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LISTE DES TEXTES NIVEAU 5ème

PORTRAITS

1-L e nouveau

2-Fils de pêcheur

3-Mammy Wata

4-Zinna vue par le professeur de chant

5-Zango est de retour

6-Gloire à Suzanne

7-Marcel

8-Malimouna

9-Une étrange rencontre

POEMES

1-Bonne fête maman

2-Cantique au Nil

3-Berceuse

4-S’installer chez un mari

5-L’amitié

6-L’homme qui te ressemble

7-Monangamba

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PORTRAITS

L E NOUVEAU

Nous étions à l’étude, quand le proviseur entra, suivi d’un nouveau


habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait un grand pupitre.
Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans
son travail.

Le proviseur nous fit signe de nous rassoir ; puis, se tournant vers le


maître d’étude :

-Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un nouvel élève que je vous
recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont
méritoires, il passera dans les grands, où l’appelle son âge.

Resté dans l’angle, derrière la porte, si bien qu’on l’apercevait à peine,


le nouveau était un gars de la campagne, d’une quinzaine d’année environ,
et plus haut de taille qu’aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés
droit sur le front, comme un chantre de village, l’air raisonnable et fort
embarrassé. Quoiqu’il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap
vert à bouton noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la
fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus, ses jambes,
en bas bleus, sortaient d’un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il
était chaussé de souliers forts mal cirés, garnis de clous.

On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses


oreilles, attentifs comme au sermon, n’osant même pas croiser les cuisses
ni s’appuyer sur le coude, et à deux heures, quand la cloche sonna, le
maître d’études fut obligé de l’avertir, pour qu’il se mit avec nous dans les
rangs.

Gustave Flaubert, Madame Bovary, librairie Générale Française, 1983.

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FILS DE PECHEUR

Elève dans une banlieue d’Abidjan, Ebinto, le narrateur du premier roman


d’Amadou Koné, raconte comment les contacts avec la grande ville vont changer
son destin de fils de pêcheur.

J’étais de ces jeunes gens-là, c’est-à- dire que j’étais un élève. Pourtant
ma chemise était gris pâle et je ne marchais pas les mains dans les poches.
Ce n’était pas par souci d’originalité que je me distinguais par mes
vêtements et mes manières discrètes. La simplicité était un attribut de mon
caractère et peut-être venait-elle de mes origines modestes.

J’étais le premier fils d’un pêcheur du village d’Akounougbé. Après


moi, ma mère avait donné une fille et un autre garçonnet à mon père.
Quand j’en eu l’âge, on m’inscrivit à l’école française et je me mis à
travailler ardemment, peut-être parce que cela m’amusait. Je perdis mon
père quelques jours avant de passer mes deux premiers examens scolaires.
Cette mort me peina beaucoup, mai je passai avec succès mon certificat
d’étude primaire et fut reçu à l’entrée en sixième premier du centre
d’Adiaké. Malgré notre pauvreté, ma mère décida de me laisser entrer au
collège. Moi, j’aurai volontiers accepté d’être un pêcheur et sillonner la
lagune Aby sur ma pirogue, de lancer l’épervier pour capturer les sardines,
les carpes et les brochets… J’étais donc entré au collège moderne de Grand-
Bassam. Trois année s’étaient déjà écoulées et je venais faire ma quatrième
année ; c’est-dire la classe de troisième.

Amadou Koné, Les frasques d’Ebinto, Hatier, coll. «Monde Noir », 1980.

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MAMMY WATA

Mammy Wata est belle. Quand elle sort de l’eau, sa peau satinée luit
au soleil et ses cheveux ruissellent de gouttes cristallines. On dit qu’elle
ressemble à une sirène et que le bas de son corps est en forme de queue de
poisson. Mais certaines personnes qui affirment l’avoir vue disent, qu’elle
est une femme comme les autres, sauf que sa beauté est très grande et que
ses yeux ont la couleur de l’eau. (…)

La voix de Mammy Wata a la fraîcheur de l’eau claire. Ceux qui


l’entendent s’en souviennent pour toujours. Ils veulent l’écouter dans le
creux des vagues, dans les cavités mystérieuses des coquillages et dans les
grottes des rochers. Mammy Wata est une amazone qui chevauche le haut
des vagues et qui maîtrise les torrents les plus rebelles.

Véronique Tadjo, La chanson de la vie, Hatier, coll. « Monde Noir


poche », 1989

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ZINNA VUEE PAR LE PROFESSEUR DE CHANT

Dès que je suis entré, j’ai entendu sa voix. C’est étrange, c’est
comme si je l’avais reconnue tout de suite, avant même de l’avoir
vue. C’était une voix, comment dire ? Irréelle, céleste. J’étais attiré
par sa voix comme si on me tirait en avant. J’allais à travers les
couloirs, j’ouvrais les portes les unes après les autres, sur toutes ces
salles vides. Tout à fait en haut des escaliers, au bout du couloir, il y
avait une porte entrouverte. C’était une pièce dont les volets étaient
toujours fermés, avec des fenêtres tournées verts la mer comme des
yeux aveugles.

Je l’ai vue. Elle était debout, vêtue de sa robe informe, avec ses
escarpins blancs à talons hauts qui donnaient l’impression que ses
jambes étaient arquées. Sur une chaise, près de la porte, il y avait
l’affreux manteau gris qu’elle avait plié avec soin, comme si elle était
chez le docteur.

Ce que j’ai vu surtout, c’est son visage. Elle était tournée de


trois quarts, et la lueur de l’ampoule électrique nue faisait une sorte
de flamme au-dessus de sa tête. Elle chantait, seule devant le piano
fermé, cet air de Don Giovanni, Donna Elvira, mi tradi quell alma
ingrata, et tout était différent. Son regard maintenant était fixé vers
moi, le vert de ses iris me brûlait, jamais je n’avais ressenti une telle
émotion. Zinna chantait, comme si c’était moi, comme si elle était
enfin arrivée jusqu’à moi, et que j’étais venu là où je devais, en
suivant le fil de sa voix, à travers la solitude et l’amertume de sa vie.

J. M. J. Le Clézio, Zinna, publié dans Le printemps et autres saisons,


1989, Editions Gallimard.

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ZANGO EST DE RETOUR

Enfant soldat, Zango revient dans son village, à la fin de la guerre.

Zango, avec une agilité de soldat qu’il avait acquise le temps de


la sale guerre qui avait déchirée le pays, sauta du car qui devait
continuer sa route jusqu’au village voisin.

I l se dressa du haut de son mètre soixante-dix et offrit à la


nature l’image d’un adolescent étrange : muscles saillants, visage
émacié portant les stigmates d’une période qui l’avait déshumanisée,
et surtout des yeux hagards au fond desquels nageait toute la
tristesse du monde ! Savait-il encore ce qu’il avait été et ce qu’il était
devenu, Peu importe ! Ce à quoi il aspirait aujourd’hui, c’était de
revenir prendre sa place dans cette communauté qu’il n’aurait
jamais dû quitter. Malgré les appréhensions légitimes qui
l’assaillirent, il résista à l’envie de rebrousser chemin.

Il empoigna donc son sac de voyage et marcha droit devant lui.


Mais à peine avait-il fait quelques pas qu’il fut ahuri devant le triste
spectacle que lui offraient les premières habitations du village :
impacts de balles et d’obus sur les murs, cases décoiffées, greniers
calcinés et aucune âme qui vive dans cette partie du village.

A pas feutrés, comme un voleur qui craignait de se faire


repérer, il pénétra dans un champ, non loin de la route. Dès qu’il
trouva refuge sous les buissons, il attira l’attention d’un jeune garçon
qu’il n’eut aucune peine à reconnaître : c’était Fakoli, un ancien
camarade de classe. Ce dernier avait été alerté par sa respiration
saccadée. Lorsque leurs regards se croisèrent, Zango sentit un flot de
magma l’envahir, signe évident de la peur qui l’avait figé sur place
comme ces hommes de pierre dont parle la légende de soutilé (…)
Zango, quoique tétanisé par la peur, trouva le courage de balbutier
quelques mots.

François d’Asside N’Dah, Le retour de l’enfant soldat (pp 9-10)

Vallesse Edition, 2008.

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GLOIRE A SUZANNE

Le couple N’Diblai appartient à la haute classe sociale. Ils ont organisé une
grande réception dans leur somptueuse résidence, dans un quartier huppé de la
ville. La maîtresse de maison fait son apparition dans la grande salle où
l’attendent tous les invités.

Un diplomate européen et sa femme firent leur entrée.


Suzanne posa longuement le regard sur la robe de l’invité, et
remarqua avec horreur qu’elle était semblable à la sienne. Et
pourtant, elle l’avait commandée en Italie, spécialement pour la
cérémonie de ce soir. Non ! Elle ne pouvait supporter qu’en cet
historique moment, une autre femme portât la même robe qu’elle.
Heureusement qu’elle avait pensé à tout, elle en avait en avait
préparé quatre autre pour cette réception. Avec mépris, Suzanne
regarda le diplomate et sa femme s’éloigner. Quand ils se furent
assis, elle dit à son mari : « je monte me changer. »

Elle gravit les escaliers, presque en courant. Quand tous les


invités furent là, on dut attendre la maîtresse de la maison. Suzanne
mit une heure à se changer. Dès qu’on entendit les claquements de
ses talons dans les escaliers, on leva les yeux. Et l’on vit Suzanne
N’Diblai descendre, habillée comme une actrice américaine se
rendant à une soirée de remise des Oscars, son corps moulé dans une
robe brillante, un large collier de diamant étincelant à son cou.

Alors, on remarqua sa grande distinction. A côté de l’annuaire


et de son alliance en diamants également, trois doigts s’ornaient de
fines bagues en pierres précieuses à monture d’argent. On y voyait
resplendir le rouge vif du rubis, le vert profond de l’émeraude et le
bleu sombre du saphir.

A mesure qu’elle déplaçait ses coudes sur la table, montaient et


descendaient sur chaque bras plusieurs couples de bracelets brillants,
tous différents. A ses oreilles, chatoyaient également de petits
pendentifs assortis à son collier. Tout, sur la maîtresse de la maison,
scintillait. Et Marc N’Diblai ne pouvait dissimuler l’orgueil qui flottait
dans ses yeux.

Maurice Bandama,

Même au paradis on pleure quelquefois (pp 9-10), Edition NEI.

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Marcel

Marcel a douze ans. En vacances à la campagne, il fait de nouvelles


rencontres et livre ses réflexions.

J’étais assez peu renseigné sur les mœurs et la coutume du sexe


faible. Je ne fréquentais que ma mère et ma tante, qui n’étaient des
femmes, mais une mère et une tante. Evidemment, je voyais souvent
dans la rue quelques-unes des ces créatures, sous des chapeaux
chargés de choses inutiles, qui les auraient gênées s’il leur avait fallu
se découvrir pour saluer. J’avais surtout remarqué qu’elles
balançaient leur derrière en marchant, ce qui m’inspirait une sorte
d’inquiétude. Il y avait même une amie de ma mère qui avait la figure
tout enfarinée comme une sardine crue, avec la bouche peinte, et
les paupières charbonneuses.

Elle m’embrassait très gentiment, et ça me déplaisait pas : mais


quand elle était partie, il fallait me débarbouiller, et mon père ouvrait
la fenêtre parce que ça sentait plus fort que chez le coiffeur. Un jour
ma mère me dit : « ce n’est pas de sa faute si elle a mal tourné… »

J’avais compris que la mauvaise tournure des affaires de cette


dame n’était rein d’autre que sa manie de se peindre, afin de
tromper les gens sur sa beauté, ce qui ne me paraissait pas honnête.

Marcel Pagnol,

Le temps des secrets (pp 51-52)

Edition J. Brouty et J. Fayard et Cie.

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MALIMOUNA

La petite Malimouna a surpris Dimikéla en train de commettre un


acte condamnable par la tradition. Pour être assurée du silence de
la petite innocente, la véritable et surtout redoutable exciseuse lui
promet une faveur à la prochaine cérémonie d’excision.

Malimouna était la plus belle des douze petites fillettes. Bien


plus élancée que les autres, elle était le point de mire de la petite
assemblée. Sa poitrine, dont les petits seins se dessinaient déjà, était
enduite de beurre de karité et dansait au rythme des tam-tams.
Malimouna n’avait l’air crispé de se compagnes et sa mère était fière
de la voir sourire. Ce jour si capital dans la vie d’une femme était
enfin venu pour sa fille. Son cœur de mère se remplissait d’orgueil.
Le rituel concernait de plus en plus jeunes pour éviter, comme cela
était parfois le cas, qu’elles n’aient l’idée de s’enfuir au moment
crucial.

Mais en regardant le visage de Malimouna, Matou savait qu’elle


n’avait aucun souci à se faire. Sa fille n’avait pas peur et comprenait
l’importance de cette cérémonie. Elle connaissait déjà son devoir de
femme. Matou était fière, très fière. Elle avait bien éduqué sa fille.

Lorsque son tour arriva, Malimouna entra courageusement


dans la case, sa noix de cola dans la main. Elle ne reconnu pas
Dimikela. Cette femme à l’intérieur de la case avait le visage enduit
de kaolin et ses yeux, au regard dur, étaient rivés sur Malimouna.
Etait-ce elle ? Malimouna fut soudain prise de panique. Auraient- il
changé d’exciseuse, par hasard, cela ne pouvait être ! Il fallait qu’elle
se sauve !

Fatou Kéita, Rebelle (pp 25-26)

Edition Présence Africaine,

NEI, Abidjan

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UNE ETRANGE RENCONTRE

L e soir tombait. Je suivais transi de peur, seul dans ce coin


perdu du Guéré, un chemin caillouteux. Soudain comme dans un
rêve, je vis quelqu’un devant moi, sorti je ne sais d’où, l’air effrayant.

Il était démesurément grand, plus laid que nature : une


chevelure hirsute et tombante, un énorme nez aplati, aux narines
béantes comme deux gros trous, de grosses lèvres découvrant des
dents jaunies de la taille d’un poignard, un ventre proéminent qui lui
donnait l’air d’une femme enceinte.

Ses souliers, de simples sandales grossières taillées dans de


vieux pneus de voiture, laissaient à l’air libre ses orteils gros et longs
comme des tubercules de manioc de nos campagnes africaines. Il
était affublé d’une immense cape, vêtement sans manche taillé dans
une toile grossière, qui n’avait ni envers ni endroit. Il s’appuyait sur le
plus gigantesque gourdin que j’aie jamais vu.

Mille pensées aussi contradictoires les unes que les autres


s’agitèrent dans mon cerveau enfiévré. Ayant constaté ma frayeur,
l’homme m’intima l’ordre de le suivre. Mais à peine avions-nous fait
quelques pas qu’il me rendit ma liberté, avec le sourire clément
d’une âme généreuse.

Pratiques de l’écrit,

Classe de 6ème, Hatier/CEDA

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POEMES

BONNE FETE MAMAN

J’aurais voulu Maman,

En ce jour de fête,

T’offrir un bouquet de fleurs

Qui sent bon la rose,

La voilette…

Mais de toute fleur

Si belle soit-elle,

La splendeur, hélas !

Ne sera éternelle.

C’est pour cela, Maman,

Que je préfère

T’offrir mon cœur,

Car mon amour pour toi,

Tu vois…

Jamais ne meurt !

Maria Salomone,

Pour un chant de vie, Ed. NEI

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CANTIQUE AU NIL

Salut à toi Nil !


Celui qui sort de terre et vient faire
Vivre l’Egypte.
Lui qui irrigue les champs
Lui qui fait vivre tout le bétail
Lui qui abreuve tout le désert…

Lorsqu’il inonde le pays,


Toute lèvre se met à rire,
Toute dent est découverte
Et tout cœur est dans la joie.

Quand tu te lève parmi les citoyens affamés


Ils se rassasient des bons produits des champs,
Qui surabondent alors dans le pays
Celui qui mange a oublié sa faim
Le bonheur s’est posé sur les quartiers
Le pays entier est dans l’exaltation
On inaugure pour toi un chant sur la harpe
Quand l’inondation monte, on te fait une offrande solennelle.

Tous les hommes, exaltez le Nil,


Craignez son prestige
Respectez sa puissance.

Hymnes et prières de l’Egypte ancienne,


André Barucq et François Daumas, Ed. du cerf.

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BERCEUSE

A Zégbi, Djalba et Waayourou

Dès que tombe la nuit,


Dès que paraît la douce lune,
Enfant,
Pense à ta mère.
Dès que par milliers naissent les étoiles,
Dès que chantent les cigales en fête,
Enfant,
Pense à ta mère.
Dès qu’à tes fines oreilles
Parviennent l’appel funèbre du hibou,
Petit enfant,
Pense à ta mère.
Dès que la peur s’empare de toi,
Dès que l’angoisse envahit ton cœur innocent,
Ne pleure plus petit,
Ne pleure plus
Mais pense à ta mère.
Dès que la faim trouble tes faibles yeux,
Dès que chancellent tes jambes frêles,
Sèche les larmes qui perlent sur tes joues rondes,
Sèche tes larmes
Et pense à ta mère.
Pense à ta mère
Le soir au coucher ;
Pense à ta mère
Le matin,
Quand renaît la lumière.
Pense à celle qui, de se doigts agiles
Fila ta noire chevelure
Et tes cils en accent grave…
Enfant
Petit enfant
Où que tu sois,
Pense à ta mère.
Daloa, 20 avril 1965

Zadi Zaourou, « Les chants du souvenir » in Césarienne CEDA,

Abidjan, 1984.

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S’INSTALLER CHER UN MARI

S’installer chez un mari


S’installer chez un mari, c’est un malheur
Et ce malheur-là
Il pèse sur moi toute seule

Si je pile le mil,
On me dit que c’est mal fait,
Vraiment le malheur pèse sur moi

Si je prépare la bouillie,
On me dit qu’elle n’est pas bonne,
Vraiment le malheur pèse sur moi

Si je lave la vaisselle,
On me dit qu’elle n’est pas propre,
Vraiment le malheur pèse sur moi

Si je fais la lessive,
On me dit que le lige est sale,
Vraiment le mal pèse sur moi

Si je balaie la cour,
On me dit que c’est à refaire,
Vraiment le malheur pèse sur moi

Si je vais puiser de l’eau,


On me dit que je n’ai rien rapporté,
Vraiment le malheur pèse sur moi

S’installer chez un mari, c’est un malheur


Et ce malheur-là,
Il pèse sur moi toute seule.

In La quatrième en français, coll. IPAM, éd.Edicef/CEDA.

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L’AMITIE

Quel est ce sentiment


Que l’on dit parfois
Plus fort que l’amour,
Et qui peut vivre
En chacun de nous
Jusqu’à la fin des jours ?
Quelle est cette main
Qui se tend vers toi :
Amicale…
Et qui est encore là
Quand tout bascule,
Quand tout va mal ?
Tu peux le reconnaître
A tout instant
Lorsque, à ton appel,
Sans hésiter
Il répondra présent !
Car c’est un sentiment
Humble, vrai qui règne
Dans le monde entier
Un sentiment
Qui se nomme : Amitié.

Maria Salamone, Pour un chant de vie. NEI.

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L’HOMME QUI TE RESSEMBLE

J’ai frappé à ta porte


J’ai frappé à ton cœur
Pour avoir bon lit
Pour avoir bon feu
Pourquoi me repousser,
Ouvre-moi mon frère !...

Pourquoi me demande
Si je suis d’Afrique
Si je suis d’Amérique
Si je suis d’Asie
Si je suis d’Europe ?
Ouvre-moi mon frère !...

Pourquoi me demander
La longueur de mon nez
L’épaisseur de ma bouche
La couleur de ma peau
Et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi mon frère !...

R. Philombe

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MAONANGAMBA

Sur cette vaste plantation ce n’est pas la pluie mais la sueur de mon
front
Qui arrose les récoltes :
Sur cette vaste plantation il y a du café mûr et ce rouge-cerise
Les gouttes de mon sang en ont nourri la sève.

Le café sera grillé


Moulu et broyé,
Deviendra noir, noir de la couleur du contratado.

Noir de la couleur du contratado !

Demande aux oiseaux qui chantent


Aux ruisseaux qui serpentent sans souci
Et au grand vent qui souffle de l’intérieur :
Qui se lève tôt ? Qui va à la tâche ?
Qui est-ce qui porte sur les routes longues
Le tipoye ou le régime de palmes ?

Antonio Jacinto, in Lilyan Kesteloot, Anthologie négro-africaine, Ed.


EDICEF, 1992.

Monangamba : Les fils, les enfants de Gamba.


Contratado : Le contractuel, ouvrier journalier.
Tipoye : Sorte de chaise dans lequel le blanc se faisait porter par deux
esclaves.

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