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THEME : LA RENTREE , L'ECOLE

Le cancre Autour du pot

Il dit non avec la tête Je tourne autour du pot,


Mais il dit oui avec le cœur Je n’ose pas le lui dire,
Il dit oui à ce qu'il aime Je suis vraiment idiot,
Il dit non au professeur Car me taire, c’est bien pire.
Il est debout Ca y est, je prends mon élan,
On le questionne Les mots sortent sur mes lèvres,
Et tous les problèmes sont posés Maman, au secours maman
Soudain le fou rire le prend Je ne suis pas un bon élève!
Et il efface tout J’ai eu cinq en dictée,
Les chiffres et les mots Zéro en poésie,
Les dates et les noms J’avais oublié
Les phrases et les pièges En leçon de géométrie…
Et malgré les menaces du maître Ca y est, j’ai réussi
Sous les huées des enfants prodiges Me voilà soulagé,
Avec des craies de toutes les couleurs Maintenant je l’ai dit… …
Sur le tableau noir du malheur Au miroir de la cheminée !
Il dessine le visage du bonheur.
Michel Boucher
Jacques Prévert
Mon école L’alphabet
Mon école est pleine d'images, Quand tu apprends l'alphabet
Pleine de fleurs et d'animaux,
Ne laisse pas tomber une lettre
Mon école est pleine de mots
Car si elle se blesse
Que l'on voit s'échapper des pages,
Pleine d'avions, de paysages, Tu ne trouveras plus le mot pour appeler
De trains qui glissent tout là-bas
Où nous attendent les visages Quand tu apprends l'alphabet
Des amis qu'on ne connaît pas. Et que le Z te paraît bien loin du A
Demande à ta maman une chanson
Mon école est pleine de lettres, Pour finir le chemin
Pleine de chiffres qui s'en vont
Grimper du plancher au plafond Quand tu apprends l'alphabet
Puis s'envolent par les fenêtres,
N'oublie pas le W
Pleine de jacinthes, d'œillets,
Car même s'il est le plus costaud
Pleine de haricots qu'on sème ;
Ils fleurissent chaque semaine Il ne sort pas souvent et se sent un peu triste
Dans un pot et dans nos cahiers.
Quand tu apprends l'alphabet
Ma classe est pleine de problèmes Rappelle-toi qu'avec vingt-six lettres
Gentils ou coquins quelquefois, On peut faire beaucoup de mots
De chansons, de poèmes, Et tu pourras les partager
Dont on aime la jolie voix Avec tes parents, tes amis, tes secrets
Pleine de contes et de rêves,
Blancs ou rouges, jaunes ou verts,
Yvon Le Men
De bateaux voguant sur la mer
Quand une brise les soulève.
Pierre Gamarra
L'école Mon cartable

Dans notre ville, il y a Mon cartable a mille odeurs,


Des tours, des maisons par milliers, Mon cartable sent la pomme,
Du béton, des blocs, des quartiers, Le livre, l’encre, la gomme
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Et les crayons de couleurs.
Tout bas.
Mon cartable sent l’orange,
Dans mon quartier, il y a Le bison et le nougat,
Des boulevards, des avenues, Il sent tout ce que l’on mange
Des places, des ronds-points, des rues Et ce qu’on ne mange pas.
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas. La figue et la mandarine,
Le papier d’argent ou d’or,
Dans notre rue, il y a Et la coquille marine,
Des autos, des gens qui s’affolent, Les bateaux sortant du port.
Un grand magasin, une école,
Et puis mon cœur, mon cœur qui bat Les cow-boys et les noisettes,
Tout bas. La craie et le caramel,
Les confettis de la fête,
Dans cette école, il y a Les billes remplies de ciel.
Des oiseaux chantant tout le jour
Dans les marronniers de la cour. Les longs cheveux de ma mère
Mon cœur, mon cœur, mon cœur qui bat Et les joues de mon papa,
Est là. Les matins dans la lumière,
La rose et le chocolat.
Jacques Charpentreau
Pierre Gamarra
L'école est fermée L'école

Le tableau s'ennuie ; L'école était au bord du monde,


Et les araignées L'école était au bord du temps.
Dit -on étudient Au dedans, c'était plein de rondes ;
La géométrie
Au dehors, plein de pigeons blancs.
Pour améliorer
On y racontait des histoires
L'étoile des toiles :
Toiles d'araignées, Si merveilleuses qu'aujourd'hui,
Bien évidemment. Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j'en suis.
L'école est fermée Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Les souris s'instruisent, Comme on n'en trouve nulle part,
Les papillons lisent Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Les pupitres luisent, Il pleuvait de l'or en miroirs.
Ainsi que les bancs. Sur les tableaux d'un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
L'école est fermée
Mais si l'on écoute Où, de l'aube au soir, nous glissions
Au fond du silence, Vers de nouvelles péninsules.
Les enfants sont là L'école était au bord du monde,
Qui parlent tout bas. L'école était au bord du temps.
Ah ! que n'y suis-je encor dedans
Et dans la lumière, Pour voir, au dehors, les colombes.
Des grains de poussière,
Ils revivent toute l'année qui passa, Maurice Carême
Et qui s'en alla …

Georges Jean
THEME : L'AUTOMNE

Feuille rousse, feuille folle La feuille des forêts

Feuille rousse, feuille folle La feuille des forêts


Tourne, tourne, tourne et vole ! Qui tourne dans la bise
Tu voltiges au vent léger Là-bas, par les guérets,
Comme un oiseau apeuré. La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise,
Feuille rousse, feuille folle ! Va-t-elle revenir
Sur le chemin de l’école, Verdir la même tige ?
J’ai rempli tout mon panier L'eau claire des ruisseaux
Des jolies feuilles du sentier. Qui passe claire et vive
A l'ombre des berceaux,
Feuille rousse, feuille folle ! L'eau claire des ruisseaux
Dans le vent qui vole, vole, Qui passe claire et vive,
J’ai cueilli pour mon cahier la feuille qui dansait . Va-t-elle retourner
Baigner la même rive ?
Luce Fillol
Jean Moréas

Le rouge-gorge Voici que la saison

Le rouge-gorge est au verger ; Voici que la saison décline,


Ah ! qu'il est joli, le voleur ; L’ombre grandit, l’azur décroît,
Il ne pèse pas plus que plume Le vent fraîchit sur la colline,
Et le vent le balance à son gré L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.
Comme une fleur ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur de prunes. Août contre septembre lutte;
L’océan n’a plus d’alcyon;
Oiseau, bel oiseau d'automne, Chaque jour perd une minute,
Voici l'oseille qui rougit Chaque aurore pleure un rayon.
Dans l'herbe,
Et la feuille du poirier jaune ; La mouche, comme prise au piège,
Tout se couvre de pourpre et de vieil or superbe Est immobile à mon plafond;
Avant l'hiver gris. Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l’été fond.
Tristan Klingsor
Victor Hugo
Automne Jour pluvieux d'automne

Odeur des pluies de mon enfance Une feuille rousse


Derniers soleils de la saison ! Que le grand vent pousse
A sept ans comme il faisait bon Dans le ciel gris-bleu,
Après d'ennuyeuses vacances, L'arbre nu qui tremble
Se retrouver dans sa maison ! Et dans le bois semble
Un homme frileux,
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées, Une gouttelette
Sentait l'encre, le bois, la craie Comme une fléchette
Et ces merveilleuses poussières Qui tape au carreau,
Amassées par tout un été. Une fleur jaunie
Qui traîne sans vie
O temps charmant des brumes douces, Dans la flaque d'eau,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau, Sur toutes les choses
Mais je tiens entre paume et pouce Des notes moroses,
Une rouge pomme à couteau. Des pleurs, des frissons,
Des pas qui résonnent :
René-Guy Cadou C'est déjà l'automne
Qui marche en sifflant sa triste chanson.

Michel Beau
Petite pomme Les trois noisettes

La petite pomme s'ennuie Trois noisettes dans le bois


De n'être pas encore cueillie. Tout au bout d'une brindille
Les autres pommes sont parties, Dansaient la capucine vivement au vent
Petite pomme est sans amie. En virant ainsi que filles
De roi.
Comme il fait froid dans cet automne ! Un escargot vint à passer :
Les jours sont courts ! Il va pleuvoir. "Mon beau monsieur, emmenez-moi
Comme on a peur au verger noir Dans votre carrosse, Je serai votre fiancée"
Quand on est seule et qu'on est pomme. Disaient-elles toutes trois.
Mais le vieux sire sourd et fatigué,
Je n'en puis plus viens me cueillir, Le sire aux quatre cornes sous les feuilles
Tu viens me cueillir Isabelle ? Ne s'est point arrêté,
Comme c'est triste de vieillir Et, c'est l'ogre de la forêt, je crois,
Quand on est pomme et qu'on est belle. C'est le jeune ogre rouge, gourmand et futé,
Monseigneur l'écureuil,
Prends-moi doucement dans ta main, Qui les a croquées
Mais fais-moi vivre une journée,
Bien au chaud sur ta cheminée Tristan Klingsor
Et tu me mangeras demain.

Géo Norge
Automne malade Avec l'encre couleur du temps
Automne malade et adoré J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les jours
roseraies et leur trame sans histoire, et leur éternel
Quand il aura neigé retour...
Dans les vergers J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison
Pauvre automne et le jour près de s'éteindre.
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais.
Au fond du ciel J'écris les feuilles et l'herbe que le printemps
Des éperviers planent remuait...
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines J'écris la lumière douce des chemins de mon
Qui n’ont jamais aimé pays...
Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyères
Aux lisières lointaines sur les terres désolées et j'écris les âmes fières
Les cerfs ont bramé de n'être pas consolées.
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont
Le vent et la forêt qui pleurent brûlée
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille et tous les rubis qui bougent dans le fond des
Les feuilles cheminées,
Qu’on foule et le soleil qui se couche sur les plus longues
Un train journées,
Qui roule et toutes les roses qui sur la mer s'en sont
La vie allées…
S’écoule
Germaine Beaumont
Guillaume Apollinaire

Matin d'Octobre Paysage d’octobre


Les nuages sont revenus,
C'est l'heure exquise et matinale
Et la treille qu’on a saignée
Que rougit un soleil soudain.
Tord ses longs bras maigres et nus
A travers la brume automnale
Sur la muraille renfrognée.
Tombent les feuilles du jardin.
La brume a terni les blancheurs
Leur chute est lente. Ou peut les suivre
Et cassé les fils de la vierge ;
Du regard en reconnaissant
Et le vol des martins-pêcheurs
Le chêne à sa feuille de cuivre,
Ne frissonne plus sur la berge.
L'érable à sa feuille de sang.
Les arbres se sont rabougris,
Les dernières, les plus rouillées,
La chaumière ferme sa porte,
Tombent des branches dépouillées :
Et le joli papillon gris
Mais ce n'est pas l'hiver encor.
A fait place à la feuille morte.
Une blonde lumière arrose
Plus de nénuphars sur l’étang ;
La nature, et, dans l'air tout rose,
L’herbe languit, l’insecte râle,
On croirait qu'il neige de l'or.
Et l’hirondelle, en sanglotant,
Disparaît à l’horizon pâle.
François Coppée Maurice ROLLINAT
THEME : LE JOUR ET LA NUIT

Ecoute Le jour, la nuit

Ecoute les bruits de la nuit C’est le soleil


Derrière les fenêtres closes. Qui me réveille,
On dirait que c'est peu de choses, Vive le soleil !
Un pas s'en vient, un pas s'enfuit. Il monte dans le ciel
Le dernier autobus qui passe, Jusqu’à midi…
Quelqu'un qui chante quelque part, Et redescend
Un avion au fond de l'espace, Tout l’après-midi.
Un voisin qui rentre bien tard. On dit qu’il va se coucher
Un chien aboie. Un matou miaule, De l’autre côté…
On entend glisser un vélo. Moi je sais déjà
La nuit est pleine de paroles Qu’il ne se couche pas :
Qui viennent de l'air et de l'eau. Le soleil éclaire
L’autre côté de la Terre.
Pierre Gamarra Là-bas c’est le jour,
Ici c’est la nuit…
Bonne nuit !

Je n'ai pas de réveil La lune

Je n’ai pas de réveil Ah ! Quel dommage !


Sur ma table de nuit La lune fond.
Et pourtant, je m’éveille Il n'est plus rond
Dès que le matin luit. Son gai visage.

Avant d’ouvrir les yeux, Quelle souris


Je sais s’il fait soleil En maraudage
Et si le ciel est bleu La prend, la nuit,
Ou moins bleu que la veille. Pour un fromage ?

Je n’ai pas de réveil Elle maigrit


Sur ma table de nuit Que c'est pitié :
Mais j’ai dans les oreilles Plus qu'un quartier
Mieux qu’une sonnerie. Qui s'amincit...

J’ai tant de chants d’oiseaux, Mais sans souci


Le matin, dans mon être, Presque au cercueil
Que mon cœur fait le beau La lune rit
Quand j’ouvre la fenêtre. Avec un œil..

Pierre Coran Maurice Carême


Le jour et la nuit Soyez poli

Il était une fois le jour et la nuit. Il faut être poli avec la Terre
Le jour aimait la nuit, la nuit aimait le jour. Et avec le Soleil
Lui, tête ronde, cheveux d’or, tout rayonnant de Il faut les remercier le matin en se réveillant
lumière. Il faut les remercier pour la chaleur
Elle, teint pâle, belle et mystérieuse Pour les arbres
Portant une robe noire toute parsemée d’étoiles. Pour les fruits
Les hommes sur la Terre se demandaient sans Pour tout ce qui est bon à manger
cesse, Pour tout ce qui est beau à regarder […]
Pourquoi le temps s’écoulait si vite.
C’est parce que le jour courait pour revoir la nuit, Le Soleil aime la Terre
La nuit courait pour revoir le jour. La Terre aime le Soleil
Ils ne pouvaient pas vivre l’un sans l’autre, Et elle tourne
Car ils s’aimaient beaucoup. Pour se faire admirer
Leurs vies étaient liées à jamais. Et le Soleil la trouve belle
Et il brille sur elle
Et quand il est fatigué
Il va se coucher
Et la lune se lève […]

Jacques Prévert
THEME : L'HIVER

Le bonhomme de neige Les lutins de Noël

Savez-vous qui est né Le Père Noël a mal au dos


Ce matin dans le pré ? Car des jouets, il en a trop
Un gros bonhomme tout blanc ! Il y a beaucoup d’enfants sur terre
Il est bien vieux que va
Il est très souriant Heureusement que les lutins
Avec son ventre rond Lui donnent un précieux coup de main
Ses yeux noirs de charbon Ils vont, ils viennent, ils courent et sautent
Son balai menaçant Ils se démènent, emplissent leurs hottes
Et son chapeau melon. Et puis ils vont de par le monde
Du nord au sud en vingt secondes
Le soleil a brillé, Aux gens qu’ils voient, ils disent « Pardon,
À midi dans le pré, Aux gens qu’ils voient, ils disent « Pardon,
Je n’ai rien retrouvé … Nous sommes pressés car le patron
Le bonhomme a filé ! Est fatigué, il est au lit
Mais on est là pour vous, comme lui !
Jason Emond Il sera là aux fêtes prochaines
Alors chantez, la joie est reine »
Le Père Noël a mal au dos
Alors offrons-lui pour cadeau
La joie de voir des gens qui s’aiment
Pour qu’il sourie et nous revienne.

Jean-Pierre Haga
Mon hiver L'hiver est là !
Mon hiver est parfumé
L’automne a laissé sa place à l’hiver,
De cendres, de feux de cheminées.
Partout plus une trace de vert.
D’encens et de lavande,
Les feuilles ont complètement disparu,
Pour tous mes enrhumés...
Laissant les branches entièrement nues.
Mon hiver est beau
Les montagnes se parent de blanc.
De blanc et de glace
Les flocons de neige tombent doucement.
De givre sur les arbres,
La nature semble s’être endormie,
De palais transparents.
L’écho résonne au moindre bruit.
Mon hiver je l’entends
Le froid s’étend dans la vallée,
Grincer dans les branches,
Le soleil brille sur les sommets.
Craquer sous mes pas
Echarpes, gants, bonnets sont de sortie
Souffler dans les ruelles...
Mais quel plaisir de rester au lit !
Je colle mon nez à la vitre
Karine Persillet
Mon hiver est buée
A nouveau il m’invite,
A me recroqueviller.

Veronik Leray
La neige tombe La neige au village

Toute blanche dans la nuit brune Lente et calme, en grand silence,


La neige tombe en voletant, Elle descend, se balance
Ô pâquerettes! une à une Et flotte confusément,
Toutes blanches dans la nuit brune ! Se balance dans le vide,
Qui donc là-haut plume la lune ?
Voilant sur le ciel livide
Ô frais duvet ! flocons flottants !
L’église au clocher dormant.
Toute blanche dans la nuit brune
Pas un soupir, pas un souffle,
La neige tombe en voletant.
Tout s’étouffe et s’emmitoufle
La neige tombe, monotone,
Monotonement, par les cieux ;
De silence recouvert…
Dans le silence qui chantonne, C’est la paix froide et profonde
La neige tombe monotone, Qui se répand sur le monde,
Elle file, tisse, ourle et festonne La grande paix de l’hiver.
Un suaire silencieux.
La neige tombe, monotone, Francis Yard
Monotonement par les cieux.

Jean Richenin
Vive la galette ! Toc ! Toc ! ouvrez-moi !

Toute ronde et toute dorée, Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !


Elle est la star du mois de janvier. Ayez pitié d’une mésange.
En Provence, c’est une brioche sucrée Puis-je venir dans votre grange ?
De fruits confits bien décorée. Dans le verger, il fait si froid.
Mais, le plus souvent, on la connaît Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Dans sa belle robe de pâte feuilletée. La neige recouvre la terre ;
Chaude lorsqu’elle sort du four Je suis seule et n’ai plus de mère.
Avec délices on la savoure ! Il fait si chaud sous votre toit.
Mais cette demoiselle a deux secrets Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Que tous les gourmands espèrent dévoiler. Je me contenterai des miettes
Dans la délicieuse crème très appréciée Qui resteront dans vos assiettes.
Se cachent une fève et un petit sujet. Comme on doit être bien chez soi !
Lorsqu’on découvre l’un des deux Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Cette galette fait des heureux ! Je serai toujours propre et sage,
Une couronne vient alors parer Mais ne me mettez pas en cage ;
Les rois et reines de la journée ! Il est si triste, cet endroit.
Karine Persillet Toc ! Toc ! bonnes gens, ouvrez-moi !
Je ne serai pas une ingrate ;
Je chanterai une sonate,
Pour vous, au printemps, dans le bois.

Gérard Illberg
Voici Noël Est-ce toi Père-Noël ?

Voici la neige et la nuit bleue, Est-ce toi Père Noël ?


voici le givre en sucre fin, Qui poses un chapeau de feu
voici la maison et le feu, Sur la tête des chandelles,
voici Noël vêtu de lin .
Bigoudis de sapins bleus ?
Les oiseaux se taisent, ce soir.
Les lilas ont fermé les yeux. Est-il vrai qu'à la Noël
Les chênes tendent leurs bras noirs Le coq des clochers d'église
vers les chemins mystérieux. Met un jabot de dentelle
Voici les pauvres malheureux, Pour te faire une surprise ?
voici la plaine de la bise
dans les fentes et dans les creux, Dors-tu dans un satellite,
voici les vergers sans cerises. Sur le tablier des dunes ?
Un jour, renaîtront les grands lis, Ou vis-tu comme un ermite
le parfum des profondes roses, Dans le tonneau de la Lune ?
et l’hirondelle, je suppose,
reviendra frôler les iris. Pourquoi quand je t'interroge
Voici Noël, voici les vœux , Ne me réponds-tu jamais ?
Voici les braises sous la cendre, Es-tu pareil à l'horloge
voici les bottes de sept lieues Qui dit coucou puis se tait ?
pour aller jusqu'à l’avril tendre.
Et voici le pas d’une mère Tant pis ! Si dès aujourd'hui
qui marche vers la cheminée Tu ne veux pas te montrer,
pour ranimer les braises claires, Je n'ôterai la suie
et voici le chant d’une mère Qui bouche la cheminée !
qui berce un enfant nouveau-né.
Pierre Gamarra Pierre Coran

Le plus beau cadeau Je serai Père Noël

Noël ! que nous apportes-tu Quand je serai très vieux,


Dans tes bras si fragiles ? Je serai Père Noël.
Un cheval ? Une automobile ? Je vivrai dans les cieux,
Un Pierrot au chapeau pointu ? Sous un toit d'arc-en-ciel.
Noël, que nous apportes-tu ?
Mes ateliers à jouets
Nous apportes-tu dans ta hotte Seront dans les nuages
Des oranges, du chocolat, De là-haut je verrai
du pain d'épices, des nougats Quels sont les enfants sages.
Des pralines, des papillotes ?
Qu'y a-t-il au fond de ta hotte ? Et je me souviendrai
Des joujoux, bien sûr, c'est parfait De quand j'étais petit,
Et c'est si bon les friandises ! Des caprices que j'ai faits,
Mais, dans tes menottes exquises Des mensonges que j'ai dits
Trouverons-nous d'autres bienfaits ?
Noël, apporte-nous la Paix ! Et j'aurai dans ma hotte
Raymond Richard Pour les petits coquins
Des jouets qui clignotent
Et des ours câlins.
Corinne Albaut
Dans un coin, le sapin LES LUTINS DE NOEL

Dans un coin, le sapin Le Père Noël a mal au dos


A des branches toutes blanches. Car des jouets, il en a trop
Dans un coin, le sapin Il y a beaucoup d’enfants sur terre
Attend Noël pour demain. Il est bien vieux que va-t-il faire?

Les flocons tournent en rond Heureusement que les lutins


C’est le manège de la neige Lui donnent un précieux coup de main
Les flocons tournent en rond Ils vont, ils viennent, ils courent et sautent
Mon jardin est en coton. Il s se démènent, emplissent leurs hottes

Le traîneau, tout là-haut Et puis ils vont de par le monde


Quelle merveille, Père Noël Du nord au sud en vingt secondes
Le traîneau, tout là-haut Aux gens qu’ils voient, ils disent «Pardon,
Apportera des cadeaux. Nous sommes pressés car le patron

Mes souliers bien cirés Est fatigué, il est au lit


Près de la cheminée Mais on est là pour vous, comme lui!
Mes souliers bien cirés Il sera là aux fêtes prochaines
Seront remplis de jouets. Alors chantez, la joie est reine»

Le Père Noël a mal au dos


Charles GLOASGEN Alors offrons-lui pour cadeau
La joie de voir des gens qui s’aiment
Pour qu’il sourit et nous revienne.

Jean Pierre Haga


THEME : LES COULEURS

Deux petits éléphants La vitre bleue

C'était deux petits éléphants, Sur la vitre bleue


Des fenêtres blanches,
Deux petits éléphants tout blancs.
Le ciel s'endimanche
Lorsqu'ils mangeaient de la tomate, Même quand il pleut.
Ils devenaient tout écarlates.
Dégustaient-ils un peu d'oseille, Au gré des saisons,
On les retrouvait vert bouteille. La vitre protège
Suçaient-ils une mirabelle, Tant de papillons
Ils passaient au jaune de miel. D'été ou de neige
On leur donnait alors du lait :
Que la nuit aidant,
Ils redevenaient d'un blanc frais.
Parfois il me semble
Mais on les gava, près d'Angkor,
Que le verre en tremble
Pour le mariage d'un raja, Sans le moindre vent.
D'un grand sachet de poudre d'or.
Et ils brillèrent, ce jour-là, Quand le jour se lève
D'un tel éclat que plus jamais, Dans la vitre bleue,
Même en buvant des seaux de lait, Le rêve s'achève,
Ils ne redevinrent tout blancs, Je cligne des yeux.
Ces jolis petits éléphants.
Au bout de la nuit,
Maurice Carême Le soleil prend feu.
Et la maison bruit
Sous la vitre bleue.

Pierre Coran
Mon âne blanc Un peintre
Les blancs nuages
Oh que c'est drôle Dans le ciel bleu
Aujourd'hui mon âne blanc Les bords sableux
Est devenu transparent Du blond rivage
Oh que c'est drôle Les rayons d'or
Aujourd'hui mon âne blanc Le sombre orage
Est devenu transparent Le vert feuillage
Au travers de son corps Où l'oiseau dort.
Je vois la nuit qui s'endort La belle rose
Les oiseaux qui s'abandonnent Charmant décor
Le grand sapin qui frissonne Où l'ombre encor'
Oh que c'est drôle Tremble et se pose.
Aujourd'hui mon âne blanc Le ru d'argent
Est devenu transparent Vif ou morose
Sous le soleil orangé Qui court ... arrose
Les champs qui se courent après Les prés changeants.
Les enfants rouge vert et bleu D'une main sûre
Qui dansent qui dansent qui dansent Depuis longtemps
Oh que c'est drôle Monsieur printemps
Aujourd'hui mon âne blanc Peint la nature.
Est devenu transparent Michel Beau
La grille est toute blanche De quoi peuvent-ils se parler ?

La grille est toute blanche La souris verte,


Et le perron tout rose. La vache rose,
Un vent clair y balance Portes ouvertes,
Un rosier plein de roses. Rient dans les roses.

Et les pigeons sont blancs De quoi peuvent bien se parler


Des animaux si colorés ?
Sur les ardoises bleues,
Il est vrai qu’au tournant du chemin creux
Un peu moins bleues pourtant
Habite un cheval bleu
Que le bleu doux des cieux.
Et, dans la maison rouge, sous les aunes,
Le chèvrefeuille est jaune Un âne, mais alors tout à fait jaune.
Qui monte autour de l'aune, De quoi peuvent-ils se parler
Jaune aussi, le vieux faune Ainsi sur le seuil de l’été ?
Mais près de l'arrosoir Moi, j’avais un chien mauve,
Vert, vert à n'y pas croire, Il était en guimauve.
Le chat, lui, est tout noir. Comme je l’ai mangé,
Je n’ai pas pu l’interroger.
Maurice Carême
Maurice Carême
Bleu et blanc Avec l'encre couleur du temps...

Un petit chat bleu J'écris avec l'encre noire, les chagrins de tous les
Semé de pois blancs jours
Vit un gros rat blanc Et leur trame sans histoire, et leur éternel retour...
Semé de pois bleus. J'écris le deuil des saisons et le mal de la raison
Et le jour près de s'éteindre.
Leurs mignonnes queues
Différaient de peu. J'écris avec l'encre verte un jardin que je connais.
J'écris les feuilles et l'herbe que le printemps
Oui, mais seulement remuait...
Le nez du chat bleu J'écris la lumière douce des chemins de mon pays...
Etait tout tout blanc,
Le nez du rat blanc Avec l'encre violette, j'écris les soirs de bruyères
Etait tout tout bleu. Sur les terres désolées et j'écris les âmes fières
De n'être pas consolées.
Leurs joues et leurs yeux
Différaient de peu.
J'écris avec l'encre rouge tous les feux qui m'ont
Oui, mais seulement brûlée
Un cil du chat bleu Et tous les rubis qui bougent dans le fond des
Etait tout tout blanc, cheminées,
Un cil du rat blanc Et le soleil qui se couche sur les plus longues
Etait tout tout bleu. journées,
Et toutes les roses qui sur la mer s'en sont allées...
A cause de ce peu,
De ce tout petit peu Germaine Beaumont
De blanc et de bleu,
Ils continuèrent
A se faire la guerre.
Maurice Carême
THEME : LE PRINTEMPS

Bonjour ! Danse
Qui danse parmi le thym ?
Comme un diable au fond de sa boite, Est-ce un rayon, un lutin,
Le bourgeon s’est tenu cache. Peut-être un petit lapin ?
Mais dans sa prison trop étroite,
Il baille et voudrait respirer. Est-ce une abeille en maraude,
Une couleuvre qui rôde,
Il entend des chants, des bruits d’aile. Un lézard couleur d'émeraude ?
Il a soif de grand jour et d’air. Je ne sais. Mais je sais bien
Il voudrait savoir les nouvelles Que tout danse ce matin
Il fait craquer son corset vert. Parmi les touffes de thym,
Que l'esprit est une abeille,
Puis d’un geste brusque, il déchire
Un subtil lézard qui veille,
Son habit étroit et trop court.
Un lutin qui s'émerveille,
Enfin, se dit-il, je respire,
Je vis, je suis libre. Bonjour ! Ou bien ce petit lapin
Qui joue et bondit soudain
Paul Géraldy Parmi les touffes de thym.
Cécile Périn

Petite fleur Ils sont fous ces poissons !

Bonjour, bonjour, petite fleur ! On a vu des poissons pas sages


A présent n’aie plus peur Se balancer sur des nuages.
Du froid, de la neige et du gel, On en a vu des farfelus
Et rejoins les hirondelles. Danser le rock dans les rues.
Elles volent en liberté On raconte que certains poissons
Car le printemps est annoncé. Ont pris le train et l’avion,
Toute la nature est en émoi, Tandis que d’autres discutaient
Enfin, le beau temps est là ! Devant le banc du poissonnier.
De légers parfums apparaissent Mais le plus surprenant,
Aussi doux qu’une caresse. C’est que certains poissons
Le ciel se teinte d’un bleu azur, Etaient accrochés aux blousons
L’air, tout à coup, nous semble pur. Ou aux manteaux des passants !
Bonjour, bonjour, petite fleur ! Le premier avril,
Dévoile aujourd’hui tes belles couleurs La vérité souvent ne tient qu’à un fil !
C’est le moment tant attendu
Car le printemps est revenu.

Karine Persillet
Chanson des oiseaux Printemps bleu
Avril ouvre à deux battants Printemps bleu, printemps rose,
Le printemps ; Les jonquilles au bois
L'été le suit, et déploie Parlent de tant de choses !
Sur la terre un beau tapis Ciel exquis,
Fait d'épis, Tu es là,
D'herbe, de fleurs et de joie. Mais pour qui ?
Buvons, mangeons, becquetons Je voudrais... mais je n'ose.
Les festons Les oiseaux, les lilas,
De la ronce et de la vigne ; Les coteaux, tout explose.
Le banquet dans la forêt
Est tout prêt ; Ciel exquis,
Chaque branche nous fait signe. Tu es là,
Mais pour qui ?
Les pivoines sont en feu ;
Le ciel est bleu Je pleurs et ris sans cause,
Allume cent fleurs écloses ; Je dis n'importe quoi.
Le printemps est pour nos yeux Ah ! J'ai le cœur tout chose !
Tout joyeux Ciel exquis,
Une fournaise de roses. Tu es là,
Victor Hugo Mais pour qui ?
Tu es là,
Mais pourquoi ?
Maurice Carême

Printemps Printemps
Les petits poings
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Des bourgeons bruns
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Dans la lumière Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Ouvrent leurs doigts
Verts, verts, verts, verts ... Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
Au bout des branches L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Les marronniers fleuris
Allument leurs bougies Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Roses et blanches. Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.

Les fleurs candides Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Des cerisiers Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Les aubépines
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
Dans les prés
Font une ronde folle et blanche
Blanche, blanche, blanche, blanche Victor Hugo

Raymond Richard
THEME : LA NATURE

L’arbre Vent léger

Perdu au milieu de la ville, Qui passe sur mon nez


L’arbre tout seul, à quoi sert-il ? Caresse ma joue
Joue dans mes cheveux
Les parkings, c’est pour stationner,
Frôle mes yeux ?
Les camions pour embouteiller,
Le vent malicieux !
Les motos pour pétarader,
Les vélos pour se faufiler. Qui chuchote à mon oreille
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ? Agite les feuilles
Souffle sur le gazon
Les télés, c’est pour regarder,
Pousse mon ballon ?
Les transistors pour écouter,
Le vent vagabond !
Les murs pour la publicité,
Les magasins pour acheter.
Qui touche ma main
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ? File entre mes doigts
Les maisons, c’est pour habiter, Sans que je le vois ?
Les bétons pour embétonner, Le vent coquin !
Les néons pour illuminer,
Où est-il passé ?
Les feux rouges pour traverser.
Léger, léger…
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Il s’est envolé
Les ascenseurs, c’est pour grimper, Et revient me chatouiller !
Les Présidents, pour présider,
Les montres, pour se dépêcher, Marie Tenaille
Les mercredis, pour s’amuser.
L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Il suffit de demander
À l’oiseau qui chante à la cime

Jacques Charpentreau
Les quatre éléments Pauvres champignons
L’air c’est rafraîchissant
Le feu c’est dévorant Quand je vais dans la forêt
La terre c’est tournant Je regarde les champignons
L’eau – c’est tout différent. L’amanite elle a la grippe
La coulemelle n’est pas très très belle
L’air c’est toujours du vent La morille est mangée de chenilles
Le feu c’est toujours bougeant
Le bolet n’est pas frais, frais, frais
La terre c’est toujours vivant
La girolle fait un peu la folle
L’eau – c’est tout différent.
La langue de bœuf n’a plus le foie neuf
L’air c’est toujours changeant Le lactaire est très en colère
Le feu c’est toujours mangeant La clavaire ça c’est son affaire
La terre c’est toujours germant Le cèpe de son côté perd la tête
L’eau – c’est tout différent. Moi, je préfère les champignons de Paris
Eux, au moins, n’ont pas de maladies.
Et combien davantage encore ces drôles d’hommes ,
espèces de vivants ,
qui ne se croient jamais dans leur vrai élément
Claude Roy Pascale Pautrat
Tu dis Respectez… mon Océan.

Tu dis sable Environnement, déchets,


et déjà N’avez-vous jamais entendu ces mots,
la mer est à tes pieds Vous qui polluez sans cesse les eaux ?
Inconscients, vous l’êtes sans pitié.
Tu dis forêt
et déjà
Récifs, coraux,
les arbres te tendent leurs bras
N’avez-vous jamais entendu ces mots,
Tu dis colline Vous qui polluez sans cesse les eaux ?
et déjà Odieux, vous l’êtes sans respect.
le sentier court avec toi vers le sommet
Pétrole, marée noire,
Tu dis nuages N’avez-vous jamais entendu ces mots,
et déjà Vous qui polluez sans cesse les eaux ?
un cumulus t’offre la promesse du voyage Ingrats, vous l’êtes sans excuse.

Tu dis poème L’océan est si grand,


et déjà Que vous n’avez point de cœur,
les mots volent et dansent comme des étincelles Vous n’apercevez pas ses pleurs,
dans la cheminée. Tous les jours vous lui faites malheurs

Joseph - Paul Schneider Laurence Lin - Ken - Hsien


La pluie Le ciel...

Flic, flac, floc, Le ciel est, par-dessus le toit,


Mais qui frappe? Si bleu, si calme !
Tic, tac, toc, Un arbre, par-dessus le toit,
Mais qui tape? Berce sa palme.
Flic, flac, floc, La cloche, dans le ciel qu'on voit,
A ma Porte, Doucement tinte.
Tic, tac, toc, Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
De la sorte. Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
C'est madame la pluie Simple et tranquille.
Accompagnée du vent Cette paisible rumeur-là
Elle a froid et s'ennuie Vient de la ville.
Par ce temps éprouvant -Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Tic, tac, toc, Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà
Sans demeure De ta jeunesse ?
Flic, flac, floc,
Je demeure Paul Verlaine
Tic, tac, toc,
Tu t'en doutes
Flic, flac, floc
Sur la route

Bernard Casadesus
THEME : LES ANIMAUX

Le blaireau sans gêne Le chat

Lui offrait-on quelque gâteau ? De sa fourrure blonde et brune


C’est simple il en réclamait deux. Sort un parfum si doux, qu'un soir
Devant un cadeau, ce blaireau J'en fus embaumé, pour l'avoir
Faisait la moue, remerciait peu. Caressée une fois, rien qu'une.

Partout il se sentait à l’aise C'est l'esprit familier du lieu ;


Se glissant à la meilleure place. Il juge, il préside, il inspire
On le vit devenir obèse Toutes choses dans son empire ;
Mais toujours faisant la grimace. Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

Un jour chez la Dame Belette Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Il dit un gros mot incongru ; Tirés comme par un aimant,
Alors sa renommée fut faite : Se retournent docilement,
Désormais nul ne le reçut. Et que je regarde en moi

Moralité Soyez polis, soyez courtois Je vois avec étonnement


Dites bonjour, dites merci Le feu de ses prunelles pâles,
On vous recevra avec joie, Clairs fanaux, vivantes opales,
Et vous aurez beaucoup d’amis Qui me regardent fixement.

Yvon Danet Charles Baudelaire


L’hirondelle Le papillon

Petite hirondelle Né au pays de la soie fine


Où t’en vas-tu à tire d’aile ? Dans un cocon venu de Chine,
Toi qui veux conquérir le ciel L’Orient est peint sur ses ailes.
Et partir vers les pays chauds
Pour ton bien-être et ton repos Jaune ou bleu, vert ou vermeil,
Tu crains le froid Il vole, il va, il vit sa vie
C’est bien ton droit A petits battements ravis.
Tu nous reviendras au printemps
Lorsqu’il fera beau temps Dans l’air doux, comme un éventail
Petite hirondelle perchée sur les fils électriques On le voit, on ne le voit plus,
Signe de ton départ en Afrique Il est ici, il est là,
Sois-nous toujours fidèle Ou bien c’est un nouveau venu
Afin de toujours t’aimer Son jumeau qui passe là-bas.
Et de nous faire rêver !
Ah ! Mettez au clou vos filets,
Paulette Latil d’Avallon Jetez épingles et bouchons,
Laissez-le libre car il est
La poésie, le papillon !

Marc Alyn
Le corbeau et le renard La trompe de l’éléphant

Maître Corbeau, sur un arbre perché, La trompe de l'éléphant ,


Tenait en son bec un fromage. c'est pour ramasser les pistaches ,
Maître Renard, par l'odeur alléché, pas besoin de se baisser !
Lui tint à peu près ce langage :
Et bonjour, Monsieur du Corbeau, Le cou de la girafe,
Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! c'est pour brouter les astres,
Sans mentir, si votre ramage pas besoin de voler !
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. La peau du caméléon,
À ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie, verte, bleue, mauve, blanche selon sa volonté,
Et pour montrer sa belle voix, pas besoin de fuir !
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie
Le Renard s'en saisit, et dit : Mon bon Monsieur, La carapace de la tortue,
Apprenez que tout flatteur c'est pour dormir à l'intérieur même l'hiver :
Vit aux dépens de celui qui l’écoute. pas besoin de maison !
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.
Le Corbeau ,honteux et confus, Le poème du poète,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus c'est pour dire cela et mille et mille et mille
autres choses :
Jean de La Fontaine pas besoin de comprendre !

Alain Bosquet
La cigale et la fourmi
La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit « Je vous paierai, lui dit
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
-Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant.

Jean de La Fontaine
THEME : LES CONTES

Le loup Le loup vexé

Au fond du couloir Un loup sous la pluie


Le loup se prépare Sous la pluie qui mouille,
Il met ses bottes noires… Loup sans parapluie
Qui a peur du loup ? Pas nous ! Pauvre loup gribouille.

Au fond du couloir Est-ce qu’un loup nage ?


Le loup se prépare Entre chien et loup,
Il prend son mouchoir… Sous l’averse en rage,
Qui a peur du loup, Un hurluberloup ?
Pas nous !
Le loup est vexé
Du fond du couloir Parce qu’on prétend
Le loup vient nous voir Que par mauvais temps
A pas de loup noir… Un loup sous la pluie sent le chien mouillé.
Qui a peur du loup ?
C’est nous ! Claude Roy
Sauvons-nous !

Marie Tenaille

En rêve La prisonnière

En rêve, j'ai trouvé Plaignez la pauvre prisonnière


- Le joli, joli rêve ! - Au fond de son cachot maudit !
En rêve, j'ai trouvé Sans feu, sans coussin, sans lumière...
La clochette enchantée Ah ! Maman me l’avait bien dit !
Qui dit la vérité.
Il fallait aller chez grand-mère
En rêve, j'ai trouvé Sans m’amuser au bois joli,
- Etait-ce bien un rêve ? - Sans parler comme une commère
En rêve, j'ai trouvé Avec l’inconnu trop poli.
Les miettes semées par le petit Poucet !
Ma promenade buissonnière
En rêve, j'ai trouvé Ne m’a pas du tout réussi :
- L'étrange, étrange rêve ! - Maintenant je suis prisonnière
En rêve, j'ai trouvé Dans le grand ventre noir du loup.
La citrouille si grosse qui se change en carrosse !
Je suis seule, sans allumettes,
Dans mon plus joli rêve, Chaperon rouge bien puni :
Au pied d'un blanc perron, Je n’ai plus qu’un bout de galette,
J'ai trouvé, Cendrillon, Et mon pot de beurre est fini !
Ta pantoufle de vair…
Jacques Charpentreau
Madeleine Ley
Sur le chemin Le petit chaperon rouge

Sur le chemin qui mène à la maison, Chaperon rouge est en voyage,


J'ai rencontré un écureuil mignon Ont dit les noisetiers tout bas.
Et un lapin aux jolis yeux tout ronds. Loup aux aguets sous le feuillage,
N'attendez plus au coin du bois.
Sur le chemin qui mène à la maison,
J'ai rencontré un petit hérisson Plus ne cherra la bobinette
Qui s'amusait avec un papillon. Lorsque, d'une main qui tremblait,
Elle tirait la chevillette
Sur le chemin qui mène au village, En tendant déjà son bouquet.
J'ai rencontré un canard pas très sage
Qui poursuivait une petite oie sauvage. Mère-grand n'est plus au village.
On l'a conduite à l'hôpital
Sur le chemin qui mène au grand bois, Où la fièvre, dans un mirage,
J'ai rencontré un méchant loup ma foi Lui montre son clocher natal.
Qui m'a dit : rentre vite chez toi !
Et chaperon rouge regrette,
Le nez sur la vitre du train,
Les papillons bleus, les fleurettes
Et le loup qui parlait si bien.

Maurice Carême
Au temps des fées Une fée

Aux temps jadis, aux temps rêveurs, aux temps Ah! c'est une fée
des Fées, Toute jeune encor’.
Il aurait fallu vivre aux bois, chez les muguets, Ah! c'est une fée
Sous des branches, parmi les rumeurs étouffées, De lune coiffée.
Sans rien savoir, sans croire à rien, libres et gais,
Nourris de clair de lune et buvant la rosée, A sa robe verte
Il aurait fallu vivre aux bois, chez les muguets, Un papillon d'or,
Aux temps des Fées. A sa robe verte
A peine entrouverte.
Nous aurions su dormir sous deux feuilles
croisées Chanter avec la source et rire avec le
Elle va légère
vent,
Au son du hautbois
Nourris de clair de lune et buvant la rosée,
Elle va légère
Suivre la libellule et la brise en maraude,
Comme une bergère.
Chanter avec la source et rire avec le vent.

Peut-être Mab, un jour, nous eût changés en Elle suit la ronde


fleurs Aux temps jadis, aux temps rêveurs, aux Des dames du bois,
temps des Fées, Elle suit la ronde
Il aurait fallu vivre aux bois, chez les muguets, Qui va par le monde.
Aux temps jadis, aux temps rêveurs, aux temps
des Fées. Gabriel Vicaire

Edmond Haraucourt
THEME : LES VACANCES

Je voyage L’air en conserve

Je m’ennuie ici, j’ai décidé de voyager Dans une boîte, je rapporte


Je prends mes valises et mon short kaki. Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Me voilà dans l’avion pour l’Australie. Je l'ouvre ! Fermez bien la porte !
Que les kangourous sautent haut !
Respirez à fond ! Quelle force !
Je prends mes valises et ma lampe électrique. La campagne en ma boîte enclose
Me voilà dans le bateau pour l’Amérique. Nous redonne l'odeur des roses,
Que les bisons sont bougons ! Le parfum puissant des écorces,

Je prends mes valises et mes bougies. Les arômes de la forêt...


Me voilà dans le train pour l’Asie. Mais couvrez-vous bien, je vous prie,
Car la boîte est presque finie :
Que les tigres sont méchants ! C'est que le fond de l'air est frais..
Je prends mes jambes à mon cou
Me voilà en camion pour Tombouctou.
Jacques Charpentreau
Fabienne Berthomier

Trois cerises rouges Je suis en vacances

Trois cerises rouges


Tout en haut d'un cerisier Assis tout au bord d’un nuage,
Se balancent Ça fait des jours que je voyage
Se balancent...
Et dans mes vagabondages
Je ne peux pas les attraper...
J’ai le vent comme équipage…
Trois groseilles rouges
Funambule au fil de l’eau,
Pendues à leur groseillier
Se balancent Je fais la papote aux oiseaux
Se balancent... Et - il faut ce qu’il faut-
Le pinson les a gobées...
J’ai mis une plume à mon chapeau.
Trois petites fraises rouges J’ai mis mon chapeau de soleil
Bien cachées sous les fraisiers....
Pas de chance Mon écharpe arc-en-ciel,
Pas de chance ! J’ai tout oublié, je pense :
L'escargot les a sucées ! Je suis en vacances.

Trois framboises rouges Christian Merveille


Dressées sur leur framboisier
Je m'avance
Je m'élance...
C'est moi qui les ai mangées !

Elisabeth Ayanidès
THEME : FETES DES MERES ET PERES

À toutes les mamans du monde A maman

Qu'y a t-il de plus beau que les yeux d'une mère? Maman, mon étoile est en fête !
Quand son regard déverse vers soi tout son Maman, mon étoile est en fleurs !
amour.
On ne voit que son coeur qui nous est grand Le ciel, aujourd’hui, pour ta fête
ouvert Peut avoir toutes les couleurs :
Pour mieux nous protéger de tous les mauvais Il n’y en a qu’une sur ma tête,
jours. Celle de mon amour en fleurs…

Qu'y a t-il de plus doux que la voix de maman? Aujourd’hui, maman, c’est ta fête
On dirait le murmure d'une belle rivière Et c’est un grand bouquet de fleurs
Ou la tombée de feuilles emportées par le vent. Que j’imagine dans ma tête
Elle rassure, elle console, elle chasse nos misères. Pour le serrer contre nos cœurs.

Qu'y a t-il de plus tendre qu'une de ses caresses? Maman, mon étoile est en fête !
Quand sur nos cheveux elle pose délicatement sa Maman, mon étoile est en fleurs !
main. Comme hier, elle est toujours prête
On dirait qu'elle a peur que son geste nous A faire un seul cœur – de nos cœurs…
blesse
Pourtant si elle savait comme il nous fait du bien. Mon amour pour toi, c’est ma fête !
Et ton amour, mon âme en fleurs
Bonne fête à toutes les mamans du monde !
Louis Emié
Marc Prudhomme

C’est ta fête ! Maman chérie

Maman, aujourd’hui c’est ta fête ! Pour toi, ma maman chérie,


Il faut que cette journée soit parfaite. J’ai mis mon plus bel habit.
Depuis des jours et des jours, je réfléchis Aujourd’hui est mon jour préféré
Pour qu’en ce jour, tout soit réussi. Car nous allons te fêter.

Maman, aujourd’hui c’est ton jour ! Pour toi, mon amour de maman,
J’ai, donc, préparé, avec amour J’ai dessiné ce beau cœur blanc.
Ce petit cadeau tout charmant Tu es toujours, là, tout près de moi
Pour toi, maman, que j’aime tant. Surtout les jours où rien ne va.

Maman, aujourd’hui c’est ta fête ! Pour toi, ma maman adorée,


J’espère que tu seras satisfaite J’ai ramassé ce beau bouquet.
Car je ne cesserai de te répéter Tu es la plus belle, ma maman,
Maman, je t’aime pour l’éternité ! Sais-tu que je t’aime infiniment ?

Karine Persillet Karine Persillet


À papa Papa d’amour
J’écris le mot agneau
Et tout devient frisé : Mon petit papa d’amour,
La feuille du bouleau, Aujourd’hui est un grand jour !
La lumière des prés. Pourquoi ? En as-tu une idée ?
Mais oui, c’est ta fête, tu as gagné !
J’écris le mot étang
Et mes lèvres se mouillent : Mon merveilleux papa chéri,
J’entends une grenouille C’est avec toi que je grandis,
Rire au milieu des champs. Dans la gaité et dans la joie
J’écris le mot forêt Car chaque jour, tu veilles sur moi.
Et le vent devient branche.
Un écureuil se penche Mon beau papa bien aimé
Et me parle en secret. De ma vie, tu es le pilier,
Et avec toi je n’ai plus peur.
Mais si j’écris papa,
Tu es la clé de mon bonheur !
Tout me devient caresse,
Et le monde me berce
Karine Persillet
En chantant dans ses bras.
Maurice CARÊME

Un papa c'est ... Bonne fête papa

Un papa, c'est beaucoup de choses... Bienveillance et tendresse dans tes yeux


Un papa, c'est un phare Où que je sois, je sais que je peux compter sur toi
Nuit et jour, tu es là pour ton enfant que tu chéris
Qui guide nos premiers pas. Nous sommes liés pour la vie par notre sang et
Il nous montre les sommets à atteindre notre amour
En plus de cela, tes qualités d'homme et de père
Et apaise nos peurs d'enfant. sont extraordinaires
Il résout bien des problèmes,
Formidable et unique, tu es le meilleur de tous
Raconte des histoires et partage bien des rêves. les pères
C'est lui qui répare Exemplaire, ton comportement est pour moi un
vrai modèle
Les objets que nous brisons. Tu es mon référant, mon confident, mon
Quand nous sommes tristes, protecteur
Entier, sincère et fidèle, je t'admire et t'aime
Il l'est aussi,
Pour moi, tu seras toujours un véritable héros
Mais il sait rire de nos plaisanteries.
A ta force, ton courage et ta personnalité je
C'est une source inépuisable de sagesse,
dédie ces mots
Par ta patience et ton regard éclairé, tu guides
Un ami pour toute la vie.
mes pas
C'est pourquoi nous l'admirons tant
Aujourd'hui papa, je te souhaite de tout mon
Et l'aimons énormément ! cœur une bonne fête

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