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THÈSE
EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE
DOCTORAT
Présentée par
Mr BELEBCHOUCHE Cherif
Thème
A l’issue de cette étude, je remercie DIEU clément et miséricordieux tout puissant qui
m’a donné tant de courage, de volonté, de patience, de force et de sagesse pour mener à terme
cette thèse.
J’adresse également ma plus vive gratitude à mon co-directeur de thèse Pr. Abdelkader
TAHAKOURT qui a participé au bon déroulement de ce travail et pour ses conseils.
Je tiens à remercier tous les membres du jury pour m’avoir fait l’honneur d’accepter
de juger ce travail de thèse.
Au terme de ce travail, j’exprime ma reconnaissance envers mes parents qui ont fait de
moi ce que je suis, mes chers Mouna et Islem, pour leurs soutiens et leurs encouragements,
sans eux je n’aurai jamais eu la volonté et la patience de réaliser cette thèse.
i
Dédicaces
Je dédie ce modeste travail
A La mémoire de ma défunte chère Aicha,
Aicha mes très chers grands
pères Cherif et Abdelkader que Dieu le tout-puissant les accueille dans
son vaste paradis ;
A Mes parents les plus chers au monde, la lumière de ma vie, la
source de tendresse, ceux qui ont sacrifié et souffert les plus belles
années de leurs vies pour me voir un jour réussir ;
A mon cher frère Islem ;
A ma chère sœur Mouna ;
A toutes la famille BELEBCHOUCHE et DEGHICHE ;
A mon Directeur de thèse Docteur Karim, MOUSSACEB ;
A tous les post-graduants du département de génie civil ;
A mes chers amis : Abbes, Mohamed-Amine, Issam, Rabeh, Nassro,
Abdelmoumem, Sohbi, Hichem, Naim, Islem, Chaabane, Seifeddine, Abdenour,
Zaki « Koki », Oussama, Toufik, Layachi, Bilal « Lacheikh », Salim, Nourdine,
Ouahid, Riadh, Lakhder, Imad, Belkacem, Safouène, Farid, Adel, Mohamed,
Fares, Fahim, Walid, Aissa, Fateh, Amine, Badri, Zahir, Khalil, Djamel,
Yaakoub, Farouk, Mounir, Hamoudi, Messaoud, Saleh, Samir, Sofiène, Youssef.
BELEBCHOUCHE Chérif
ii
RÉSUMÉ
AUTEUR M. Cherif BELEBCHOUCHE
INTITULE DE THÈSE Etude expérimentale du comportement des matériaux cimentaires exposés
à des environnements chimiquement agressifs et modélisation de la
lixiviation.
DIRECTEUR DE THÈSE M. Karim MOUSSACEB, Maître de Conférences « HDR » à l’Université
Abderrahmane Mira -Bejaia, Algérie.
CO-DIRECTEUR DE THÈSE M. Abdelkader TAHAKOURT, Professeur à l’Université Abderrahmane
Mira -Bejaia, Algérie.
La problématique de dégradation des matériaux cimentaires stabilisés/solidifiés des polluants dangereux par une
attaque externe demeure d’actualité dans le domaine du stockage des déchets ultimes, puisque les eaux
souterraines sont susceptibles d’être en contact avec ces matériaux et engendrent la lixiviation des espèces
toxiques vers l’environnement. Cette thèse contribue à l’étude d’une part, des mécanismes de dégradation sous
l’effet des eaux pures et celles sulfatées et, d’autre part, de la possibilité de confinement des polluants
inorganiques au sein de matériaux cimentaires.
La campagne expérimentale réalisée dans cette étude a eu pour objectifs de mettre en évidence les paramètres
contrôlant le relargage des espèces chimiques polluantes lors d’une attaque externe, de suivre l’impact de
l’ajout du déchet et l’effet des agressions extérieures sur les propriétés et le comportement des matériaux
cimentaires à long terme dans le contexte du stockage de déchets ultimes.
Des tests de lixiviation en eau pure et en milieu sulfaté (teneur en sulfates de 15 mmol/L), sur des mortiers et
des pâtes (à base de ciment CEM I, E/C = 0,5) contenant différentes teneurs en déchet, ont été menées en
parallèle afin de pouvoir comparer leurs effets respectifs. L’analyse du lixiviat par la SAAF a permis de suivre
l’évolution du relargage des espèces polluantes dans différents milieux d’études. Les résultats obtenus ont
montré l’efficacité du confinement des déchets dans les matrices cimentaires.
L’analyse DRX sur les poudres issues de grattages a permis l’évaluation de l’épaisseur dégradée du matériau
exposé à l’eau pure et à l’eau sulfatée. L’utilisation simultanément du MEB-EDX, de l’ATG et de l’eau régale
est d’un apport considérable dans la confirmation des résultats obtenus par la DRX.
A partir des résultats expérimentaux obtenus, une modélisation du relargage des différentes espèces chimiques
suivies a été proposée pour prédire le relargage à long terme des polluants inorganiques. Les essais de
lixiviation utilisés ont fourni les paramètres d’entrée du modèle pour la simulation du comportement à la
lixiviation. Cette modélisation couplant le transfert de matière par diffusion et les réactions de dissolution-
précipitation a montré que les flux relargués obtenus théoriquement sont proches de ceux déterminés
expérimentalement.
iii
ABSTRACT
AUTEUR M. Cherif BELEBCHOUCHE
TITLE OF THESIS Experimental study of the behavior of cementitious materials exposed to
chemically aggressive environments and modeling of leaching.
DIRECTOR OF THESIS M. Karim MOUSSACEB, Maître de Conférences « HDR » à l’Université
Abderrahmane Mira -Bejaia, Algérie.
CO-DIRECTOR OF THESIS M. Abdelkader TAHAKOURT, Professeur à l’Université Abderrahmane
Mira -Bejaia, Algérie.
iv
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v
Table des matières
Remerciement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i
Dédicace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
Abstract. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv
........................................................................ v
Tables des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Liste des abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Table des figures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Liste des Tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
INTRODUCTION GENERALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
REFERENCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
CHAPITRE I.
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PHENOMENES DE DEGRADATION ET DE
LIXIVIATION DES MATERIAUX CIMENTAIRES
1
CHAPITRE II.
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES DECHETS ET LEURS TECHNIQUES DE
TRAITEMENT
CHAPITRE III.
MATERIAUX, FORMULATIONS, PROTOCOLES EXPERIMENTAUX ET MODELISATION
2
III.2.5.3. Dosage des chlorures - Méthode de Mohr [19] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
III.2.6. Tests de lixiviation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
III.2.6.1. Test de l’influence du pH (IpH) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
III.2.6.2. Tests de l’eau des pores (EP) et la fraction maximale mobilisable (FMM) . . . . . 80
III.2.6.3. Test de Lixiviation sur Monolithe (TLM) [21-22] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
III.2.6.4. Estimation de la capacité d’absorption en eau (CAE) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
III.2.7. Evaluation de l’épaisseur dégradée des matériaux étudiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
CHAPITRE IV.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
3
IV.2.13.5. Evaluation de la dégradation en termes des taux des espèces chimiques
composant les matrices cimentaires de F4M et F4P . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
IV.2.13.6. Evaluation de la dégradation en termes des pourcentages cumulés lixiviés des
métaux lourds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
IV.3. MODILISATION ET SIMULATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
IV.3.1. Estimation des paramètres d’entrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
IV.3.1.1. Paramètres Physico-chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
IV.3.1.2. Coefficients de diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
IV.3.1.3. Quantités disponibles lixiviables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
IV.3.2. Etude comparative entre les résultats expérimentaux et ceux de la simulation . . . . . . . . . 150
IV.4. CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
IV.5. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
CONCLUSION GENERALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
Annexe A. Description de l’unité BCR (Boulonnerie, Coutellerie, Robinetterie et Evier) . . . . . . 165
Annexe B. Calcul de la quantité d’eau nécessaire à l’hydratation complète du ciment Wel . . . . . . 167
Annexe C. Courbe d’étalonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
Annexe D. Article publié dans le cadre de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
4
Liste des abréviations
Notation Définition
ATG Analyse Thermogravimétrique
BCR Unité de Boulonnerie, Coutellerie, Robinetterie et évier.
BET Brunauer-Emmett-Teller
CAE Capacité d’Absorption en Eau
CEN Comité Européen de Normalisation
CNA Capacité de Neutralisation Acide
DANA Dégradation Accélérée au Nitrate d’Ammonium
DEP Dégradation en Eau Pure
DRX Diffraction des Rayons X
E/C Rapport de l’Eau/Ciment
EP Eau de Pore
FMM Fraction Maximale Mobilisable
IpH Influence du pH
IRTF Infra-Rouge à Transformée de Fourrier
L/S Rapport du Liquide/Solide
L/Sf Rapport du Liquide/Surface
MEB-EDX Microanalyse X couplée au Microscope Electronique à Balayage
OTVD Société française de traitement des déchets
PAF Perte Au Feu
REFIOM Résidus d’Epuration des Fumées d’Incinération des Ordures Ménagères
SAAF Spectrophotométrie d’Absorption Atomique à Flamme
S/S Stabilisation/Solidification ou Stabilisé(s, es)/Solidifié(s, es)
TLM Test de Lixiviation sur Monolithe
5
Table des figures
Figure I.1. Représentation schématique du procédé de fabrication du ciment par voie sèche . . . . . . . . . . 20
Figure I.2. Représentation schématique de la pâte de ciment hydraté selon Pigeon [8] . . . . . . . . . . . . . . . 24
Figure I.3. Echelle de la taille des solides et des pores dans la pâte de ciment hydraté [17] . . . . . . . . . . . 36
Figure I.4. Schématisation de la structure des C- S- H, selon Feldman et Sereda [19] . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Figure I.5. Processus de lixiviation d'un matériau cimentaire [33] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Figure I.6. Diagramme d’équilibre entre le rapport Ca/Si dans la phase solide et la concentration en
calcium dans la solution interstitielle [39] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Figure I.7. Coupe d'une pâte de ciment CEM I de rapport E/C = 0.40 après trois mois de lixiviation en
eau pure [45] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Figure I.8. Quantité de calcium lixiviée en fonction de la racine carrée du temps sur une pâte de ciment
CEM I de rapport E/C = 0.40 après trois mois de lixiviation en eau pure [45] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Figure I.9. Evolution au cours du temps du pH de la solution interstitielle d’un béton soumis à une
lixiviation par l’eau pure [48] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Figure I.10. Lixiviation d'une pâte de ciment à différentes températures [34-53] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Figure I.11. Principe de lixiviation sous un champ électrique LIFT [56] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Figure I.12. Schéma expliquant la détérioration de bétons par réactions chimiques [67] . . . . . . . . . . . . . . 37
Figure I.13. Schéma de l'attaque sulfatique à partir de la surface extérieure à l'intérieur [86] . . . . . . . . . . 39
Figure II.1. Aspect d’un déchet toxique (REFIOM) avant et après la vitrification [11] . . . . . . . . . . . . . . . 56
Figure II.2. Schéma de fonctionnement d’une unité de Stabilisation/Solidification par liants
hydrauliques [8] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Figure III.1. Appareil de Vicat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Figure III.2. Presse hydraulique de type Controls pour l’écrasement des éprouvettes . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Figure III.3. Rétractomètre à comparateur numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Figure III.5. Schéma d’un diffractomètre expliquant le parcours du faisceau de rayons X . . . . . . . . . . . . 79
Figure III.6. Schéma d’un diffractomètre expliquant le principe d’analyse par l’infrarouge . . . . . . . . . . . 80
Figure III.7. Principe de fonctionnement d’un MEB couplé à l’EDX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Figure III.8. Schéma de base d'un appareil d’ATG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Figure III.9. Un diagramme schématique d’un spectromètre d'absorption atomique à flamme . . . . . . . . . 86
Figure III.10. Dispositif du test de lixiviation sur bloc monolithique [26] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Figure III.11. Dispositif de grattage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Figure III.12. Description de phénomène de relargage [30] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Figure III.13. Schéma du modèle proposé par Imyim [2] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Figure.III.14. Organigramme résumé du programme de modélisation et de simulation proposé . . . . . . . 111
Figure IV.1. Micrographie et spectre EDX d’une vue globale du déchet brut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Figure IV.2. Spectre DRX du déchet brut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Figure IV.3. Influence de l’ajout du déchet sur le retrait endogène des mortiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Figure IV.4. Influence de l’ajout du déchet sur le retrait endogène des pâtes de ciment . . . . . . . . . . . . . . 121
Figure IV.5. Schématisation d'un ménisque dans un capillaire [7] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
Figure. IV.6. Evolution du rayon moyen des pores des matériaux stabilisés/solidifiés en fonctions de la
quantité de déchet ajoutée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Figure IV.7. Influence de l’ajout du déchet sur le gonflement des mortiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Figure IV.8. Influence de l’ajout du déchet sur le gonflement des pâtes de ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Figure IV.9. Evolution des quantités relarguées du Ni2+, Pb2+ et Cr3+ en fonction du temps lors du test
de gonflement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Figure IV.10. Evolution des résistances mécaniques des matériaux stabilisés/solidifiés en fonction de la
quantité de déchet ajoutée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Figure IV.11. Degré d’hydratation des mortiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Figure IV.12. Degré d’hydratation des pâtes de ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Figure IV.13. Spectrogramme DRX pour F1M à 28jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
6
Table des figures
7
Liste des tableaux
Tableau I.1. Principales catégories des ciments selon la norme NF EN 197-1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Tableau I.2. Principaux produits d’hydratation du ciment Portland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Tableau I.3. Vitesse de dégradation en fonction de la racine carrée du temps pour différentes
températures [53] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Tableau I.4. Résultats d'essais de lixiviation accélérée effectuée sur une pâte de ciment à différents pH
[62]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Tableau I.5. Description de la dégradation sous l’effet de nitrate d’ammonium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Tableau I.6. Estimation des facteurs de dégradation sur une pâte de ciment soumis à une dégradation en
eau pure (DEP) et une dégradation accélérée au nitrate d’ammonium (DANA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Tableau II.1. Coûts moyens de traitement des déchets industriels spéciaux (en €/tonne) [16] . . . . . . . . . . 57
Tableau II.2. Récapitulatif des différentes méthodes de gestion des déchets ultimes [17] . . . . . . . . . . . . . 58
Tableau II.3. Valeurs limites des critères d’admission des déchets dans un centre de stockage de
déchets ultimes dangereux après Stabilisation/Solidification [31] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Tableau II.4. Intégration cristallochimique des polluants toxiques dans la phase cristalline du ciment . . . 60
Tableau III.1. Caractéristiques chimiques et physiques du ciment portland CEM I . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Tableau III.2. Granulométrie du sable normalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Tableau III.3. Formulations des pâtes de ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Tableau III.4. Formulations des mortiers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Tableau III.5. Constantes d’équilibre cinétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Tableau III.6. Récapitulatif des paramètres d’entrée du modèle à partir des tests de lixiviation . . . . . . . . 103
Tableau IV.1. Composition chimique élémentaire du déchet de l’unité BCR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Tableau IV.2. Quantification EDX du déchet brut de l’unité BCR sur une ligne globale . . . . . . . . . . . . . . 118
Tableau IV.3. Valeurs d’angles de diffraction des phases identifiées lors la DRX pour le déchet brut . . . 119
Tableau IV.4. Temps de début et de fin de prise des pâtes de ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Tableau IV.5. Masse volumique du déchet et des matériaux stabilisés/solidifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Tableau IV.6. Températures de décomposition des produits de l’hydratation du ciment [23] . . . . . . . . . . 133
Tableau IV.7. Teneurs en portlandite et en hydroxydes de plomb des matériaux S/S . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Tableau IV.8. Identification des bandes observées sur les spectres IR pour F1M, F4M, F1P et F4P. . . . . 134
Tableau IV.9. Paramètres physiques des matériaux sélectionnés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
Tableau IV.10. Rapport de relargage milieu sulfaté/milieu neutre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Tableau IV.11. Flux totaux relargués des espèces chimiques pour les formulations F4M et F4P pendant
64 jours de lixiviation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Tableau IV.12. Epaisseur dégradée des formulations F4M et F4P sous l’action des sulfates et de l’eau
déminéralisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Tableau IV.13. Taux des métaux lourds lixiviés pendant 64 jours et 18 mois des matériaux F4M et F4P
dans différents milieux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Tableau IV.14. Paramètres physico-chimiques des matériaux F4M et F4P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Tableau IV.15. Coefficients de diffusion calculés à partir des résultats du test TLM –cas du milieu
neutre et ceux présentés dans la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Tableau IV.16. Coefficients de diffusion calculés à partir des résultats du test TLM de Ni2+, Pb2+, Cr3+
et Ca2+ pour F4M et F4P –cas du milieu sulfaté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Tableau IV.17. Quantité disponible lixiviable de Ni2+, Pb2+, Cr3+ et Ca2+ pour F4M et F4P . . . . . . . . . . . 157
Tableau IV.18. Quantité disponible lixiviable de Na, K et Cl pour F4M et F4P . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Tableau IV.19. Etude comparative entre les flux relargués et ceux simulés des espèces chimiques
pendant 64 jours de lixiviation pour les formulations F4M et F4P pendant 64 jours de lixiviation dans les
deux milieux d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Tableau B1. Composition chimique du ciment Portland CEM-I 52,5 d’Ain-Elkebira . . . . . . . . . . IV
Tableau B2. Calcul de la quantité d’eau nécessaire à l’hydratation complète du ciment Wel . . . . . IV
8
INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE
Chaque civilisation génère des résidus inutilisés qui, avec le temps, deviennent une
source de danger pour la vie des êtres humains et l’environnement. Dans les pays développés,
les déchets solides (ménagers, agricoles ou industriels) ne cessent de croître en quantité, de
devenir plus complexes, voire plus nocifs. A l’origine de pollutions et de nuisances, ils sont
aussi source d’énergie et de matières premières.
Cependant, il est indispensable que le choix des modes d’élimination ou de traitement
repose sur la quantité et la qualité des déchets. Il existe cinq grandes stratégies de gestion des
déchets industriels [1]. Les deux premières concernent l’arrêt de la production d’un déchet
donné et l’optimisation du procédé dont il est issu, elles visent une réduction de la quantité
des déchets produits. Les deux suivantes ont pour objectif de traiter les déchets, il s’agit du
rejet écocompatible et du recyclage ou de la réutilisation. Elles s’adressent aux déchets dont la
quantité a été réduite ou aux « irréductibles » par les deux premières voies. Non seulement ces
quatre stratégies ne permettent pas de gérer tous les déchets, mais elles conduisent
immanquablement à générer des déchets secondaires. La dernière stratégie consiste à stocker
les déchets. Elle s’adresse aux déchets exclus (Déchets Ultimes Dangereux) et aux déchets
secondaires issus des quatre précédentes stratégies.
La loi Algérienne sur l’élimination et le traitement des déchets ne prévoit aucun
procédé de stockage des déchets ultimes de manière définitive.
La sévérité des nombreuses normes d’acceptation des déchets ultimes en centre de
stockage ou en décharge a permis l’essor des procédés physico-chimiques d’inertage,
notamment par l’utilisation de la technique de Stabilisation/Solidification par les liants
hydrauliques (notamment le ciment).
La facilité de mise en œuvre du procédé de Stabilisation/Solidification par liants
hydrauliques, son faible coût et la résistance mécanique relativement élevée du matériau durci
justifient le fait qu’il soit actuellement le plus utilisé parmi les différents procédés de
stabilisation existants (chaulage, fixation physique, fixation chimique et vitrification) dans le
monde pour le confinement de déchets minéraux ultimes dangereux.
Les déchets stabilisés/solidifiés (S/S) par les liants hydrauliques peuvent représenter
une source de pollution dans le milieu de stockage ou de valorisation. La pollution provoquée
par ces déchets S/S impose une durabilité sur des périodes longues jusqu’à la mise au point de
nouveaux procédés permettant une valorisation avantageuse dans le futur, car ces déchets S/S
10
Introduction générale
sont influencés non seulement par les chargements mécaniques mais aussi par
l’environnement (gel-dégel, pluie, eaux salines et agressives …etc.). L’échelle du temps à
prédire est de l’ordre de quelques centaines d’années. Ces échelles de temps nécessitent une
connaissance approfondie des mécanismes physico-chimiques qui sont à l’origine de la
dégradation de ces matériaux cimentaires contenant des déchets toxiques.
Plusieurs scénarios ont été considérés, notamment l’immersion des matériaux
cimentaires dans des milieux chimiquement agressifs, par des chercheurs et des industriels à
travers le monde pour comprendre les phénomènes physico-chimiques entrant en jeu dans la
dégradation chimique des matériaux cimentaires [2-10]. Le mécanisme de dégradation
chimique des matériaux à base de ciment en contact avec une solution agressive (exemple
l’eau de site) consiste en une dissolution progressive des hydrates (en particulier la
portlandite), la diffusion des différents constituants de ces matériaux (comme le calcium
« Ca », l’aluminium « Al » et le silicium « Si » … etc.) vers le lixiviat et parfois, la
précipitation d’espèces chimiques secondaires. Ces phénomènes entraînent des dégradations
brutales des différentes propriétés des matériaux cimentaires, à savoir :
- Une augmentation de la porosité qui favorise l’accélération du processus de transport
des différentes espèces chimiques (augmentation du coefficient de diffusion) ;
- Des éclatements visuels, ce qui limite leurs capacités de confinement et augmente la
cinétique de décalcification (diminution de leurs cycles de vie) ;
- Une chute de la résistance mécanique, ce qui induit à la création de fissures qui
peuvent être un facteur accélérant la dégradation chimique de ces matériaux.
Dans le présent travail de recherche, nous étudions la possibilité de confinement des
déchets ultimes de l’unité de coutellerie B.C.R. de l’industrie Algérienne par le procédé de
stabilisation/solidification par les liants hydrauliques (ciment Portland). Notre objectif est de
comprendre le comportement des déchets stabilisés/solidifiés soumis à des milieux
chimiquement agressifs afin de prédire la pérennité du confinement des déchets.
Ce mémoire est divisé en quatre chapitres répartis comme suit :
Dans le premier chapitre, nous présentons une synthèse bibliographique sur les
phénomènes de dégradation des matériaux cimentaires dans différents milieux (eau pure,
dégradation accélérée, milieu sulfaté), ainsi que les facteurs influents.
Le deuxième chapitre se focalise sur les travaux de recherches consacrés à
l’immobilisation des polluants inorganiques par le procédé de Stabilisation/Solidification à
base de liants hydrauliques et leurs interactions avec les phases du ciment hydraté
11
Introduction générale
12
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
13
CHAPITRE I.
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES
PHENOMENES DE DEGRADATION ET DE
LIXIVIATION DES MATERIAUX CIMENTAIRES
CHAPITRE I.
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES PHENOMENES DE DEGRADATION ET
DE LIXIVIATION DES MATERIAUX CIMENTAIRES
Dans cette première partie, nous nous consacrons à l'étude bibliographique afin de
présenter une synthèse des connaissances sur les phénomènes de dégradation des matériaux
cimentaires. D’abord, Nous allons présenter les composés du ciment, le principe de
fabrication des ciments ainsi que leur hydratation. Nous allons présenter ensuite une revue
des principaux processus d’altération des matériaux cimentaires par l’eau pure et les sulfates
et les diverses théories existantes dans la littérature. Enfin, nous allons aborder les différents
facteurs qui peuvent avoir une influence sur le degré de détérioration par les sulfates.
15
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
est un matériau hydraulique se présentant sous la forme de petits nodules très durs composés
essentiellement des quatre phases cristallines à savoir [1]:
- Le silicate tricalcique : 3CaO.SiO2 (C3S) avec un pourcentage de 50 à 70 % ;
- Le silicate bicalcique : 2CaO.SiO2 (C2S) avec un pourcentage de 15 à 30 % ;
- L’aluminate tricalcique : 3CaO.Al2O3 (C3A) avec un pourcentage de 5 à 10 % ;
- L’aluminoferrite tetracalcique : 4CaO.Al2O3.Fe2O3 (C4AF) avec un pourcentage de 5
à 15 %.
En dehors de ces quatre principales phases, le clinker comporte également :
- De la chaux libre dont le pourcentage ne doit pas excéder 2% dans le clinker pour ne
pas provoquer une expansion en présence d’eau ;
- De l’oxyde de magnésium MgO, encore appelé périclase, qui, non combiné (qui n’a
pas la forme suivante : MgCO3, MgCl2, Mg(OH)2), peut être à l’origine d’une
expansion par réaction avec l’eau.
I.1.2.1.2. Laitier granulé de haut fourneau (S)
Le laitier, sous produit de la fabrication de la fonte brusquement refroidi par aspersion
d’eau, est un matériau hydraulique lorsqu’il est activé. Il se présente sous forme de nodules
dont la composition chimique comporte de l’oxyde de calcium dans des proportions de l’ordre
de 40 à 50 %, de la silice entre 25 et 35 %, de l’alumine entre 12 et 30 % ainsi que de la
magnésie et d'autres oxydes (Fe2O3, P2O5, MnO, TiO2) en très faibles quantités. Tous ces
éléments sont pratiquement les mêmes que ceux du clinker. Le laitier retient moins bien l’eau
de gâchage que le ciment Portland et craint donc davantage la dessiccation. Par contre, il
résiste mieux à l’action destructrice des sulfates, à la dissolution de la chaux par les eaux
pures ainsi que par celles contenant du gaz carbonique.
I.1.2.1.3. Cendres volantes (V et W)
Les cendres volantes sont des produits pulvérulents de grande finesse, proviennent du
dépoussiérage des gaz des chaudières des centrales thermiques et peuvent être:
- Siliceuses (V), elles présentent des propriétés pouzzolaniques c’est à dire qu’elles sont
capables de fixer la chaux à température ambiante, faisant prise et durcissant par
hydratation ;
- Calciques (W), outre leurs propriétés pouzzolaniques, elles peuvent présenter des
propriétés hydrauliques.
Les cendres volantes siliceuses (V) sont constituées de silice réactive, entre 40 et 55%,
proportion qui ne doit jamais être inférieure à 25%, d’alumine entre 20 et 30 % environ, et de
chaux réactive dont la proportion doit être inférieure à 5 %. Les cendres calciques (W), moins
16
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
souvent utilisées, doivent contenir, quant à elles, une proportion de chaux réactive supérieure
à 5 %.
I.1.2.1.4. Pouzzolanes naturelles (Z)
Les pouzzolanes naturelles sont des produits généralement d’origine volcanique, ou
des roches sédimentaires, présentant des propriétés pouzzolaniques. Elles sont essentiellement
composées de la silice réactive (dans des proportions supérieures à 25%), d’alumine et
d’oxyde de fer. Cependant, lorsqu’ils sont finement broyés, ils réagissent à température
ambiante, en présence d’eau, avec l’hydroxyde de calcium dissous pour former des composés
de silicates de calcium et d’aluminates de calcium générateurs de résistance.
I.1.2.1.5. Schistes calcinés (T)
Ces produits, obtenus à des températures de l’ordre de 800°C, contiennent des phases
du clinker (silicate bicalcique et aluminate monocalcique) ainsi que des oxydes réagissant de
façon pouzzolanique (SiO2) et présentent, outre leurs propriétés pouzzolaniques, des
propriétés hydrauliques lorsqu’ils sont finement broyés.
I.1.2.1.6. Calcaires (L)
Les calcaires sont utilisés comme un ajout principal dans la fabrication du ciment
lorsqu’ils sont ajoutés au clinker avec un pourcentage de plus de 5% de la masse totale du
clinker. Les calcaires utilisés dans la fabrication du ciment doivent présenter une proportion
de carbonate de calcium CaCO3 supérieure à 75% en masse et une teneur en matières
organiques (TOC) inférieure à 0.5%.
I.1.2.1.7. Fumée de silice (D)
Les fumées de silice, constituées de particules environ 100 fois plus petites que les
grains de ciment avec un diamètre moyen de l’ordre de 1/10 de micron, présentent des
propriétés pouzzolaniques en raison de leur forte teneur en silice amorphe. En outre, en raison
de leur finesse, elles complètent la granulométrie des ciments. Ces deux effets entraînent à la
fois une forte augmentation de la compacité et une amélioration des résistances mécaniques
du fait de la réaction pouzzolanique des fumées de silice.
Elles doivent contenir au moins 85% de silice réactive, la réaction pouzzolanique
s’avérant plus élevée que celles des pouzzolanes naturelles ou des cendres volantes.
I.1.2.1.8. Sulfate de calcium (gypse)
Le sulfate de calcium a pour effet de réguler la prise du ciment. Le sulfate de calcium
qui peut être du gypse, de l’anhydrite ou de l’hérnihydrate, doit être ajouté en faible quantité,
c’est à dire de l’ordre de 3 à 5 % maximum.
17
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
18
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Ces matières premières contiennent par ailleurs d'autres éléments que ces oxydes
fondamentaux, tels que la magnésie MgO, des sulfates, des sulfures, des alcalis K2O et Na2O,
dont les pourcentages doivent être contenus en deçà de limites précises. La fabrication du
ciment comporte les étapes suivantes:
I.2.1. Extraction des matières premières
L’extraction consiste en général pour le calcaire, à abattre la roche à l’explosif, dans
des carrières généralement à ciel ouvert, de façon à fragmenter la roche en petit blocs chargés
ensuite dans des dumpers pour alimenter les concasseurs, par contre pour l’argile, beaucoup
plus meuble est exploitée au moyen d’excavateurs ou de roues-pelles avant d’être transportée
par camions aux halls de stockage.
I.2.2. Concassage des matières premières
Les matériaux extraits des carrières présentent des granulométries grossières
volumineuses allant jusqu’au m3, le concassage effectué le plus souvent sur les lieux mêmes
de l’extraction a pour but d’en limiter la granulométrie à 50 mm, voire 100 mm au maximum.
Les concasseurs utilisés à cette fin peuvent être mobiles, ou fixes.
I.2.3. Préparation du cru
La préparation du cru au cours de laquelle on réalise le mélange homogène du calcaire
et de l’argile dans des proportions définies en fonction de leurs compositions chimiques
particulières (hétérogènes), mais toujours proches du rapport 80 % de calcaire pour 20 %
d’argile. Le calcul du cru peut se faire aussi par des méthodes numériques en utilisant le
logiciel Hefc [2]. Le résultat final doit permettre l’obtention d’un clinker dont la teneur
moyenne des différents oxydes constitutifs est de l’ordre de :
- 65% de CaO avec une fourchette de 60 à 69 % ;
- 21% de SiO2 avec une fourchette de 18 à 24 % ;
- 6% de Al2O3 avec une fourchette de 4 à 8 % ;
- 3% de Fe2O3 avec une fourchette de 1 à 8 % ;
- 2% de MgO avec une fourchette de 0 à 5 % maximum ;
- 1% d’alcalis MgO avec une fourchette de 0 à 2 % maximum ;
- 1% de SO3 avec une fourchette de 0 à 3 % maximum.
Ces proportions permettent de prévoir certaines des qualités ultérieures du ciment.
La préparation du cru peut être réalisée suivant quatre procédés différents, on cite
essentiellement:
- Procédé par voie sèche, il est le plus utilisé dans le monde ;
19
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Figure I.1. Représentation schématique du procédé de fabrication du ciment par voie sèche.
I.2.3.1. Préhomogénéisation
Cette phase qui a pour but de réaliser un mélange préliminaire, consiste à déposer les
matériaux constitutifs du cru en couches successives, de faible épaisseur, formant le « tas de
préhomogénéisation ».
20
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
1
En notation cimentière C = CaO, S = SiO2, H = H2O, A = Al2O3, F = Fe2O3 et S = SO3
22
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
C4 AF + (7 + n) H → C3 AH6 + FH n + CH R.I.4
23
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
En résumé, la pâte de ciment durcie présente une morphologie structurale plus dense et
des hydrates moins perméables [5-7]. Le tableau I.2 résume les principaux hydrates formés
lors l’hydratation du ciment.
Tableau I.2. Principaux produits d’hydratation du ciment Portland.
Dénomination Formule chimique détaillée Abréviation
Portlandite Ca(OH)2 CH
Silicate de Calcium Hydraté 3CaO.2SiO2.3H2O C-S-H
Trisulfoaluminate (AFt) ou ettringite 3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O C6AS3H32
Monosulfoaluminate (AFm) 3CaO.Al2O3.CaSO4.12H2O C4ASH12
Aluminate tetracalcique hydraté 4CaO.Al2O3.13H2O C4AH13
Aluminate dicalcique hydraté 2CaO.Al2O3.8H2O C2AH8
Aluminate tricalcique hydraté (Hydragarnet) 3CaO.Al2O3.6H2O C3AH6
Figure I.2. Représentation schématique de la pâte de ciment hydraté selon Pigeon [8].
On y retrouve:
- Des grains de ciment (10 à 80 µm au départ) partiellement hydratés et recouverts d'une
couche d'hydrates ;
24
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
- Des hydrates (surtout des C-S-H et de portlandite) qui remplissent graduellement les
espaces entre les grains de ciment ;
- Des capillaires remplis ou partiellement remplis d'eau, cette eau est en équilibre avec
les solides de la pâte de ciment et constitue la phase liquide (interstitielle).
La phase solide assure la cohésion et la résistance mécanique du matériau dont leurs
ordre décroissant d'importance est le suivant : les silicates de calcium hydratés C-S-H, la
portlandite Ca(OH)2 et les sulfoaluminates de calcium (monosulfoaluminate et
trisulfoaluminate). Les proportions dépendent de la nature et la composition chimique du
liant. Le pourcentage massique de ces produits est approximativement: C-S-H : 50-70% ;
Ca(OH)2 : 5-15% ; Sulfoaluminates (AFt et Afm) : 20-30%.
• Le C-S-H est un gel solide poreux qui a les propriétés d'un corps solide. Il a une
structure en feuillets, formées de cristaux très petits et amorphes du fait de leurs
germinations rapides. La surface spécifique des C-S-H est très élevée (100 à 700
m2/g). La cohésion des C-S-H est due, en partie, aux forces de Van der Walls entre les
particules colloïdales des C-S-H. Le pH de la solution interstitielle contenant les C-S-
H est très alcalin (voisin de 13). Les pores de gel, sont en fait les espaces qui
contiennent de l'eau adsorbée sur les surfaces entre les feuillets. Ils sont très petits
(20Å à 30Å), La porosité du gel de C-S-H représente environ 28% du volume total du
gel. L'eau des pores de gel n'est pas "libre" car elle est fortement retenue sur les
feuillets par des forces de surface. Puisque les pores de gel sont extrêmement fins, ils
contribuent très peu à la perméabilité de la pâte et du béton. [9-10]
• La portlandite Ca(OH)2 a une morphologie hexagonale prismatique; la morphologie
est très variable en fonction des paramètres de composition du béton. Dans la pâte de
ciment hydraté, elle devient instable (lixiviation) lorsque le pH devient inférieur à
environ 12.5.
• Les sulfoaluminates hydratés se retrouvent généralement sous deux formes :
1. Les monosulfoaluminate (AFm) se présentent sous forme des plaquettes hexagonales.
Le calcium peut être substitué par du magnésium, l'aluminium par du fer et le soufre par
des hydroxyles et du silicium [9, 11-13]. Une partie de la phase AFm faiblement
cristallisée serait intimement mélangée aux C-S-H.
2. Les trisulfoaluminates ou l’ettringite (AFt) ont une forme des aiguilles prismatiques,
l’ettringite est une phase cristallisée, stable à une température de 20°C et pour une
humidité relative de 4%. Différents analogues (carbonate, fer, hydroxyde, etc.) et des
solutions solides ont été rapportés [14-16].
25
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Figure I.3. Echelle de la taille des solides et des pores dans la pâte de ciment hydraté [17].
La figure I.3 montre la présence des pores capillaires et des pores nanométrique. Les
pores capillaires ont une taille comprise entre 0.01 et 10µm. Cette porosité capillaire forme
évidemment au départ un réseau continu, représentant tout l'espace entre les grains de ciment.
Après un certain temps de l'hydratation, le réseau de capillaires devient complètement
discontinu, cela est dû à la formation des hydrates qui se déposent dans les capillaires,
réduisant la dimension de ces pores. Le volume global des capillaires dépend fortement du
rapport E/C et de l'âge de la pâte [18]. Des essais réalisés par porosimètre au mercure mettent
en évidence une porosité nanométrique. Cette porosité est peu affectée par le rapport E/C mais
dépend de la porosité intrinsèque de certains hydrates et en particulier les C-S-H qui ont une
structure lamellaire. Feldman et Sereda [19] ont observé cette porosité à l’aide de microscope
électronique à transmission (Figure I.4). La porosité nanométrique comprend aussi l’espace
interfeuillet des C-S-H que les vides créés par l’empilement parfois irrégulier des lamelles de
C-S-H. L’ordre de grandeur de ces pores est de 0.1 à 10nm (<0.01µm). La porosité
26
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
nanométrique a été estimée par Powers au sein du gel de C-S-H, elle est de l’ordre de 28%
[20].
28
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Figure I.6. Diagramme d’équilibre entre le rapport Ca/Si dans la phase solide et la
concentration en calcium dans la solution interstitielle [39].
Le diagramme de l’équilibre chimique Solide/Solution (Figure I.6) montre une courbe
linéaire par tronçon, et chaque zone correspondant à la dissolution des différentes phases
minéralogiques hydratées
- La première zone (≥ 22 mmol/L de calcium) caractérise l’équilibre et la stabilité de la
portlandite. Lorsque la concentration de calcium ou le pH diminue (<22 mmol/L de
calcium ou pH < à 12.5) la portlandite est la première phase qui subit l’hydrolyse
jusqu’à son épuisement totale. La valeur Ca/Si > 1.65 représente la valeur minimale
correspondant à la zone de C-S-H non dégradés;
- Deuxième zone comprise entre 21 mmol/L et 2 mmol/L de calcium en solution, pour
un pH allant de 12.5 à 10, la variation du rapport Ca/Si est attribuée à la
décalcification progressive des C-S-H, les sulfoaluminates et l’ettringite. Dans cette
gamme, le rapport Ca/Si évolue linéairement de 1.65 à 1 ;
- La troisième zone correspond à des valeurs inférieures à 2 mmol/L de calcium en
solution. Une variation brutale du rapport Ca/Si a été constaté, elle peut être due à la
décalcification des C-S-H de très faible rapport Ca/Si ainsi qu’à une coexistence avec
des gels de silice pour des valeurs de pH < 10. Selon Taylor [40], La structure de ces
C-S-H est alors proche de celle de la tobermorite (5CaO-6SiO2-5H2O).
Le processus de diffusion des ions vers l’environnement provoque des perturbations
d’équilibre et entraîne le phénomène de dissolution des phases hydratées. La portlandite se
dissout complètement tout d’abord, quand elle est épuisée, l’équilibre du système sera alors
29
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
assuré par les C-S-H qui sont ensuite soumis à une décalcification partielle. Une fois les C-S-
H entièrement décalcifiés, il reste uniquement du gel de silice.
La forte dégradation observée dans les structures existantes, a conduit à de
nombreuses études en laboratoire sur des environnements parfaitement reproductibles. Les
études de dégradation chimique réalisées au laboratoire sur des pâtes de ciment et des
mortiers soumis à l’eau pure [41-44] montrent la présence de fronts de dissolution-
précipitation dans la zone de lixiviation, ces résultats tendent à vérifier l’hypothèse de
l’équilibre chimique local. Cela signifie que la solution interstitielle est en équilibre avec les
phases solides présentes. Cet équilibre pourra être perturbé par la diffusion des ions de la
solution interstitielle vers l’environnement et sera aussitôt rétabli par la dissolution de
produits hydratés en cas de sous saturation, soit par précipitation (d'une ou plusieurs phases)
en cas de sursaturation. Les travaux effectués sur les échantillons après lixiviation en eau pure
par le microscope électronique à balayage ont permis d’observer les différentes phases du
cœur sain, et les autres phases du ciment hydraté à savoir : C-S-H, CH, AFm et AFt [45-47]
(Figure I.7).
.
Figure I.7. Coupe d'une pâte de ciment CEM I de rapport E/C = 0.40 après trois mois de
lixiviation en eau pure [45].
En se déplaçant depuis le cœur sain vers la surface, on observe une modification de la
matrice cimentaire avec dissolution de la portlandite puis décalcification des C-S-H (et
dissolution de l’AFm et de l’AFt). En surface (zone qui en en contact direct avec la solution
agressive), on détecte un gel de silice et d'alumine.
Les études ont montré aussi que la cinétique de lixiviation d'une pâte de ciment dépend
des équilibres chimiques et de la vitesse de diffusion. Les analyses des lixiviats ont révélé que
la quantité des principaux constituants relâchés et l’épaisseur de dégradation chimique
augmentent proportionnellement à la racine carrée du temps, tant que la zone inaltérée
30
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
subsiste et que la solution agressive a la même composition chimique sur tout le long du test
(Figure I.8). Ce résultat caractérise le phénomène diffusif.
Figure I.8. Quantité de calcium lixiviée en fonction de la racine carrée du temps sur une pâte
de ciment CEM I de rapport E/C = 0.40 après trois mois de lixiviation en eau pure [45].
I.6.2. Lixiviation accélérée
La lixiviation en eau pure est un phénomène très long qui dure des milliers d’années.
Une étude faite par Atkinson [48] sur un béton (370 kg/m3 de ciment Portland, granulats
calcaires inertes avec un rapport E/C = 0.5) soumis à une lixiviation par l’eau pure a montré
que la lixiviation totale de tous les hydrates est assez longue (Figure I.9).
Figure I.9. Evolution au cours du temps du pH de la solution interstitielle d’un béton soumis
à une lixiviation par l’eau pure [48].
A partir du flux considéré (Figure I.9), il est prédit que 8500 ans sont nécessaires à une
lixiviation totale des alcalins (KOH et NaOH), 2.3×105 années pour la dissolution totale de
toute la portlandite, 106 années pour les C-S-H qui ont un rapport CaO/SiO2 entre 1.7 et 0.85,
et 1.8×106 années pour la dissolution totale de toute les C-S-H qui ont un rapport CaO/SiO2
égal à 0.85.
31
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
32
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
33
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
34
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Plusieurs chercheurs ont utilisé des solutions très acides et très basiques afin d’étudier
la lixiviation accélérée des matériaux cimentaires. Les résultats obtenus tendent vers les
mêmes taux de dégradation (Tableau I.4). D’après Ravertagat [62] et Bertron [63], la
cinétique de lixiviation reste toujours faible et limitée dans des conditions de dégradation à
des pH très acides.
Tableau I.4. Résultats d'essais de lixiviation accélérée effectuée sur une pâte de ciment à
différents pH [62].
Matériau testé Temps de l’essai pH - solution Profondeur dégradée (mm)
4.6 1.7
CEM I, E/C = 0.38 24 mois
11.5 0.9
Selon plusieurs auteurs [26, 59-60], la valeur du pH ne donne aucune information sur
la concentration correcte réelle de l'acide dans la solution et de son agressivité, parce que les
valeurs de pH dépendent du degré de dissociation de l'acide. Par conséquent, un acide fort
(exemple HCl, HNO3) peut déjà provoquer, en petites quantités en solution, des valeurs de pH
significativement inférieurs à ceux d'un acide faible dans des quantités multiples dans la
solution, en raison de son faible degré de dissociation. Pour l'agressivité des solutions acides,
la concentration réelle de l'acide est plus importante que la valeur de pH.
L’utilisation de nitrate d’ammonium semble être très efficace pour accélérer le
phénomène de lixiviation. La dégradation de la pâte de ciment durcie par de l'acide nitrique a
été étudié en détail par différents chercheurs à travers le monde [23, 49, 64-65]. L’avantage
d’utiliser le nitrate d’ammonium s’avère dans sa grande solubilité dans l’eau qui est de
1870g/L à 20°C [66]. De plus, l’ammoniaque NH4OH qui est la base correspondante, est une
base plus forte que la portlandite Ca(OH)2.
En outre, la dissolution des sels de nitrate d’ammonium génère de l’ammonium (NH4+)
et des ions nitrates (NO3-), ce dernier se combinent avec les ions calcium (Ca2+) provenant de
la dissolution de la portlandite (Ca(OH)2) pour former des sels de calcium (Ca(NO3)2), ces
derniers sont caractérisés par une grande solubilité. Lorsque ces sels de calcium lixiviés, il ne
se forme pas de nouveaux composés à leur place et la porosité ainsi créée, reste vide.
Les réactions entre le nitrate d’ammonium et la matrice cimentaire sont décrites dans
le tableau I.5 (R.I.7, R.I.8, R.I.9 et R.I.10).
35
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Il a été montré que plus la solution de nitrate d’ammonium est concentrée, plus elle est
agressive. Cette agressivité peut être diminuée dans le temps à cause de plusieurs facteurs tel
que : l’accumulation de calcium à l’interface échantillon/solution ou encore à cause du
dégagement de NH3. Ceci impose le renouvellement de la solution agressive, pour que la
dégradation soit toujours importante. L’utilisation d’une de solution de nitrate d’ammonium
6.25 molaires amplifie la solubilité de la portlandite Ca(OH)2 en eau pure de 0.02 mol/L à
environ 2.7 mol/L de Ca2+. Le taux de calcium de la solution interstitielle entre le front de
dissolution de la portlandite et le milieu externe est fortement agrandi (dans un rapport de 2.7
à 0.02, soit 135).
Perlot [54] a estimé les facteurs d’accélération d’une dégradation au nitrate
d’ammonium par rapport à une dégradation par de l’eau pure, les résultats obtenus sont
consignés dans le tableau I.6.
Tableau I.6. Estimation des facteurs de dégradation sur une pâte de ciment soumis à une
dégradation en eau pure (DEP) et une dégradation accélérée au nitrate d’ammonium (DANA).
Paramètre DEP DANA Facteur d’accélération
Temps de contact 1 jour ~ 0.15 mm ~ 1.5 mm × 10 sur l’épaisseur dégradée
Epaisseur dégradée équivalente pour 1.5 mm 100 jours 1 jour × 100 sur le temps
36
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Figure I.12. Schéma expliquant la détérioration de bétons par réactions chimiques [67].
I.6.3.1. Origine de sulfates
Les sources des sulfates sont très variées. Ceux-ci se trouvent généralement dans tous
les sols, les eaux souterraines et les eaux de mer comme ils peuvent aussi venir d'une
pollution industrielle. L'attaque sulfatée des matériaux cimentaires est provoquée soit par
contact avec ces milieux, soit par la présence de sulfates dans les constituants (agrégats)
formant la matrice cimentaire. Les sulfates présents dans les sols sont essentiellement des
sulfates associés aux alcalins (sulfate de sodium, potassium, calcium et magnésium). Aux
faibles concentrations, ils ne sont pas dangereux pour les matériaux cimentaires. Cependant,
les teneurs peuvent parfois atteindre et/ou dépasser 5% dans certains cas (sol très riche en
sulfate, où des sols argileux ou alluvionnaires sont riches en gypse) et devient un vrai
problème menaçant la leurs durabilités. La teneur en sulfates dépend également des trois
facteurs : l'évaporation à la surface, la vitesse d'infiltration des eaux et la ventilation du sol
[68].
Les concentrations, en ions sulfates, dues à la pollution des eaux souterraines peuvent
atteindre, dans un environnement industriel, 7000 mg/L, alors que les teneurs dans les
conditions naturelles varient habituellement de 30-400 mg/L. Dans le cas particulier de
37
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
stockage en surface des déchets radioactifs de faible et moyenne activité, les déchets enrobés
peuvent constituer une source de sulfates éventuellement lixiviable [68].
I.6.3.2. Aspects généraux de l’attaque sulfatique externe
L’attaque par les sulfates des matériaux cimentaires provient principalement de
l'extérieur, mais elle peut également se produire par un mécanisme interne appelée « la
formation de l'ettringite différée (DEF) » [69]. La présence des sulfates dans le mélange de
ciment est considérée comme le cas de l'attaque interne et la mise en contact du béton avec les
environnements chargé en sulfates (eau de mer, eaux souterraines sulfatées, sols...) comme le
cas de l'attaque externe.
Beaucoup de matériaux cimentaires sont en contact avec de grandes quantités de
sulfates, mais sans problèmes significatifs, lorsqu'ils sont faits avec des ciments appropriés et
avec de bonnes qualités, telles que la compacité et la faible perméabilité.
Pour analyser le comportement des matériaux cimentaires qui sont en contact avec des
teneurs élevées en sulfate, il est nécessaire de prendre en compte les différentes questions
telles que l'absorption de sulfate dans la solution, la diffusion des sulfates dans la structure des
pores et la nature et les conséquences de la réaction chimique entre les sulfates et les produits
d'hydratation.
La principale conséquence d’attaque des sulfates est la réaction d'ions sulfate avec des
produits d'hydratation du ciment pour former du gypse et ettringite secondaires, la phase U,
ou, en général, la modification de la structure des C-S-H. Cette dernière réaction conduit à la
destruction du produit d'hydratation, qui constitue l'épine dorsale de la pâte de ciment et
forme le liant du béton. Cependant, dans les ciments et bétons contenant une source de
carbonate, la formation du thaumasite peut être observée [70].
La Lixiviation simple couplée à une attaque aux sulfates est l’une des principales
agressions extérieures pour les ouvrages de stockage en béton des déchets ultimes et
radioactifs, pour limiter le caractère polluant qui menace les êtres humains et
l’environnement. C’est la raison pour laquelle de nombreuses études sont effectuées,
notamment pour étudier la durabilité (limiter les damages au niveau des matériaux contenant
ces déchets dangereux) et pour déterminer le comportement à long terme des matériaux
cimentaires en milieu agressif saturé en sulfates [71-80].
Expansion résultant de la formation de phases sulfatées provoque généralement des
contraintes de traction à développer dans le béton. Lorsque ces contraintes dépassent la
résistance de traction du béton, le béton commence à se fissurer. Ces fissures permettent la
38
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
pénétration facile pour plus de sulfates et la détérioration s’accélère. Les sulfates causent
également la désintégration chimique de certains des produits d'hydratation du ciment.
Pour mieux comprendre le phénomène d’expansion, nous présenterons dans ce qui suit
les procédés de formation des phases sulfatés responsables de ce phénomène.
I.6.3.3. Procédés de formation des phases sulfatées responsables de l’expansion
Plusieurs conditions expérimentales ont été utilisées pour étudier la résistance des
matériaux cimentaires exposés à des solutions externes (K2SO4, Na2SO4, H2SO4, MgSO4 et
(NH4)2SO4) de forte concentration en sulfates 5% (SO42-). K, Na, Mg et NH4 sont des types
communs de cations qui existent dans l'eau et le sol où des structures en béton service. Dans
les investigations précédentes, quelques efforts ont été faits pour comprendre les mécanismes
et le processus de détérioration du béton dans des solutions de sulfate avec des cations de Na+
et de Mg2+. Dans les cas des solutions de Na2SO4, l'attaque de sulfate commence par la
dissolution de la portlandite Ca(OH)2 qui réagit avec les ions de sulfates provenant du Na2SO4
pour former le gypse. Le gypse nouvellement formé réagit avec une partie des
monosulfoaluminates de ciment pour donner la naissance de l'ettringite secondaire [81]. La
réaction R.I.11 montre une manière possible de formation d'ettringite à partir de
monosulfoaluminate avec la participation de la portlandite pendant l'attaque des sulfates:
CH + C4 ASH12 + 2 SO42− + 2OH → C6 AS3 H 32 + 4OH − R.I.11
39
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
Figure I.13. Schéma de l'attaque sulfatique à partir de la surface extérieure à l'intérieur [86].
Il a été observé que la phase d'aluminoferrite tetracalcique (C4AF) semble être moins
importante en ce qui concerne la formation de l’ettringite secondaire pendant l'attaque sulfatée
due à sa faible cinétique de réaction [1, 87]. La phase de "C4AF" est très hétérogène en ce qui
concerne le contenu d'Al et de Fe. Certaines quantités d'Al ont pu se dissoudre et réagir avec
des ions de sulfate pour former l'ettringite secondaire. L’étude sur la phase pure de C4AF par
Neubauer et Götz-Neunhoeffer [88] a montré qu'avec l'augmentation du rapport Al/Fe la
réactivité de la phase d'alumine-ferrite augmente. La formation de l’ettringite secondaire par
C4AF en présence de gypse est montrée dans la réaction R.I.12.
C 4 AF + 2(CaSO4 .2 H 2 O ) + xH 2 O → 3(CaO )3 . Al2 O3 .3CaSO4 .32 H 2O + 2[( A, F ) H 3 ] R.I.12
D’après Tixier et Mobasher [89], l’aluminate tetracalcique hydraté (C4AH13) qui peut
être formé après l’épuisement du gypse régulateur de prise est considéré comme une source
de formation de l’ettringite secondaire. La réaction R.I.13 décrit ce phénomène :
4CaO3 . Al2 O3 .13 H 2 O + 12(CaSO4 .2 H 2 O ) + 13 H 2 O → Ca (OH ) 2 + CaO. Al2 O3 .3CaSO4 .31 − 32 H 2 O R.I.13
Dans le cas des hautes températures avec une concentration élevée des sulfates dans la
solution interstitielle il est possible que la phase U (4CaO-0.9Al2O3-1.1SO3-0.5Na2O-16H2O)
soit formée au lieu de l'ettringite. Des essais expérimentaux réalisés par Moranville et Li [90]
ont montré la formation de la phase U dans des échantillons de béton émergés dans une
solution de NaOH 1M à une température de 80°C. La détérioration du béton peut résulter à la
formation excessive de la phase U ou par sa transformation à l'ettringite. En plus de la
formation de l’éttringite secondaire, la formation du gypse secondaire peut jouer un rôle très
important dans la dégradation des matériaux cimentaires lorsque la concentration des sulfates
est très élevée (exemple : Na2SO4 ≥ 24g SO42-/L) [91]. Chatterji [Cité par Bensted et Barnes,
92] suppose que la formation de gypse secondaire en milieu sursaturé en ions SO42- et Ca2+
peut provoquer l'expansion, la pression engendrée par la croissance des cristaux de gypse est
fonction du niveau de sursaturation. Ce processus de cristallisation du gypse fait éclater
essentiellement le béton à la surface. Par contre, suivant la théorie de Mehta [67], le gypse
n'est qu'un élément modificateur de l'équilibre dans la solution interstitielle, il favorise le
40
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
gonflement de l'ettringite. Il a été reporté que la quantité de gypse secondaire précipitée soit
liée à la quantité de la portlandite formée. L’équation R.I.14 décrit la transformation de la
portlandite en gypse secondaire :
Ca (OH ) 2 + Na2 SO4 + 2 H 2O → CaSO4 .2 H 2O + 2 Na 2 + + 2OH − R.I.14
Monteiro et Kurtis [93] déclarent que les ciments contenant une faible quantité d’alite
sont plus résistants aux attaques sulfatées qu’un ciment avec une teneur élevée en alite.
La réduction des phénomènes d’expansions peut être assurée par :
- Réduction de la quantité de C3A dans les ciments. Selon la norme CEN 197-1 [1], un
ciment est résistant aux attaques sulfatées si la teneur en C3A est inférieure à 3% et la
teneur en Al2O3 est inférieure à 5% ;
- Réduire le rapport Eau/Ciment pour diminuer la perméabilité (porosité) des agents
agressifs vers l’intérieur ce qui diminue la détérioration des matériaux cimentaires
[94] ;
- Réduction du taux d'hydroxyde de calcium (portlandite) libre dans la matrice, ce qui
réduit la quantité du calcium disponible pour le lessivage, pour la formation
d'ettringite et également la formation de gypse lorsque la matrice est exposée à des
solutions concentrées en sulfates.
I.7. CONCLUSION
Dans cette étude bibliographique, nous avons présenté et analysé les phénomènes de
lixiviation des matériaux cimentaires ainsi que les différentes conditions d’essai permettant la
détérioration de ces matériaux. Les différentes conditions d’essai employées par les
chercheurs à travers le monde nous ont éclairés sur les mécanismes de dégradation et leurs
conséquences sur les propriétés des matériaux cimentaires lorsqu’ils sont en contact avec une
solution agressive.
La détérioration des matériaux cimentaires par lixiviation est liée aux phénomènes
suivants:
1. La décalcification des différentes phases de ciment hydraté (Portlandite, ettringite,
monosulfoaluminate et les silicates de calcium hydraté C-S-H) ;
2. La précipitation des produits expansifs (ettringite secondaire, gypse secondaire, phase
U et la thaumasite).
La décalcification des différentes phases de ciment hydraté et/ou la précipitation des
produits expansifs conduisent à l’augmentation de la porosité, une chute du module
41
Chapitre I. Etude bibliographique sur les phénomènes de dégradation et de lixiviation des matériaux cimentaires
42
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48
CHAPITRE II.
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES DECHETS ET
LEURS TECHNIQUES DE TRAITEMENT
CHAPITRE II.
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES DECHETS ET LEURS TECHNIQUES DE
TRAITEMENT
L’objectif de ce deuxième chapitre est multiple. En premier lieu, nous allons définir ce
qu’est un déchet, les catégories des déchets et les principaux procédés utilisés pour le
traitement des déchets ultimes dangereux. En second lieu, nous exposerons une revue
bibliographique sur : les travaux de recherches consacrés au confinement des polluants
inorganiques par le procédé de Stabilisation/Solidification à base de liants hydrauliques ainsi
que les mécanismes de piégeage des polluants toxiques et leurs interactions avec les phases
de ciment hydraté. Enfin, nous décrirons les essais de lixiviation permettant l’évaluation du
procédé de Stabilisation/Solidification et nous nous attacherons plus particulièrement à
décrire la cinétique de relargage des métaux lourds afin de prédire le comportement des
matériaux cimentaires stabilisés/solidifiés à long terme.
50
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
51
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
52
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
Dans notre étude nous intéresserons aux déchets ultimes dangereux. Un déchet ultime
est un résidu qui n'est plus susceptible d'être traité dans les conditions techniques et
économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de
son caractère polluant ou dangereux. Ces déchets ultimes doivent donc être stockés de
manière définitive ou jusqu’à la mise au point de nouveaux procédés permettant de les
valoriser de manière rentable [2].
53
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
54
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
- Comme toute matière organique, le bitume peut être sensible à l’oxydation, à certaines
agressions microbiologiques et sa présence dans un centre de stockage présenterait un
risque grave en cas d’incendie ;
- L’élimination de l’eau contenue dans les déchets est nécessaire avant ou pendant leur
incorporation dans le bitume chaud, avant refroidissement et durcissement ;
- Les températures requises pour la fluidisation du bitume peuvent rendre nécessaire un
traitement des gaz et fumées ;
- La quantité de bitume nécessaire pour un bon enrobage des déchets peut être
importante et entraîner une augmentation du volume de matériau à éliminer ;
- Le devenir à long terme des enrobés de bitume est difficile à prévoir : le matériau
composite constitué d’une gangue organique contenant des inclusions minérales
solubles peut connaître des évolutions déstructurantes, sous l’action de l’eau ou dans
le cas de processus thermiques ou oxydants.
II.3.2.2. Enrobage à l’aide de matériaux thermoplastiques
Les matériaux thermoplastiques sont des composés macromoléculaires qui ont la
propriété de devenir pâteux et relativement fluides lorsque l’on élève la température. Comme
pour les bitumes, ils retrouvent un état solide si la température s’abaisse. Ils peuvent alors
avoir des qualités d’enrobage et permettre le confinement de déchets granulaires. Le
polyéthylène, le polypropylène et le polychlorure de vinyle sont des matériaux
thermoplastiques courants mais dont le coût reste prohibitif pour l’enrobage de déchets. De
plus, les différents plastiques ne sont pas toujours compatibles quand il s’agit de les mélanger
pour les refondre. Cette voie a été explorée par la société OTVD (Les techniques de
stabilisation des déchets industriels spéciaux [9], le principe du traitement consiste à récupérer
des matières plastiques provenant du tri sélectif d’ordures ménagères et de les utiliser pour
l’enrobage des REFIOM en vue de leur élimination. On peut même envisager la valorisation
des matériaux obtenus en fabriquant des profilés en plastique provenant des collectes
sélectives d’ordures ménagères dans lesquels les REFIOM sont mélanges dans des
proportions 1/1. Le mélange est malaxé à chaud puis extrudé et profilé. Les qualités
mécaniques des matériaux peuvent s’avérer satisfaisantes mais leur comportement à long
terme est incertain et la valorisation d’objets contenant les REFIOM enrobés reste peu
crédible.
II.3.3. Vitrification [10-11]
Depuis les débuts de la filière électronucléaire française, la vitrification a été
développée pour le confinement à long terme de déchets radioactifs issus du retraitement du
55
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
combustible usé. En fin de cycle, il s’agit alors de traiter des déchets ayant une forte charge
radioactive et la solidification a pour objectif d’obtenir une forme solide sûre pour le
confinement à long terme, comme le stockage géologique, par exemple. Les conditions
technico-économiques et les exigences de sécurité sont particulières au cas des déchets
radioactifs. Il n’y a, dans ce cas, pas d’alternative pour la gestion à long terme des déchets
résultant du retraitement des combustibles usés. La vitrification intervient en bout de chaîne
de traitement et s’applique à des solutions concentrées de produits de fission, qui sont séchées
puis calcinées. On obtient alors, par fusion, des vitrifiats qui permettent de satisfaire aux
exigences de sûreté posés par le stockage à long terme. Actuellement, environ 99 % des
émetteurs α et 90 % des émetteurs β et γ sont vitrifiés.
La vitrification de déchets consiste donc à obtenir une matrice vitreuse où les polluants
sont parfaitement fixés dans un matériau non poreux. Le « verre » est obtenu par fusion à
haute température du déchet lui-même et d’éventuels ajouts complémentaires. Des
transformations physico-chimiques du déchet causées par les conditions du processus
(température, temps de séjour, ajouts, etc.) et ses propriétés (densité, composition, etc.) sont
possibles. Les conditions de réalisation de la fonte peuvent amener un transfert de pollution en
phase gazeuse (en vol de particules, évaporation, etc.), ce qui nécessitera le contrôle et le
traitement des gaz issus du four. La matrice vitreuse (magma du mélange) en fusion doit être
refroidie par un moyen adéquat permettant de figer l’état vitreux et pour obtenir un produit
homogène de type vitreux appelé vitrifiât (Figure II.1).
Figure II.1. Aspect d’un déchet toxique (REFIOM) avant et après la vitrification [11].
56
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
Les déchets dangereux toxiques sont piégés dans les produits formés. Les matériaux
obtenus sont compacts, imperméables, ont de bonnes résistances mécaniques et peuvent être
réutilisés dans la fabrication de fibres ou de mousses de verre par exemple. Bien que très
efficace, ce procédé est très onéreux. Il ne peut être rentable que si les verres formés sont
valorisés.
II.3.4. Stabilisation/Solidification à base de liants hydrauliques
La Stabilisation/Solidification (S/S) par les liants hydrauliques a été utilisé pour traiter
les déchets nucléaires dans les années 1950 [7], puis elle a été largement appliquée aux
déchets dangereux au début des années 1970 [6]. Les principes scientifiques de la technologie
de stabilisation/solidification à l’aide des liants hydrauliques ont été introduits par Pojasek
[12]. La technique de S/S a été identifiée par l’EPA des Etats-Unis comme la meilleure
technologie disponible pour 57 types de déchets dangereux réglementés [13] et elle est l'une
des technologies les plus couramment appliqués sur les sites superfund1 aux États-Unis, elle
est appliquée sur 24% des sites entre 1982 et 2002 [14]. Barth et al. [15] ont montré que
l'utilisation de ciment et/ou des matériaux pouzzolaniques comme liants dans la stabilisation
des déchets contenants des polluants a été efficace pour réduire le lessivage et le danger de
ces polluants.
La simplicité de la mise en œuvre de ce procédé, la disponibilité des liants
hydrauliques (ciment), son faible coût (tableau II.1), une résistance mécanique élevée, la
capacité de rétention chimique des polluants à l’intérieur des phases (tableau II.2), une faible
perméabilité et une durabilité relativement élevée ont rendu cette technique fiable pour la
gestion des déchets ultimes.
Tableau II.1. Coûts moyens de traitement des déchets industriels spéciaux (en €/tonne) [16].
Traitement Coût moyen Hors Taxes en €/t
Neutralisation, précipitation, décantation 185 €
Régénération de résines 2185 €
Déshydratation mécanique des boues 160 €
Solidification/Stabilisation par les liants hydrauliques 170 €
Vitrification [2] 250 à 2500 €
Reconditionnement et enfouissement profond (après traitement) 50 € pour les autres traitements par contre
200 à 500 € pour la vitrification
1
Un endroit non contrôlé ou abandonné où des déchets dangereux sont entreposés.
57
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
Tableau II.2. Récapitulatif des différentes méthodes de gestion des déchets ultimes [17].
Limite de la
Stabilité Stabilité
Méthodes circulation
Chimique physique
d'eau
Voie électrolytique : régénération des bains
de traitement acides, alcalins, chromiques et Oui Non Non concerné
cyanurés
Traitement physico-chimiques de bains et
boues : déchromatation, décyanuration,
Déchets Oui Non Non concerné
neutralisation, fixation de boues minérales et
ultimes déshydratation.
dangereux
Incinération : les déchets liquides sont
(boues
incinérés, ils sont valorisés en énergie Oui Non Non concerné
industrielles
lorsque l'installation le permet
d'hydroxydes)
Ajout de chaux pour ajuster le pH de la
Oui Non Non concerné
solution et précipiter les métaux
Vitrification Oui Oui Oui
Stabilisation/solidification à base de liants
Oui Oui Oui
hydrauliques (généralement le ciment)
58
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
59
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
- L’adsorption ; Les C-S-H présentent effectivement une grande surface spécifique et,
en milieu basique, des charges négatives superficielles non compensées, ces derniers
favorisent l’adsorption des composés exogènes à la surface des hydrates et surtout à la
surface des C-S-H ;
- L’intégration dans les hydrates ; Au cours de l’hydratation les polluants, en solution,
peuvent être incorporés en tant qu’impuretés dans le réseau cristallin des hydrates.
Tous les hydrates peuvent intégrer des particules par substitution, de l’aluminium ou
du calcium dans tous les cas, des sulfates pour les monosulfates et l’ettringite, du fer et
du silicium pour le C-S-H. Toutes les réactions possibles sont consignées dans le
tableau II.4 [32-33] ;
- Piégeage mécanique ; Des contaminants métalliques peuvent agir comme centre de
nucléation et rester piégés dans les hydrates ainsi formés [34].
Tableau II.4. Intégration cristallochimique des polluants toxiques dans la phase cristalline du
ciment.
Mode d’intégration Exemple
Substitution du calcium Sr, Ba, Pb
Substitution de l’hydroxyde F-, Cl-, Br-, I-
Substitution du SO42- IO3-, CrO42-, SeO42-, etc.
Substitution de Fe, Al Mn3+, Cr3+, etc.
60
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
dans l’ettringite pour former une phase Arsenic-ettringite [39]. Les ions, As3+, peuvent
être adsorbés de manière significative par les C-S-H (CaO-SiO2-As2O3-H2O); cette
capacité d’adsorption diminue quand le ratio Ca/Si augmente [40].
• Cadmium (Cd) ; Son degré d’oxydation est +2 et il peut se substituer au calcium dans
les hydrates. Au cours de l’hydratation, il peut se retrouver sous forme d’hydroxyde
(Cd(OH)2) qui a une très faible solubilité en milieu alcalin [41] ou sous la forme
CaCd(OH)4 [42]. Cd(OH)2 peut servir de centre de nucléation pour les C-S-H. De
manière générale, les ciments et les agents pouzzolaniques sont efficaces pour
stabiliser le cadmium [43] mais pas le laitier [44]. La présence de cadmium augmente
la formation d’ettringite [45-46].
• Chrome (Cr) ; On le trouve sous les formes +3 et +6, la forme +6 étant la plus toxique
pour l’environnement. Son rôle sur la prise du ciment est encore mal cerné (des fois il
retarde la prise et des fois il accélère la prise de ciment) [47-48]. Le chrome peut se
substituer à l’aluminium, au calcium ou à la silice dans les hydrates ; dans les C-S-H,
CrO45- il peut se substituer à SiO44- [49]. Au cours de l’hydratation, le Cr3+ est oxydé
en CrVI+ [50]. Pour stabiliser le chrome avec du ciment Portland, il faut donc utiliser
des agents réducteurs pour favoriser la forme +3, la forme +VI n’étant pas stabilisée
avec du ciment Portland [51-52]. La présence de chrome augmente la formation
d’ettringite [41, 52].
• Cuivre (Cu) ; Le cuivre a un effet retardateur sur l’hydratation du ciment. Les phases
Cu(OH)2 et CuSiO3.H2O sont produites pendant l’hydratation [53].
• Mercure (Hg) ; C’est le métal lourd le plus dangereux. On peut le retrouver sous sa
forme HgO [53]. Il a été observé que sa présence est souvent accompagnée de
carbonates (de calcium et autres), qui se forment avec le dioxyde de carbone
atmosphérique, ce qui peut affecter la structure cimentaire [42]. Le mercure est
efficacement immobilisé par un ciment enrichi en sulfate.
• Plomb (Pb) ; Il est présent sous les degrés d’oxydation +2 et +4. Il peut se substituer
au calcium dans les hydrates. Le plomb retarde l’hydratation des ciments, car il
précipite sous forme, très peu soluble, de sulfate ou de carbonate sur la surface des
silicates de calcium et d’aluminium [42, 54]. Cela forme une couche imperméable, qui
gêne la diffusion de l’eau et par conséquent, l’hydratation et engendre la diminution de
la résistance mécanique. On le retrouve aussi sous les formes PbO ou Pb(OH)2 grâce à
la solution basique présente pendant l’hydratation. Il peut également être présent sous
61
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
la forme de l’ion complexe Pb(OH)3-, qui forme des sels plus solubles que PbO ou
Pb(OH)2 [55]. Dans des environnements très basiques, il peut se former des ions
complexes pouvant contenir jusqu’à six atomes de Pb (par exemple [Pb6O(OH)6]4+)
[42].
• Nickel (Ni) ; le nickel est un métal lourd toxique qui cause des maladies respiratoires
et du cancer, son état d’oxydation est 2+. Les études menées sur le nickel montrent
que la présence de ce dernier pendant l’hydratation du ciment conduit à une
accélération de l’hydratation du ciment. Il a été observé que l’augmentation de la
quantité du nickel dans les matrices cimentaires engendre une augmentation de la
résistance en compression aux jeunes âges [56].
• Zinc (Zn) ; Le zinc (degré d’oxydation +2) est un métal amphotère. ZnO ralentit
fortement l’hydratation du ciment et Zn2+ retarde la formation de la portlandite au
début de l’hydratation [53]. Il peut se substituer au calcium dans les hydrates. La
présence de Zinc diminue la perméabilité du ciment, probablement en favorisant la
formation d’ettringite [41]. Dans des conditions très basiques, on peut retrouver les
hydroxydes complexes Zn(OH)42- et Zn(OH)3-, qui ne peuvent alors pas être adsorbés
sur les C-S-H [42]. D’autres études mettent en évidence le fait que, dans les C-S-H, le
zinc ne semble pas se substituer au calcium mais plutôt être incorporé dans les espaces
inter foliaires [57-58].
dans les conditions d’un scénario d’utilisation ou d’élimination. Elle consiste à identifier et à
déterminer l’influence de paramètres chimiques, physiques, géotechniques, mécaniques sur le
relargage des espèces d’en fixer les seuils. Les essais de lixiviation à réaliser pour l’évaluation
environnementale sont choisis en fonction de l’objectif de l’étude (type de déchet et scénario),
tout en tenant compte du problème et de la solution recherchée. La norme comporte une étape
de modélisation du comportement à la lixiviation, afin de prédire le relargage des espèces
toxiques à long terme dans le scénario étudié.
II.5.1. Eco-compatibilité (Scénario de stockage) [2]
Les conditions de stockage et/ou de valorisation des déchets sont aujourd’hui encore
désignées sur des bases réglementaires et techniques reposant sur la mise en place de la
meilleure technologie disponible économiquement acceptable. L’impact sur les milieux
d’accueil sollicités n’est que très peu pris en compte. Travailler dans une logique d’impact
consisterait à fonder les réglementations sur des outils fiables de mesure et d’évaluation des
impacts réels des déchets sur la santé et l’environnement. L’écocompatibilité des déchets peut
être définie comme une situation où les flux de polluants émis par les déchets placés dans un
certain contexte physique, hydrogéologique et biophysico-chimique sont compatibles avec la
qualité et le développement des écosystèmes et des milieux récepteurs concernés.
L’évaluation de l’éco-compatibilité nécessite la prise en compte de trois termes
majeurs à savoir:
1. L’émission de flux polluants par le dépôt de déchets (ou l’ouvrage constitué à base de
celui-ci), encore appelé « terme source ». Ce terme est lui-même en fonction du
potentiel polluant intrinsèque des déchets (appelé « terme A ») et du mode de
disposition de ces déchets dans l’environnement (appelé « terme B » ou « terme
enveloppe ») ;
2. Le transport des flux de polluants de la sortie de l’enveloppe jusqu’aux milieux
récepteurs, appelé « terme T » ;
3. Le niveau d’acceptation des flux de polluants par les milieux récepteurs, appelé «
terme C ».
Nous avons vu que l’eau est considérée comme le vecteur principal de dégradation des
déchets S/S et de transport des polluants du terme A vers les milieux récepteurs. Le travail
s’appuie donc principalement sur les essais de lixiviation. Donc, il est indispensable de définir
le scénario et de décrire les paramètres qui influences le relargage des espèces toxiques à
partir du déchet considéré (dimensions du bloc, surface de contact, période intéressé de
stockage, la fraction maximale lixiviable, température, nature de lixiviant et son pH …etc.)
63
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
64
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
65
Chapitre II. Etude bibliographique sur les déchets et leurs techniques de traitement
pour permettre une analyse approfondie des phénomènes contrôlant le relargage des espèces
polluantes sur le long terme et afin de juger de l’admissibilité des déchets ultimes
stabilisés/solidifiés dans les centres de stockage.
Cette partie bibliographique a permis la mise en place d’un ensemble de tests existants
qui serviront de base à notre étude.
66
II.7. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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71
CHAPITRE III.
MATERIAUX, FORMULATIONS, PROTOCOLES
EXPERIMENTAUX ET MODELISATION
CHAPITRE III.
MATERIAUX, FORMULATIONS, PROTOCOLES EXPERIMENTAUX ET
MODELISATION
1
Unité de BCR de Bordj Menaïel -Algérie : Unité de Boulonnerie, Coutellerie, Robinetterie et évier.
73
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
74
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
75
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
contenant 80 ml de pâte. On dit qu’il y a début de prise lorsque l’aiguille n’est plus capable de
transpercer la totalité de la pâte, mais s’arrête à 4 ± 1 mm du fond du moule. Le temps de fin
de prise est le temps au bout duquel l’aiguille ne s’enfonce que de 0,5 mm dans l’éprouvette.
Trois essais simultanés à l’aiguille Vicat ont été réalisés sur chaque pâte de ciment étudiée.
Figure III.2. Presse hydraulique de type Controls pour l’écrasement des éprouvettes.
76
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
77
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
78
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
Figure III.6. Schéma d’un diffractomètre expliquant le principe d’analyse par l’infrarouge.
Le faisceau infrarouge provenant de la source « A » est dirigé vers l’interféromètre de
Michelson qui va moduler chaque longueur d'onde du faisceau à une fréquence différente.
Dans l’interféromètre le faisceau lumineux arrive sur la séparatrice. La moitié du faisceau est
alors dirigée sur le miroir fixe, le reste passe à travers la séparatrice et est dirigé sur le miroir
mobile. Quand les deux faisceaux se recombinent, des interférences destructives ou
constructives apparaissent en fonction de la position du miroir mobile. Le faisceau modulé est
80
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
alors réfléchi des deux miroirs vers l’échantillon, où des absorptions interviennent. Le
faisceau arrive ensuite sur le détecteur pour être transformé en signal électrique.
Le signal du détecteur apparaît comme un interférogramme, c’est à dire une signature
de l’intensité en fonction de la position du miroir. L’interférogramme est la somme de toutes
les fréquences du faisceau. Cet interférogramme est ensuite converti en un spectre infrarouge
par une opération mathématique appelée transformée de Fourier puis traité avec le logiciel
« IRsolution ».
III.2.4.3. Microanalyse X couplée au microscope électronique à balayage (MEB-EDX)
La topographie et la morphologie des échantillons de déchets bruts et de déchets
solidifiés ont été observées à l’aide d'un microscope à balayage environnementale couplé à
l’EDX (MEB-EDX) de type PHILIPS F.E.I. Quanta 200. Cette technique de microscopie
électronique se base sur le principe des interactions électrons-matière [12] (Figure III. 7) pour
de produire des images en haute résolution de la surface d’un échantillon.
81
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
Lors d’une analyse MEB-EDX, le détecteur EDX reçoit les photons émis par la
matière suite à l’excitation électronique, et les trie suivant leur énergie. Chaque valeur
d’énergie étant caractéristique d’un niveau d’énergie d’un élément chimique. A la fin de
l’analyse, nous obtenons un spectre EDX, où apparaissent des pics d'intensité variable,
caractéristiques des éléments métalliques ou minéraux en présence
Cette technique permet donc d’obtenir simultanément des informations
morphologiques (images) et chimiques (composition élémentaire) d’un échantillon.
III.2.4.4. Analyse thermogravimétrique ATG
L’ATG est une technique d'analyse thermique qui consiste en la mesure de la variation
de masse d'un échantillon exposé à un régime de montée en température dans une atmosphère
contrôlée [13]. Dans notre cas, cette technique d’analyse est utilisée pour étudier l’influence
de l’ajout des déchets sur la quantité des phases formées lors l’hydratation et sur le degré
d’hydratation des matériaux d’études.
L’appareil utilisé dans notre étude de marque SETARAM de type TG-DTA 92. Il se
compose d'une enceinte étanche permettant de contrôler l'atmosphère de l'échantillon, d'un
four permettant de gérer la température, d'une microbalance, d'un thermocouple pour mesurer
la température et d'un ordinateur permettant d'enregistrer les données (Figure III.8).
82
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
La microbalance est normalement sous atmosphère inerte (dans notre cas c’est de
l’argon); ce gaz constitue un « couvercle » empêchant le gaz réactif de pénétrer dans
l'enceinte du module de pesée, et le gaz doit être moins dense que le gaz réactif. L'appareil
dispose d'un système de refroidissement, habituellement à circulation d'eau, afin de limiter les
parties chaudes.
Lors de l’essai, l’échantillon à analyser est placé dans le four, la température est
augmentée de l’ambiante à une température de 1200°C avec une vitesse de chauffe de
10°C/min qui reste constante sur tout le long de l’essai. À la fin de l’essai, nous obtenons une
courbe donnant la perte de masse en fonction de la température de l’échantillon.
Le degré d’hydratation α (t) du ciment se calcule alors à partir de l’équation Eq.III.5
[14-15] :
mel (t )
α (t ) = × 100 Eq.III.5
Wel (∞ ) × mc
Où:
mel (t ) = ∆m145°C →1100° C (t ) − ∆m600° C →800° C (t ) + md ,145°C →1100°C (t ) − mc × PAF Eq.III.6
méchantillon
mc =
S E Eq.III.7
(1 + + ) × (1 + PAF )
C C
Avec :
- mel (t) : la masse d’eau liée au ciment à l’instant « t » [kg] ;
- ∆m145°C 1100°C (t) est la perte de masse de l’échantillon entre 145°C et 1100°C [kg] ;
- ∆m600°C 800°C (t) est la perte de masse de l’échantillon entre 600°C et 800°C [kg] ;
- md, 145°C 1100°C (t) est la dérive de l’appareil entre 145°C et 1100°C [kg] ;
- mc est la masse de ciment anhydre introduite dans l’échantillon [kg] ;
- PAF est la perte au feu du ciment [%] ;
- méchantillon est la masse initiale de l’échantillon [kg] ;
- E/C est le rapport massique Eau/Ciment ;
- S/C : le rapport massique Sable/Ciment.
- Wel(∞) est la quantité d’eau nécessaire à l’hydratation complète du ciment [%]. Cette
quantité d’eau est estimée suivant la composition du ciment par la formule de Bogue
[16] dont les détails de sa détermination sont donnés en annexe B.
La teneur massique en portlandite Ca(OH)2 (en g/g de ciment) présente dans la pâte de
ciment est calculée à partir de l’expression mathématique Eq.III.8 [14-15] :
83
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
Avec :
- ∆m400°C 600°C (t) est la perte de masse de l’échantillon entre 145°C et 1100°C [kg] ;
- md, 145°C 1100°C (t) est la dérive de l’appareil entre 145°C et 1100°C [kg] ;
- MCa(OH)2 est la masse molaire de la portlandite [kg/mol] ;
- MH2O est la masse molaire de l’eau [kg/mol].
III.2.4.5. Mesure de la surface spécifique et de la taille des pores par la méthode BET
Brunauer-Emmett-Teller
Les mesures de sorption associées à la théorie de l’adsorption BET permettent de
déterminer la surface spécifique, la distribution de tailles de pore à partir des isothermes de
désorption et de tracer une isotherme de sorption des échantillons. La surface spécifique, SBET
représente le rapport entre la surface et la masse d’un solide. Les matériaux étudiés sont
analysés par un appareil Micromeritics modèle Flowsorb 2300.
L’essai consiste à la mise en place d’un solide dans un volume fermé, avec une
certaine pression de gaz, ou on observe une augmentation de la masse du solide accompagnée
d’une diminution de la pression du gaz. Cette augmentation de masse, qui est proportionnelle
à la quantité de gaz adsorbée, dépend de la température T, de la pression du gaz P et de la
nature chimique du couple solide/gaz. Lors de l’essai, la quantité d’adsorbat retenue à la
surface du solide s’équilibre en fonction de la pression du gaz (activité dans la phase
gazeuse).
La représentation de l’ensemble des états d’équilibre correspondant à des pressions
comprises entre 0 et la pression de vapeur saturante (notée P0) est appelée isotherme de
sorption. Cette courbe est caractéristique du couple adsorbant/adsorbable étudié.
Avant de commencer les analyses, les échantillons sont dégazés à 200°C pendant 1
heure puis pesés. Les mesures sont généralement réalisées avec de l’azote qui joue le rôle de
l’adsorbable, à sa température normale de liquéfaction. L’activité dans la phase gazeuse
exprimée en grammes ou mol d’adsorbant par unité de masse de solide adsorbant est
représentée en fonction de la pression relative de l’adsorbable P/P0.
L’interprétation des isothermes d’adsorption-désorption par la méthode BET permet
d’extraire la distribution de tailles de pore et le rayon moyen des pores de l’échantillon [16-
17]. On considère que la branche désorption est plus représentative de l’équilibre qui existe
84
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
entre l’azote gazeux et condensé dans les pores. Dans le cas où l’on considère que les pores
sont cylindriques, la valeur moyenne du rayon mésoporeux est donnée par la relation Eq.III.9.
2Vp
rp = Eq.III.9
a
Avec :
- Vp : volume poreux spécifique évalué à partir du palier de saturation en considérant
que le diazote adsorbé dans les mésopores est à l’état liquide ;
- a : aire spécifique BET.
La surface spécifique est obtenue en divisant la surface de l’échantillon déterminée à
partir de la quantité de gaz qu’il adsorbe sur la masse, selon l’expression mathématique
suivante (Eq.III.10) :
Surface dévloppée par la poudre
S BET = Eq.III.10
Masse dela poudre
Pour des particules sphériques de rayon R et de densité ρ, la valeur de SBET peut-être
reliée au diamètre équivalent de particules Eq.III.11 [18].
6
R= Eq.III.11
S BET × ρ
85
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
La cellule d’absorption est en fait une flamme générée par la combustion d’acétylène
en présence d’oxygène. L’échantillon à analyser est aspiré par l’appareil et transformé en
aérosol. La flamme atomise ensuite les éléments contenus dans l’aérosol et les place en
travers du faisceau de la lampe à cathode creuse afin de déterminer leurs concentrations.
La lampe à cathode creuse émet le spectre lumineux spécifique à l’élément analysé. La
cathode et l’anode de la lampe sont composées uniquement de l’élément dont le spectre
lumineux doit être produit. Un potentiel électrique est appliqué entre l’anode et la cathode, ce
qui a pour effet d’ioniser le gaz contenu dans la lampe. Les ions de gaz vont ensuite entrer en
collision avec la cathode, ce qui déloge des atomes métallique. Ces atomes vont aussi entrer
en collision avec les ions de gaz ce qui les fait passer à un état d’excitation. Ils retournent
aussitôt à leur état de base ce qui produit l’énergie lumineuse désirée.
N EDTA × VEDTA × 2 × 10 4
Ca 2 + = Eq.III.12
Véchantillon
Avec :
- [Ca2+] : est la concentration du calcium en (mg/L) ;
- NEDTA, VEDTA : sont respectivement la normalité et le volume versé de l’EDTA ;
- Véchantillon : est le volume de la solution à analyser.
III.2.5.3. Dosage des chlorures - Méthode de Mohr [19]
Les chlorures sont dosés en milieu neutre par une solution titrée de nitrate d’argent en
présence de chromate de potassium. La fin de la réaction est indiquée par l’apparition de la
teinte rouge caractéristique du chromate d’argent.
L’essai consiste à introduire 100 ml de la solution à analyser dans une fiole jaugée de
250 ml puis ajouter 1 ml d’indicateur coloré (K2Cr2O7 à 10%). L’ensemble du mélange est
ensuite titré par la solution nitrate d’argent (AgNO3 de 0.1N) jusqu’à apparition d’une teinte
rougeâtre, qui doit persister 1 à 3 minutes. La concentration de chlorures est ensuite calculée
par la formule Eq.III.13.
Cl − = VAgNO3 × 10 × 3.55 Eq.III.13
Avec :
- [Cl-] : est la concentration de chlorures en (mg/L) ;
- VAgNO3 : est le volume de nitrate d’argent nécessaire pour l’apparition de la teinte
rougeâtre (ml).
III.2.6. Tests de lixiviation
III.2.6.1. Test de l’influence du pH (IpH)
Les objectifs principaux de ce test est d’évaluer la disponibilité et la solubilité des
espèces chimiques étudiées en fonction du pH, évaluer la capacité de neutralisation acide
(CNA) des matériaux, leurs pouvoir acido-basique et d’appréhender les résistances
potentielles des matériaux stabilisés/solidifiés aux agressions auxquelles ils sont soumis [20].
Pour le test proprement dit, divers échantillons de matériau broyé, de granulométrie inférieure
à 1 mm, sont mis en contact avec une série de solutions acides ou basiques de concentrations
différentes. L’humidité du matériau est prise en compte pour obtenir un ratio Liquide/Solide
(L/S) de 10 L/kg. La mise en contact d’un échantillon de matériau broyé avec de l’eau
déminéralisée permet d’obtenir le pH naturel du matériau. Le test se déroule sous agitation
mécanique continue (10 retournements par minute pendant 7 jours) à température ambiante
87
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
(23 ± 1°C). Le pH est mesuré au bout de 2 jours (48h), quand l’état stationnaire est considéré
atteint. Un acide nitrique et une base d’hydroxyde de sodium ont été utilisés afin de couvrir
une large gamme de pH (les valeurs de pH en fin de test se situent entre pH = 2 et 13). A la
fin du temps de contact, les solutions de lixiviation sont filtrées par un filtre de porosité de
0.45 µm. La solution est ensuite divisée en deux parties l’une sera utilisée pour l’analyse des
anions et l’autre sera acidifiée à pH = 2 avec de l’acide nitrique concentré (65%) pour
l’analyse des cations et des métaux lourds par la SAAF.
III.2.6.2. Tests de l’eau des pores (EP) et la fraction maximale mobilisable (FMM)
Le test de l’eau de pores et la de fraction maximale mobilisable (EP-FMM) vont
permettre d’appréhender la solution contenue dans les pores de la matrice et d’observer la
solubilité des polluants inorganiques et des espèces chimiques qui leurs solubilités dépendent
de la quantité de phases fortement soluble de la matrice [21]. L’estimation de la composition
initiale du système poreux saturé en eau, sera donc déterminée grâce à l’extrapolation vers le
faible ratio L/S qui est l’équivalent de la capacité d’absorption en eau à 64 jours de lixiviation.
Le test FMM est utilisé pour évaluer la fraction disponible des phases qui leur solubilité est
contrôlée à des ratios L/S plus faibles.
Les deux tests sont exécutés sur des matériaux ayant une granulométrie inférieure à 1
mm. Les matériaux sont mis en contact avec l’eau déminéralisée en respectant les ratios L/S :
2, 5, 10, 50, 100 et 200 [21]. La mise en équilibre est réalisée à température ambiante (23 ±
1°C) pendant 7 jours. Les mélanges matériaux sont soumis à 10 retournements par minute
grâce à un agitateur rotatif. A la fin du temps de contact, les solutions de lixiviation sont
filtrées à l’aide d’un filtre de 0.45 µm. La solution de lixiviation est ensuite divisée en deux
parties l’une sera utilisée pour l’analyse des anions et l’autre sera acidifiée à pH = 2 avec de
l’acide nitrique concentré (65%) pour l’analyse des cations par la SAAF.
III.2.6.3. Test de Lixiviation sur Monolithe (TLM) [21-22]
En ce qui concerne ce test, un bloc monolithique de dimensions connues est mis en
contact avec une solution de lixiviation de volume fixe. Le lixiviant est renouvelé à des durées
de contact choisies de manière à pouvoir déterminer l’intensité et la dynamique de relargage
de certains éléments par l’analyse des lixiviats obtenus (Figure III.10). Les lixiviants utilisés
sont l’eau déminéralisée (cas du milieu neutre) et une solution sulfatée de 5% de Na2SO4
(équivaut à 33,8 g/L de SO42-, soit une concentration de 0,352 mol/L) [23-24].
88
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
89
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
2
t + ti +1
Ti = i Eq.III.14
2
La quantité disponible lixiviable est la quantité d'une espèce qui pourra être solubilisée
et susceptible d'être relarguées dans 1'environnement lors du contact avec le lixiviant jusqu'à
ce que son épuisement soit atteint. Pour les espèces peu solubles, deux approches
expérimentales ont été mises en place pour la détermination de cette quantité à savoir :
- La quantité maximale extraite dans des conditions extrêmes de pH lors du test IpH ;
- La fraction maximale mobilisable lors du test FMM et EP par extrapolation des
courbes vers L/S infini.
Ces quantités exprimées en mg/kg du matériau sec sont converties en raison de leur
utilisation dans les simulations sous forme de concentration en mmol/L de l’eau des pores,
nommées S0 selon la formule Eq.III.15 [21, 25] :
Qmax_ ext × ρ
S0 = Eq.III.15
M a × P × 1000
Où :
- Q max_ext : Quantité maximale extraite d’espèce chimique (mg/kg) ;
- ρ : Masse volumique d’espèce chimique en (kg/m3) ;
- P : Porosité du bloc monolithique en (%) ;
- Ma : Masse atomique de l’élément (g/mol).
III.2.6.4. Estimation de la capacité d’absorption en eau (CAE)
La Capacité d’Absorption en Eau (CAE) est un paramètre caractérisant la structure du
matériau solide poreux. Elle est définie comme la masse d’eau absorbée par le matériau
poreux sec en tenant compte du relargage global simultané des espèces solubles. Elle peut être
utilisée pour l’estimation de la porosité accessible (ou ouverte) à l’eau du matériau [27]. Ce
paramètre représente la fraction de volume total d’un échantillon investie par l’eau après une
immersion suffisamment prolongée pour que les dissolutions des espèces solubles aient pu se
produire et que les pores ouverts de la matrice soient saturés en eau. Cette définition exclut les
pores restés fermés ou inaccessibles. La CAE des formulations étudiées est déterminée lors du
test TLM. Pendant toute la durée du test TLM et après chaque temps i de contact, la masse du
résidu sec (notée fi) et la masse sèche d’éventuelles particules restantes (notée pi) retenues
lors de la filtration du lixiviat sont déterminées. La masse de l’éprouvette saturée en eau
90
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
(notée mf) est déterminée à la fin du test après égouttage des faces. Pour chaque éprouvette, la
CAE est calculée de la façon suivante (Eq.III.16) :
m × ∑ fi ×∑ pi − m0 s
S0 = f × 100 Eq.III.16
m 0 s
Où :
- CAE : Capacité d’Absorption en Eau (%) ;
- mos : masse sèche de départ (kg) ;
- mf : masse finale de l’échantillon saturé en eau (kg) ;
- fi : masse du résidu sec (kg) ;
- pi : masse sèche d’éventuelles particules restantes (kg).
A la fin du test TLM, les pores ouverts sont considérés comme étant saturés en eau. La
porosité ouverte (notée Pi) du matériau saturé peut alors être déterminée par l’expression
mathématique suivante (Eq.III.17):
Pi = CAE (%) × d Eq.III.17
Où : d : est la densité du matériau par rapport à l’eau du bloc monolithe.
III.2.7. Evaluation de l’épaisseur dégradée des matériaux étudiés
L’évaluation de la dégradation des matériaux étudiés a été effectuée sur les blocs
monolithes (4 × 4 × 4 cm3) plongés dans l’eau pure (déminéralisée) et la solution sulfatée
pendant 18 mois de lixiviation en vue de l'obtention des profils minéralogiques par les
différentes techniques d’analyses.
La mise en place d’un système de grattage et l'utilisation des techniques de DRX et de
MEB couplé à l’EDX sur les poudres récupérées après grattage vont conduire à l’évaluation
de l’épaisseur (profondeur) dégradée des matériaux étudiés. L’épaisseur dégradée est définie
comme étant le dernier point de la profondeur de grattage pour lequel la portlandite est
présente en quantité équivalente au cœur sain non décalcifié [28].
Le principe consiste à gratter selon un pas fixe, par exemple tous les 900 µm en
profondeur (de la face extérieure vers le cœur du bloc monolithe) à l’aide d’un dispositif muni
par un vérin, une râpe circulaire diamantée et un palmer qui assure la bonne régularité dans
les grattages (Figure III.11).
91
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
92
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
mécanismes de transport qui amènent 1’espèce hors du solide. Dans un matériau peu
perméable le transport se fait par diffusion des espèces selon le gradient de concentration
entre le matériau et le lixiviant. Lors du premier contact du matériau avec une solution de
lixiviation, trois phénomènes se déclenchent [29] :
1. Lessivage ; où la mise en solution des espèces présentées à la surface de matériau (le
lavage de la surface externe) ;
2. La dissolution ; par solubilisation des espèces contenues dans les surfaces externes de
matériau ;
3. La diffusion ; le transfert de matière suit principalement un mécanisme diffusionnel
(du au mouvement des molécules) sans ou avec réactions chimiques [30], comme le
montre la figure III.12 :
Avec:
93
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
Avec :
- Ci0 : est la concentration initiale de 1’espèce i dans la solution de l’eau des pores
(mol/L) ;
- Dei : est le coefficient de diffusion effectif en (m2/s) ;
- t : est le temps en (s).
Le flux relargué instantané est alors donné par la formule Eq.III.21 :
De
J (t ) = C0 Eq.III.21
π ×t
L’expression de la quantité de matière qui a diffusé vers la solution lixiviante m(t) (en
considérant que la concentration est nulle à la surface de matériau) est donnée par l’équation
Eq.III.22:
De × t
m(t ) = 2C0 Eq.III.22
π
Expérimentalement, on exprime cette relation en utilisant la fraction massique (ou
molaire) cumulée lixiviée.
Dans ce cas de modèle diffusionnel, toutes les espèces chimiques sont considérées au
cœur du matériau, alors la masse cumulée relarguée est proportionnelle à la racine carrée du
temps. La représentation graphique du logarithme de la masse cumulée en fonction du
94
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
logarithme du temps est une droite dont la pente nous permet de calculer les coefficients de
diffusion de ses espèces, ainsi de juger si le relargage est bien décrit par le modèle
diffusionnel [32].
III.3.1.1.2. Modèle diffusionnel avec épuisement
Un modèle tridimensionnel de diffusion prenant en compte 1’épuisement de 1’espèce
et permettant d’identifier le coefficient de diffusion effectif (De) de 1’espèce ainsi que sa
concentration initiale (C0) dans 1’eau des pores a été développée à 1’INSA de Lyon par Barna
[32]. Cette approche a été validée pour les espèces qui sont présentés dans le système à 1’état
soluble uniquement (elles proviennent de phases alcalines fortement solubles) et dont les
interactions chimiques avec la matrice solide peuvent être négligées, exemple de sodium (Na),
de potassium (K) et du chlore (Cl). Ce modèle développé par Barna en 1994 [33] prend en
compte 1'épuisement de 1'espèce et permet une identification simultanée des deux paramètres
C0 et De à partir des résultats d’un seul test de lixiviation sur bloc monolithe massif et de la
résolution tridimensionnelle du modèle diffusionnel.
III.3.1.2. Modèle couplant diffusion et réactions chimiques
En réalité, le relargage de toute espèce contenue dans un milieu poreux implique
d’abord sa mobilisation dans la solution des pores avant 1’étape de transport. Sanchez [32] a
développé un modèle qui prend en compte à la fois les phénomènes de transport par diffusion
et ceux de dissolutions/précipitation et que la masse reste toujours conservée, cela a conduit à
l’ajout d’un terme de production/disparition à l’équation de diffusion. Le bilan de matière de
chaque espèce « i» en solution, effectué sur un volume élémentaire, conduit à 1’équation
Eq.III.23 :
∂Ci ∂ 2C ∂S
= Dei × 2 i − i Eq.III.23
∂t ∂x ∂t
Taux d’accumulation = transport par diffusion + terme de production ou disparition de
l’espèce « i »
Où :
- Ci : Concentration d’espèce i sous forme mobile en (mol/L) ;
- Si : Concentration d’espèce i sous forme immobile en (mol/L) ;
- De : coefficient de diffusion en (m2/s).
Selon la cinétique de réaction, deux cas sont prévus :
95
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
96
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
expérimentaux obtenus par les tests présentés (IpH, EP-FMM et TLM) alimentent les
paramètres d’entrée des modèles physico-chimiques et de transfert de matière pour la
simulation du comportement à la lixiviation et ils constituent un support de comparaison par
rapport aux résultats de la modélisation.
Pour l’aspect environnemental, l’objectif est de fournir des résultats en termes de flux
relargué par période, basé sur la mesure des volumes. Dans cette partie, on présente une
description du modèle proposé : les hypothèses, la résolution, 1’application et la validation.
III.3.2.1. Mise en œuvre du modèle
La lixiviation d’un bloc monolithe peut être représentée par le schéma simplifié établi
par Imyim (Figure III.13) [2].
L’espèce chimique est présentée sous forme immobile Si(z,t) et sous forme mobile
Ci(z,t) dans la solution de l’eau de pores.
- Le relargage d’une espèce chimique est dû à deux phénomène : les réactions
chimiques et la diffusion ;
- Le processus de lixiviation ne modifie pas la microstructure de 1’échantillon ;
- Le coefficient de diffusion est constant.
b) Au niveau du lixiviant
Les hypothèses suivantes sont à respecter :
- La composition du lixiviant est considérée homogène et parfaitement agité ;
- Les lixiviats peuvent être stationnaires ou renouvelés ;
- La convection est le mécanisme principal de transport dans le réservoir ;
- Le transfert de matière à 1’interface monolithe/Lixiviant est rapide par apport à celui
transport interne de la matrice.
Les mêmes espèces chimiques existent dans le lixiviant avec des concentrations S’i(t)
et C’i(t). La composition à 1’entrée du réservoir est Cei(t).
c) Au niveau de la matrice et le lixiviant
- Deux catégories d’espèces chimiques sont considérées :
• Les espèces qui leurs solubilités est limitées et dépendantes du pH ;
• Les espèces avec solubilité élevée, considérée non limitée par le contexte chimique
des pores et du lixiviat (pH).
- Les principaux équilibres physico-chimiques en solution sont pris en compte (les
réactions de précipitation/dissolution, complexassions, acido-basiques) ;
- Les réactions qui ont lieu en solution sont considérées rapides et 1’état d’équilibre
chimique est abouti à tout moment. Dans les pores, le solide est en permanence en
équilibre avec la solution des pores (équilibre local) ;
- L’électro-neutralité est évidente dans la solution aqueuse des pores et dans le lixiviant.
III.3.2.2. Equation du modèle
Le modèle décrit ci-dessus repose sur le principe de conservation de masse :
Equation du bilan
a) Dans le bloc monolithe
Dans l’eau des pores 1’accumulation d'un élément est due aux réactions chimiques et
au transport par diffusion (Eq.III.26) :
98
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
∂Ci ∂ 2Ci ∂S i
= Di − Eq.III.26
∂t ∂z 2 ∂t
La dissolution/précipitation d’une phase solide est décrite par une équation cinétique
simple (Eq.III.27) :
∂Si
∂ t = k ( C i − C eqi ) si Si = 0 et C i > C eqi
Eq.III.27
∂Si = 0 si non
∂ t
Pour les espèces non réactives (Eq.III.28) :
∂Ci ∂ 2Ci
= Di Eq.III.28
∂t ∂z 2
Les conditions aux limites des équations de bilan sont données par l’équation
Eq.III.29 :
∂Ci
à z = 0 → = 0 (Flux nul)
∂z
∂Ci
à z = h → Di = k t (C ih − C i' ) (Flux de diffusion égal au flux Eq.III.29
∂z
de transfert dans le lixiviat)
Avec :
- Ci : Concentration de l’espèce i sous forme mobile (mol/Litre pores) ;
- Ceqi : Concentration à l’équilibre thermodynamique de l’espèce i (mol/Litre pores) ;
- Si : Concentration de l’espèce i sous forme immobile (mol/Litre pores) ;
- Di : Coefficient de diffusion de l’espèce i (m²/s) ;
- k : Constante cinétique (s1-) ;
- kt : Coefficient de transfert de matière à la surface du matériau (m.s-I) ;
- Cih : Concentration dans l’eau des pores à l’interface z = h (mol/Litre pores).
b) Dans le réservoir
Le bilan de masse, dans le volume « V » du lixiviat, s’écrit comme le montre les
équations Eq.III.30 et Eq.III.31 :
dCi' kt × σ h
dt
=
V
( C i − Ci ) −
'
dt V
− ( C i − Cei' )
dSi' Q '
Eq.III.30
99
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
∂ S i'
= k t ( C i' − C eqi
'
) si S i' > 0 ou S i' = 0 et C i' > C eqi
'
∂t
' Eq.III.31
∂Si = 0 si non
∂ t
Avec :
- V : Volume du lixiviant (m3) ;
- Q : Débit du lixiviant (m3.s-1) ;
- kt : Coefficient de transfert de matière à la surface du matériau (m.s-1) ;
- σ : Surface d'échange (m2) ;
- Cih : Concentration dans 1’eau des pores à l'interface z = h (mol/Litre) ;
- Ci’ : Concentration dans la solution de lixiviation (mol/Litre) ;
- Ceqi’ : Concentration dans le lixiviant à 1’entrée du réservoir (mol/Litre) ;
Le flux relargué par le matériau est calculé par rapport à la surface des pores ouverts
« σ » (Eq.III.32) :
σ = ε × Sg Eq.III.32
Où : Sg : représente la surface géométrique de 1'échantillon.
Equations de bilan électrique
La condition d'électro-neutralité (nombre total des charges positives doit être égal à
celui des charges négatives) est donnée par l’équation Eq.III.33 :
∑ ( Zi × Ci ) = ∑ ( Z j × C j )
n m
Eq.III.33
1 j
Où :
- Zi, Zj: Sont respectivement les charges électrique du cation i et de l’anion j ;
- Ci, Cj : Sont respectivement les concentrations du cation i et de 1'anion j ;
- n, m: Sont le nombre de cations et d’anions respectivement.
Activités
La force ionique de la solution de l’eau de pores très chargée, les constantes
thermodynamiques des équilibres chimiques en fonction des activités des composés doivent
être prises en considération. L’activité est reliée à la molarité par 1’expression Eq.III.34 :
ai = Ci × γ i Eq.III.33
Où :
- ai : Activité de l’ion i ;
100
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
- Ci : Concentration de l’ion i ;
- γi : Coefficient d'activité de l’ion i.
Nous avons pris le modèle d’activité de Debye-Huckel du à sa facilité d’utilisation
pour calculer le coefficient d'activité à 25°C selon l’équation Eq.III.34 [35] :
0,5085(Z i ) I
− log γ i = Eq.III.33
1 + 0,3281(α i ) I
Avec :
- Zi : charge électrique de l’ion i ;
- αi : Diamètre effectif de l’ion « i » hydraté (A°) ;
- I : Force ionique donnée par la formule Eq.III.34.
1 n
I = ∑ Ci × Zi2 Eq.III.34
2 i =1
L’application de ce modèle est limitée pour les solutions qui ont une force ionique
relativement faible [36].
III.3.2.3. Equation du modèle Application du modèle aux déchets réels stabilisés/
solidifiés (F4M et F4P)
Eléments chimiques
Les matériaux cimentaires contiennent :
- Comme éléments majeurs, les alcalins, du calcium, du silicium et parfois des
chlorures ;
- Comme polluants, différents éléments en quantités faibles, par exemple du plomb, du
nickel, chrome …etc.
Les caractéristiques de 1’eau de pores dépendent des éléments majeurs et des solides
composants la matrice cimentaire. Cependant, les phases solides considérées dans ce modèle,
sont :
- Des sels solubles de sodium et de potassium (KOH et NaOH) ;
- Des phases solides peu solubles (Ca(OH)2 et Pb(OH)2).
Les équilibres pris en considération dans le modèle sont :
a) Précipitation-dissolution
Ca (OH ) 2 ↔ Ca 2+ (aq ) + 2OH − (aq ) K spCa ( OH )2 = (aCa2+ ).(aOH − )2
Eq.III.35
Pb(OH ) 2 ↔ Pb 2+ (aq ) + 2OH − (aq ) K spPb (OH )2 = (aPb2+ ).(aOH − ) 2
101
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
b) Complexation
− Pb(OH )3−
Pb 2+ (aq) + 3OH − (aq) ↔ [ Pb(OH )3 ]− (aq) Kf[ Pb (OH )3 ] = Eq.III.36
(aPb2+ ).(aOH − )3
c) Dissociation de l’eau
2 H 2O ↔ H 3O + + OH − k w = (aH O + ).(aOH − ) Eq.III.37
3
La solution contient donc des cations (Ca2+, Pb2+, Na+ et K+) et des anions (Pb(OH)-3,
OH- et Cl-).
Dans 1’eau de pores et dans le lixiviat ayant un pH très basique, le plomb ne se
présente que sous forme ionique Pb(OH)-3. En effet dans une solution à pH=10 1’espèce
Pb(OH)-3 représente 98 % du plomb total dissous.
III.3.2.3.1. Paramètres du modèle
La résolution numérique du modèle proposé nécessite une connaissance préalable des
paramètres physico-chimiques et les conditions initiales.
Paramètres physico-chimiques
Les paramètres physico-chimiques sont les suivants :
- Le tableau III.5 rassemble les différentes valeurs de constantes d’équilibre physico-
chimique ;
- Les conditions d’écoulement du lixiviat (le volume, le débit et le renouvellement du
lixiviat) ;
- Les propriétés physiques du bloc monolithe (surface d'échange, porosité et le volume
du bloc) ;
- Les coefficients de diffusion Di estimés à partir du test TLM ;
- Les coefficients de transfert kt : kti = 1 m.s-1 ;
- Les constantes cinétiques k : ki = 1 s-1.
Tableau III.5. Constantes d’équilibre cinétique.
Equation d’équilibre k Constante Réf
2H 2O ↔ H 3O + OH + −
Eq.III.38 kw 9.8855 x 10-13 [37]
102
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
Conditions initiales
La résolution numérique du modèle nécessite comme conditions initiales, les
paramètres suivants :
- Les quantités disponibles lixiviables de toutes les espèces suivies ;
- Les concentrations initiales dans la matrice et dans le lixiviant des espèces considérées
Ci, C’i, Si et S’i à l’instant t = 0 ;
- Les concentrations des espèces dans le lixiviant à 1'entrée du réservoir (C’ei).
Les paramètres du modèle cités ci-dessus sont obtenus à partir des résultats des tests
de lixiviation (§ III.2.6). Ils sont consignés dans le tableau III.6.
Tableau III.6. Récapitulatif des paramètres d’entrée du modèle à partir des tests de
lixiviation.
Type de Paramètres Paramètres Test
Surface de matrice TLM
Hauteur de solide
Caractéristiques physiques
Volume de lixiviant
Porosité du bloc CAE
Coefficient de diffusion de Ca2+
Coefficient de diffusion de Pb 2+
Coefficient de diffusion Coefficient de diffusion de Pb(OH) 3- TLM
Coefficient de diffusion de Na+, K+
Coefficient de diffusion de Cl-
[Ca(OH)2] sous forme solide
IpH ou FMM
[Pb(OH)2] sous forme solide
Quantité disponible lixiviable
[Na+] + [K+] dans l’eau des pores
EP
[Cl-] dans l’eau des pores
103
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
104
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
∆t × D 2 × ∆t × D n +1 ∆t × D
− × C nj −+11 + + 1 × C j − × C nj ++11 = C nj Eq.III.46
( ∆z ) ( ∆z )2 ( ∆z )
2 2
− a ( i ) × C nj −+11 + b ( i ) × C nj +1 − c ( i ) × C nj ++11 = Y ( i ) Eq.III.47
∆t × D
a ( i ) =
( ∆z )
2
2 × ∆t × D
b ( i ) = + 1 = 2a ( i ) + 1
( ∆z )
2
Avec Eq.III.48
∆t × D
c ( i ) = = a (i )
( ∆z )
2
Y ( i ) = C j
n
− D n +1 D
⇔ C j ( Im ax ) − kt × C j n +1( Im ax ) + × C j n +1( Im ax −1) = − kt × CP Eq.III.51
∆z ∆z
D D
⇔ × C j n +1( Im ax −1) − + kt × C j n +1( Im ax ) = − kt × C p Eq.III.52
∆z ∆z
a( Im ax ) × C j n +1( Im ax −1) + b( Im ax ) × C j n +1( Im ax ) + c( Im ax ) × C nj ++11(Im ax +1) = Y( Im ax ) Eq.III.53
D
a( Im ax ) = ∆z
b D
Avec ( ) = − + kt
∆z Eq.III.54
Im ax
c( Im ax ) = 0
Y( Im ax ) = −kt × C p
105
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
dC p
=
kKt × σ h
( C − CP ) ⇔ C p =
n +1
{
C pn × V + kt × ∆t × σ × C( Im ax ) − C n p ( )} Eq.III.55
dt V V
Construction du système matriciel
−1 1 0 0 0 ...0
−a i C1 0
( ) b ( i ) − a ( i ) 0 0 ...0
C2 Y ( 2 )
0 −a ( i ) b ( i ) −a ( i ) 0 ...0
C3 Y ( 3)
... ... ... ... ... ...0 × ...... = ...... Eq.III.56
0 0 0 −a ( i ) b ( i ) −a ( i )
CIm ax −1 Y ( imax −1 )
0 D
− + kt CIm ax − kt × C p
D
0 0 0
∆z ∆z
Résolution de système matriciel
La résolution de ce système matriciel « A x C = Y » est réalisée par l’algorithme de
Thomas [31].
Cas de l’ion Ca2+
• Dans la matrice cimentaire
L’équation de bilan de matière régissant l’évolution de la concentration d’ions
Ca2+ en fonction de temps s’écrit sous la forme suivante :
∂CCa + 2 ∂ 2 CCa + 2 ∂S Ca (OH )2
= DCa + 2 − Eq.III.57
∂t ∂z 2
∂t
∂SCa (OH )
2
= Ca
(
K +2 CCa +2 − CeqCa +2 ) SCa (OH )2 ≥ 0
si Eq.III.58
∂t 0 SCa (OH )2 = 0 et CCa +2 ≤ Ceq Ca +2
Eq.III.59
(
− kCa+2 C j n +1 Ca+2 − Ceq nj +1 Ca+2
( ) ( ) )
∆t × DCa+2 2∆t × D +2 n+1
− × C nj −+11 Ca+2 + Ca
+ ∆ t × k + 1 × C j Ca+2
( ∆z )
2 ( ) ( ∆z )2 Ca +2
( )
Eq.III.60
D +2 ×∆t
+ Ca 2 × C nj ++11 Ca+2 = ( C nj + ∆t × k × Ceq nj +1 ) +2
( ∆z ) ( ) (Ca )
106
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
∆t × DCa+2
a ( i ) =
( ∆z )
2
2 × ∆t × DCa+2
b ( i ) = + ∆t × kCa+2 + 1
( ∆ )
2
Avec z Eq.III.62
D +2 × ∆t
c ( i ) = Ca 2 = a ( i )
( ∆z )
Y ( i ) = C j (Ca+2 ) + ∆t × k × C j eq ( Ca+2 )
n n +1
DCa2+
a( Im ax ) =
∆z
DCa2+
b = − + kt
Avec ( Im ax )
∆z
Eq.III.68
c( Im ax ) = 0
Y( Im ax ) = −kt × C pCa2+
107
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
( )
dSCa
= 2+ − C −
h ( OH )2
CCa PCa 2+
dt V dt
⇔ C nj +1PCa+2 =
{C n
j pCa +2 (
× V + kt × ∆t × σ × C j ( Im ax ) − C n pj )} Eq.III.69
V − Kt C pj − Ceqj
0 0 0 0
∆z
∆z
Cas de l’ion Pb2+ et Pb(OH)-3
• Dans la matrice cimentaire
L’équation de bilan de matière régissant l’évolution de la concentration d’ions
Pb2+ en fonction de temps s’écrit sous la forme suivante :
∂C Pb+ 2 + Pb (OH )−3 ∂ 2 C Pb+ 2 + Pb (OH )−3 ∂S Pb (OH )2
= DPb+ 2 − Eq.III.71
∂t ∂z 2 ∂t
∂CPb+2 + Pb(OH )− ∂ 2CPb+2 + Pb(OH )−
∂t
3
= DPb+2
∂z 2
3
(
− K Pb+2 CPb+2 − CeqPb+2 ) Eq.III.72
n+1
Cnj −+11 − 2Cnj +1 + Cnj ++11
(C −C )
n
= ∆t × DPb+2 −∆t × kPb+2 Cnj +1 − CeqJ
n+1
+2 Eq.III.73
( )
j j Pb+2 +Pb( OH )−
∆
2
Pb+2 +Pb(OH )−
Pb
3
z
3
∆t × DPb+2 2∆t × D +2 n +1
− C nj −+11 + Pb
+ 1 Cj − + ∆t × k
n +1
+2 C j =(a)
( ∆z )
2
( Pb ++2
Pb ( OH )−
) ( ∆z ) 2
( Pb +2
+ Pb ( OH ) ) Pb ( Pb+2 )
3 3
n +1
∆t × DPb+2 n +1 Eq.III.74
( a ) = C nj +2 − + k +2 ∆t × Ceq j +2 + C j +1 +2
( Pb + Pb( OH )3 ) Pb ( )
Pb
( ∆z )
2
( Pb + Pb ( OH )3 )
−
108
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
∆t × DPb+2 2 × ∆t × D +2 n +1
− C nj −+11 + Pb
+ 1 + ∆t × k Cj
( ∆z )
2
( Pb +2
+ Pb ( OH )
−
3 ) ( ∆z )2 Pb
+ 2
( Pb+2 + Pb(OH )3− )
Eq.III.75
∆t × DPb+2
− C nj ++11 = C nj n +1
+ k Pb+2 × ∆t × Ceqj
( ∆z )
2
( Pb +2
+ Pb ( OH )3
−
) ( Pb +2
+ Pb ( OH )3
−
) Pb +2 ( )
−a ( i ) × C nj −+11 + b ( i ) × C nj +1 − c ( i ) × C nj ++11 = Y (i )
( Pb +2
+ Pb( OH )3
−
) ( Pb +2
+ Pb ( OH )3
−
) ( Pb +2
+ Pb ( OH )3
−
) Eq.III.76
∆t × DPb+2
a ( i ) =
( ∆z )
2
2 × ∆t × DPb+2
b ( i ) = + ∆t × k Pb+2 + 1
( ∆z )
2
Eq.III.77
D +2 × ∆t
c ( i ) = Pb 2
( ∆z )
Y ( i ) = C j ( Pb+2 + Pb( OH )3− ) + ∆t × k × Ceqj ( Pb+2 )
n n +1
Conditions aux limites
i) à l’axe de symétrie
∂CPb+2 + Pb OH
( )3−
à z=0 = 0 ⇒ C nj −+11 − C nj +1 = 0 Eq.III.78
∂z
− DPb+2 DPb+2
⇔ C j n +1( Im ax ) − kt × C j n+1( Im ax ) + × C j n +1( Im ax −1) = −kt × CP Pb+2 Eq.III.80
∆z ∆z ( )
DPb+2 D +2
⇔ × C j n +1( Im ax −1) − Pb + kt × C j n+1( Im ax ) = −kt × C +2 Eq.III.81
p ( Pb + Pb ( OH )3 )
−
∆z ∆z
a( Im ax ) × C j n +1( Im ax −1) + b( Im ax ) × C j n +1( Im ax ) + c( Im ax ) × C j +1n+1(Im ax +1) = Y( Im ax ) Eq.III.82
109
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
DPb+2
a( Im ax ) =
∆z
D +2
b( Im ax ) = − Pb + kt
Avec ∆z Eq.III.83
c( Im ax ) = 0
Y( Im ax ) = − kt × C p( Pb+2 + Pb(OH )3− )
n
C j p( Pb+2 + Pb( OH )− ) ×V + kt × ∆t × σ C( Imax) − C jp
n
( ) Pb + Pb( OH )
+2 −
C nj+1 =
3 3
(
P Pb+2 + Pb( OH )
−
3 ) V Eq.III.85
∆z ∆ z
Remarque :
L’ensemble des équations des bilans des éléments considérés est utilisé dans un
modèle couplé. En outre, on ne peut déterminer la concentration d’un élément, soit dans la
matrice cimentaire ou le lixiviat, sans déterminer les concentrations des autres éléments.
III.3.2.5. Elaboration du programme de modélisation/simulation
Le programme général de modélisation est élaboré sous le langage FORTRAN. Il
est basé sur l’algorithme de Thomas. L’organigramme représentant ce programme est
présenté dans la figure III.14.
110
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
111
Chapitre III. Matériaux, formulations, protocoles expérimentaux et modélisation
112
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115
CHAPITRE IV.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
CHAPITRE IV. RESULTATS ET DISCUSSIONS
117
Chapitre IV. Résultats et discussions
Les résultats enregistrés dans le tableau IV.1 montrent que les concentrations
moyennes des métaux lourds dangereux,
dangereux à savoir : le Nickel, le Chrome et le Plomb,
Plomb sont très
importantes et dépassent de très loin les normes exigées par la réglementation en vigueur [1].
La micrographie obtenue pour le déchet brut par MEB (Figure IV.1) montre une
surface hétérogène cristallisée sous forme de grains de nuance blanchâtre (point A) et grisâtre
(point B), ce qui reflètent la présence des métaux lourds en grande proportion.
Figure IV.1. Micrographie et spectre EDX d’une vue globale du déchet brut.
L’interprétation du spectre EDX révèle la présence
présence des métaux lourds (Ni, Pb, Zn et
Cr), le Nickel est en grande proportion puis par ordre décroissant en
e pourcentage massique
d’autres éléments tels que : l’Oxygène, l’Argent, le Carbone, le Plomb,
lomb, le Chlore et le Chrome
comme indiqué dans le tableau IV.2.
Tableau IV.2. Quantification EDX du déchet brut de l’unité BCR sur une ligne globale.
Elément Pourcentage massique (%)
C 7.16
O 21.53
Na 2.90
Mg 2.18
Al 0.72
Si 3.82
S 0.47
Pb 6.65
K 2.42
Ca 3.21
Fe 2.33
Ni 27.13
Zn 1.82
Cu 0.85
Ag 7.53
Cr 3.85
Cl 5.42
118
Chapitre IV. Résultats et discussions
est le principal moyen de comprendre l'état de coalescence des métaux lourds dans les
matrices cimentaires. La figure IV.2 illustre le spectre DRX du déchet brut.
119
Chapitre IV. Résultats et discussions
dangereux, toxique et ultime. A cet effet, le déchet de l’unité BCR doit subir un traitement de
Stabilisation/Solidification par liant hydraulique afin de diminuer son potentiel polluant.
D’après les résultats illustrés dans le tableau IV.4, Il semble que la présence en
quantité importante du déchet dans les matrices cimentaires accélère le processus du temps de
début et de fin de prise des pâtes de ciment, ceci est dû essentiellement aux aspects
quantitatifs et qualitatifs des éléments chimiques présents dans le déchet à savoir les métaux
lourds tels que: le nickel et le chrome [3], car ces deux derniers contribuent à la formation de
nouveaux composés qui accélèrent la prise du ciment. En outre, les alcalins (sodium (Na) et
potassium (K)) contenus dans le déchet ont participé à diminuer le temps de prise des pâtes de
ciment et cela dépend amplement de leurs disponibilité dans le déchet [4].
IV.2.2. Retrait endogène des matériaux stabilisés/solidifiés
Les matériaux cimentaires subissent des déformations dimensionnelles dès la fin de
leurs mises en œuvre dans le coffrage. Elles ont lieu dans un matériau libre de tout
chargement extérieur. Ces changements dimensionnels se développent dans différentes
directions et ils sont régis par divers phénomènes physiques et chimiques. Dans ce qui suit,
nous nous s’intéresserons aux résultats du retrait endogène.
Le retrait endogène (auto-dessiccation) est un retrait issu de la consommation d’eau
qui hydrate le ciment anhydre, sans échange avec le milieu extérieur. Dès la mise en contact
du ciment avec l’eau, les grains de ciment réagissent avec l’eau de gâchage. Cette
consommation d’eau interne fait baisser la quantité d’eau libre et donc un retrait se produit
[5]. Il est généralement mesuré en protégeant l’échantillon avec un papier aluminium
autocollant pour éviter le séchage.
120
Chapitre IV. Résultats et discussions
Les résultats du retrait endogène des formulations étudiées sont présentés dans les
figures IV.3 et IV.4.
Figure IV.3. Influence de l’ajout du déchet sur le retrait endogène des mortiers.
Figure IV.4. Influence de l’ajout du déchet sur le retrait endogène des pâtes de ciment.
On observe que, quel que soit la quantité du déchet ajoutée aux formulations, les
courbes du retrait présentent approximativement la même allure et manifestent le même
comportement le long de la durée d’essai. Lors de l’évolution des déformations du retrait,
deux paliers sont distingués: dans le premier, le retrait continue son ascension jusqu’à l’âge de
28 jours et puis dans le deuxième l’évolution se stabilise quelque soit la période du temps.
La figure IV.3 montre que la formulation F1M développe un retrait d’auto-
dessiccation de 1.3 fois plus que celui de la formulation F6M à l’âge de 110 jours. Idem et
121
Chapitre IV. Résultats et discussions
dans les même conditions, la valeur du retrait de la formulation F1P est 1.4 fois plus
importante que celle de la formulation F5P.
Une étude comparative a permis de mettre en évidence que les amplitudes des
déformations obtenues à 28 jours pour les deux types de formulations à grande quantité de
déchet, présentent des retraits endogènes faibles par rapport aux retraits enregistrés pour les
matériaux sains (sans l’ajout du déchet). Cependant, ceci peut être expliqué par le fait que
l’augmentation de la quantité de déchet dans le mélange diminue la réactivité du ciment avec
l’eau et induit la formation des gros pores capillaires. Cette très grande porosité capillaire
force la formation des ménisques1 d’interface faiblement courbés et engendre de faibles
dépressions capillaires. Cette dernière provoque une compression dans le squelette solide de
la formulation, et par conséquent on aura moins de retrait endogène.
La dépression capillaire est calculée en utilisant la loi de Laplace [6] exprimée par
l’expression mathématique en Eq.IV.1 et illustrée par la figure IV.5.
2σ
∆P = ( Pg − Pl ) = × cos θ Eq.IV.1
r
Où :
- ∆P est le gradient de pression entre la phase gazeuse et la phase liquide (Pa) ;
- Pl et Pg sont, respectivement, la pression de l’eau et de la phase gazeuse (Pa) ;
- σ est tension superficielle de l’interface liquide-gaz (N.m-1);
- θ est l’angle de mouillage (rad) ;
- r est le rayon du pore où le ménisque existe (m).
1
Vide gazeux en contact avec l’eau capillaire dans les pores capillaires
122
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure. IV.6. Evolution du rayon moyen des pores des matériaux stabilisés/solidifiés en
fonctions de la quantité de déchet ajoutée.
La figure IV.6 montre l’évolution du rayon moyen des pores des matériaux
stabilisés/solidifiés en fonction de la quantité du déchet ajoutée. Les rapports, du rayon moyen
entre les formulations F6M/F1M et F5P/F6P, sont respectivement d’ordre de 2.8 et 2.1. Il est
montré sur la figure IV.6 que l’augmentation de la quantité de déchet ajoutée provoque une
augmentation du rayon moyen des pores, ce dernier contribue à la diminution de la
dépression capillaire qui résulte ensuite un faible retrait endogène. Les résultats trouvés
confirment le comportement de nos matériaux.
A partir de 28 jours d’âge, le retrait se stabilise du fait que la réaction d’hydratation
s’arrête lorsque la teneur en eau dans le réseau poreux baisse à un certain seuil [8].
On conclut que l’ajout du déchet dans les matrices cimentaires diminue le taux de
retrait ce qui est considéré comme un gain avantageux limitant la fissuration des blocs après
leurs durcissements.
123
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.8. Influence de l’ajout du déchet sur le gonflement des pâtes de ciment.
La comparaison des amplitudes de gonflement des matériaux étudiés montre que, pour
le même rapport Déchet/Ciment, le taux de gonflement est presque le même pour les deux
formulations, Cela montre que l’ajout du sable n’a aucune influence sur le gonflement.
124
Chapitre IV. Résultats et discussions
Les courbes, illustrées en figures IV.7 et IV.8, montrent que le gonflement est d’autant
plus important que le rapport Déchet/Ciment est important. Plus ce rapport est important et
plus le taux de gonflement est important. Ceci peut être attribué à plusieurs paramètres à
savoir :
- L’augmentation de la quantité du déchet dans les mélanges perturbe et empêche
l’hydratation complète de tous les grains de ciment anhydre et contribue à
l’augmentation de la porosité du matériau après son durcissement. En milieu saturé
d’eau, le gel de C-S-H absorbe facilement l’eau, les grains de ciment restés anhydre
réagissent avec l’eau absorbée, contribuent à la formation d’aiguilles d’éttringite et des
gros cristaux de portlandite et engendrent une poussée cristalline qui se traduit par un
gonflement ;
- Il est possible que l’augmentation des teneurs en alcalins provenant du déchet en
fonction de l’augmentation de la quantité du déchet ajoutée dans un milieu saturé en
eau accélère la formation de l’ettringite différée, et cela conduit à l’augmentation de la
pression dans les réseaux poreux et engendre le phénomène de gonflement.
L’augmentation des valeurs de gonflement en fonction des teneurs en alcalins a été
également rapportée dans les travaux de Kelham [9] et Escadeillas [10] ;
- L’augmentation du taux de gonflement peut être attribuée aussi au renouvellement de
l’eau de conservation, Leklou [11] a observé que les mortiers ayant subi un cycle de
renouvellement de l’eau de conservation développent des gonflements rapides que des
mortiers ayant été immergés continuellement dans la même eau de conservation. La
dissolution des phases fortement solubles (KOH et NaOH) dans l’eau de conservation
augmente les teneurs en alcalins et conduit à un ralentissement du gonflement dû à
l’équilibre chimique.
D’après les résultats des essais de retrait et de gonflement, on constate que l’ajout du
déchet limite le retrait des matériaux cimentaires, cependant leurs mises en contact avec l’eau
augmentent le taux du gonflement et peuvent induire la lixiviation en quantités très
importantes des métaux toxiques vers le milieu environnant. A cet effet, pour remédier à cette
problématique, le recours aux tests de lixiviation est inévitable pour assurer une bonne
évaluation du procédé de stabilisation/solidification par les liants hydrauliques.
IV.2.4. Etude de relargage des espèces polluantes (Ni2+, Pb2+ et Cr3+) lors du test
gonflement
Le relargage des espèces polluantes a été suivi lors des essais de gonflement afin
d’étudier l’influence de la quantité libérée du Nickel, Plomb et Chrome sur le taux de
125
Chapitre IV. Résultats et discussions
déformation ou de gonflement de nos matériaux. Les résultats obtenus sont illustrés dans la
figure IV.9.
Figure IV.9. Evolution des quantités relarguées du Ni2+, Pb2+ et Cr3+ en fonction du temps
lors du test de gonflement.
Une lixiviation des métaux lourds a été observée lors de la mise en contact des
éprouvettes avec l’eau déminéralisée, ceci est dû aux gradients de concentration, créant ainsi
un transfert d'ions par diffusion. Les matériaux F1M et F1P ne présentent aucun relargage des
métaux lourds, ceci peut être du à la non disponibilité de ces métaux à l’état libres dans ces
matrices cimentaires (matériaux sains).
126
Chapitre IV. Résultats et discussions
La figure IV.9 montre qu’au début, des essais de gonflement, une diminution des
concentrations du nickel, chrome et plomb dans les trois premières échéances suivie d’une
augmentation immédiate en fonction du temps de contact.
La diminution des concentrations en éléments suivis, de la première échéance à la
troisième, est attribuée à l’épuisement des espèces polluantes libres (non liées) qui se trouvent
sur la surface extérieure des éprouvettes dû au phénomène de lessivage (lavage de la surface
extérieure).
Par contre on a constaté, en général, à partir de la quatrième échéance une
augmentation continuelle des concentrations des éléments suivis dans les solutions de
conservations en fonctions du temps, ceci peut être attribué au taux de déformation
(gonflement) qui est fonction de la quantité de déchet dans le matériau; le taux de gonflement
augmente en fonction de l’augmentation de la quantité de déchet dans le matériau.
L’augmentation du taux de gonflement engendre une grande porosité conduisant ainsi à
l’augmentation de la surface d’échange qui provoque une disponibilité des métaux liés
(destruction et dissolution des phases cristallisées) et libres (disponibles vue la quantité
importante du déchet dans le matériau) favorisant ainsi leurs diffusion en grande quantité dans
les solutions de conservations.
Il a été observé que les concentrations moyennes des métaux libérés à partir des
formulations pâtes sont plus importantes que celles libérées à partir des formulations mortiers,
cela peut être dû à l’ajout du sable qui joue un rôle important dans le piégeage des éléments
traces.
IV.2.5. Masse volumique du déchet et des matériaux stabilisés/solidifiés
Les masses volumiques des matériaux stabilisés/solidifiés et du déchet mesurées à
l’aide du pycnomètre, ont été effectuées au Laboratoire de Technologie des Matériaux et de
Génie des Procédés (LTMGP). Les résultats obtenus sont consignées dans le tableau IV.5.
Tableau IV.5. Masse volumique du déchet et des matériaux stabilisés/solidifiés.
Désignation Masse volumique ρs (kg/m3)
Déchet brut de l’unité BCR 1752
Formulations de mortiers Formulations de pâtes de ciment
Désignation ρs (kg/m3) Désignation ρs (kg/m3)
F1M 2085 F1P 1900
F2M 2073 F2P 1876
F3M 2058 F3P 1844
F4M 2042 F4P 1823
F5M 2023 F5P 1791
F6M 2004
127
Chapitre IV. Résultats et discussions
Les résultats présentés dans le tableau IV.5 indiquent que le déchet brut possède une
masse volumique inférieure à celles des mortiers et des pâtes; ce qui explique que le déchet
est plus léger que les matériaux conçus. De plus, il a été constaté que la densité diminue en
fonction de l’augmentation de la quantité de déchet dans les matériaux. Nos résultats,
présentés dans le tableau IV.5, sont confirmés par les travaux antérieurs d’Amini et al. [12].
IV.2.6. Résistance mécanique des matériaux stabilisés/solidifiés
La résistance à la flexion et à la compression, des formulations confectionnées, a été
suivie à 7 jours et à 28 jours de cure. La figure IV.10 représente l’évolution des résistances
mécaniques des formulations confectionnées.
128
Chapitre IV. Résultats et discussions
résistances meilleures que celles présentées par les pâtes de ciment (Figure IV.10), cela est dû
probablement à l’ajout du sable normalisé qui participe pleinement à la réduction de la
porosité, augmentant ainsi la résistance des mortiers [16]. Il a été observé que les matériaux
témoins présentent des résistances élevées à 28 jours de cure ; elles sont de l’ordre de 55 MPa
pour le mortier et 52 MPa pour la pâte par rapport aux matériaux dopés par le déchet. En
général, Il parut que la résistance des matériaux stabilisés/solidifiés augmente avec
l’augmentation de la quantité du déchet jusqu’à un niveau maximal donné; cette augmentation
est due à la disponibilité du Nickel [17] et du Chrome [18] dans le déchet qui accélère
l’hydratation du C3S dans les matériaux S/S. Au delà du seuil enregistré, on observe une chute
de résistance brutale malgré l’augmentation de la quantité du déchet qui peut être attribué (i) à
l’aspect qualitatif et quantitatif du déchet (le déchet n’a pas une activité pouzzolanique ou a
une faible réactivité importante que le ciment); (ii) à la quantité de ciment disponible pour
l’hydratation et le piégeage des éléments traces (l’excès du déchet par rapport à la quantité de
ciment engendre beaucoup de métaux non liés) [18]; (iii) aussi elle peut être provoquée par
l’absorption de déchet d’une certaine quantité d’eau d’hydratation [19].
IV.2.7. Influence de l’ajout du déchet sur le degré d’hydratation des matériaux
stabilisés/solidifiés
Les données présentées à ce niveau sont les résultats des essais d’analyse
thermogravimétrique effectués sur des échantillons prélevés sur nos matériaux à un âge de 18
mois. L’évolution du degré d’hydratation des formulations étudiées en fonction de la quantité
du déchet est présentée aux figures IV.11 et IV.12.
129
Chapitre IV. Résultats et discussions
130
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.13. Spectrogramme DRX pour Figure IV.14. Spectrogramme DRX pour
F1M à 28jours. F1P à 28jours.
Figure IV.15. Spectrogramme DRX pour Figure IV.16. Spectrogramme DRX pour
F4M à 28jours. F4P à 28 jours.
131
Chapitre IV. Résultats et discussions
L’analyse, des spectres thermogravimétriques obtenus pour les matériaux F1M, F1P,
F4M et F4P, a permis de mettre en exergue trois phases majeures dans le processus de
décomposition et de perte de masse de nos échantillons, à savoir :
Phase 1: Départ de l’eau des pores et décomposition des hydrates (100°C-400°C) [22] ;
Le premier pic concerne l’évaporation de l’eau présente dans toute la porosité du matériau
(l’eau libre, l’eau capillaire et l’eau adsorbée plus ou moins liée aux hydrates) et de l’eau
chimiquement liée aux hydrates. La présence de différentes catégories de tailles de pores
induit des départs d’eau à différentes températures. Aussi, les températures de décomposition
sont très variables d’un hydrate à l’autre. Ainsi, le pic observé entre 100 et 400°C est, en fait,
la résultante du chevauchement de plusieurs pics de départ de l’eau des pores et l’eau
chimiquement liée. Le tableau IV.6 justifie la difficulté de la quantification de la contribution
individuelle de l’eau des pores et de l’eau chimiquement liée.
Tableau IV.6. Températures de décomposition des produits de l’hydratation du ciment [23].
Hydrates Température de décomposition
C-S-H 140°C, pic endothermique
Ettringite 130°C, pic endothermique
AFm 200°C, pic endothermique
Gypse 144°C et ou 167°C, pic endothermique
360°C, pic exothermique
C2AH8 180°C, pic endothermique
C3AH6 330°C, pic endothermique
C4AH13 270°C, pic endothermique
Phase 2 : Perte de masse entre 400°C et 600°C [22-23] ; La plupart des chercheurs
s’accordent que cette partie corresponde au départ de l’eau liée aux hydrates, principalement
celle liée à la portlandite (Eq.IV.2), cependant de nouveaux pics ont été observés aux
alentours de 555°C pour les matériaux dopés par le déchet, ces pics sont attribués à la
déshydroxylation des hydroxydes de plomb [24] (Eq.IV.3). Les résultats d’ATG confirment
l’apparition de la phase Pb(OH)2 détectée lors de l’analyse DRX. La perte de masse
engendrée par cette décomposition correspond à un départ d’eau chimiquement liée.
Ca(OH ) 2 → CaO + H 2O (vapeur ) Eq.IV.2
Pb(OH ) 2 → PbO + H 2O (vapeur ) Eq.IV.3
Les teneurs en portlandite et en hydroxydes de plomb pour les matériaux analysés sont
consignées dans le tableau IV.7.
133
Chapitre IV. Résultats et discussions
Les résultats enregistrés dans le tableau IV.7 montrent que la teneur en portlandite
dans les matériaux sains est importante par rapport à celle obtenue pour les matériaux
contenant du déchet; cela peut être expliqué par le fait que l’ajout du déchet dans le matériau
S/S amoindrit l’hydratation des grains du ciment anhydre et favorise la substitution du
calcium de la portlandite par le plomb pour former des hydroxyde de plomb Pb(OH)2.
Phase 3: Perte de masse entre 600°C et 800°C [22-23] ; Cette phase correspond à la
décarbonations du CaCO3. La décomposition de la calcite se fait selon l’équation (Eq.IV.4).
La perte de masse concorde au départ du CO2.
CaCO3 → CaO + CO2 ( gaz ) Eq.IV.4
IV.2.10. Analyse Infra-Rouge (IRTF)
La technique IRTF nous apporte des réponses complémentaires intéressantes suite à
l’analyse par DRX. L’identification des différentes bandes d’adsorption a été réalisée à l’aide
des tables de vibration de Mollah [25] et Silva [26].
Le tableau IV.8 et les figures IV.19 et IV.20 illustrent les résultats d’identification des
spectres IR obtenus pour les matériaux F1M, F4M, F1P et F4P.
Tableau IV.8. Identification des bandes observées sur les spectres IR pour F1M, F4M, F1P et
F4P.
Légende Identification des bandes Nombre d’ondes (cm-1)
A O-H de portlandite Ca(OH)2 3645
B Si-O 3460
C H2O adsorbée 1647
D CO32- 1431
E C-S-H 1018
F Si-O 779
G Si-O 460
134
Chapitre IV. Résultats et discussions
135
Chapitre IV. Résultats et discussions
En premier lieu, aucune différence majeure dans la forme des bandes pour les quatre
matériaux n’apparaît sur les figures IV.19 et IV.20. Les différences d’intensité observées entre
les matrices sont dues à l’épaisseur plus ou moins importante de la pastille analysée.
D’après les spectres IR, nous observons la présence des bandes correspondant à la
vibration de la liaison Si-O à plusieurs positions, cette liaison peut provenir du quartz (SiO2)
des C-S-H et/ou à l’ajout du sable normalisé siliceux. La grande intensité de ces bandes larges
masque la présence de certains composés à savoir les liaisons Métal-Oxygène (M-O) [27] et
l’eau libre. La bande observée autour de 1645 cm-1 correspond à l’eau intermoléculaire [28].
Nous constatons aussi l’apparition de la bande caractéristique des C-S-H qui est le
résultat des réactions d’hydratation. La détection de la bande caractéristique de la portlandite
autour de 3644 cm-1 est confirmée par la DRX.
IV.2.11. Humidité, Capacité d’Absorption en Eau (CAE) et porosité ouverte à l’eau
Plusieurs paramètres physiques ont été déterminés pour les matériaux F1M, F1P, F4M
et F4P, ces derniers sont illustrés dans le tableau IV.9.
Tableau IV.9. Paramètres physiques des matériaux sélectionnés.
Echantillon Humidité (%) CAE (%) Porosité ouverte à l’eau Pi (%)
F1M 5.58 4.82 10.05
F4M 5.62 7.38 15.07
F1P 7.40 5.63 10.69
F4P 7.38 10.8 19.68
Il a été observé que le taux de porosité, des matériaux S/S, est important par rapport
aux matériaux sains. On conclut que l’ajout du déchet a augmenté le taux de porosité qui a
provoqué à son tour l’augmentation de la capacité d’absorptions en eau dans les matériaux
S/S. Les taux de porosité des mortiers sont inférieurs à ceux des pâtes, ceci confirme les
résultats obtenus lors des essais de résistance mécanique (Figure IV.10, § IV.2.6). L’humidité
a été déterminée pour calculer avec soin les rapports Liquide/Solide lors des tests de
lixiviation.
IV.2.12. Comportement des matériaux solidifiés/stabilisés aux conditions d’expositions
IV.2.12.1. Capacité de neutralisation acide CNA - test de l’influence de pH
Les valeurs de pH obtenus, pour les matériaux (S/S) F4M et F4P, en fonction des
quantités de H+ ou OH- ajoutées sont reportées sur la figure IV.21.
136
Chapitre IV. Résultats et discussions
137
Chapitre IV. Résultats et discussions
que l’état stationnaire est atteint. Cependant, il n’est guère intéressant de noter ces variations
des valeurs du pH.
IV.2.12.2. Solubilité en fonction du pH
Plusieurs chercheurs ont étudié le relargage des espèces chimique en fonctions de pH
[28-33]. Il a été observé deux types de comportements à savoir : (i) les espèces dépendantes
du pH tels que Ca2+, Cu2+, Ni2+, Pb2+ et Cr+3, (ii) et les espèces indépendantes du pH comme
le Cl-, K+ et Na2+. Les résultats présentés en figure IV.22 montrent la solubilité des éléments
suivis en fonction du pH.
138
Chapitre IV. Résultats et discussions
139
Chapitre IV. Résultats et discussions
Les taux des métaux lourds relargués par le déchet brut ont été comparés à ceux
relargués à partir du déchet (S/S), formulations F4P et F4M, durant le test IpH. Les
concentrations maximales extraites lors de l'essai IpH pour le déchet brut sont respectivement
de l’ordre de 617.7; 281.2 et 50.48 mg/L pour le nickel, le plomb et le chrome respectivement.
Pour une meilleure comparaison, les quantités des matériaux F4M et F4P ont été normalisées
selon la quantité du déchet brut utilisée durant le test IpH. Les résultats obtenus sont présentés
sur la figure IV.23.
Figure IV.23. Comparaison entre les taux relargués avant et après stabilisation/solidification
lors du test IpH.
On observe que les taux des métaux lourds dans les matériaux S/S ont été énormément
diminués par rapport aux concentrations des éléments relargués à partir du déchet brut. Il a été
observé que le pourcentage relargué en métaux lourds dans le matériau F4M est inférieur par
rapport au matériau F4P, cela montre que les mortiers ont un potentiel élevé dans le piégeage
des métaux lourds par rapport aux pâtes de ciment. On conclut que le procédé de
stabilisation/solidification appliqué au déchet brut a permis de diminuer considérablement le
caractère polluant du déchet à l’état brut dans des milieux agressifs.
IV.2.12.3. Tests de l’eau de pores (EP) et de la fraction maximale mobilisable (FMM)
La solubilité des espèces chimiques en fonction du rapport L/S est illustrée en figure
IV.24. Les quantités maximales extraites, enregistrées généralement à des petits rapports L/S,
du plomb, chrome et nickel sont respectivement d’ordre de 30,52 ; 0.542 ; 54.21 mg/L pour la
formulation pâte F4P, et de l’ordre de 15.80 ; 0.367 ; 44.12 mg/L pour la formulation mortier
F4M.
140
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.24. Evolution des concentrations des espèces chimiques suivies en fonction du
rapport L/S.
De la figure IV.24, on tire se qui suit:
- Dans les tests EP et FMM, On enregistre des concentrations de potassium proches
dans les deux formulations F4P et F4M. Le même comportement a été observé pour le
sodium. Ces deux éléments proviennent de la dissolution quantitative de phases
fortement solubles (KOH et NaOH), la cinétique de dissolution minérale de ces deux
éléments est en effet rapide en raison de l’augmentation de la surface réactive du
matériau broyé et leurs concentrations dépendent du ratio L/S. Les mêmes quantités de
sodium et de potassium ont été solubilisées et les variations des concentrations
enregistrées sont induites des variations des volumes de lixiviant utilisés. Le relargage
des espèces fortement solubles (K, Na) à partir des matériaux poreux qui sont en
contact direct avec l’eau est le résultat d’un phénomène complexe couplé par la
dissolution des ces espèces dans l’eau de pore suivi par leurs transport vers la solution
de lixiviation. On déduit que l'eau des pores est chargée en ces éléments ;
- Le comportement des chlorures est similaire à celui du sodium et du potassium. Dans
ce cas on a enregistré des concentrations proches pour les faibles rapports L/S;
141
Chapitre IV. Résultats et discussions
142
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.25. Evolution des flux de relargage des espèces chimiques (Pb2+, Cu2+, Ni2+ et
Cr3+) en fonction du temps moyen Ti pendant 64 jours de lixiviation.
En général, quelque soit le type du milieu, on observe, un début de relargage de type
diffusionnel, ou la pente de la courbe étant de -0.5 [17], ce fait est du aux gradients de
concentration entre l’eau interstitielle du matériau cimentaire, très chargée, et la solution
agressive, peu chargée, créent un transfert d’ions par diffusion. Ce relargage se traduit par la
contribution importante de la surface extérieure du bloc monolithe (phénomène de lessivage),
ensuite les flux relargués diminuent à cause d’un phénomène d’épuisement du déchet libre qui
se trouve sur la surface extérieure du bloc monolithique. Le relargage des ces métaux ensuite
continue à diminuer et devient contrôler par les variations des concentrations résultants de la
diffusion provoquée par des réactions chimiques de dissolution-précipitation (conditions
chimiques d’équilibre).
D’après la figure IV.25, on constate que les flux totaux relargués des espèces suivies
dans le milieu sulfaté sont supérieurs à ceux du milieu neutre (tableau IV.10), ceci est du à la
force ionique élevée de la solution sulfatée par rapport à celle de l’eau déminéralisée. Lorsque
les blocs sont en contact avec la solution sulfatée plusieurs phénomènes peuvent être
exécutés, une partie de la portlandite se dissout suivie par la diffusion des sulfates vers
l’intérieur de la matrice cimentaire. Les sulfates entrants réagissent avec les ions de la solution
interstitielle, les phases de ciment hydraté et les grains de ciment restés anhydres (Figures
143
Chapitre IV. Résultats et discussions
IV.13, IV.14, IV.15 et IV.16). Ces réactions engendrent la précipitation des espèces
secondaires à savoir : l’ettringite et le gypse (Chapitre I, § I.6.3.3) et induisant l’apparition des
pressions de cristallisation et des fissures. L’accroissement de la porosité augmente la surface
réactive (solution-solide) et par conséquent la libération des polluants sera plus importante.
Pour le cas de cuivre, aucune différence n’a été observée au niveau des flux relargués pour les
deux milieux, il s’avère que la solubilité de cuivre ne dépend pas de la nature de la solution de
lixiviation. Le rapport de relargage est de l’ordre de 1, ceci est dû peut être à sa faible quantité
dans le déchet.
Tableau IV.10. Rapport de relargage milieu sulfaté/milieu neutre.
Rapport milieu sulfaté/milieu neutre
Elément Formulation F4M Formulation F4P
Chrome (Cr3+) 5.91 6.46
Nickel (Ni2+) 4.27 3.59
Plomb (Pb2+) 4.13 7.19
Cuivre (Cu2+) 1.01 1.02
Les flux totaux relargués de la formulation F4P sont supérieurs à ceux relargués de la
formulation F4M, cela est dû à la résistance élevée du F4M par rapport à F4P, à l’ajout du
sable normalisé qui diminue la diffusion des sulfates à l’intérieurs et à sa faible porosité. Les
faibles quantités, des espèces chimiques, lixiviés pendant 64 jours (qui est l’équivalent de 96
ans de relargage) consignés dans le tableau IV.11 démontrent l’efficacité du procédé de S/S
du déchet de l’unité B.C.R par les liants hydrauliques.
Tableau IV.11. Flux totaux relargués des espèces chimiques pour les formulations F4M et
F4P pendant 64 jours de lixiviation.
S0 (mmol/L) du déchet brut S0 (mmol/L) du F4M S0 (mmol/L) du F4P
Ni2+ 417.1 217.1 151.4
Cr3+ 40.11 1.385 1.221
Pb2+ 54.89 12.14 19.32
Cu2+ 1.056 0.231 0.386
Quantité relarguée pendant 64 jours de F4M Quantité relarguée pendant 64 jours de F4P
(mmol/L) (mmol/L)
Milieu neutre Milieu sulfaté Milieu neutre Milieu sulfaté
Ni2+ 5.141 31.36 6.628 43.27
Cr3+ 0.051 0.345 0.055 0.367
Pb2+ 1.294 7.992 1.749 6.482
Cu2+ 0.001 0.001 0.001 0.001
Taux relargué pendant 64 jours par rapport à la Taux relargué pendant 64 jours par rapport à la
quantité totale relarguée à partir du déchet (%) quantité totale relargué à partir de F4M et F4P (%)
Milieu neutre Milieu sulfaté Milieu neutre Milieu sulfaté
F4M F4P F4M F4P F4M F4P F4M F4P
Ni2+ 1.23 1.59 7.52 10.37 2.37 4.38 14.44 28.58
Cr3+ 0.13 0.14 0.86 0.91 3.68 4.50 24.91 30.06
Pb2+ 2.36 3.19 9.09 11.81 10.66 9.05 41.12 33.55
Cu2+ 0.09 0.09 0.09 0.09 0.43 0.26 0.43 0.26
144
Chapitre IV. Résultats et discussions
145
Chapitre IV. Résultats et discussions
146
Chapitre IV. Résultats et discussions
Tableau IV.12. Epaisseur dégradée des formulations F4M et F4P sous l’action des sulfates et
de l’eau déminéralisée.
Epaisseur dégradée (µm)
Formulation Facteur d’accélération
Milieu sulfaté Milieu neutre
F4M ~ 9000 ~ 4500 × 2 sur l’épaisseur dégradée
F4P ~ 12600 ~ 5400 × 2.3 sur l’épaisseur dégradée
D’après les résultats enregistrés dans le tableau IV.12, on constate ce qui suit :
- La cinétique de dégradation des matériaux sous l’action des sulfates est plus rapide
que dans le milieu neutre, cela est du à l’effet de la précipitation de l’ettringite et/ou le
gypse qui engendre l’accroissement de la porosité des matériaux et par conséquent la
dissolution des hydrates et un relargage intense;
- L’épaisseur dégradée du matériau F4P est supérieure à celle du matériau F4M, elle
est d’ordre de 1.4 pour le milieu sulfaté et de 1.2 pour le milieu neutre, ceci est dû à la
grande porosité de F4P par rapport à F4M (tableau IV.9) et à la présence du sable
normalisé dans le matériau mortier.
IV.2.13.2. Evaluation de la dégradation en termes de la quantité de la portlandite
insoluble
Dans le but de comprendre et d’expliquer les mécanismes de dégradation des
formulations F4M et F4P exposées à une solution sulfatée et à une eau déminéralisée, une
analyse thermogravimétrique (ATG) a été réalisée suivant la procédure décrite au chapitre III
(Chapitre III, § III.2.4.4). Les analyses thermiques ont été réalisées sur les poudres récupérées
à différentes profondeurs après grattage des blocs monolithes à la fin du test TLM.
Les résultats de l’ATG effectués sur F4M et F4P à différentes profondeurs sont
présentés sur les figures IV.30 et IV.31.
149
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.32. Evolution de la porosité ouverte à l’eau des formulations F4M et F4P en
fonction du temps.
La figure IV.32 nous permet d’extraire les remarques suivantes :
- Dans le milieu neutre, on observe que la porosité augmente au fur et à mesure que le
temps de contact progresse. La dissolution de la portlandite, du aux gradients de
concentration, augmente la perméabilité à l’eau et par conséquent l’augmentation de la
porosité. L’augmentation de la porosité peut être attribuée aussi, au renouvellement de
la solution de lixiviation qui inhibe à atteindre l’état stationnaire et par conséquent la
dissolution de la portlandite se poursuivra ;
- L’allure des courbes sur la figure IV.32 reflète clairement les damages des sulfates sur
les matériaux F4M et F4P. La porosité dans le milieu sulfaté est importante que celle
observée dans le milieu neutre. Il parut que la porosité des matériaux
stabilisés/solidifiés augmente jusqu’à un temps maximal de 14 mois, cette
augmentation est due à la précipitation de l’ettringite et/ou gypse (Chapitre I, §
I.6.3.3). La précipitation de ces derniers crée une pression interne capable d'atteindre
70 à 120 MPa et fait fissurer la pâte de ciment durcie. La fissuration de cette dernière
est accompagnée par la pénétration de la solution agressive vers l’intérieur du
matériau qui augmente sa porosité ;
- A partir de 14mois, on enregistre une stabilisation de la porosité des matériaux F4M et
F4P, la variation est inférieure à 0,05%. L’accumulation de la précipitation des
espèces secondaires (l'ettringite et/ou le gypse) contribue au remplissage des fissures
créées et induit une diminution de la porosité locale du matériau [21]. La diminution
de la porosité locale empêche la dissolution de la portlandite et/ou la consommation de
la portlandite par les sulfates et par conséquent la porosité se stabilise ;
150
Chapitre IV. Résultats et discussions
- La porosité du F4P reste toujours inférieure à celle du F4M quelque soit la nature du
milieu, ceci s’exilique par l’effet du sable normalisé qui favorise la diminution de la
porosité qui ralentit la diffusion des sulfates vers le cœur du matériau.
IV.2.13.4. Evaluation de la dégradation en termes de la concentration des métaux lourds
piégés
Les poudres récupérées après grattage ont subi des attaques acides afin de suivre
l’évolution des taux de métaux lourds retenus dans la structure des matériaux F4M et F4P.
Les résultats obtenus sont illustrés sur la figure IV.33.
Figure IV.33. Profils des concentrations des métaux lourds (Ni2+, Pb2+ et Cr3+) obtenus par
attaque acide sur les poudres récupérées après grattages des blocs monolithes.
151
Chapitre IV. Résultats et discussions
Les profils des concentrations des métaux suivis ont les mêmes allures que ceux de la
portlandite lors des analyses DRX et ATG. D’après les profils obtenus, nous observons que la
quantité des métaux lourds est très faible dans les premiers pas grattés, puis elle commence à
s’accroître en allant vers le cœur des blocs puis elle devient constante. L’absence de ces
métaux dans la partie dégradée est due aux damages causés par l’eau pure et les sulfates qui
entraînent l’augmentation de la porosité et la dissolution des phases fixant les métaux lourds.
Les quantités des métaux lourds piégées dans la zone dégradée sont plus faibles dans
le milieu sulfaté par rapport à ceux observées dans le milieu neutre, ceci montre l’effet brutal
des sulfates sur la structure des matériaux cimentaires et la libération des métaux lourds.
L’apparition d’un palier horizontal, où les concentrations des métaux lourds sont de
même ordre de grandeurs que celles relarguées lors du test IpH, confirme l’aboutissement aux
parties saines non dégradées des matériaux ; ceci justifie les épaisseurs dégradées obtenus lors
des analyses DRX.
Pour mieux confirmer les résultats des attaques acides, des analyses MEB-EDX ont
été faites.
IV.2.13.5. Evaluation de la dégradation en termes des taux des espèces chimiques
composant les matrices cimentaires de F4M et F4P
Des analyses MEB-EDX ont été effectuées sur les poudres récupérées à différentes
profondeurs des blocs d’études afin de suivre les pourcentages massiques de calcium,
potassium, sodium, nickel, chrome et du plomb pour évaluer l’épaisseur dégradée des
matériaux F4M et F4P après la lixiviation. Les résultats obtenus sont présentés dans les
figures IV.34.
152
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.34. Evolution des pourcentages des espèces chimiques (K+, Na+, Ni2+, Pb2+, Cr3+ et
Ca2+) obtenus par MEB-EDX en fonctions de la profondeur des blocs monolithes après 18
mois de lixiviations.
Les résultats obtenus par MEB-EDX sont conformes avec ceux obtenus par attaque
acide, ceci confirme les résultats des épaisseurs dégradées obtenus par DRX. L’interprétation
des résultats de la quantification EDX montre la disparition du potassium et du sodium dans
les premières parties grattées ceci est dû à la dissolution de leurs phases fortement solubles
(KOH et NaOH). L’absence de ces deux espèces chimiques semble plus large pour les cas des
blocs émergés dans la solution sulfatée, ceci est du aux damages causées par les sulfates, qui
augmente la porosité des matériaux (§ IV.2.12.3) et par conséquent l’accroissement de la
153
Chapitre IV. Résultats et discussions
solubilité des phases alcalines (KOH et NaOH). Ces résultats confirment que les blocs
émergés dans le milieu sulfaté sont dégradés fortement par rapport à ceux émergés dans l’eau
déminéralisée.
Pour le cas des étaux lourds nous observons l’absence de ces métaux dans les premiers
pas grattés mais d’une façon moins importante pour le cas du milieu neutre, puis ils
commencent à apparaître en allant de la face extérieure vers le cœur des blocs monolithique
ou les pourcentages des métaux retenus restent presque dans la même gamme de grandeurs,
cette zone représente la partie non dégradée des blocs.
Les taux de calcium des matériaux lixiviés ont été comparés avec ceux des matériaux
de références (F4M et F4P non lixiviés), les résultats montrent que les taux de calcium dans
les parties dégradées sont faibles par rapport à ceux des matériaux non lixiviés, ceci est dû à la
dissolution des phases contenant du calcium et leurs lixiviation à savoir : la portlandite,
l’ettringite, le C-S-H ...etc. A certaines profondeurs, nous observons que les taux de calcium
se rapprochent au taux de calcium dans les matériaux de référence, cette partie non décalcifiée
et non dégradée des blocs est considérée saine.
IV.2.13.6. Evaluation de la dégradation en termes des pourcentages cumulés lixiviés des
métaux lourds
Les taux des métaux lourds lixiviés pendant 64 jours (test normalisé) et 18 mois de
lixiviation dans différents milieux pour les formulations F4M et F4P sont consignés dans le
tableau IV.13.
Tableau IV.13. Taux des métaux lourds lixiviés pendant 64 jours et 18 mois des matériaux
F4M et F4P dans différents milieux.
Taux relargués pendant 64 jours par rapport à la Taux relargués pendant 18 mois par rapport
quantité totale relarguée à partir du déchet. à la quantité totale relargué à partir déchet.
Milieu Neutre Sulfaté Neutre Sulfaté
Formulation F4M F4P F4M F4P F4M F4P F4M F4P
Ni2+ (%) 1.23 1.59 7.52 10.37 5.45 7.02 16.85 25.63
Cr3+ (%) 0.13 0.14 0.86 0.91 2.86 3.75 7.76 8.44
Pb2+ (%) 2.36 3.19 9.09 11.81 7.91 10.18 21.09 27.37
D’après les résultats enregistrés dans le tableau IV.13, nous constatons que:
- Les quantités des métaux lourds relarguées pendant 18 mois sont plus importantes que
celles relarguées pendant 64 jours pour les deux types de milieu. Ce qui montre que
les matériaux à l’âge de 18 mois (combien en terme d’années) sont plus dégradés qu’à
l’âge de 64 jours ;
- Les quantités des métaux lourds relargués pendant 18 mois restent toujours inférieures
par rapport à celles relarguées à partir du déchet brut de l’unité BCR, ce qui prouve
154
Chapitre IV. Résultats et discussions
155
Chapitre IV. Résultats et discussions
Tableau IV.16. Coefficients de diffusion calculés à partir des résultats du test TLM de Ni2+,
Pb2+, Cr3+ et Ca2+ pour F4M et F4P –cas du milieu sulfaté.
F4M F4P
Ni 2+ (m2 /s) 1.97×10 -14 8.91×10 -13
Cr 3+ (m2 /s) 1.64×10 -12 7.58×10 -11
Pb 2+ (m2 /s) 1.50×10 -10 2.00×10 -10
Ca 2+ (m2 /s) 9.33×10 -11 1.63 ×10 -9
Na + et K + (m2 /s) 5.13×10 -9 7.04×10 -9
Cl - (m2 /s) 5.54×10 -11 9.16×10 -11
D’après les résultats illustrés dans les tableaux IV.15 et IV.16, on remarque d’une part
que les valeurs de coefficients de diffusion sont différentes et ceci peut être du à la nature de
lixiviant, la porosité du matériau et à la quantité du déchet initialement ajoutée, et d’autre part,
le rapport entre les coefficients de diffusion dans le milieu neutre et le milieu sulfaté sont
approximativement d’ordre de 3.9 ; 1.6 ; 1.9 ; 1.45 ; 2.6 et 4.7 pour Ni2+, Cr3+, Pb2+, Cl-, Na+
et K+ respectivement, pour le matériau F4M et de l’ordre de 4.4 ; 1.7 ; 5 ; 5.2 ; 2.8 et 5.12
pour Ni2+, Cr3+, Pb2+, Cl-, Na+ et K+ respectivement, pour le matériau F4M. Ces ratios
montrent largement la contribution des sulfates dans l’augmentation des coefficients de
diffusion.
IV.3.1.3. Quantités disponibles lixiviables
Les quantités disponibles lixiviables des espèces chimiques dépendant du pH
(solubilité) sont consignées dans les tableaux IV.17. L’expression mathématique (Eq.III.15)
permet de passer des concentrations en mg/L aux concentrations en mol/L.
156
Chapitre IV. Résultats et discussions
Qmax_ ext × ρ
S0 = Eq.III.15
M a × P × 1000
Tableau IV.17. Quantité disponible lixiviable de Ni2+, Pb2+, Cr3+ et Ca2+ pour F4M et F4P.
Matériaux
Espèce chimique
S 0 dans F4M S0 dans F4P
Ni 2+ (mmol/L)
(mmol 217.1 151.4
Cr 3+ (mmol/L)
(mmol 1.385 1.221
Pb 2+ (mmol/L)
(mmol 12.14 19.32
Ca 2+ (mol
mol/L) 31.42 44.63
L’extrapolation des résultats expérimentaux obtenus par le test eau de pore (EP),
figure IV.35, nous a permis
is de déterminer la quantité disponible lixiviable des éléments très
solubles pour le rapport L/S équivalent à la capacité d’absorption en eau (CAE) [17], les
résultats obtenus sont consignés dans le tableau IV.18.
IV.1
Figure IV.35. Détermination de la quantité disponible lixiviable C0 pour K+, Na+ et Cl-.
157
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.36. Flux expérimentaux et simulés des espèces chimiques (Pb2+, Ni2+, Cr3+, Na+,
K+, Cl- et Ca2+) en fonction du temps moyen Ti pendant 64 jours de lixiviation pour la
formulation F4M dans les deux milieux d’étude.
158
Chapitre IV. Résultats et discussions
Figure IV.37. Flux expérimentaux et simulés des espèces chimiques (Pb2+, Ni2+, Cr3+, Na+,
K+, Cl- et Ca2+) en fonction du temps moyen Ti pendant 64 jours de lixiviation pour la
formulation F4P dans les deux milieux d’étude.
La reproductibilité des résultats expérimentaux obtenus lors du test TLM à l’aide du
modèle de simulation proposé, diffusion couplé aux réactions chimiques, semble acceptable.
La représentation des résultats sous forme de flux montre une bonne concordance entre les
flux de simulation et les flux expérimentaux pour la plupart des espèces chimiques étudiées
surtout les éléments très solubles. Le tableau IV.19 montre quelques écarts entre les flux
expérimentaux et ceux simulés, ils sont dus essentiellement aux réactions physico-chimiques
qui ne sont pas prises en compte par le modèle élaboré à savoir : réactions de carbonatation
159
Chapitre IV. Résultats et discussions
des matériaux, la précipitation de l’ettringite, lessivage …etc. Aussi, ils peuvent être dus au
changement de la porosité des matériaux au cours du test de lixiviation.
Tableau IV.19. Etude comparative entre les flux relargués et ceux simulés des espèces
chimiques pendant 64 jours de lixiviation pour les formulations F4M et F4P pendant 64 jours
de lixiviation dans les deux milieux d’étude.
Quantité relarguée pendant 64 Quantité relarguée pendant 64
Rapport flux Rapport flux
jours de F4M (mmol/L) jours de F4M (mmol/L)
simulé/flux simulé/flux
Milieu Milieu neutre Milieu sulfaté
expérimental expérimental
Flux expérimental Simulé expérimental Simulé
Ni2+ 5.141 4.893 0.95 31.36 32.01 1.02
Cr3+ 0.051 0.054 1.05 0.345 0.386 1.12
Pb2+ 1.294 1.327 1.02 7.992 7.753 0.97
Ca2+ 923.7 958.5 1.11 1682.5 1934.8 1.15
Quantité relarguée pendant 64 Quantité relarguée pendant 64
Rapport flux Rapport flux
jours de F4P (mmol/L) jours de F4P (mmol/L)
simulé/flux simulé/flux
Milieu Milieu neutre Milieu sulfaté
expérimental expérimental
Flux expérimental Simulé expérimental Simulé
Ni2+ 6.628 6.36 0.96 43.27 44.56 1.03
Cr3+ 0.055 0.053 0.98 0.367 0.352 0.96
Pb2+ 1.749 1.731 0.99 6.482 0.611 1.02
Ca2+ 1989.1 2327.2 1.17 3042.3 2981.4 0.98
IV.4. CONCLUSION
L’ensemble des expériences réalisées sur des pâtes et des mortiers de référence et sur
d’autres matériaux obtenus par stabilisation/solidification contenant différentes quantités de
déchet a été présenté dans ce chapitre. Ces tests visent à faire la lumière sur l’impact de
l’ajout des déchets industriels toxiques de l’unité BCR sur les propriétés physiques et
mécaniques, le comportement à la lixiviation et la durabilité vis-à-vis des agressions
chimiques sur les matériaux cimentaires. L’exploitation des résultats des tests appliqués sur le
déchet et les matériaux obtenus par le procédé de stabilisation/solidification (S/S), nous a
permis de tirer les conclusions suivantes :
- La caractérisation du déchet par la mise en solution par attaque acide (eau régale),
DRX, MEB-EDX montre que le déchet de l’unité BCR contient des concentrations
importantes de nickel, de chrome et de plomb. De ce fait, le déchet brut de l’unité
BCR peut être classé comme un déchet ultime dangereux et doit subir un traitement
de stabilisation/solidification afin de réduire son caractère polluant et de le mettre
dans un centre de stockage de déchets ultimes ;
- Le déchet brut a été stabilisé/solidifié par un liant hydraulique. Il a été constaté que
l’ajout du déchet accélère la prise des pâtes à ciment ;
- L’ajout du déchet dans les matrices cimentaires diminue le taux de retrait dû à
l’augmentation du rayon moyen des pores qui diminue la pression capillaire. Ceci est
160
Chapitre IV. Résultats et discussions
161
Chapitre IV. Résultats et discussions
expliqué par le fait que les quantités relarguées données par ce dernier sont contrôlées
par la saturation de la solution de lixiviation. Cet état de saturation qui dépend du
rapport liquide/solide, du temps de contact et de la surface d’échange confirme que
les matériaux broyés relarguent plus de métaux lourds que les blocs monolithiques ;
- Les résultats obtenus en termes de quantités des métaux lourds lixiviées pendant 64
jours (test normalisé équivalent à 96 ans de relargage) par rapport au contenu total
dans le matériau dans les deux milieux d’études (eau déminéralisé et solution
sulfatée) et par rapport au contenu total du déchet à l’état brut, démontrent l’efficacité
du procédé adopté pour la S/S du déchet de l’unité BCR par les liants hydrauliques.
Ce faible taux peut être expliqué par le fait que les métaux lourds ont formé dans le
matériau des formes très complexes qui sont plus résistantes aux attaques agressives
du scénario envisagé. D’après ces faibles taux lixiviés, on n’enregistre aucune
dégradation notable dans les matériaux d’étude ;
- Les taux des métaux lourds relargués dans le milieu sulfaté sont supérieurs à ceux
relargués dans le milieu neutre, ceci est dû à la force ionique élevée de la solution
sulfatée par rapport à celle de l’eau déminéralisée. Les sulfates réagissent avec les
différentes phases de ciment hydratés et engendrent la précipitation des espèces
secondaires (l’ettringite et le gypse), ces derniers induisent l’apparition de pressions
de cristallisation et de fissures dans les blocs. L’accroissement de la porosité
augmente la surface réactive (solution-solide), augmentant la libération des polluants ;
- L’analyse MEB-EDX des matériaux F4M et F4P montre la présence de métaux
lourds dans la structure des matériaux S/S, ce qui explique la réussite du traitement
par Stabilisation/Solidification ;
- L’analyse minéralogique réalisée, par l’emploi de la DRX, ATG, MEB-EDX et
l’attaque acide, a permis une zonation minéralogique précise du matériau dégradé
chimiquement après 18 mois de lixiviation ;
- La cinétique de dégradation des matériaux sous l’action des sulfates est plus rapide
que dans le milieu neutre, cela est dû à l’effet de la précipitation de l’ettringite et/ou le
gypse qui engendre l’augmentation de la porosité qui augmente la dissolution des
hydrates et la libération de métaux lourds ;
- Les quantités des métaux lourds relargués pendant 18 mois restent toujours
inférieures celles relarguées à partir du déchet brut de l’unité BCR ;
162
Chapitre IV. Résultats et discussions
- Les taux des métaux lourds lixiviés à partir du F4M sont inférieurs à ceux relargués à
partir du F4P quelle que soit la nature du milieu et la durée d’exposition, ceci est dû à
la faible porosité et à la résistance mécanique élevée du F4M par rapport au F4P ;
- Le matériau F4M est moins dégradé par rapport au matériau F4P, ceci est dû à l’ajout
du sable normalisé qui diminue la porosité et qui inhibe la diffusion dans les deux
directions (vers le cœur du bloc et vers la solution agressive) ;
- Le modèle de simulation proposé décrit suffisamment le relargage des espèces
chimiques polluantes à long terme dans le scénario envisagé (l’immersion d’un déchet
stabilisé/solidifié dans une solution agressive), cependant quelques écarts ont été
observés et ceci est dû aux réactions non prises en compte par le modèle élaboré et au
changement de la porosité au cours du test de lixiviation.
163
IV.5. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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166
CONCLUSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE
Les objectifs fixés dans cette étude, à savoir une caractérisation des rejets de l’unité
Boulonnerie, Coutellerie, Robinetterie et Evier (B.C.R)-Algérie, la Stabilisation/
Solidification de ces déchet par un ciment de type CEM I, l’évaluation du relargage de
différentes espèces chimiques polluantes contenues dans les matrices poreuses sous
différentes conditions de lixiviation (eau pure et milieu sulfaté, Na2SO4 à 15 mmol/L),
l’évaluation de la dégradation des matrices poreuses contenant des polluants, ainsi qu’une
modélisation simplifiée pour prédire le relargage à long terme des polluants toxiques, ont été
atteints. Ces objectifs ont contribué considérablement à l’amélioration de nos connaissances
sur la faisabilité de la Stabilisation/Solidification des déchets industriels riches en métaux
lourds par des liants hydrauliques pour qu’ils soient acceptables dans les centres de stockage
de déchets ultimes.
L’étude expérimentale adaptée a été divisée en plusieurs parties : une première partie a
été consacrée à la caractérisation des matériaux d’étude, une seconde partie a été dédiée à la
détermination des propriétés physiques et mécaniques des formulations adoptées (mortiers et
pâtes de ciment), une troisième partie est consacrée à l’étude du comportement à la lixiviation
de ces formulations sous différents milieux (milieu pur et milieu sulfaté) et une dernière partie
est dédiée aux essais de grattage sur des blocs monolithiques où une évaluation de l’épaisseur
dégradée du matériau a été réalisée.
168
Conclusion générale
sélectionnées. Les essais ont été réalisés sur les matériaux au même âge pour rendre les
résultats comparables et fiables.
169
Conclusion générale
170
Conclusion générale
la quantité relarguée des polluants à partir des matrices cimentaires à long terme dans
des conditions réelles de stockage. Les flux relargués obtenus théoriquement sont
assez proches de ceux déterminés expérimentalement.
En perspective, on envisage :
171
ANNEXES
Annexe A
Description de l’unité BCR (Boulonnerie, Coutellerie, Robinetterie et Evier)
Moyens de production
L’outil de production de l’unité BCR est basé sur les technologies suivantes :
- Fonderie de laiton (gravité et basse pression) : fabrication d’ébauches coulées ;
- Matriçage à chaud du laiton : fabrication d’ébauches pressées ;
- Fabrication de barres de laiton : recyclage des déchets de laiton ;
- Usinage : usinage des ébauches ;
- Décolletage : fabrication d’accessoires de robinetterie ;
- Finition : meulage, polissage des corps et accessoires de robinetterie ;
- Traitement de surface : chromage, dorure et poudrage époxy ;
- Montage : contrôle de fonctionnement et emballage des produits.
Objectif :
L’objectif des unités BCR est de devenir une entreprise dynamique rentable en s’appuyant
sur une politique industrielle stabilisé, un réseau commercial performant et un riche capital
humain. Les axes permettant l’atteinte de cet objectif sont :
- Renforcement de la position sur le marché ;
- Développement et maitrise technologique ;
- Promotion des compétences ;
- Consolidation de la situation économique et financière ;
- Amélioration des systèmes de management.
Les solutions traitées sont ensuite filtrées à haute pression tout en récupérant un déchet
sous forme d’une boue friable humide. Le déchet récupéré est stocké dans des grands sacs en
plastique qui sont préservés dans des conteneurs en métal dans une décharge propre à l’unité.
Près de 1520 t/an de ces déchets est généré dans ces unités de coutellerie. Ces déchets
contiennent différents métaux lourds dangereux et plus particulièrement Ni, Cr et Pb.
III
Annexe B
Calcul de la quantité d’eau nécessaire à l’hydratation complète du ciment Wel
Les formules de Bogue sont utilisées pour calculer le pourcentage massique des phases
de ciment. Ce calcul fait l’hypothèse de la formation de réseaux cristallins bien définis, sans
aucune inclusion étrangère, et ne tient pas compte des oxydes secondaires apportés par les
matières premières.
Le pourcentage de chaque composant (C3S, C2S, C3A et C4AF) est calculé à partir des
teneurs de chaque élément entrant dans la composition du ciment. Pour notre cas, nous avons
utilisé un ciment CEM-I 52,5 de la cimenterie d’Ain-Elkebira dont la composition chimique
est donnée dans le tableau B1 suivant :
Les pourcentages ainsi calculés sont ensuite multiplié par la quantité d’eau (en grammes)
nécessaire pour l’hydratation d’un gramme de constituant (tableau B2).
Tableau B2. Calcul de la quantité d’eau nécessaire à l’hydratation complète du ciment Wel.
IV
Annexe C
Courbes d’étalonnage
L’analyse
’analyse des différentes espèces étudiées par la technique de la SAAF, se base sur la
préparation des courbes d’étalonnage. Ces courbes sont illustrées dans les figures ci-après.
Figure C2.
C Courbe d’étalonnage du Plomb.
V
Figure C4.
C Courbe d’étalonnage du Sodium.
Figure C5.
C Courbe d’étalonnage du Potassium.
Figure C6.
C Courbe d’étalonnage du Cuivre.
VI
Annexe D
Article publié dans le cadre de la thèse
VII
+,-,./0/-123450-466758209/2-/6/,1/24:
9,;,-<4=12>,10/2?@7ABC2+DAB2,5<2E-FBG
1467<7:7/<H10,D767;/<2DI23/./50JEKL2M
NOPQRSTSUVOWXVOSYZ[PQ\WX]]^VSUY
_PQ̀^O^aWXbcZdZ_PQ_ecf\WaOc^b
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