Vous êtes sur la page 1sur 4

Bonjour! Mon nom est Lukas Ulrich et je suis un ingénieur environnemental.

Je
travaille dans le département Sandec à l'Eawag, dans le groupe de recherche sur la
planification stratégique de l'assainissement environnemental. Dans ce module nous
commençerons par voir les différentes technologies pouvant être utilisées pour
concevoir un système d'assainissement. Nous allons passer les technologies en
revue, groupe fonctionnel après groupe fonctionnel, de l'interface utilisateur
jusqu'à la mise en décharge
ou l'utilisation finale des produits. Il est impossible de couvrir toutes les
technologies en détail dans ce cours, mais nous fournirons une brève introduction
de la plupart d'entre elles. Si vous voulez en apprendre davantage sur une certaine
technologie, je vous recommande de lire la section correspondante dans le
Compendium des Systèmes et Technologies d'Assainissement. Le Compendium fournit une
description sur deux pages et des explications détaillées de 54 technologies
différentes. Commençons avec le premier groupe fonctionnel : l'interface
utilisateur. "L'interface utilisateur" décrit le type de toilettes (avec siège, sur
dalle ou urinoir) avec lequel l'utilisateur est en contact. C'est la manière pour
l'utilisateur d'accèder au système d'assainissement. L'interface utilisateur doit
garantir que les excréments soient séparés du contact
humain de manière hygiénique, pour prévenir l'exposition à la contamination fécale.
Dans ce module, vous allez en apprendre davantage sur les différents types de
technologies d'interface utilisateur, ainsi que leur fonctionnement. Vous allez
apprendre quels produits entrants elles peuvent traiter et quels produits sortants
elles génèrent. Vous allez aussi découvrir quels besoins doivent être considérés
lors du choix et de la conception de l'interface utilisateur
selon un contexte spécifique. Voyons où les urines et les fèces peuvent bien aller.
L'option d'interface utilisateur la plus ancienne et courante
est la 'toilette sèche'. Dans sa forme la plus simple, celle-ci consiste en une
cuvette avec un trou et éventuellement des repose-pieds pouvant soutenir
l'utilisateur. Cette conception est adaptée aux gens préfèrant s'accroupir. Pour
les utilisateurs qui préfèrent s'asseoir sur les toilettes, un siège peut être
installé. Jetons un coup d'oeil aux produits qui peuvent entrer dans des toilettes
sèches, et ceux qui en ressort. Evidemment, les fèces et l'urine vont dans les
toilettes. Aussi, l'eau de nettoyage anal et les matériaux de nettoyage secs
peuvent être de potentiels produits entrants. Cependant, ce n'est pas toujours le
cas, et pour certaines technologies il n'est pas recommandé de les mettre dans les
toilettes. Ceci est indiqué par le texte grisé et les lignes pointillées. Le choix
vers l'utilisation d'eau de nettoyage anal ou de matériaux de nettoyage sec dépend
bien sûr des préférences de l'utilisateur. Comme vous pouvez le voir sur ce
diagramme, l'eau de chasse n'est pas listée dans les produits entrants. C'est pour
cette raison que nous l'appelons "toilette sèche". Quand l'urine et les fèces sont
mélangées, elles sont appelées "excréments". Ce sont les principaux produits
sortants d'une toilette sèche. Selon le contexte local, l'eau de nettoyage anal et
les matériaux de nettoyage sec peuvent être mélangés, comme indique le "+". Cette
manière de structurer les produits entrants et sortants d'une interface utilisateur
peut sembler inutilement complexe, mais lors de la conception d'un système
d'assainissement, ceci nous permettra de sélectionner la technologie suivante la
plus compatible. Dans le cas présent, la technologie choisie doit être capable de
gérer des excréments comme produit entrant. Sur ces photos, plusieurs conceptions
de toilettes sèches sont montrées. Vous pouvez voir que différents matériaux
peuvent être utilisés: du bois, qui peut être un peu difficile à nettoyer, du
béton, ou encore du plastique préfabriqué. L'orifice peut également revêtir
différentes formes. Le design en forme de serrure, par exemple, est très commun. La
cuvette ronde a l'avantage de pouvoir être traînée, par exemple, pour la déplacer
jusqu'à une nouvelle fosse lorsque la plus ancienne est pleine. Un couvercle peut
agir comme barrière contre les odeurs et les mouches, mais il n'est pas toujours
recommandé d'en installer un,
en particulier pour les technologies que nous allons voir par la suite, certaines
devant être ventilées. A présent, jetons un coup d'oeil à un autre type de
toilettes sèches: les "toilettes sèches à séparation des urines" ou "UDDT". Cette
option permet de collecter séparément l'urine et les fèces. Celle-ci est un modèle
en plastique provenant de Chine. Elle a un couvercle que l'utilisateur peut ouvrir
avec le pied, puis fermer à nouveau. L'élément particulier de cette technologie
d'interface utilisateur est la présence de cet entonnoir sur le devant où les
urines peuvent aller. Pour les fèces, il y a un orifice à l'arrière, dans lequel
elles peuvent simplement se loger. Cette technologie est particulièrement
intéressante pour l'utilisation de l'urine (naturellement stérile et riche en
nutriments) comme fertilisant dans l'agriculture. Les toilettes sèches à séparation
des urines peuvent être conçues de différentes manières, afin de répondre aux
préférences de presque tous les utilisateurs. Ce peut être un modèle à position
accroupie, comme celle provenant de Chine que j'ai montrée, ou un modèle à siège,
afin de s'asseoir. Pour ceux qui préfèrent se nettoyer à l'eau, plutôt que
d'utiliser des matériaux de nettoyage anal sec, des conceptions possédant une
cuvette séparée pour la collecte de l'eau de nettoyage anal existent. Les produits
entrants dans les toilettes sèches à séparation des urines sont exactement les
mêmes que dans le cas des toilettes sèches traditionnelles. La différence peut être
observée dans le produit sortant: ici les urines et les fèces restent séparés et ne
forment pas les excréments. Selon les matériaux de nettoyage sec utilisés et les
technologies de collecte qui suivent, les matériaux de nettoyage sec peuvent être
jetés dans le trou avec les fèces. L'eau de nettoyage anal n'est jamais mélangée
avec les fèces car ces dernières doivent toujours rester sèches. Dans les lieux où
l'eau de nettoyage anal est utilisée, celle-ci devrait toujours être collectée dans
un compartiment distinct et être mis en décharge séparément. Ces images montrent
une large gamme de toilettes sèches à séparation des urines: des modèles à position
accroupie, en haut, et des modèles à position assise, en bas. Les toilettes sèches
à séparation des urines peuvent être faites de céramique, en béton ou en plastique.
Elles peuvent même être faites maison, en utilisant un entonnoir et un seau, comme
montré sur cette image-ci. Si les hommes préfèrent se tenir debout pour uriner
plutôt que de s'asseoir ou de s'accroupir, il est possible d'installer un urinoir
pour la collecte d'urines. Les urinoirs peuvent eux aussi être conçus de
différentes façons, et peuvent être à chasse (avec de l'eau) ou secs. Les produits
entrants incluent l'urine, mais aussi l'eau de chasse, dans le cas d'un modèle à
chasse. Selon la conception des toilettes, l'urine ressort de manière non diluée,
ou alors diluée avec l'eau de chasse. En particulier, si l'urine est collectée dans
un réservoir et si elle est supposée être utilisée comme fertilisant, il est
recommandé de la collecter de manière non-diluée, pour réduire les volumes de
liquide. Les urinoirs peuvent prendre diverses formes, et sont habituellement faits
de plastique ou de céramique. Tous les urinoirs figurant ici sont sans eau, sauf
celui-ci, ici, qui vient d'être modifié pour fonctionner sans eau. Les orifices du
drain (sauf un) ont été bouchés afin de limiter les émissions d'odeurs. Les
urinoirs secs devraient être équipés d'une valve hermétique pour les odeurs comme
cette valve en caoutchouc. Il existe aussi des conceptions pour femmes mais leur
disponibilité et mise en oeuvre sont rares. Ces deux modèles sur la droite sont des
modèles pour femmes. La prochaine technologie est la "toilette à chasse manuelle".
Son nom est lié à la présence du seau utilisé pour verser l'eau dans la cuvette et
ainsi la rincer. La toilette à chasse manuelle doit être équipée d'un tuyau courbé,
fonctionnant comme un siphon à eau. Ce siphon empêche de manière efficace les
odeurs et les insectes de retourner vers l'interface utilisateur. En plus des
produits entrants rencontrés pour les toilettes sèches, le fonctionnement des
toilettes à chasse manuelle
dépend d'une source d'eau. Le produit provenant de l'interface utilisateur est un
mélange d'excréments, d'eau de chasse et éventuellemnt d'eau de nettoyage anal ou
de matériaux de nettoyage secs. Cela donne les eaux noires. Les toilettes à chasse
manuelle sont principalement faites de céramique et sont souvent conçue pour se
tenir en position accroupie. Des toilettes à chasse manuelle à position assise ont
aussi été développées, mais elles ne sont pas communément implémentées. La
"toilette à chasse mécanique" est une interface utilisateur très connue et
répandue, dont le fonctionnement est basé sur l'utilisation d'eau. Elle possède
aussi un siphon, et est équipée d'une chasse mécanique. Lorsque l'utilisateur
active le mécanisme de chasse, l'eau est libérée dans la cuvette afin d'emporter
les excréments jusqu'au groupe fonctionnel suivant. Des modèles à position assise
et à position accroupie existent. Les produits entrants et sortants des toilettes à
chasse mécanique sont exactement les mêmes que ceux montrés précédemment pour la
technologie à chasse manuelle. Les eaux noires sont générées comme produit sortant
mais généralement en plus grandes quantités que dans des toilettes à chasse
manuelle, à cause de l'utilisation de grands volumes d'eau. Les toilettes à chasse
mécanique existent depuis plus de deux siècles, mais sont devenues un produit
industriel populaire à la fin du 19ème siècle uniquement, par sa propagation depuis
l'Europe. Comme vous pouvez voir sur la droite, à leur début, les toilettes à
chasse étaient bien différentes que ce que nous connaissons aujourd'hui. Le
principe de séparation des urines a aussi été appliqué à des toilettes à chasse
mécanique. En effet, les toilettes à chasse avec séparation des urines ont été
grandement développées ces dernières années. Cette technologie d'interface
utilisateur est équipée d'une cuvette pour la collecte de l'urine et d'un siphon à
travers lequel les fèces sont emportées. Certaines conceptions possèdent des valves
qui se ferment durant le rinçage de la chasse, afin de collecter l'urine non
diluée. Les autres conceptions n'empêchent pas de faibles quantité d'eau de chasse
d'entrer dans le tuyau et de se mélanger aux urines. Les toilettes à chasse avec
séparation des urines a, à nouveau, les mêmes produits entrants que le système à
chasse manuelle ou les toilettes à chasse: les fèces, l'urine, l'eau de chasse,
l'eau de nettoyage anal et les matériaux de nettoyage secs. Cependant, l'urine
n'est pas mélangée avec les autres produits, mais collectée séparément. Le produit
sortant qui ne contient pas d'urines et qui est emporté par la chasse, est alors
appelé "eaux brunes". Cette technologie existe aussi dans différentes formes et
couleurs et a peut être à position assise ou accroupie. Ce modèle-ci est installé
dans les bureaux de l'Eawag. Il collecte l'urine, que nous utilisons ensuite pour
nos recherches, principalement pour étudier comment en récupérer les nutriments et
produire des fertilisants. Les toilettes "Blue Diversion", développées par l'Eawag,
en collaboration avec des designers industriels de EOOS en Autriche, sont une
variante spéciale des toilettes à chasse avec séparation des urines. Elle possède
une chasse, mais seulement pour rincer l'urine de la cuvette de collecte, comme
vous pouvez le voir sur l'image. L'eau est ensuite traitée et recyclée. Les fèces
et l'urine ne sont pas mélangées avec l'eau de chasse. En conséquence, cette
conception ne génère pas d'eaux brunes comme produit sortant. Les toilettes à
chasse avec séparation des urines ne sont pas encore très répandues, à cause de
certains défis de conception, de coûts élevés et d'une demande limitée. Nous avons
à présent vu six options différentes d'interface utilisateur. Mais comment pouvons-
nous choisir la bonne selon un contexte spécifique ? Il existe différents facteurs
qui déterminent ce choix. La disponibilité de l'eau est cruciale pour toutes les
technologies qui utilisent l'eau de chasse pour emporter les excréments.
L'interface utilisateur doit aussi prendre en compte les préférences et les
habitudes des utilisateurs. S'assoient-ils ou s'accroupissent-ils ? Eau de
nettoyage anal ou matériaux de nettoyage sec ? Un autre facteur important est la
disponibilité sur le marché locale. Puis-je trouver cette technologie sur le
marché, ou puis-je la construire moi-même ? Comme nous l'avons vu, différentes
technologies génèrent divers produits sortants, qui ont des caractéristiques très
différentes. Ceci influence le choix de la technologie qui suit, que ce soit une
technologie de collecte et de stockage ou une technologie de transport. Finalement,
les besoins spécifiques à certains utilisateurs doivent aussi être considérés,
comme ceux des enfants, des personnes âgées ou des handicapées. Les besoins
changent selon l'âge, le lieu, l'état de santé des utilisateurs, leurs capacités
physiques et mentales, etc. Le concept de "design inclusif" prend cela en
considération. Le design inclusif vise à supprimer les barrières qui excluent les
besoins évolutifs de certains individus et les empêche d'utiliser certaines
infrastructures. Il assure un accès équitable pour tous, y compris les groupes
marginalisés qui peuvent, dans certains cas, faire face à des obstacles et à
l'exclusion des infrastructures d'assainissement et d'hygiène. Un exemple de design
inclusif est l'aménagement de rampes ou l'installation de mains courantes dans les
toilettes, pour assurer un accès facile aux personnes handicapées. Les
considérations du design inclusif sont d'une importance toute particulière pour les
infrastructures scolaires ou les centres de santé, ainsi que
pour les toilettes publiques. Précédement, nous avons passé en revue une variété de
designs pour accèder à un système d'assainissement. Pour résumer, je voudrais
mettre en évidence quatre éléments clés. Différents types de conceptions ont été
développés selon les diverses préférences et habitudes des gens, comme les
préférences pour une position accroupie ou assise ainsi que des options
d'utilisation de différents matériaux de nettoyage comme l'eau, ou les matériaux
secs. Deuxièmement, il y a deux principaux types d'interfaces : les technologies
sèches (fonctionnant sans eau) et les technologies nécessitant un approvisionnement
régulier en eau afin de fonctionner de manière correcte. Troisièmement, différentes
technologies d'interface utilisateur génèrent différents produits sortants. Ceci,
bien sûr, influence le choix du type de technologie à suivre: pour la collecte et
le stockage, ou pour le transport. Enfin, la phase de conception ne doit pas
uniquement prendre en compte les aspects techniques et les préférences des
utilisateurs mais aussi être facilement praticable par tout type d'utilisateur.
Dans les prochains modules nous allons nous pencher sur les groupes fonctionnels
suivants : La collecte et le stockage ainsi que le traitement in situ. Les modules
suivants vont aussi répondre à la question du bonhomme ici présent : Où donc vont
les produits qui sont générés à l'interface utilisateur ? A bientôt !

Vous aimerez peut-être aussi