans l’air et de l’onde directe par la méthode de régression

93
Pour la technique FO, nous avons utilisé l’onde directe dans le sable et l’onde directe dans
l’air du signal de référence pour calculer la vitesse de propagation dans le matériau. L’onde
directe dans l’air permet de calculer le début des impulsions puisque la vitesse de propagation
est connue (V0 = 30 cm/ns). La relation de calcul de la vitesse de propagation de l’OD dans le
matériau est donc la suivante:
𝑑𝑑 𝑑𝐸𝑅
∆𝑡1 = 𝑡𝑑 − 𝑡𝑎𝑖𝑟 = −
𝑉 𝑉0
𝑑𝑑
→𝑉= (𝐼𝐼𝐼. 1)
𝑑𝐸𝑅
∆𝑡1 +
𝑉0
avec td est le temps d’arrivée du signal de l’OD dans le matériau, tair est celui dans l’air, dER
est le offset et V0 est la vitesse de l’OD dans l’air égale à 30 cm/ns.
Les résultats calculés de la vitesse de propagation par la technique WARR et FO pour les trois
échantillons sont présentés dans le tableau III.2. Les vitesses mesurées par les deux méthodes
sont comparables.
Lorsque la teneur en eau du sable est élevée (dans le cas de l’échantillon 3, W = 15,25%), les
vitesses déterminées par la méthode de FO (pour un offset de 16 cm) sont similaires aux
valeurs de la vitesse déterminée par la technique WARR. L’écart est de l’ordre de 0,4 soit 4%.
Cependant, pour l'échantillon avec une teneur en eau du sable très faible (constante
diélectrique de 3 à 3,5) les vitesses déterminées par la méthode FO sont plus élevées que
celles déterminées par la méthode WARR. Cela est probablement dû au fait que le sable est
trop sec et que les temps de propagation sont très courts ce qui favorise l’effet de l’onde
directe dans l’air sur le signal direct dans le sable.

Tableau III.2 Vitesse et constante diélectrique déterminée par la technique WARR et FO

Critères Teneur en eau (%) Méthode FO Méthode WARR

3.66 16.95 15.83

Vitesse 9.5 12.03 12.05

15.25 10.02 10.42

3.66 3,13 3.59

Epsilon 9.5 6,22 6.20

15.25 8,65 8.28

Sur les figures III.5, nous avons utilisé les valeurs des vitesses déterminées par la méthode FO
à la distance de 16 cm pour les trois échantillons. Sur cette figure nous observons le
comportement entre vitesse / constante diélectrique et teneur en eau. Ce comportement est
quasi-linéaire avec une décroissance de la vitesse et une augmentation de la constante
diélectrique en fonction de l’augmentation de la teneur en eau. Cela est dû principalement au
fait que la constante diélectrique de l’eau (partie réelle voisine de 80 aux fréquences utilisées)
est beaucoup plus forte que celle du sable sec ce qui favorise l’augmentation de la polarisation
et de la conduction. Ce résultat est bien connu et confirme donc les résultats de la littérature.

94
Figure III.5 Comparaison de la vitesse déterminée par la technique WARR et FO pour trois échantillons

Les vitesses FO pour l’ensemble des offsets et pour les trois échantillons sont présentées sur
la figure III.6. Sur cette figure, quelque soit l’offset, la relation entre vitesse et teneur en eau
massique reste quasiment linéaire (ou polynomial degré 2) ce qui signifie que dans le cas d’un
matériau considéré comme homogène et isotrope, la vitesse est indépendante de l’offset. De
plus il est important de noter la faible dispersion statistique des mesures même si elle est plus
forte à faible humidité. En effet, les vitesses sont très proches ce qui montre que la vitesse
mesurée par la technique FO est assez stable.

Figure III.6 Vitesse de l’OD mesurée par la méthode FO en fonction de teneur en eau massique pour le
sable homogène

95
b. Analyse de l’atténuation
 Domaine temporel :
La figure III.7 présente la décroissance de l’amplitude du pic positif du signal de l’OD en
fonction de la distance pour l’échantillon à humidité égale à 9,5% et celui à une humidité de
15,25%.
Les résultats montrent une augmentation du coefficient d’atténuation de 13,7 à environ 15
pour une augmentation de la constante diélectrique de 6,2 à 8,3.

Figure III.7 Amplitude de l'onde directe en fonction de la distance entre l’émetteur et le récepteur

 Domaine fréquentiel :
Dans le domaine fréquentiel, l’analyse a consisté à calculer le module du spectre des
fréquences pour les trois échantillons et l’ensemble des offsets. La figure III.8 montre un
exemple de spectres des trois échantillons à un offset de 30 cm. Nous observons une forte
atténuation et un décalage de la fréquence centrale vers les basses fréquences de l’ordre de 0,2
GHz en fonction de l’augmentation de l’humidité.
Les figures III.9 et III.10 présentent les rapports de spectres pour l’échantillon 1 et 2
respectivement pour différents offsets par rapport au signal direct enregistrés à un offset de 18
cm. Il est à noter que, pour l’échantillon 1 « sec », les rapports des spectres montrent une
variation négligeable en fonction des fréquences pour des distances inférieures à 24 cm. Au-
delà de cet offset les rapports diminuent ce qui traduit une augmentation de l’atténuation dans
les hautes fréquences. Cependant, pour le cas de l’échantillon 2 « humide », cet effet est
visible dès les premières distances. Cela correspond à une dispersion due à l’humidité liée à la
distance de propagation.

96
Figure III.8 Spectre du signal direct dans le sable à la distance 30 cm entre l’émetteur et le récepteur
pour trois humidités (3,66, 9,5 et 15,25%)

Figure III.9 Rapport de spectre pour différents offsets (20 à 32cm) en fonction de la fréquence pour
l’échantillon 1- W1=3,66%

97
Figure III.10 Rapport de spectre pour différents offsets (20 à 32cm) en fonction de la fréquence pour
l’échantillon 2- W2=9,50%

Si nous représentons l’atténuation calculée par la relation (III.2), nous pouvons mettre en
évidence que l’effet de la dispersion de l’atténuation dans un sable homogène n’est pas très
fort (figure III.11). A basses fréquences, une atténuation plus faible qu’en hautes fréquences
est observée (ex : 48 dB à 0,5 GHz et 77 dB à 2 GHz entre l’échantillon à W=3,66% et à
W=15,25 % d’humidité). Cependant, l’écart entre l’échantillon 1 (W=3,5%) et 2(W=9,5%), et
3 (W=15,25%) reste modéré (respectivement de l’ordre de 5 dB et 8 dB entre la fréquence 0,5
GHz et 2 GHz).
𝑎𝑡𝑡 = −20 log(𝑅_𝑑𝑖) (𝐼𝐼𝐼. 2)
Avec R_di le rapport de spectre de l’onde directe, à la distance di cm.
Pour plus de clarté, la variation de l’atténuation en fonction de la teneur en eau est présentée
pour différentes fréquences 0,5 ; 1 ; 1,5 et 2 GHz sur la figure III.12. Nous remarquons que le
comportement est similaire pour l’ensemble des fréquences. Concernant les sensibilités, il est
à noter que pour les fréquences allant jusqu’à 1,5 GHz les pentes sont assez proches.
Cependant, pour la fréquence la plus forte « 2 GHz », la pente est significativement plus forte
ce qui montre une plus grande sensibilité à l’humidité.

98
Figure III.11 Atténuation en fonction de la fréquence à la distance de 30cm pour des humidités

Figure III.12 Atténuation en fonction de la teneur en eau massique pour des fréquences variables

99
III.2.2.2 Sable avec gradient d’humidité
Rappelons que cet essai a consisté à suivre le séchage de la surface supérieure d’un
échantillon de sable humide (W4 = 13.22%) par mesure WARR et FO. Le principe de l’essai
est présenté sur la figure III.13. Les mesures ont été effectuées avec un couple d’antennes 1,5
GHz avec des offsets variables de 16 cm à 32 cm.

E R
15

34

54

Figure III.13 Suivi de l’échantillon de sable humide en cours de séchage

Les résultats des vitesses mesurées avec la technique WARR et FO (offset 16 cm) sont
présentés sur la figure II.14. Sur cette figure, les vitesses suivent un comportement linéaire
pour l’ensemble des vitesses même si un ralentissement des vitesses WARR à partir de 12
jours de séchage est observé. A partir de 12 jours de séchage, les vitesses mesurées par les
deux techniques commencent à diverger avec une continuité de l’augmentation de la vitesse
FO et un ralentissement de la vitesse WARR. Cet écart est d’autant plus grand que l’humidité
de surface est faible (gradient plus fort).
Si nous comparons les vitesses FO entre elles (figure III.15), nous notons que contrairement
aux résultats du sable homogène (figure III.16), les vitesses commencent à diverger à partir de
12 jours. Il semblerait sur cette figure que les offsets faibles commenceraient à s’accélérer à
partir de 12 jours, c’est à dire que la pente de la vitesse est plus forte en comparaison avec les
offsets de grandes distances. Cet écart est d’autant plus fort que le gradient est plus contrasté.
Il est à noter par exemple que cet écart est de l’ordre de 2 cm/ns à 19 jours de séchage ce qui
est non négligeable (une variation relative par rapport à la moyenne des vitesses de l’ordre de
11%).

100
Figure III.14 Comparaison de la vitesse de l’onde directe mesurée par la méthode WARR et FO (16 cm)
au cours du séchage du sable

Figure III.15 Vitesse de l’onde directe mesurée par la méthode FO au cours du séchage du sable
(gradient variable)

Figure III.16 Vitesse de l’onde directe mesurée par la méthode FO en fonction de teneur en eau pour le
sable homogène

101
III.3 Campagne expérimentale sur le béton

III.3.1 Objectifs

Cette partie de l’étude expérimentale a été effectuée dans le cadre du projet national Evadéos
qui a pour objectif d’évaluer les indicateurs de durabilité des bétons par méthodes non
destructives pour alimenter des modèles de prédiction de durée de vie et d’optimiser ainsi la
stratégie de maintenance des ouvrages en béton.
Notre objectif dans cette partie de la thèse est d’étudier la sensibilité de la mesure radar aux
gradients d’humidité. Pour ce faire deux procédures ont été envisagées. La première qui sera
présentée dans ce chapitre consiste à suivre le séchage d’une dalle en béton. La deuxième
procédure consiste à suivre l’imbibition en plaçant la dalle au contact avec l’eau. Cette
dernière est encore en traitement et analyse et ne sera pas présentée ici.

III.3.2 Plan expérimental

III.3.2.1 Caractéristiques des bétons


Le béton a été fabriqué dans le cadre du projet Evadéos par le partenaire porteur de ce projet
(LMDC de Toulouse). La composition de ce béton est la suivante :
Ciment CEM I 52,5N (240 kg) ;
Eau totale (217 kg) ;
Sables 0/4 mm (938 kg) ;
Graviers 4-14 mm (1016 kg).
Les caractéristiques mécaniques et physiques à 28 jours après le coulage sont présentées ci-
après :

III.3.2.2 Préparation des éprouvettes et instrumentation


Une dalle a été testée de dimensions de 40 x 24 x 15 cm. La dalle a été préalablement saturée
dans l’eau et ensuite étanchée sur les extrémités latérales et inférieures (application d’une
résine). Elle a été par la suite équipée de 5 capteurs d’humidité relative sur l’épaisseur (figure
III.17 en bas à gauche). La figure III.17 montre les positions des capteurs. La dalle a été posée
sur une balance pour le suivi de la masse pendant le séchage. Enfin, une plaque chauffante
avec consigne régulée a été posée à 5 mm de la surface supérieure de la dalle pour accélérer le
séchage (figure III.17 en haut à droite).

102
Système
d’acquisition
Plaque chauffante
Thermo couple

Système
Éponge
d’acquisition Système de balance

Balance

1
2
3
4

Capteur
Figure III.17 Dispositif
s expérimental : dalle instrumentée, système de chauffage, et mesure radar

III.3.2.3 Suivi du béton au cours du séchage


La consigne de chauffage appliquée au début du séchage est de 40°C. Pour accélérer le
chauffage nous avons augmenté cette consigne à 50C° après deux semaines et à 60°C après 2
mois. La durée du chauffage et du suivi (masse, capteurs et radar) a été au total de 3 mois et
10 jours (100 jours).
Le suivi de la masse est présenté sur la figure III.18 où nous observons deux changements de
pente dû à l’augmentation de la température pendant le séchage. Si nous considérons une
porosité de 18% et une saturation complète de la dalle avant le séchage, la perte d’eau pendant
les 100 jours de séchage est de 1500 g soit environ 40% de la masse d’eau contenue dans le
béton.
Concernant le suivi de l’humidité à l’intérieur de la dalle avec les capteurs d’humidité, la
figure III.19 illustre la variation de la tension de sortie des capteurs en fonction de la durée du
séchage pour les 5 capteurs. Plus la tension est forte plus le milieu entourant le capteur est
humide. Normalement, la tension maximale pour un milieu humide à 97% est de 4 Volts et de
l’ordre de 1 Volt pour un milieu sec. Cependant, nous observons que les tensions de départ
(béton saturé) sont de 4,5 à 5,3 Volts. Cela est probablement dû au fait que les capteurs sont
plongés dans des cavités avec présence d’eau liquide ce qui perturbe le fonctionnement des
capteurs. Il est à noter que ces capteurs sont conçus pour une utilisation dans un milieu entre
5% et 95% d’humidité relative.

103
Figure III.18 Variation de la masse en fonction du temps de séchage

Figure III.19 Variation du voltage de sortie des capteurs en fonction du temps de séchage

Sur la figure III.19, la tension du capteur 1 (le plus proche de la surface de séchage positionné
à 1,5 cm) décroit rapidement et cela à partir de 5 jours de séchage. Nous remarquons 3
variations de la pente de décroissance dues à l’augmentation de la consigne de 40°C à 60°C.
Le capteur 2 (positionné à 2,5 cm) présente une tension constante jusqu’à 50 jours puis une
chute très forte de 5 Volt à 3 Volt. Il est possible que ce capteur soit en continu noyé dans
l’eau, une fois cette eau évaporée, le milieu est asséché assez rapidement au bout de 5 jours.
Le capteur 3 (placé à 4 cm de la surface) présente le même comportement que le capteur 2
avec une décroissance moins forte. Cependant, les valeurs des tensions sont moins élevées (de
l’ordre de 1 Volt par rapport au capteur 2) ce qui indique un gradient d’humidité entre la
surface et 4 cm de profondeur. Le capteur 4 (placé à 6 cm) a également le même
comportement que les capteurs 2 et 3, en effet, au début du séchage la tension est constante et
elle commence à baisser seulement après 90 jours de séchage. Cela nous indique qu’après 90
jours de séchage la quantité d’eau présente à 6 cm de profondeur commence à baisser.
Enfin, le capteur 5 placé à 12 cm de profondeur indique une tension constante mais jusqu’à 55
jours. A partir de cette échéance, nous remarquons une légère décroissance. Cette
décroissance peut être due soit au fait que la partie inférieure de la dalle n’est pas
complètement étanche soit que l’eau s’est déplacé vers le capteur 4 qui reste saturé jusqu’à
une perte globale de l’eau ce qui explique pourquoi le capteur 4 est plus humide que le
capteur 5.

104
III.3.3 Mesure radar

III.3.3.1 Procédure de mesure


La procédure de mesure radar est la même que celle décrite pour le sable. Les mesures en
WARR et FO (configuration 2) ont été réalisées par un couple d’antennes de 1.5 GHz de
fréquence centrale. En plus de la procédure utilisée pour le sable, des mesures ont été
également réalisées simultanément avec une antenne 1.5 GHz et une antenne à 2.6 GHz
(configuration 1).
III.3.3.2 Traitement des données
Le traitement des données a consisté à extraire les signaux mesurés avec les deux
configurations. Les signaux ont été utilisés bruts sans aucun filtrage.
Pour la configuration 1, un exemple de signaux est présenté sur la figure III.20. Le traitement
a consisté à calculer les vitesses de l’onde réfléchie par la même procédure utilisée pour la
vitesse en configuration FO (relation II.1). Les amplitudes du signal direct (premier signal)
ont été également extraites et normalisées par rapport à celui mesuré dans l’air (considéré
comme le milieu de référence).
Pour la configuration 2 nous avons utilisé un couple d’antennes séparées à une fréquence de
1.5 GHz. Les signaux typiques enregistrés sur le béton sont présentés sur la figure III.21 à
gauche. Nous avons également tenté d’utiliser un couple d’antennes 2,6 GHz (signaux sur la
figure III.21 à droite). Nous observons sur les signaux issus des antennes 2,6 GHz que les
ondes dans l’air et dans le matériau sont mélangées. A partir d’un offset de 12 cm nous
observons un début de séparation. Cependant, le signal de l’onde directe est très atténué et les
mesures de la vitesse montrent une forte incertitude. Par conséquent les antennes à 2.6 GHz
n’ont pas été utilisées en configuration 2.
Le traitement des signaux enregistrés a consisté à extraire l’amplitude et la position
temporelle du pic positif du signal direct pour le calcul des vitesses. Pour l’analyse
fréquentielle, le signal complet a été extrait en utilisant une fenêtre temporelle rectangulaire.
Une FFT a été appliquée sur les signaux ainsi qu’un rapport de spectre par rapport à celui
enregistré dans l’air pour le calcul de l’atténuation fréquentielle dans la bande de fréquence de
l’antenne (0.5 à 2 GHz) correspondant à une atténuation de – 3 dB.

Figure III.20 Signal enregistré par une antenne 1,5 GHz (à gauche) et 2,6 GHz (à droite) sur le béton saturé

105
Figure III.21 Signaux enregistrés en WARR sur le béton avec un couple d’antennes 1,5 GHz à gauche et un
couple d’antennes 2,6 GHz à droite.

III.3.4 Analyse des résultats expérimentaux

La figure III.22 présente la variation de la masse d’eau perdu en cours du séchage en fonction
du temps de séchage (courbe en bleu). Sur la même figure, la courbe en rouge représente
l’évolution de la vitesse mesurée par la technique WARR (configuration 2). Nous observons
clairement une augmentation de la vitesse par palier. En effet, à 40 C° la vitesse se stabilise
après 35h de séchage. Un deuxième palier est observé après l’augmentation de la température
à 50C°. La troisième phase commence à partir de la mise en température à 60C° et une
troisième stabilisation de la vitesse est enregistrée à partir de 100 jours de séchage.

Figure III.22 Variation de la masse et de la vitesse WARR en fonction du temps de séchage

Sur la représentation de la vitesse en fonction de la masse de l’échantillon au cours du


séchage (figure III.23) nous notons un alignement c’est à dire un comportement quasi-linéaire
entre vitesse et masse. Cela est en accord avec des études précédentes sur des bétons avec une
répartition homogène de l’humidité (Klysz 2004, Dérobert 2008). Cependant, il est intéressant

106
de noter une stabilisation de la vitesse dans le premier et le deuxième palier bien que la masse
continue à diminuer. Cela peut s’expliquer par le fait que le seul chemin pour l’eau est vers le
haut qui est la direction de l’évaporation. Même si l’échantillon perd de l’eau, la partie
supérieure de l’échantillon est dans un état de perte et de gain d’eau car l’eau continue à
remonter.

Figure III.23 Vitesse WARR en fonction de la masse au cours du séchage

III.3.4.1 Analyse des résultats de la configuration 1 (mono-antenne)


La figure III.24 présente l’évolution de la vitesse de l’onde réfléchie sur le fond de
l’échantillon en fonction du temps de séchage. Nous remarquons assez clairement que les
paliers sont moins marqués que ceux de l’onde directe en WARR car cette onde traverse
l’épaisseur de l’échantillon (15cm). Ainsi, l’onde est moins sensible aux variations de
l’humidité en surface.
Il est aussi intéressant de montrer que les deux antennes (1.5 et 2.6 GHz) ont le même
comportement et que les ondes qu’elles émettent ont quasiment la même vitesse de
propagation. Si nous représentons les vitesses en fonction de la masse de l’échantillon nous
observons également un alignement parfait qui montre un comportement linéaire entre vitesse
et quantité d’eau dans l’échantillon (figure III. 25).
Concernant les amplitudes du signal direct, la figure III.26 montre également une
augmentation rapide au début du séchage et une linéarité après un certain temps de séchage
pour l’antenne 1.5 GHz. Cependant, pour l’antenne à plus haute fréquence (2.6 GHz), il est
assez clair que la stabilisation de l’amplitude est plus rapide. En effet après 40 jours de
séchage, l’amplitude de cette antenne commence à se stabiliser et la différence avec l’antenne
1.5 GHz commence à augmenter. Cela est probablement dû au fait que le volume investigué
par l’antenne 2.6 GHz est plus faible. Ainsi, au-delà de 3 mois de séchage, l’onde directe de
l’antenne 2.6 GHz n’est plus sensible car l’humidité du volume investigué ne varie plus.

107
Figure III.24 Vitesse de l’onde réfléchie en fonction du temps de séchage dans le cas des mesures par
une antenne

Figure III.25 Vitesse de l’onde réfléchie en fonction de la masse d’échantillon en cours du séchage dans
le cas des mesures par une antenne

108
Figure III.26 Amplitude en fonction du temps de séchage dans le cas de mesure par une antenne

III.3.4.2 Comparaison entre la configuration WARR et FO


a. Analyse des vitesses
Les vitesses de l’onde directe en configuration 2 (en mode WARR et FO) sont présentées sur
la figure III.27 en fonction du temps de séchage. Le comportement des vitesses en fonction du
séchage est similaire pour l’ensemble des offsets ainsi que pour la technique WARR. A partir
d’un mois se séchage, nous notons cependant que la courbe du mode WARR est en dessous
des courbes du mode FO. Cependant cette dernière courbe reste très proche de la courbe des
vitesses du plus grand offset « 26cm » .

Figure III.27 Comparaison des vitesses déterminées par les techniques FO, WARR au cours du séchage

109
La représentation des vitesses en fonction des masses (figure III.28), montre, en plus de
l’alignement des mesures sur une droite, que l’écart des vitesses entre les offsets est plus fort
quand le matériau est plus sec en surface. En effet, quand le matériau est saturé et donc
quasiment homogène, l’écart entre les vitesses des offsets est très faible voire négligeable. Au
cours du séchage cet écart augmente assez fortement pour atteindre 0.8 cm/ns après 100 jours
de séchage. Ce comportement a été également observé sur le sable mais avec plus de contraste
pour deux raisons :
(1) L’offset maximal utilisé sur le béton est de 26 cm alors qu’il est de 32 cm pour le
sable.
(2) Le contraste d’humidité est plus fort pour le sable que pour le béton.

Figure III.28 Relation de la vitesse de l’OD à la masse d’eau perdue au cours du séchage - Comparaison
des vitesses déterminées par les techniques FO, WARR

Sur la figure III.29, nous avons représenté la variation de la vitesse FO en fonction de l’offset
pour l’ensemble des échéances de séchage. Les vitesses déterminées pour les différents offsets
ont tendance à diminuer en fonction de la distance émetteur - récepteur. Dans les premières
échéances du séchage, lorsque le béton est très humide, le gradient d’humidité dans le béton
est faible voire négligeable, la variation de la vitesse entre les offsets est faible. Pour les
échéances suivantes, la masse d’eau évaporée augmente au cours du séchage, le béton est plus
sec en surface, le gradient en humidité dans le béton est plus fort, l’écart entre les vitesses des
différents offsets est plus fort. Même si les variations de vitesses entre les différents offsets
sont faibles, nous pouvons clairement observer que la vitesse mesurée sur le béton saturé
(quasi-homogène) est indépendante de l’offset. Cependant, pour la dernière échéance (cas où
le gradient a un contraste maximal), la variation de la vitesse est linéaire et présente une pente
négative (diminution de la vitesse avec l’augmentation de l’offset).

110
Figure III.29 Vitesse FO en fonction de l’offset pour des différentes masses en eau évaporées

Enfin, la figure III.30 permet de comparer les vitesses mesurées par WARR, FO (16 cm et 26
cm) et les vitesses évaluées par le signal réfléchi sur le fond de la dalle. Nous notons des
similitudes entres les vitesses WARR et FO malgré une différence entre WARR et FO à un
offset de 16cm. La vitesse à l’offset le plus grand est celle la plus proche de la mesure
WARR.
Le comportement des vitesses de l’OD est similaire à celui de l’onde réfléchie. Cependant, les
pentes sont différentes. L’écart est faible quand le matériau est homogène (saturé en eau). Cet
écart augmente avec l’augmentation de la masse d’eau évaporée. Les vitesses mesurées pour
l’OD sont donc plus sensibles à la variation de l’humidité en surface. Une analyse des deux
types d’ondes pourrait donc nous renseigner sur la présence de gradients d’humidité dans les
structures en bétons armés.

Figure III.30 Relation vitesse masse d’eau évaporée pour les techniques FO, WARR de l’OD et réflexion
(antenne 1.5 et 2.6 GHz)

111
b. Analyse des amplitudes
Les variations des amplitudes du pic positif de l’OD en fonction de la masse d’eau évaporée
pour l’ensemble des offsets sont présentées sur la figure III.31. Nous constatons des résultats
similaires aux vitesses concernant l’effet du séchage en fonction des offsets. En effet, mis à
part l’augmentation de l’amplitude en fonction du séchage qui est due à une diminution de la
constante diélectrique et de la conductivité du matériau, nous observons un décalage entre les
amplitudes des offsets au cours du séchage. Les pentes des faibles offsets sont supérieures à
celles des grands offsets. Ainsi, l’augmentation de l’amplitude des faibles offsets est plus
rapide. Ce résultat est en accord avec les observations sur les vitesses et permet de supposer
que les faibles offsets investiguent un volume plus faible que les offsets plus larges.
En effet, selon la notion de la zone de Fresnel (Born 1999, Cerveny and Soares, 1992), plus la
distance de l’offset est grande, plus le rayon de transmission des ondes est grand, donc le
volume étudié en dessous de la surface est également grand. Dans ce cas, la variation de
l’humidité au cours du séchage est rapide pour un petit volume près de la surface, et elle est
plus lente pour un volume plus grand (ex pour l’offset = 26 cm). Cela pourrait expliquer
pourquoi la variation de l’amplitude pour la distance 17cm est le plus rapide par rapport aux
offsets les plus grands.

Figure III.31 Amplitude de l’OD en fonction de la masse d’eau évaporée de l’échantillon au cours du
séchage pour des offsets variables

III.3.4.3 Analyse des signaux dans le domaine fréquentiel


La figure III.32 représente les spectres des signaux de l’OD enregistrés à différentes
échéances pendant le séchage du matériau. La distance émetteur-récepteur est de 17 cm. La
légende montre aussi les masses de l’échantillon à chaque échéance. Ces spectres ont été
calculés à partir du signal complet (pic positif et négatif) de l’OD. Comme pour le cas du
sable, les spectres sont atténués en fonction de l’augmentation de l’humidité et la fréquence
centrale est déplacée vers les basses fréquences.

112
Figure III.32 Spectre du signal direct dans le béton (offset 17 cm) au cours du séchage

Le calcul du rapport des spectres par rapport au signal enregistré dans l’air a permis de
calculer l’atténuation spectrale avec la relation III.2. Les atténuations pour différentes
humidités sont présentées sur la figure III.33. Nous observons une plus grande dispersion
fréquentielle de l’atténuation que dans le cas du sable. Cette dispersion est plus forte pour les
plus fortes humidités. Nous ne nous pouvons pas conclure sur l’effet du gradient car des
mesures sur une répartition homogène de l’humidité n’ont pas été réalisées.
Pour une meilleure visualisation de l’effet des fréquences sur l’atténuation, la figure III.34
représente l’atténuation en fonction de la masse de l’échantillon au cours du séchage pour
différentes fréquences. Nous observons que les basses fréquences ne varient pas
significativement en fonction du séchage (< 1 GHz). Cependant, les hautes fréquences
présentent une pente plus forte et donc une plus grande sensibilité à la variation de l’humidité.
En effet, pour une fréquence de 1.8 GHz, le contraste entre la première (béton saturé) et la
dernière échéance (béton quasiment sec) est de 70 dB. A 1.2 GHz ce contraste est de 15 dB, et
dans le domaine temporel, il est de seulement de 5 dB.

113
Figure III.33 Atténuation en fonction de la fréquence (offset 17 cm) pour des humidités variables

Figure III.34 Atténuation en fonction de la masse de l’échantillon au cours du séchage pour des
fréquences variables

III.3.4.4 Comparaison des mesures avec le modèle FT présenté dans le chapitre II


a) Comparaison des vitesses
Dans cette partie du chapitre nous comparons les mesures effectuées sur la dalle instrumentée
dans un état où la répartition de l’humidité est quasi-homogène (état saturé) avec les résultats

114
du modèle FT présenté dans le chapitre 2. Rappelons que le modèle FT utilise les paramètres
suivants (porosité, degré de saturation en eau, salinité, distance de propagation). Le calcul du
signal de sortie est par la suite utilisé pour calculer la vitesse et l’atténuation. Le modèle est
également comparé avec les résultats de la littérature notamment pour la vitesse. Pour
l’atténuation, nous n’avons pas trouvé de résultats concernant des mesures en configuration 2
(deux antennes avec offsets variables).
La figure III.35 présente la relation entre vitesse et saturation en eau (de 0% à 100%). Sur
cette figure trois données sont représentées :
 Les résultats du modèle FT représentés par une ligne en pointillé rouge
 Les mesures issues de la littérature et qui consistent en des mesures de vitesse par la
méthode WARR (Klysz, 2004) réalisées sur une dalle de béton ayant une porosité
d’environ 16 %.
 Nos mesures présentées précédemment (béton à l’état saturé).

Figure III.35 Vitesse mesurée et vitesse modélisé en fonction de la saturation en eau

Sur la figure précédente (III.35), les mesures montrent un comportement linéaire entre vitesse
et saturation. Un palier entre 0 et 20% est cependant observé sur les mesures qui peut être dû
au fait que l’eau dans cet intervalle (0 à 20%) de saturation est adsorbée. En effet, l’eau
adsorbée a une constante diélectrique beaucoup plus faible que l’eau libre ce qui limite la
polarisation (Sun, 2008). Notre mesure effectuée à l’état saturé est assez proche des mesures
de Klysz (Klysz 2004). La mesure en fin de séchage (vitesse = 12,5 à 13,4 cm/ns de vitesse)
se trouve dans une gamme d’humidité entre 20 et 40% de saturation pour l’ensemble des
offsets et la méthode WARR. Enfin, le modèle permet de reproduire fidèlement le
comportement entre 20 et 100%. Cependant, malgré la prise en compte de l’eau liée dans le
modèle, il reste une différence entre mesures et modèle.
b) Comparaison des atténuations
Rappelons que nous ne disposons pas de mesures d’atténuation à différentes humidités avec
répartition homogène. La bibliographie ne présente pas ces données dans le cas des mesures
en configuration 2 (deux antennes et offsets variables). En effet, les seules mesures
disponibles sont des mesures effectuées en utilisant la configuration 1 (une antenne à un offset
de 5,9 cm). Cette configuration ne permet pas la comparaison car le signal direct dans le

115
matériau est mélangé avec celui de l’onde directe dans l’air. Par conséquent, nous
comparerons seulement les mesures à l’état saturé ainsi que celle à l’état en fin de séchage
(état humide).
Pour pouvoir comparer les mesures avec le modèle, nous avons normalisé les amplitudes du
pic positif de l’onde directe par rapport à la mesure à un l’offset de 17 cm. La figure III.36
présente la variation de l’amplitude normalisée en fonction des offsets a l’état saturé pour les
mesures expérimentales, le modèle analytique et la courbe d’ajustement. Ce comparatif
montre que la courbe expérimentale est plus atténuée que celle du modèle. La loi d’ajustement
qui pourrait représenter l’effet de l’atténuation géométrique est de la forme A/x1,78. Cette
correction est proche de l’atténuation géométrique théorique pour un point rayonnant (A/x2).
Cela peut s’expliquer par le fait que le diagramme de rayonnement expérimental n’est pas
exactement sphérique.
Pour la mesure à l’état humide, comme la saturation réelle du béton n’est pas connue, nous
nous somme référés à la relation entre la saturation et la vitesse. Sachant que les vitesses
mesurées à l’état humide en fin de séchage varient de 12,5 à 13,4 cm/ns, la lecture sur la
figure III.35 nous indique que la saturation est dans l’intervalle 20% à 40%. La comparaison
entre modèle et mesure est présentée sur le tableau II.3. Nous remarquons sur ce tableau que
l’atténuation par absorption est assez faible (de l’ordre de 2 à 3,7 dB pour des saturations
variables de 20 à 40%). Les coefficients d’ajustement de la loi A/xa sont respectivement de
2,6, 2,5 et 2,4. Ces différences peuvent être expliquées par plusieurs phénomènes comme
l’atténuation géométrique et la modification du diagramme de rayonnement (Millard et al,
2002, Klysz 2005). De plus, l’énergie rayonnée en surface est très faible par rapport à
l’énergie focalisée vers le matériau. Rappelons que le modèle analytique ne prend pas en
compte ces effets. En effet, dans ce modèle, nous considérons que le rayonnement est
constant quelque soit la direction de propagation. Expérimentalement, cela correspondrait à
placer l’émetteur et le récepteur à l’intérieur du matériau ce qui n’est pas le cas pour les
mesures expérimentales puisque les deux antennes sont placées sur la surface du matériau.
Ainsi, la totalité de l’énergie n’est pas transmise au matériau puisqu’une partie est réfléchie
sur l’interface air/béton.
Cependant, si nous analysons la différence entre l’état saturé et l’état humide pour évaluer
l’effet de l’humidité sur l’atténuation, on s’aperçoit que la différence entre la mesure et le
modèle est assez faible notamment dans le cas où nous considérons que le béton humide est
saturé à 30% (Tableau II.3). En effet, si on considère que notre béton est saturé à 30%, la
différence d’atténuation par rapport à l’état saturé est de 4,68 dB pour les mesures
expérimentales et de 4,97 dB pour le modèle, soit une différence de l’ordre de 0,29 dB.

116
Figure III.36 Amplitude en fonction de la distance pour la mesure et l’ajustement par le modèle pour un
béton saturé

Tableau III.3 Comparaison entre mesure et simulation de l’atténuation dans un béton

Porosité = 18% ; Distance de propagation = 17 cm  - atténuation de 100% par

Saturation 20% 30% 40% 100% 20% 30% 40%

Atténuation - mesure 6.62 11.31 4.68

Atténuation - modèle analytique 1.92 2.84 3.73 7.80 5.88 4.97 4.07

Coefficient
Amp = A/Xa 2.64 2.51 2.40 1.78
de correction

a est le coefficient de correction pour une forme de fonction d’ajustement de type : y = A/Xa

Conclusions

Ce chapitre a été consacré à des mesures expérimentales pour évaluer l’effet d’un gradient
d’humidité sur les mesures radar. Il a permis également de comparer les techniques de
mesures des vitesses de l’onde directe. Les mesures ont été d’abord effectuées sur un matériau
modèle (le sable) et par la suite sur une dalle en béton. Les conclusions issues de ces travaux
sont résumées ci-après :
a) Mesures sur un sable
Les mesures sur un sable homogène à des humidités variables ont montré que les vitesses de
la technique WARR sont équivalentes à celles mesurées par la technique FO. L’effet des
offsets entre 16 cm et 32 cm est négligeable.
L’analyse de l’atténuation spectrale a montré une faible dispersion. Cette dispersion augmente
légèrement en fonction de l’humidité du sable.

117
Cependant, dans le cas du sable avec gradient (séchage en fonction du temps), les mesures
WARR et FO peuvent être différentes et cela à partir de quelques jours de séchage. De plus,
ces mesures ont également montré que la variation des offsets en mesures FO donne des
vitesses différentes entre elles. Cet écart augmente lorsque le gradient est plus fort. L’écart en
fin de mesure entre les vitesses FO mesurées à des offsets variables est de l’ordre de 2 cm/ns.
b) Mesures sur béton
En configuration 1 (une seule antenne) :
La vitesse de l’onde réfléchie varie peu avec le séchage de surface car elle traverse la totalité
de l’échantillon. La vitesse mesurée est donc une pseudo-moyenne dans l’épaisseur de
l’échantillon. De plus, les vitesses mesurées avec une antenne 1.5 GHz sont similaires à celles
mesurées avec une antenne 2.6 GHz.
L’analyse des amplitudes de l’onde directe montre une divergence entre l’antenne 1,5 GHz et
2.6 GHz. Cette divergence commence à partir de quelques jours de séchage. Il est à noter que
l’amplitude du signal direct de l’antenne 2.6 GHz se stabilise plus rapidement. Par
conséquent, son volume d’investigation est probablement plus faible que celui de l’antenne
1.5 GHz. Cela s’explique par le fait que l’augmentation de l’atténuation est proportionnelle à
l’augmentation de la fréquence.
En configuration 2 (un couple d’antennes) :
La variation des vitesses WARR et FO en fonction du séchage sont plus rapides que les
vitesses de l’onde réfléchie. Cela montre que les mesures WARR et FO sont plus sensibles
aux variations de l’humidité en surface.
Les mesures WARR et FO montrent des différences notamment à des gradients d’humidité
plus forts.
Le comparatif des vitesses FO à des offsets variables montre des écarts. Ces écarts
augmentent en fonction du séchage. Cela indique probablement que les offsets de faibles
distances sont plus sensibles au séchage de surface.
Comme pour le cas des vitesses, les amplitudes montrent également un effet dû à la variation
de l’offset. En effet, les faibles offsets montrent une plus grande sensibilité au séchage de
surface.
L’analyse fréquentielle de l’atténuation de l’onde directe montre une certaine dispersion.
Cette dispersion est plus forte quand l’humidité augmente. L’effet du gradient sur
l’atténuation fréquentielle ne nous a pas permis de tirer des conclusions. Une analyse
comparative de l’effet de l’humidité sur un béton avec une répartition homogène de
l’humidité est donc nécessaire pour voir si l’effet de cette dispersion est amplifié dans le cas
d’un gradient.
Enfin, une analyse comparative entre mesures et modèle FT a montré que ce modèle est
capable de reproduire le comportement de la vitesse en fonction de la saturation en eau.
Concernant l’atténuation, un écart entre modèle et mesures (atténuation normalisée) a été
enregistré de l’ordre de 0,29 dB pour une distance de propagation de 17 cm. Même si
l’atténuation théorique par absorption est faible à faibles humidités, il est possible
d’approcher une atténuation expérimentale de l’absorption. Cependant, cela est quasiment
impossible dans le cas d’un béton sec puisque l’atténuation par absorption est quasiment
nulle.

118
CHAPITRE 4 Application de la technique radar à l’évaluation de
l’humidité des bois – Étude de l’effet de l’essence et de l’orientation des
fibres

Introduction

Dans ce dernier chapitre nous aborderons une nouvelle application de la technique radar qui
consiste à évaluer l’humidité du bois de structures. L’intérêt d’une telle application est que
l’humidité du bois est un indicateur de durabilité qui favorise l’initiation de la plupart des
pathologies (champignons, insects…). La rapidité de mise en œuvre du système radar est
donc d’un grand intérêt pour diagnostiquer des structures en bois comme des ponts, des
passerelles ou des anciens bâtiments.
Notre approche, décrite dans ce chapitre, a consisté à définir un plan expérimental basé sur la
mesure de la vitesse de propagation et le calcul de la constante diélectrique (permittivité) pour
évaluer la capacité du radar à la caractérisation de l’humidité du bois. L’anisotropie du bois a
été prise en compte en analysant l’effet de la configuration des mesures par rapport à
l’orientation des fibres. Dans cette étude, nous avons caractérisé deux essences, la première
est utilisée dans la construction (Épicéa) et la deuxième est l’essence Pin maritime qui est
abondante dans la région Aquitaine.
Pour une validation de la technique radar, une deuxième méthode de caractérisation
électromagnétique a été utilisée. Cette deuxième méthode, qui consiste à mesurer la fréquence
de résonance dans une cavité, est une méthode de laboratoire reconnue pour sa précision et sa
simplicité de mise en œuvre. Une analyse comparative est extraite de nos travaux publiés dans
une revue internationale à comité de lecture (Maï et al, 2015). L’article décrit la méthode de
mesure de la permittivité par cavité ainsi que les résultats des mesures sur le bois Pin et
l’Épicéa avec des humidités variables en prenant en compte l’effet de l’orientation des fibres.

IV.1 Application de la technique radar à l’évaluation de l’humidité du bois

Dans cette partie nous nous intéressons à étudier le potentiel de la méthode radar type
Géoradar (GPR) à l’évaluation de l’humidité du matériau bois en prenant en compte l’effet de
la densité (variété de l’essence) et l’orientation des fibres. Le programme expérimental sera
décrit ainsi que les résultats et les discussions.

119
IV.1.2 Expérimentation

IV.1.2.1 Équipements
Le système de mesure utilisé est un radar de type géoradar (GPR-Ground Penetrating Radar)
composé d'un générateur d'impulsions EM (SIR 3000 de GSSI), et d’un couple d’antennes de
transmission (T) et réception (R). Les antennes dipôles sont de type en « nœud-papillon »,
optimisées pour un gain optimal à une fréquence de 1,5 GHz. L’émetteur et le récepteur sont
dans une même boite (figure IV.1 à droite en bas) et sont espacés de 6 cm. La figure suivante
montre un exemple de mesure ainsi que le dispositif utilisé.

Système Radar SIR 3000

Antenne 1,5 GHz


Mesures radar sur échantillons en bois

Figure IV.1 Expérimentation en laboratoire

IV.1.2.2 Préparation des échantillons pour l’étude de l’effet du type de bois


Pour la prise en compte de la variabilité, trois échantillons ont été préparés. Nous avons étudié
deux essences largement connues qui sont l’Épicéa et le Pin maritime. Au total six
échantillons ont été testés. Les trois échantillons d’Épicéa sont notés E4, E5, E6 et les trois
échantillons de Pin sont notés P1, P5, P9 (figure IV.2). Leurs dimensions sont données dans le
tableau IV.1. Ces échantillons ont été par la suite humidifiés selon deux protocoles et suivi en
masse ainsi que par les mesures radar.

120
a/ Les échantillons en Epicéa b/ Les échantillons en Pin

Figure IV.2 Les deux groupes d’échantillons étudiés

IV.1.2.3 Mesure pour l’étude de l’effet de la direction des fibres


Le bois est un matériau anisotrope et fibreux. Il est donc important d’effectuer les mesures
dans toutes les directions principales afin d’étudier l’effet de la direction des fibres sur le
signal radar ainsi que sur la constante diélectrique du matériau.
Pour chaque échéance (chaque taux d’humidité), les mesures sont réalisées sur les surfaces (1,
2, 3, et 4) indiquées sur la figure IV.3 et IV.4 pour tous les échantillons. Lors de la mesure, les
échantillons sont placés sur une plaque métallique pour une identification aisée des réflexions
sur la face inférieure (figures IV.3 et 4). Pour chaque campagne expérimentale, une mesure
dans l’air a été également réalisée et a été utilisée comme une référence puisque le signal est
enregistré dans un milieu homogène et la vitesse de propagation est connue (30 cm/ns). Tous
les signaux sont donc normalisés par rapport à ce signal de référence. Les signaux radar
enregistrés dans le bois ont été mesurés dans les directions suivantes :
Configuration 1 : Transversale (E  fibres) – S1 : la mesure est réalisée sur la surface 1 sur
laquelle le vecteur du champ électrique est perpendiculaire aux fibres du bois et tangentiel
avec les cernes de croissance (figure 3).
Configuration 2 : Longitudinale (E // fibres) - S1: la mesure est réalisée sur la surface 1 sur
laquelle le vecteur du champ électrique est parallèle aux fibres (figure 4).
Configuration 3 : Transversale (E  fibres) – S2 : la mesure est réalisée sur la surface 2 sur
laquelle le vecteur du champ électrique est perpendiculaire aux fibres.
Configuration 4 : Longitudinale (E // fibres) – S2 : la mesure est réalisée sur la surface 2 (face
inférieure de l’échantillon) sur laquelle le vecteur du champ électrique est parallèle aux fibres.
Configuration 5 : Radiale (E  cernes de croissance et les fibres) – S3 : la mesure est réalisée
sur la surface 3 sur laquelle le vecteur du champ électrique est perpendiculaire à la fois aux
fibres et aux cernes de croissance.
Configuration 6 : Radiale (E  cernes de croissance) – S4 : la mesure est réalisée sur la
surface 4 sur laquelle le vecteur du champ électrique est radial par rapport aux cernes de
croissance et  à E.

121
Figure IV.3 Schéma de la mesure radar, sens de propagation des ondes, et direction du champ E
perpendiculaire aux fibres (configuration 1)
Configuration 6
Configuration 2

Configuration 5

Figure IV.4 Schéma de la mesure radar et direction du champ E (configuration 2, 5 et 6)

IV.1.2.4 Préparation des échantillons pour l’étude de l’effet de l’humidité :


Pour déterminer la masse de chaque type de bois à l’état sec, deux échantillons E1, P4 sont
mis en étuve à 105° puis la masse est suivie jusqu’à stabilisation. Les densités calculées à
l’état sec et à l’air sont présentées sur le tableau IV.1. L’état « à l’air » consiste simplement à
une mesure de référence proche de 12% de teneur en eau. Pour cela, les échantillons sont
stockés en laboratoire dans un environnement d’humidité et de température contrôlés (65%
HR et 20C°).

Tableau IV.1 Les paramètres géométriques et physiques des échantillons E1, P4

Dimensions (mm)
Masse Masse volumique Teneur en
Échantillon Longueur Largeur Hauteur
(gr) (kg/m3) eau (%)
(X) (Y) (Z)

E1_air 200 169 69,0 1008,7 432,51 11,79

E1_sec 200 167 67,5 902,35 400,24 0

P4_air 200 178 70,0 1370,15 549,82 11,71

P4_sec 200 173 68,5 1226,5 517,49 0

Avant la mise en étuve, nous avons considéré que tous les échantillons mis dans l’air en
conditions contrôlées depuis plus de trois mois avaient des humidités stables. Cet état
d’humidité est noté W2 (humidité à l’air).

122
Pour éviter un éclatement des échantillons pendant le séchage, les échantillons étudiés (E4,
E5, E6 et P1, P5, P9) sont mis en étuve à seulement 70° pendant trois mois. Ces humidités
sont donc proches d’un état sec et sont notés W1. Nous avons commencé à étudier l’effet de
l’humidité à partir de cet état (W1). Le tableau IV résume les dimensions et les teneurs en eau
massiques des échantillons étudiés. Nous remarquons que les teneurs en eau des échantillons
sont très peu dispersées (de 1,64 à 1,80% pour W1 et de 11,71 à 11,79% pour W2).

Tableau IV.2 Les paramètres géométriques et physiques des échantillons étudiés

Dimensions (mm)
masse_sec M1 W1 M2 W2
Échantillon Longueur Largeur Hauteur
(gr) (gr) (%) (gr) (%)
(X) (Y) (Z)

E4 200 167 69 940,69 958,00 1,84 1051,60 11,79


E5 200 168 69 948,12 964,00 1,68 1059,90 11,79
E6 200 169 69 938,81 952,00 1,40 1049,50 11,79
1,64 11,79
P1 200 177 69 1200,83 1224,00 1,93 1341,45 11,71
P5 200 177 70 1240,71 1264,00 1,88 1386,00 11,71
P9 200 177 69 1199,76 1219,00 1,60 1340,25 11,71
1,80 11,71

Le processus de suivi de l’humidité est divisé en deux étapes. En premier lieu, les échantillons
sont mis dans un bac d’eau sans contact avec l’eau pour qu’ils puissent absorber
naturellement l’humidité (figure IV.5 a). Le bac a été fermé et étanchéifié pour accélérer
l’absorption. Cependant, comme attendu, il est très difficile d’augmenter l’humidité des
échantillons de bois au-delà de l’humidité W5 (20,5 % à 23,5 %). A partir de cette humidité,
180 jours sont nécessaires pour passer à W6, soit une durée de 6 mois pour obtenir 5%
d’augmentation de l’humidité. Cela indique donc que les échantillons sont assez proches du
point de saturation des fibres. Ainsi, dans la deuxième étape, les échantillons sont immergés
sous l’eau pour accélérer l’absorption de l’humidité du bois (figure IV.5 b). Les mesures sont
réalisées aux humidités présentées dans les tableaux IV.3 et IV.4.

a/ Première étape : Absorption sans contact b/ Deuxième étape : Immersion sous eau

Figure IV.5 Le processus d’absorption de l’humidité des échantillons

123
Tableau IV.3 Les humidités suivies à la première étape

W1 W2 W3 W4 W4* W5 W5* W6 W6*


Échantillon
% % % % % % % % %

E4 1,84 11,79 16,34 21,08 23,42 24,48 26,93 28,20 33,94

E5 1,68 11,79 16,23 20,45 22,66 23,82 26,57 28,04 35,43

E6 1,40 11,79 16,15 20,58 23,03 24,20 26,97 28,46 31,23

moyenne 1,64 11,79 16,24 20,70 23,04 24,17 26,82 28,24 33,53

P1 1,93 11,71 15,29 19,67 21,75 22,83 25,25 26,66 36,24

P5 1,88 11,71 15,05 18,72 20,66 21,70 24,04 25,49 32,99

P9 1,60 11,71 14,61 18,77 20,94 22,11 24,78 26,36 27,69

moyenne 1,80 11,71 14,98 19,05 21,12 22,21 24,69 26,17 32,31

Note : Les mesures de radar ne sont pas réalisées aux humidités W4*, W5* et W6* (elles
sont uniquement utilisées pour le suivi de la courbe d’absorption de l’humidité).

Tableau IV.4 Les humidités suivies à la deuxième étape

W7 W8 W9 W10 W11
Échantillon
% % % % %

E4 35,86 43,94 56,06 69,66 84,97

E5 36,27 44,08 57,36 70,65 85,42

E6 35,70 43,80 56,79 69,58 84,49

moyenne 35,94 43,94 56,74 69,96 84,96

P1 32,57 38,57 49,40 58,89 67,22

P5 32,83 38,31 48,46 58,46 66,19

P9 32,19 37,69 48,70 57,87 65,03

moyenne 32,53 38,19 48,85 58,40 66,15

Les courbes d’absorption de l’eau en fonction du temps pour le Pin et l’Épicéa sont
présentées sur la figure IV.6 pour la première et la deuxième étape. La stabilisation de
l’augmentation de l’eau en ambiance humide à 100% se situe à environ 100 jours. Après

124
immersion sous eau, la teneur en eau augmente linéairement jusqu’à 60% pour le Pin et 70%
pour l’Épicéa et cela après 30 jours. Par la suite l’absorption d’eau est ralentie, l’essai
d’immersion a été arrêté à 60 jours d’immersion.

Première étape, absorption sans contact à 100% d’HR

Deuxième étape, immersion sous eau

Figure IV.6 La courbe d’absorption de l’humidité des échantillons

IV.1.3 Détermination de la vitesse de propagation des ondes radar dans le bois

Pour un milieu homogène et isotrope, la vitesse de propagation est la même dans toutes les
directions. Il est alors possible de calculer la vitesse de propagation dans le matériau en se
basant sur la distance de propagation et la différente du temps d’arrivée d’un couple d’ondes :
la réflexion et l’onde directe dans l’air ou la réflexion et l’onde directe dans le matériau ou
l’onde directe dans le matériau et celle dans l’air. Cependant, dans notre cas, il est impossible
d’utiliser un couple composé de la réflexion et de l’onde directe dans le bois car le bois est un
matériau anisotrope. La direction de propagation de chaque onde est orientée différemment
par rapport aux fibres. Par exemple, pour le cas de la configuration S1, l’onde réfléchie a une
direction radiale alors que l’onde directe a une direction longitudinale, ainsi les vitesses de
propagation dans ces directions sont différentes et ne peuvent pas être utilisées ensemble pour
calculer la vitesse de propagation dans le bois.
Dans cette étude, nous avons proposé une méthodologie de calcul de la vitesse de propagation
adaptée au bois. Le calcul est basé sur la différence du temps d’arrivée entre la réflexion

125
corrigé par rapport à celui de l’onde directe dans l’air. Le placement d’une feuille de papier
d’aluminium (de constante diélectrique infinie sous le fond des échantillons lors de la mesure
nous permet de faciliter l’identification des réflexions). Par conséquent, la forme de la
réflexion est inversée par rapport à l’onde directe dans l’air. Il est donc nécessaire de prendre
cela en considération lors de la détermination des pics correspondants à la réflexion et à
l’onde directe dans l’air.
Les pics utilisés pour calculer la vitesse sont celui du point B(-) de la réflexion et le point
A(+) de l’onde directe dans l’air (figure IV.7).
Pour l’onde directe dans l’air au point A(+) :
𝑟é𝑒𝑙 𝑑𝐸𝑅
𝑡𝑎𝑖𝑟 = 𝑡0 + 𝑡𝑎𝑖𝑟 = 𝑡0 + (𝐼𝑉. 1)
𝑉0
Pour l’onde réfléchie dans le bois au point B(-) :
𝑑𝑟
𝑡𝑟 = 𝑡0 + 𝑡𝑟𝑟é𝑒𝑙 = 𝑡0 + (𝐼𝑉. 2)
𝑉
À partir des équations (IV.1) et (IV.2) on obtient :
𝑑𝑟
𝑉= (𝐼𝑉. 3)
𝑑
∆𝑡 + 𝐸𝑅
𝑉0
Où : ∆𝑡 = 𝑡𝑟 − 𝑡𝑎𝑖𝑟
𝑡𝑎𝑖𝑟 : Le temps d’arrivée mesuré de l’onde dans l’air (du signal de référence)
𝑡0 : Le temps de départ de l’impulsion EM
𝑟é𝑒𝑙
𝑡𝑎𝑖𝑟 : Le temps d’arrivée réel de l’onde dans l’air
𝑑𝐸𝑅 : La distance de la propagation de l’onde directe dans l’air. C’est la distance entre
l’émetteur et le récepteur (6 cm pour l’antenne 1.5 GHz)
𝑑𝑟 : La distance de la propagation de l’onde réfléchie

𝑑𝐸𝑅 2
𝑑𝑟 = √( ) + 𝑒2 (𝐼𝑉. 4)
2
𝑒 : La distance entre la surface de mesure et le fond de l’échantillon (la profondeur du
réflecteur ou l’épaisseur de l’échantillons), elle dépend de la configuration de mesure
𝑉0 : La vitesse de la lumière (3.108 m/s ou 30 cm/ns)
𝑉 : La vitesse de la propagation des ondes EM dans le bois
Et la constante diélectrique du bois est déterminée par la relation largement utilisée pour le sol
et le béton :
𝑉0 2
𝜀′ = ( ) (𝐼𝑉. 5)
𝑉

126
Figure IV.7 Le signal typique enregistré sur un échantillon en bois d’épicéa sur la surface 1, dans la
direction longitudinale, à l’humidité W7 = 35.94%

Cependant, dans le cas d’une faible épaisseur de l’échantillon (comme dans notre cas lorsque
nous faisons les mesures sur les surfaces 1 et 2, épaisseur = 7 cm et plus particulièrement dans
le cas où E est perpendiculaire aux fibres et la direction de propagation est parallèle), l’onde
directe dans le matériau et la réflexion sur le fond se chevauchent (figure IV.8). Il est à noter
que cette question ne se pose pas pour les surfaces 3 et 4 où les épaisseurs sont assez
importantes (de l’ordre de 17 à 20 cm). Dans le cas d’un chevauchement, il est difficile de
reconnaître ou de localiser précisément la position du point négatif B(-). Dans ce cas, nous
proposons l’utilisation du point positif B(+) au lieu du point négatif B(-) avec une
modification de la relation IV.3.
Pour valider cette démarche, nous l’avons testé en analysant la vitesse de propagation des
réflexions dans l’air (constante diélectrique connue = 1) sur une plaque métallique à des
distances variables (figure IV.9).

127
Figure IV.8 Les signaux enregistrés lors de la mesure sur la surface S1 ou S2 (l’onde directe et l’onde
réfléchie sont mélangées)

d1 = 56 cm
d2 = 24 cm
d3 = 12 cm
d4 = 7.2 cm

Figure IV.9 Les signaux enregistrés dans l’air aux distances différentes

Tout d’abord, nous avons calculé la vitesse (V1) en appliquant la relation IV.3 pour les pics
négatifs B(-) des réflexions et les pics positifs A(+) des ondes directes dans l’air. Sur le
tableau IV.5 nous constatons que cette relation donne de bons résultats (V1=30 cm/ns) dans le
cas de grandes distances de propagation (d1 et d2) pour lesquelles l’onde directe et la
réflexion sont bien séparées. Lorsque la distance entre l’antenne et la plaque métallique est
réduite (d3 < 12 cm), la localisation du pic négatif B3(-) n’est plus précise, donc la vitesse

128
n’est plus exacte. La vitesse calculée est de l’ordre de 29,27 cm/ns. Lorsque la distance entre
l’antenne et la plaque métallique est très faible (d4 < 7.2 cm), il n’est pas possible de localiser
le pic négatif B4(-).
Nous avons par la suite utilisé le décalage entre le deuxième pic du signal direct A(-) et le
deuxième pic de la réflexion B(+). Dans ce cas les deux pics ne représentent pas les débuts
des deux signaux mais les deuxièmes pics. Cependant, le décalage entre les premiers pics des
deux signaux est assez proche de celui des deuxièmes pics. Les résultats des vitesses calculées
pour l’ensemble des distances sont présentés dans le tableau IV.5. Nous remarquons des
vitesses croissantes de 30 à 35 cm/ns ce qui représente une erreur inacceptable notamment
pour les petites distances. Nous pensons que cette erreur croissante est due au fait qu’en
diminuant la distance, le pic A(-) se mélange de plus en plus avec le pic négatif de la réflexion
B(-). Par conséquent, il serait plus judicieux de choisir les pics les moins proches du signal
direct. Le dernier calcul a consisté à utiliser les pics positifs B(+) des réflexions (le moins
chevauché avec le signal direct) et les pics positifs A(+) des ondes directes dans l’air. Il est
important de noter que dans ce cas le pic B(+) ne représente pas le début du signal réfléchi et
le temps de propagation est donc retardé. Pour corriger ce retard, nous avons calculé le
décalage entre les deux pics pour l’ensemble des distances. Les retards pour chaque distance
sont présentés sur le tableau IV.5. Nous notons que ce décalage est assez constant et très
proche du temps de propagation du signal direct dans l’air « dER/V0 ». Si la relation IV.3 est
corrigée en raison de ce décalage, le terme « dER/V0 » est annulé au dénominateur pour
calculer la vitesse (V3). Les résultats obtenus à l’aide de la relation modifiée s’accordent
totalement avec la vitesse de l’onde EM dans l’air et ils sont validés pour toutes les distances
étudiées avec une erreur maximale inférieure à 0,7 %. Ici, la distance étudiée la plus courte est
de 7.2 cm. Pour la même distance et pour un milieu ayant une constante diélectrique plus
forte, le temps de propagation sera plus élevé avec moins de chevauchement. Par conséquent,
nous appliquerons cette relation corrigée pour calculer la vitesse de propagation des ondes
EM dans les échantillons de bois.

Tableau IV.5 Les résultats de la vitesse mesurée dans l’air

Profondeur de plaque métallique (cm) 56,0 24,0 12,0 7,2

Distance de propagation de l'onde réfléchie (cm) 112,2 48,4 24,7 15,6

temps d'arrivée de l'onde réfléchie au pic négatif B(+) (ns) 5,53 3,41 2,62 2,30

temps d'arrivée de l'onde réfléchie au pic négatif B(-) (ns) 5,33 3,20 2,42 -

temps de décalage entre le pic B(+) et le pic B(-) (ns) 0,20 0,21 0,20 -

temps d'arrivée de l'onde directe dans l'air au pic négatif A(+) (ns) 1,80 1,79 1,78 1,78

temps d'arrivée de l'onde directe dans l'air au pic négatif A(-) (ns) 2,07 2,07 2,06 2,06

Vitesse 1 en utilisant B(-) et A(+) avec 6/30 (cm/ns) 30,08 30,09 29,27 -

Vitesse 2 en utilisant B(+) et A(-) avec 6/30 (cm/ns) 30,64 31,43 32,67 35,90

Vitesse 3 en utilisant B(+) et A(+) sans 6/30 (cm/ns) 30,04 29,81 29,43 30,11

129
IV.1.4 Résultats des mesures radar sur les échantillons en bois

IV.1.4.1 Effet du type de bois, de la direction relative entre le champ électrique et les fibres, et
de l’humidité sur le signal radar
a. Effet du type de bois sur le signal radar
Sur la figure IV.10, nous constatons que le temps d’arrivée de l’onde réfléchie sur le bois de
pin est plus élevé que celui pour le bois d’épicéa. La vitesse de propagation des ondes EM
dans le bois de pin est donc plus faible que celle dans le bois d’épicéa. La constante
diélectrique du bois de pin est donc plus élevée que celle du bois d’épicéa. En conclusion,
plus la densité du bois est élevée, plus la vitesse de propagation est faible et plus la constante
diélectrique est élevée. Une synthèse des calculs de permittivité est présentée dans les
tableaux IV.6 et IV.7.

Figure IV.10 L’effet du type de bois sur le signal radar mesuré à l’humidité W2 = 11.7%

b. Effet de la direction relative entre le champ électrique et les fibres sur le signal radar
Nous constatons que la direction relative entre le champ électrique et les fibres a une forte
influence sur le signal radar (figure IV.11). Nous observons également que l’effet des surfaces
S1 (face supérieure) et S2 (face inférieure) sur le signal radar dans la même direction de
mesure est négligeable (figure IV.11 – côté gauche). Dans la direction radial, les signaux sont
enregistrés lors de la mesure sur les surfaces S3 et S4 à l’humidité de 16.24% (figure IV.11 –
côté droit). La distance de propagation de l’onde réfléchie est accrue de 6.22 cm lors de la
mesure sur la surface S4 par rapport à la surface S3. Le temps de propagation correspondant
est également augmenté de 0.2933 ns. Cependant, si nous calculons les vitesses de
propagation pour les configurations de mesures utilisant ces deux surfaces, nous s’apercevons
qu’elles sont quasiment identiques (environ 21 cm/ns). Nous pouvons donc conclure que la
vitesse de propagation et la constante diélectrique pour la surface S3 (direction de propagation
tangentielle) et S4 (direction de propagation radiale) sont quasiment identiques.

130
Figure IV.11 L’effet de la direction du champ électrique par rapport aux fibres sur le signal radar pour
un échantillon d’épicéa E4

c. Effet de l’humidité sur le signal radar


Sur la figure IV.12, nous pouvons constater que l’amplitude du pic positif de l’onde réfléchie
et de l’onde directe diminue lorsque l’humidité dans le bois augmente. L’atténuation est plus
forte pour l’onde réfléchie par rapport à celle de l’onde directe. Cela s’explique par le fait que
la distance de propagation de l’onde réfléchie est beaucoup plus longue que celle de l’onde
directe comme cela a été montré par les simulations dans le chapitre 2. D’autre part,
l’atténuation géométrique (effet de couplage de l’antenne) a tendance à atténuer plus
fortement l’onde directe.

Figure IV.12 Effet de l’humidité sur le signal radar pour le bois d’épicéa

131
IV.1.4.2 Quantification de l’effet du type de bois, de la direction des fibres, et de l’humidité
sur la constante diélectrique
La constante diélectrique a été calculée par la relation : 𝜀′ = (𝑉0 /𝑉)2 . Les résultats obtenus
pour les deux type de bois et les trois directions (L, T, R) aux humidités étudiées sont
présentés dans les tableaux IV.6 et IV.7

Tableau IV.6 Constante diélectrique mesurée aux humidités étudiées pour l’épicéa

Humidité W1 W2 W3 W4 W5 W6 W7 W8 W9

% 1,6 11,8 16,2 20,7 24,2 28,2 35,9 43,9 57,0

Transversal – S1 1,59 2,06 2,21 2,62 3,17 3,72 4,32 4,60 4,82

Longitudinal – S1 1,86 2,56 3,03 3,93 5,02 6,55 7,66 8,24 8,93

Transversal – S2 1,61 2,05 2,21 2,53 3,08 3,57 4,19 4,49 4,68

Longitudinal – S2 1,85 2,55 2,92 3,85 5,05 6,52 7,59 8,13 8,58

Radial – S3 1,31 1,62 1,85 2,12 2,26 2,23 2,49 2,73 3,38

Radial – S4 1,48 1,68 1,88 2,14 2,33 2,54 2,69 3,65 5,61

Tableau IV.7 Constante diélectrique mesurée aux humidités étudiées pour le pin

Humidité W1 W2 W3 W4 W5 W6 W7 W8 W9 W10

% 1,8 11,7 15,0 19,1 22,2 26,2 32,5 38,2 48,9 58,4

Transversal – S1 1,66 2,23 2,36 2,73 3,32 3,93 4,99 5,14 5,44 6,29

Longitudinal – S1 2,01 2,91 3,22 4,03 5,02 6,70 8,75 9,22 10,55 12,49

Transversal – S2 1,68 2,27 2,40 2,80 3,32 3,98 4,96 5,14 5,52 6,31

Longitudinal – S2 2,04 2,97 3,22 4,06 5,05 6,50 8,67 9,02 10,38 12,26

Radial – S3 1,40 1,84 1,95 2,17 2,34 2,36 2,51 2,74 2,86 3,46

Radial – S4 1,58 1,84 2,02 2,36 2,57 2,72 3,10 3,68 5,36 6,59

Dans les tableaux IV.6 et IV.7, nous constatons que les constantes diélectriques dans la même
direction de mesure sur les surfaces S1 et S2 sont égales. Ces résultats confirment
l’observation de cet effet sur le signal radar comme indiqué sur la figure IV.11 à gauche. De
plus, il n’y a pas de différence significative de la constante diélectrique entre deux mesures
sur les surfaces S3 et S4 dans la direction radiale lorsque l’humidité est inférieure à 36%.
Pour comparer et analyser les valeurs de la constante diélectrique nous utiliserons uniquement
les trois directions principales (Transversal - S1, Longitudinal - S1 et Radial - S4).

132
Figure IV.13 Effet de l’humidité, de la direction du champ électrique par rapport aux fibres sur la
constante diélectrique pour l’épicéa (côté gauche) et le pin (côté droit)

Nous constatons également que la constante diélectrique du bois augmente avec


l’augmentation de sa teneur en eau massique due à l’augmentation des mécanismes de
polarisation et de conduction. Elle est plus élevée dans la direction longitudinale (E // fibres)
que dans la direction transversale (E ⊥ fibres). La plus faible de toute est celle obtenue dans la
direction radiale (E ⊥ cernes de croissance) (figure IV.13). Les résultats montrent également
les mêmes comportements pour le bois du Sapin Douglas étudiés par James et al
(Torgovnikov 1990) dans le cas de teneur en eau massique inférieure à 22% (tableau IV.8).
Les mesures de James et al ont été effectuées par une méthode par micro-ondes à une
fréquence de 8,53 GHz. De plus, nous constatons que la dépendance de la constante
diélectrique en fonction de la teneur en eau du bois de Sapin Douglas est très proche de celle
d’Épicéa dans les directions longitudinale et transversale et légèrement différente dans le sens
radial (figure IV.14).

Tableau IV.8 Effet de l’humidité et de la direction des fibres sur les propriétés diélectriques pour le bois
du Sapin Douglas à la fréquence 8.53 GHz (Torgovnikov 1990)

Teneur en eau Longitudinal Transversal Radial


massique (%)
’ tan  ’ tan  ’ tan
7% 1,9 0,14 1,8 0,09 1,7 0,07

10% 2,1 0,17 1,9 0,11 1,9 0,1

12% 2,6 0,22 2,1 0,13 1,9 0,11

16% 2,9 0,26 2,3 0,21 2,1 0,18

22% 4,2 0,45 3 0,25 2,6 0,26

133
Figure IV.14 Comparaison entre la constante diélectrique Épicéa mesurée par radar et celle du sapin
Douglas mesurée par James et al dans les directions L, T, R

IV.1.4.3 Effet du point de saturation des fibres


Pour les deux types de bois et pour les directions transversale (E  fibres) et longitudinale (E
// fibres), nous constatons clairement qu’il existe une humidité pour laquelle la pente de la
courbe représentant le comportement de la dépendance de la constante diélectrique à la teneur
en eau est modifiée (figure IV.15). Cette humidité est proche du point de saturation des fibres.
Elle se situe dans la gamme de 18 - 20% d’humidité en fonction de l’essence et l’orientation
des fibres. Afin de faciliter l’observation de l’effet du point de saturation des fibres, nous
avons représenté sur la figure IV.16 l’effet de l’eau liée et de l’eau libre sur la constante
diélectrique pour le Pin dans la gamme d’humidité de 0% - 35%. Avant d’atteindre le point de
saturation, la pente de la courbe est faible à cause de la faible polarisabilité de l’eau. Au-delà
de cette position, la pente est plus élevée ce qui est due à l’apparition de l’eau libre
(l’arrangement orienté des molécules d’eau sous l’action du champ électrique devient plus
facile). Cependant, pour la direction radiale, cela n’a pas été observé. Dans ce cas, la
constante diélectrique dépend quasiment linéairement de la teneur en eau (figure IV.15).
Sur la figure IV.15, pour une humidité inférieure à 20%, et pour tous les types de bois, nous
constatons également que la différence de la constante diélectrique entre la direction
transversale et radiale est faible voire négligeable. A 50 % de teneur en eau, l’effet du sens
des fibres est plus marqué entre direction longitudinale et les deux autres directions pour
lesquelles la permittivité reste quasiment identique. L’effet de l’essence est également plus
marqué à forte teneur en eau. Il est à noter que dans la plupart des structures en bois, les
éléments structuraux sont sciés le long de la longueur des fibres du bois. Ainsi l'étude de leurs
caractéristiques dans les directions longitudinale (E // fibres) et transversale (E  fibres) est
plus pratique que dans la direction radiale. A l’issu de ces mesures, nous pouvons conclure
qu’il est plus judicieux d’évaluer la teneur en eau dans le sens longitudinale des fibres (par
rapport à la direction du champ électrique). Dans ce cas nous observons le maximum de
contraste de permittivité entre état sec et état humide.

134
Figure IV.15 Effet de l’eau lié et l’eau libre sur la constante diélectrique de l’Epicéa et le Pin

Figure IV.16 Effet de l’eau lié et l’eau libre sur la constante diélectrique pour le Pin

La figure IV.17 représente la dépendance de la constante diélectrique en fonction de la teneur


en eau massique dans la gamme de 2% à 50% pour les deux types de bois dans les deux
directions principales longitudinale et transversale (les données du tableau IV.9) ainsi que la
différence de masse en grammes entre le Pin et l’Epicéa pour chaque mesure. Les résultats
montrent une augmentation en continu de cette différence de quantité d’eau. Ainsi pour une
teneur en eau massique identique entre les deux essences, la masse de l’eau est plus
importante dans le Pin que dans l’Epicéa. Sachant que la constante diélectrique traduit la
capacité de polarisation (dépendante de la quantité d’eau), l’augmentation en teneur en eau
pourrait expliquer la différence de valeurs obtenues pour la constante diélectrique entre les
deux bois.

Tableau IV.9 Constante diélectrique dans deux directions principales longitudinale et transversale.

Direction Transversal Longitudinal


Humidité 2% 12% 20% 35% 50% 2% 12% 20% 35% 50%
M_eau (P-E) 5 33 54 95 136 5 33 54 95 136
Constante Épicéa 1,59 2,06 2,55 4,25 4,70 1,86 2,56 3,79 7,52 8,56
diélectrique
Pin 1,66 2,23 2,91 5,06 5,54 2,01 2,91 4,33 8,96 10,79

135
Figure IV.17 Effet de l’humidité, de la direction du champ électrique par rapport aux fibres et du type de
bois sur la partie réelle de la permittivité mesuré par GPR 1.5GHz

Afin de pouvoir comparer les valeurs de la constante diélectrique des deux types de bois à la
même valeur d’humidité, nous supposons qu’il y a une dépendance linéaire de la constante
diélectrique à l’humidité entre deux humidités proches.
Grâce aux données obtenues au cours du suivi de l’évolution de l’humidité, nous avons
représenté la dépendance de la masse d’eau en fonction de la teneur en eau massique pour le
bois de Pin et d’Épicéa. Nous montrons sur cette figure que la quantité d’eau est plus forte
dans le Pin car la densité « sèche » est plus élevé. Cette différence augmente en fonction de la
teneur en eau.

Figure IV.18 Masse d’eau (g) en fonction de la teneur en eau massique (%)

Pour prendre en compte cet effet, nous avons représenté la dépendance de la constante
diélectrique en fonction de la teneur en eau volumique (volume d’eau/volume de
l’échantillon) pour les deux types de bois (figure IV.19 a, b, c) et dans les trois directions.
Avec cette représentation de la dépendance permittivité/humidité, nous montrons que la
différence entre les deux types de bois n’est plus significative et cela quelque soit
l’orientation. Par conséquent, il est possible de proposer une loi indépendante du type de bois
(Pin et Épicéa dans le cas de cette étude) pour chaque direction principale.

136
La constante diélectrique dépend donc seulement de la quantité d’eau (teneur en eau
volumique par exemple ou la masse d’eau) et de la direction relative entre le champ électrique
par rapport aux fibres. Cet effet a été également observé dans les matériaux poreux comme le
béton. En effet, il est possible de proposer une loi unique entre permittivité et teneur en eau
volumique pour des bétons de porosités différentes.
Cette façon de représenter la dépendance de la permittivité à l’humidité est très intéressante.
Si elle s’avère valable pour d’autres essences, elle pourrait être utilisée sur site pour une
évaluation de l’humidité notamment lors de mesures dans la direction longitudinale qui
représente le plus de sensibilité à l’humidité.

Figure IV.19 Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau volumique dans les trois directions
principales (a – Longitudinal, b – Transversal, c – Radial)

137
IV.1.5 Evaluation de la permittivité par mesure de la vitesse de l’onde directe (en
surface)

L’intérêt de l’utilisation de l’onde directe (onde qui se propage directement entre émetteur et
récepteur) est qu’elle ne nécessite pas un réflecteur ni la connaissance de l’épaisseur de
l’échantillon. Dans le chapitre 2 et 3, nous avons montré sa sensibilité à la variation de
l’humidité dans le béton, nous essayerons ici de tester sa capacité à évaluer l’humidité du
bois. Cependant, la difficulté avec le matériau bois est que la permittivité est faible et que le
temps de propagation des ondes est donc très court. Il nous faut donc une épaisseur
d’échantillon plus grande pour pouvoir espérer séparer les ondes (directe dans l’air, directe
dans le matériau et la réflexion). Pour se faire, nous avons testé un seul échantillon à un état
d’humidité constant et contrôlé (stocké en ambiance régulée à 65 % HR qui correspondrait à
une teneur en eau massique de l’ordre de 12% pour le Pin). La section de l’échantillon est de
19 cm de largeur et de 18 cm de hauteur. La longueur de l’échantillon est de 60 cm.
La méthode de mesure utilisée est la technique WARR ainsi que la technique FO qui a montré
des possibilités intéressantes permettant ainsi de s’affranchir de la lenteur de la mesure
WARR (chapitre 2 et 3). La figure suivante montre la mesure effectuée sur cet échantillon en
bois. La mesure a été effectuée dans une seule configuration où la direction du champ
électrique est dans la direction transversale (tangentielle) des fibres. La direction de
propagation de l’onde directe est dans ce cas longitudinale.

Direc on de E

Ex Rx

Direc on de propaga on de l’OD

Figure IV.20 Mesure en bi-statique en configuration WARR sur un échantillon en bois à 1,5 GHz

La figure IV.21 montre les signaux radar typiques enregistrés en configuration WARR (un
émetteur fixe et le récepteur déplacé par pas de 1 cm) où nous pouvons observer clairement le
signal direct dans le bois et celui de la réflexion. Le signal direct dans l’air est très atténué et
n’est pas visible. Cependant, même à un offset assez grand, l’onde directe dans l’air est
indétectable cela montre qu’elle est absorbée par le blindage de l’antenne. Dans le cas des
offsets de 16, 18 et 20 cm nous remarquons un léger décalage des signaux vers la gauche, le
pic positif du signal direct n’est pas exactement dans l’alignement de la droite distance-temps
de propagation. Cet effet qui peut fausser la mesure de la vitesse est probablement dû à la
faible permittivité relative de cet échantillon qui est de l’ordre de 2 ce qui induit des temps de

138
propagation assez courts pour l’ensemble des signaux (direct et réflexion) provoquant ainsi un
début de mélange des signaux. Nous remarquons aussi une séparation nette à partir d’un
offset de l’ordre de 26 cm. Pour limiter cet effet nous avons pris en considération uniquement
les offsets à partir de 22 cm pour le calcul de la vitesse. Dans ces situations nous observons un
alignement parfait des pics positifs des signaux de l’onde directe.

Onde directe Onde réfléchie

Figure IV.21 Mesure de la vitesse de l’onde directe en WARR, représentation des signaux en fonction de
la distance émetteur-récepteur

Nous avons par la suite calculé la vitesse et la constante diélectrique en utilisant l’onde directe
par la méthode WARR (offset 22 à 32) et la méthode FO (offset 22 cm) ainsi qu’en utilisant la
réflexion sur la face opposée de l’échantillon par la relation IV.5 (calibration du T0 par
rapport au temps d’arrivée de l’onde directe dans l’air). Le comparatif entre les différentes
permittivités est présenté sur la figure IV.22. Pour le cas de l’épicéa, les permittivités
mesurées avec les différentes techniques sont assez proches. Pour le cas du Pin dont la
permittivité est supérieure à l’épicéa (2,36 en moyenne), la méthode FO est supérieure à celle
de la méthode WARR avec une différence de l’ordre de 6%. Cependant, la permittivité
mesurée par l’onde réfléchie est supérieure de 12% à la permittivité mesurée par l’onde
directe. Cela signifie que la vitesse de propagation de l’onde directe est supérieure à celle de
l’onde réfléchie qui se propage dans la totalité de l’épaisseur de l’échantillon. Ce
comportement a été également observé dans les simulations numériques d’un milieu isotrope
(chapitre II). Cela pourrait s’expliquer par le fait que l’orientation du champ électrique vis-à-
vis des fibres du bois n’est pas exactement la même pour l’onde directe et l’onde réfléchie. En
effet, la direction de propagation pour l’onde directe est longitudinale aux fibres et le champ
électrique est perpendiculaire. Cependant, pour l’onde réfléchie, la direction de propagation
est presque radiale (perpendiculaire aux cernes) pour le cas d’un petit offset et légèrement
inclinée pour des grands offsets (l’angle est entre la direction radiale et longitudinale). Le
champ électrique dans ce cas n’est pas exactement perpendiculaire aux cernes mais

139
légèrement incliné à cause de l’inclinaison de la direction de propagation. Cette observation
reste à vérifier sur une large campagne expérimentale.

Figure IV.22 Mesure de la constante diélectrique avec différentes méthodes (Onde directe en FO et en
WARR, onde réfléchie en FO) pour l’Epicéa et le Pin

IV.2 Étude comparative entre la technique RADAR (GPR) et la méthode micro-


ondes par faible perturbation WPM (Weak Pertubation Methode)

IV.2.1 Introduction

Cette étude a été réalisée en collaboration avec le laboratoire IMS pour comparer les
performances de la technique radar (en termes de justesse) par rapport à des techniques de
laboratoire utilisées pour une caractérisation plus fine des propriétés diélectriques aux mêmes
fréquences (mesure de la permittivité). Rappelons que la mesure radar utilisée dans le cadre
de cette thèse est une mesure en temporel qui consiste à propager une onde constituée d’une
large bande de fréquences entre 0,3 MHz et 3 GHz environ et centrée à une fréquence
avoisinant les 1,5 GHz. Dans le domaine fréquentiel il est possible d’utiliser un Analyseur
Réseau Vectoriel pour balayer un échantillonnage fréquentiel et ainsi mesurer la partie réelle
et imaginaire de la permittivité à des fréquences variables. Plusieurs méthodes existent
comme la sonde à terminaison ouverte (open end method présentée dans le chapitre II et
utilisée sur le béton), une cellule coaxiale, un guide d’onde, ou la mesure à faible perturbation
de la fréquence de résonance mesurée dans une cavité « guide d’onde » (MFP en Français).
Vu la complexité du matériau étudié (bois), nous avons opté pour la méthode des faibles
perturbations en mesurant la fréquence de résonance et le coefficient de qualité de la courbe
du gain en transmission entre l’entrée et la sortie de la cavité. L’avantage de cette technique

140
est d’une part sa simplicité de mise en œuvre et d’autre part sa précision de mesure. De plus
elle permet d’ausculter la totalité du volume de l’échantillon puisque le champ EM traverse
l’échantillon introduit dans la cavité. La cellule coaxiale est complexe à mettre en œuvre et
nécessite un usinage précis des échantillons sans compter l’effet de variation volumique du
bois. D’autre part, la méthode de la sonde à terminaison ouverte est simple mais elle est
considérée comme une méthode surfacique. Le seul inconvénient de la méthode en cavité est
la faible bande de fréquences utilisée (limitée autour de la fréquence de résonance à vide de la
cavité). En effet, la largeur de la bande est d’environ 100 MHz, le changement de la fréquence
de résonance nécessite le changement des dimensions de la cavité résonante. Les détails sur le
principe de la mesure sont présentés dans l’annexe 2.
Dans les paragraphes qui suivent nous présenterons une étude comparative entre le radar et la
méthode MFP.

IV.2.2 Expérimentation

Mesure de la permittivité par méthode de faible perturbation de la fréquence de résonance


(MFP)
La MFP a été utilisée parce que dans ce procédé, le champ électrique traverse le volume total
de l'échantillon et, de plus, la mesure est de très bonne précision (Boudouris, 1964).
Cependant, l'inconvénient est que la mesure est limitée à une petite plage de fréquences et à
un faible volume d’échantillon. Pour cette mesure, une cavité rectangulaire de dimension
0.165m × 0.082m × 0.514m a été utilisée. Elle est dotée de deux embases supportant deux
antennes et permettant d’avoir un couplage optimal entre le guide d’onde rectangulaire (i.e. la
cavité) et deux câbles coaxiaux disposant de connecteurs. Ces câbles permettent de relier la
cavité à un analyseur de réseau vectoriel (VNA). Le principe de la mesure repose sur la
résonance d’une onde stationnaire EM dans la cavité vide avec des caractéristiques de
résonance de f0 (fréquence) et Q0 (facteur de qualité). Ainsi, la transmission de l'onde EM de
part et d’autre de la cavité n’est possible à une certaine fréquence de résonance f0, fixée par
les dimensions de la cavité, de l’ordre de 1,26 GHz. Cette fréquence a été choisie car elle est
proche de celle utilisée par l'antenne GPR pour les structures en bois (1,5 GHz dans le cas de
cette étude). L'introduction d'un échantillon dans la cavité perturbe les caractéristiques de
cette résonance, qui nous permet d'obtenir f1 et Q1 (fréquence de résonance et le facteur de
qualité avec l'échantillon, respectivement). Les fréquences et les facteurs de qualité sont
obtenus directement à partir d'un analyseur de réseau vectoriel en mesurant l’amplitude du
paramètre S21 qui est le coefficient de transmission à travers la cavité. Une valeur moyenne
de la fréquence et du facteur de qualité, à partir de trois mesures avec le même échantillon de
bois (replacé trois fois dans la cavité), est calculée de manière à réduire les erreurs de
répétabilité. Les parties réelle et imaginaire de la permittivité relative sont ensuite calculées
par:
1 𝑓0 − 𝑓1
𝜀𝑟′ = 1 + × (𝐼𝑉. 6)
𝛼 𝑓0
1 1 1
𝜀𝑟′′ = ( − ) (𝐼𝑉. 7)
2𝛼 𝑄1 𝑄0
f0 , Q0 : fréquence de résonnance et coefficient de qualité de la cavité à vide
f1 , Q1 : fréquence de résonnance et coefficient de qualité de la cavité en charge (coefficients
caractéristiques de la courbe de transmission en charge),
α est le facteur de remplissage de la cavité définie qui peut être estimé en première
approximation par deux fois le volume de l'échantillon divisé par le volume de la cavité.

141
Afin d'étalonner les mesures, le coefficient α peuvent être estimés grâce à des mesures sur des
matériaux bien connus (ex : eau, téflon…) (Demontoux, 1999). Une description détaillée de la
méthode est présentée dans l’annexe 2.
L'utilisation de cette méthode nécessite une faible perturbation du signal. Ainsi, la forme du
champ dans l'échantillon doit être la plus constante possible et aucun effet de dépolarisation
ne doit exister dans la cavité due à la présence de l'échantillon. Les mesures ont été effectuées
à température ambiante (~ 20 ° C) et la teneur en eau des échantillons a été mesurée en pesant
l'échantillon sec. Le poids wd de l'échantillon correspondant à zéro la teneur en humidité a été
mesuré après séchage de l'échantillon au four à 105 ° C pendant 75 heures. Ensuite, la teneur
en humidité massique « m » a été calculée comme suit:
𝑤 − 𝑤𝑑
𝑚= (𝐼𝑉. 8)
𝑤𝑑
Le procédé permet la mesure de la permittivité relative du bois pour un champ E
perpendiculaire ou parallèle aux fibres. Les mesures ont été réalisées sur trois échantillons
différents de chaque type de bois (Pin et Epicéa) et pour chaque teneur en eau massique entre 0
et 50%. La taille des échantillons parallélépipédiques testés est de 9 cm x 1 cm x 1cm.

IV.2.3 Résultats des mesures par cavité résonante

Les parties réelles et imaginaires de la permittivité relative du bois Epicéa et Pin (c’est à dire
ε' et ε''), sont représentées sur les figures IV.23 à IV.26. Les résultats pour le bois Epicéa sont
représentés avec des triangles et le Pin avec des cercles.
Pour un champ électrique orienté perpendiculairement aux fibres, une augmentation linéaire
de ε' et ε'' avec la teneur en humidité est observée pour les deux types de bois. Pour l’Épicéa
(Figure IV.23), pour des teneurs en humidité jusqu’à 50%, ε' varie de 1,5 à 4 et de 0 à 1 pour
la partie imaginaire. Pour le Pin (Figure IV.24), ε' (et respectivement ε'') varie de 2 à 7 (resp. 0
à 2,5) pour les teneurs en humidité jusqu'à 50%. Un changement de pente (permittivité
relative par rapport à la teneur en eau) est observé dans la direction perpendiculairement à
celle des fibres. Il est à noter que, dans le cas d’un échantillon de bois d'Epicéa, le
changement se situe à 18% d'humidité, que ce soit pour ε' ou pour ε'' (figure IV.23). Cela a été
également observé dans le cas des mesures par technique radar. Cette position du changement
de pente est proche du point de saturation des fibres qui correspond à la transition entre l’eau
adsorbée et l’eau libre. Pour le bois de pin, le changement de la pente est moins évident et ne
se voit pas avec les données (figure IV.24).

142
Figure IV.23 Permittivité réelle 𝜺′𝒓 en fonction de la teneur en eau massique (a), 𝜺′′
𝒓 vs. teneur en eau
massique (b) pour l’Epicéa pour E orienté perpendiculairement et parallèlement à la direction des fibres.

Dans le cas où le champ électrique est orienté parallèlement à la direction des fibres, une
faible augmentation curviligne de ε' et ε'' avec la teneur en humidité est observée. Ce résultat
corrobore ce qui a été rapporté par d’autres études, comme par exemple, Sahin et Ay, (Sahin
et Ay, 2014). Pour l’Epicéa (Figure IV.23), ε' (resp. ε'') varie de 2 à 7 (resp. de 0 à 2,3) pour la
teneur en humidité jusqu'à 47%. Pour le Pin (Figure IV.24), ε' (resp. ε '') varie de 2 à 10 (resp.
de 0,5 à 4) pour la teneur en humidité jusqu'à 55%.
Une comparaison de la permittivité relative du bois dans le cas où le champ électrique est
orienté perpendiculairement et parallèlement à la direction des fibres est présentée sur les
figures IV.23 et IV.24. Nous pouvons noter que, pour un champ E orienté parallèlement aux
fibres, la permittivité relative est systématiquement supérieure à celle mesurée dans le cas où le
champ E est orienté perpendiculairement à la direction des fibres à la fois pour l’Epicéa et le
Pin.

143
Figure IV.24 Permittivité réelle 𝜺′𝒓 en fonction de la teneur en eau massique (a), 𝜺′′
𝒓 vs. teneur en eau
massique (b) pour le Pin pour E orienté perpendiculairement et parallèlement à la direction des fibres.

Enfin, la comparaison des valeurs relatives des permittivités pour les deux bois a également
été réalisée pour les deux directions considérées des fibres (figures IV.25 et IV.26). Les
résultats montrent que pour une même teneur en humidité, la permittivité relative de l’Epicéa
est de 40 à 60% (resp. 10 à 30% pour ε'') inférieure, pour le champ E orienté
perpendiculairement à la direction des fibres, aux mesures lorsque le champ E est parallèle à
la direction des fibres pour les deux essences de bois.

144
Figure IV.25 𝜺′𝒓 et 𝜺′′
𝒓 en fonction de la teneur en eau pour l’Epicéa et Pin pour E orienté
perpendiculairement aux fibres.

145
Figure IV.26 𝜺′𝒓 et 𝜺′′
𝒓 en fonction de la teneur en eau pour l’Epicéa et Pin pour E orienté parallèlement
aux fibres.

IV.2.4 Comparaison entre MFP (1,26 GHz) et méthode Radar (1,5 GHz)

Les deux mesures par techniques MFP et radar sont comparées sur les figures IV.27a,b et
IV.28a,b. Ces figures présentent la partie réelle de la permittivité en fonction de la teneur en
eau massique pour les deux essences de bois. Dans le cas de MFP, les trois échantillons sont
présentés. Les mesures de permittivité par MFP et radar montrent des résultats très similaires.
Cela permet de valider la méthode de mesure de la vitesse de propagation sur ces échantillons
en bois. Pour les deux méthodes dans le cas du Pin, la permittivité réelle augmente de 2 à 10
(direction longitudinale, // aux fibres) et 2 à 7 (direction transversale, perpendiculaire aux
fibres) lorsque les taux d'humidité augmentent de 0% à ≈ 50%. Dans le cas de l’Epicéa, la
permittivité est plus faible et varie de 2 à 7 (longitudinale) et de 1,5 à 5 (transversale) pour la

146
même variation d’humidité. Cependant, nous remarquons un faible décalage entre les deux
méthodes à fortes teneurs en eau massique.
Pour les deux techniques, l'augmentation de la permittivité réelle par rapport à la teneur en
humidité suit un comportement linéaire avec un changement de pente à environ 20% pour le
champ E orienté perpendiculairement à la direction des fibres. Le comportement est également
linéaire pour la direction parallèle aux fibres mais sans changement de pente. Ces permittivités
sont alors comparables entre les deux méthodes à 1,26 GHz (MFP) et 1,5 GHz (radar).

Figure IV.27a Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour le Pin dans le cas E
orienté perpendiculairement aux directions des fibres-Comparaison entre MFP (Pin 1, Pin 2, Pin 3-MFP) et
radar (Pin-GPR)

Figure IV.27b Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour le Pin dans le cas E
orienté parallèlement aux directions des fibres – Comparaison entre MFP (Pin 1, Pin 2, Pin 3-MFP) et radar
(Pin-GPR).

147
Figure IV.28a Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour l’Epicéa dans le cas
E orienté perpendiculairement aux directions des fibres- Comparaison entre MFP (Pin 1, Pin 2, Pin 3-MFP)
et radar (Pin-GPR)

Figure IV.28b Constante diélectrique en fonction de la teneur en eau massique pour l’Epicéa dans le cas
E orienté perpendiculairement et parallèlement aux directions des fibres – Comparaison entre MFP (Pin 1,
Pin 2, Pin 3-MFP) et radar (Pin-GPR).

Conclusions

Dans ce chapitre, une étude expérimentale a été effectuée pour étudier la capacité du système
radar de type géoradar (GPR) à évaluer de manière non destructive l’humidité du bois.
Plusieurs échantillons issus de deux essences (Pin et Epicéa) ont été testés. L’anisotropie du
matériau a été prise en compte en effectuant des mesures dans les trois directions principales
(Longitudinale, Transversale et Radiale). Les échantillons ont été testés à des humidités allant
de 0% et 50% en masse. La vitesse mesurée par réflexion a été analysée pour calculer la

148
constante diélectrique du matériau. Une mesure de la vitesse de l’onde directe par technique
WARR et FO a été également effectuée sur un échantillon de dimensions plus larges. Ces
mesures ont été par la suite comparées avec des mesures de permittivités en utilisant la
méthode des faibles perturbations de la fréquence de résonance dans une cavité au voisinage de
1,2 GHz. Les conclusions issues de cette étude sont les suivantes :
 La constante diélectrique mesurée par technique radar avec une antenne couplée au
matériau à une fréquence centrale 1,5 GHz montre une variation significative en
fonction de la teneur en eau massique.
 L’effet de l’orientation des fibres est très significatif notamment entre la direction
longitudinale, transversale ou radiale. Cependant, les directions transversale et radiale
montrent des permittivités quasiment similaires.
 La relation constante diélectrique – teneur en eau massique peut être approximée par
deux droites, une première entre 0% et environ 20% (proche de la saturation des
fibres) et une deuxième avec une pente plus importante jusqu’à 50%. Ce changement
de pente peut s’expliquer par le fait que dans le bois, en dessous de la saturation des
fibres, l’eau est adsorbée ce qui induit une polarisation faible. Par contre, au-delà du
point de la saturation des fibres, l’eau libre commence a été disponible, la capacité de
polarisation commence alors à augmenter.
 Pour les essences testées, la différence de densité impacte significativement la
permittivité. Cependant, puisque les deux essences ont une densité différente, pour une
même teneur en eau massique la quantité d’eau est différente. Si nous représentons la
permittivité en fonction de la teneur en eau volumique, cette différence entre les deux
essences est réduite et peut être négligée.
 Des mesures bi-statiques en configuration WARR et FO ont été réalisées sur un
échantillon de dimension large pour que les signaux soient clairement visibles sans
mélange. Cette mesure a montré la possibilité dans ce cas d’utiliser l’onde directe. Les
mesures de la vitesse sont comparables entre WARR et FO. Cependant, la
comparaison avec les mesures de la vitesse en se basant sur l’onde réfléchie a montré
une divergence qui est due à l’effet de l’anisotropie du bois.
 Les mesures réalisées avec la cavité résonante sur les mêmes essences et pour la même
gamme de teneurs en eau dans les différentes directions montrent des comportements
de la permittivité réelle similaires à la constante diélectrique mesurée par radar. De
plus, la comparaison entre les deux méthodes montre une loi de comportement
également similaire. Une légère différence à fortes humidités est notée pour le bois
Epicéa. Cela confirme donc la possibilité d’estimer la permittivité réelle du bois par la
méthode radar.

149
Conclusions et perspectives

1. Conclusions
L’évaluation de la variabilité spatiale de l’humidité dans les structures de génie civil est une
étape importante pour diagnostiquer les dégradations en amont et prédire ainsi la durée de vie
des structures. Le système radar (GPR) a montré une potentialité intéressante à la
caractérisation physique des sols et des bétons (ex : évaluation de l’humidité et de la salinité).
Cependant, jusqu’à présent, la plupart des recherches ont étudié l’effet de la teneur en eau sur
les propriétés EM du béton et sur les mesures radar en considérant une distribution homogène
de l’humidité dans les bétons. De plus, très peu d’études existent concernant la simulation de
la propagation des ondes radar dans le béton et notamment l’onde directe. L'étude
bibliographique a souligné le potentiel de l’exploitation de l’onde radar directe ou de surface
(ORS) dans la caractérisation physique du béton. Cependant, la profondeur d’investigation de
cette onde est male connue. Les résultats issus de la littérature soulignent qu’elle dépend des
paramètres physiques du matériau, de la fréquence du signal transmis et de la distance entre
émetteur-récepteur (offset). Enfin, l’évaluation du matériau bois par cette technique est très
peu documentée.
Dans ce contexte, notre étude a été réalisée en deux phases : une phase de modélisation de la
propagation en tenant en compte la dispersion fréquentielle de la permittivité et une phase
expérimentale sur un matériau homogène (le sable), sur un béton soumis à un gradient
d’humidité et sur des échantillons en bois soumis à des conditions d’humidité variables. Les
conclusions de ces deux phases sont présentées ci-après :
1.1-Modélisation de la propagation des ondes radar
Dans cette thèse nous avons présenté un modèle analytique basé sur la fonction de transfert du
matériau qui permet de simuler la propagation d’un signal radar dans un béton en
transmission directe. En combinant ce modèle avec un modèle de loi de mélange de type
CRIM et Cole-Cole, il a été possible de simuler l’effet de la variation des indicateurs de
durabilité (porosité, saturation, salinité) sur le signal radar. Ce modèle a été également validé
par un modèle numérique de propagation 1D. Ces simulations ont montré qu’il est possible de
reproduire l’effet de l’humidité sur la permittivité et sur les paramètres de propagation des
ondes radar.
Toutefois, ce modèle ne prend pas en compte l’atténuation géométrique. De plus, il ne permet
pas de modéliser un milieu de permittivité variable dans l’espace (gradient ou anisotropie).
Par conséquent, nous avons réalisé des simulations 2D et 3D de la propagation des ondes
radar pour étudier l’effet d’un milieu multicouches sur la vitesse de propagation des ondes
radar. Les simulations 2D de la propagation des ondes radar dans un milieu homogène et
isotrope ont montré que la méthode FO et WARR permettent de mesurer la vitesse de l’onde
directe avec une bonne précision. L’utilisation de la méthode FO pour estimer la vitesse avec
un seulement un offset est plus simple et permet d’augmenter le rendement de la technique
radar. En outre, les résultats montrent que la vitesse de propagation de l’onde directe est
variable en fonction de l’épaisseur de la couche du gradient. Cela permet d’affirmer que
l’ORS a une profondeur de sensibilité de l’ordre de 9 à 10 cm approximativement pour une
fréquence de 1,5 GHz et de l’ordre de 8 cm pour une fréquence à 2,6 GHz et cela pour des
mesures effectuées avec la technique WARR pour des offsets variables. Ces résultats sont en
accord avec la relation analytique basée sur la notion de la zone de Fresnel.
Concernant un matériau fibreux (ex le bois), nous avons effectué des simulations en 3D en
considérant un milieu multicouche. Nous avons utilisé deux polarisations du champ électrique
(parallèle et perpendiculaire par rapport à la direction de propagation). Les résultats montrent
qu’il y a une légère différence entre les vitesses mesurées dans le cas de ces deux

150
configurations. Cette différence est de l’ordre de 0.67 cm/ns pour l’onde réfléchie et de 0.64
cm/ns pour l’onde directe. En outre, les deux ondes (directe et réfléchie) n’ont pas le même
comportement vis à vis de l’anisotropie à cause de la différence dans le sens de propagation
des deux ondes. En effet, la direction de propagation est parallèle aux couches pour l’onde
directe alors qu’elle est perpendiculaire aux couches pour l’onde réfléchie. Cette différence
non négligeable est de l’ordre de 1,8 cm/ns. Il est donc important de prendre en compte cette
différence dans le cas des mesures expérimentales.
1.2-Expérimentation en laboratoire
Une campagne expérimentale sur un matériau avec répartition homogène de l’humidité (le
sable) a été effectuée pour étudier les effets de l’humidité sur la vitesse/constante diélectrique
et sur l’atténuation spectrale. Ces essais ont confirmé que l’atténuation spectrale a une faible
dispersion et qu’elle augmente légèrement en fonction de l’humidité du sable. Les résultats
sur la vitesse mesurée ont également confirmé que les vitesses de la technique WARR sont
équivalentes à celles mesurées par la technique FO. L’effet de la variation des offsets entre 16
cm et 32 cm est négligeable. Cependant, dans le cas d’un sable soumis à un gradient
d’humidité, les vitesses mesurées par la technique WARR et FO commencent à diverger après
quelques jours de séchage. De plus, la variation des offsets en mesures FO montre des
vitesses différentes. En effet, plus le gradient est fort, plus cet écart augmente. Cela indique
probablement que la profondeur d’influence de l’onde directe entre E et R dépend de l’offset
de l’antenne, plus l’offset est grand, plus la profondeur d’influence est grande.
Pour confirmer ces observations sur un matériau réel, une campagne expérimentale sur une
dalle en béton soumise à un gradient d’humidité a été mise en œuvre. Les analyses des
vitesses et des amplitudes des ondes directe et réfléchie, mesurées par la technique WARR et
FO en cours du séchage, montrent que :
 Pour les mesures par une seule antenne (configuration 1), l’évolution de l’amplitude
en fonction du séchage est plus rapide pour la fréquence 2,6 GHz que pour la
fréquence 1,5 GHz. Cela s’explique par le fait que le volume d’investigation de
l’antenne 2.6 GHz est probablement plus faible que celui de l’antenne 1.5 GHz.
 Pour les mesures par un couple d’antennes (configuration 2), les mesures WARR et
FO sont plus sensibles aux variations de l’humidité en surface par rapport à l’onde
réfléchie qui traverse la totalité de l’épaisseur de l’échantillon.
 Comme pour le cas du sable avec gradient, la variation des offsets pour mesurer
impacte significativement les vitesses FO. Autrement dit, la profondeur d’influence de
l’onde directe entre E et R dépend de l’offset de l’antenne. Cependant, cet effet reste
faible dans la gamme des offsets utilisées.
 L’analyse fréquentielle de l’atténuation de l’onde directe montre une dispersion plus
forte que dans le sable. Cette dispersion est plus forte lorsque l’humidité augmente.
L’analyse des plus hautes fréquences à 1,8 GHz par exemple permettra d’augmenter la
sensibilité à l’humidité.
Une analyse comparative entre mesures expérimentales et le modèle FT a montré que ce
modèle est capable de reproduire le comportement de la vitesse en fonction de la saturation en
eau. Concernant l’atténuation, un écart entre modèle et mesures (atténuation normalisée) a été
enregistré de l’ordre de 0,29 dB pour une distance de propagation de 17 cm. Même si
l’atténuation théorique par absorption est faible à faibles humidités, il est possible
d’approcher une atténuation expérimentale mais quasiment impossible dans le cas d’un béton
sec.
Pour étudier la capacité du système radar à évaluer de manière non destructive l’humidité du
bois, une campagne expérimentale sur des échantillons de deux essences et d’humidité
variables entre 0 et 50% a été mise en œuvre. La méthode de mesure de la permittivité dans

151
une cavité à faible perturbation (MFP) a été également utilisée à une fréquence de 1,2 GHz
très proche de celle de l’antenne radar utilisée. Les résultats issus de cette utilisation du
système radar et de la MFP pour étudier le matériau en bois ont montré que :
 La constante diélectrique, mesurée avec une antenne, a une variation significative en
fonction de la teneur en eau. L’effet de l’orientation des fibres est significatif
notamment dans la direction longitudinale. Les directions transversale et radiale
montrent des permittivités quasiment similaires. Cela indique que les deux seule
directions affectant la mesure radar sont la direction // au fibres et perpendiculaire aux
fibres.
 L’effet de l’eau adsorbée et de l’eau libre sur la constante diélectrique a été observé à
travers la mesure de la pente de la relation entre constante diélectrique et la teneur en
eau massique. Une première pente entre 0% et environ 18% de la teneur en eau
massique correspond à matériau où l’eau est adsorbée ce qui induit une faible
polarisation. Une deuxième pente, plus importante, de 18% jusqu’à 50% qui
correspond à l’augmentation de l’eau libre dans le matériau ; la capacité de polarisation
commence alors à augmenter.
Enfin, de façon générale, cette étude a montré une possibilité intéressantes de l’utilisation de
la technique radar avec les mesures WARR et FO dans la caractérisation physique des
matériaux (homogène, isotropie, gradient, anisotropie), ainsi que la possibilité de
l’exploitation de l’onde directe dans la mesure afin d’évaluer la vitesse/constante diélectrique
et caractériser/identifier la variation de l’humidité du milieu de propagation. Les résultats
obtenus montrent qu’il est possible de caractériser un gradient par la modification de la
fréquence de l’antenne et la distance entre l’émetteur et le récepteur. En outre, cette étude a
contribué à la simulation de la propagation de l’onde directe dans le matériau par l’utilisation
d’un modèle analytique qui contient des paramètres physique du béton. L’étude sur le bois a
montré une application intéressante à l’évaluation de l’humidité sur les structures en bois. Le
choix de la direction du champ électrique parallèle à la direction des fibres est celle qui a
montré le plus de sensibilité à la variation de l’humidité. Il a été également montré que, dans
le cas des deux essences étudiées, la relation entre constante diélectrique et teneur en eau
volumique est unique. Ce résultat intéressant pourrait être transféré in situ pour remonter à
l’humidité du bois.

2. Perspectives
1- Dans le cadre de cette thèse, les mesures de permittivité ont été effectuées sur des
bétons soumis à des saturations variables sans modification de la salinité du milieu. Le
modèle de permittivité ajusté a montré de bons résultats et il serait intéressant de le
tester et de l’ajuster sur des bétons avec des salinités variables. Dans ce cas, l’effet de
dispersion est non négligeable (résultats du chapitre 2) et doit être pris en compte dans
les simulations numériques.

2- Pour valider la profondeur d’investigation de l’onde directe dans un béton, il est


important de réaliser une campagne de mesure (en séchage et/ou en imbibition)
jusqu’à stabilisation des paramètres radar (vitesse et atténuation). Après ces mesures
non destructives, des analyses destructives devrait permettre de mesurer le profile
d’humidité dans le matériau.

3- L’effet du gradient sur les vitesses FO avec des offsets variables a été étudié sur une
seule dalle en béton. Il est nécessaire de reproduire ces essais sur plusieurs corps
d’épreuves avec la possibilité d’augmenter la distance émetteur-récepteur. Une
comparaison entre les mesures sur un béton avec gradient d’humidité et un béton avec

152
répartition homogène d’humidité devrait être effectuée pour comprendre l’origine de
la dispersion fréquentielle de l’atténuation (effet de l’humidité ou effet du gradient).

4- Il serait également intéressant d’effectuer des mesures avec des antennes de fréquence
variable. En effet, il a été montré que l’antenne 2,6 a un volume d’investigation plus
faible. Cependant, il est impossible en ce moment d’utiliser cette antenne à des offsets
permettant la séparation des signaux de l’onde directe dans l’air et celle dans le
matériau. Pour ce faire, deux possibilités sont proposées : (1) modification de
l’antenne en mettant un absorbant entre l’émetteur et le récepteur pour atténuer
complètement le signal directe dans l’air, (2) développer une nouvelle antenne à la
même fréquence mais avec un rayonnement plus large permettant ainsi de réduire
l’atténuation de l’onde directe.

5- La comparaison entre modèle analytique et mesures a montré une différence due à


l’effet de couplage de l’antenne avec la surface du béton. Même si la normalisation par
rapport au matériau à un état de saturation a permis de limiter ces effets, il est
important de mieux les modéliser. La simulation 2 D a permis de répondre à une partie
de ce phénomène mais des mesures du rayonnement à des permittivités variables est
nécessaire pour compléter cette étude.

6- Enfin, les mesures préliminaires sur le matériau bois ont permis de valider la
possibilité d’utiliser l’onde radar en réflexion pour mesurer la permittivité. Il a été
montré qu’une loi unique existe pour relier la constante diélectrique à l’humidité du
Pin et de l’Epicéa. La validation sur une plus large variété d’essences permettrait
d’utiliser le radar comme un outil d’évaluation fiable de l’humidité dans les structures
en bois. Les mesures de la vitesse de l’onde directe a été seulement réalisé sur un
échantillon à une seule humidité. Les résultats issus de cette mesure a montré le
potentiel de ce type d’onde. Il serait donc intéressant de compléter cette étude avec des
mesures sur plusieurs échantillons soumis à des humidités variables. Toutes les
analyses sur ce matériau ont été effectuées sur le paramètre vitesse, des mesures de
l’atténuation permettrait de comparer les sensibilités des deux paramètres.

153
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161
Annexes
Annexe 1. Détails sur la résolution numérique des équations de Maxwell 1D
Dans la simulation suivante, la source du signal utilisée est une source de courant (une source
de courant désigne un dispositif pouvant produire un courant électrique constant, pour une
plage de tension donnée). Le signal Ricker normalisé a été utilisé comme le signal d’entrée
pour la simulation de la propagation des ondes EM dans le béton. Le signal Ricker est la
première dérivée de la fonction de l’impulsion gaussienne. Selon le GPRmax, la fonction de
l’impulsion gaussienne est définie par :
2
𝐼 = 𝑒 −𝜁(𝑡−𝜏) (1)
Donc la fonction de l’impulsion de Ricker est :

𝑒 2
𝐼 = 2𝜁 √ (𝑡 − 𝜏)𝑒 −𝜁(𝑡−𝜏) (2)
2𝜁

Où 𝜁 = 2𝜋 2 𝑓 2 ; 𝑓 est la fréquence du pic du spectre d'amplitude des fréquences de


l'impulsion et et 𝜏 = 1/𝑓 est un temps de retard introduit pour que l'impulsion démarre
(évolue) doucement/progressivement à l'instant zéro. Cette fonction de l’impulsion a été
choisie en raison de sa souplesse à la fois dans le domaine temporel et fréquentiel, et elle est
capable de fournir une large bande de fréquence que l’on souhaite. (Puisque dans la réalité, la
plupart des milieux diélectriques dont les paramètres constitutifs sont dépendants de la
fréquence. Pour examiner les caractéristiques de ces milieux, on utilise les impulsions
temporelles ayant une large bande de fréquence comme l’impulsion de Gauss, Gauss-Sine ou
Ricker ...).

Figure 1. Signal d’entrée dans le domaine temporel (à gauche) et fréquentiel (à droite)

II.2.1.1 Méthode FDTD-1D


a. Méthode FDTD-1D pour un problème de la propagation dans le milieu à perte
On considère une onde plane se propageant dans la direction z, le front d’onde est
perpendiculaire à la direction Oz, alors :
𝜕 𝜕
= =0 (3)
𝜕𝑥 𝜕𝑦

162
Dans le cas d’une onde TEM de polarisation verticale, le vecteur 𝐸⃗ est seulement une
⃗ est seulement une composante dans la
composante dans les directions x et le vecteur 𝐻
direction y :
𝐸𝑦 = 𝐸𝑧 = 0 (4)
𝐻𝑥 = 𝐻𝑧 = 0 (5)
Et le milieu de propagation est non-magnétique, les équations de Maxwell peuvent être écrites
comme suit :
𝜕𝐸𝑥 1 𝜕𝐻𝑦 1 𝜕𝐻𝑦 𝜎
= (− − 𝜎𝐸𝑥 ) = − − 𝐸𝑥 (6)
𝜕𝑡 𝜀 𝜕𝑧 𝜀 𝜕𝑧 𝜀
𝜕𝐻𝑦 1 𝜕𝐸𝑥 1 𝜕𝐸𝑥
=− =− (7)
𝜕𝑡 𝜇 𝜕𝑧 𝜇0 𝜕𝑧
Pour simplifier les formules de calcul, on introduit la valeur supplémentaire du champ
électrique aux équations ci-dessus :

𝜀0
𝐸̃ = √ 𝐸 (8)
𝜇0

Les équations (6) et (7), elles deviennent :


𝜕𝐸̃𝑥 1 𝜕𝐻𝑦 𝜎
=− − 𝐸̃𝑥 (9)
𝜕𝑡 𝜀𝑟(𝑘) √𝜀0 𝜇0 𝜕𝑧 𝜀𝑟(𝑘) √𝜀0 𝜇0
𝜕𝐻𝑦 1 𝜕𝐸̃𝑥
=− (10)
𝜕𝑡 √𝜀0 𝜇0 𝜕𝑧
En appliquant la discrétisation :
1 1
𝑛+1/2 𝑛−1/2 𝐻𝑛 − 𝐻𝑛 𝑛+
𝐸̃𝑥 (𝑘)
𝑛−
+ 𝐸̃𝑥 (𝑘)
𝐸̃𝑥 (𝑘) − 𝐸̃𝑥 (𝑘) 1
1
𝑦 (𝑘+ )
2
1
𝑦(𝑘− )
2 𝜎(𝑘)
2 2
=− ( )− ( ) (11)
∆𝑡 𝜀𝑟(𝑘) √𝜀0 𝜇0 ∆𝑧 𝜀𝑟(𝑘) √𝜀0 𝜇0 2

1 1
𝑛+ 𝑛+
𝐻𝑦𝑛+1
(𝑘+1/2) − 𝐻𝑦𝑛 (𝑘+1/2) 1 𝐸̃𝑥 (𝑘+1)
2
− 𝐸̃𝑥 (𝑘)
2
=− ( ) (12)
∆𝑡 √𝜀0 𝜇0 ∆𝑧

𝜎(𝑘) ∆𝑡 1 ∆𝑡
1−
𝑛+1/2 2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) 𝑛−1/2 √𝜇0 𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) ∆𝑧 𝑛
𝐸̃𝑥 (𝑘) = 𝐸̃ + (𝐻𝑦 (𝑘−1/2) − 𝐻𝑦𝑛 (𝑘+1/2) ) (13)
𝜎(𝑘) ∆𝑡 𝑥 (𝑘) 𝜎(𝑘) ∆𝑡
1+ 1+
2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) 2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘)
1 ∆𝑡 𝑛+1/2 𝑛+1/2
𝐻𝑥𝑛+1 𝑛
(𝑘+1/2) = 𝐻𝑥 (𝑘+1/2) + (𝐸̃𝑥 (𝑘) − 𝐸̃𝑥 (𝑘+1) ) (14)
√𝜇0 𝜀0 ∆𝑧
1
𝑛+1/2 𝑛−
𝐸̃𝑥 (𝑘) = 𝐶𝐴(𝑘)𝐸̃𝑥 (𝑘)
2
+ 𝐶𝐵(𝑘) (𝐻 𝑛 1 − 𝐻𝑛 1 ) (15)
𝑦 (𝑘−2) 𝑦 (𝑘+2)

𝐻𝑥𝑛+1 𝑛 ̃ 𝑛+1/2 ̃ 𝑛+1/2


(𝑘+1/2) = 𝐻𝑥 (𝑘+1/2) + 𝐶𝐶(𝐸𝑥 (𝑘) − 𝐸𝑥 (𝑘+1) ) (16)

163
𝜎(𝑘) ∆𝑡 1 ∆𝑡
1− 𝜀 ∆𝑧
2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) √𝜇0 𝜀0 𝑟(𝑘) 1 ∆𝑡
𝐶𝐴(𝑘) = (17); 𝐶𝐵(𝑘) = (18); 𝐶𝐶 = (19)
𝜎(𝑘) ∆𝑡 𝜎(𝑘) ∆𝑡 √𝜇0 𝜀0 ∆𝑧
1+ 1+
2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) 2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘)
∆𝑧
Si ∆𝑡 est choisi : ∆𝑡 =
2𝑐0
𝜎(𝑘) ∆𝑡
1−
2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) 1
𝐶𝐴(𝑘) = (22); 𝐶𝐵(𝑘) = (23); 𝐶𝐶 = 0.5 (24)
𝜎(𝑘) ∆𝑡 𝜎(𝑘) ∆𝑡
2𝜀𝑟(𝑘) (1 +
1+
2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) 2𝜀0 𝜀𝑟(𝑘) )

Ex Temps : (n-1/2)t
k-2 k-1 k k+1

Hy Temps : nt
k-3/2 k-1/2 k+1/2 k+3/2

Ex Temps : (n+1/2)t
k-2 k-1 k k+1

Figure 2 Le schéma 1D pour mettre à jour le champ EM dans l’espace et le temps

Conditions limites
Comme nous l’avons abordée précédemment, pour éviter les réflexions qui retournent à
l’intérieur de l’espace du problème, il faut instaurer des couches absorbantes aux bords du
problème pour absorber complètement l’énergie EM se propageant aux bords du problème.
Évidemment, «complètement» signifie réellement «relativement», puisque des petites
réflexions du bord seront observées à cause des erreurs numériques.
Dans le cas de la propagation 1D, nous considérons une condition au bord proposée par
G.Mur (Mur 1981), elle peut être expliqué en considérant l'équation d'onde que le obéissent.
Dans le cas 1D, on peut écrire l'équation d'onde suivante:
𝜕 2 𝐸𝑥 1 𝜕 2 𝐸𝑥
− 2 =0 (25)
𝜕𝑧 2 𝑐 𝜕𝑡 2
𝜕 1𝜕 𝜕 1𝜕
⟺( + )( − ) 𝐸 = 0 (26)
𝜕𝑧 𝑐 𝜕𝑡 𝜕𝑧 𝑐 𝜕𝑡 𝑥
Les auteurs Engquist et Madja (Engquist et Majda 1977) ont montré que la condition au bord
d'absorption pour le côté gauche du maillage (z = 0) peut être obtenue en appliquant la
condition :
𝜕 1𝜕
( − )𝐸 = 0 (27)
𝜕𝑧 𝑐 𝜕𝑡 𝑥
Tandis que sur le côté droit du maillage (z = z_max = KE), la condition au bord d'absorption
peut être obtenue en utilisant la condition:
𝜕 1𝜕
( + )𝐸 = 0 (28)
𝜕𝑧 𝑐 𝜕𝑡 𝑥

164
On peut représenter les dérivés dans les équations (27) et (28) par les valeurs connus du
champ électrique aux points et aux moments dans la simulation. Par exemple, l'équation (27)
pour la condition au bord sur le côté gauche du maillage (z = 0), en utilisant des différences
centrales, on obtient :
1 1
1 𝑛 𝑛 1 𝑛+2 𝑛−2
(𝐸 − 𝐸𝑥 (1) ) − (𝐸 −𝐸 1 )=0 (29)
∆𝑧 𝑥 (2) 𝑐∆𝑡 𝑥 (12) 𝑥 (2)

1 1 1 1
𝑛+1/2 𝑛−1/2 𝑛+1/2 𝑛−1/2 𝑛+ 𝑛+ 𝑛− 𝑛−
2 2 2 2
1 𝐸𝑥 (2) + 𝐸𝑥 (2) 𝐸𝑥 (1) + 𝐸𝑥 (1) 1 𝐸𝑥 (1) + 𝐸𝑥 (2) 𝐸𝑥 (1) + 𝐸𝑥 (2)
( − )− ( − ) = 0 (30)
∆𝑧 2 2 𝑐∆𝑡 2 2

𝑛+1/2
Simplifier et résoudre l'équation (30) pour 𝐸𝑥 (1) , on obtient :

𝑛+1/2 𝑐∆𝑡 − ∆𝑧 𝑛+1/2


𝑛−1/2 𝑛−1/2
𝐸𝑥 (1) = 𝐸𝑥 (2) + (𝐸𝑥 (2) − 𝐸𝑥 (1) ) (31)
𝑐∆𝑡 + ∆𝑧
En même façon pour le côté droit, on obtient :
𝑛+1/2 𝑐∆𝑡 − ∆𝑧 𝑛+1/2
𝑛−1/2 𝑛−1/2
𝐸𝑥 (𝐾𝐸) = 𝐸𝑥 (𝐾𝐸−1) + (𝐸𝑥 (𝐾𝐸−1) − 𝐸𝑥 (𝐾𝐸) ) (32)
𝑐∆𝑡 + ∆𝑧
Les équations (31) et (32) sont appliquées directement dans le code pour mettre à jour le
gauche et le droit points dans le maillage, respectivement.
Aux conditions du bord d’absorption de Mur, plus la distance entre l’objet simulé (antennes,
diélectrique, la source du signal...) et le bord d’absorption est loin, plus la capacité
d’absorption du bord d’absorption est efficace, parce que le bord d’absorption de Mur absorbe
très bien les ondes ayant la direction de propagation perpendiculaire ou quasi-perpendiculaire
à la surface d’absorption. Par conséquent, si l’objet simulé se trouve loin du bord, donc la
propagation d’onde entre cet objet et le bord ressemble à celle de l’onde plane, à partir de
cela, l’absorption du bord devient plus facile. Pourtant, à cause de la limite de la mémoire de
l’ordinateur, on ne peut pas instaurer un espace de simulation constituant un grand nombre de
cellules. Au contraire, si le bord approche de l’objet simulé, alors sa capacité d’absorption
n’est plus efficace et cela provoque un phénomène de réflexion importante en provenance du
bord. En général, le bord d’absorption de Mur dispose de certaines limites qui rendent les
résultats de simulation instables. Par conséquent, pour la simulation du problème en 2D et 3D,
il est nécessaire d’avoir les meilleurs bords d’absorptions possibles.
b. Schéma du programme de la simulation
Afin de programmer le code de calcul des valeurs du champ électrique et magnétique
obéissant aux équations ci-dessus, nous devons :
 Définir la valeur KE de la matrice du champ électrique et du champ magnétique, cette
valeur doit correspondre à la taille absolue du domaine de calcul et au pas spatial
choisi.
 Déterminer le pas de temps nécessaire en fonction du pas spatial et de l’impulsion
d’entrée.
 Réaliser un cycle de calcul des valeurs du champ électrique et magnétique à un certain
pas de temps. Ce cycle contient:
 Une boucle itérative de calcul des valeurs différentes du champ électrique
Ex(k) selon l’équation (...) pour toutes les cellules du domaine de calcul KE.
 L’impulsion d’entrée est mise au point de source ks
 Une boucle itérative de calcul des valeurs différentes du champ magnétique
Hy(k) selon l’équation (...) pour toutes les cellules du domaine de calcul KE.

165
En dehors de ces parties, il faut appliquer la condition d’absorption aux bords du problème
comme indiqué sur le schéma :

Début

Détermination des dimensions du problème et des paramètres (’r , ..)

Calcul des coefficients du champ électromagnétique

Mise à jour des composantes du champ électrique

Données
sorties Application des conditions aux limites absorbantes

Mise à jour des composantes du champ magnétique


Analyse
Amplitude
Atténuation Oui Non
Fin Dernière itération
Vitesse ....
.......
Figure 3 Schéma du programme de la simulation numérique 1D - FDTD

166
Quelques résultats

Signal
d’entrée
Air Béton Air

Réflexion Transmission

Figure 4 Simulation d’une impulsion se propageant du milieu de l’air au béton.

La figure 4 illustre une simulation d’une impulsion en forme de Ricker à la fréquence centrale
de 1.5GHz, cette impulsion se propage du milieu de l’air ( = 1) au milieu du béton ayant la
constante diélectrique égale à 5. Lorsque les ondes se propagent à l’interface entre deux
milieux, d’une part, elles seront réfléchies, d’autre part elles continuent à se propager. Ainsi,
l’amplitude des ondes transmises est réduite. La fréquence de l’onde sera changée lorsqu’elle
rencontre un milieu diélectrique et elle maintient sa fréquence durant la propagation dans le
milieu diélectrique (on peut voir l’impulsion dans le milieu diélectrique est plus étroite que
celle dans l’air). La valeur totale du champ électrique de la composante incidente et réfléchie
dépend de l’amplitude de chacune composante. Si à un point sur la direction de propagation
où les valeurs du champ électrique de la composante incidente et réfléchie sont le même
signe, l’amplitude du champ électrique à ce point va augmenter, dans le cas contraire elle va
diminuer. Les relations (I.58) et (I.59) dans le chapitre 1 qui gèrent les amplitudes et les
signes du champ électrique de ces composantes. Dans ce cas on peut calculer le coefficient
transmis T=0.62 et le coefficient réfléchi R=0.38

167
Air Béton

Réflexion Transmission

Figure 5 Simulation d’une impulsion en forme de Ricker (fc=1.5GHz) se propageant du milieu de l’air
(’ = 1) au milieu du béton (’ = 5; =0) lorsque z = 0.002m

Air Béton

Réflexion Transmission

Figure 6 Simulation d’une impulsion en forme de Ricker (fc=1.5GHz) se propageant du milieu de l’air
(’ = 1) au milieu du béton (’ = 5; =0) lorsque z = 0.005 m

La figure 7 illustre une simulation de la propagation dans le béton avec les paramètres ( =
14% ; Sr = 50% ; Sal = 10g/l) à plusieurs distances. En utilisant le modèle CRIM – Cole-Cole,
la permittivité complexe du béton a été calculée, cela permet d’évaluer la constante
diélectrique (’=6.812) et la conductivité effective (=0.0429) du béton pour les utiliser
comme les entrées dans le modèle FDTD. Dans ce cas, le coefficient d’atténuation  est de
3.234 avec un bon coefficient de corrélation R2 = 1 et la vitesse de la propagation est de 11.45
cm/ns.

168
y = e-3.234x
R² = 1

Figure 7 Simulation numérique de la propagation des ondes EM à plusieurs distances

y = e-2.999x
R² = 1

y = e-3.114x
R² = 1

y = e-3.234x
R² = 1

Figure 8 Atténuation de l’amplitude du signal en fonction de la distance par la simulation numérique

169
Annex 2. Les détails sur la mesure et les calculs de la permittivité

Analyseur de réseau vectoriel

Un analyseur de réseau (fig. 1) est un appareil de mesure modélisé par un quadripôle


(dispositif comprenant deux ports) placé entre deux plans de références définis par les
connecteurs de l’appareil : c’est-à-dire qu’en ces deux points l’onde possède une amplitude
unité et une phase nulle. Pour obtenir cela, une calibration soigneuse doit être effectuée avant
toute utilisation. Les ports sont calibrés avec un circuit ouvert, un circuit fermé et une charge
adaptée d’impédance 50Ω car les câbles coaxiaux utilisés ont une impédance de 50Ω. Le
circuit ouvert et le court-circuit permettent de calibrer l’appareil en transmission et en
réflexion.

Figure 8 - Analyseur de réseau vectoriel ANRITSU 37325A.

L’appareil permet de calculer l’amplitude et la phase des ondes transmises et


réfléchies. Pour cela, il est constitué d’un générateur d’ondes qui envoie des impulsions aux
fréquences souhaitées. L’onde incidente arrive alors sur ce qu’on appelle le Dispositif Sous
Test (DST, ou DUT pour « Device Under Test »). A ce niveau, elle peut soit être transmise,
soit être réfléchie. La partie transmise est alors reçue par le port 2 de l’analyseur qui, grâce à
l’électronique utilisée, peut l’étudier. La partie réfléchie, quant à elle, retourne sur le port 1.
Elle passe par un circulateur qui permet de séparer l’onde incidente de celle réfléchie. Ensuite,
toujours à l’aide de l’électronique, cette onde peut être caractérisée.

170
Figure 9 - Schéma de fonctionnement d'un analyseur de réseau vectoriel.

Figure 10 - Circulateur

L’analyseur peut être utilisé pour plusieurs techniques de mesure dont celles en cavité
résonnante (cf. section II.d.1), par sonde à effet de bout (cf. II.d.2), ou encore en guide d’onde
(cf. II.d.3).
Dans le cadre de cette thèse, l’analyseur qui a été utilisé est l’ANRITSU 37325A dont
la gamme de fréquence varie de 0.05 à 13 GHz. Il convient parfaitement à nos études dont les
résultats sont obtenus pour une fréquence dans la gamme radar pour l’auscultation des bétons
(0,2 à 3 GHz). Nous avons choisi de travailler entre 0.1 et 3 GHz.

171
Une fois la mesure effectuée, l’électronique de l’analyseur permet d’obtenir ce que
l’on appelle les paramètres S (cf. section II.c.). Enfin, grâce au calcul (utilisation de différents
programmes selon la méthode utilisée), il est possible de remonter à la valeur de la
permittivité.

B. Paramètres S

La matrice S (« Scattering » <=> « Diffraction »), aussi appelée matrice de répartition


donne les équations du quadripôle. [4] [5]

Figure 11 - Concept des paramètres S

b1 = S11a1 + S21a2

b2 = S12a1 + S22a2

Les paramètres Sij sont complexes : ils présentent une partie réelle et une partie
imaginaire. Le module de S11 représente le rapport entre l’onde réfléchie et l’onde incidente et
sa phase représente leur déphasage.
Dans le cadre d’une mesure en guide, S11 et S21 sont utilisés. Seul Sl1 est utilisé par la
méthode de la sonde à effet de bout. S11 correspond au coefficient de réflexion, soit à l’onde
arrivant du port 1 et retournant sur le port 1. S21, quant à lui, correspond au coefficient de
transmission, soit à l’onde provenant du port 1 et arrivant sur le port 2. Ces coefficients
correspondent aux rapports de puissance entre les ondes incidentes, transmises et réfléchies.
S11 est donc le rapport entre la puissance des ondes incidentes et réfléchies et S21 correspond
au rapport de puissance des ondes incidentes et transmise :

172
P onde réfléchie P onde émise
S11 = et S21 =
P onde incidente P onde incidente

De la même façon, les paramètres S12 et S22 sont utilisables.

C. Sonde de mesure de la permittivité

Cavité résonante

Cette technique dite des « faibles perturbations » consiste à introduire un échantillon


dans une cavité résonante. Ceci entraîne une perturbation en son sein et donc une variation de
ses caractéristiques. Ces variations permettent alors de remonter à la permittivité et à la
perméabilité de l’échantillon. Toutefois ce type de mesure admet certaines limites non
négligeables pour les études à mener. Comme son nom l’indique, c’est une méthode qui
fonctionne pour de faibles perturbations, ce qui implique donc l’utilisation d’échantillons de
faible permittivité. Aussi, les échantillons analysables doivent être de taille réduite.

Figure 12 - Cavité résonnante.

De plus, la cavité résonnante ne travaille qu’à certaines fréquences particulières. Elles sont
obtenues en résolvant les équations de Maxwell. Ces solutions sont appelées modes de
résonance. Les dimensions du guide déterminent cette fréquence. Pour un guide rectangulaire
de section a x b de longueur l, celle-ci vaut :

fmnp = c/2 [(m/a)² + (n/b)² + (p/l)²]1/2

Avec m et n qui correspondent au mode de répartition de champs dans la cavité et p le nombre


de maximums dans la cavité.

173
Ces fréquences sont aussi obtenues à l’aide d’autres paramètres, avec par exemple les iris. Ce
sont des trous ayant un diamètre bien défini situés sur des plaques de métal positionnées entre
certaines transitions du guide.
Cette technique peut être modélisée par un schéma équivalent RLC avec un facteur de
qualité Q :

Q = f0/Δf Équation 1

Les équations permettant d’obtenir ε’ et ε’’ sont les suivantes [1] :

Équations 2

Q0 et f0 correspondent au coefficient de qualité et à la fréquence de résonance de la cavité à


vide.
Q1 et f1 sont les coefficients caractéristiques de la courbe de transmission en charge.
Quant à α, il représente un coefficient de remplissage permettant d’effectuer une correction.

Sonde à effet de bout (terminaison ouverte)

La mesure par sonde à effet de bout consiste à mesurer le module et la phase du


coefficient de réflexion S11 à l’interface du coaxial. Ceci est donc une mesure surfacique.
Ainsi, la sonde doit être la plus lisse possible, tout comme la surface de contact. Un
étalonnage est effectué à l’aide de matériaux étalons disponibles au laboratoire.
Pour effectuer la mesure, il suffit tout simplement de poser la sonde sur le matériau à étudier.
L’analyseur affiche alors le paramètre S11 en module et en phase.

174
Figure 13 - Sonde à effet de bout.

Des études déjà réalisées ont permis de montrer que la sonde se comporte comme une
capacité. Ainsi, les champs à l’intersection du coaxial et du matériau peuvent être modélisés
par un circuit équivalent capacitif. La capacité en contact avec le milieu de permittivité ε est
égale à :
C = C0 εb Équation 3
Où C représente la capacité équivalente, ε la permittivité relative de l’échantillon et C0 et b
sont des constantes caractéristiques de la sonde.
La sonde utilisée lors des mesures avait pour caractéristiques C0 = 16.10-14 et b=0.7.
L’admittance complexe Y du circuit équivalent est égale à :

Y = jωC0εb Équation 4

Par des relations entre le coefficient de réflexion et l’admittance, on obtient le modèle


suivant :
log(C’+C0) = log(C0) + b log(ε) Équation 5

Avec C’ capacité de l’échantillon mesuré et ε sa permittivité.

Ainsi, grâce à des mesures effectuées sur plusieurs matériaux de permittivité connue, les
paramètres de la sonde peuvent être calculés. Une fois b et C0 obtenus, nous pouvons
déterminer les permittivités de matériaux inconnus [2].
La sonde à effet de bout est très performante sur des matériaux purs (solides ou
liquides), notamment sur le résultat du paramètre S11 car elle travaille uniquement en
réflexion. Les mesures effectuées lors de cette thèse étaient sur un béton classique.

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