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PFAS en Alsace : l’héritage perpétuel


Une enquête européenne a Pfas dans la nappe phréatique :
révélé l’ampleur de la pollu- 80 % des points de mesure contaminés
tion aux composés perfluorés
ou PFAS, dits aussi polluants Wissembourg
éternels. En Alsace, ils ont
été repérés en 2016 et ont
surpris par l’ampleur de leur Haguenau
dissémination. De nouvelles
recherches sont lancées cette Saverne
année pour appréhender
l’évolution de cette pollution.

S aurons-nous un jour nous


passer de poêles antiadhési-
ves ? De vêtements imperméa-
Molsheim
Strasbourg

Obernai
bles ? De tapis antitaches, de far-
tage pour nos skis, d’emballages
de frites, de mousses anti-incen- Sélestat
dies ? Saurons-nous faire sans
papier toilette, désormais estam-
pillé mauvais pour nous et pour Colmar
la planète ? La présence de mo-
lécules très embarrassantes
Munster 20 km
vient en effet d’être confirmée Des objets du quotidien supposés contenir des PFAS, surnommés polluants éternels.
dans certains papiers hygiéni- Photo L’Alsace/Jean-Marc LOOS
ques. Embarrassantes car tena- Guebwiller Concentrations de composés
fluorés (PFAS)
ces et indestructibles : ces molé- Alsace a été confirmée en 2019 molécules : 18 PFC, à quelques l’INRAE étudie d’ailleurs leur
cules de fluor et de carbone sont par des analyses inédites de centaines de mètres en aval diffusion. Les analyses n’ont pas Thann 0 µg/l

autant de polluants émergents l’Aprona, l’observatoire de la d’une industrie chimique sécu- pointé les sources d’émissions, entre 0,001 et 0,01 µg/l

qui suscitent une inquiétude nappe phréatique, effectuées en laire. À la hauteur de Volgels- ce n’était pas leur but. « Leur Mulhouse entre 0,01 et 0,03 µg/l

croissante parce que cette pré- 2016, relayées et englobées au- heim, les sédiments du Rhin pré- traçabilité est inexistante, en Al- plus de 0,03 µg/l
sence ne régressera pas et qu’ils jourd’hui dans une enquête réa- sentent une teneur de 1728 ng/l. sace. La DREAL du Grand Est
ne peuvent que s’accumuler, ris- lisée par un consortium de mé- Cela reste peu comparé aux entame un chantier pour les dé- Altkirch
quant de provoquer des effets dias européens. Elles confirment teneurs observées outre-Rhin, tecter, conformément au plan Saint-Louis
cocktails dont on ne sait encore la surprenante et inquiétante dif- notamment à Rastatt où des ministériel qui vient d’être lancé
rien. fusion de ces composés jusque boues de décantation polluées dans ce but », confirme Miguel Source : Aprona, l’observatoire de la nappe d’Alsace Infographie L’Alsace-DNA/Pierre-Loïc MATTLER

dans la pluie et dans nos cellules. provenant d’une usine de papier Nicolaï.
Éternels, difficiles à En 2016, une vingtaine d’entre ont été épandues : on a relevé Faut-il s’inquiéter de cette pol-
déceler et très nombreux eux avaient été recherchés dans
200 points de mesures répartis
des teneurs de 1 340 000 ng/kg
dans le sol. Mais le plus éton-
lution globale ? À Kehl, des
PFAS à des teneurs supérieurs à
L’Alsace en rouge ?
Substances per et polyfluoro- dans toute la nappe phréatique. nant demeure la facilité avec la- 100 ng/l viennent d’être décou- On ne voit quasiment qu’elle. Pourquoi, sur cette carte publiée par
aklylées, composés perfluorés, 160 d’entre eux se sont révélés quelle cette pollution s’immisce verts dans deux puits de réserve, plusieurs médias européens le 23 février dernier, la plaine rhénane
PFC, PFAS, ils sont une vaste positifs, dont 31 captages d’eau partout. « Deux tiers des cours mais leur fermeture ne semble apparaît-elle autant constellée de repères rouge figurant les prélè-
tribu de milliers de composés potable, qui présentaient toute- d’eau vosgiens en contiennent. Il pas avoir été envisagée. En l’ab- vements positifs ? Parce qu’on a plus cherché ici qu’ailleurs. On
différents, voire de plusieurs mil- fois une teneur très faible. y en a aussi bien en aval qu’à la sence de valeurs limites officiel- doit essentiellement cette carte aux résultats d’Ermes, l’inventaire
lions, tous des cadeaux de la Ici et là, les PFAS s’accumulent proximité des sources », s’éton- les et d’un cadre réglementaire des pollutions de l’eau aux micropolluants (pour la nappe phréati-
chimie du XXe siècle, dévelop- depuis des décennies. Trente ne Miguel Nicolaï, expert de qui n’entrera pas en vigueur que) achevé par l’Aprona en 2016. « Nous nous sommes basés sur
pés car ils étaient la meilleure prélèvements présentent une te- l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse. avant 2026 en Europe, rien n’est une démarche presque unique en France », confirme Baptiste Rey,
réponse technique et financière neur supérieure à 100 nano- imposé. Alors qu’aux États-Unis, chargé d’études à l’Aprona. « L’obligation de surveiller les compo-
aux process industriels de l’épo- grammes par litre (ng/l), consi- Une traçabilité inexistante la limite de tolérance est désor- sés perfluorés remonte à 2018. Mais nous l’avions anticipé en
que. Ils sont difficilement déce- dérée comme dangereuse pour D’où viennent ces polluants ? mais proche du zéro. Les PFAS demandant à l’observatoire de la nappe de les inclure dans ses
lables jusqu’à récemment car re- la santé. Les plus élevés : la ZI De partout, de la grande indus- sont un continent à explorer, un recherches », complète Miguel Nicolaï, expert en substances toxi-
quérant des outils de recherche nord de Colmar (525 ng/l), le trie au petit sachet de pop-corn huitième continent encore ques à l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse. Qui plus est, organiser une
très pointus et étant noyés dans campus Novartis près de Hunin- passé au micro-ondes, ou de cer- moins recommandable que le recherche systématique, dans les captages d’eau potable par exem-
une masse de composés molécu- gue (569 ng/l) et la ZI de Vieux- taines boues d’épandage issues septième, le continent de plasti- ple, s’avère extrêmement coûteux. L’Aprona débute cette année
laires… Thann-Cernay (941 ng/l) qui de stations d’épurations qui ne ques... un nouvel inventaire, Ermes II, qui s’appuiera sur un plus grand
La présence de ces PFAS en présente un nombre record de peuvent les traiter. À Colmar, Jean-François OTT nombre de prélèvements et de molécules recherchées. D’autres
surprises sont donc à attendre à l’issue de ce chantier, en 2025.

La bactérie anti-PFAS existe-t-elle ?


À Strasbourg, deux équipes du traces de dégradation partielle de ces polluants fluorés, lesquelles se distin- qui permet de faire évoluer des enzy- pollués jusqu’aux eaux souterraines
CNRS et de l’Unistra, pilotées par le PFAS. Comme les méthodes de dé- guent en devenant fluorescentes mes en laboratoire pour les doter du et d’y étudier leur évolution», expli-
biochimiste Michael Ryckelynck et pollution physiques et chimiques après avoir ingéré un atome de fluor. pouvoir de dégrader les composés que Gwenaëlle Trouvé, responsable
le microbiologiste Stéphane Vuilleu- sont coûteuses et lourdes à mettre en « Nous menons nos observations fluorés. » du programme. Concernant les
mier, se sont lancées un défi inédit oeuvre, surtout en cas de pollution dans des volumes de la taille d’une Les technologies actuelles sont as- PFAS, tout ou presque reste à faire,
dans le cadre d’un projet financé par diffuse, la biodégradation microbien- cellule, et nous travaillons sur plu- sez puissantes, non seulement pour analyse-t-elle. «On les connaît de-
l’Agence Nationale de Recherche : ne mérite que l’on s’y intéresse ». sieurs millions de cellules à la fois », repérer ces micro-organismes et ces puis longtemps, et depuis les années
trouver l’aiguille dans la botte de présente Michael Ryckelynck. enzymes, mais aussi pour les isoler 2000, de nombreuses recherches ont
foin, c’est-à-dire dénicher LE micro- Une super-bactérie La super-bactérie anti-PFAS existe- en vue d’une application future en été lancées, mais rien n’a été fait
organisme capable de digérer les mo- qui dégrade le fluor t-elle vraiment ? « Dans un seul dépollution. concernant ces transferts, alors
lécules de PFAS et donc de dépolluer gramme de sol, il peut y avoir des À l’Université de Haute-Alsace, le qu’ils ont été rendus visibles. Or Iné-
sols ou nappes contaminés. Les chercheurs, en particulier les milliards de bactéries. Certaines laboratoire de gestion des risques et ris (l’institut national de l’environne-
« Certaines bactéries pourraient deux doctorants recrutés dans le pro- d’entre elles vont répondre à la pré- environnement s’est de son côté saisi ment et des risques) veut imposer à
casser les liaisons carbone-fluor de jet, disposent d’échantillons conta- sence de PFAS, notamment en d’une autre problématique suscitée l’Europe de travailler sur cet aspect
ces molécules, indique Stéphane minés par les PFAS prélevés en Eu- s’adaptant à leur toxicité via la dégra- par les PFAS. « Le but de la thèse que au titre des conséquences sur la san-
Vuilleumier. Nous pensons qu’il rope. Ils utilisent une technique de dation de ces molécules. Si nous ne nous lançons actuellement est de té humaine », puisque ces polluants
existe de tels organismes car nombre miniaturisation pour y identifier la trouvons pas ces organismes, une comprendre les transferts de ces con- éternels colonisent également nos
de travaux récents ont décelé des présence de bactéries croqueuses de alternative existe : l’évolution dirigée taminants émergents depuis les sols tissus.

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Dimanche 12 mars 2023 36
Région
ENVIRONNEMENT

L’héritage des polluants éternels


Une enquête européenne a Pfas dans la nappe phréatique :
révélé l’ampleur de la pollu-
tion aux composés perfluo- 80 % des points de mesure contaminés
rés, ou polluants éternels. En Wissembourg
Alsace, ils ont été repérés en
2016 et ont surpris par l’am-
pleur de leur dissémination. Haguenau
Des recherches sont lancées
pour évaluer l’évolution
Saverne
de ce phénomène invisible,
mais jugé non alarmant.

S aurons-nous un jour nous pas-


ser de poêles antiadhésives ?
De vêtements imperméables ? De
Molsheim
Strasbourg

Obernai
tapis antitaches, de fartage pour nos
skis, d’emballages de frites, de
mousses anti-incendies ? Saurons- Sélestat
nous faire sans papier toilette, dé-
sormais estampillé mauvais pour
nous et la planète ? La présence Colmar
de molécules très embarrassantes
vient en effet d’être confirmée dans Un florilège de produits et objets du quotidien supposés contenir des substances perfluoroalkylées,
Munster
certains papiers hygiéniques. Em- connues sous le nom de polluants éternels. Photo L’Alsace/Jean-Marc LOOS 20 km

barrassantes car tenaces et indes-


tructibles : ces molécules de fluor et que. Ils sont difficilement décela- xante d’entre eux se sont avérés po- dustrie chimique séculaire. À la Guebwiller Concentrations de composés
fluorés (PFAS)
de carbone sont autant de polluants bles jusqu’à récemment car requé- sitifs, dont 31 captages d’eau pota- hauteur de Volgelsheim, les sédi-
émergents qui suscitent une inquié- rant des outils de recherche très ble, qui présentaient toutefois une ments du Rhin présentent une te- Thann 0 µg/l

tude croissante, parce que cette pré- pointus et étant noyés dans une teneur très faible. neur de 1728 ng/l. entre 0,001 et 0,01 µg/l
sence ne régressera pas et qu’ils ne masse de composés moléculaires, Cela reste peu comparé aux te- Mulhouse entre 0,01 et 0,03 µg/l
peuvent que s’accumuler, risquant de toutes vertus… Les plus fortes teneurs neurs observées outre-Rhin, no- plus de 0,03 µg/l
de provoquer des effets cocktail La présence de ces PFAS en Alsa- à Vieux-Thann et dans le Rhin tamment à Rastatt où des boues de
dont on ne sait encore rien. ce a été confirmée en 2019 par des décantation polluées provenant Altkirch
analyses inédites de l’Aprona, l’ob- Ici et là, partout, les PFAS s’accu- d’une usine de papier ont été épan- Saint-Louis
Éternels, difficiles à déceler servatoire de la nappe phréatique, mulent depuis des décennies. Tren- dues : on a relevé des teneurs de
et très nombreux effectuées en 2016, relayées et en- te prélèvements présentent une te- 1 340 000 ng/kg dans le sol. Mais le Source : Aprona, l’observatoire de la nappe d’Alsace Infographie L’Alsace-DNA/Pierre-Loïc MATTLER

globées aujourd’hui dans une en- neur supérieure à 100 nanogram- plus étonnant demeure la facilité
Substances per et polyfluoroakly- quête réalisée par un consortium de mes par litre (ng/l), considérée avec laquelle cette pollution s’im- Une traçabilité inexistante Faut-il s’inquiéter de cette pollu-
lées, composés perfluorés, PFC, médias européens. Elles confir- comme dangereuse pour la santé. misce partout : « Deux tiers des tion globale ? À Kehl, des PFAS à
PFAS, ils sont une vaste tribu de ment la surprenante et inquiétante Les plus élevés : la ZI nord de Col- cours d’eau vosgiens en contien- D’où viennent ces polluants ? De des teneurs supérieurs à 100 ng/l
milliers de composés différents, voi- diffusion de ces composés jusque mar (525 ng/l), le campus Novartis nent. Il y en a aussi bien en aval qu’à partout, de la grande industrie au viennent d’être découverts dans
re de plusieurs millions, tous des ca- dans la pluie et dans nos cellules. En près de Huningue (569 ng/l) et la ZI la proximité des sources », s’étonne petit sachet de pop-corn passé au deux puits de réserve, mais leur fer-
deaux de la chimie du XXe siècle, 2016, une vingtaine d’entre eux de Vieux-Thann/Cernay (941 ng/l), Miguel Nicolaï, expert de l’Agence micro-ondes, ou de certaines boues meture ne semble pas avoir été envi-
développés car ils étaient la meilleu- avaient été recherchés dans 200 qui présente un nombre record de de l’eau Rhin-Meuse. C’est ainsi le d’épandage issues de stations d’épu- sagée. En l’absence de valeurs limi-
re réponse technique et financière points de mesures répartis dans tou- molécules : 18 PFC, à quelques cen- cas à Sewen, dans le lit de la Doller rations qui ne peuvent les traiter. À tes officielles et d’un cadre
aux processus industriels de l’épo- te la nappe phréatique. Cent soi- taines de mètres en aval d’une in- naissante. Colmar, l’Inrae étudie d’ailleurs réglementaire qui n’entrera pas en
leur diffusion. Les analyses n’ont vigueur avant 2026 en Europe, rien

La bactérie anti-PFAS existe-t-elle ? pas déterminé les sources d’émis-


sions, ce n’était pas leur but. « Leur
traçabilité est inexistante en Alsace.
n’est imposé. Alors qu’aux États-
Unis, la limite de tolérance est dé-
sormais proche du zéro… Les
Les polluants éternels sollicitent les neurones miniaturisation pour y identifier la présence de avoir des milliards de bactéries. Certaines d’entre La Dreal du Grand Est entame un PFAS sont un continent à explorer,
des chercheurs alsaciens. À Strasbourg, deux bactéries croqueuses de polluants fluorés, qui se elles vont répondre à la présence de PFAS, no- chantier pour les détecter, confor- un huitième continent encore
équipes du CNRS et de l’université, pilotées par distinguent en devenant fluorescentes après tamment en s’adaptant à leur toxicité via la dé- mément au plan ministériel qui moins recommandable que le sep-
le biochimiste Mickaël Ryckelynck et le micro- avoir ingéré un atome de fluor. « Nous menons gradation de ces molécules. Si nous ne trouvons vient d’être lancé dans ce but », con- tième, le continent de plastiques.
biologiste Stéphane Vuilleumier, se sont lancées nos observations dans des volumes de la taille pas ces organismes, une alternative existe : l’évo- firme Miguel Nicolaï. Jean-François OTT
un défi inédit dans le cadre d’un projet financé d’une cellule et nous travaillons sur plusieurs mil- lution dirigée qui permet de faire évoluer des en-
par l’Agence nationale de recherche : trouver l’ai- lions de cellules à la fois », présente Mickaël Ry- zymes en laboratoire pour les doter du pouvoir
guille dans la botte de foin, c’est-à-dire dénicher
LA bactérie, LE micro-organisme capable de di-
ckelynck.
La super-bactérie anti-PFAS existe-t-elle vrai-
de dégrader les composés fluorés. » Les techno-
logies actuelles sont assez puissantes, non seule-
Pourquoi la plaine
gérer les molécules de PFAS et donc de dépol-
luer sols ou nappes contaminés.
ment ? « Dans un seul gramme de sol, il peut y ment pour repérer ces micro-organismes et ces
enzymes, mais aussi pour les isoler en vue d’une
alsacienne est… rouge
application future en dépollution. On ne voit quasiment qu’elle. Pourquoi, sur cette carte publiée par
■ Une super-bactérie qui dégrade le fluor plusieurs médias européens le 23 février, la plaine rhénane apparaît-el-
« Nous nous intéressons à la dégradation des ■ Les transferts, une étude inédite le autant constellée de repères rouge figurant les prélèvements posi-
PFAS par les micro-organismes », indique Sté- À l’université de Haute-Alsace, le laboratoire tifs ? Parce qu’on a plus cherché en Alsace qu’ailleurs. On doit essen-
phane Vuilleumier. « Certains d’entre eux pour- de gestion des risques et environnement s’est de tiellement cette carte aux résultats d’Ermes, l’inventaire des pollutions
raient casser les liaisons carbone-fluor de ces mo- son côté saisi d’une autre problématique suscitée de l’eau aux micropolluants (uniquement dans la nappe phréatique)
lécules. » La rareté d’une telle fonction de dégra- par les PFAS. « Le but de la thèse que nous lan- achevé par l’Aprona en 2016. « Nous nous sommes basés sur une
dation nécessite, pour être localisée, toute çons actuellement est de comprendre les trans- démarche presque unique en France », confirme Baptiste Rey, chargé
l’expertise développée par les équipes strasbour- Cette illustration représente la technologie ferts de ces contaminants émergents depuis les d’études à l’Aprona.
geoises. « Nous pensons qu’il existe de tels orga- microfluidique développée à Strasbourg sols pollués jusqu’aux eaux souterraines et d’y « L’obligation de surveiller les composés perfluorés remonte à 2018.
nismes car nombre de travaux récents ont décelé pour rechercher des bactéries susceptibles étudier leur évolution », expose Gwenaëlle Mais nous l’avions anticipé en demandant à l’observatoire de la nappe
des traces de dégradation partielle de ces PFAS. de dépolluer les PFAS. Chaque alvéole est Trouvé, professeure des universités et responsa- de les inclure dans ses recherches », complète Miguel Nicolaï, expert
Comme les méthodes de dépollution physiques remplie d’huile en quantité infinitésimale ble du programme. « Concernant les PFAS, tout en substances toxiques à l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse. Pourquoi pas
et chimiques sont coûteuses et lourdes à mettre (un milliardième de millilitre) et accueille ou presque reste à faire », analyse-t-elle. « On les plus tôt ? « Pour une question de capacité : les plus grands laboratoires
en œuvre, surtout en cas de pollution diffuse, la une petite gouttelette d’eau contenant des connaît depuis longtemps. Et depuis les années français ne peuvent déceler qu’une faible partie de ces polluants. Avec
biodégradation microbienne mérite qu’on s’y in- bactéries (indiquées par une flèche sur le cli- 2000, de nombreuses recherches ont été lancées, une réglementation inexistante, on ne savait pas quoi rechercher, sa-
téresse de près. » ché A à gauche). Lorsqu’elles parviennent à mais rien n’a été fait concernant ces transferts, chant que 100 000 polluants émergents sont recensés en Europe. »
réaliser la réaction de défluoration recher- alors qu’ils ont été rendus visible. Or l’Ineris [Ins- Qui plus est, organiser une recherche systématique, dans les captages
■ La recherche miniaturisée à l’extrême chée, les gouttelettes deviennent fluorescen- titut national de l’environnement et des risques] d’eau potable, par exemple, s’avère extrêmement coûteux. L’Aprona
Les chercheurs strasbourgeois, en particulier tes (en vert sur la photo B, à droite), les ren- veut imposer à l’Europe de travailler sur cet as- débute cette année un nouvel inventaire, Ermes II, qui s’appuiera sur
les deux doctorants recrutés dans le projet, dispo- dant faciles à identifier et à isoler. pect au titre des conséquences sur la santé hu- un plus grand nombre de prélèvements et de molécules recherchées.
sent d’échantillons contaminés par les PFAS pré- Photos Emilie GEERSENS et Michael RY maine. » Car ces polluants éternels colonisent D’autres surprises sont donc à attendre à l’issue de ce chantier, en 2025.
levés en Europe. Ils utilisent une technique de également nos tissus…

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DU 13 MARS AU 8 AVRIL

3 SALLES EXPO
COLMAR
12, rue Gay-Lussac - 03 89 27 54 30 - Uniquement sur RDV

ERNOLSHEIM S/BRUCHE
47, rue de la Gare - 03 88 59 51 21

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