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POÉSIE FRANCOPHONE

AFRIQUE
Poèmes d’Afrique pour les enfants Anthologie Amadou Lamine SALL
Le cherche midi éditeur

BURKINA-FASO
Sahara

Sahara Une carte postale


Mamelles de sable
Qui portent les caresses
Des caravanes Tu m’enverras une carte postale,
Sahara De la douceur des eaux,
Mamelles de sable De la chaleur des lumières !
Qui enveloppent Ici,
La tiédeur des nuits Le Soleil
Bleues Fera place à la Lune,
La Lune
Armand BALIMA Au nuage,
Voiles marines Le nuage
Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1979 À la nuit,
Envoie-moi une carte postale !
Tu m’enverras cette lumière des nuits,
********** Des profonds cratères des Vésuves !
Tu m’enverras ce diamant des ténèbres,
De la froideur des Igloos !
Savoir Ici,
Le Soleil
Papa, tu me diras Fera place à la Lune,
Pourquoi des enfants ici sont sans logis et moi La Lune
dans un
Au nuage,
palais.
Tu me diras d’où viennent les fous, les mendiants, Le nuage
les sans-travail. À la nuit,
Tu me diras pourquoi il y a des pauvres et des Envoie-moi une carte postale !
riches.
Tu me diras la différence entre les garibous* et Frédéric Pacéré TITINGA
moi.
Refrains sous le Sahel
Tu me diras pourquoi tu es né dans la paillote de
campagne. Éditions L’Harmattan, 1976
Tu me diras comment est la campagne et comment
est l’Afrique.
Oui, savoir ! ********
Je dois tout savoir, car je vais à l’école.

*garibou : enfant chapardeur

Augustin-Soudé COULIBALY
La fontaine aux masques
Les Nouvelles Éditions Africaines, 1976
CAMEROUN

L’homme qui te ressemble Tout petit petit

Petit petit tout petit petit


J’ai frappé à ta porte où vas-tu de ce pas
J’ai frappé à ton cœur
pour avoir bon lit Petit petit tout petit
pour avoir bon feu où cours-tu comme ça
pourquoi me repousser ? petit petit tout petit petit
Ouvre-moi, mon frère… ! où est partie maman
Pourquoi me demander Petit petit tout petit
si je suis d’Afrique que devient papa
si je suis d’Amérique et pourquoi pleures-tu
si je suis d’Europe ? et pourquoi ne ris-tu pas
Ouvre-moi, mon frère… ! Pourquoi ton ventre est-il gros comme ça
qu’as-tu avalé dis-le moi
Pourquoi me demander une goyave ou un crapaud
la longueur de mon nez
l’épaisseur de ma bouche petit petit tout petit garçon
la couleur de ma peau viens avec moi à la maison
et le nom de mes dieux ? j’ai encore sur la claie un peu de poisson
Ouvre-moi, mon frère… ! nous mangerons assis à califourchon
sur des caisses comme deux petits
Je ne suis pas un noir polissons
Je ne suis pas un rouge petit petit tout petit ami
Je ne suis pas un jaune viens avec moi chasser les fourmis
Je ne suis pas un blanc qui font mourir les légumes dans mon
mais je ne suis qu’un homme jardin
Ouvre-moi, mon frère… ! où poussent oranges corosols et plantains
Ouvre-moi ta porte petit petit tout petit frangin
Ouvre-moi ton cœur viens avec moi à la maison
Car je suis un homme nous chanterons de belles chansons
l’homme de tous les temps en rangeant des hameçons
l’homme de tous les cieux qui demain serviront sans façons
l’homme qui te ressemble !... à la pêche en chantant des chansons
René PHILOMBÉ ÉPALÉ-NDIKA
Petites gouttes de chant pour créer La Mort en silence
l’homme Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1980
Éditions Semences Africaines, 1977
MAROC NIGER

Dans mon pays Les animaux du musée

Dans mon pays Après la panthère


on ne prête pas, qui était en colère,
on partage. j’ai vu le python,
Un plat rendu la girafe, le gorille et la paon.
n’est jamais vide ;
du pain Puis j’ai vu le caïman
quelques fèves et j’ai crié :
ou une pincée de sel. — Maman !
mais quand j’ai vu la hyène,
Tahar BEN JELLOUN vraiment j’ai bien ri !
À l’insu du souvenir
Éditions Maspéro / La Découverte, 1980 Cette voleuse de chèvres
a de drôles de lèvres !
sa bouche gourmande
******** est pleine de viande !
oh ! qu’elle est vilaine !

Invendable
**
Adil* !
dis voici l’avenir,
Viens, butine. Le toucan

Adil !
le soleil, commun butin, — Salut, toucan !
est copropriété vacante. — Salut à toi !
— Le marché
Adil ! est-il bon ?
comme nous, le soleil
est libre, et jamais à vendre. — Pourquoi pas ?
Tant qu’il y a
*Adil : prénom du fils du poète
des criquets
des vers de terre,
Mohamed Aziz LAHBABI des termites ailés,
Poèmes le marché
Éditions L’Harmattan est toujours bon !

Issaka Soumaïla KARANTA


******** Harandan
Institut Culturel Africain et Nouvelles
Éditions Africaines, 1976
SÉNÉGAL
Ma pirogue sans chaîne
Crépuscule Où je voudrais voir
Tous les enfants du monde.
Mes villages ont peur de l’ombre
Mais l’ombre les prévient Mbaye Gana KÉBÉ
Avant de les habiller de nuit Rondes
Les Nouvelles Éditions Africaines, 1979
Une mère avive le tison pâle
Un enfant ramène les chèvres
Un père bénit le soir hésitant
Et l’ombre mord un pan du village ********
Si doucement que la peur s’estompe

Bonne nuit villages d’Afrique.


La main de maman
Malick FALL
Reliefs Ouvre ta main, maman.
Éditions Présence Africaine, 1964 Papa m'a dit qu'elle contient
Tous les secrets du monde.
******** Pourquoi la lune
Ne descend-elle pas éclairer notre case?
Pirogue Dans quel pays se trouve-t-elle, la nuit
Quand elle n'est pas chez nous?
Tolli Tolli
Vogue ma pirogue. Fatou Sow NDIAYE
Tolli Tolli Takam-Takam, Devine, mon enfant,
Vogue dans l'océan. devine!
Sa voile est une palme, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1981
Un balai lui sert de rame.

Tolli, Tolli ********


Vogue ma pirogue.
J'irai vers la Chine,
L'Amérique latine et Jérusalem.
J'irai partout dans le monde
Où il faut semer la paix.

Vogue ma pirogue,
Tolli, Tolli,
Ma pirogue sans haine,
Et la chèvre l'a mangée.
TOGO Que la chèvre sur l'arbre monte
Vois-tu dans le ciel

Vois-tu dans le ciel tout bleu, Majolie


ces étoiles
ces milliers d'étoiles Cueillir une autre feuille verte!
qui dansent et brillent?
Elles dansent et brillent pour toi Benoît Mensah GNAMEY
Elles sont comme les milliers Anthologie de la poésie togolaise par
et les milliers d'yeux des Anges du Ciel Yves-Emmanuel DOGBÉ
qui te regardent Éditions Akpagnon, 1980
et qui t'aiment
Et qui sont heureux
parce que tu es heureuse
et belle. ********
Yves-Emmanuel DOGBÉ
Morne Soliloque
Éditions Akpagnon, 1982 L'oiseau bleu

******** Il est tout bleu


L'oiseau bleu
Il est bleu du bec
Berceuse Bleu des plumes
Et bleu des yeux,
L'oiseau bleu
Togolo, mon enfant chéri, Il déploie ses ailes
Ne pleure pas cette nuit. Deux petits éventails bleus
Ta puis
Comme un léger papillon bleu
voix, de mauvais esprits te la Il voltige dans le bleu azuré
prendront Du ciel de mon imagination.
Aussitôt qu'ils l'entendront.
Toussaint Cossy GUENOU
La jolie feuille est tombée Anthologie de la poésie togolaise par
Et la chèvre l'a mangée. Yves-Emmanuel DOGBÉ
Que la chèvre sur l'arbre monte Éditions Akpagnon, 1980
Cueillir une autre feuille verte!

Dors, Togolo, mon enfant chéri,


Dans les bras de ton père.
Ta maman, bien loin est partie;
Elle ne reviendra que ce soir.

La jolie feuille est tombée


TUNISIE

Quand je pense à la mer Pour toi et notre eau fraîche


Et notre mie amère.
Quand je pense à la mer Notre pain, notre sel,
C'est à l'eau que je pense, verte et Notre encens sont à toi;
mouvante Hélas! sous notre toit
Pas au poisson, pas au bateau. Nous n'avons pas de miel.
Quand j'écoute la mer Salah KHELIFA
C'est bien l'eau que j'entends, sourde et La ronde des affamés
roulante Sfax, H.C., Imprimerie Coopi, 1973
Et pas le coquillage et pas le vent.

Quand j'entre dans la mer ********


Froide et secrète comme un grand
abreuvoir
C'est moi le coquillage et le bateau
Et la vague et le vent et l'eau
Et je bois le soleil.

Jacqueline DAOUD
Traduit de l'abstrait
Éditions Cérès productions, 1968

********

Hospitalité arabe

O passant étranger
Qui tiens une houlette,
Veux-tu bien partager,
Avec moi, ma galette?

O passant! ô passant!
Dont j'ignore le nom,
Je t'offre cet encens;
Prends-le, ne dis pas: non!

Accepte ce lit rêche


Que prépare ma mère
ZAÏRE

Tu m'as regardée

Tu m'as regardée
Et ton regard plein d'amour
A souri
Dans le mien

Tu m'as tendu
Ton bras
Ton bras droit
Comblé de promesses

Et ton regard s'est fondu


Dans mon regard
Et tes bras m'ont enveloppée
D'un long pagne d'espoirs.

Élisabeth-Françoise MWEYA
Remous de feuilles
Éditions du Mont Noir, 1971

********

Est-il une musique plus douce?

Est-il une musique plus douce


Pour nous endormir que l'amour?
Les feuilles d'arbres caressent
Le rossignol solitaire
Qui transperce le cri du vent
De son chant merveilleux
Mais pour se reposer, elles ont besoin
De la douceur de la nuit.

Kama KAMANDA
Les Résignations
Association des Écrivains Africains,
1986
MAROC
Abdelhak SERHANE Les dunes paradoxales Éditions Paris Méditerranée 2001

J'ai reçu les signes


en offrande du Désert
comme ces rêves de jeunesse
à la limite de la transe
j'ai reçu le chant des pierres Toute page de sable
à l'envers de ma solitude écrite à l'eau des ruisseaux
quand le chacal assoiffé d'errance entre dunes
hurle sa gangrène dans le creux des vagues et mirages
j'ai reçu l'appel des sables plus loin que le soir
de liberté et de soleil en signe de rites magiques
si les mots peuvent guérir nos dérives dans la pénombre masquée des saisons
dis-moi encore cette éternité
où le Désert avance
dans le repos du sablier *****

La distance oublie ses peines


***** sur les sentiers du néant
quand vibrent les regrets
et l'orage prend les cycles
pour des révoltes
Ni figues de barbarie impudiques
ni beurre rance le livre accroché au miroir
ni feuilles de vignes de l'horizon
ni pomme lacérée au couteau c'est le Désert
ni rêve soufré ni alouettes en désert d'interdits
ni horizon pour hommes bleus de discorde
ni Touaregs poussiéreux de non-dits
ni livre d'ennui
ni démon et de silence
juste un vent de sable
entre signe et preuve
pour couvrir notre nudité *****
dans une fracture
de solitude

*****

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