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Entraînement à l’exercice de synthèse de documents en BTS (session 2024)

Thème 2 : Paris, ville capitale ? > J’aime plus Paris

Corpus :
- Document 1 : « J’aime plus Paris », chanson de Thomas Dutronc, 2020 (ULM / Universal Music)
- Document 2 : « Le grand Paris affiche une triste mine », Olivier Razemon, publié le 24 septembre 2021 sur le site Le
Monde.fr ( https://www.lemonde.fr/blog/transports/2021/09/24/le-grand-paris-affiche-une-triste-mine/)
- Document 3 : « Vivre à Paris? Non, merci! », Anne Vidalie et Eric Libiot, publié le 29/05/2003 sur le site web de
L’Express ( https://www.lexpress.fr/informations/vivre-a-paris-non-merci_651757.html)
- Document 4 : « Exode des « Parisiens » vers les villes moyennes : le télétravail ne suffit pas. » publié sur sur le blog
d’Olivier Razemon : « L’interconnexion n’est plus assurée » le 21 février 2021
(https://www.lemonde.fr/blog/transports/2021/02/21/exode-des-parisiens-vers-les-villes-moyennes-le-teletravail-ne-suffit-pas/)

Document 1 : « J’aime plus Paris », chanson de Thomas Dutronc, 2020

Je fais le plein d'essence Pour ces parias


Je pense aux vacances La Ville lumière
Je fais la gueule C'est tout au bout
Et je suis pas le seul Du RER
Y a plus de titis
Le ciel est gris Mais des minets4
les gens aigris
Je suis pressé Paris sous cloche
Je suis stressé Ça me gavroche5
Il est fini le Paris d'Audiard6
J'aime plus Paris Mais aujourd'hui voir celui d'Hédiard7
On court partout ça m'ennuie
Je vois trop de gens J'aime plus Paris
Je me fous de leur vie
J'ai pas le temps Non mais on se prend pour qui
Je suis si bien dans mon lit Je vois trop de gens
Je me fous de leur vie
Prépare une arche J'ai pas le temps
Delanoë1 Je suis si bien dans mon lit
Tu vois bien
qu'on veut se barrer J'irai bien voir la mer
Même plaqué or, Paris est mort Ecouter les gens se taire
Il est 5 hores2, Paris s'endort J'irai bien boire une bière
Faire le tour de la Terre
Je sens que j'étouffe
Je manque de souffle J'aime plus Paris
Je suis tout pâle Non mais on se prend pour qui
Sur un petit pouf Je vois trop de gens
Je me fous de leur vie
J'aime plus Paris J'ai pas le temps
Non mais on se prend pour qui Je suis si bien dans mon lit
Je veux voir personne
Couper mon téléphone Pourtant Paris
Vivre comme les nonnes C'est toute ma vie
Je parle pas de John3 C'est la plus belle
J'en fais le pari
J'aime plus Paris Il n'y a qu'elle
C'est bien l'ennui
Passé le périph
Les pauvres hères J'aime plus Paris
N'ont pas le bon goût J'aime plus Paris
D'être millionnaires
1) jeu du mot en référence à l’arche de Noé dont parle La Bible.
2) référence à la comédie « La folie des grandeurs » de G. Oury qui met en scène un personnage obsédé par l’or. 3) jeu de mots : John Lennon est un des musiciens du
groupe des Beatles. 4) jeu de mots : « Titi et Gros-Minet » est un dessin animé américain. Un titi est, par ailleurs, un enfant parisien de milieu populaire; un minet, un
jeune homme qui fait très attention à son apparence. 5) Gavroche, personnage de Victor Hugo, est un gamin des rues débrouillard qui vit à Paris. 6) Audiard est un
cinéaste qui s’inspire du parler populaire parisien. 7) Hédiard : magasins d’épicerie de luxe.
Document 2 :« Le grand Paris affiche une triste mine », Olivier Razemon, publié le 24 septembre 2021 sur le
site Le Monde.fr ( https://www.lemonde.fr/blog/transports/2021/09/24/le-grand-paris-affiche-une-triste-mine/)

« Avec le covid, beaucoup de Franciliens partent s’installer au vert. Le Grand Paris n’arrive-t-il pas trop tard, à un moment où
les gens veulent vivre ailleurs? » En ce premier jour de l’automne, dans un salon chic tout proche de l’Élysée, Philippe
Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune, pose sans malice la question qui fâche. Comme chaque année, le
« Sommet du Grand Paris », organisé par le quotidien , se veut la vitrine de la croissance francilienne, la rencontre annuelle des
« bâtisseurs du Grand Paris », ces promoteurs, banquiers, notaires, consultants, investisseurs, etc qui vantent le dynamisme
parisien à longueur d’année. Le titre de cette journée flatte l’orgueil de la Grande Nation, comme se moquent, pas toujours
gentiment, les Allemands: « Le Grand Paris, une ambition pour la France? »
Au « sommet du Grand Paris », le 21 septembre 2021.
Vite, du béton! Le Grand Paris, cet ensemble complexe d’infrastructures de transport (le supermétro automatique à 35 milliards
d’euros) et de projets immobiliers, fait encore vibrer ceux qui en vivent. Thomas Hantz, responsable de l’information à la Société
du Grand Paris (chargée de construire le métro) et président des Acteurs du Grand Paris, a son modèle. « En 2005, la Chine a
construit l’équivalent de la ville de Rome toutes les deux semaines, soit 312 fois la ville de Paris en un an. En 2011, la Chine a
produit une fois et demi plus de béton que les États-Unis sur la totalité du 20ème siècle. Pendant ce temps, en Ile-de-France,
seuls 20000 logements ont été livrés en 2020. » Vite, du béton! Eh oui, s’exclame le communicant dans une ode à la croissance,
« la France n’est pas devenue une grande Nation avec des petits projets! »
Région parisienne repoussoir. Mais cette année, malgré le soleil qui, au-dehors, réchauffe les promeneurs sous les feuilles
dorées des Champs-Élysées, le Grand Paris affiche une triste mine. Le covid est passé par là, et les élans enthousiastes des
orateurs tombent à plat. Comment promettre encore « un territoire attractif », dire « on se bat pour attirer les projets », célébrer
des « ambitions inouïes », alors que 40% des habitants de la région rêvent de vivre ailleurs, et que 84% des habitants des autres
régions répondent « non! » quand on leur demande s’ils souhaitent s’installer en région parisienne? La perte d’attractivité avait
d’ailleurs commencé bien avant le covid : en solde migratoire (les gens qui viennent vs. les gens qui partent), l’Ile-de-France
est la plus repoussante de toutes les régions. Cette perte n’est compensée que par les naissances, nombreuses dans une région
où les ménages sont jeunes. [...]
Galère des transports, prix de l’immobilier. Même en célébrant une « ville-monde » dynamique et conquérante, on ne peut
passer sous silence les maux de l’Ile-de-France. « La région capitale souffre encore », lâche, dans un euphémisme, Cédric
Blanchet, président de la chambre des notaires de Paris, qui liste « la congestion » (automobile), « les transports, l’accès de plus
en plus difficile au logement, qui pénalisent la qualité de vie des Franciliens ». La maire (PS) de Cachan, Hélène de Comarmond,
rappelle aux intervenants que, ce jour-là, le 21 septembre, "le RER B ne fonctionne pas" depuis la veille. [...]
Construire, quoi qu’il en coûte. Pour résoudre la crise du logement, les promoteurs et les élus ont aussi leur solution: construire.
« Le seul moyen, c’est de faire baisser le prix du logement, c’est d’en produire », affirme Rémi Vial-Collet, de Vinci Immobilier.
L’économiste Nicolas Bouzou précise les enjeux: « il faut densifier. Il existe encore des endroits en petite couronne où l’on peut
construire considérablement ». C’est oublier que les habitants d’Aubervilliers, Saint-Ouen, Boulogne-Billancourt ne veulent
plus de cette surdensité. Partout en région parisienne, des collectifs de citoyens se mobilisent contre l’édification de nouveaux
immeubles et la densification forcée.
Document 3 : « Vivre à Paris? Non, merci! », Anne Vidalie et Eric Libiot, publié le 29/05/2003 sur le site web
de L’Express ( https://www.lexpress.fr/informations/vivre-a-paris-non-merci_651757.html)

Parisiens de souche, provinciaux nostalgiques, jeunes actifs ou retraités... Ils ont été un demi-million à quitter l'Ile-
de-France entre 1990 et 1999. Quant aux provinciaux, ils se gardent bien d'y venir. Mais qu'a donc la province de
si attirant ?

L'envie leur est venue d'un coup. Brutale, impérieuse. Partir. Quitter Paris. Larguer les amarres. S'inventer une nouvelle
vie ailleurs, au soleil et au vert. En quelques mois, Laurent et Séverine Becsei, tout juste trentenaires, ont tiré un trait sur
leur existence parisienne. Laurent a donné sa démission chez PSA Peugeot Citroën, où il était consultant en organisation,
et ils ont vendu la maison qu'ils venaient de faire construire, à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Cap sur Montpellier, compromis
géographique et familial entre Toulouse, où vivent ses parents à elle, et Nice, où habite sa mère à lui.
Depuis deux ans, c'est le bonheur. Les Becsei ont déniché la maison de leurs rêves: 150 mètres carrés, avec une annexe
qui abrite leurs deux bureaux et une piscine, au beau milieu du vignoble de Pic Saint-Loup. Le plus heureux de la famille,
c'est le petit Théo, bientôt 2 ans, qui gambade tout son soûl sur ces 3 700 mètres carrés de verdure au pied des Cévennes.
Pendant ce temps, Maman couve son deuxième bébé, son agence de traduction baptisée Trans@. Quant à Papa, après avoir
fait la nounou, il pose des jalons pour exercer en solo ses talents de conseil et de formateur en logistique et en organisation.
Le virage à 180 degrés de la famille Becsei n'étonne guère Martine Pleux.
La directrice nationale des régions de l'Institut français de gestion (IFG) ne quitterait pour rien au monde sa douce
Bourgogne. Aussi, lorsque son patron lui a demandé, au début de 2002, de venir le rejoindre à Paris pour piloter les centres
régionaux de l'IFG, cette Dijonnaise de 42 ans a plaidé sa cause. Avec succès, grâce à un argument choc: «Il est important
d'être sur le terrain, près des patrons de centres, pour accompagner et développer le réseau.» Depuis, Martine jongle avec
son agenda: Dijon, le lundi et le vendredi; Paris, le mardi et le mercredi; une excursion régionale, le jeudi. A force de
recruter des formateurs et de sillonner la France, elle s'est forgé une conviction: «Les gens ont besoin de racines. Pour bien
travailler, il faut être bien dans sa peau, bien dans sa vie, près de ses amis et de sa famille. Il y a une corrélation forte entre
qualité de vie et investissement professionnel.»
Des cas isolés, Martine Pleux et les Becsei ? Des accros du terroir qui livrent un combat d'arrière-garde? Au contraire. Ils
sont au diapason de leurs concitoyens, provinciaux qui se font tirer l'oreille pour installer leurs pénates à Paris et Parisiens
qui rêvent de laisser derrière eux le périphérique et le RER, la pollution et les embouteillages. Les Français votent avec
leurs pieds. Contre la mégalopole parisienne. Pour les villes de province et pour les campagnes. Les migrations patiemment
enregistrées par l'Institut national de la statistique donnent la mesure de la désaffection qui touche l'Ile-de-France. Entre
les recensements de 1990 et de 1999, elle a perdu plus d'un demi-million d'habitants. Entre 1982 et 1990, plus de 300 000
Franciliens avaient déjà pris la tangente. «La dégradation de ce solde migratoire est surtout imputable à la baisse des
arrivées, notamment de jeunes, commente Brigitte Baccaïni, démographe et chercheuse à l'Insee. Il n'est plus indispensable
de venir à Paris pour faire ses études ou décrocher un premier job.» Bref, les provinciaux restent en province et les Parisiens
commencent à les y rejoindre.
Ce n'est qu'un début, avertissent les experts de la société de veille économique Bipe. Dans l'étude consacrée aux
«Migrations résidentielles en France à l'horizon 2010», qu'ils viennent de publier, il estiment que «le solde migratoire de
l'Ile-de-France pourrait accuser une diminution de 1 million de personnes en 2010, en raison d'une proportion croissante
de jeunes actifs désireux de quitter la région parisienne et de l'arrivée à l'âge de la retraite de la vague des baby-boomers
soucieux de disposer d'un cadre de vie plus agréable».
Document 4 : « Exode des « Parisiens » vers les villes moyennes : le télétravail ne suffit pas. »
(https://www.lemonde.fr/blog/transports/2021/02/21/exode-des-parisiens-vers-les-villes-moyennes-le-teletravail-ne-suffit-pas/)
publié le 21 février 2021 par Olivier Razemon

Exode des « Parisiens » vers les villes moyennes : le télétravail ne suffit pas.

« Les villes moyennes tiennent leur revanche ». Voyez donc, avec les confinements, les couvre-feux, le masque
obligatoire, la suspension des lieux de distraction, restaurants, salles de concert, musées, théâtres, sans oublier les
backrooms, bref, avec les restrictions en tous genres, vivre dans une grande ville et en région parisienne en particulier, ne
présente plus beaucoup d’intérêt.
Voyez donc les maires de Charleville-Mézières, Valence, Bourg-en-Bresse, qui proclament, fiers, « mais oui, nous avons
des parcs et des forêts, des commerces, une scène nationale, des espaces de coworking, et puis des gares pour venir et
repartir, et même des pistes cyclables, venez donc télétravailler chez nous ». Paris se vide, la région parisienne n’attire
plus, et ces gens qui ont fui la grande ville, qui télétravaillent à Valence ou depuis Caen, voyez comme ils sont heureux.
« Les villes moyennes tiennent leur revanche », soit.
Une tendance avant même 2020. Après un an de covid (la première année?), cette conclusion s’impose. Même si, en
réalité, la tendance est plus ancienne. La région parisienne ne gagne des habitants que parce qu’elle compte une forte
proportion de ménages en âge de faire des enfants, en grande couronne ou en Seine-Saint-Denis. Depuis les années 2000,
le solde migratoire (les habitants qui arrivent vs. ceux qui partent) de l’Ile-de-France est négatif. Tous les sondages
confirmaient, avant même 2020, le rejet massif de la « région-capitale », tant par ses propres habitants que par ceux des
autres régions. En 2019, la cherté des logements et la galère des transports se montraient déjà aussi efficaces que le
coronavirus.
Puisque désormais l’évidence apparaît aux yeux de tous, ne boudons pas notre plaisir. Fringants, souriants, les ex-
« Parisiens » (en fait des Franciliens), essentiellement des cadres et professions intellectuelles, s’installent dans des villes
« à taille humaine » où ils font revivre les commerces de proximité que les grandes surfaces s’acharnent à détruire depuis
des décennies. Un rééquilibrage entre « Paris » et « la province » est en cours ? Oui, et tant mieux. Les bonnes nouvelles
ne sont pas fréquentes.
12 millions de Franciliens. Pourtant, il ne faudrait pas que le double tropisme1 des observateurs, un tropisme à la fois
« parisien » et « cadre supérieur », ne laisse croire que l’exode urbain des professions intellectuelles et la normalisation
du télétravail suffiraient à rééquilibrer le pays. 12 millions de personnes vivent en Ile-de-France, et parmi elles quantité
d’employés, ouvriers, intermédiaires, salariés par des grandes sociétés ou auto-entrepreneurs désargentés, dont une bonne
partie rêvent aussi de quitter la région.
Nouveaux déséquilibres. Si les seuls bénéficiaires du rééquilibrage étaient des cadres hypermobiles, cette tendance
créerait bientôt de nouvelles inégalités. Les uns iraient et viendraient, « Parisiens » dans leur ville d’adoption, demi-
touristes à Paris, tandis que les « travailleurs essentiels », coincés en région parisienne par leur emploi non délocalisable,
continueraient de subir les hauts prix de l’immobilier et la pénibilité des trajets quotidiens. De même, dans les régions de
destination, l’exode urbain ne manquerait pas de créer des clivages, opposant les « locaux » de toujours aux nouveaux
venus qui-font-monter-les-prix.
Le dégonflement des grandes villes, et en premier lieu de la conurbation francilienne, ne peut être alimenté seulement par
les télétravailleurs et les professions intellectuelles. Ce rééquilibrage doit aussi procéder d’une politique d’État, une
politique volontariste, à rebours de la concentration qui se pratique aujourd’hui.
Dégonfler Paris. Bien sûr, personne ne propose de déplacer de force des populations. Mais les pouvoirs publics, nationaux
comme régionaux, doivent encourager la relocalisation de sièges sociaux, universités, bassins d’emploi dans les villes
moyennes et petites. Un exemple: la SNCF, dont le siège est à Saint-Denis, au nord de Paris, peine à recruter des salariés
effrayés par le prix de l’immobilier et la lourdeur des déplacements en région parisienne. « Pourquoi ne pas délocaliser
ce siège dans une autre région? », interroge Jacques Baudrier, adjoint (PC) à la maire de Paris.
Le « Grand Paris » tentaculaire. Or, aujourd’hui, les pouvoirs publics font exactement l’inverse. La région Ile-de-France,
l’État, ainsi que les puissants acteurs économiques franciliens continuent de promouvoir un « grand Paris » tentaculaire
et omnipotent, n’ont d’yeux que pour « l’attractivité » de la « métropole-monde », espérant « faire revenir les touristes
internationaux », séduire les investisseurs, construire des marinas, magnifier Paris par les Jeux olympiques ou des grands
projets immobiliers. Les villes moyennes tiendront vraiment leur revanche quand on acceptera enfin son inévitable
corollaire2: le dégonflement de la région parisienne.
1
tropisme : tendance spontanée, sorte de réflexe qui oriente les regards et les comportements dans une direction précise
2
corollaire : conséquence, fait qui découle automatiquement d’un autre

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