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Géographie Énergie La Suisse et sa stratégie énergétique 2050

Article
La question du nucléaire va revenir aux Chambres
Six ans après le vote populaire de la loi sur l’énergie, la question de l’atome va être
évoquée aux Conseil des États. Dans une réponse au président du PLR (= FDP) qui
évoque la prolongation des centrales, voire la création d’une nouvelle, le Conseil
fédéral n’exclut rien

Aurélie Coulon, Le Temps, publié le 03 décembre 2023, modifié le 04 décembre 2023.

La centrale de Beznau, qui comprend le plus vieux réacteur de Suisse, en mai 2011. — © ALESSANDRO DELLA
BELLA / KEYSTONE

En 2017, les Suisses ont accepté à 58% la loi sur l’énergie misant (= auf etwas setzen) sur le
développement des énergies renouvelables et propres pour assurer la distribution en
électricité dans le pays. Le PLR était à l’époque favorable à cette stratégie. Aujourd’hui,
avec les risques de pénurie (= le manque) d’électricité planant au-dessus de l’avenir de
l’approvisionnement (= die Versorgung) suisse, le parti bourgeois remet la question de la
construction de nouveaux réacteurs sur la table.
En septembre, le conseiller aux États Thierry Burkart, président du PLR, a demandé au
Conseil fédéral un rapport sur le futur du nucléaire en Suisse. A son sens, le
gouvernement doit décrire les mesures nécessaires pour permettre une exploitation sûre
à long terme des centrales nucléaires existantes ; il doit aussi analyser l’évolution du mix
électrique en Suisse d’ici à 2030, afin de pouvoir « débrancher (= abschalten) les centrales
sans risque pour l’approvisionnement ». Enfin, le sénateur argovien évoque le scénario de
la construction de nouvelles centrales nucléaires, dans le cas où le développement des
énergies renouvelables ne serait pas suZisamment rapide.

Une réponse prudente du Conseil fédéral


Dans sa réponse relevée par les journaux de Tamedia, le Conseil fédéral se montre
prudent. Il souligne qu’une acceptation du postulat du président du PLR « ne préjuge (=
vorhersehen) pas de la levée (= die Aufhebung) de l’interdiction de construire de nouvelles
centrales nucléaires. La prise en compte du scénario permet toutefois de prendre des
décisions en toute connaissance de cause. » (…)

École cantonale de Wohlen C. Crameri


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La situation actuelle
En Suisse, l’électricité produite provient pour 58% de l’hydraulique, 32% du nucléaire,
8% de nouvelles énergies renouvelables et 2% d’énergies fossiles. Quatre centrales
nucléaires sont en activité, Gösgen, Beznau I & II et Leibstadt, dont deux réacteurs parmi
les plus anciens du monde. Le nucléaire à l’avantage de fournir de l’électricité en continu
et sur demande selon les besoins, surtout en hiver, contrairement à l’éolien et au
photovoltaïque qui ont une production d’électricité intermittente (= zeitweilig) en fonction
de l’ensoleillement et des conditions de vent. Des technologies sont en cours de
développement pour stocker l’énergie produite par les énergies renouvelables.

La crainte (= la peur) d’une pénurie d’électricité d’ici à 2050 est soutenue par une récente
étude de l’Association des entreprises électriques suisses menée avec le Laboratoire
fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa). Celle-ci indique que
l’électrification des voitures et la rénovation énergétique des moyens de chauffage
entraîneront une forte augmentation des besoins d’électricité, qui passeront de 62 TWh
actuellement à entre 80 et 90 TWh en 2050, soit une hausse de 25 à 40% selon les
scénarios. Selon les auteurs de cette projection, l’augmentation des besoins en
électricité et la désaffectation (= die Stilllegung) successive des centrales nucléaires suisses
d’ici à 2044 créeront un déficit de production de 37 à 47 TWh, « qui devra être comblé (=
ausgleichen) par la construction de nouvelles installations ».

Le bond du « Mantelerlass »
Face à ces inquiétudes, les parlementaires ne restent pas les bras croisés. Une
adaptation importante de la stratégie énergétique a été adoptée par les Chambres
fédérales en septembre dernier. Après deux années de délibérations (= die Beschlussfassung),
elles ont mis en forme le Mantelerlass, l' « acte modificateur unique » qui change
plusieurs lois, notamment celles sur l’énergie et l’approvisionnement en électricité. Un
des objectifs est de permettre la production de deux fois plus d’électricité d’origine
renouvelable d’ici à 2050 qu’initialement prévu par la Stratégie énergétique 2050.
La commission de l’énergie du National a également proposé d'accélérer les procédures
pour les installations d’énergies renouvelables. « On s’aperçoit que leur développement
est trop lent. Ce nouveau texte permettra aux cantons de concentrer les échelons (= die
verschiedenen Ebenen) dans les procédures », explique Jacques Bourgeois, qui a présidé cette
commission de novembre 2021 à ce dimanche. Le PLR fribourgeois, qui ne s’est pas
représenté à sa rééléction, salue la décision du Conseil fédéral pour sa réponse sur le
nucléaire: « On ne doit pas opposer les énergies renouvelables et le nucléaire, je pense
que les deux sont complémentaires. Et il ne faut pas fermer la porte à l’évolution
technologique qui permettra de réduire au maximum les risques liés au nucléaire, même
le risque zéro n’existe pas. »

Le nucléaire prôné (= rühmen) par une vingtaine de pays à la COP28


L’idée de redévelopper le nucléaire fait son chemin aussi chez les dirigeants présents à
la COP28, face à la nécessité de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de
serre. Et de ce point de vue-là, le nucléaire coche les bonnes cases. A l’occasion de la
conférence des Nations unies sur le climat, une vingtaine de pays – dont la France, les
Etats-Unis et les Émirats arabes qui ont construit leur première centrale – ont lancé un
appel pour tripler les capacités nucléaires d’ici à 2050. (…)

École cantonale de Wohlen C. Crameri


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La gauche bouillonne (= aufbrausen)


Mais ce retour en grâce (= das Gnadengesuch) du nucléaire est contesté par la gauche.
Interrogé par Le Matin Dimanche, le conseiller national Bastien Girod (Les Vert·e·s/ZH)
précise : « Il faudrait vingt ans au moins pour construire une nouvelle centrale ; en
matière de transition, elle arriverait nettement trop tard. » Et selon lui, ajouter des
réacteurs à de vieilles centrales revient à « prolonger la durée d’exploitation d’une
génération de centrales des années 1970, moins sûres que les plus récentes. »
Roger Nordmann, conseiller national (PS/VD) et rapporteur de la commission qui a
chapeauté la réforme du Mantelerlass, voit dans la démarche de Thierry Burkart un
« fantasme idéologique ». « Je pense que la volonté du président du PLR est de ralentir le
développement des énergies renouvelables. Mais quoi qu’il arrive, il faudra bien faire un
jour sans le nucléaire, car ce n’est pas réaliste de penser qu’il pourrait y avoir un nouveau
réacteur avant la fin des centrales vieillissantes », affirme le conseiller national
au Temps. Non seulement un retour du nucléaire prendrait des décennies avant qu’un
projet de nouvelle construction puisse voir le jour, mais encore « on ne saurait pas où le
mettre sur le territoire, s’il doit être à plus de 50 kilomètres d’une agglomération ». Et la
question des déchets radioactifs n’est toujours pas réglée, « alors que cela fait depuis
1969 qu’on en produit ».

Consigne : Lisez l’article et remplissez le tableau ci-dessous.

Situation actuelle (constats)

Conséquences / problèmes

Arguments pour le nucléaire

Arguments contre le nucléaire

École cantonale de Wohlen C. Crameri

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