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« ANTIGONE » – LA FIN TRAGIQUE

CHŒUR /CREON/HEMON (PROF :ELMEHDI DELDOU)


LE CHŒUR, entre soudain. : Là! C'est fini pour Antigone. Maintenant, le tour de Créon approche. Il va falloir qu'ils y passent tous.
LE MESSAGER, fait irruption, criant. : La reine? où est la reine?
LE CHŒUR : Que lui veux-tu? Qu'as-tu à lui apprendre?
LE MESSAGER : Une terrible nouvelle. On venait de jeter Antigone dans son trou. On n'avait pas encore fini de rouler les
derniers blocs de pierre lorsque Créon et tous ceux qui l'entourent entendent des plaintes qui sortent soudain du tombeau.
Chacun se tait et écoute, car ce n'est pas la voix d'Antigone. C'est une plainte nouvelle qui sort des profondeurs du trou...
Tous regardent Créon, et lui, qui a deviné le premier, lui qui sait déjà avant tous les autres, hurle soudain comme un fou:
«Enlevez les pierres! Enlevez les pierres!» Les esclaves se jettent sur les blocs entassés et, parmi eux, le roi suant, dont les
mains saignent. Les pierres bougent enfin et le plus mince se glisse dans l'ouverture. Antigone est au fond de la tombe
pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus, des fils verts, des fils rouges qui lui font comme un collier d'enfant, et Hémon
à genoux qui la tient dans ses bras et gémit, le visage enfoui dans sa robe. On bouge un bloc encore et Créon peut enfin
descendre. On voit ses cheveux blancs dans l'ombre, au fond du trou. Il essaie de relever Hémon, il le supplie. Hémon ne
l'entend pas. Puis soudain il se dresse, les yeux noirs, et il n'a jamais tant ressemblé au petit garçon d'autrefois, il regarde
son père sans rien dire, une minute, et, tout à coup, il lui crache au visage, et tire son épée. Créon a bondi hors de portée.
Alors Hémon le regarde avec ses yeux d'enfant, lourds de mépris, et Créon ne peut pas éviter ce regard comme la lame.
Hémon regarde ce vieil homme tremblant à l'autre bout de la caverne, et, sans rien dire, il se plonge l'épée dans le ventre
et il s'étend contre Antigone, l'embrassant dans une immense flaque rouge.
CRÉON, entre avec son page. : Je les ai fait coucher l'un près de l'autre, enfin! Ils sont lavés, maintenant, reposés. Ils sont
seulement un peu pâles, mais si calmes. Deux amants au lendemain de la première nuit. Ils ont fini, eux.
LE CHŒUR : Pas toi, Créon. Il te reste encore quelque chose à apprendre. Eurydice, la reine, ta femme...
CRÉON : Une bonne femme parlant toujours de son jardin, de ses confitures, de ses tricots, de ses éternels tricots pour les
pauvres. C'est drôle comme les pauvres ont éternellement besoin de tricots. On dirait qu'ils n'ont besoin que de tricots...
LE CHŒUR : Les pauvres de Thèbes auront froid, cet hiver, Créon. En apprenant la mort de son fils, la reine a posé ses
aiguilles, sagement, après avoir terminé son rang, posément, comme tout ce qu'elle fait, un peu plus tranquillement peut-
être que d'habitude. Et puis elle est passée dans sa chambre, sa chambre à l'odeur de lavande, aux petits napperons brodés
et aux cadres de peluche, pour s'y couper la gorge, Créon. Elle est étendue maintenant sur un des petits lits jumeaux
démodés, à la même place où tu l'as vue jeune fille un soir, et avec le même sourire, à peine un peu plus triste. Et s'il n'y
avait pas cette large tache rouge sur les linges autour de son cou, on pourrait croire qu'elle dort.
CRÉON : Elle aussi. Ils dorment tous. C'est bien. La journée a été rude. (Un temps. Il dit sourdement.) Cela doit être bon de dormir.
LE CHŒUR : Et tu es tout seul maintenant, Créon.
CRÉON : Tout seul, oui. (Un silence. Il pose sa main sur l'épaule de son page.) Petit... LE PAGE : Monsieur?
CRÉON : Je vais te dire, à toi. Ils ne savent pas, les autres; on est là, devant l'ouvrage, on ne peut pourtant pas se croiser les
bras. Ils disent que c'est une sale besogne, mais si on ne la fait pas, qui la fera? LE PAGE : Je ne sais pas, monsieur.
CRÉON : Bien sûr, tu ne sais pas. Tu en as de la chance! Ce qu'il faudrait, c'est ne jamais savoir. Il te tarde d'être grand, toi?
LE PAGE : Oh oui, monsieur!
CRÉON : Tu es fou, petit. Il faudrait ne jamais devenir grand. (L'heure sonne au loin, il murmure.) Cinq heures. Qu'est-ce
que nous avons aujourd'hui, à cinq heures? LE PAGE : Conseil, monsieur.
CRÉON : Eh bien, si nous avons conseil, petit, nous allons y aller. Ils sortent, Créon s'appuyant sur le page.
LE CHŒUR, s'avance. - Et voilà. Sans la petite Antigone, c'est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Mais maintenant,
c'est fini. Ils sont tout de même tranquilles. Tous ceux qui avaient à mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose, et
puis ceux qui croyaient le contraire -même ceux qui ne croyaient rien et qui se sont trouvés pris dans l'histoire sans y rien
comprendre. Morts pareils, tous, bien raides, bien inutiles, bien pourris. Et ceux qui vivent encore vont commencer tout
doucement à les oublier et à confondre leurs noms. C'est fini. Antigone est calmée, maintenant, nous ne saurons jamais
de quelle fièvre. Son devoir lui est remis. Un grand apaisement triste tombe sur Thèbes et sur le palais vide où Créon va
commencer à attendre la mort. (Pendant qu'il parlait, les gardes sont entrés. Ils se sont installés sur un banc, leur litre de
rouge à côté d'eux, leur chapeau sur la nuque, et ils ont commencé une partie de cartes.)
LE CHŒUR - Il ne reste plus que les gardes. Eux, tout ça, cela leur est égal ; ce n’est pas leurs oignons. Ils continuent à
jouer aux cartes… Le rideau tombe rapidement pendant que les gardes abattent leurs atout
A. CONTEXTUALISATION
1- Complétez le tableau suivant :
Nom de l’auteur Titre de l’œuvre Genre littéraire contexte historique
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2- Situez le passage par rapport à l’œuvre dont il est extrait.
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B. ANALYSE DU TEXTE
3- Complétez le tableau suivant en répondant par vrai ou faux :
Selon le page la machine infernale n’a pas encore fini. . . . . . . . . .
La reine est restée étendue sur son lit en pensant au sort de son fils. . . . . . . . . .
Antigone s’est coupée la gorge. . . . . . . . . .
Hémon a préféré de subir le même destin tragique que sa fiancée. . . . . . . . . .
4- Qui rapporte la mort d’Antigone et d’Hémon ? Pourquoi cette fin tragique ne se joue pas sur scène ?
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5- Quelle est la fonction du Chœur dans cette scène de l’épilogue ?
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6- Qui rapporte la mort de la reine ? Où elle s’est donnée la mort ? Relevez tous les éléments descriptifs de sa mort. Quelle
impression nous transmet la description de son suicide ?
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7- Quelle est la fonction de la didascalie « l’heure sonne »Créon peut - il abandonner son ouvrage ? Justifiez la réponse.
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8- Quelle est la figure de style employée dans l'énoncé suivant : « Ils dorment tous ! » Quel en est l’effet recherché ?
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9- « Être une personne sévère » est-ce une qualité ou un défaut ? Justifiez votre réponse.
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10- A votre avis, Il faut donner la priorité à la famille ou le travail ?
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